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ESSAI SUR L'ICONOGRAPHIE DES APOTRES, LEURS ATTRIBUTS, LEURS COSTUMES, ETC.

Author(s): L. J. Guenebault and M. Guénebault


Source: Revue Archéologique , 15 AVRIL AU 15 SEPTEMBRE 1850, 7e Année, No. 1 (15
AVRIL AU 15 SEPTEMBRE 1850), pp. 294-310
Published by: Presses Universitaires de France

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ESSAI

SUR

L'ICONOGRAPHIE DES APOTRES,

LEURS ATTRIBUTS, LEURS COSTUMES, ETC.

Les mosaïques des basiliques chrétiennes sont des peintures vrai-


ment faites pour l'éternité, disait au XVe siècle le peintre Ghirlan-
daio (1). C'est donc là qu'il faut aller chercher les types primitifs de
toute la hiérarchie sacrée, et c'est là en effet que les peintres de l'école
mystique ou romano-chrétienne semblent s'être inspirés pour com-
poser leurs admirables peintures; Raphaël lui doit ses plus belles
inspirations, alors qu'il était encore pur des atteintes du sensualisme.
C'est donc là que nous irons étudier les premiers essais de la pein-
ture hiératique. Pour ce qui concerne les figures des apôtres, il faut
d'abord avant d'aller plus loin reconnaître qu'il n'y existe pas de
portraits proprement dits des apôtres ; ce sont des types consacrés par
des traditions plus ou moins authentiques, mais cependant toujours
respectables et dont il faut savoir tenir compte.
Saint Pierre. La peinture la plus ancienne que l'on puisse citer
comme représentant le chef des apôtres , est celle de l'oratoire de
Sainte-Félicité, qui paraîtrait dater du VII' siècle. Saint Pierre y
était représenté sans aucun attribut (2).
Quant à la fameuse statue de bronze qui représente saint Pierre
assis, tenant en mains les doubles clés (3) du pouvoir spirituel, pour

(1) Ce peintre, qui était de l'école de Florence, a travaillé aux peintures de la


chapelle Sixtine dont la direction et toutes les compositions étaient confiées au
Masaccio par Sixte IV. Voir l'ouvrage de M. Rio, Forme de l'art chrétien, 1. 1,
p. 128.
(2) Raoul Rochette, Types primitifs de l'art chrétien , etc., p. 44.
(3) Les représentations de saint Pierre avec ses deux clés ne sont pas antérieures
à la moitié du XIe siècle. L'exemple qu'en donne Bosio, d'après les sculptures des
Catacombes, est contesté. {Iconographie chrétienne) de Didron, in-4°, p. 301.

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ICONOGRAPHIE DES APÔTRES. 295

ouvrir ou fermer, retenir ou absoudre, on sait depuis longtem


cette statue est un ouvrage du moyen âge et non du Ve siècle,
on a voulu le faire croire pendant longtemps. Il en est a
figure du même apôtre trouvée peinte sur un bas-relief égyp
piée par M. Gau et publiée planche xlv de son Voyage en
dans le Musée dies antiquités égyptiennes de M. Charles Letior
planche iv, n° 4. Cette figure qui tient une clé est, à ce que T
ìouvrage de quelque moine cophte du moyen âge (1). Les b
des sarcophages tirés des catacombes, nous montrent fréq
les apôtres réunis autour de Jésus-Christ; ils y sont assez souv
présentés tenant des rouleaux dans (2) leurs mains. Cest ai
les voit sur les sarcophages des Catacombes publiés par Bos
Roma Sotterr ana, reproduits par Aringhi dans sa Roma subte
ainsi que dans les ouvrages de Bottari (3), de Buonarot
Ciampini (5), de Boldetti (6) et de d'Agincourt (7). La f
saint Pierre n'est pas toujours facile à distinguer des autre
monuments primitifs, car il ne tient pas toujours ses clés à la
et en effet nous le trouvons ainsi représenté sur un sarcopha
par Aringhi , Roma subterranea (édition de Paris) tome I, plan
la page 1 85, et là il porte la chevelure longue et touffue c
sage reçu de temps immémorial. On pourrait encore rec
saint Pierre même en l'absence de ses clés , s'il était toujo
è la même place, près de son maître, mais cette place n'est
riable comme nous le verrons plus tard.
Un autre sarcophage publié dans le même ouvrage, page
présente saint Pierre d'une manière facile à reconnaître :
bout regardant un coq placé sur une colonne. Et là, c'est bi

(1) Raoul Rochette, Discours sur les types primitifs de Vart chréti
p. 46.
(2) On sait que quelques écrivains ont voulu voir dans ces rouleaux un symbole
parlant de l'accomplissement des prophéties; d'autres une distinction entre les
apôtres qui ont laissé des écrits et ceux qui n'ont rien écrit; mais ces explications qui
peuvent paraître séduisantes ou ingénieuses au premier coup d'oeil, sont loin d'être
acceptées de tous les savants et surtout des archéologues qui font autorité.
(3) Pitture e sculture sagre , etc.
(4) Osservazioni sopra alcuni frammenti di vasi antichi , etc., chef-d'œuvre
ďérudition et de critique et un des plus beaux monuments de la science archéolo-
gique chrétienne.
(5) Vetera monumenta, savant ouvrage quant au texte, mais dont malheureu-
semeni: les planches sont généralement mal exécutée».
(6) Osservazioni sopra i cemeteri .
(7<) Histoire de Vart . Yoy. les section» Peinture et Sculpture .

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296 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
type adopté si généralement par les artistes anciens. Nous y voyons
cette tête forte et carrée, le front chauve, la barbe courte et crépue, la
physionomie simple et pleine de franchise, mais dont les traits un peu
grossiers annoncent l'habitude des travaux rudes tels que ceux de
la pêche.
Sur d'anciennes peintures, nous trouvons saint Pierre tenant des
clés tantôt doubles, tantôt triples, comme au triclinium de Saint -Jeau
de Latran, exécutées vers le VIIIe siècle, et publiées par Ciampini
dans ses Vetera monumenta, tome II, planche xxxix ou page 128 du
texte. Ces précieuses peintures si maltraitées par le graveur de Ciam-
pini, sont comme on sait, reproduites fort bien gravées dans l'ouvrage
de Nicolaus Alemannus, de Parietinis lateranensibus restitutis, 1 vo-
lume in-4.
Une mosaïque du Ve siècle autrefois à l'église Sainte- Aga the (in
subura) heureusement dessinée avant sa destruction en 1592, et dont
le dessin est conservé à la bibliothèque du Vatican, représente saint
Pierre tenant une seule clé , contre l'usage si généralement reçu.
Voir la planche lxxvii de l'ouvrage de Ciampini cité plus haut,
tome I, et le texte page 271.
On trouve encore sur quelques sarcophages chrétiens des cata-
combes saint Pierre portant une longue croix gemmée , qui ne peut
être celle de son supplice, mais bien un simple memeiüo de son mar-
tyre, peut-être même un symbole de son apostolat ; quelquefois cette
croix est à double traverse , comme on le voit sur la planche, page 46
de l'ouvragedeNicolaus Alemannus cité ci-dessus; croix que Ciampini
donne à tort comme étant à simple branche dans les Vetera monumenta,
tome II, planche xxxix. La figure du chef des apôtres offre deux ty-
pes bien différents sur la mosaïque dans l'ouvrage de Nicolaus Ale-
mannus, planche de la page 88, où saint Pierre a une figure longue et
gracieuse, les cheveux assez longs, tandis que sur celle des pages 56
et 86 , nous trouvons cette tète ronde et sévère, à cheveux courts et
crépus, qui est restée comme traditionnelle (1) et que nous citons plus
haut.

(1) II. Emeric David , Discours sur la Peinture, in-8°, p. 49, eile une tradi-
tion qui veut que Constantin ait ea une vision pendant laquelle saint Pierre et
saint Paul lui seraient apparus, et que le pape saint Sylvestre ayant mis sous
les jeux de Constantin une peinture des deux portraits des deux princes de#
apôtres, l'empereur déclara que ces portraits étaient les mêmes que ceux qu'il avait
vus en songe et restés bien présents à sa mémoire , et que ces images , précieuse-
ment conservées & Rome, furent les modèles d'après lesquels les artistes devaient

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ICONOGRAPHIE DES APÔTRES. 297

Quant aux clés on les trouve représentées sur des vitrau


couleur d'or, l'autre couleur d'argent; la première désignerait
voir de lier ou de délier , la seconde désignerait le pouvoir
gner (1).
Molanus, dans son Historia imaginam, sacrarum, dit que les deux
couleurs indiquent, la première le pouvoir d'absoudre (représenté par
l'or), la deuxième lepouvoir d'excommunier (représenté par l'argent),
comme un symbole de la puissance temporelle qui, suivant quelques
écrivains téméraires, donnerait à l'Église le pouvoir de conférer ou
d'enlever les empires aux princes de la terre (2). Grande question au
moyen âge et dont l'application fut quelquefois salutaire à cette épo-
que (3), mais dont on a abusé longtemps au nom du christianisme,
qui l'a depuis longtemps repoussée comme en opposition avec sa
doctrine et la soumission que l'Évangile commande et que l'Église
pratique envers les puissances de la terre et dont elle ne se fait pas
juge. Quoique saint Pierre ait été désigné par son maître comme
chef dusacré collège et la pierre fondamentale de son Église, il n'oc-
cupa pas cependant toujours la place d'honneur (4).
La première désignation appartient quelquefois à saint Paul, qui
a été ravi jusqu'au IIP siècle, tandis que la deuxième est attribuée à

se guider pour peindre les deux apôtres. On dit que ces deux portraits sont conser-
vés dans la basilique de Saint-Pierre à Rome; ils ont été souvent reproduits. On en
trouve une gravure curieuse dans la Description de la confession de saint
Pierre , par Etienne Borgia, l vol. in-4°, ou Descriptio sanctœ confessionis
beati Petri, opera card. Stephani Borgiœ. Voir à ce sujet la note 2, page 343 du
Ier volume de notre Dictionnaire iconographique des monuments , etc. Paris,
Leleux, édit.
(1) M. l'abbé Crosnier qui cite cette opinion, page 21 de son Iconographie chré-
tienne , ne dit pas où il l'a puisée, ce qui est important pour prouver l'époque plus
ou moins ancienne des sources citées. Nous la trouvons consignée, du reste, dans
Casalius, de Ritibus Christianorum , in-4°, liber I, cap. h, p. 21. Cur autem Pe-
trus cum duabus clavibus regni cœlorum pingatur ? Quarum altera aurea est,
altera argentea ... per clavem auream intelligi potestatem absolvendi ... per
argenteam ex communications, etc. Peut-être est-ce là que ce savant abbé aura
puisé son autorité.
(2) Casalius, de Ritibus Christianorum, édit. in-4° p. 22.
(3) Malgré toutes les préventions des hommes les plus hostiles, si quelques papes
ont abusé du terrible moyen de l'excommunication dans les Ages de foi, on ne niera
pas qu'il ait servi plus d'une fois à protéger la faiblesse contre la force brutale et
à défendre les peuples contre l'arbitraire des puissants de la terre.
(4) Voir tout ce que nous indiquons de monuments à l'appui dans notre Diction-
naire iconographique des monuments de V antiquité chrétienne , etc., t. II,
p. 265, note (3). On y trouve citée surtout une curieuse lettre deTabbé Powyard
à Millin, laquelle nous semble avoir épuisé la question en l'appuyant de nom-
breuses autorités.

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298 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
saint Pierre comme marque de l'humilité qui doit caractériser
chef visible de l'Église, qui prend en effet le titre de servas servorum
dans les suscriptions de ses actes apostoliques. Casalius, qui trai
aussi cette question, y ajoute deux autres considérations plus my
tiques que réelles et qui pourraient être contestées (1).
Au risque de nous tromper nous émettrons ici une idée, à laquelle
du reste nous tenons peu. Ne se pourrait-il pas que le premier écr
vain qui a fait cette remarque touchant la place d'honneur, n'e
basé son opinion que sur de simples gravures de monuments lors
l'exécution desquelles l'artiste dessinateur ou graveur n'aura pa
tenu compte de l'effet produit à l'impression, qui met à gauche ce qu
était à droite sur la planche gravée et vice versa? l'antiquaire o
le savant n'ayant pas le monument même sous les yeux, a pu croi
qu'il était tel que le graveur le lui représentait sur le papier. Q
de savantes dissertations qui n'ont eu souvent pour base qu'une sim
ple méprise d'artiste ! Outre les deux attributs ordinaires et prim
tifs donnés à saint Pierre , on peut encore le représenter pleuran
son péché, marchant sur les eaux, prêchant, guérissant des malades,
terminant sa vie apostolique par le martyre, crucifié suivant sa d
mande, la tête en bas, par humilité, etc.
Quelques peintres le représentaient aussi introduisant les juste
dans le royaume de Dieu, dont il tient alors les clés (2),
Dans notre Dictionnaire iconographique des monuments , ainsi que
dans notre Dictionnaire des attributs des saints , nous indiquons plu
de quatre-vingt-dix figures de saint Pierre, d'après les artistes
plus distingués des diverses écoles (3).
Plusieurs sont d'une grande beauté comme on peut facilemen
s'en convaincre par nos citations. Mais une des plus remarquab
est sans doute celle que l'on trou ve. gravée dans l'ouvrage de N. Ale-
mannus de parietinis lateranensibus restitutis ( voir la planche de la
p. 88) : il est debout tenant trois clés enfilées dans un grand anneau.
Il serait impardonnable de ne pas citer aussi celle du mêm
apôtre, tel que le représente Léonard de Vinci, dans son tableau
la Cène (4), où il occupe la troisième place. Ici saint Pierre tient u

(t ) De Rilibus Ecclesia» , p. 23 et sui v .


(2) Une charmante composition du célèbre Catlot intitulée : Porlä cœli , repr
sente saint Pierre à la porte du ciel. Voy. son œuvre.
(3) Ce dernier dictionnaire, imprimé et publié par l'abbé Migne, forme un fo
volume grand in-8°.
(4) Son front ouyerí et plein de dignité annonce la franchise de son dévouement

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ICONOGRAPHIE DES APÔTRES. fc299

couteau, qui n'est autre chose, ce nous semble, que celui de fa


Saint Jean, dit l'Évangéliste, prend ordinairement le rang
saint Pierre à la Cène; il est toujours représenté à côté de JésusC
Il est souvent figuré comme un jeune homme sans barbe et
physionomie mélancolique, les cheveux longs, comme les Naz
quoiqu'il fut néàBethsaide.Les Grecs lereprésentent comme les au
apôtres, c est-à-dire barbu et dans la plénitude de la vie, sans
parce qu'il est mort fort âgé, ou comme évêque de l'église d'É
Il tient en sa main un calice (2) d'où sort un petit démon so
forme d'un serpent ailé ou d'un dragon (3).
Saint Jean est aussi représenté tenant le livre de son Évang
de son Apocalypse, ayant près de lui l'aigle (4), attribut soit de l
vation de son styleetde la grandeur de ses révélations, soit de la
deur du sujet qu'il traite. D'autres le représentent endurant l
plice de l'huile bouillante. Il est alors désigné sous le nom de

en même temps qu'il indique par l'élévation de ses sourcils, sa trop grand
fiance dans ses propres forces. M» l'abbé Guillon» page 82 de son livre
Cénacle de Léonard de Vinci, pense que cette tète de saint Pierre doit êtr
forme à celle qu'Eusèbe dit avoir vue à Césarée et dont une copie aurait b
exister au temps de Léonard de Vinci.
(1) M. Guillon veut y voir une espèce de couteau de chasse, dont saint Pie
servait dans l'exercice de son métier de pêcheur et qu'il devait avoir au jar
Olives, lorsqu'il coupa l'oreille de Malchus. La forme semble repousser
interprétation. Saint Pierre n'aurait pas tenu un couteau de chasse étant
teut s'opposè à le croire. I/Évangile d'ailleurs parle de deux épées et non d
teau de chasse qui était en dehors des habitudes de saint Pierre.
(2) Molanus en donne plusieurs raisons, Histor. imagin. sacr in-4°, p.
plus remarquable serait que saint Jean prêchant l'Évangile à Éphèse, et ay
écrouler par ses prières le temple des faux dieux (sans doute celui de D
n'échappa à la mort qu'en offrant de boire du poison pour prouver sa mis
vine , ce qui fut accepté et entraîna la conversion d'un grand nombre. D'
écrivains prétendent qu'un paysan entendant prêcher saint Jean lui prom
s'il buvait un vase de poison et survivait, il se convertirait ; l'apôtre confi
la parole de son maître, accepta la proposition et but, sans en éprouve
mal, on vase de poison dont la liqueur mortelle avait été éprouvée avant su
criminels: le paysan fut sans doute converti.
(3) Pour cette forme de dragon, animal fantastique si en vogue au moye
et dont les artistes de toutes les époques, et surtout jusqu'au XVIe siècle, ont
si riche parti, voyez le texte du R. P. C. Cahier, Vitraux de Bourges y i
page 77. VHagiologium Lugdunense , de Théoph. Raynaud, in-f°, p. 353
(4) Cet aigle n'a pas toujours appartenu à saint Jean seul, comme att
M. Peignot, dans un Mémoire sur les quatre animaux symboliques des É
listes , in-4°, p. 14, nous apprend que l'aigle, d'après saint Irénée, a été au
l'attribut de saint Marc et saint Irénée. Ce n'est que depuis saint Jérôme
attribut, ainsi que les trois autres, sont restés fixés comme nous les conn
L'aigle, d'après saint Ambroise, fut aussi pris pour un des attributs de
Christ, dont il figurait la résurrection. Lqço cit aiot p. 15.

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300 n REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
Jean Porte-Latine, da lieu où il souffrit le martyre dont il sortit plus
fort qu'il n'y était entré. On connaît de Raphaël une belle composi-
tion de ce sujet : d'autres le représentent debout au pied de la crois
faisant pendant à la sainte Vierge, ou portant le rameau d'or aux
funérailles de Marie, suivant la légende du faux Méliton.
Saint André n'a pas d'expression de figure distincte des autres.
Ce qui le caractérise, c'est sa croix en sautoir, mais cette forme qui
a prévalu depuis le XIVe siècle environ, n'est pas primitive. Cette
croix sur les vitraux est souvent représentée droite ou couchée hori-
zontalement, telle qu'on la trouve sur un des vitraux de Bourges,
qui datent du XIII* siècle. On peut voir cette figure dans le grand
ouvrage de MM. Charles Cahier et Arthur Martin , Description des
vitraux de la cathédrale de Bourges, 1 vol. in-f", planches xxv et
XXVI. On représente aussi cet apôtre tenant quelquefois un poisson,
pour rappeler qu'il fut le premier qui parla à Jésus-Christ pour le
peuple aflamé dans le désert, et qui fit mention des poissons que
portait un jeune enfant (Mathieu , vi, 38).
Saint Jacques le Majedr, fils d'AIphée, ayant été décapité, on
lui donne un glaive à la main, comme à saint Paul. Les sculptures
du portail d'Amiens nous l'offrent ainsi ; sur les vitraux de la cathé-
drale de Bourges, il n'a pour attribut qu'un long bâton de pèlerin.
Plusieurs vieux maîtres d'accord avec la légende lui donnent la
panetière et un chapeau à larges bords, garni de coquilles, en mé-
moire du fameux pèlerinage de Compostele.
Saint Jacques le Majeur est souvent confondu par les artistes avec
son frère Jacques le Mineur, comme le prétend M. l'abbé Guillon ,
dans son ouvrage sur la Cène (1), et que nous avons cité plus haut. Il
faut alors que la critique vienne en aide pour se fixer dans cette
incertitude.
Quant à cette qualification de Majeur donnée au premier des deux
frères du nom de Jacques, on sait qu'elle n'a aucun rapport à leur
âge, puisque celui-ci était plus jeune que celui surnommé le Mineur,
mais qu'elle sert à désigner que celui à qui elle est donnée était plus
ancien dans l'apostolat.
Saint Philippe est ordinairement représenté sur les anciennes
gravures, tenant une grande croix (2), parce qu'il est assez généra-

(1) Voir les raisons, suivant nous, fort peu concluantes, données page 104 et
suivantes. Ceux qui yeulent y voir saint Jacques le Majeur nous semblent mieux
fondés.
(2) Il nous semble que M. l'abbé Grosnier a fait erreur en désignant cette croix

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ICONOGRAPHIE DES APÔTRES. 301

lement reconnu qu'il fut crucifié à Hiérapolis. On


représenter faisant périr un énorme dragon, sans dou
l'idolÂtrie rainée par l'Évangile ; nous l'avons vu ainsi
dans une collection d'estampes de vieux maîtres. Cette
heureusement ne portait pas de signature d'artiste. D
la citons dans notre Dictionnaire iconographique des sain
attributs (1).
Saint Barthélémy est représenté tantôt comme crucifié
alors une longue croix qui est cependant plutôt processio
instrument de supplice ; tantôt comme ayant été écor
il tient un large coutelas pour rappeler ce genre de
vitrail de la cathédrale d'Auch, cité par M. l'abbé Cr
son Iconographie chrétienne, page 218, le représente sur
livré à la rage des bourreaux.
On ne comprend pas comment Michel-Ange, avec tou
a pu pousser le mauvais goût jusqu'à représenter saint
dans le ciel tenant sa peau entre ses mains, et offrant
homme écorché ; lui faire tenir l'instrument de son s
suffire.

Saint Mathieu, à la fois évangéliste et apôtre, est représenté


sous ces deux points de vue. Comme apôtre, on le trouve tenant
une pique, quelquefois portant une hache, comme deux attributs de
son genre de mort. On croit qu'il souffrit le martyre en Ethiopie.
Quelques peintres le représentent assis à son bureau de recette,
comme percepteur des impôts publics, et dans le mouvement de tout
quitter pour suivre Jésus-Christ qui l'appelle à sa suite. Des peintres
ont eu l'idée de lui mettre des lunettes, ce qui est un anachronisme
et de plus une chose de mauvais goût. Comme évangéliste, on le re-
présente assis, le plus ordinairement écrivant son évangile, et ayant
pour attribut un ange près de lui (2) ; quelquefois debout, montrant
son manuscrit.

comme triomphale, i la page 218 de son Iconographie chrétienne. La véritable


croix triomphale est celle que l'on donne ¿ J. C. descendant aux limbes ou sortant
da tombeau, comme on le voit sur une mosaïque chrétienne publiée par Ciampini ,
Velera monumenta, t. Il, pl. XXII. M. l'abbé Crosnier en a aussi publié une
qu'il nomme croix de résurrection, planche de la page 94 de son Iconographie
chrétienne. Celte dernière est très-curieuse ; nous regrettons qu'il n'en indique pas
la provenance. Raphaël donne ce genre de croix à Jésus-Christ placé en tète de lá
belle suite des XII apôtres, gravée par Marc-Antoine. Voy- ses OEuvres ou celles
de ses graveurs.
(t) 1 fort volume in-8° publié par M. l'abbé Higne, 1850.
(2) Sur le motif de cette figure symbolique, voy. Molanus, Historia imaginum

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302 REVUE ARCHEOLOGIQUE.
On croit reconnaître saint Mathieu dans le quatrième pers
placé à la gauche du Sauveur, dans le tableau de la Cène, de
nard de Vinci. On le reconnaît, dit M. l'abbé Guillon (1), à
gard préoccupé et scrutateu r qu'il avait contracté dans l'ha
de ses anciennes fonctions financières; l'esprit d'ordre et de
se retrouve dans toute sa personne comme dans la rédaction
évangile. Il devait avoir alors de vingt-huit à trente ans; il p
chevelure courte comme un publicain ; lui seul relève son m
à la manière des Romains , pour rappeler les maîtres qu'il fréqu
et de qui il tenait sa charge .
Saint Simon, qui d'après les martyrologes fut scié en deux
ordinairement représenté debout, appuyé sur l'instrument
horrible supplice; c'est ainsi que Raphaël, Rubens, le T
quelques autres grands maîtres nous en offrent la figure. A ceu
seraient curieux de voir le spectacle du supplice même, nou
querons l'énergique mais repoussante composition du célèbr
Cranach, de Jacques de Ghein, et même celle de Callot (2),
moins sauve le hideux du spectacle par la petitesse des f
Léonard de Vinci, dans son tableau de la Cène, lui donne une
de douceur et de bonté affectue use qui rappellent la charit
apostolat; il le place à côté de Jude dit Thadée. On peut vo
le travail de l'abbé Guillon, sur le Cénacle de Léonard de V
page 99, les détails du costum e de cet apôtre.
Saint Jüde dit Thadée, dont on ignore, à ce qu'il para
genre de mort, est représenté, tantôt tenant une longue croix,
quefois une massue ou un bâton noueux. Sur d'anciens dip

tacrarum, in-4°, édition Pacquol, page 280. Cet attribut ne fut pas to
même, car au siècle de saint Augustin (vers l'an 430), on donnait le lion c
tribut à saint Mathieu; mais l'ange est revenu à son poste, depuis saint J
pour ne plus changer. Voy. Peignot, Notice sur les quatre animaax sym
des Évangélisles , in-4°, p. 15. On sait que cet ange ou cette figure d
représente la nature humaine de Jésus-Christ, ou même la généalogie du
Saint Ambroise, in Homelia ; et p. 102 du Mémoire de madame Félicie
sur les Statues de Chartres , in-8°. Paris, I860. ChezLeleux, librai re-édit
(1) Voir page 101 de son livre sur le Cenacle, qui renferme bien ďau
tails curieux pour les peintres. Cette manière d'analyser une figure et d
no portrait presque ad vivum est très-remarquable dans tout le livre
Guillon ; on peut seulement regretter qoe ces brillantes conjectures ne s
des révélations du peintre même.
(2) Le cabinet des Estampes de Pans possède un bel œuvre ae caiioi qu
environ à 1,500 pièces. L'œuvre de Cranach et de J. Ghein sont égale
cabinet des Estampes de Paris.

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ICONOGRAPHIE DES APÔTRES. 303

<on Je voit tenant une palme et le livre de la doctrine o


Raphaël lui donne pour attribut une hallebarde ou une
theus Gruter, peintre et graveur de mérite, qui travaillait à
XVI* siècle lui donne une équerre, dont l'attribution ap
plus ordinairement à saint Thomas, d'après la légende d
parlerons à son nom. Le célèbre et fougueux Lucas Crana
présente décapité au moyen d'une guillotine (2).

Saint Jacques le Mineur, surnommé le frère de Jésus-C


fut précipité du haut du temple par les Juifs en haine de la
qu'il leur prêchait; en tombant à terre il se rompit les de
et fut assommé avec la masse d'un foulon. Il est donc r
tenant cette masse à la main. Une des plus anciennes pein
représente le martyre de cet apôtre est une fresque ou mosa
existe dans l'une des coupoles de l'église Saint-Marc de V
lementau lieu d'être assommé d'une masse de foulon, c'est un
de pique qui semble lui traverser le corps. La plupart des pei
ont représenté ce saint personnage lui donnent à la main
ou massue. Raphaël, Rubens, Lucas de Leyde, Albert Dure
peu de chose près uniformes sur cette manière de représent
tre (4). Voir aussi tout ce que nous citons des figures de sain
dans notre Dictionnaire iconographique des figures des sa
son annotateur, page 545 de Y Historia imaginum sacraru
édition Pacquot. Quant à la dénomination de Mineur,
haut ce que nous disons à ce sujet, page 300.
Une vieille gravure en bois, folio civ verso de la Chro
Nuremberg (1493), représente saint Jacques le Mineur assom
une espèce de grosse clef, qui n'est sans doute autre chose qu
ment ou masse de foulon, dont parle l'Évangile, lequel a été d
parles artistes. Du retse, nous trouvons cet instrument de fo
en forme d'archet colossal sur des gravures dont quelques
du XVIe et du XVIIe siècle. Sur ces diverses représentations, v

(1) iconographie chèlienne de M. l'abbé Crosuier, in-8°,p. 218.


(2) Sur la véritable origine irlandaise de cet instrument de mort, voy. ia noie
àt M. Leber, n° 49 du Ier volume du Catalogue de sa riche bibliothèque .
(%) Stir la maniere dont on doit entendre cette expression , voy. les observations
de Malanus et de son annotateur, p. 54i> de ť Historia 'imwginum sacrarum,
in-4°, édition Pacquot.
(4) Sur la place et la physionomie que lui donne Léonard de '1nci À la 'Cene ,
vöy, le travail de l'abbé Guillon, loco dialo , p. 104 et suîv. L'idée d'y voit saint
Jacques le Majeur nous semble mieux fondée.

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304 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
Dous en indiquons de variétés dans notre Dictionnaire iconographiqu
des saints, au nom de l'apôtre (1). Nous possédons deux figures
saint Jacques le Mineur, dont une par Henry Goltzius, qui tout
deux tiennent cet instrument de foulon en forme d'archet, dont ju
qu'à présent personne n'avait parlé avant nous, du moins à not
connaissance. Ces figures curieuses font partie de notre collection d
figures de saints intitulée : Iconographia sancta (2).
Saint Thomas, dont l'incrédulité est si célèbre et qui la répara
franchement par ces deux mots magnifiques dans leur simplici
mon seigneur et mon maître ! saint Thomas est assez généralement
possession de l'équerre qui lui est donnée comme attribut depui
XIVe siècle environ.
Il serait trop long de donner ici sa curieuse légende, en vertu de
laquelle il pourrait être regardé comme le patron des architectes ou du
moins des tailleurs de pierres, qui lui dédièrent au XIIIe siècle une
des grandes verrières de la cathédrale de Bourges, comme le prouve
la signature apposée au bas. Aussi renverrons-nous aux détails pleins
d'érudition donnés à ce sujet par l'abbé C. Cahier, dans son savant
texte des Vitraux de Bourges , in-f°, page 132 (3). Saint Thomas est
quelquefois confondu avec saint Jude, parce que quelques écrivains
lui donnent le surnom d'Alphée (4), comme à cet autre apôtre, mais
avec quelque attention on peut éviter de tomber dans cette méprise.
Saint Thomas est encore représenté tenant une lance, instrument
de son supplice, souvent même tenant des pierres dans le pan de son
manteau, ou posées à terre, pour exprimer qu'il fut lapidé avant
d'être percé d'un coup de lance.
Cet apôtre occupe la première place à main gauche de son maître,
dans le tableau de la Cène , de Léonard de Vinci ; ses bras étendus avec
énergie, son œil fortement ouvert, semble défier les soupçons les plus

(1) Voy. aussi notre Dictionnaire iconographique des monuments de l'anti-


quité chrétienne et du moyen âge , publié par M. Leleux, en 1843. Ces deui ou-
vrages sont entièrement distincts et se complètent Tun par l'autre.
(2) Cette collection qui renferme dans ce moment plus de trois mille figures de
saints , presque tous d'ancienne facture, et classées par ordre alphabétique des
noms, doit passer à la Bibliothèque Mazarine à la mort du donateur.
(3) Nous ne devons pas non plus passer sous silence ceux que présente le cu-
rieux bas-relief de l'église de Semur, où se voit sculptée la même légende em-
brassant toute la vie de saint Thomas, qui paraît calquée en entier sur la Légen-
de dorée, cette mine inépuisable des œuvres du moyen âge.
(4) Ce nom, qui correspond au mot latin corcus , ou zélé, n'a pas été oublié par
Léonard de Vinci dans son tableau de la Cène. Voy. l'abbé Guillon , le Cénacle,
p. 92 à 95.

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ICONOGRAPHIE DES APÔTRES. 305

obstinés, l'expression de cette figure remarquable ain


tume sont l'objet de remarques ingénieuses, si toutefois
pas complètement prouvées, dans le beau travail de
cité plus haut.
Nous indiquons plusieurs belles figures de saint Thom
Dictionnaire iconographique des monuments äe V antiqui
On peut en voir le détail, p. 361 du 2e volume.

Saint Mathias, choisi par les onze apôtres pour rem


Iscariote, est représenté sur d'anciennes gravures d
tenant tantôt une pique, tantôt une hache de char
hache est quelquefois remplacée plus tard, par un g
bre Callot, qui passe pour un des plus conformes à l
ses figures de saints, le représente percé d'une
Raphael lui donne cette arme pour attribut. Sébast
lèbre dessinateur-graveur du siècle de Louis XIV
l'instant où saint Mathias mis en parallèle avec Jose
dit le Juste, est indiqué par le Saint-Esprit même, p
par le rayon de lumière qui tombe sur celui qui est
tionnaire iconographique des saints signale plusieurs fig
santes de saint Mathias.

Nous avons essayé de donner la physionomie icono


chaque apôtre isolément, d'après les meilleures sour
ne sera pas sans intérêt de les étudier réunies et forma
dire comme le sacré collège apostolique, sur la terre
où ils doivent juger les tribus d'Israël, suivant la pr
de leur maître (2).
Un des plus gracieux symboles des apôtres réunis
produit sur une croix processionnelle dont malheur
ignorons la date ; on y voit les douze apôtres repr
forme de onze colombes, qui figurent bien des mess

(1) Cependant, les Actes des apôtres disent formellement que les
le sort fut jeté sur les deux candidats {Aci. apost., 26), et qu
Mathias ; mais, observe le savant père DeLigny, si cette circon
l'usage du sort peut être admis dans des cas extraordinaires , il
employé depuis longtemps pour le choix des ministres et des past
est même défendu par les canons, par divers motifs inutiles à d
(2) Luc. Evangel., cap. xxii, vers. 30. Sans doute que ces dou
pensée de Jésus-Christ , représentent le monde entier dont ell
expressive.
vil. 20

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306 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
de miséricorde (1). Cette croix est gravée sur la planche n°
page 7 à 9 de l'ouvrage de Casalius de ritibus Christianorum
Francfort, 1681. Cette même croix, gravée dans les acta san
des Bollandistes, mois de juin, tome VII, page 141 , offre la rep
tation de douze colombes; cest qu'alors on y fait entrer sain
l'apôtre des nations (2). Sur quelques monuments des Catacom
apô tres sont aussi figurés par plusieurs agneaux ou brebis
près de Jésus-Christ (3). Assez souvent on en voit cinq ou se
une mosaïque publiée par Ciampini, on voit les douze, dont s
tent de Bethléem et six de Jérusalem. Vetera monumenta , t
planche xxxvii, et le texte, même tome, page 1 22. On voit auss
douze brebis au-dessous des pieds des douze apôtres, sur un
phage chrétien. Aringhi , tome Ier, planche de la page 181 (4).
La célèbre composition de Raphaël, nommée la Dispute du
Sacrement, offre une magnifique disposition (5) des douze a
rangés de chaque côté de Jésus-Christ.
La mission des apôtres par Jésus-Christ est encore un bea
admirablement composé par Raphaël (voir son œuvre).
La Cène est surtout favorable pour présenter la réunion d
tres. Parmi toutes celles qui existent, le célèbre tableau de L
de Vinci est un chef-ďceuvre dans ce genre de composition.
Plusieurs savants (6) ont tenté de donner un nom à chacu
figures qui représentent les apôtres à la Cène. Mais plus o
ces explications et ces commentaires, et plus on reste conv
qu'excepté la figure de saint Jean et celle de Judas, et peut-êtr

fi) Comme le témoigne le texte évangélique: Estote prudentes sicut serp


et ce que saint Paulin de Noie rend si poétiquement dans ce distique :
« Crucem corona lucido cingit Globo,
« Cuicoronae, sunt corona Apostoli
« Quorum figura est in colombarum choro. »
(2; Ou peut être saint Mathias , le remplaçant du traître Judas.
(3) Guill. Durand, Rationale , etc., lib. I, cap. m, ed. de 1572 (à Veni
(4) Cette explication pourrait bien n'ctre pas acceptée de tout le monde
on trouve dans bien des livres que ces brebis représentent aussi les fidèles,
ou les chrétiens. Voir Casalius , Aringhi et d'autres.
(5) Cette imposante réunion rappelle tout naturellement à l'esprit
d'une des plus belles hymnes de l'Eglise, Principes sacri senatus, orbis
dices , sedibus celsis sublimes , facta pendunt omnium.
(6) A savoir : Amoretti , Osservazioni sopra y tia e designi ai Lionar
S. P. Loraazzo. Armenini. Vasari. - P. Casati cité par l'abbé Guillon, p. 83,
84, 92, 95, 96, etc. - Dominique Pino, dans Relazione genuina del Cenacolo
delle grazie.

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ICONOGRAPHIE DES APÔTRES. 307

core celle de saint Pierre , les autres sont impossibles à


ďune manière infaillible, et que toutes les recherches savant
à ce sujet restent dans le domaine des suppositions et qu
ne peut se vanter ďavoir mieux jugé que ses devanciers,
II existe une tradition (l) qui, si elle n'a pas toutes les
de 1 authenticité, n'a du moins rien de contraire à la vér
laquelle les apôtres avant de se séparer pour aller à leur m
raient composé le Credo , nommé aussi le symbole des apôt
Une vieille gravure en bois, de la grande Chronique de Nur
publiée comme on sait en 1493, représente dune mani
monotone, mais qui cependant ne manque pas dune certa
cet intéressant sujet dont un peintre habile pourrait tirer
fique parti. Jésus-Christ semble présider la réunion, et
rangés autour de lui tiennent chacun un phylactère sur
un des versets du symbole ; cette gravure de la Chronique
été faite sur quelques miniatures ou peintures beaucoup
nes qu'il serait curieux de retrouver. Voici la dispositi
quelle se présente l'attribution des versets à chaque apô
la gravure de la Chronique. F0 ci v°.
Saint Pierre, Credo in unum Deiim, etc.
Saint André, et in Jesum Christum Filium (3), etc.
Saint Jean, qui conceptus est de Spiritu sancto.
Saint Jacques le Majeur, Passus sub Pondo Pilato .
Saint Thomas, descendit ad inferos, etc.
Saint Jacques le Mineur, ascendit ad cœlos , etc.
Saint Philippe, inde venturus estjudicare, etc.
Saint Barthélemy, credo in Spiritum Sanctum, etc.
Saint Mathieu, et sanctam Ecclesiam , etc.
Saint Simon, remissionem peccatorum, etc.

(1) Saint Augustin en parle ainsi que le pape saint Léon , Fortunat
autres. Rufin la cite comme admise dès le IVe siècle. Voir aussi Mol
imaginum sacrarum , p. 532.
(2) On sait que le vrai titre de ce livre est celui-ci, Chronicaru
Hartmann Schedel , etc., 1493 , Impressum , etc. On en trouve des é
«t allemandes, les dernières sont plus récentes; beaucoup de planc
rieuses, surtout celles de la Création, du Jugement dernier, du Cre
bliothèque du Louvre en possède un exemplaire assež beau , mais so
ridicule s De la création du monde . N° 1168 du catalogue. E. 2.
(3) Ce texte se trouve reproduit sur une mosaïque au IXe siècle, do
vu l'indication dans Ciampini, mais dont nous n'avons pu retrouver
indication était d'autant plus intéressante que la figure de saint And
de ce texte.

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30S REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
Saint Jude, carnis resurrectionem, etc.
Saint Mathias, et vitarn ceternam.

Sauf quelques légères variantes de peu d'importance, la nomen-


clature ci-dessus est reproduite par Durand, évèque de Mende (da
Deritibus Ecclesiœ, lib. II, cap. xxiv, n° l) (l); mais celle donn
par M. l'abbé Crosnier dans son Iconographie chrétienne, in-8°, p. 22
diffère beaucoup de l'ordre dans lequel les apôtres sont placés pa
Durand et quelques autres.
Il existe au cabinet des estampes de Paris, dans un volume in-f"
sous le n° 7644 (dans les ouvrages réservés), une collection de vieilles
gfavures allemandes sur bois et à moitié coloriées, parmi lesquel
nous avons trouvé une suite très-curieuse des douze apôtres, tena
chacun les attributs qu'on leur donne depuis le XIIIe ou XIVe sièc
et ayant chacun sous leurs pieds le verset du Credo. Cette suite q
ne porte pas de date, mais qui paraît appartenir à l'origine de la gra-
vure sur bois, est citée comme remarquable et même comme capitale
à la note de la page 324 du Voyage d'an iconophile, 1 vol. in-8°.
Paris, 1821, par M. Duchesne aîné, conservateur en chef du cabin
des estampes de Paris.
On trouve aussi dans l'œuvre du célèbre Henry Goltzius une autre
suite des apôtres en bustes; au bas de chacune de ces figures es
gravé un verset du Credo. On peut voir cette suite au cabinet d
estampes de Paris, Œuvres de Goltzius, tome I, folios 20 à 23, e
encore aux noms de chacun des apôtres dans la grande collection d
saints en vingt-neuf volumes in-f°, au même cabinet. Nous citero
aussi deux autres suites, l'une dans l'œuvre de Jodocus de Wingh
l'autre dans celles de Crispin de Pas, reproduites au nom de chac
des apôtres dans la grande collection des saints citée ci-dessus (C
binet des estampes, etc).
On sera peut-être étonné de ne pas voir figurer saint Paul parm
toutes ces figures d'apôtres dont nous venons de donner la descriptio
D'abord saint Paul n'est compté au rang des douze que par exte
sion (2). Son véritable titre est, comme on sait, l'apôtre des nations ;

(1) Dans l'ouvrage do théologien on trouve quelques variantes concernant l'ord


dans lequel est donnée la suite des douze et le verset qui leur est attribué.
(2) En nous servant de cette expression , qui peut-etre n est pas exacte au poi
de vue liturgique , nous n'entendons parler que d'une manière conforme á not
plan, spécialement iconographique ; désavouant du reste cette expression, si ell
trouve tant soit peu répréhensible.

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ICONOGRAPHIE DES APÔTRES. 309

ensuite, n'ayant eu en vue que les onze, tels qu'ils furen


par Jésus-Christ, qui vécurent avec lui et figurent à la Gène
le cénacle au jour de la Pentecôte, nous ne ^ pouvions y com
saint Paul qui n'y figure pas, comme on le sait, ni interromp
et la composition du sacré collège à une époque déterminé
Du reste, pour ne pas laisser subsister une espèce de lacune
jet et pour nous conformer à l'usage, nous renverrons à ce
indiquons de figures de saint Paul dans noir e Dictionnaire ic
phique des monuments de V antiquité chrétienne, et surtout a
M. ÉmericDavid (p. 49) de son Discoars sar la peinture; à
M.RaoulRochette, page 40 de son Discoars sur les types prim
l'art chrétien, etc., qui nous semblent avoir épuisé la matière
par l'abbé Grosnier dans son Iconographie chrétienne (v
ce à quoi nous ne pouvons rien ajouter, la figure de saint
d'ailleurs une des plus connues. Quant à l'ordre dans leque
placer les apôtres, après saint Pierre et saint Paul, ce qui
est extrêmement arbitraire, MM. les abbés Duval et Jour
mieps, dans leur publication sur l'iconographie des apôtres
un tableau curieux de l'ordre dans lequel ils sont nommés
évangélistes, le canon de la messe et les litanies des saints.
Ces deux savants font encore diverses observations curi
les figures d'apôtres représentés pied nus. Cette tradition
respectable qu'elle soit, n'est pas tellement acceptée qu'elle
lement invariable. Les belles statues d'apôtres qui se voient au
de la cathédrale d'Amiens ont les pieds chaussés. Quant
et aux cheveux plus ou moins touffus que quelques tradit
nent aux apôtres , ils traitent tous ces détails appuyés de
puisées dans Içs liturgistes qui ne sont pas toujours d'acco
point, mais dont cependant les artistes doivent tenir com
l'usage de représenter saint Pierre la tète presque rase, au
origine, suivant plusieurs auteurs anciens, l'introduction
sure ecclésiastique par cet apôtre.
Enfin nous terminerons cette notice en signalant une dern
ticularité assez curieuse et peu connue. Nous voulons parler d
tures et peintures où l'on voit les apôtres montés sur le dos
phètes. C'est ainsi qu'on les trouve représentés à la cath
Chartres et sur des vitraux dont on trouve un spécim
YHistoire de la peinture sur verre en France , par M. Fer
Lasteyrie, voir planche xi et le texte, page 67.

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310 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
L'Église de Marsbourg dans l'ancienne Saxe possède des stat
qui représentent la même particularité. Ces statues, qui sont estim
du XIe ou XIIe siècle, sont reproduites dans l'ouvrage de MM. Putr
et Zieger, Denkmale der Baukunst der mittelalters in Sachsen,
in-4. Leipsick, 1836; planche iv. Au premier coup d'œil ces fig
ne semblent que bizarres ; mais quand on en connaît le moti
trouve que le symbolisme qui en a déterminé l'exécution renf
réellement une pensée profonde et de la plus haute portée ; on y v
l'enseignement de cette vérité toute catholique que l'Évangile
que l'entière et complète réalisation des prophéties.

L. J. Guenebault.

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