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Mise au point

Complications neurologiques de l’infection par le virus JC : revue


générale
Neurological complications of JC virus infection: A review
A. Moulignier a,∗ , A. Lecler b
a
Service de neurologie, hôpital Fondation Adolphe-de-Rothschild, 29, rue Manin, 75019 Paris, France
b
Service d’imagerie médicale, hôpital Fondation Adolphe-de-Rothschild, 29, rue Manin, 75019 Paris, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : Si la séroprévalence du polyomavirus humain JC (JCV) est élevée en population générale, ses complications
Disponible sur Internet le xxx neurologiques sont rares et la plus connue est la leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP),
affection démyélinisante du système nerveux central (SNC). Après une primo-infection asymptomatique,
Mots clés : le JCV induit une infection chronique dans des sites de latence comme le rein ou les lymphocytes. Le réar-
Virus JC rangement de sa forme latente ou archétypale en une forme prototypique ou neurotropique lui permet
Leucoencéphalopathie multifocale d’acquérir la capacité d’infecter les cellules gliales. Après cette ré-activation virale et pénétration dans
progressive
le SNC, l’infection productive des oligodendrocytes à l’occasion d’un défaut des défenses immunitaires
Complications neurologiques
Revue
(infection par le VIH ou traitements immunosuppresseurs), conduit à la LEMP. L’utilisation croissante
des anticorps monoclonaux a été accompagnée d’une augmentation parallèle des cas d’infection au JCV
dans des pathologies jusqu’alors préservées (sclérose en plaques et maladies systémiques). Plus rare-
ment le JCV est responsable de la neuronopathie des cellules granulaires du cervelet, de méningite ou
d’encéphalite. La présentation clinique varie selon le siège des lésions. Le diagnostic repose sur l’imagerie
par résonance magnétique, la présence du génome viral dans le liquide cérébrospinal et quand elle est
nécessaire sur l’analyse anatomopathologique du tissu cérébral. L’évolution naturelle de la LEMP est le
plus souvent mortelle et aucun traitement spécifique n’est validé par la médecine fondée sur les preuves.
La restauration du système immunitaire peut enrayer la progression des lésions et conduire à des survies
prolongées, mais aussi se compliquer d’un syndrome inflammatoire de reconstitution immune.
© 2020 Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS.
Tous droits réservés.

a b s t r a c t

Keywords: Although human polyomavirus JC (JCV) seroprevalence in the general population is high, its neurological
Human polyomavirus JC complications are rare and progressive multifocal leukoencephalopathy (PML), a lethal central nervous
Progressive multifocal system (CNS) demyelinating disease, is the most well-known. After an usually asymptomatic primary
leukoencephalopathy infection during late childhood, a latent JCV form persists in different sites, notably the kidneys and
Neurological complications
lymphocytes. Rearrangement of that archetype into the prototypical neurotropic strain can reactivate
Review
JCV, thereby enabling its CNS penetration and infection of glial cells. In a context of defective immune
defenses (HIV infection, cancer or immunosuppressant therapies) this infection leads to oligodendrocyte
death that contributes, via demyelinization, to PML but also, as more recently described, to other CNS
complications, e.g., JCV granule cell neuronopathy, meningitis or encephalitis. Clinical manifestations
depend on the localization of the lesions. The increasingly widespread use of new immunomodula-
tory monoclonal antibodies to treat multiple sclerosis and other inflammatory systemic diseases has

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : amoulignier@for.paris (A. Moulignier).

https://doi.org/10.1016/j.revmed.2020.08.021
0248-8663/© 2020 Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Moulignier A, Lecler A, Complications neurologiques de l’infection par le virus JC : revue générale, Rev Med
Interne, https://doi.org/10.1016/j.revmed.2020.08.021
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increased PML frequency in those previously rarely affected entities. Diagnosis relies on magnetic reso-
nance imaging, JCV detection in cerebrospinal fluid and, when necessary, brain histology. PML is often
lethal. No specific, evidence-based treatment with clinically relevant efficacy is available. The therapeutic
objective is to restore host immune responses to JCV, while avoiding immune-reconstitution inflamma-
tory syndrome.
© 2020 Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI). Published by Elsevier Masson SAS. All
rights reserved.

Si l’infection par le polyomavirus humain JC (JCV pour John taux annuels de séroconversion et séroréversion sont de 4,7 % et
Cunningham, les initiales du patient chez qui le virus fut isolé la 1,8 % respectivement [16]. Selon d’autres études, le taux d’anticorps
première fois) est fréquente dans la population générale, les com- anti-JCV a évolué, sur un suivi de 6 ans, de la séronégativité à
plications neurologiques sont rares [1]. La plus fréquente de ces la séropositivité et inversement, chez 17 % des patients SEP, soit
complications est la leucoencéphalopathie multifocale progressive un taux annuel de variation de 3 % [18] jusqu’à 7,1 % [19]. Ces
(LEMP) qui est une affection démyélinisante du système nerveux résultats sont d’interprétation non univoque : pour certains ils
central (SNC). Il s’agit d’une infection opportuniste rapidement montrent une réponse immunitaire dynamique contre le JCV et
mortelle qui survient majoritairement en cas d’immunodépression pour d’autres la simple oscillation autour du seuil de détection [3].
sévère. En l’absence de thérapeutique spécifique, la LEMP est un des En population générale, la prévalence de la LEMP est estimée entre
grands défis actuels car elle complique l’utilisation de certaines bio- 0,44/100 000 [20] à 1,56/100 000 [11] et son incidence annuelle
thérapies qui sont une avancée thérapeutique importante dans la varie de 0,072 [21] à 0,3/100 000 [22]. La pandémie VIH a multiplié
prise en charge des pathologies inflammatoires comme la sclérose par 20 l’incidence de la LEMP, mais les nouveaux antirétroviraux
en plaques (SEP). Au premier trimestre 2020 plus de 5200 articles ont entraîné sa réduction de 14,8/1000 patients-années en 1996 à
sur le JCV ou la LEMP étaient référencés dans PubMed. 0,8/1000 en 2011 en Espagne, et même à 0,49/1000 en France,
soit une réduction de 57 % de l’incidence sur la période [12,23].
1. Épidémiologie Le taux d’incidence de la LEMP dans la maladie de Hodgkin et les
LLC est respectivement de 8,3 et 11,1 pour 100 000 patients-années
Identifiée d’abord comme une complication rare des patholo- [24]. L’incidence de la LEMP dans les lymphomes non-Hodgkinien
gies responsables d’une baisse de l’immunité cellulaire, comme les traités par rituximab est de 240/100 000 patients-années [25]. La
hémopathies ou les déficits immunitaires iatrogènes (corticothéra- prévalence de la LEMP chez les patients souffrant d’hémopathies
pie prolongées, immunosuppresseurs) ou non, les caractéristiques malignes est de 0,07–0,52 % et de 0,7 % chez les patients greffés
de la LEMP ont été décrites en 1958 par Aström et al. [2]. L’origine [3,26]. Le taux d’incidence en cas de greffes de moelle osseuse est
virale a été démontrée dès 1965 et le JCV isolé en 1971 [3]. Avant égal à 35,4/100 000 greffes-années [24] et en cas de greffes cœur
l’épidémie du VIH, la LEMP était associée dans 62 % des cas aux et/ou poumons de 1,24/1000 greffes-années [26]. Une augmen-
leucémies lymphoïdes chroniques (LLC) et à la maladie de Hodgkin tation significative de l’incidence de la LEMP a suivi l’utilisation
[4]. Exceptionnelle jusqu’en 1982, où elle est reconnue comme une des traitements immunomodulateurs/immunosuppresseurs pour
infection opportuniste définissant le sida, l’infection VIH devient d’autres indications que les pathologies malignes : natalizumab,
alors la cause principale de LEMP [3,5]. Les premiers cas associés anti-CD20, alemtuzumab, éfalizumab, fingolimod, diméthyle fuma-
au natalizumab, un anticorps anti-␣4-intégrine pour traiter la SEP rate et anti-TNF␣ notamment. La liste des traitements augmente
et la maladie de Crohn, ont été rapportés en 2005 et le nombre régulièrement : brentuximab, ofatumumab, obinutuzumab, ibru-
de LEMP iatrogènes augmente parallèlement à l’utilisation crois- tinib, bélimumab, idelalisib [6,27]. En France, le taux d’incidence
sante des biothérapies [6,7]. De rares cas de LEMP ont été décrits de la LEMP associée au natalizumab dans la SEP pour la période
dans les maladies systémiques en lien ou non avec le traitement, 2007–2016 est égal à 2/1000 patients-années et depuis 2013 a
comme le lupus (qui conférerait un sur-risque intrinsèque de LEMP diminué de 23 % chaque année grâce à un algorithme de strati-
indépendamment du traitement), la sarcoïdose, la polyarthrite rhu- fication du risque, en fonction du taux d’anticorps anti-JCV [7].
matoïde, les vascularites, les dermatomyosites, la sclérodermie, ou Pour le fingolimod, sans natalizumab pré-thérapeutique, le risque
le syndrome de Sjögren [8]. D’exceptionnels cas de LEMP ont été de LEMP est estimé à 0,07/1000 patients traités et son incidence
rapportés pendant la grossesse, une cirrhose hépatique, une insuf- de 3,12/100 000 patients SEP-années [28]. Concernant le dimé-
fisance rénale et chez des sujets non ou peu immunodéprimés [9]. thyle fumarate l’incidence de la LEMP est de 2/100 000, avec ou
Grâce au traitement précoce et efficace des personnes vivant avec sans lymphopénie [28]. L’incidence de la LEMP associée au rituxi-
le VIH (PVVIH), les hémopathies malignes sont récemment rede- mab est de 1,39–1,87/10 000 patients traités [29]. Depuis 2006 le
venues la première cause de LEMP, devant l’infection VIH [10,11]. nombre de LEMP associées aux maladies systémiques n’a cessé
Aujourd’hui, 27 % des PVVIH développent une LEMP avec un taux d’augmenter, le plus souvent rapportées aux thérapeutiques utili-
de CD4 ≥ 200/␮L [12]. Ce pourcentage inclut les LEMP associées sées [6]. Parmi les maladies systémiques, le lupus per se est associé
à une restauration immune (LEMP-IRIS), mais soulignent que le au risque le plus élevé de LEMP, car 40 % des cas sont décrits dans
diagnostic ne doit pas être exclu en l’absence d’immunodépression le contexte où l’immunosuppression est peu sévère voire absente
profonde [13]. [8,30,31]. Dans une étude rétrospective le risque de LEMP était de
Du fait même de l’atteinte principale de populations spéci- 4/100 000 admissions pour le lupus, contre 0,4/100 000 pour la
fiques, les études épidémiologiques en population générale sont polyarthrite rhumatoïde et 2/100 000 pour les autres connectivites
rares et l’incidence globale de la LEMP est mal connue [1,3,14]. [31]. Le taux d’incidence de la LEMP dans le lupus érythéma-
La séroprévalence du JCV chez des sujets sains varie de 15 % teux et les vascularites auto-immunes est égal à 2,4 et 10,8 pour
à 20 ans pour atteindre 70 % à 80 ans et 1–2 % de la popu- 100 000 patients-années respectivement [24]. L’incidence de la
lation s’infecterait chaque année [14,15]. Les anticorps anti-JCV LEMP chez les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde traités
sont détectés chez 50–60 % des patients souffrant de SEP et aug- par rituximab est égal à 2,56/100 000 [32]. Le risque de LEMP chez
mentent avec l’âge [16,17]. Dans cette population bien étudiée, les les patients lupiques traités par rituximab est égal 1/4000 [33].

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Une analyse critique du diagnostic aboutit au rejet de 57 % des migre dans les organes lymphoïdes où pourraient survenir les réar-
cas de LEMP et de 70 % des cas de LEMP-IRIS qui ne répondent rangements génétiques de la NCCR pendant l’infection chronique
pas aux critères internationaux dans les registres nationaux ou les [35]. Indépendamment des mutations de la NCCR, des mutations
publications [10,20,34]. Après 2011, ce taux diminue à 32 % [10]. supplémentaires de la VP1, uniquement décrites dans le liquide
Le diagnostic fait en neurologie est correct dans 80 % des cas mais cérébrospinal (LCS) et le sérum, mais jamais dans les urines de
seulement dans 31 % des cas pour les autres spécialités [10]. Ces patients ayant une LEMP, résulteraient de l’augmentation incon-
données doivent relativiser les résultats épidémiologiques et les trôlée de la réplication du JCV et pourraient modifier les propriétés
succès thérapeutiques allégués. du JCV vis-à-vis de ses récepteurs cellulaires [35]. Enfin, en plus
de leur effet immunosuppresseur, certains traitements pourraient
avoir une action directe sur le génome viral. Ainsi, le sirolimus aux
2. Physiopathologie de l’infection par le virus JC doses thérapeutiques, un inhibiteur mTOR impliqué dans les traite-
ments antirejet post-greffes, augmente l’expression des protéines
Le JCV est l’un des 13 polyomavirus humains identifiés, ayant grand T et stimule la réplication de la forme pathogène du JCV par
une grande homologie de séquence avec le second polyomavirus inhibition de la SCF-E3-ligase-Skp2 [39]. Les nouveaux anticancé-
humain, le virus BK et aussi le virus simien SV40 [35]. Virus à reux reposant sur l’inhibition de la voie PI3-Akt-mTOR pourraient
ADN sans enveloppe, ni protéase virale ou ADN polymérase, il est favoriser per se la réplication du JCV mais les conséquences cli-
ainsi dépourvu des cibles spécifiques de certains antirétroviraux niques sont encore inconnues [39].
et résiste à la déshydratation ou au pH acide [3,35]. La variation Succinctement, l’infection virale se déroule de la façon suivante.
fréquente de 1–3 % de son génome génère de nombreux polymor- La VP1 s’attache aux récepteurs de la cellule hôte en se liant à des
phismes génétiques avec une répartition géographique distincte acides sialiques incluant le motif Lactoseries tétrasaccharide C [37].
[3]. Ainsi, seuls les génotypes 1 et 4, sur les 7 connus, sont présents L’entrée dans la cellule par endocytose clathrine-dépendante est
en Europe. Ce serait une des explications de la neurovirulence, du médiée par les récepteurs sérotoninergiques de type 5-HT2 [37].
tropisme cellulaire et de la diversité des phénotypes cliniques [3]. L’intégration au noyau de la cellule après désassemblage de la cap-
Ubiquitaire dans la population générale, la transmission du JCV side par des protéines chaperonnes se fait via des pores nucléaires
par voie respiratoire ou par voie féco-orale via des eaux souillées est [37].
évoquée, car l’amygdale semble être le site de réplication initiale Compte tenu de la séroprévalence du JCV et de la rareté de la
[3,35]. Après une primo-infection aspécifique, le JCV entre dans une LEMP, les défenses immunitaires sont opérantes chez les immuno-
phase de latence et l’absence de réponse immune s’expliquerait par compétents. L’immunité cellulaire, notamment la réponse CD4 et
une expression antigénique minimale [35]. Le rein apparaît comme CD8 précoce, dirigée contre le JCV apparaît la plus importante
le site de latence principal du JCV, en raison de l’observation d’une pour le contrôle de la réplication virale [40]. Ainsi, il a été mon-
excrétion urinaire régulière chez les sujets sains [35]. La moelle tré que la réponse T-cytotoxique dirigée contre le JCV améliore
osseuse, les lymphocytes B et les progéniteurs hématopoïétiques la survie des patients atteints de LEMP [41]. L’immunité humo-
CD34+ sont d’autres sites de latence [35]. L’ADN du JCV a également rale apparaît déficiente et les mutations du gène de la protéine
été identifié dans les oligodendrocytes et astrocytes de sujets sains VP1 seraient à l’origine de l’échappement du JCV et du dévelop-
[36]. pement de la LEMP [3,35]. Cependant les cas de LEMP survenant au
Le génome du JCV comporte un gène précoce et un gène tardif cours du déficit immunitaire commun variable et le rôle important
séparés par une région non codante (non coding control region ou de taux élevés d’anticorps neutralisants anti-JCV dans l’évolution
NCCR) renfermant les promoteurs des 2 autres gènes et respon- favorable de la LEMP montrent que les lymphocytes B jouent un
sable de la régulation de la réplication virale et de l’activation des rôle indéniable [42,43]. À la faveur d’un déficit immunitaire pri-
cellules hôtes [35]. Le gène précoce code pour les antigènes grand mitif ou induit (lymphopénie, hypogammaglobulinémie, défaut de
T et petit t [35]. L’antigène T est impliqué dans la réplication et réponse des lymphocytes T), le JCV est réactivé dans ses sites de
l’expression du génome viral [37]. Capable de modifier le dérou- latence et essaimerait jusqu’au SNC par voie hématogène via les
lement normal du cycle de la cellule-hôte, il serait responsable du cellules B infectées [35]. L’hypothèse d’une réactivation intracéré-
pouvoir oncogène du JCV [35]. Le gène tardif code pour les pro- brale n’est pas exclue [14]. Une fois dans le cerveau le virus infecte
téines de capside (VP1, VP2, VP3) et l’agnoprotéine qui aurait un et lyse les oligodendrocytes (cellules qui forment la gaine myéline)
rôle régulateur de la réplication du génome viral [30]. La VP1 porte entraînant une démyélinisation vraie. Les lésions anatomopatho-
les déterminants antigéniques reconnus par les anticorps, est res- logiques reposent sur une triade : (1) plages de démyélinisation
ponsable de la fixation du virus sur son récepteur cellulaire et donc multifocales parfois nécrotiques, (2) bordées par des « oligodendro-
de sa pathogénicité [37]. Région hypervariable, le réarrangement de cytes modifiés » aux noyaux monstrueux comportant des inclusions
la NCCR détermine la forme archétypale ou prototypique du JCV, basophiles et (3) par une gliose astrocytaire comportant des astro-
responsable de son neurotropisme et de sa neurovirulence [37]. cytes « bizarres », volumineux, voire monstrueux [1]. La présence
Forme prédominante isolée des eaux usées et des urines des sujets du JCV est confirmée par hybridation in situ, PCR et/ou immuno-
sains, la forme archétypale, dont la structure est stable, est consi- marquage ou en microscopie électronique [14,15]. L’infection des
dérée comme la forme transmissible du JCV qui ne pourrait pas se neurones est démontrée mais abortive, alors qu’elle est productive
répliquer dans les cellules gliales et serait à l’origine des virus mutés dans les cellules épithéliales des plexus choroïdes et méningées
[14,35,37]. La forme prototypique du JCV, associée à la LEMP, néces- [44]. En revanche, le JCV n’infecte ni les monocytes/macrophages
site plusieurs étapes mal connues, responsables du réarrangement autour des lésions de LEMP ni la microglie [45]. La réaction inflam-
génétique de la NCCR dans les sites de latence, qui augmenterait la matoire est peu marquée sauf en cas d’IRIS [9]. La LEMP peut
capacité de réplication dans les cellules gliales [38]. Les cellules B survenir exceptionnellement chez des patients immunocompé-
infectées de la moelle osseuse et l’EBV, qui jouerait le rôle de cata- tents sans pathologie sous-jacente [46].
lyseur, seraient impliqués dans les mécanismes qui conduisent à la
transformation de la forme archétypale en forme prototypique du
JCV [15,35]. Mais le JCV prototypique a également été isolé dans les 3. Manifestations cliniques
urines de sujets sains [35]. Une autre hypothèse propose que, dès la
primo-infection, une sous-population virale se localise dans le rein On distingue aujourd’hui la LEMP classique, la neuronopathie
pour devenir la forme transmissible et une autre sous-population des cellules granulaires du cervelet, la méningite et l’encéphalite

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à JCV et la LEMP-IRIS [3,14]. La LEMP doit son nom aux premières Un IRIS est apparu aussi après arrêt des traitements immunosup-
descriptions de la maladie : évolution insidieuse sans rémission presseurs comme le natalizumab dans la SEP [3,7]. Ces formes
(progressive), témoignant de la souffrance de plusieurs régions représentent environ 25 % des cas de LEMP dans l’infection VIH
cérébrales (multifocale) et caractéristique d’une altération presque et concernent principalement la forme classique de LEMP et la
exclusive de la substance blanche (leucoencéphalopathie). Toute- neuronopathie des cellules granulaires du cervelet [34]. Elles se
fois, le spectre de l’infection par le JCV a évolué avec la description traduisent par une évolution clinique qui peut être plus agressive,
d’atteinte de la substance grise [14]. Le terme d’encéphalopathie un rehaussement périlésionnel après injection de gadolinium plus
liée au JCV est préférable à celui de LEMP pour couvrir le spectre de fréquent (87 %), un œdème périlésionnel (30 %) avec effet de masse
l’infection du SNC par le JCV. (24 %), une PCR JC qui peut être négative (12 %) et une infiltration
lymphoplasmocytaire importante à prédominance de lymphocytes
3.1. La forme classique de LEMP T CD8+ cytotoxiques anti-JCV à l’examen histologique [34,53].

Les manifestations cliniques de la LEMP sont variables car cor- 3.5. Les formes associées aux biothérapies
rélées aux nombreuses localisations possibles des foyers lésionnels
[3]. Les signes initiaux dépendent donc du site de la première lésion Ces complications iatrogènes sont surtout rapportées depuis la
démyélinisante symptomatique, habituellement, mais pas néces- description des trois premiers cas de LEMP sous natalizumab en
sairement, postérieure. Les principaux troubles neurologiques 2005 [54]. Elles sont observées au cours des traitements de mala-
observés sont : dies inflammatoires, des chimiothérapies anticancéreuses et des
traitements antirejet post-greffes [7,8]. Elles ne sont pas très dif-
• troubles neuro-visuels (hémianopsie latérale homonyme, syn- férentes des formes classiques de LEMP mais elles peuvent être de
drome de Balint) [47] ; diagnostic difficile dans la SEP car leur présentation radiologique
• déficits moteurs ; peut être trompeuse [6,8,55]. Le risque de LEMP dépend de la molé-
• troubles cognitifs ; cule, ce qui a conduit à individualiser trois classes thérapeutiques
• troubles sensitifs ; [7,56]. Les algorithmes développés pour limiter le risque de LEMP
• syndrome cérébelleux. sous natalizumab ne sont pas validés pour les autres traitements :

Des crises d’épilepsie peuvent être inaugurales et compliquent • la classe 1, où le risque est important, comprend le natalizu-
souvent les formes évoluées de la maladie [48]. Les signes néga- mab et l’éfalizumab. Le risque estimé de LEMP sous natalizumab
tifs sont tout aussi importants : absence de céphalées, de fièvre varie selon la positivité de la sérologie JC et l’index value, la
et d’hypertension intracrânienne. L’atteinte de la moelle épinière durée d’exposition au traitement et les traitements immuno-
est exceptionnelle et il n’a pas été rapporté d’atteinte des nerfs suppresseurs antérieurs [7,57]. Pour les sujets JCV négatifs le
optiques, ce qui est un élément important dans la SEP [3,14]. risque de LEMP est < 0,07/1000 patients. Selon qu’il y ait eu un
traitement immunosuppresseur antérieur, si la sérologie JCV est
3.2. La neuronopathie des cellules granulaires du cervelet positive le risque cumulé de LEMP sur 6 ans est égal à 2,7 %
et 1,7 % respectivement [58]. Les LEMP sous natalizumab sur-
L’expression clinique de ces formes particulières est un syn- viennent en général sous traitement ou dans les 6 mois suivant
drome cérébelleux isolé d’aggravation progressive associé à une l’interruption du traitement [59]. Sur la base des quatre cas rap-
importante atrophie cérébelleuse avec éventuellement un signe de portés de LEMP chez les patients traités par éfalizumab ce risque
la croix à l’IRM cérébrale [49,50]. Ces formes peuvent être isolées était de 0,7/10 000 patients traités et de 16/10 000 patients trai-
ou associées à des lésions de LEMP typiques à l’IRM [50]. Ces formes tés pendant plus de 3 ans et ont conduit au retrait de la molécule
sont décrites aussi bien dans l’infection VIH que dans les maladies [60] ;
de système et sont probablement sous-estimées [14]. • la classe 2, où le risque est moins important mais certain, com-
prend certains anticorps monoclonaux (rituximab, bélimumab,
3.3. La méningite et l’encéphalite à JCV brentuximab par exemple), le fingolimod, le cyclophosphamide,
l’azathioprine et le mycophénolate mofétil. Ces traitements
Le JCV a été isolé dans de rares cas de méningite typique sans étaient souvent associés à des pathologies prédisposant à la
lésion de LEMP à l’IRM [51]. Dans une série de 131 cas de ménin- LEMP ou à d’autres traitements à risque de LEMP. Toutefois ils
gites, la PCR-JCV systématique dans le LCS était positive dans 1,5 % sont référencés dans la « boîte noire » de la FDA. Le rituximab,
des cas [51]. Toutefois, une PCR Mycobacterium tuberculosis positive notamment, est utilisé dans 30 % des cas hors AMM [61]. Le
dans un cas pourrait témoigner d’une réactivation du JCV dans le risque global de LEMP estimé pour le rituximab est inférieur à
cadre d’une infection concomitante [51]. De même quelques rares 1/10 000 et dépend du contexte dans lequel il est prescrit [29].
cas d’encéphalopathie par infection des neurones pyramidaux du En raison de sa rareté, ce risque apparaît peut être sous-estimé
cortex ont été décrits [52]. L’IRM montre des lésions corticales et auprès des patients. Ainsi, près de trois quart des patients trai-
non localisées dans la substance blanche comme dans la LEMP tés ne sont pas conscients ou n’ont pas été informés du risque
classique [52]. Le diagnostic est évoqué devant une PCR-JCV+ et de LEMP [61]. L’incidence pour le fingolimod varie entre 0,069 à
l’absence d’autre étiologie. 0,082/100 000 patients traités [28]. La morbi-mortalité élevée de
ces LEMP, probablement en raison de la pathologie sous-jacente,
3.4. Les formes associées au syndrome inflammatoire de impose une surveillance étroite des patients traités ;
reconstitution immune ou IRIS • la classe 3 correspond à un risque qui n’est pas clairement iden-
tifié en termes épidémiologique et repose sur des déclarations
L’IRIS est défini comme une aggravation paradoxale des symp- d’événements graves ou des cas cliniques isolés avec les molé-
tômes associés à un pathogène opportuniste chez des PVVIH après cules suivantes, associées parfois à des molécules de classe 1 ou
initiation des multithérapies antirétrovirales et contrôle rapide de 2 : alemtuzumab, anti-TNF-␣, diméthyl fumarate, golimumab,
la réplication du VIH. Cette reconstitution rapide de la réponse ibrutinib, leflunomide, nivolumab, ocrélizumab, ofatumumab,
immune conduit à une réaction inflammatoire massive dans les tis- pazopanib, pembrolizumab, ruxolitinib, védolizumab [27,62]. Un
sus infectés qui peut révéler ou aggraver secondairement la LEMP. cas de LEMP a été décrit après immunothérapie par lymphocytes

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Fig. 1. Lésions occipitale droite et frontale gauche. Ces lésions touchent la substance blanche et sont à prédominance sous-corticale, avec atteinte des fibres en U et respect
du cortex. Important hyposignal T1 (a), associé à un franc hypersignal FLAIR (b). On peut noter l’absence d’effet de masse. En Diffusion, il existe un front de démyélinisation
visible en hypersignal (c). Sur une séquence de perfusion type ASL (arterial spin labelling) fusionnée à la séquence FLAIR, il existe une discrète hyperperfusion périphérique
associée (d). Suivi à 3 mois de lésions de LEMP : intérêt de la co registration et de la fusion (e) des images FLAIR pour une optimisation de la comparaison, avec un codage
couleur en rouge pour les images anciennes. La superposition parfaite des IRM permet d’affirmer l’absence de progression des lésions.

CAR T pour un lymphome B [63]. Cette liste n’est pas exhaus- • les séquences de diffusion montrent particulièrement le front de
tive et s’allonge d’année en année. Les patients traités par ces démyélinisation en hypersignal témoignant de zones actives où
molécules doivent avoir une évaluation neurologique régulière la destruction est importante (Fig. 1c).
et toute modification de l’examen doit conduire à rechercher
une éventuelle LEMP, la précocité du diagnostic étant le facteur
pronostique le plus important [3,59,62]. Certaines séquences supplémentaires apportent des arguments
indirects qui nous apparaissent importants pour la prise en charge
des patients [65]. Les séquences de perfusion, comme l’ASL (arterial
4. Examens complémentaires spin labelling) complètent l’analyse radiologique en montrant des
zones d’hyperperfusion qui témoignent aussi de l’activité du JCV
4.1. Imagerie cérébrale (Fig. 1d). L’évolution des lésions étant le plus souvent discrète, il
est conseillé de réaliser une coregistration-fusion des IRM initiale
L’IRM cérébrale est l’examen de choix grâce aux incidences mul- et de suivi afin d’être le plus précis possible (Fig. 1e).
tiples et aux nouvelles séquences. L’IRM est fortement évocatrice Les localisations lésionnelles sont variées. L’atteinte de la sub-
du diagnostic lorsqu’elle montre [64,65] : stance blanche occipito-pariétale et du corps calleux est classique
[65]. L’atteinte du tronc cérébral est surtout rapportée chez les
PVVIH et dans les maladies auto-immunes [65]. Dans environ 10 %
• sur les séquences en T1 sans et après injection de gadolinium, des des cas on observe une atteinte des ganglions de la base et du
images hypo-intenses, le plus souvent multifocales, sans œdème thalamus, notamment chez les PVVIH [3]. Le profil métabolique
périlésionnel, ni effet de masse, ni prise de contraste mais dans en spectroscopie RMN, caractérisé par une diminution du signal
5–10 % on observe une discrète prise de contraste en périphérie du N-acétyl-aspartate (reflétant la souffrance neuronale), une aug-
des lésions (Fig. 1a) ; mentation de la résonance des composés contenant de la choline
• sur les séquences en T2 et fluid-attenuated inversion recovery (démyélinisation), une diminution du signal de la créatine totale
(FLAIR), des images hyper-intenses, le plus souvent multiples, de (perte cellulaire) et la présence de lactate peut aider au diagnostic
la substance blanche sus- et/ou sous-tentorielle, à prédominance différentiel de leucopathie [3]. L’analyse du signal du myo-inositol
sous-corticale avec atteinte des fibres en U, proches des sillons proposée comme un indicateur de rémission de la LEMP nous
qu’elles soulignent, respectant la substance grise (Fig. 1b) ; apparaît moins intéressant que les séquences de diffusion et de
• sur les séquences en T1 après injection de gadolinium, des lésions perfusion.
ne prenant pas le contraste le plus souvent. Dans de rares cas Le suivi IRM des patients traités par natalizumab ne permet
(notamment IRIS) une discrète prise de contraste périphérique pas toujours de différencier les lésions de LEMP des lésions de
est observée (5–10 %). En cas d’IRIS les prises de contraste sont SEP, notamment dans les formes asymptomatiques de l’infection
souvent plus importantes que dans les formes inflammatoires (sensibilité 59,7 % ; spécificité 91,7 %), et ceci malgré la lec-
simples (Fig. 2) ; ture par des neuro-radiologues entraînés et spécialisés dans les

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Fig. 2. Prises de contrastes punctiformes multiples dans le cadre d’un IRIS sur une plaque de LEMP frontale droite (a), bien visibles sur les séquences T1 après injection de
gadolinium (b).

2 pathologies [55]. La concordance entre les radiologues n’était que Tableau 1


Critères diagnostiques de LEMP.
faible à modérée ( = 0,33).
LEMP Symptomatologie Lésions PCR-JCV dans
clinique compatibles à le LCS
compatible l’IRM cérébrale
4.2. Biologie
Définie + + +
Probable + − +
La sérologie sanguine n’a pas d’intérêt pour le diagnostic posi- − + +
tif. En revanche la sérologie proposée seulement pour le suivi des Possible + + −
patients sous natalizumab (STRATIFY JCVTM DxSelectTM test) parti- − − +
cipe à l’algorithme de dépistage des sujets à risque élevé de LEMP : Improbable − − −
+ − −
− + −

• taux élevé d’anticorps anti-JCV (ou index value élevé) ; JCV : JC virus ; LEMP : leucoencéphalopathie multifocale progressive ; PCR : polyme-
rase chain reaction ; LCS : liquide cérébrospinal.
• antécédent de traitement immunosuppresseur ;
• durée de traitement par natalizumab au-delà de 2 ans [7,58].
4.3. Biopsie cérébrale

Le risque de LEMP est faible ou quasi nul si l’index value est Le diagnostic de certitude repose sur l’examen de tissu nerveux
inférieur à 0,9 et élevé si supérieur à 1,5 [7,58]. Des algorithmes infecté par PCR, immunohistochimie ou hybridation in situ. Celui-
de stratification du risque de LEMP sont proposés pour maintenir ci peut être obtenu soit par biopsie, soit en post-mortem lors de
le natalizumab chez les patients ayant une sérologie JCV positive la nécropsie [3,64]. Si aucun essai thérapeutique n’est envisagé, ou
mais ne réduisent pas le risque à 0 [58]. Un index value infé- en cas d’impossibilité de réaliser une biopsie cérébrale, les critères
rieur à 0,20–0,40 à l’initiation du natalizumab et dans la première clinico-radio-biologiques peuvent suffire [64].
année est prédictif d’un taux faible stable dans le temps. L’examen
standard du LCS est normal avec quelques cellules mononuclées 4.4. Critères diagnostiques
(< 20/␮L), mais n’apporte pas en soi d’éléments positifs en faveur
de la LEMP. Il permet d’écarter les diagnostics différentiels. La PCR- La présence d’une PCR-JCV positive dans le LCS associée à une
JCV dans le LCS est l’examen clé car sa sensibilité est égale à 75 % et sa présentation clinique et une imagerie compatibles sont suffisantes
spécificité varie entre 92 et 100 % [1]. La sensibilité de la technique pour confirmer le diagnostic de LEMP [64] (Tableau 1). Si l’évolution
pourrait ne pas dépasser 58 % chez les PVVIH traités par multithé- clinique ou l’IRM ne sont pas convaincantes ou si la PCR-JCV dans le
rapies antirétrovirales [66]. La première PCR-JCV est négative dans LCS est négative au moins à deux reprises il est légitime de proposer
près de 25 % des cas de LEMP associées au natalizumab [59]. La une biopsie cérébrale à visée diagnostique, si elle est réalisable sans
limite diagnostique est celle du seuil de détection, plus il est bas danger [3,64].
plus le pronostic est bon. Les PCR multiplex abaissent le seuil à
10 copies/mL [67]. Une PCR-JCV positive témoigne de l’existence 5. Évolution
d’une infection virale probablement active mais ne permet pas, à
elle seule, de porter le diagnostic de LEMP. Ainsi une PCR-JCV posi- L’hétérogénéité évolutive de la LEMP est déconcertante et
tive est rapportée en cas d’autres infections concomitantes comme dépend aussi du terrain sous-jacent. La mortalité reste encore éle-
une cryptococcose, une toxoplasmose ou une tuberculose [51,68]. vée dans l’infection VIH avec une probabilité de survie à un an entre
De même, si dans la majorité des cas la PCR-JCV se négative chez les 50 et 75 % [12,69]. Grace aux antirétroviraux, la survie médiane a
survivants de LEMP, elle peut rester positive alors que la maladie augmenté de 0,4 (1995–1996) à 1,8 an (2000–2006), et 34 % des
est contrôlée [15]. patients ont une survie supérieure à trois ans [70]. Certains PVVIH

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ont une évolution favorable supérieure à 10 ans [70,71]. Le facteur rapport CD4/CD8 pourraient être des marqueurs du risque de LEMP
pronostique le plus constant est un faible taux de CD4 au diag- sous rituximab, mais la valeur seuil n’est pas définie [29]. En rai-
nostic. Le pronostic des LEMP associées au traitement de la SEP son de l’existence de formes d’évolution spontanément favorable,
apparaît meilleur avec une survie évaluée à 90 % [59]. Les facteurs seuls les essais thérapeutiques contrôlés sur un échantillon suffi-
de meilleur pronostic de la LEMP associée au natalizumab sont : le sant de patients permettront de conclure à l’efficacité éventuelle
jeune âge, un score EDSS (Expanded Disability Status Scale) faible d’une molécule [79].
avant le diagnostic de LEMP, un délai diagnostique court et des
lésions cérébrales peu nombreuses et bien circonscrites [11]. Le
taux de mortalité de la LEMP associée au lupus est de 60 % et près Contribution des auteurs
de 85 % dans les hémopathies malignes et les greffes d’organes où la
survie à un an ne dépasse pas 50 % [3,14,24,26,30,31]. La LEMP laisse Dr A. Moulignier : conception du projet.
des séquelles handicapantes (visuelles, motrices et/ou cognitives) Dr A. Lecler : rédaction du chapitre radiologie du manuscrit ini-
chez près des deux tiers des patients survivants. tial et révisions du manuscrit.
Les deux auteurs approuvent la version définitive de cette mise
au point.
6. Thérapeutique
Déclaration de liens d’intérêts
Aucun traitement spécifique n’a formellement fait la preuve de
son efficacité dans la LEMP [3,38]. Des pistes thérapeutiques repo-
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
sant sur des arguments théoriques ont été proposées : inhibition
de la réplication virale (cidofovir, foscavir, méfloquine, cytarabine),
inhibition de l’entrée du JCV dans la cellule hôte via les récepteurs Références
5HT-2A (mirtazapine, rispéridone), diminution de l’expression
des protéines de régulation (interféron-␣), immunostimulation [1] Cinque P, Koralnik IJ, Gerevini S, Miro JM, Price RW. Progressive multifocal
(interleukine-2, interleukine-7, inhibiteurs de point de contrôle leukoencephalopathy in HIV-1 infection. Lancet Infect Dis 2009;9:625–36.
[2] Astrom KE, Mancall EL, Richardson EP. Progressive multifocal leuko-
immunitaire), restauration d’une immunité spécifique anti-JCV encephalopathy; a hitherto unrecognized complication of chronic lymphatic
(transfert de lymphocytes CD8 spécifiques après expansion ex vivo, leukaemia and Hodgkin’s disease. Brain 1958;81:93–111.
allogreffe de cellules T spécifiques du BK virus), anti-récepteurs [3] Zhai S, Brew BJ. Progressive multifocal leukoencephalopathy. Handb Clin Neu-
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CCR-5 des lymphocytes CD8 activés dans les LEMP-IRIS (maraviroc) [4] Brooks BR, Walker DL. Progressive multifocal leukoencephalopathy. Neurol Clin
[3,29,38,43,69,72–74]. Cependant, la succession de cas cliniques 1984;2:299–313.
isolés rapportant des améliorations, non confirmées ultérieure- [5] Miller JR, Barrett RE, Britton CB, Tapper ML, Bahr GS, Bruno PJ, et al. Progressive
multifocal leukoencephalopathy in a male homosexual with T-cell immune
ment, avec ces molécules seules ou en association, n’a fait que deficiency. N Engl J Med 1982;307:1436–8.
rendre encore plus confuse une situation thérapeutique complexe [6] Clavel G, Moulignier A, Semerano L. Progressive multifocal leukoencephalopa-
[75–79]. Enfin, l’utilisation du nivolumab pourrait être compliquée thy and rheumatoid arthritis treatments. Joint Bone Spine 2017;84:671–5.
[7] Vukusic S, Rollot F, Casey R, Pique J, Marignier R, Mathey G, et al. Progres-
de LEMP [80]. Il existe aussi des cas de récupération spontanée
sive multifocal leukoencephalopathy incidence and risk stratification among
[81]. L’argument de la rareté de la LEMP obérant l’initiation d’essais natalizumab users in France. JAMA Neurol 2019;77:94–102.
thérapeutiques multicentriques contrôlés nous parait récusable. [8] Molloy ES, Calabrese CM, Calabrese LH. The risk of progressive multifocal leu-
koencephalopathy in the biologic era: prevention and management. Rheum Dis
En effet, des essais thérapeutiques ont pu être menés dans des
Clin North Am 2017;43:95–109.
pathologies rares comme la neuromyélite optique de Devic dont [9] Gheuens S, Pierone G, Peeters P, Koralnik IJ. Progressive multifocal leukoence-
l’incidence est proche de la LEMP (0,053–0,4/100 000 versus phalopathy in individuals with minimal or occult immunosuppression. J Neurol
0,072–0,3/100 000) [82,83]. Enfin, 555 LEMP ont été répertoriées Neurosurg Psychiatr 2010;81:247–54.
[10] Iacobaeus E, Burkill S, Bahmanyar S, Hakim R, Byström C, Fored M,
dans la base FHDH entre 1997 et 2011 en France [23]. et al. The national incidence of PML in Sweden, 1988–2013. Neurology
Les décisions thérapeutiques dépendent de la cause sous- 2018;90:e498–506.
jacente. En cas d’immunodépression, les stratégies de restauration [11] Kartau M, Verkkoniemi-Ahola A, Paetau A, Palomäki M, Janes R, Ristola M,
et al. The incidence and predisposing factors of John Cunningham virus-
immunitaire ont démontré leur efficacité relative [3]. Dans induced progressive multifocal leukoencephalopathy in Southern Finland: a
l’infection VIH, il s’agit d’initier ou d’optimiser le traitement anti- population-based study. Open Forum Infect Dis 2019;6(2):ofz024.
retroviral [69]. Ainsi, les PVVIH survivant d’une LEMP au-delà de [12] Casado JL, Corral I, García J, Martinez-San Millán J, Navas E, Moreno A, et al.
Continued declining incidence and improved survival of progressive multifo-
10 ans n’avaient reçu aucun autre traitement que les antirétro- cal leukoencephalopathy in HIV/AIDS patients in the current era. Eur J Clin
viraux [84]. Pour les autres causes d’immunodépression, il faut Microbiol Infect Dis 2014;33:179–87.
diminuer le plus possible voire arrêter les traitements immuno- [13] Mascarello M, Lanzafame M, Lattuada E, Concia E, Ferrari S. Progressive mul-
tifocal leukoencephalopathy in an HIV patient receiving successful long-term
suppresseurs [3]. Une restauration immune trop rapide peut être
HAART. J Neurovirol 2011;17:196–9.
responsable d’un IRIS, qui survient dans 25 % des cas de LEMP [14] Tan CS, Koralnik IJ. Progressive multifocal leukoencephalopathy and other
associées au VIH jusqu’à 80 % sous natalizumab après échanges disorders caused by JC virus: clinical features and pathogenesis. Lancet Neurol
2010;9:425–37.
plasmatiques [34,59]. Dans ce cas, la corticothérapie limiterait les
[15] Major EO, Yousry TA, Clifford DB. Pathogenesis of progressive multifocal leu-
effets délétères de la réponse inflammatoire intense, mais aussi la koencephalopathy and risks associated with treatments for multiple sclerosis:
réponse immunitaire des cellules T spécifiques du JCV [14,34]. La a decade of lessons learned. Lancet Neurol 2018;17:467–80.
corticothérapie reste limitée aux PML-IRIS sévères [34]. Le suivi [16] Kolasa M, Hagman S, Verkkoniemi-Ahola A, Airas L, Koivisto K, Elovaara
I. Anti-JC virus seroprevalence in a Finnish MS cohort. Acta Neurol Scand
repose sur la disparition du front de démyélinisation et/ou du 2016;133:391–7.
rehaussement par le gadolinium à l’IRM (Fig. 2) et la clairance du [17] Paz SPC, Branco L, de Pereira MAC, Spessotto C, Fragoso YD. Systematic review
JCV dans le LCS [1]. of the published data on the worldwide prevalence of John Cunningham virus
in patients with multiple sclerosis and neuromyelitis optica. Epidemiol Health
La prévention du risque de LEMP reste aussi le meilleur des 2018;40:e2018001.
traitements. Le natalizumab doit être réservé aux patients dont la [18] Hegen H, Auer M, Bsteh G, Di Pauli F, Plavina T, Walde J, et al. Stability and
sérologie JCV reste négative ou dont l’index value est inférieur à 0,9 predictive value of anti-JCV antibody index in multiple sclerosis: a 6-year lon-
gitudinal study. PLoS One 2017:12.
[58]. La validité prédictive des taux sériques des neurofilaments [19] Vennegoor A, van Rossum JA, Leurs C, Wattjes MP, Rispens T, Murk JLAN, et al.
à chaîne légère ou celui des métalloprotéases matricielles-2 et - High cumulative JC virus seroconversion rate during long-term use of natali-
9 n’est pas encore démontrée. Le taux de lymphocytes CD4 et/ou le zumab. Eur J Neurol 2016;23:1079–85.

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