Encyclopédie Médico-Chirurgicale 26-170-B-10

26-170-B-10

Actualités
Actualités sur les fauteuils roulants
B Guillon
I Laffont

Résumé. – Aide technique en pleine évolution, le fauteuil roulant se présente sous des aspects très différents
qu’il importe de bien distinguer (fauteuil manuel, de sport, électrique, verticalisateur...). Le schéma d’un
fauteuil type est suivi de la présentation des grandes catégories. La propulsion du fauteuil manuel est ensuite
brièvement abordée (physiologie et conseils) ainsi que les critères de choix. Enfin, des encadrés évoquent la
prescription et la prise en charge ou apportent des notions sur l’accessibilité, les coussins, les nombreux types
de roues et des conseils.
© 2002 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : fauteuil roulant, propulsion des fauteuils, paraplégie, hémiplégie.

Introduction pratiqués en fauteuil et complètent

La première représentation de fauteuil
roulant connue, datée de 525 après JC, vient
de Chine [15]. Plus tard, en 1595, Philippe II
d ’ E s p a g n e , s o u ff r a n t d ’ u n e g o u t t e
douloureuse, inaugure le premier fauteuil
roulant de confort muni d’un dossier et de
repose-pied inclinables. En 1686, une fistule
oblige Louis XIV à se déplacer sur ce qui
deviendra sa « roulette ». Tous ces appareils
sont poussés par un tiers.
En 1650, Faifler, un horloger allemand
paraplégique, se fabrique une sorte de
vélocimane (fig 1) à trois roues, actionné par
des manivelles entraînant la roue avant au
moyen d’un engrenage. La personne
handicapée devient autonome. C’est
l’ancêtre de la voiturette à volant conçue par
Monsieur Poirier entre les deux guerres et
qui connaît, sous la forme des handbikes
actuels (fig 2) , véritables vélos pour
paraplégiques, un renouveau spectaculaire.
À la fin du XIXe siècle, le développement de
la bicyclette profite au fauteuil dont les roues
sont améliorées (rayons d’acier, bandages
caoutchouc). À partir de la guerre de 1914-
1918, le fauteuil est en tubes réunis par des
tôles sur lesquelles sont posés des coussins.
En 1933, l’Américain Everest, paraplégique,
conçoit avec son ami Jennings, ingénieur, un
Bruno Guillon : Kinésithérapeute, service aide au choix du fauteuil
roulant, institut Garches.
Isabelle Laffont : Médecin des Hôpitaux, unité de médecine physique
et réadaptation Widal 1.
Hôpital Raymond Poincaré, 104, boulevard Raymond-Poincaré,
92380 Garches, France.
remarquablement la rééducation.
L’amélioration des performances est liée à
celle du matériel, en perpétuelle évolution :
l’utilisation de matériaux nouveaux, les
réglages du centre de gravité, le retour au
châssis rigide, le carrossage des roues
arrière, le passage à la roue avant unique en
sont les différentes étapes, progressivement
adaptées aux fauteuils de la vie quotidienne.
Quant au fauteuil électrique, introduit avec
difficultés en France par l’Association
1 Vélocimane de Faifler. française contre les myopathies (AFM) en
1973, c’est aussi un matériel en plein essor.
Les améliorations portent sur la commande
électronique et non plus électrique,
l’ergonomie du démontage des petits
modèles, le positionnement multifonctionnel
pour les plus sophistiqués, ainsi que le
développement des interfaces de conduite.
Les progrès futurs [12] devraient porter sur
les systèmes d’assistance à la conduite.
Description (fig 3)
2 Handbike.
et catégories
Quatre cents fauteuils et poussettes sont
fauteuil révolutionnaire : peu encombrant, il actuellement inscrits sur la liste des produits
se faufile partout et se plie pour être chargé
remboursables prévue à l’article L 165-1 du
en voiture. Importé en France dans les Code de la Sécurité sociale (ancien TIPS).
années 1950, le fauteuil Everest et Jennings Les modalités concernant leur inscription sur
rencontre un succès énorme. cette liste ont été récemment modifiées. Elle
C’est ensuite le sport qui va faire évoluer le est décidée par deux commissions
fauteuil. En Angleterre, dès 1945, Guttman nouvellement créées : la Commission
organise les premières compétitions à d’évaluation des produits et prestations
l’hôpital de Stoke Mandeville. Course, (CEPP visée à l’article L 165-1 du Code de
basket, escrime, tous ces sports sont Sécurité sociale) et le Comité économique

Toute référence à cet article doit porter la mention : Guillon B et Laffont I. Actualités sur les fauteuils roulants. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Kinésithérapie-Médecine
physique-Réadaptation, 26-170-B-10, 2002, 10 p.
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3 Fauteuil type.
1. Poignée de poussée pour tierce personne ; 2. dossier ;
3. levier de bascule arrière pour tierce personne ; 4.
grande roue arrière ; 5. main courante ; 6. petite roue
avant ; 7. repose-pied (potence, palette) ; 8. sangle
de maintien des jambes ; 9. frein ; 10. siège ; 11. accoudoir
(manchette appui-bras).
des produits de santé (CEPS). Elle est
précédée d’une évaluation technique,
effectuée par le Centre d’étude et de
recherche sur l’appareillage des handicapés
(CERAH) qui vérifie leur conformité à un
cahier des charges constitué pour l’essentiel
de tests (résistance, stabilité, etc). Une fois
inscrits, les fauteuils bénéficient d’une prise
en charge par la Sécurité sociale (PECSS) qui
peut être intégrale ou, plus fréquemment,
partielle. Dans les années à venir, la PECSS
sera intégrée dans le cadre plus général des
« moyens de compensation des incapacités
des personnes en situation de handicap »
évalués pour chacune d’entre elles dans les
« Centres pour la Vie Autonome » déjà en
place sur plusieurs départements. Le tarif
de prise en charge actuel est cité en euros
(tableau I), en fonction du type de fauteuil
concerné.
FAUTEUILS ROULANTS LÉGERS
PLIANTS
Ces fauteuils sont les plus utilisés ; ils sont
pliants et généralement en aluminium ; ils
pèsent entre 13 et 17 kg. Ce poids réduit par
rapport aux anciens modèles en acier est
intéressant pour le chargement en voiture
mais, contrairement à l’opinion couramment
répandue, il n’influe guère sur la qualité de
roulement [14], laquelle dépend avant tout
des éventuels réglages du fauteuil (proposés
sur les fauteuils roulants « haut de gamme »
[cf infra]) et de ses équipements.
¶ Type classique traditionnel
(prix : 558 à 1 220 euros) (fig 4)
– Avantage : prix et confort proches des
anciens modèles en acier (cf infra) ;
– Inconvénients : moins robustes que les
modèles en acier ou légers « haut de
gamme » (cf infra).
2
Actualités sur les fauteuils roulants Kinésithérapie
Tableau I. – Prescription-prise en charge de la Sécurité sociale. Extraits du Journal officiel du
20 septembre 2000 concernant les règles de prescription.
Prescription - prise en charge sécurité sociale
Informations et extraits du Journal officiel du 20/9/2000
a) La prise en charge des véhicules pour handicapés physiques est subordonnée à une prescription médicale
détaillant éventuellement le modèle du véhicule ainsi que les adjonctions et les options.
b) La demande d’entente préalable (DEP) n’est plus nécessaire pour les fauteuils manuels (sauf verticalisateurs)
et les poussettes standards. Elle reste indispensable pour les autres et l’absence de réponse de l’organisme
dans un délai de 21 jours à compter de la date d’envoi de la DEP vaut accord de prise en charge.
c) La prise en charge des fauteuils électriques, des dispositifs de propulsion par moteur électrique, et des fauteuils
roulants verticalisateurs est assurée après réalisation d’un essai préalable effectué par une équipe pluridisciplinaire
constituée au minimum d’un médecin de médecine physique et réadaptation (MPR) aidé d’un kinésithérapeute
ou d’un ergothérapeute et après fourniture d’un certificat de ce médecin attestant l’adéquation du fauteuil
au handicap...
Montant de la prise en charge sécurité sociale (ancien TIPS) en euros
Fauteuil roulant à propulsion manuelle (FRM), pliant : à dossier non inclinable 558,99
FRM, pliant : à dossier inclinable 603,65
Dispositif de conduite unilatéral par système de levier ... 428,84
Dispositif de conduite unilatéral par système à double main courante ... 271,21
Avec les adjonctions ou options suivantes : (repose-jambe, coussins de siège et dossier avec housse, ± 903
appui-tête,...), les FRM dits « de confort » peuvent être remboursés
FRM, pour activités physiques et sportives 558,99
FRM, évolutif, pour jeune enfant à partir de 18 mois ... 962,20
Fauteuil roulant à propulsion par moteur électrique (FRE) à dossier non inclinable 2 702,81
FRE à dossier inclinable 2 781,76
FRE à assise adaptée à la personne avec repose-pied, accoudoirs, dossier, réglables par platines 3 487,95
crantées
FRE à assise adaptée à la personne avec repose-jambe, accoudoirs, dossier et inclinaison du siège 3 938,01
réglables par vérin pneumatique et avec appui-tête
Commandes « spéciales » FRE (souffle, clavier... hors boîtier série) ... 714,22
Dispositifs de propulsion par moteur électrique pour FRM, verticalisateurs ou non 2 187,03
Poussette standard ou fauteuils à pousser ... 356,94
Poussette (ou fauteuils à pousser) à dossier ou assise inclinable ...
enfants de moins de 16 ans 574,21
plus de 16 ans 403,50
Poussette multiréglable évolutive ... (uniquement enfants de moins de 16 ans, après entente préalable) 962,20
Châssis roulant porte-coquille 263,83
FRM avec verticalisation manuelle ... à 2 mains ... 1 559,84
FRM avec verticalisation manuelle ... à 1 main ... 2 344,19
FRM avec verticalisation électrique ... 2 425,01
FRE avec verticalisation électrique ... 5 187,48
Réparations des fauteuils et poussettes : ces réparations se font « sans nécessité d’une prescription médicale sur
présentation de la facture détaillée » mais uniquement sur un fauteil déjà pris en charge.
FRM : forfait roues 74,82 euros/an, forfait annuel (dont sellerie) 102,39 euros/an.
FRE : forfait roues 74,82 euros/an. Demande d’entente préalable seulement pour les réparations sur parties
spécifiques FRE 333,65 euros/an.
4 Fauteuil roulant léger traditionnel.
5 Fauteuil roulant léger « haut de gamme ».
¶ « Haut de gamme » (prix : à partir
roues arrière et un grand choix d’options, ils
de 1 370 euros) (fig 5)
sont onéreux mais solides et de bonne
Caractérisés par des dimensions d’assise sur qualité. Deux études américaines [9, 11] ont
mesure, la présence d’un multipalier de montré leur supériorité générale par rapport
Kinésithérapie Actualités sur les fauteuils roulants 26-170-B-10

6 Multipalier de roues arrière sur fauteuil roulant

léger « haut de gamme ».

7 Carrossage des roues

arrière. 8 Fauteuil roulant pour sujet hémiplégique. 10 Fauteuil roulant à double main courante pour sujet
hémiplégique.

11 Propulsion d’un fau-

teuil roulant à double main
courante.

aux légers de type traditionnel (cependant,

à équipement équivalent, ils ne sont pas plus
légers que les précédents, et mal réglés, ils
peuvent être dangereux : risque de bascule
arrière) :
– « sur mesure » tous les 2 cm (choix :
largeur, profondeur d’assise et hauteur de
dossier) ;
– multipalier (fig 6), permet de modifier la
position des roues arrière à partir de trois
réglages :
– le réglage de la hauteur des roues
arrière permet de modifier l’inclinaison de
l’assise sur l’arrière (confort), de modifier
le centre de gravité. Le changement
d’inclinaison d’assise entre les roues 9 Fauteuil roulant à levier pendulaire pour sujet hémi-
plégique.
arrière modifie la position des membres
supérieurs sur les mains courantes et donc
la qualité de la propulsion qui est fonction FAUTEUILS ROULANTS POUR SUJETS
du degré de flexion du coude (idéal de HÉMIPLÉGIQUES (fig 8)
100 à 120°) [26] ; Sauf exception, ces fauteuils ne donnent pas
ou peu d’autonomie à l’extérieur du
– le réglage de l’avancée des roues arrière
domicile ou dès qu’il y a des obstacles (côte,
améliore le roulement [20] et facilite le
trottoir). Si besoin, un fauteuil roulant 12 Fauteuil roulant à propulsion podale.
« deux roues » mais majore le risque de
électrique peut être envisagé. On distingue
chute arrière ;
trois modes de propulsion différents.
– les possibilités de carrossage ¶ Assise surbaissée (fig 12)
(écartement des roues arrière plus ¶ Système à levier pendulaire (fig 9) L’assise peut être abaissée sur un fauteuil
important en bas qu’en haut) améliorent classique qui sera propulsé d’une main et
le pivot (fig 7). Ce fauteuil est très utile à la phase initiale
guidé au pied. Facile à pousser par un tiers,
Beaucoup d’autres auteurs, parmi lesquels de rééducation mais il est peu manœuvrable
ce type de fauteuil est un bon compromis.
Boninger et al [5] et Tomlinson [25], ont en appartement et difficile à pousser par un
tiers en extérieur. C’est pourquoi un second La tendance du bassin à glisser vers l’avant
étudié l’importance de ces différents
fauteuil est souvent nécessaire pour les doit être corrigée par le choix d’un bon
réglages, encore trop peu connus et sous-
sorties. coussin (mousse viscoélastique par
utilisés car longs à modifier, mais
exemple).
déterminants pour tous les patients qui se
propulsent seuls ; ¶ Double main courante (fig 10, 11)
– nombreuses options : repose-pied, Deux mains courantes disposées du même FAUTEUILS ROULANTS DE CONFORT
accoudoirs, roues arrière et avant (diamètres côté permettent d’actionner séparément les (PRIX : 915 À 3 000 EUROS) (fig 13)
variés, pneumatiques ou bandages roues du fauteuil. Facile à pousser par un Ces fauteuils ont une assise et un dossier
increvables), mains courantes (aluminium, tiers, il nécessite une bonne compréhension rigides enveloppants qui améliorent le
inox, titane, antidérapante, avec ergots), du patient et un minimum de force du côté maintien du patient. Il est facile d’y fixer
flasques de protection des doigts, coloris... sain, ce qui en limite l’intérêt. des accessoires tels que les cale-tronc. Les

3
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14 Fauteuil roulant pliant traditionnel en acier.
15 Fauteuil roulant de sport.
meilleurs ont une assise inclinable (ensemble
siège, dossier, repose-jambe) et leurs
systèmes d’inclinaison cherchent à respecter
la physiologie articulaire (axe de rotation en
r e g a r d d e s a r t i c u l a t i o n s - d o s s i e r,
repose-jambe) [1].
FAUTEUILS ROULANTS PLIANTS
TRADITIONNELS OU STANDARDS
(fig 14)
Ces fauteuils en acier, d’un poids allant de
19 à 23 kg, ont un prix proche de la PECSS
mais voient leurs indications réduites depuis
que des fauteuils pliants légers sont
totalement remboursés.
4
Actualités sur les fauteuils roulants
13 Fauteuil roulant
confort.
FAUTEUILS ROULANTS DE SPORT
(PRIX 690 À 2 400 EUROS) (fig 15)
Points spécifiques :
– châssis rigide non pliant : léger, robuste et
nerveux au démarrage ;
– carrossage important des roues : meilleure
mobilité giratoire, protection des mains lors
des chocs, propulsion physiologique
respectant le valgus du coude. Il augmente
la largeur totale du fauteuil.
Ils sont de plus en plus utilisés dans la vie
quotidienne par les paraplégiques ou même
les tétraplégiques qui les munissent alors
d’un carrossage modéré. Il faut étudier le
mode de chargement en voiture (fauteuil
non pliant, démontage des roues obligatoire)
car, en dehors de cela, ils présentent
beaucoup d’avantages : solidité, excellent
roulement, confort (dossier réglable en
hauteur et inclinaison pour une meilleure
adaptation).
À noter l’apparition des modèles à trois
roues avec roue avant unique pour une
rotation encore meilleure (tennis par
exemple).
FAUTEUILS ROULANTS
POUR ENFANTS
Ces fauteuils reprennent les catégories
énumérées (cf supra) dans des tailles
adaptées aux enfants. Le choix est rarement
parfait dans la mesure où il faut anticiper
sur la croissance qui varie en fonction des
enfants. Il faut prévoir une assise plus
profonde que nécessaire, car les enfants
grandissent généralement plus vite qu’ils ne
grossissent ; elle sera compensée dans un
premier temps par un coussin de dossier.
Au plan largeur, il est important de prendre
en compte le port d’éventuels appareils
crurojambiers car ils augmentent beaucoup
la largeur du bassin.
Les fauteuils évolutifs ne sont pas pliants
pour permettre l’extension (en largeur et
longueur) du châssis. Lorsque l’enfant
grandit, il prend du poids et s’active plus ;
on augmente la taille du fauteuil, ce qui le
fragilise alors qu’il faudrait qu’il soit au
contraire plus résistant. De ce fait, ces
modèles sont d’abord destinés aux petits et
un seul est actuellement pris en charge.
L’idéal serait de pouvoir changer de matériel
Kinésithérapie
chaque année (existence d’un parc de
de
fauteuil mis à disposition par la Sécurité
sociale ?) de façon à proposer un matériel
respectant la morphologie des enfants.
En ce qui concerne les enfants installés dans
des corset-siège, le fauteuil est rarement bien
adapté, notamment lorsque la coquille
impose une position en abduction des
hanches. Les repose-pied dits « indexés »
(décalés vers l’extérieur) apportent une
réponse parfois satisfaisante mais la faible
profondeur du siège reste un problème
difficile à résoudre chez les petits. Les
châssis roulants porte-coquille, décrits plus
loin, apportent une solution efficace,
intéressante en centre, mais peu appréciée
des parents car inesthétique.
FAUTEUILS ROULANTS
ÉLECTRIQUES
Conduits au moyen d’un joystick , ils
nécessitent une assurance de type
dommages aux tiers si le patient circule dans
des lieux publics.
Tous les fauteuils roulants électriques sont
programmables à l’aide d’un boîtier
informatique (vendu en option) permettant
de régler la vitesse, l’accélération et la
décélération pour une meilleure adaptation
à la personne.
Les moteurs électriques ont une puissance
comprise entre 100 et 450 W et fonctionnent
sous une tension de 24 V. L’alimentation est
faite par deux batteries de 12 V (montées en
série). Ces batteries sont lourdes (10 à 20 kg
l ’ u n i t é ) e t d o i v e n t ê t re re c h a rg é e s
régulièrement (tous les soirs en usage
intensif, une dizaine d’heures au minimum)
avec un chargeur branché sur le secteur
(vendu avec tout fauteuil roulant électrique).
Leur coût est élevé, de 228 à 600 euros, d’où
l’importance de leur entretien, d’autant que
le forfait annuel attribué par la Sécurité
sociale pour les réparations spécifiques aux
fauteuils roulants électriques est plafonné à
333,65 euros (tableau I).
On en distingue deux types, les modèles à
châssis pliant et ceux à châssis fixe :
¶ Fauteuil roulant électrique
à châssis pliant (fig 16, 17)
– Compacts, ils sont parfois moins
encombrants que les fauteuils manuels.
– Leur démontage est plus ou moins facile
selon les modèles.
– Ils ne sont pas plus confortables qu’un
fauteuil manuel.
– Ils ont une autonomie moyenne (10 à
15 km).
– Prix : de 2 702 euros (id PECSS) à
5 400 euros environ.
¶ Fauteuil roulant électrique
à châssis fixe (fig 18)
Ces fauteuils ont le plus souvent une assise
dite « adaptée » (assise et dossier inclinables,
accoudoirs multiréglables, éventuellement
appui-tête et repose-jambe).
Kinésithérapie
16 Fauteuil roulant électrique à châssis pliant.
17 Fauteuil roulant électrique à châssis pliant démonté.
18 Fauteuil roulant électrique à châssis fixe.
– Confort : meilleure ergonomie du siège
qui est mieux réglable. Possibilités de
système « multipositions » (inclinaison
électrique de l’assise, du dossier, des repose-
jambe), de fonctions d’élévation (lift) ou de
verticalisation. Les versions les plus
élaborées, fauteuil roulant électrique
multifonctions, combinant élévation,
verticalisation et inclinaison vers l’avant du
siège, peuvent permettre à certains patients,
capables de marcher mais pas de s’extraire
de leur siège (myopathies des ceintures ou
dystrophie de Steinert), une remise debout.
Actualités sur les fauteuils roulants 26-170-B-10
– Autonomie importante (20 à 50 km) et
robustesse. Leur transport impose l’usage
d’un véhicule aménagé (type monospace
avec hayon élévateur ou rampe pour le
chargement), car ils sont lourds (100 kg en
moyenne) et encombrants (dimensions hors
tout 64 x 115 cm au minimum).
– Prix : de 3 487,88 euros à 23 000 euros.
¶ Adaptations particulières
Interface de commande
– Commande par joystick sur tablette, au
menton (classique), voire au pied (plus rare).
– C o m m a n d e o c c i p i t a l e , a u s o u ffl e 19 Fauteuil roulant manuel avec dispositif de
(réapparition récente). propulsion par moteur électrique.
– Commande par mini- joystick et iso-
joystick (intéressant dans les maladies
neuromusculaires [10]), joystick « résistant »,
ou par Pad (Oraltect).
– Commande à défilement (chenillard).
– Les commandes vocales, au regard eye
gaze... utilisées sur les micro-ordinateurs,
restent expérimentales et manquent de
fiabilité pour la conduite du fauteuil.
Autres fonctions
Certains systèmes offrent un contrôle d’en-
vironnement intégré au joystick. En plus de
la conduite du fauteuil, le j o y s t i c k
commande les fonctions d’inclinaison du
fauteuil, l’environnement (ouverture de
portes, volets, télévision...) ainsi qu’un
micro-ordinateur (le joystick remplace la
souris). Bien qu’existant depuis longtemps,
le développement de ces outils est freiné par 20 Fauteuil roulant manuel avec dispositif de
un prix encore élevé et une relative comple- propulsion par moteur électrique démonté.
xité d’utilisation, notamment pour beaucoup
de revendeurs qui les connaissent peu.
Les prochaines années devraient voir
émerger les systèmes d’assistance à la
conduite. Plusieurs prototypes ont été mis
au point, intégrant plusieurs niveaux
d’assistance [22, 24], mais ils ne sont pas
commercialisés. Les systèmes de détection
d’obstacles (infrarouge ou ultrasons),
premier niveau d’assistance, sont
aujourd’hui au point mais leur commerciali-
sation reste en attente. La clientèle
potentielle existe [12] mais le financement, par
les patients ou les services publics, est
encore trop incertain pour que les industriels
se lancent dans la commercialisation.
MOTORISATIONS ÉLECTRIQUES
(POUR FAUTEUILS MANUELS)
(fig 19, 20, 21, 22)
« Dispositifs de propulsion par moteur 21 Fauteuil roulant manuel avec assistance électrique
électrique pour fauteuil roulant manuel, à la propulsion.
verticalisateurs ou non » : matériels de
transition, ces motorisations se fixent, en électrique mais leur poids moindre facilite le
principe, sur tout fauteuil manuel. Leurs transport. La prescription d’une moto-
performances sont plutôt inférieures en risation électrique sur un fauteuil manuel
termes d’autonomie, de puissance et de exclut celle d’un fauteuil roulant électrique.
résistance, à celles d’un vrai fauteuil Les prix varient de 3 200 à 4 750 euros.
5
26-170-B-10 Actualités sur les fauteuils roulants Kinésithérapie

22 Roues arrière avec motorisation d’assistance

électrique.

28 Fauteuil à pousser.

reste le transport en voiture, plus difficile

compte tenu du poids supérieur de
l’ensemble.
Aucun n’est, à ce jour (juin 2001), pris en
25 Poussette multiréglable évolutive. charge.

SCOOTERS ÉLECTRIQUES,
CONDUITE AVEC « GUIDON » (fig 23)
Ces produits sont plutôt indiqués pour les
patients qui gardent une autonomie de
marche en intérieur et qui désirent un
fauteuil pour leurs déplacements extérieurs.
Non pris en charge, ils ont un prix allant de
2 300 à 7 600 euros, voire plus.

POUSSETTES, CHÂSSIS PORTE-

23 Scooter électrique.
26 Poussette multiréglable évolutive.
et en particulier les trajets longs ou en pente.
L’intérêt du système est de réduire les
contraintes physiologiques engendrées par
la propulsion [8] ou d’imposer un effort de
déplacement raisonnable. L’inconvénient
COQUILLE ET FAUTEUILS
À POUSSER (fig 24, 25, 26, 27, 28)
Destinés à des tétraplégiques fonctionnels
(grands infirmes moteurs cérébraux ou
polyhandicapés, grands tétraplégiques ou
séquelles sévères de poliomyélite,
pathologies neuromusculaires), ces matériels
présentent plusieurs avantages par rapport
aux modèles traditionnels.
– compacité permettant de se rendre dans
des lieux peu accessibles (faible diamètre des
roues arrière) ;
– pas de coincements des doigts dans les
grandes roues (polyhandicapés, grands
athétosiques) ;

27 Châssis roulant porte-

coquille.

24 Poussette-canne simple.

À signaler l’apparition récente d’un produit

différent, l’« aide à la propulsion du fauteuil
manuel ». L’assistance, contrôlée à partir des
mains courantes (et non à partir d’un
joystick ), nécessite un mouvement des
membres supérieurs. Sur les derniers
matériels, la poussée sur les mains courantes
active des sensors qui décuplent l’énergie
transmise par le patient. Les moteurs sont
situés dans les moyeux de roues et reliés à
une batterie. Ils facilitent les déplacements

6
Kinésithérapie
30 Fauteuil roulant électrique à verticalisation
électrique.
– largeur totale du matériel raisonnable,
pour les enfants en coquille ;
– pas de problème de repose-pied inadaptés
sur les châssis porte-coquille ;
– légèreté des petites poussettes et confort
des modèles élaborés (inclinaison de l’assise
et du dossier).
Depuis la sortie, fin 1997, d’un cahier des
charges et d’une nomenclature, les différents
modèles sont peu à peu pris en charge. Les
prix sont très variables, de 356 à 2 600 euros
selon les modèles.
FAUTEUILS ROULANTS
VERTICALISATEURS (fig 29, 30)
Il en existe trois grands types :
– fauteuils à propulsion manuelle et
verticalisation manuelle assistée ;
– fauteuils à propulsion manuelle et
verticalisation électrique ;
– fauteuils électriques avec verticalisation
électrique.
Les prix varient de 3 430 euros (tout manuel)
à 22 000 euros (tout électrique).
Les fauteuils roulants verticalisateurs ont un
intérêt certain dans la prévention des
anomalies orthopédiques des membres
inférieurs (équin des chevilles, flessum de
hanches ou de genoux), notamment chez les
enfants atteints de maladies neuromuscu-
laires sévères. Les preuves de leur efficacité
Actualités sur les fauteuils roulants
29
assistée.
thérapeutique dans d’autres domaines
(prévention des escarres, de l’ostéoporose
sous-lésionnelle, amélioration du transit
intestinal...) font encore défaut. Un travail
récent portant sur des traumatisés
médullaires [27] reste discutable car basé sur
une revue de la littérature peu concluante et
sur un questionnaire de satisfaction sujet à
caution dans la mesure où les patients
motivés pour se verticaliser ont tendance à
y trouver des avantages. Le même auteur,
dans un article à paraître, rend compte d’une
étude portant sur 60 patients dont
30 contrôles dans laquelle il trouve une
baisse significative des taux d’hospitalisation
chez les blessés médullaires se verticalisant
au moins 1 heure 30 par jour en fauteuil
roulant verticalisateur.
Si ces avantages restent à démontrer, il est
clair que ces fauteuils, surtout en version
tout électrique, peuvent permettre à
certaines personnes ne pouvant se relever
seules de se mettre debout et de marcher
(myopathies des ceintures...).
Enfin, la possibilité de se verticaliser seul
peut apporter, à certains patients, un
bénéfice psychologique qu’il ne faut pas
négliger.
Propulsion-roulement
PHYSIOLOGIE DE LA PROPULSION
CHEZ LE BLESSÉ MÉDULLAIRE
La physiologie de la propulsion du fauteuil
chez le blessé médullaire fait intervenir
p l u s i e u r s p a r a m è t re s [ 2 ] : l e n i v e a u
neurologique, la condition physique et
l’habileté motrice du patient, les qualités
mécaniques du fauteuil et sa bonne
adaptation à son propriétaire (réglages
adéquats et accessoires adaptés).
¶ Cycle de propulsion
On décompose le cycle de propulsion en
phase de poussée (les mains sont en contact
avec les mains courantes) et en phase de
retour des membres supérieurs. La phase de
poussée représente environ 33 % de la durée
du cycle, cette proportion diminuant lorsque
la vitesse augmente. La technique de
propulsion habituellement utilisée par les
paraplégiques est dite « circulaire » : le
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Fauteuil roulant manuel à verticalisation manuelle
membre supérieur part d’une position de
flexion du coude, extension et rotation
interne d’épaule pour aller vers une position
d’extension du coude et de flexion-rotation
externe d’épaule en fin de phase de poussée.
La technique du « pompage » est utilisée par
les sportifs qui effectuent des mouvements
rapides de poussée verticale sur les mains
courantes du fauteuil. Les sujets
tétraplégiques, notamment ceux qui n’ont
pas de triceps, ont une technique
sensiblement différente de celle des sujets
paraplégiques : ils utilisent leurs fléchisseurs
de coude pour initier la phase de propulsion
et la terminent en « poussant » sur les mains
courantes avec leur deltoïde antérieur en
chaîne fermée.
Au plan articulaire, les amplitudes d’épaule
sollicitées durant un cycle de propulsion
varient entre 20 et 60° d’abduction et entre 0
et 40° d’extension [4, 21]. Le coude est sollicité
entre 90 et 140° de flexion.
Au plan musculaire, le deltoïde, le grand
pectoral, les muscles de la coiffe des
rotateurs, le biceps et le triceps brachiaux
sont particulièrement sollicités [23]. Le muscle
sus-épineux travaille pendant presque
l’intégralité de la durée du cycle de
p ro p u l s i o n , c e q u i e x p l i q u e q u e l a
propulsion du fauteuil favorise la survenue
de tendinopathies de la coiffe des rotateurs
dans cette population.
¶ Rendement mécanique
Les caractéristiques mécaniques et
musculaires de la propulsion sont largement
influencées par une modification des
réglages du fauteuil [5, 14, 16, 20, 25, 26] . Un
fauteuil léger « haut de gamme » bien réglé
peut avoir un rendement supérieur d’un
tiers à celui d’un modèle traditionnel [7].
Le rendement mécanique d’un fauteuil
roulant manuel (énergie fournie par le
patient rapportée au déplacement effectif du
fauteuil) reste médiocre, de l’ordre de
10 % [2].
¶ Coût énergétique
Les blessés médullaires ont une
consommation maximale d’oxygène (VO2
max) estimée à la moitié de celle des sujets
valides [2], cet écart s’accentuant avec la
hauteur du niveau neurologique. Le
réentraînement à l’effort peut améliorer ces
7
26-170-B-10
31 Descente d’un trottoir en « deux roues ».
performances en augmentant le volume
musculaire des membres supérieurs et en
augmentant les capacités cardiorespiratoires
du sujet.
Le coût énergétique de la propulsion d’un
fauteuil roulant manuel à vitesse de confort,
sur terrain lisse et régulier et en dehors de
tout obstacle, est d’environ 200 J/m [3, 13, 14] ;
il est donc proche de celui de la marche qui
est de 150 à 220 J/m. Lorsque les contraintes
augmentent (vitesse, pente, sols irréguliers,
obstacles), ce coût s’élève. Plus le niveau
neurologique est élevé, plus la dépense
énergétique augmente et plus le patient
atteindra rapidement sa VO 2 max. Une
personne tétraplégique, dont la technique de
propulsion est coûteuse et la VO2 max basse,
sera donc rapidement limitée dans
l’utilisation d’un fauteuil manuel à
l’extérieur, d’autant que son fauteuil est
souvent alourdi par des accessoires dont
n’ont pas besoin les sujets paraplégiques
(dossier haut, accoudoirs...).
¶ Réentraînement à l’effort
Si les techniques classiques de rééducation
et la pratique régulière du fauteuil
permettent de préparer les patients au
maniement du fauteuil dans de bonnes
conditions en extérieur, le développement
récent des handbikes ouvre des perspectives
d’avenir intéressantes. Janssen [17] a montré
l’intérêt de leur utilisation dans
l’entraînement aérobie des sujets
tétraplégiques ou paraplégiques peu
sportifs, du fait d’un meilleur rendement
mécanique que celui du fauteuil roulant, ce
qui permet d’accroître davantage la
fréquence cardiaque et la puissance
développée par le patient.
FACTEURS DE MANIABILITÉ
ET DE BON ROULEMENT
– Avancée des grandes roues arrière.
8
Actualités sur les fauteuils roulants Kinésithérapie
Tableau II. – Quelques suggestions en fonction de la pathologie.
Hémiplégie Trois types différents de fauteuils sont disponibles. Dans le doute, un
fauteuil léger à assise surbaissée offre un bon compromis.
Troisième âge : un fauteuil léger de gamme moyenne est souvent
Personnes âgées satisfaisant
Quatrième âge : fauteuil de confort poussé par un tiers
Atteinte peu évolutive : fauteuil léger « haut de gamme » propulsé par
le patient
Sclérose en plaques et autres maladies Atteinte évolutive :
neurologiques évolutives - fauteuil léger gamme moyenne (facile à transporter, à pousser), éven-
tuellement avec dossier inclinable (confort) ;
- prescription de fauteuil roulant électrique souvent nécessaire pour
obtenir une réelle autonomie
Amputés Fauteuil léger de gamme moyenne avec déport des roues arrière évi-
tant le risque de chute par retournement ; éventuellement dossier incli-
nable
Paraplégies Nécessité d’un fauteuil « haut de gamme » sur mesure avec multipalier
de roues arrière, voire d’un fauteuil sport
Soit même type de fauteuil que les sujets paraplégiques avec quelques
accessoires supplémentaires (mains courantes antidéparantes, rallonges
Tétraplégies (selon niveau lésionnel et de frein, antibascule)
caractère complet ou non)
Soit fauteuil roulant électrique : de préférence fauteuil à assise adaptée
avec inclinaisons électriques (assise, dossier, repose-jambe)
– Le roulement du fauteuil est très avançant les roues arrière d’un modèle
amélioré par l’avancée de l’axe des roues « haut de gamme ») qui facilite la
arrières, ce qui le rend plus instable [5, 14, 20, propulsion. La dépense énergétique du
23, 25]
. patient diminue, ce qui préserve aussi ses
C’est au patient de trouver le meilleur épaules, d’autant plus que la propulsion doit
compromis mobilité-stabilité. être harmonieuse compte tenu de l’instabilité
du fauteuil : un démarrage brutal
– Bon gonflage des pneus des grandes roues
déstabiliserait le fauteuil avec risque de
arrière.
chute arrière. Enfin, raccourci par l’avancée
– Facteur déterminant et très simple à des roues arrière, le fauteuil devient plus
mettre en œuvre sous réserve d’avoir une manœuvrant dans les espaces réduits.
pompe adaptée (cf infra).
– Le « deux roues » est également utile pour
– Les bandages increvables sont à éviter : apprendre à franchir des obstacles (trottoirs
s’ils suppriment les risques de crevaison, ou circulation sur sol meuble). Cependant,
ils réduisent beaucoup le roulement (30 à le franchissement des trottoirs à la montée
100 % de perte selon les modèles). avec un fauteuil instable reste plus délicat
qu’avec un fauteuil classique et demande
– Combinaison bandages sur roues avant-
plus de technique.
pneus sur roues arrière.
Très récemment, Kirby [19] a étudié un
– Des roues avant dures, increvables, sont système antibascule innovant permettant
conseillées. Si les pneus des roues arrière une bascule en « deux roues » sans chute. La
améliorent le roulement, la fonction confirmation de son efficacité apporterait un
pivotante des petites roues avant entraîne progrès important dans l’usage du fauteuil
un effet inverse : munies de pneus, ceux-ci manuel.
s’écrasent lors des rotations ce qui freine
la mobilité giratoire.
– Carrossage (écartement des roues arrière Critères de choix
plus important en bas qu’en haut).
– Il améliore le pivot du fauteuil. Même PATHOLOGIE
faible (1 à 2°) pour ne pas trop augmenter Le tableau II recense quelques pathologies
la largeur totale du fauteuil, il facilite la couramment rencontrées et les grandes
correction du dévers (par exemple la orientations de choix de fauteuil qui s’y
tendance au déport vers la rue lorsqu’on rapportent.
est sur un trottoir).
¶ « Deux roues » (fig 31) TEMPS PASSÉ AU FAUTEUIL
Faire du « deux roues » consiste à se tenir en Selon que le fauteuil sert en dépannage ou
équilibre sur les grandes roues arrière, en que la personne y passe sa journée, le choix
plaçant le centre de masse à la verticale de est fondamentalement différent.
l’axe des roues arrière. Savoir faire du
– Si le patient vit en fauteuil, il faut prendre
« deux roues » présente d’importants
son temps, faire des essais, choisir un
avantages.
modèle apportant une bonne installation et
– Sa maîtrise permet de régler le fauteuil encourager les patients à déménager lorsque
vers une position d’instabilité acceptable (en le logement est trop exigu pour permettre la
Kinésithérapie Actualités sur les fauteuils roulants 26-170-B-10

circulation d’un modèle adapté (trop de
fauteuils sont choisis sur des critères
strictement dimensionnels).
– Inversement, un fauteuil de dépannage
(sorties extérieures, longs trajets) est avant
tout léger et commode à ranger en voiture.
MODE DE PROPULSION :
LE PATIENT SE DÉPLACE-T-IL SEUL
OU EST-IL PLUTÔT POUSSÉ
PAR UN TIERS ?
Le premier cas impose un fauteuil « haut de
gamme » (sur mesure avec multipalier de
roues arrière soigneusement réglé) mais cher
(à partir de 1 372 euros). À l’inverse, s’il est
essentiellement poussé, un fauteuil de
gamme moyenne apporte toute satisfaction,
son poids n’étant pas supérieur à celui des
fauteuils « haut de gamme ».

• Accessibilité
Les dimensions d’un fauteuil sont très variables. On peut néanmoins estimer l’encombrement maximal d’un fauteuil occupé [6] : longueur de
1,10 à 1,30 m ; largeur de 0,60 à 0,75 m. Ces dimensions peuvent parfois être réduites (fauteuil de personne paraplégique maîtrisant le deux
roues : 0,90 m x 0,58 m). Pour évoluer avec aisance, il est important de disposer d’une aire libre de 1,70 m x 1,70 m ; dimensions tolérées :
1,50 m x 1,50 m.
• Coussin
Il n’est pas possible dans cet article d’en détailler les nombreux modèles. Élément très important du confort, il est indispensable chez les
personnes ayant des troubles sensitifs. La prise en compte de son épaisseur est indispensable pour déterminer la bonne hauteur du dossier, des
accoudoirs et des repose-pied. Parmi les différents types, il existe des coussins en mousse, en gel (avec ou sans mousse), en mousse viscoélastique
(récemment pris en charge) et enfin des coussins à air dits « à cellules télescopiques pneumatiques » (les plus efficaces au plan de la prévention
d’escarre mais au prix d’une relative instabilité). Les évolutions en cours concernent les coussins sur mesure moulés selon l’anatomie du patient.
• Roues et mains courantes
– Pneumatiques gonflables ou bandages increvables.
– Les pneus apportent un confort indéniable mais doivent être gonflés régulièrement et exposent au risque de crevaison. Ils sont conseillés
sur les grandes roues arrière, car ils améliorent le roulement (par opposition aux bandages) ; en revanche, en ce qui concerne les roues
avant, leur fonction pivotante fait que leurs pneus accrochent et freinent le fauteuil quand il tourne ; sauf recherche de confort
importante, ils sont plutôt déconseillés, surtout si l’on recherche une bonne maniabilité.
La pression maximale recommandée pour le gonflage est de 4,5 bar sur les roues arrière ordinaires (jusqu’à 10 sur les pneus haute pression
qui se généralisent sur les fauteuils « haut de gamme ») et de 2,5 à 4,5 bar sur les roues avant. Cette valeur est toujours indiquée sur le flanc
des pneus. Au-delà de 2 bar, une pompe avec manomètre est indispensable.
– Les bandages suppriment les risques de crevaison mais sont inconfortables :
– sur les roues arrière, ils réduisent de 20 à 100 % la distance parcourue en roues libres ;
– sur les roues avant, la dureté et la nature influent sur le confort et le pivot. Plus le bandage est dur, mieux le fauteuil tourne mais
moins il est confortable. Les bandages avant en gomme souple (par opposition au polyuréthane) apportent un compromis confort,
mobilité, increvabilité.
– Diamètre des roues
– Grandes roues arrière : le diamètre standard est de 60 cm (24 inches [in]) ; il n’est pas rare d’utiliser des roues de diamètre 55 cm
(22 in), voire 50 cm (20 in). Elles facilitent les transferts latéraux (débord moindre sur l’avant et le côté par rapport à l’assise) et
raccourcissent le fauteuil. Cependant, la propulsion est moins efficace puisque le trajet de la main sur la main courante est moins
important.
– Petites roues avant : le diamètre habituel qui est de 20 cm (8 in), tend à baisser à 15 cm ce qui évite de se blesser les pieds lors des
manœuvres et réduit l’encombrement du fauteuil. Cependant, en terrain varié, plus le diamètre est faible, plus la roue tend à bloquer s’il
y a des trous. Les paraplégiques qui maîtrisent le deux roues utilisent des roues plus petites (diamètre 12,5 ou 10, voire 7,5 cm, blade
roller de 3 in) ; l’utilisation de ces roues n’est pas gênante quand le fauteuil est instable (avancée des grandes roues arrière) ce qui
allège l’avant du fauteuil et réduit les risques de blocage.
– Mains courantes
Il en existe de nombreux types et surtout avec des matériaux divers. Les plus courantes sont en aluminium anodisé (léger) ou en acier inoxydable
(un peu plus lourd mais accroche supérieure). Le titane concilie les deux mais est plus cher, le caoutchouc ou plastique antidérapant est conseillé
aux personnes qui manquent de force (personnes âgées, tétraplégiques, patients atteints de sclérose en plaques) ; enfin, celles munies d’ergots
peuvent être utiles aux tétraplégiques sans triceps, essentiellement en terrain plat.
• Quelques conseils utiles
– Faire des essais : location ou prêt longue durée.
– Solliciter un professionnel : ergothérapeute ou kinésithérapeute, voire médecin de médecine physique et réadaptation ; se renseigner
auprès des Centres d’information et de conseil sur les aides techniques (CICAT), du Centre pour la vie autonome départemental, de
l’Association des paralysés de France (APF), de l’AFM, des centres spécialisés.
– Consulter le site internet « Handibase.com » présentant de nombreuses aides techniques : dans la rubrique fauteuils roulants,
250 modèles de toutes catégories sont présentés sous forme de fiches techniques détaillées avec photos. Accès gratuit.
– Faire attention au service après vente : la vente est toujours performante, le suivi et les réglages plus aléatoires.

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