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Séance introductive

I-Balisage spéculatif ou maîtrise des concepts


A- L’Ethique
► L’approche ancienne
Etymologiquement, le mot Ethique vient d’un terme grec Ethiqué,
qui signifiait ‘’les mœurs’’. C’est le passage du fait au droit qui
consacre le mot ‘’ morale’’. La morale peut se définir comme un
système d’exhortation à se conformer à des règles relatives au Bien
et tenues comme universellement et inconditionnellement valables.
Au sens classique, l’éthique est la science de la morale. Les
diverses morales (juive, chrétienne, islamique…) ont fait l’objet de la
philosophie. La philosophie s’est également attelée à étudié les
systèmes d’interdits et de commandements relatifs aux jugements
de valeur selon le bien et le mal, pour en saisir l’origine, la nature, les
fondements, les principes, la logique, etc. Il s’agit précisément d’une
étude philosophique des morales. On trouve, à juste titre, plusieurs
déclinaisons de l’éthique dans le champ philosophique. On peut citer,
entre autres, l’éthique aristotélicienne du juste milieu, l’éthique de la
vertu stoïcienne, l’éthique hédoniste d’Epicure, l’éthique kantienne du
devoir, etc.
●l’éthique aristotélicienne du juste milieu :
Elle repose sur les notions suivantes :
- L’éthique n’est pas une science et il n’existe pas de Bien
idéel (opposition à Platon)
- L’éthique repose sur l’habitude et l’exercice et non le
savoir. « C’est en jouant à la cithare que l’on devient
cithariste et c’est en s’exerçant à la vertu que l’on
devient vertueux ». (Cf. Ethique à Nicomaque Livre 2)
- La vertu consiste dans un juste milieu entre des
contraires, l’un par excès l’autre par défaut. Qinsi le
courage est une vertu qui se trouve située entre la
lâcheté (défaut dans l’action) et la témérité (excès dans
l’action). (Cf. Ethique à Nicomaque Livre 3)
- L’amitié qui est une vertu consiste dans la bienveillance
réciproque. Deux personnes qui se veulent du bien
réciproquement sont amies ; deux personnes qui se
veulent du mal réciproquement sont ennemies. (Cf.
Ethique à Nicomaque Livres 8 et 9)
- Le plaisir se distingue clairement du bonheur. Alors que
le plaisir constitue une fin surajoutée à laquelle on
parvient lorsque l’on a réussi une action, le bonheur est
un état durable qui se suffit à lui-même auquel on ne
parvient que par l’exercice de la partie la plus élevée qui
soit en nous : la partie rationnelle de notre âme. Ce qui
en d’autres termes signifie que le bonheur réside dans
l’exercice de la pensée et dans la réflexion philosophique.
(Cf. Ethique à Nicomaque Livre 10)
●L’éthique de la vertu stoïcienne
Elle repose sur les points suivants :
- Pour bien conduire son existence il convient de
distinguer entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de
nous
- Ce qui dépend de nous ce sont nos actions, nos désirs, nos
pensées. Ce qui ne dépend pas de nous ce sont les honneurs, la
fortune, la mort…
- Seules les choses qui dépendent de nous peuvent être un
bien ou un mal car il demeure en notre pouvoir d’agir sur elles. Quant
à ce qui ne dépend pas de nous ce ne peut être ni un bien ni un mal,
cela doit nous rester indifférent. Ainsi il est indifférent que je
reçoive ou non des honneurs puisque cela ne dépend pas de moi.
- Il est inutile que je craigne la mort puisqu’en dernière
analyse il ne dépend pas de moi que je meure. La mort viendra
nécessairement et je ne la maîtrise pas, il ne faut donc pas la
craindre : elle n’est ni un bien ni un mal.
- Vivre selon la raison en faisant toujours la distinction
entre ce qui dépend de soi et ce qui ne dépend pas de soi telles sont
les clés de la vie vertueuse et de la réalisation du bonheur.

● L’éthique hédoniste d’Epicure


Elle repose sur les idées suivantes :
- Le bonheur peut s’identifier au plaisir (opposition à
Aristote) mais à un plaisir mesuré et rationnellement
déterminé.
- C’est pourquoi, il faut distinguer dans nos désirs entre
les désirs naturels et les désirs non naturels et exclure
ceux qui ne sont pas conformes à la nature.
-  Il faut encore distinguer parmi les désirs naturels ceux
qui sont nécessaires de ceux qui sont non nécessaires
pour choisir de préférence les premiers.
- Seuls les plaisirs tirés de la satisfaction de désirs dont
le choix est opéré sur des bases rationnelles peut
permettre de parvenir à l’ataraxie véritable, la paix de
l’âme qui passe par la paix des sens.
NB : La morale épicurienne est une morale sensualiste et
rationnelle dont l’objectif premier est d’éviter la souffrance et qui
suppose pour cela la maîtrise de nos désirs. On ne doit pas la
confondre avec l’image d’éthique de la débauche souvent véhiculée.
● L’éthique kantienne du devoir
Dans La Critique de la raison pratique, Kant pose les fondements
d’une éthique universelle
- L’agir moral ne saurait reposer sur des intérêts sensibles
car l’acte moral pour être vraiment moral doit être
universel (ce qui appartient à l’expérience est toujours
particulier et jamais universel).
- C’est sur la raison pratique en tant qu’elle est
déterminée par la loi morale que peut seule reposer l’agir
moral.
- La loi morale énonce « agis de telle sorte que la maxime
de ta volonté puisse toujours valoir en même temps
comme principe d’une législation universelle. Ce qui
signifie agis de telle sorte que ton action si elle était
réalisée par tous (universellement) apparaisse comme
dénuée de contradiction.
- Agir par devoir c’est donc agir par pur respect pour la
loi morale en ayant pour visée de ne réaliser ce qu’elle
énonce que parce qu’elle l’énonce.
- L’action conforme à la loi morale peut seule mener au
souverain bien car seule elle nous rend digne de lui. Ce
n’est donc pas la seule vertu qu’il faut identifier au
bonheur comme le proposent les stoiciens ni le plaisir
comme l’affirment les épicuriens mais c’est l’action
conforme à ce qu’énonce la loi morale qui nous rend
dignes du bonheur (bonheur dont nous devons postuler
l’existence nécessairement mais qui ne peut être assuré
sur le plan théorique).
► L’approche moderne
Elle se donne pour vocation, d’une part, d’éviter les confusions
entre le concept d’éthique et les autres domaines de connaissance et,
d’autre part, de préciser sa spécificité.
Eviter les confusions
● l’éthique n’est pas le droit, le légal ou le juridique . La loi,
produit du pouvoir d’un Etat souverain, qui rend obligatoire un
comportement sous menace de sanctions, cherche toujours à être
morale et juste (cf. la jurisprudence comme quête principielle de la
morale et de la justice). Le pur légalisme qui stipule que ‘’ tout ce qui
n’est pas défendu est permis’’ est la négation de la morale et de
l’éthique.
● l’éthique ne s’assimile pas à la déontologie
La déontologie est un ensemble de règles de pratique
professionnelle proposées par des représentants de la profession et
pouvant être imposées lorsque l’Etat a délégué une partie de ses
prérogatives à ‘’ ordre professionnel’’ tels que l’Ordre des Médecins,
des Avocats, des Pharmaciens, etc. La déontologie est au service
d’une corporation ; l’éthique est au service du bien général. Elle peut
induire une remise en cause de son intérêt et de celui de sa
corporation.
● l’éthique n’est pas à confondre avec la préoccupation économique.
De plus en plus, il est demandé à certaines corporations de se
comporter en gestionnaire économique créant ainsi une opposition
entre le juste et le rentable.
● l’éthique n’est pas à confondre avec la conscience professionnelle
qui est la pratique volontaire de la morale dans l’exercice de son
métier.
● l’éthique n’est pas la morale
Pour bon nombre de personnes, l’éthique n’est rien d’autre que la
désignation moderne de la morale. Elle est la science des Valeurs
universelles transcendant le temps et l’espace, les populations et les
idéologies. Dès lors, les recommandations des comités d’éthique sont
perçus comme ‘’ la morale officielle’’. Ainsi, ‘’ le Droit décide, la
morale commande, l’éthique recommande’’.

Différencier l’éthique de la morale


L’éthique se différencie de la morale par :
- Le libre choix individuel conformément à sa conception du bien
et du mal, sans obéissance à une morale édictée. La prise de
décision est individuelle, spontanée et libre. L’éthique est cette
exigence morale intérieure qui critique les morales
traditionnelles et les mœurs actuelles.
- Le côté scientifique : l’éthique n’est plus fondée sur une
Révélation (comme en religion) ou la seule Raison (comme en
philosophie), mais s’aide de toutes les études des sciences
humaines (sociologie, psychologie, anthropologie, épistémologie,
etc.)
- Le domaine limité : l’éthique désigne aujourd’hui une morale
sectorielle spécialisée à un domaine.

L’éthique est, actuellement, un nouveau champ de savoir et


donne lieu à des batailles rangées pour son appropriation par les
courants religieux, les philosophes, les scientifiques et les médecins,
les juristes, les industriels, etc.

B-La Gouvernance
La gouvernance désigne l’ensemble des mesures, des règles, des
organes de décision, d’information et de surveillance qui permettent
d’assurer le bon fonctionnement et le contrôle d’un Etat, d’une
institution ou d’une organisation qu’elle soit publique ou privée,
régionale, nationale ou internationale.

La gouvernance a pour vocation de fournir l’orientation


stratégique, de s’assurer de l’atteinte des objectifs et de la gestion
des risques, aux fins d’une utilisation des ressources dans un esprit
raisonnable. Elle veille prioritairement au respect des intérêts des ‘’
ayant droits’’ (citoyens, pouvoirs publics, partenaires, actionnaires,
etc.) en faisant en sorte que leurs voix soient entendues dans la
conduite des affaires.

Initialement utilisé pour désigner la manière dont un gouvernement


exerce son autorité économique, politique, administrative et gère les
ressources d’un pays en vue de son développement, le concept de
gouvernance a ensuite été étendue à la gestion des entreprises. On
distingue, dès lors, deux grands types de gouvernance : La
gouvernance d’entreprise pour le secteur privé et la gouvernance
politique pour la pensée politique et administrative.

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