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Chapitre XII : Transformée de Fourier

Après une étude attentive de ce chapitre, vous serez capable de :

• définir la transformée de Fourier

• donner quelques exemples d’utilisation en Sciences Physiques

• donner le spectre de Fourier d’une fonction

• calculer quelques transformées de Fourier usuelles

• définir et interpréter le produit de convolution

• utiliser la transformation de Fourier pour l’étude des systèmes linéaires


160 Mathématiques pour les Sciences Physiques

I Définitions et exemples
1°- Transformée de Fourier et Transformée de Fourier
inverse

Soit une fonction f de R dans C. On définit la transformée de


Fourier de f (T.F.) par:

+∞
F ( u) = ∫ −∞
f ( x ) e − i 2πux dx

On note: f T
.F .
→ F ou encore F=F[f] et F(u)= F[f](u)


ou encore : f ( u) = F[f](u)

On définit de même la transformée de Fourier inverse de F (ou


cotransformée) par:

+∞
f ( x) = ∫ −∞
F ( u) e + i 2πux du

La seule différence avec la transformée directe est le signe dans


l’exponentielle.
−1
On note: F T → f ou encore f=F
.F . -1
[F] et f(x)= F -1
[F](x)

2°- Théorème

Si la fonction f n’est pas trop irrégulière, ce qui sera souvent le cas


en Sciences Physiques, alors la transformée inverse de la transformée de f
redonne f :
Transformée de Fourier 161

F
-1
[ [ f ]] = f
F et [
F F
-1
[ F ]] = F

En un point de discontinuité de f, F -1[F[f]] prend la valeur


moyenne de f .

3°- Existence

Pour la plupart des fonctions rencontrées en Physique, la


transformée de Fourier de f existe. Par exemple:
+∞
* Si f ∈ L1(R), c’est-à-dire si ∫
−∞
f ( x ) dx converge, alors
F[f] existe.

* Si f a un support borné ( ∃a , b∈R∀ x ∉ [a , b] f ( x ) = 0 ) et


est continue par morceaux, alors F[f] existe.

4°- Analyse d’un phénomène physique variable dans


le temps

Soit un phénomène physique variable dans le temps décrit par une


fonction f(t). F(ν)=F[f](ν) donne la composition fréquentielle du
phénomène physique.

Par exemple, considérons un train d’onde sinusoïdal passant en


un point M de l’espace (une onde de gravitation dans un fluide, une onde
électromagnétique, une onde acoustique dans un tube, etc.). Le train
d’onde sera décrit par la fonction :

 f (t ) = cos( 2πν t ) si t ∈] − τ , + τ [
 0
2 2

 f (t ) = 0 sit ∉] − τ ,+ τ [
 2 2

La durée du train d’onde est τ.


f(t)

- τ/2 +τ/2 t
162 Mathématiques pour les Sciences Physiques

Alors

+∞ +τ 2
F (ν) = ∫−∞ f ( t )e −i 2πνt dt = ∫
−τ 2
cos( 2πν0 t ) e −i 2πνt dt

+ i 2πν0 t
+τ 2 e + e −i 2πν0 t −i 2πνt
=∫ e dt
−τ 2 2

Soit

1 +τ 2 +i 2π (ν0 −ν )t
F (ν) = ∫ τ
(e + e −i 2π (ν0 +ν )t )dt
2 − 2
τ 1  e +iπ (ν0 −ν )τ − e −iπ (ν0 −ν )τ e +iπ (ν 0 +ν ) τ − e −iπ (ν 0 +ν ) τ 
=  + 
2 2i  πτ(ν0 − ν) πτ(ν0 + ν) 

sin( x )
D’où, en introduisant la fonction sinus cardinal: sin c ( x ) =
x

τ
F (ν ) = (sin c(πτ(ν0 − ν)) + sin c(πτ(ν0 + ν)) )
2

F( ν)

Transformée de Fourier du train d’ondes

Cet exemple permet de dégager deux conséquences importantes:

ℵ un phénomène physique purement sinusoï dal n’existe pas


puisque la durée du phénomène est toujours finie. Dans le cas du train
d’onde, le signal est certes composé d’une vibration de fréquence ν0, mais
aussi de fréquences satellites disposées autour de ν0.
Transformée de Fourier 163

ℑ la largeur à mi-hauteur de la fonction sinc(x) (sinc (x)=1/2 donne


x=±1,9) permet de relier la durée τ du train d’onde à la sa largeur
spectrale ∆ν:

∆ν ⋅ τ #1

Un autre exemple significatif est celui d’une impulsion rectangulaire


de largeur τ où le phénomène physique est représenté par la fonction
« rectτ » :

1 si t ∈ [ − τ ,+ τ ]
 2 2
f(t)=rectτ (t) avec rectτ (t)= 
 0 si t ∉ [ − τ 2 ,+ τ 2 ]

- τ/2 + τ/2 t
fonction rect τ

+∞ +τ 2 −i 2πνt
F (ν) = ∫−∞ f (t ) e −i 2πνt dt = ∫
−τ 2
e dt

=
1
i 2πν
( )
e +iπντ − e −iπντ = τ sinc( πντ )

τ sinc( πντ) →τ fonction τ sinc( πντ)


ν→0

∆ν

1/τ
164 Mathématiques pour les Sciences Physiques

On peut de même que pour le train d’onde formuler deux remarques:

ℵ un phénomène physique parfaitement indépendant du temps


(continu) n’existe pas. Dans le cas d’une impulsion rectangulaire, le spectre
du signal est essentiellement constitué de la fréquence nulle, mais pas
seulement. On peut aussi vérifier que ∆ν⋅τ # 1.

ℑ il est intéressant de voir ce que devient la transformée de Fourier


de l’impulsion rectangulaire lorsque sa durée devient très grande (τ → ∞ ).
On pose δ (ν ) = lim τ sin c (πντ ) où la fonction δ de Dirac est une
τ →∞

fonction qui est souvent utilisée grâce à ses propriétés intéressantes. Par
exemple :

- cette fonction est nulle partout, sauf en ν=0 où elle est


infinie: elle sera donc utile pour modéliser des phénomènes physiques
ponctuels (ici, c’est la composition fréquentielle d’un signal continu).

- la transformée de Fourier de f(t)=1 est δ(ν) :

δ(ν)= F[1](ν)

- la transformée de Fourier inverse de δ(ν) est 1 :


-1
1= F [δ(ν)](t)

On voit qu’il est possible de généraliser la transformation de Fourier à des


fonctions qui ne satisfont pas les critères d’existence.
Transformée de Fourier 165

5°- Visualisation d’une transformée de Fourier à l’aide


d’un système optique

Un objet lumineux émet une vibration décrite par la fonction


s0 ( x ) = f ( x ) . A l’aide d’un système optique approprié, la vibration
lumineuse s f ( X ) reçue dans certains plans s’exprime facilement à l’aide
de F[f] :

x X

système optique
plan
objet
lumineux d’observation

Il est alors possible: - de visualiser  F[f]2 à l’aide d’un écran.

- de modifier F[f] (lentilles, diaphragme,


etc.) pour recomposer une image traitée de l’objet (traitement optique des
images). Le traitement optique des images est maintenant supplanté par le
traitement numérique: les calculateurs travaillent directement sur l’image
numérisée.

Dans le même ordre d’idée, l’onde électromagnétique diffractée par


un cristal est directement reliée à la T.F. de la densité électronique dans le
cristal. La radiocristallographie est la science qui tente de reconstruire la
structure cristalline à partir du module de cette T.F. (les détecteurs ne
peuvent mesurer que  F[f]2).
166 Mathématiques pour les Sciences Physiques

6°- Autres définitions de la transformée de Fourier

Il peut être intéressant dans certains cas d’obtenir le spectre de f en


fonction d’une pulsation plutôt que d’une fréquence. Dans ce cas, on définit
la transformée de Fourier de f par:

+∞
G(ω) = ∫ f (t ) e −i ωt dt
−∞

Mais la transformée de Fourier inverse s’écrit alors :

1 +∞
f (t) = ∫
2π −∞
G(ω) e +iωt dω

En effet, G(ω)=F(ω/2π), donc

+∞ +∞ +∞
∫−∞ G(ω)e +iωt dω = ∫− ∞ F (ω 2π)e +iωt dω = ∫−∞ F (ν)e +i2 πt 2πdν = 2πf (t )

On peut aussi adopter une formulation plus symétrique:

1 +∞ 1 +∞
G(ω) =
2π ∫−∞
f ( t )e −iωt dt f (t) =
2π ∫−∞ G (ω)e +iω t dω

II Propriétés de la transformée de Fourier


1°- Parité

Si f est réelle et paire, alors F[f] est réelle et paire et


+∞
F [ f ]( u ) = 2 ∫ cos( 2πux) f ( x ) dx
0

Si f est réelle et impaire, alors F[f] est imaginaire pure et


impaire et
+∞
F [ f ]( u ) = −2i ∫ sin( 2πux ) f (x ) dx
0
Transformée de Fourier 167

2°- Conjugaison

On définit la fonction conjuguée de f par f ( x ) = f ( x ) . Alors:

F [ f ]( u) [ f ]( − u)
= F

3°- Comportement asymptotique de la transformée de


Fourier

+∞
Si f ∈ L1(R), ( ∫ f ( x ) dx converge), alors F[f] est de limite nulle
−∞
en -∞ et +∞.

De façon générale :

- plus f est régulière, plus F tend vers zéro à l’infini.

- plus f tend vers zéro à l’infini, plus F est régulière.

4°- Linéarité

F [λ1 f1 + λ2 f 2 ] = λ1 F [ f1 ] + λ2 F [ f 2 ]
Cette propriété est essentielle pour pouvoir utiliser la transformation
de Fourier dans les systèmes physiques linéaires.
168 Mathématiques pour les Sciences Physiques

5°- Translation sur x

f(x) f(x-a)

x a x

F [ f ( x − a)](u ) = e −i2πau F [ f ](u)


Ainsi, une translation de f ne fait qu’introduire un facteur de phase
dans F[f]. En effet, la translation de f ne change pas son contenu
sinusoï dal.

6°- Translation sur u

F
-1
[F (u − u 0 )]( x) = e +i2πu x f ( x )
0

1 1
Remarque: F -1[ (F(u-u0)+ F(u+u0))](x)= ( e + i 2 π u 0 x + e − i 2 πu 0 x ) f(x)
2 2
= cos(2πu0x)f(x) (modulation en amplitude)

7°- Changement d’échelle

f(x) f(ax)

x
(ici, a>1 : on observe
une compression de f )
Transformée de Fourier 169

[ f (ax )](u ) = [ f ] ua 


1
F F
a

Ainsi, un étalement de la fonction f va produire une compression de


F[f] et réciproquement.

8°- Dérivation de f

Notons f’ la dérivée de f par rapport à x. Alors:

F [ f ′ ](u) = 2iπuF [ f ]( u)
et donc F [ f ](u ) = (2iπu )
(n) n
F [ f ](u )
On peut utiliser cette propriété pour calculer la transformée de Fourier de la
fonction « triangle » de largeur 2X définie par :

0 si x < − X ou x > + X

Λ X ( x) = x + X si − X ≤ x ≤ 0
− x + X si 0 ≤ x ≤ + X

f(x) F(u)

x u
sinc =F [triangle]
2
fonction triangle

On a alors Λ' X ( x ) = rectX(x+X/2)-rectX(x-X/2)


170 Mathématiques pour les Sciences Physiques

X −X
i2 π u i 2π u
D’où F[ΛX’](u)= e 2 X sin c(πXu) − e 2 X sin c(πXu)

= 2iX sin(πXu) sin c(πXu) = i 2πuX 2 sin c 2 ( πXu)

Soit, en identifiant: F [Λ X ]( u) = X 2 sin c 2 (πXu)

9°- Multiplication par x

En notant F ′ la dérivée de F par rapport à u, on remarque que

F [− i 2πxf ](u) = F ′( u)
Application: on peut par exemple montrer que :

1 πXu cos( πXu) − sin(πXu)


F[x⋅rectX(x)](u)=
− i 2π πu 2

10°- Théorème de Parseval

Soit une grandeur physique représentée par f(x) et notons F(u) sa


transformée de Fourier: F(u)=F[f](u).

F(u) est le spectre fréquentiel de la grandeur physique: F ( u) du chiffre


l’amplitude complexe des contributions à f de fréquences comprises entre
2
u et u+du. F(u) représente la densité spectrale d’énergie et l’énergie
+∞

∫ F(u)
2
totale de la grandeur physique est du
−∞

Pour fixer les idées, supposons que la variable x soit une variable
de position (on aurait pu raisonner avec une variable temporelle). Alors
2
f(x) est la densité spatiale d’énergie, c’est-à-dire que l’énergie du
Transformée de Fourier 171

2
phénomène physique observé entre x et x+dx est f(x) dx . L’énergie
+∞


2
totale est f(x) dx .
−∞

On a donc:

+∞ +∞

∫ ∫
2 2
f(x) dx = F(u) du
−∞ −∞

C’est le théorème de Parseval Plancherel qui montre que l’énergie totale


d’un phénomène physique est répartie sur ses différentes composantes
spectrales. Ce résultat est à rapprocher de l’égalité de Parseval des
coefficients de Fourier dans les décompositions en séries de Fourier.

Pour montrer cette propriété, montrons que

+∞ +∞

∫ f ( x )g ( x )dx = ∫ F (u)G(u)du
−∞ −∞

+∞

∫ G(u)e i2πux du
-1
comme g(x)=F [G](x)=
u =−∞

+∞ +∞  +∞ 
alors : ∫ f ( x ) g( x ) dx = ∫ f ( x ) ∫ G( u) e
 i 2π ux 
du dx
−∞ x = −∞  u =−∞ 

+∞  +∞ 
= ∫ G( u)  ∫ f ( x ) e i 2πux dx du (théorème de Fubini)
u =−∞  x =−∞ 

+∞  +∞  +∞
= ∫ G( u)  ∫ f ( x ) e
 − i 2π ux 
dx du = ∫ G( u) F ( u) du
u =−∞  x =−∞  u =−∞

Le cas où g=f permet de retrouver le théorème de Parseval


172 Mathématiques pour les Sciences Physiques

III Exemples de transformées de Fourier


Le calcul d’une transformée de Fourier peut-être effectué à l’aide
d’un logiciel de calcul formel (Mathematica, Maple, etc.). On donne ici les
principaux résultats.

1°- La fonction rectangle

Rappelons que pour la fonction rectangle de largeur X définie par :

1 si x ∈ [ − X ,+ X ]
 2 2
rectX(x)= 
0 si x ∉ [ − X 2 ,+ X 2]

F [rect X ](u) = X sin c(πXu)


2°- La fonction triangle

Pour la fonction triangle de largeur 2X définie par:


0 si x < − X ou x > + X

Λ X ( x) = x + X si − X ≤ x ≤ 0
− x + X si 0 ≤ x ≤ + X

f(x)
X F(u
)

x sinc 2= F [triangle]
2X
fonction triangle de largeur 2X

F [Λ X ]( u) = X 2 sin c 2 (πXu)
Transformée de Fourier 173

3°- La fonction signe

signe(x)

+1

x
-1

La fonction signe est définie par:

 −1 si x < 0

signe(x)= 0 si x = 0
 +1 si x > 0

1 1 1 
On remarque que : rect X =1 ( x) =  signe( x + ) - signe( x - )
2 2 2 

Donc

1 1 1 1
F[rect(x)](u)= sinc(πu)= F[signe(x+ )]- F[signe(x- )]
2 2 2 2
2π 2π
1 i u 1 −i u
= F[signe(x)] e 2 - F[signe(x)] e 2
2 2

sin(πu )
D’où = i F[signe(x)] sin(πu)
πu

On en tire:

[signe( x ) ](u ) = iπu


1
F
174 Mathématiques pour les Sciences Physiques

4°- La Lorentzienne

Lorentzienne T.F. de la Lorentzienne

1
La Lorentzienne est la fonction f ( x ) = avec b réel. Elle
b + x2 2

décrit notamment le spectre de la lumière émise par une lampe spectrale


haute pression.

Pour évaluer sa T.F., calculons F[ e −a x ] où a est un réel positif.


La fonction étant paire, on obtient :

+∞  +∞ − ax i 2πux 
F [e ] = 2 ∫ e
-a x

0
− ax
cos( 2πux) dx = 2 Re ∫ e e
 0
dx

a
 1  2 a 1 2π
= 2 Re = =
 a − i 2πu  a 2 + 4π 2 u 2 π  a  2
  + u2
 2π 

a
D’où, en utilisant la propriété F[F[f]](x)=f(-x), et en posant b = :

1 b
F[ ]= e −a u
πb +x
2 2

soit :

 1  π −2π b u
F 2 = e
b + x 2  b
Transformée de Fourier 175

5°- La Gaussienne

La Gaussienne est la fonction f ( x) = e −b x avec b réel. Elle


2 2

décrit notamment le spectre de la lumière émise par une lampe spectrale


basse pression.

On peut calculer sa T.F. en passant par la fonction e −b z de la


2 2

variable complexe z. On peut aussi utiliser la méthode suivante mettant en


évidence l’utilisation possible de la T.F. pour la résolution d’équations
différentielles :

Comme f ' (x ) = −2b2 xf ( x )

1
et que F[xf]= − F’(u) et F[f’]=2iπu F[f]
i 2π

F' 2π 2
F vérifie 2i πuF = 2b 2 soit F’+ uF=0 donc
2i π b2

π 2 u2

F(u) = F(0) e b2

+∞
π
∫ e −b
2 2
Enfin, F(0)= x
dx = .
b
−∞
176 Mathématiques pour les Sciences Physiques

π 2 u2

On obtient: F e[-b 2 2
x
] =
π −
b
e b2

F La TF d’une Gaussienne est une Gaussienne.

6°- La fonction δ de Dirac

On a défini la fonction δ de Dirac par :

δ( x ) = lim X sinc( πXx)


X →+∞

On peut aussi utiliser d’autres définitions: δ( x ) = lim X rect 1 ( x )


X →+∞
X

2 2
ou encore : δ( x ) = lim X e −πX x
X →+∞

Ces différentes définitions conduisent aux mêmes propriétés:

• δ est nulle partout sauf en x=0


où elle vaut +∞

• δ(x-a) est nulle partout sauf en x=a


x=a où elle vaut +∞
+∞

• ∫ δ(x)dx = 1 et plus généralement


−∞

+∞

∫ δ(x − a ) f (x )dx = f ( a ) (sifting property)


−∞

1
• δ(ax)= δ(x)
a

• F[δ]=1 et F[2iπδ(x-a)]= e −2 iπau


Transformée de Fourier 177

• F[ e 2iπu0 x ]=δ(u-u0)

(δ ( u − u0 ) + δ ( u + u0 ) )
1
• F[cos(2πu0x)]=
2

(δ( u − u0 ) − δ( u + u0 ))
1
• F[sin(2πu0x)]=
2i

δ n’est pas une fonction au sens usuel, et la description correcte de


cet objet nécessite la théorie des distributions. Dirac utilisa et vulgarisa cet
outil dès 1930, mais ce n’est qu’en 1950 que la théorie fut présentée
(Schwartz). Signalons simplement que δ(x-a) est la distribution
singulière qui à une fonction f continue en a associe le réel f(a). On note:
<δ a,f>=f(a), ce que l’on écrit en physique :
+∞

∫ δ(x − a ) f (x )dx = f (a )
−∞

Montrons l’utilité de cet outil pour montrer par exemple que :

F[F[f]](x)=f(-x)

+∞
F[f](u)= ∫ f (ξ)e −i 2πξu dξ =F(u)
−∞

+∞ +∞  +∞ 
 − i 2πξu  − i 2π xu
F[F](x)= ∫ F (u)e−i2πxu du = ∫  ∫ f (ξ) e d ξ

e du
u = −∞ u = −∞  ξ = −∞ 

+∞  +∞ 
= ∫ f (ξ) ∫ e−i 2πu ( ξ + x ) du dξ
ξ = −∞  u = −∞ 

+∞
= ∫ f (ξ)δ(ξ + x )dξ =f(-x)
ξ = −∞
178 Mathématiques pour les Sciences Physiques

7°- Le peigne de Dirac

Le peigne (comb en anglais) est la fonction :


+∞
comb(x)= ∑ δ(x − n )
n = −∞

comb(x)

-1 1 2 3 x

La représentation de cette fonction justifie son appellation: il s’agit


de pic de Dirac régulièrement espacés (le pas est 1). On peut modifier le
 x
pas en considérant la fonction comb  de pas a.
 a

On montre que la TF du peigne est encore un peigne :

+∞
F [comb( x)](u) = ∑ δ (u − q) = comb( u)
q = −∞

8°- La fonction de Heaviside

Heaviside(x)

1 si x ≥ 0
Elle est définie par: Heaviside(x)= 
0 si x < 0
Transformée de Fourier 179

(1 + signe( x)) , on obtient :


1
Comme Heaviside(x)=
2

1 1 
F [Heaviside( x ) ](u ) =  δ( u ) +
2

i πu 
180 Mathématiques pour les Sciences Physiques

IV Transformée de Fourier et Convolution

1°- Produit de convolution

Soient f,g: R → C. On définit sous réserve d’existence :

+∞
(f*g)(x) = ∫ f (t ) g ( x − t ) dt
t = −∞

La fonction f*g est appelée convoluée de f et g. Elle existe notamment


lorsque :

• f et g ∈ L1 (R), alors f*g ∈ L1 (R)

• f ∈ L1 (R) et g bornée

2°- Propriétés

• La convolution est commutative dans L1 (R): f*g = g*f

(Il suffit de faire le changement de variables u=x-t)

• La convolution est associative dans L1 (R):

f*(g*h) = (f*g)*h

• La convolution est distributive par rapport à l’addition dans L1


(R) :

f*(g+h) = f*g + f*h

• Dérivation: si f,g ∈ L1 (R) et si f ou g de classe C1 sur R, alors


f*g est de classe C1 sur R et :

(f*g)’ = f’*g = f*g’

• Translation: (f*g)(x-a) = f(x-a)*g = f*g(x-a)


Transformée de Fourier 181

3°- Interprétation graphique du produit de


convolution

Soient deux fonctions f et g réelles

g(t)
f(t)

t t

g(-t) g(x-t)

t x t
g(-t) retourne g(t) g(x-t) translate g(-t) de x

f(t) g(x-t)

x t
g(x-t) translate g(-t) de x

+∞
A x fixé, ∫ f (t )g ( x − t)dt permet de voir le recouvrement de f(t) avec
t = −∞
g(x-t)
182 Mathématiques pour les Sciences Physiques

x1 x2 x3 t

En faisant varier x, on déplace la courbe g(x-t) par rapport à la courbe


f(t). Pour chaque valeur de x, (f*g)(x) chiffre le recouvrement des deux
fonctions.

Qualitativement, on peut conclure que f*g sera nulle en x 1, va croître


jusqu’en x 2, puis décroître pour s’annuler en x 3.

Exemple: la convolution de la fonction rectangle avec elle même donne la


fonction triangle :

rectX(x) ΛX (x)

-X +X x
-X/2 +X/2 x

4°- Théorème de convolution

Dans L1 (R), la transformée de Fourier d’un produit de convolution


est égale au produit des transformées de Fourier :

[ ] [ ][]
F f*g = F f F g
Transformée de Fourier 183

F[f*g](u)

+∞ +∞  +∞ 
= ∫ ( f * g )( x )e −i2 πxu dx = ∫  ∫
 f (t ) g ( x − t ) dt  e −i 2πxu dx


x = −∞ x = −∞ t = −∞

+∞ +∞
= ∫ ∫ f (t )g ( x − t )e−i2πxu dxdt
t = −∞ x = −∞

+∞  +∞ 
= ∫ f ( t ) ∫ g( x − t ) e −i 2πxu dx dt
 x = −∞ 
t = −∞
(théorème de Fubini)

+∞  +∞ 
= ∫ f ( t )  ∫ g ( y ) e −i 2π ( t + y ) u dy dt
 
t =−∞  y = −∞ 
(changement de variable y=x-t)

+∞  +∞ 
= ∫ f ( t )  ∫ g ( y ) e −i 2πtu e −i 2πyu dy dt
 
t =−∞  y = −∞ 

+∞  +∞ 
= ∫ f ( t ) e−i 2 πtu  ∫ g( y) e −i 2πyu dy dt
 
t = −∞  y = −∞ 

+∞
= ∫ f (t )e −i2πtu F [ g ](u)dt
t = −∞

+∞
= F [ g ]( u) ∫ f (t )e −i 2πtu dt
t = −∞

= F[f](u) F[g](u)
184 Mathématiques pour les Sciences Physiques

5°- Exemples

• F[rectX*rectX] = F[rectX] F[rectX] = (Xsinc(πxu))2 = F[ΛX]

donc ΛX=rectX*rectX

• f(x)*δ(x) = f(x) on dégage ici une propriété fondamentale de δ :


c’est « l’élément neutre » du produit de convolution.

+∞
 x x 
• f ( x) * comb   = ∑ f ( x ) * δ − n
 a  n= −∞ a 

+∞ +∞
 x − na 
= ∑ f ( x ) * δ
 a 
 = a ∑ f ( x) * δ( x − na )
n =−∞ n= −∞
+∞ +∞
=a ∑ f ( x − na ) * δ( x ) = a ∑ f ( x − na )
n= −∞ n= −∞

Cette opération permet de représenter mathématiquement un


échantillonnage de la fonction f, abondamment utilisé en traitement
numérique des signaux

V Les systèmes linéaires


1°- Définition

Soit un dispositif permettant de traiter une information f e(x) pour


fournir en sortie une réponse gs(X).

Le système est linéaire lorsque la réponse gs(X) dépend linéairement de


l’entrée f e(x):

gs(X) = L[f e(x)]

L est un opérateur linéaire :

L [ a1 f 1(x) + a2 f 2(x) ] = a1 L [f 1(x)] + a2 L [f 2(x)].


Transformée de Fourier 185

Dans ces conditions, la sortie sera la superposition linéaire des différentes


composantes de l’entrée.

En optique, l’information f e est un objet lumineux. f e représente


l’amplitude du champ électrique en chaque point (x,y) de l’objet; f e est ainsi
une fonction de deux variables (coordonnées des points de l’objet). gs est
l’amplitude du champ électrique en chaque point (X,Y) d’un plan
d’observation (écran, cellule CCD, etc.)

- si les différents points de l’objet émettent des vibrations cohérentes entre


elles, gs dépend linéairement de f e(x,y)

- si les différents points de l’objet émettent des vibrations incohérentes, gs


2
dépend non plus de f e(x,y) mais de f e ( x , y ) . Le système reste
néanmoins linéaire.

Dans les deux cas, la grandeur physique captée en sortie est


2
proportionnelle à g s (X,Y) (intensité lumineuse)

En électronique, le problème est à la fois plus simple car


unidimensionnel (1 variable temporelle), mais aussi plus complexe car la
variable de sortie est la même que la variable d’entrée.

Nous décrivons ici des grandeurs d’entrée et de sortie


unidimensionnelles avec des variables différentes f e(x) et gs(X) ...

Les systèmes non linéaires:

Dans un système linéaire, la forme de la réponse sortie est connue


dès que l’entrée est connue.

Dans un système non linéaire (diodes, hystérésis, etc.), le système peut


avoir un comportement chaotique imprévisible.

Considérons par exemple un système non linéaire tel que gs(X)=


signe(f e(x)). Le système va présenter un comportement chaotique si f e(x)
varie aléatoirement autour de zéro, même dans un petit domaine.
186 Mathématiques pour les Sciences Physiques

2°- Réponse impulsionnelle d’un système linéaire

Soit un système linéaire décrit par un opérateur L :

gs(X) = L[f e(x)]

On utilise la fonction δ de Dirac pour décomposer f e(x) en une somme de


différentes composantes :

+∞
f e ( x) = ∫ f e (ξ)δ( x − ξ)dξ
−∞

+∞ +∞
Donc gs(X)= L[ ∫ f e (ξ)δ ( x − ξ) dξ ]= ∫ f e (ξ) L [δ ( x − ξ)]dξ
−∞ −∞

h(ξ,X)= L [δ( x − ξ)] est la réponse impulsionnelle du système.

h(ξ,x) est la réponse du système à une source ponctuelle placée en x=ξ,.


Si la variable d’entrée est temporelle, la source ponctuelle est une impulsion
infiniment brève.

+∞
Dès lors, gs s’exprime selon: gs(X)= ∫ f e (ξ)h (ξ, x)dξ , relation qui
−∞
montre que la réponse à une excitation quelconque est la superposition
linéaire des différentes contributions de l’excitation.

On remarque aussi que la réponse impulsionnelle d’un système


linéaire le caractérise complètement.

3°- Systèmes linéaires invariants, fonction de


transfert

Un système linéaire est dit invariant lorsqu’une translation en


entrée se traduit par un translation en sortie, sans affecter la forme de la
sortie.
Transformée de Fourier 187

Un tel système a sa réponse impulsionnelle qui ne dépend que de


X-ξ: h = h(X-ξ)

Par exemple, une impulsion envoyée sur un système électronique à


un instant t 0 produira une réponse à un instant ultérieur t 1 avec t 1-t 0
indépendant de t 0.

Pour un système optique, une translation de l’objet se traduit par


une translation de la figure observée.

Pour de nombreux systèmes réels, cette propriétés sera vérifiée, au


moins localement.

La sortie du système linéaire invariant est dans ces conditions


donnée par :

+∞
gs(X)= ∫ f e (ξ)h( X − ξ)dξ
−∞

soit g s ( X ) = ( f e * h)( X )

+ La réponse d’un système linéaire invariant est la convoluée de


l’entrée avec la réponse impulsionnelle.

Si on s’intéresse à la composition spectrale des signaux, on applique


la transformée de Fourier et on obtient :

GS = FE × H

où GS= F[gs] FE= F[f e] et H= F[h]

H= F[h] s’appelle la fonction de transfert du système linéaire invariant.

+ Le spectre de la sortie s’obtient en multipliant le spectre de l’entrée


avec la fonction de transfert H du système linéaire invariant.
188 Mathématiques pour les Sciences Physiques

Exemple : Considérons en électronique un filtre passe bas du premier


ordre fondamental. Sa fonction de transfert est :

1
H (ω) =
1 + i ωτ

t
1 −
la réponse impulsionnelle est v s(t) = F [H] = e τ
-1
τ

4°- Interprétation physique du produit de convolution

Reprenons le cas d’un système linéaire invariant. La réponse en


sortie est la convoluée de l’entrée avec la réponse impulsionnelle :

+∞
gs(X)= ∫ f e (ξ)h( X − ξ)dξ
−∞

Supposons que l’entrée soit constituée d’un point source situé en x=x 0.
Alors f e(x) = δ(x-x 0) et donc :

+∞
gs(X)= ∫ δ(ξ − x 0 )h ( X − ξ)dξ = h(X-x 0)
−∞

fe(x) gs(X)

système linéaire
invariant

x0
x X0 X

+ h caractérise donc aussi l’étalement d’une impulsion ponctuelle à travers


le système .
Transformée de Fourier 189

Soit maintenant une entrée quelconque décrite par f e(x). f e(x 0)dx 0
peut être considérée comme une partie ponctuelle de l’entrée dont la
réponse par le système est donnée par f e(x 0) dx 0 h(X-x 0).

Chaque point de l’entrée peut être traité de la même manière et la


sortie est la superposition de toutes les composantes. Cette superposition
s’écrit :

+∞
gs(X)= ∫ fe (x0 )h(X − x0 )dx0
x0 = −∞

ce qui consiste précisément à faire la convolution de f e avec h.

Notons au passage que l’étalement des différentes composantes de l’entrée


va altérer le signal: il va y avoir une perte d’information entre l’entrée et la
sortie. L’exemple ci-dessous montre une entrée constituée de deux pics
rapprochés alors que la sortie ne montre qu’un seul pic.

fe(x) gs (X)

système linéaire
invariant

x1 x2 X1 X 2 X

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