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Les bases cinétiques du principe de Nernst

O. Sackur

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O. Sackur. Les bases cinétiques du principe de Nernst. Radium (Paris), 1911, 8 (5), pp.206-208.
�10.1051/radium:0191100805020600�. �jpa-00242476�

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Les bases cinétiques du principe de Nernst

Par O. SACKUR

[Laboratoire de Chimie physique de l’Université de Leipzig].

Le théorème de Nernst pose en principe, qu’au zéro d’Einstein sur les chaleurs spécifiques 1, ce qui con-
absolu, pour les réactions entre systèmes condensés duit à écrire :
(corps solides et liquides), non seulement il y a éga-
lité entre l’énergie utilisable A et l’énergie interne U,
qui se confond avec la chaleur de réaction Q ou avec en même temps qu’il montrait, au moyen de consi-
ce que Nernst nomme tonalité thermique,
dérations moléculaires, la très grande probabilité de
[A]o=[Q]o, (1) la relation.

mais encore que les dérivées de ces deux grandeurs

par rapport à la température absolue T sont égales,


de telle sorte qu’on doit aussi écrire: L’auteur du présent travail s’est proposé de démon-
trer l’égalité (», puisque l’égalité (4) pcut être con-
sidérée comme rigoureusement établie : le théorème
de Nernst se présente alors, d’après lui, comme une
Si l’on admet de plus que l’énergie interne sc conséquence nécessaire de la théorie deiiistein et
zéro absolu comme une fonction des considérations de Roltzmann sur la relation entre
comporte jusqu’au
continue et bien déterminée de la température abso- l’entropie S et la probabilité W.
lue et si l’on développe cette fonction suivant les Pour arriver à ce résultat, on peut suivre deux
voies différentes, la seconde plus analytique, mais
puissances croissantes de la température T, en tenant
en outre compte de la relation d’ljelmholtz : clui l’une et l’antre reviennent au mèmc.
On part de la relation bien connue :

qui estd’ailleurs une conséquence rigoureuse des


deux principes de la thermodynamique, on démontre et de la formule de Boltzmann :
immédiatement comme l’a indiqué Nernst, que les
chaleurs spécifiques de tous les corps suivent la loi
de Kopp au zéro absolu eu que la constante d’intégra- partir de ces deux dernières égalités, il est très
A
tion de l’équation (5), qui rcstait indétcrminée, doit simple de démontre la formule (5) ce qui d’ail-
être prise égale à zéro pour toutes les réactions des leurs a déjà été indiqué précédemment par Nernst.
systèmes condensés. On peut alors calculer l’énergie Mais, ce qui est plus complicluc, c’est de montrer
utilisable de telles réactions à toutes les températures, comment, lorsque T décroît, S tend insensiblemcnt
à partir des simples données thermiques. vers zéro.
Jusqu’u présent, il n’a pas encore été donné de Pour cela, on s’appuic sur la l’orniule de Planck-
preuve directe du théorème de Nernst [équations (2)]; Einsteïn :
d’ailleurs une vérification expérimentale parait à
peine possible vu les difficultés énormes que présen-
tent les mesures aux très basses température. Ce-
pendant on doit considérer cc théorème commc établi oh E de cha-
empiriquement, puisque plusieurs de ses conséquences représente l’énergic cinétique moyenne
ont été vérifiées, d’une manière satisfaisante, parmi
cune des N particules qui constituent un atome-
gramme; R est la constante des gaz été l’élément
lesquelles on doit citer l’étude des réactions à haute d’action de Planer.
température.
Nernst a d’ailleurs été plus loin ; il a indiqné que Si l’on considère alors des températures très basses
son théorème est d’accord avec les nouvelles théories AT1, AT2,.....,AT, pour lesquelles les particules
1. Le mémoire complet esi publié dans Ann. d. Phys., 1. Ann. d. Plys., 22 (1907) 189. 2013

Pltys. Zcits(’hJ’.,
34 (HH’l) 435-468. 10 (1JOJ) 183.

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/radium:0191100805020600


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prennent des quantités d’énergie E, 2E,....PE , on u la formule (12), si toutefois l’on pose :
peut écrire d’après (8) :

et l’on voit alors que la constante d’intégration est


nulle.
Il se trouve par suite démontré, par cette formule
très générale, que l’entropie tend vers zéro, lorsque
la température tend vers zéro. (Théorème de Nernst.)
Etc.....
relations qui permettent de montrer que, quand la Enfin, comme conséquences de ce travail théorique,
température tend vers zéro, l’énergie et l’entropie ten- on peut indiquer des considérations en partie nou-
dent, elles aussi, vers zéro. Nous ne pouvons, pour velles sur la conception du corps solide idéal.
le détail du raisonnement, que renvoyer au mémoire Il vient tout d’abord d’après (12) :
original.
Toutefois, il est intéressant d’indiquer le principe
de la seconde démonstration, la démonstration ana-
lytique qu’on peut donner du théorème de Nernst. ce qui montre que d’un corps solide
l’entropie
La relation (6) peut s’écrire : idéal est indépendante du volume : par suite, un tel
corps ne peut présenter ni solutions solides, ni diffu-
sion.
En outre, d’après la relation générale :
car la constante d’intégration est nulle pour toutes
les réactions entre corps solides. Mais, d’aprèsEinstein
(loc. cit.), on a :
-
il vient:

et comme l’on a :

où la somme s doit être étendue à tous les corps


réagissant, pris avec des signes différents suivant qu’ils
apparaissent ou qu’ils disparaissent dans la réaction. on peut écrire :
L’intégration (10) donne alors d’après (11) :
et aussi :

(12)
u unc constante d’intégration près.
Pour montrer que cette constante d’intégration est c’est-1-dire indépendant de la enfin :
tenlpérature; et
nulle, il suffit du comparer cette expression avec la
relation que Max Plarlclz 1 obtient, par des considéra- CI) - cv .
tions de probabilité, pour l’entropie s de chacune des Le sens de ces égalités est le suivant : le coefficient
parties d’un système de N résonateurs de même fré- de dilatation d’un corps solide idéal est nul et son coef-
quence : ficient de coinpressibilité est indépendant de la tem-
pérature : en comprimant un tel corps solide, la tem-
pérature ne varie pas et le travail cédé ne sert qu’à
augmenter l’énergie potentielle des atomes.
Ces résultats ont d’ailleurs été déjà partiellement
oit- est donné par la formule (8). Il suffit de rem-
obtenus par Nernst1.
Si l’on compare ces propriétés avec celles des corps
placer ce rapport par sa valeur et d’appliquer cette
relation (15) à chacun des corps réagissant pour solides réels, on remarque que ceux-ci possèdent très
obtenir une expression de l’entropie totale S identique sensiblement les propriétés idéales indiquées précé--

1.Max PLANCK,Wärmestrahlung,p.153. 1. W. NERNST. JOUI’O. de Chim. et Phys., 8 lIDI0) 236.


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demment et que, si les divergences sont notables à conception limite, qu’on peut rapprocher de celle de
haute température, elles s’atténuent de plus en plus gaz parfaït ; il serait alors de toute importance et il
quand la température baisse, comme l’ont montré les doit être possible de construire, en s’appuyant sur les
expériences de Tlliesen et de Gruneisen. idées d’IJinStein, une théorie cinétique complète de
Le théorème de Nernst se trouve d’ailleurs confirmé l’état solide, qui formerait un complément analogue
par ce fait qu’a basses températures, les corps solides a ce (lu est la théorie de BT an dcr Waals pour les gaz
réels tendent de plus en plus vers cet état purement parfaits.
abstrait que constitue le corps solide idéal. [Manuscrit reçu le 10 mai.]
Le corps solide idéal se présente donc comme une [Extraits par Marcel BoLL].

REVUE DES LIVRES seulement à l’accroissement de l’ouverture mais à l’accroisse-


ment du champ. Ce problème difficile, envisagé par Petzval
avec un succès partiel, fut étudié par Seidel, professeur de

Les principes et méthodes de l’optique géomé- mathématiques, à Munich, dans une série de mémoires
parus aux Astronoimische Nachrichten, en 1855. Sa mé-
trique, en vue de leur application spéciale à la théorie thode est une extension de celle de Gauss, consistant à tenir
des instruments d’optique, par Southall (J. P. C.)
(/1 vol., 15 X 22, 626 pages, Maclnillan Co, New-York compte, dans les développements en série, des termes du
second ordre. Il obtint, d’une façon assez simple, des for-
et Londres, 1910).
mules élégantes et entièrement générales, qui permettent
Ce volume, de plus de 600 pages, est destiné, dans la de comprendre, presque d’un seul coup d’oeil, comment les
pensée de l’auteur, à combler une lacune importante dans défauts d’une image fournie par un système réfringent,
la li ttérature scientifique américaine et même anglaise (en centré et sphérique, dépendent, en partie de l’ouverture,
dépit de l’admirable article que lord Rayleigh a consacré à et en partie de l’extension du champ. Ces méthodes et ces
l’optique dans l’Encyclopedia brilannica). Il est hien vrai théories sont exposées tout au long dans le chapitre XII. »
que l’optique géométrique fait, depuis bien des annécs, (106 pages.)
assez pauvre figure dans les publications scientifiques qui « Les spectres de prismes et les aberrations chroma-
ne sont pas de purs traités didactiques, et l’on peut dire
tiques de systèmes dioptriques forment le sujet du cha-
qu’en fait, la science des meilleurs constructeurs d’instru- pitre XIII, sous le titre de phénomènes coloi-és. » (57 p3ges.)
ments d’optique n’a que peu de rapport avec celle des « Une des parties les plus importantes de l’ouvrage est
manuels. Nous avons, en France, l’excellent volume de le chapitre XIV, oû le lecteur trouvera un exposé à peu
M. Bouasse, mais l’ouvrage beaucoup plus étendu de près complet de la théorie d’Abbe sur la limitation des
M. Southall est susceptible de rendre d’autres services, à faisceaux de rayons, au moyen de diaphragmes, théorie si
cause des nombreux cas particuliers, dans l’examen détaillé
capitale pour le rendement efficace d’un instrument d’op-
desquels il entre. tique actuel. »
Dans sa préface, l’auteur appelle l’attention sur certains L’auteur s’est efforcé de rendre son ouvrage commode,
chapitres. Nous ne saurions mieux faire que de traduire. pour chercher des références. Aussi, non seulement le
« Je n’ai pas hésité à employer, spécialement en ce qui choix des notations a-t-il été particulièrement soigné, mais
concerne la théorie géométrique de la formation des images, encore un appendice de 50 pages, placé à la fin du volume,
aux chapitres V et VII, les méthodes élégantes et directes
permet-il de savoir immédiatement la signification de tel ou
de la géométrie moderne. » [Division harmonique et anhar- tel symbole employé dans tel chapitre de l’ouvrage. On
monique, géoinétrie projective; il semble, à ce propos, trouve également un index alphabétique. Enfin, chaque
que les noms de Poncelet et de Chailes eussent pu figurer figure porte un titre, fréquemment accompagné d’une lé-
dans cet exposé, bien qu’on doive reconnaitre que les appli- gende explicative.
cations de ces méthodes à l’optique soient dues aux opti- On voit donc qu’il s’agit d’un livre extrèmement soigné,
ciens allemands, Abbé, Czapski et autres.] cc Les applica- qui nous paraît pouvoir rendre d’utiles services.
tions de ces méthodes sont toujours faites d’une façon L. Dunoyer.
simple et élémentaire, pour ne rehuter aucun lecteur. »
« Dans la théorie de la formation des images, déve- Spark Spectra of the metals, par Gissing (Ch. E.).
loppée par Gauss, on suppose que l’ouverture et le champ (1 vol., 22 X 28, 21 pages et 10 planches, Baillière,
du système optique sont extrêmement petits, de sorte que Tindau et Cox, Londres, 1910.)
tous les rayons qui contribuent à la formation de l’image L’ouvrage s’adresse à ceux qui emploient le spectro-
sont compris dans une région cylindrique étroite, entou- scope à prisme dans le but de faire rapidement l’analyse
rant immédiatement l’axe optique. Pour l’établissement de minérale d’une substance donnée et plus spécialement des
télescopes munis d’objectifs de grand diamètre, il faut minéraux. Tous les spectres donnés sont des spectres
tenir compte des aherrations de sphéricité, dues à l’accrois- d’étincelle et se rapportent à la partie visible du spectre.
sement de l’ouverture; cela conduit aux travaux d’Euler, Après une introduction d’une vingtaine de pages contenant
de Bessel, d’Airy, Gauss, Seidel et autres. Avec le dévelop- quelqucs données pratiques et des tables de longueurs
pement du microscope, la naissance et les progrès de la d’onde des lignes des principaux éléments, on trouve
photographie, de nouvelles conditions ont été imposées par l’atlas proprement dit. Celui-ci renferme sur 10 planches
la nécessité de donner, autant que possible, le même degré hors texte, la reproduction de J0 spectres de métaux et de
de perfection aux différentes parties d’une image étendue, quelques alliages, ces spectres ont J f) cm. de longueur
et de corriger, par conséquent, les aberrations dues, non pour la région 8 000-3) 800.

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