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EN DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE


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Convention de 1993 sur l'interdiction des armes


chimiques et sur leur destruction

La Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l'emploi des armes chimiques et sur leur
destruction fait partie des instruments de droit international interdisant l'usage d'armes ayant des effets particulièrement odieux.
Dès la fin de la Première Guerre mondiale, l'emploi de moyens de guerre chimiques et bactériologiques a été largement
condamné, puis prohibé dans le Protocole de Genève de 1925. L'adoption de la Convention conforte ainsi un principe de base
du droit relatif à la conduite des hostilités, selon lequel les parties à un conflit armé n'ont pas un droit illimité quant au choix des
méthodes et moyens de combat. Négociée dans le cadre de la Conférence du désarmement, la Convention a été ouverte à la
signature à Paris le 13 janvier 1993 et est entrée en vigueur le 29 avril 1997. Elle lie aujourd'hui la très grande majorité des
États.

Objectifs de la Convention Interdictions et destruction au plus tard dix ans après l'entrée
en vigueur de la Convention (art.
La Convention vise d'une part à D'une part, tout État partie à la IV, par. 6 et V, par. 8);
exclure complètement la possibilité Convention s'engage à ne jamais,
d'emploi des armes chimiques. A sous aucune circonstance (art. I, par.  toutes les armes chimiques qu'il a
l'instar de la Convention de 1972 sur 1) : abandonnées sur le territoire d'un
les armes biologiques, elle complète autre État partie, conformément à
et renforce à plusieurs égards le  mettre au point, fabriquer, l'Annexe sur la vérification
Protocole de Genève de 1925 acquérir, stocker, conserver ou complétant la Convention (art. I,
concernant la prohibition d'emploi, à transférer d'armes chimiques; par. 3).
la guerre, de gaz asphyxiants,
toxiques ou similaires et de moyens  employer d'armes chimiques; Armes prohibées et installations de
bactériologiques. fabrication
 entreprendre des préparatifs
Ainsi, outre le fait de ne tolérer militaires en vue de l'emploi La Convention retient une définition
aucune réserve (art. XXII), la d'armes chimiques; large des armes chimiques, incluant
Convention étend l'interdiction de chacun des éléments qui les
l'emploi des armes chimiques à la  aider, encourager ou inciter composent. Ainsi, sont considérées
mise au point, la fabrication, quiconque à entreprendre une armes chimiques les éléments
l'acquisition, le stockage, la activité interdite par la suivants, pris ensemble ou
conservation et au transfert de ces Convention. séparément (art. II, par. 1, 3 et 9);
armes, en plus d'exiger tant leur
destruction que celle des installations La Convention interdit, par ailleurs,  les produits chimiques toxiques,
où elles sont fabriquées. l'emploi d'agents de lutte antiémeute incluant les réactifs entrant dans
en tant que moyen de guerre (art. I, leur fabrication, à l'exception de
Fondée d'autre part sur l'idée que les par. 5). ceux qui sont destinés à des fins
progrès dans le domaine de la chimie non interdites par la Convention,
devraient être utilisés exclusivement D'autre part, tout État partie s'engage notamment industrielles,
au profit de l'humanité, la Convention à détruire : agricoles, de recherche,
encourage et encadre le médicales, pharmaceutiques, de
développement de l'industrie chimique  les armes chimiques ainsi que les protection contre les produits
à des fins non interdites par elle. Elle installations de fabrication chimiques, de maintien de l'ordre
prévoit en outre un système d'armes chimiques qu'il détient, public ou militaires sans rapport
d'assistance et de protection des possède ou qui se trouvent en un avec l'emploi d'armes chimiques;
États menacés ou attaqués au moyen lieu placé sous sa juridiction ou
d'armes chimiques. son contrôle (art. I, par. 2 et 4), la  les munitions et dispositifs
destruction devant être achevée spécifiquement conçus pour

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provoquer la mort ou d'autres Chaque État partie doit créer ou obligations prévues à la
dommages par la libération de désigner une autorité nationale qui Convention, notamment en
produits chimiques toxiques; servira de centre national en vue matière de prévention et de
d'assurer une liaison efficace avec répression des activités
 tout matériel spécifiquement l'OIAC (art. VII, par. 4). Celle-ci jouera prohibées (art. VII, par. 2);
conçu pour être utilisé en liaison un rôle de premier plan dans
directe avec ces derniers. l'exécution des mesures de mise en  la désignation ou la création
œuvre de la Convention. La définition d'une autorité nationale chargée
L'expression «installation de de son mandat, de sa structure et de d'assurer une liaison efficace
fabrication d'armes chimiques» ses pouvoirs d'exécution est laissée à avec l'OIAC et les autre États
désigne le matériel, incluant tout la discrétion de l'Etat. parties (art. VII, par. 4);
bâtiment l'abritant, conçu pour la
fabrication ou le remplissage de ces Mesures nationales de mise en  la transmission obligatoire par les
armes (art. II, par. 8). œuvre entités concernées à l'autorité
Chaque État partie a l'obligation nationale de l'information
Système de vérification indispensable à la production de
d'adopter, conformément aux
procédures prévues par sa déclarations nationales justes et
La Convention met en place un Constitution, une série de mesures complètes;
système contraignant de vérification législatives et administratives pour
du respect, par les États, de leurs
mettre en œuvre les obligations  dans le cadre du système de
obligations conventionnelles en vérification, et conformément à
découlant de la Convention (art. VII),
matière de destruction. Ce système, l'Annexe sur la vérification,
et d'informer l'OIAC des mesures
détaillé dans les Annexes complétant l'entrée et la sortie des
prises (art. VII, par. 5). Afin d'éviter
la Convention, prévoit la production équipements d'inspection de
des différences d'interprétation, la
de déclarations, initiales puis législation devrait incorporer la l'OIAC et du matériel approuvé,
annuelles, relatives à la production définition des armes chimiques l'accès de l'équipe d'inspection
chimique industrielle de l'Etat (art. III, prévue par la Convention. aux installations et la conduite
IV par. 7, V par. 9, et VI par. 7 et 8, et des inspections, notamment en
Annexe sur la vérification). ce qui a trait au prélèvement et à
Tout État doit, en particulier, prohiber
et réprimer les activités interdites par l'analyse des échantillons;
La vérification proprement dite
la Convention (principalement celles
s'effectue selon trois types
interdites par l'art. I, par. 1 et 5, et par  la révision de la réglementation
d'inspection : les inspections de l'art. VI, par. 2) dans sa législation nationale en matière de
routine sur la base des déclarations pénale et prévoir, pour ses nationaux, commerce des produits
nationales (art. IV à VI), les l'application extraterritoriale de ces chimiques pour la rendre
inspections par mise en demeure à mesures pénales (art. VII, par. 1). compatible avec l'objet et le but
seule fin d'établir les faits se de la Convention (art. XI, par. 2
rapportant au non-respect éventuel de (e)), conformément aux mesures
Selon le Statut de Rome de 1998, la
la Convention (art. IX) ou encore les de contrôle exigées par la
Cour pénale internationale est
inspections sur la base d'une Convention;
compétente pour juger les auteurs
allégation d'emploi d'armes chimiques présumés de crimes de guerre, au
(art. X). nombre desquels apparaît le fait  le traitement confidentiel,
d'utiliser des gaz asphyxiants, conformément à l'Annexe sur la
Les produits chimiques toxiques toxiques ou assimilés et tous liquides, confidentialité, des informations
utilisés à des fins non interdites par la reçues en confidence de l'OIAC
matières ou engins analogues en
Convention et les installations qui leur (art. VII, par. 6);
situation de conflit armé international
sont liées font également l'objet de
(art. 8(2)(b)(xviii)). En vertu du
mesures de contrôle en vertu de
principe de complémentarité, la  le respect des privilèges et
l'Annexe sur la vérification (art. VI, immunités nécessaires à
compétence de la Cour ne peut
par. 2). s'exercer que lorsqu'un État est dans l'exercice des fonctions de l'OIAC
l'incapacité de poursuivre ou n'a pas et des personnes désignées par
L'Organisation pour l'interdiction la volonté de le faire. Ainsi, pour la Convention (art. VIII, par. 48-
des armes chimiques (OIAC) 51 et Annexe sur la vérification).
bénéficier de ce principe, un État doit,
au préalable, adapter sa législation de
L'OIAC a pour mission de veiller à De plus amples informations relatives
manière à permettre la poursuite des
l'application de la Convention et de à la mise en oeuvre de la Convention
auteurs d'un tel crime.
ménager un cadre dans lequel les sont disponibles sur le site Internet de
États parties, qui sont de facto La forme et le contenu des autres l'OIAC (http://www.opcw.org/) ainsi
membres de l'Organisation, puissent mesures nécessaires à la mise en qu'à l'adresse suivante:
coopérer et se consulter entre eux œuvre de la Convention dépendront
(art. VIII, par. 1 et 2). Le Secrétariat des stocks d'armes et installations OIAC
technique de l'OIAC, qui a son siège à Johan de Wittlaan 32
détenus par un État partie, ainsi que
La Haye, est chargé d'exécuter les NL-2517 La Haye
de la nature de son industrie
mesures de vérification et de fournir Pays-Bas
chimique. Sans être exhaustives, ces
aux États parties une assistance Tel: +31-70-416 3300
mesures doivent assurer et faciliter :
technique dans la mise en œuvre des Fax: +31-70-306 3535
dispositions de la Convention (art.
 la coopération et l'assistance
VIII, par. 3, 37 et s.).
juridique entre États parties
relativement à l'exécution des 02/2003

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