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L ussi étrange que cela puisse paraître, l’idée de brûler des poudres

métalliques ne date pas d’hier, puisque ces dernières sont utilisées


depuis plusieurs siècles pour la fabrication des feux d’artifice. De nos
jours, les fusées porteuses à combustible solide qui servent à lancer les
navettes spatiales fonctionnent à l’aluminium.
« Nous voulons exploiter ce procédé pour développer une technologie propre
», explique le Pr Jeffrey Bergthorson, directeur adjoint de l’Institut Trottier de
durabilité en génie et en design de l’Université McGill.
Les métaux, qui emmagasinent de l’énergie au cours de l’affinage, pourraient
servir à transporter et à stocker l’énergie, comme le font présentement les
combustibles fossiles. Les résidus issus de la combustion des poudres
métalliques pourraient ensuite être recyclés et utilisés de nouveau comme
combustibles.
« Pour limiter l’ampleur des changements climatiques, le monde doit se
détourner des combustibles fossiles, ajoute le professeur, qui est à la tête du
Laboratoire de recherche sur les carburants de remplacement de McGill. Les
biocarburants peuvent faire partie de la solution, mais ils ne seront pas en
mesure de satisfaire à la demande. L’hydrogène nécessite des réservoirs
massifs, et c’est sans compter sa nature explosive. Quant aux batteries, elles
sont trop encombrantes et n’accumulent pas suffisamment d’énergie pour bon
nombre d’usages. Nos recherches des dix dernières années nous ont permis de
déterminer que les carburants métalliques constituaient la meilleure solution
de remplacement à faible teneur en carbone. »

Un concept novateur
Dans une étude réalisée en 2015 et publiée dans la revue Applied Energy, le
Pr Bergthorson, cinq autres chercheurs de l’Université McGill et un
scientifique de l’Agence spatiale européenne ont jeté les bases d’un concept
novateur tirant parti de fines particules de métal – dont la taille est
comparable à celle de la farine ou du sucre glace – pour alimenter des
moteurs à combustion externe.
Contrairement aux moteurs à combustion interne des véhicules à essence, les
moteurs à combustion externe sont alimentés par une source extérieure de
chaleur. Ce type de moteur, une version contemporaine de l’emblème de la
révolution industrielle, la locomotive à vapeur alimentée au charbon, sert
couramment à produire de l’énergie à partir de sources nucléaires, de charbon
ou de biocarburants au sein des centrales électriques.
Grâce à un brûleur conçu sur mesure, les chercheurs de l’Université McGill
ont démontré qu’une flamme pouvait être stabilisée en un flux de fines
particules de métal en suspension dans l’air, et ont constaté que les flammes
provenant de la combustion de poudres métalliques « ressemblaient beaucoup
» à celles produites lors de la combustion des hydrocarbures.

Recyclable après combustion


Le concept présenté par l’équipe de chercheurs de l’Université McGill mise
sur une caractéristique importante des poudres métalliques. En effet,
lorsqu’elles sont brûlées, ces dernières réagissent avec l’air pour produire un
oxyde solide non toxique pouvant être recueilli assez facilement, puis recyclé
(contrairement au dioxyde de carbone émis dans l’atmosphère lors de la
combustion de pétrole).
Le fer est un matériau abondant, ce qui en fait une option de choix pour faire
fonctionner les moteurs alimentés aux poudres métalliques. Les industries
métallurgique, chimique et électronique commandent déjà la production de
plusieurs millions de tonnes de poudre de fer chaque année, et les
technologies de recyclage du fer sont déjà éprouvées.
« L’objectif est de boucler la boucle, c’est-à-dire de réutiliser les mêmes
particules de fer ou d’aluminium à l’infini, a indiqué le professeur. C’est ce
qui fait du métal un combustible durable. »

Réactions de l’aluminium avec l’eau


La combustion n’est peut-être pas le seul moyen efficace de libérer l’énergie
emmagasinée dans le métal. Une autre méthode, qui a longtemps intrigué les
chercheurs, consiste à mettre le métal – et tout particulièrement l’aluminium –
au contact de l’eau afin de provoquer une réaction chimique.
La réaction ainsi induite entraîne la division de la molécule d’eau, formée
d’un atome d’oxygène et de deux atomes d’hydrogène, et la libération
d’hydrogène gazeux, combustible pouvant être brûlé dans l’air ou utilisé dans
une pile à combustible. L’oxygène se lie aux atomes métalliques pour former
un oxyde recyclable.
Dans le Laboratoire de recherche sur les carburants de remplacement, la
doctorante Keena Trowell fait réagir des particules d’aluminium avec de l’eau
surchauffée à hautes pressions, et elle constate que l’énergie est libérée sous
forme de chaleur et d’hydrogène.

Une portée plus grande que celle des lignes de transport


d’électricité
Les deux techniques – à savoir la combustion des poudres métalliques et la
réaction des particules d’aluminium avec l’eau pour produire de l’hydrogène
– pourraient être utilisées pour acheminer l’électricité au-delà des zones
desservies par les lignes de transport.
« Au Québec, pour produire de l’aluminium à partir de minerais, nous
utilisons principalement de l’hydroélectricité renouvelable, explique la
doctorante. C’est un peu comme si on stockait l’hydroélectricité sous forme
d’aluminium. »
D’autres technologies de production d’électricité propre – principalement
l’énergie solaire et éolienne – connaissent un essor rapide. Néanmoins, « nous
ne pouvons pas nous servir de cette électricité pour bon nombre d’activités
utilisant pour l’heure le pétrole et le gaz, telles que le transport et le
commerce mondial de l’énergie », remarque le Pr Bergthorson.
« Le remplacement des combustibles fossiles offre aux producteurs de
métaux une occasion unique de s’ouvrir au marché de l’énergie », ajoute-t-il.

Prochaine étape : la fabrication de prototypes


Même si les expériences réalisées en laboratoire, à McGill comme ailleurs,
ont démontré que l’utilisation de combustibles métalliques dans les moteurs
thermiques est théoriquement possible, personne n’a encore mis l’idée en
pratique. Par conséquent, pour pouvoir convertir ces découvertes en
technologie exploitable, la prochaine étape consistera à fabriquer un
prototype de brûleur et à le fixer à un moteur thermique.
Le laboratoire du Pr Bergthorson espère amorcer des essais de prototypes dans
le courant de l’année. « Nous souhaitons démontrer qu’il est possible de
produire de l’électricité à partir de combustibles métalliques sans émettre de
dioxyde de carbone. Une fois que nous aurons éprouvé la technologie en
laboratoire, nous pourrons amorcer le processus de commercialisation. »
En parallèle, le groupe du Pr Bergthorson met sur pied un consortium dans le
but de fabriquer un prototype de réacteur à métal et à eau. « Si nous
parvenons à démontrer que nous pouvons produire de l’hydrogène à partir
d'aluminium grossier et sûr de manière efficace, nous pourrons étendre
l’utilisation de ce nouveau combustible propre à de nombreux usages, de la
production d'électricité à distance aux transports lourds, comme le transport
maritime. »

INTRODUCTION
1. Généralités sur la combustion des métaux

1.1 Rappels succincts sur l’oxydation des métaux

1.2 Inflammation des métaux

1.3 Combustion des métaux

1.4 Cas particulier des métaux divisés et des poudres métalliques

2. Principaux métaux combustibles

2.1 Métaux alcalins

2.2 Métaux alcalino-terreux

2.3 Métaux légers

2.4 Métaux de transition

2.5 Métaux nucléaires

3. Prévention des feux et explosions de métaux

3.1 Installations

3.2 Stockage

3.3 Fabrication, manipulation et usinage

3.4 Nettoyage et destruction des déchets


3.5 Équipements de protection

3.6 Éducation et entraînement du personnel

4. Prévention et extinction des feux de métaux

4.1 Théorie et méthodes d’extinction des feux de métaux

4.2 Extinction des feux de métaux par les poudres

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