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Lire un texte, c’est d’abord le situer dans son époque, à la fois dans son contexte historique (situation
sociale, économique, politique) et dans son contexte proprement littéraire (courants littéraires, débats
esthétiques…)1. La connaissance de ces contextes contribue à éclairer le texte et à saisir certaines pistes de
lecture. Aussi, est-il nécessaire que l’étudiant ait une connaissance des éléments de l’histoire littéraire
française.
La connaissance de l’Histoire littéraire française est un support précieux à la lecture d’un texte. Elle
permet à l’étudiant de situer le texte à étudier et d’émettre des hypothèses de lecture.
L’étudiant doit nécessairement connaître les dominantes de chaque siècle, les principaux mouvements et
tendances qui les caractérisent, et les courants de pensée qui les traversent.
XVI SIECLE
DE LA RENAISSANCE A L’HUMANISME
A la sortie du Moyen Age, considéré comme obscur, se produit un renouveau appelé renaissance,
caractérisé par une résurgence des valeurs de l’Antiquité gréco-romaine et fondé sur une nouvelle
conception de l’Homme.
L’Humanisme est le terme qui servira à désigner plus précisément le projet philosophique, politique,
culturel et social, cherchant à promouvoir un modèle de perfection humaine qui s’oppose totalement du
point de vue intellectuel, moral, esthétique et religieux au modèle humain du Moyen- Age.
- ROMANS ET ESSAIS –
XVII SIECLE
LE SIECLE CLASSIQUE OU LE GRAND SIECLE
Le XVII Siècle, appelé également le Grand Siècle, est une période de grands contrastes, traversée par de
nombreux mouvements littéraires (le Baroque, la Préciosité, le Burlesque, le Classicisme).
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C’est l’objet des modules Textes et histoires (TH 1 – TH 2 – TH 3).
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LES PRECURSEURS ET LES MORALISTES
LES ROMANCIERS
LES DRAMATURGES
XVIII SIECLE
SIECLE DES LUMIERES
Le XVIII siècle doit son appellation de siècle des lumières à une nouvelle démarche intellectuelle fondée
sur l’esprit critique et une approche scientifique innovante inspirée par l’astronome anglais Newton qui
consacre la victoire de la science sur la métaphysique et celle de l’observation sur la spéculation.
En perpétuelle transformation, l’univers apparaît, dans une perspective matérialiste, privé de toute relation
avec une quelconque notion d’absolu. (Dieu n’est plus, pour Voltaire par exemple, qu’un « horloger » tout
juste utile à la bonne marche du monde).
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Œuvres littéraires majeures :
- LES PHILOSOPHES -
Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes,
1755.
La nouvelle Héloïse, 1768.
Du contrat social, 1762.
Les confessions, 1789.
- LES ROMANCIERS -
- Les DRAMATURGES -
XIX SIECLE
SIECLE DES DEFIS
Plusieurs courants littéraires traversent ce siècle. Nous ne donnerons que ce qui est essentiel pour situer
une œuvre.
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1 – Le romantisme
Vaste mouvement littéraire qui est né à la fin du XVIII e siècle, le romantisme est caractérisé par
l’expression passionnée des sentiments. Rejetant les règles classiques fondées sur une sagesse raisonnable au
profit d’une sensibilité, le romantisme met en avant le « moi », souvent déçu dans ses aspirations et ses
passions. La désillusion face à la recherche d’un idéal est à l’origine du « mal du siècle ». Les poètes
romantiques ressentent l’échec et le « mal de vivre » sous forme de malaise physique et d’impuissance.
Déçus par la vie, ils se réfugient au sein de la nature pour retrouver un idéal perdu.
L’homme romantique est caractérisé par un désir d’absolu et un réveil du spirituel.
L’homme romantique souffre d’un désir d’absolu, frustré par une réalité dont il rejette les valeurs
bourgeoises, le culte de l’argent et le conformisme. Ressentant la vie comme un exil, les romantiques voient
dans l’évasion une forme de salut. D’où le thème du voyage à la découverte d’un ailleurs qui recèlerait leur
rêve de liberté et d’idéal. Les thèmes privilégiés pour dire ce désir d’absolu : méditation sur les ruines, les
tombeaux, la nature, exaltation des sentiments, l’au-delà.
« Mal du siècle », tristesse et insatisfaction mêlées conduisent les artistes à rechercher la trace de leur
idéal dans la quête d’un ailleurs exotique ou d’un passé nostalgique. Ils s’abandonnent soit à l’expression
lyrique de leur désenchantement ou de leur aspiration à une autre vie. Ils voient dans la nature le cadre
privilégié de leur mal-être et le refuge propice au déploiement de leur imagination.
Réveil du spirituel : dans sa relation à l’univers, l’artiste romantique ressent un réveil du spirituel, éprouve
la puissance des forces qui l’environnent et porte sur la nature un regard qui lui permet d’accéder aux
mystères du monde. Il déchiffre les signes : la nature lui parle. Il s’agit essentiellement de Victor Hugo,
Lamartine, Musset, Vigny, Chateaubriand.
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« L’Isolement » (Méditation première) de Lamartine
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Là, je retrouverais et l’espoir et l’amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour !
Texte :
L’automne me surprit au milieu de ces incertitudes ; j’entrai avec ravissement dans les mois des tempêtes.
Tantôt j’aurai voulu être un de ces guerriers errant au milieu des vents, des nuages et des fantômes ; tantôt
j’enviais jusqu’au sort du pâtre que je voyais réchauffer ses mains à l’humble feu de broussailles qu’il avait
allumé au coin d’un bois. J’écoutais ses chants mélancoliques, qui me rappelaient que dans tout pays, le
chant naturel de l’homme est triste, une lyre où il manque des cordes, et où nous sommes forcés de rendre
les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs.
Le jour, je m’égarais sur de grandes bruyères terminées par des forêts. Qu’il fallait peu de chose à ma
rêverie : une feuille séchée que le vent chassait devant moi, une cabane dont la fumée s’élevait dans la cime
dépouillée des arbres, la mousse qui tremblait au souffle du nord sur le tronc d’un chêne, une roche écartée,
un étang désert où le jonc flétri murmurait ! Le clocher du hameau, s’élevant au loin dans la vallée, a
souvent attiré mes regards ; souvent j’ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au dessus de ma
tête. Je me figurais les bords ignorés, les climats lointains où ils se rendent ; j’aurai voulu être sur leurs ailes.
Un secret instinct me tourmentait ; je sentais que je n’étais moi-même qu’un voyageur ; mais une voix au
ciel semblait me dire : « Homme, la saison de ta migration n’est pas encore venue ; attends que le vent de la
mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues que ton cœur demande. »
Levez- vous vite, orages désirés, qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie ! » Ainsi disant,
je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie ni
frimas, enchanté, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon cœur.
Chateaubriand François-René (1768 – 1848)
Délaissé par ses parents et abandonné aux domestiques, Chateaubriand regarde déjà, face à la mer,
songeur et fiévreux, les ouragans, la colère du ciel et les horizons perdus. Adolescent à la fois charmeur et
rebelle, "il noue des relations faciles avec les sciences et les arts". Hésitant entre l'Eglise et la marine, il
renonce finalement aux deux.
Il entreprend alors son second grand voyage, le voyage d'Orient. De toutes les lumières et de tous les
souvenirs qu'il ramène de Grèce, de Turquie, d'Egypte, d'Afrique du Nord et d'Espagne, il fera plus tard
l'Itinéraire de Paris à Jérusalem, les Martyrs, et Le Dernier Abencérage.
Il achète une maison, la Vallée aux loups, aux environs de Paris; résidence qui lui permet d'échapper au
courroux de l'empereur. Il décide de commencer, ce qui sera la grande œuvre de sa vie, Les mémoires
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d'Outre Tombe. Il se consacrera pendant plus de trente ans à la rédaction de ce chef d'œuvre qui ne sera
publié qu'après sa mort.
Jean d'Ormesson, dans sa passionnante Histoire de la littérature française dépeint ainsi l'auteur du Génie
du Christianisme et des mémoires d'Outre Tombe : "Chateaubriand est à cheval sur deux siècles, et en
vérité sur deux mondes : le dix-huitième et le dix-neuvième, le libertinage et la passion, l'âge des lumières et
le romantisme. Il a vingt-cinq ans quand éclate la terreur . Stendhal a dix ans et Lamartine trois ans. Vigny
n'est pas encore né . Hugo non plus, bien sûr. La révolution romantique sera entreprise par un conservateur
d'Ancien régime, fidèle à la monarchie légitime et à la religion catholique, attaché à la tradition. Ce n'est
pas le seul paradoxe d'un écrivain dominé par la contradiction. Il fera profession de mépriser les honneurs
et il les recherchera, et les obtiendra toute sa vie. Il sera à la fois le défenseur véhément de la liberté de la
presse et un ultra convaincu. Il sera un chrétien authentique, un catholique soumis, et l'adultère et les
femmes tiendront dans son existence une place considérable."
Comme il l'avait souhaité, Chateaubriand sera inhumé sur le rocher du Grand Bé à Saint-Malo, face à l'océan
qui l'a vu naître. Son épitaphe est le suivant :
2 – Le réalisme et le naturalisme :
Ces deux courants recouvrent la 2ème moitié du XIX siècle et concernent essentiellement les romanciers.
L’écrivain réaliste et naturaliste veut montrer le monde tel qu’il est avec le progrès et ses dangers et non
exprimer sa personnalité à travers un idéal auquel il croit. Se fondant sur l’observation et la documentation,
les auteurs réalistes empruntent leurs personnages à la vie courante et aux couches modestes de la société. Ils
privilégient le récit objectif présenté ou par les yeux (l’école du regard) ou par la pensée d’un personnage
(le réalisme subjectif) auquel ils s’efforcent de donner des réactions propres.
Mais le réalisme ne présente qu’une réalité plausible. Le lecteur se contente de l’illusion du réel car
l’écrivain réaliste ne reproduit rien : il anime de son regard singulier un fragment du monde visible auquel il
donne une cohérence interne, un sens à la fois nécessaire et relatif. Le réel n’est pour lui qu’un matériau
d’où il prélève les faits. Son objectivité apparente peut prendre souvent valeur de dénonciation.
Dans un siècle marqué par le développement des sciences (lois de l’hérédité, déterminisme du milieu), le
courant réaliste, en réaction contre le romantisme, s’impose peu à peu jusqu’à devenir dominant à l’époque
de Flaubert. Zola va encore plus loin avec le mouvement naturaliste qui veut analyser scientifiquement le
comportement humain.
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Bouvard et Pécuchet, 1887.