CHAPITRE
Les caractéristiques des groupes
12 sociaux
◗◗But pédagogique
et structure du chapitre
Ce chapitre correspond aux points 2.1 de la partie
« Sociologie générale et sociologie politique » du
programme.
Le but de ce chapitre est de montrer le lien entre
l’individu et la société, l’individuel et le collec-
tif, par l’intermédiaire de l’inscription des indi-
vidus dans des groupes sociaux. La notion de
groupes sociaux est conçue par le programme de
manière très large et interroge donc sur les groupes
comme « catégories », qu’elles soient observées
ou saisies par les statistiques. Lorsque l’on parle
de « groupes », peut-on considérer seulement que
l’on a classé les individus selon certains critères
(1re double page) ? En allant plus loin, on peut
s’interroger sur la réalité plus profonde de ces
groupes, et réfléchir à la manière dont les indi-
vidus peuvent se sentir appartenir à un groupe,
que cette appartenance soir réelle ou souhaitée
(2e double page). Enfin, on peut se demander
comment se différencient les différents groupes
sociaux (3e double page).
Le sujet proposé en fin du chapitre est une épreuve
composée, avec les trois exercices de type Bac. La
première partie propose deux questions de mobi-
lisation des connaissances qui permettent de réin-
vestir les notions et connaissances abordées dans
le chapitre en développant une réponse argumen-
tée. La deuxième partie est une étude de document
et interroge sur la maîtrise des outils statistiques
(lecture de proportions, sélection et comparai-
son de données). Enfin, la troisième partie est le
raisonnement s’appuyant sur un dossier documen-
taire, destinée à s’entraîner à la construction d’un
raisonnement argumenté et structuré, qui mobilise
les connaissances, théories et mécanismes relatifs
au chapitre.
◗◗Liens avec d’autres chapitres
Les liens avec les autres chapitres de la socio-
logie générale sont assez évidents : il va de soi
que ce chapitre s’inscrit dans le prolongement du
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››MANUEL, PAGES 210-223
chapitre 11 puisque, par essence, la socialisation
est l’apprentissage de la vie en société qui passe
inévitablement par le « groupe » social, même si
la forme des groupes diffère.
Ainsi, nous avions dans le chapitre 11 plusieurs
documents sur la famille, le groupe scolaire, le
groupe d’appartenance religieuse, le groupe des
pairs, les groupes professionnel et social. On peut
donc s’y référer à nouveau, en insistant davantage
sur la réalité et la structure de ces groupes.
Il est aussi très important de le relier aux chapitres
13 et 14 puisque la considération des individus
appartenant à des groupes sociaux aux attributs
spécifiques est aujourd’hui relayée par une repré-
sentation de la société sous forme de réseaux :
une réflexion sur la structure de la société par
attributs ou par trajectoires peut être menée avec
les élèves lorsque le chapitre 12 aura été bien
compris. Le lien avec le chapitre 14 est également
important puisque souvent les phénomènes de
déviance renvoient à la transgression de la norme
d’un groupe.
Enfin, on pourra faire le lien avec le chapitre de
sociologie politique au travers de l’appartenance
citoyenne à l’État et à la nation (chapitre 15).
◗◗Réponses aux questions
Ouverture de chapitre
››MANUEL, PAGES 210-211
Doc. 1 – Diplômés de l’Université
d’Harvard en 2010
Doc. 2 – Une photo de famille
• Comparez la situation des individus
des documents 1 et 2.
Dans le document 1, il s’agit des étudiants de la
promotion 2010 d’Harvard. Les liens les unis-
sant sont plus lâches et peut être moins appelés à
s’inscrire dans la durée que dans la famille (père-
mère-enfants sur le doc. 2), où les liens affectifs
sont très forts et durables.
• Caractérisez les relations qui existent
entre les individus sur chaque photographie.
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 On peut utiliser le mot « groupe » dans les deux
cas. Dans le premier cas, il s’agit d’un groupe dont
les individus sont reliés par le fait d’appartenir à
la même promotion d’une université prestigieuse.
Le sentiment d’appartenance peut être fort. Les
liens du groupe familial sont pérennes, fondés
sur de multiples points communs structurant des
champs très étendus de la vie.
Doc. 3 – L’habit fait-il le moine ?
• Selon vous, à quel groupe social ces hommes
semblent-ils appartenir ?
La photographie représente 6  personnes
(5 hommes et une femme) avec en arrière-plan
les buildings de Manhattan. Les hommes portent
des costumes et la cravate. Cette tenue laisse à
penser que ces individus appartiennent au groupe
social des cadres. Ce sont des analystes financiers
d’une grande banque d’investissement dans le
film Margin Call.
1. Qu’est-ce qu’un groupe social ?
››MANUEL, PAGES 212-213
Découvrir – Les lycéens sont-ils un groupe
social ?
a. Que font ces jeunes ?
Il s’agit de lycéens en train de consulter l’affichage
des résultats au Baccalauréat.
b. Ces personnes se connaissent-elles ?
Certaines de ces personnes se connaissent sans
doute, si elles appartenaient à la même classe de
Terminale. Mais tous les élèves de Terminale ne
se connaissent pas forcément. Dans ce cas, leur
interaction est faible et se borne à des conversa-
tions autour des résultats.
c. Peuvent-elles constituer un groupe social ?
Elles constituent un groupe social par leur appar-
tenance à une classe d’âge, la conscience de
faire partie d’un ensemble (ceux qui ont réussi
le Baccalauréat).
Doc. 1 – Les habitants de Saint-Pol
1. Lire. Qu’est-ce qui caractérise l’unité
des habitants de Saint-Pol ?
Les Saint-Polais partagent certains points de
vue : « même culte », « même terreur des mêmes
idées », « même curiosité des mêmes détails ». Il
y a donc une « unité ».
2. Décrire. Quels individus particuliers l’auteur décrit-il ?
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Il décrit des «  ouvriers  », un «  militaire  »,
« quelques vieilles dévotes », les musiciens d’un
« orphéon ».
3. Expliquer. Que signifie la phrase soulignée ?
Le métier du sociologue est d’observer la société
puis de trouver des régularités et de les classer
(cf. les « hordes » de Durkheim dans Les Règles de
la méthode sociologique). La phrase signifie qu’en
observant l’orphéon, les dévotes, les ouvriers, le
militaire, etc., le sociologue fait des groupes avec
des critères d’appartenance d’ordre professionnel,
culturel, religieux, etc.
4. Déduire. Que signifie la dernière phrase du texte ?
La société de Saint-Pol est faite de nombreux
petits groupes sociaux (de natures différentes)
qui ont leurs spécificités et en même temps se
superposent, créant le tissu social de la ville.
Doc. 2 – Population en emploi
selon le sexe et la CSP en 2012
5. Lire. Rédigez une phrase présentant les informations
apportées par les données en rouge.
Selon l’Enquête emploi de l’Insee, les agriculteurs
exploitants représentaient 2 % de l’ensemble de
la population en emploi en 2012. Environ un tiers
des hommes actifs ayant un emploi (32,1 %) était
ouvrier en 2012.
6. Illustrer. Citez deux métiers pour les CSP
« Professions intermédiaires » et « Employés ».
Professions intermédiaires : infirmière, psycho-
logue scolaire, instituteur, technicien, etc.
Employés : vendeur dans un magasin, secrétaire,
assistante de gestion, etc.
7. Décrire. Quelle est la CSP dont la part est la plus
importante ? Identifiez ses caractéristiques.
La CSP la plus importante statistiquement
aujourd’hui est la catégorie des employés.
Ils représentent 28,1  % des actifs occupés
aujourd’hui. Il s’agit d’une CSP fortement fémi-
nisée (45,2 % des femmes actives appartiennent à
cette catégorie), peu qualifiée et dont les emplois
sont souvent à temps partiel.
8. Justifier. Quel est l’intérêt de répartir
les individus au sein des CSP ?
Les CSP constituent un outil pratique pour étudier
la population française. Elles sont utilisées dans de
nombreuses enquêtes et permettent d’étudier les
comportements économiques, sociaux ou démo-
graphiques des individus. Il s’agit d’une simpli-
fication du réel.
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 Doc. 3 – Les classes d’âge : un groupe social ?
9. Analyser. Pourquoi peut-on dire que les classes d’âge
dans la société Masaï constituent des groupes sociaux ?
Les classes d’âge dans la société Masaï consti-
tuent des groupes sociaux car chaque classe d’âge
a ses normes de comportements, ses droits et ses
devoirs. Les hommes passent successivement dans
cinq classes d’âge : enfants, jeunes guerriers, guer-
riers adultes, jeunes aînés puis aînés. Le passage
d’une classe à l’autre est accompagné de rites
initiatiques, qui marquent le changement d’ap-
partenance. Ce sont les anciens qui prennent les
décisions pour l’ensemble du groupe.
10. Justifier. En France, l’INSEE répartit la population
en tranches d’âge (0-19 ans, 20-59 ans, etc.). Selon vous,
la tranche 20-59 ans constitue-t-elle un groupe social ?
20 ans est l’âge à partir duquel la moitié seule-
ment d’une tranche d’âge est scolarisée : 78 %
le sont à 18 ans, 64 % à 19 ans et 51 % à 20
ans (Insee). 59 ans révolus correspondent à l’âge
légal de la retraite, même si les récentes mesures
le prolongent de fait. Cela correspond donc à la
classe d’âge des actifs. Cependant cette tranche
20-59 ans correspond davantage à la notion de
catégorie que de groupe social car il n’existe pas
de lien réel entre les personnes de ce groupe d’âge.
Il n’y pas (ou peu) de conscience collective qui
s’exprime, les modes de vie des jeunes actifs sont
très différents des modes de vie des actifs les plus
âgés.
Doc. 4 – Le point sur… la définition
du groupe
11. Illustrer. Donnez des exemples de groupes
fondés sur des liens fonctionnels entre les individus
puis sur des croyances communes.
Dans une entreprise, les liens fonctionnels
désignent les relations existant entre les sala-
riés opérant dans les différents services (service
commercial, service comptabilité, service des
ressources humaines…). Ils qualifient les rela-
tions d’échange entre des personnes partageant
un savoir-faire et des compétences. Les salariés
de l’entreprise forment ainsi un groupe organisé
dans la coopération et le travail collectif.
L’adhésion à des valeurs et des croyances
communes caractérise par exemple les groupes
confessionnels, elle oriente leurs manières de
penser et d’agir et induit des pratiques communes.
Le sentiment d’appartenance communautaire peut
être fort, la pensée du groupe exerce une forte
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influence sur l’individu. Cette pression à l’unifor-
mité poussée à son extrême peut conduire à une
dépersonnalisation des individus (dérive sectaire).
12. Décrire. À quelle(s) occasion(s) un simple ensemble
d’individus peut-il se constituer en groupe ?
Un simple ensemble d’individus peut se consti-
tuer un groupe, s’ils développent le sentiment
d’appartenir au groupe et si les autres les iden-
tifient comme faisant partie d’un groupe. Ainsi,
l’ensemble des personnes qui forment une file
d’attente au bureau de poste peut se transformer
en groupe lorsque, se mettant à interagir entre
elles, ces personnes vont échanger leurs représen-
tations du service public et s’organiser pour enga-
ger ensemble une action de contestation visant à
obtenir que plus de guichets soient ouverts. C’est
donc dans l’interdépendance de ses membres
qu’un groupe se forme.
BILAN
Faire le point
Comment peut-on différencier un ensemble
de personnes d’un groupe social ?
Un groupe social se définit par des caractéris-
tiques communes telles que l’âge, le milieu social,
des objectifs communs, une conscience collective
plus ou moins marqué et des relations internes et
externes. Ces éléments distinguent le groupe social
d’un simple ensemble d’individus sans interaction
entre eux ou sans caractéristiques communes (par
exemple la file d’attente au cinéma) ou de catégo-
ries statistiques, telles que les CSP, qui n’ont pas
d’existence réelle. Le groupe est donc plus qu’une
simple somme d’individus puisqu’il implique une
relation sociale entre ces individus.
2. Comment différencier groupe
d’appartenance et groupe
de référence ?
››MANUEL, PAGES 214-215
Découvrir – D’un groupe à l’autre
a. Quel est le groupe social d’origine de Franck ?
Franck est un fils d’ouvrier. Son groupe social
d’origine est donc celui des ouvriers (classe
populaire).
b. À quel groupe, ses études en école de commerce
devraient-elles lui permettre d’appartenir ?
En sortant de l’école de commerce, Franck a
obtenu un stage à la direction des ressources
humaines de l’entreprise de son père. À terme, il
17/07/15 15:14
 devrait obtenir un statut de cadre, et donc rejoindre
le groupe social correspondant.
c. Cela risque-t-il de lui poser des problèmes ? Lesquels ?
Le passage du groupe des « cols bleus » à celui des
« cols blancs » peut lui poser un certain nombre
de problèmes. Ses anciens camarades peuvent le
voir comme un déserteur, un traître qui a aban-
donné son groupe social d’origine. Vis-à-vis de
son nouveau groupe social, il n’en maîtrisera sans
doute pas les codes, les normes et les valeurs, ce
qui peut rendre son intégration difficile.
Doc. 1 – Renforcer le sentiment
d’appartenance
1. Décrire. En quoi le Bal des Débutantes
participe-t-il à la socialisation de ces jeunes filles ?
Le Bal des Débutantes participe à la socialisation
de ces jeunes filles en les mettant en présence
d’autres membres de leur groupe d’appartenance.
Tout comme dans les rallyes, il s’agit de préserver
la cohérence culturelle et identitaire de ce groupe
social très aisé. On veille ainsi à ce que les jeunes
participants intègrent ce qui les rendra capables
de vivre dans ce monde et d’en saisir les codes
réservés aux initiés, se constituent un ensemble
de relations indispensables pour tenir son rang
et assurent par leur union une certaine protec-
tion du patrimoine matériel et social. On essaie
aussi de faire assimiler aux jeunes filles l’élégance
« naturelle » qui doit être associée à des valeurs
d’humilité, de rigueur et de probité. On peut donc
considérer que le Bal des Débutantes complète et
renforce la socialisation familiale.
2. Analyser. Contribue-t-il au renforcement du sentiment
d’appartenance à ce groupe social ?
Le Bal des Débutantes contribue à renforcer le
sentiment d’appartenance puisque les jeunes filles
y apprennent à se conformer aux codes vestimen-
taires, à maîtriser leurs corps et leurs affects, à
connaître leur semblable, à identifier les parte-
naires possibles en vue de relations amicales ou
affectives, à valoriser son propre milieu social et
à en discerner les limites.
Ce genre de manifestation n’est absolument pas
public et pour pouvoir y assister, il est nécessaire
d’avoir reçu son carton d’invitation, ce qui déli-
mite clairement les contours du groupe.
3. Justifier. Pensez-vous que pour ces jeunes filles
le groupe d’appartenance et le groupe de référence
sont concordants ?
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Pour ces jeunes filles, toutes issues d’un milieu
social très aisé, le groupe d’appartenance et le
groupe de référence sont concordants. Toute leur
éducation a été orientée autour du développement
du sentiment d’appartenance.
Doc. 2 – La recherche d’ascension sociale
4. Décrire. À quel groupe social Monsieur Jourdain
appartient-il et à quel groupe cherche-t-il à appartenir ?
Monsieur Jourdain appartient à la Bourgeoisie
et désire rejoindre les rangs de la Noblesse. Le
Bourgeois Gentilhomme écrit en 1682 par Molière
décrit l’attraction qu’exerce la Noblesse sur la
Bourgeoisie : les membres de cette dernière étant
parvenus à la prospérité financière, aspirent dès
lors aux honneurs.
5. Justifier. Pourquoi Monsieur Jourdain
prend-il des cours de danse et d’escrime ?
Monsieur Jourdain prend des cours de danse et
d’escrime parce qu’il veut acquérir les normes et
les valeurs de l’aristocratie. Il pense qu’en s’im-
prégnant du mode de vie de la Noblesse, il pourra
plus facilement rejoindre ses rangs. C’est aussi
pour cela qu’il étudie la philosophie et la musique
et qu’il fait venir son tailleur pour adapter sa tenue
à ses nouvelles aspirations.
6. Analyser. En quoi le groupe de référence
peut-il participer à la socialisation d’un individu ?
On voit ici qu’en imitant les normes de son groupe
de référence (l’aristocratie) que Monsieur Jour-
dain essaie de s’approprier de façon plus ou moins
heureuse les manières de vivre de ce groupe. Ce
faisant, il intègre de nouvelles normes qui vont
modifier sa socialisation primaire. L’adhésion aux
normes du groupe a une fonction de socialisation
anticipatrice.
Doc. 3 – Le point sur… les groupes
d’appartenance et de référence
7. Définir. Quelle est la signification de l’expression
« frustration relative » ?
Le premier à avoir évoqué la notion de « frustra-
tion relative » est A. de Tocqueville, dans L’Ancien
Régime et la Révolution. Elle est liée selon lui, à la
croissance des espérances favorisée par la démo-
cratisation. On peut la définir comme l’écart perçu
par les individus entre les biens ou les positions
auxquels ils estiment avoir droit et ceux qu’ils
pensent pouvoir obtenir.
Le sociologue Ted Gurr lie l’action collective à
l’intensité de la frustration relative (Pourquoi les
17/07/15 15:14
 hommes se rebellent-ils ? 1960) : plus la frustra-
tion est intense et généralisée au sein de la popu-
lation et plus la contestation sera forte.
8. Justifier. Pourquoi un individu peut-il avoir un groupe
de référence différent de son groupe d’appartenance ?
Il y a deux raisons principales pour que l’individu
choisisse un groupe de référence différent du sien :
– il peut se sentir rejeté par les autres membres du
groupe : il va alors chercher une reconnaissance
sociale auprès d’un autre groupe ;
– il se sent attiré par un autre groupe qui bénéficie
d’un prestige plus grand que celui de son groupe
d’appartenance, et au sein duquel il espère être
prochainement promu.
9. Illustrer. Donnez des exemples de situation
où le groupe de référence est différent du groupe
d’appartenance.
Exemples de situation où le groupe de référence
est différent du groupe d’appartenance : l’employé
qui prend comme groupe de référence les cadres
de l’entreprise, l’intellectuel engagé qui s’iden-
tifie à la classe ouvrière, l’enfant d’immigré qui
connaît une acculturation…
BILAN
Faire le point
Comment expliquer le fait que le groupe d’apparte-
nance de l’individu ne soit pas toujours son groupe de
référence ?
Les individus sont confrontés à différents modèles
culturels et ce dès leur plus jeune âge. Ainsi, les
enfants de milieu populaire se voient proposer à
l’école les modèles de la classe moyenne. Ces
modèles culturels différents, et parfois contra-
dictoires, amènent l’individu à réfléchir et à se
situer socialement : il peut parfois être amené à
choisir un processus de socialisation anticipa-
trice, c’est-à-dire qu’il va chercher à adopter les
normes et les valeurs du groupe de référence, celui
auquel il souhaite appartenir. Cependant, adop-
ter ces normes et ces valeurs ne lui garantit pas
d’accéder à ce groupe de référence. Son groupe
d’appartenance peut donc demeurer durablement
différent de son groupe de référence, ce qui peut
engendrer de la frustration relative.
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3. Comment les groupes sociaux
se distinguent-ils ?
››MANUEL, PAGES 216-217
Découvrir – Entre voisins
a. Quel est le principe de la « fête des voisins » ?
La Fête des voisins est une fête qui a pour but de
permettre à des voisins de se rencontrer de façon
conviviale.
b. En quoi cette manifestation contribue-t-elle
à constituer un groupe social ?
Cette fête permet de rompre l’isolement qui
gagnerait de plus en plus les villes et de tenter de
créer un sentiment d’appartenance à un groupe
(les habitants de l’immeuble, du quartier). Cela
crée de l’interaction entre les individus et la
conscience d’une appartenance commune.
c. À quels autres groupes les individus qui se retrouvent
à cette fête peuvent-ils appartenir ?
Les individus présents à la fête viennent souvent
en famille, certains d’entre eux peuvent être amis.
Ils peuvent aussi appartenir à des collectifs de
travail, être membres d’associations caritatives
ou de loisirs. Ils vont donc à la fois appartenir à
différents groupes primaires et différents groupes
secondaires.
Doc. 1 – Le point sur… les groupes
primaires et secondaires
1. Distinguer. Quelles sont les différences
entre les groupes primaires et les groupes secondaires ?
Donnez des exemples précis.
Les groupes primaires, qui sont généralement de
petite taille, sont définis comme des groupes de
face-à-face où dominent les rapports interperson-
nels. La famille nucléaire, un groupe de lycéens
sont des groupes primaires. Les groupes secon-
daires, généralement de taille plus grande, sont
caractérisés par des relations plus superficielles,
reposant principalement sur des bases utilitaires.
Une association de parents d’élèves, le MEDEF
ou la CGT, le parti socialiste ou l’UMP constituent
des groupes secondaires.
2. Illustrer. Donnez des exemples illustrant
les relations décrites dans les phrases soulignées.
L’appartenance à un groupe primaire implique
des relations intenses et affectives, la solidarité et
l’entraide sont les signes manifestes du sentiment
d’appartenance au groupe. Les liens sont de type
communautaire.
17/07/15 15:14
 Dans un groupe secondaire (constitué par les sala-
riés d’une entreprise, les élèves et personnels d’un
lycée, etc.), le degré d’organisation et de différen-
ciation des rôles est très élevé, et induit une inter-
dépendance des individus. Les relations interindi-
viduelles sont déterminées par la fonction occupée
au sein du groupe (relations hiérarchiques, d’auto-
rité ou de subordination, de collaboration).
Doc. 2 – L’influence des groupes
sur le comportement de ses membres
3. Justifier. L’entreprise étudiée par les sociologues
constitue-t-elle un groupe primaire ou secondaire ?
L’entreprise dans laquelle E. Mayo réalise son
étude constitue un groupe secondaire. Son orga-
nisation est très hiérarchisée, conformément aux
principes de l’organisation scientifique du travail
énoncés par F. Taylor. Les relations y sont à la fois
fonctionnelles et hiérarchiques (division horizon-
tale et verticale du travail).
4. Analyser. En quoi l’expérience menée
par les chercheurs a-t-elle débouché sur la constitution
d’un groupe primaire ?
Parce qu’elles faisaient l’objet d’une étude, elles
ont suscité un intérêt dans l’entreprise, elles ont
été identifiées et rendues visibles aux yeux des
autres salariés et de la direction. Il s’est déve-
loppé entre elles un sentiment d’appartenance plus
fort qu’avec les autres salariés et cela a favorisé
l’émergence de relations autres que fonctionnelles
(« relations de camaraderie », « liens de solida-
rité »). Les ouvrières ainsi étudiées par le cher-
cheur ont fini par constituer un groupe primaire.
5. Illustrer. Donnez des exemples concrets
illustrant les propos de la phrase soulignée.
Le fait de constituer ainsi un groupe restreint
induit des attentes, le groupe exerce une forme
de pression sociale sur les individus. Dans le
cas de l’expérience menée par E. Mayo, ce n’est
finalement pas le changement dans les conditions
matérielles de travail qui explique l’amélioration
du rendement, mais la constitution d’un groupe
solidaire, un groupe de travail, doté d’un « esprit
d’équipe ». Les motivations ne sont pas qu’écono-
miques, elles sont aussi sociales. Or, celles-ci ne
peuvent être satisfaites dans le cadre d’une orga-
nisation hiérarchisée et formelle. D’où la prise
en compte de ces motivations sociales dans les
nouvelles organisations du travail telles que la
participation des salariés à l’élaboration des déci-
sions ou encore l’organisation d’équipes de travail.
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Doc. 3 – Les paysans forment-ils une classe
sociale ?
6. Décrire. Les familles paysannes sont-elles isolées
les unes des autres ? L’ensemble des paysans a-t-il
des points communs ?
Selon Marx, les familles paysannes ont la même
activité mais celle-ci les replie chacune sur elle-
même. Elles sont donc isolées les unes des autres
dans les faits. Mais elles ont des conditions de vie
objectives communes, le même genre de vie, des
intérêts objectifs communs.
7. Analyser. Les paysans peuvent-ils développer
une action commune ? Pourquoi ?
Les paysans ne sont pas en mesure de développer
une action commune de classe car ils n’ont pas
de sentiment d’appartenance à une même classe
(pas de « communauté »), or pour Marx, la classe
est caractérisée par une situation objective, mais
aussi par une « conscience de classe », un rapport
de force et une mobilisation collective.
Doc. 4 – L’appartenance à la Nation
8. Distinguer. Quelles conceptions permettent
de définir le sentiment d’appartenance à la Nation ?
On distingue deux conceptions permettant de
définir le sentiment d’appartenance à la Nation.
La première est la conception élective de la
Nation, elle se caractérise par la volonté de vivre
ensemble, de partager le projet politique et l’ac-
ceptation des règles et valeurs communes. La
seconde conception est une conception ethnique :
l’appartenance à la Nation repose sur les liens
du sang et se caractérise par une langue et une
culture commune.
9. Justifier. Le sentiment d’appartenance nationale
vous semble-t-il aujourd’hui perdre de son importance ?
Pourquoi ?
Le niveau d’appartenance au groupe plus large
que constitue la nation est trop vaste pour certains,
dont les références sont plus locales (le quar-
tier, la ville, la région…) ou à une échelle plus
restreinte (la famille, l’entreprise, etc.). Mais pour
d’autres, la nation est au contraire un cadre trop
étroit, la référence étant davantage l’Europe ou la
société mondiale. Enfin pour certains, il est trop
« théorique », ne correspondant plus aux réfé-
rences nationales bâties au XIXe siècle, autour
de l’école notamment. Il ne correspondrait donc
plus complètement à la société moderne, du fait
des évolutions que celle-ci a connue.
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 BILAN
Faire le point
Comment distinguer un groupe primaire
d’un groupe secondaire ?
Les groupes primaires et secondaires se distinguent
par leur taille et par la nature des relations qui se
développent en leur sein. Les groupes primaires
sont généralement des groupes de petite taille,
caractérisés par des relations de proximité. Les
liens sociaux sont souvent de nature affective
(la famille, les groupes de pairs…) Les groupes
secondaires sont souvent de plus grande taille et
les relations sont plutôt de nature utilitaire et fonc-
tionnelle. L’interaction naît du besoin d’échange.
Il peut s’agir de relations contractuelles ou légales.
◗◗Travaux dirigés
››MANUEL, PAGES 218-219
TD1 – Comment fonctionne
le groupe social formé
par les élites ?
Doc. 1 – Élites, une classe internationale
1. Quelles sont les caractéristiques du groupe social
formé par les élites ?
Le groupe social formé par les élites se carac-
térise par une dotation élevée en capitaux : des
revenus et un patrimoine élevé (capital écono-
mique), un ensemble de relations constituées en
réseau social (capital social) et un haut niveau de
diplôme (capital culturel). De par ces éléments,
les élites s’apparentent aux classes supérieures
de la société. Elles développent un fort sentiment
d’appartenance et mettent en place différentes
stratégies de reproduction sociale.
2. Expliquez l’expression « sociabilité cosmopolite ».
La sociabilité désigne l’ensemble des relations
formelles ou informelles qu’un individu entre-
tient avec d’autres, compte tenu de la forme
que prennent ces relations. Chez les élites de la
nouvelle génération associées à la mondialisa-
tion de l’économie, la mobilité professionnelle se
déroule dans un cadre international et la sociabi-
lité s’inscrit dans des réseaux sociaux transnatio-
naux, offrant des opportunités que n’ont pas les
autres groupes sociaux. Cependant, le cosmopo-
litisme des élites s’inscrit aussi dans une tradi-
tion ancienne, visible dans les familles aristo-
cratiques au cours des siècles passés : l’art de
voyager, la pratique d’alliances matrimoniales
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entre familles étrangères sont constitutives de cette
« culture internationale ».
3. En quoi les membres de cette élite internationalisée
forment-ils une « petite société » ?
On peut dès lors considérer cette élite interna-
tionalisée comme une « petite société », c’est-à-
dire possédant des éléments culturels spécifiques,
un environnement social réservé et préservé. En
effet, la sociabilité cosmopolite évoquée précé-
demment est renforcée par des habitudes cultu-
relles partagées par les membres de ce groupe :
habitude de voyager et familiarité avec les pays
étrangers, meilleure pratique des langues étran-
gères (trois quarts des ouvriers estiment n’avoir
aucune connaissance utilisable en langue étran-
gère, alors que seuls 18 % des cadres et profes-
sions intellectuelles supérieures sont dans ce cas).
Cela signifie également des codes, normes et
manières de se comporter communs à ce groupe,
qui transcendent les particularismes nationaux
et lui confèrent des capacités d’adaptation, très
profitables dans une économie mondialisée. À
titre d’illustration, les très grandes écoles formant
les hauts cadres dirigeants (comme HEC, Poly-
technique ou l’IEP de Paris) s’ouvrent largement
à des étudiants étrangers, et une partie du cursus
de formation se déroule également à l’étranger.
4. Comment ce groupe agit-il
pour préserver son statut social ?
La mobilisation des différents capitaux dont
dispose ce groupe social lui assure une forme de
reproduction et de préservation de l’entre-soi. La
fréquentation de lieux de sociabilité réservés pour
certains loisirs (compétition de polo, yachting et
croisières) ou dans le cadre de manifestations
mondaines (voir doc. 1 p. 214) en est une illus-
tration. L’utilisation du réseau social géographi-
quement dispersé offre des opportunités d’études,
de rencontres, de débouchés pour les enfants issus
de ce milieu et assure ainsi la reproduction sociale.
Doc. 2 – Les riches dans le monde
5. Quels sont les secteurs d’activité dans lesquels
les personnes citées dans le tableau ont fait fortune ?
Bill Gates et Carlos Slim ont fait fortune en déve-
loppant des activités dans le domaine des nouvelles
technologies (Microsoft) et des télécommunica-
tions. A. Ortéga a créé la ligne de vêtements et
développé les magasins de prêt-à-porter Zara.
Liliane Bettencourt est l’héritière du groupe de
17/07/15 15:14
 cosmétique L’Oréal. Le groupe de l’homme d’af-
faires Li Ka-shing est leader mondial de la gestion
portuaire, mais il a également fait fortune dans
l’immobilier. L’Indien Mukesh Ambani dirige
des activités dans des secteurs tels que le gaz, le
pétrole, les matières plastiques ou les télécommu-
nications. J.P. Leman a fait fortune dans l’agroali-
mentaire (Burger King, groupe Heinz). A. Ousma-
nov fait fortune dans l’industrie métallurgique
et Masayoshi Son dans les télécommunications.
6. Recherchez s’il y a des héritiers parmi cette liste.
Liliane Bettencourt a hérité du groupe fondé par
son père, Eugène Schueller. M. Ambani a repris
la direction du conglomérat également fondé par
son père.
Doc. 3 – Les cercles et les lieux de pouvoirs
7. Montrez que les membres de ces cercles
cultivent l’entre-soi.
Les cercles sont des lieux privés, inaccessibles
au grand public, leurs membres sont recrutés
de manière très rigoureuse. Pour intégrer ces
cercles, il est impératif d’être parrainé et coopté
par d’autres membres, l’adhésion est soumise au
vote des membres permanents. Il faut souvent
appartenir à l’aristocratie des vieilles familles,
ce qui confère à ces cercles (comme le Jockey)
l’apparence d’une seconde famille, puisque les
membres admis ont souvent des liens de parenté,
plus ou moins éloignés. Ce qui induit un renou-
vellement très restreint, et essentiellement au sein
de la famille élargie des membres. Enfin, les rela-
tions y sont très codifiées et sont le reflet de cette
appartenance aristocratique ou mondaine.
8. En quoi peut-on parler, à propos de ces cercles,
d’un groupe dans un groupe ? Justifiez votre propos
en vous appuyant sur ce document et ceux étudiés
précédemment.
Le recrutement des cercles mondains s’effectue
au sein d’un groupe socialement très restreint et
confère à ses membres un environnement privilé-
gié. Être membre d’un club procure une identité,
un sentiment d’appartenance offrant les oppor-
tunités d’un réseau social étendu (la « force des
liens faibles » garantit l’accès à d’autres réseaux
et connaissances). Pour leurs membres, les clubs
sont des lieux d’échange de services et d’infor-
mations et contribuent à l’entretien du capital
social. Pour les clubs les plus fermés, il s’agit
davantage de se retrouver entre gens « de bonne
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compagnie », dans une « atmosphère familiale,
entre membre ayant en commun un certain art de
vivre et de se conduire » (Le courrier du Jockey-
club, oct. 1986).
TD2 – Groupe d’appartenance
et socialisation scolaire
Doc. 1 – Temps studieux des étudiants
en école d’ingénieur
1. Comparez le temps de travail des étudiants
de classes populaires et de classes supérieures.
Les élèves des écoles d’ingénieur se caractérisent
par un emploi du temps studieux chargé, et plus
encore lorsqu’ils sont issus des classes popu-
laires. Ces derniers consacrent ainsi, en moyenne,
2 heures de plus par semaine que les autres au
travail personnel (15 contre 13 heures). Ils sont
également plus assidus (sur leurs 30 heures d’en-
seignement par semaine, ils assistent à 28 heures)
et plus nombreux que ceux issus des classes supé-
rieures à n’avoir jamais manqué de cours par
choix.
2. Comment peut-on expliquer la différence constatée ?
Dans les écoles d’ingénieur, les élèves d’origine
sociale modeste ont tendance à se surinvestir dans
leurs études, pour compenser leur moindre capi-
tal culturel initial. Ainsi, ils fréquentent davan-
tage les bibliothèques et les salles de travail de
leurs écoles que les autres étudiants. De même,
la lecture d’ouvrages spécialisés occupe une
part importante dans l’ensemble des lectures
des élèves d’origine sociale modeste : 46,6 %
d’entre eux contre 38,6 % parmi ceux issus des
classes supérieures lisent des livres scientifiques
et techniques.
Doc. 2 – Quand groupe d’appartenance
et groupe de référence sont différents
3. Quelles difficultés Karim a-t-il rencontrées
à Sciences Po ?
Lorsque Karim entre à Sciences-Po, il se retrouve
en contact avec des jeunes issus de milieux aisés
alors qu’il est fils d’immigré et issu d’un milieu
populaire. Les loisirs, les façons de se tenir à table
et de manger de ses condisciples sont très diffé-
rents de ce qu’il a toujours connu. Ce texte montre
la difficulté de ces jeunes à intégrer une société
dont ils maîtrisent mal les codes culturels et sur la
difficulté qui consiste à rompre les valeurs fami-
liales, etc.
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 4. Comment a-t-il fait pour surmonter ces difficultés ?
Karim a du tout « réinventer » : sa façon de se
vêtir, de se tenir à table... Il a imité les jeunes
qu’il côtoyait. S. Laacher explique que tous les
jeunes issus de milieu populaire ayant poursuivi
des études dans des écoles prestigieuses présen-
taient les mêmes caractéristiques : bien habillés,
parlant à voix assez basse, tenant des propos nuan-
cés, mesurant leurs gestes... Selon lui, cela traduit
une certaine timidité sociale.
Il travaille dans une grande banque (groupe de
référence) arabe (groupe d’appartenance) à New
York.
5. Donnez d’autres exemples de conflits d’appartenance.
Cette situation où il y a conflit d’appartenance peut
être celle des immigrés : leur culture personnelle
va être transformée par le fait que leur culture
d’origine se trouve en contact avec la culture du
pays d’accueil, que la culture familiale d’origine
se trouve décalée par rapport à la culture de réfé-
rence du groupe d’amis, du groupe de pairs. Cela
peut aussi concerner des individus montant dans
l’échelle sociale (l’ascension sociale peut parfois
être vécue difficilement).
Doc. 3 – Origine sociale des étudiants
en école d’ingénieur
6. Rédigez une phrase présentant l’information
apportée par la donnée en rouge.
Selon les statistiques du ministère de l’Éducation
nationale, sur 100 étudiants inscrits en école d’in-
génieur, plus de 56 ont des parents appartenant
à la catégorie des cadres et professions intellec-
tuelles supérieures.
7. Sachant que les cadres représentent 17 %
dans la population active, que pouvez-vous
en conclure sur la part des enfants de cadres
dans les écoles d’ingénieurs ?
Les enfants de cadres sont surreprésentés dans
les écoles d’ingénieur. Ils sont plus de 3 fois plus
nombreux dans les écoles d’ingénieur que dans
la population globale.
8. Quelle est la part des enfants d’ouvriers
et d’employés dans les écoles d’ingénieurs ?
Est-ce que cela peut leur poser des difficultés ?
Les enfants d’ouvriers et d’employés représentent
moins d’un étudiant sur 5 (16,55 %) dans les écoles
d’ingénieur. Il y a donc de grandes chances que
le modèle culturel dominant soit celui des cadres
et professions intellectuelles supérieures. Cela
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peut rendre l’intégration des étudiants d’origine
modeste plus difficile : les normes et les valeurs
au sein de l’école ne seront pas les leurs. Et on
constate d’ailleurs que l’investissement studieux
des élèves d’origine sociale modeste s’accom-
pagne d’une moindre intégration dans la vie de
l’école et d’une vie étudiante plus ascétique. Ils
sont moins nombreux à fréquenter les soirées
étudiantes et à s’engager dans une association au
sein de leur établissement. En outre, ils pratiquent
moins souvent des activités de loisirs hors de leur
école que les élèves issus des classes supérieures.
Ils effectuent également moins de sorties que ces
derniers, à l’exception de quelques-unes que l’on
peut considérer comme relevant de la culture
« populaire-juvénile » : ils assistent plus souvent
à des spectacles sportifs et vont plus fréquemment
en discothèque. On note, par ailleurs, l’impor-
tance de la télévision dans l’occupation du temps
libre pour ces élèves : 60,3 % d’entre eux contre
46,7 % parmi ceux d’origine sociale favorisée la
regardent tous les jours ou presque.
◗◗Vers le Bac
››MANUEL, PAGES 222-223
Épreuve composée
1. Mobilisation des connaissances
1. En vous appuyant sur un exemple de votre choix,
vous présenterez les caractéristiques d’un groupe social.
Les groupes sociaux rassemblent des individus
entretenant des liens directs ou indirects, plus
ou moins intenses, une situation ou des activités
communes et une conscience collective (c’est-à-
dire un sentiment d’appartenance) plus ou moins
affirmée. Le groupe se définit donc par l’interac-
tion et l’interdépendance entre ses membres. Le
groupe forme ainsi une unité sociale durable recon-
nue comme telle par l’individu et par les autres.
Le sociologue C. H. Cooley opère une distinc-
tion entre les groupes primaires et secondaires. La
famille constitue par exemple l’illustration type
d’un groupe primaire. De taille restreinte, les rela-
tions y sont denses et intimes, basées sur l’affec-
tion, la solidarité et l’échange mutuel, sans néces-
saire contrepartie. En dehors du cadre affectif, elle
constitue une instance essentielle de socialisation
primaire, transmettant un ensemble de normes et
de valeurs, favorable à l’intégration sociale de ses
membres. Elle assure aussi un rôle de contrôle
17/07/15 15:14
 social sur ses membres, dans le but d’obtenir des
comportements conformes aux attentes.
2. Vous préciserez la distinction entre
groupe primaire et groupe secondaire.
La distinction entre groupe primaire et groupe
secondaire est d’abord une différence de taille du
groupe : les groupes primaires sont des groupes de
taille restreinte alors que les groupes secondaires
sont des groupes de grande taille. Cela induit une
distinction sur la nature des liens échangés entre
leurs membres : intimes, intenses et durables dans
les groupes primaires (on peut prendre l’exemple
d’un groupe d’amis), les liens sont imperson-
nels, rationnels et contractuels dans les groupes
secondaires (ex : le groupe que forment les salariés
d’une entreprise). Le sentiment d’appartenance est
par conséquent plus développé dans les groupes
primaires. La distinction entre groupe primaire et
secondaire est illustrée par la différence opérée
par le sociologue allemand Tönnies entre Gemein-
schaft (la communauté) et Gesellschaft (la société).
2. Étude d’un document
Vous présenterez le document, puis vous comparerez
la participation associative selon l’appartenance
socioprofessionnelle.
Le document est une étude publiée par l’Insee
en 2015 et porte sur la participation associative
des individus de plus de 16 ans, au cours de l’an-
née 2010. Ce tableau statistique met en évidence
les différences de participation à une association
(caritative, sportive ou culturelle) selon l’appar-
tenance socioprofessionnelle des individus, défi-
nie par leur CSP. Par exemple, on observe qu’en
2010, 30 % des employés ont adhéré à au moins
une association au cours des 12 derniers mois.
Dans l’ensemble de la société, environ un tiers
des individus interrogés déclare avoir adhéré à au
moins une association en 2010, principalement au
sein d’une association sportive. L’adhésion à une
association est très inégale selon l’appartenance
sociale. Ce sont les catégories sociales supérieures
qui ont le taux d’adhésion le plus élevé : par
exemple, la moitié des cadres déclare faire partie
d’au moins une association, soit presque deux
fois plus que les ouvriers. Cet écart se retrouve
dans tous les types d’associations qu’elles soient
à caractère social, sportif ou culturel.
On observe aussi des disparités selon le type d’as-
sociations fréquentées : les agriculteurs, les cadres
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et les professions intermédiaires sont les adhérents
le plus nombreux dans les groupements à caractère
professionnel et les syndicats : le taux d’adhésion
est de 17 % pour les agriculteurs, 13 % pour les
cadres et les professions intermédiaires contre
9 % pour les ouvriers.
La pratique associative est donc très nettement
liée à la catégorie sociale.
3. Raisonnement s’appuyant sur un dossier
documentaire
À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire,
vous identifierez les différentes fonctions exercées
par les groupes d’appartenance sur les individus.
I. Le groupe d’appartenance permet de définir
l’identité de l’individu à travers la fonction
de socialisation.
L’appartenance à un groupe induit l’apprentissage
des rôles sociaux et conduit l’individu à intério-
riser la culture du groupe. C’est d’abord au sein
des groupes primaires que les individus intério-
risent les codes, normes, valeurs, langage, manière
de penser qui leur permettent de s’intégrer dans
leur environnement. La fonction de socialisation,
d’abord exercée par la famille, premier groupe
d’appartenance d’un individu, contribue à façon-
ner l’identité sociale d’un individu et faire sien les
éléments culturels de son environnement social.
Plus généralement, les groupes primaires sont
ceux à partir desquels l’individu s’insère dans le
monde social (d’après l’analyse du sociologue
C. H. Cooley). Mais la construction de l’identité
peut subir des influences contradictoires, en raison
de la multiplicité des groupes d’appartenance. Par
exemple, la socialisation des groupes de pairs à
l’adolescence peut conduire un individu à inté-
rioriser des normes et des valeurs différentes de
celles transmises dans le cadre familial. Enfin, la
socialisation se poursuit à l’âge adulte, les groupes
d’appartenance sont différents et davantage asso-
ciés à la vie professionnelle ou associative. Ces
appartenances multiples contribuent à caractéri-
ser le statut social des individus dans la société.
II. Le groupe oriente les comportements
individuels et a une fonction de contrôle social.
Les individus ont tendance à adopter les comporte-
ments et attitudes de leur groupe d’appartenance.
En effet, le groupe façonne et modèle les compor-
tements individuels, dans un désir de conformité
aux codes, usages et valeurs du groupe. On peut
dès lors considérer qu’au sein du groupe, les
17/07/15 15:14
 individus perdent une partie de leur autonomie
et orientent leur comportement et leur opinion
conformément aux attentes du groupe. L’exemple
des groupes de pairs fournit ainsi une illustration
de cette influence qui s’apparente à une « sociali-
sation horizontale » entre les jeunes. La sociologue
D. Pasquier évoque ainsi la « tyrannie des groupes
de pairs » pour témoigner de la pression au confor-
misme exercée sur les jeunes lycéens constitués
en groupes d’amis (doc. 1). Le contrôle social
informel exercé par le groupe d’appartenance est
très important et encadre les pratiques et compor-
tements de ces lycéens. On pourrait également
citer l’exemple de l’expérience menée par S. Ash
qui démontre ce pouvoir du conformisme sur les
décisions d’un individu au sein d’un groupe.
III. Le groupe exerce une fonction de solidarité
et de lien social.
Nombreux sociologues partagent l’idée d’une
crise du lien social qui renvoie à l’affaiblissement
du rôle intégrateur des grandes instances de socia-
lisation. Les difficultés d’insertion professionnelle
et la précarité au travail conduisent notamment
à ce questionnement sur l’affaiblissement de la
cohésion sociale. L’autonomisation et l’émancipa-
tion des individus à l’égard des différentes sphères
d’intégration peuvent également conduire à l’af-
faiblissement du lien social. C’est pourtant au sein
des groupes d’appartenance que se renouvellent
la fonction de solidarité et d’entraide. Ainsi, selon
le document 2, les jeunes salariés (âgés de 18 à
25 ans au moment de l’enquête) comptent avant
tout sur leur parents (90 %) en cas de problèmes.
Sont ensuite sollicités les groupes de pairs consti-
tués par les amis (69 %). Les sphères de solidarité
sont donc les cercles de proximité de l’individu.
Comment cette solidarité se manifeste-t-elle ? Il
peut s’agir d’aides financières mais pas seulement.
Le soutien affectif et moral constitue également
une forme importante de solidarité intra-généra-
tionnelle (doc. 3). Cela montre qu’au sein de ces
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groupes d’appartenance se développent des liens
de type communautaire, basés sur l’affectif.
◗◗Pour aller plus loin
Sur les individus et catégories statistiques
– www.insee.fr : il est intéressant de faire décou-
vrir aux élèves l’utilisation du site de l’Insee, et
notamment de leur montrer les données nationales
sur les « Professions et catégories sociales ».
– On peut prolonger avec profit cette approche
par les « Données locales » de l’Insee et regarder
la répartition par CSP de la localité d’origine ou
des villes approchantes. Cela constitue un très
bon travail pratique.
Sur les groupes et classes sociales
– S. BOSC, Stratification et classes sociales,
Armand Colin, 2011.
– S. BOSC, Sociologie des classes moyennes, La
Découverte, « Repères », 2008.
– L. CHAUVEL, Les Classes moyennes à la
dérive, Le Seuil, « La République des Idées »,
2006.
– M. PINÇON et M. PINÇON-CHARLOT,
Grandes Fortunes, Petite Bibliothèque Payot,
2006.
– O. SCHWARTZ, Le Monde privé des ouvriers,
PUF, « Quadrige », 2009.
– A.-C. WAGNER, Les Classes sociales dans
la mondialisation, La Découverte, « Repères »,
2007.
Sur l’action collective des groupes
– O. FILLIEULLE, L. MATHIEU et C. PÉCHU
(dir.), Dictionnaire des mouvements sociaux,
Presses de Sciences Po, 2009.
– O. FILLIEULE et D. TARTAKOWSKI, La
Manifestation, Presses de Sciences Po, 2008.
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