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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Fabienne Collard

CRISP | « Courrier hebdomadaire du CRISP »

2021/1 n° 2486-2487 | pages 5 à 68


ISSN 0008-9664
ISBN 9782870752586
DOI 10.3917/cris.2486.0005
Article disponible en ligne à l'adresse :
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sur les changements climatiques
Courrier hebdomadaire
n° 2486-2487 • 2021

Fabienne Collard
Les COP
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Courrier hebdomadaire
Rédacteur en chef : Cédric Istasse
Assistante éditoriale : Fanny Giltaire

Le Courrier hebdomadaire est soutenu par l’Administration générale de l’Enseignement


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publié avec le concours du Fonds de la recherche scientifique–FNRS et de la Fondation
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ISSN 0008 9664
TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION 5

1. LA CONVENTION-CADRE DES NATIONS UNIES SUR LES CHANGEMENTS


CLIMATIQUES (CCNUCC) 6
1.1. L’Organisation météorologique mondiale (1951) 6
1.2. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (1972)
et le rapport Charney (1979) 7
1.3. La première Conférence mondiale sur le climat (Genève, 1979) 9
1.4. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (1988) 9
1.5. Le Sommet de Rio (1992) 13
1.6. Objectif et principes de la CCNUCC 14
1.6.1. Le principe d’équité 15
1.6.2. Le principe de précaution 16
1.6.3. Le principe de libre échange 17

2. LA CONFÉRENCE DES PARTIES (COP) ET SES DIFFÉRENTS


INTERVENANTS 18
2.1. Le rôle assigné aux COP 19
2.2. Les Parties 19
2.3. Les organisations dotées du statut d’observateur 21
2.3.1. Des ONG structurées en groupes 22
2.3.2. La mobilisation des ONG environnementales 23
2.4. Le cadre institutionnel 28
2.4.1. Les organes permanents 28
2.4.2. Les fonds de financements 29
2.4.3. Les autres organes 31
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2.5. Le déroulement d’une COP 31
2.6. L’adoption des décisions 33

3. DE BERLIN À GLASGOW, 25 ANNÉES DE NÉGOCIATIONS 35


3.1. Berlin (1995), la première COP 35
3.2. Kyoto (1997), des objectifs contraignants 36
3.2.1. Les premiers engagements 36
3.2.2. Un bilan très mitigé 38
3.3. Copenhague (2009), l’échec 40
3.4. Doha (2012), la suite de Kyoto 42
3.5. Paris (2015), un accord mondial 44
3.5.1. Les contributions nationales volontaires 44
3.5.2. Limiter le réchauffement bien en dessous de 2°C 46
3.5.3. Un cas particulier : les États-Unis 46
3.6. Katowice (2018), un cadre opérationnel 47
3.6.1. Le « Paris Rulebook » 49
3.6.2. Le cri d’alarme du GIEC 49
3.6.3. L’avenir du marché du carbone 51
3.7. Glasgow (2021), la COP post-posée 51

CONCLUSION 54

ANNEXES 58
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INTRODUCTION

Du 9 au 20 novembre 2020, devait se tenir à Glasgow, en Écosse, la 26e Conférence des


Parties (COP) sur les changements climatiques. La crise sanitaire due à la pandémie
de Covid-19 (maladie due au coronavirus SARS-CoV-2) ayant rendu impossible
l’organisation d’un tel événement, la réunion annuelle rassemblant les signataires de
la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)
a été reportée d’une année. Dans un contexte d’urgence climatique clamée par le monde
scientifique comme par la société civile, la portée d’une telle décision mérite d’être étudiée.
Dans un premier chapitre, la présente livraison du Courrier hebdomadaire rappelle
l’historique qui a mené à la signature, en 1992, d’un traité international reconnaissant
officiellement l’existence du dérèglement climatique ainsi que la responsabilité humaine
dans ce phénomène et la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
De manière succincte, nous évoquerons les développements scientifiques, la prise de
conscience collective et les divers sommets mondiaux d’envergure qui ont permis à la
CCNUCC de voir le jour.
Ce traité international poursuit un objectif commun à tous les signataires : « stabiliser
les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute
perturbation anthropique dangereuse du système climatique (…) dans un délai suffisant
pour que les écosystèmes puissent s’adapter naturellement aux changements climatiques,
que la production alimentaire ne soit pas menacée et que le développement économique
puisse se poursuivre d’une manière durable ». Il confie la responsabilité de négocier les
démarches pratiques pour atteindre un tel objectif à un organe directeur, la Conférence
des Parties (COP), qui se réunit annuellement depuis 1995. Le deuxième chapitre de
notre étude passe en revue les différents types d’acteurs qui arpentent les allées d’un tel
événement (les responsables politiques, les experts et les membres de la société civile,
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en ce compris les lobbyistes et divers acteurs économiques) et présente le déroulement,
le processus de prise de décision et les enjeux défendus lors d’une COP.
Enfin, le troisième et dernier chapitre de ce Courrier hebdomadaire retrace 25 années de
négociations au sein des COP, de la première, à Berlin, en passant par Kyoto, Copenhague
et Paris, pour terminer sur les enjeux qui auraient dû être débattus à Glasgow en 2020.

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1. LA CONVENTION-CADRE DES NATIONS UNIES
SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
(CCNUCC)

L’éventualité d’un dérèglement climatique questionne déjà certains scientifiques à la fin


e 1
du XIX siècle . Toutefois, de manière générale et jusque dans les années 1950, le climat
est perçu comme étant plutôt stable et peu susceptible d’être influencé par l’activité
humaine. La modélisation numérique du climat (circulation atmosphérique et océanique)
naît après la Seconde Guerre mondiale, révolutionnant les études climatiques. Dès les
années 1960, celles-ci évoluent parallèlement au développement de deux technologies :
les ordinateurs, dont la puissance de calcul augmente exponentiellement, et l’observation
par satellites, qui est dotée de moyens considérables. Ces avancées scientifiques permettent
d’affiner les prévisions saisonnières et interannuelles du climat et de mieux appréhender
les changements climatiques à venir. Ces sphères d’expertise se renforcent également grâce
à l’apport d’autres disciplines scientifiques telles que l’océanographie, la géophysique,
2
la géochimie, la sismologie et la paléoclimatologie . En 1980, une équipe de chercheurs
menée par le glaciologue français Robert Delmas met ainsi en évidence un lien entre
les émissions de gaz carbonique (CO2) et les changements climatiques en observant la
composition de carottes glaciaires prélevées au Pôle Sud.
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1.1. L’ORGANISATION MÉTÉOROLOGIQUE MONDIALE (1951)

En 1873, un congrès météorologique international organisé à Vienne décide de la création


de l’Organisation météorologique internationale (OMI). Un Comité météorologique
permanent est alors chargé d’élaborer le règlement et les statuts de cette organisation
météorologique internationale dont le but sera de faciliter les échanges d’informations
relatives au temps par-delà les frontières nationales. Cette mission se concrétise en 1878
à Utrecht. L’année suivante, en 1879, le congrès météorologique international qui se tient
à Rome donne naissance à l’OMI. Celle-ci est historiquement la première des instances

1
Lauréat du prix Nobel de chimie en 1903, Svante August Arrhenius démontre en 1896 déjà que la
composition chimique de l’air est un facteur déterminant des variations de la température terrestre,
2
et relève notamment l’importance et l’évolution de la présence de CO2.
A. DAHAN DALMEDICO, H. GUILLEMOT, « Changement climatique : dynamiques scientifiques, expertise,
enjeux géopolitiques », Sciences et souverainetés, volume 48, n° 3, 2006, p. 412-432.

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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 7

chargées de l’observation du climat et de la bonne circulation des données et des


connaissances en la matière au niveau mondial.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Organisation météorologique mondiale
(OMM) 3 succède à l’OMI en tant qu’agence spécialisée des Nations unies. Elle a été créée
en mars 1950, suite à l’entrée en vigueur de la convention qui lui a donné le jour, signée
le 11 octobre 1947. L’OMM démarre ses activités dès 1951.
Actuellement, l’OMM compte 193 États et territoires membres. Elle s’emploie à favoriser
la collaboration entre les services météorologiques et hydrologiques nationaux, tout en
encourageant la recherche et la formation au plan mondial. Elle contribue également
à l’élaboration, à l’échelle nationale et internationale, de politiques adaptées liées à la
protection de l’environnement. Dès 1963, l’OMM a mis en place un programme de
« Veille météorologique mondiale », qui fournit des informations constamment mises
à jour sur le climat mondial à travers des systèmes d’observation exploités par les pays
membres de l’Organisation. Une sous-composante de ce programme est destinée à la
prévention des cyclones dans les régions où ceux-ci s’avèrent les plus fréquents. Cette
structure d’observation a été consolidée avec le temps pour devenir, en 1989, la Veille
4
de l’atmosphère globale .
Si la science du climat connaît des développements importants dans la période de l’après-
guerre, le recours à l’arme nucléaire, en 1945, induit quant à lui une prise de
conscience planétaire des conséquences désastreuses de certaines activités humaines
sur l’environnement. D’autres éléments viennent renforcer ce postulat. Ainsi, des études
commencent à voir le jour sur l’impact de l’utilisation de pesticides dans l’agriculture
ou sur celui du rejet dans l’atmosphère d’énormes quantités de gaz provenant entre
autres de la combustion de ressources fossiles. À partir des années 1970, il devient clair
que le nombre de catastrophes écologiques d’origine anthropique s’accroît de manière
inquiétante : pétroliers échoués (Torrey Canyon en 1967, Sea Star en 1972, Urquiola
en 1976, Amoco Cadiz en 1978, etc.), incidents nucléaires (Tchernobyl en 1986, etc.),
pollution industrielle 5, etc.
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1.2. LE PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR L’ENVIRONNEMENT
(1972) ET LE RAPPORT CHARNEY (1979)

En réponse, la conscience écologique et les mouvements environnementaux gagnent du


terrain (cf. infra), et la décennie 1960-1970 voit fleurir les conventions internationales
en faveur de la protection de l’environnement. Cette période aboutit, du 5 au 16 juin
1972, à la première conférence mondiale sur l’environnement tenue par l’Organisation
des Nations unies (ONU) : la Conférence des Nations unies sur l’environnement humain
(CNUEH). Se déroulant à Stockholm, elle réunit principalement des représentants
gouvernementaux, pour un total de 113 États. Elle est la première d’une série de rencontres

3
En anglais, World Meteorological Organization (WMO).
4
5
En anglais, Global Atmosphere Watch.
P. MATAGNE, « Aux origines de l’écologie », Innovations. Cahiers d’économie de l’innovation, n° 18, 2003,
p. 27-42.

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8 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

qui seront organisées tous les dix ans et appelées les « Sommets de la Terre » : Nairobi
en 1982, Rio de Janeiro en 1992 (la plus emblématique, cf. infra), Johannesburg en 2002
et de nouveau Rio de Janeiro en 2012. De la rencontre organisée à Stockholm en 1972,
découle le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) 6, qui est – aux
côtés de l’OMM – la principale autorité mondiale en matière d’environnement. C’est
également à cette occasion qu’est adoptée la Déclaration de Stockholm 7, qui amorce
un début de dialogue entre pays industrialisés et pays en développement concernant le
lien existant entre la croissance économique, la pollution du patrimoine environnemental
mondial (terre, océan, atmosphère, biosphère) et le bien-être des peuples dans le monde
entier.
Dans les années 1970, le débat scientifique autour d’un éventuel réchauffement climatique
commence lui aussi à prendre forme. Étonnamment, une faible poignée de scientifiques,
relayés par les médias, prédit le retour d’une ère glaciaire, ce qui donnera quelques
arguments à faire valoir dans le clan des climatosceptiques. Mais la majorité des études
scientifiques publiées entre 1965 et 1979 entrevoient une augmentation des températures
8
sous l’effet des émissions de dioxyde de carbone (CO2) . Commandé par la Maison-
Blanche – à l’époque, il s’agit de l’administration du président démocrate Jimmy Carter –,
le rapport Charney, du nom de son auteur principal (Jule Gregory Charney, spécialiste
de physique de l’atmosphère au Massachusetts Institute of Technology - MIT), fait par
ailleurs grand bruit l’année de sa publication, en 1979. Sur la base de deux modèles et
d’une estimation approximative de leur incertitude, ce rapport établit une fourchette
de réchauffement global à l’échelle de la planète de l’ordre de 1,5°C à 4,5°C en cas de
9
doublement de la concentration en CO2 dans l’atmosphère . Les modèles utilisés à cette
époque sont des modèles essentiellement atmosphériques, à la résolution grossière, qui
ne prennent pas encore en compte une série de données aujourd’hui disponibles sur
l’évolution des conditions à la surface du sol ou de l’océan. Pourtant, ces estimations
sont déjà fort proches de celles défendues aujourd’hui sur la base des modèles climatiques
les plus avancés. Même du côté des firmes pétrolières, l’hypothèse d’un réchauffement
engendré par l’émission croissante de gaz à effet de serre se discute déjà en interne. Un
mémo interne datant de 1978 10, adressé par des chercheurs de la société pétrolière et
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gazière américaine ExxonMobil à leurs dirigeants, montre ainsi que la situation est déjà
sur la table en coulisses à cette époque et que le même raisonnement y est alors développé :
l’activité humaine engendrera à l’avenir toujours davantage de rejet de CO2, et celui-ci
11
entraînera une augmentation de la température terrestre .

6
En anglais, United Nations Environment Programme (UNEP).
7
8
Conférence des Nations unies sur l’Environnement, Rapport, Stockholm, 5-16 juin 1972.
T. C. PETERSON, W. M. CONNOLLEY, J. FLECK, « The Myth of the 1970s Global Cooling Scientific Consensus »,
Bulletin of the American Meteorological Society, volume 89, n° 9, 2008, p. 1325-1337.
9
National Research Council, Assembly of Mathematical and Physical Sciences, Climate Research Board,
Ad Hoc Study Group on Carbon Dioxide and Climate, « Carbon Dioxide and Climate: A Scientific
Assessment. Report », National Academy of Sciences, 1979.
10
11
Exxon, Research and Engineering Company, « The Greenhouse Effect », 6 juin 1978.
S. FOUCART, « Hoax climatique #3 : quand les scientifiques prévoyaient un refroidissement », Le Monde
en ligne, 29 octobre 2015, www.lemonde.fr.

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1.3. LA PREMIÈRE CONFÉRENCE MONDIALE SUR LE CLIMAT


(GENÈVE, 1979)

La question d’un éventuel réchauffement d’origine anthropique prenant de l’ampleur,


la première conférence mondiale liée à la question particulière du climat se tient du 12
au 23 février 1979, à Genève, sous l’égide de l’OMM 12. À ce moment, l’enjeu porte
essentiellement sur la mise en place de moyens significatifs et coordonnés au plan mondial
afin d’accroître les connaissances sur le climat et de prévenir les changements climatiques
attribuables à l’activité humaine. En découle le Programme mondial de recherche sur
13
le climat (PMRC) , placé sous le parrainage conjoint de l’OMM, du PNUE, du Conseil
international des unions scientifiques (CIUS, actuel Conseil international des sciences -
CIS), et, à partir de 1993, de la Commission océanographique intergouvernementale (COI)
de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
Le PMRC vise à coordonner et à faciliter la recherche climatique menée par les scientifiques
aux quatre coins du globe, afin de mieux prévoir l’évolution du climat et l’impact
de l’activité humaine sur celui-ci. Il vise également à établir des liens entre plusieurs
disciplines : celles liées à l’atmosphère, celles liées à l’océan, différentes pratiques
d’observation ou de modélisation, etc.
Cette première Conférence mondiale sur le climat jette également les bases de trois
rencontres qui se tiendront en 1980 (rassemblant les chercheurs spécialistes du climat),
en 1983 et en 1985, à Villach en Autriche, avec pour objectif d’évaluer le rôle du CO2 et
d’autres gaz à effet de serre dans la variabilité climatique et l’évolution des écosystèmes.
Les scientifiques présents, qui représentent alors 29 pays, y adoptent une déclaration sans
équivoque sur l’augmentation des températures à attendre pour la première moitié
du XXIe siècle 14. C’est à Villach qu’émerge l’idée d’une instance intergouvernementale
d’expertise sur le sujet des changements climatiques.
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1.4. LE GROUPE D’EXPERTS INTERGOUVERNEMENTAL
SUR L’ÉVOLUTION DU CLIMAT (1988)

En 1988, le débat sur les enjeux climatiques gagne en intensité à la faveur d’une sécheresse
exceptionnelle aux États-Unis, dont quelques climatologues activistes se servent pour
alerter l’opinion américaine et internationale sur l’évolution climatique et ses dangers,
notamment lors de la Conférence mondiale sur l’atmosphère de Toronto, en juin. La
même année, l’OMM et le PNUE lancent le processus de création d’une instance mondiale
d’expertise : le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) 15.
Constitué de plusieurs centaines de scientifiques, le GIEC est chargé non seulement

12
La Déclaration officielle liée à cette première Conférence mondiale sur le climat est consultable sous
13
la référence suivante : « Proceedings of the World Climate Conference », WMO, n° 537, Genève, 1979.
En anglais, World Climate Research Programme (WCRP).
14
« Report of the International Conference on the Assessment of the Role of Carbon Dioxide and of Other
15
Greenhouse Gases in Climate Variations and Associated Impacts », WMO, n° 661, Genève, 1986.
En anglais, Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC).

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10 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

d’informer les gouvernements de l’état des connaissances scientifiques, techniques


et socio-économiques sur le climat, ainsi que sur les changements climatiques et leurs
conséquences, mais aussi de passer en revue les options de réponse qui sont à la disposition
des décideurs dans les domaines de l’adaptation et de l’atténuation 16.
Contrairement aux idées reçues, le GIEC n’est pas un programme de recherche. Il s’agit
d’un organe intergouvernemental qui organise, d’une part, un dialogue entre ses membres
(les gouvernements) et la communauté scientifique qui travaille sur les changements
climatiques et, d’autre part, une évaluation réalisée par un groupe d’experts de ce qui est
publié dans la littérature scientifique au niveau mondial sur les changements climatiques,
leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade envisagées. Cinq
rapports d’évaluation ont été publiés à ce jour, et le GIEC se trouve ainsi dans son sixième
cycle d’évaluation, avec un rapport de synthèse attendu pour 2022.
Le GIEC se compose de trois groupes de travail et d’une équipe spéciale pour les inventaires
nationaux des émissions de gaz à effet de serre.
Le Groupe de travail I évalue les aspects scientifiques du système climatique et de
l’évolution du climat. Le vocabulaire utilisé par le Groupe de travail I au fil des différents
rapports publiés par le GIEC a évolué avec le temps. D’une approche d’évaluation
prudente, dans les premiers temps, le groupe de travail a démontré toujours plus de
conviction, au fil des années et de ses travaux, tant pour l’avènement d’un réchauffement
climatique (devenu dès 2007 « sans équivoque ») que pour ce qui est de son origine
17
anthropique, c’est-à-dire liée aux activités humaines . Le Groupe de travail II évalue la
vulnérabilité des systèmes socio-économiques en place et de la biosphère aux changements
climatiques attendus. Ses travaux incluent également la mise en lumière des possibilités
d’adaptation potentielles. Enfin, le Groupe de travail III évalue les solutions envisageables
pour limiter les émissions de gaz à effet de serre ou pour atténuer de toute autre manière
les changements climatiques. Les spécialistes des sciences de la nature jouent un rôle
prépondérant dans le Groupe de travail I, alors que tel est le cas des économistes et des
spécialistes des sciences politiques dans le Groupe de travail III ; quant à lui, le Groupe de
travail II réunit des spécialistes de tous genres, tels que des hydrologues, des biologistes,
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des climatologues et des économistes.
Outre ces rapports d’évaluation, le GIEC réalise également des rapports spéciaux et parfois
transversaux aux trois groupes de travail sur des thèmes particuliers tels que les événements
climatiques extrêmes, les solutions d’investissement à mettre en place face au dérèglement
climatique, l’objectif de limiter à 1,5°C le réchauffement climatique, le rôle des sols et des
forêts, les océans et la fonte des glaces. Ainsi, et bien que son credo officiel et souvent
réaffirmé soit que sa mission se limite à l’évaluation des recherches déjà existantes, le GIEC
contribue également indirectement, sur ces questions particulières, à l’avancée des
recherches sur les changements climatiques en identifiant les lacunes en matière de
connaissances.
Enfin, les travaux de l’équipe spéciale pour les inventaires nationaux des émissions de
gaz à effet de serre ont mené, en 1994, à l’approbation de la première version des IPCC

16
En anglais, « mitigation » (terme qui rend mieux l’idée de prévention par la réduction des émissions
17
de gaz à effet de serre).
« Le GIEC a trente ans : son histoire, son rôle… et un climat toujours plus chaud. Entretien avec Hervé
Le Treut », Reporterre. Le quotidien de l’écologie, 13 mars 2018, www.reporterre.net.

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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 11

Guidelines for National Greenhouse Gas Inventories, qui contient un ensemble de


méthodologies et de règles pour que chaque pays puisse inventorier annuellement ses
émissions. Ces règles ont été revues et affinées successivement en 1996, en 2006, en 2013
et en 2019 18.
La vocation première du GIEC est de donner la parole au monde scientifique, qui s’avère
de plus en plus conscient des risques planétaires liés au réchauffement climatique. D’un
point de vue médiatique, la question reste encore difficile à mettre à l’ordre du jour, car
elle concerne, aux yeux de l’opinion publique, un avenir encore plus ou moins lointain,
alors que le monde scientifique dénonce quant à lui les effets déjà en cours. Le GIEC
a également pour objectif de susciter une réaction politique. En cela, il se doit donc de
maintenir un équilibre fragile entre deux exigences très différentes : garantir la crédibilité
scientifique de ses travaux et obtenir l’attention et la bonne volonté des décideurs
politiques. Le GIEC est un organe intergouvernemental ouvert à tous les pays membres
de l’OMM et du PNUE.
L’élaboration des rapports émis par le GIEC repose sur un processus particulier, à savoir
qu’elle s’appuie sur un consensus. Avant la publication d’un rapport final, et ce même
si les scientifiques auteurs du rapport conservent le dernier mot, des experts nommés
par les gouvernements se réunissent durant une semaine et révisent ligne par ligne la
quinzaine de pages de résumé du rapport, jusqu’à ce qu’advienne un consensus. Si un
consensus est trouvé, il devient difficile pour l’une des Parties concernées de contester
19
le texte, puisque chacune a nommé un expert pour défendre sa vision des choses .
Ce processus est extrêmement complexe car il voit s’exprimer des intérêts nationaux
souvent divergents : les pays insulaires, qui craignent d’être submergés en conséquence
du réchauffement, plaident pour l’introduction d’une rhétorique du risque, les pays
producteurs de pétrole appuient leur discours sur les incertitudes scientifiques, les pays
en développement font valoir leur droit à la prospérité et pointent du doigt le volume
de gaz déjà émis par le passé, les pays européens mettent en garde contre les émissions
futures, etc. Dès lors, les rapports complets du GIEC, avec tout ce qu’ils comprennent
comme avancées ou nuances, ne partagent souvent pas le ton consensuel des résumés
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négociés à l’attention des décideurs.
Ce sont les États membres du GIEC qui proposent dans un premier temps une liste de
scientifiques susceptibles de participer aux travaux de l’organisation. Le bureau du GIEC
sélectionne ceux qui deviendront auteurs. Les scientifiques qui ne sont pas sélectionnés
comme auteurs par les bureaux de chaque groupe de travail sont invités à endosser le
rôle de relecteurs ; eux aussi se voient ainsi investis d’une responsabilité importante dans
le processus d’encadrement du rapport puisque chacun de leurs commentaires sur le texte
devra être pris en compte. Dans ce contexte, le choix des experts et des auteurs des rapports
d’évaluation par le GIEC est une phase critique, car il doit répondre à des critères de
genre, de nationalité, d’équilibre entre les chercheurs indépendants et ceux impliqués
dans des programmes de recherche internationaux, etc. Un important renouvellement

18
« 2019 Refinement to the 2006 IPCC Guidelines for National Greenhouse Gas Inventories », adopté
e
lors de la 49 session du GIEC en mai 2019 (www.ipcc.ch). Ce document comprend cinq volumes distincts :
« General Guidance and Reporting », « Energy », « Industrial Processes and Product Use », « Agriculture,
19
Forestry and Other Land Use » et « Waste ».
« Le GIEC a trente ans », op. cit. ; J.-P. VAN YPERSELE, Une vie au cœur des turbulences climatiques,
Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, 2015.

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12 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

se produit d’un rapport à l’autre. Il est à noter que le GIEC ne rémunère pas ces
scientifiques, qui dépendent dès lors de financements nationaux pour assurer leurs frais
de mission (seuls les auteurs des pays en développement ont leurs frais de mission payés
par le GIEC). Les seules personnes rémunérées par le GIEC sont les collaborateurs du
secrétariat et ceux des unités d’appui technique qui existent pour chaque groupe de travail
et qui assistent les auteurs et les coordinateurs des rapports.
Si les rapports du GIEC apportent une assise scientifique aux débats internationaux sur
le climat, raison pour laquelle il a reçu le prix Nobel de la Paix en 2007, l’organisation est
également l’objet de critiques sur son fonctionnement ou sur le résultat de ses travaux.
Le GIEC permet certes une mobilisation au niveau mondial (il comptabilise 195 membres,
couvrant la quasi-totalité du globe), mais la nécessité de passer ensuite par un consensus
pour élaborer les résumés à destination des décideurs – documents dans lesquels il s’impose
de veiller à ne pas froisser trop abruptement une Partie, au risque de mettre tout le
processus à mal – contraint souvent le procédé à des avancées modérées. Il est toutefois
à préciser que les scientifiques disposent d’un droit de veto sur la justesse scientifique des
propos retenus dans les « résumés à l’intention des décideurs ».
Cela n’empêche pas les climatosceptiques de nourrir, sur la scène médiatique
essentiellement, leurs propres griefs à l’encontre du GIEC. L’un des plus connus concerne
une soi-disant manipulation des données sur le climat et repose sur un épisode connu
sous le nom de « Climategate ». En novembre 2009, plusieurs milliers de documents et de
courriels provenant de la Climatic Research Unit de l’University of East Anglia à Norwich
(Royaume-Uni), dont plusieurs membres sont des contributeurs des rapports du GIEC,
ont fuité sur Internet. Il y était fait mention d’une correction de certains relevés
de température qui, hors contexte et aux yeux des climatosceptiques s’étant emparés
médiatiquement de la question, s’apparentait à de la manipulation de données. Malgré
le fait que plusieurs enquêtes diligentées à la suite de cet incident ont conclu au bien-
fondé de cette démarche scientifique, l’épisode a entaché l’image du GIEC dans l’opinion
publique.
Cela étant dit, la création du GIEC a permis aux scientifiques et aux décideurs politiques
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d’avancer conjointement sur la question des changements climatiques. Chacun des grands
rapports du GIEC a préparé les grands moments de décision politique. Réciproquement,
chaque COP et chaque nouvelle étape de la négociation ont été l’occasion d’une demande
d’expertise supplémentaire ou d’une impulsion par le GIEC de nouvelles recherches.
Sans avoir officiellement les moyens d’orienter précisément les programmes, le GIEC
contribue à susciter de nouveaux intérêts, à engager certains travaux et, plus généralement,
à faire évoluer l’image du climat et des interactions entre l’homme et l’environnement
20
chez les scientifiques et les mandataires politiques . Au fil du temps, le GIEC n’a par
ailleurs eu de cesse d’affiner les procédures auxquelles il a recours pour éviter erreurs
et approximations et, surtout, pour rendre le plus transparent possible le processus
d’encadrement qui est le sien.

20
A. DAHAN DALMEDICO, H. GUILLEMOT, « Changement climatique : dynamiques scientifiques, expertise,
enjeux géopolitiques », op. cit.

CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 13

1.5. LE SOMMET DE RIO (1992)

Du 29 octobre au 9 novembre 1990, se tient la deuxième Conférence mondiale sur


le climat, à Genève. Elle réunit 137 pays ainsi que la Communauté européenne.
Contrairement à la première édition, onze ans plus tôt, cette deuxième conférence assume,
21
au-delà des enseignements scientifiques sur lesquels elle repose , des accents davantage
politiques. À la suite de difficiles discussions, une déclaration ministérielle voit le jour
avec pour objet la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais sans
mentionner le moindre objectif à cet égard. Cette deuxième conférence propose également
22
la création d’un Système mondial d’observation du climat (SMOC) . Celui-ci doit
permettre, dès 1992, de croiser les données des divers systèmes d’observation existants
pertinents pour l’étude du climat : le Système mondial d’observation météorologique et
la Veille de l’atmosphère globale, pour ce qui est des observations atmosphériques, ainsi
que le Système mondial d’observation de l’océan et le Système mondial d’observation
terrestre. Par la suite, le SMOC servira essentiellement d’appui scientifique à la
Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
C’est le premier rapport du GIEC, publié dans la foulée de cette deuxième Conférence
mondiale sur le climat, en août 1990, qui sert de base scientifique et technique
23
à l’élaboration de la CCNUCC . Les scientifiques associés à ce premier document fourni
par le GIEC y concluent avec certitude que les émissions humaines augmentent la
concentration atmosphérique des gaz à effet de serre, et que de celle-ci résultera un
réchauffement global du climat. Ils avertissent que les émissions de gaz tels que le CO2
devraient être réduites immédiatement de plus de 60 % pour que leur concentration soit
stabilisée à leur niveau d’alors. Ils font cependant remarquer que les données ne permettent
pas encore d’assurer que le faible réchauffement observé jusqu’alors soit déjà le résultat
de l’influence humaine. Même s’il est encore baigné d’incertitudes scientifiques qu’il ne
manque pas de rappeler (temporalité, ampleur et impacts régionaux des changements
climatiques, etc.), ce document fait déjà état d’un accroissement attendu de la température
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e
moyenne du globe de 0,3°C par décennie au cours du XXI siècle si les activités humaines
persistent à se développer au rythme observé et sans que soient mises en place des mesures
pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Selon les scientifiques, cela équivaut
à une hausse moyenne d’environ 2°C (par rapport à la période pré-industrielle) en 2025,
e 24
et d’environ 4°C d’ici la fin du XXI siècle . Le Groupe de travail III du GIEC avance
également certaines mesures de parade, parmi lesquelles les plus efficaces sont selon lui
celles qui s’imposent d’elles-mêmes car elles auront des effets bénéfiques indépendamment
de l’évolution du climat ou qu’elles sont rentables économiquement. À titre d’exemple,
il pointe une augmentation du rendement de l’énergie, le remplacement des combustibles
par des sources d’énergie ne produisant pas ou guère de gaz à effet de serre, des

21
Les discussions tenues lors de la conférence de Genève de 1990 s’appuient sur les premières conclusions des
trois groupes de travail du GIEC, dont le rapport final est attendu dans la foulée.
22
23
En anglais, Global Climate Observing System (GCOS).
La publication de ce premier rapport a été couplée à un rapport d’actualisation paru quant à lui en
juin 1992 : GIEC, « Changement climatique : les évaluations du GIEC de 1990 et 1992. Premier Rapport
d’évaluation du GIEC. Aperçu général et résumés destinés aux décideurs, et Supplément 1992 du GIEC »,
24
1992.
Ibidem, p. 56.

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14 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

changements de comportements (par exemple : extension du télétravail à domicile) et


des modifications structurelles (par exemple dans les transports), etc.
Dès ce premier rapport de 1990, un élément particulier est porté à l’attention des décideurs
politiques : la responsabilité jusqu’alors limitée des pays en développement dans l’évolution
du climat, alors que ces mêmes pays sont souvent les premiers concernés par les
conséquences du réchauffement climatique amorcé. Si les questions climatiques se fraient
de plus en plus facilement un chemin à l’agenda des pays industrialisés, les pays en
développement conservent en priorité des impératifs de développement économique
et de lutte contre la pauvreté. Pourtant, comme le montrera la mise en œuvre du Protocole
de Kyoto (cf. infra), l’implication des pays en développement dans le processus mondial
de lutte contre le réchauffement climatique s’avère un enjeu crucial. La nécessité d’une aide
financière et d’une collaboration accrue avec ces pays, qui ne disposent pas toujours des
données scientifiques nécessaires, est déjà pointée du doigt. Ainsi, dès le mois de juin 1989,
le GIEC a créé le Comité spécial pour la participation des pays en développement, qui
25
se doit de faciliter l’intégration de ces pays aux discussions et projets en cours .
Sur cette base de travail que constituent les travaux du GIEC, le Comité
intergouvernemental de négociation de la CCNUCC 26, créé par l’Assemblée générale
des Nations unies en 1990, commence deux années de négociations pour le moins intenses,
qui aboutissent à un accord sur la Convention-cadre le 9 mai 1992. La procédure de
ratification est ouverte un mois plus tard, lors de la Conférence des Nations unies sur
l’environnement et le développement (CNUED), appelée « Sommet de la Terre », tenue
à Rio de Janeiro entre le 3 et 14 juin 1992. Ce traité reconnaît officiellement l’existence
du dérèglement climatique, ainsi que la responsabilité humaine dans ce phénomène et
la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

1.6. OBJECTIF ET PRINCIPES DE LA CCNUCC


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Le texte qui sous-tend la CCNUCC 27 défend l’idée qu’il convient d’agir pour supprimer
le risque climatique qui plane au niveau mondial, tout en respectant le droit au
développement des pays les plus pauvres. En son article 2, la Convention-cadre stipule
ainsi que « son objectif ultime est de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre
dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse
du système climatique (…) dans un délai suffisant pour que les écosystèmes puissent
s’adapter naturellement aux changements climatiques, que la production alimentaire ne
soit pas menacée et que le développement économique puisse se poursuivre d’une manière
durable ». Le texte ne fixe pas de limite de température ou autre à respecter pour atteindre
cet objectif. Il ne précise pas non plus le niveau de concentration mondial de gaz à effet de
serre au-delà duquel « une perturbation anthropique dangereuse du système climatique »
adviendrait. Une telle estimation nécessiterait de pouvoir anticiper les progrès scientifiques

25
Ibidem, p. 164-179 (« Résumé destiné aux décideurs établi par le Comité spécial du GIEC pour la
26
participation des pays en développement »).
27
En anglais, United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCC).
« Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques », ONU, 1992, https://unfccc.int.

CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 15

à venir et l’aptitude des sociétés à s’adapter aux changements climatiques. Le texte pointe
cependant qu’il est nécessaire d’agir vite, car les gaz à effet de serre émis ont la particularité
de demeurer pendant très longtemps dans l’atmosphère (à l’image du CO2, dont les effets
perdurent durant plusieurs siècles).
Si la Convention-cadre n’indique pas le but à atteindre en matière de limitation ou de
réduction globale des émissions de gaz à effet de serre, elle soumet cependant toutes les
Parties signataires à une série d’engagements (reprise en son article 4, paragraphe 1). Ces
dernières doivent ainsi établir, mettre à jour périodiquement et transmettre à la Conférence
des Parties des inventaires nationaux des émissions anthropiques de gaz à effet de serre
ainsi que des programmes nationaux (et, le cas échéant, régionaux) contenant des mesures
visant à atténuer les changements climatiques. Les Parties s’engagent également à gérer
de manière rationnelle les puits et réservoirs de gaz à effet de serre tels que les forêts,
les océans et les autres écosystèmes terrestres, côtiers et marins, ainsi qu’à soutenir la
recherche sur les changements climatiques. Enfin, l’ensemble des Parties s’engagent
à encourager et soutenir les travaux de recherche, les échanges de données scientifiques,
l’éducation, la formation et la sensibilisation du public sur les enjeux climatiques.
La Convention-cadre s’appuie également, en son article 3, sur une série, non exhaustive,
de principes censés guider l’action des Parties.

1.6.1. Le principe d’équité

En droite ligne du constat déjà posé par le GIEC dans son premier rapport, un principe
d’équité est repris au paragraphe 1 de l’article 3 de la CCNUCC. Il porte sur la
responsabilité commune mais différenciée des Parties dans le réchauffement climatique
en cours. Les émissions passées et présentes de gaz à effet de serre se répartissent de façon
inégale entre les Parties et celles-ci ne disposent pas des mêmes capacités ni des mêmes
ressources pour faire face aux causes et aux effets des changements climatiques. Sur cette
base, la Convention-cadre distingue les Parties visées à l’Annexe I et celles qui ne sont pas
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reprises dans cette annexe. La volonté est ici de différencier deux ensembles. D’une part,
les pays industrialisés (pour la plupart membres de l’Organisation de coopération et
de développement économiques - OCDE) ou les économies « en transition » (telles que
la Russie ou les pays baltes), qui sont considérés comme majoritairement responsables
des émissions de gaz à effet de serre s’étant déjà produites. D’autre part, les pays en
développement, qui sont souvent les premières victimes des changements climatiques
en cours mais qui ne disposent souvent pas des mêmes moyens financiers ni des mêmes
capacités, notamment technologiques, pour y faire face. Les pays industrialisés et les pays
« en transition vers une économie de marché » sont repris à l’Annexe I de la Convention-
cadre, tandis que les pays en développement sont ceux n’y figurant pas. Les pays en
transition bénéficient toutefois d’une certaine latitude dans l’exécution de leurs
engagements.
Selon l’accord intervenu, les pays repris à l’Annexe I de la Convention-cadre doivent
satisfaire à des obligations particulières reprises au paragraphe 2 de l’article 4. Elles
s’engagent ainsi à stabiliser leurs émissions de gaz à effet de serre, individuellement ou
collectivement, à leur niveau de 1990 avant la fin des années 1990. Bénéficiant d’une
certaine souplesse à leur égard, certains pays en transition ont choisi de prendre comme

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16 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

référence non pas le niveau des émissions de 1990 mais celui d’une autre année. Cet objectif
de stabilisation des émissions imposé aux pays de l’Annexe I se révélera très rapidement
trop peu ambitieux, ce qui entraînera dès lors la nécessité de négocier de nouveaux
objectifs, cette fois dans le cadre du Protocole de Kyoto en 1997 (cf. infra). Par ailleurs,
les Parties visées à l’Annexe I sont soumises à des règles plus strictes de communication
que les pays en développement, qui ne sont pas visés par cette Annexe I. Elles sont tenues
de soumettre des rapports périodiques, dénommés communications nationales, dans
lesquels elles détaillent les politiques et mesures qu’elles appliquent pour faire face au
dérèglement climatique. Elles doivent également soumettre un inventaire annuel de leurs
émissions de gaz à effet de serre. Si les Parties qui ne sont pas reprises à l’Annexe I sont
elles aussi soumises à ces dispositions, elles disposent de certaines dérogations ainsi que
de délais bien plus longs pour y satisfaire.
Les pays développés s’engagent en outre à aider les pays en développement à financer
les obligations qui sont les leurs d’après la Convention-cadre (inventaire des émissions,
recherche scientifique, etc.). Une Annexe II regroupe ainsi les Parties qui ont accepté
d’aider les pays en développement à exécuter leurs engagements grâce à des transferts
de technologie ou à des apports financiers pour faire face aux effets déjà observés des
changements climatiques.
Une distinction est également établie au sein des Parties non visées à l’Annexe I, à savoir
les pays en développement. Ainsi, 48 Parties sont classées dans la liste des pays les moins
avancés (PMA) par l’ONU et, à ce titre, sont l’objet d’une attention particulière pour
bénéficier en priorité des transferts financiers ou technologiques qui leur sont nécessaires.
Les règles qui leur sont appliquées en matière de communication d’informations sont
également moins strictes que pour les autres Parties. Par ailleurs, la Convention-cadre
reconnaît que certaines catégories de pays en développement sont particulièrement
vulnérables aux effets des changements climatiques (les zones côtières et celles sujettes
à la désertification) ou des mesures prises pour y faire face (les pays fortement tributaires
des combustibles fossiles).
Enfin, le principe d’équité consacré par l’article 3 de la CCNUCC porte également sur
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l’aspect intergénérationnel, en ce sens qu’il impose aux Parties le devoir de protéger le
système climatique au bénéfice des générations présentes et futures.

1.6.2. Le principe de précaution

Le paragraphe 3 de l’article 3 de la Convention-cadre consacre le principe de précaution,


qui s’avère souvent présent dans les accords conclus en matière d’environnement. Selon
ce principe, l’absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour
différer l’adoption des mesures nécessaires lorsque des perturbations graves ou irréversibles
de l’équilibre environnemental et climatique sont à craindre. Les mesures prises doivent
toutefois respecter la nécessité d’un bon rapport coût-efficacité, en évitant de pénaliser
indûment l’économie.

CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 17

1.6.3. Le principe de libre échange

Pour sa part, le paragraphe 5 de l’article 3 de la Convention-cadre défend le principe


du libre-échange, invitant les Parties à promouvoir un « système économique international
qui soit porteur et ouvert et qui mène à une croissance économique et à un développement
durable de toutes les Parties, en particulier des pays en développement, pour leur permettre
28
de mieux s’attaquer aux problèmes posés par les changements climatiques » .
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28
L’analyse de l’objectif et des principes qui sous-tendent la CCNUCC est ici en partie issue du guide édité
par le secrétariat de la CCNUCC (Bonn, 2008).

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2. LA CONFÉRENCE DES PARTIES (COP)
ET SES DIFFÉRENTS INTERVENANTS

Toutes les démarches concrètes tendant à soutenir l’objectif poursuivi par la Convention-
cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ont été renvoyées
à plus tard et confiées à un organe directeur appelé la Conférence des Parties (en anglais,
Conference of Parties - COP), qui doit assurer l’application effective de la Convention-
cadre.
En 1992, le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro a permis que soient adoptées trois
conventions distinctes : la Convention-cadre des Nations unies sur les changements
climatiques (CCNUCC), la Convention sur la diversité biologique (CDB) et la Convention
des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CLD). Dans les trois cas, la
réalisation concrète des objectifs portés par chaque convention a été confiée à un organe
directeur, la Conférence des Parties (COP), réunissant les Parties signataires de chaque
convention.
La Convention sur la diversité biologique (CDB) vise la politique de conservation des
écosystèmes et des espèces ainsi que le partage juste et équitable des avantages découlant
de l’utilisation des ressources génétiques. Entrée en vigueur le 29 décembre 1993, elle
compte aujourd’hui 196 Parties. Les États-Unis n’ont jamais ratifié la CDB, pas plus que
le Protocole de Nagoya qui encadre juridiquement au plan international l’accès et le
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29
mécanisme de partage des avantages liés à l’utilisation des ressources génétiques . Si
le dérèglement climatique s’est longtemps imposé au premier rang des préoccupations
internationales, l’extinction des espèces est devenue ces dernières années une question
médiatique incontournable ; dès lors, beaucoup d’espoirs se sont formés autour de la
COP 15 sur la diversité biologique, qui devait se tenir en septembre 2020 à Kunming (en
Chine). Tout comme pour la COP 26 sur les changements climatiques (cf. infra), ce
rendez-vous très attendu a été reporté d’un an en raison de la pandémie de Covid-19.
La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CLD) compte
actuellement 197 Parties. Entrée en vigueur le 26 décembre 1996, elle vise à lutter contre
la désertification et à atténuer les effets de la sécheresse dans les pays touchés, notamment
en Afrique.
Si un système de coopération existe entre les secrétariats des trois conventions, le présent
Courrier hebdomadaire se focalise sur les COP liées à la CCNUCC.

29
À ce propos, cf. B. COOLSAET, J. PITSEYS, « Biodiversité et ressources génétiques : la Belgique et le Protocole
de Nagoya », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2226, 2014.

CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 19

2.1. LE RÔLE ASSIGNÉ AUX COP

Le principal objectif de la COP est de faire évoluer la CCNUCC : d’une part, en faisant
le point sur l’application des engagements pris dans ce traité en faveur du climat et, d’autre
part, en négociant de nouvelles mesures visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre
afin de favoriser l’application effective de la Convention-cadre. Il s’agit notamment
d’encourager et de guider l’élaboration et le perfectionnement de méthodes comparables
pour établir les inventaires des émissions et des absorptions de gaz à effet de serre de
chaque État ; de faciliter les échanges d’informations sur les mesures adoptées ; et de
coordonner certaines initiatives. Les responsabilités attribuées à la COP sont reprises
au paragraphe 2 de l’article 7 de la CCNUCC.

2.2. LES PARTIES

Depuis 1995, les signataires de la CCNUCC se retrouvent chaque année au sein de la COP
pour discuter de la mise en place de mesures de lutte contre les changements climatiques.
Par « Partie », on entend tout État ou organisation régionale d’intégration économique
(à savoir l’Union européenne) ayant ratifié, accepté ou approuvé la Convention-cadre 30.
S’il existe des différences techniques entre la ratification, l’acceptation et l’approbation,
ces actes ont les mêmes conséquences, à savoir qu’ils lient juridiquement l’entité
concernée 31. Les États et les organisations régionales d’intégration économique peuvent
également adhérer à la Convention-cadre. L’adhésion a les mêmes effets juridiques que
la ratification, l’acceptation ou l’approbation. La CCNUCC est ouverte à l’adhésion depuis
le lendemain du jour où elle a cessé d’être ouverte à la signature, à savoir le 19 juin 1993.
Contrairement à la ratification, à l’acceptation, à l’approbation ou à l’adhésion, la
signature ne lie pas le signataire mais oblige ce dernier à s’abstenir de tout acte qui
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priverait le traité de son objet et de son but. La CCNUCC est entrée en vigueur le 21 mars
1994, soit 90 jours après sa ratification par 50 pays. Elle regroupe aujourd’hui 197 Parties
(à savoir 196 États et l’Union européenne), qui ont ratifié, adhéré à ou accepté la
Convention.
Les organisations régionales d’intégration économique – ce qui ne concerne, à ce jour,
que l’Union européenne – disposent d’un nombre de voix égal au nombre de leurs États
membres qui sont parties à la Convention-cadre. Toutefois, elles ne peuvent exercer
32
leur droit de vote que si aucun de leurs États membres n’exerce le sien .
Les COP réunissent les représentants des Parties mais également des acteurs non étatiques,
en tant qu’observateurs, tels que des collectivités territoriales, des organisations non
gouvernementales (ONG), des scientifiques, des organisations patronales, des syndicats

30
31
Article 22 de la CCNUCC.
Aux termes de l’article 11 de la Convention de Vienne sur le droit des traités, « le consentement d’un État
à être lié par un traité peut être exprimé par la signature, l’échange d’instruments constituant un traité,
32
la ratification, l’acceptation, l’approbation ou l’adhésion, ou par tout autre moyen convenu ».
Les principes de droit international expliqués ici sont issus du guide édité par le secrétariat de la CCNUCC
(Bonn, 2008, p. 49 et suivantes).

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20 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

ou des médias (cf. infra). C’est à Bonn, siège du secrétariat de la CCNUCC, que se tiennent
annuellement ces réunions, à moins que l’une des Parties n’offre de l’accueillir, ce qui
s’avère en pratique majoritairement le cas. La présidence des COP est assignée en
alternance aux cinq groupes régionaux reconnus par l’ONU, à savoir : Afrique ; Amérique
latine et Caraïbes ; Asie ; Europe centrale et orientale ; Europe de l’Ouest et autres États
(Australie, Canada, États-Unis d’Amérique, Israël, Nouvelle-Zélande, Turquie). Le lieu
de réunion a tendance à adopter également cette alternance.
Une deuxième manière de catégoriser les États présents lors de la COP repose sur les
annexes à la CCNUCC (cf. supra). Toutefois, la dichotomie qu’incarnait à l’origine cette
différenciation entre pays développés, pays en transition et pays en développement a évolué
avec le temps. Au cours des deux dernières décennies, un certain nombre de pays dits
émergents ont enregistré une forte croissance économique, accompagnée d’une hausse
équivalente des émissions de gaz à effet de serre. Sans efforts significatifs de la part de ces
pays, il sera impossible de freiner les changements climatiques et de maintenir les limites
fixées. Ce constat a d’ailleurs constitué l’une des principales limites du Protocole de Kyoto
de 1997 (cf. infra). En 2011, lors de la COP 17 qui se tenait à Durban (Afrique du Sud),
il a dès lors été décidé de lancer une plateforme de négociation devant aboutir pour 2015
(lors de la COP 21 à Paris) à un accord post-2020 incluant tous les pays.
Enfin, outre ces découpages en régions ou selon le développement économique, la COP
reconnaît également une série de groupes de négociation politique qui rassemblent les
États qui partagent des enjeux similaires concernant les questions climatiques. La création
de ces groupes n’obéit à aucune procédure officielle. Les Parties désireuses de former
un groupe en informent simplement la COP.
Fondé en 1964, le Groupe des 77 (G-77) rassemble ainsi plus de 130 pays en voie de
développement, ainsi que la Chine. Le siège du G-77 se situe à New York, et les pays
membres président à tour de rôle annuellement ce groupe. La COP reconnaît également
une coalition de 43 pays, membres du G-77 pour la plupart d’entre eux, au sein de
l’Alliance des petits États insulaires (en anglais, Alliance of Small Island States - AOSIS).
Ces pays ont tous la particularité de posséder des territoires à faible élévation côtière et des
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petites îles, fragilisés par le réchauffement climatique et notamment par la montée du
niveau de la mer. Les pays les moins avancés (PMA) et le groupe régional africain sont
également deux sous-groupes du G-77. Un autre groupe qui compose la COP est l’Union
européenne (UE), en tant qu’organisation d’intégration économique. Les 27 membres de
l’UE occupent à tour de rôle, tous les six mois, la fonction de porte-parole de ce groupe.
L’UE n’a cependant pas le droit de vote au sein de la COP, ce droit revenant à chacun de
ses pays membres (cf. supra). Les pays développés non européens ont également leur
groupe, le Groupe Parapluie. Même si sa composition peut changer au fil du temps, les
pays normalement membres de ce groupe sont : l’Australie, le Canada, les États-Unis, la
Fédération de Russie, l’Islande, le Japon, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et l’Ukraine.
Enfin, parmi les groupes influents présents au sein de la COP, on compte encore le Groupe
de l’intégrité environnementale (composé de la Corée du Sud, du Liechtenstein,
du Mexique, de Monaco et de la Suisse), le groupe des pays de l’Organisation des pays
exportateurs de pétrole (OPEP), le groupe de pays d’Asie centrale, du Caucase, de
l’Albanie et de la Moldavie (CACAM), le groupe BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde
et Chine), the Like Minded Group of Developing Countries (LMDC : groupe de pays en

CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 21

développement ayant gagné en importance ces dernières années), la Ligue arabe et la


Francophonie.
Pour compliquer davantage encore les choses, certains pays font partie de plusieurs groupes
de négociation. En théorie, chaque pays participant aux COP pèse le même poids : un pays,
une voix. Cependant, les négociations au sein d’une COP étant réputées très complexes
et nécessitant d’intenses et longues tractations, il est évident que les délégations les plus
denses, majoritairement incarnées par les États les plus riches, disposent de davantage
de moyens pour peser sur les débats. D’autant que l’adoption des décisions au sein des
COP repose sur le consensus (cf. infra). Les Nations unies tentent de corriger en partie
les inégalités de représentation des différents États Parties à la Convention-cadre à travers
le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), qui organise durant
les COP une série d’événements sur des thèmes clés liés à la coopération et met des moyens
humains et financiers à la disposition des pays les moins bien représentés.

2.3. LES ORGANISATIONS DOTÉES DU STATUT D’OBSERVATEUR

Aux côtés des représentants des Parties, une série de participants présents lors des
différentes sessions de la COP le sont en tant qu’observateurs. Il est ainsi prévu
à l’article 7, paragraphe 6, de la CCNUCC que l’ONU, les institutions spécialisées des
Nations unies et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ainsi que tous
les États membres d’une de ces organisations ou observateurs auprès d’une de ces
organisations qui ne sont pas Parties à la Convention peuvent être représentés aux sessions
de la COP en tant qu’observateurs 33. Cet article dispose : « Tout organe ou organisme
national ou international, gouvernemental ou non gouvernemental compétent dans
les domaines visés par la Convention, qui a fait savoir au secrétariat qu’il souhaite être
représenté à une session de la Conférence des Parties en qualité d’observateur, peut y être
admis en cette qualité à moins qu’un tiers au moins des Parties présentes n’y fassent
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objection ».
L’admission et la participation d’observateurs sont régies de manière plus détaillée par
le règlement intérieur adopté par la COP. Aux articles 6 et 7 de celui-ci, il est par exemple
prévu que certains observateurs, tels que le Fonds pour l’environnement mondial (FEM,
cf. infra), des organisations intergouvernementales (OIG) ou encore des organisations
non gouvernementales (ONG) peuvent, sur l’invitation du président, participer, sans
droit de vote et sous certaines conditions, aux délibérations.
Afin d’accroître leur visibilité, les ONG surtout, mais également les OIG et les organismes
des Nations unies, ont pris l’habitude d’organiser des activités ou des réunions parallèles
(ateliers, séminaires, etc.) lors des sessions de la COP afin de faire connaître leurs travaux,
d’exprimer leur position et leurs préoccupations, et d’avancer des idées et des propositions
sur les points négociés. Ainsi, les « side events » sont des événements officiels organisés
en parallèle des négociations, qui prennent généralement la forme de conférences sur

33
En son article 6, le règlement intérieur de la CCNUCC (FCCC/CP/1996/2) ajoute ici également :
« toute(s) entité(s) internationale(s) chargée(s) par la Conférence des Parties d’assurer le fonctionnement
du mécanisme financier, tel que le Fonds pour l’environnement mondial ».

CH 2486-2487
22 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

des thématiques précises et réunissent aussi bien des responsables politiques que des
experts et des membres de la société civile. Les COP sont également l’occasion de
promouvoir les technologies nouvelles, les avancées scientifiques et les autres moyens
d’atténuer les changements climatiques ou de s’y adapter.
Parmi les institutions des Nations unies actives lors des COP, on compte évidemment
le GIEC, mais aussi la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement
(CNUCED), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD),
le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), l’Institut des Nations
unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et l’Université des Nations unies
(UNU). Du côté des organisations intergouvernementales également présentes lors des
différentes sessions de la COP, figurent notamment l’Organisation de coopération et
de développement économiques (OCDE), l’Agence internationale de l’énergie (AIE)
et l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Lors de la COP23, à Bonn
34
en 2017, 126 organisations intergouvernementales ont été admises , contre 14 lors de
la première session de la COP, à Berlin en 1995.

2.3.1. Des ONG structurées en groupes

Pour faire entendre leur voix, les ONG sont regroupées au sein de différents collectifs
appelés circonscriptions. Il s’agit là d’une nécessité, puisque pas moins de 2 133 ONG ont
été admises lors de la COP23, qui se tenait à Bonn en 2017 35. Les ONG ne représentaient
pourtant que 163 admissions lors de la première COP, à Berlin en 1995. La plus forte
augmentation des admissions (+ 344) a été relevée lors de la COP15, qui s’est tenue
à Copenhague en 2009 et qui a reconnu officiellement la nécessité de limiter le
réchauffement planétaire à un maximum de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels.
Le Sommet de Copenhague a également été marqué par un échec des négociations visant
à l’adoption d’accords contraignants sur la limitation des émissions de CO2, ce qui explique
la colère des ONG et leur montée en puissance. Depuis 2015 et la session consacrée
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aux Accords de Paris, qui implique pour la première fois toutes les Parties, plus d’une
centaine de nouvelles admissions sont enregistrées annuellement. Si les groupes
d’observateurs précités sont intégrés dans les mécanismes intrinsèques aux COP, ils ne
sont pas formellement reconnus par les Parties.
Les premiers groupes d’ONG ont été constitués en amont de la première COP, à l’occasion
des négociations sur la CCNUCC. Les ONG sont alors incitées à se structurer au niveau
mondial en raison de l’angle international que prend le débat environnemental. À cette
époque, il n’existe encore que deux groupes : celui des affaires et de l’industrie (en anglais,
Business and Industry NGOs - BINGO), et celui des ONG environnementales
(Environmental NGOs - ENGO). Ainsi, le terme « ONG » est ici à prendre au sens premier,
désignant donc des instances « non gouvernementales » en incluant la société civile dans
son ensemble, sans se borner au secteur non lucratif. Des autorités locales s’intègrent
également dans l’un de ces groupes, et cela dès la première session de la COP : le groupe

34
35
Dernière statistique disponible sur le site Internet de la CCNUCC, https://unfccc.int.
Dernière statistique disponible sur le site Internet de la CCNUCC, https://unfccc.int.

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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 23

Local Government and Municipal Authorities (LGMA), qui accueille des gouvernements
locaux et des autorités municipales.
Alors que ces trois premiers groupes se composaient majoritairement d’ONG occidentales,
le groupe Indigenous People Organizations (IPO, créé lors de la COP7 à Marrakech,
associe quant à lui les organisations des peuples autochtones, avec une large part d’ONG
du Sud, venant défendre les communautés indigènes considérées comme les premières
victimes du réchauffement. C’est lors de la COP9 à Milan qu’émerge le groupe des ONG
de recherche et des ONG indépendantes (Research and Independent NGOs - RINGO),
tandis que le groupe des organisations syndicales (Trade Union NGOs - TUNGO) voit
le jour durant la COP14 à New Delhi. Enfin, les derniers groupes créés l’ont été lors de
la COP17 à Durban, et représentent les paysans et les agriculteurs (Farmers), les femmes
36
(Woman and Gender) et les jeunes (Youth NGOs - YOUNGO) . Les trois principaux
groupes d’ONG sont ENGO (37,6 %), RINGO (27,1 %) et BINGO (15,8 %) 37.
Selon le découpage régional admis par l’ONU (cf. supra), les ONG admises à la COP23
en 2017 étaient issues pour 66,8 % de l’Europe de l’Ouest et des autres États, pour 14,0 %
de l’Asie, pour 9,3 % de l’Afrique, pour 8,5 % de l’Amérique latine et des Caraïbes, et
pour 1,3 % de l’Europe centrale et orientale.
Les ONG ayant le statut d’observateurs ne sont pas obligées de se regrouper en collectifs.
Tel est d’ailleurs le cas de certains groupes religieux. Cependant, cette option offre certains
avantages : participer à des rencontres restreintes, recevoir des informations du secrétariat
de la CCNUCC ainsi qu’un support logistique, et même pouvoir prendre la parole au cours
de certaines réunions. En termes de tactique, ces groupes d’ONG peuvent choisir de parler
d’une seule voix, pour augmenter leur visibilité (comme celui des environnementalistes,
ENGO), ou choisir d’agir de manière plus discrète et dispersée (comme c’est le cas des
lobbys issus du groupe des ONG des affaires et de l’industrie, BINGO).
Cela étant, et même si l’existence de ces « circonscriptions » est avalisée par le secrétariat
de la CCNUCC, leur statut légal ne fait l’objet d’aucun texte formel signé ou reconnu par
les Parties à la Convention-cadre. Ces groupes jouissent donc d’un statut fragile qui ne les
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prémunit pas d’une mise à l’écart lorsque les négociations deviennent tendues ou soumises
à l’urgence, comme lors de la COP de Copenhague en 2009.

2.3.2. La mobilisation des ONG environnementales

Comme nous venons de le voir, les ONG environnementales représentent environ 40 %


des ONG admises lors des COP, contre 30 % pour les ONG de recherche.
Si les premières mobilisations écologistes qui se manifestent après-guerre visent
essentiellement la question du nucléaire, la défense de l’environnement prend une tournure
plus large et davantage médiatique et politique dans les années 1970. Les écologistes
commencent alors à faire valoir que les ressources de la Terre sont limitées. Cependant,

36
« La COP décryptée », n° 6 : L. BIERMANN, A. CHEVALLIER, « Les groupes d’observateurs de la société civile »,
37
Vertige. Le blog de Sciences Po Environnement, 15 avril 2015, https://27ruesaintgreeniaume.wordpress.com.
Participation à la COP22 à Marrakech (2016) : dernières statistiques disponibles sur le site Internet de
la CCNUCC, https://unfccc.int.

CH 2486-2487
24 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

le contexte international de l’époque reste marqué par les rivalités des blocs communiste
et occidental, et la question environnementale se voit couplée à celle du développement
des économies. Il s’agit de défendre un modèle capable de nourrir la population. C’est
seulement avec la fin de la Guerre froide et à partir du Sommet de la Terre de Rio de
Janeiro, en 1992, que les mouvements pour la justice climatique se développent, prenant
appui sur un nombre croissant d’ONG environnementales, à qui l’ONU permet la tenue
d’un forum en marge du sommet 38. Comptant pas moins de 600 conférences organisées
et 17 000 personnes présentes, ce forum se révèle un joyeux melting-pot d’associations
en tout genre 39.
L’ONU autorise également la participation des ONG lors des COP. Dans un premier
temps, ce sont des ONG environnementalistes issues des pays occidentalisés qui se
démarquent lors des COP. Le réseau Climate Action Network (CAN), créé dès 1989 et
regroupant des ONG telles que Greenpeace, le World Wildlife Fund (WWF, aujourd’hui
World Wide Fund for Nature) et Les Amis de la Terre, se mobilise ainsi pour renforcer
le principe d’équité dans les négociations et les politiques climatiques. Il participe aux
débats sur les engagements des pays occidentaux dans l’atténuation de leurs émissions
selon leurs responsabilités et leurs capacités respectives à aider les pays et les groupes les
plus vulnérables aux changements climatiques. Il contribue à des campagnes d’information
auprès des décideurs politiques et du grand public, ainsi qu’au suivi des politiques climat
des collectivités locales. Ce réseau international s’ouvre progressivement à des ONG d’Asie,
d’Afrique et d’Amérique latine. Il comprend désormais plus de 1 000 ONG issues de
40
20 pays .
À la fin des années 1990 et au début des années 2000, les sommets, contre-sommets
et forums sociaux rythment l’agenda des ONG et militants écologistes qui remettent
désormais en cause les orientations néolibérales du traitement de l’environnement par
les États et les entreprises multinationales. De leur côté, ces dernières rétorquent désormais
par un discours « vert » taxé par leurs détracteurs d’« écoblanchiment » (« greenwashing »).
La montée en puissance des ONG (avec à l’avant-plan des organismes désormais bien
connus du grand public tels que Greenpeace, le WWF, Les Amis de la Terre, Terre des
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hommes ou le Fonds des Nations unies pour l’enfance - UNICEF) intervient dans un
contexte où la question du réchauffement climatique commence à trouver sa place dans
le débat médiatique. En outre, elle s’accompagne également d’un renforcement des
revendications altermondialistes.
Si, dans les années 2000, les ONG se mobilisent énormément autour de la question des
dérèglements climatiques, en mettant notamment en avant le phénomène des réfugiés
climatiques (ce qui offre un visage à cette cause jusqu’alors très abstraite), elles doivent
également faire face aux désillusions. Dix ans après le Sommet de Rio, les associations
environnementales en demande de mesures concrètes se voient confrontées à deux
obstacles de taille. D’une part, un contexte sécuritaire international complètement fragilisé
suite aux attentats terroristes perpétrés aux États-Unis le 11 septembre 2001, ce qui rend

38
S. OLLITRAULT, « COP 21, ONG et état d’urgence », La vie des idées, Collège de France, 8 décembre 2015,
39
https://laviedesidees.fr.
« Le Sommet de la Terre à Rio. L’ouverture du Forum global des organisations non gouvernementales.
40
Un Woodstock écologique », Le Monde, 4 juin 1992.
L. LAIGLE, « Justice climatique et mobilisations environnementales », VertigO. La revue électronique en sciences
de l’environnement, volume 19, n° 1, 2019, https://journals.openedition.org.

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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 25

plus difficile leur présence sur la place publique pour clamer leurs revendications. D’autre
part, la crise financière et économique déclenchée en 2008, qui met à l’agenda des chefs
d’État et de gouvernement d’autres préoccupations que la question climatique. Bien qu’elle
constituait une session porteuse de grands espoirs car elle devait aboutir à des objectifs
concrets imposés aux Parties, la COP organisée à Copenhague en 2009 se révèle un échec
partiel et consacre l’apathie relative qui caractérise alors les négociations sur la question
climatique. L’influence dont font preuve certains lobbys industriels, le bras de fer entre
la Chine et les États-Unis, la difficulté pour les décideurs politiques de mettre en place
des mesures susceptibles d’influencer des modes de consommation chers à leurs électeurs,
le nombre d’instances différentes concernées dans le processus de décision, etc. sont
autant de freins qui empêchent un consensus sur les objectifs et les mesures souhaitées
(cf. infra). Les ONG se rendent alors à l’évidence : leurs exigences éprouvent des difficultés
41
à passer le cap de la prise de décision .
Pour autant, les associations environnementales ne s’avouent pas vaincues. En 2013, fait
sans précédent jusqu’alors, les organisations et mouvements représentant la société civile
décident de quitter la COP19, qui se tient à Varsovie, à la veille de sa clôture officielle.
Estimant que cette conférence, censée poser les fondations de l’accord attendu à Paris
en 2015, ne débouche sur rien, les ONG décident d’utiliser l’une des mesures connues du
répertoire d’action collective : le boycott. Les ONG dénoncent également un « sommet
du charbon », la Pologne comptant encore énormément sur cette énergie fossile au sein
de son mix énergétique.
Même si des manifestations de grande ampleur avaient déjà pris place par le passé,
notamment à La Haye (2000) ou à Copenhague (2009), les ONG, sans pour autant déserter
les réunions annuelles de la COP, investissent, à la suite du Sommet de Varsovie, davantage
encore la rue et les autres canaux de communication afin de rallier l’opinion publique
à leur cause. La mobilisation se structure davantage, alliant les causes (par exemple, la
biodiversité et la question climatique) et formalisant les liens existants entre différents
secteurs environnementaux, voire entre ONG humanitaires (Oxfam, Care, Fédération
internationale de la Croix-Rouge, etc.) et environnementales (Greenpeace, Les Amis
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de la Terre, WWF, etc.), sur la question des réfugiés climatiques notamment. Cette
structuration plus marquée du réseau vise à sensibiliser l’opinion publique aux enjeux
socio-environnementaux, en s’opposant au recours immodéré aux énergies fossiles, par
le soutien aux dynamiques locales de transition écologique et par l’amplification des
mobilisations citoyennes (marches pour le climat, pétitions via les réseaux sociaux, etc.),
dont certaines visent à poursuivre les États devant la justice pour inaction ou carence
42
fautive en matière climatique .
Face au défi climatique, les instances politiques privilégient la mise en place d’une
profusion de plans, de systèmes incitatifs, de mécanismes correctifs et de compensations :
chèque-énergie, aide à la rénovation, fiscalité écologique, etc. Quant à elles, les
mobilisations de la société civile mettent l’accent sur les défis sociaux, les questions éthiques
et démocratiques soulevés par les changements climatiques 43.

41
S. OLLITRAULT, « COP 21, ONG et état d’urgence », op. cit.
42
Concernant la question de la poursuite de certains États devant la justice pour inaction, cf. V. LEFEBVE,
43
« Urgence climatique, quel rôle pour les juges et la justice ? », La Revue nouvelle, n° 8, 2019, p. 66-72.
L. LAIGLE, « Justice climatique et mobilisations environnementales », op. cit.

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26 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Fin 2015, la COP21 de Paris est marquée par une forte mobilisation sur le territoire
44
français et ailleurs, prenant la forme de divers événements : le Tour Alternatiba , la
Journée de la Transition (qui met à l’honneur des initiatives locales), le Global Day of
Action 45, ainsi que les marches mondiales pour le climat qui se déploient un peu partout
dans le monde. En novembre et décembre 2015, des dizaines de milliers de personnes
défilent en effet en Australie, à Londres, à Rio de Janeiro ou encore à New York. Plus
de 780 000 personnes participent aux 2 300 marches pour le climat organisées alors
à travers le monde. C’est là l’occasion de défendre une série de causes, au rang desquelles
la lutte contre le recours encore massif au charbon, qui constitue un thème fortement
mis en avant lors des marches organisées en Allemagne et en Australie. Au Canada, les
46
pancartes ciblent l’exploitation des sables bitumineux . Le fait que de nombreuses ONG
aient un caractère international et que leurs agendas soient fortement rythmés par les
plannings des sommets mondiaux leur permet d’anticiper et d’appuyer leur action selon
une sorte de décompte menant à la COP. Il s’agit pour ce monde associatif représentant
la société civile d’expliquer et de rendre audibles pour tous les enjeux existant autour
du phénomène de réchauffement climatique et de rappeler que la situation se dégrade.
À partir de la COP de Copenhague, l’expression d’« urgence climatique » est de plus en
plus employée par les militants.
Alors que la mobilisation des ONG s’avère très importante à la veille de la COP21 à Paris,
un nouvel événement terroriste, et le renforcement sécuritaire qui s’ensuit, vient entraver,
dans une certaine mesure, l’organisation des militants. Le 13 novembre 2015, des attentats
terroristes sont en effet perpétrés à Paris (visant notamment la salle de spectacle du
Bataclan, pour un total 130 morts et 413 blessés), soit un peu plus de quinze jours avant
que ne soit lancée la COP21 (appelée à se tenir du 30 novembre au 12 décembre 2015).
Dans ce contexte sécuritaire particulier, l’interdiction de manifester pour des raisons
de sécurité publique fait débat dans les milieux écologistes, opposant ceux qui souhaitent
avant tout respecter la loi à ceux qui désirent s’y opposer afin de dénoncer une situation
environnementale devenue pour eux intolérable. Les tensions entre l’État français et
les activistes écologistes sont palpables : elles sont renforcées notamment par le recours
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à des mesures exceptionnelles, telles que des assignations à résidence, des perquisitions
et la mise sous surveillance de certains militants. De manière générale, les ONG se disent
alors conscientes des risques qu’il existe à occuper le terrain, mais elles ne souhaitent pas
renoncer à leurs convictions face à la menace terroriste ; en revanche, elles dénoncent la
répression policière dont elles seraient victimes. La Coalition pour le climat, qui regroupe
en France des organisations aussi diverses que Greenpeace, Sortir du nucléaire, Oxfam,
le Secours catholique, la Confédération paysanne, Les Amis de la Terre, le WWF et Action
contre la faim, doit donc inventer une nouvelle manière de manifester pour rester visible

44
Le Tour Alternatiba rassemble des vélos-tandem de trois ou quatre places destinés à parcourir plus de
5 000 kilomètres pendant l’été 2015 (avec départ de Bayonne et arrivée à Paris). Mobilisant des dizaines
de milliers de personnes autour de la question climatique, l’événement est porté par de nombreuses
associations environnementales et sociales, des sections syndicales, des clubs de sport, des groupes
d’étudiants, etc. Alternatiba est un mouvement citoyen de lutte contre le dérèglement climatique qui
45
recourt notamment à la promotion et au développement d’initiatives locales.
Le Global Day of Action consiste en l’organisation de manifestations pacifiques visant à éveiller les
consciences autour des changements climatiques et dans l’espoir de pousser les États à prendre et respecter
46
leurs engagements. Cet événement est organisé depuis 2005.
« Climat : mobilisation de Sydney à Londres pour un accord ambitieux à la COP21 », Le Monde en ligne,
29 novembre 2015, www.lemonde.fr.

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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 27

avant et durant la COP de 2015. Loin de renoncer à s’exprimer dans l’espace public,
les militants font appel à des installations d’artistes, au port de vêtements distinctifs,
à l’organisation de chaînes humaines, au détournement de publicités, à l’installation
de banderoles sur les balcons, etc.
Si le recours à la désobéissance civile existe depuis les balbutiements du mouvement
écologique, le procédé gagne en visibilité depuis quelques années, notamment à l’occasion
de la COP21. Le mouvement citoyen Action non violente COP21 (ANV-COP21) a ainsi
recours à des actions non violentes et à la désobéissance civile pour dénoncer l’inaction
politique à l’égard du réchauffement climatique 47. Sous la devise « Changeons le système,
pas le climat ! », ses actions les plus notables visent les banques, pour dénoncer l’évasion
fiscale – avec le fauchage symbolique de 196 chaises dans différentes agences (HSBC,
BNP Paribas, etc.) pour représenter les 196 Parties présentes à la COP21 – ou encore,
dès février 2019, le décrochage de portraits officiels du président Emmanuel Macron dans
plusieurs mairies de France.
Mais la mobilisation en faveur du climat ne se cantonne bien entendu pas au territoire
français, ni à la COP21. Un an plus tard, en 2016 à Marrakech, des artistes venant des
quatre coins du monde portent la voix de la société civile. C’est également dans les
discussions de couloirs ou à travers les médias que les activistes environnementalistes
tentent de faire passer leur message, comme à Bonn lors de la COP23, où le charbon
n’a pas bonne presse, ou l’année suivante à Katowice (Pologne), où les tensions entre
ONG et lobbys du charbon sont clairement palpables.
En 2018, une jeune activiste suédoise, Greta Thunberg, donne un visage à la lutte contre
le réchauffement climatique. Elle acquiert une renommée internationale pour ses actions
militantes, telles que son mouvement de protestation devant le Parlement suédois, à l’âge
de 15 ans, pour dénoncer l’inaction face aux changements climatiques et, surtout, le
lancement, en août 2018, d’une grève scolaire pour le climat. La portée de cette dernière
action est amplifiée par le discours que la jeune militante écologiste tient lors de la
COP24 à Katowice ; l’année 2019 est marquée par plusieurs manifestations impliquant
à chaque fois de nombreuses villes un peu partout dans le monde et rassemblant des
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milliers d’étudiants.
En 2019, la COP25 à Madrid incarne un coup dur pour les représentants de la société
civile. Alors que l’année a été rythmée, un peu partout en Europe et dans le monde, par
de nombreuses marches et mouvements en faveur d’une politique climatique ambitieuse,
des événements initiés en partie par la jeune génération, 200 activistes se voient privés – ce
qui constitue un fait inédit – de leur accréditation suite à une manifestation à proximité
des négociations officielles.

47
ANV-COP21 est la branche « résistante » du mouvement Alternatiba.

CH 2486-2487
28 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

2.4. LE CADRE INSTITUTIONNEL

Outre la Conférence des Parties, plusieurs institutions et organes opèrent dans le cadre
de la CCNUCC, en soutien à la COP : la présidence, le bureau, les organes subsidiaires
et le secrétariat 48.

2.4.1. Les organes permanents

La présidence de la COP est confiée en alternance à l’un des cinq groupes régionaux
reconnus par l’ONU (cf. supra). Le président, qui exerce sous l’autorité de la COP, est
généralement le ministre de l’Environnement ou des Affaires étrangères du pays qui
accueille l’organisation de la COP. Son rôle de facilitateur dans les travaux de la COP
et les débats pour aboutir à un accord lui impose une certaine impartialité : il ne peut pas
représenter son pays lors des négociations.
Les travaux de la COP ainsi que ceux de chaque organe subsidiaire (cf. infra) sont encadrés
par un bureau composé de onze membres : le président de la COP, sept vice-présidents,
les présidents des deux organes subsidiaires et le rapporteur. Généralement, les vice-
présidents assument la présidence pendant les réunions de haut niveau, tandis que
le président négocie les points controversés à l’échelon ministériel. Le rapporteur
communique le rapport sur le déroulement des réunions. Chaque groupe régional
de l’ONU compte deux membres au sein du bureau, le poste restant étant réservé à un
représentant des petits États insulaires. Les membres du bureau sont élus par la COP
parmi les représentants des Parties, et cela pour un mandat d’un an renouvelable une fois.
Les fonctions assumées par le bureau relèvent de l’usage car elles ne figurent ni dans le
texte de la Convention-cadre ni dans le projet de règlement associé (cf. infra). Elles
consistent essentiellement en la gestion des questions de procédure et d’organisation
découlant des différentes sessions de la COP, ainsi qu’en certaines fonctions techniques,
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en collaboration avec le secrétariat, telles que la gestion des demandes d’accréditation
des ONG et des OIG.
Le texte de la CCNUCC prévoit, en ses articles 9 et 10, la création de deux organes
subsidiaires permanents : l’Organe subsidiaire d’avis scientifique et technologique
49 50
(OSAST) et l’Organe subsidiaire de mise en œuvre (OSMEO) . Ces deux organes
multidisciplinaires sont chargés des aspects techniques permettant la mise en pratique
de la Convention-cadre. Ils se réunissent deux fois par an durant une ou deux semaines :
une première fois en milieu d’année, et une seconde fois à l’occasion de la session annuelle
de la COP. En général, les personnes qui siègent dans ces organes subsidiaires sont des
spécialistes et des techniciens et non des négociateurs politiques. Incontournables dans
le processus de mise en pratique de la CCNUCC, les travaux de ces organes subsidiaires
débouchent principalement sur des projets de décision qui seront ensuite examinés lors

48
Le fonctionnement de ces différents institutions et organes est expliqué au sein du guide édité par le
49
secrétariat de la CCNUCC (Bonn, 2008, p. 30 et suivantes).
50
En anglais, Subsidiary Body for Scientific and Technological Advice (SBSTA).
En anglais, Subsidiary Body for Implementation (SBI).

CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 29

de la COP en vue d’une éventuelle adoption. Comme la COP, l’OSAST et l’OSMEO


peuvent chacun compter sur l’appui d’un bureau composé d’un président, d’un vice-
président et d’un rapporteur mandatés pour deux années.
Les rôles assignés à l’OSAST et l’OSMEO diffèrent, même si les deux organes collaborent
parfois sur certaines questions. D’une façon générale, l’OSAST assure le lien entre les
évaluations scientifiques, techniques et technologiques fournies par les organismes
internationaux compétents (dont le GIEC), d’une part, et les besoins exprimés par la
COP pour mener à bien ses travaux, d’autre part. Il fait le point sur les connaissances
scientifiques disponibles concernant les changements climatiques et leurs conséquences ;
il examine, sous l’angle scientifique, les effets des mesures déjà prises dans le cadre de
l’application de la CCNUCC (sur la base des communications nationales) ; il recense
les technologies et le savoir-faire de pointe ; il répond aux questions scientifiques,
technologiques et méthodologiques que peuvent lui soumettre la COP et l’OSMEO. De
son côté, l’OSMEO formule des recommandations qui viennent en support de la COP
pour préparer et exécuter les décisions qui sont les siennes ainsi que pour évaluer le niveau
d’application de la Convention-cadre. Ainsi, les questions administratives et financières
sont clairement du ressort de l’OSMEO.
Les différentes institutions déjà abordées bénéficient du service d’un secrétariat, installé
initialement à Genève puis à Bonn à partir de 1996. Également appelé « secrétariat des
changements climatiques », celui-ci organise les sessions de la COP et de ses organes
subsidiaires ; il aide les Parties, en particulier les pays en développement, à s’acquitter
de leurs engagements ; il appuie les négociations ; il assure la compilation des données
présentées dans les inventaires d’émissions de gaz à effet de serre des États. Suite à la
mise en place du Protocole de Kyoto en 1997 (cf. infra), le secrétariat s’est également vu
assigner la charge de l’appui aux nouveaux organes créés à cette occasion. Enfin, il assure
la coordination avec les secrétariats des autres organismes internationaux compétents
sur la question de la lutte contre le dérèglement climatique tels que le GIEC et le FEM.
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2.4.2. Les fonds de financements

Si le financement climatique reste un aspect incontournable de la politique globale de lutte


contre le réchauffement, son architecture est complexe et constamment en transformation.
Ces financements agrègent toutes les ressources financières mobilisées pour financer des
mesures d’atténuation ou d’adaptation aux effets des changements climatiques, en ce
compris les engagements en matière de financements publics pris par les pays développés
dans le cadre de la CCNUCC. Les types de financement disponibles sont de plusieurs
types : des subventions (dons) et des prêts concessionnels (avec garanties). Si la multiplicité
des canaux de financement accroît les possibilités des pays bénéficiaires d’accéder aux
« fonds climat », elle rend également plus difficiles la comptabilisation et la vérification
des financements climatiques 51. Aux côtés des initiatives bilatérales et des fonds régionaux
ou nationaux, on compte trois grands fonds multilatéraux du financement climatique.

51
C. WATSON, L. SCHALATEK, « Architecture du financement climatique mondial », Climate Funds Update,
Heinrich Böll Stiftung North America (Fondamentaux du financement climatique, n° 2), 2019,
https://climatefundsupdate.org ; R. WEIKMANS, J. TIMMONS ROBERTS, « The International Climate Finance

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30 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) 52 est une entité de mise en œuvre du
mécanisme financier de la CCNUCC remplissant la même fonction pour l’Accord de Paris.
Créé en 1991 par la Banque mondiale, son mandat couvre le financement de la protection
et de la conservation de la biodiversité, de la lutte contre la désertification, de la gestion
des déchets toxiques et des produits chimiques, et de la gestion des forêts et des eaux
internationales. Il sert donc de mécanisme de financement dans le cadre des trois
conventions environnementales intervenues dans la foulée du Sommet de Rio en 1992 :
53
la CCNUCC, la CDB et la CLD (cf. supra) . Le FEM administre aussi le Fonds pour les
54
pays les moins avancés (FPMA) et le Fonds spécial pour les changements climatiques
(FSCC) 55, sous la direction de la COP et de la CCNUCC. Ces fonds financent l’élaboration
et la mise en œuvre de plans nationaux d’adaptation et les projets de transfert des
technologies en faveur des pays en développement. Le secrétariat du FEM est logé au siège
de la Banque mondiale, à Washington. Il dispose d’un budget approuvé tous les quatre
ans, dont le dernier couvre la période allant de début juillet 2018 à fin juin 2022. Le FEM
ne met pas lui-même en œuvre les programmes environnementaux qu’il finance mais
dispose à cet égard de 18 relais, dont les plus importants sont la Banque mondiale,
le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Programme des
Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation des Nations unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO).
56
Le Fonds vert pour le climat (FVC) a été créé dans le cadre de l’application de la
CCNUCC et rendu opérationnel en 2011, lors de la COP17 de Durban. La Convention-
cadre consacrant la responsabilité des pays développés à venir en aide aux pays en
développement afin que ceux-ci puissent respecter leurs engagements et transiter vers
une économie plus résiliente et sobre en carbone (cf. supra), les donations collectées
au sein du FVC visent, sur cette base, à aider les pays en développement à réduire
leurs émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter aux conséquences potentielles
des changements climatiques. Une attention particulière est accordée aux pays en
développement vulnérables, tels que les pays les moins avancés (PMA), les petits États
insulaires en développement et les pays africains. À l’instar du FEM, ce fonds sert d’entité
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opérationnelle au mécanisme financier de la CCNUCC et de l’Accord de Paris et reçoit
ses directives de la COP. Au fil du temps, il est devenu le principal canal par lequel
transite le financement public international de la lutte contre les changements climatiques.
Les premiers projets liés au FVC ont été approuvés à la fin de l’année 2015. La levée de
fonds en cours couvre la période 2020-2023.
57
Le Fonds pour l’adaptation (FA) a également été établi sous la CCNUCC, en 2007.
Il est financé par un prélèvement de 2 % sur la vente des crédits d’émission provenant
du Mécanisme de développement propre créé par le Protocole de Kyoto (cf. infra). Il est

Accounting Muddle: Is There Hope on the Horizon? », Climate and Development, volume 11, n° 2,
52
2019, p. 97-111.
53
En anglais, Global Environment Facility (GEF).
Le FEM sert également de mécanisme de financement dans le cadre de deux autres conventions : la
Convention de Minamata (sur le mercure) et la Convention de Stockholm (sur les polluants organiques
54
persistants).
En anglais, Least Developed Countries Fund (LDCF).
55
56
En anglais, Special Climate Change Fund (SCCF).
57
En anglais, Green Climate Fund (GCF).
En anglais, Adaptation Fund (AF).

CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 31

désormais mandaté pour servir l’Accord de Paris, même si le mécanisme de financement


automatique sur lequel il repose dépendra du nouveau marché du carbone actuellement
en négociation (cf. infra).

2.4.3. Les autres organes

La COP procède également à la mise en place d’organes non permanents auxquels elle
confie des tâches particulières. Ces organes font rapport à la COP une fois achevés les
travaux entrepris. Par exemple, le Groupe spécial du Mandat de Berlin, qui a été chargé,
lors de la première session de la COP (à Berlin en 1995), de mener les négociations ayant
conduit à l’adoption du Protocole de Kyoto en 1997 (les mesures envisagées à Rio en
1992 ayant vite été jugées insuffisantes pour stabiliser les concentrations de gaz à effet
de serre, cf. supra), s’est réuni huit fois avant d’être dissous.
Enfin, plusieurs groupes d’experts sont créés afin d’examiner des questions particulières,
tels que le Groupe d’experts du transfert de technologies et le Groupe d’experts des pays
les moins avancés, tous les deux mis en place suite à la COP7 de Marrakech en 2001.

2.5. LE DÉROULEMENT D’UNE COP

Au cours de la semaine précédant l’ouverture officielle de la COP et des sessions des


organes subsidiaires, le secrétariat de la CCNUCC fait en sorte que quatre blocs de
négociation composés de pays en développement aient un lieu et le temps nécessaires
pour tenir des réunions préparatoires. Il s’agit du groupe Afrique, du groupe PMA, du
groupe AOSIS ainsi que du groupe G77 et Chine. Ces réunions sont privées : seuls les
délégués des Parties appartenant à l’un de ces groupes peuvent y assister. D’autres
blocs de négociation ou des coalitions de pays peuvent également tenir des réunions
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préparatoires, mais il leur incombe de prendre leurs propres dispositions à cet égard. Les
réunions préparatoires sont importantes parce qu’elles donnent aux groupes l’occasion
d’élaborer leur stratégie de négociation et de prendre position sur les questions à l’ordre
58
du jour .
Le rendez-vous annuel que constitue une COP dure en général deux semaines, avec des
journées rythmées par les différentes sessions de négociations auxquelles s’ajoutent des
conférences thématiques en marge de la COP et destinées à apporter un éclairage sur
un sujet particulier, avec la participation des représentants de la société civile. Avant
d’entamer les discussions formelles, les représentants des Parties se retrouvent au sein
des différents groupes de négociations évoqués plus haut afin d’adopter une position
commune au groupe. Ensuite, et ce afin de préparer les sessions plénières, les délégués
des différentes Parties sont préalablement répartis dans plusieurs groupes de travail
sur des sujets précis tels que les mesures d’adaptation aux changements climatiques,
les financements nécessaires, les objectifs à long terme, etc.

58
« Devenir délégué à la CCNUCC : ce qu’il faut savoir », Institut international pour l’environnement
et le développement (IIED), 2016, www.iied.org, p. 26.

CH 2486-2487
32 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Il convient de ne pas négliger non plus les discussions de couloirs et les réunions
59
bilatérales destinées à arrondir les angles sur certains points particulièrement sensibles .
Élément plus difficile à appréhender concrètement, c’est notamment dans ces discussions
de couloirs que s’expriment les lobbys industriels. Pour ne citer qu’eux, les secteurs des
énergies fossiles, de l’industrie et des transports sont en effet également bien présents lors
des COP, entre événements publics et promotionnels et, surtout, bras de fer en coulisses.
Initialement, ces industriels se sont positionnés en climatosceptiques pendant des années,
afin de défendre leur position économique et de ralentir un quelconque mouvement de
transition énergétique qu’ils percevaient comme leur étant par définition défavorable.
Si ce message de fond existe encore, une partie de ces lobbys, devant faire face à des
législations et une opinion publique évoluant en faveur de la lutte contre les changements
climatiques, a verdi son discours et tente aujourd’hui de se présenter, grâce aux avancées
technologiques, comme une partie de la solution au problème. Disposant de moyens
financiers colossaux, c’est essentiellement par l’image que ces secteurs tentent de
convaincre ; mais dans les faits, leurs intérêts économiques restent toujours, actuellement
du moins, majoritairement liés à l’exploitation des énergies fossiles.
La première semaine de la COP est plutôt technique, rythmée par le travail des
négociateurs, technocrates et experts, tandis que la seconde semaine est davantage
politique, les négociations devant mener à un accord qui sera soumis à l’approbation
des juristes.
Il n’existe pas de nombre maximum ou minimum de délégués représentant les Parties lors
des COP. Les Parties issues du groupe PMA ou de l’AOSIS ne disposent généralement
que de deux ou trois délégués. Par contre, les autres Parties peuvent envoyer entre 80 et
130 délégués, voire davantage. Ces délégués sont généralement issus de l’administration,
mais il peut également s’agir de représentants d’ONG locales, d’organisations
internationales, de cabinets d’avocats ou encore de chercheurs, qui fournissent un appui
technique lors des discussions. L’expérience des délégués choisis peut parfois jouer un
rôle important dans les négociations. Toutes les Parties choisissent un chef de délégation.
Les ministres ne participent qu’aux sessions dont les enjeux nécessitent leur présence.
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Quant aux chefs d’État ou de gouvernement, ils participent généralement aux COP
60
importantes, telles que la COP15 à Copenhague et la COP21 à Paris .
Les COP débutent généralement par une séance plénière d’ouverture, avec plusieurs
allocutions, l’adoption d’un ordre du jour et de plusieurs questions de procédure, et
quelques déclarations des Parties. Elles se terminent par une séance plénière de clôture,
qui doit normalement permettre l’approbation de décisions formelles. Les réunions
plénières sont ouvertes à tous, y compris les organisations observatrices et la presse.
Elles répondent à une organisation très protocolaire, où chaque pays souhaitant disposer
d’un temps de parole doit le demander par voie électronique ou à l’aide d’un panneau
à déposer à la verticale sur la table occupée par ses représentants. Les prises de parole
sont limitées à quelques minutes seulement. Elles reviennent très souvent aux mêmes
protagonistes : la présidence du Groupe des 77 et de la Chine pour les pays en
développement, les Îles Marshall pour les petits pays insulaires, l’Arabie saoudite pour

59
I. HANNE, K. HULLOT-GUIOT, « Comment fonctionnent les négociations à la COP 21 ? », Libération en ligne,
60
2 décembre 2015, www.liberation.fr.
« Devenir délégué à la CCNUCC : ce qu’il faut savoir », op. cit., p. 16.

CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 33

les États pétroliers, etc. Quand cela est possible, un temps de parole est également accordé
par le président aux représentants des différents groupes d’ONG reconnus par la COP.
Les séances plénières sont retransmises sur Internet. Plusieurs langues y sont officiellement
utilisées : l’anglais, l’arabe, le chinois, l’espagnol, le français et le russe.
Il n’est pas rare que, avant de trouver un accord, plus ou moins ambitieux selon les
années, les délégations se livrent à des prolongations et quelques coups de théâtre. Avant
d’être transmis au président de la COP, les textes de décision sont négociés en plus petits
comités. Dans les rares cas où une COP adopte un nouveau Protocole ou Accord, et une
fois validé par les Parties en réunion plénière de clôture, le texte finalement adopté doit
encore, ultérieurement, être ratifié par les parlements nationaux de tous les pays 61.

2.6. L’ADOPTION DES DÉCISIONS

La procédure de vote lors de la COP est en soi particulière. Elle relève essentiellement
des articles 41 et 42 du règlement intérieur de la CCNUCC, adopté lors de la deuxième
session de la COP, à Genève en 1996 62. Lors de la première session de la COP, à Berlin
un an plus tôt, un projet de règlement intérieur était déjà sur la table, comme prévu par
la Convention-cadre. Cependant, son article 42 ne faisait alors pas l’objet d’un accord.
Pour aller de l’avant, les Parties ont convenu d’appliquer le projet de règlement intérieur
63
de 1995 , à l’exception de l’article 42. Aucun consensus sur ce point n’étant intervenu
depuis, cette pratique est restée d’application.
La question laissée en suspens concerne les majorités à prévoir pour l’adoption de décisions
sur les questions de fonds et sur les questions relatives au mécanisme financier prévu
à l’article 11 de la CCNUCC (transferts de ressources financières et partage des technologies
avec les pays en développement). Ce blocage concernant le règlement sur les votes
s’explique par le fait que les pays dont les intérêts économiques pouvaient se voir menacés
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par la politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne voulaient pas
que celle-ci leur soit imposée (par une majorité ou une majorité qualifiée). Une autre
explication réside dans le fait que les États-Unis, en tant que l’un des plus gros
contributeurs au budget de la Convention-cadre, ne souhaitaient pas que des décisions
budgétaires leur soient imposées sans leur accord. Dès lors, la prise de décision sur toutes
les questions de fond nécessite un consensus, ce qui implique concrètement qu’aucune
des Parties n’objecte ouvertement avant le coup de marteau final du président de la COP.
Ce procédé a parfois donné lieu à des passages en force, comme à Cancún en 2010 ou
64
à Doha en 2012, où des prises de parole ont été ignorées . Sur toutes les questions de
procédure, les décisions sont normalement prises à la majorité simple des Parties présentes.

61
62
En Belgique, cela implique le niveau fédéral et les niveaux fédérés.
Règlement intérieur de la CCNUCC (FCCC/CP/1996/2), adopté par la COP, Genève, 8-19 juillet 1996.
63
« Convention-cadre sur les changements climatiques. Rapport de la Conférence des Parties sur les
64
travaux de sa première session, tenue à Berlin du 28 mars au 7 avril 1995 », FCCC/CP/1995/7, points 9 à 14.
I. HANNE, K. HULLOT-GUIOT, « Comment fonctionnent les négociations à la COP 21 ? », op. cit.

CH 2486-2487
34 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Outre l’adoption de décisions, les travaux de la COP peuvent également déboucher sur
des déclarations politiques non contraignantes, qui sont destinées notamment à orienter
les travaux à venir. Ainsi, lors de la deuxième session de la Conférence des Parties,
la Déclaration ministérielle de Genève a permis de stimuler les négociations en vue de
l’adoption du Protocole de Kyoto.
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CH 2486-2487
3. DE BERLIN À GLASGOW,
25 ANNÉES DE NÉGOCIATIONS

La COP 26 sur les changements climatiques devait se tenir à Glasgow (Écosse), du 9


au 20 novembre 2020. En raison de la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19,
l’événement a été reporté à 2021. Il s’agira là d’une COP importante à plusieurs égards.
Ses enjeux doivent être éclairés à la lumière d’un quart de siècle de négociations.

3.1. BERLIN (1995), LA PREMIÈRE COP

La première COP sur les changements climatiques s’est tenue à Berlin en mars 1995.
La préparation et l’organisation de l’événement ont été confiées à la ministre allemande
de l’Environnement, Angela Merkel. L’Allemagne fait alors figure de modèle en matière
environnementale : le pays s’est engagé à réduire de 30 % ses émissions de CO2 entre
1987 et 2005.
Malgré le faste qui se dégage de cette première session, les observateurs externes et
notamment les médias ne sont pas convaincus sur le fond. Lors de cette première réunion
des Parties, il règne un certain désenchantement après l’enthousiasme qu’avait suscité
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l’adoption de la CCNUCC trois ans plus tôt. La COP de Berlin n’aboutit en effet à aucune
mesure concrète, à part celle de négocier le Protocole de Kyoto, les 120 gouvernements
présents prenant acte de la gravité de la situation et de la nécessité de réduire les émissions
de gaz à effet de serre relevant de l’activité humaine. Les Parties reconnaissent également
que les engagements pris à Rio de Janeiro en 1992 s’avèrent insuffisants et inadéquats ;
elles mandatent un groupe de travail pour établir un protocole de réduction des émissions
65
des seuls pays développés après 2000 .
La COP2, qui se tient à Genève un an plus tard, est quant à elle principalement marquée
par ce que l’on nomme la Déclaration de Genève, qui précise les orientations des
négociations alors en cours et accueille favorablement le deuxième rapport du GIEC
en considérant que celui-ci constitue « l’évaluation la plus complète et la plus fiable
actuellement disponible des informations scientifiques et techniques concernant les

65
M. TELLIER, « Il était une fois la COP1, la première conférence de l’ONU sur le climat », France Culture,
2 décembre 2018, www.franceculture.fr.

CH 2486-2487
36 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

changements climatiques mondiaux » 66. La Déclaration estime que ce rapport apporte


une base de connaissance scientifique suffisamment solide pour justifier un renforcement
urgent des actions de lutte contre le réchauffement climatique, en particulier celles des
pays de l’Annexe I.

3.2. KYOTO (1997), DES OBJECTIFS CONTRAIGNANTS

Le deuxième rapport du GIEC, qui date de 1995, fournit l’axe scientifique pour
les négociations relatives au Protocole de Kyoto. Ce document fait état d’avancées
considérables dans la compréhension de divers aspects physiques du problème, ainsi que
dans le développement de modèles couplant l’atmosphère avec les océans et les glaces.
C’est dans ce deuxième rapport que, pour la première fois, la part anthropique dans le
réchauffement observé de la planète est distinguée des influences naturelles, même si cette
part est évoquée de manière très prudente. Les auteurs du rapport pointent l’activité
humaine, et notamment l’utilisation de combustibles fossiles, la modification de
l’utilisation des sols et l’agriculture comme des facteurs explicatifs du réchauffement
observé et de l’élévation du niveau de la mer.

3.2.1. Les premiers engagements

C’est en 1997 que la COP3, à Kyoto (Japon), permet pour la première fois la mise en
place d’un protocole contraignant, avec pour objectif de réduire en moyenne d’au moins
5 %, sur la période 2008-2012, les émissions de gaz à effet de serre des pays engagés, avec
pour référence l’année 1990. Les objectifs contraignants ne s’appliquent alors qu’aux pays
industrialisés et varient d’un pays à l’autre. Pour l’actuelle UE, la baisse attendue des
émissions est alors de 8 % 67. Quatre gaz à effet de serre sont concernés : le dioxyde de
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carbone (CO2), qui est le plus important, le méthane (CH4), le protoxyde d’azote
(également appelé oxyde nitreux ou hémioxyde d’azote, N2O) et l’hexafluorure de
soufre (SF6), ainsi que deux familles de gaz fluorés : les hydrofluorocarbures (HFC) et
les perfluorocarbures (PFC).
Toutefois, l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto est soumise à la ratification du traité
par au moins 55 Parties à la CCNUCC (condition qui sera remplie dès 2003 grâce à la
ratification par l’Islande), dont des pays industrialisés responsables collectivement d’au
moins 55 % des émissions de CO2 générées par ce groupe en 1990 (condition qui,
quant à elle, ne sera honorée qu’en novembre 2004 avec la ratification de la Russie).
Le Protocole de Kyoto entre officiellement en vigueur le 16 février 2005, l’année de la
COP11 à Montréal. À cette date, le traité implique 128 Parties. À ce jour, 193 Parties
(192 États et l’Union européenne) ont déposé leurs instruments de ratification, d’accession,

66
« Convention-cadre sur les changements climatiques. Rapport de la Conférence des Parties sur les
67
travaux de sa deuxième session, tenue à Genève du 8 au 19 juillet 1996 », FCCC/CP/1996/15.
Au moment de la ratification du protocole, en mai 2002, l’actuelle UE compte 15 États membres.

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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 37

d’approbation ou d’acceptation, à l’exception notable des États-Unis, pays qui ne figure


que comme signataire.
Depuis 2005, la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties au Protocole
de Kyoto (CMP) 68 se tient en parallèle de la COP sur les changements climatiques.
L’organe décisionnel de la CMP ne regroupe que les pays qui ont ratifié le Protocole
de Kyoto, ce qui exclut notamment les États-Unis. Les autres pays peuvent toutefois
participer à la CMP en tant qu’observateurs.
Le Protocole de Kyoto distingue les pays industrialisés et les pays en développement. Pour
la première période d’engagement du protocole (2008-2012), les pays industrialisés doivent
atteindre des objectifs contraignants en matière d’émissions de gaz à effet de serre, tandis
que les pays en développement, y compris les pays émergents (Brésil, Chine, etc.), même
s’ils sont également tenus de limiter leurs émissions, ne sont soumis à aucun objectif
chiffré. Cette distinction est conforme au principe défendu au sein de la CCNUCC, qui
veut que les pays industrialisés soient tenus responsables de la majorité des émissions
de gaz à effet de serre et soient réputés avoir les moyens institutionnels et financiers de les
réduire. Ainsi, si plus de 120 pays ont ratifié le traité en 2005, seuls 37 pays industrialisés
seront tenus d’atteindre des objectifs quantitatifs de réduction ou de limitation de leurs
émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit des pays repris à l’annexe B du protocole.
Le Protocole de Kyoto est également caractérisé par la création d’un système d’échange
international des droits d’émission, en vertu duquel les pays auxquels des objectifs ont
été fixés peuvent vendre et acheter entre eux des crédits d’émission. À ce système, sont
également couplés deux mécanismes qui permettent une certaine flexibilité dans l’effort
à fournir. D’une part, le Mécanisme de développement propre (MDP) permet aux pays
contraints par des objectifs chiffrés de mener des projets de réduction des émissions dans
des pays dépourvus d’objectifs et de déduire les résultats obtenus de leurs propres objectifs.
D’autre part, la Mise en œuvre conjointe (MOC) permet aux pays auxquels des objectifs
ont été assignés de mener des projets de stockage de carbone ou de réduction des émissions
dans d’autres pays auxquels des objectifs ont été fixés, et de déduire dans ce cas également
les réductions ainsi réalisées de leurs propres objectifs.
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Si une Partie n’atteint pas son objectif de réduction des émissions, le Protocole de Kyoto
prévoit qu’elle devra rattraper la différence au cours de la deuxième période d’engagement
(au-delà de 2012), avec une pénalité de 30 % de réduction supplémentaire. Son droit
69
de vendre des permis d’émission sera par ailleurs suspendu . Ce procédé s’avérera bancal
puisque, en 2011, le Canada décidera de quitter le Protocole plutôt que de se soumettre
à cette pénalité. Pour que les engagements des Parties soient réellement contraignants,
il faudrait qu’existe une instance internationale ayant le pouvoir de sanctionner les
70
contrevenants . Or, à l’époque, tout comme au moment de la signature des Accords de
Paris de 2015 d’ailleurs, aucun État n’est favorable à la mise en place d’un tel gendarme
international qui risquerait d’entraver sa liberté politique et économique. Dès lors, le

68
En anglais, Conference of the Parties Serving as the Meeting of the Parties to the Kyoto Protocol (ou Meeting
of Parties, MOP). La première session a eu lieu en 2005, à Montréal, en parallèle de la COP11.
69
70
« Le protocole de Kyoto », Commission européenne MEMO/06/74, 15 février 2006, https://ec.europa.eu.
C. FOURNIER, « COP25 : pourquoi les COP n’aboutissent jamais à rien ? », Youmatter, 3 décembre 2019,
https://youmatter.world.

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38 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

facteur de contrainte des grands accords internationaux liés au climat réside plutôt dans
la pression exercée par les autres Parties, par l’opinion publique et par les ONG.
Cependant, le Protocole de Kyoto est soutenu par un régime de conformité dont l’objectif
est de faciliter, de promouvoir et de faire respecter les engagements pris par les Parties.
Le Comité de contrôle du respect des dispositions, chargé d’appliquer ce mécanisme,
se compose de deux directions générales : la « chambre de la facilitation », qui vise à fournir
des conseils et une assistance aux Parties afin de promouvoir le respect des dispositions,
et la « chambre de l’exécution », dont l’objectif est de déterminer les conséquences pour
les Parties qui ne respectent pas leurs engagements. Les deux groupes sont composés de
dix membres, dont un représentant de chacune des cinq régions officielles des Nations
unies (Afrique, Asie, Amérique latine et Caraïbes, Europe centrale et orientale, Europe
occidentale et autres), un représentant des petits États insulaires en développement et
deux représentants de chacune des Parties visées à l’Annexe I et des Parties non visées
à l’Annexe I.

3.2.2. Un bilan très mitigé

Alors considérés comme le principal pays émetteur de gaz à effet de serre de la planète,
les États-Unis (repris à l’annexe B du protocole) refusent en 1997 de ratifier le traité.
Ils le signent certes le 12 novembre 1998, mais le président démocrate Bill Clinton précise
qu’il ne soumettra pas le texte au vote du Sénat en l’absence d’une réelle implication
des pays en développement, qui comptent eux aussi certains gros pollueurs. En 2000,
lors de la COP6 à La Haye, puis à Bonn six mois plus tard, et en 2001, lors de la COP7
à Marrakech, les États-Unis se contentent d’un siège d’observateur à la CMP et refusent
toute participation active dans les négociations. À New Delhi en 2002, lors de la COP8,
sans reconnaître pour autant le Protocole de Kyoto, ils annoncent paradoxalement leur
soutien aux pays du Sud. L’idée est de faire valoir clairement qu’ils privilégient le thème
de l’adaptation aux changements climatiques et restent opposés à celui de la réduction des
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émissions de gaz à effet de serre, pourtant central au sein du Protocole de Kyoto et cher
aux Européens. Alors que le protocole est sur le point d’entrer en vigueur, l’administration
américaine, sous le président républicain George W. Bush, refuse à nouveau, en 2005,
tout accord multilatéral contraignant, en justifiant une nouvelle fois sa position par le fait
qu’aucune obligation ne pèse sur les pays en développement, et en particulier la Chine
et l’Inde, deux des plus importants émetteurs de gaz à effet de serre. Au niveau fédéré
cependant, une trentaine d’États américains adoptent des politiques climatiques contenant
des objectifs fixés de réduction d’émissions en ligne avec ce qui est prévu par le Protocole
de Kyoto.
Quant à lui, et comme déjà évoqué, le Canada devient, fin 2011, le premier pays à annoncer
son retrait du Protocole de Kyoto. Dans ce pays, l’exploitation des sables bitumeux
a fait croître rapidement les émissions de gaz à effet de serre (la hausse des émissions
de ces gaz est de 18,2 % sur la période 1990-2012). N’ayant pas respecté ses obligations,
le Canada risquait de devoir acheter, en guise de compensation, des crédits d’émissions
71
à hauteur de 14 milliards de dollars s’il restait signataire de l’accord . Il a estimé que

71
Évaluation faite par le ministre canadien de l’Environnement de l’époque, Peter Kent.

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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 39

le protocole était déséquilibré, refusant d’assumer une telle charge alors que les deux
principaux pays émetteurs, les États-Unis et la Chine, ne participent pas à l’effort.
Pour sa part, la Russie s’est par contre retrouvée dans une position assez favorable par
le biais du Protocole de Kyoto. Ce dernier exige que la Russie ne dépasse pas, au cours
de la première période d’engagement, le niveau d’émissions enregistré en 1990. Or, au
moment de la mise en œuvre du protocole, les émissions de gaz à effet de serre de la Russie,
suite à la désindustrialisation qui a accompagné la chute du régime communiste, se
situaient quelque 30 % au-dessous de leur niveau de 1990, ce qui signifie que le pays
détenait un excès de quotas (ce qui par ailleurs influençait à la baisse les prix sur le marché
international d’échange de droits d’émission). Une des raisons pour lesquelles le Protocole
de Kyoto a accordé à la Russie un objectif aussi généreux est qu’il a été reconnu que la
chute des émissions de gaz à effet de serre de la Russie depuis 1990 était en grande partie
due à une diminution de la production énergétique et industrielle, qui a entraîné de graves
difficultés économiques. Sont également intervenues des raisons politiques : il s’agissait
de soutenir les pays d’Europe de l’Est et de les faire entrer dans le Protocole.
In fine, les pays engagés par le Protocole de Kyoto atteignent collectivement l’objectif
fixé, avec une réduction des émissions de gaz à effet de serre estimée par l’ONU à 24 %
entre 1990 et 2012. Mais ce bilan ne concerne que les pays contraints par le protocole, ce
qui exclut donc les gros émetteurs que sont les États-Unis, la Chine, l’Inde ou même le
Canada. En revanche, il inclut les États de l’ancien bloc de l’Est, dont l’économie s’est
effondrée, entraînant une chute importante de leurs émissions de gaz à effet de serre qui
ne traduit pas la tendance générale. Tenant compte de ces éléments, certains analystes
estiment que l’objectif de réduction de 5 % par les pays engagés à l’origine dans le processus
72
n’a pas été atteint .
Un autre écueil attribué au bilan du Protocole de Kyoto est le fait que, à l’époque de
la signature de ce texte, la grande majorité des émissions provenaient des grands pays
industrialisés. Or les signataires n’ont pas suffisamment anticipé l’évolution des émissions
produites par certains pays émergents, comme la Chine et l’Inde, au cours des décennies
à venir. De leur côté, ces pays se sont opposés avec force à toute mesure menaçant de
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freiner leur développement économique. Dans ce rapport de force qui oppose le Nord
et le Sud, le Nord est pointé du doigt comme le responsable de la situation climatique
observée, lui qui a assuré son développement depuis plus de deux siècles en puisant sans
restriction dans les ressources naturelles et en émettant des pollutions de tous ordres
sans se soucier de leurs conséquences. Le Sud exige donc du Nord des compensations
pour un développement « propre ». Mais ces compensations, principalement financières,
ne sont accordées qu’à la condition de garanties solides, ce qui alimente, COP après COP,
d’interminables débats sur les conditions d’allocation de ces soutiens financiers. Lors
de la COP9, à Milan en 2003, il a toutefois été décidé d’adapter le FEM ainsi que deux
organes techniques des Nations unies – à savoir le PNUE pour l’environnement et le
PNUD pour le développement – afin d’aider les pays en développement à mieux s’adapter
aux changements climatiques. À Buenos Aires un an plus tard, un plan d’action a été mis

72
« Protocole de Kyoto », Connaissance des énergies, 28 octobre 2015, www.connaissancedesenergies.org.

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40 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

en place pour aider les pays en développement à faire face aux problèmes d’atténuation
73
et d’adaptation qui accompagnent les changements climatiques .
En l’absence d’acteurs notables tels que les États-Unis et le Canada, et compte tenu du
principe d’une responsabilité commune mais différenciée des Parties, à peine un tiers des
émissions mondiales étaient visées par le Protocole de Kyoto. Le bilan est donc fort
mitigé, même si le traité a eu le mérite de jeter les bases d’un marché du carbone et de
consacrer au niveau mondial une prise de conscience politique du problème.
Pour sa part, avec une baisse globale de 12 % par rapport à 1990, l’UE a atteint et même
dépassé l’objectif qui lui avait été assigné par le Protocole de Kyoto. Au sein de l’Europe
des Quinze, l’Autriche, le Danemark, l’Espagne et le Luxembourg n’ont cependant pas
atteint l’objectif qui leur avait été fixé.

3.3. COPENHAGUE (2009), L’ÉCHEC

À partir de 2005, une double négociation s’ouvre : d’une part, pour amener à une
interprétation plus large de la politique climatique sous la CCNUCC, qui impliquerait
l’ensemble des Parties et plus seulement les pays industrialisés et, d’autre part, pour mettre
en place une deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto (2013-2020).
À Montréal en décembre 2005, la COP11/CMP1 bat des records de participation et jouit
d’une belle couverture médiatique. Dans un document commun aux deux Conférences
des Parties, appelé « Processus de Montréal », il est donc question d’envisager l’après-
Kyoto, en tenant compte des blocages et écueils expérimentés par le passé et en s’appuyant
sur les connaissances scientifiques actualisées et synthétisées dans le troisième rapport
74
du GIEC, publié en 2001 .
En marge des résultats jugés peu significatifs engrangés par la COP12/CMP2 (les grandes
discussions sur l’après-Kyoto ayant été reportées à plus tard), la session de 2006, qui se
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tient à Nairobi (Kenya), est marquée par un désintérêt de l’opinion publique et une
incompréhension pour ces grands rendez-vous internationaux dont les répercussions
75
concrètes échappent généralement au plus grand nombre .
La publication du quatrième rapport du GIEC fait par contre grand bruit, en 2007, puisque
ce document est accompagné de l’attribution simultanée du prix Nobel de la Paix au GIEC
ainsi qu’à l’ancien vice-président états-unien démocrate Al Gore 76, pour leur engagement
dans la lutte contre les changements climatiques. Dans ce rapport, les experts estiment
désormais avec une probabilité de plus de 90 % (contre 67 % dans leur précédent rapport)
que les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique sont responsables des
changements climatiques depuis 1950. Ils insistent également sur la problématique de

73
J. MERLE, B. VOITURIEZ, Y. DANDONNEAU, Le changement climatique : histoire et enjeux, Paris, L’Harmattan,
74
2016.
75
Ibidem.
R. BLACK, « Climate Talks a Tricky Business », BBC News, 18 novembre 2006, http://news.bbc.co.uk.
76
Ancien vice-président de B. Clinton et candidat démocrate malheureux à la Maison-Blanche en 2000,
A. Gore a attiré l’attention de l’opinion publique en 2006 avec son livre et son documentaire Une vérité
qui dérange, qui tirent la sonnette d’alarme face au réchauffement de la planète.

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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 41

la fonte des glaces en mer polaire, phénomène qui y rend désormais possibles la navigation
et l’exploitation des ressources au détriment de la faune et du mode de vie des habitants
de ces hautes latitudes. Enfin, ils mettent en garde contre les sécheresses à venir, la
perturbation des écosystèmes et l’impact du réchauffement sur les forêts et les zones
côtières.
Si ce quatrième rapport du GIEC a de quoi éveiller les consciences et faire espérer
qu’émerge un consensus mondial sur la nature et l’importance du risque que représentent
les changements climatiques, force est de constater que le rendez-vous tant attendu de
Copenhague (2009), la COP15 censée donner une suite et un second souffle au Protocole
de Kyoto, est loin de tenir ses promesses. Deux années de négociations intensives et
plusieurs réunions préparatoires ont eu lieu en amont de la COP15, mais sans qu’un
consensus ne puisse aboutir, ce qui n’annonçait rien de bon, malgré une audience record
des participants à cette quinzième COP (représentants nationaux, journalistes, ONG,
scientifiques et au final, chefs d’État et de gouvernement). Accouché dans la douleur,
l’Accord de Copenhague ne fixe aucun objectif individuel aux Parties. Mais il reconnaît
la nécessité de ne pas dépasser un seuil de réchauffement moyen de la planète de 2°C par
rapport à ce qu’il était à l’aube de l’ère industrielle, vers 1850, ce qui est une avancée
majeure. Les pays industrialisés doivent proposer des objectifs de réduction, et les pays
en développement avancer des mesures nationales adaptées. Mais tout cela reste
juridiquement non contraignant.
Très vite, l’analyse des objectifs que se fixent elles-mêmes les Parties dans les mois qui
suivent la signature de l’accord indique que l’effort commun envisagé est nettement
insuffisant pour maintenir le réchauffement de la planète sous les 2°C. Cet effort doit donc
être intensifié. Il apparaît également évident que davantage de pays doivent être impliqués
dans une politique mondiale contraignante, et parmi ceux-ci les États-Unis et certains pays
en développement. Par ailleurs, l’adoption d’un accord international sur les changements
climatiques pour la période allant au-delà de 2012 est une condition pour avancer sur la
question de l’aide à apporter aux pays en développement, en particulier les communautés
et les pays les plus exposés aux conséquences des changements climatiques. Sur cette
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question également, l’Accord de Copenhague en est resté au stade de la promesse : les
pays industrialisés se sont engagés à affecter 30 milliards de dollars à un Fonds vert pour
le climat (FVC, cf. supra) sur la période 2010-2012, qui doit ensuite passer à 100 milliards
de dollars par an « d’ici à 2020 ».
L’échec de la COP de Copenhague témoigne de l’ampleur des résistances face au défi que
représente pour l’économie mondiale la nécessité d’une réduction très importante de
l’usage des carburants fossiles, dans un contexte de crise financière et économique et de
tensions géopolitiques accrues entre pays développés occidentaux, puissances émergentes
77
et pays en développement . C’est également à ce moment (novembre 2009) qu’éclate
l’affaire dite du Climategate, qui fait suite à la divulgation des courriels de la Climatic
Research Unit de l’University of East Anglia (cf. supra).

77
C. KERGOMARD, « Changement climatique : certitudes, incertitudes et controverses », Territoire en
mouvement, n° 12, 2012, p. 4-17.

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42 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

3.4. DOHA (2012), LA SUITE DE KYOTO

Après l’échec de la COP de Copenhague, les ambitions nourries pour Cancún


(COP16/CMP6, 2010) sont plus modestes, d’autant que les sessions préparatoires révèlent
de nouvelles tensions entre les États-Unis et la Chine. Afin de débloquer la situation, et
sur la base de ce qui avait été amorcé à Copenhague, une nouvelle approche est tentée
pour encadrer les négociations : plutôt que de chercher à obtenir un accord global « par
le haut », qui impose aux Parties des objectifs à atteindre, il s’agit d’identifier, en premier
lieu, ce qui est envisageable, tout en restant rentable socialement et économiquement,
pour chaque pays. À l’exception de la confirmation de certains points tels que la mise
en place du FVC, la COP de Cancún permet également le lancement d’un mécanisme,
appelé REDD+ (deuxième mouture de la Réduction des émissions dues à la déforestation
et à la dégradation forestière - REDD, lancée en 2008), destiné à endiguer l’exploitation
forestière dans les pays en développement en les aidant financièrement à opérer une
meilleure gestion du secteur forestier.
Un an après, à Durban (Afrique du Sud), la COP17/MOP7 est vouée à une nouvelle
déception, tant les oppositions sont vives entre les principaux blocs négociant l’avenir
climatique mondial : l’Europe et les pays en développement les plus vulnérables aux
changements climatiques exigent des mesures contraignantes, face aux États-Unis et aux
pays émergents (Afrique du Sud, Brésil, Chine) qui freinent ces ambitions pour des raisons
essentiellement économiques. Alors que la session semble devoir se clôturer sur une page
blanche, la présidente de la conférence, Maite Nkoana-Mashabane, ministre sud-africaine
des Affaires étrangères, décide de jouer les prolongations avec les délégués encore présents ;
elle obtient alors une feuille de route pour les années à venir, qui, fait historique, reçoit
l’adhésion des « grands acteurs climatiques » que sont les États-Unis, le Japon, la Russie,
la Chine et l’Inde. L’accord, dénommé « Plateforme de Durban », stipule que les termes
d’un nouveau traité, s’appliquant à tous les pays, doivent être définis pour 2015 et entrer
en vigueur en 2020.
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C’est également à Durban que le FVC est rendu opérationnel. Cependant, le défi
concernant le financement de la question climatique au niveau international reste entier
puisque, pour rappel, les pays industrialisés se sont engagés à une aide annuelle de l’ordre
de 100 milliards de dollars en 2020. Les moyens d’y parvenir sont encore à définir.
Concernant le Protocole de Kyoto, une deuxième période d’engagement de huit ans
(2013-2020) est entérinée lors de la COP18 à Doha, fin 2012. Le vide juridique dans
lequel le monde allait entrer inexorablement après la fin du Protocole de Kyoto (appelé
maintenant Kyoto 1), le 31 décembre 2012, est évité de justesse. L’opération se traduit
par un engagement a minima sur une prolongation du protocole jusqu’au 31 décembre
2020. Appelé Kyoto 2, ce texte prend la forme d’un amendement au Protocole de Kyoto.
De nouveaux objectifs sont fixés pour les pays engagés dans le processus. Mais les pays
impliqués dans cette seconde phase du Protocole de Kyoto ne représentent que 15 %
des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le Canada, sorti du système en 2011
(cf. supra), le Japon, la Nouvelle-Zélande et la Russie ont refusé de poursuivre leurs
efforts de réduction dans un cadre ne s’appliquant pas à la Chine et aux États-Unis.
Les négociations ont également été rendues difficiles par des désaccords sur la gestion

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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 43

des droits d’émissions liés à la première période d’engagement. Les pays d’Europe de l’Est
ont connu une forte désindustrialisation au moment de l’effondrement de l’URSS. Sans
effectuer d’efforts environnementaux particuliers, ils ont pu accumuler de grandes
quantités de quotas qui sont venues inonder le marché carbone et faire baisser les cours.
La deuxième période d’engagement implique des efforts chiffrés pour 37 pays industrialisés
(les 27 États membres de l’UE, l’Australie, la Biélorussie, la Croatie, l’Islande, la Norvège,
la Suisse, l’Ukraine et certains petits États comme le Liechtenstein et Monaco). Dans
ce cadre, l’UE, ses États membres et l’Islande se sont engagés à réduire leurs émissions
moyennes et conjointes d’environ 20 % par rapport à 1990.
Il est prévu que l’entrée en vigueur de l’amendement de Doha soit soumise à l’acceptation
ou à la ratification d’au moins trois quarts des Parties impliquées dans le Protocole de
Kyoto. Mais la ratification de la deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto
s’avère, contrairement à ce qui sera le cas pour l’Accord de Paris, extrêmement lente.
La Belgique ratifie officiellement l’amendement de Doha le 14 novembre 2017, en marge
du Sommet climatique de Bonn (COP23) ; quant à elle, l’UE le ratifie le 21 décembre
suivant. Les États membres de l’UE, Allemagne et Suède en tête, mettent déjà en œuvre
l’amendement de Doha via une législation européenne équivalente dans la pratique. La
Pologne, dont la production d’électricité dépend encore à 90 % du charbon, s’oppose
cependant longtemps à une prolongation du Protocole de Kyoto, avant de déposer ses
instruments d’acceptation de l’amendement de Doha le 28 septembre 2018.
Finalement, les 144 instruments d’acceptation de l’amendement de Doha nécessaires sont
reçus par le dépositaire des traités des Nations unies à New York le 2 octobre 2020, après
la ratification par la Jamaïque et le Nigéria, avec une entrée en vigueur officielle prévue
dans les 90 jours qui suivent, soit le 30 décembre 2020, c’est-à-dire un jour avant que la
période visée par cet amendement ne se termine. Le modeste objectif de cet amendement
est alors déjà dépassé. L’ONU a en effet déclaré, à l’occasion de cette ratification
tardive, que « les pays développés qui ont des objectifs au titre de la deuxième période
d’engagement du Protocole ont appliqué provisoirement l’amendement en attendant son
entrée en vigueur. Les données les plus récentes montrent que pour ces pays, le total
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des émissions globales de gaz à effet de serre en 2018 était inférieur de 25,3 % à celui de
78
1990 » . L’objectif commun qui leur avait été assigné était une réduction de 18 % par
rapport au niveau de 1990. L’entrée en vigueur de l’amendement de Doha est donc
avant tout symbolique : il permet de clore le régime de Kyoto, qui a montré ses limites
en termes de réductions obtenues, au moment où le régime de Paris prend le relais.
En effet, compte tenu du peu de mobilisation autour de la deuxième phase d’engagement
du Protocole de Kyoto, la COP21, organisée à Paris à la fin de l’année 2015, a concentré
des attentes importantes avec un objectif premier : parvenir, comme le prévoit la
Plateforme de Durban, à un accord global qui soit juridiquement contraignant pour
les 196 Parties et qui prenne le relais du Protocole de Kyoto à partir de 2020.

78
ONU, « L’amendement de Doha ratifié, un engagement multilatéral fort », Communiqué (Changements
climatiques), 5 octobre 2020, https://unfccc.int.

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44 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

3.5. PARIS (2015), UN ACCORD MONDIAL

La COP19, à Varsovie en 2013, et la COP20, à Lima (Pérou) en 2014, posent


essentiellement les bases du futur accord mondial attendu à Paris fin 2015. Les difficultés
restent nombreuses : peu d’engagements sur le volet financement de la part des pays
79 80
industrialisés , oppositions du côté de l’Australie ou des États-Unis, repli du Japon ,
fortes réticences des pays émergents à s’engager sur leurs propres réductions d’émissions,
travail de lobby de l’industrie du charbon 81, etc.

3.5.1. Les contributions nationales volontaires

À Varsovie, les négociations aboutissent à la concrétisation du mécanisme REDD+ et


à la mise en place d’un mécanisme international pour les pertes et préjudices associés aux
impacts des changements climatiques. Les décisions prises lors de la COP de Varsovie
permettent également d’opérationnaliser le système Measuring, Reporting and Verification
(MRV) du régime climatique post-2012, après des années de discussions difficiles. Ce
système offre un cadre pour vérifier les progrès effectués par les pays développés dans
la mise en œuvre de leurs objectifs quantifiés.
Quant à elle, la COP20 de Lima est totalement consacrée à la préparation de la COP21 de
Paris. Il y est essentiellement question de la portée des contributions nationales volontaires.
Pour parvenir à l’objectif défendu dans la CCNUCC (à savoir « la stabilisation de la
concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêchera
toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique »), quatre types d’action
ont, dès la signature de la Convention-cadre, été envisagés : des actions d’atténuation
des émissions de gaz à effet de serre (sur lesquelles repose le Protocole de Kyoto), des
actions d’adaptation aux effets négatifs des changements climatiques, des actions de
développement et de transfert technologiques, et des actions de financement afin de
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permettre la mise en place de mesures d’atténuation et d’adaptation dans les pays en
développement. En matière de contributions nationales pour parvenir à cet objectif,
les Parties ont d’abord opté, dans le cadre du Protocole de Kyoto, pour une approche
« descendante », avec des engagements contraignants imposés aux pays industrialisés.
Ce procédé a montré ses limites et, à Copenhague, c’est une approche « ascendante » qui
a été retenue. Cette nouvelle logique repose sur le respect de la souveraineté des États
et le pari que ceux-ci prendront des engagements volontaires suffisamment ambitieux
pour assurer le respect de l’objectif d’un réchauffement global maximum de 2°C retenu
dans l’Accord de Copenhague. Dans le prolongement de cette approche, l’Appel de Lima
(qui est le document officiel qui résulte de la COP20) invite les Parties à faire part de leurs
82 er
« contributions prévues déterminées au niveau national » (CPDN) dès le 1 trimestre

79
Les pays développés doivent désormais communiquer tous les deux ans, à partir de 2014 et jusqu’à
80
2020, leur stratégie en vue de rehausser leur contribution au financement climatique international.
À Varsovie, les discussions concernant l’ambition pré-2020 connaissent un départ difficile avec l’annonce
81
d’un affaiblissement de cet objectif pour le Japon.
82
J. MERLE, B. VOITURIEZ, Y. DANDONNEAU, Le changement climatique, op. cit.
En anglais, Intended Nationally Determined Contributions (INDC).

CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 45

2015. Il s’agit d’engagements indicatifs qui seront proposés dans la perspective des
négociations qui s’entameront à Paris en décembre 2015.
Ces contributions nationales comportent des objectifs en matière d’atténuation des
émissions de gaz à effet de serre et/ou d’adaptation aux effets des changements climatiques.
L’axe de l’atténuation est souvent privilégié par les pays industrialisés, qui figurent parmi
les plus gros émetteurs de la planète. Les contributions liées à des objectifs d’atténuation
peuvent notamment porter sur des politiques de transition vers les énergies renouvelables
au détriment des énergies fossiles ou sur des programmes de préservation des forêts
(qui absorbent le CO2). Les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires
en développement (PEID) ne sont pas tenus de présenter un objectif de réduction, mais
ils peuvent simplement transmettre leur stratégie de prise en compte des changements
climatiques (adaptation). Il peut par exemple s’agir d’investissements dans des cultures
résistantes aux inondations ou aux fortes chaleurs, ou au renforcement des défenses pour
protéger les zones côtières contre l’élévation du niveau de la mer. Selon l’Appel de Lima,
les objectifs que les pays se fixent individuellement doivent être plus ambitieux que les
engagements qu’ils ont déjà pris par le passé. Le secrétariat de la CCNUCC élabore pour
er
le 1 novembre 2015 une synthèse des CPDN reçues dans les temps.
L’Accord de Paris sur le climat est conclu le 12 décembre 2015 entre 195 pays, au terme
de la COP21 83. Il entre en vigueur le 4 novembre 2016, après que 55 États, représentant
55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ont ratifié l’accord.
La principale faiblesse souvent pointée du doigt concernant le Protocole de Kyoto consistait
dans le fait que seuls quelques dizaines de pays s’étaient vus réellement contraints par
le processus : les pays industrialisés ayant ratifié le traité (cf. supra). Le système des
contributions nationales volontaires permet de restaurer un peu de confiance entre les
Parties et permet d’envisager une approche internationale plus inclusive et rassembleuse.
Car à Paris, comme à Kyoto presque vingt ans plus tôt, les Parties s’opposent à la mise
en place d’une instance supranationale qui entraverait leur liberté d’action politique et
économique en les contraignant, sanctions à l’appui, à respecter leurs engagements.
Les États-Unis, tout particulièrement, se sont toujours refusés à l’idée d’une quelconque
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souveraineté supranationale qui puisse condamner un État. Or à Paris, il est essentiel
que les États-Unis soient partie prenante de l’accord, condition évidente pour que la Chine
elle aussi s’y engage. Pour que la COP21 soit un succès et que les engagements pris restent
contraignants même si l’Accord de Paris ne prévoit ni comité de contrôle ni mécanisme
de sanction, les Parties s’accordent sur un modèle transparent de comptabilité des
émissions de chacun : chaque Partie a désormais l’obligation de préparer, de communiquer
84
et de respecter des contributions déterminées au niveau national (CDN) . Une révision
des objectifs nationaux doit intervenir tous les cinq ans. Si aucune sanction n’est
à proprement parler prévue par l’Accord de Paris, la contrainte réside ici dans la pression
exercée par les Parties elles-mêmes, les observateurs internationaux, l’opinion publique
et la société civile.

83
Soit 196 Parties si l’on ajoute l’UE, et même 197 avec la Palestine, qui jusqu’alors disposait d’un statut
84
d’observateur mais qui a annoncé à Paris son adhésion à la CCNUCC.
En anglais, Nationally Determined Contributions (NDC).

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46 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

3.5.2. Limiter le réchauffement bien en dessous de 2°C

L’objectif central de l’Accord de Paris est de maintenir l’élévation de la température


moyenne de la planète « bien en dessous de 2°C » par rapport aux niveaux préindustriels,
en poursuivant l’action menée pour limiter cette élévation à 1,5°C. Cette dernière mention
a été réclamée par les pays les plus vulnérables aux changements climatiques. Il s’agit là
d’un objectif très ambitieux, puisque l’analyse des contributions nationales volontaires
remises à l’ONU avant le 31 octobre 2015 indique une trajectoire globale de réchauffement
proche de 3°C à l’horizon 2100. C’est pour infléchir cette tendance, sur une base volontaire
à nouveau, qu’il est exigé de chaque État signataire qu’il procède à une réévaluation
toujours plus stricte de ses engagements tous les cinq ans, à partir de 2020. Un inventaire
global des émissions reposant sur l’analyse de ces engagements nationaux devra permettre
d’évaluer les progrès enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord. Toutes les Parties
doivent également remettre au secrétariat de la CCNUCC, pour 2020 au plus tard, des
stratégies nationales à long terme pour le respect des objectifs portés par l’Accord.
L’Accord de Paris prévoit également d’atteindre entre 2050 et 2100 un équilibre entre les
émissions anthropiques de gaz à effet de serre et les absorptions anthropiques par les « puits
de gaz à effet de serre », tels que les forêts ou les techniques de capture et de stockage
du carbone. Le rapport spécial du GIEC sur un réchauffement de 1,5°C a précisé que,
pour ne pas dépasser le seuil de 1,5°C, les émissions mondiales de CO2 doivent baisser
de 91 à 97 % 85 d’ici 2050 par rapport au niveau de 2010, sachant qu’elles ont augmenté
en moyenne de près de 2 % par an depuis 2000.

3.5.3. Un cas particulier : les États-Unis

Ayant fait l’objet d’une attention médiatique comparable à celle du Protocole de Kyoto,
l’Accord de Paris marque un tournant dans la prise de conscience générale : il est urgent
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d’agir. Sur les 195 signataires de l’accord, 188 ont à ce jour déposé des instruments de
ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion. Ce traité bénéficie ainsi d’une
large adhésion, avec toutefois un cas particulier, celui des États-Unis. En effet, ceux-ci
ratifient le texte en septembre 2016, sous le président démocrate de Barack Obama. Mais
er
le 1 juin 2017, son successeur à la Maison-Blanche, le républicain Donald Trump,
annonce le retrait de son pays de l’Accord de Paris. Ce retrait devient officiel le
4 novembre 2020, soit le lendemain des élections qui consacrent finalement l’ancien
vice-président de B. Obama, Joe Biden, 46e président des États-Unis.
Comme candidat démocrate à la Maison-Blanche, J. Biden a indiqué à plusieurs reprises
son intention de faire revenir les États-Unis dans l’Accord de Paris. Le président élu en
a fait la demande officielle auprès de l’ONU le jour de son investiture, le 20 janvier 2021.
Les États-Unis reviendront trente jours plus tard dans l’Accord de Paris. J. Biden s’est

85
GIEC, « Réchauffement planétaire de 1,5°C. Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un
réchauffement planétaire de 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels et les trajectoires associées
d’émissions mondiales de gaz à effet de serre, dans le contexte du renforcement de la parade mondiale
au changement climatique, du développement durable et de la lutte contre la pauvreté. Résumé pour les
décideurs, Résumé technique et Foire aux questions », 2019, www.ipcc.ch, p. 14-15.

CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 47

également engagé à faire adopter un objectif de neutralité carbone de son pays pour 2050
au plus tard, emboîtant ainsi le pas à d’autres gros pollueurs mondiaux tels que la Chine
(pour 2060), le Japon ou l’UE. Il s’agit là d’un signal fort mais insuffisant pour les
spécialistes de la question, qui estiment que même si l’action de la société civile états-
unienne (États, villes, entreprises, etc.) a permis de limiter les dégâts de l’administration
Trump sur la question climatique, seul un réengagement fédéral volontariste servi par
des objectifs ambitieux et la capacité d’influence des États-Unis sur d’autres pays gros
émetteurs (Australie, Brésil, Inde, etc.) permettrait d’envisager le respect de l’Accord de
Paris 86. Le poids réel de l’administration Biden dans les décisions prises sur ces dossiers
est crucial ; en cela, le fait d’avoir obtenu la majorité au Sénat, en janvier 2021, est un atout.
Car l’enjeu politique, économique et social est de taille pour le nouveau président : il ne
s’agit ni plus ni moins que de transformer le système énergétique des États-Unis, qui
sont aujourd’hui, en raison notamment de l’exploitation du gaz de schiste, le plus gros
producteur de pétrole et de gaz au monde.
Par ailleurs, certains spécialistes ne sont pas convaincus de la portée positive d’un retour
des États-Unis dans l’Accord de Paris. D’abord, parce que ce pays devra s’intégrer dans
une dynamique et des rapports de force déjà dessinés, avec la Chine et l’UE comme acteurs
principaux. Surtout, parce que ce va-et-vient états-unien décrédibilise l’importance et
87
la portée des accords internationaux sur le climat . Cela étant, les États-Unis sont un
acteur incontournable dans la lutte contre le réchauffement climatique et leur influence
sur les négociations est incontestable. La politique climatique qui sera adoptée par
l’administration Biden sera déterminante.

3.6. KATOWICE (2018), UN CADRE OPÉRATIONNEL

Dès 2016, une COP liée par l’Accord de Paris a lieu annuellement, en parallèle de la COP
liée par la CCNUCC. Il s’agit de la Conference of the Parties Serving as the Meeting of
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the Parties to the Paris Agreement (CMA).
Les COP postérieures à la COP21 doivent préparer la mise en œuvre effective de l’Accord
er
de Paris, qui doit prendre effet au plus tard le 1 janvier 2021, prenant ainsi le relais du
Protocole de Kyoto. Suite au Sommet de Paris, des mandats sont délivrés à plusieurs
organes pour avancer sur la concrétisation des grands axes dessinés par l’Accord. Des
organes sont ainsi constitués ou renforcés pour les volets « Adaptation » (Comité de
88 89
l’adaptation ), « Financement » (FVC et Comité permanent des finances ), « Partage
des technologies », « Transparence et comptabilisation », etc. Les organes subsidiaires de
la CCNUCC, à savoir l’OSAST et l’OSMEO, sont eux aussi mis à contribution : ils ont
reçu des mandats spécifiques supplémentaires pour la révision des mécanismes de marché
(qui régulent les échanges d’émissions de CO2 en permettant aux pays les moins pollueurs

86
A. GARRIC, V. MALINGRE, « Avec l’élection de Joe Biden aux États-Unis, “nous avons une chance d’éviter
87
les pires impacts du changement climatique” », Le Monde en ligne, 9 novembre 2020, www.lemonde.fr.
Y. BLAVIGNAT, « François Gemenne : “On ne peut pas dire que Joe Biden soit un grand
88
environnementaliste” », L’Express en ligne, 8 novembre 2020, www.lexpress.fr.
89
En anglais, Adaptation Committee.
En anglais, Standing Committee on Finance.

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48 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

de revendre des quotas à ceux qui émettent le plus). Enfin, un groupe de travail ad hoc sur
l’Accord de Paris est chargé de préparer la mise en œuvre de celui-ci et d’encadrer les
CMA à venir. À travers cette multiplication d’organes en charge de traduire l’Accord de
Paris en règles et en modalités pratiques, on assiste également à une complexification des
négociations à venir. Les sujets sur lesquels il faut aboutir ne manquent pas : comptabilité
des mesures d’atténuation et d’adaptation, mise au point d’un mécanisme d’observation
et de transparence, concrétisation du cycle quinquennal d’ambition, mise en place d’un
nouveau mécanisme de marché, mise en place d’un mécanisme international pour les
pertes et préjudices associés aux impacts des changements climatiques décidé à Varsovie,
etc.
Tous ces points sont abordés à Marrakech en 2016 lors de la COP22. Mais cette première
COP post-Accord de Paris doit surtout régler des problèmes organisationnels et de timing,
du fait que personne ne s’attendait à une ratification aussi rapide du texte négocié un an
plus tôt. Les Parties se mettent d’accord pour une mise en œuvre des règles de l’Accord
de Paris (« Paris Rulebook ») pour la fin de l’année 2018. Par ailleurs, une analyse a été
menée conjointement par les pays donateurs qui se sont engagés à un financement
climatique annuel en faveur des pays en développement de l’ordre de 100 milliards de
dollars à l’horizon 2020. Sur cette base, il apparaît que le financement public des pays
développés devrait passer de 41 milliards au cours de la période 2013-2014 à 67 milliards
d’ici 2020. L’analyse projette que, en couplant cette somme au financement mobilisé
par le secteur privé, les 100 milliards de dollars devraient être atteints en 2020. Sur cette
question, les ONG nuancent toutefois les avancées obtenues, en précisant que ces montants
incluent des prêts, qui sont d’ailleurs davantage en augmentation que les dons. Il est donc
difficile d’évaluer la valeur réelle des financements accordés. Par ailleurs, ces mêmes ONG
90
estiment que les besoins se chiffrent en milliers de milliards de dollars .
La COP23, à Bonn en 2017, est la première conférence climatique majeure à avoir lieu
sous la présidence d’un petit État insulaire, avec le soutien logistique de l’Allemagne : les
Îles Fidji. Cette COP se déroule dans une ambiance particulière, suite à l’annonce du
retrait des États-Unis de l’Accord de Paris. Le leadership des négociations revient alors
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à la Chine et à l’UE, alors que tous les regards se tournent déjà vers la COP24 qui se
déroulera à Katowice (Pologne).
Souhaitant donner l’exemple à la veille de celle-ci, le Conseil de l’Union européenne
91 92
approuve, le 4 décembre 2018, deux directives et un règlement , qui appartiennent
au paquet « Une énergie propre pour tous les Européens » et qui devront permettre une

90
R. WEIKMANS, J. TIMMONS ROBERTS, « The International Climate Finance Accounting Muddle », op. cit. ;
« Climat : la COP24 adopte les règles d’application de l’Accord de Paris », Le Monde en ligne, 15 décembre
91
2018, www.lemonde.fr.
Directive du Parlement européen et du Conseil modifiant la directive 2012/27/UE relative à l’efficacité
énergétique, PE-CONS 54/18, 21 novembre 2018 ; Directive du Parlement européen et du Conseil
relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables (refonte),
PE-CONS 48/18, 21 novembre 2018.
92
Résolution législative du Parlement européen du 13 novembre 2018 sur la proposition de règlement
du Parlement européen et du Conseil sur la gouvernance de l’union de l’énergie, modifiant la directive
94/22/CE, la directive 98/70/CE, la directive 2009/31/CE, le règlement (CE) n° 663/2009, le règlement
(CE) n° 715/2009, la directive 2009/73/CE, la directive 2009/119/CE du Conseil, la directive 2010/31/UE,
la directive 2012/27/UE, la directive 2013/30/UE et la directive (UE) 2015/652 du Conseil, et abrogeant
le règlement (UE) n° 525/2013, COM(2016)0759 – C8-0497/2016 – 2016/0375(COD).

CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 49

révision à la hausse de l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’UE
pour 2030, de 40 % à 45 %, par rapport à 1990.

3.6.1. Le « Paris Rulebook »

Il est vrai que la COP24 concentre beaucoup d’attentes, même si la mobilisation politique
s’y révèle finalement assez timide, avec peu de représentants politiques de très haut
niveau présents. Malgré une présidence polonaise ressentie comme assez molle, et un
dépassement du timing officiel prévu d’environ trente heures, les négociations aboutissent
à un accord sur un cadre opérationnel pour l’Accord de Paris, intervenu trois ans plus tôt :
le « Paris Rulebook ». Cette étape cruciale permettra la mise en œuvre effective de l’accord
er
à partir du 1 janvier 2021.
En effet, ce manuel pratique indique ce qui doit figurer dans les contributions déterminées
au niveau national (CDN). Une fois rendues publiques, les contributions annoncées par
les Parties concernant le volet « Atténuation des émissions de gaz à effet de serre » ont
un caractère obligatoire, ce qui n’est pas le cas pour les contributions annoncées pour le
volet « Adaptation [aux changements climatiques] », dont la concrétisation repose toujours
sur une base volontaire. C’est là l’un des grands enjeux des négociations de la COP24,
et précédemment de l’Accord de Paris, car certains craignent que, de la sorte, les CDN
se limitent à une approche purement comptable de réduction des émissions.
Le « Paris Rulebook » explicite également le mécanisme de transparence auquel sont
soumises les Parties. Tous les deux ans, chaque pays devra préparer un rapport de
transparence, incluant un inventaire national sur les émissions de gaz à effet de serre, des
informations pour suivre les progrès dans la mise en œuvre des CDN et, le cas échéant,
des informations sur les actions d’adaptation et sur les soutiens fournis ou reçus. Les pays
seront tenus d’utiliser des méthodologies reconnues par le GIEC pour comptabiliser leurs
émissions de gaz à effet de serre secteur par secteur, ce qui permettra de renforcer la
fiabilité et la comparabilité du procédé. A posteriori, ces rapports seront ensuite soumis
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à une évaluation d’experts mais aussi des autres Parties (sous la forme de questions et
discussions). Des règles plus souples sont prévues pour les pays en développement. Le
premier de ces rapports bisannuels n’est toutefois attendu qu’en 2024.
Un autre élément central pour la concrétisation de l’Accord de Paris est l’organisation,
tous les cinq ans, d’un bilan mondial des actions menées pays par pays. Des critiques
concernent cependant le fait que la société civile serait insuffisamment impliquée dans
le processus.

3.6.2. Le cri d’alarme du GIEC

Si les avancées obtenues lors de la COP de Katowice sont accueillies avec satisfaction par
les mandataires politiques, c’est l’inquiétude qui règne du côté des scientifiques, qui
estiment que la lutte contre les changements climatiques ne va pas assez loin et, surtout,
pas assez vite. Dans ce sens, ils évoquent les conclusions alarmantes du rapport spécial

CH 2486-2487
50 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

publié par le GIEC le 8 octobre 2018 93. Ce rapport étudie, suite à une demande émanant
de la COP21, les conséquences d’un réchauffement planétaire supérieur à 1,5°C par rapport
aux niveaux préindustriels. Selon ce rapport, limiter le réchauffement à 1,5°C implique
impérativement de diviser par deux des émissions de gaz à effet de serre au niveau
94
mondial d’ici 2030 et de tendre vers la neutralité carbone (émissions nettes nulles)
d’ici 2050.
Selon les scientifiques, le climat mondial s’est déjà réchauffé de 1°C environ en moyenne
par rapport à l’ère préindustrielle. Au rythme des émissions actuelles, le réchauffement
climatique atteindra 1,5°C entre 2030 et 2050. Or, sans rehaussement de l’ambition
des pays signataires de l’Accord de Paris et sans mise en œuvre immédiate des mesures
nécessaires, le réchauffement climatique global devrait atteindre 3°C d’ici 2100 (certains
scientifiques tablant même plutôt sur un réchauffement de l’ordre de 5°C). Seules, les
émissions passées de gaz à effet de serre ne conduisent pas à un réchauffement au-delà
de 1,5°C. Il est donc encore possible, du point de vue géophysique, de freiner la hausse de
la température globale et de limiter les dégâts pour l’humanité et pour l’environnement.
Lors de la présentation du rapport du GIEC, Jim Skea, membre de l’Imperial College of
Science, Technology and Medicine de Londres et co-président du Groupe de travail III
du GIEC, pointe du doigt la responsabilité des actuels décideurs politiques : « Les lois
de la physique et de la chimie permettent de limiter la hausse à 1,5°C, ainsi que les
technologies, le changement des modes de vie et les investissements. La dernière chose,
à laquelle les scientifiques ne peuvent répondre, c’est si c’est faisable politiquement et
institutionnellement ».
Les pays de l’OPEP, l’Arabie saoudite en tête, accueillent très mal ce rapport du GIEC.
Toutefois, suite à ce cri d’alarme des scientifiques, nombreux sont ceux qui espèrent des
promesses d’engagement fermes sur une hausse des ambitions État par État. En effet,
chaque Partie a jusqu’en 2020 pour soumettre une révision des contributions nationales
volontaires déposées dans le cadre de l’Accord de Paris en 2015. Les engagements pris
alors sont insuffisants, puisqu’ils mettent la planète sur une trajectoire de réchauffement
de 3°C dans le meilleur des cas. Suite au rapport du GIEC, les observateurs guettent un
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signal ferme annonçant déjà des objectifs revus à la hausse, sans attendre 2020. Ce ne sera
pas le cas. Seuls deux pays annoncent formellement leur intention de réviser à la hausse
leurs engagements climatiques à travers leur contribution nationale : les Îles Marshall et
les Îles Fidji. En parallèle, 25 pays, dont plusieurs pays de l’UE (Allemagne, Danemark,
Espagne, Finlande, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Suède, Royaume-Uni),
rassemblés au sein d’une « coalition de la haute ambition » créée lors de la COP21, signent
95
de leur côté une déclaration qui les engage à relever leur ambition climatique avant
la fin 2020 via leurs contributions nationales, leur stratégie de long terme et/ou des
actions de court terme.

93
GIEC, « Global Warming of 1,5°C. An IPCC special report on the impacts of global warming of 1.5°C above
pre-industrial levels and related global greenhouse gas emission pathways, in the context of strengthening
the global response to the threat of climate change, sustainable development, and efforts to eradicate
94
poverty », 2018.
Plus précisément, le rapport souligne la nécessité de réduire les émissions mondiales de 45 % d’ici 2030
95
par rapport à 2010.
High Ambition Coalition, « Statement on Stepping up Climate Ambition », Communiqué de presse,
12 décembre 2018, https://ec.europa.eu.

CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 51

3.6.3. L’avenir du marché du carbone

Quant à elle, la question de la mise en place de nouvelles règles pour le marché du carbone
est reportée à plus tard. Le marché du carbone reste un mécanisme essentiel dans la
politique climatique internationale. Tout d’abord, en raison du fait que permettre aux
pays d’échanger des crédits d’émission assure une certaine flexibilité à cette politique
climatique menée au niveau mondial. Ensuite, parce que ce système permet au secteur de
l’aviation de s’acquitter de ses obligations en la matière (en achetant des droits d’émission).
Toutefois, ce système doit désormais être repensé. En effet, le Protocole de Kyoto, qui
n’imposait des objectifs de réduction qu’aux pays industrialisés, prévoyait des mécanismes
de marché (« mécanismes de flexibilité ») qui permettaient à ces pays de réaliser une partie
de leurs réductions d’émissions dans d’autres pays en échange de crédits d’émission. Mais
avec l’Accord de Paris, en vertu duquel toutes les Parties sont désormais censées assurer
leurs CDN, une révision du système est nécessaire. La grande difficulté réside ici dans
le fait que certains pays souhaiteraient ouvrir la porte à un système de double comptage
des quotas d’émissions échangés. Les réductions d’émission de gaz à effet de serre seraient
comptabilisées à la fois dans le pays les ayant réellement effectuées et dans celui ayant
réalisé l’achat de quotas d’émissions. Un tel procédé réduirait considérablement la portée
96
de l’Accord de Paris en surévaluant les réductions d’émission atteintes .
Un autre grand dossier n’a pas trouvé d’issue lors de la COP24, à savoir celui relatif
à la reconnaissance des pertes et dommages subis par les pays les plus vulnérables, porté
par le Mécanisme international de Varsovie pour les pertes et préjudices associés aux
impacts des changements climatiques (MIV). Enfin, un autre grand écueil de cet accord
sur le cadre opérationnel de l’Accord de Paris réside dans le fait que des principes clés,
tels que le respect des droits humains, la sécurité alimentaire et le principe de transition
juste, ne figurent pas dans le texte. Il s’agit là d’un pari très risqué, estime la société civile,
car de nombreuses actions de lutte contre le dérèglement climatique pourraient avoir
un impact sur ces droits.
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3.7. GLASGOW (2021), LA COP POST-POSÉE

Après le désistement du Brésil (suite à l’élection de son président, Jair Bolsonaro)


à accueillir la COP25, c’est au Chili que doit se tenir ce nouveau sommet international.
Mais suite à un important mouvement de contestation sociale, le gouvernement chilien
y renonce, et c’est finalement à Madrid que se tient, à la fin de l’année 2019, la COP25,
sous présidence chilienne.
Cette COP est décevante à plus d’un titre. Tout d’abord, même si l’échéance de 2020
(année butoir de révision des contributions nationales) se rapproche, et malgré les
conclusions émises dans le dernier rapport du GIEC, aucun signal politique fort n’est émis.
Ensuite, même si une ébauche de texte est mise sur la table en fin de sommet, la question

96
Plateforme wallonne pour le GIEC, « De la COP25 à la COP26, en mode confiné », Lettre, n° 16, 2020,
https://plateforme-wallonne-giec.be.

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52 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

du marché du carbone n’est toujours pas tranchée. Les pays en développement demandent
qu’un pourcentage des unités échangées serve à financer leurs frais d’adaptation aux
changements climatiques. De leur côté, les pays développés sont prêts à accepter une
contribution volontaire aux frais d’adaptation, mais refusent un prélèvement obligatoire
et automatique des unités. Un autre souci réside dans le fait que la Chine, l’Inde et surtout
le Brésil ont accumulé un grand nombre de quotas sous le précédent régime de flexibilité
et souhaitent continuer à en disposer après 2020, quitte à affaiblir des objectifs déjà
insuffisants pour maintenir la hausse globale des températures bien en dessous de 2°C.
C’est à Glasgow, en Écosse, qu’est censée se tenir en 2020 la COP26, en partenariat avec
l’Italie. Toutefois, le 1er avril 2020, le secrétariat de la CCNUCC annonce que cette session
sera reportée d’un an en raison de la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19.
er
Finalement, la COP26 se déroulera en principe à Glasgow du 1 au 12 novembre 2021.
Les enjeux de cette nouvelle session sont importants. Cinq ans après la COP21, elle devait
être la première étape clé permettant de vérifier l’état d’avancement de la mise en œuvre
de l’Accord de Paris. Or une échéance importante dans le cadre des négociations
climatiques est passée quasiment inaperçue en cette année particulière de pandémie. Selon
l’Accord de Paris 97, les Parties avaient jusqu’au 9 février 2020 pour soumettre une révision
des contributions nationales déposées à l’occasion de l’Accord de Paris. Soit « au moins
neuf à douze mois avant la session pertinente de la Conférence des Parties agissant comme
réunion des Parties à l’Accord de Paris ». Avec le report de la COP26, cette date symbolique
est postposée d’un an également. Toutefois, il est frappant de constater que, au moment
de l’annonce du report de la COP 26, seules six Parties avaient déposé une version
actualisée de leurs contributions nationales : par ordre chronologique, les Îles Marshall
(qui ont déjà soumis une seconde version de leurs contributions), le Surinam (qui en est
également à sa seconde version), la Norvège, la Moldavie, Singapour et le Japon. Depuis
lors, ces six Parties ont été rejointes par 63 pays et l’Union européenne (comptant pour
une Partie) 98.
Sachant que, dans leur version actuelle, les contributions nationales ne permettent pas de
99
rencontrer collectivement l’objectif de l’Accord Paris , il sera particulièrement important
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de guetter les nouveaux engagements proposés avant la tenue de la COP26. À cet égard,
un rapport conjointement publié par la CCNUCC et le PNUD en septembre 2019 indique,
sans identifier nommément les pays concernés, que 75 Parties (comptant pour 37 % des
émissions mondiales) ont indiqué leur intention de revoir à la hausse l’ambition de leurs
contributions nationales, par l’adoption de mesures soit de réduction des émissions, soit
100
d’adaptation, soit à la foi de réduction des émissions et d’adaptation . En revanche,
122 Parties (représentant 63 % des émissions mondiales) n’envisagent pas une telle révision
à la hausse. D’ailleurs, 14 Parties (comptant pour 26 % des émissions mondiales)
n’envisageraient même pas de soumettre des contributions nationales révisées en 2020.

97
Décision 1/CP.21, § 25.
98
Décompte opéré le 9 mars 2021, à la clôture de la rédaction du présent Courrier hebdomadaire. Parmi
99
les 63 pays, 6 ont remis une seconde version de leurs contributions.
ONU, « Les engagements ne sont pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris »,
100
Communiqué (Changements climatiques), 26 février 2021, https://unfccc.int.
« The Heat is On. Taking Stock of Global Climate Ambition », NDC Global Outlook Report, 2019,
https://unfccc.int.

CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 53

La crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19 a porté un coup considérable à l’économie


mondiale ; dès lors, nombreux sont les experts et les ONG qui craignent que les projets
de relance qui succéderont à cette crise n’occultent complètement les enjeux climatiques.
À moins que, au contraire, les plans de relance ne s’orientent vers une transformation des
modèles économiques en place, avec une priorité accordée aux investissements durables.
La COP26 a été reportée d’un an, ce qui équivaut à une annulation pour un sommet
annuel et donne l’impression que la question climatique et ses enjeux peuvent faire
l’objet d’une pause. Or le problème du réchauffement reste entier et urgent. Outre le
renforcement nécessaire des ambitions nationales, cette COP26 devait également traiter
d’autres questions en suspens, comme la mise en place d’un nouveau mécanisme de
marché ou le lancement des négociations pour définir de nouveaux engagements en
matière de financement. En effet, un nouvel objectif collectif de financement d’ici à 2025
doit être négocié par les pays développés, avec un plancher fixé à 100 milliards de dollars
annuels. Ces discussions s’annoncent elles aussi très difficiles dans un contexte post-Covid.
Le premier bilan mondial prévu par l’Accord de Paris est programmé pour 2023 et sera
renouvelé tous les cinq ans par la suite. Pour ce qui est des contributions nationales,
de nouvelles copies sont donc attendues pour au plus tard neuf mois avant la COP de
Glasgow. La révision suivante est fixée à 2025.
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CH 2486-2487
CONCLUSION

Le dérèglement climatique actuellement à l’œuvre et l’implication de l’activité humaine


dans ce phénomène ne sont scientifiquement plus contestables. Déjà visibles à de
nombreux endroits du globe, les effets du changement du climat sont multiples : fonte
des glaces, élévation du niveau des mers, conditions météorologiques extrêmes, etc. Cette
évolution a un impact, appelé à être croissant, sur la biodiversité, ainsi que sur l’homme
et son habitat. Si le scepticisme a longtemps tenu le problème à distance de la sphère
publique, appuyé par le discours des lobbys industriels et des exploitants des énergies
fossiles, la conscience collective est aujourd’hui au fait des enjeux climatiques et réclame
que des actions soient menées. Cette conscience s’exprime à des degrés divers et ne mobilise
certes pas chacun de la même manière mais, aujourd’hui, la question du réchauffement
climatique global ne peut plus échapper au débat public.
Si l’action en faveur d’une lutte contre le dérèglement climatique était autrefois la
prérogative de quelques grandes ONG environnementales, elle s’exprime désormais
à tous les niveaux de la société civile, avec une mobilisation et une visibilité toujours
plus importantes. À ce titre, l’année 2019 a été rythmée par les marches estudiantines ou
mondiales en faveur du climat, par des actes de désobéissance civile visant à dénoncer
l’inaction politique, et par les interventions très médiatiques de la jeune militante suédoise
Greta Thunberg. Alors que l’urgence climatique se clame sur le pavé, en Europe, les
décideurs politiques puisent dans ces mouvements une certaine légitimité pour pousser
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plus avant les mesures déjà prises : à la fin de l’année 2019, ils ont adopté le Pacte vert
(ou Green Deal) européen. Si des écueils légitimes subsistent dans la mise en pratique
concrète de tels grands plans d’action multilatéraux, ceux-ci ont au moins le mérite
d’exister, de fixer des objectifs et d’esquisser des lignes directrices. Sans surpasser les autres,
le climat est devenu l’une des questions incontournables que l’Union européenne souhaite
traiter. Mais les enjeux économiques, sociétaux et géopolitiques liés à la question du
réchauffement climatique global sont colossaux et, surtout, ils ne recouvrent pas les
mêmes difficultés d’adaptation d’une région du globe à l’autre, ni d’un pays à l’autre.
Si le dérèglement climatique concerne bel et bien la planète dans son entièreté, le défi que
représente le fait de parler d’une seule voix et d’agir d’une seule main au niveau mondial
reste entier. Observateur, le monde scientifique crie quant à lui à pleins poumons que
l’urgence d’agir n’est en rien rencontrée.
En 2020, l’urgence climatique a été presque complètement éclipsée par une autre urgence,
sanitaire et socio-économique celle-là : la lutte contre la pandémie de Covid-19 et ses effets.
er
Le 1 avril 2020, l’annonce d’un report de la Conférence des Parties (COP) est tombée.
La COP26 aura bien lieu à Glasgow, comme prévu initialement, mais en novembre 2021,
soit avec un an de retard. Comment analyser le poids d’une telle décision ? Dans un

CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 55

premier temps, il s’agit de rappeler le rôle et l’importance de ce rendez-vous annuel


très médiatisé. Si cette grand-messe rassemblant responsables politiques et observateurs
(experts, société civile et médias) de tous les coins de la planète est incontournable et
nécessaire dans l’ébauche d’une politique climatique concertée au niveau mondial, les
lourdeurs et la diplomatie extrêmes qui la caractérisent empêchent souvent que des
avancées notables soient enregistrées rapidement. Dès lors, chaque COP compte, ou
devrait compter. Dans un deuxième temps, il s’agit de comprendre en quoi la COP26
est particulière, notamment dans le cadre de l’application de l’Accord de Paris (2015).
La COP est l’organe directeur de la Convention-cadre des Nations unies sur les
changements climatiques (CCNUCC). Adopté en 1992, ce traité reconnaît officiellement
l’existence du dérèglement climatique ainsi que la responsabilité humaine dans ce
phénomène et la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais ne dit mot
des décisions concrètes à prendre pour agir. C’est aux COP que revient la responsabilité
de négocier les démarches pratiques pour garantir le respect de ce traité international.
Il s’agit là d’une charge extrêmement complexe à plusieurs égards.
Les négociations au sein des COP réunissent des pays (Parties) dont les profils divergent
voire s’opposent. Élaboré dans le cadre de ces réunions annuelles, le Protocole de Kyoto
(1997) a par exemple fait les frais d’une opposition incontournable, qui a été présente
dès la conclusion de la CCNUCC : les pays industrialisés sont pointés du doigt comme
les principaux responsables des émissions comptabilisées à ce jour, alors que, face à eux,
les pays en développement subissent le plus souvent en première ligne les effets du
réchauffement que ces émissions ont provoqués. Les premiers, ou du moins une partie
d’entre eux, ont donc accepté d’être soumis, à travers le Protocole de Kyoto, à des objectifs
contraignants de réduction des émissions et d’aider financièrement et technologiquement
les pays en développement à s’adapter aux effets du réchauffement. Or les pays en
développement ont revendiqué le droit de se développer à leur tour et certains pays
émergents, comme la Chine ou l’Inde, qui ne sont pas soumis à des objectifs contraignants
comme les pays industrialisés, sont devenus eux aussi de gros émetteurs de gaz à effet
de serre. Devant ce constat, les États-Unis et d’autres importants émetteurs industrialisés
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ont refusé de prendre part au Protocole (tandis que, pour sa part, le Canada est revenu
sur ses engagements et a quitté le Protocole de Kyoto). Certes, le Protocole de Kyoto
a atteint les objectifs qu’il s’était fixés, mais n’aura concerné in fine qu’un nombre de
pays restreint, laissant les gros pollueurs en dehors du processus.
Cette opposition n’est pas la seule. Au sein des COP, se côtoient les petits États insulaires
et les États les moins avancés, touchés de plein fouet par le réchauffement global, et des
pays dont l’économie entière repose sur l’exploitation des énergies fossiles, comme les
pays de l’OPEP, les États-Unis (qui sont le plus gros producteur de pétrole au monde) et
la Chine (qui est à la fois très dépendante du charbon et leader dans les énergies solaires).
Si une année entière est bien nécessaire pour que les experts, à travers divers organes liés
à l’ONU, s’emploient à avancer sur les travaux et dilemmes en cours (financement,
objectifs, marché du carbone, etc.), les COP doivent réussir le tour de force de concilier,
en deux semaines de temps, des divergences de vues extrêmes. Les groupes de travail
annexes et les discussions de couloirs tiennent ici leur rôle, mais il est bon de rappeler
que, à ce jeu-là, toutes les délégations présentes ne disposent pas des mêmes moyens ni
du même nombre de représentants. Qu’à cela ne tienne, au bout de ces deux semaines,
souvent avec du retard sur le planning annoncé et dans un élan de dramatisation devenu

CH 2486-2487
56 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

coutumier, chaque COP présente son lot de décisions, plus ou moins marquantes et
obtenues par voie de consensus.
Outre cette difficulté de concilier les intérêts de chacun pour une cause commune, la
question du caractère contraignant ou volontaire des grands traités adoptés par la COP
porte elle aussi une responsabilité dans l’impuissance à agir vite. Le Protocole de Kyoto
imposait, par le haut, des objectifs aux pays industrialisés. Si la démarche avait pour
avantage d’offrir un timing transparent des objectifs à atteindre, son caractère contraignant
a braqué les États-Unis, et d’autres dans leur sillage, et a empêché qu’un accord mondial
impliquant toutes les Parties ne voie le jour. Prenant le relais du Protocole de Kyoto,
l’Accord de Paris s’appuie sur une architecture toute différente : ce sont les Parties elles-
mêmes, et l’ensemble des Parties, qui soumettent à la COP des contributions nationales
volontaires de réduction d’émissions et/ou d’adaptation aux changements climatiques.
En cela, l’Accord de Paris fédère l’ensemble des Parties signataires, ce qui est une avancée
énorme. La source des craintes se situe désormais ailleurs, à savoir dans la capacité dont
feront preuve les États pour se mobiliser et proposer des engagements suffisamment
ambitieux pour atteindre l’objectif commun qu’ils se sont fixé, à savoir maintenir la
hausse des températures mondiales dans une fourchette comprise entre 1,5°C et « bien
en dessous » de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. Pour l’heure, il n’en est rien,
puisque les rapports publiés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution
du climat (GIEC), qui apporte une assise scientifique aux travaux de la COP, font état
d’un réchauffement global, sur la base des contributions volontaires des États enregistrées
lors de l’Accord de Paris, de l’ordre de 3°C dans le meilleur des cas. Afin d’infléchir cette
tendance, les Parties sont tenues de réviser à la hausse, tous les cinq ans, leurs contributions
nationales volontaires.
Mais le processus reste fragile. Le caractère contraignant de l’Accord de Paris se borne
au poids moral qu’exercent, sur chaque Partie, les observateurs internationaux, l’opinion
publique, la société civile et les autres Parties. Après le retrait des États-Unis sous l’ère
du président républicain Donald Trump, le retour de ce pays dans l’Accord de Paris,
suite à l’élection du démocrate Joe Biden à la Maison-Blanche, constitue un événement
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positif en termes d’ambitions et de mobilisation des grands acteurs internationaux. Mais
la chose ne sera pas aisée pour le nouveau président états-unien, alors que l’enjeu politique,
économique et social est de taille s’il souhaite que la présence des États-Unis pèse
réellement dans l’Accord de Paris. Pour porter des objectifs ambitieux, il ne s’agit ni plus
ni moins que de tourner le dos au système énergétique en place aux États-Unis (pays qui
est entre autres devenu, par l’exploitation du gaz de schiste, le plus gros producteur de
gaz au monde). Par ailleurs, certains spécialistes ne sont pas convaincus de la portée
positive d’un retour des États-Unis dans l’Accord de Paris. D’une part, parce que ce pays
devra s’intégrer dans une dynamique et des rapports de force déjà dessinés, avec la Chine
et l’Union européenne comme acteurs principaux. D’autre part et surtout, car ce va-et-
vient des États-Unis, comme le retrait du Canada du Protocole de Kyoto, décrédibiliserait
l’importance et la portée des accords internationaux sur le climat.
En dépit des griefs et des difficultés, le rendez-vous annuel qu’est la COP reste primordial
pour donner un cadre à la politique climatique internationale. Il n’existe aucune instance
supra-mondiale ayant le pouvoir de dicter et d’imposer une politique climatique pays
par pays. Cette ingérence ne serait tolérée par aucun État. Faute de mieux, et malgré une

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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 57

lenteur désespérante liée au procédé, c’est donc par voie de négociations et de consensus
que les Parties doivent concilier des intérêts divergents pour un objectif commun.
La COP26, qui devait se tenir à Glasgow fin 2020 et a été reportée d’un an, comptait
plusieurs objectifs majeurs à son agenda, comme la mise en place d’un nouveau mécanisme
de marché sur lequel reposent les échanges de quotas d’émissions d’un pays à l’autre et
le lancement des négociations visant à définir de nouveaux engagements en matière de
financement envers les pays en développement. Surtout, cette COP devait être la première
étape clé permettant de mesurer l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’Accord
de Paris, intervenu cinq ans auparavant. À cet égard, les Parties avaient jusqu’au mois de
février 2020 pour remettre une version révisée de leurs contributions nationales volontaires
déposées à Paris en 2015. Avec le report de la COP26, cette date symbolique a été reportée
d’un an également. Toutefois, il est inquiétant de constater que, au moment de l’annonce
du report, seules six Parties avaient effectivement remis leur copie.
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ANNEXES

ANNEXE 1. CHRONOLOGIE LIÉE AUX CONFÉRENCES DES PARTIES

1972 : Conférence des Nations unies sur l’environnement humain


1979 : Première Conférence mondiale sur le climat (Genève)
1988 : Création du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
(GIEC)
1990 : Publication du premier rapport d’évaluation du GIEC
1992 : Sommet de la Terre à Rio de Janeiro ; adoption de la Convention-cadre des Nations
unies sur les changements climatiques (CCNUCC)
1994 : Entrée en vigueur de la CCNUCC
1995 : COP1 à Berlin ; publication du deuxième rapport d’évaluation du GIEC
1996 : COP2 à Genève
1997 : COP3 à Kyoto ; adoption du Protocole de Kyoto
1998 : COP4 à Buenos Aires
1999 : COP5 à Bonn
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2000 : COP6 à La Hague
2001 : COP6bis à Bonn ; COP7 à Marrakech ; publication du troisième rapport
d’évaluation du GIEC
2002 : COP8 à New Delhi
2003 : COP9 à Milan
2004 : COP10 à Buenos Aires
2005 : COP11 à Montréal ; entrée en vigueur du Protocole de Kyoto
2006 : COP12 à Nairobi
2007 : COP13 à Bali ; publication du quatrième rapport d’évaluation du GIEC
2008 : COP14 à Poznań
2009 : COP15 à Copenhague
2010 : COP16 à Cancún

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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 59

2011 : COP17 à Durban


2012 : COP18 à Doha ; Sommet de la Terre « Rio+20 » à Rio de Janeiro ; expiration
(au 31 décembre) de la première période d’engagement du Protocole de Kyoto
2013 : COP19 à Varsovie
2014 : COP20 à Lima ; publication du cinquième rapport d’évaluation du GIEC
2015 : COP21 à Paris ; adoption de l’Accord de Paris
2016 : COP22 à Marrakech ; entrée en vigueur de l’Accord de Paris
2017 : COP23 à Bonn
2018 : COP24 à Katowice ; approbation du rapport spécial du GIEC sur les conséquences
d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C
2019 : COP25 à Madrid
2021 : COP26 à Glasgow
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60 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

ANNEXE 2. LISTE DES PRINCIPAUX ACRONYMES UTILISÉS DANS LE


PRÉSENT COURRIER HEBDOMADAIRE

Termes en français
AIE : Agence internationale de l’énergie
AIEA : Agence internationale de l’énergie atomique
ANV-COP21 : Action non violente COP21
CACAM : groupe de pays d’Asie centrale, du Caucase, de l’Albanie et de la Moldavie
CCNUCC : Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques
CDB : Convention sur la diversité biologique
CDN : contributions déterminées au niveau national
CIS : Conseil international des sciences
CIUS : Conseil international des unions scientifiques
CLD : Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification
CMP : Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties au Protocole de Kyoto
CNUED : Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement
CNUEH : Conférence des Nations unies sur l’environnement humain
COI : Commission océanographique intergouvernementale
CPDN : contributions prévues déterminées au niveau national
FA : Fonds pour l’adaptation
FEM : Fonds pour l’environnement mondial
FPMA : Fonds pour les pays les moins avancés
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FSCC : Fonds spécial pour les changements climatiques
FVC : Fonds vert pour le climat
G-77 : Groupe des 77
GIEC : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
MDP : Mécanisme de développement propre
MIV : Mécanisme international de Varsovie pour les pertes et préjudices associés aux
impacts des changements climatiques
MOC : Mise en œuvre conjointe
OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques
OIG : organisation intergouvernementale
OMI : Organisation météorologique internationale
OMM : Organisation météorologique mondiale
ONG : organisation non gouvernementale

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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 61

ONU : Organisation des Nations unies


OPEP : Organisation des pays exportateurs de pétrole
OSAST : Organe subsidiaire d’avis scientifique et technologique
OSMEO : Organe subsidiaire de mise en œuvre
PIED : petits États insulaires en développement
PMA : pays les moins avancés
PMRC : Programme mondial de recherche sur le climat
PNUD : Programme des Nations unies pour le développement
PNUE : Programme des Nations unies pour l’environnement
REDD : Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation forestière
SMOC : Système mondial d’observation du climat
UE : Union européenne
UNESCO : Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture
UNICEF : Fonds des Nations unies pour l’enfance
UNITAR : Institut des Nations unies pour la formation et la recherche
UNU : Université des Nations unies

Termes en anglais
AOSIS : Alliance of Small Island States (Alliance des petits États insulaires)
BINGO : Business and Industry NGOs (ONG des affaires et de l’industrie)
CAN : Climate Action Network (Réseau d’action en faveur du climat)
CMA : Conference of the Parties Serving as the Meeting of the Parties to the Paris
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Agreement (Conférence des Parties dans le cadre de l’Accord de Paris)
COP : Conference of Parties (Conférence des Parties)
ENGO : Environmental NGOs (ONG environnementales)
IPO : Indigenous People Organizations (Organisations des populations indigènes)
LGMA : Local Government and Municipal Authorities (Groupe des autorités locales)
NGGIP : National Greenhouse Gas Inventories Programme (ensemble méthodologique
concernant les inventaires nationaux des émissions de gaz à effet de serre)
RINGO : Research and Independent NGOs (Groupe des ONG de recherche et des ONG
indépendantes)
TUNGO : Trade Union NGOs (Groupe des organisations syndicales)
WWF : World Wildlife Fund, puis World Wide Fund for Nature
YOUNGO : Youth NGOs (Groupe des ONG représentant les jeunes)

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62 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

ANNEXE 3. ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE DES PARTIES


SELON LES DONNÉES LIVRÉES DANS LE CADRE DE L’ACCORD DE PARIS

Équivalent CO2
Parties Pourcentage Année
en Gg
Afghanistan 19 328 0,05 2005
Afrique du Sud 544 314 1,46 2010
Albanie 6 717 0,02 2000
Algérie 111 023 0,30 2000
Allemagne * 950 673 2,56 2013
Andorre 522 0,00 2011
Angola 61 611 0,17 2005
Antigua-et-Barbuda 598 0,00 2000
Arabie saoudite 296 060 0,80 2000
Argentine 332 499 0,89 2010
Arménie 7 464 0,02 2010
Australie 541 924 1,46 2013
Autriche * 79 599 0,21 2013
Azerbaïdjan 48 209 0,13 2010
Bahamas 688 0,00 2000
Bahreïn 22 373 0,06 2000
Bangladesh 99 442 0,27 2005
Barbade 4 056 0,01 1997
Bélarus 89 283 0,24 2012
Belgique * 119 424 0,32 2013
Belize 1 133 0,00 2000
Bénin 6 251 0,02 2000
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Bhoutan 1 556 0,00 2000
Bolivie (État plurinational de) 43 665 0,12 2004
Bosnie-Herzégovine 31 095 0,08 2011
Botswana 6 140 0,02 2000
Brésil 923 544 2,48 2010
Brunéi Darussalam n.d. n/a n/a
Bulgarie * 55 893 0,15 2013
Burkina Faso 21 593 0,06 2007
Burundi 26 474 0,07 2005
Cabo Verde 448 0,00 2000
Cambodge 12 763 0,03 1994
Cameroun 165 725 0,45 1994
Canada 726 051 1,95 2013
Chili 91 576 0,25 2010
Chine 7 465 862 20,09 2005
Chypre * 8 319 0,02 2013

CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 63

Colombie 153 885 0,41 2004


Comores 551 0,00 2000
Congo 2 065 0,01 2000
Costa Rica 12 384 0,03 2010
Côte d’Ivoire 271 198 0,73 2000
Croatie * 24 493 0,07 2013
Cuba 36 340 0,10 2002
Danemark * 56 001 0,15 2013
Djibouti 1 072 0,00 2000
Dominique 182 0,00 2005
Égypte 193 238 0,52 2000
El Salvador 11 069 0,03 2005
Émirats arabes unis 195 308 0,53 2005
Équateur 247 990 0,67 2006
Érythrée 3 934 0,01 2000
Espagne * 322 003 0,87 2013
Estonie * 21 741 0,06 2013
États-Unis d’Amérique 6 649 700 17,89 2013
Éthiopie 47 745 0,13 1995
ex-République yougoslave
12 265 0,03 2012
de Macédoine
Fédération de Russie 2 799 434 7,53 2013
Fidji 2 710 0,01 2004
Finlande * 62 989 0,17 2013
France * 496 761 1,34 2013
Gabon 6 160 0,02 2000
Gambie 19 383 0,05 2000
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Géorgie 12 219 0,03 2006
Ghana 33 660 0,09 2012
Grèce * 105 111 0,28 2013
Grenade 1 607 0,00 1994
Guatemala 14 742 0,04 1990
Guinée 5 058 0,01 1994
Guinée équatoriale n.d. n/a n/a
Guinée-Bissau 6 078 0,02 2006
Guyane 3 072 0,01 2004
Haïti 6 683 0,02 2000
Honduras 10 298 0,03 2000
Hongrie * 57 428 0,15 2013
îles Cook 70 0,00 2006
Îles Marshall 170 0,00 2010
Îles Salomon 294 0,00 1994
Inde 1 523 767 4,10 2000

CH 2486-2487
64 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Indonésie 554 334 1,49 2000


Iran (République islamique d’) 483 669 1,30 2000
Iraq 72 658 0,20 1997
Irlande * 58 755 0,16 2013
Islande 4 731 0,01 2013
Israël 75 416 0,20 2010
Italie * 437 268 1,18 2013
Jamaïque 14 314 0,04 2005
Japon 1 407 800 3,79 2013
Jordanie 27 752 0,07 2006
Kazakhstan 313 442 0,84 2013
Kenya 21 466 0,06 1994
Kirghizistan 12 017 0,03 2005
Kiribati 170 0,00 2008
Koweït 32 373 0,09 1994
Lesotho 3 513 0,01 2000
Lettonie * 10 914 0,03 2013
Liban 24 653 0,07 2011
Libéria 8 022 0,02 2000
Libye n.d. n/a n/a
Liechtenstein 225 0,00 2012
Lituanie * 19 946 0,05 2013
Luxembourg * 11 142 0,03 2013
Madagascar 29 344 0,08 2000
Malaisie 193 397 0,52 2000
Malawi 24 959 0,07 2000
Maldives 153 0,00 1994
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Mali 11 742 0,03 2006
Malte * 2 788 0,01 2013
Maroc 59 700 0,16 2000
Maurice 4 758 0,01 2006
Mauritanie 6 863 0,02 2012
Mexique 632 880 1,70 2013
Micronésie (États fédérés de) 174 0,00 2000
Monaco 93 0,00 2012
Mongolie 17 711 0,05 2006
Monténégro 3 865 0,01 2011
Mozambique 8 224 0,02 1994
Myanmar 38 375 0,10 2005
Namibie 5 180 0,01 2010
Nauru 19 0,00 2000
Népal 24 541 0,07 2000
Nicaragua 11 981 0,03 2000

CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 65

Niger 13 627 0,04 2000


Nigéria 212 444 0,57 2000
Nioué 4 422 0,01 1994
Norvège 53 716 0,14 2013
Nouvelle-Zélande 80 962 0,22 2013
Oman 20 879 0,06 1994
Ouganda 27 560 0,07 2000
Ouzbékistan 199 837 0,54 2005
Pakistan 160 589 0,43 1994
Palaos 93 0,00 2000
Panama 9 708 0,03 2000
Papouasie-Nouvelle-Guinée 5 012 0,01 1994
Paraguay 23 430 0,06 2000
Pays-Bas * 195 807 0,53 2013
Pérou 80 591 0,22 2010
Philippines 126 879 0,34 2000
Pologne * 394 892 1,06 2013
Portugal * 65 071 0,18 2013
Qatar 61 593 0,17 2007
République arabe syrienne 79 070 0,21 2005
République centrafricaine 5 225 0,01 2010
République de Corée 688 300 1,85 2012
République de Moldova 13 276 0,04 2010
République démocratique du Congo 22 434 0,06 2010
République démocratique populaire lao 8 898 0,02 2000
République dominicaine 26 433 0,07 2000
République populaire démocratique
87 330 0,23 2002
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de Corée
République tchèque * 127 144 0,34 2013
République-Unie de Tanzanie 40 506 0,11 1990
Roumanie * 110 928 0,30 2013
Royaume-Uni de Grande-Bretagne
575 696 1,55 2013
et d’Irlande du Nord *
Rwanda 6 180 0,02 2005
Sainte-Lucie 551 0,00 2000
Saint-Kitts-et-Nevis 164 0,00 1994
Saint-Marin 267 0,00 2010
Saint-Vincent-et-les Grenadines 410 0,00 1997
Samoa 352 0,00 2007
Sao Tomé-et-Principe 99 0,00 2005
Sénégal 16 882 0,05 2000
Serbie 66 342 0,18 1998
Seychelles 330 0,00 2000
Sierra Leone 365 107 0,98 2000

CH 2486-2487
66 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Singapour 46 832 0,13 2010


Slovaquie * 43 679 0,12 2013
Slovénie * 18 166 0,05 2013
Somalie n.d. n/a n/a
Soudan 67 840 0,18 2000
Soudan du Sud n.d. n/a n/a
Sri Lanka 18 797 0,05 2000
Suède * 55 774 0,15 2013
Suisse 52 561 0,14 2013
Suriname 3 330 0,01 2003
Swaziland 18 658 0,05 2000
Tadjikistan 8 184 0,02 2010
Tchad 23 427 0,06 2000
Thaïlande 236 947 0,64 2000
Timor-Leste 1 277 0,00 2010
Togo 6 248 0,02 2005
Tonga 245 0,00 2000
Trinité-et-Tobago 16 006 0,04 1990
Tunisie 39 342 0,11 2010
Turkménistan 75 409 0,20 2004
Turquie 459 102 1,24 2013
Tuvalu 6 0,00 1994
Ukraine 385 933 1,04 2013
Uruguay 18 237 0,05 2010
Vanuatu 299 0,00 1994
Venezuela (République bolivarienne du) 192 192 0,52 1999
Viet Nam 266 049 0,72 2010
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Yémen 25 742 0,07 2000
Zambie 14 405 0,04 2000
Zimbabwe 68 541 0,18 2000
Total 37 168 339 100
Note : Données fondées sur les quantités les plus récentes communiquées par les Parties dans leurs communications
nationales, leurs rapports d’inventaire des gaz à effet de serre, leurs rapports biennaux ou leurs rapports biennaux
actualisés. Puisque, dans de nombreux cas, les quantités communiquées par les Parties ne comprenaient pas des
données sur les émissions par les sources et les absorptions par les puits résultant d’activités liées à l’utilisation des
terres, au changement d’affectation des terres et à la foresterie, ou, lorsque cela était le cas, ces émissions par les sources
et ces absorptions par les puits avaient été estimées en suivant différentes méthodes, ces informations n’ont pas été
prises en compte. En outre, puisque les quantités communiquées portent sur plusieurs années, le volume total
communiqué dans le présent tableau devrait être utilisé aux seules fins de l’article 21 de l’Accord de Paris car il ne
représente pas une estimation exacte des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Gg = gigagrammes (1 000 000 000 grammes, ou 1 000 000 kilogrammes).
* État membre de l’Union européenne. Les émissions de l’Union européenne s’établissaient à 4 488 404 gigagrammes
en 2013, soit le total des émissions de ses États membres dans le présent tableau, ce qui correspond à 12,08 % du
volume total des émissions indiqué dans celui-ci. Les émissions de l’Union européenne ne sont pas comptabilisées
en sus de celles de ses États membres.
Source : « Convention-cadre sur les changements climatiques. Rapport de la Conférence des Parties sur sa
vingt-et-unième session, tenue à Paris du 30 novembre au 13 décembre 2015 », FCCC/CP/2015/10,
p. 32-37, https://unfccc.int.

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CENTRE DE RECHERCHE ET D’INFORMATION
SOCIO-POLITIQUES

Le CRISP, Centre de recherche et d’information socio-politiques, est un organisme


indépendant. Ses travaux s’attachent à montrer les enjeux de la décision politique, à expliquer
les mécanismes par lesquels elle s’opère, et à analyser le rôle des acteurs qui y prennent
part, que ces acteurs soient politiques, économiques, sociaux, associatifs, etc.
Par ses publications, le CRISP met à la disposition d’un public désireux de comprendre la
société belge des informations de haute qualité, dans un souci d’exactitude, de pertinence et
de pluralisme. Son objectif est de livrer à ce public les clés d’explication du fonctionnement
du système socio-politique belge et de mettre en évidence les structures réelles du pouvoir,
en Belgique et dans le cadre de l’Union européenne.
Le Courrier hebdomadaire paraît au rythme de 40 numéros par an, certaines livraisons
correspondant à deux numéros. Chaque livraison est une monographie consacrée à l’étude
approfondie d’un aspect de la vie politique, économique ou sociale au sens large. La revue
du CRISP constitue depuis 1959 une source d’information incontournable sur des sujets variés :
partis politiques, organisations représentatives d’intérêts sociaux et groupes de pression divers,
évolution et fonctionnement des institutions, négociations communautaires, histoire politique,
groupes d’entreprises et structures du tissu économique, conflits sociaux, enseignement,
immigration, vie associative et culturelle, questions environnementales, européennes, etc.
C’est également dans le Courrier hebdomadaire que sont publiés les résultats des élections
commentés par le CRISP.
Les auteurs publiés sont soit des chercheurs du CRISP, formés en diverses disciplines des
sciences humaines, soit des spécialistes extérieurs provenant des mondes scientifique, associatif
et socio-politique. Dans tous les cas, les textes sont revus avant publication par le rédacteur
en chef et par un groupe d’experts sélectionnés en fonction de la problématique abordée,
afin de garantir la fiabilité de l’information proposée. Cette fiabilité, ainsi que la rigoureuse
objectivité du Courrier hebdomadaire, constituent les atouts principaux d’une revue dont
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Fondateur : Jules Gérard-Libois


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honoraire), Vincent de Coorebyter (président), Hugues Dumont, Éric Geerkens, Nadine
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en Région bruxelloise (2004-2020)
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2483-2484 La régulation juridique des partis politiques
Thibault Gaudin
2482 L’adoption en Communauté française
Aurélie Aromatario, Louise de Morati et Kenzo Nera
2480-2481 La libération conditionnelle :
de la « loi Le Jeune » à l’instauration de la période de sûreté
Benjamin Biard et Vincent Lefebve
2479 Le dialogue entre l’Union européenne
et les organisations religieuses et philosophiques
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2477-2478 Les mini-publics en Belgique (2001-2018) :
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Julien Vrydagh, Sophie Devillers, David Talukder,
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2475-2476 Grèves et conflictualité sociale en 2019
II. Luttes sociales : entre salariat et précariat
Iannis Gracos
2473-2474 Grèves et conflictualité sociale en 2019
I. Concertation interprofessionnelle et fonctions collectives de l’État
sous tension
Iannis Gracos
2471-2472 La formation du gouvernement De Croo (mai 2019 - octobre 2020)
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2469-2470 La répression des collaborations, 1942-1952.
Nouveaux regards sur un passé toujours présent
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Luc Huyse, Steven Dhondt, Bruno De Wever, Koen Aerts
et Pieter Lagrou
2467-2468 Les partis frères en Belgique : les relations entre le CDH et le CD&V
Benjamin Biard

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