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Cris 2486 0005
Cris 2486 0005
Fabienne Collard
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Fabienne Collard
Les COP
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Courrier hebdomadaire
Rédacteur en chef : Cédric Istasse
Assistante éditoriale : Fanny Giltaire
Une version numérique du Courrier hebdomadaire est disponible en pay per view
(au numéro) et en accès gratuit pour les abonnés sur le site portail de CAIRN
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INTRODUCTION 5
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2.5. Le déroulement d’une COP 31
2.6. L’adoption des décisions 33
CONCLUSION 54
ANNEXES 58
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INTRODUCTION
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en ce compris les lobbyistes et divers acteurs économiques) et présente le déroulement,
le processus de prise de décision et les enjeux défendus lors d’une COP.
Enfin, le troisième et dernier chapitre de ce Courrier hebdomadaire retrace 25 années de
négociations au sein des COP, de la première, à Berlin, en passant par Kyoto, Copenhague
et Paris, pour terminer sur les enjeux qui auraient dû être débattus à Glasgow en 2020.
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1. LA CONVENTION-CADRE DES NATIONS UNIES
SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
(CCNUCC)
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1.1. L’ORGANISATION MÉTÉOROLOGIQUE MONDIALE (1951)
1
Lauréat du prix Nobel de chimie en 1903, Svante August Arrhenius démontre en 1896 déjà que la
composition chimique de l’air est un facteur déterminant des variations de la température terrestre,
2
et relève notamment l’importance et l’évolution de la présence de CO2.
A. DAHAN DALMEDICO, H. GUILLEMOT, « Changement climatique : dynamiques scientifiques, expertise,
enjeux géopolitiques », Sciences et souverainetés, volume 48, n° 3, 2006, p. 412-432.
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1.2. LE PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR L’ENVIRONNEMENT
(1972) ET LE RAPPORT CHARNEY (1979)
3
En anglais, World Meteorological Organization (WMO).
4
5
En anglais, Global Atmosphere Watch.
P. MATAGNE, « Aux origines de l’écologie », Innovations. Cahiers d’économie de l’innovation, n° 18, 2003,
p. 27-42.
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8 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
qui seront organisées tous les dix ans et appelées les « Sommets de la Terre » : Nairobi
en 1982, Rio de Janeiro en 1992 (la plus emblématique, cf. infra), Johannesburg en 2002
et de nouveau Rio de Janeiro en 2012. De la rencontre organisée à Stockholm en 1972,
découle le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) 6, qui est – aux
côtés de l’OMM – la principale autorité mondiale en matière d’environnement. C’est
également à cette occasion qu’est adoptée la Déclaration de Stockholm 7, qui amorce
un début de dialogue entre pays industrialisés et pays en développement concernant le
lien existant entre la croissance économique, la pollution du patrimoine environnemental
mondial (terre, océan, atmosphère, biosphère) et le bien-être des peuples dans le monde
entier.
Dans les années 1970, le débat scientifique autour d’un éventuel réchauffement climatique
commence lui aussi à prendre forme. Étonnamment, une faible poignée de scientifiques,
relayés par les médias, prédit le retour d’une ère glaciaire, ce qui donnera quelques
arguments à faire valoir dans le clan des climatosceptiques. Mais la majorité des études
scientifiques publiées entre 1965 et 1979 entrevoient une augmentation des températures
8
sous l’effet des émissions de dioxyde de carbone (CO2) . Commandé par la Maison-
Blanche – à l’époque, il s’agit de l’administration du président démocrate Jimmy Carter –,
le rapport Charney, du nom de son auteur principal (Jule Gregory Charney, spécialiste
de physique de l’atmosphère au Massachusetts Institute of Technology - MIT), fait par
ailleurs grand bruit l’année de sa publication, en 1979. Sur la base de deux modèles et
d’une estimation approximative de leur incertitude, ce rapport établit une fourchette
de réchauffement global à l’échelle de la planète de l’ordre de 1,5°C à 4,5°C en cas de
9
doublement de la concentration en CO2 dans l’atmosphère . Les modèles utilisés à cette
époque sont des modèles essentiellement atmosphériques, à la résolution grossière, qui
ne prennent pas encore en compte une série de données aujourd’hui disponibles sur
l’évolution des conditions à la surface du sol ou de l’océan. Pourtant, ces estimations
sont déjà fort proches de celles défendues aujourd’hui sur la base des modèles climatiques
les plus avancés. Même du côté des firmes pétrolières, l’hypothèse d’un réchauffement
engendré par l’émission croissante de gaz à effet de serre se discute déjà en interne. Un
mémo interne datant de 1978 10, adressé par des chercheurs de la société pétrolière et
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gazière américaine ExxonMobil à leurs dirigeants, montre ainsi que la situation est déjà
sur la table en coulisses à cette époque et que le même raisonnement y est alors développé :
l’activité humaine engendrera à l’avenir toujours davantage de rejet de CO2, et celui-ci
11
entraînera une augmentation de la température terrestre .
6
En anglais, United Nations Environment Programme (UNEP).
7
8
Conférence des Nations unies sur l’Environnement, Rapport, Stockholm, 5-16 juin 1972.
T. C. PETERSON, W. M. CONNOLLEY, J. FLECK, « The Myth of the 1970s Global Cooling Scientific Consensus »,
Bulletin of the American Meteorological Society, volume 89, n° 9, 2008, p. 1325-1337.
9
National Research Council, Assembly of Mathematical and Physical Sciences, Climate Research Board,
Ad Hoc Study Group on Carbon Dioxide and Climate, « Carbon Dioxide and Climate: A Scientific
Assessment. Report », National Academy of Sciences, 1979.
10
11
Exxon, Research and Engineering Company, « The Greenhouse Effect », 6 juin 1978.
S. FOUCART, « Hoax climatique #3 : quand les scientifiques prévoyaient un refroidissement », Le Monde
en ligne, 29 octobre 2015, www.lemonde.fr.
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1.4. LE GROUPE D’EXPERTS INTERGOUVERNEMENTAL
SUR L’ÉVOLUTION DU CLIMAT (1988)
En 1988, le débat sur les enjeux climatiques gagne en intensité à la faveur d’une sécheresse
exceptionnelle aux États-Unis, dont quelques climatologues activistes se servent pour
alerter l’opinion américaine et internationale sur l’évolution climatique et ses dangers,
notamment lors de la Conférence mondiale sur l’atmosphère de Toronto, en juin. La
même année, l’OMM et le PNUE lancent le processus de création d’une instance mondiale
d’expertise : le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) 15.
Constitué de plusieurs centaines de scientifiques, le GIEC est chargé non seulement
12
La Déclaration officielle liée à cette première Conférence mondiale sur le climat est consultable sous
13
la référence suivante : « Proceedings of the World Climate Conference », WMO, n° 537, Genève, 1979.
En anglais, World Climate Research Programme (WCRP).
14
« Report of the International Conference on the Assessment of the Role of Carbon Dioxide and of Other
15
Greenhouse Gases in Climate Variations and Associated Impacts », WMO, n° 661, Genève, 1986.
En anglais, Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC).
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10 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
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des climatologues et des économistes.
Outre ces rapports d’évaluation, le GIEC réalise également des rapports spéciaux et parfois
transversaux aux trois groupes de travail sur des thèmes particuliers tels que les événements
climatiques extrêmes, les solutions d’investissement à mettre en place face au dérèglement
climatique, l’objectif de limiter à 1,5°C le réchauffement climatique, le rôle des sols et des
forêts, les océans et la fonte des glaces. Ainsi, et bien que son credo officiel et souvent
réaffirmé soit que sa mission se limite à l’évaluation des recherches déjà existantes, le GIEC
contribue également indirectement, sur ces questions particulières, à l’avancée des
recherches sur les changements climatiques en identifiant les lacunes en matière de
connaissances.
Enfin, les travaux de l’équipe spéciale pour les inventaires nationaux des émissions de
gaz à effet de serre ont mené, en 1994, à l’approbation de la première version des IPCC
16
En anglais, « mitigation » (terme qui rend mieux l’idée de prévention par la réduction des émissions
17
de gaz à effet de serre).
« Le GIEC a trente ans : son histoire, son rôle… et un climat toujours plus chaud. Entretien avec Hervé
Le Treut », Reporterre. Le quotidien de l’écologie, 13 mars 2018, www.reporterre.net.
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négociés à l’attention des décideurs.
Ce sont les États membres du GIEC qui proposent dans un premier temps une liste de
scientifiques susceptibles de participer aux travaux de l’organisation. Le bureau du GIEC
sélectionne ceux qui deviendront auteurs. Les scientifiques qui ne sont pas sélectionnés
comme auteurs par les bureaux de chaque groupe de travail sont invités à endosser le
rôle de relecteurs ; eux aussi se voient ainsi investis d’une responsabilité importante dans
le processus d’encadrement du rapport puisque chacun de leurs commentaires sur le texte
devra être pris en compte. Dans ce contexte, le choix des experts et des auteurs des rapports
d’évaluation par le GIEC est une phase critique, car il doit répondre à des critères de
genre, de nationalité, d’équilibre entre les chercheurs indépendants et ceux impliqués
dans des programmes de recherche internationaux, etc. Un important renouvellement
18
« 2019 Refinement to the 2006 IPCC Guidelines for National Greenhouse Gas Inventories », adopté
e
lors de la 49 session du GIEC en mai 2019 (www.ipcc.ch). Ce document comprend cinq volumes distincts :
« General Guidance and Reporting », « Energy », « Industrial Processes and Product Use », « Agriculture,
19
Forestry and Other Land Use » et « Waste ».
« Le GIEC a trente ans », op. cit. ; J.-P. VAN YPERSELE, Une vie au cœur des turbulences climatiques,
Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, 2015.
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se produit d’un rapport à l’autre. Il est à noter que le GIEC ne rémunère pas ces
scientifiques, qui dépendent dès lors de financements nationaux pour assurer leurs frais
de mission (seuls les auteurs des pays en développement ont leurs frais de mission payés
par le GIEC). Les seules personnes rémunérées par le GIEC sont les collaborateurs du
secrétariat et ceux des unités d’appui technique qui existent pour chaque groupe de travail
et qui assistent les auteurs et les coordinateurs des rapports.
Si les rapports du GIEC apportent une assise scientifique aux débats internationaux sur
le climat, raison pour laquelle il a reçu le prix Nobel de la Paix en 2007, l’organisation est
également l’objet de critiques sur son fonctionnement ou sur le résultat de ses travaux.
Le GIEC permet certes une mobilisation au niveau mondial (il comptabilise 195 membres,
couvrant la quasi-totalité du globe), mais la nécessité de passer ensuite par un consensus
pour élaborer les résumés à destination des décideurs – documents dans lesquels il s’impose
de veiller à ne pas froisser trop abruptement une Partie, au risque de mettre tout le
processus à mal – contraint souvent le procédé à des avancées modérées. Il est toutefois
à préciser que les scientifiques disposent d’un droit de veto sur la justesse scientifique des
propos retenus dans les « résumés à l’intention des décideurs ».
Cela n’empêche pas les climatosceptiques de nourrir, sur la scène médiatique
essentiellement, leurs propres griefs à l’encontre du GIEC. L’un des plus connus concerne
une soi-disant manipulation des données sur le climat et repose sur un épisode connu
sous le nom de « Climategate ». En novembre 2009, plusieurs milliers de documents et de
courriels provenant de la Climatic Research Unit de l’University of East Anglia à Norwich
(Royaume-Uni), dont plusieurs membres sont des contributeurs des rapports du GIEC,
ont fuité sur Internet. Il y était fait mention d’une correction de certains relevés
de température qui, hors contexte et aux yeux des climatosceptiques s’étant emparés
médiatiquement de la question, s’apparentait à de la manipulation de données. Malgré
le fait que plusieurs enquêtes diligentées à la suite de cet incident ont conclu au bien-
fondé de cette démarche scientifique, l’épisode a entaché l’image du GIEC dans l’opinion
publique.
Cela étant dit, la création du GIEC a permis aux scientifiques et aux décideurs politiques
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d’avancer conjointement sur la question des changements climatiques. Chacun des grands
rapports du GIEC a préparé les grands moments de décision politique. Réciproquement,
chaque COP et chaque nouvelle étape de la négociation ont été l’occasion d’une demande
d’expertise supplémentaire ou d’une impulsion par le GIEC de nouvelles recherches.
Sans avoir officiellement les moyens d’orienter précisément les programmes, le GIEC
contribue à susciter de nouveaux intérêts, à engager certains travaux et, plus généralement,
à faire évoluer l’image du climat et des interactions entre l’homme et l’environnement
20
chez les scientifiques et les mandataires politiques . Au fil du temps, le GIEC n’a par
ailleurs eu de cesse d’affiner les procédures auxquelles il a recours pour éviter erreurs
et approximations et, surtout, pour rendre le plus transparent possible le processus
d’encadrement qui est le sien.
20
A. DAHAN DALMEDICO, H. GUILLEMOT, « Changement climatique : dynamiques scientifiques, expertise,
enjeux géopolitiques », op. cit.
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e
moyenne du globe de 0,3°C par décennie au cours du XXI siècle si les activités humaines
persistent à se développer au rythme observé et sans que soient mises en place des mesures
pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Selon les scientifiques, cela équivaut
à une hausse moyenne d’environ 2°C (par rapport à la période pré-industrielle) en 2025,
e 24
et d’environ 4°C d’ici la fin du XXI siècle . Le Groupe de travail III du GIEC avance
également certaines mesures de parade, parmi lesquelles les plus efficaces sont selon lui
celles qui s’imposent d’elles-mêmes car elles auront des effets bénéfiques indépendamment
de l’évolution du climat ou qu’elles sont rentables économiquement. À titre d’exemple,
il pointe une augmentation du rendement de l’énergie, le remplacement des combustibles
par des sources d’énergie ne produisant pas ou guère de gaz à effet de serre, des
21
Les discussions tenues lors de la conférence de Genève de 1990 s’appuient sur les premières conclusions des
trois groupes de travail du GIEC, dont le rapport final est attendu dans la foulée.
22
23
En anglais, Global Climate Observing System (GCOS).
La publication de ce premier rapport a été couplée à un rapport d’actualisation paru quant à lui en
juin 1992 : GIEC, « Changement climatique : les évaluations du GIEC de 1990 et 1992. Premier Rapport
d’évaluation du GIEC. Aperçu général et résumés destinés aux décideurs, et Supplément 1992 du GIEC »,
24
1992.
Ibidem, p. 56.
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Le texte qui sous-tend la CCNUCC 27 défend l’idée qu’il convient d’agir pour supprimer
le risque climatique qui plane au niveau mondial, tout en respectant le droit au
développement des pays les plus pauvres. En son article 2, la Convention-cadre stipule
ainsi que « son objectif ultime est de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre
dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse
du système climatique (…) dans un délai suffisant pour que les écosystèmes puissent
s’adapter naturellement aux changements climatiques, que la production alimentaire ne
soit pas menacée et que le développement économique puisse se poursuivre d’une manière
durable ». Le texte ne fixe pas de limite de température ou autre à respecter pour atteindre
cet objectif. Il ne précise pas non plus le niveau de concentration mondial de gaz à effet de
serre au-delà duquel « une perturbation anthropique dangereuse du système climatique »
adviendrait. Une telle estimation nécessiterait de pouvoir anticiper les progrès scientifiques
25
Ibidem, p. 164-179 (« Résumé destiné aux décideurs établi par le Comité spécial du GIEC pour la
26
participation des pays en développement »).
27
En anglais, United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCC).
« Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques », ONU, 1992, https://unfccc.int.
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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 15
à venir et l’aptitude des sociétés à s’adapter aux changements climatiques. Le texte pointe
cependant qu’il est nécessaire d’agir vite, car les gaz à effet de serre émis ont la particularité
de demeurer pendant très longtemps dans l’atmosphère (à l’image du CO2, dont les effets
perdurent durant plusieurs siècles).
Si la Convention-cadre n’indique pas le but à atteindre en matière de limitation ou de
réduction globale des émissions de gaz à effet de serre, elle soumet cependant toutes les
Parties signataires à une série d’engagements (reprise en son article 4, paragraphe 1). Ces
dernières doivent ainsi établir, mettre à jour périodiquement et transmettre à la Conférence
des Parties des inventaires nationaux des émissions anthropiques de gaz à effet de serre
ainsi que des programmes nationaux (et, le cas échéant, régionaux) contenant des mesures
visant à atténuer les changements climatiques. Les Parties s’engagent également à gérer
de manière rationnelle les puits et réservoirs de gaz à effet de serre tels que les forêts,
les océans et les autres écosystèmes terrestres, côtiers et marins, ainsi qu’à soutenir la
recherche sur les changements climatiques. Enfin, l’ensemble des Parties s’engagent
à encourager et soutenir les travaux de recherche, les échanges de données scientifiques,
l’éducation, la formation et la sensibilisation du public sur les enjeux climatiques.
La Convention-cadre s’appuie également, en son article 3, sur une série, non exhaustive,
de principes censés guider l’action des Parties.
En droite ligne du constat déjà posé par le GIEC dans son premier rapport, un principe
d’équité est repris au paragraphe 1 de l’article 3 de la CCNUCC. Il porte sur la
responsabilité commune mais différenciée des Parties dans le réchauffement climatique
en cours. Les émissions passées et présentes de gaz à effet de serre se répartissent de façon
inégale entre les Parties et celles-ci ne disposent pas des mêmes capacités ni des mêmes
ressources pour faire face aux causes et aux effets des changements climatiques. Sur cette
base, la Convention-cadre distingue les Parties visées à l’Annexe I et celles qui ne sont pas
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reprises dans cette annexe. La volonté est ici de différencier deux ensembles. D’une part,
les pays industrialisés (pour la plupart membres de l’Organisation de coopération et
de développement économiques - OCDE) ou les économies « en transition » (telles que
la Russie ou les pays baltes), qui sont considérés comme majoritairement responsables
des émissions de gaz à effet de serre s’étant déjà produites. D’autre part, les pays en
développement, qui sont souvent les premières victimes des changements climatiques
en cours mais qui ne disposent souvent pas des mêmes moyens financiers ni des mêmes
capacités, notamment technologiques, pour y faire face. Les pays industrialisés et les pays
« en transition vers une économie de marché » sont repris à l’Annexe I de la Convention-
cadre, tandis que les pays en développement sont ceux n’y figurant pas. Les pays en
transition bénéficient toutefois d’une certaine latitude dans l’exécution de leurs
engagements.
Selon l’accord intervenu, les pays repris à l’Annexe I de la Convention-cadre doivent
satisfaire à des obligations particulières reprises au paragraphe 2 de l’article 4. Elles
s’engagent ainsi à stabiliser leurs émissions de gaz à effet de serre, individuellement ou
collectivement, à leur niveau de 1990 avant la fin des années 1990. Bénéficiant d’une
certaine souplesse à leur égard, certains pays en transition ont choisi de prendre comme
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16 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
référence non pas le niveau des émissions de 1990 mais celui d’une autre année. Cet objectif
de stabilisation des émissions imposé aux pays de l’Annexe I se révélera très rapidement
trop peu ambitieux, ce qui entraînera dès lors la nécessité de négocier de nouveaux
objectifs, cette fois dans le cadre du Protocole de Kyoto en 1997 (cf. infra). Par ailleurs,
les Parties visées à l’Annexe I sont soumises à des règles plus strictes de communication
que les pays en développement, qui ne sont pas visés par cette Annexe I. Elles sont tenues
de soumettre des rapports périodiques, dénommés communications nationales, dans
lesquels elles détaillent les politiques et mesures qu’elles appliquent pour faire face au
dérèglement climatique. Elles doivent également soumettre un inventaire annuel de leurs
émissions de gaz à effet de serre. Si les Parties qui ne sont pas reprises à l’Annexe I sont
elles aussi soumises à ces dispositions, elles disposent de certaines dérogations ainsi que
de délais bien plus longs pour y satisfaire.
Les pays développés s’engagent en outre à aider les pays en développement à financer
les obligations qui sont les leurs d’après la Convention-cadre (inventaire des émissions,
recherche scientifique, etc.). Une Annexe II regroupe ainsi les Parties qui ont accepté
d’aider les pays en développement à exécuter leurs engagements grâce à des transferts
de technologie ou à des apports financiers pour faire face aux effets déjà observés des
changements climatiques.
Une distinction est également établie au sein des Parties non visées à l’Annexe I, à savoir
les pays en développement. Ainsi, 48 Parties sont classées dans la liste des pays les moins
avancés (PMA) par l’ONU et, à ce titre, sont l’objet d’une attention particulière pour
bénéficier en priorité des transferts financiers ou technologiques qui leur sont nécessaires.
Les règles qui leur sont appliquées en matière de communication d’informations sont
également moins strictes que pour les autres Parties. Par ailleurs, la Convention-cadre
reconnaît que certaines catégories de pays en développement sont particulièrement
vulnérables aux effets des changements climatiques (les zones côtières et celles sujettes
à la désertification) ou des mesures prises pour y faire face (les pays fortement tributaires
des combustibles fossiles).
Enfin, le principe d’équité consacré par l’article 3 de la CCNUCC porte également sur
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l’aspect intergénérationnel, en ce sens qu’il impose aux Parties le devoir de protéger le
système climatique au bénéfice des générations présentes et futures.
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28
L’analyse de l’objectif et des principes qui sous-tendent la CCNUCC est ici en partie issue du guide édité
par le secrétariat de la CCNUCC (Bonn, 2008).
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2. LA CONFÉRENCE DES PARTIES (COP)
ET SES DIFFÉRENTS INTERVENANTS
Toutes les démarches concrètes tendant à soutenir l’objectif poursuivi par la Convention-
cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ont été renvoyées
à plus tard et confiées à un organe directeur appelé la Conférence des Parties (en anglais,
Conference of Parties - COP), qui doit assurer l’application effective de la Convention-
cadre.
En 1992, le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro a permis que soient adoptées trois
conventions distinctes : la Convention-cadre des Nations unies sur les changements
climatiques (CCNUCC), la Convention sur la diversité biologique (CDB) et la Convention
des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CLD). Dans les trois cas, la
réalisation concrète des objectifs portés par chaque convention a été confiée à un organe
directeur, la Conférence des Parties (COP), réunissant les Parties signataires de chaque
convention.
La Convention sur la diversité biologique (CDB) vise la politique de conservation des
écosystèmes et des espèces ainsi que le partage juste et équitable des avantages découlant
de l’utilisation des ressources génétiques. Entrée en vigueur le 29 décembre 1993, elle
compte aujourd’hui 196 Parties. Les États-Unis n’ont jamais ratifié la CDB, pas plus que
le Protocole de Nagoya qui encadre juridiquement au plan international l’accès et le
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29
mécanisme de partage des avantages liés à l’utilisation des ressources génétiques . Si
le dérèglement climatique s’est longtemps imposé au premier rang des préoccupations
internationales, l’extinction des espèces est devenue ces dernières années une question
médiatique incontournable ; dès lors, beaucoup d’espoirs se sont formés autour de la
COP 15 sur la diversité biologique, qui devait se tenir en septembre 2020 à Kunming (en
Chine). Tout comme pour la COP 26 sur les changements climatiques (cf. infra), ce
rendez-vous très attendu a été reporté d’un an en raison de la pandémie de Covid-19.
La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CLD) compte
actuellement 197 Parties. Entrée en vigueur le 26 décembre 1996, elle vise à lutter contre
la désertification et à atténuer les effets de la sécheresse dans les pays touchés, notamment
en Afrique.
Si un système de coopération existe entre les secrétariats des trois conventions, le présent
Courrier hebdomadaire se focalise sur les COP liées à la CCNUCC.
29
À ce propos, cf. B. COOLSAET, J. PITSEYS, « Biodiversité et ressources génétiques : la Belgique et le Protocole
de Nagoya », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2226, 2014.
CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 19
Le principal objectif de la COP est de faire évoluer la CCNUCC : d’une part, en faisant
le point sur l’application des engagements pris dans ce traité en faveur du climat et, d’autre
part, en négociant de nouvelles mesures visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre
afin de favoriser l’application effective de la Convention-cadre. Il s’agit notamment
d’encourager et de guider l’élaboration et le perfectionnement de méthodes comparables
pour établir les inventaires des émissions et des absorptions de gaz à effet de serre de
chaque État ; de faciliter les échanges d’informations sur les mesures adoptées ; et de
coordonner certaines initiatives. Les responsabilités attribuées à la COP sont reprises
au paragraphe 2 de l’article 7 de la CCNUCC.
Depuis 1995, les signataires de la CCNUCC se retrouvent chaque année au sein de la COP
pour discuter de la mise en place de mesures de lutte contre les changements climatiques.
Par « Partie », on entend tout État ou organisation régionale d’intégration économique
(à savoir l’Union européenne) ayant ratifié, accepté ou approuvé la Convention-cadre 30.
S’il existe des différences techniques entre la ratification, l’acceptation et l’approbation,
ces actes ont les mêmes conséquences, à savoir qu’ils lient juridiquement l’entité
concernée 31. Les États et les organisations régionales d’intégration économique peuvent
également adhérer à la Convention-cadre. L’adhésion a les mêmes effets juridiques que
la ratification, l’acceptation ou l’approbation. La CCNUCC est ouverte à l’adhésion depuis
le lendemain du jour où elle a cessé d’être ouverte à la signature, à savoir le 19 juin 1993.
Contrairement à la ratification, à l’acceptation, à l’approbation ou à l’adhésion, la
signature ne lie pas le signataire mais oblige ce dernier à s’abstenir de tout acte qui
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priverait le traité de son objet et de son but. La CCNUCC est entrée en vigueur le 21 mars
1994, soit 90 jours après sa ratification par 50 pays. Elle regroupe aujourd’hui 197 Parties
(à savoir 196 États et l’Union européenne), qui ont ratifié, adhéré à ou accepté la
Convention.
Les organisations régionales d’intégration économique – ce qui ne concerne, à ce jour,
que l’Union européenne – disposent d’un nombre de voix égal au nombre de leurs États
membres qui sont parties à la Convention-cadre. Toutefois, elles ne peuvent exercer
32
leur droit de vote que si aucun de leurs États membres n’exerce le sien .
Les COP réunissent les représentants des Parties mais également des acteurs non étatiques,
en tant qu’observateurs, tels que des collectivités territoriales, des organisations non
gouvernementales (ONG), des scientifiques, des organisations patronales, des syndicats
30
31
Article 22 de la CCNUCC.
Aux termes de l’article 11 de la Convention de Vienne sur le droit des traités, « le consentement d’un État
à être lié par un traité peut être exprimé par la signature, l’échange d’instruments constituant un traité,
32
la ratification, l’acceptation, l’approbation ou l’adhésion, ou par tout autre moyen convenu ».
Les principes de droit international expliqués ici sont issus du guide édité par le secrétariat de la CCNUCC
(Bonn, 2008, p. 49 et suivantes).
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20 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
ou des médias (cf. infra). C’est à Bonn, siège du secrétariat de la CCNUCC, que se tiennent
annuellement ces réunions, à moins que l’une des Parties n’offre de l’accueillir, ce qui
s’avère en pratique majoritairement le cas. La présidence des COP est assignée en
alternance aux cinq groupes régionaux reconnus par l’ONU, à savoir : Afrique ; Amérique
latine et Caraïbes ; Asie ; Europe centrale et orientale ; Europe de l’Ouest et autres États
(Australie, Canada, États-Unis d’Amérique, Israël, Nouvelle-Zélande, Turquie). Le lieu
de réunion a tendance à adopter également cette alternance.
Une deuxième manière de catégoriser les États présents lors de la COP repose sur les
annexes à la CCNUCC (cf. supra). Toutefois, la dichotomie qu’incarnait à l’origine cette
différenciation entre pays développés, pays en transition et pays en développement a évolué
avec le temps. Au cours des deux dernières décennies, un certain nombre de pays dits
émergents ont enregistré une forte croissance économique, accompagnée d’une hausse
équivalente des émissions de gaz à effet de serre. Sans efforts significatifs de la part de ces
pays, il sera impossible de freiner les changements climatiques et de maintenir les limites
fixées. Ce constat a d’ailleurs constitué l’une des principales limites du Protocole de Kyoto
de 1997 (cf. infra). En 2011, lors de la COP 17 qui se tenait à Durban (Afrique du Sud),
il a dès lors été décidé de lancer une plateforme de négociation devant aboutir pour 2015
(lors de la COP 21 à Paris) à un accord post-2020 incluant tous les pays.
Enfin, outre ces découpages en régions ou selon le développement économique, la COP
reconnaît également une série de groupes de négociation politique qui rassemblent les
États qui partagent des enjeux similaires concernant les questions climatiques. La création
de ces groupes n’obéit à aucune procédure officielle. Les Parties désireuses de former
un groupe en informent simplement la COP.
Fondé en 1964, le Groupe des 77 (G-77) rassemble ainsi plus de 130 pays en voie de
développement, ainsi que la Chine. Le siège du G-77 se situe à New York, et les pays
membres président à tour de rôle annuellement ce groupe. La COP reconnaît également
une coalition de 43 pays, membres du G-77 pour la plupart d’entre eux, au sein de
l’Alliance des petits États insulaires (en anglais, Alliance of Small Island States - AOSIS).
Ces pays ont tous la particularité de posséder des territoires à faible élévation côtière et des
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petites îles, fragilisés par le réchauffement climatique et notamment par la montée du
niveau de la mer. Les pays les moins avancés (PMA) et le groupe régional africain sont
également deux sous-groupes du G-77. Un autre groupe qui compose la COP est l’Union
européenne (UE), en tant qu’organisation d’intégration économique. Les 27 membres de
l’UE occupent à tour de rôle, tous les six mois, la fonction de porte-parole de ce groupe.
L’UE n’a cependant pas le droit de vote au sein de la COP, ce droit revenant à chacun de
ses pays membres (cf. supra). Les pays développés non européens ont également leur
groupe, le Groupe Parapluie. Même si sa composition peut changer au fil du temps, les
pays normalement membres de ce groupe sont : l’Australie, le Canada, les États-Unis, la
Fédération de Russie, l’Islande, le Japon, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et l’Ukraine.
Enfin, parmi les groupes influents présents au sein de la COP, on compte encore le Groupe
de l’intégrité environnementale (composé de la Corée du Sud, du Liechtenstein,
du Mexique, de Monaco et de la Suisse), le groupe des pays de l’Organisation des pays
exportateurs de pétrole (OPEP), le groupe de pays d’Asie centrale, du Caucase, de
l’Albanie et de la Moldavie (CACAM), le groupe BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde
et Chine), the Like Minded Group of Developing Countries (LMDC : groupe de pays en
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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 21
Aux côtés des représentants des Parties, une série de participants présents lors des
différentes sessions de la COP le sont en tant qu’observateurs. Il est ainsi prévu
à l’article 7, paragraphe 6, de la CCNUCC que l’ONU, les institutions spécialisées des
Nations unies et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ainsi que tous
les États membres d’une de ces organisations ou observateurs auprès d’une de ces
organisations qui ne sont pas Parties à la Convention peuvent être représentés aux sessions
de la COP en tant qu’observateurs 33. Cet article dispose : « Tout organe ou organisme
national ou international, gouvernemental ou non gouvernemental compétent dans
les domaines visés par la Convention, qui a fait savoir au secrétariat qu’il souhaite être
représenté à une session de la Conférence des Parties en qualité d’observateur, peut y être
admis en cette qualité à moins qu’un tiers au moins des Parties présentes n’y fassent
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objection ».
L’admission et la participation d’observateurs sont régies de manière plus détaillée par
le règlement intérieur adopté par la COP. Aux articles 6 et 7 de celui-ci, il est par exemple
prévu que certains observateurs, tels que le Fonds pour l’environnement mondial (FEM,
cf. infra), des organisations intergouvernementales (OIG) ou encore des organisations
non gouvernementales (ONG) peuvent, sur l’invitation du président, participer, sans
droit de vote et sous certaines conditions, aux délibérations.
Afin d’accroître leur visibilité, les ONG surtout, mais également les OIG et les organismes
des Nations unies, ont pris l’habitude d’organiser des activités ou des réunions parallèles
(ateliers, séminaires, etc.) lors des sessions de la COP afin de faire connaître leurs travaux,
d’exprimer leur position et leurs préoccupations, et d’avancer des idées et des propositions
sur les points négociés. Ainsi, les « side events » sont des événements officiels organisés
en parallèle des négociations, qui prennent généralement la forme de conférences sur
33
En son article 6, le règlement intérieur de la CCNUCC (FCCC/CP/1996/2) ajoute ici également :
« toute(s) entité(s) internationale(s) chargée(s) par la Conférence des Parties d’assurer le fonctionnement
du mécanisme financier, tel que le Fonds pour l’environnement mondial ».
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22 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
des thématiques précises et réunissent aussi bien des responsables politiques que des
experts et des membres de la société civile. Les COP sont également l’occasion de
promouvoir les technologies nouvelles, les avancées scientifiques et les autres moyens
d’atténuer les changements climatiques ou de s’y adapter.
Parmi les institutions des Nations unies actives lors des COP, on compte évidemment
le GIEC, mais aussi la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement
(CNUCED), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD),
le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), l’Institut des Nations
unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et l’Université des Nations unies
(UNU). Du côté des organisations intergouvernementales également présentes lors des
différentes sessions de la COP, figurent notamment l’Organisation de coopération et
de développement économiques (OCDE), l’Agence internationale de l’énergie (AIE)
et l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Lors de la COP23, à Bonn
34
en 2017, 126 organisations intergouvernementales ont été admises , contre 14 lors de
la première session de la COP, à Berlin en 1995.
Pour faire entendre leur voix, les ONG sont regroupées au sein de différents collectifs
appelés circonscriptions. Il s’agit là d’une nécessité, puisque pas moins de 2 133 ONG ont
été admises lors de la COP23, qui se tenait à Bonn en 2017 35. Les ONG ne représentaient
pourtant que 163 admissions lors de la première COP, à Berlin en 1995. La plus forte
augmentation des admissions (+ 344) a été relevée lors de la COP15, qui s’est tenue
à Copenhague en 2009 et qui a reconnu officiellement la nécessité de limiter le
réchauffement planétaire à un maximum de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels.
Le Sommet de Copenhague a également été marqué par un échec des négociations visant
à l’adoption d’accords contraignants sur la limitation des émissions de CO2, ce qui explique
la colère des ONG et leur montée en puissance. Depuis 2015 et la session consacrée
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aux Accords de Paris, qui implique pour la première fois toutes les Parties, plus d’une
centaine de nouvelles admissions sont enregistrées annuellement. Si les groupes
d’observateurs précités sont intégrés dans les mécanismes intrinsèques aux COP, ils ne
sont pas formellement reconnus par les Parties.
Les premiers groupes d’ONG ont été constitués en amont de la première COP, à l’occasion
des négociations sur la CCNUCC. Les ONG sont alors incitées à se structurer au niveau
mondial en raison de l’angle international que prend le débat environnemental. À cette
époque, il n’existe encore que deux groupes : celui des affaires et de l’industrie (en anglais,
Business and Industry NGOs - BINGO), et celui des ONG environnementales
(Environmental NGOs - ENGO). Ainsi, le terme « ONG » est ici à prendre au sens premier,
désignant donc des instances « non gouvernementales » en incluant la société civile dans
son ensemble, sans se borner au secteur non lucratif. Des autorités locales s’intègrent
également dans l’un de ces groupes, et cela dès la première session de la COP : le groupe
34
35
Dernière statistique disponible sur le site Internet de la CCNUCC, https://unfccc.int.
Dernière statistique disponible sur le site Internet de la CCNUCC, https://unfccc.int.
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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 23
Local Government and Municipal Authorities (LGMA), qui accueille des gouvernements
locaux et des autorités municipales.
Alors que ces trois premiers groupes se composaient majoritairement d’ONG occidentales,
le groupe Indigenous People Organizations (IPO, créé lors de la COP7 à Marrakech,
associe quant à lui les organisations des peuples autochtones, avec une large part d’ONG
du Sud, venant défendre les communautés indigènes considérées comme les premières
victimes du réchauffement. C’est lors de la COP9 à Milan qu’émerge le groupe des ONG
de recherche et des ONG indépendantes (Research and Independent NGOs - RINGO),
tandis que le groupe des organisations syndicales (Trade Union NGOs - TUNGO) voit
le jour durant la COP14 à New Delhi. Enfin, les derniers groupes créés l’ont été lors de
la COP17 à Durban, et représentent les paysans et les agriculteurs (Farmers), les femmes
36
(Woman and Gender) et les jeunes (Youth NGOs - YOUNGO) . Les trois principaux
groupes d’ONG sont ENGO (37,6 %), RINGO (27,1 %) et BINGO (15,8 %) 37.
Selon le découpage régional admis par l’ONU (cf. supra), les ONG admises à la COP23
en 2017 étaient issues pour 66,8 % de l’Europe de l’Ouest et des autres États, pour 14,0 %
de l’Asie, pour 9,3 % de l’Afrique, pour 8,5 % de l’Amérique latine et des Caraïbes, et
pour 1,3 % de l’Europe centrale et orientale.
Les ONG ayant le statut d’observateurs ne sont pas obligées de se regrouper en collectifs.
Tel est d’ailleurs le cas de certains groupes religieux. Cependant, cette option offre certains
avantages : participer à des rencontres restreintes, recevoir des informations du secrétariat
de la CCNUCC ainsi qu’un support logistique, et même pouvoir prendre la parole au cours
de certaines réunions. En termes de tactique, ces groupes d’ONG peuvent choisir de parler
d’une seule voix, pour augmenter leur visibilité (comme celui des environnementalistes,
ENGO), ou choisir d’agir de manière plus discrète et dispersée (comme c’est le cas des
lobbys issus du groupe des ONG des affaires et de l’industrie, BINGO).
Cela étant, et même si l’existence de ces « circonscriptions » est avalisée par le secrétariat
de la CCNUCC, leur statut légal ne fait l’objet d’aucun texte formel signé ou reconnu par
les Parties à la Convention-cadre. Ces groupes jouissent donc d’un statut fragile qui ne les
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prémunit pas d’une mise à l’écart lorsque les négociations deviennent tendues ou soumises
à l’urgence, comme lors de la COP de Copenhague en 2009.
36
« La COP décryptée », n° 6 : L. BIERMANN, A. CHEVALLIER, « Les groupes d’observateurs de la société civile »,
37
Vertige. Le blog de Sciences Po Environnement, 15 avril 2015, https://27ruesaintgreeniaume.wordpress.com.
Participation à la COP22 à Marrakech (2016) : dernières statistiques disponibles sur le site Internet de
la CCNUCC, https://unfccc.int.
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24 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
le contexte international de l’époque reste marqué par les rivalités des blocs communiste
et occidental, et la question environnementale se voit couplée à celle du développement
des économies. Il s’agit de défendre un modèle capable de nourrir la population. C’est
seulement avec la fin de la Guerre froide et à partir du Sommet de la Terre de Rio de
Janeiro, en 1992, que les mouvements pour la justice climatique se développent, prenant
appui sur un nombre croissant d’ONG environnementales, à qui l’ONU permet la tenue
d’un forum en marge du sommet 38. Comptant pas moins de 600 conférences organisées
et 17 000 personnes présentes, ce forum se révèle un joyeux melting-pot d’associations
en tout genre 39.
L’ONU autorise également la participation des ONG lors des COP. Dans un premier
temps, ce sont des ONG environnementalistes issues des pays occidentalisés qui se
démarquent lors des COP. Le réseau Climate Action Network (CAN), créé dès 1989 et
regroupant des ONG telles que Greenpeace, le World Wildlife Fund (WWF, aujourd’hui
World Wide Fund for Nature) et Les Amis de la Terre, se mobilise ainsi pour renforcer
le principe d’équité dans les négociations et les politiques climatiques. Il participe aux
débats sur les engagements des pays occidentaux dans l’atténuation de leurs émissions
selon leurs responsabilités et leurs capacités respectives à aider les pays et les groupes les
plus vulnérables aux changements climatiques. Il contribue à des campagnes d’information
auprès des décideurs politiques et du grand public, ainsi qu’au suivi des politiques climat
des collectivités locales. Ce réseau international s’ouvre progressivement à des ONG d’Asie,
d’Afrique et d’Amérique latine. Il comprend désormais plus de 1 000 ONG issues de
40
20 pays .
À la fin des années 1990 et au début des années 2000, les sommets, contre-sommets
et forums sociaux rythment l’agenda des ONG et militants écologistes qui remettent
désormais en cause les orientations néolibérales du traitement de l’environnement par
les États et les entreprises multinationales. De leur côté, ces dernières rétorquent désormais
par un discours « vert » taxé par leurs détracteurs d’« écoblanchiment » (« greenwashing »).
La montée en puissance des ONG (avec à l’avant-plan des organismes désormais bien
connus du grand public tels que Greenpeace, le WWF, Les Amis de la Terre, Terre des
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hommes ou le Fonds des Nations unies pour l’enfance - UNICEF) intervient dans un
contexte où la question du réchauffement climatique commence à trouver sa place dans
le débat médiatique. En outre, elle s’accompagne également d’un renforcement des
revendications altermondialistes.
Si, dans les années 2000, les ONG se mobilisent énormément autour de la question des
dérèglements climatiques, en mettant notamment en avant le phénomène des réfugiés
climatiques (ce qui offre un visage à cette cause jusqu’alors très abstraite), elles doivent
également faire face aux désillusions. Dix ans après le Sommet de Rio, les associations
environnementales en demande de mesures concrètes se voient confrontées à deux
obstacles de taille. D’une part, un contexte sécuritaire international complètement fragilisé
suite aux attentats terroristes perpétrés aux États-Unis le 11 septembre 2001, ce qui rend
38
S. OLLITRAULT, « COP 21, ONG et état d’urgence », La vie des idées, Collège de France, 8 décembre 2015,
39
https://laviedesidees.fr.
« Le Sommet de la Terre à Rio. L’ouverture du Forum global des organisations non gouvernementales.
40
Un Woodstock écologique », Le Monde, 4 juin 1992.
L. LAIGLE, « Justice climatique et mobilisations environnementales », VertigO. La revue électronique en sciences
de l’environnement, volume 19, n° 1, 2019, https://journals.openedition.org.
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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 25
plus difficile leur présence sur la place publique pour clamer leurs revendications. D’autre
part, la crise financière et économique déclenchée en 2008, qui met à l’agenda des chefs
d’État et de gouvernement d’autres préoccupations que la question climatique. Bien qu’elle
constituait une session porteuse de grands espoirs car elle devait aboutir à des objectifs
concrets imposés aux Parties, la COP organisée à Copenhague en 2009 se révèle un échec
partiel et consacre l’apathie relative qui caractérise alors les négociations sur la question
climatique. L’influence dont font preuve certains lobbys industriels, le bras de fer entre
la Chine et les États-Unis, la difficulté pour les décideurs politiques de mettre en place
des mesures susceptibles d’influencer des modes de consommation chers à leurs électeurs,
le nombre d’instances différentes concernées dans le processus de décision, etc. sont
autant de freins qui empêchent un consensus sur les objectifs et les mesures souhaitées
(cf. infra). Les ONG se rendent alors à l’évidence : leurs exigences éprouvent des difficultés
41
à passer le cap de la prise de décision .
Pour autant, les associations environnementales ne s’avouent pas vaincues. En 2013, fait
sans précédent jusqu’alors, les organisations et mouvements représentant la société civile
décident de quitter la COP19, qui se tient à Varsovie, à la veille de sa clôture officielle.
Estimant que cette conférence, censée poser les fondations de l’accord attendu à Paris
en 2015, ne débouche sur rien, les ONG décident d’utiliser l’une des mesures connues du
répertoire d’action collective : le boycott. Les ONG dénoncent également un « sommet
du charbon », la Pologne comptant encore énormément sur cette énergie fossile au sein
de son mix énergétique.
Même si des manifestations de grande ampleur avaient déjà pris place par le passé,
notamment à La Haye (2000) ou à Copenhague (2009), les ONG, sans pour autant déserter
les réunions annuelles de la COP, investissent, à la suite du Sommet de Varsovie, davantage
encore la rue et les autres canaux de communication afin de rallier l’opinion publique
à leur cause. La mobilisation se structure davantage, alliant les causes (par exemple, la
biodiversité et la question climatique) et formalisant les liens existants entre différents
secteurs environnementaux, voire entre ONG humanitaires (Oxfam, Care, Fédération
internationale de la Croix-Rouge, etc.) et environnementales (Greenpeace, Les Amis
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de la Terre, WWF, etc.), sur la question des réfugiés climatiques notamment. Cette
structuration plus marquée du réseau vise à sensibiliser l’opinion publique aux enjeux
socio-environnementaux, en s’opposant au recours immodéré aux énergies fossiles, par
le soutien aux dynamiques locales de transition écologique et par l’amplification des
mobilisations citoyennes (marches pour le climat, pétitions via les réseaux sociaux, etc.),
dont certaines visent à poursuivre les États devant la justice pour inaction ou carence
42
fautive en matière climatique .
Face au défi climatique, les instances politiques privilégient la mise en place d’une
profusion de plans, de systèmes incitatifs, de mécanismes correctifs et de compensations :
chèque-énergie, aide à la rénovation, fiscalité écologique, etc. Quant à elles, les
mobilisations de la société civile mettent l’accent sur les défis sociaux, les questions éthiques
et démocratiques soulevés par les changements climatiques 43.
41
S. OLLITRAULT, « COP 21, ONG et état d’urgence », op. cit.
42
Concernant la question de la poursuite de certains États devant la justice pour inaction, cf. V. LEFEBVE,
43
« Urgence climatique, quel rôle pour les juges et la justice ? », La Revue nouvelle, n° 8, 2019, p. 66-72.
L. LAIGLE, « Justice climatique et mobilisations environnementales », op. cit.
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26 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Fin 2015, la COP21 de Paris est marquée par une forte mobilisation sur le territoire
44
français et ailleurs, prenant la forme de divers événements : le Tour Alternatiba , la
Journée de la Transition (qui met à l’honneur des initiatives locales), le Global Day of
Action 45, ainsi que les marches mondiales pour le climat qui se déploient un peu partout
dans le monde. En novembre et décembre 2015, des dizaines de milliers de personnes
défilent en effet en Australie, à Londres, à Rio de Janeiro ou encore à New York. Plus
de 780 000 personnes participent aux 2 300 marches pour le climat organisées alors
à travers le monde. C’est là l’occasion de défendre une série de causes, au rang desquelles
la lutte contre le recours encore massif au charbon, qui constitue un thème fortement
mis en avant lors des marches organisées en Allemagne et en Australie. Au Canada, les
46
pancartes ciblent l’exploitation des sables bitumineux . Le fait que de nombreuses ONG
aient un caractère international et que leurs agendas soient fortement rythmés par les
plannings des sommets mondiaux leur permet d’anticiper et d’appuyer leur action selon
une sorte de décompte menant à la COP. Il s’agit pour ce monde associatif représentant
la société civile d’expliquer et de rendre audibles pour tous les enjeux existant autour
du phénomène de réchauffement climatique et de rappeler que la situation se dégrade.
À partir de la COP de Copenhague, l’expression d’« urgence climatique » est de plus en
plus employée par les militants.
Alors que la mobilisation des ONG s’avère très importante à la veille de la COP21 à Paris,
un nouvel événement terroriste, et le renforcement sécuritaire qui s’ensuit, vient entraver,
dans une certaine mesure, l’organisation des militants. Le 13 novembre 2015, des attentats
terroristes sont en effet perpétrés à Paris (visant notamment la salle de spectacle du
Bataclan, pour un total 130 morts et 413 blessés), soit un peu plus de quinze jours avant
que ne soit lancée la COP21 (appelée à se tenir du 30 novembre au 12 décembre 2015).
Dans ce contexte sécuritaire particulier, l’interdiction de manifester pour des raisons
de sécurité publique fait débat dans les milieux écologistes, opposant ceux qui souhaitent
avant tout respecter la loi à ceux qui désirent s’y opposer afin de dénoncer une situation
environnementale devenue pour eux intolérable. Les tensions entre l’État français et
les activistes écologistes sont palpables : elles sont renforcées notamment par le recours
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à des mesures exceptionnelles, telles que des assignations à résidence, des perquisitions
et la mise sous surveillance de certains militants. De manière générale, les ONG se disent
alors conscientes des risques qu’il existe à occuper le terrain, mais elles ne souhaitent pas
renoncer à leurs convictions face à la menace terroriste ; en revanche, elles dénoncent la
répression policière dont elles seraient victimes. La Coalition pour le climat, qui regroupe
en France des organisations aussi diverses que Greenpeace, Sortir du nucléaire, Oxfam,
le Secours catholique, la Confédération paysanne, Les Amis de la Terre, le WWF et Action
contre la faim, doit donc inventer une nouvelle manière de manifester pour rester visible
44
Le Tour Alternatiba rassemble des vélos-tandem de trois ou quatre places destinés à parcourir plus de
5 000 kilomètres pendant l’été 2015 (avec départ de Bayonne et arrivée à Paris). Mobilisant des dizaines
de milliers de personnes autour de la question climatique, l’événement est porté par de nombreuses
associations environnementales et sociales, des sections syndicales, des clubs de sport, des groupes
d’étudiants, etc. Alternatiba est un mouvement citoyen de lutte contre le dérèglement climatique qui
45
recourt notamment à la promotion et au développement d’initiatives locales.
Le Global Day of Action consiste en l’organisation de manifestations pacifiques visant à éveiller les
consciences autour des changements climatiques et dans l’espoir de pousser les États à prendre et respecter
46
leurs engagements. Cet événement est organisé depuis 2005.
« Climat : mobilisation de Sydney à Londres pour un accord ambitieux à la COP21 », Le Monde en ligne,
29 novembre 2015, www.lemonde.fr.
CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 27
avant et durant la COP de 2015. Loin de renoncer à s’exprimer dans l’espace public,
les militants font appel à des installations d’artistes, au port de vêtements distinctifs,
à l’organisation de chaînes humaines, au détournement de publicités, à l’installation
de banderoles sur les balcons, etc.
Si le recours à la désobéissance civile existe depuis les balbutiements du mouvement
écologique, le procédé gagne en visibilité depuis quelques années, notamment à l’occasion
de la COP21. Le mouvement citoyen Action non violente COP21 (ANV-COP21) a ainsi
recours à des actions non violentes et à la désobéissance civile pour dénoncer l’inaction
politique à l’égard du réchauffement climatique 47. Sous la devise « Changeons le système,
pas le climat ! », ses actions les plus notables visent les banques, pour dénoncer l’évasion
fiscale – avec le fauchage symbolique de 196 chaises dans différentes agences (HSBC,
BNP Paribas, etc.) pour représenter les 196 Parties présentes à la COP21 – ou encore,
dès février 2019, le décrochage de portraits officiels du président Emmanuel Macron dans
plusieurs mairies de France.
Mais la mobilisation en faveur du climat ne se cantonne bien entendu pas au territoire
français, ni à la COP21. Un an plus tard, en 2016 à Marrakech, des artistes venant des
quatre coins du monde portent la voix de la société civile. C’est également dans les
discussions de couloirs ou à travers les médias que les activistes environnementalistes
tentent de faire passer leur message, comme à Bonn lors de la COP23, où le charbon
n’a pas bonne presse, ou l’année suivante à Katowice (Pologne), où les tensions entre
ONG et lobbys du charbon sont clairement palpables.
En 2018, une jeune activiste suédoise, Greta Thunberg, donne un visage à la lutte contre
le réchauffement climatique. Elle acquiert une renommée internationale pour ses actions
militantes, telles que son mouvement de protestation devant le Parlement suédois, à l’âge
de 15 ans, pour dénoncer l’inaction face aux changements climatiques et, surtout, le
lancement, en août 2018, d’une grève scolaire pour le climat. La portée de cette dernière
action est amplifiée par le discours que la jeune militante écologiste tient lors de la
COP24 à Katowice ; l’année 2019 est marquée par plusieurs manifestations impliquant
à chaque fois de nombreuses villes un peu partout dans le monde et rassemblant des
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milliers d’étudiants.
En 2019, la COP25 à Madrid incarne un coup dur pour les représentants de la société
civile. Alors que l’année a été rythmée, un peu partout en Europe et dans le monde, par
de nombreuses marches et mouvements en faveur d’une politique climatique ambitieuse,
des événements initiés en partie par la jeune génération, 200 activistes se voient privés – ce
qui constitue un fait inédit – de leur accréditation suite à une manifestation à proximité
des négociations officielles.
47
ANV-COP21 est la branche « résistante » du mouvement Alternatiba.
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28 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Outre la Conférence des Parties, plusieurs institutions et organes opèrent dans le cadre
de la CCNUCC, en soutien à la COP : la présidence, le bureau, les organes subsidiaires
et le secrétariat 48.
La présidence de la COP est confiée en alternance à l’un des cinq groupes régionaux
reconnus par l’ONU (cf. supra). Le président, qui exerce sous l’autorité de la COP, est
généralement le ministre de l’Environnement ou des Affaires étrangères du pays qui
accueille l’organisation de la COP. Son rôle de facilitateur dans les travaux de la COP
et les débats pour aboutir à un accord lui impose une certaine impartialité : il ne peut pas
représenter son pays lors des négociations.
Les travaux de la COP ainsi que ceux de chaque organe subsidiaire (cf. infra) sont encadrés
par un bureau composé de onze membres : le président de la COP, sept vice-présidents,
les présidents des deux organes subsidiaires et le rapporteur. Généralement, les vice-
présidents assument la présidence pendant les réunions de haut niveau, tandis que
le président négocie les points controversés à l’échelon ministériel. Le rapporteur
communique le rapport sur le déroulement des réunions. Chaque groupe régional
de l’ONU compte deux membres au sein du bureau, le poste restant étant réservé à un
représentant des petits États insulaires. Les membres du bureau sont élus par la COP
parmi les représentants des Parties, et cela pour un mandat d’un an renouvelable une fois.
Les fonctions assumées par le bureau relèvent de l’usage car elles ne figurent ni dans le
texte de la Convention-cadre ni dans le projet de règlement associé (cf. infra). Elles
consistent essentiellement en la gestion des questions de procédure et d’organisation
découlant des différentes sessions de la COP, ainsi qu’en certaines fonctions techniques,
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en collaboration avec le secrétariat, telles que la gestion des demandes d’accréditation
des ONG et des OIG.
Le texte de la CCNUCC prévoit, en ses articles 9 et 10, la création de deux organes
subsidiaires permanents : l’Organe subsidiaire d’avis scientifique et technologique
49 50
(OSAST) et l’Organe subsidiaire de mise en œuvre (OSMEO) . Ces deux organes
multidisciplinaires sont chargés des aspects techniques permettant la mise en pratique
de la Convention-cadre. Ils se réunissent deux fois par an durant une ou deux semaines :
une première fois en milieu d’année, et une seconde fois à l’occasion de la session annuelle
de la COP. En général, les personnes qui siègent dans ces organes subsidiaires sont des
spécialistes et des techniciens et non des négociateurs politiques. Incontournables dans
le processus de mise en pratique de la CCNUCC, les travaux de ces organes subsidiaires
débouchent principalement sur des projets de décision qui seront ensuite examinés lors
48
Le fonctionnement de ces différents institutions et organes est expliqué au sein du guide édité par le
49
secrétariat de la CCNUCC (Bonn, 2008, p. 30 et suivantes).
50
En anglais, Subsidiary Body for Scientific and Technological Advice (SBSTA).
En anglais, Subsidiary Body for Implementation (SBI).
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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 29
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2.4.2. Les fonds de financements
51
C. WATSON, L. SCHALATEK, « Architecture du financement climatique mondial », Climate Funds Update,
Heinrich Böll Stiftung North America (Fondamentaux du financement climatique, n° 2), 2019,
https://climatefundsupdate.org ; R. WEIKMANS, J. TIMMONS ROBERTS, « The International Climate Finance
CH 2486-2487
30 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) 52 est une entité de mise en œuvre du
mécanisme financier de la CCNUCC remplissant la même fonction pour l’Accord de Paris.
Créé en 1991 par la Banque mondiale, son mandat couvre le financement de la protection
et de la conservation de la biodiversité, de la lutte contre la désertification, de la gestion
des déchets toxiques et des produits chimiques, et de la gestion des forêts et des eaux
internationales. Il sert donc de mécanisme de financement dans le cadre des trois
conventions environnementales intervenues dans la foulée du Sommet de Rio en 1992 :
53
la CCNUCC, la CDB et la CLD (cf. supra) . Le FEM administre aussi le Fonds pour les
54
pays les moins avancés (FPMA) et le Fonds spécial pour les changements climatiques
(FSCC) 55, sous la direction de la COP et de la CCNUCC. Ces fonds financent l’élaboration
et la mise en œuvre de plans nationaux d’adaptation et les projets de transfert des
technologies en faveur des pays en développement. Le secrétariat du FEM est logé au siège
de la Banque mondiale, à Washington. Il dispose d’un budget approuvé tous les quatre
ans, dont le dernier couvre la période allant de début juillet 2018 à fin juin 2022. Le FEM
ne met pas lui-même en œuvre les programmes environnementaux qu’il finance mais
dispose à cet égard de 18 relais, dont les plus importants sont la Banque mondiale,
le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Programme des
Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation des Nations unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO).
56
Le Fonds vert pour le climat (FVC) a été créé dans le cadre de l’application de la
CCNUCC et rendu opérationnel en 2011, lors de la COP17 de Durban. La Convention-
cadre consacrant la responsabilité des pays développés à venir en aide aux pays en
développement afin que ceux-ci puissent respecter leurs engagements et transiter vers
une économie plus résiliente et sobre en carbone (cf. supra), les donations collectées
au sein du FVC visent, sur cette base, à aider les pays en développement à réduire
leurs émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter aux conséquences potentielles
des changements climatiques. Une attention particulière est accordée aux pays en
développement vulnérables, tels que les pays les moins avancés (PMA), les petits États
insulaires en développement et les pays africains. À l’instar du FEM, ce fonds sert d’entité
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opérationnelle au mécanisme financier de la CCNUCC et de l’Accord de Paris et reçoit
ses directives de la COP. Au fil du temps, il est devenu le principal canal par lequel
transite le financement public international de la lutte contre les changements climatiques.
Les premiers projets liés au FVC ont été approuvés à la fin de l’année 2015. La levée de
fonds en cours couvre la période 2020-2023.
57
Le Fonds pour l’adaptation (FA) a également été établi sous la CCNUCC, en 2007.
Il est financé par un prélèvement de 2 % sur la vente des crédits d’émission provenant
du Mécanisme de développement propre créé par le Protocole de Kyoto (cf. infra). Il est
Accounting Muddle: Is There Hope on the Horizon? », Climate and Development, volume 11, n° 2,
52
2019, p. 97-111.
53
En anglais, Global Environment Facility (GEF).
Le FEM sert également de mécanisme de financement dans le cadre de deux autres conventions : la
Convention de Minamata (sur le mercure) et la Convention de Stockholm (sur les polluants organiques
54
persistants).
En anglais, Least Developed Countries Fund (LDCF).
55
56
En anglais, Special Climate Change Fund (SCCF).
57
En anglais, Green Climate Fund (GCF).
En anglais, Adaptation Fund (AF).
CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 31
La COP procède également à la mise en place d’organes non permanents auxquels elle
confie des tâches particulières. Ces organes font rapport à la COP une fois achevés les
travaux entrepris. Par exemple, le Groupe spécial du Mandat de Berlin, qui a été chargé,
lors de la première session de la COP (à Berlin en 1995), de mener les négociations ayant
conduit à l’adoption du Protocole de Kyoto en 1997 (les mesures envisagées à Rio en
1992 ayant vite été jugées insuffisantes pour stabiliser les concentrations de gaz à effet
de serre, cf. supra), s’est réuni huit fois avant d’être dissous.
Enfin, plusieurs groupes d’experts sont créés afin d’examiner des questions particulières,
tels que le Groupe d’experts du transfert de technologies et le Groupe d’experts des pays
les moins avancés, tous les deux mis en place suite à la COP7 de Marrakech en 2001.
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préparatoires, mais il leur incombe de prendre leurs propres dispositions à cet égard. Les
réunions préparatoires sont importantes parce qu’elles donnent aux groupes l’occasion
d’élaborer leur stratégie de négociation et de prendre position sur les questions à l’ordre
58
du jour .
Le rendez-vous annuel que constitue une COP dure en général deux semaines, avec des
journées rythmées par les différentes sessions de négociations auxquelles s’ajoutent des
conférences thématiques en marge de la COP et destinées à apporter un éclairage sur
un sujet particulier, avec la participation des représentants de la société civile. Avant
d’entamer les discussions formelles, les représentants des Parties se retrouvent au sein
des différents groupes de négociations évoqués plus haut afin d’adopter une position
commune au groupe. Ensuite, et ce afin de préparer les sessions plénières, les délégués
des différentes Parties sont préalablement répartis dans plusieurs groupes de travail
sur des sujets précis tels que les mesures d’adaptation aux changements climatiques,
les financements nécessaires, les objectifs à long terme, etc.
58
« Devenir délégué à la CCNUCC : ce qu’il faut savoir », Institut international pour l’environnement
et le développement (IIED), 2016, www.iied.org, p. 26.
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32 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Il convient de ne pas négliger non plus les discussions de couloirs et les réunions
59
bilatérales destinées à arrondir les angles sur certains points particulièrement sensibles .
Élément plus difficile à appréhender concrètement, c’est notamment dans ces discussions
de couloirs que s’expriment les lobbys industriels. Pour ne citer qu’eux, les secteurs des
énergies fossiles, de l’industrie et des transports sont en effet également bien présents lors
des COP, entre événements publics et promotionnels et, surtout, bras de fer en coulisses.
Initialement, ces industriels se sont positionnés en climatosceptiques pendant des années,
afin de défendre leur position économique et de ralentir un quelconque mouvement de
transition énergétique qu’ils percevaient comme leur étant par définition défavorable.
Si ce message de fond existe encore, une partie de ces lobbys, devant faire face à des
législations et une opinion publique évoluant en faveur de la lutte contre les changements
climatiques, a verdi son discours et tente aujourd’hui de se présenter, grâce aux avancées
technologiques, comme une partie de la solution au problème. Disposant de moyens
financiers colossaux, c’est essentiellement par l’image que ces secteurs tentent de
convaincre ; mais dans les faits, leurs intérêts économiques restent toujours, actuellement
du moins, majoritairement liés à l’exploitation des énergies fossiles.
La première semaine de la COP est plutôt technique, rythmée par le travail des
négociateurs, technocrates et experts, tandis que la seconde semaine est davantage
politique, les négociations devant mener à un accord qui sera soumis à l’approbation
des juristes.
Il n’existe pas de nombre maximum ou minimum de délégués représentant les Parties lors
des COP. Les Parties issues du groupe PMA ou de l’AOSIS ne disposent généralement
que de deux ou trois délégués. Par contre, les autres Parties peuvent envoyer entre 80 et
130 délégués, voire davantage. Ces délégués sont généralement issus de l’administration,
mais il peut également s’agir de représentants d’ONG locales, d’organisations
internationales, de cabinets d’avocats ou encore de chercheurs, qui fournissent un appui
technique lors des discussions. L’expérience des délégués choisis peut parfois jouer un
rôle important dans les négociations. Toutes les Parties choisissent un chef de délégation.
Les ministres ne participent qu’aux sessions dont les enjeux nécessitent leur présence.
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Quant aux chefs d’État ou de gouvernement, ils participent généralement aux COP
60
importantes, telles que la COP15 à Copenhague et la COP21 à Paris .
Les COP débutent généralement par une séance plénière d’ouverture, avec plusieurs
allocutions, l’adoption d’un ordre du jour et de plusieurs questions de procédure, et
quelques déclarations des Parties. Elles se terminent par une séance plénière de clôture,
qui doit normalement permettre l’approbation de décisions formelles. Les réunions
plénières sont ouvertes à tous, y compris les organisations observatrices et la presse.
Elles répondent à une organisation très protocolaire, où chaque pays souhaitant disposer
d’un temps de parole doit le demander par voie électronique ou à l’aide d’un panneau
à déposer à la verticale sur la table occupée par ses représentants. Les prises de parole
sont limitées à quelques minutes seulement. Elles reviennent très souvent aux mêmes
protagonistes : la présidence du Groupe des 77 et de la Chine pour les pays en
développement, les Îles Marshall pour les petits pays insulaires, l’Arabie saoudite pour
59
I. HANNE, K. HULLOT-GUIOT, « Comment fonctionnent les négociations à la COP 21 ? », Libération en ligne,
60
2 décembre 2015, www.liberation.fr.
« Devenir délégué à la CCNUCC : ce qu’il faut savoir », op. cit., p. 16.
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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 33
les États pétroliers, etc. Quand cela est possible, un temps de parole est également accordé
par le président aux représentants des différents groupes d’ONG reconnus par la COP.
Les séances plénières sont retransmises sur Internet. Plusieurs langues y sont officiellement
utilisées : l’anglais, l’arabe, le chinois, l’espagnol, le français et le russe.
Il n’est pas rare que, avant de trouver un accord, plus ou moins ambitieux selon les
années, les délégations se livrent à des prolongations et quelques coups de théâtre. Avant
d’être transmis au président de la COP, les textes de décision sont négociés en plus petits
comités. Dans les rares cas où une COP adopte un nouveau Protocole ou Accord, et une
fois validé par les Parties en réunion plénière de clôture, le texte finalement adopté doit
encore, ultérieurement, être ratifié par les parlements nationaux de tous les pays 61.
La procédure de vote lors de la COP est en soi particulière. Elle relève essentiellement
des articles 41 et 42 du règlement intérieur de la CCNUCC, adopté lors de la deuxième
session de la COP, à Genève en 1996 62. Lors de la première session de la COP, à Berlin
un an plus tôt, un projet de règlement intérieur était déjà sur la table, comme prévu par
la Convention-cadre. Cependant, son article 42 ne faisait alors pas l’objet d’un accord.
Pour aller de l’avant, les Parties ont convenu d’appliquer le projet de règlement intérieur
63
de 1995 , à l’exception de l’article 42. Aucun consensus sur ce point n’étant intervenu
depuis, cette pratique est restée d’application.
La question laissée en suspens concerne les majorités à prévoir pour l’adoption de décisions
sur les questions de fonds et sur les questions relatives au mécanisme financier prévu
à l’article 11 de la CCNUCC (transferts de ressources financières et partage des technologies
avec les pays en développement). Ce blocage concernant le règlement sur les votes
s’explique par le fait que les pays dont les intérêts économiques pouvaient se voir menacés
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par la politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne voulaient pas
que celle-ci leur soit imposée (par une majorité ou une majorité qualifiée). Une autre
explication réside dans le fait que les États-Unis, en tant que l’un des plus gros
contributeurs au budget de la Convention-cadre, ne souhaitaient pas que des décisions
budgétaires leur soient imposées sans leur accord. Dès lors, la prise de décision sur toutes
les questions de fond nécessite un consensus, ce qui implique concrètement qu’aucune
des Parties n’objecte ouvertement avant le coup de marteau final du président de la COP.
Ce procédé a parfois donné lieu à des passages en force, comme à Cancún en 2010 ou
64
à Doha en 2012, où des prises de parole ont été ignorées . Sur toutes les questions de
procédure, les décisions sont normalement prises à la majorité simple des Parties présentes.
61
62
En Belgique, cela implique le niveau fédéral et les niveaux fédérés.
Règlement intérieur de la CCNUCC (FCCC/CP/1996/2), adopté par la COP, Genève, 8-19 juillet 1996.
63
« Convention-cadre sur les changements climatiques. Rapport de la Conférence des Parties sur les
64
travaux de sa première session, tenue à Berlin du 28 mars au 7 avril 1995 », FCCC/CP/1995/7, points 9 à 14.
I. HANNE, K. HULLOT-GUIOT, « Comment fonctionnent les négociations à la COP 21 ? », op. cit.
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34 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Outre l’adoption de décisions, les travaux de la COP peuvent également déboucher sur
des déclarations politiques non contraignantes, qui sont destinées notamment à orienter
les travaux à venir. Ainsi, lors de la deuxième session de la Conférence des Parties,
la Déclaration ministérielle de Genève a permis de stimuler les négociations en vue de
l’adoption du Protocole de Kyoto.
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3. DE BERLIN À GLASGOW,
25 ANNÉES DE NÉGOCIATIONS
La première COP sur les changements climatiques s’est tenue à Berlin en mars 1995.
La préparation et l’organisation de l’événement ont été confiées à la ministre allemande
de l’Environnement, Angela Merkel. L’Allemagne fait alors figure de modèle en matière
environnementale : le pays s’est engagé à réduire de 30 % ses émissions de CO2 entre
1987 et 2005.
Malgré le faste qui se dégage de cette première session, les observateurs externes et
notamment les médias ne sont pas convaincus sur le fond. Lors de cette première réunion
des Parties, il règne un certain désenchantement après l’enthousiasme qu’avait suscité
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l’adoption de la CCNUCC trois ans plus tôt. La COP de Berlin n’aboutit en effet à aucune
mesure concrète, à part celle de négocier le Protocole de Kyoto, les 120 gouvernements
présents prenant acte de la gravité de la situation et de la nécessité de réduire les émissions
de gaz à effet de serre relevant de l’activité humaine. Les Parties reconnaissent également
que les engagements pris à Rio de Janeiro en 1992 s’avèrent insuffisants et inadéquats ;
elles mandatent un groupe de travail pour établir un protocole de réduction des émissions
65
des seuls pays développés après 2000 .
La COP2, qui se tient à Genève un an plus tard, est quant à elle principalement marquée
par ce que l’on nomme la Déclaration de Genève, qui précise les orientations des
négociations alors en cours et accueille favorablement le deuxième rapport du GIEC
en considérant que celui-ci constitue « l’évaluation la plus complète et la plus fiable
actuellement disponible des informations scientifiques et techniques concernant les
65
M. TELLIER, « Il était une fois la COP1, la première conférence de l’ONU sur le climat », France Culture,
2 décembre 2018, www.franceculture.fr.
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36 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Le deuxième rapport du GIEC, qui date de 1995, fournit l’axe scientifique pour
les négociations relatives au Protocole de Kyoto. Ce document fait état d’avancées
considérables dans la compréhension de divers aspects physiques du problème, ainsi que
dans le développement de modèles couplant l’atmosphère avec les océans et les glaces.
C’est dans ce deuxième rapport que, pour la première fois, la part anthropique dans le
réchauffement observé de la planète est distinguée des influences naturelles, même si cette
part est évoquée de manière très prudente. Les auteurs du rapport pointent l’activité
humaine, et notamment l’utilisation de combustibles fossiles, la modification de
l’utilisation des sols et l’agriculture comme des facteurs explicatifs du réchauffement
observé et de l’élévation du niveau de la mer.
C’est en 1997 que la COP3, à Kyoto (Japon), permet pour la première fois la mise en
place d’un protocole contraignant, avec pour objectif de réduire en moyenne d’au moins
5 %, sur la période 2008-2012, les émissions de gaz à effet de serre des pays engagés, avec
pour référence l’année 1990. Les objectifs contraignants ne s’appliquent alors qu’aux pays
industrialisés et varient d’un pays à l’autre. Pour l’actuelle UE, la baisse attendue des
émissions est alors de 8 % 67. Quatre gaz à effet de serre sont concernés : le dioxyde de
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carbone (CO2), qui est le plus important, le méthane (CH4), le protoxyde d’azote
(également appelé oxyde nitreux ou hémioxyde d’azote, N2O) et l’hexafluorure de
soufre (SF6), ainsi que deux familles de gaz fluorés : les hydrofluorocarbures (HFC) et
les perfluorocarbures (PFC).
Toutefois, l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto est soumise à la ratification du traité
par au moins 55 Parties à la CCNUCC (condition qui sera remplie dès 2003 grâce à la
ratification par l’Islande), dont des pays industrialisés responsables collectivement d’au
moins 55 % des émissions de CO2 générées par ce groupe en 1990 (condition qui,
quant à elle, ne sera honorée qu’en novembre 2004 avec la ratification de la Russie).
Le Protocole de Kyoto entre officiellement en vigueur le 16 février 2005, l’année de la
COP11 à Montréal. À cette date, le traité implique 128 Parties. À ce jour, 193 Parties
(192 États et l’Union européenne) ont déposé leurs instruments de ratification, d’accession,
66
« Convention-cadre sur les changements climatiques. Rapport de la Conférence des Parties sur les
67
travaux de sa deuxième session, tenue à Genève du 8 au 19 juillet 1996 », FCCC/CP/1996/15.
Au moment de la ratification du protocole, en mai 2002, l’actuelle UE compte 15 États membres.
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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 37
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Si une Partie n’atteint pas son objectif de réduction des émissions, le Protocole de Kyoto
prévoit qu’elle devra rattraper la différence au cours de la deuxième période d’engagement
(au-delà de 2012), avec une pénalité de 30 % de réduction supplémentaire. Son droit
69
de vendre des permis d’émission sera par ailleurs suspendu . Ce procédé s’avérera bancal
puisque, en 2011, le Canada décidera de quitter le Protocole plutôt que de se soumettre
à cette pénalité. Pour que les engagements des Parties soient réellement contraignants,
il faudrait qu’existe une instance internationale ayant le pouvoir de sanctionner les
70
contrevenants . Or, à l’époque, tout comme au moment de la signature des Accords de
Paris de 2015 d’ailleurs, aucun État n’est favorable à la mise en place d’un tel gendarme
international qui risquerait d’entraver sa liberté politique et économique. Dès lors, le
68
En anglais, Conference of the Parties Serving as the Meeting of the Parties to the Kyoto Protocol (ou Meeting
of Parties, MOP). La première session a eu lieu en 2005, à Montréal, en parallèle de la COP11.
69
70
« Le protocole de Kyoto », Commission européenne MEMO/06/74, 15 février 2006, https://ec.europa.eu.
C. FOURNIER, « COP25 : pourquoi les COP n’aboutissent jamais à rien ? », Youmatter, 3 décembre 2019,
https://youmatter.world.
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38 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
facteur de contrainte des grands accords internationaux liés au climat réside plutôt dans
la pression exercée par les autres Parties, par l’opinion publique et par les ONG.
Cependant, le Protocole de Kyoto est soutenu par un régime de conformité dont l’objectif
est de faciliter, de promouvoir et de faire respecter les engagements pris par les Parties.
Le Comité de contrôle du respect des dispositions, chargé d’appliquer ce mécanisme,
se compose de deux directions générales : la « chambre de la facilitation », qui vise à fournir
des conseils et une assistance aux Parties afin de promouvoir le respect des dispositions,
et la « chambre de l’exécution », dont l’objectif est de déterminer les conséquences pour
les Parties qui ne respectent pas leurs engagements. Les deux groupes sont composés de
dix membres, dont un représentant de chacune des cinq régions officielles des Nations
unies (Afrique, Asie, Amérique latine et Caraïbes, Europe centrale et orientale, Europe
occidentale et autres), un représentant des petits États insulaires en développement et
deux représentants de chacune des Parties visées à l’Annexe I et des Parties non visées
à l’Annexe I.
Alors considérés comme le principal pays émetteur de gaz à effet de serre de la planète,
les États-Unis (repris à l’annexe B du protocole) refusent en 1997 de ratifier le traité.
Ils le signent certes le 12 novembre 1998, mais le président démocrate Bill Clinton précise
qu’il ne soumettra pas le texte au vote du Sénat en l’absence d’une réelle implication
des pays en développement, qui comptent eux aussi certains gros pollueurs. En 2000,
lors de la COP6 à La Haye, puis à Bonn six mois plus tard, et en 2001, lors de la COP7
à Marrakech, les États-Unis se contentent d’un siège d’observateur à la CMP et refusent
toute participation active dans les négociations. À New Delhi en 2002, lors de la COP8,
sans reconnaître pour autant le Protocole de Kyoto, ils annoncent paradoxalement leur
soutien aux pays du Sud. L’idée est de faire valoir clairement qu’ils privilégient le thème
de l’adaptation aux changements climatiques et restent opposés à celui de la réduction des
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émissions de gaz à effet de serre, pourtant central au sein du Protocole de Kyoto et cher
aux Européens. Alors que le protocole est sur le point d’entrer en vigueur, l’administration
américaine, sous le président républicain George W. Bush, refuse à nouveau, en 2005,
tout accord multilatéral contraignant, en justifiant une nouvelle fois sa position par le fait
qu’aucune obligation ne pèse sur les pays en développement, et en particulier la Chine
et l’Inde, deux des plus importants émetteurs de gaz à effet de serre. Au niveau fédéré
cependant, une trentaine d’États américains adoptent des politiques climatiques contenant
des objectifs fixés de réduction d’émissions en ligne avec ce qui est prévu par le Protocole
de Kyoto.
Quant à lui, et comme déjà évoqué, le Canada devient, fin 2011, le premier pays à annoncer
son retrait du Protocole de Kyoto. Dans ce pays, l’exploitation des sables bitumeux
a fait croître rapidement les émissions de gaz à effet de serre (la hausse des émissions
de ces gaz est de 18,2 % sur la période 1990-2012). N’ayant pas respecté ses obligations,
le Canada risquait de devoir acheter, en guise de compensation, des crédits d’émissions
71
à hauteur de 14 milliards de dollars s’il restait signataire de l’accord . Il a estimé que
71
Évaluation faite par le ministre canadien de l’Environnement de l’époque, Peter Kent.
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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 39
le protocole était déséquilibré, refusant d’assumer une telle charge alors que les deux
principaux pays émetteurs, les États-Unis et la Chine, ne participent pas à l’effort.
Pour sa part, la Russie s’est par contre retrouvée dans une position assez favorable par
le biais du Protocole de Kyoto. Ce dernier exige que la Russie ne dépasse pas, au cours
de la première période d’engagement, le niveau d’émissions enregistré en 1990. Or, au
moment de la mise en œuvre du protocole, les émissions de gaz à effet de serre de la Russie,
suite à la désindustrialisation qui a accompagné la chute du régime communiste, se
situaient quelque 30 % au-dessous de leur niveau de 1990, ce qui signifie que le pays
détenait un excès de quotas (ce qui par ailleurs influençait à la baisse les prix sur le marché
international d’échange de droits d’émission). Une des raisons pour lesquelles le Protocole
de Kyoto a accordé à la Russie un objectif aussi généreux est qu’il a été reconnu que la
chute des émissions de gaz à effet de serre de la Russie depuis 1990 était en grande partie
due à une diminution de la production énergétique et industrielle, qui a entraîné de graves
difficultés économiques. Sont également intervenues des raisons politiques : il s’agissait
de soutenir les pays d’Europe de l’Est et de les faire entrer dans le Protocole.
In fine, les pays engagés par le Protocole de Kyoto atteignent collectivement l’objectif
fixé, avec une réduction des émissions de gaz à effet de serre estimée par l’ONU à 24 %
entre 1990 et 2012. Mais ce bilan ne concerne que les pays contraints par le protocole, ce
qui exclut donc les gros émetteurs que sont les États-Unis, la Chine, l’Inde ou même le
Canada. En revanche, il inclut les États de l’ancien bloc de l’Est, dont l’économie s’est
effondrée, entraînant une chute importante de leurs émissions de gaz à effet de serre qui
ne traduit pas la tendance générale. Tenant compte de ces éléments, certains analystes
estiment que l’objectif de réduction de 5 % par les pays engagés à l’origine dans le processus
72
n’a pas été atteint .
Un autre écueil attribué au bilan du Protocole de Kyoto est le fait que, à l’époque de
la signature de ce texte, la grande majorité des émissions provenaient des grands pays
industrialisés. Or les signataires n’ont pas suffisamment anticipé l’évolution des émissions
produites par certains pays émergents, comme la Chine et l’Inde, au cours des décennies
à venir. De leur côté, ces pays se sont opposés avec force à toute mesure menaçant de
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freiner leur développement économique. Dans ce rapport de force qui oppose le Nord
et le Sud, le Nord est pointé du doigt comme le responsable de la situation climatique
observée, lui qui a assuré son développement depuis plus de deux siècles en puisant sans
restriction dans les ressources naturelles et en émettant des pollutions de tous ordres
sans se soucier de leurs conséquences. Le Sud exige donc du Nord des compensations
pour un développement « propre ». Mais ces compensations, principalement financières,
ne sont accordées qu’à la condition de garanties solides, ce qui alimente, COP après COP,
d’interminables débats sur les conditions d’allocation de ces soutiens financiers. Lors
de la COP9, à Milan en 2003, il a toutefois été décidé d’adapter le FEM ainsi que deux
organes techniques des Nations unies – à savoir le PNUE pour l’environnement et le
PNUD pour le développement – afin d’aider les pays en développement à mieux s’adapter
aux changements climatiques. À Buenos Aires un an plus tard, un plan d’action a été mis
72
« Protocole de Kyoto », Connaissance des énergies, 28 octobre 2015, www.connaissancedesenergies.org.
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40 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
en place pour aider les pays en développement à faire face aux problèmes d’atténuation
73
et d’adaptation qui accompagnent les changements climatiques .
En l’absence d’acteurs notables tels que les États-Unis et le Canada, et compte tenu du
principe d’une responsabilité commune mais différenciée des Parties, à peine un tiers des
émissions mondiales étaient visées par le Protocole de Kyoto. Le bilan est donc fort
mitigé, même si le traité a eu le mérite de jeter les bases d’un marché du carbone et de
consacrer au niveau mondial une prise de conscience politique du problème.
Pour sa part, avec une baisse globale de 12 % par rapport à 1990, l’UE a atteint et même
dépassé l’objectif qui lui avait été assigné par le Protocole de Kyoto. Au sein de l’Europe
des Quinze, l’Autriche, le Danemark, l’Espagne et le Luxembourg n’ont cependant pas
atteint l’objectif qui leur avait été fixé.
À partir de 2005, une double négociation s’ouvre : d’une part, pour amener à une
interprétation plus large de la politique climatique sous la CCNUCC, qui impliquerait
l’ensemble des Parties et plus seulement les pays industrialisés et, d’autre part, pour mettre
en place une deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto (2013-2020).
À Montréal en décembre 2005, la COP11/CMP1 bat des records de participation et jouit
d’une belle couverture médiatique. Dans un document commun aux deux Conférences
des Parties, appelé « Processus de Montréal », il est donc question d’envisager l’après-
Kyoto, en tenant compte des blocages et écueils expérimentés par le passé et en s’appuyant
sur les connaissances scientifiques actualisées et synthétisées dans le troisième rapport
74
du GIEC, publié en 2001 .
En marge des résultats jugés peu significatifs engrangés par la COP12/CMP2 (les grandes
discussions sur l’après-Kyoto ayant été reportées à plus tard), la session de 2006, qui se
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tient à Nairobi (Kenya), est marquée par un désintérêt de l’opinion publique et une
incompréhension pour ces grands rendez-vous internationaux dont les répercussions
75
concrètes échappent généralement au plus grand nombre .
La publication du quatrième rapport du GIEC fait par contre grand bruit, en 2007, puisque
ce document est accompagné de l’attribution simultanée du prix Nobel de la Paix au GIEC
ainsi qu’à l’ancien vice-président états-unien démocrate Al Gore 76, pour leur engagement
dans la lutte contre les changements climatiques. Dans ce rapport, les experts estiment
désormais avec une probabilité de plus de 90 % (contre 67 % dans leur précédent rapport)
que les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique sont responsables des
changements climatiques depuis 1950. Ils insistent également sur la problématique de
73
J. MERLE, B. VOITURIEZ, Y. DANDONNEAU, Le changement climatique : histoire et enjeux, Paris, L’Harmattan,
74
2016.
75
Ibidem.
R. BLACK, « Climate Talks a Tricky Business », BBC News, 18 novembre 2006, http://news.bbc.co.uk.
76
Ancien vice-président de B. Clinton et candidat démocrate malheureux à la Maison-Blanche en 2000,
A. Gore a attiré l’attention de l’opinion publique en 2006 avec son livre et son documentaire Une vérité
qui dérange, qui tirent la sonnette d’alarme face au réchauffement de la planète.
CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 41
la fonte des glaces en mer polaire, phénomène qui y rend désormais possibles la navigation
et l’exploitation des ressources au détriment de la faune et du mode de vie des habitants
de ces hautes latitudes. Enfin, ils mettent en garde contre les sécheresses à venir, la
perturbation des écosystèmes et l’impact du réchauffement sur les forêts et les zones
côtières.
Si ce quatrième rapport du GIEC a de quoi éveiller les consciences et faire espérer
qu’émerge un consensus mondial sur la nature et l’importance du risque que représentent
les changements climatiques, force est de constater que le rendez-vous tant attendu de
Copenhague (2009), la COP15 censée donner une suite et un second souffle au Protocole
de Kyoto, est loin de tenir ses promesses. Deux années de négociations intensives et
plusieurs réunions préparatoires ont eu lieu en amont de la COP15, mais sans qu’un
consensus ne puisse aboutir, ce qui n’annonçait rien de bon, malgré une audience record
des participants à cette quinzième COP (représentants nationaux, journalistes, ONG,
scientifiques et au final, chefs d’État et de gouvernement). Accouché dans la douleur,
l’Accord de Copenhague ne fixe aucun objectif individuel aux Parties. Mais il reconnaît
la nécessité de ne pas dépasser un seuil de réchauffement moyen de la planète de 2°C par
rapport à ce qu’il était à l’aube de l’ère industrielle, vers 1850, ce qui est une avancée
majeure. Les pays industrialisés doivent proposer des objectifs de réduction, et les pays
en développement avancer des mesures nationales adaptées. Mais tout cela reste
juridiquement non contraignant.
Très vite, l’analyse des objectifs que se fixent elles-mêmes les Parties dans les mois qui
suivent la signature de l’accord indique que l’effort commun envisagé est nettement
insuffisant pour maintenir le réchauffement de la planète sous les 2°C. Cet effort doit donc
être intensifié. Il apparaît également évident que davantage de pays doivent être impliqués
dans une politique mondiale contraignante, et parmi ceux-ci les États-Unis et certains pays
en développement. Par ailleurs, l’adoption d’un accord international sur les changements
climatiques pour la période allant au-delà de 2012 est une condition pour avancer sur la
question de l’aide à apporter aux pays en développement, en particulier les communautés
et les pays les plus exposés aux conséquences des changements climatiques. Sur cette
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question également, l’Accord de Copenhague en est resté au stade de la promesse : les
pays industrialisés se sont engagés à affecter 30 milliards de dollars à un Fonds vert pour
le climat (FVC, cf. supra) sur la période 2010-2012, qui doit ensuite passer à 100 milliards
de dollars par an « d’ici à 2020 ».
L’échec de la COP de Copenhague témoigne de l’ampleur des résistances face au défi que
représente pour l’économie mondiale la nécessité d’une réduction très importante de
l’usage des carburants fossiles, dans un contexte de crise financière et économique et de
tensions géopolitiques accrues entre pays développés occidentaux, puissances émergentes
77
et pays en développement . C’est également à ce moment (novembre 2009) qu’éclate
l’affaire dite du Climategate, qui fait suite à la divulgation des courriels de la Climatic
Research Unit de l’University of East Anglia (cf. supra).
77
C. KERGOMARD, « Changement climatique : certitudes, incertitudes et controverses », Territoire en
mouvement, n° 12, 2012, p. 4-17.
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42 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
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C’est également à Durban que le FVC est rendu opérationnel. Cependant, le défi
concernant le financement de la question climatique au niveau international reste entier
puisque, pour rappel, les pays industrialisés se sont engagés à une aide annuelle de l’ordre
de 100 milliards de dollars en 2020. Les moyens d’y parvenir sont encore à définir.
Concernant le Protocole de Kyoto, une deuxième période d’engagement de huit ans
(2013-2020) est entérinée lors de la COP18 à Doha, fin 2012. Le vide juridique dans
lequel le monde allait entrer inexorablement après la fin du Protocole de Kyoto (appelé
maintenant Kyoto 1), le 31 décembre 2012, est évité de justesse. L’opération se traduit
par un engagement a minima sur une prolongation du protocole jusqu’au 31 décembre
2020. Appelé Kyoto 2, ce texte prend la forme d’un amendement au Protocole de Kyoto.
De nouveaux objectifs sont fixés pour les pays engagés dans le processus. Mais les pays
impliqués dans cette seconde phase du Protocole de Kyoto ne représentent que 15 %
des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le Canada, sorti du système en 2011
(cf. supra), le Japon, la Nouvelle-Zélande et la Russie ont refusé de poursuivre leurs
efforts de réduction dans un cadre ne s’appliquant pas à la Chine et aux États-Unis.
Les négociations ont également été rendues difficiles par des désaccords sur la gestion
CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 43
des droits d’émissions liés à la première période d’engagement. Les pays d’Europe de l’Est
ont connu une forte désindustrialisation au moment de l’effondrement de l’URSS. Sans
effectuer d’efforts environnementaux particuliers, ils ont pu accumuler de grandes
quantités de quotas qui sont venues inonder le marché carbone et faire baisser les cours.
La deuxième période d’engagement implique des efforts chiffrés pour 37 pays industrialisés
(les 27 États membres de l’UE, l’Australie, la Biélorussie, la Croatie, l’Islande, la Norvège,
la Suisse, l’Ukraine et certains petits États comme le Liechtenstein et Monaco). Dans
ce cadre, l’UE, ses États membres et l’Islande se sont engagés à réduire leurs émissions
moyennes et conjointes d’environ 20 % par rapport à 1990.
Il est prévu que l’entrée en vigueur de l’amendement de Doha soit soumise à l’acceptation
ou à la ratification d’au moins trois quarts des Parties impliquées dans le Protocole de
Kyoto. Mais la ratification de la deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto
s’avère, contrairement à ce qui sera le cas pour l’Accord de Paris, extrêmement lente.
La Belgique ratifie officiellement l’amendement de Doha le 14 novembre 2017, en marge
du Sommet climatique de Bonn (COP23) ; quant à elle, l’UE le ratifie le 21 décembre
suivant. Les États membres de l’UE, Allemagne et Suède en tête, mettent déjà en œuvre
l’amendement de Doha via une législation européenne équivalente dans la pratique. La
Pologne, dont la production d’électricité dépend encore à 90 % du charbon, s’oppose
cependant longtemps à une prolongation du Protocole de Kyoto, avant de déposer ses
instruments d’acceptation de l’amendement de Doha le 28 septembre 2018.
Finalement, les 144 instruments d’acceptation de l’amendement de Doha nécessaires sont
reçus par le dépositaire des traités des Nations unies à New York le 2 octobre 2020, après
la ratification par la Jamaïque et le Nigéria, avec une entrée en vigueur officielle prévue
dans les 90 jours qui suivent, soit le 30 décembre 2020, c’est-à-dire un jour avant que la
période visée par cet amendement ne se termine. Le modeste objectif de cet amendement
est alors déjà dépassé. L’ONU a en effet déclaré, à l’occasion de cette ratification
tardive, que « les pays développés qui ont des objectifs au titre de la deuxième période
d’engagement du Protocole ont appliqué provisoirement l’amendement en attendant son
entrée en vigueur. Les données les plus récentes montrent que pour ces pays, le total
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des émissions globales de gaz à effet de serre en 2018 était inférieur de 25,3 % à celui de
78
1990 » . L’objectif commun qui leur avait été assigné était une réduction de 18 % par
rapport au niveau de 1990. L’entrée en vigueur de l’amendement de Doha est donc
avant tout symbolique : il permet de clore le régime de Kyoto, qui a montré ses limites
en termes de réductions obtenues, au moment où le régime de Paris prend le relais.
En effet, compte tenu du peu de mobilisation autour de la deuxième phase d’engagement
du Protocole de Kyoto, la COP21, organisée à Paris à la fin de l’année 2015, a concentré
des attentes importantes avec un objectif premier : parvenir, comme le prévoit la
Plateforme de Durban, à un accord global qui soit juridiquement contraignant pour
les 196 Parties et qui prenne le relais du Protocole de Kyoto à partir de 2020.
78
ONU, « L’amendement de Doha ratifié, un engagement multilatéral fort », Communiqué (Changements
climatiques), 5 octobre 2020, https://unfccc.int.
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44 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
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permettre la mise en place de mesures d’atténuation et d’adaptation dans les pays en
développement. En matière de contributions nationales pour parvenir à cet objectif,
les Parties ont d’abord opté, dans le cadre du Protocole de Kyoto, pour une approche
« descendante », avec des engagements contraignants imposés aux pays industrialisés.
Ce procédé a montré ses limites et, à Copenhague, c’est une approche « ascendante » qui
a été retenue. Cette nouvelle logique repose sur le respect de la souveraineté des États
et le pari que ceux-ci prendront des engagements volontaires suffisamment ambitieux
pour assurer le respect de l’objectif d’un réchauffement global maximum de 2°C retenu
dans l’Accord de Copenhague. Dans le prolongement de cette approche, l’Appel de Lima
(qui est le document officiel qui résulte de la COP20) invite les Parties à faire part de leurs
82 er
« contributions prévues déterminées au niveau national » (CPDN) dès le 1 trimestre
79
Les pays développés doivent désormais communiquer tous les deux ans, à partir de 2014 et jusqu’à
80
2020, leur stratégie en vue de rehausser leur contribution au financement climatique international.
À Varsovie, les discussions concernant l’ambition pré-2020 connaissent un départ difficile avec l’annonce
81
d’un affaiblissement de cet objectif pour le Japon.
82
J. MERLE, B. VOITURIEZ, Y. DANDONNEAU, Le changement climatique, op. cit.
En anglais, Intended Nationally Determined Contributions (INDC).
CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 45
2015. Il s’agit d’engagements indicatifs qui seront proposés dans la perspective des
négociations qui s’entameront à Paris en décembre 2015.
Ces contributions nationales comportent des objectifs en matière d’atténuation des
émissions de gaz à effet de serre et/ou d’adaptation aux effets des changements climatiques.
L’axe de l’atténuation est souvent privilégié par les pays industrialisés, qui figurent parmi
les plus gros émetteurs de la planète. Les contributions liées à des objectifs d’atténuation
peuvent notamment porter sur des politiques de transition vers les énergies renouvelables
au détriment des énergies fossiles ou sur des programmes de préservation des forêts
(qui absorbent le CO2). Les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires
en développement (PEID) ne sont pas tenus de présenter un objectif de réduction, mais
ils peuvent simplement transmettre leur stratégie de prise en compte des changements
climatiques (adaptation). Il peut par exemple s’agir d’investissements dans des cultures
résistantes aux inondations ou aux fortes chaleurs, ou au renforcement des défenses pour
protéger les zones côtières contre l’élévation du niveau de la mer. Selon l’Appel de Lima,
les objectifs que les pays se fixent individuellement doivent être plus ambitieux que les
engagements qu’ils ont déjà pris par le passé. Le secrétariat de la CCNUCC élabore pour
er
le 1 novembre 2015 une synthèse des CPDN reçues dans les temps.
L’Accord de Paris sur le climat est conclu le 12 décembre 2015 entre 195 pays, au terme
de la COP21 83. Il entre en vigueur le 4 novembre 2016, après que 55 États, représentant
55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ont ratifié l’accord.
La principale faiblesse souvent pointée du doigt concernant le Protocole de Kyoto consistait
dans le fait que seuls quelques dizaines de pays s’étaient vus réellement contraints par
le processus : les pays industrialisés ayant ratifié le traité (cf. supra). Le système des
contributions nationales volontaires permet de restaurer un peu de confiance entre les
Parties et permet d’envisager une approche internationale plus inclusive et rassembleuse.
Car à Paris, comme à Kyoto presque vingt ans plus tôt, les Parties s’opposent à la mise
en place d’une instance supranationale qui entraverait leur liberté d’action politique et
économique en les contraignant, sanctions à l’appui, à respecter leurs engagements.
Les États-Unis, tout particulièrement, se sont toujours refusés à l’idée d’une quelconque
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souveraineté supranationale qui puisse condamner un État. Or à Paris, il est essentiel
que les États-Unis soient partie prenante de l’accord, condition évidente pour que la Chine
elle aussi s’y engage. Pour que la COP21 soit un succès et que les engagements pris restent
contraignants même si l’Accord de Paris ne prévoit ni comité de contrôle ni mécanisme
de sanction, les Parties s’accordent sur un modèle transparent de comptabilité des
émissions de chacun : chaque Partie a désormais l’obligation de préparer, de communiquer
84
et de respecter des contributions déterminées au niveau national (CDN) . Une révision
des objectifs nationaux doit intervenir tous les cinq ans. Si aucune sanction n’est
à proprement parler prévue par l’Accord de Paris, la contrainte réside ici dans la pression
exercée par les Parties elles-mêmes, les observateurs internationaux, l’opinion publique
et la société civile.
83
Soit 196 Parties si l’on ajoute l’UE, et même 197 avec la Palestine, qui jusqu’alors disposait d’un statut
84
d’observateur mais qui a annoncé à Paris son adhésion à la CCNUCC.
En anglais, Nationally Determined Contributions (NDC).
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46 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Ayant fait l’objet d’une attention médiatique comparable à celle du Protocole de Kyoto,
l’Accord de Paris marque un tournant dans la prise de conscience générale : il est urgent
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d’agir. Sur les 195 signataires de l’accord, 188 ont à ce jour déposé des instruments de
ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion. Ce traité bénéficie ainsi d’une
large adhésion, avec toutefois un cas particulier, celui des États-Unis. En effet, ceux-ci
ratifient le texte en septembre 2016, sous le président démocrate de Barack Obama. Mais
er
le 1 juin 2017, son successeur à la Maison-Blanche, le républicain Donald Trump,
annonce le retrait de son pays de l’Accord de Paris. Ce retrait devient officiel le
4 novembre 2020, soit le lendemain des élections qui consacrent finalement l’ancien
vice-président de B. Obama, Joe Biden, 46e président des États-Unis.
Comme candidat démocrate à la Maison-Blanche, J. Biden a indiqué à plusieurs reprises
son intention de faire revenir les États-Unis dans l’Accord de Paris. Le président élu en
a fait la demande officielle auprès de l’ONU le jour de son investiture, le 20 janvier 2021.
Les États-Unis reviendront trente jours plus tard dans l’Accord de Paris. J. Biden s’est
85
GIEC, « Réchauffement planétaire de 1,5°C. Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un
réchauffement planétaire de 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels et les trajectoires associées
d’émissions mondiales de gaz à effet de serre, dans le contexte du renforcement de la parade mondiale
au changement climatique, du développement durable et de la lutte contre la pauvreté. Résumé pour les
décideurs, Résumé technique et Foire aux questions », 2019, www.ipcc.ch, p. 14-15.
CH 2486-2487
LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 47
également engagé à faire adopter un objectif de neutralité carbone de son pays pour 2050
au plus tard, emboîtant ainsi le pas à d’autres gros pollueurs mondiaux tels que la Chine
(pour 2060), le Japon ou l’UE. Il s’agit là d’un signal fort mais insuffisant pour les
spécialistes de la question, qui estiment que même si l’action de la société civile états-
unienne (États, villes, entreprises, etc.) a permis de limiter les dégâts de l’administration
Trump sur la question climatique, seul un réengagement fédéral volontariste servi par
des objectifs ambitieux et la capacité d’influence des États-Unis sur d’autres pays gros
émetteurs (Australie, Brésil, Inde, etc.) permettrait d’envisager le respect de l’Accord de
Paris 86. Le poids réel de l’administration Biden dans les décisions prises sur ces dossiers
est crucial ; en cela, le fait d’avoir obtenu la majorité au Sénat, en janvier 2021, est un atout.
Car l’enjeu politique, économique et social est de taille pour le nouveau président : il ne
s’agit ni plus ni moins que de transformer le système énergétique des États-Unis, qui
sont aujourd’hui, en raison notamment de l’exploitation du gaz de schiste, le plus gros
producteur de pétrole et de gaz au monde.
Par ailleurs, certains spécialistes ne sont pas convaincus de la portée positive d’un retour
des États-Unis dans l’Accord de Paris. D’abord, parce que ce pays devra s’intégrer dans
une dynamique et des rapports de force déjà dessinés, avec la Chine et l’UE comme acteurs
principaux. Surtout, parce que ce va-et-vient états-unien décrédibilise l’importance et
87
la portée des accords internationaux sur le climat . Cela étant, les États-Unis sont un
acteur incontournable dans la lutte contre le réchauffement climatique et leur influence
sur les négociations est incontestable. La politique climatique qui sera adoptée par
l’administration Biden sera déterminante.
Dès 2016, une COP liée par l’Accord de Paris a lieu annuellement, en parallèle de la COP
liée par la CCNUCC. Il s’agit de la Conference of the Parties Serving as the Meeting of
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the Parties to the Paris Agreement (CMA).
Les COP postérieures à la COP21 doivent préparer la mise en œuvre effective de l’Accord
er
de Paris, qui doit prendre effet au plus tard le 1 janvier 2021, prenant ainsi le relais du
Protocole de Kyoto. Suite au Sommet de Paris, des mandats sont délivrés à plusieurs
organes pour avancer sur la concrétisation des grands axes dessinés par l’Accord. Des
organes sont ainsi constitués ou renforcés pour les volets « Adaptation » (Comité de
88 89
l’adaptation ), « Financement » (FVC et Comité permanent des finances ), « Partage
des technologies », « Transparence et comptabilisation », etc. Les organes subsidiaires de
la CCNUCC, à savoir l’OSAST et l’OSMEO, sont eux aussi mis à contribution : ils ont
reçu des mandats spécifiques supplémentaires pour la révision des mécanismes de marché
(qui régulent les échanges d’émissions de CO2 en permettant aux pays les moins pollueurs
86
A. GARRIC, V. MALINGRE, « Avec l’élection de Joe Biden aux États-Unis, “nous avons une chance d’éviter
87
les pires impacts du changement climatique” », Le Monde en ligne, 9 novembre 2020, www.lemonde.fr.
Y. BLAVIGNAT, « François Gemenne : “On ne peut pas dire que Joe Biden soit un grand
88
environnementaliste” », L’Express en ligne, 8 novembre 2020, www.lexpress.fr.
89
En anglais, Adaptation Committee.
En anglais, Standing Committee on Finance.
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48 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
de revendre des quotas à ceux qui émettent le plus). Enfin, un groupe de travail ad hoc sur
l’Accord de Paris est chargé de préparer la mise en œuvre de celui-ci et d’encadrer les
CMA à venir. À travers cette multiplication d’organes en charge de traduire l’Accord de
Paris en règles et en modalités pratiques, on assiste également à une complexification des
négociations à venir. Les sujets sur lesquels il faut aboutir ne manquent pas : comptabilité
des mesures d’atténuation et d’adaptation, mise au point d’un mécanisme d’observation
et de transparence, concrétisation du cycle quinquennal d’ambition, mise en place d’un
nouveau mécanisme de marché, mise en place d’un mécanisme international pour les
pertes et préjudices associés aux impacts des changements climatiques décidé à Varsovie,
etc.
Tous ces points sont abordés à Marrakech en 2016 lors de la COP22. Mais cette première
COP post-Accord de Paris doit surtout régler des problèmes organisationnels et de timing,
du fait que personne ne s’attendait à une ratification aussi rapide du texte négocié un an
plus tôt. Les Parties se mettent d’accord pour une mise en œuvre des règles de l’Accord
de Paris (« Paris Rulebook ») pour la fin de l’année 2018. Par ailleurs, une analyse a été
menée conjointement par les pays donateurs qui se sont engagés à un financement
climatique annuel en faveur des pays en développement de l’ordre de 100 milliards de
dollars à l’horizon 2020. Sur cette base, il apparaît que le financement public des pays
développés devrait passer de 41 milliards au cours de la période 2013-2014 à 67 milliards
d’ici 2020. L’analyse projette que, en couplant cette somme au financement mobilisé
par le secteur privé, les 100 milliards de dollars devraient être atteints en 2020. Sur cette
question, les ONG nuancent toutefois les avancées obtenues, en précisant que ces montants
incluent des prêts, qui sont d’ailleurs davantage en augmentation que les dons. Il est donc
difficile d’évaluer la valeur réelle des financements accordés. Par ailleurs, ces mêmes ONG
90
estiment que les besoins se chiffrent en milliers de milliards de dollars .
La COP23, à Bonn en 2017, est la première conférence climatique majeure à avoir lieu
sous la présidence d’un petit État insulaire, avec le soutien logistique de l’Allemagne : les
Îles Fidji. Cette COP se déroule dans une ambiance particulière, suite à l’annonce du
retrait des États-Unis de l’Accord de Paris. Le leadership des négociations revient alors
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à la Chine et à l’UE, alors que tous les regards se tournent déjà vers la COP24 qui se
déroulera à Katowice (Pologne).
Souhaitant donner l’exemple à la veille de celle-ci, le Conseil de l’Union européenne
91 92
approuve, le 4 décembre 2018, deux directives et un règlement , qui appartiennent
au paquet « Une énergie propre pour tous les Européens » et qui devront permettre une
90
R. WEIKMANS, J. TIMMONS ROBERTS, « The International Climate Finance Accounting Muddle », op. cit. ;
« Climat : la COP24 adopte les règles d’application de l’Accord de Paris », Le Monde en ligne, 15 décembre
91
2018, www.lemonde.fr.
Directive du Parlement européen et du Conseil modifiant la directive 2012/27/UE relative à l’efficacité
énergétique, PE-CONS 54/18, 21 novembre 2018 ; Directive du Parlement européen et du Conseil
relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables (refonte),
PE-CONS 48/18, 21 novembre 2018.
92
Résolution législative du Parlement européen du 13 novembre 2018 sur la proposition de règlement
du Parlement européen et du Conseil sur la gouvernance de l’union de l’énergie, modifiant la directive
94/22/CE, la directive 98/70/CE, la directive 2009/31/CE, le règlement (CE) n° 663/2009, le règlement
(CE) n° 715/2009, la directive 2009/73/CE, la directive 2009/119/CE du Conseil, la directive 2010/31/UE,
la directive 2012/27/UE, la directive 2013/30/UE et la directive (UE) 2015/652 du Conseil, et abrogeant
le règlement (UE) n° 525/2013, COM(2016)0759 – C8-0497/2016 – 2016/0375(COD).
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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 49
révision à la hausse de l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’UE
pour 2030, de 40 % à 45 %, par rapport à 1990.
Il est vrai que la COP24 concentre beaucoup d’attentes, même si la mobilisation politique
s’y révèle finalement assez timide, avec peu de représentants politiques de très haut
niveau présents. Malgré une présidence polonaise ressentie comme assez molle, et un
dépassement du timing officiel prévu d’environ trente heures, les négociations aboutissent
à un accord sur un cadre opérationnel pour l’Accord de Paris, intervenu trois ans plus tôt :
le « Paris Rulebook ». Cette étape cruciale permettra la mise en œuvre effective de l’accord
er
à partir du 1 janvier 2021.
En effet, ce manuel pratique indique ce qui doit figurer dans les contributions déterminées
au niveau national (CDN). Une fois rendues publiques, les contributions annoncées par
les Parties concernant le volet « Atténuation des émissions de gaz à effet de serre » ont
un caractère obligatoire, ce qui n’est pas le cas pour les contributions annoncées pour le
volet « Adaptation [aux changements climatiques] », dont la concrétisation repose toujours
sur une base volontaire. C’est là l’un des grands enjeux des négociations de la COP24,
et précédemment de l’Accord de Paris, car certains craignent que, de la sorte, les CDN
se limitent à une approche purement comptable de réduction des émissions.
Le « Paris Rulebook » explicite également le mécanisme de transparence auquel sont
soumises les Parties. Tous les deux ans, chaque pays devra préparer un rapport de
transparence, incluant un inventaire national sur les émissions de gaz à effet de serre, des
informations pour suivre les progrès dans la mise en œuvre des CDN et, le cas échéant,
des informations sur les actions d’adaptation et sur les soutiens fournis ou reçus. Les pays
seront tenus d’utiliser des méthodologies reconnues par le GIEC pour comptabiliser leurs
émissions de gaz à effet de serre secteur par secteur, ce qui permettra de renforcer la
fiabilité et la comparabilité du procédé. A posteriori, ces rapports seront ensuite soumis
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à une évaluation d’experts mais aussi des autres Parties (sous la forme de questions et
discussions). Des règles plus souples sont prévues pour les pays en développement. Le
premier de ces rapports bisannuels n’est toutefois attendu qu’en 2024.
Un autre élément central pour la concrétisation de l’Accord de Paris est l’organisation,
tous les cinq ans, d’un bilan mondial des actions menées pays par pays. Des critiques
concernent cependant le fait que la société civile serait insuffisamment impliquée dans
le processus.
Si les avancées obtenues lors de la COP de Katowice sont accueillies avec satisfaction par
les mandataires politiques, c’est l’inquiétude qui règne du côté des scientifiques, qui
estiment que la lutte contre les changements climatiques ne va pas assez loin et, surtout,
pas assez vite. Dans ce sens, ils évoquent les conclusions alarmantes du rapport spécial
CH 2486-2487
50 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
publié par le GIEC le 8 octobre 2018 93. Ce rapport étudie, suite à une demande émanant
de la COP21, les conséquences d’un réchauffement planétaire supérieur à 1,5°C par rapport
aux niveaux préindustriels. Selon ce rapport, limiter le réchauffement à 1,5°C implique
impérativement de diviser par deux des émissions de gaz à effet de serre au niveau
94
mondial d’ici 2030 et de tendre vers la neutralité carbone (émissions nettes nulles)
d’ici 2050.
Selon les scientifiques, le climat mondial s’est déjà réchauffé de 1°C environ en moyenne
par rapport à l’ère préindustrielle. Au rythme des émissions actuelles, le réchauffement
climatique atteindra 1,5°C entre 2030 et 2050. Or, sans rehaussement de l’ambition
des pays signataires de l’Accord de Paris et sans mise en œuvre immédiate des mesures
nécessaires, le réchauffement climatique global devrait atteindre 3°C d’ici 2100 (certains
scientifiques tablant même plutôt sur un réchauffement de l’ordre de 5°C). Seules, les
émissions passées de gaz à effet de serre ne conduisent pas à un réchauffement au-delà
de 1,5°C. Il est donc encore possible, du point de vue géophysique, de freiner la hausse de
la température globale et de limiter les dégâts pour l’humanité et pour l’environnement.
Lors de la présentation du rapport du GIEC, Jim Skea, membre de l’Imperial College of
Science, Technology and Medicine de Londres et co-président du Groupe de travail III
du GIEC, pointe du doigt la responsabilité des actuels décideurs politiques : « Les lois
de la physique et de la chimie permettent de limiter la hausse à 1,5°C, ainsi que les
technologies, le changement des modes de vie et les investissements. La dernière chose,
à laquelle les scientifiques ne peuvent répondre, c’est si c’est faisable politiquement et
institutionnellement ».
Les pays de l’OPEP, l’Arabie saoudite en tête, accueillent très mal ce rapport du GIEC.
Toutefois, suite à ce cri d’alarme des scientifiques, nombreux sont ceux qui espèrent des
promesses d’engagement fermes sur une hausse des ambitions État par État. En effet,
chaque Partie a jusqu’en 2020 pour soumettre une révision des contributions nationales
volontaires déposées dans le cadre de l’Accord de Paris en 2015. Les engagements pris
alors sont insuffisants, puisqu’ils mettent la planète sur une trajectoire de réchauffement
de 3°C dans le meilleur des cas. Suite au rapport du GIEC, les observateurs guettent un
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signal ferme annonçant déjà des objectifs revus à la hausse, sans attendre 2020. Ce ne sera
pas le cas. Seuls deux pays annoncent formellement leur intention de réviser à la hausse
leurs engagements climatiques à travers leur contribution nationale : les Îles Marshall et
les Îles Fidji. En parallèle, 25 pays, dont plusieurs pays de l’UE (Allemagne, Danemark,
Espagne, Finlande, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Suède, Royaume-Uni),
rassemblés au sein d’une « coalition de la haute ambition » créée lors de la COP21, signent
95
de leur côté une déclaration qui les engage à relever leur ambition climatique avant
la fin 2020 via leurs contributions nationales, leur stratégie de long terme et/ou des
actions de court terme.
93
GIEC, « Global Warming of 1,5°C. An IPCC special report on the impacts of global warming of 1.5°C above
pre-industrial levels and related global greenhouse gas emission pathways, in the context of strengthening
the global response to the threat of climate change, sustainable development, and efforts to eradicate
94
poverty », 2018.
Plus précisément, le rapport souligne la nécessité de réduire les émissions mondiales de 45 % d’ici 2030
95
par rapport à 2010.
High Ambition Coalition, « Statement on Stepping up Climate Ambition », Communiqué de presse,
12 décembre 2018, https://ec.europa.eu.
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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 51
Quant à elle, la question de la mise en place de nouvelles règles pour le marché du carbone
est reportée à plus tard. Le marché du carbone reste un mécanisme essentiel dans la
politique climatique internationale. Tout d’abord, en raison du fait que permettre aux
pays d’échanger des crédits d’émission assure une certaine flexibilité à cette politique
climatique menée au niveau mondial. Ensuite, parce que ce système permet au secteur de
l’aviation de s’acquitter de ses obligations en la matière (en achetant des droits d’émission).
Toutefois, ce système doit désormais être repensé. En effet, le Protocole de Kyoto, qui
n’imposait des objectifs de réduction qu’aux pays industrialisés, prévoyait des mécanismes
de marché (« mécanismes de flexibilité ») qui permettaient à ces pays de réaliser une partie
de leurs réductions d’émissions dans d’autres pays en échange de crédits d’émission. Mais
avec l’Accord de Paris, en vertu duquel toutes les Parties sont désormais censées assurer
leurs CDN, une révision du système est nécessaire. La grande difficulté réside ici dans
le fait que certains pays souhaiteraient ouvrir la porte à un système de double comptage
des quotas d’émissions échangés. Les réductions d’émission de gaz à effet de serre seraient
comptabilisées à la fois dans le pays les ayant réellement effectuées et dans celui ayant
réalisé l’achat de quotas d’émissions. Un tel procédé réduirait considérablement la portée
96
de l’Accord de Paris en surévaluant les réductions d’émission atteintes .
Un autre grand dossier n’a pas trouvé d’issue lors de la COP24, à savoir celui relatif
à la reconnaissance des pertes et dommages subis par les pays les plus vulnérables, porté
par le Mécanisme international de Varsovie pour les pertes et préjudices associés aux
impacts des changements climatiques (MIV). Enfin, un autre grand écueil de cet accord
sur le cadre opérationnel de l’Accord de Paris réside dans le fait que des principes clés,
tels que le respect des droits humains, la sécurité alimentaire et le principe de transition
juste, ne figurent pas dans le texte. Il s’agit là d’un pari très risqué, estime la société civile,
car de nombreuses actions de lutte contre le dérèglement climatique pourraient avoir
un impact sur ces droits.
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3.7. GLASGOW (2021), LA COP POST-POSÉE
96
Plateforme wallonne pour le GIEC, « De la COP25 à la COP26, en mode confiné », Lettre, n° 16, 2020,
https://plateforme-wallonne-giec.be.
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52 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
du marché du carbone n’est toujours pas tranchée. Les pays en développement demandent
qu’un pourcentage des unités échangées serve à financer leurs frais d’adaptation aux
changements climatiques. De leur côté, les pays développés sont prêts à accepter une
contribution volontaire aux frais d’adaptation, mais refusent un prélèvement obligatoire
et automatique des unités. Un autre souci réside dans le fait que la Chine, l’Inde et surtout
le Brésil ont accumulé un grand nombre de quotas sous le précédent régime de flexibilité
et souhaitent continuer à en disposer après 2020, quitte à affaiblir des objectifs déjà
insuffisants pour maintenir la hausse globale des températures bien en dessous de 2°C.
C’est à Glasgow, en Écosse, qu’est censée se tenir en 2020 la COP26, en partenariat avec
l’Italie. Toutefois, le 1er avril 2020, le secrétariat de la CCNUCC annonce que cette session
sera reportée d’un an en raison de la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19.
er
Finalement, la COP26 se déroulera en principe à Glasgow du 1 au 12 novembre 2021.
Les enjeux de cette nouvelle session sont importants. Cinq ans après la COP21, elle devait
être la première étape clé permettant de vérifier l’état d’avancement de la mise en œuvre
de l’Accord de Paris. Or une échéance importante dans le cadre des négociations
climatiques est passée quasiment inaperçue en cette année particulière de pandémie. Selon
l’Accord de Paris 97, les Parties avaient jusqu’au 9 février 2020 pour soumettre une révision
des contributions nationales déposées à l’occasion de l’Accord de Paris. Soit « au moins
neuf à douze mois avant la session pertinente de la Conférence des Parties agissant comme
réunion des Parties à l’Accord de Paris ». Avec le report de la COP26, cette date symbolique
est postposée d’un an également. Toutefois, il est frappant de constater que, au moment
de l’annonce du report de la COP 26, seules six Parties avaient déposé une version
actualisée de leurs contributions nationales : par ordre chronologique, les Îles Marshall
(qui ont déjà soumis une seconde version de leurs contributions), le Surinam (qui en est
également à sa seconde version), la Norvège, la Moldavie, Singapour et le Japon. Depuis
lors, ces six Parties ont été rejointes par 63 pays et l’Union européenne (comptant pour
une Partie) 98.
Sachant que, dans leur version actuelle, les contributions nationales ne permettent pas de
99
rencontrer collectivement l’objectif de l’Accord Paris , il sera particulièrement important
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de guetter les nouveaux engagements proposés avant la tenue de la COP26. À cet égard,
un rapport conjointement publié par la CCNUCC et le PNUD en septembre 2019 indique,
sans identifier nommément les pays concernés, que 75 Parties (comptant pour 37 % des
émissions mondiales) ont indiqué leur intention de revoir à la hausse l’ambition de leurs
contributions nationales, par l’adoption de mesures soit de réduction des émissions, soit
100
d’adaptation, soit à la foi de réduction des émissions et d’adaptation . En revanche,
122 Parties (représentant 63 % des émissions mondiales) n’envisagent pas une telle révision
à la hausse. D’ailleurs, 14 Parties (comptant pour 26 % des émissions mondiales)
n’envisageraient même pas de soumettre des contributions nationales révisées en 2020.
97
Décision 1/CP.21, § 25.
98
Décompte opéré le 9 mars 2021, à la clôture de la rédaction du présent Courrier hebdomadaire. Parmi
99
les 63 pays, 6 ont remis une seconde version de leurs contributions.
ONU, « Les engagements ne sont pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris »,
100
Communiqué (Changements climatiques), 26 février 2021, https://unfccc.int.
« The Heat is On. Taking Stock of Global Climate Ambition », NDC Global Outlook Report, 2019,
https://unfccc.int.
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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 53
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CH 2486-2487
CONCLUSION
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plus avant les mesures déjà prises : à la fin de l’année 2019, ils ont adopté le Pacte vert
(ou Green Deal) européen. Si des écueils légitimes subsistent dans la mise en pratique
concrète de tels grands plans d’action multilatéraux, ceux-ci ont au moins le mérite
d’exister, de fixer des objectifs et d’esquisser des lignes directrices. Sans surpasser les autres,
le climat est devenu l’une des questions incontournables que l’Union européenne souhaite
traiter. Mais les enjeux économiques, sociétaux et géopolitiques liés à la question du
réchauffement climatique global sont colossaux et, surtout, ils ne recouvrent pas les
mêmes difficultés d’adaptation d’une région du globe à l’autre, ni d’un pays à l’autre.
Si le dérèglement climatique concerne bel et bien la planète dans son entièreté, le défi que
représente le fait de parler d’une seule voix et d’agir d’une seule main au niveau mondial
reste entier. Observateur, le monde scientifique crie quant à lui à pleins poumons que
l’urgence d’agir n’est en rien rencontrée.
En 2020, l’urgence climatique a été presque complètement éclipsée par une autre urgence,
sanitaire et socio-économique celle-là : la lutte contre la pandémie de Covid-19 et ses effets.
er
Le 1 avril 2020, l’annonce d’un report de la Conférence des Parties (COP) est tombée.
La COP26 aura bien lieu à Glasgow, comme prévu initialement, mais en novembre 2021,
soit avec un an de retard. Comment analyser le poids d’une telle décision ? Dans un
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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 55
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ont refusé de prendre part au Protocole (tandis que, pour sa part, le Canada est revenu
sur ses engagements et a quitté le Protocole de Kyoto). Certes, le Protocole de Kyoto
a atteint les objectifs qu’il s’était fixés, mais n’aura concerné in fine qu’un nombre de
pays restreint, laissant les gros pollueurs en dehors du processus.
Cette opposition n’est pas la seule. Au sein des COP, se côtoient les petits États insulaires
et les États les moins avancés, touchés de plein fouet par le réchauffement global, et des
pays dont l’économie entière repose sur l’exploitation des énergies fossiles, comme les
pays de l’OPEP, les États-Unis (qui sont le plus gros producteur de pétrole au monde) et
la Chine (qui est à la fois très dépendante du charbon et leader dans les énergies solaires).
Si une année entière est bien nécessaire pour que les experts, à travers divers organes liés
à l’ONU, s’emploient à avancer sur les travaux et dilemmes en cours (financement,
objectifs, marché du carbone, etc.), les COP doivent réussir le tour de force de concilier,
en deux semaines de temps, des divergences de vues extrêmes. Les groupes de travail
annexes et les discussions de couloirs tiennent ici leur rôle, mais il est bon de rappeler
que, à ce jeu-là, toutes les délégations présentes ne disposent pas des mêmes moyens ni
du même nombre de représentants. Qu’à cela ne tienne, au bout de ces deux semaines,
souvent avec du retard sur le planning annoncé et dans un élan de dramatisation devenu
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56 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
coutumier, chaque COP présente son lot de décisions, plus ou moins marquantes et
obtenues par voie de consensus.
Outre cette difficulté de concilier les intérêts de chacun pour une cause commune, la
question du caractère contraignant ou volontaire des grands traités adoptés par la COP
porte elle aussi une responsabilité dans l’impuissance à agir vite. Le Protocole de Kyoto
imposait, par le haut, des objectifs aux pays industrialisés. Si la démarche avait pour
avantage d’offrir un timing transparent des objectifs à atteindre, son caractère contraignant
a braqué les États-Unis, et d’autres dans leur sillage, et a empêché qu’un accord mondial
impliquant toutes les Parties ne voie le jour. Prenant le relais du Protocole de Kyoto,
l’Accord de Paris s’appuie sur une architecture toute différente : ce sont les Parties elles-
mêmes, et l’ensemble des Parties, qui soumettent à la COP des contributions nationales
volontaires de réduction d’émissions et/ou d’adaptation aux changements climatiques.
En cela, l’Accord de Paris fédère l’ensemble des Parties signataires, ce qui est une avancée
énorme. La source des craintes se situe désormais ailleurs, à savoir dans la capacité dont
feront preuve les États pour se mobiliser et proposer des engagements suffisamment
ambitieux pour atteindre l’objectif commun qu’ils se sont fixé, à savoir maintenir la
hausse des températures mondiales dans une fourchette comprise entre 1,5°C et « bien
en dessous » de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. Pour l’heure, il n’en est rien,
puisque les rapports publiés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution
du climat (GIEC), qui apporte une assise scientifique aux travaux de la COP, font état
d’un réchauffement global, sur la base des contributions volontaires des États enregistrées
lors de l’Accord de Paris, de l’ordre de 3°C dans le meilleur des cas. Afin d’infléchir cette
tendance, les Parties sont tenues de réviser à la hausse, tous les cinq ans, leurs contributions
nationales volontaires.
Mais le processus reste fragile. Le caractère contraignant de l’Accord de Paris se borne
au poids moral qu’exercent, sur chaque Partie, les observateurs internationaux, l’opinion
publique, la société civile et les autres Parties. Après le retrait des États-Unis sous l’ère
du président républicain Donald Trump, le retour de ce pays dans l’Accord de Paris,
suite à l’élection du démocrate Joe Biden à la Maison-Blanche, constitue un événement
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positif en termes d’ambitions et de mobilisation des grands acteurs internationaux. Mais
la chose ne sera pas aisée pour le nouveau président états-unien, alors que l’enjeu politique,
économique et social est de taille s’il souhaite que la présence des États-Unis pèse
réellement dans l’Accord de Paris. Pour porter des objectifs ambitieux, il ne s’agit ni plus
ni moins que de tourner le dos au système énergétique en place aux États-Unis (pays qui
est entre autres devenu, par l’exploitation du gaz de schiste, le plus gros producteur de
gaz au monde). Par ailleurs, certains spécialistes ne sont pas convaincus de la portée
positive d’un retour des États-Unis dans l’Accord de Paris. D’une part, parce que ce pays
devra s’intégrer dans une dynamique et des rapports de force déjà dessinés, avec la Chine
et l’Union européenne comme acteurs principaux. D’autre part et surtout, car ce va-et-
vient des États-Unis, comme le retrait du Canada du Protocole de Kyoto, décrédibiliserait
l’importance et la portée des accords internationaux sur le climat.
En dépit des griefs et des difficultés, le rendez-vous annuel qu’est la COP reste primordial
pour donner un cadre à la politique climatique internationale. Il n’existe aucune instance
supra-mondiale ayant le pouvoir de dicter et d’imposer une politique climatique pays
par pays. Cette ingérence ne serait tolérée par aucun État. Faute de mieux, et malgré une
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LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES 57
lenteur désespérante liée au procédé, c’est donc par voie de négociations et de consensus
que les Parties doivent concilier des intérêts divergents pour un objectif commun.
La COP26, qui devait se tenir à Glasgow fin 2020 et a été reportée d’un an, comptait
plusieurs objectifs majeurs à son agenda, comme la mise en place d’un nouveau mécanisme
de marché sur lequel reposent les échanges de quotas d’émissions d’un pays à l’autre et
le lancement des négociations visant à définir de nouveaux engagements en matière de
financement envers les pays en développement. Surtout, cette COP devait être la première
étape clé permettant de mesurer l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’Accord
de Paris, intervenu cinq ans auparavant. À cet égard, les Parties avaient jusqu’au mois de
février 2020 pour remettre une version révisée de leurs contributions nationales volontaires
déposées à Paris en 2015. Avec le report de la COP26, cette date symbolique a été reportée
d’un an également. Toutefois, il est inquiétant de constater que, au moment de l’annonce
du report, seules six Parties avaient effectivement remis leur copie.
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ANNEXES
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2000 : COP6 à La Hague
2001 : COP6bis à Bonn ; COP7 à Marrakech ; publication du troisième rapport
d’évaluation du GIEC
2002 : COP8 à New Delhi
2003 : COP9 à Milan
2004 : COP10 à Buenos Aires
2005 : COP11 à Montréal ; entrée en vigueur du Protocole de Kyoto
2006 : COP12 à Nairobi
2007 : COP13 à Bali ; publication du quatrième rapport d’évaluation du GIEC
2008 : COP14 à Poznań
2009 : COP15 à Copenhague
2010 : COP16 à Cancún
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60 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Termes en français
AIE : Agence internationale de l’énergie
AIEA : Agence internationale de l’énergie atomique
ANV-COP21 : Action non violente COP21
CACAM : groupe de pays d’Asie centrale, du Caucase, de l’Albanie et de la Moldavie
CCNUCC : Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques
CDB : Convention sur la diversité biologique
CDN : contributions déterminées au niveau national
CIS : Conseil international des sciences
CIUS : Conseil international des unions scientifiques
CLD : Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification
CMP : Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties au Protocole de Kyoto
CNUED : Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement
CNUEH : Conférence des Nations unies sur l’environnement humain
COI : Commission océanographique intergouvernementale
CPDN : contributions prévues déterminées au niveau national
FA : Fonds pour l’adaptation
FEM : Fonds pour l’environnement mondial
FPMA : Fonds pour les pays les moins avancés
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FSCC : Fonds spécial pour les changements climatiques
FVC : Fonds vert pour le climat
G-77 : Groupe des 77
GIEC : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
MDP : Mécanisme de développement propre
MIV : Mécanisme international de Varsovie pour les pertes et préjudices associés aux
impacts des changements climatiques
MOC : Mise en œuvre conjointe
OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques
OIG : organisation intergouvernementale
OMI : Organisation météorologique internationale
OMM : Organisation météorologique mondiale
ONG : organisation non gouvernementale
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Termes en anglais
AOSIS : Alliance of Small Island States (Alliance des petits États insulaires)
BINGO : Business and Industry NGOs (ONG des affaires et de l’industrie)
CAN : Climate Action Network (Réseau d’action en faveur du climat)
CMA : Conference of the Parties Serving as the Meeting of the Parties to the Paris
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Agreement (Conférence des Parties dans le cadre de l’Accord de Paris)
COP : Conference of Parties (Conférence des Parties)
ENGO : Environmental NGOs (ONG environnementales)
IPO : Indigenous People Organizations (Organisations des populations indigènes)
LGMA : Local Government and Municipal Authorities (Groupe des autorités locales)
NGGIP : National Greenhouse Gas Inventories Programme (ensemble méthodologique
concernant les inventaires nationaux des émissions de gaz à effet de serre)
RINGO : Research and Independent NGOs (Groupe des ONG de recherche et des ONG
indépendantes)
TUNGO : Trade Union NGOs (Groupe des organisations syndicales)
WWF : World Wildlife Fund, puis World Wide Fund for Nature
YOUNGO : Youth NGOs (Groupe des ONG représentant les jeunes)
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62 LES COP SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Équivalent CO2
Parties Pourcentage Année
en Gg
Afghanistan 19 328 0,05 2005
Afrique du Sud 544 314 1,46 2010
Albanie 6 717 0,02 2000
Algérie 111 023 0,30 2000
Allemagne * 950 673 2,56 2013
Andorre 522 0,00 2011
Angola 61 611 0,17 2005
Antigua-et-Barbuda 598 0,00 2000
Arabie saoudite 296 060 0,80 2000
Argentine 332 499 0,89 2010
Arménie 7 464 0,02 2010
Australie 541 924 1,46 2013
Autriche * 79 599 0,21 2013
Azerbaïdjan 48 209 0,13 2010
Bahamas 688 0,00 2000
Bahreïn 22 373 0,06 2000
Bangladesh 99 442 0,27 2005
Barbade 4 056 0,01 1997
Bélarus 89 283 0,24 2012
Belgique * 119 424 0,32 2013
Belize 1 133 0,00 2000
Bénin 6 251 0,02 2000
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Bhoutan 1 556 0,00 2000
Bolivie (État plurinational de) 43 665 0,12 2004
Bosnie-Herzégovine 31 095 0,08 2011
Botswana 6 140 0,02 2000
Brésil 923 544 2,48 2010
Brunéi Darussalam n.d. n/a n/a
Bulgarie * 55 893 0,15 2013
Burkina Faso 21 593 0,06 2007
Burundi 26 474 0,07 2005
Cabo Verde 448 0,00 2000
Cambodge 12 763 0,03 1994
Cameroun 165 725 0,45 1994
Canada 726 051 1,95 2013
Chili 91 576 0,25 2010
Chine 7 465 862 20,09 2005
Chypre * 8 319 0,02 2013
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Géorgie 12 219 0,03 2006
Ghana 33 660 0,09 2012
Grèce * 105 111 0,28 2013
Grenade 1 607 0,00 1994
Guatemala 14 742 0,04 1990
Guinée 5 058 0,01 1994
Guinée équatoriale n.d. n/a n/a
Guinée-Bissau 6 078 0,02 2006
Guyane 3 072 0,01 2004
Haïti 6 683 0,02 2000
Honduras 10 298 0,03 2000
Hongrie * 57 428 0,15 2013
îles Cook 70 0,00 2006
Îles Marshall 170 0,00 2010
Îles Salomon 294 0,00 1994
Inde 1 523 767 4,10 2000
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Mali 11 742 0,03 2006
Malte * 2 788 0,01 2013
Maroc 59 700 0,16 2000
Maurice 4 758 0,01 2006
Mauritanie 6 863 0,02 2012
Mexique 632 880 1,70 2013
Micronésie (États fédérés de) 174 0,00 2000
Monaco 93 0,00 2012
Mongolie 17 711 0,05 2006
Monténégro 3 865 0,01 2011
Mozambique 8 224 0,02 1994
Myanmar 38 375 0,10 2005
Namibie 5 180 0,01 2010
Nauru 19 0,00 2000
Népal 24 541 0,07 2000
Nicaragua 11 981 0,03 2000
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de Corée
République tchèque * 127 144 0,34 2013
République-Unie de Tanzanie 40 506 0,11 1990
Roumanie * 110 928 0,30 2013
Royaume-Uni de Grande-Bretagne
575 696 1,55 2013
et d’Irlande du Nord *
Rwanda 6 180 0,02 2005
Sainte-Lucie 551 0,00 2000
Saint-Kitts-et-Nevis 164 0,00 1994
Saint-Marin 267 0,00 2010
Saint-Vincent-et-les Grenadines 410 0,00 1997
Samoa 352 0,00 2007
Sao Tomé-et-Principe 99 0,00 2005
Sénégal 16 882 0,05 2000
Serbie 66 342 0,18 1998
Seychelles 330 0,00 2000
Sierra Leone 365 107 0,98 2000
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Yémen 25 742 0,07 2000
Zambie 14 405 0,04 2000
Zimbabwe 68 541 0,18 2000
Total 37 168 339 100
Note : Données fondées sur les quantités les plus récentes communiquées par les Parties dans leurs communications
nationales, leurs rapports d’inventaire des gaz à effet de serre, leurs rapports biennaux ou leurs rapports biennaux
actualisés. Puisque, dans de nombreux cas, les quantités communiquées par les Parties ne comprenaient pas des
données sur les émissions par les sources et les absorptions par les puits résultant d’activités liées à l’utilisation des
terres, au changement d’affectation des terres et à la foresterie, ou, lorsque cela était le cas, ces émissions par les sources
et ces absorptions par les puits avaient été estimées en suivant différentes méthodes, ces informations n’ont pas été
prises en compte. En outre, puisque les quantités communiquées portent sur plusieurs années, le volume total
communiqué dans le présent tableau devrait être utilisé aux seules fins de l’article 21 de l’Accord de Paris car il ne
représente pas une estimation exacte des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Gg = gigagrammes (1 000 000 000 grammes, ou 1 000 000 kilogrammes).
* État membre de l’Union européenne. Les émissions de l’Union européenne s’établissaient à 4 488 404 gigagrammes
en 2013, soit le total des émissions de ses États membres dans le présent tableau, ce qui correspond à 12,08 % du
volume total des émissions indiqué dans celui-ci. Les émissions de l’Union européenne ne sont pas comptabilisées
en sus de celles de ses États membres.
Source : « Convention-cadre sur les changements climatiques. Rapport de la Conférence des Parties sur sa
vingt-et-unième session, tenue à Paris du 30 novembre au 13 décembre 2015 », FCCC/CP/2015/10,
p. 32-37, https://unfccc.int.
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CENTRE DE RECHERCHE ET D’INFORMATION
SOCIO-POLITIQUES
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la qualité est établie et reconnue depuis plus de 60 ans.
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Luc Huyse, Steven Dhondt, Bruno De Wever, Koen Aerts
et Pieter Lagrou
2467-2468 Les partis frères en Belgique : les relations entre le CDH et le CD&V
Benjamin Biard