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Comprendre l’Essence

du Chamanisme
Au-delà des cultures, les pratiques chamaniques expliquées par une
chamane

Auteur : Valérie TARDY


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Droits d’auteur © Valérie Tardy 2012 2015
Tous droits réservés
ISBN : 979-10-94741-04-7 (première édition papier)
ISBN :979-10-94741-05-4 (édition mobi-kindle)
ISBN : 979-10-94741-06-1 (format epub)
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«Au Coeur de la Vie» est une marque déposée à l’INPI.
Photos de couverture © Valérie Tardy 2015
Du même auteur :
Manuel de reïki premier degré : développement personnel et éveil
spirituel avec le reïki traditionnel (2015)
Préface
Introduction : l’objectif de cet ouvrage
Une initiation somme toute classique
Ma propre vision du chamanisme
Premier récit de voyage chamanique
Première partie : définitions
Chamane
Chamanisme
Au-delà des rêves et des cultures : l’art de la vie
Chamane / ma définition
Acte chamanique
Deuxième partie : Les fondements du chamanisme
La spiritualité
Intimité avec la Vie
Un mot sur mon expérience personnelle:
Connaissance et savoir
Le savoir
La connaissance
Un exemple simple :
Les livres
Le mental
Quelques mots de mon parcours dans l’apprentissage du contrôle du
mental :
Principes de base de la méditation :
L’imagination
Les perceptions et sensations
Comment se prémunir contre les hallucinations» ou perceptions
mensongères ?
Intuition
Etats de conscience et état de conscience chamanique
Mon expérience personnelle :
Evolution
A mon avis, évoluer signifie :
Mon expérience personnelle :
Mon expérience personnelle :
Spiritualité et chamanisme
Le pouvoir et les pouvoirs chamaniques
Le pouvoir personnel:
Perdre et récupérer son pouvoir personnel :
Voyage chamanique pour B
L’intention
Un peu de mon expérience personnelle :
Croyances
Les croyances et le chamane
Energie
Petits exercices :
Energies négatives et positives
Empathie
Troisième partie : Mon point de vue sur quelques pratiques que l’on
dit chamaniques
Rappel de la définition d’un acte chamanique
Voyage chamanique
Etat de conscience modifié
A qui appartient le voyage chamanique ?
Principe du déroulement d’un voyage chamanique
Le contenu des voyages chamaniques
Rapport entre voyage chamanique et rêve
Les «risques» du voyage chamanique pour soi et pour les
autres
Conclusion sur le voyage chamanique
Mon expérience du voyage :
Animaux de pouvoir
Mon expérience des animaux de pouvoir :
Mon premier voyage chamanique : rencontre avec quelques
animaux
Animaux totem
Tambour chamanique
Mon expérience avec les tambours chamaniques :
Hutte de sudation ou inipi
Mon expérience de la hutte de sudation :
Quête de vision
Mon expérience de la quête de vision :
Marche de pouvoir
Mon expérience de la marche de pouvoir :
Marche de vision
Mon expérience de la marche de vision :
Les plantes de pouvoir et leurs dangers
Mon expérience en la matière :
Les épreuves «initiatiques»
Mon expérience :
Soins chamaniques
Démembrement
Recouvrement d’âme
Extractions
Transformation
Discuter avec les esprits
Les facteurs de réussite des soins chamaniques
Voyage que j’ai réalisé pour G
Quatrième partie : Le chamanisme en occident
Différencier cultures et essence du chamanisme
Vers qui se tourner ?
Différencier compétence, savoir et outils
Se méfier de l’adhésion à d’autres systèmes de croyances.
Définition de système de croyances :
Une logique de consommation
Un mot sur la proximité avec la nature:
Voyage chamanique pour M
Conclusion
Pour contacter Valérie Tardy
Notes pour les lecteurs
Mentions légales
Préface
Certains connaissent Valérie TARDY à travers son enseignement et les
sites informatiques qu’elle a créés. D’autres vont la découvrir plus avant par
le biais de cet ouvrage, premier d’une série qu’elle a décidé d’écrire. C’est
donc à une nouvelle forme de communication que s’attelle l’auteur de ce livre
clair et parfaitement construit qui lui ressemble.
Chacun y trouvera réponse à ses questions et matière à cheminer plus
avant. Il s’agit d’une forme nouvelle de dialogue additionnel avec ses élèves
et ses lecteurs. Ici rien de théorique ou d’ampoulé. Des résumés clairs et
tranchants, comme la vérité, clôturent chaque sous-chapitre. Il est probable,
cependant, que cet ouvrage nécessite plusieurs lectures.
Ceux qui ne connaissent pas Valérie voudront sans doute en savoir plus à
l’occasion d’un contact plus direct et c’est tant mieux, car l’auteur répugnait
initialement à enfermer sa sagesse dans quelques pages.
Au-delà du chamanisme, qui est la propriété de tous, c’est à une quête de
la libération que s’attache la rédactrice. C’est aussi un livre de mise en garde
contre tout charlatanisme et il s’agit, en ce sens, d’un ouvrage d’utilité
publique. Ce n’est pas non plus un guide pratique. Les recettes ne
fonctionnent pas dans ce domaine.
L’essentiel, pour la transmission, c’est l’amour de celui qui donne ce qu’il
a compris par l’expérience et non pas théoriquement. Cet amour, joint à la
transparence la plus absolue, a plus d’impact que n’importe quelle technique
aussi prétendument magique soit elle.
Amateurs de secrets et de faux pouvoirs, passez votre chemin ! Vous
serez déçus.
Chercheurs de vérité, vous y trouverez ce qui fait l’essence du sujet.
Cette approche radicalement innovante, parce que totalement vécue et
transcendée, balise enfin le chemin vers la joie qu’est le chamanisme. Qu’elle
en soit remerciée.
Bruno CESAREO
Introduction : l’objectif de cet ouvrage
Ce livre a plusieurs objectifs. Le plus important est de réaliser une sorte
de mise au point sur le chamanisme. Je reçois beaucoup de courrier, et je
rencontre de nombreuses personnes qui ont besoin d’éclaircissements ou
même d’aide et qui viennent à moi du fait de ce terme «chamanisme»
employé sur mon site. Il peut s’agir de les rassurer sur un vécu «bizarre», ou
de les aider à sortir de la confusion créée par ce qu’on a pu leur dire. Le plus
souvent les personnes qui me contactent souhaitent trouver de l’aide pour
travailler sur elles-mêmes.
Mais tous ces courriers que je reçois montrent que la majorité des gens
pensent que le chamanisme est une forme de religion ou de magie qui
consiste à consommer de l’ayahuesca ou à imiter des rites provenant de
peuples lointains (le plus souvent des «indiens»). Le mot «chamanisme» est à
la mode. De nombreux livres sont publiés, et des personnes partent à
l’étranger pour tenter des «expériences chamaniques». Il me semble urgent
d’éclaircir les choses, ne serait-ce que pour éviter des mésaventures à ces
personnes.
Le chamanisme tel que je le conçois et le vis depuis très longtemps me
semble différent de ce qui est présenté dans la plupart des livres, même si je
comprends bien de quoi toutes ces personnes parlent. Le chamanisme que je
vis ne nécessite ni d’adopter les croyances des «indiens», ni de tenter des
expériences dangereuses. Il ne fait pas de moi une illuminée dénuée de
logique ou incapable d’une démarche scientifique. Je ne vis pas à l’affut de
signes, ma vie n’est pas rythmée par des rituels, je ne suis pas les ordres
donnés par des voix, et je n’attribue pas une signification aux événements,
animaux, directions, pierres, couleurs.
Ce livre n’est pas un livre de magie au sens où la plupart le sont. En
général, un livre de chamanisme vous parle de symboles et de rites provenant
des indiens, et vous incite parfois à les pratiquer pour votre bénéfice. Dans ce
livre, rien de tout cela : aucune formule magique, aucun rituel à réaliser,
aucun symbole, aucune croyance sur les animaux. Le chamanisme, ce n’est
pas un ensemble de croyances.
Dans ce livre, je vais expliquer le plus simplement possible ma vision du
chamanisme et donner mon avis sur la plupart des pratiques que les gens
considèrent comme «chamaniques». Je parlerai de tout ce qui fait partie de
l’univers du chamanisme : pratiques, esprits, voyage, guérison, etc. Je tenterai
d’être concrète, tout en donnant des informations correctes sur des notions
qui sont souvent difficiles à expliquer dès que l’on sort de la simple croyance.
J’essaierai de donner autant d’exemples que possibles.
Je suis consciente que ce livre peut déplaire, car il est très différent de ce
qui est publié habituellement en matière de chamanisme. Il ramène les gens
sur terre, tout en leur proposant la profondeur de la vraie magie. Cela peut
être ardu pour certains, bien que ce soit écrit dans un langage très simple.
Mais quel serait l’intérêt de publier ce qui a déjà été publié 1000 fois par
d’autres ? Un chamane n’a pas à être politiquement correct : ce serait un
comble ! Le chamane est par nature en décalage avec la vision du monde la
plus répandue.
Le but de ce livre est de montrer qu’en matière de chamanisme, comme
dans beaucoup de voies spirituelles, de nombreuses confusions sont source de
dérives, mais aussi d’affrontement inutile entre ceux qui «croient» à tout ce
qu’on leur raconte et ceux qui condamnent tout ce qui dépasse leur
conception cartésienne du monde.
Peut-être qu’au-delà de ces postures opposées, nous pouvons découvrir la
magie naturelle de la Vie tout en conservant notre bon sens.
Ce serait certainement salvateur.
Une initiation somme toute classique
Je pense que vous êtes très curieux d’en savoir plus sur mon expérience
personnelle du chamanisme, c’est pourquoi je vais vous raconter rapidement
comment tout cela est arrivé. Ceux qui sont en mal d’exotisme seront déçus.
Je n’aime pas raconter ce passé, car les gens qui le connaissent s’imaginent
des bêtises.
On m’a souvent appelée «chamane». Pourtant, je suis née dans une
famille ordinaire, je n’ai aucune tradition à transmettre, et je n’ai jamais
quitté la France. Je n’ai jamais vraiment accepté cette étiquette de chamane,
même si je navigue dans ce que l’on appelle chamanisme depuis très
longtemps. J’ai un site web qui traite ce sujet, et un forum. Je propose des
stages et j’enseigne depuis de nombreuses années. Ce que j’appelle
chamanisme est intimement lié à mon cheminement spirituel, au travail de
développement personnel que j’ai réalisé dans ma vie, qui m’a permis de
changer totalement, de me libérer de mon passé, et de tout ce qui m’entravait.
Cependant le terme «chamane» n’est qu’une étiquette, très restrictive, et qui
véhicule de nombreux stéréotypes. Ce que j’enseigne n’est pas limité à ce
mot : il s’agit simplement de spiritualité.
Après plusieurs années de recherche spirituelle traditionnelle, entamée dès
l’enfance (environ 7 ans), avec une attirance profonde pour la religion,
poursuivie par la lecture de nombreux livres, j’étais une jeune femme plutôt
seule et très timide.
Le fait d’être très isolée a une grande importance pour la suite des
événements. Tout ce qui se passe est toujours le résultat d’un ensemble de
circonstances et conditions réunies en un lieu, à un moment.
Etant un peu coupée du monde, je n’avais pas beaucoup de possibilités
pour avancer dans la vie, ni pour faire des choses, ni pour évoluer. Cela
laissait peu d’opportunités pour générer un mouvement.
Cette condition d’isolement a sans doute été ce qui a permis à certaines
portes de s’ouvrir, mais il a fallu également la réunion de plusieurs qualités
en moi. Ces qualités sont certainement la force, le courage, la volonté,
l’intelligence, l’amour des autres, la capacité d’émerveillement, et l’absence
de recherche d’un quelconque pouvoir. J’ajouterai une forme d’innocence,
bien que la véritable innocence ne puisse être présente que lorsque l’on est
libéré de son passé et de tout conditionnement.
Le manque d’expérience était aussi un bon point pour moi.
Malgré toutes mes lectures, je n’ai jamais adhéré à rien vraiment, je n’ai
suivi aucune voie précise, ni adopté un système de croyances.
J’aurais bien voulu trouver un maître ; cela aurait été tellement simple !
N’est-ce pas le rêve intime de nombreux occidentaux parmi ceux qui ont des
lectures spirituelles ? Trouver un maître en qui placer sa confiance et qui
nous dirait enfin quoi faire pour bien faire ! Tellement de personnes rêvent de
ce guide, protecteur, bienveillant, qui nous offre soit à la manière douce, soit
à la manière forte, le mode d’emploi de la vie que nous n’avons pas reçu à la
naissance (sans doute une erreur de livraison)...
J’étais comme beaucoup, donc, et j’aurais eu cette capacité à placer une
confiance totale en un maître (suivre le maître sans rechigner est un élément
essentiel pour que cela fonctionne)... Mais non, cela n’est jamais arrivé. J’en
ai rencontré beaucoup, mais aucun ne m’a plu ou suffisamment convaincue
pour m’embarquer avec lui.
J’ai fait preuve du plus grand recul sur la plupart des choses que j’ai lues.
J’ai «jeté un oeil» sur beaucoup de choses, mais je ne les ai pas intégrées. Je
n’étais pas attachée à des croyances spirituelles : mes lectures m’avaient
laissé dans un flou total, lié au brassage d’idées disparates.
Il est toujours difficile de se séparer de croyances ou d’idéaux spirituels,
car on les croit bons. De ce fait ils deviennent les principaux obstacles à la
spiritualité. Pour recevoir quelque chose de nouveau, un terrain vierge est
plus adapté qu’un terrain en friche ou cultivé.
Bien entendu c’est seulement avec le recul de nombreuses années que je
peux dire cela, car j’ai pu constater à quel point tous ces éléments comptaient.
J’ai aussi observé chez les autres, la différence que cela fait quand ils ne sont
pas présents.
Ce fut comme un appel. Un jour il me fallut absolument entrer dans une
librairie et impérativement me diriger vers le rayon «ésotérisme». Je fus
attirée par un livre sur une étagère, et sur ce livre était écrit le mot
chamanisme. Dans ce livre, j’ai pu lire quelques informations assez
mélangées et superficielles concernant les pratiques chamaniques, dont le
voyage. La vie me proposa une situation suffisamment difficile pour passer à
l’action, et assez de motivation pour réussir. Je suis en train de parler de
voyage chamanique, ce qui constitue généralement les premiers pas dans
l’univers chamanique, car c’est une pratique facile, adaptée aux débutants, du
moment qu’ils ont les pieds sur terre et sont assez stables psychologiquement
(nous en reparlerons plus tard).
Bien entendu cela ne suffit pas encore. C’était comme s’il ne pouvait pas
en être autrement, car non seulement je suis devenue tout de suite une
«grande» voyageuse chamanique, mais moi qui étais si isolée, je rencontrai
«par hasard» des personnes qui avaient besoin d’aide, me la demandais et que
je ne pouvais secourir que par ce genre de pratiques.
Cette expérience eut de lourdes conséquences pour moi, et je ne
conseillerais à personne de faire cela, mais pour ma part je n’ai pas le
sentiment d’avoir eu le choix.
Ensuite, ce qui a été déterminant c’est la façon dont petit à petit, au fil des
années, ces pratiques chamaniques m’ont menée à recevoir un véritable
enseignement spirituel. Ce n’est pas quelque chose que j’ai recherché ou
demandé, c’est simplement arrivé, et cela s’est mis en place progressivement.
Cet enseignement n’est passé que par ce que les chamanes appellent «les
esprits». Il portait sur tout ce que j’avais à développer, à apprendre, et prenait
ma vie comme support.
Les pratiques chamaniques m’ont servi pour les questions les plus
concrètes du quotidien. Mais pendant au moins dix ans j’ai reçu très
régulièrement des «cours» provenant des «esprits», avec une plus grande
fréquence au printemps et en été, de l’ordre de une à deux fois par semaine.
L’enseignement reçu de cette façon est vaste, mais très difficile,
impitoyable, sans concession. Les esprits peuvent vous pousser dans vos
retranchements et ne font preuve d’aucune forme d’humanité. Par dessus
tout, quelque soit l’aide reçue, vous restez seul. Je reviendrai sur cette notion
d’ «esprits» plus tard dans ce livre.
Tout cela peut vous sembler très classique : un appel, des esprits, un
enseignement spirituel, de l’aide apportée aux autres. Ces expériences m’ont
menée petit à petit à enseigner moi-même, car de nombreuses personnes me
l’ont demandé. Cependant, ce que j’appelle chamanisme me semble très
différent de ce qui est proposé par la plupart des gens. Je me sens à des
années lumière de tout cela. Et même si ce que je viens de vous raconter peut
me faire passer pour une illuminée, vous constaterez à la lecture de ce livre
que je suis à l’inverse très carrée, avec un esprit logique qui se montre très
souvent scientifique. J’ai les pieds bien sur terre.
Je suis même, après toutes ces aventures, bien plus pragmatique que dans
ma jeunesse. Ces expériences m’ont profondément ancrée dans le réel, et
permis d’accepter la réalité, qui, bien évidemment, n’est ni toute rose, ni
toujours facile.
Elles m’ont aussi permis d’abandonner mes idéaux, mes attentes, mes
illusions. Je ne suis pas portée sur l’ésotérisme. Ce n’est plus possible.
Ma propre vision du chamanisme
Nous savons qu’il existe dans le monde des peuples qui ont certaines
traditions spirituelles, et que ces traditions attirent les occidentaux.
Il y a aussi les réflexions des scientifiques, anthropologues et autres, sur la
question. Le chamane traditionnel est une sorte de héros sauvage et
mystérieux, propre à compenser les manques de notre société moderne.
Aucune de ces visions ne me correspond.
Comme vous j’ai lu un jour le mot «chamanisme». Je me suis fait une
idée de ce que c’était en grande partie sur la base de mes lectures. Mais cette
vision a ensuite énormément évolué au gré de ma propre expérience
chamanique, pour devenir ma propre vision du chamanisme, qui est sans
doute assez différente de celle de la majorité des gens. J’emploie le mot
chamanisme, parce que je n’en ai pas trouvé de meilleur pour définir
certaines pratiques ou aptitudes humaines.
On parle de moi en tant que chamane à cause de mes facilités pour
certaines pratiques - comme le voyage chamanique et toutes formes de soins
chamaniques - , et de la connaissance que j’ai acquise au cours de ma vie, et
qui transparaît dans ce que je transmets depuis quelques années.
Je vais partager ma vision personnelle du chamanisme avec vous dans ce
livre. Vous êtes tout à fait libres de ne pas croire un mot de tout ce que vous
allez lire. Lorsque vous lirez, vous comparerez ce que j’écris à tout ce que
vous avez déjà lu ou entendu sur le chamanisme, et la façon dont vous
recevrez ce que j’écris dépendra sûrement de votre expérience et de vos
croyances.
Il existe de multiples façons de voir toutes les questions abordées dans ce
livre et il est naturel que vous choisissiez celle qui vous met le plus à l’aise.
Je commencerai par vous donner quelques définitions, puis j’expliquerai
certaines notions inhérentes à ce cheminement. Enfin, je proposerai ma façon
de comprendre les pratiques chamaniques les plus répandues.
Tout ce que je vais expliquer dans ce livre est le fruit de mon expérience
personnelle, d’un vécu, d’une compréhension, et non d’un savoir reçu ou
acquis. Ce que j’écris ne relève aucunement de réflexions philosophiques ou
d’analyses intellectuelles. Ce ne sont pas non plus des idées ou du savoir
transmis par les esprits et que je répèterais. Il s’agit d’une tentative de
partage de ma compréhension personnelle de ces sujets.
Au fil de ce livre, je glisserai quelques récits de mes expériences, en
particulier des voyages chamaniques. Les voyages ne sont pas les pratiques
chamaniques les plus difficiles ou les plus avancées : ce sont en fait des
pratiques très simples et accessibles, et la plupart des voyages que je publie
ici sont assez anciens. Mais ce sont vraiment les expériences les plus faciles
à partager, car elles passent par des images, et des «histoires» que l’on peut
raconter. Les gens aiment les récits de voyages et que l’on voyage pour eux,
qu’on leur raconte ce qui est fait pour eux en histoire. Elles illustreront plus
ou moins clairement mes propos sur une partie de ce qui constitue le
chamanisme.
Premier récit de voyage chamanique
Il ne s’agit pas de mon premier voyage chamanique mais d’un voyage
ancien qui montre bien ma maladresse de débutante et aussi l’objectif de
développement personnel associé au voyage dans ce cas. Dans ce livre les
récits de voyage sont toujours écrits en italique. Lorsque j’indique l’initiale
du nom de la personne pour qui le voyage a été fait, sachez que cette initiale
ne correspond pas à la réalité : j’ai choisi une lettre au hasard. Si vous ne
savez pas du tout ce qu’est un voyage chamanique et que ce récit vous laisse
perplexe, vous pouvez lire tout de suite le chapitre consacré à cette pratique
(page 126).
«Je sentais que je devais m’équilibrer. Je n'arrivais pas à me concentrer
sur mon scénario (que j’étais en train d’écrire).
Dans la grotte je trouve le loup et l'indienne. Je suis partie avec le loup
dans un tunnel. Je suis sortie dans une forêt européenne, il y avait des arbres
et en plein milieu un ruisseau . Sur la gauche une créature de forme
humanoïde qui n'était pas un être humain. Fleurs sur cette forme de plusieurs
couleurs, être qui était beau, pas entièrement recouvert de fleurs je me suis
demandé ce que c'était, je suis sur le côté gauche du ruisseau . J’ entre dans
le ruisseau et tous les arbres ont pris des formes comme cet humanoïde, ils
étaient tous de la même espèce et tout a changé de forme, les pierres sont
devenues des plantes, les plantes des grenouilles, en même temps je
comprenais la leçon, les arbres, les plantes montraient leur forme réelle ,
leur essence, ce qu'ils étaient réellement, leurs formes supérieures. J’ai
compris que cela ne les empêchait pas de jouer leur rôle d'arbre sur la Terre
, pour moi cela devait être pareil. Dans ce voyage rien ne m'a été expliqué,
rien ne m'a été dit , je devais comprendre toute seule.
Retour dans le tunnel, descente dans un autre tunnel. J'arrive dans une
cavité dans la terre, il y a un petit lac de lave, rond, cinq pierres sortaient de
la lave et dessus il y avait des démons et j’ai regardé les démons, il y en avait
5 mais j'en ai vu seulement 4, en partant de la gauche, j'ai vu la tête de mon
père, celle de ma mère ; ça , ça représentait le conditionnement, ce qui
m’empêchait d'avancer, les liens créés par l'éducation que j'ai reçue et qui
causent mon manque de confiance. Celui du milieu c'était moi. J'ai compris
que j'avais peur de ce que j'allais devenir, même en sachant que c'était
positif, que j'allais être mieux, J'avais peur du changement. J'ai vu un
cinquième démon qui avait la tête de mon mari. Cela m'empêchait d'avancer
parce que je me reposais sur lui. Les cinq ont disparu et un dragon est sorti
de la lave. Il fallait que je le tue, le loup était assis tranquillement à l'entrée
de la grotte, j'ai tout deviné moi même, on ne me disait rien. Avec des moyens
normaux, habituels comme des jets de flammes, des pierres, ça ne marchait
pas, je n'arrivais rien à lui faire pourtant je sentais qu'il ne pouvait pas me
faire de mal, puis j'ai eu le déclic: "je suis dans un voyage j'ai tous les
pouvoirs", pour moi à ce moment c'était gagné d'avance et là je l'ai fait
exploser, sans problème. La grotte était vide, c'était le calme plat, plus de
dragon, je suis peut-être partie trop tôt , je me le suis demandé après. Le
cinquième démon ?
Dans ma grotte, je retrouve l'indienne, j’essaie de poser une question sur
le concret, mon manque de concentration, les problèmes d'argent. Alors le
loup m'a ouvert le nombril, de mon nombril sont sorties des pièces d'or.
Signification? interprétation ? L'indienne m'a donné un cristal de 10 cm de
haut taillé en pointe et m'a dit que cela devait me servir à me concentrer, sur
les trois plans, spirituel, aider les gens et scénario . Fin du voyage»
«Le chamanisme n’est ni une religion ni un
système de croyances.»

«On ne devient pas chamane en adhérant à de nouvelles


croyances.»
Première partie : définitions
Chamane
C’est à l’origine un terme qui désigne un certain type d’individus dans
plusieurs tribus de Sibérie. Il a ensuite été employé pour tous les hommes et
les femmes qui leur ressemblaient dans le monde, en particulier pour ceux qui
appartenaient à des peuples vivant de façon traditionnelle.
Les chamanes de tous les pays sont habituellement reconnus comme tels
selon certains critères :
✦ Ce sont des personnages à part dans la communauté. Pas forcément par
leur métier ou leur richesse, mais par un rôle qu’ils ou elles jouent , et par
l’importance de cette mission.
✦ Ils ont une dimension spirituelle, sont en lien avec des esprits de toutes
sortes qui les aident ou leur obéissent. Pour cela, certains pratiquent des
formes de transe, ainsi que de nombreux rituels et prières. Ils sont considérés
comme des intermédiaires entre les «esprits» et les hommes.
✦ Certains consomment des plantes dites «de pouvoir» indispensables à leur
pratique.
✦ Ils attribuent un pouvoir à la nature, aux animaux, plantes, minéraux,
forêts, sources, etc.
✦ Ils ou elles sont utiles à leur peuple par leurs conseils, leurs soins, leur
sagesse et sont respectés pour cela.
✦ Ils sont souvent les détenteurs et les transmetteurs des traditions.
✦ Ces traditions sont intimement liées à leur terre natale, et à la nature qui les
entoure.
✦ Ils ont mérité et méritent encore leur place. Ils ou elles ont suivi un
parcours initiatique ou une formation.

Chamanisme
Il me semble qu’il n’existe pas de définition réelle du chamanisme. J’ai
l’impression que l’on a collé ce mot comme une étiquette sur pas mal de
choses. On admet communément que ce que pratiquent les chamanes est le
chamanisme. Certains considèrent que c’est une sorte de religion car les
chamanes semblent partager certaines croyances spirituelles.
Selon ce fondement, les activités qui ont les caractéristiques suivantes
sont souvent nommées chamaniques :
✦ activités dans la nature, particulièrement si on y ajoute une touche
spirituelle.
✦ activités qui se rapprochent du mode de vie des peuples premiers, c’est-à-
dire simple et proche de la nature, particulièrement si on y voit une
dimension spirituelle ou symbolique.
✦ activités liées à une forme de magie, ou se voulant être magiques.
✦ travail avec des esprits, et plus particulièrement de la nature ou des
animaux.
✦ toute forme de transe, en particulier celles qui permettent le contact avec
des esprits.
✦ guérison et soins reposant sur ces activités, sur l’aide d’esprits ou sur des
rites en rapport avec la nature.
✦ Prières et rituels en rapport avec le caractère sacré de la nature, des
animaux, des plantes, etc.
A la lecture de ce que j’ai écrit, je me demande quel rapport tout cela peut
bien avoir avec nous, occidentaux du 21ème siècle, qui vivons pour la plupart
dans des villes et mangeons de la nourriture conditionnée dans des usines.
Pourtant, de nombreuses personnes cherchent à approcher ces pratiques,
soit en voyageant loin, soit en s’initiant elles-mêmes, soit en suivant des
stages ici en occident.
On trouve même beaucoup de personnes en occident qui pratiquent par
exemple une forme de transe chamanique, ou font de petits rituels avec des
esprits animaux. Certaines revendiquent le titre de «chamane». Elles ont
souvent une grande velléité à partager leur savoir, voire, à vouloir aider les
autres avec ce savoir.
Ces personnes sont en général extrêmement influencées par les cultures
amérindiennes, ceci en grande partie du fait que plusieurs indiens renommés
ont écrit des livres, mais se sont également déplacés dans le monde pour
partager - dans une certaine mesure - une partie de leur culture avec les
«blancs». Le chamanisme est maintenant largement associé aux indiens.
Les occidentaux qui ont cherché ces contacts et ces expériences se font
souvent appeler «chamanes» eux-mêmes, quand ils ne se vantent pas d’avoir
été officiellement intronisé à ce «rang» par leurs amis indiens.
Ils écrivent très souvent des livres, qui contribuent à renforcer
l’engouement des occidentaux pour le «chamanisme», tel qu’ils se
l’imaginent.
Il existe de nombreuses raisons à un tel engouement, qui sont très
respectables. J’en ai déjà parlé sur mon site Tambours Chamaniques et je ne
désire pas me répéter ici. Je vous invite à le lire si vous le souhaitez.
http://ww.tambourschamaniques.fr
«Il n’existe pas une définition simple et universelle
du chamanisme.»
Au-delà des rêves et des cultures : l’art de la vie
Je dois bien avouer que je n’ai pas toujours été insensible aux cultures
amérindiennes. Ces traditions sont tout à fait respectables et par bien des
aspects semblent combler les manques des occidentaux. La proximité de la
nature, les animaux sauvages, les grands espaces, les tambours, m’ont
toujours attirée.
J’ai vécu pratiquement toute ma jeunesse en ville, à l’exception de 3
années, dont j’ai gardé quelques souvenirs impérissables d’observation de la
campagne. On ne peut pas parler de nature réellement en ce qui concerne la
campagne française, très largement dominée par l’agriculture. Je fus tout de
même très sensible à des spectacles aussi simples que l’herbe dans le vent,
les arbres centenaires, ou le ballet des insectes.
Cependant, lorsque j’ai commencé à me renseigner sur le chamanisme, le
côté «nature» qui y était associé n’était qu’un contexte favorable à mon
intérêt. Ce que je recherchais était également bien au-delà des cultures et
traditions du monde. J’étais avide de compréhension et de connaissance sur
un grand nombre de sujets :
✦ Le rapport de l’être humain avec la nature, la terre et l’univers.
✦ La nature de l’être, dans ses aspects individuel et non individuel.
✦ La perception du monde, des autres et de soi.
✦ Le rapport entre le corps et l’esprit, si jamais il existe une distinction entre
les deux.
✦ Tout ce qui concerne l’énergie.
✦ Le cours de la vie, des événements, les choix que l’on peut faire ou pas et
ce qui les détermine.
✦ Les façons d’être aidé et de s’aider dans ces choix.
✦ L’existence ou non de consciences ou d’une conscience autre que la
conscience humaine.
✦ Les états intérieurs et les états de conscience.
✦ Toutes les dimensions des perceptions humaines.
✦ La conscience.
✦ Toutes les capacités humaines.
Ces sujets d’intérêt nombreux sont souvent partagés par les personnes qui
se tournent vers le chamanisme. Peut-être en faites-vous partie ? Alors nous
avons des points communs.
J’ai toujours été dotée d’une grande curiosité pour la vie en général. Plus
scientifique que littéraire, cette curiosité m’a aussi bien menée à adorer la
biologie qu’à m’intéresser à la spiritualité. Cet intérêt commença dès l’école
élémentaire, et cela, sans la moindre influence de ma famille.
La liste que j’ai dressée précédemment correspond à la fois à mes
questionnements les plus anciens, et aux domaines que je considère comme
faisant partie du chamanisme. Il est temps pour moi de tenter de donner une
définition personnelle du chamanisme. Puisqu’il m’arrive d’employer ce mot,
il me faut exprimer ce qu’il signifie pour moi afin d’être comprise.
Ce n’est pas un exercice facile : Le chamanisme tel que je le vois est
extrêmement vaste. Je considère que le chamanisme est la découverte de la
vie, de la conscience humaine, et de ses capacités.
Cette découverte ne peut être dissociée de l’expérience. Elle ne peut être
intellectuelle. Elle n’est pas liée à l’accumulation de savoirs. Il ne s’agit pas
de tenter d’acquérir l’ensemble des savoirs humains. Ce serait d’ailleurs
impossible. Il s’agit vraiment plutôt de connaître la conscience et la Vie.
Chamane / ma définition
Le chamane, de mon point de vue, est quelqu’un qui connaît la Vie autant
que possible, et qui maîtrise les capacités de la conscience humaine le plus
largement. C’est avant tout un homme ou une femme de Connaissance. Cette
Connaissance fait de lui un maître dans l’art de la vie, qui peut aider les
autres à vivre, et parfois leur apprendre cet art. S’intéresser au chamanisme,
c’est apprendre à vivre pleinement.
Le pouvoir du chamane repose en quelque sorte sur ce que j’appellerais
son intimité avec la Vie, et son état de conscience. Cet état ne dépend pas de
la famille où il est né, de son sexe, de sa race ou de sa religion. Ce n’est pas
quelque chose de culturel, même si la culture peut le favoriser ou le
défavoriser. Il n’est pas lié à un don, même si certaines personnes peuvent
être plus aptes à y parvenir.
Je vous mets en garde tout de suite contre ce que vous imaginez être le
pouvoir du chamane. Vous pouvez oublier tous vos rêves de super pouvoirs.
Même si un chamane peut avoir quelques capacités qui semblent
extraordinaires à la plupart des gens, il n’y a aucun pouvoir surhumain à
acquérir.
Je sais que nombreux sont ceux qui nourrissent l’espoir d’avoir un jour
des pouvoirs qui n’appartiennent qu’aux héros de BD ou de cinéma. Cela
provient principalement d’un besoin d’échapper à une réalité qui nous semble
trop difficile ou dans laquelle nous avons du mal à trouver notre place.
Cependant, la liberté que le chamanisme peut offrir n’est pas de cet ordre. Je
pense que le reste du livre vous aidera à mieux comprendre ce dont je parle.
Acte chamanique
Je définirais un acte ou une pratique comme «chamanique» si son résultat
ne dépend pas de gestes ou de paroles, mais uniquement de l’état de
conscience de la personne qui pratique.
Cela peut paraître étrange à une personne cartésienne qui ne prend pour
acte que ce qui relève des gestes ou des paroles, mais l’acte chamanique est
seulement un acte de la conscience, exprimant une intention.
Comme pour toute action, ses effets peuvent être ressentis, et parfois
mesurés. La forme extérieure ou «visible» qu’il revêt n’a que peu
d’importance (et il peut n’y en avoir aucune).
Des exemples dans ma vie ? Il ne s’agit pas forcément de pratiques
«spéciales». Cela se passe à tout moment : sentir, poser une intention, faire
un choix. Bien entendu cela inclut des pratiques comme les soins, la
transmission d’énergie. Tout cela ne requiert rien d’autre que ma présence et
ma conscience. Je ne pratique pas de rituels ou quoi que ce soit de ce genre.
Il faut bien distinguer ce qui se passe de la forme extérieure que l’on peut
lui donner. Les rituels sont des supports, rendus nécessaires soit par les
croyances des gens, soit par leur incapacité à faire sans. Les rituels peuvent
être des aides pour certains. Mais comme dit le sage «il ne faut pas confondre
la lune et le doigt qui la montre».
Je ne peux plus réellement distinguer une partie «chamanique» dans ma
vie, qui serait distincte du reste de celle-ci. C’est seulement lorsqu’une autre
personne est concernée que cela prend une forme visible. Chacun de nous est
comme un émetteur-récepteur permanent, en contact avec le reste du monde.
Un acte chamanique est en quelque sorte l’acte par lequel on émet et reçoit
volontairement et en pleine conscience. Il s’agit d’une image. Puisse-t-elle ne
pas vous égarer.
«Le chamanisme est la découverte de la vie, de la conscience
humaine, et de ses capacités.»

«Un acte chamanique dépend uniquement de l’état de conscience


du chamane.»
Deuxième partie : Les fondements du chamanisme
Je vais maintenant préciser des notions indispensables pour progresser
dans la compréhension de ce qu’est le chamanisme.
La spiritualité
Les gens qui sont attirés par le chamanisme, sont probablement en quête
de spiritualité. Le sens du mot spiritualité n’est pas forcément clair. Il est
associé aussi bien à la religion, qu’aux sectes, au paranormal ou à la
sorcellerie.
De mon point de vue, certains éléments définissent la spiritualité et une
voie spirituelle :
- prendre du recul sur les événements, situations de la vie
- être centré et authentique, en accord avec son être
- être épris de vérité
- prendre sa place, assumer sa vie et ses responsabilités
- être à l’écoute, ouvert et réceptif, à soi, aux autres, et au monde
- plonger en soi pour y trouver ses forces, ses ressources
- se connecter aux sources de vie et de force de l’univers
- chercher à connaître la nature profonde des choses et des êtres
- découvrir ce qu’est «être humain» dans toutes les dimensions de ce mot.
- toute pratique, tout élément de la vie spirituelle, même les visions, les
sensations, vous rendent plus solides, plus stables, plus sain. Elle vous font
grandir et doivent vous ancrer dans le réel.
Selon mes convictions et cette définition du spirituel, le chamanisme est à
l’évidence une affaire de spiritualité, même s’il n’a rien à voir avec la
religion.
Prendre sa vie en main, allumer la torche de la connaissance et assumer,
chercher, changer, explorer , découvrir... non pas avec sa tête, mais avec tout
son être, et une implication totale. Voici ce qu’exige pour moi cette voie.
Accompagner les autres sur ce chemin, c’est être à la fois le guide de haute
montagne qui sécurise le voyage, et la bonne fée, qui montre à chacun les
dons qui sont les siens.
Tout ce que j’écris dans ce livre provient de mon expérience. Je la partage
un peu avec vous, mais personne ne peut vraiment le comprendre sans vivre
par lui-même cette aventure. Vous devez expérimenter par vous-même,
monter dans le véhicule qui va vous permettre de réaliser ce voyage.
C’est un peu comme partir explorer la planète au temps où on la croyait
plate, il est probable que vous tombiez de l’autre côté du monde à un
moment ou à un autre. C’est toute notre conception de la vie qui est
bousculée, remise en question, voire détruite. C’est la fin de l’ancien monde,
le monde appris, mal-compris, et en partie inculqué par les autres. Perception
de soi, de l’autre, de l’univers : tout est modifié.
Un jour on m’a dit « tu percevras tout l’univers». C’est bien de cela dont
il est question lorsqu’on parle de spiritualité. Sur ce chemin ce que l’on
obtient est la liberté, l’authenticité, et un gain considérable en intimité avec
soi-même, avec les autres, et surtout avec la Vie. Si cela vous paraît
conceptuel, penchez vous un peu plus sur la question...
Etre libre : agir sans entrave, non par obligation, non par devoir, non par
peur(s), non parce qu’on croit qu’il le faut ou parce que les autres le veulent.
Etre authentique : abandonner tous les rôles, être le même (soi) en toute
circonstance, retrouver l’innocence, perdre la naïveté.
Intimité avec soi-même : être proche de soi, en contact constant avec son
être, savoir toujours ce que l’on ressent, ce qui se passe en soi, se connaitre et
se reconnaître.
Intimité avec l’autre : aptitude à rencontrer l’autre dans son être, à
l’accueillir, à le reconnaître, à recevoir, et à donner, sans barrières.
Intimité avec la Vie
Lorsque je parle d’intimité avec la Vie, ces mots sont plein de sens pour
moi ; le mot «Vie» tout comme le mot «intimité» employé dans ce contexte.
Mais je vous propose de traduire cela autrement.
La Vie, quand je l’écris avec une majuscule, représente la force qui anime
tout ce qui est vivant. Celle qui fait germer une graine, celle qui fait se
développer un embryon, grandir l’enfant, celle qui nous anime à chaque
instant, et celle qui nous fait vieillir et mourir. Ce n’est pas un concept
abstrait. Cela peut être senti, par tout un chacun. Mon propos n’est pas de la
théoriser ni de l’expliquer. Il est probable que même un scientifique n’y
parviendrait pas. Cependant, il ne peut nier que la graine germe. Les
molécules, l’eau, la température, la terre, rien de tout cela n’est la cause de la
germination, ce sont des conditions nécessaires, mais pas des causes. Cette
question de la distinction entre causes et conditions est essentielle pas
seulement pour s’ouvrir à des concepts tels que celui de force de Vie, mais
aussi pour ne pas prendre des vessies pour des lanternes comme beaucoup le
font en matière de spiritualité.
L’intimité avec la Vie du chamane, c’est sa connaissance de celle-ci, non
pas intellectuellement mais directement. C’est avant tout une question de
conscience. Le chamane tel que je le conçois développe la conscience la plus
vaste possible pour un humain. C’est précisément cette conscience qui lui
permet d’aider les autres, d’être de bon conseil et de pouvoir employer toutes
les capacités à sa disposition, c’est à dire les capacités humaines naturelles.
Qu’est-ce que je veux dire par conscience ? Je parle de la conscience en
général : conscience de soi, des autres, l’ensemble des perceptions du réel
possibles pour un être humain. Bien entendu on peut percevoir aussi ce qui
n’existe pas, mais alors typiquement il s’agit du contraire de ce qui est
recherché.
Un mot sur mon expérience personnelle:
L’intimité avec la Vie est une capacité à sentir le lien avec toute chose, à
se connecter avec toute chose, à s’identifier à toute chose, à toucher, sentir
toutes choses, à tous leurs niveaux d’existence. Cela correspond aussi à la
réalisation que l’on est la Vie elle-même. Souvent quand on me demande ce
que je suis, je suis tentée de répondre «je suis la Vie». Tout cela relève d’un
vécu intérieur et ne donne aucune particularité extérieure. Sentir la Vie est
une expérience spirituelle profonde qui procure une joie immense.
Si on sent bien la Vie, on peut se laisser porter par elle. C’est une force
immense. La Vie unit tous les êtres vivants. Cette phrase est une lapalissade,
mais si on la médite, elle ouvre des portes. La Vie qui anime un insecte n’est
pas différente de celle qui vous anime, même si bien évidemment, la
conscience est différente. Cette perception de la Vie est associée avec le
sentiment de n’être ni plus ni moins important que n’importe quelle parcelle
de l’univers, serait-ce un brin d’herbe, un caillou, ou une personne de grande
renommée. Il n’est pas possible à mes yeux qu’une personne soit supérieure
ou inférieure à une autre personne ou à quoi que ce soit.
Connaissance et savoir
Le chamane est un homme ou une femme de connaissance. Cette
définition pourrait être acceptée par de nombreuses personnes mais je ne suis
pas certaine que tout le monde emploie le mot connaissance de la même
façon. Il est de la plus haute importance de bien distinguer savoir et
connaissance.
Le savoir
C’est ce qui peut être transmis sous forme de paroles, d’écrits, de films,
de livres, de DVD, etc. C’est ce que l’on peut apprendre. Par exemple à
l’école, mais aussi sous forme de lectures ou en écoutant un enseignant. La
transmission du savoir repose sur l’activité mentale humaine.
L’ensemble des livres d’une bibliothèque représente une très grande somme
de savoir, et une très grande somme de concepts. Il ne représente aucune
connaissance. Vous pouvez lire tous ces ouvrages et ne pas progresser en
terme de connaissance.
La connaissance
C’est ce qui ne peut pas être transmis, c’est une compréhension directe
d’une chose, sa réalisation. La connaissance n’a pas besoin de concepts.
Lorsque vous avez la connaissance de quelque chose vous pouvez essayer
de la transmettre, mais ce que vous transmettez n’est que du savoir et non
cette connaissance. C’est exactement ce que je suis en train de faire en
écrivant. Ces mots sont le fruit de mon activité mentale, ils représentent un
savoir qui peut être transmis. Tout le savoir transmis dans ce livre est la
tentative de traduire la connaissance qui peut être la mienne, mais n’est pas
cette connaissance.
Un exemple simple :
Imaginez un bébé avant l’apprentissage du langage. Il connaît le lait de sa
mère, il est capable de le reconnaître. C’est seulement plus tard qu’on lui
apprendra que c’était du lait, et quelle était sa composition. Ici la
connaissance est venue avant le savoir.
Notez bien que pour quelqu’un qui n’a jamais goûté ce breuvage, lire la
composition du lait maternel ne constituera pas un progrès dans la
connaissance de celui-ci.
On pourrait trouver une infinité d’exemples comme celui-ci. Je me
permets d’insister car c’est important. Je ne sais pas si vous mesurez
l’importance que cela revêt. Ce qui peut vous paraître décourageant, surtout
si vous aimez lire, c’est qu’aucun livre ne pourra vous donner la
connaissance. Si un aveugle n’a jamais vu, il ne pourra jamais connaître les
couleurs, ni une couleur en particulier. Le fait de lui expliquer ce qu’est une
couleur ne remplacera pas du tout l’expérience de la voir.
C’est pourquoi j’hésite souvent à répondre aux questions de mes élèves,
leur disant que s’ils ont un bandeau sur les yeux, le plus important est de les
aider à l’ôter et non de leur raconter ce qu’ils pourront voir une fois qu’il sera
ôté. C’est même dangereux de parler, car cela peut être à l’origine de vues
fausses auxquelles ils risquent de s’accrocher (souvent en tant qu’idéaux
spirituels).
Sur mon propre parcours, l’enseignement reçu n’a jamais été de l’ordre du
savoir. Les «esprits» ne disaient pas «la vie est comme ça», «les règles sont ci
ou ça». L’enseignement passait uniquement par des exercices et par des
questions qu’ils me posaient, dans le but de me permettre d’avoir certaines
prises de conscience. C’est aussi un mode d’enseignement que je pratique
avec mes élèves.
«La connaissance et le savoir sont différents.»

«La connaissance est la réalisation, c’est à dire la compréhensi

on par l’expérience directe.»


«La connaissance ne peut être transmise. Aucun livre ne peut
transmettre la connaissance.»
Les livres
L’écriture de ce livre est une forme de partage, qui a pour but de vous
simplifier les choses, alors que l’on a tellement tendance à les compliquer. Je
souhaite simplifier et éclaircir, plutôt que compliquer et embrouiller. La mise
au point que je fais ici sur des notions couramment abordées a cet objectif
unique. Il ne s’agit pas d’accroître le poids de votre savoir, car vous en avez
sans doute déjà trop. Il s’agit de vous aider à faire le tri parmi ce savoir.
Tous les livres ne contiennent que du savoir. Il arrive que ce savoir ne
repose sur aucune connaissance et donc qu’il n’ait aucune chance de vous
aider à progresser en terme de connaissance.
Tout ce qui est écrit dans les livres ne repose pas sur une vérité. Je suis
toujours étonnée de l’impact de l’écrit. En tant que moyen de communication
de savoirs utiles, les livres sont respectables et indispensables ; mais à une
époque où ils sont si nombreux, il est sage de se rappeler que ce n’est pas
parce qu’une chose est publiée qu’elle est vraie. Dans le meilleur des cas, un
livre ne vous poussera pas à croire des bêtises : il vous permettra d’y voir
plus clair, et vous aidera à prendre un chemin qui peut vous mener à une
connaissance.
Lorsque vous avez l’impression d’avoir une révélation en lisant un livre,
vous êtes dans l’un des cas suivants :
• soit vous aviez déjà cette connaissance et vous aviez besoin que l’on
vous en parle pour compléter ce stade de la réalisation.
• soit ce que vous lisez correspond à ce que vous avez envie d’entendre,
ou plutôt de lire. Ce que vous lisez vous plaît, vous fait rêver ou vous
rassure.
Dans le pire des cas, un livre vous apportera plus de confusion mentale,
vous induira en erreur, ou même créera de nouvelles peurs ou de nouveaux
problèmes.
Je ne suis pas le genre de personne qui voit un intérêt à faire peur. Tout ce
que je fais a pour but de vous aider à vous débarrasser de la peur. Cela ne
veut pas dire cependant que tout soit parfait dans le meilleur des mondes. Je
souhaite que vous exerciez votre discernement et que vous ne vous laissiez
pas convaincre trop facilement par ce que racontent certains. En particulier
lorsque l’on vous fait peur, prenez du recul. Ce ne sont que des mots, et le
point de vue d’une personne. Ce n’est pas la Vérité.
Sur mon chemin j’ai lu des livres. Peu nombreux sont ceux qui m’ont
réellement apporté quelque chose. J’ai suivi deux règles qui m’ont protégée
de la confusion mentale et que je partage avec vous.
• Règle n°1 : rejeter ce qui est trop compliqué.
• Règle n° 2 : rejeter ce qui est basé sur la peur ou ce qui peut m’apporter
une peur supplémentaire.
Les livres sont le fruit de l’activité mentale humaine, et malheureusement
cette activité peut produire le pire comme le meilleur. Je crois que vous le
savez bien. Au-delà des délires mentaux de certains psychopathes, il arrive
aussi que votre activité mentale s’embarque dans des vagabondages ou des
films sans aucun rapport avec la réalité. Les livres sont le reflet de ce qui se
passe dans la tête des gens : certaines publications sont le reflet de délires.
«Seul le savoir peut être transmis, par la parole, les livres, les

films, etc .»

«Le savoir est un ensemble de concepts.»


«La vérité est vide de concepts.»
Le mental
Après avoir écrit cela, il serait peut-être utile à certains que je précise
cette notion. Là encore, il existe de multiples définitions du mental. Je vais
exprimer ma vision actuelle.
Je considère le mental comme une activité. Quand les gens en parlent ou
écrivent à propos du mental, on croirait que c’est une entité, ou une partie de
l’être distincte du reste : «mon mental» ; «ton mental» ; «c’est à cause de
mon mental» ; « C’est le mental qui crée cela» etc. C’est un sujet inépuisable
pour certains.
Pour ma part, je conçois le mental uniquement comme une activité que les
scientifiques peuvent relier facilement à une certaine forme d’activité
cérébrale. Il me semblerait donc plus juste de parler d’activité mentale, mais
cela a l’inconvénient d’être plus long à dire.
L’activité mentale est généralement considérée comme le domaine de
l’esprit : ce qui se passe dans notre tête. Il s’agit de pensées mais aussi
d’images, de sons. Pour moi il n’y a pas de différence entre penser, écrire ou
parler. Ainsi même si ce livre ne reste pas dans mon esprit, il est le fruit de
mon activité mentale. Tout comme mes paroles, qui sont l’expression orale
de pensées.
Le «mental» semble représenter l’ennemi de nombreuses personnes : un
ennemi important, fort, puissant et cruel, qui leur gâche la vie. En réalité,
l’activité mentale n’est en rien mauvaise ou néfaste. Elle est totalement
indispensable. Je ne pourrais pas faire grand chose sans activité mentale, et la
vie, c’est agir. L’activité mentale est vaste et utile : parler, écrire, penser,
imaginer ; c’est déjà beaucoup.
Le mental sert principalement à communiquer et à créer.
Mon expérience méditative m’incite à dire que l’activité mentale est
également liée à la perception. J’aurais tendance à considérer le mental
comme un assembleur, ou l’activité mentale comme une activité
d’assemblage : assemblage de mots, images, sons, perceptions, idées.
On peut le relier à l’imagination ; il participe grandement au pouvoir de
création. L’imagination s’exprime à travers l’activité mentale. Je laisse aux
scientifiques et philosophes le soin de démêler le rapport exact de ces
fonctions si elles ne sont pas identiques.
Gérer les concepts est une activité mentale qui peut vite devenir futile.
Une capacité humaine utile au départ devient alors une consommation
d’énergie, de temps et d’attention inutile. Si vous avez des problèmes avec
l’activité mentale, c’est sans doute que vous ne la contrôlez absolument pas.
Les pensées défilent dans votre esprit, même lorsque vous ne le désirez pas.
Par bonheur, elles ne sortent pas de votre bouche, car ce serait bien
pénible pour les autres en plus de l’être pour vous. Contrôler cette capacité,
ce pouvoir, est indispensable au chamane. C’est aussi très utile pour la vie
quotidienne de tout un chacun.
Je semble m’éloigner du sujet du chamanisme, mais la plupart des
pratiques chamaniques courantes utilisent le pouvoir de création mentale.
Que sont donc les prières, les symboles, les visualisations, très nombreux
dans les rituels chamaniques traditionnels, sinon à la fois les supports et les
fruits de l’activité mentale ?
Au-delà de ces pratiques, aucun acte chamanique n’est possible sans le
calme mental.
Quelques mots de mon parcours dans l’apprentissage du contrôle du
mental :
Deux élément ont été décisifs : la méditation , et ma «lessive»
personnelle, c’est-à-dire le travail sur moi, dans un but de me débarrasser de
tous mes conditionnements. Lorsque j’ai essayé de méditer pour la première
fois, je l’ai fait les yeux fermés, et j’ai eu tellement de visions que j’ai eu peur
et je n’ai plus réessayé pendant un bon moment. La fois suivante j’ai essayé
les yeux ouverts et ça a été très différent.
Je me suis révélée assez douée, car dès ce second essai j’ai vu les pensées
s’écarter puis disparaître, puis mon mental s’arrêter complètement, effaçant
ainsi mon lien aux cinq sens. Mon corps n’était plus là, du moins je ne le
percevais plus.
Ce n’est pas le but de la méditation qui est d’être capable de maîtriser
l’activité mentale et non de l’arrêter. Mon activité mentale actuelle est calme,
et contraste avec ce qu’elle était autrefois. Lorsque je n’ai pas à parler ou
écrire, ou réfléchir, je pense peu. Lorsque je regarde un paysage, je n’ai pas
de voix qui le commente dans ma tête. Lorsqu’il y a des blancs dans une
conversation, je ne pense pas. Mes pensées sont rarement inutiles.
Cette capacité à utiliser son mental sainement permet de réaliser des
choses qui demandent une très grande attention, voire de la concentration, et
d’être à 100 % à ce que l’on fait. Ce n’est pas un don ou quelque chose de
surhumain, cela vient avec de l’entraînement. Cet entraînement est
couramment nommé «méditation». Je l’enseigne car c’est un outil
indispensable.
Cependant cela n’est pas suffisant. Sans mon grand nettoyage, mon mental
aurait continué à me jouer des tours, même si j’étais capable de le calmer
facilement en méditant. Avoir un mental calme ou arrêté sur un coussin
pendant sa méditation est bien, mais ce qui est plus important, c’est avoir un
mental calme la plupart du temps ! Et pour cela, la pratique de la méditation
ne suffira pas. Il faut travailler sur soi.
Principes de base de la méditation :
Pour calmer le mental, on reprend son contrôle en commençant par
l’obliger à rester sur un seul objet au lieu de le laisser vagabonder.
Exemple : poser son regard sur un objet fixe et de petite taille, comme un
point, sans explorer cette image.
Exemple 2 : porter son attention sur sa respiration.
Exemple 3 : répéter un mantra (une phrase, un mot)
Exemple 4 : focaliser son attention uniquement sur un sens (l’ouïe est
souvent celui qui fonctionne mieux) ou sur un son répétitif.
Quel que soit l’objet choisi, il doit toujours être fixe, ne jamais changer ou
se modifier au cours de la séance. Ensuite, les pensées viennent mais vous ne
devez pas les suivre, ne montez pas dans le train des pensées, restez sur votre
objet. Quoi qu’il arrive, même si vous partez dans vos pensées, dès que vous
vous en rendez compte, revenez à votre objet sans faire de commentaires. Ne
vous laissez pas avoir par le jeu du mental : pas de commentaires sur la
méditation.
N’essayez pas de vous concentrer à 100 % sur l’objet. 75 % suffisent. La
méditation est attention et non concentration. Elle est ouverture et présence,
et non effort.
La pratique de la méditation nécessite un enseignement et un suivi pour
éviter les erreurs. Je l’enseigne dans mes stages, parmi d’autres pratiques.
«Le mental est une activité indispensable pour communiquer,
créer et percevoir.»

«Cette activité pose un problème quand elle est incontrôlée et

incon trôlable.»
L’imagination
L’imagination est le pouvoir de création, de créer des images mentales.
Cependant cela ne se limite pas à l’aspect visuel. L’imagination permet de
former des tableaux complets, comprenant toutes les sensations et aspects de
la réalité : odeurs, sons, toucher, chaud et froid, goûts, etc. Elle peut utiliser
tout ce qui a déjà été perçu pour agencer de nouveaux tableaux, mais aussi,
produire une oeuvre totalement nouvelle.
L’imagination est un pouvoir essentiel de l’être humain. Dans les
pratiques chamaniques elle est largement utilisée. En réalité, l’imagination est
indispensable dans la vie en général et pas seulement dans les pratiques
chamaniques ou pour les artistes. Tous les êtres humains sont des créateurs.
L’un des aspects de la connaissance et de la sagesse est d’être capable
d’utiliser pleinement le pouvoir de l’imagination pour son bénéfice et de ne
jamais la retourner contre soi. Je considère bien entendu cela comme l’une
des aptitudes du chamane tel que je le conçois.
La pleine utilisation du pouvoir de l’imagination de façon bénéfique
requiert quelques conditions :

1. Le calme mental qui permet la focalisation de l’attention.


2. L’absence de croyances, projections et peurs qui influent sur notre
capacité d’imagination.

Comment l’imagination se retourne-t-elle contre nous ? Vous le savez


déjà. Cela vous arrive certainement. Ces exemples vous parleront peut-être :
vous faire des films, imaginer des scénarios catastrophes qui vous font peur,
vous raconter des histoires et subir les conséquences de la foi que vous placez
dans le fruit de votre imagination, telles que stress, insomnies, malentendus
générant des conflits, etc.
L’imagination se retourne très souvent contre des personnes qui ont des
croyances spirituelles. Elles ont très souvent envie de percevoir des choses et
collaborent volontiers à la conception de scénarios qui peuvent avoir
finalement des conséquences fâcheuses pour elles.
Sur mon parcours, j’ai dû aider de telles personnes et ce n’est pas facile. Il
n’est pas aisé de retirer la foi que l’on a placé dans quelque chose et de sortir
du cauchemar créé par ses propres projections. Lorsqu’une personne a
tellement foi dans une forme de magie ou le pouvoir de quelqu’un par
exemple, elle peut arriver à se créer des sensations (y compris physiques), qui
la confortent dans ces croyances.
Parfois cela vire au cauchemar, par exemple lorsque quelqu’un est
persuadé d’être attaqué à distance par un sorcier. Pour sortir quelqu’un de ce
cauchemar, il faut beaucoup de patience, et être malin. On ne peut pas juste
lui dire : «c’est des conneries tout ça, il n’y a personne qui t’attaque».
Ramener les gens à la réalité est difficile.
Dans ma vie, j’utilise l’imagination sur un plan artistique, mais aussi dans
les pratiques chamaniques, bien que cela ne soit pas toujours nécessaire.
«L’imagination est l’un des pouvoirs les plus essentiels de l’être
humain.»

«L’imagination est un pouvoir de création né


cessaire dans la vie.»

«L’imagination peut se retourner contre nous si ce qui est imaginé


se base sur des croyances erronées.»
Les perceptions et sensations
Il est temps de parler des perceptions. La plupart des gens croient qu’être
chamane c’est percevoir des choses que les autres ne perçoivent pas.
Secrètement ou non, nombreux sont ceux qui espèrent connaître de telles
perceptions. Visions, messages auditifs, sensations de l’énergie (chaleur,
picotements, etc.), rencontres avec des esprits ou réception de messages :
toutes ces perceptions fascinent et sont considérées par beaucoup comme des
signes de possession de pouvoirs extraordinaires, voire d’une grande
évolution spirituelle.
C’est une confusion énorme et qui engendre bien des dégâts. N’importe
quel illuminé qui plane au-dessus de la moquette - sans forcément l’avoir
fumée ! - peut avoir toutes sortes de perceptions qui sembleront plus
extraordinaires les unes que les autres.
Les personnes qui ont le plus de perceptions de ce type, sont souvent les
plus «paumées», celles qui ont le plus de problèmes à régler. Il n’est pas sain
ou naturel d’avoir continuellement des visions, d’entendre des voix ou d’être
envahi par des sensations énergétiques constantes.
En réalité, voir quelque chose qui n’est pas là physiquement, sentir
l’énergie, est à la portée de n’importe quel être humain. Si cela vous est utile
il sera bon d’en être capable. Par exemple dans un voyage chamanique, ou
bien une quête de vision, il est bon d’être suffisamment ouvert pour obtenir
un conseil ou une réponse à une question de cette façon.
Mais ce genre de perceptions ne devrait exister que lorsqu’elles sont
utiles. Etre évolué, avoir la connaissance, être chamane, n’est pas devenir une
personne envahie par les perceptions. C’est être une personne suffisamment
ouverte, douée d’imagination, pour percevoir ce qui doit être perçu de toutes
les façons possibles pour un être humain, et suffisamment «nettoyée» pour ne
pas percevoir autre chose que cela.
Le message que je vais transmettre maintenant me semble être l’un des
plus importants et c’est l’un des premiers que je donne à mes élèves : les
perceptions ne sont pas la réalité. Ce ne sont que des perceptions. Elles
peuvent aussi bien être le fruit de votre imagination que l’expérience d’une
réalité. Si vous imaginez bien quelque chose, vous pouvez ressentir cette
chose, la toucher, la goûter, sentir son odeur, etc.
Les gens peuvent imaginer tout un tas de choses, et les sentir fortement
sans que ce soit fondé sur la moindre réalité. De ce fait ils se persuadent
parfois que cela existe. Cela arrive très souvent aux personnes qui ont placé
leur foi dans certaines croyances spirituelles.
Un exemple simple : si vous avez confiance en moi et que je vous dis
qu’il y a une lumière dans un coin de la pièce, il est probable que vous la
voyiez aussi. Ceux qui ne la verront pas pourraient même se lamenter de leur
incapacité à percevoir. Cela arrive tout le temps dans les stages de
développement personnel. Parfois, ne pas sentir est un très bon signe : cela
prouve que l’on a échappé à une hallucination collective.
D’autre part, même quand les perceptions ont un rapport avec la réalité,
elles ne sont pas cette réalité, mais sa traduction sous forme d’images, de
sensations, de sentiments. Une même réalité ne sera pas perçue de la même
façon par tout le monde. Il peut exister autant de perceptions d’une réalité que
de personnes. Pensez aux témoins d’un accident. Même si chacun est
persuadé de raconter ce qu’il s’est passé, chacun n’en raconte que sa
perception. Les témoignages sont souvent la base d’erreurs judiciaires. En
imaginant même que tous les témoins aient été en position de voir la même
chose, sous le même angle - ce qui n’est généralement pas le cas - de très
nombreux facteurs font que les gens n’enregistrent pas les mêmes souvenirs
dans leurs cerveaux, et même au-delà ne sont pas capables de les restituer de
la même façon.
Concernant les visions, il faut se souvenir qu’elles sont la plupart du
temps symboliques. Si quelqu’un, qui se dit chamane ou médium, ou autre
voyant, a la vision d’ un couteau planté dans votre dos, il va de soi que c’est
le symbole de quelque chose et non une réalité.
Si le «voyant» n’est pas sage, il vous dira qu’un couteau signifie telle
chose. Si jamais il vous connait et n’est pas neutre dans votre histoire, sa
vision pourra être influencée, il verra peut-être votre conjoint le planter dans
votre dos, et s’il n’a aucun recul sur ses perceptions il dira : « ton conjoint t’a
planté un couteau dans le dos». Pour un peu que vous ayez envie de le croire,
vous plongerez avec lui dans son délire.
Vous devez vous souvenir de cela. Ne prenez pas vos perceptions pour
des réalités. Gardez toujours du recul par rapport à ces perceptions, quelles
que soient les circonstances. Les personnes qui ne conservent pas ce recul,
sont dangereuses pour elles-mêmes et pour les autres.
Comment se prémunir contre les hallucinations» ou perceptions
mensongères ?
1 - Se prémunir contre celles des autres : ne pas croire tout ce qu’on vous
raconte. Ce n’est pas parce que quelqu’un sent quelque chose que cela existe.
Méfiez vous particulièrement des personnes qui font grand cas de ce qu’elles
perçoivent.
2 - Attention aux interprétations de ces perceptions : elles sont encore
plus redoutables que les sensations elles-mêmes. Une innocente perception
peut se transformer en dangereuse croyance. Percevoir des choses qui
n’existent pas n’est pas grave, ce qui est dangereux c’est ce qu’on se raconte
à propos de ces perceptions. Méfiez vous particulièrement de tout ce qui
implique un danger, une peur, ou bien une mission, un devoir. Les personnes
qui sont le jouet de leurs perceptions leur donnent de l’importance, c’est
pourquoi ce qu’elles perçoivent est souvent impressionnant ou interprété
comme un problème grave. Elles sont aussi sujettes à des modes. Ces
dernières années j’ai été impressionnée par le nombre de personnes à qui on
annonce qu’elles ont subi des violences sexuelles, bien entendu à un âge qui
fait qu’elles ne peuvent pas s’en souvenir.
3 - Protéger les autres contre vos perceptions : lorsque vous percevez
quelque chose, gardez-le pour vous, en particulier si cela concerne une autre
personne.
Ces moyens sont à la portée de tous et il vous sera très bénéfique de les
garder à l’esprit. Mais ne plus être sujet à des hallucinations ou perceptions
mensongères n’est pas si simple. Il n’y a pas de truc pour cela. Dans des
conditions de vie ordinaire, le fait d’avoir réalisé un nettoyage complet de vos
croyances, peurs et projections, vous évitera de laisser votre imagination se
retourner contre vous. C’est ce que j’appelle être innocent.
Le mot innocence ici signifie que vous êtes totalement ouvert, égal, sans
idée préconçue sur ce que vous rencontrez dans la vie (situations, personnes,
etc.). Si cela ressemble au regard d’un enfant, il ne faut pas le confondre avec
la naïveté, qui est le manque d’expérience. L’innocence dont je parle ici et
qui devrait être celle du chamane, est le regard nettoyé d’une personne
expérimentée et sage, et non le regard neuf et inexpérimenté du bébé, qui est
prêt à croire tout ce qu’on lui dit.
Autant dire que rares sont ceux qui sont vraiment innocents et qui sont à
l’abri des perceptions mensongères et de leurs interprétations erronées. De
plus, un être humain, peut toujours subir, dans certaines situations, les
défauts de son système cognitif : ses perceptions peuvent être faussées , en
particulier dans des conditions extrêmes.
Dans ce cas quelle place peut-on donner au «Sentir» dans notre vie ?
C’est ce que nous découvrons petit à petit ensemble.
«Les perceptions ne sont pas la réalité. Ce ne sont que des
sensations.»

«Les perceptions peuvent être totaleme nt


mensongères, l’expression d’un fantasme.»

«Une même réalité ne sera pas perçue de la même façon par tout le
monde.»
Intuition
J’ai l’habitude de dire que je dirige le plus souvent ma vie en sentant ,
plutôt qu’en pensant. Mes choix sont plus le fruit d’un ressenti que d’une
réflexion. Pourtant je ne suis pas stupide, et je suis même plutôt une
intellectuelle. Je suis capable de réfléchir, je le fais autant que nécessaire.
Mais je considère le ressenti souvent plus fiable que la réflexion ou la raison.
Cela semble en totale contradiction avec ce que j’ai expliqué
précédemment. Il faut garder à l’esprit que pour connaître la forme de
ressenti dont je parle, il faut être dans un état adéquat.
Cet état pourrait se résumer ainsi :
• le mental tout à fait calme
• sans peur
• sans émotion
• totalement centré
• totalement ancré, c’est-à-dire présent
• dénué d’idées préconçues
Quand ces conditions sont remplies, utiliser le ressenti comme source
d’information, d’évaluation d’une situation et facteur de choix, est à votre
portée.
L’information est alors :
• claire
• simple
• sans émotion
• sans rapport avec une croyance ou un système de croyances qui
pourraient servir à l’interpréter.
Vous noterez bien que je n’assimile pas l’intuition à l’émotion, même si
les émotions sont des sources d’information indispensables dans la vie. Il
existe pour moi plusieurs façons de traiter les situations et de faire des choix :
réagir de façon émotionnelle et instinctive (rapidement et sans recul, ce
système de réaction peut nous sauver la vie en cas de danger), raisonner et
réfléchir (traitement analytique lent fondé sur ce que l’on sait dans sa tête), et
sentir ( traitement fondé sur la perception profonde, qui demande du recul et
de faire taire le mental et les émotions).
En l'occurrence sentir n’est pas non plus imaginer. Lorsque l’on ne se
trouve pas dans l’état approprié, il ne s’agit pas d’intuition. Cela peut tout
aussi bien être du fantasme. Nombre de perceptions, visions, messages
auditifs que certains pensent «recevoir» sont en réalité de l’ordre du
fantasme.
En réalité le ressenti dont je parle est une façon de percevoir directement,
et se passe du mental. Et il n’y a ni émetteur ni récepteur. Cela ne nécessite
pas d’images ou de sons, cela ne nécessite aucun support. C’est comme
savoir simplement quelque chose, sans émotion.
L’intuition est donc le mode de fonctionnement qui est le plus performant
à mes yeux, le plus fiable, et sans aucun doute celui d’un chamane. Il n’est
pas besoin de peser le pour et le contre, ni d’interpréter le moindre signe. Une
intuition est claire ou bien elle n’est pas. Le message n’est pas codé.
L’information arrive et est connue avant même de pouvoir être exprimée par
des mots, donc par le mental. Le fait d’être capable d’intuition ne nous prive
pas cependant de la capacité à utiliser les autres modes de traitement : les
émotions nécessaires et naturelles sont toujours là, et la capacité à raisonner
également.
Il est difficile d’expliquer l’intuition d’une façon qui soit valable pour un
scientifique. Ce n’est pas un problème. Beaucoup de choses existent et sont
vécues sans pouvoir être expliquées ou prouvées dans une démarche
scientifique pour le moment. Il est possible, comme le dit le Dalaï-lama,
qu’elles puissent être prouvées et expliquées un jour. Quoi qu’il en soit, de
vrais scientifiques ont eu d’exceptionnelles intuitions, et n’importe quel être
humain connait l’intuition dans sa vie.
Cela commence simplement au moment où l’on dit «ça je le sens» ou «ça
je ne le sens pas». Il ne s’agit que d’une impression, un ressenti à propos de
quelque chose, une situation, un choix à faire, une personne. Ce sentiment
peut être assez précis, et porter de nombreuses informations, sur des sujets de
n’importe quelle sorte. Cela nécessite avant tout d’être centré sur soi tout en
restant ouvert au reste de l’univers. C’est à la portée de tout le monde. Cela
ne nécessite aucun don.
Pourquoi ? Comment ? Ce n’est pas gênant de dire «je ne peux pas le
prouver» ou «je ne sais pas». Cela peut être une attitude sage concernant
beaucoup de sujets en chamanisme, et certainement beaucoup plus juste que
d’adhérer à n’importe quelle explication, même présentée de façon logique.
Il est courant que les explications les plus farfelues soient les plus
aisément acceptées. C’est parce qu’une explication compliquée, voire tordue,
est facilement acceptable par un mental agité, une vision du monde
compliquée et un égo développé. Pourtant les explications les plus simples
sont toujours les meilleures. Sur ce sujet du sentir et de l’intuition, mon
point de vue personnel est que cela est lié à notre nature profonde.
Je ne veux pas développer la question de l’éveil (au sens bouddhiste) ici,
mais pour moi avoir accès à toutes sortes d’informations est naturel car au
niveau de ce que nous sommes profondément, nous ne sommes pas
individualisés, ni connectés, ni séparés de quoi que ce soit.
«Une intuition est une information perçue directement, toujours

claire. Elle ne néc essite aucune interprétation. »

«Une intuition n’est accompagnée d’aucune émotion.»


Etats de conscience et état de conscience chamanique
L’état de conscience d’une personne varie continuellement.
Comment définis-je l’état de conscience ?
L’état de conscience est la façon dont on perçoit à un instant t. Il
détermine ce que l’on perçoit à cet instant.
Je suppose que vous avez d’autres définitions de l’état de conscience ou
que vous en avez lues d’autres. La définition que je donne ne provient
d’aucune tradition ni d’aucun enseignement reçu. Elle est simplement ma
façon de l’expliquer. Vous êtes libre d’en choisir une autre.
Lorsqu’une personne a bu - même un petit peu - elle ne perçoit pas de la
même façon que lorsqu’elle est sobre. Cela est facile à comprendre. Vous
connaissez peut-être également des états de conscience modifiés vécus lors de
séances d’hypnose. Il n’existe pas qu’un état de conscience hypnotique.
L’état de conscience dans l’hypnose dépend de la méthode d’induction
utilisée pour cette hypnose, de la personne, du fait qu’elle accepte plus ou
moins les suggestions qui lui sont proposées, des circonstances, etc.
Cela peut vous laisser penser qu’il faut faire quelque chose de particulier
pour modifier son état de conscience. Ce n’est pas vrai. Il n’est pas nécessaire
d’utiliser une induction hypnotique ou de consommer des psychotropes pour
modifier l’état de conscience. De toute façon notre état de conscience varie,
sans que cela soit forcément notre intention. Il varie par la façon dont nous
utilisons notre attention.
Il me semble même difficile de vraiment définir ce qu’est un état de
conscience «normal» ou ordinaire. Chaque personne vit des états de
conscience divers dans une journée, comme dans une nuit. Votre état de
conscience n’est pas le même dans ces diverses situations :
• lorsque vous conduisez votre voiture en pensant à toute autre chose et
sans vous rendre compte que vous passez les vitesses, vous arrêtez au feu
rouge, etc.
• lorsque vous êtes concentré sur votre travail devant votre ordinateur .
• lorsque vous faites du sport.
• lorsque vous êtes attentif pour ne pas vous couper en ouvrant une huître.
• lorsque vous discutez avec un ami
• en direct
• au téléphone
• par msn
• lorsque vous faites l’amour.
• lorsque vous êtes en plein rêve éveillé pendant que le train vous mène à
destination.
• pendant votre séance de relaxation.
Votre état de conscience, donc ce que vous percevez, est naturellement
variable.
En matière de chamanisme il est souvent question de transe chamanique,
ou d’état de conscience chamanique. Pour la plupart des gens, une telle
modification de l’état de conscience est magique, extraordinaire, et risquée.
C’est quelque chose de «pas normal», mystérieux, inconnu, aux limites de la
folie ou mystique, souvent associé à la consommation de drogues. Il est
courant de croire que c’est justement cet état spécial et inconnu du plus grand
nombre qui fait d’une personne un chamane.
Pourtant, dans les pratiques chamaniques, l’état de conscience du
chamane est également variable. Il dépend des circonstances (moment, état,
intention etc.) mais aussi de la personne. Il n’existe pas un état de conscience
chamanique unique qui soit présent dans toute pratique chamanique. De plus,
s’il n’y avait pas d’obstacle à cela, chacun pourrait connaître des états de
conscience permettant des actes chamaniques.
Néanmoins l’état de conscience le plus «ordinaire» d’un chamane
accompli n’est pas le même que celui d’une personne moyenne. Lorsque le
chamane pratique quelque chose de simple comme un voyage chamanique (cf
chapitre à ce sujet), son état de conscience n’est pas le même que lorsqu’un
élève en stage le pratique.
Dans ce cas particulier par exemple, si vous pratiquez pendant des années
et changez au cours des années, votre état de conscience «général» changera,
et l’état de conscience dans vos voyages évoluera également.
Mon expérience personnelle :
Comme tout un chacun j’expérimente différents états de conscience, mais
avec le temps mon état de conscience chamanique, dans les voyages ou dans
les pratiques sans voyage, se distingue de moins en moins de mon état de
conscience ordinaire. Je suis de plus en plus dans un état où j’ai accès à tout
moment aux pratiques chamaniques. C’est pour moi un état normal. Cet état
n’a rien à voir avec le fait de planer ou d’être en transe. Au contraire, il se
caractérise par plus de présence.
Peut-être que cela vous semble difficile à comprendre. Je pourrais dire de
même que mon état ordinaire est de moins en moins différencié d’un état
méditatif. Il est probable que l’éveil spirituel et toutes les pratiques
chamaniques créent de nouvelles connexions dans le cerveau ou modifient
son fonctionnement. D’ailleurs à une période j’en étais presque arrivée à être
«trop» attentive, comme en méditation, de façon permanente.
Lorsque je m'assois pour méditer, le changement en moi n’est pas grand.
Il en va de même lorsque je voyage «chamaniquement». A l’évidence mes
états de conscience actuels sont différents de ce que je vivais il y a 25 ans.
Toutes mes perceptions ont changé : la perception de mon corps, des autres,
de ce qui m’entoure. Tout semble beaucoup plus large et plus clair.
«L’état de conscience est la façon dont on perçoit à un instant. Il
détermine ce que l’on perçoit à cet instant.»

« L’état de cons cience varie naturellement.»

«Il n’existe pas un état de conscience chamanique unique qui soit


présent dans toute pratique chamanique.»
Evolution
Voilà un mot que je dois encore préciser. Les personnes qui s’intéressent
à la spiritualité ou au développement personnel souhaitent en général
«évoluer». Cela ne veut pas dire qu’elles sachent exactement de quoi il s’agit.
C’est le genre de mot qui est dans toutes les bouches, mais dont le sens reste
flou.
Sur le plan de la biologie, l’évolution permet à une espèce de s’adapter le
plus parfaitement possible à son environnement. Sur le plan individuel
l’évolution consiste en divers apprentissages adaptatifs.
En matière de spiritualité, on parle généralement de l’évolution de la
conscience d’une personne, voire d’une espèce. L’évolution souhaitée
n’étant pas «encore» atteinte, elle est représentée sous forme d’idéaux, que
l’on estime plus ou moins inatteignables, voire surhumains : le saint, le
bouddha, en sont deux représentations.
Les idéaux, par définition, n’ont pas de rapport avec la réalité : ils
sont imaginaires. Ils existent dans notre esprit. Je ne veux pas dire par là que
ce que les bouddhistes appellent «bouddha» n’existe pas, mais que l’idée que
les gens s’en font est erronée. Ce n’est qu’une image après laquelle on court.
D’autre part, la plupart des gens imaginent un bouddha comme une
personne qui vivrait dans un état de conscience qui serait «parfait», constant.
Mais il n’existe pas de personne qui ait un état de conscience unique, stable et
immobile. Croire le contraire représente un obstacle considérable sur un
chemin spirituel. En effet courir après un but illusoire ne peut mener à rien.
Cela peut même nous éloigner de notre véritable chemin.
«Il n’existe pas d’idéal d’évolution à atteindre, ni d’état qui soit
constant ou définitif».
Si le but que l’on se fixe est illusoire, l’idée qu’on se fait de l’évolution a
de grande chance d’être fausse. Je vais simplement vous donner mon avis à
ce sujet.
A mon avis, évoluer signifie :
• Avoir une vision plus large, plus de recul.
• Etre modéré et être capable d’adopter plusieurs points de vue sur une
question au lieu d’être prisonnier d’un seul point de vue.
• Etre capable de différencier les faits et les diverses perceptions de ces
faits.
• Rompre avec ce qu’on a appris à croire sur soi, la vie, le monde.
• Se débarrasser des comportements et fonctionnements automatiques.
• Devenir de plus en plus simple.
• Etre bien avec soi-même et avec les autres.
• Cesser de jouer des rôles.
• Accepter ce qui est. Ne pas fuir la réalité, même difficile. Cesser de
vivre dans le monde des bisounours.
• Accepter et vivre pleinement tous les aspects de la vie humaine.
• Se passer de concepts et de théories le plus possible.
• Profiter de la vie, apprécier ses plaisirs, en toute simplicité.
• Connaître la joie, et la sentir au fond de soi de plus en plus souvent.
• Avoir de plus en plus confiance en soi (réellement et non en apparence)
• Etablir la paix au fond de soi même s’il y a des vagues en surface.
• Percevoir ce qui est au-delà des apparences.
• Avoir de moins en moins de questions.
La liste n’est pas exhaustive. Plus une personne correspond à cette
description, plus je dirais qu’elle est évoluée.
Mon expérience personnelle :
Au cours des 25 dernières années, j’ai pu voir très clairement ma
progression sur chacun de ces points. Ce n’est pas quelque chose de théorique
: cela change la vie, tout simplement. Toutefois, j’aimerais préciser que ce ne
sont pas des éléments qu’il faut travailler. Ce sont en réalité les conséquences
ou les effets d’un nettoyage. On ne peut pas s’entraîner à voir la réalité, on ne
peut que s’efforcer d’enlever tout ce qui nous en empêche.
Ce n’est peut-être pas encore assez clair, alors voici ce qu’évoluer
n’est pas du tout à mon avis :
• Adhérer à de nouvelles croyances, qu’elles soient spirituelles ou non.
• Etre dans une attitude de rejet : rejet de la science, de la logique, de la
société, etc.
• Vivre d’une certaine façon, s’habiller d’une certaine façon, manger
d’une certaine façon, écouter une certaine musique.
• Rejeter le corps ou l’animalité de l’être humain, ou le mépriser.
• Rejeter l’aspect matériel de la vie ou le mépriser.
• Rejeter les plaisirs de la vie ou les mépriser.
• Essayer d’être autre chose que ce que l’on est.
• Se croire supérieur.
• Se croire inférieur ou se sacrifier.
• Fuir la vie ou le monde.
• Parler beaucoup, faire de grands discours, avoir une activité mentale
surdéveloppée.
• Etre très intelligent ou très cultivé.
• Exprimer ou défendre des concepts, des théories, en particulier
compliquées. Discuter la moindre idée, le moindre mot.
• Penser qu’il y a un monde meilleur à trouver et le chercher.
• Croire en l’existence de secrets, les chercher ou croire les détenir.
• Ne plus avoir d’émotions.
Je pourrais écrire une très longue liste. Je suis consciente que ces listes
peuvent susciter maintes questions chez le lecteur. Le but de ce livre n’est pas
d’écrire sur la spiritualité en général mais sur le chamanisme. Je ne peux pas
développer tous ces sujets dans cet ouvrage.
Mon expérience personnelle :
Cette seconde liste est également assez significative pour moi. Lorsque les
gens viennent me voir pour la première fois, surtout en stage, ils ont tout un
tas d’idées fausses sur ce que devrait être un chamane ou un enseignant ; ils
me comparent à ces idéaux. Et bien entendu, ça ne colle pas : je n’ai rien à
voir avec ces images. Je suis bien vivante, je mange de tout, je rigole tout le
temps, il m’arrive de parler fort, de ne pas être d’accord, de faire preuve
d’autorité. Je ne suis pas assez vieille, assez sérieuse, assez silencieuse, assez
statique... Le pire étant que je n’ai aucun attrait pour les livres et les
croyances que la plupart des gens affectionnent. Je pense que c’est difficile
pour certains. Mais il n’est pas question pour moi de jouer un rôle, de revêtir
une grande toge, de m’asseoir sur mon coussin avec un air inspiré, et de
parler à mi-voix !
« Lorsque l’on évolue, on devient de plus en plus simple.»

«Plu s on évolue, plus on accepte pleinement la vie,


dans toutes ses dimensions.»
Spiritualité et chamanisme
La vie est infinie. L’expérience humaine est multi-dimensionnelle. La
spiritualité est en quelque sorte la découverte et l’exploration de ces
dimensions et de notre nature profonde. C’est aussi pour moi une définition
du chamanisme.
Selon moi il n’y a pas plusieurs «spiritualités». Le chamanisme n’est pas
une religion ni même une tradition à mes yeux. Les chamanes des peuples
premiers sont nés et évoluent dans une tradition.
En occident, c’est sans doute une chance de ne pas avoir de tradition
chamanique. Il est possible d’explorer la vie sans s’enfermer dans une boîte.
Toute tradition ou système de croyances est une sorte de boîte dans laquelle
on s’emprisonne si on y adhère. La spiritualité ne nécessite pas de choisir une
boîte ou un système ; elle se situe au-delà de tous les systèmes, de toutes les
boîtes.
Dans mon expérience personnelle, l’évolution est avant tout un
phénomène de libération, qui amène un grand sentiment de liberté. Ce n’est
surtout pas quelque chose qui relève de l’adhésion à des croyances.La
spiritualité existe donc en dehors de toute religion et de toute tradition. C’est
une démarche personnelle, individuelle, dont le but et le moyen sont la vérité.
«Le chamanisme n’est ni une religion ni un système
de croyances.»
Le pouvoir et les pouvoirs chamaniques
Il est souvent question de pouvoir quand on parle de chamanisme.
Sens du mot pouvoir : être capable de, capacité à.
Des pouvoirs, vous en avez beaucoup : pouvoir de respirer, manger, boire,
lire ce livre, etc. Si le chamane se distingue avant tout par sa connaissance, il
est courant de lui reconnaitre des pouvoirs. Cela veut tout simplement dire
qu’il peut faire des choses que tout le monde ne peut pas faire. Beaucoup de
personnes répondent à cette définition, dans des domaines variés.
Les pouvoirs du chamane proviennent de son état de conscience. Ils ne
sont pas dissociables de la connaissance. On dit souvent que ce sont des
pouvoirs spirituels. En matière de chamanisme on pourrait affirmer que
connaître et pouvoir sont la même chose, du fait que la compréhension
ici représente l’accès direct à une réalité, et non un savoir. Il me semble
qu’il existe dans le monde toutes sortes de chamanes, que l’on ne peut pas
comparer, en terme d’évolution, de modes de vie, de croyances. Leurs
pouvoirs sont différents. La connaissance qu’on peut acquérir dépend
beaucoup de sa capacité à s’élever au-dessus des cultures, y compris la
sienne, ce qui ne nécessite pas forcément d’en sortir.
L’important concernant tous ces chamanes est qu’ils ne fassent pas de mal
et soient utiles aux personnes qui leur demandent de l’aide. Je ne pense pas
que tous remplissent ces conditions, cependant.
Ceux qui se disent chamanes ici en occident sont parfois dangereux. Je
sais que ce que je viens d’écrire peut passer pour un jugement catégorique, et
peut faire peur. Malheureusement, il me semble que bien au-delà de la
question des compétences de certaines personnes, ce sont leurs intentions qui
parfois ne sont pas bonnes. Les personnes qui sont dangereuses ne le sont pas
du fait de pouvoirs, mais par ce qu’elles disent aux autres ou les poussent à
faire. Les personnes qui sont nocives s’appuient sur les peurs des autres, et
sur leurs désirs d’acquérir des pouvoirs, justement. Elles sont parfois
dangereuses par les pouvoirs qu’elles s’imaginent avoir mais surtout par leur
aptitude à convaincre.
Certains pouvoirs sont plus recherchés que d’autres. Lorsque les gens
s’intéressent au chamanisme ou viennent en stage, ils rêvent parfois de
pouvoir voler, léviter, traverser les murs, faire obéir les animaux ou les gens à
distance, jeter des sorts, protéger contre les sorts, maîtriser les forces de
l’univers, échapper aux factures et aux impôts, ramener les morts à la vie, etc.
Le chamanisme ne procure pas des pouvoirs de ce genre. Vous pouvez
faire tous les stages que vous voulez et faire le tour du monde pour recevoir
toutes les initiations possibles, mais vous ne pourrez jamais faire ces choses-
là.
Les pouvoirs chamaniques relèvent à mon avis des faits suivants : la
perception et l’intention. La perception concerne tout ce qui est de l’ordre du
ressenti profond. L’intention concerne nos facultés d’action dans le monde à
un niveau autre que physique. Je préfère parler de pouvoirs chamaniques que
de pouvoir appartenant aux chamanes, car ces pouvoirs appartiennent en
réalité à tous les êtres humains. Simplement nous y avons plus ou moins
accès.
Je vais développer plus avant le sujet du pouvoir, ainsi que celui de
l’intention.
«Le chamanisme n’est pas acquérir des pouvoirs»
Le pouvoir personnel:
Dans les livres et les stages, les gens parlent de ce pouvoir comme de
quelque chose qui se donne, se vole, se perd et se récupère. D’ailleurs de
nombreuses pratiques ont pour but de récupérer un pouvoir perdu, volé, ou
donné.
Quand on écoute certaines personnes, on pourrait s’imaginer qu’on a des
batteries, que l’on peut charger, décharger, voire surcharger. J’aimerais vous
rassurer : vous ne pouvez pas perdre votre pouvoir, car vous êtes votre
pouvoir. Votre pouvoir personnel est en quelque sorte votre énergie, mais ce
n’est pas une définition juste. Votre pouvoir est ce que vous êtes.
Malgré tout, il y a quelque chose de réel derrière les concepts de perdre,
donner, ou récupérer son pouvoir.
Perdre et récupérer son pouvoir personnel :
Votre pouvoir ne peut jamais être perdu, puisque vous êtes votre pouvoir.
Mais il peut vous sembler inaccessible, un peu comme un objet perdu dans
votre maison. Dans ce cas, même s’il est quelque part, vous ne pouvez pas
vous en servir et pour vous, il est comme perdu (momentanément). Cela
signifie que vous êtes comme coupé d’une partie de vous-même.
Cette partie peut avoir été «rangée», mise à l’abri, par exemple pour vous
protéger, mais maintenant il vous manque quelque chose. Ce manque peut
créer des sentiments tels que : angoisse, tristesse, impression d’être morcelé,
etc.
Un exemple : vous avez pu renoncer à un talent suite à une mauvaise
expérience en rapport avec ce talent. A ce moment-là, c’était un réflexe de
protection, le plus souvent inconscient ; mais maintenant il vous manque
quelque chose, cette partie de vous. Par bien des moyens, vous pouvez la
retrouver, et pas seulement par des actes chamaniques. Quand cela sera fait,
vous pourrez à nouveau exploiter votre talent et vous vous sentirez plus
entier. Il y a toujours un moyen de retrouver ce qui a été mis de côté, rangé,
oublié, car ce n’est pas perdu.
Votre pouvoir peut aussi être investi dans quelque chose qui est néfaste
pour vous. Par exemple, une croyance. Vous investissez votre pouvoir par
votre foi. Si vous croyez que vous êtes bête, eh bien, la foi que vous mettez
dans cette croyance vous fait du mal. Vous agirez et interprèterez les
situations en fonction de cette croyance.
Mais il est possible de ne plus croire cela , ainsi vous récupérerez en
quelque sorte le pouvoir investi. Vous le sentirez comme un espace
supplémentaire, une liberté, même un pouvoir nouveau : celui de faire plein
de choses que vous ne pouviez pas faire avec cette croyance.
On peut «donner» son pouvoir, il est alors également comme perdu. Dans
une relation par exemple, vous pouvez renoncer à votre pouvoir, vous pouvez
croire ce que l’autre dit, vous pouvez croire que l’autre vous est
indispensable. En général on dira que cette personne a une emprise sur vous.
Cela se manifeste très concrètement dans les actes, et les émotions. Quand
elle vous quitte, vous pouvez refuser ce fait et rester attaché. C’est une façon
de renoncer à une partie de son pouvoir.
Il n’est pas possible de voler le pouvoir d’un autre, mais on peut l’inciter à
le donner (persuasion, par la parole, par la violence, etc.).
Vous devez vous rappeler de la définition que j’ai donnée du pouvoir
personnel afin de bien comprendre de quoi je parle. On peut très bien vous
frapper sans vous prendre votre pouvoir. De mon point de vue, personne ne
peut réellement avoir de pouvoir sur vous sauf si vous lui offrez ce pouvoir
(en général, cela est lié à des croyances qui vous appartiennent).
D’après ce que j’ai écrit, vous pouvez déjà vous douter que le pouvoir qui
est à disposition à ce jour n’est peut-être pas votre pouvoir personnel total et
que cela dépend de beaucoup de choses mais en particulier de :
✦ La quantité de croyances dans lesquelles vous avez investi votre pouvoir,
et la nature de ces croyances.
✦ Ce que vous avez pu vivre dans votre vie et comment vous l’avez vécu.
Ces deux aspects sont étroitement liés car ce que vous croyez dépend
largement de ce que vous avez vécu, et de la façon dont vous l’avez vécu. Je
pense que les passionnés de psychanalyse sauront faire le lien entre ce dont je
parle et des concepts tels que refoulement et transfert.
Auparavant j’ai parlé d’évolution et d’évoluer. Lorsque l’on évolue on
récupère son pouvoir personnel. Evoluer c’est se débarrasser de ses
croyances, reléguer le passé au rang de passé, au point d’avoir le sentiment de
ne plus en avoir, puis explorer la Vie. Plus vous évoluez, plus vous disposez
de pouvoir personnel. Ce n’est pas un nouveau pouvoir que vous trouvez ou
achetez : il ne peut s’agir que de votre pouvoir personnel, qui était là de toute
façon.
Il n’existe pas de magie qui donne un pouvoir qu’on n’a pas. On peut
juste découvrir le pouvoir que l’on a déjà, et retrouver celui que l’on a mis de
côté ou investi de façon néfaste.
Cela correspond surtout à un grand nettoyage, qui ne se fera pas par un
coup de baguette magique, mais par une intention claire, qui entraînera et
soutiendra des actes, un travail sur soi, des choix, du courage.
Sur ce chemin, le fait de récupérer son pouvoir personnel est ressenti très
clairement dans la capacité à faire de nouvelles choses ou à faire plus
aisément ce qu’on était déjà capable de faire. Dans ma vie, par exemple, il fut
un temps où parler en public m’était impossible. Je ne peux pas dire à quel
moment j’ai récupéré ce pouvoir, mais tout a changé et est devenu facile. Ce
sujet mérite un livre à lui seul, il ne peut être développé en quelques pages.
Votre pouvoir personnel ou le pouvoir du chamane, ce n’est pas différent
au fond. Toutes les facultés chamaniques sont naturelles et pour les exploiter
il faut disposer de son pouvoir personnel.
Voyage chamanique pour B
C'est un petit voyage fait à un rythme assez lent. Durée 40 minutes. Je sais
que B ne va pas mal du tout.
Je vais vers ma grotte, je me promène dans la forêt.
Je vois l'océan, mais je décide d'aller tout de même à la grotte. J'y entre et
l'indien me dit que je dois retourner à l'océan. Me voilà sur une plage au
bord de l'océan. Je me promène un bon moment, c'est agréable, c'est une
grande plage et il n'y a personne. Le temps passe et je me demande ce que je
fais là. Le soleil commence à se coucher. Je regarde ce magnifique
spectacle.
Je monte sur une dune. Je pense à l'ouest et au fait que B est à l'ouest sur la
roue de médecine.
Je me tourne et vois un ours arriver. C'est un drôle d'ours. Il est très grand
comme un grizzly mais la couleur est foncée et aussi je trouve qu'il a une
drôle de tête, avec des oreilles toutes rondes, un peu comme un ours en
peluche. Il me dit de le suivre.
Je le suis et on arrive devant une grotte, pas loin de la plage, sur la dune. On
y entre. On marche longtemps dans la grotte sombre, on s'enfonce dans la
terre, cela descend.
Au bout d'un moment on arrive devant un petit trou creusé dans le sol. C'est
comme un puits assez étroit. L'ours me dit que je dois y aller seule. Alors je
descends dans le puits et il y a comme une échelle. Je descends et au fond il y
a de l'eau. Il fait noir.
Je nage dans l'eau. Je vois qu'il y a comme une salle au fond de la grotte,
hors de l'eau.
Je sors de l'eau et là dans la salle je vois B.
Je rigole surtout qu'elle porte un tablier de cuisine et fait la cuisine.
Je lui demande ce qu'elle fait, elle me dit : « mon travail, mon devoir ! » Je
suis morte de rire. Je lui dis « tu sais, tu peux faire la cuisine à l'air libre ».
Et je vois qu'il y a une sorte de monte-charge pour envoyer les plats à ceux à
qui il sont destinés. Ça craint. Je lui demande si elle ne veut pas venir avec
moi, sortir un peu. Elle ne fait pas d'histoire, elle me suit. Comme je ne veux
pas qu'elle se mouille, je lui fais une petite barque, elle monte dedans et je
rame. Nous remontons par le puits. Nous arrivons avec l'ours et là celui-ci la
frappe, genre une bonne tape sur l'épaule qui lui laisse une marque (sa
marque ?).
Nous sortons de la grotte tous les trois. Il fait jour.
J'entraine B vers l'océan et nous plongeons dans l'eau.
Nous ne nageons pas en surface, nous plongeons profondément, et nous
n'avons pas besoin de respirer. Nous nous transformons en dauphin, et je
nous vois faire des cabrioles au dessus de l'eau.
Nous sortons de l'eau et B est toute dégoulinante.
Je lui dis que maintenant je vais la brûler. Je fais un feu, je la mets sur ce
bûcher, et je lui dis de ne pas s'en faire, qu'elle n'a qu'à sortir de son corps.
Je fais brûler son corps, je le vois se désagréger. Au final il ne reste pas
grand chose, des cendres, quelques bouts d'os.
Je prends tout cela, le mélange avec du sable et de l'eau de l'océan. L'ours
donne aussi une plante.
Je forme un nouveau corps en petit, puis il grandit. Et voilà B de retour,
toute neuve.
Je l'habille de nouveaux vêtements très élégants et fluides, entièrement
blancs, genre tunique. Puis ces vêtements se transforment en peignoir ou
kimono et je lui dis qu'elle doit faire de la thalasso et prendre soin de son
corps. Ensuite je l'enterre dans le sable, pour une cure de jouvence, en
quelque sorte, se débarrasser des saletés.
On retrouve donc trois éléments : eau, feu, terre.
Ensuite je regarde B et je me dis qu'elle a l'air bien. Je demande à l'ours s'il
n'y a pas autre chose à faire, genre un truc à aller chercher. Il me fait «non»
en secouant la tête.
Ce sera donc tout pour aujourd'hui. Mais je veux tout de même lui faire un
cadeau alors je prends de la lumière ou plutôt du feu dans mon coeur et je le
mets dans son coeur, puis dans son ventre. Je lui dis qu'avec ça elle ne
pourra plus geler ses émotions.
Fin.
Mon commentaire :
J’ai choisi de raconter ce voyage ancien car il est simple, et il ne parle pas
d’une personne qui va très mal. Il parle d’une personne qui a du mal à
exprimer ses émotions, d’une femme qui se sacrifie pour sa famille.
Récupérer son pouvoir, c’est aussi régler ce genre de «problèmes» qui
peuvent paraître ordinaires.
«Vous ne pouvez pas perdre votre pouvoir, car
vous êtes votre pouvoir.»

«Il y a toujours un moyen de récupérer le pouvoir


qui a été mis de côté, rangé, oublié, car il n’est pas perdu.»
L’intention
Première définition possible : c’est la façon dont on utilise son pouvoir,
consciemment ou non.
Deuxième définition possible : information donnée ou transportée par
l’énergie.
L’intention fait bouger l’énergie. Portez votre attention sur vos pieds et
immédiatement il y aura plus d’énergie à cet endroit de votre corps. Peut-être
que vous les sentirez chauffer (c’est pratique en hiver). Tous les actes
chamaniques se font par l’intention du chamane, accompagnée ou non de
celles des personnes qui assistent à la pratique.
Seule l’intention est actrice. C’est la cause qui produit les effets,
l’information portée par l’énergie. L’intention est donc un sujet d’une
extrême importance. Pourtant j’ai l’impression d’avoir tout dit à son propos
avec ces quelques mots. Plus un sujet est subtil, moins on peut parler sur sa
connaissance.
L’acte chamanique est un acte de la conscience. Le chamane agit par son
intention uniquement. La puissance d’une intention dépend de plusieurs
données :
• la force de la motivation
• la clarté de l’intention
• l’absence de doute
• l’état de calme mental, la clarté de l’esprit
• la concentration
• le pouvoir personnel que l’on a à disposition.
Aucun rituel, aucun geste, aucune formule, aucune prière, aucune fumée,
aucun ingrédient magique, aucun costume, aucune visualisation, aucun
symbole, n’ont d’action ou de pouvoir réel sur un plan chamanique. Ils n’ont
pas d’autre pouvoir que le pouvoir qu’on leur donne.
C’est pourquoi les rituels peuvent aider quelqu’un qui en a besoin à
renforcer son intention, en lui donnant confiance (absence de doute), en lui
permettant de focaliser son attention (concentration, calme mental), et
d’exprimer clairement l’objectif (clarté de l’intention). C’est tout ce qu’un
rituel apporte. Au final cela peut être beaucoup. Mais le rituel n’a aucun
pouvoir en lui-même. Seule l’intention en a.
Plus on est évolué, expérimenté, plus on pourra se passer de rituel. Une
intention n’a même pas besoin d’être exprimée pour exister. Elle n’a donc pas
besoin d’être pensée. Penser ou parler sont également des supports. Les
intentions peuvent être inconscientes, voire contraires aux intentions
exprimées.
Exemple de conflit entre une intention consciente et une intention
inconsciente :
Intention exprimée : Je veux obtenir ce nouvel emploi.
Intentions inconscientes : Au fond de moi, je ne veux pas l’obtenir, car si
je l’obtenais, je serais obligé de faire mes preuves et (je crois que) je ne suis
pas à la hauteur ; de plus je gagnerais trop d’argent et (je crois que) c’est mal
d’avoir trop d’argent.
Dans ce cas ce que vous exprimez n’est pas ce que vous voulez vraiment.
L’intention est confuse et faible. Ce qui compte est ce que vous voulez
vraiment au fond de vous et non ce que vous dites, ou ce que vous pensez.
C’est cela qui produira des effets dans votre vie. Dans le cas pré-cité, vous
n’obtiendrez sans doute pas ce nouvel emploi, car au fond de vous, vous ne le
voulez pas, vous craignez même que cela arrive.
Un peu de mon expérience personnelle :
Un jour les esprits ont dit «maintenant, tu vas découvrir la puissance de la
volonté». Et puis ce fut tout. Ils parlaient simplement du pouvoir de
l’intention. Je ne savais pas ce que c’était. Ces choses qui sont évidentes pour
moi aujourd’hui n’avaient absolument pas d’existence à l’époque. J’étais
aussi incrédule que certains lecteurs pourraient l’être en lisant ce que j’écris
aujourd’hui.
Comment expliquer l’intention à un occidental cartésien ? C’est
impossible si on en reste aux conceptions de Descartes. En revanche, les
découvertes scientifiques les plus récentes ouvrent quelques portes. Si on
peut admettre qu’une particule élémentaire dévie sa trajectoire lorsqu’elle est
observée (par un chercheur, un être humain), je pense que ce que je raconte
paraît beaucoup moins improbable et dénué de sens. Il s’agit foncièrement de
cela, comme je le disais au chapitre précédent : la capacité à agir sur le
monde autrement que par des actes physiques.
L’intention et l’intuition, dont j’ai parlé auparavant, sont liées. Elles sont
possibles de par la nature des choses et des êtres.
Exercice 1: Essayez de lister dans votre vie, des exemples de situations
où vous avez l’impression que vous avez émis consciemment ou
inconsciemment un message qui a entraîné des effets concrets dans votre vie.
Par exemple, vous est-il arrivé d’obtenir une chose que vous souhaitiez
vraiment alors que vous ne vous étiez même pas avoué la souhaiter ? Avez
vous à l’inverse déjà posé clairement une intention en l’exprimant à haute
voix et avez vous obtenu ce que vous souhaitiez comme par magie ? Avez-
vous rencontré le prince charmant que vous aviez demandé, dont vous aviez
listé les caractéristiques, pour finalement vous rendre compte que ce n’était
pas du tout ce type de personne qu’il vous fallait ?
Exercice 2 : placer une intention.
1 - clarifiez ce que vous voulez vraiment (cette étape peut prendre des
jours, des semaines, des mois ou des années, elles dépend de votre capacité à
y voir clair, à éliminer les choix conditionnés par des peurs, ou des habitudes)
2 - faites le calme mental , respirez profondément, et focalisez vous sur un
seul point.
3- émettez votre intention à haute voix.
4- si nécessaire inventez vous un rituel permettant d’augmenter votre
confiance (prière dirigée vers quelque chose en quoi vous croyez, faire brûler
de l’encens, faire une offrande, enterrer votre demande, etc).
«L’intention fait bouger l’énergie.»
«L’acte chamanique est réalisé par l’intention du chamane.»

« Une intention n’a pas besoin d’être exprimée pour exister. Elle
n’a besoin d’aucun support.»
Croyances
J’aborde souvent la question des croyances et j’ai commencé à le faire
dans ce livre. Voici le sens du mot «croyance» employé dans ce livre : ce que
l’on croit vraiment au fond de soi, que ce soit conscient ou non.
Cela peut concerner n’importe quel domaine, et non seulement la
spiritualité. La plupart des gens ont des croyances sur absolument tout, à
commencer par eux-mêmes. Vous avez sans doute des croyances sur la vie, le
travail, l’argent, la réussite, les hommes, les femmes,etc.
Ce que vous croyez au fond de vous - je le répète : consciemment ou non
- est ce qui détermine l’utilisation de votre pouvoir personnel. C’est ce qui
détermine vos actions, vos choix, vos émotions, vos réactions, vos
projections. C’est ce qui filtre la réalité pour en faire «votre» réalité.
Si je poursuis l’exemple précédent, il pourrait s’agir du cas d’une
personne qui a du mal à trouver un emploi, ou un poste avec des
responsabilités et un bon revenu. La cause de son problème est ce qu’elle
croit, dont les croyances déjà évoquées :
«je ne suis pas à la hauteur».
«gagner beaucoup d’argent c’est mal».
Ces croyances filtrent la réalité. A travers ce filtre, la situation est perçue,
vécue, d’une certaine façon, totalement subjective.
Dans la vie, les situations sont beaucoup plus complexes que cela. Dans
une situation, de nombreuses croyances peuvent influer, certaines n’ayant pas
de rapport direct avec la situation. Dans cet exemple, une partie du pouvoir
de cette personne est «prisonnière» de ses croyances. Elle se sent d’ailleurs
probablement impuissante, car rien ne doit marcher comme elle l’espère.
C’est d’autant plus triste qu’elle ne sait sans doute pas pourquoi ça ne
fonctionne pas, ni même qu’elle croit ces choses-là.
Vos croyances sont toujours là, 24h/24 comme un programme qui
conditionne votre vécu et vos réactions, mais vous n’en connaissez sans
doute qu’une toute petite partie. Elles sont cependant accessibles à celui qui
en a la volonté et qui accepte de sortir de l’analyse mentale de sa vie.
Dans un autre livre je parlerai en détail de la façon de découvrir ses
croyances, et de s’en débarrasser pour récupérer son pouvoir, devenir libre et
enfin soi-même. Tant que ce travail n’est pas réalisé, non seulement on a peu
de pouvoir personnel, mais rien dans la vie n’est perçu tel qu’il est.
Exercice : Ecrivez à propos d’un problème que vous avez en ce moment,
d’un conflit, d’une situation relationnelle difficile, tout ce qui vous passe par
la tête. Ensuite relisez votre texte en surlignant toutes les phrases qui sont des
croyances. c’est à dire tout ce que vous affirmez comme des évidences Les
phrases en question commencent rarement par «je crois», bien évidemment.
Exemple : si vous avez écrit ceci : «il n’en a rien à faire de moi il me
prend pour une idiote mais dans la vie on ne peut pas faire comme ça, il faut
s’adapter aux autres....»
L’ensemble de cette phrase est l’expression de croyances. Prenez un
cahier et écrivez :
«Je crois qu’il n’en a rien à faire de moi»
«Je crois qu’il me prend pour une idiote»
«Je crois que dans la vie il faut s’adapter aux autres»
Cette dernière croyance est particulièrement intéressante, elle peut avoir
de nombreuses conséquences dans votre vie. Quant aux deux premières, c’est
là aussi ce que vous supposez mais peut-être est-ce totalement faux. Supposer
ce que les autres pensent ne mène à rien de bon, cela mène aux malentendus,
aux conflits, à la souffrance.
Tout ce qui vous semble «évident», être la vérité, est ce que vous croyez
et non la vérité. D’ailleurs les autres ne croient pas la même chose. Pour la
personne qui croit «dans la vie il faut s’adapter aux autres», c’est une vérité
qui a des conséquences réelles dans sa vie ; mais pour les autres, c’est de la
foutaise.
Prendre conscience qu’il s’agit de croyances et non de la réalité est déjà
un grand pas. Ce sujet à lui seul nécessitera un livre entier, afin de vous
permettre de bien comprendre de quoi il retourne et de trouver vos croyances
de manière bien plus efficace, mais aussi de les effacer.
Nota Bene : l’exercice proposé plus haut n’est qu’un outil extrêmement
médiocre pour dénicher ses croyances. En effet, lorsque l’on suit le fil d’une
analyse mentale, les idées qui nous viennent sont en grande partie le fruit de
ce qu’on a entendu ou lu. D’ailleurs le fait de se répéter ces choses, ne
provoque aucune prise de conscience, ce ne sont que des mots, cela n’a peut-
être aucun rapport avec ce qui est au fond de vous. Il s’agit de discours sur
votre problème et non de la réalité du problème. C’est pourquoi certains
passent des années à parler de leurs problèmes sans les régler. Il faut prendre
un autre chemin : il faut absolument sortir de l’analyse mentale et du discours
pour découvrir les croyances, qui ne sont pas des idées mais des empreintes
sensorielles. J’enseigne comment le faire de façon extensive dans des stages.
Pour optimiser l’efficacité de l’exercice précédent, écrivez ce qui vous vient
spontanément, puis effectuez un premier tri pour supprimer les bla bla..Ce
que vous croyez vient de vos tripes ou de votre coeur, mais pas de votre tête,
il sera probablement accompagné d’émotions.
Les croyances et le chamane
Ceci étant, je ne pense donc pas qu’on puisse être un chamane digne de ce
nom sans avoir réalisé ce nettoyage des croyances.
Pourtant, les gens s’attendent à ce qu’un chamane ait un grand nombre de
croyances spirituelles. Cela vient du fait que ce terme évoque des images, des
stéréotypes forgés par un certain nombre de documentaires et de livres qui se
réfèrent, soit à des «sorciers» oeuvrant dans des contrées reculées, parmi des
populations qui n’ont pas accès à d’autre culture qu’une tradition qui n’a pas
évolué depuis des siècles, soit à des personnages de romans. Le chamane tel
que beaucoup l’imaginent est précisément celui qui brandit les superstitions,
et les croyances de son peuple.
Il est bien évident que si cette personne croit vraiment tout cela, elle est
enfermée dans un système de croyances, qui, comme une boîte, limite sa
perception de la réalité. Tout ce qu’elle fait pour les autres ne leur permet pas
de sortir non plus de cette boîte. C’est donc limité. Ce genre de position et de
vie n’a pour moi rien d’enviable, c’est même l’opposé de ce que j’ai pu
rechercher. A mon avis pour être libre et pour y voir clair, il faut être capable
de voir au-delà des systèmes de croyances, sinon la vision est à la fois étroite
et erronée.
De même, le rôle d’un chamane qui enseigne revient avant tout à aider
son élève à abandonner ses croyances, à désapprendre ce qu’il sait. Ce travail
peut être violent, perturbant. Plus on se débarrasse de ses croyances, plus
notre vision, notre conscience, s’élargit. Petit à petit les filtres, les bandeaux
qu’on a devant les yeux, mais aussi ce qu’on projette sur les gens, et le
monde, disparaissent.
C’est ainsi que l’on commence à progresser en terme de connaissance. Il
est simple de voir ce qui est, quand on est libéré des projections et des filtres.
Lorsqu’il s’agit d’aider, il n’est pas toujours possible de guider vers
l’abandon des croyances. Cela peut simplement être la transformation des
croyances, ou bien même l’utilisation des croyances de la personne. Quoi
qu’il arrive, le chamane ou celui qui aide, devra toujours «faire avec» les
croyances de celui qui demande de l’aide.
En ce qui me concerne, j’ai débusqué et éliminé un grand nombre de
croyances, et je reste toujours à l’affût en la matière. De par ce travail, je suis
devenue très à l’aise pour aider les autres à repérer leurs croyances. Lorsque
je vois ces croyances, je ne m’empresse pas de les chasser, en encore moins
de les révéler : ce serait un abus de pouvoir. Il ne faut aider que celui qui le
demande, le guider pour qu’il ait des prises de conscience, et non lui faire des
révélations sur sa vie... Rien ne sert de dire quelque chose à quelqu’un, seule
une réalisation profonde, une vraie prise de conscience, entraîne un
changement. De plus il faut toujours tenir compte de ce qui est le plus
important à régler à un moment, et ne jamais brusquer les gens.
Dans mes stages, on réalise des inventaires de croyances. C’est très
confortable de ne pas avoir de croyances sur la plupart des choses, même si
cela est difficile à imaginer pour la plupart des gens.
Essayez de penser ce que serait votre vie si par exemple vous ne croyiez
plus rien sur les hommes, sur les femmes, ou sur l’argent, le travail. Ce serait
sans doute déjà un gros changement. Mais lorsque l’on nettoie ses croyances
dans tous les domaines, on peut parler de métamorphose.
« Vos croyances déterminent votre réalité à travers vos actes,
vos pensées, vos émotions et vos intentions.»

«Vos croyances sont les filtres qui vous


empêchent de voir les choses telles qu’elles sont.»

«L’innocence est l’absence de ces filtres, de ces croyances».


Energie
L’énergie est un sujet qui fait l’objet de livres entiers. Pour ma part, je ne
crois pas qu’il y ait tant à en dire.
Tout ce qu’on peut savoir au sujet de l’énergie ne nous permettra pas d’en
faire quoi que ce soit. En matière de chamanisme en général, et d’utilisation
de l’énergie en particulier, ce qu’on sait n’a aucune importance et ce qu’on
fait très peu. La seule chose qui compte vraiment est ce qu’on est.
Je sais que les curiosités sont grandes et demandent à être satisfaites. Je
vais essayer de dire quelques mots sans vous induire en erreur, tout en étant
consciente que les mots ne sont jamais justes.
Tout est énergie, une forme d’énergie ou une autre. Tout ce qu’on fait est
une question d’énergie. Tout ce qui se passe est une question d’énergie. Tout
phénomène implique de l’énergie. Ce ne sont pas les physiciens qui me
contrediront. L’énergie, ses mouvements, ses transformations n’appartiennent
pas spécialement aux domaines spirituel ou métaphysique. Que l’on
s’intéresse à la spiritualité ou non, l’énergie existe.
Mais quelle énergie ? Y a-t-il plusieurs sortes d’énergie ? Bien entendu :
au moins dans la forme. Les livres qui traitent d’énergie et qui sont en rapport
avec la spiritualité parlent d’énergie non mesurable par les scientifiques, du
moins à ce jour. Vous n’avez pas à croire ce que je dis, et je ne chercherai pas
à prouver que ce que je dis est vrai.
Malgré cela, il me semble que cette forme d’énergie n’est pas étrangère à
la plupart des gens.L’énergie dont nous parlons peut paraître subtile comme
l’énergie d’un sourire, ou puissante, comme l’énergie de la Vie.
Je pourrais en citer d’autres, par exemple :
• l’énergie d’une personne
• l’énergie d’une plante
• l’énergie d’une pierre
• l’énergie que l’on appelle amour
• l’énergie que l’on appelle joie
• l’énergie que l’on appelle force
• l’énergie d’un chagrin, etc.
Dans certaines cultures, on parlerait d’esprit pour nommer ces énergies :
l’esprit d’un sourire, d’un lieu, etc. Une grande partie de l’énergie dont il est
question en chamanisme est perçue par tous, d’une façon ou d’une autre.
Il existe des différences de «saveur» ou qualité de l’énergie : par exemple
la différence entre la joie et l’amour, m’apparaissent avant tout comme une
différence dans l’information portée par l’énergie . Le chamane connaît
toutes ces qualités d’énergie. Il est capable de les percevoir et de les générer.
Il est également capable de les transformer. On peut décider de transmettre de
l’amour ou de la joie. Pour cela il faut la sentir. C’est quelque chose qui peut
être fait sur commande si l’on a suffisamment travaillé sur soi. En ce qui me
concerne c’est comme s’il me suffisait d’appuyer sur le bon bouton. Tout est
là , accessible en permanence.
La majorité du travail réalisé par un chamane est un travail de
transformation à un niveau énergétique. L’information portée par l’énergie
peut être modifiée à volonté.
L’énergie est donc comme une sorte de pâte à modeler. Si on maîtrise, on en
fait ce qu’on veut. Si on ne maîtrise pas, on en fait ce qu’on peut, ou rien du
tout. De nombreuses personnes font n’importe quoi en croyant «travailler»
avec l’énergie, et il arrive qu’elles se créent des difficultés. Faire sans
maîtriser c’est un peu comme foncer dans un mur.
Quoi qu’il en soit, l’être humain comme le reste de l’univers, sont soumis
à des phénomènes énergétiques. Lorsque vous ressentez une émotion, par
exemple, il s’agit d’une énergie qui porte une information. Cette énergie
peut-être perçue en tant que telle. La perception de cette énergie sera variable,
d’une personne à l’autre. Par exemple, on la sentira en passant la main sur
votre coeur ou votre ventre. La façon dont on perçoit l’énergie n’est pas
l’énergie elle-même. (cf chapitre sur les perceptions).
Un chamane pourra soit la retirer, soit la transformer, soit vous aider à
l’exprimer, ce qui revient à la transformer. L’énergie d’émotions anciennes
peut encore être présente, perceptible et transformable (cf chapitre sur les
soins). On ne peut maîtriser ou manipuler que ce que l’on est capable de
percevoir. Cela dépend de l’état de conscience, de ce que l’on connaît (cf
définition de connaissance).
Attention : on peut percevoir des choses , des énergies, qui n’existent pas.
Il est facile de s’imaginer qu’on perçoit une énergie, de s’imaginer ses
caractéristiques, et de s’imaginer la manipuler. Si tout cela est fantasme,
l’énergie en jeu (car il y en a toujours) est comme un ballon de baudruche,
qui se dégonflera tout seul. Il n’y a aucun effet réel.
Un exemple : une personne qui s’imagine jeter un sort à quelqu’un
(comme dans les films).
Ces paroles vous ramènent au chapitre sur les perceptions. «Sentir»
l’énergie est très facile. Tous mes élèves y parviennent dans les stages pour
débutants. Bien entendu leurs perceptions restent personnelles et limitées,
mais elles existent. Cela n’est ni un super pouvoir ni un don. La clé est avant
tout l’attention portée à ce qui est subtil.
Les perceptions de ce qui se passe au niveau énergétique peuvent être très
variées, selon la méthode qu’on emploie : chaleur, froid, picotements,
douleurs, pulsations, sensation de consistance, pression, lourdeur, etc... pour
ce qui est des sensations «physiques».
Les lieux ont des énergies diverses. Certains endroits émanent une énergie
très forte, qui peut être de différentes natures. En France Lourdes et
Rocamadour en sont deux exemples. L’énergie de Lourdes peut être associée
à l’amour, et elle est le fruit de la dévotion des fidèles, de leurs intentions et
prières. L’énergie de Rocamadour est très différente : c’est une énergie brute,
écrasante, qui ne porte pas de «message» particulier. C’est à nous d’en faire
ce que nous voulons. Cette énergie-là est le fruit d’une configuration
géologique particulière.
Petits exercices :
-essayer de sentir l’énergie autour de soi.
-passer une main (peu importe laquelle) à quelques centimètres des objets,
des plantes, des animaux domestiques , des pierres, et faire attention aux
différences de sensation.
-imaginez que vous faites entrer de l’énergie par votre tête ou tout autre
endroit de votre corps, puis que vous la faites sortir par un autre endroit..
Faites attention aux sensations que cela vous procure. (Vous n’êtes pas obligé
de visualiser l’énergie sous une forme quelconque mais il est permis de le
faire)
-suite à cela, focalisez votre attention sur un endroit précis de votre corps.
Sentez.
-Placez vos mains l’une en face de l’autre, rapprochez-les , puis éloignez-
les, très lentement. Sentez.
«La qualité de l’énergie dépend de l’information qu’elle porte».

«L’énergie est comme une sorte de pâte à modeler.


Si on maîtrise, on en fait ce qu’on veut. Si on ne maîtrise pas, on en
fait ce qu’on peut.»
Energies négatives et positives
Dès qu’ils abordent le sujet de l’énergie, la plupart des gens arrivent à
parler d’énergies positives et d’énergies négatives. Je reçois de nombreux
courriers qui ont trait à cela : la difficulté à gérer les énergies, à ne pas être
influencé par les négatives, et à utiliser les «bonnes».
Même si j’ai parlé de différentes qualités d’énergie, pour moi il ne s’agit
pas du tout de distinctions entre des énergies qui seraient bonnes et d’autres
qui seraient mauvaises. «Bonne» et «mauvaise» sont des jugements humains.
Ils sont liés à des notions provenant des religions : le bien et le mal.
Donc, je ne considère pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise énergie.
Pas plus qu’il n’existe pour moi de bons et de mauvais esprits. Il est bien
entendu ici que l’énergie dont nous parlons n’est assimilable ni à l’électricité
ni à l’énergie nucléaire. Les gens estiment qu’une énergie est mauvaise si elle
leur procure des sensations désagréables, mais cela est sans rapport. On voit
couramment tout un tas de délires sur de soi-disant entités qui auraient envahi
des personnes. Parfois il suffit d’une petite sensation de froid ou d’un mal-
être pour que l’on vous diagnostique un tel problème. Je trouve désastreux le
comportement de ces personnes se faisant passer pour des sages,
emprisonnent des malheureux en détresse dans leurs croyances - la seule
façon réelle de jeter un sort - , et leur créent plus de problèmes qu’ils n’en ont
déjà.
L’essentiel en matière d’énergie est de savoir distinguer ce qui nous
appartient de ce qui ne nous appartient pas. Nous sommes forcément
continuellement en interaction avec le reste du monde, les autres êtres vivants
, les choses, les lieux et leurs énergies diverses. Nous réagissons à ces
énergies. Nous pouvons avoir la sensation de porter l’énergie un peu lourde
du métro, mais nous pouvons aussi être déboussolé par l’énergie de ferveur
de Lourdes.
Cessons de nous montrer simplistes : l’équilibre d’un être humain est
constamment soumis à ce qui l’entoure et même une énergie d’amour très
forte peut faire mal à certains. L’effet sur soi de telle ou telle forme d’énergie
dépend avant tout de soi, de ce qu’on est habitué à rencontrer, des
phénomènes qui ont lieu en soi et sont le fait de notre construction
psychologique et physique.
Empathie
Ce sujet est lié au précédent, car les gens croient que lorsqu’ils sentent des
émotions ou douleurs provenant d’autres personnes, ils les «prennent» ; c’est-
à-dire que des énergies - le plus souvent étiquetées comme négatives - sont
transférées d’une personne à l’autre.
L’empathie est le fait de sentir ce que ressent une autre personne (ou
plusieurs). C’est un phénomène tout à fait naturel. Je pense qu’il fait partie
des facultés fondamentales permettant aux animaux que nous sommes de
survivre. Sentir les autres, savoir ce qu’ils ressentent, dans quel état ils sont,
permet d’adapter son comportement à la situation, et de communiquer de
façon efficace.
Vous pensez peut-être que l’on peut déduire ce que ressentent les gens en
observant leurs gestes, ou attitudes corporelles. C’est vrai. Certains
psychologues pensent qu’en imitant les gestes d’une autre personne on peut
sentir ce qu’elle ressent. Cela aide effectivement.
Pour être en empathie avec une personne ou un animal, il faut se mettre en
phase avec lui. Que veut dire être en phase ? Les scientifiques en ont une
idée. Pour les autres, je dirais qu’il s’agit en quelque sorte de se brancher sur
la même longueur d’onde. On obtient ce résultat en écoutant l’autre de tout
son être. Et de petits détails comme le fait de respirer au même rythme que
l’autre, ou de le toucher, peuvent aider, sans être pour autant nécessaires.
L’empathie couramment vécue par de nombreuses personnes consiste à
sentir les affects et douleurs de ses proches ou des personnes que l’on côtoie
de près et avec qui on est «lié».
Mais cela peut aller plus loin. On peut même sentir ce que ressent une
autre personne à distance , donc sans la voir, ni l’entendre, ni la toucher. Il est
aussi possible de sentir ce que ressent une personne avec qui on n’a pas à
priori de lien.
J’ai employé jusqu’ici le mot lien dans le sens communément admis.
Mais si on le prend dans le sens chamanique, alors on ressent ce que ressent
une autre personne avec qui on a un lien. Dans ce cas, le lien est une forme de
connexion énergétique, qui ne nécessite pas l’intimité dans la relation, mais
qui est renforcé par celle-ci.
En réalité on a un lien avec toute personne avec qui on entre en
communication (en direct ou à distance). Notre vie est faite de liens, avec de
très nombreuses personnes. Ces liens sont essentiels. Cependant, peu de gens
les sentent et les connaissent.
On peut être en empathie sans le vouloir, car les liens sont toujours
existants, qu’on y pense ou non. Cela peut causer des désagréments : sentir
des émotions, des sentiments, des douleurs physiques, sans savoir d’où elles
viennent. Les personnes inexpérimentées ne savent pas déterminer d’où
proviennent les informations qu’elles perçoivent, à qui appartiennent les
ressentis qu’elles ont.
Le questionnement suivant est alors courant : «Est-ce à moi ou à
quelqu’un d’autre ? Et à qui ? Comment me protéger de cela ?»
Cela peut en effet devenir envahissant. C’est seulement par une grande
clarté d’esprit et dans sa capacité à percevoir, que l’on parvient à maîtriser
tout cela. C’est encore une affaire de travail sur soi. L’empathie est fort utile
pour aider les autres , et dans les soins chamaniques. C’est pourquoi les
«thérapeutes» sont souvent les victimes de ce genre de difficultés, en
particulier ceux qui ne sont pas très sains dans leur approche du soin, et qui
n’ont pas suffisamment réglé leurs propres problèmes avant de vouloir
s’occuper des autres.
Très nombreuses sont les personnes qui m’écrivent car elles rencontrent
ces difficultés, mais il n’existe que deux solutions :
1 - sincèrement vouloir ne pas sentir. Cette intention peut être renforcée
par l’usage de petits rituels, le tout étant de ne pas douter. Premier
inconvénient : très peu de personnes qui ont ces problèmes veulent
réellement cesser de sentir pour diverses raisons (syndrome du sauveur,
relation toxique, association entre ces sensations et un pouvoir «supérieur»,
volonté d’être un martyre etc). Second inconvénient : cette volonté peut nous
couper des autres plus que nous le souhaitons, et cette situation est loin d’être
idéale ni normale.
2 - travailler sur soi , et progresser suffisamment pour être capable de
maîtriser le phénomène et également pour ne plus être atteint par toutes les
émotions , sensations, douleurs, et sentiments que l’on peut sentir provenant
des autres. Le fait de sentir des choses désagréables, difficiles, ne signifie
pas qu’il soit obligatoire d’en souffrir réellement. Il est tout à fait
possible pour une personne suffisamment nettoyée de traverser toutes
sortes de sensations sans être atteinte pour autant. De plus les gens sont le
plus souvent submergés par des émotions et douleurs en lien avec leurs
problématiques personnelles. Une personne qui n ‘a pas réglé ses problèmes
ne devrait pas être thérapeute.
Quoi qu’il en soit, il est de la plus grande importance de ne pas confondre
le fait de sentir les affects et les douleurs des autres, avec le fait de les
prendre. Quoi que l’on puisse sentir en empathie, et même si les sensations
sont réalistes au point de nous faire croire qu’elles sont vraiment les nôtres,
ce n’est pas le cas. Sentir n’est pas prendre.
Pour un chamane ou au moins quelqu’un qui maîtrise, ces sensations
provenant des autres cessent dès qu’elles ne sont plus utiles, par exemple, dès
la fin d’un soin.
Mon expérience personnelle : je fais partie de ces personnes qui sont
particulièrement sensibles et sont facilement en phase avec les autres mais
j’ai dépassé le stade où c’était dérangeant pour moi. Sentir ne représente pas
un problème, et cela n’a lieu que lorsque c’est utile.
« L’empathie est le fait de sentir en soi les sentiments, émotions, sensations et
douleurs physiques d’autres personnes, mais ce n’est pas les prendre.»
Troisième partie : Mon point de vue sur quelques
pratiques que l’on dit chamaniques
Dans cette partie du livre, je parlerai des pratiques chamaniques courantes
dans le monde en commençant par les plus largement proposées aux
occidentaux. J’expliquerai à quoi elles correspondent pour moi, leurs
principes et leur intérêt.
Rappel de la définition d’un acte chamanique
Ma définition d’un acte chamanique : C’est un acte dont le résultat ne
dépend pas de gestes mais uniquement de l’état de conscience de la personne
qui pratique. Un acte chamanique peut avoir lieu sans le moindre geste, ni
rien de visible. L’acte réel a lieu à un niveau énergétique. La puissance de cet
acte dépend de l’état de conscience de la personne qui agit. Il dépend donc
entièrement dans sa réussite du pouvoir de la personne qui agit.
Ma définition d’une pratique chamanique : C’est une pratique qui sert de
support ou de contexte pour un acte chamanique. Elle est définie par des
gestes, des circonstances, des symboles.
Un chamane n’a pas forcément besoin de ce support ou de ce contexte. En
réalité , plus le chamane est développé, et maîtrise, moins il en a besoin.
Certains n’en ont pas besoin du tout. Il peut leur arriver toutefois d’organiser
ces pratiques, gestes, circonstances, parce qu’elles sont nécessaires aux
personnes avec qui ils se trouvent ou qui sollicitent leur aide.
Voyage chamanique
Le voyage chamanique est la pratique la plus courante et la plus
régulièrement considérée comme typiquement chamanique. Il s’agit d’une
modification de l’état de conscience dans le but de recevoir des informations
ou d’agir à un niveau autre que physique. Le «voyageur» visite en esprit
différents lieux, rencontre différents êtres, que l’on nommera «esprits» par
facilité et qui peuvent ou non lui donner des conseils et l’ aider. Selon
l’intention du voyage, le voyageur peut être amené à vivre diverses aventures,
à faire diverses actions.
La personne qui voyage est généralement allongée mais on peut aussi
voyager assis ou debout, voire les yeux ouverts. Dans son voyage, elle
marche, court, et est active. Elle a des sensations : toucher, ouïe, odorat, froid,
chaud, goût ; tous les sens sont présents. Comme tout a lieu en esprit et non à
un niveau physique, les lois de la physique ne s’appliquent pas, et dans son
voyage, plus que dans un rêve, la personne peut voler, respirer sous l’eau,
traverser les murs, devenir très grande ou très petite, parler avec les animaux,
et faire un grand nombre de choses par sa seule volonté (intention).
C’est pourquoi le voyage est très apprécié : on peut se croire dans un jeu
vidéo, mais avec les sensations en plus. N’est-ce pas drôle de faire exploser
l’ennemi ? Si cela peut l’être, mais je précise qu’il n’y a qu’un débutant pour
faire ça.
Etat de conscience modifié
L’altération de l’état de conscience est le plus souvent induite par l’usage
d’un tambour, mais les plantes hallucinogènes sont utilisées chez certains
peuples. Je déconseille vivement cette seconde option aux lecteurs qui
voudront tenter l’expérience du voyage.
L’usage du tambour est très ancien, il remonte sans doute au néolithique.
Il est scientifiquement prouvé que des battements réguliers et assez rapides
favorisent un état de conscience modifié (pensez à ce qui est recherché dans
certaines soirées techno).
Une personne habituée au voyage peut aussi se passer de tambour ou de
toute autre aide pour modifier son état de conscience. Malgré cela le tambour
gardera toujours son charme et sa vibration inimitable. C’est aussi un repère
sonore pendant le voyage, repère qui fait partie de la réalité et peut être
différencié des sons entendus dans le voyage. C’est un aspect important car
même si les sensations du voyage sont bien plus présentes que celle de la
réalité physique, il faut toujours garder la conscience de cette réalité.
Le voyage chamanique est globalement très facile à réaliser et ne
nécessite aucun don particulier. Les personnes qui ont beaucoup
d’imagination et sont très visuelles auront cependant plus de facilité que les
autres. Les personnes qui n’y arrivent pas ont souvent fermé les portes de leur
imagination depuis longtemps. Il peut aussi s’agir d’individus qui ont du mal
à être visuels, ou bien qui ont certaines peurs ou blocages. Ces peurs peuvent
être en rapport avec l’inconnu, la mort, les états modifiés de conscience (en
particulier pour ceux qui ont été toxicomanes), les esprits, le monde spirituel
etc.
Beaucoup d’occidentaux voyagent très bien. On peut souvent être étonné
par ce qui est vu et fait dans les voyages de certains.
C’est peut-être pour cela, ou parce que le voyage est une pratique très
éloignée de la mentalité occidentale, que certaines personnes, ayant suivi un
stage et appris à voyager, s’imaginent être chamanes, ou même simplement
différentes de leurs voisins, et «spéciales». Ce n’est vraiment pas le cas. Ce
genre de pratique est vraiment à la portée de beaucoup de gens. Certaines
pratiques occidentales d’hypnose s’en approchent d’ailleurs.
Il faut garder à l’esprit que les chamanes traditionnels vivent dans des
pays pauvres, avec peu d’éducation, des règles de vie, des croyances et des
peurs, qui ne pourraient être acceptées par la grande majorité des
occidentaux. Ils pratiquent dans un contexte et selon des rites qui à eux seuls
peuvent impressionner les étrangers, et qui font partie du conditionnement
des protagonistes (chamane, assistants, assemblée, éventuels patients).
Le voyage chamanique en occident ne ressemble pas à ces rituels que
vous avez pu voir à la télévision. Heureusement ! Croyez- vous que tout cela
soit nécessaire ou en rapport direct avec ce qui peut être réalisé en voyage ?
A qui appartient le voyage chamanique ?
Je pense que lorsque les occidentaux commencent avec ce genre de
pratiques, ils naviguent en zone inconnue. Même si la pratique leur est
expliquée par un occidental et pratiquée dans une confortable salle chauffée,
au sol recouvert de moquette, bien des aspects du voyage chamanique restent
mystérieux pour eux.
Pour être claire, les gens qui pratiquent le voyage, et la plupart de ceux
qui l’enseignent, ne savent pas ce qui se passe réellement pendant un voyage
ni d’où proviennent les informations ou les résultats obtenus. Ainsi ils
voyagent : c’est un nouveau monde pour eux, un peu magique, souvent
étonnant, et tout cela repose sur une culture qui n’est pas la leur, des
croyances qui ne sont pas les leurs.
Ce mélange peut faire basculer certains dans ce qu’on nomme parfois l’
«indianisme». Tout à coup, les croyances des peuples lointains pourraient
devenir les leurs, ou pourraient les influencer. Ils devraient respecter des
règles qui appartiennent à une autre culture. Certaines peurs sont souvent
transmises par les «initiateurs» occidentaux. Et nombre d’entre eux utilisent
des prières et formules «magiques» inutiles.
Il y a toujours un doute : Est-on en train de pratiquer quelque chose qui
appartient à toute l’humanité ?
ou bien est-on en train de pratiquer, voire de s’approprier, un rite secret et
sacré indien ?
Si l’on choisit la seconde réponse, il est probable qu’il soit très facile de
nous convaincre que cela comporte des dangers et doit être fait selon un rituel
précis, appartenant à tel ou tel peuple.
Pour ma part, je considère que cette pratique n’appartient à aucune
culture. Dans l’absolu tout être humain peut y accéder, indépendamment de
toute tradition. Aucune croyance spécifique n’est requise. Il faut juste
suffisamment d’ouverture pour essayer et recevoir ce qui se formera dans
notre conscience. Cette pratique est même tellement naturelle que beaucoup
de personnes la trouvent par elles-mêmes, toutes seules dans leur coin. Ce
faisant, elles peuvent être sujettes à des difficultés, de par leurs croyances,
leurs problématiques, mais pas sur un plan technique.
Lorsque j’ai commencé à voyager, je savais certes à peu près de quoi il
retournait (un peu comme vous maintenant que vous avez lu ces
explications), mais mon savoir était très limité. Pourtant les voyages que j’ai
réalisés pouvaient être considérés comme «traditionnels», «conformes» à
ceux des chamanes du monde, en particulier dans les lieux visités, et les
actions menées dans les voyages.
Principe du déroulement d’un voyage chamanique
1- exprimer clairement son intention de voyage, c’est-à-dire pourquoi on
le fait. Généralement cela vient sous forme de question, mais dans un voyage
il n’est pas conseillé de chercher des réponses à un pourquoi. Il vaut mieux
demander comment et agir sur le problème que l’on a.
2 - créer les conditions du voyage : un moment de calme, avec du temps
devant soi.
3 - On réalise la plupart du temps les voyages dans le noir, et allongé,
mais ce n’est pas obligatoire.
4 - Jouer du tambour afin de modifier son état de conscience.
5 - se rendre par l’imagination à son lieu de départ (lieu choisi, qui est
notre «chez nous» dans les voyage, le plus souvent une grotte).
6 - essayer d’avoir tous les sens dans le voyage
7 - exprimer son intention.
8 - laisser venir tout ce qui se présente.. en général un «esprit» se
présente, que l’on va suivre, ou alors on se retrouve dans un autre lieu.
9 - faire tout ce qu’on a à faire dans le voyage.
10 - quand c’est terminé, revenir à son point de départ, le plus souvent en
faisant le chemin à l’envers, mais ce n’est pas une obligation.
11- cesser de jouer du tambour.
12 - ouvrir les yeux.
13 - écrire son voyage dans son cahier de voyages.
« Le voyage chamanique est un outil facile qui est accessible à l

a plupart des gens.»


Le contenu des voyages chamaniques
Comme par «hasard» les voyages des occidentaux sont peuplés d’indiens
(le plus souvent d'Amérique du nord), et d’animaux sauvages, dont la
majorité sont ceux que l’on trouve en Amérique du nord avec une
prédilection pour les loups et les aigles, animaux les plus emblématiques de
cette culture et de cette région du monde aux yeux des occidentaux. Sur le
podium des animaux les plus fréquents viennent ensuite l’ours, le bison, le
coyote, le serpent, la chouette.
Je ne me moque pas en disant cela, car lorsque j’ai réalisé mon premier
voyage chamanique, j’ai rencontré d’abord un ours, puis un aigle, puis un
loup. C’était ultra conformiste. Ces trois animaux sont revenus régulièrement
dans mes voyages. Je les aimais bien moi aussi, je les voyais comme ayant
des pouvoirs importants, tout en étant sympathiques ( c’est peut-être à cause
des dessins animés) : c’était donc approprié.
Très rapidement j’ai aussi rencontré une indienne. Je ne suis pas
différente de vous et je me suis laissée glisser avec plaisir dans ce monde-là,
qui était globalement «positif» à mes yeux. Ces rencontres, ce contexte, font
aussi partie des choses qui poussent à croire que l’on fait quelque chose qui
appartient aux indiens (en plus du type en mocassins et veste à franges qui
nous en a parlé).
Mais je considère cela comme totalement faux. Nous voyons cela parce
que c’est ce qu’il y a de mieux pour nous tels que nous sommes à ce moment
là. Une personne qui n’aurait jamais entendu parler d’indiens ni vu un ours,
pourrait très bien faire un voyage, selon les mêmes principes et la même
méthode, mais rencontrerait quelque chose qui lui parlerait à elle et non des
indiens. Ainsi, les chamanes de l'Himalaya rencontreront des protecteurs
bouddhistes aux aspects effrayants, ce qui a peu de chance de nous arriver.
Le contenu des voyages que l’on fait dépend de la culture qui nous
imprègne, des croyances que nous avons, ce qui signifie en grande partie que
l’on rencontre ce qu’on s’attend à rencontrer, ou ce qu’on est prêt à
rencontrer. Ce point est très important et je dois le préciser, car il recèle le
principal danger du voyage chamanique.
«Le contenu de nos voyages chamaniques, dépend de la culture
qui nous imprègne, des croyances que nous avons. On rencontre ce
qu’on s’attend à rencontrer, ou ce qu’on est prêt à rencontrer.»
Rapport entre voyage chamanique et rêve
J’ai retrouvé des notes que j’avais prises dans un cahier comme mémoire
d’une époque où je débutais dans la pratique du voyage. Ces mots n’ont été
dictés que par mon expérience et expriment ce que je pensais à ce sujet.
« J'ai raconté tout ça à X et Y. Ils voient des rapports avec la
psychanalyse là-dedans . Comme toujours ils sont assez impressionnés. J'ai
des doutes sur tout ça à l'époque ; j'en ai encore plus maintenant . Je ne
voyais, pas du tout l'intérêt de chercher à analyser ces voyages et surtout pas
selon une grille psychanalytique . Je les prenais tels quels . Pour moi c'était
des expériences que je vivais , des moments de ma vie comme les autres.
D'ailleurs j'en garde des souvenirs aussi nets et forts que pour le reste des
événements composant ma vie , ce qui les différencie très fortement des rêves.
Les voyages chamaniques sont des actes de la vie à part entière qui se
distinguent par le fait que l'on voyage et agit alors uniquement avec son
esprit , intervenant et ressentant dans le monde de l'invisible en ayant parfois
pour objectif d'agir sur le monde visible matériel . (je n’emploierais pas ces
mots-là maintenant)
Il est important à mes yeux de noter:
1 . Qu'on les commence volontairement et consciemment.
2. Qu'on reste parfaitement conscient pendant toute la durée du voyage ,
y compris de son corps allongé en train de taper sur le tambour.
3 . Que pendant le voyage on prend des décisions , on fait des choix , on
tient des conversations tout comme à l'accoutumée, on agit et nos actions ont
des conséquences ; bref on est actif et non passif , même si on est souvent
guidé dans ce monde qu'on ne connaît pas ..
4.Que nos perceptions sensorielles sont totalement normales et actives
dans le voyage : on touche, sent , voit (en couleur) ,entend, et parfois goûte ,
avec une grande richesse de sensations.
5.Qu'on sort du voyage en étant conscient et d'accord pour ça .
6.Qu’après le voyage on se souvient absolument de tout et que les
souvenirs durent .
7.Qu'on constate généralement rapidement les effets du voyage .
Les voyages ne peuvent donc en rien être assimilés à des rêves et ceux qui
pensent le contraire ont sans doute peur d'admettre tout ce qu'ils
impliquent.»
Après toutes ces années je n’ai pas changé d’avis. Certains
pensent que les rêves sont le moyen d’expression de l’inconscient et qu’il en
est de même pour les voyages. Je pense d’une part que seuls certains rêves
ont un sens et d’autre part, que si le contenu d’un voyage peut être
l’expression métaphorique de quelque chose que l’on ne comprend pas, le
mode de production d’un voyage est très différent de celui d’un rêve. Le fait
de pouvoir réaliser des voyages chamaniques pour d’autres personnes est très
parlant en la matière.
Le voyage peut être considéré par l’occidental moyen comme une forme
de consultation de l’inconscient, qui s’exprime ici parfois sous forme de
symboles, mais le plus souvent de façon très directe et claire. En réalité cela
dépend de ce que vous êtes prêt à accepter.
Ce qui relie voyage et rêve c’est avant tout le fait que ces visions ne sont
pas pathologiques. La personne qui voyage, comme celle qui a rêvé et se
souvient au matin de ses aventures dans le monde du sommeil, sait très bien
que ce sont des images et non la réalité, que ce sont des métaphores. Si
jamais quelqu’un prenait ces visions au pied de la lettre, que ce soit pour le
voyage ou toute autre pratique chamanique, il serait dangereux et pas très
équilibré. Mais normalement c’est tout le contraire.
Loin de représenter des symptômes de maladie mentale, ces perceptions
sont un signe de santé mentale. Ces visions nous rendent plus forts, plus
stables et plus ancrés. Elles sont le support qui nous permet d’avancer et de
dépasser certains problèmes. Tout comme la conscience de ses émotions est
un signe de santé mentale, la capacité à entrer en contact avec ces images et
ces sensations promet une vie plus harmonieuse.
Les «risques» du voyage chamanique pour soi et pour les autres
Comme pour toute technique, il est souhaitable d’être conseillé pour
éviter les problèmes. La personne qui enseigne doit être compétente, donc
soigneusement choisie, sinon elle pourrait elle-même être la source de
complications. Je vais préciser de quoi il retourne.
Voyage chamanique pour soi
On peut réaliser un voyage pour soi uniquement, par exemple pour son
développement personnel, pour recevoir des conseils par rapport à un
problème que l‘on a (professionnel, familial ou autre) ou mieux encore pour
le résoudre. C’est le meilleur usage du voyage.
Dans ce cas, ce que l’on rencontre dépend :
• de la raison du voyage (l’intention, la question posée)
• de ce qu’on croit
• de notre culture
• de ce qu’on s’attend à voir
• de ce qu’on n’est pas prêt à voir
Chaque personne a un style de voyage qui lui est propre. Le seul danger
de ce type de pratique concerne des personnes qui sont très instables
mentalement, voire dérangées. Leurs voyages pourraient exprimer leurs pires
fantasmes.
Bien entendu le risque est bien moindre que lorsque l’on consomme des
plantes hallucinogènes (qu’on les appelle «de pouvoir» ou non). Dans ce cas,
une personne qui va mal risque de vivre VRAIMENT un cauchemar, qui ne
pourra cesser avant la fin de l’action chimique de la plante sur le cerveau.
Parfois ce cauchemar se poursuivra même après la fin de cette action, et les
personnes pourront connaître de très grosses angoisses.
Faire consommer un produit à quelqu’un, une plante ou autre, c’est un
peu comme poser une bombe dans sa psyché : on ne sait pas trop ce qui va se
passer.
Du côté du voyage au tambour, pas d’affolement : D’une part le voyage
peut être stoppé à tout moment. Il suffit d’ouvrir les yeux, de se lever. Certes
si l’arrêt est rapide et si l’état de conscience modifié a duré longtemps, on
pourra se sentir un peu vaseux, et il faudra quelques minutes pour revenir à
un état «ordinaire». Mais ce n’est pas grave.
D’autre part, même si l’état de conscience chamanique n’est pas votre état
ordinaire de conscience, c’est tout de même un état normal, ou naturel, et il
permet à l’inconscient d’exercer son rôle. Le voyage chamanique réalisé
uniquement pour soi est le seul que devrait pratiquer la très grande majorité
des gens.
Voyage réalisé pour une autre personne
Lorsqu’un chamane traditionnel voyage , c’est le plus souvent pour aider
quelqu’un ou sa tribu. Le fait que le voyage ne soit pas réalisé pour soi
change les règles. Le voyage sera raconté à la personne pour qui on le réalise.
Ce récit a son importance dans l’effet produit, et permet à la personne
d’intégrer en partie ce qui a été réalisé au niveau énergétique. Il permet de
changer l’histoire de la personne, pour elle-même et pour toute sa
communauté. Proposer ce récit est très important, en plus de ce qui est
réellement fait dans le voyage.

Le contenu d’un voyage que l’on réalise pour une autre personne dépend :
• de l’intention du voyage, la question, le problème
• de ce qu’on croit
• de notre culture
• de ce qu’on s’attend à voir
• de ce qu’on n’est pas prêt à voir
• de ce que l’autre croit
• de sa culture
• de ce que l’autre est prêt à entendre
• de ce que l’autre s’attend à entendre
Le voyage sera un mélange des «univers» des deux personnes, et en
dépendra. Le principal risque réside ici en :
• l’influence que l’univers du voyageur aura sur le résultat. Cela signifie
que le voyage sera seulement ce que le voyageur pourra voir, ou voudra
voir. Il sera «orienté» et «limité» par ce qu’est la personne qui voyage,
son état de conscience et ses croyances.
• L’interprétation que le voyageur fera du voyage quand il le racontera à
celui pour qui il a voyagé.
• L’absence de recul ou de modération dans la foi que le voyageur mettra
dans ce qu’il aura vu, perçu, entendu, ou réalisé dans le voyage.
• La façon dont la personne pour qui le voyage a été fait pourra se laisser
influencer, aura tendance à croire ce qui lui sera raconté.
Comme je l’ai dit plus haut, le fait d’être capable de faire un voyage
chamanique n’est pas un exploit. Cela n’est pas en rapport direct avec la
sagesse acquise par la personne. Une personne qui n’a réglé aucun de ses
problèmes, ou endoctrinée, peut réaliser des voyages. Une telle personne qui
croit qu’elle peut aider les autres devient un vrai danger pour autrui.
Ce n’est pas valable seulement pour le voyage chamanique, mais pour
toute forme d’aide proposée. En effet tout ce qu’elle percevra dépendra de ses
croyances, de l’univers qui est le sien. Ses voyages ne seront pas innocents ou
exempts de projections. Cela se perçoit très bien dans les voyages de
certaines personnes. Si elles ne doutent pas de ce qu’elles perçoivent et
confondent réalité et perceptions, cela peut avoir des conséquences graves.
Le fait de présenter le voyage et les paroles des esprits comme
indépendants de la psychologie du voyageur rend le problème plus important.
Ce n’est pas un être humain qui parle, ce sont les esprits à travers lui, c’est un
guide spirituel, les anges, dieu... Par conséquent ce qui est dit ou montré est
indiscutable. Cette position est très risquée.
Je ne considère pas ces personnes comme de vrais chamanes, non pas
parce qu’elles sont occidentales ou parce qu’elles font payer, mais parce que
certaines sont dépourvues de sagesse, de discernement, de modération, de
recul, de conscience, de sens des responsabilités. Celles qui s’encombrent de
tout un tas de précautions, rituels, ou protections inutiles, ne font que
prouver leur ignorance.
Je vous prie de garder à l’esprit que les chamanes traditionnels officient
dans des contextes très précis, très réglementés, pour des personnes qui
appartiennent au même univers qu’eux, et très éloigné du nôtre.
Conclusion sur le voyage chamanique
C’est une pratique qui permet de regarder les choses, les problèmes, les
situations d’un autre point de vue, d’ouvrir des portes, d’agrandir le champ de
sa perception. En ce sens elle est plutôt utile et bénéfique. Ce qui limite
l’outil , c’est toujours la personne qui l’utilise.
L’efficacité du voyage, des actions qui y sont tentées, dépend de la force
et de la clarté de l’intention du voyageur. Tout ce qui fait partie du voyage,
les êtres, les lieux, les objets, les actions à mener, sont des supports pour cette
intention.
Il me semble aussi utile de dire que ce n’est pas une pratique miracle ou
indispensable : il n’est rien qui ne puisse être fait autrement que par un
voyage chamanique. Ce n’est qu’une pratique parmi d’autres. Elle ne définit
pas le chamane, et ne prouve l’évolution spirituelle de personne. D’autre part,
les résultats du voyage chamanique, quand il est réalisé pour une autre
personne que soi, seront toujours soumis à la psychologie de cette personne.
Ce qui a pu être fait, peut être défait. C’est une réalité qui ne tourne pas
toujours comme on le souhaiterait.
Il est même ridicule d’utiliser le voyage à tout bout de champ : certains
ont besoin d’un voyage chamanique pour savoir où partir en vacances, voire
pour choisir leurs légumes. Est-ce vraiment cela le but recherché ? En quoi
cela constitue-t-il un progrès ou une amélioration de la vie ? Je trouve que
c’est plutôt un handicap.
Toute pratique de développement personnel, comme toute voie spirituelle,
doit vous apprendre à devenir libre et à faire vos choix par vous-même. Ce
n’est pas dans un voyage que vous devez savoir le faire, mais à tout moment
dans la vie.
Dans les voyages chamaniques, je recommande également de ne pas
attendre que les «esprits» rencontrés fassent le travail à votre place.
Demandez de l’aide quand vous en ressentez le besoin, mais agissez par
vous-mêmes autant que vous le pouvez. Ce sera plus bénéfique. C’est à la
fois un artifice et une fuite des responsabilités que de croire que ce sont les
esprits qui doivent ou peuvent agir, plutôt que vous.
Mon expérience du voyage :
Je ne saurais dire combien j’en ai fait. Mais j’en ai fait beaucoup. Pour
moi et pour d’autres. Mes voyages étaient très riches en sensations, parfois
très longs. Ils étaient clairs et je m’en souvenais aussi bien que d’un autre
moment de ma vie. Entrer en voyage était devenu pour moi aussi simple
qu’entrer dans une pièce de mon appartement. Puis un jour je me suis rendu
compte que voyager devenait moins agréable, et surtout que cela m’était
inutile, qu’il fallait même me forcer pour utiliser cette pratique, un peu
comme si je devais faire du vélo à petites roulettes alors que je savais pédaler
sans roulettes. Pour quelqu’un qui aimait ça, et était très douée pour ça, ce
fut un peu perturbant au début, un peu triste. Mais c’est ainsi : tout évolue, à
commencer par soi. Ce n’était pas une perte, mais simplement une évolution,
une progression. Bien entendu je suis toujours capable de voyager si je le
décide, et surtout de faire tout ce que je faisais en voyage, d’une façon ou
d’une autre, et plus encore.
Au fil des années, mes voyages se sont simplifiés et raccourcis car je suis
devenue plus efficace, puis je n’ai plus eu besoin de voyager. Les gens
aiment beaucoup qu’on voyage pour eux, et surtout qu’on leur raconte le
voyage. C’est comme une histoire, voire un conte de fées, qui parle d’eux et
de leur vie. Très souvent des éléments qui les touchent particulièrement sont
présents, et peuvent provoquer des déclics, qui participent au résultat. C’est
important de raconter aux gens leur histoire et de l’intégrer dans une histoire
plus grande : la nôtre, celle du groupe, celle de l’humanité.
Les gens sont très demandeurs. Actuellement j’évite de voyager car cela
m’ennuie. Dans les stages, je préfère souvent laisser l’épisode voyage à l’un
de mes élèves qui, au stade où il en est, le fera avec plaisir. C’est un
apprentissage pour lui et un cadeau pour la personne pour qui il voyage.
Quand je suis seule, je procède normalement sans le voyage. J’enseigne le
voyage chamanique dans mes stages pour débutants. Je donne de nombreuses
explications et le programme comporte de nombreux exercices. Le voyage
chamanique est intégré dans une démarche de développement personnel. Ce
n’est pas un amusement. On le fait pour travailler sur soi. Il ne suffit pas non
plus de savoir voyager, il faut savoir pourquoi on le fait, quelle intention
choisir, ce qui rend la présence d’un enseignement spirituel et d’une
démarche de transformation claire, totalement indispensable. C’est en général
grâce à d’autres outils que j’enseigne que mes élèves sauront quand et avec
quelle intention voyager.
« Une personne non libérée qui réalise un voyage chamanique
projette ses croyances dans son voyage, et ensuite, dans l’inte

rprétation qu’elle en fait».

« Tout ce qui peut être réalisé dans un voyage chamanique , peut


l’être par d’autres moyens.»
Animaux de pouvoir
La deuxième chose que l’on vend le plus aux occidentaux et que l’on
présente comme étant très important et chamanique sont les «animaux de
pouvoir». Ce sujet à lui seul fait l’objet de certains stages.
Je tiens à préciser que tout ce dont je parle en ce moment correspond
vraiment au B.A. BA du chamanisme tel qu’il est compris en occident.
Les animaux de pouvoir sont simplement ces animaux que vous pouvez
croiser dans vos voyages chamaniques. Il est aussi possible de les voir dans
des visions hors voyages, dans des rêves. Certains disent même sentir leur
présence. Nous parlons donc là des loups, ours, aigles, chevaux et autres
animaux que vous percevez à un niveau autre que physique, car il n’y a pas
de limite.
Ce qu’on appelle animal de pouvoir est donc un «esprit» animal, qui
représente en quelque sorte une espèce. Certains considèrent que lorsque
vous voyez un représentant physique de l’espèce, par exemple dans la nature,
c’est un signe de l’animal de pouvoir.
Pourquoi l’ appelle-t-on ainsi ? A mon avis, l’animal que vous rencontrez
dans le cadre d’une pratique chamanique est là pour vous aider, et il le fait
par son pouvoir spécifique. Les animaux des voyages représentent certaines
facultés : les facultés et pouvoirs qu’ils ont dans la nature. Par exemple,
l’aigle peut voir de très loin et de façon très précise (on dit qu’il pourrait lire
un journal d’un bout à l’autre d’un terrain de foot, s’il savait lire). Il vole
également très haut dans le ciel. Il est généralement considéré comme
l’animal qui apporte la clarté de vision, le recul nécessaire à une vue
d’ensemble, et qui est le plus proche de l’Esprit. Il est symbole de spiritualité.
C’est le genre de pouvoir dont il est question.
Dans un voyage chamanique, l’animal qui apparaît dépend de l’aide dont
vous avez besoin.Tout animal sauvage peut être un animal de pouvoir. Les
animaux domestiques sont exclus, sauf ceux qui existent aussi à l’état
sauvage, tel que le cheval.
Vous pouvez bien sûr rencontrer de nombreux animaux de pouvoir.
Certains parlent de «leur» animal de pouvoir comme s’il s’agissait d’un
animal unique qui leur était attribué. Je reconnais qu’il est agréable de parler
de «son» loup, de le considérer comme un animal unique avec lequel on tisse
un lien particulier. Beaucoup de personnes ont sans doute besoin de cela.
C’est réconfortant, rassurant, encourageant. Le «lien» tissé avec l’esprit
animal peut aider. Il est vrai que les personnes qui voient des loups dans
leurs voyages sont nombreuses, et que chaque loup est unique d’une certaine
façon, puisqu’il appartient à l’univers d’une personne. D’ailleurs certains
peuvent se présenter sous la forme d’un mâle ou d’une femelle, d’un jeune
individu, ou d’un vieillard. Cela dépend aussi de ce qui conviendra le mieux
au voyageur.
Mais il n’y a pas d’animal qui soit attribué ni de limite au nombre
d’animaux qui peuvent se présenter. De plus, comme pour tout le reste,
l’animal ne se présentera plus lorsque l’on en aura plus besoin. Il ne
représente donc pas un élément de l'individualité de la personne mais
simplement ce qui lui convient à un moment de sa vie.
Mon expérience des animaux de pouvoir :
Les premiers animaux rencontrés en voyage et qui revinrent régulièrement
furent dans l’ordre l’ours, l’aigle et le loup. Ces animaux m’accompagnèrent
assez longtemps, dans les voyages et en dehors de ceux-ci. D’autres animaux
se présentèrent, mais aussi des êtres à l‘apparence humaine. Au bout d’un
certain temps certains «esprits» ne sont plus présents, et sont remplacés par
d’autres. Puis arrive le temps où on n’a plus besoin d’être accompagné. La
première étape pour moi fut de me transformer en animal (par exemple ours,
loup, aigle) dans les voyages au lieu de les avoir comme guides. Puis un jour
on peut se passer de cela aussi et ne faire appel à eux que par «plaisir» et
quand on le souhaite.....puis on en a plus besoin ou envie.
Mon premier voyage chamanique : rencontre avec quelques animaux
Dans mon tout premier voyage je rencontre plusieurs animaux de pouvoir
(ours, aigle, lémurien, souris) dont certains reviendront souvent dans mes
voyages. J’étais à l’époque une personne assez peureuse et pleine de doutes :
cela se perçoit bien dans ce premier voyage
« Ce ne sont que des notes sur les éléments du voyage , je les ai prises
longtemps après celui-ci.
• Dans ma grotte, je rencontre un Homme-ours : il a un corps d'homme et
une tête d'ours puis, après l'expression de la répulsion qu'il m'inspire, il se
transforme en ours avec des yeux d’homme.
• Nous sortons dans une prairie au bord d'une falaise au-dessus de la
mer. Soleil. J’ai l'impression de tout inventer. Je lui dis que je vais retourner
à la grotte. L'ours me dit "vas-y". Je ne connais pas le chemin pour rentrer je
regarde la prairie autour de moi mais je ne vois plus l'entrée de la grotte.
• Il me demande de sauter de la falaise. J'ai un peu peur, J'hésite. Quand
je saute c'est comme si un ressort me retenait (ressort d’air ou comme si le
vide était une substance élastique déformable).
• Finalement je saute et je vole. Je suis accompagnée par un aigle. J'ai
peur de ressentir les sensations du vol. Je ne les ai que par instants. Je me
«repose» sur l'aigle, comme si je fermais les yeux. Il y a beaucoup de soleil.
Je sens le vent, la liberté (par moments). On entre dans la terre par une
grotte dans la falaise.
• Remontée à la surface. D'abord pendant un instant petit passage sous
terre. Je suis un être rampant, peut-être un serpent. Un serpent
m'accompagne ? (Image vague), La sortie est comme un bond vers le haut, le
dehors (je surgis). Prairie très verte, herbe vert foncé. Grand soleil. Je suis
petite et au ras du sol , un tout petit animal. J’ai une vision d'en bas .
• Retour sous terre je suis minuscule, peut-être un insecte. Je suis
accompagnée par une souris (ou autre rongeur sauvage) . Je m'accroche à sa
queue. Elle m'entraîne rapidement; puis je m'accroche à ses poils. Elle me
mène sous terre dans des conduits étroits de rongeur peu profonds. Je sens le
frottement de la terre contre moi, sa substance, et je sens son odeur. C’est de
la terre genre glaise, un peu humide, assez claire.
Présence de racines de végétaux. Ca me paraît un peu long.
• Sortie de terre dans un paysage équatorial. Clairière avec village
«papou» devant une forêt tropicale humide. Paysage brumeux humide . Je
suis une noire, une «sauvage» . Présence de 3 ou 4 «indigènes» dont l'un a
l'air d'être un sorcier . Il pile quelque chose dans une calebasse en bois . Je
pile à mon tour .Il prépare un liquide foncé (terreux noirâtre) dans la
calebasse et il me la tend . Mes bras sont des bras de femme noire quand je
prend la calebasse . Je bois le liquide noir . Il y en a beaucoup (1 litre) , ça a
le goût de terre . Je bois de la terre . Je demande à quoi ça sert . Il me dit que
ça va me donner plus de pouvoir. Il me montre des arbres à gauche, à la
lisière de la forêt . Il me demande d'y grimper . Hésitation puis j'y vais .
• En un instant je suis en haut d'un très grand arbre de la forêt
équatoriale . Un long tronc sans branche sauf en haut. Sur un arbre en face
de moi je vois une sorte de singe gris, comme un lémurien . Il me demande de
sauter, j'ai peur , c'est haut . Puis un aigle est à côté de moi sur la branche ,
on s'élance, on s'envole .
• Je rentre . Je fais tout le chemin à l'envers très rapidement .
Tous les endroits, tous les éléments, défilent les uns après les autres très vite
comme des flashes .
• A la fin encore l'homme-ours puis la grotte . J'ai du mal à
revenir. Je sors lentement de la grotte et on dirait que je continue le chemin à
l'extérieur . Je décide d'arrêter le tambour ; je frappe deux coups bien
distincts. Je me sens toute vibrante . Je prends contact avec la chambre.
J'ouvre les yeux , j'ai du mal à me réveiller .
Ce qui me semble essentiel dans ce premier voyage c'est qu'on me
demande de sauter et donc de vaincre ma peur.»
Animaux totem
Ce terme est aussi très courant, et souvent confondu avec le précédent.
L’animal totem n’est pas l’animal de pouvoir. Dans certaines traditions, c’est
un animal «protecteur», ou avec lequel une tribu, une famille, a passé une
sorte de pacte, en rapport avec les croyances spirituelles du peuple.
C’est aussi un symbole, qui par exemple peut être associé à une direction,
un moment de l’année. Si on considère les roues de médecine traditionnelles,
le totem animal d’une personne dépend du moment de sa naissance. Un totem
végétal ou minéral peut également être désigné.
Comme il s’agit uniquement de symboles, ils dépendent du contexte de
vie des tribus en question, de leur environnement. Les animaux choisis par
les unes ou les autres ne sont pas identiques. Ils n’ont pas de caractère
universel : le Sud est parfois représenté par le coyote, d’autres fois par la
souris, d’autres fois par le loup, etc, ce sont des questions de culture et non
des vérités. Mais ils ne sont pas non plus le fruit du hasard. Les animaux ,
végétaux, minéraux sont choisis pour leurs caractéristiques, leurs aptitudes, et
leur présence dans la nature à un moment de l’année.
La roue de médecine est une sorte de représentation de l’univers, de la
vie, des cycles des saisons. Elle comporte plusieurs points ou directions, qui
sont liés à des symboles, représentant des forces ou des qualités. C’est avant
tout une tradition des indiens d'Amérique du nord. Son utilisation peut être
chamanique ou pas.
Mon expérience des totems : en général on me donne comme totems,
l’aigle, le faucon, l’épervier, le pissenlit et l’opale de feu. Je dois avouer
qu’ils me plaisent bien. Il est évident que je suis plus «aigle» que «ours», par
exemple. Dans ma vie j’ai pu constater que parfois les gens ressemblent à
leurs totems et aux caractéristiques qu’on leur attribue. Vous reconnaîtrez que
c’est aussi parfois le cas avec les signes astrologiques.
«Les animaux de pouvoir sont des aides qui apparaissent dans les
voyages sous forme animale».
« Les animaux totem, sont des animaux associés à des dates selon
certaines cultures et dans les roues de médecine.»
Tambour chamanique
Voici quelque chose de tout à fait inoffensif et uniquement bénéfique. Le
tambour est sans doute l’instrument le plus ancien, remontant au néolithique.
Une peau animale est tendue sur un cadre en bois. Le tambour sur cadre de
cette sorte a toujours été utilisé dans les cérémonies spirituelles. On voit des
tambours dessinés dans les grottes préhistoriques. On les voit joués par les
prêtresses dans l’antiquité.
Le tambour est utilisé largement pour la pratique du voyage chamanique
mais ce n’est pas son seul usage. Pour le voyage, le tambour doit être joué à
un rythme rapide et régulier, rappelant celui d’un animal au galop. Le son du
tambour est envoûtant et a un effet sur le corps et l’esprit. Certains pensent
que c’est parce que la première chose que nous entendons dans le ventre de
notre mère est un battement continuel : celui de sa circulation sanguine,
générée par son coeur.
Beaucoup de peuples considèrent le battement du tambour comme le
battement du coeur de la planète Terre, notre terre mère. On peut utiliser le
tambour à des fins thérapeutiques. Il déclenche assez souvent la libération
d’émotions.
Mon expérience avec les tambours chamaniques :
J’aime beaucoup les tambours. Je suis très sensible au son en général. Le
tambour me fait vibrer et je trouve que le rythme est quelque chose de
fondamental. J’aime aussi le côté naturel du tambour chamanique, sa peau
naturelle préparée à la main, son cadre tourné dans une planche avec les
moyens du bord. Il n’a rien à voir avec les tambours industriels ou destinés à
la musique, ni en terme de son ni en terme d’énergie.
J’ai eu beaucoup de mal à trouver un tambour chamanique digne de ce
nom. En réalité je n’y suis pas parvenue. Un jour je me suis mise dans la tête
de fabriquer un tambour. Je n’avais pas la moindre idée au départ de ce qu’il
fallait pour cela, ni de la façon de le fabriquer.
Cela fut très difficile, et il me fallut deux années entières pour fabriquer
mon premier tambour chamanique en peau de bison, une peau que j’avais
achetée fraîche et préparée moi-même. Vous aurez sans doute de la difficulté
à imaginer une fille peu habile de ses mains enlever tout le poil d’une peau de
bison fraîche mesurant 2 mètres par 2 mètres, puis parvenir à en retirer toute
la graisse et les restes de chair. J’étais peut-être la seule femme en France à
me lancer dans ce genre d’aventure, et cela démontre assez bien ma capacité
à me lancer dans l’inconnu avec courage et un brin d’inconscience.
Cependant préparer la peau se révéla bien moins problématique que la
réalisation du cadre. Quant à la tension de la peau, elle suscita un très grand
nombre de questions, certaines insolubles pour moi. J’ai tout de même
fabriqué plusieurs tambours - tous imparfaits - mais qui remplissent leur
fonction et ont un bon son.
Ma préférence va à la peau de bison et à un tambour léger, ce qui donne
aussi le meilleur son. J’ai presque toujours utilisé le tambour pour voyager, et
quand cela n’a pas été le cas c’est que je n’en avais pas sous la main. Bien
entendu je peux faire sans, mais l’effet du tambour me semble indéniable.
C’est un plaisir et une aide dont il serait dommage de se passer.
Hutte de sudation ou inipi
Il s’agit d’une coutume des indiens d’Amérique. Cette pratique,
intimement liée à leur religion, a pour objectif la purification et la guérison.
Elle a été mise à la mode en occident par quelques membres de ces tribus
d’Amérique, qui sont venus partager une partie de leurs rites.
Le principe de l’inipi est de construire une petite hutte ronde en
branchages, le plus souvent des branches de saule «jeunes» coupées au
printemps. La hutte est couverte de peaux, bâches ou couvertures de laine,
qui empêchent toute lumière de pénétrer à l’intérieur. Un foyer est prévu au
centre, qui accueillera des pierres préalablement chauffées à blanc dans un
feu et sur lesquelles celui qui dirige le rite versera de l’eau. Des intentions de
prières sont placées avant l’inipi. Auparavant, il a souvent été demandé aux
participants de jeûner. Ils pénètreront nus ou légèrement vêtus dans la hutte
très exiguë. A l’intérieur ils tiennent seulement assis, genoux contre genoux.
Ce rituel réunit des circonstances qui participent à ce qu’il se passe
quelque chose. Dans la hutte, les gens sont plongés dans l’obscurité, la
promiscuité, et une très forte chaleur, réunis par des intentions de prière, et la
croyance dans la puissance du chamane et des esprits qui sont invoqués. De
par ces conditions spéciales, les gens ne sont pas dans leur état habituel. Des
actes chamaniques peuvent avoir lieu ou non à travers cette pratique. Un
rituel n’est pas chamanique en lui-même. Il l’est s’il supporte une intention
réelle.
La façon d’organiser une hutte de sudation reste variable, en fonction du
rituel qui a été transmis au départ, et de l’adhésion plus ou moins grande de
l’animateur aux croyances indiennes. La forme n’est jamais l’essentiel en
matière de chamanisme, même si certains y sont très attachés.
En ce qui me concerne, participer à ce genre de rituel n’a jamais été qu’un
plaisir. Mais il faut faire attention, car une personne qui a des problèmes,
pourrait aller mal à la suite d’une de ces huttes (ou sweatlodge).
En général, les personnes qui les organisent en occident ne sélectionnent
pas du tout les participants, et ne se sentent pas concernées par ce qui pourrait
se passer pour eux après la hutte.
Bien entendu, participer à une hutte de sudation ou non n’est pas important
en soi. Le chamanisme n’est pas la culture des indiens, et l’adhésion à cette
culture présente aussi des risques.
Adhérer à une culture signifie adopter de nouvelles croyances, placer sa foi,
investir son pouvoir dans ces croyances. Etes-vous certains que cela vous soit
bénéfique ?
Si vous croyez tout ce que les indiens croient, vous vivez dans leur
monde. C’est de la théorie car le monde des indiens n’est pas et n’a jamais été
tel qu’on l’imagine et il n’est plus si clairement défini maintenant. Mais
aucun système de croyances n’est exempt de danger.
Un exemple : si vous croyez que de grands sorciers existent, vous leur
donnez votre pouvoir. Vous pouvez imaginer que ces grands sorciers font
tout un tas de choses qui n’existent pas : par exemple, vous manipuler à
distance. De par votre foi, vous pourrez même sentir les effets de ces actes
imaginaires. Votre imagination peut se retourner contre vous. Dans ce genre
de cas le mélange entre l’attirance pour la culture des indiens et la croyance
dans leurs pouvoirs crée un cocktail à même de causer des ennuis.
Mon expérience de la hutte de sudation :
J’ai participé à quelques inipi et j’en ai aussi organisé (peu). Globalement,
ce furent des expériences très agréables, mais qui ne m’ont pas apporté grand
chose. Quand on est bien, c’est avant tout un plaisir. En revanche, les autres
personnes présentes ont connu des expériences plus ou moins fortes,
agréables ou non, selon ce qu’elles étaient venues faire, et leurs
problématiques. Certaines personnes ont du mal à supporter la hutte , qui est
vécue comme une épreuve, soit à cause de la chaleur, soit à cause de
l’obscurité. Il faut être attentif et prévenir les gens que cela peut les perturber.
Dans tous mes stages, les participants sont dans une démarche de travail
sur eux-mêmes. La hutte, comme toute autre pratique, était donc intégrée à
cette démarche. Nous pouvions accompagner la personne dans ce qu’elle
vivait suite à cette expérience et cela devenait un élément de son
cheminement. Il me semble qu’un inipi ou toute autre forme de hutte de
sudation ne doit pas être pratiqué isolément, dans un contexte où il ne sera
pas possible d’accompagner les gens ensuite.
« Le chamanisme n’est pas la culture des indiens, e t
l’adhésion à cette culture présente des risques.»
Quête de vision
Il s’agit à nouveau d’une pratique des indiens importée et adaptée en
occident. Le principe est d’obtenir une vision. Cette vision, dans certaines
tribus, est de la plus haute importance. Elle peut déterminer le destin d’un
jeune adulte.
Pour cela, la personne doit s’isoler en pleine nature pour une durée
variable, généralement de plusieurs jours. Elle doit rester en un endroit précis,
tel qu’un cercle dessiné sur le sol ou délimité par des pierres, ou bien même
un trou. Les conditions peuvent être plus ou moins dures.
L’isolement, la faim, la soif, et l’intention de recevoir la vision,
augmentent les chances d’en recevoir une . La quête de vision est
généralement précédée de pratiques de purification, telles que le jeûne et la
hutte de sudation. Tout est organisé précisément. Ces quêtes de vision
peuvent avoir lieu à des moments clés de la vie d’une personne, comme le
passage à l’âge adulte.
En occident la quête de vision est également proposée, le plus souvent
dans une version adoucie et raccourcie. S’isoler dans la nature peut aider à
certains moments de sa vie. Changer d’environnement, sortir des habitudes,
être au contact des éléments, peut concourir à modifier ses perceptions, et à
élargir son point de vue. Cela fait partie des exercices que l’on peut proposer
pour habituer les gens à se centrer sur eux, à calmer leur mental, à faire face
à la solitude, ou à écouter leur intuition.
Il faut cependant être prudent et ne pas vouloir imiter des pratiques trop
dures pour soi. Encore une fois, aucune pratique n’est indispensable et ne fait
de vous un chamane. Quant à la vision, elle viendra ou pas et il n’est pas
nécessaire de créer ces conditions pour avoir une vision. Attention : ces
pratiques , lorsqu’elles sont traditionnelles, sont liées à des croyances
spirituelles particulières.Les sioux par exemple, on une religion très
complexe, comportant de nombreuses forces et esprits.
Mon expérience de la quête de vision :
Pour être honnête je n’ai pas besoin de m’isoler dans la nature pour
recevoir une vision. L’intérêt de la quête de vision est de modifier les
conditions afin de permettre à certains d’avoir une vision plus facilement. En
stage, j’offre ce type d’expérience à mes élèves, sur de courtes durées
(quelques heures) et dans de bonnes conditions. D’une façon générale
j’utilise le contact avec la nature quand les conditions le permettent.
Pratiquer une mini-quête de vision :
1- préparer une intention, une question, penser à un problème que l’on a et
qu’on voudrait clarifier ou régler.
2 - se rendre dans la nature si possible par beau temps (et avec un
équipement adapté).
3- Sur le chemin, ramasser plusieurs pierres de petites tailles, si possible
celles qui attirent.
4 - choisir un endroit isolé, loin du passage des promeneurs, où personne
ne pourra vous voir, et où vous pourrez vous asseoir.
5 - A cet endroit, délimitez un espace en dessinant un cercle avec les
pierres ramassées.
6 - Installez vous dans le cercle pour un temps déterminé auparavant.
Restez là sans en sortir pendant tout cette durée...à méditer...
Marche de pouvoir
Il s’agit d’une pratique proposée sous des formes très variées. Il s’agit
toujours de marcher dans la nature, de jour ou de nuit, longuement.
La marche de nuit, ou de jour les yeux bandés, aide à changer ses
perceptions, à éveiller d’autres sens que la vue. L’état de conscience est
modifié. La personne lâche prise, et ses pieds avancent tout seuls, quels que
soient les accidents que présente le terrain. Il s’agit de réveiller les citadins
endormis et de les aider à être bien présents dans leur corps. Cela fait donc
partie des exercices liés à l’éveil des sens, à l’attention et à la présence, que
l’on peut proposer pour des débutants.
Mon expérience de la marche de pouvoir :
C’est une activité que je propose souvent de nuit dans une retraite
chamanique. C’est souvent une expérience forte les premières fois. J’ai le
souvenir me concernant de descentes de «montagne» de nuit dans la forêt à
toute allure, où je n’avais qu’à laisser mes jambes avancer seules, sans
ressentir la moindre difficulté, ni jamais déraper ou me prendre les pieds dans
des racines. C’est intéressant et impressionnant de découvrir qu’autre chose
que nos yeux peut guider nos pieds avec sûreté.
Marche de vision
C’est une sorte de mélange entre les deux pratiques citées précédemment.
On cherche à recevoir une ou plusieurs réponses à une question que l’on se
pose. Il faut déterminer la question choisie avant de partir pour une petite
randonnée dans la nature.
Principe:
1- Il est recommandé de se poser quelques minutes, pour méditer, se
centrer.
2 - Ensuite on exprime sa question le plus clairement possible (à l’ écrit
ou à l’oral).
3 - Puis on se met en marche. On considère que la nature va nous donner
la réponse. Il suffit d’ouvrir les yeux, les oreilles, tous les sens, pendant que
l’on chemine.
Ce qui compte est ce que l’on remarque ou non. Dans un groupe, tout le
monde passe au même endroit, par le même chemin, mais chacun voit et
entend des choses différentes, en «réponse» à sa question. L’important est ce
qui attire l’ attention : c’est ainsi que l’on découvre la réponse.
Cette activité est sans danger, et présente l’intérêt encore une fois d’éveiller
les sens, de favoriser le développement de l’attention, l’ouverture d’esprit et
le lâcher prise. La façon dont chacun interprète ce qu’il remarque dans la
nature lui appartient et dépend de son univers, bien évidemment.
Mon expérience de la marche de vision :
C’est une activité agréable à pratiquer en stage, avec des résultats
variables selon les gens. Je la propose très souvent dans les retraites.
« Pratiquer l’inipi, une quête de vision, une marche de pou

voir, ou le voyage chamanique, ne fera pas de vous un


chamane.»
Les plantes de pouvoir et leurs dangers
Cette fois on s’éloigne des sympathiques activités citées précédemment.
Ce que certains appellent «plantes de pouvoir» sont des plantes (ou des
mélanges de plantes) hallucinogènes. Il en existe plusieurs sortes qui sont
consommées par différents peuples dans le monde, et qui ont des effets très
différents car elles ne contiennent pas les mêmes molécules.
Le but de cette consommation traditionnelle est normalement rituel et
sacré. Elle fait intégralement partie des rites de certains peuples. Le chamane
peut consommer pour entrer en contact avec les esprits qui lui apportent de
l’aide ou un enseignement. Il peut aussi proposer la consommation à ses
patients.
Les conditions de l’expérience répondent le plus souvent à des règles
précises. Une préparation stricte est nécessaire. Les plantes sont dites «de
pouvoir» car le principe de cette consommation repose souvent sur l’idée que
l’esprit de la plante est un allié qui aide par son pouvoir. Chez les peuples
d'Amazonie par exemple, on considère que pour connaître le pouvoir et les
propriétés d’une plante, il faut la consommer.
Cela n’est pas sans risque. Les effets de ces plantes ne sont pas réellement
maîtrisables. L’action a lieu sur le cerveau et la chimie du corps. Le chamane
connaît bien ces effets, il est en terrain connu, il a consommé de nombreuses
fois. Il est probable aussi qu’il admette comme acceptable un certain nombre
de risques. De plus il devrait être suffisamment sain pour ne pas s’exposer à
des cauchemars. Pour les autres, c’est différent.
Je pense que de telles pratiques, qui sont intimement liées à une culture,
un lieu, et aux espèces animales et végétales qui l’habitent, ne devrait pas être
«importées» chez nous. Pourtant il arrive qu’elles le soient, par des
personnes le plus souvent inconscientes des problèmes que cela peut générer
sur leurs clients, ou cobayes.
Lorsque l’on prend un produit hallucinogène, on ne contrôle pas ce qui se
passe. Lorsque vous criez «au secours», les autres vous entendent peut-être,
mais ne peuvent rien pour vous. Vomissements, angoisses, visions
terrifiantes, paralysie, sont des effets courants de ces plantes «de pouvoir».
J’ai reçu de nombreux témoignages de personnes qui avaient consommé
ces plantes en occident ou en Amazonie, et pour qui les séances se sont très
mal passées. Heureusement cela ne se passe pas toujours mal, mais cela
arrive assez souvent. Plus que d’autres, certaines personnes devraient
absolument éviter ces pratiques. Dans la très grande majorité des cas, il n’y a
aucune sélection de la part des organisateurs, qui sont de toute façon
incapables de faire quoi que ce soit si cela se passe mal et qui ont tendance à
ne pas accepter d’en porter la responsabilité.
Les occidentaux qui tentent ces expériences espèrent qu’il va se passer
quelque chose de magique. Cela relève souvent du souhait très répandu de
prendre une pilule miracle pour que les choses se fassent «toutes seules»,
sans effort. L’attrait de l’exotisme et la volonté de croire en des puissances
supérieures qui pourraient changer votre vie feront le reste.
Je peux comprendre que des personnes qui ont des problèmes et qui ont
déjà essayé pas mal de thérapies ou méthodes, tentent de s’en sortir par tous
les moyens. Cependant ce sont surtout ces personnes qui risquent le plus de
difficultés.
Quand il se passe quelque chose, quand ça a bien remué la bouteille et
décollé la pulpe, celle-ci ne redescend pas forcément toute seule : cela ne se
calme pas toujours et vous ne retrouvez pas forcément votre état antérieur.
Les effets peuvent durer très longtemps et vous pouvez aller bien plus mal
qu’avant (où vous aviez un équilibre imparfait mais vivable), ou être
traumatisé durablement par l’expérience.
Il ne s’agit pas seulement de visions désagréables, ou d’être confronté à
des choses qu’on n’a pas envie de voir, ou qu’on n’est pas prêt à voir, comme
le croient beaucoup de gens. Certaines personnes relatent une destruction de
leur psychisme, une sensation d’anéantissement de leur être. Il est très
difficile de s’en remettre, cela ressemble plus à un mauvais trip sous LSD,
qu’à une gentille expérience chamanique.
Je regrette que cela soit assimilé au chamanisme, ou que certains pensent
que c’est cela, le chamanisme. A mes yeux, cela n’est pas le chamanisme,
c’est juste essayer des pratiques exotiques. Il n’est pas plus recommandé ou
sûr de partir en Amazonie pour prendre ces produits, que de le faire en
occident : les risques sont là de toute façon.
Il existe dans ces lointaines contrées de nombreux attrape-touristes. Dans
le meilleur des cas, les doses qui vous seront données ne seront dangereuses
que pour votre porte-monnaie. Dans le cas où le chamane ne se moque pas de
vous, il pourrait très bien ne pas être conscient de l’effet que sa mixture
pourrait avoir sur vous, ou considérer que ces risques sont normaux et
acceptables. De plus on m’a relaté plusieurs fois que la moralité des dits
chamanes étaient très en-dessous de ce que les gens attendaient. Je crois qu’il
y a un grand décalage culturel, de perception de tout cela, à la fois ce qu’est
l’expérience, le produit, le chamane et la spiritualité. Ce n’est pas parce que
vous irez en Amazonie que ça se passera bien. Je pense qu’il est important de
sortir d’une espèce de naïveté, d’inconscience, face à toutes ces pratiques.
Certaines personnes y vont vraiment innocemment, sans avoir été prévenues.
Je préviens, ensuite chacun est libre de ses choix.
Mon expérience en la matière :
Je n’ai jamais souhaité consommer ces produits. Mon expérience relève
de l’observation des effets sur les autres, et des conséquences parfois graves.
Il est arrivé plusieurs fois qu’on me demande de l’aide après avoir pris des
plantes de pouvoir. Il s’agissait pour ces personnes soit de parvenir à
redescendre sur terre, soit de gérer des angoisses et émotions tenaces
plusieurs semaines ou mois après la consommation des plantes. Il n’est pas
toujours possible de les aider. En tout cas, n’imaginez pas que l’on pourra
résoudre ces problèmes en quelques heures. Il vaut mieux ne pas faire
n’importe quoi.
«Il n’existe pas de moyen magique pour changer.»
Les épreuves «initiatiques»
La consommation de plantes fait aussi partie du désir de certains de vivre
des choses dures, de véritables épreuves. C’est le plus souvent une demande
masculine, correspondant à une vision machiste du chamanisme : «plus on en
bave, mieux c’est». Mais certaines filles sont aussi dans cette attente.
Cela peut relever de croyances. Par exemple, certaines personnes sont
certaines d’avoir des pouvoirs spéciaux, d’être chamanes, (et ce qu’elles
appellent être chamane, c’est avoir des pouvoirs magiques), persuadées de
pouvoir faire des choses extraordinaires. D’autres espèrent acquérir cette
surpuissance par ces épreuves. Plus les personnes sont dans ce genre de
délire, plus elles ont tendance à faire des choses dangereuses. La plupart du
temps les pratiques proposées ne sont pas réellement risquées. Néanmoins,
certaines personnes, sans doute déséquilibrées, sont mortes en faisant des
expériences stupides, sous prétexte de chamanisme et de spiritualité.
Ce ne sont que des cas isolés. En revanche, beaucoup de personnes sont
très dures avec elles-mêmes en général, sans toujours en avoir conscience. Si
on leur propose de souffrir, elles seront partantes et enchantées. En général,
plus une personne cherche à souffrir et à surmonter des épreuves, plus elle a
besoin en réalité de douceur et de bienveillance.
Ce sont le plus souvent les meilleurs moyens initiatiques et c’est loin d’être
gagné d’avance pour beaucoup de gens. Se débarrasser des pires croyances
que l’on a sur soi, de la culpabilité et de tous les reproches que l’on se fait, est
un travail nécessaire pour retrouver son innocence. Ce n’est pas toujours
facile, mais ni la violence, ni les épreuves ne vous y aideront. C’est même
l’inverse.
L’idée selon laquelle une initiation spirituelle passe par des épreuves
provient sans doute également de plusieurs sources : livres, films, jeux
vidéos, ainsi que les livres et méthodes qui conseillent d’affronter ses peurs
pour les dépasser. A cela s’ajoutent les religions avec leurs diverses traditions
d’expiation des péchés.
Il est donc assez difficile de sortir de la tête des gens, l’idée que le
chamanisme ou la spiritualité ne peut exister sans souffrance, voire sans
brutalité. J’ai remarqué que sans aller jusqu’à la véritable violence, il était de
bon goût dans un stage de chamanisme de se proposer des conditions de vie
difficiles. Se fait-on croire qu’en imitant les conditions de vie difficiles de
certains peuples, on va accéder à leur connaissance ?
Certaines activités sont à mon avis plus en rapport avec les stages de
survie. D’autres sont simplement sans autre intérêt que leur pénibilité, sous
couvert de croyances soi-disant chamaniques.
Un exemple : Il existe plusieurs façons de considérer le fait de se faire
enterrer tout nu dans la terre avec des fourmis pendant plusieurs heures. Cela
peut-être (veuillez cocher votre choix) :
• une épreuve destinée à tester votre courage, à affronter vos peurs
• une épreuve destinée à tester votre endurance physique
• un jeu stupide d’adolescents attardés
• une façon d’expier vos fautes et d’offrir votre souffrance pour les
racheter
• la tentative de communier avec la terre

Si vous avez coché la dernière case, bravo , vous êtes un vrai chamane !
Evidemment je plaisante. Vous êtes entièrement libre de vous infliger des
épreuves. J’estime que c’est tout à fait inutile. S’il faut en arriver là pour se
sentir vivant, c’est que quelque chose ne va pas.. mais il n’est pas nécessaire
d’en passer par là pour changer ça !
Mon expérience :
Sur tout mon parcours à ce jour, je n’ai eu à affronter l’une de mes peurs
directement qu’une seule fois. Toutes les autres sont parties sans avoir à subir
une quelconque épreuve initiatique. Cela ne signifie pas que l’initiation, qui
s’étale toujours sur au moins 10 ans de travail intensif, soit facile. Ce n’est
pas un voyage d’agrément, mais cela n’a pas à passer par des épreuves, et
encore moins par de la souffrance physique ou morale provoquée
volontairement. Si l’on a à souffrir, cela ne vient que de ses démons intérieurs
et des difficultés inhérentes à la vie.
« La violence ou la dureté ne sont pas nécessaires pour c

hanger. La douceur et la bienveillance sont bien plus


efficaces.»
Soins chamaniques
Une grande partie des activités des chamanes traditionnels consiste en des
soins apportés aux membres de leur communauté. Ces soins sont le plus
souvent collectifs, c’est-à-dire qu’ils se passent lorsqu’une grande partie de la
communauté est réunie et que plusieurs personnes participent.
Il existe plusieurs formes de soins, dont l’organisation repose sur les
croyances des peuples en question. Nous ne sommes pas concernés par ces
croyances et ne pouvons donc pas reproduire ces pratiques. Singer les indiens
ou les sibériens ne donnerait rien, je vous assure.
L’efficacité d’un soin ne repose pas sur des gestes ou des paroles.
Comme le dit si bien la sagesse populaire : «c’est l’intention qui compte». (cf
ce que j’ai écrit plus haut à ce sujet). La seule façon pour un occidental
d’imiter ces chamanes est d’utiliser le voyage chamanique dans l’intention de
soigner. En effet le voyage peut se comparer aux transes de certains
chamanes traditionnels.
Cela ne marchera pas à tous les coups, pour de nombreuses raisons, mais
il est possible que cela fonctionne parfois. Même l’un de mes élèves peu
expérimenté peut réaliser un voyage qui aura un bel effet. Cela fait sans doute
partie des raisons du succès du voyage chamanique en occident. C’est facile,
à la portée de tous, cela ne nécessite pas de talent particulier.
En tant qu’outil accessible à tous, et du fait de son fort support imaginaire,
nécessaire à des personnes dont l’intimité avec l’énergie est faible, certains en
font un usage constant. Pour ne pas dire que c’est quasiment l’intégralité de
leur pratique chamanique.
Pour être honnête, le voyage chamanique peut être utilisé souvent, mais je
le considère comme une pratique de débutant. Mes élèves sont cependant
normalement assez avertis pour ne pas se lancer dans ce type d’expérience
tout seuls dans leur coin et savent que soigner requiert bien plus qu’une
capacité à voyager. Ils apprennent à voyager pour eux, pour leur travail de
développement personnel, et ne doivent pas normalement chercher à
s’occuper des autres. C’est une conscience dont très peu d’occidentaux font
preuve.
Je vais maintenant résumer quelques principes de soins chamaniques
courants. Les principes exposés ci-dessous ne se réfèrent pas à des pratiques
ou des techniques mais à une manière de transformer l’énergie. Très souvent
les gens confondent ce qui est fait, avec la technique employée pour le faire.
Exemple : Le voyage chamanique est une technique. On peut utiliser le
voyage comme support pour réaliser diverses transformations. Le voyage
n’est qu’un support. C’est l’intention qui agit. Tout ce qui est fait dans un
voyage chamanique peut l’être d’une autre manière.
« Les rituels, les gestes, les paroles, les images, n’ont

pas de pouvoir réel. Seule l’intention qu’ils


supportent agit.»
Démembrement
Le démembrement est un processus très courant, et très symbolique. Il est
pratiqué dans un voyage chamanique (et non dans la réalité ordinaire,
évidemment). Il consiste à détruire le corps, que ce soit le sien ou celui d’une
autre personne, puis à le reconstruire.
La destruction du corps peut prendre plusieurs formes, la plus habituelle
étant une sorte de «dépeçage» qui permet une déstructuration progressive du
corps. On retire la peau, les muscles, les organes, puis on casse le squelette.
Généralement tout cela est ensuite détruit, soit par le feu, soit réduit en
bouillie, soit «mangé» par un esprit.
Ensuite, le chamane va donner un nouveau corps à la personne. Ce corps
peut être reconstruit à partir des cendres provenant de l’ancien corps, ou être
créé de toute pièce. Lorsque les restes de l’ancien corps sont utilisés, il est
commun d’ajouter quelques ingrédients supplémentaires, généralement
offerts par les esprits.
Le nouveau corps est alors modelé par le chamane, puis «rendu» à son
propriétaire. Ce processus représente un bon moyen de se débarrasser de
«l’ancien» dans sa vie, afin de repartir sur de nouvelles bases. Il en résulte un
sentiment de force. Cependant, cela n’a rien de miraculeux et ne suffit pas à
faire un travail sur soi en profondeur.
On peut être démembré ou mourir dans un voyage chamanique, de
nombreuses fois. Lorsque cela arrive les premières fois, c’est une expérience
intéressante de confrontation à une mort symbolique et une façon de vérifier à
quel point on est attaché à son corps.
Pour ma part, je suis morte dans les voyages au moins une dizaine de fois,
de diverses façons : souvent brûlée vive, dépecée, dévorée par un animal,
découpée à la machette, enterrée vivante. J’ai reçu en cadeau de nouveaux
corps, certains ressemblant au mien, d’autres pas du tout. Aucune de ces
expériences n’a été douloureuse physiquement. J’ai aussi pratiqué des
démembrements pour d’autres personnes dans les voyages.
Recouvrement d’âme
Précédemment, j’ai évoqué l’éventualité d’être coupé d’une partie de son
pouvoir. Il est courant de parler de perte de l’âme pour désigner cette
éventualité. Personnellement je trouve cela inapproprié, car on ne peut perdre
ni son âme ni son pouvoir. Au moins vous saurez de quoi il s’agit lorsque
vous lirez ou entendrez ces mots.
Il est possible de ne pas avoir accès à une partie de son pouvoir. C’est
quelque chose de très courant. Il y a très peu de gens qui sont en quelque
sorte tout à fait entiers. Je ne souhaite pas vous effrayer. Mais qui par
exemple n’a pas un petit chagrin d’amour pas tout à fait réglé ? Si vous êtes
triste en y pensant ce n’est sûrement pas réglé.
Ce n’est pas très grave. Seules les pertes importantes ont des
conséquences importantes. Dans ce cas-là, on a plutôt oublié ce qui s’est
passé. Les pertes de l’âme sont souvent la conséquence d’événements
violents, au moins par leur soudaineté. Cela peut être un accident de voiture,
une intervention chirurgicale, un viol, une rupture, un déménagement non
souhaité, toute sorte de mauvais traitement physique ou psychologique. Tout
ce qui a été vécu comme trop dur, insupportable , sur le moment, que cela ait
été réellement très violent ou non, peut être la cause d’une perte de pouvoir.
Une façon de l’expliquer est de dire que lorsque l’être a peur, il se retire,
comme pour se protéger. Cela va souvent de paire avec le refoulement
complet du souvenir. Néanmoins, une accumulation, ou une répétition, de
situations créant de la souffrance, peut également mener à une perte
importante de pouvoir, sans qu’un événement particulier puisse être désigné
comme la cause du problème. C’est pourquoi il n’est pas toujours simple de
comprendre d’où provient une difficulté, ou un mal-être.
Finalement, la personne n’a plus accès à une ou plusieurs parties d’elle-
même. J’ai pu observer que certains symptômes peuvent être présents, tels
que :
• dépression sans raison
• angoisses sans raison
• sensation d’être morcelé
• perte de mémoire
• diverses symptômes physiques, douleurs, maladies
Le recouvrement d’âme est ce qui doit remédier à la perte de l’âme. Le
principe en est donc de reconnecter la partie qui n’est plus accessible. Le
recouvrement d’âme n’est pas une technique en lui-même. Il peut être réalisé
de plusieurs façons.
Le voyage peut servir de support, mais il n’est pas nécessaire. Il suffit que
le chamane ait accès à l’énergie «dissociée» ou «manquante» et une intention
suffisamment puissante et claire pour l’atteindre et ensuite la reconnecter.
Cela peut se faire en un instant. C’est l’état de conscience du chamane qui lui
permet ou non de faire cela. En général je ne pratique pas le recouvrement
d’âme en voyage mais de façon directe.
Mieux encore, et bien heureusement, vous n’avez pas forcément besoin
d’un chamane pour récupérer vos «morceaux» aux abonnés absents.
L’énergie peut se reconnecter si vous êtes prêt, grâce à un travail de
développement personnel, ou parce que la vie vous permet d’évoluer.
En revanche, rien ne peut être résolu durablement si la personne
concernée n’accepte pas ce changement.
Lorsque l’énergie est à nouveau «connectée», accessible, la personne
récupère les talents qui lui sont associés, le pouvoir, et bien souvent les
souvenirs. J’ai maintes fois constaté que cela n’est pas toujours agréable.
Plus le recouvrement est «important», plus le changement peut paraître
«radical». L’atterrissage, l’intégration du soin, peut prendre du temps et
nécessiter un accompagnement.
D’une façon générale, toute personne qui pratique des soins doit
s’attendre à devoir accompagner son «patient» pendant un certain temps. Il
n’est pas raisonnable de croire qu’on pratique les soins chamaniques à la
chaîne, comme les actes médicaux. Il faut consacrer du temps aux gens :
avant, pendant et surtout après.
Un exemple simple de recouvrement d’âme
Voici le récit d’un recouvrement réalisé dans un voyage chamanique que
j’ai réalisé pour Y il y a plusieurs années. Dans ce voyage, la partie de Y à
récupérer est rencontrée sous la forme d’une petite fille de 8/10 ans, qui est
probablement l’âge auquel Y a perdu contact avec cette partie d’elle-même.
J'arrive devant ma grotte en marchant dans la forêt. Il fait très beau, le ciel
est bleu.
Je suis un peu endormie, c'est l'après midi, pas vraiment la bonne heure pour
voyager. Je prends une douche froide devant ma grotte pour me réveiller.
J'entre dans ma grotte. Il y a pas mal de monde. Y est là.
Il y a des indiens, une femme blonde, le loup, des tas d'esprits.
Je demande ce que je peux faire pour Y aujourd'hui. Si j'ai pris la décision de
faire le voyage, c'est parce que dans le travail en direct, même si l'énergie
passait bien , j'avais la sensation que Y n'était pas là.
Je demande à Y si elle veut changer, et récupérer ce qu'elle a perdu. Elle me
répond «oui».
Les esprits vont préparer Y. Ils commencent par lui donner une préparation à
base de plantes.
Ensuite elle est allongée et plusieurs esprits travaillent sur elle en lui
donnant de l'énergie. Cela dure longtemps et je m'impatiente un peu. Il faut
la préparer longtemps, préparer le terrain.
Les esprits ouvrent Y de la gorge jusqu'au nombril en une ligne droite qui
passe par le coeur. Ils ouvrent son coeur et travaillent dessus, en donnant
beaucoup d'énergie. J'attends encore et encore. Ce n’est pas mon genre de
rester inactive ainsi. Je n’ai pas l’habitude de rester à regarder.
Enfin ils me disent que je peux y aller.
Alors je plonge dans le coeur de Y et j'atterris dans une sorte de grotte
sombre. La salle est petite, maximum quatre mètres carrés.
Il y a une grosse porte blindée. Je l'ouvre facilement même si c'est une grosse
porte du genre qu’on trouve dans une banque.
Je suis maintenant dans un tunnel très sombre, très humide et étroit. Je
marche, le Loup est avec moi. Nous marchons longtemps, longtemps, le
tunnel est très long. Ensuite nous arrivons à une seconde porte. Je l'ouvre
aussi.
Nous voilà dans un autre tunnel d'une autre sorte. C'est plus large, moins
sombre, je vois la terre sur les murs. Puis vient une autre porte. Je l'ouvre.
Surprise ! C'est comme un grand coup de frais. Derrière la porte, il n'y a rien
, sauf du vide. C'est comme le vide intersidéral. L'espace, froid, silencieux...
Je plonge dans le vide.
Je ne sais pas où je dois aller. Je demande de l'aide pour trouver ce que je
dois trouver. Un esprit vient, bienveillant, sous une forme presque humaine,
un genre d’ange.
Il me guide jusqu'à une drôle de vision : une petite fille (8/10 ans) est comme
assise sur une minuscule planète de la taille d'un gros ballon, au milieu de
l'espace. C'est Y petite.
Je pense qu'elle n’a rien à faire là, je lui parle et lui explique que je dois la
ramener. Je la prends par la main.
Je retrouve la porte qui donnait sur le vide. Je retourne dans le tunnel avec
la petite et le loup, nous refaisons tout le chemin à l'envers. Jusqu'à ce que
nous soyons dans la grotte à nouveau.
Je demande à Y adulte qui est là si elle veut récupérer la petite Y enfant. Elle
me dit oui.
Mais d'abord il lui faut un animal de pouvoir. Une chouette apparait, elle est
blanche.
Je prends la chouette dans mes mains. Je la mets dans le coeur de Y, je
souffle dedans et je scelle avec le hochet.
Ensuite je prends la petite fille en moi. Puis je la souffle dans le coeur de Y
et je scelle avec le hochet. Je vois Y devenir la petite fille, puis je la vois
grandir, en passant par divers âges et elle finit par revenir à son âge actuel.
Ensuite je vois Y se transformer en chouette, puis la chouette à côté de Y.
Je montre à Y son image dans un miroir, et je lui demande si cela lui plait.
Je me demande si c'est fini, s'il faut faire autre chose. Alors un indien me dit
« ça sera tout pour aujourd'hui » Je dis au-revoir.
FIN

« Toute transformation peut être réalisée de plusieurs fa

çons. La transformation n’est pas une question de


technique.»
Extractions
Le principe de l’extraction est de débarrasser une personne d’une énergie
qui la gêne. Il ne s’agit donc pas de son énergie propre (ni même de son
énergie sale :-) ). Il s’agit d’une énergie d’une qualité telle qu’elle n’est pas
bénéfique à la personne.
Exemple : vous rentrez chez vous avec l’impression d’avoir ramassé
toutes les saletés des gens dans le métro. Vu l’état des gens dans le métro,
c’est lourd ! Dans ce cas, il est bon de vous débarrasser de cette énergie qui
vous encombre.
Dans les soins traditionnels, les chamanes pratiquent très souvent ce genre
de choses. L’extraction n’est pas une technique mais une forme de soin.
L’énergie est le plus souvent «retirée» avec la main, ou aspirée par la bouche,
avec ou sans accessoire (os, tuyau). Lorsqu’elle est ôtée avec la bouche, elle
peut être recrachée dans du sable, de l’eau, ou bien transformée.
Les techniques où l’énergie est transformée plutôt que retirée sont
toujours plus avancées. Dans les cas simples, comme à la sortie du métro, une
simple douche, un peu longue, peut suffire.
Transformation
Au lieu de retirer une énergie, on peut simplement la transformer en
quelque chose de plus bénéfique. A ce moment, c’est en quelque sorte
l’information portée par l’énergie qui est modifiée. Toutes sortes de moyens
ou supports peuvent être employés pour cela. Les supports les plus courants
sont les images, les visualisations.
Dans ce cas, les images, les tableaux que l’on se représente, sont comme
une interface, qui permet d’agir sur ce qui pose problème. Ce qui est à
transformer est représenté de façon visuelle, et la transformation se fait sous
forme d’actes imaginaires. Il n’en reste pas moins que seule l’intention agit.
Les représentations sont des aides pour focaliser son attention et son
intention mais ne sont pas indispensables. La transformation de l’énergie
dépasse le cadre du soin mais en fait toujours partie, par une voie plus ou
moins directe et consciente, selon la capacité de perception et de maîtrise du
chamane.
Discuter avec les esprits
Dans les pages précédentes j’ai fait référence à des actes chamaniques
pratiqués par des chamanes qui sont de véritables guérisseurs, c’est-à-dire qui
agissent pour soigner, qui transforment l’énergie directement.
Il existe aussi des personnes qui apportent des soins uniquement en
réalisant des rituels , sur les conseils des esprits. Le principal travail pour ces
personnes consiste à parler aux esprits pour savoir quoi faire pour aider une
personne, ou une communauté. Pour cela ils entrent dans une forme de transe
chamanique. Prières, tambours, ou plantes sont souvent de la partie.
Une fois les conseils reçus, ils les appliquent à la lettre. Les esprits dictent
un certain nombre de rituels à réaliser, mais il peuvent aussi donner des
conseils très pratiques sur la direction que le malade doit prendre pour guérir,
en particulier ses choix de vie. Il en va de même pour les actes à poser par la
communauté. Ces dialogues avec les esprits interviennent dans un contexte
plus large de communication, où les interlocuteurs sont le(s) guérisseur(s), le
patient, les membres de sa famille, les membres de sa communauté, ses amis,
sa maladie, ses médecins. Ce sont tous ces échanges qui sont porteurs de
solutions et de guérison.
Ce que sont les esprits :
Il existe de multiples interprétations possibles pour quelqu’un qui a reçu
une éducation à l’occidentale. Cependant, toutes les personnes que j’ai pu lire
ou rencontrer qui ont une expérience chamanique conséquente, sont
persuadées que les esprits dont nous parlons ici ne sont pas en eux, mais bien
des «êtres» extérieurs à eux.
Mon expérience personnelle :
Au premier abord j’ai envie d’écrire que je ne pratique pas du tout ainsi.
Quand je parle de soin, je parle d’agir, de transformer directement. Cependant
j’ai tout de même beaucoup parlé aux esprits dans ma vie. Ceux ci ne sont
pas venus pour me dire quel rituel pratiquer, mais pour me donner un
enseignement spirituel. Il est tout de même arrivé que j’aie besoin de conseils
pour aider quelqu’un et j’en ai reçus, surtout sous la forme d’éclaircissements
sur ce qui se passait, et parfois sous forme d’exercices, d’entrainement à
suivre pour apprendre à réaliser quelque chose.
Ce que je pense des esprits : très sincèrement il y a pas mal de questions
qui ne m’intéressent plus depuis plusieurs années. Je ne suis pas attachée à
l’idée que les esprits soient ci ou ça... Je les considère être comme des
intermédiaires, des muses qui traduisent des informations pour l’humain que
je suis. Lorsque l’on pratique un peu le chamanisme c’est la limite même
entre ce qui existe et ce qui n’existe pas qui s’efface petit à petit.
Quand on pense qu’une pensée est une énergie qui peut être sentie par une
personne à qui elle n’appartient pas et qui peut laisser une trace, alors oui , il
n’y a pas de doute, les esprits existent, mais surtout pas comme les gens
l’imaginent.
Par exemple, il me semble essentiel de dire que je ne parle pas du tout
d’esprits de personnes décédées . Voici ce que je peux dire des esprits avec
lesquels j’ai parlé.. mais cela m’arrive peu souvent, et je ne considère pas les
rencontres que l’on peut faire dans les voyages chamaniques comme étant du
même ordre... même si les images des voyages peuvent illustrer ou traduire
de nombreuses réalités.
«Les esprits dont je parle ne sont pas les esprits des morts.»
Les facteurs de réussite des soins chamaniques
Pour qu’un soin fonctionne, les conditions sont très nombreuses, et cela
quelle que soit la forme du soin. Ce n’est pas parce que les gens s’imaginent
que les soins chamaniques sont en quelque sorte «magiques» qu’ils
échappent à ces conditions.
La définition de la magie pour beaucoup est le fait de ne pas être
soumis aux lois de la nature. Mais rien ne peut être au-delà des lois de la
nature. Il n’est rien qui ne soit régi par les lois du niveau de son
existence.
Le chamanisme n’est pas quelque chose qui échappe aux lois de la
nature. Il est régi par des règles qui ne sont pas - pour le moment - connues
des scientifiques, ou communément admises. Vous devez vous souvenir de
cela, car il n’est pas bon pour vous de vous intéresser au chamanisme dans
l’objectif d’échapper à la vie et à ses lois. C’est absurde. Le chamanisme est
l'exploration de la Vie et de ses lois. Nous autres, êtres humains, en faisons
partie.
Un soin est un acte ou un ensemble d’actes qui aident quelqu’un à aller
mieux, que ce soit physiquement ou moralement. Aucune forme de soin ne
peut marcher à coup sûr. En effet, pour qu’une personne aille mieux,
beaucoup de conditions doivent être réunies.
Bien entendu la guérison doit être possible en accord avec les lois de la
nature. Les morts ne reviennent pas à la vie et les membres coupés ne
repoussent pas, quelle que soit la forme de magie que vous pratiquez. Mais
sur la question de ce qui est possible, on peut se tromper. Par exemple, croire
qu’une personne ne peut pas guérir car sa maladie est considérée incurable.
Lorsqu’une telle personne guérit, on parle de miracle. Cela arrive forcément
de temps en temps, donc les miracles existent. Mais si cela arrive, c’est
évidemment que cela pouvait arriver. On ne le savait pas, c’est tout. Les
conditions pour que ce soit possible ont été réunies à un moment. Cela aurait
très bien pu ne pas arriver. On ne peut pas compter sur les miracles.
Chaque personne est unique, chaque situation est unique. Il est risqué de
parler de généralités. J’évoquerais seulement quelques conditions importantes
qui favorisent la réussite d’un soin, quelle que soit sa nature.
La personne qui reçoit le soin doit y être prête et favorable en son for
intérieur, consciemment ou non. Pour cela, il faut souvent qu’un avenir post-
guérison soit possible et que cet avenir ait un sens. Il faut aussi accepter de
renoncer à sa souffrance. Pour maintes raisons, on peut y être attaché. C’est
ainsi que la vie de la personne dans son ensemble entre en ligne de compte et
influe sur son état de santé : son rapport avec les autres, son entourage, sa
place dans la société, mais aussi ses désirs, ses rêves, ses chagrins, les
blessures du passé, et surtout, le manque d’amour.
La maladie répond à une logique, le chemin de guérison correspond à une
autre logique. La logique de la maladie peut simplement être celle de la fin de
la vie. Car la Vie qui nous fait naître nous mène aussi bien jusqu’à la mort.
Dans les autres cas, il est possible de changer de voie, de logique,
d’histoire de vie. Il y a toujours une cohérence dans le vécu d’une personne
même si elle n’est pas visible par tous. Ce qui manque à celui qui regarde et
ne voit pas, est le recul, la capacité à considérer tous les points de vue, mais
aussi d’une certaine manière l’inverse, l’intimité avec le patient, la capacité à
le connaître, à sentir ce qu’il ressent. Il peut être nécessaire d’accompagner
longtemps une personne pour qu’elle soit prête au changement. Il faut dans
tous les cas lui permettre de retrouver son pouvoir personnel, de reprendre les
rênes de sa vie en main et de changer de direction.
La science et la médecine sont fortes et respectables, mais ont parfois le
défaut de ne pas considérer un problème de façon suffisamment globale, ou
complète. Les caractéristiques de la médecine des chamanes est de ne jamais
séparer une pathologie, même physique, du contexte général de la vie du
patient.
Le sens de la vie, la place que l’on a, l’amour reçu et donné, les croyances
qui sont les nôtres, comptent énormément. Pour une guérison complète, tout
ce qui relève d’un passé qui a laissé des traces doit être réglé. Pour la
guérison d’un problème en particulier, toutes les conditions qui ont participé
à l’apparition du problème, et en sont la cause, doivent être effacées. Sur un
plan chamanique, cela se passe d’abord au niveau énergétique, mais cela ne
sera pas suffisant.
Une chose n’est réellement terminée que lorsqu’elle l’est à tous les
niveaux, y compris concret. Le soin chamanique doit s’accompagner de
changements dans la vie de la personne, de nouveaux choix, voire de
nouvelles expériences.
L’immense majorité des difficultés est liée aux rapports aux autres tels
que nous les avons vécus depuis notre naissance, voire notre conception.
Ainsi, dans les soins chamaniques traditionnels, la présence de la
communauté a une grande importance. Elle favorise la réussite du soin, et
celui-ci prend la forme de longues cérémonies, impliquant de nombreuses
personnes, réunies autour du patient. Les peuples les plus traditionnels
croient en l’interdépendance entre les êtres, entre les membres d’une
communauté, ainsi qu’entre cette communauté et son environnement naturel.
Les chamanes considèrent également que les conflits ou disharmonies
dans la vie de la personne peuvent s’exprimer dans son corps et son
psychisme. Ils peuvent même être perçus sur un plan énergétique, et
modifiés. Ce qui est physique est perçu physiquement , ce qui est à un niveau
d’énergie non physique est perçu à ce niveau, et transformé à ce niveau.
Cependant ces niveaux ne sont pas réellement séparés et s’influencent.
Les soins chamaniques les plus courants agissent au niveau énergétique et ont
des effets à ce niveau , qui pourront se répercuter ensuite sur le plan
physique. Ces plans ne sont pas réellement séparés.
Le changement, quand il a lieu, peut être très rapide. Au niveau de
l’énergie cela peut être instantané. Mais ce qui compte, c’est comment cela va
changer la vie de la personne et comment celle-ci sera capable de gérer ce
changement. De ce fait, il ne suffit pas de réaliser un soin, il faut être apte à
accompagner une personne après le soin et cela pendant des semaines ou des
mois.
Plus le changement est grand, plus l'atterrissage est long. Il faut toujours
prévoir qu’un soin nécessite une intégration dans la vie de la personne à tous
les niveaux. Dans un contexte traditionnel et dans des contrées où l’on vit en
petite communauté, la personne qui a reçu le soin est naturellement suivie,
accompagnée, voire prise en charge par les membres de sa communauté. Il
n’en est rien dans nos pays et l’ignorance à ce sujet est grande.
Pour avoir réalisé de très nombreux soins chamaniques, j’en arrive à
penser qu’il faut être particulièrement précautionneux sur les conditions de
leur réalisation. Mon expérience montre que c’est à la fois plus sain, plus
confortable et plus efficace lorsque les soins sont donnés de façon collective,
avec l’implication et le soutien de tout un groupe, groupe qui devra pouvoir
être encore «présent» suite au soin. J’essaie de créer ces conditions pour mes
élèves par la continuité dans le suivi et les échanges entre participants aux
stages. Mais les élèves ne sont pas vraiment des personnes malades, ce sont
des personnes qui sont dans un état «normal», non pathologique.
«Aucune forme de soin ne peut marcher à coup sûr.»
« La maladie ou la santé, ne concernent pas que le corps du
patient, mais l’ensemble de sa vie, sa relation avec le reste du
monde, et surtout avec lui-même.»
Voyage que j’ai réalisé pour G
Ce voyage comporte beaucoup d’éléments de soins. Cependant gardez à
l’esprit que les soins ont lieu très souvent sans voyage chamanique.
«J'arrive à ma grotte. Il fait beau. Je reste un moment dehors, puis je finis
par entrer. G est là. Je salue le bouddha dans ma grotte et lui demande de
m'aider à soigner G.
Je me demande que faire.
Je demande à l'aigle de me montrer.
Je vois l'aigle arriver devant moi, c'est un aigle royal, il arrive de face, les
ailes déployées.
Je vois G toute nue. L'aigle me montre dans son thorax une plaque de métal
(genre acier).
Je la vois à travers la peau de G. Alors j'ouvre le thorax de G pour mettre à
jour cette plaque, qui se situe au-dessus des organes.
Je veux retirer la plaque mais ce n'est pas facile. Je dois prendre une scie
électrique (à disque). Je scie la plaque en deux, puis encore les deux moitiés
en deux. Cela fait un bruit très réaliste de métal.
Une fois cela fait je retire la plaque par morceaux. Dessous je vois le coeur
et les poumons de G.
Je recouds la plaie, qui est sur toute la longueur du thorax, verticale. Je
recouds avec une aiguille et du fil. Je vois la cicatrice puis elle disparaît.
Ensuite je vais voir dans le ventre de G. Je me retrouve dans son abdomen et
je vois de l'extérieur les intestins. Je vois aussi que ça grouille là et il y a un
grand serpent. Je le regarde bien. Il est blanc ou crème, très clair, et très
grand, comme un anaconda. Je lui parle. Je ne sais pas s'il doit être là ou s'il
est la cause d'un mal. En fait je décide que peu importe, je lui demande d'être
dans notre camp et je marchande avec lui pour que dorénavant il protège ce
lieu. Je monte un peu plus et entre dans l'estomac. Je vois que c'est assez sale
alors je nettoie tout avec de la lumière et de l'eau. Je vide l'estomac et je
répare les petits trous dans les parois avec un genre de plâtre. J'envoie
ensuite un grand jet d'eau, comme un kärcher, qui va nettoyer non seulement
l'estomac mais tout le tube digestif jusqu'en bas.
Je sors du ventre de G puis je vais vers sa tête. J'entre à la base du crâne. Je
regarde dans la tête et cela a l'air d'aller. Je descends donc dans le cou le
long de la colonne. J'entre dans la colonne et je vois des sortes de tuyaux,
canaux, lumineux , comme des câbles. Je les suis et je vois que par endroit ils
sont endommagés. Alors j'appelle l'araignée pour qu'elle répare tout le
circuit. Ensuite je regarde le résultat et je vois que tout va bien jusqu'en bas.
Je vais maintenant plonger dans le coeur de G.
Je suis dans un décor bizarre et assez lugubre qui me fait penser à de la
science fiction.
Je suis dans un tunnel dont la forme est plus ou moins hexagonale, comme
découpé par l'homme, les parois sont grises mais pas uniformes, ce n'est pas
du ciment mais une matière inconnue. Il y a aussi des sortes de poutres qui
renforcent le tunnel. J'arrive devant une porte dans le même style : Grande,
très grande, grise, comme blindée. Je l'ouvre facilement en fait. Je passe la
porte et j'arrive dans un lieu toujours style «science fiction». Tout est gris
comme dans ces vaisseaux spatiaux dans les films. Il y a des personnages
prisonniers dans des cages et je les libère, j'ouvre toutes les portes. Au début
ces personnages me font penser à des personnages de film qui seraient en
hibernation.
Bref, je les délivre et ils sortent, passent la grande porte.
Je me dis que cette porte est maintenant inutile et je la transforme. Il y a
toujours une porte, mais une jolie porte en bois, grande, et le décor devient
beaucoup plus sympa. La porte n'est pas fermée.
Je vois arriver un cheval sauvage, brun.
Je monte sur son dos et je pars avec lui. Je me retrouve dans la campagne. Je
vois des champs et des vaches, un arbre. Je vois une petite fille maigrichonne
et mal habillée, un peu sale. Je me dis que c'est G. Elle a l'air triste et
apeurée. Je lui dis de venir avec moi, que je vais m'occuper d'elle.
Je l'emmène avec moi sur le dos du cheval jusque dans la salle du coeur de
G. Ensuite je repars avec le cheval et cette fois nous sommes dans une forêt
triste.
Il fait froid. Dans cette forêt je trouve une jeune femme qui est allongée sur
une table et attachée (pieds et mains), les jambes et les bras écartés. La jeune
femme est très pâle et maigre, elle a peur.
Je la délivre et je l'emmène avec moi sur le cheval et jusque dans le coeur
de G.
Ensuite je me retrouve dans ma grotte avec G et le cheval, la petite fille, et la
jeune femme.
Je me dis qu'il faut qu'on s'occupe d'elles car elles n’ont vraiment pas l'air
bien.
Je commence par la petite fille. Je l'emmène devant le bouddha de ma grotte.
Il lui envoie de la lumière qui lui fait du bien. J'ai aussi de la pommade pour
elle et je lui en mets sur le corps, surtout sur le ventre. Puis c'est au tour de la
jeune femme. Nous la lavons, le bouddha lui envoie sa lumière. Il y a des
indiens avec moi dans la grotte et nous lui mettons une belle robe d'indienne.
Après cela, je prends ces personnes (parties de G) en moi et je les souffle en
G, dans son coeur, d'abord la petite fille puis la jeune femme. Je prends
ensuite le cheval dans mes mains (il se rapetisse) et je le mets aussi dans le
coeur de G. Je scelle avec le hochet.
Je plonge dans le ventre de G au niveau du plexus solaire (estomac). Je me
retrouve dans un marécage puant et sale. Je vois un crocodile. Je lui parle.
Je décide de changer le décor : Je nettoie tout ça et cela devient très
différent. Il y a encore de l'eau, une rivière, mais cela ressemble à un
paysage de pays chaud, il y a beaucoup de soleil et l'eau est propre. Le
crocodile est toujours là.
Il veille sans doute sur cet endroit, lié aux émotions de G. Je plonge dans
l'eau avec lui.
Nous nageons dans la rivière, puis nous sommes en profondeur. Je passe
sous un caillou et je nage maintenant dans une sorte de petit tunnel sombre.
Je fais surface dans un autre décor, également dans une rivière. Je suis
toujours dans l'eau et au bord de l'eau je vois une belle femme habillée en
blanc. Il y a aussi une statuette d'environ 35 cm posée en évidence sur un
socle rocheux. Elle est en or ou dorée. Je demande si cette statue est pour G.
La réponse est oui. Alors je la prends. Je repars à l'envers dans l'eau et
ressors avec le crocodile. Ensuite je me retrouve dans ma grotte avec G.
Je lui mets cette statue dans le plexus solaire : je la prends en moi (c'est
joyeux) et puis je la souffle dans le plexus de G (dans la réalité et dans le
voyage). Je scelle avec le hochet.
Ensuite les indiens et moi lavons G de l'intérieur, c'est à dire que nous
faisons couler de l'eau sur sa tête et que cette eau passe à travers son corps
et sort par l'autre bout.
Ensuite les indiens préparent une mixture pour G.
Ils préparent des plantes mélangées qu'ils broient.
Ensuite je donne ce breuvage à G qui le boit.
Cela doit servir à l'aider à intégrer ce que j'ai fait.
Je regarde G, elle se met à pleurer.
Je sais que c'est fini pour aujourd'hui, mais je veux lui faire un cadeau pour
aider.
Alors je demande au bouddha et il met dans ma main une fleur de lotus qui
émet de la lumière. Je mets cette fleur dans le coeur de G. Je vois la fleur qui
émet de la lumière dans son coeur et même un petit bouddha.
C'est tout pour aujourd'hui.
FIN»
Quatrième partie : Le chamanisme en occident
Différencier cultures et essence du chamanisme
La façon dont on aborde et pratique le chamanisme en occident est très
éloignée de ce qui se passe dans les pays où des pratiques chamaniques font
partie d’une tradition bien vivante.
L’essence du problème repose dans le fait que la plupart des gens dans les
pays occidentaux pensent que le chamanisme appartient à ces peuples et
essaient de les imiter. Ils s’émerveillent devant ce qui est fait ailleurs au lieu
de découvrir ce qui appartient à tous. Le chamanisme est considéré comme
une affaire de cultures, et non comme une affaire d’humanité. Dans ce
domaine du chamanisme, l’occident s’est montré incapable de percevoir
l’essence au-delà des apparences. Peut-être que cela évite de se poser
quelques questions, et de vraiment regarder les implications profondes des
pratiques chamaniques.
Jouer aux indiens n’est pas changer. C’est se déguiser, ou au mieux
devenir un savant en matière de cultures exotiques. Un chamane dans les
Andes n’essaie pas d’imiter un chamane de Sibérie. Leurs pratiques ne
seraient pas forcément compatibles, tout comme leurs croyances ne le sont
pas. Il ne se pose pas de questions sur ce qu’il fait, cela fait partie intégrante
de son univers depuis qu’il est enfant. Son chamanisme est le résultat de ce
qu’il croit. La perception du monde qui est la sienne, n’a pas à être la nôtre.
On pourrait considérer que l’engouement pour les cultures de ces peuples,
est comme un mur qui nous sépare de la réalité, et de l’essence du
chamanisme. Pour le moins, cela crée des malentendus et des tromperies.
La quasi totalité de ce qui est proposé en occident l’est par des personnes
qui sont en quelque sorte des importateurs de pratiques chamaniques, ou qui
ont appris avec des importateurs.
Dans la majorité des cas, ce qui est transmis n’appartient pas à celui qui
enseigne, ne provient ni de son expérience propre, ni de la tradition de sa
nation. L’enseignant n’a aucune réalisation de la connaissance liée à ce qu’il
propose. Il ne l’a pas découvert par lui-même. Il ne fait que répéter ce qu’on
lui a dit et montré.
Etant donné le succès que connaissent les cultures amérindiennes depuis
plusieurs décennies, la plupart des pratiques viennent d’Amérique. Les
personnes qui proposent ces activités sont plus ou moins sérieuses, plus ou
moins honnêtes, plus ou moins «illuminées».
Une moitié de ces personnes environ est constituée d’énergumènes -
portant parfois des plumes - qui sont complètement investis dans un système
de croyances spirituelles inspiré des indiens. On vous offre un ensemble
gratiné de croyances, de peurs, de superstitions, de rituels venus d’ailleurs,
voire de plusieurs traditions mélangées. Je vous conseille d’éviter ce genre de
personnes.
La seconde moitié de ce qui est proposé est l’oeuvre de personnes qui ont
suivi des stages, appris des outils et les transmettent à l’occidentale, mais
sans réelle compréhension de la façon dont tout cela fonctionne. C’est une
version presque aseptisée du chamanisme, répétitive et foncièrement limitée.
Il s’agit d’apprendre une technique, de l’appliquer, puis de transmettre ces
bases à d’autres personnes. Les pratiques chamaniques, les outils qui d’après
eux constituent le chamanisme, sont très souvent appris, utilisés et transmis,
parmi d’autres outils, qui ont d’autres origines.
Vers qui se tourner ?
Si vous voulez vous pencher sur le chamanisme, travailler sur vous, et
encore plus si vous demandez de l’aide parce que vous allez mal, voici à
mon avis ce qui devrait vous guider dans votre choix :
• L’aspect sérieux de la personne, et de sa façon de travailler.
• Le fait qu’elle ait un discours modéré, qu’elle ait les pieds sur terre, et
qu’elle ne se déguise pas.
• Il n’y a pas de curriculum vitae type qui caractérise une personne qui
fera l’affaire.. Je dirais même que mettre en avant son curriculum n’est
pas forcément bon signe.
• Le fait qu’elle ne vous donne pas un rendez-vous ou ne vous inscrive
pas à un stage trop facilement.. Toute personne compétente est prudente
et consciente que l’on ne peut travailler avec tout le monde.
• Elle prend le temps de vérifier pourquoi vous venez, vos motivations,
vos attentes, et vous interroge sur votre vécu et votre parcours préalable.
• Elle assure un suivi.
• Elle ne vous inonde pas de ses croyances.
• Elle ne fait pas étalage de ses pouvoirs.
• Elle ne vous fait aucune promesse.
• Elle n’accumule pas une longue liste de techniques .

Différencier compétence, savoir et outils
J’ai remarqué que beaucoup de gens apprennent autant de techniques
qu’ils le peuvent, puis les mélangent, les assemblent, parfois en les modifiant.
Je suis très souvent contactée par des thérapeutes qui veulent acquérir des
outils chamaniques pour leur boîte à outils. Ils désirent les ajouter à l’éventail
de soins et pratiques qu’ils proposent déjà à leurs clients. Cette demande m’a
toujours parue inappropriée. Ces personnes pensent qu’acquérir des outils
supplémentaires les rendra plus efficaces. Je pense que ce n’est pas du tout le
cas.
Ce n’est pas parce que vous connaitrez plus de techniques que vous serez
plus compétent. N’importe qui peut apprendre des techniques. Il suffit
souvent d’avoir du temps et un compte en banque bien garni. L’accumulation
de méthodes diverses est souvent le signe que quelque chose n’est pas
compris, ou pas maîtrisé. Certes , il est bon d’avoir quelques outils à
disposition. Mais toute personne qui transmet un outil devrait le comprendre,
voire être capable de l’inventer elle-même. Il en est de même pour celles qui
les utilisent, si cela dépasse le cadre de leur propre travail sur elle-même.
Utiliser quelque chose sans le comprendre, sur les autres, et avec l’autorité
que peut représenter le titre que l’on se donne, ne me parait pas dénué de
risque.
Attention : par comprendre je n’entends pas du tout être capable de
produire une explication sur la technique. Par exemple : dire que l’énergie
entre par le chakra coronal et sort par les mains est une histoire que certains
racontent en Reïki occidental, qui ne relève d’aucune compréhension réelle
du Reïki, mais qui satisfait la plupart des gens. Raconter cela n’est pas
comprendre c’est même plutôt le signe que l’on ne comprend pas.
Il me semble que la plus grande erreur qui soit faite en occident est de
croire que l’on peut simplement apprendre des outils chamaniques pour
obtenir tel ou tel effet.
La seconde est de croire que c’est cela, le chamanisme.
Un acte chamanique est une question de conscience. En matière de
chamanisme, ce n’est pas ce qu’on fait qui compte, mais ce qu’on est.
Aucune des activités que j’ai décrites dans le chapitre précédent ne peut faire
de vous un chamane. L’intimité avec la vie, la capacité à percevoir, toucher,
et transformer ce qui ne va pas chez une personne pour l’aider, l’amour qui
abolit toute séparation, toute distance entre le chamane et son patient, et
permet la transformation, ne peuvent s’apprendre ou s’imiter. C’est toujours
le résultat d’un cheminement personnel, qui commence par un grand
nettoyage, beaucoup plus profond et complet que ce que les gens imaginent.
Aller chez un psy et parler ne suffit pas. Avoir l’impression d’avoir réglé
quelques problèmes ne suffit pas. Si vous avez l’impression d’être la même
personne en mieux c’est que vous n’avez pas parcouru ce chemin.
Dans la plupart des cas, les gens qui enseignent, diplômés ou non, voire
qui se disent thérapeutes, ont à peine commencé un réel travail de
développement personnel. Ils en sont souvent resté à une exploration mentale
de leurs problématiques, qui ne peut suffire. Certains n’ont même rien
commencé en matière de développement personnel, croyant que l’acquisition
d’outil était le développement personnel.
Personne ne trouve rien à y redire. Il est estimé normal de dissocier
totalement la capacité à aider l’autre et son propre état de santé, son propre
équilibre, sa propre aptitude au bonheur. Dans la mesure où l’occident
considère que ce qui compte c’est le savoir accumulé, n’importe qui peut
acquérir ce savoir par les études, les stages et les formations, puis prétendre
aider les autres.
Si cela peut fonctionner pour la médecine (et encore), cela ne fonctionne
pas pour le chamanisme. C’est même l’une des principales différences entre
une approche chamanique et une approche classique fondée sur le savoir. Ce
qui compte c’est l’état de conscience du chamane, et cet état de conscience
dépend totalement du travail qu’il a réalisé sur lui-même.
Si vous acquérez des outils , utilisez-les assidûment sur vous avant de
prétendre aider qui que ce soit. Ce n’est pas parce que vous avez acquis des
outils que vous êtes compétent pour les utiliser sur les autres. Et ce n’est pas
parce que vous utilisez quelques outils dits chamaniques que vous êtes
chamane.
Le chamane n’a pas besoin d’apprendre des techniques, car il peut en
inventer de nouvelles à tout moment, en fonction de la situation. Si les
pratiques chamaniques se ressemblent tant de par le monde, ce n’est pas
parce que les chamanes se les sont transmises par pigeon voyageur, ou dans
les rêves, mais parce qu’elles correspondent à des capacités naturelles de
l’être humain. Ces aptitudes n’ont pas de rapport réel avec le savoir.
Mon expérience personnelle :
Ce que j’ai pu pratiquer, expérimenter, ne vient de personne, pas plus
d’un occidental que d’un indien ou d’un sibérien. Les mots que j’emploie
dans ce livre et qui ressemblent à ceux employés par tous, sont des mots que
j’ai collés sur des expériences que j’avais déjà. Un exemple : lorsque j’ai
entendu parler de recouvrement d’âme, j’avais déjà pratiqué ce genre de
choses, spontanément, plusieurs fois. La première fois, c’était dans un voyage
chamanique. Je n’avais aucune idée que je ferais cela avant de commencer le
voyage, je ne savais même pas que cela était possible et je n’en avais jamais
entendu parler. Dans le voyage, j’ai été confrontée à une situation nouvelle, et
comme c’est le cas la plupart du temps, j’ai dû improviser. Je n’ai appelé cela
«recouvrement d’âme» qu’après avoir entendu quelque chose à ce sujet, bien
plus tard. Je n’ai donc jamais appris à faire un recouvrement d’âme : je l’ai
fait spontanément lorsque j’en ai eu besoin.
Il en va de même pour beaucoup de choses que j’ai pu faire. Je les ai
découvertes sur le moment. Ensuite, il m’est arrivé de les nommer en
employant des termes existants, mais la plupart du temps je ne les nomme
pas. Donner un nom aux choses n’est utile que lorsque l’on veut enfermer
une expérience dans un tiroir et la transmettre telle quelle à une autre
personne.
Jamais je ne ferai cela dans l’enseignement : je peux aiguiller mes élèves,
leur parler de ce que je ressens, mais surtout j’essaie de les laisser sentir et
découvrir ce qu’ils sont capables de faire... sous ma supervision.
A mon sens, lorsqu’on est apte à faire quelque chose, on le découvre
naturellement au moment où on en a besoin. Ainsi, je continue à découvrir
toujours de nouvelles choses, chaque découverte arrivant en fonction des
circonstances et nécessités du moment, mais aussi en fonction de mes
aptitudes. Cette découverte n’a sans doute pas de fin. En tout cas, il me
semble que la Vie est infinie. Le chamanisme en est l’exploration. Tous les
chamanes de la Terre explorent la même nature humaine, le même monde, la
même énergie.
Je pense qu’il est tout à fait inutile d’essayer de ramener des pratiques
chamaniques à des peuples qui les ont perdues, car tout est accessible et peut
être redécouvert. La définition du chamanisme implique que tout soit
accessible. Si cela ne vient pas de façon spontanée, alors on peut recevoir des
indications de la part de ce que les chamanes appellent «esprits». Cela m’est
arrivé également. Mais il n’en reste pas moins que ces indications ne sont
utiles que si nous avons déjà la capacité à réaliser ces choses.
De fait, les seules choses que l’on peut apprendre à faire sans travailler
sur soi, sont des pratiques de débutants , avec un risque non négligeable
d’interprétation erronée et de projections.
Avec mes élèves, je ne donne aucune théorie ni mode d’emploi des
pratiques hormis des règles déontologiques très strictes. Dans les groupes, les
élèves se trouvent en position de faire ou non certaines choses , en fonction
de leur expérience et surtout du travail qu’ils ont réalisé sur eux-mêmes. Plus
ils se sont débarrassés de leurs croyances, se sont nettoyés et ont récupéré
leur pouvoir personnel, plus ils sont capables de participer. Soit ils sont
capables, alors ils perçoivent et peuvent transformer, soit ils ne le sont pas.
Parfois ils peuvent percevoir mais pas transformer, encore. On ne peut pas
faire semblant. En stage, je leur donne parfois des pistes, qu’ils arrivent à
suivre ou non. Il ne s’agit pas d’apprendre des techniques, il s’agit d’ouvrir
des portes qui ne répondent qu’au sésame de la conscience. Ils rencontrent
continuellement leurs limites.
Concernant le chamanisme; on ne peut pas apprendre à quelqu’un à faire
ce qu’il n’est pas capable de faire car sa conscience n’est pas assez large. On
peut uniquement guider les gens pour qu’ils travaillent sur eux et se
débarrassent de ce qui les restreint. Aucun savoir ne peut réaliser cela.
« Acquérir des outils supplémentaires ne vous rend pas plus efficace.»

«Si les pratiques chamaniques se ressemblent tant de par le monde, c’est

parce qu’elles correspond ent à des capacités naturelles de


l’être humain.»

« On ne peut pas apprendre à quelqu’un à faire ce qu’il n’est pas capable de


faire car sa conscience n’est pas assez large.»
Se méfier de l’adhésion à d’autres systèmes de croyances.
Si je prends la peine de dire tout cela c’est parce que j’ai pu constater de
réels problèmes. L’adhésion à des systèmes de croyances exotiques crée des
complications. Les personnes qui les partagent n’en sont pas conscientes.
Je vois deux risques principaux à l’adhésion à un nouveau système de
croyances:
1 - S’ajouter des peurs, des culpabilités, mais aussi des idéaux ,qui nous
encombrent, nous font souffrir, voire nous anéantissent.
2 - Arriver à une incohérence entre toutes les croyances que l’on essaie de
mêler.
Définition de système de croyances :
Un système de croyances est un ensemble de croyances qui a l’apparence
de la cohérence. Cela peut être l’ensemble des croyances d’une tribu ou d’une
personne, une religion, une tradition.
Vous avez déjà votre système de croyances personnel, qui implique son
lot de peurs, de doutes, d’idéaux, de buts à atteindre et qui filtre la réalité à
chaque instant. C’est un lourd fardeau à porter. Adhérer à des croyances
supplémentaires vous rajoute des peurs, des doutes, des idéaux, des buts à
atteindre, des choses à ne pas faire ... des filtres supplémentaires. Aucun
système de croyances, aucune tradition n’est dénuée de peurs, d’idéaux à
atteindre, de dangers.
Ce n’est pas valable que pour le chamanisme, mais pour toute adhésion à
un nouveau système de croyances. C’est la même chose lorsque vous décidez
d’apprendre l’astrologie chinoise, ou lorsque vous devenez bouddhiste.
Vous pouvez adhérer à des croyances sur l’énergie ou la nourriture dans
le but de préserver votre santé ou de progresser spirituellement. Ce faisant,
vous adopterez des peurs, vous limiterez de plus en plus votre liberté, vous
vous sentirez coupable quand vous ne respecterez pas les règles et vous vous
éloignerez de plus en plus d’une image de vous-même satisfaisante. Ce ne
sont pas les signes de progrès spirituels, au contraire.
Vous pouvez vouloir aller dans un centre bouddhiste pour trouver la paix
intérieure ou un enseignement sérieux de la pratique de la méditation. Mais
voulez-vous aussi croire que vous devez purifier toutes sortes de crimes que
vous auriez commis dans une autre vie ? Voulez-vous avoir peur de renaître
dans les enfers chauds ou en tant que poulet de batterie ? Votre bagage de
peurs et de culpabilité n’est-il pas suffisant ? Il est tout à fait possible de vous
libérez de ce que vous vous reprochez dans cette vie, sans passer par ce
chemin de croix.
Il est intéressant de noter que même des personnes qui n’ont pas adhéré au
système de croyances de la religion dominante de leur pays, sont prêtes à
adhérer à tout un tas d’histoires ésotériques, surtout quand elles viennent
d’ailleurs. Au fond, tout le monde, ou la plupart au moins, a besoin de se
rassurer par des repères, et des réponses à ses questions existentielles.
Le sentiment de ne pas savoir où on va dans la vie, pourquoi on est là, est
un mal qui ronge de nombreuses personnes. Je comprends très bien cette
recherche. Il est bon de pouvoir se raccrocher aux pouvoirs d’une instance
supérieure, et de se sentir sur une voie bien balisée plutôt que perdu et seul au
monde.
Les systèmes de croyances ont donc des avantages : ils peuvent rassurer et
aider à avancer. Mais ils portent aussi un ensemble de limitations, et
d’incohérences.
Lorsque l’on adopte un nouveau système de croyance, celui-ci s’ajoute à
notre ancien système et cela peut mener à des incompatibilités. Certaines
personnes sont tellement attirées par la spiritualité et l’ésotérisme qu’elles
lisent, lisent encore, et puis suivent de nombreux stages, ayant trait à
différentes méthodes et différentes traditions. Il arrive un moment où tout
cela n’est plus compatible. Ce qui caractérise un système de croyances c’est
qu’il n’est pas la vérité, mais seulement une perception de la réalité, plus ou
moins déformée. Les gens dans le monde croient des choses très différentes à
propos des mêmes sujets. Ce qui peut vous montrer que ce que vous croyez
est bien une croyance et non la réalité, c’est que votre voisin croit l’inverse
ou autre chose mais est tout aussi convaincu que vous.
Les systèmes de croyances ne sont pas compatibles, ce sont des systèmes
cohérents (ou pas) à l’intérieur de leurs propres limites uniquement.
Exemple :
Les chakras existent-ils ? Et s’ils existent doit-on croire la description
qu’en donnent les bouddhistes ou celle des hindous (qui sont différentes) ?
Doit-on plutôt croire dans les 3 ceintures d’énergie proposées par le système
des indiens dans les Andes ? Mon avis est que votre choix importe peu,
chacun entrainera des règles, des peurs, des comportements, et il ne serait pas
juste de dire que l’un est meilleur que l’autre, car dans la réalité, ils
fonctionnent pour tous ceux qui y croient.. En revanche, il est impossible de
vraiment les rendre compatibles.
La cohérence apparente de l’image du monde que nous construisons n’est
qu’un paquet mal ficelé, qui ne survit pas à un examen minutieux. Mais plus
vous adoptez de cultures, plus vous compliquez les choses. Le quotidien peut
même devenir tout à fait invivable.
Si on veut avoir un minimum d’esprit scientifique, on doit admettre que
ce que nous savons sur le monde est un savoir construit, et remettre en
question continuellement cette construction. Faites attention à ce que votre
besoin de compréhension ne vous mène pas à la plus grande confusion
mentale.
Une logique de consommation
Lorsque l’on vous propose un stage de chamanisme, très généralement on
ne vous demande rien et on vous accepte de façon systématique. C’est donc
une question d’argent uniquement. Une personne qui a une pathologie
mentale grave peut-elle s’inscrire ? Je le crains : je l’ai déjà vu.
Une bonne partie des personnes qui souhaitent participer à ces séminaires
pensent qu’il s’agit d’acheter un service ou des outils, et se comportent en
consommateurs. Pour choisir leur stage, elles comparent les prix, et si
possible, vont au plus près de chez elles. Il faut surtout éviter d’avoir à
choisir entre un week-end de chamanisme, un spectacle sur Paris, ou un
séjour au ski. Il n’y a pas beaucoup de conscience de ce qu’est réellement le
chamanisme et les clients sont tout aussi responsables des problèmes que les
vendeurs.
Lorsqu’ils me contactent, certains peuvent trouver que l’accès à mes
stages n’est pas assez facile. Je n’accepte pas tout le monde. J’essaie
d’accepter en stage des personnes qui y seront à leur place, qui sont un peu
conscientes de ce dont il s’agit , et qui y trouveront ce qu’elles cherchent, ou
plus. Je le fais pour le bien de tout le monde : de la personne demandeuse
(qui vivrait mal le stage car il ne correspond pas à ce qu’elle recherche ou à
ses besoins), des autres stagiaires (il est de mon devoir de créer les meilleures
conditions possibles pour tous les élèves), et de moi-même.
Lorsque je refuse de travailler avec une personne, j’explique gentiment et
poliment les raisons de ce refus. Il m’arrive pourtant de recevoir en retour des
insultes et toutes sortes de jugements négatifs.
Le chamanisme étant présenté parmi d’autres produits de consommation,
chacun estime avoir droit à y accéder s’il en a les moyens financiers. Chacun
a le droit de nourrir son rêve d’exotisme ou de spiritualité, même si c’est
d’une façon totalement contraire à ce qu’il prétend rechercher.
Un exemple :
Une personne me contacte en me félicitant du sérieux de mon site,
m’explique combien tout ce que j’ai écrit lui parle et correspond à ce qu’elle
recherche. Ensuite, elle me demande si je ne peux pas lui conseiller
quelqu’un d’autre, plus près de chez elle. Encore mieux : elle me demande si
je ne peux pas lui fournir l’enseignement à distance.
N’est-ce pas étonnant ?
Certains pensent que je dois manquer totalement d’amour car je
n’accueille pas tout le monde dans les stages que j’anime. Pourtant là n’est
vraiment pas la question, et l’amour sait parfaitement dire «non» lorsqu’une
demande n’est pas adaptée, quelle qu’en soit la raison. Aimer n’est pas dire
«oui» à tout, ou faire n’importe quoi. C’est aussi de l’amour que de se
préoccuper de créer de bonnes conditions pour les stagiaires et de ne pas
accepter une personne qui ne serait pas à sa place en stage.
Un cheminement qui mène à la connaissance, nécessite de la motivation,
l’ouverture d’esprit, de la persévérance, du courage, mais surtout la sincérité
du coeur. Ce n’est pas le genre de choses que l’on case sur son agenda
comme une sortie à la montagne ou un atelier de tricot. Si ce chemin n’est pas
suffisamment important pour vous pour en faire une priorité, vous ne pourrez
pas le parcourir. Les stages de chamanisme «sérieux» devraient être
considérés avant tout comme du développement personnel, qui nécessite un
enseignant très compétent. Toute personne qui enseigne doit se faire payer, et
la relation de clientèle existera forcément, mais si elle n’est pas doublée
d’une véritable relation enseignant / élève, il ne s’agit pas d’enseignement, et
si elle ne repose pas sur une relation spirituelle, d’être à être, ce n’est pas un
enseignement spirituel. Je suis tout à fait consciente que ces propos
pourraient justifier les dérives de certains gourous.
Je vous incite à la plus grande prudence dans vos choix, encore une fois.
Evidemment, je ne vous promets pas qu’en trois jours ou trois mois vous
serez «arrivé», ni que vous deviendrez chamane : je ne vous ferai pas croire à
de telles illusions. Ce n’est pas parce qu’on parle de spiritualité qu’il faut
oublier le bon sens et perdre tout sens des réalités. Soyons clair : un
cheminement spirituel dure des années ou toute la vie.
« En chamanisme, ce n’est pas ce qu’on fait qui compte ; c’est ce
qu’on est.»
Un mot sur la proximité avec la nature:
Est-ce que vous croyez que le stage sera plus chamanique si vous dormez
dehors ? Je ne partage pas cet avis, même si j’aime dormir dehors de temps
en temps. La proximité de la nature est agréable et bénéfique, mais n’est ni
suffisante ni obligatoire pour rendre une pratique chamanique.
Le chamanisme est naturel, mais ne dépend pas de l’endroit où on dort. Il
est naturel dans le sens qu’il fait partie de la nature humaine. Il concerne la
nature et tout ce qui fait partie de la Vie. La proximité de la nature peut vous
aider (ou non) à être plus présent, mais sans un enseignement de qualité, cela
ne suffira pas. La plupart du temps cette proximité est malheureusement
l’occasion de vous transmettre de nombreuses croyances provenant d’autres
cultures. Au lieu de vous libérer, ces croyances s’ajouteront à celles que vous
avez déjà.
Sous prétexte de respect de la nature, et parce que vous croyez que vous
ne pouvez rien prendre sans donner, vous ne pourrez jamais plus ramasser le
moindre caillou sans offrir de votre salive, ou bien, encore mieux, une
offrande de tabac que vous aurez grand soin d’emporter avec vous en tout
lieu.
Il vous faudra peut-être, si vous n’êtes pas fumeur, acheter du tabac pour
la première fois de votre vie. Plus jamais vous ne pourrez profiter du plaisir
que vous aviez à cueillir des fleurs dans les prés, quand vous étiez enfant.
Tout risque de devenir inutilement compliqué.
Mon intention n’est pas de me moquer. Je comprends parfaitement que
l’on puisse adhérer à ce type de croyance. Tout ce qui renforce notre
conscience de faire partie de la nature, alors que pour la plupart nous avons
été élevés sans en apprendre rien, est forcément bénéfique. Mais ces
croyances ne sont que des croyances, ces coutumes ne sont que des
coutumes, et elles appartiennent à d’autres peuples, avec une autre histoire, et
dans un autre contexte. Nous n’avons aucune raison réelle de nous les
imposer.
Je suis à peu près certaine que vous ne souhaiteriez pas adopter vraiment
l’ensemble des croyances de ces peuples. Et même si c’était le cas, vous vous
rendriez vite compte que le monde que vous imaginez n’existe pas et n’a
probablement jamais existé.
Le chamanisme tel que je le conçois n’est pas vivre tout nu dans la nature,
marcher pieds nus dans la forêt, se priver d’électricité, d’eau courante, ni
même devoir forcément faire pousser ses légumes dans son jardin. Je ne
critique pas ces choix, ils appartiennent à ceux qui les font. Ce sont des
expériences aussi valables que d’autres.
Mais le chamanisme est plus profond que cela. Il n’ a rien à voir avec
l’endroit où vous vivez. Si vous êtes bien à la ville ou à la campagne, capable
de profiter de chaque instant, sans être encombré de croyances et de peurs, si
vous pouvez voir un oiseau ou une étoile, sans chercher à décrypter un signe,
vous êtes plus proche du but que beaucoup de personnes qui se croient
spirituelles.
«Le chamanisme est naturel dans le sens qu ’il fait
partie de la nature humaine.»
Voyage chamanique pour M
J'arrive devant ma grotte difficilement (M s'est mis à ronfler dès qu'il a été
couché). Je me tourne dans l'autre sens, pour moins entendre.
Je suis devant ma grotte, M n'est pas là. Mais un indien arrive. C'est un
indien que je ne connais pas. Il est très basané, grand et assez jeune (30/40
ans). Il me dit de suite : « alors c'est pas facile! ». Je réponds « non pas
tellement ».
Nous nous asseyons tous les deux devant ma grotte, adossés à la paroi.
L'indien me montre l'arbre qui est en face de nous, devant ma grotte. Il me dit
qu'il faut enraciner M, comme cet arbre, qui a de belles racines. Je lui dis
« oui mais où est-il ? ». Je m'envole pour chercher M, qui visiblement devra
être trouvé dans le ciel. Je vole au dessus des nuages un moment en l’
appelant.
Je le trouve sur un nuage . Je lui dis qu'il doit venir avec moi sur la terre
ferme. Mais je me rends vite compte qu'il n'a pas envie de descendre et qu'il
a peur. Pendant un moment j'essaie de l'inciter à sauter et voler avec moi,
sans succès. Je sens bien sa peur, mais le fait de lui expliquer qu'il ne craint
rien ne suffit pas pour lui donner envie de venir. Alors j'ai l'idée de lui
donner un parachute. Je place le sac à dos contenant le parachute sur ses
épaules. Et puis ça marche. On saute et on vole dans le ciel au-dessus des
nuages. Je lui tiens la main. Nous atterrissons tous les deux devant ma grotte.
J'ai toujours dans l'idée de le planter comme un arbre, l'enraciner. Dès que
nous sommes sur terre, je lui demande dans quel jardin il veut pousser.
Je veux le laisser choisir, l'idée me vient de lui en montrer plein.
Il semble me mener dans un premier paysage qui ne me plaît pas trop, car
même s'il y a des arbres fruitiers en fleurs, et si c'est un paysage campagnard
assez charmant, le ciel est sombre et l'orage menace. Je l'emmène ailleurs, à
un meilleur endroit.
Nous arrivons immédiatement dans un superbe petit village, très ensoleillé. Il
y a de petites maisons en brique, et un marché avec des fruits, des légumes,
des enfants qui rient, des animaux. C'est très vivant et joyeux. C'est super, ce
qu'il faut à M. Je lui demande si ça lui plaît et il me répond oui. Nous sortons
du village et grimpons sur une colline où il y a des arbres en fleurs et en
fruits (les deux ensemble, cela me fait penser à l'abondance). La colline
surplombe le marché et au loin on dirait qu'il y a la mer. Nous sommes dans
un pays au climat très agréable. Cela semble plaire à M. Je lui dis que je vais
le planter ici ; mais qu'il ne s'inquiète pas, il ne va pas se transformer en
arbre, il pourra toujours bouger. Je regarde ses pieds et je forme des sortes
de racine en lumière dorée qui partent de ses pieds. J'étire ces racines dorées
dans la terre. Je plonge dans la terre et j'emmène ces racines loin vers le
centre de la terre. C'est un peu difficile d'y parvenir. Mais je finis par
rejoindre le magma et je demande à la terre d'accueillir M.
Sur le chemin du retour en remontant je me dis qu'il va falloir que cela reste
ainsi et j'ai un doute, alors je demande de l'aide. Je vois un petit être de la
terre, et je lui demande de surveiller ce lien. Il est d'accord. Je lui donne
quelques pièces d'or en échange.
Je remonte à la surface où je retrouve M.
Nous nous asseyons sous un arbre et nous contemplons le paysage. Puis je
plonge dans sa tête. Je me retrouve dans une pièce sombre. Je mets de la
lumière. En fait c'est comme une petite grotte bizarre. Les parois ne sont pas
du tout régulières, il y a plein de bosses. La couleur des parois est claire.
Je me demande où je suis. Je vois arriver un petit personnage que je perçois
comme féminin et au départ qui me fait penser à une araignée. Mais ce n'est
pas une araignée. Cela a vaguement un air humain, mais avec comme des
ailes dans le dos, et c'est de couleur bleutée, mesurant environ un mètre. Je
me dis que cette petite bonne femme qui n'en est pas une ne doit pas rester là.
Je la fais partir, en l'emmenant en dehors du corps de M et je la pose dans le
paysage.
Ensuite j'emmène M dans ma grotte (enfin). L'indien est là aussi. M ronfle
encore. Je me dis qu'à chaque fois que je fais quelque chose d'un peu intense,
il s'endort, qu'il soit couché ou assis (une forme de fuite, d'absence ?).
L'indien me demande si je veux faire plus pour lui. Je réponds : « oui,
évidemment ». Je comprends que je dois donner quelque chose de moi. Mais
pas de la lumière c'est déjà fait. Avec un couteau, je découpe une tranche de
chair (comme un petit quartier de pomme) sur mon bras gauche. Je donne ce
morceau de chair à M pour qu'il le mange.
Il se met à pleurer mais pas des larmes normales : ce sont des larmes de
sang. Ensuite il me semble que cela coule aussi par d'autres endroits un peu
partout sur son corps.
J'ai l'idée de lui donner un animal, un animal de pouvoir. Tout de suite je
sais que ce sera un oiseau et j'attends que l'oiseau arrive. C'est un oiseau-
mouche qui se présente. Il a un très long bec, il est tout petit et vole en
battant très très vite des ailes.
Ça m'a l'air très bien. Je prends l'oiseau dans mes mains. Je demande à M
de s'allonger. Je mets l'oiseau dans son coeur et je souffle dedans pour qu'il
ne sorte pas. Je scelle avec le hochet. Je fais cela dans la réalité ordinaire
aussi.
Ensuite je vois M se transformer en oiseau-mouche et voleter dans la grotte.
Puis il redevient humain et l'oiseau est là avec nous dans la grotte.
Tout à coup, le loup apparaît en passant en trombe devant nous. Il vient de la
droite et se dirige vers le côté gauche de la grotte, où l'entrée d'un tunnel est
apparue.
Je suis le loup en courant. J'ai du mal alors je vole. Nous sommes dans un
tunnel de terre, qui avance, puis descend dans la terre. Il y a des escaliers
qui tournent, puis de grand couloirs. Nous nous enfonçons. Puis nous
arrivons devant une grande porte qui a l'air très ancienne. C'est une porte de
bois, genre porche. Je me dis qu'il va falloir entrer et je crois que cela va être
difficile mais en fait je pousse un tout petit peu la porte et elle n'est pas
fermée, elle s'ouvre. J'entre et je suis dans une pièce de taille moyenne qui
ressemble à une cave ou une remise. Il y a des tas d'objets entassés (ils sont
vraiment en tas comme des piles, très serrées). Je me rends compte que ce
sont des jouets. Je me dis qu'il doit bien y en avoir au moins un qui
appartient à M.
Je cherche, je ne sais pas comment. Je trouve un ours en peluche très vieux,
et une petite voiture ancienne. Je me dis que je ne sais pas combien il y en a
et que ce n'est pas facile. Le loup m'aide et avec son nez trouve sur le bas
d'une pile dans un coin, quelque chose qu'il me ramène dans sa gueule : c'est
un personnage, d'une dizaine de centimètres de hauteur.
Je me dis que le plus prudent est d'aspirer tout ce qui appartient à M sous
forme énergétique.
Je prends donc tout ça en moi et je fais le chemin à l'envers, mais très
rapidement, avec le loup, jusqu'à me retrouver dans ma grotte avec M et
l'indien. Je dis à M que j'ai quelque chose pour lui. J'ai une sorte de sac avec
des jouets dedans, comme le père Noël.
Je dis à M que je vais lui rendre ce qui lui appartient et il est d'accord.
Je prends tout en moi sous forme d'énergie encore, pour ne rien oublier. Puis
je souffle cette énergie dans le coeur de M, puis dans son ventre. Je pense en
faisant cela que je lui rends, le nounours, la voiture, le personnage, et le
reste. Je souffle aussi dans la réalité ordinaire.
Je scelle avec le hochet. Je suis bien contente, c'est très joyeux tout ça.
Je dis à M que je lui ai déjà fait d'autres cadeaux et que j'ai mis de la lumière
en lui (la veille). Je lui montre ce que je lui ai mis : il y a plusieurs pierres
lumineuses, mais lisses : une dans le coeur, une au plexus solaire, une dans
le nombril, une dans la gorge, une dans la tête. Je lui dis que c'est là qu'il
pourra toujours trouver de l'amour. Toutes les lumières s'allument et c'est
très lumineux.
Ensuite, je vais vers le bouddha avec M et là des fleurs apparaissant dans les
bras du bouddha. C'est un bouquet de fleurs que j'identifie comme des
pivoines, roses, peut-être un peu panachées. Je donne ce bouquet à M.
Ensuite je me dis que c'est fini, que c'est bon, et l'indien acquiesce. Je dis à M
que je vais le ramener chez lui. Alors nous nous retrouvons sur la colline au-
dessus du charmant petit village, dans ce paysage charmant, ensoleillé, gai.
Je dis au revoir à M. Je rentre dans ma grotte, je dis au revoir à l'indien. Je
sors de ma grotte.
FIN
Conclusion
Dans ce livre, tout ce que j’ai écrit est l’expression de mon vécu, de ma
compréhension personnelle. Peut-être que vous avez trouvé cela différent de
ce que vous avez pu lire dans d’autres livres sur le chamanisme, ou au
contraire avez-vous trouvé que je rejoignais le point de vue d’autres
personnes. C’est tout à fait possible et normal, car quelle que soit la diversité
des discours et des approches, la réalité, elle, est une.
De la même façon, le vocabulaire dont nous disposons est très insuffisant
pour traduire l’expérience chamanique.
Une fois quelqu’un m’a dit que «sentir» était un terme appartenant à Luis
Ansa. J’ai trouvé ça très drôle. Il serait difficile de ne pas employer ce verbe
dans un enseignement spirituel et cela d’autant plus que la langue française
est pauvre dans ce domaine.
Je n’ai jamais eu l’intention d’écrire un guide pratique de chamanisme,
car je ne pense pas qu’on puisse en écrire un. Le chamanisme n’est pas
quelque chose que l’on apprend en faisant des exercices dans un livre. Vous
comprenez peut-être pourquoi après avoir lu ce livre.
Je vois bien que la plupart des gens recherchent des recettes de cuisine,
comme s’il y avait une recette pour la confiance, une pour l’amour, une pour
faire un soin à distance, une pour ramasser une plante, etc. C’est le principe
des livres de magie. Nombreux sont ceux qui cherchent ce genre de choses
dans les livres de chamanisme, sous une autre forme : il faut mettre du jaune
à l’est, du rouge au sud, faire brûler de la sauge et purifier le tambour avant
de voyager, utiliser telle plante pour attirer les bons esprits, telle autre pour
éloigner les mauvais, etc.
J’espère qu’à la suite de la lecture de ce livre, vous vous rendez compte
qu’il n’existe pas un livre de lois spirituelles qui régirait la couleur d’un
drapeau, ou la façon dont on doit se nourrir ou penser.
Il est vital de prendre conscience que cela n’est pas le chamanisme, mais
encore plus que la Vie n’est pas la cuisine, et qu’il n’existe pas de recettes à
suivre pour vivre. Personne ne peut vous donner le mode d’emploi. Je sais
combien certains le cherchent, car ils se sentent perdus sur terre. Au fond,
peut-être que tout le monde le cherche, d’une façon ou d’une autre. Mais ce
mode d’emploi n’existe pas et ceux qui vous font croire le contraire ont un
bon profil pour créer une secte.
En revanche, Il est possible de vous aider à vous débarrasser de tout ce
qui vous rend la vie compliquée. Finalement, après un peu de «travail», vous
serez heureux de vous rendre compte qu’il n’y a pas besoin de mode
d’emploi.
Si vous vous demandez ce que vous devez ou pouvez faire pour découvrir
le chamanisme, explorer ce dont j’ai parlé dans ce livre, et comment parcourir
ce chemin, sachez qu’il s’agit avant tout de regarder profondément en vous
avec sincérité.
Il s’agit d’un chemin de développement personnel, d’un voyage intérieur.
Il n’est nul besoin de rituels, ou de modifier vos conditions de vie. Il n’est pas
non plus nécessaire de voyager dans des pays lointains. La vie quotidienne
est la véritable école des sorciers. Toutes les situations auxquelles vous êtes
confrontés sont les leçons. Les relations que vous entretenez avec les autres et
avec vous même sont particulièrement instructives.
Sur ce chemin vous aurez besoin de recevoir un enseignement et d’être
guidé, par un être humain, et avec humanité.
L’ enseignement que je propose nécessite une énorme implication de ma
part et est intimement lié au reste de ma vie.
J’ai l’intention d’écrire plusieurs livres mais je ne crois pas du tout que
l’on puisse enseigner dans les livres. Ce dont les gens ont besoin est de
l’amour et du regard extérieur d’une personne qui voit clair et a parcouru le
chemin avant eux. La façon dont on enseigne, dont on présente les choses et
les explique, est mille fois plus importante que des instructions à suivre.
Je parlerai de la façon de parcourir le chemin, de façon beaucoup plus
pratique , dans un prochain livre. Mais cela ne remplacera jamais un
accompagnement réel en «live». Je souhaite aussi écrire plus sur tout ce qui
relève de la guérison chamanique et partager mon vécu intérieur à ce sujet.
Je voudrais maintenant vous dire ce que ce chemin m’a apporté.
Cela n’a pas fait de moi un être différent de vous ou de n’importe qui dans
la rue. Je trouve que je suis tout à fait ordinaire. Peut-être que je
n’appréhende pas les choses de la même manière que la majorité des gens
mais j’ai une vie normale. J’ai une famille, des enfants, un chien, des chats,
une voiture, je mange de tout, je fais l’amour avec mon compagnon. Je ne
vis pas en ermite.
Cela n’a pas non plus fait de mon parcours un long fleuve tranquille. Les
difficultés inhérentes à la vie n’ont pas disparu. Comme vous, j’ai de
multiples choses à gérer. Certaines situations peuvent être très délicates ou
difficiles. Le monde autour de moi n’a pas changé. Il n’y a que moi qui ai
changé. Ne croyez pas non plus que le chamanisme ou le développement
spirituel peut vous épargner vos handicaps, ou toutes les maladies. Si vous
êtes non voyant vous le resterez. De très nombreux maîtres souffrent de
maladies telles que des problèmes cardiaques, un cancer, ou du diabète.
Ce que tout cela m’a apporté, c’est avant tout une transformation
complète : devenir moi-même, me débarrasser de ce qui n’était pas moi. En
second lieu, mais non de moindre importance, cela m’a donné la possibilité
de me rapprocher de tous les êtres et de les toucher, de les connaître, d’une
façon profonde. Cela m’a permis de sentir la façon dont j’existe à la fois sur
les plans individuel et non-individuel, en tant que personne et en tant que
partie de l’univers jamais séparée du reste de celui-ci. Sur le plan humain,
cela augmente la richesse de l’exploration et rend possible les échanges les
plus forts et les plus sincères, ce qui a toujours été le plus important pour moi.
Cet aspect m’emplit de joie.
Enseigner me permet d’être en contact avec de nombreuses personnes, de
voir l’espoir naître ou renaître dans leurs coeurs, et d’être pour ces personnes
une alliée dans la vie. J’ai beaucoup de plaisir à rencontrer les gens, j’ai
souvent de la peine en sentant leur souffrance, mais je connais l’immense
plaisir de les voir aller de mieux en mieux, se libérer de leur passé, et devenir
elles-mêmes dans la mesure où elles le souhaitent.
Cette activité professionnelle est très prenante. Elle demande beaucoup
d’énergie, de patience, de sensibilité, de perspicacité, de clarté d’esprit et
d’amour. Je fais de mon mieux.
Pour conclure sur le chamanisme en occident, il n’existera réellement que
si des personnes tentent ce voyage avec une totale sincérité, une totale
ouverture, et sont prêts à sortir de toutes les boîtes que représentent les
cultures. La perte de repères que cela représente peut réduire sérieusement le
nombre de candidats au voyage. C’est une aventure qui n’est pas toujours
facile.
Certains peuvent croire que ce voyage est incompatible avec nos sociétés
occidentales. Je crois le contraire. En réalité, peu importe dans quelle société
on vit.
Le chamanisme appartient à tout être humain et se trouve potentiellement
à la portée de chacun.
« Sur ce chemin vous aurez besoin de recevoir un enseignement et d’être

guidé, par un être humain, et avec hum anité.»

«Le chamanisme appartient à tout être humain et se trouve potentiellement à


la portée de chacun.»
Pour contacter Valérie Tardy
Rendez-vous sur ses sites web :
http://www.tambourschamaniques.fr
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brochée ou en format numérique. Nous avons voulu que les prix soient très
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Valérie Tardy (sur les soins chamaniques, l’éveil ou le développement
personnel), et à des prix raisonnables, vous pouvez nous aider en écrivant un
excellent commentaire produit sur amazon. Cela permettra en premier lieu à
d’autres personnes potentiellement intéressées, de trouver cet ouvrage
facilement. Nous vous remercions chaleureusement pour tout commentaire 5
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Photos de couverture © Valérie Tardy 2015

Du même auteur :
Manuel de reïki premier degré : développement personnel et éveil
spirituel avec le reïki traditionnel (2015)

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