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Pilote 4 

: l’Orient une nouvelle source d’inspiration

Nous avons vu la dernière fois comment La Fontaine a été mis en contact avec
des récits orientaux dans lesquels il va puiser ses sources pour écrire ses
nouvelles histoires. Le Livre 7, du second recueil de Fables, débute ainsi par cet
avertissement : « Seulement je dirai par reconnaissance que j’en dois la plus
grande partie à Pilpay Sage Indien »
La Fontaine trouve dans le thème oriental le moyen de renouveler son
inspiration.
En effet si vaste soit-il, le bestiaire de La Fontaine n’est pas illimité.
Le retour des mêmes animaux d’une fable et d’un livre à l’autre le prouve
amplement. Le Rat, le Loup, le Renard, le Chien, le Lion sont des personnages
récurrents. La faune orientale apporte en plus de sa note exotique des spécimens
plus inattendus en tout cas moins connu des lecteurs français de l’époque de La
Fontaine.
D’autres animaux font leur apparition avec leurs traits de caractères pour
renouveler le genre et surprendre le lecteur : l’Hyène stupide; le Chacal rusé, le
Scorpion perfide! Mais aussi, Le Tigre (VII, 1), l’Éléphant (VIII, 15), le Singe, le
Léopard (IX, 3), le Cormoran (X, 3), la Gazelle (XII, 5), le Rhinocéros (XII, 21)
ainsi que les Boubaks- deux espèces, les uns de la couleur & de la grandeur des
Blaireaux, & les autres de celle des renards.
Leur évocation dépayse et souvent amuse. L’Éléphant est ainsi vu à travers le
regard d’un rat des plus petits comme un animal à triple étages! (Le rat et l ’
éléphant, VIII, 15) Le Léopard fait admirer sa peau pleine de tâches marquetées
(Le singe et le léopard, IX, 3). Leur description est assez succincte car dès
l’origine les Fables étaient illustrées. L’image suppléait à la brièveté du trait.
L’effet n’en était que renforcé : cet exotisme charmait les lecteurs.

Le renouvellement concerne également le personnel non animalier de la Fable


qui s’ouvre aux figures mythologiques de l’orient. Un follet et des bons génies
sont les héros des Souhaits (VII,5). Dans un pays lointain, deux aventuriers
découvrent un talisman (X,13). Parfois, ce sont des dignitaires orientaux qui
envahissent l’univers des fables. L’une d’elle met en scène un bassa, c’est-à-dire
un gouverneur de provine turc (VIII,18). Une autre, un habitant du Mogol, pays
désignant les Indes ou comme on disait alors l’Empire du grand Mogol (XI,4).
Les univers des nouvelles fables sont élargis. À personnages nouveaux, situations
nouvelles; l’orient suscite des sujets de réflexions particulières.
Il constitue un ailleurs si lointain qu’il devient le lieu de toutes les situations
possibles et, particulièrement l’intrusion du surnaturel dans le réel.
Par tradition culturelle, l’orient passait en effet pour plus mystérieux que
l’occident. Ses sages étaient réputés. Certain Mogol vit en songe un Vizir (XI,4).
Les Souhaits (VII,5) ont de leur côté des esprits comme personnages principaux.

La prochaine fois nous continuerons de voir comment pour La Fontaine, l’Orient


est source de dépaysement

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