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labrys, études féministes/ estudos feministas


juillet / décembre 2013  -julho / dezembro 2013

 
Devant la tendance néoréglementariste dominante
dans la recherche sur la prostitution :
perspectives critiques
 
 Shanie Roy [1]

Résumé:

S’inscrivant dans un continuum d’appropriation de la classe des femmes


par la classe des hommes, l’exploitation sexuelle des femmes et des
jeunes filles est commercialisée, industrialisée, néolibéralisée et
mondialisée. L’article propose une étude critique du projet de recherche «
Repenser le travail du sexe » dont la chercheure principale est Chris
Bruckert du département de criminologie à l’Université d’Ottawa. Le
système prostitutionnel y est présenté comme une industrie dans laquelle
une meilleure gérance est possible, aidée par la décriminalisation de ses
activités, et où « les travailleuses du sexe » peuvent contrôler et améliorer
leurs « conditions de travail ». L’auteure de l’article montre comment une
telle analyse évacue les rapports d’appropriation et d’exploitation sexuée
et sexuelle indissociables et constitutives de la prostitution. À partir de
l’épistémologie des survivantes, Shanie Roy souligne aussi que le point
de vue des survivantes dénonçant le système prostitutionnel n’est
considéré dans aucun volet de la recherche de Bruckert.

Mots-clés : prostitution; exploitation sexuelle; travail du sexe;


abolitionnisme; féminisme abolitionniste; néoabolitionnisme;
règlementarisme; néorèglementarisme; survivantes de la prostitution;
femmes-prostituées

« Du sexe avec toutes les femmes aussi longtemps que tu


veux, aussi souvent que tu veux et comme tu veux. Sexe,
Sexe anal. Sexe oral. Nature. Sexe de groupe à 3.
Gangbang » pour 70 euros le jour ou 100 le soir
(Angrywomenymous, 2013). C’est ce que le Pussy Club en
Allemagne, pays autorisant et règlementant la prostitution
depuis 2002, diffusait comme promotion dès de son
ouverture en 2011 (Fondation Scelles, 2009). Des
centaines d’hommes ont alors répondu à l’appel de leurs
besoins sexuels : « le weekend de l'ouverture ce sont 1700
clients qui répondirent à l'offre. Des bus vinrent de loin. 
Les journaux locaux écrivirent qu'il y avait une queue de
près de 700 hommes devant le bordel »
(Angrywomenymous, 2013). Sur les forums de discussion
de clients-prostitueurs, ces derniers soulignaient qu’après
quelques heures, les femmes-prostituées ne fournissaient
plus à la « demande » (Angrywomenymous, 2013).

L’Histoire tend à présenter l’appropriation de la classe des


femmes par la classe des hommes à titre de prostituées[2] comme un fait
social paradoxalement ahistorique et un pilier de l’organisation sociale
sous la logique d’une naturalisation des rapports sociaux. L’évocation
familière du « plus vieux métier du monde » ou celle, plus libérale, du
« droit à la profession de prostituée », illustre cette tendance à la non
prise en compte des rapports de pouvoir historiques qui traversent et
encadrent le système prostitutionnel. Le discours social justifiant la
prostitution dévoile un entérinement des rapports et des structures
d’exploitation formant et gouvernant la classe des femmes (Navarro
Swain, 2011;  Guillaumin, 1978).
« Abolir la prostitution » : cette affirmation programmatique
recèle en fait une idée simple : le refus de l’aliénabilité du corps et de la
sexualité (ATTAC, 2008). C’est avec ce postulat de base que le texte qui
suit vise à recadrer les discours justificatifs de la prostitution dans leur
historicité et à décortiquer leur argumentaire pour y déployer une
perspective critique féministe abolitionniste[3] révolutionnaire. Bien qu’il
serait pertinent d’examiner le discours persistant des (néo)conservateurs
ou des prohibitionnistes, le discours dominant sur la prostitution dans les
diverses instances et institutions semble actuellement de tendance
néoréglementariste. Par ailleurs, un tel discours a pris de l’ampleur au
sein du mouvement féministe à travers certains courants de pensées.

 (Néo)libéralisme et (néo)réglementarisme

En tant qu’idéologie dominante du système capitaliste, le


libéralisme est véhiculé à travers une grande diversité d’instances, et ce,
sous une pluralité de formes et de contenus (Ricci et al,, 1975).
Concourant au développement et à la fixation des systèmes de sexe, de
race et de classe (Falquet et al., 2010), cette idéologie sert d’ancrage au
discours faisant miroiter la libéralisation et la professionnalisation de la
prostitution. En présentant les femmes-prostituées comme des «
travailleuses du sexe » devant obtenir la liberté de se prostituer, le
néoréglementarisme légitime en fait un système d’exploitation soi-disant 
vieux comme le monde visant à maintenir l’accessibilité et la
disponibilité du corps et de la sexualité d’un groupe social principalement
composé de femmes et de filles. Comme le souligne Claudine
Legardinier, « la prostitution "libre" relève non pas des libertés, mais du
libéralisme » (ATTAC, 2008). Cette position sur la prostitution est
principalement véhiculée par des organisations mondiales
gouvernementales et non gouvernementales, un lobby de proxénètes, les
médias, des réseaux d’universitaires, des partis politiques et des
syndicats, des organismes et des groupes progressistes ou féministes,
ainsi que des associations de « travailleuses du sexe » (Jeffreys, 2009).

Aux fondements idéologiques du courant néoréglementariste ou


pour la décriminalisation totale de la prostitution, on retrouve le
réglementarisme et le prohibitionnisme, qui présentent tous deux, bien
que différemment, la prostitution comme « un mal nécessaire ».
Autrement dit, on ne peut que l’organiser ou la contrôler (Geadah, 2003).
Voilant des visées initiales d’aménagement des méfaits sociaux liées aux
activités prostitutionnelles, le courant pour la décriminalisation totale de
la prostitution propose que celle-ci soit déstigmatisée, reconnue et
organisée « comme tout autre travail ». En concevant comme des «
travailleuses du sexe » les femmes exploitées sexuellement par les
clients-prostitueurs et les proxénètes, le courant néoréglementariste
banalise et normalise les rapports d’exploitation sexuée et sexuelle dans
le système prostitutionnel. De ce fait, il présente d’une manière pacifiée
les rapports prostitutionnels s’insérant dans l’appropriation des femmes
par les hommes. Ce courant a d’ailleurs pris d’assaut le mouvement
féministe dans les années 1970 sous l’influence du mouvement gay et
lesbien, le backlash du féminisme dit « pro-sexe » et l’émergence des
théories queer et féministes postmodernes (Jeffreys, 2009 ; Audet, 2005).

Notes pour une épistémologie des survivantes

De 16 ans à 18 ans, j’ai été dans l’industrie du sexe : « serveuse


sexy »,  « escorte outcall en agence » et « escorte indépendante ».
Mobilisée par ma colère envers les hommes et mon état permanent
de coquille dépossédée[4], j’ai commencé à m’impliquer dans le
mouvement pour l’abolition du système prostitutionnel. C’est-à-dire que
j’ai voulu contribuer à la lutte féministe pour l’élimination des structures
et pratiques constituant un système d’exploitation sexuelle organisé
mondialement presque exclusivement par et pour la classe des hommes,
tirant principalement avantage de la classe des femmes.

C’est en premier lieu par le biais de leurs témoignages que les


survivantes s’engagent dans les luttes idéologiques concernant la
prostitution. Les survivantes sont des femmes ayant été exploitées
sexuellement qui dénoncent le système prostitutionnel et osent exiger son
abolition, de manière autonome ou réunies en associations[5]. «
Survivantes », non pas pour revendiquer la reconnaissance d’une identité
de femmes post-prostituées ou celle d’avoir survécu à la prostitution
grâce un quelconque héroïsme - bien que « sortir de la prostitution »
représente un processus chargé d’épreuve. Le terme « survivantes » tire
son sens dans le fait qu’elles doivent survivre avec la charge d’un vécu
d’exploitation dans le système prostitutionnel.

La prostitution  s’inscrit dans notre chair par un processus de


marquage nous dépossédant de nous-mêmes, sans rachat possible.
Comme nous avons été aliénées prostitutionnellement, nos récits et écrits
tracent le point de vue des survivantes sur les rapports sociaux et les
structures sociales. De plus, nos pratiques de solidarisation, de résistance
et d’action représentent entres autres un nouveau prisme de perspectives
féministes et d’analyse sous l’angle de la sociologie des mouvements
sociaux.

Dans la conjoncture actuelle, marquée par des efforts


d’individualisation et de normalisation de l’exploitation sexuelle à des
fins commerciales, confronter la rhétorique pro- travail/industrie du sexe
en tant que survivante entrave l’ordre prostitutionnel. Nos témoignages et
nos revendications  ne cadrant pas avec l’image des « travailleuses du 
sexe », les tenants et tenantes de la posture néoréglementariste les
disqualifient systématiquement en les considérant comme non-
représentatifs de la réalité prostitutionnelle. Exigeant un important travail
émotionnel, les témoignages des survivantes sont stratégiquement
récupérés par le néoréglementarisme pour catégoriser la prostitution sur
un mode binaire opposant la prostitution dite « libre », nommée « travail
du sexe » et celle dite « forcée », nommée « traite, exploitation sexuelle
ou esclavage » (Audet, 2005 : 24) Ainsi, notre point de vue et notre
militance en tant que survivantes se trouvent niés par le discours
néoréglementariste qui accuse en outre les féministes abolitionnistes de
victimiser les « travailleuses du sexe » et même d’être violentes envers
elles (Stella, 2011).

Utilisant une novlangue facilement présentable aux médias et


aux institutions étatiques, les acteurs et actrices universitaires de ce
courant obligent les survivantes et les féministes abolitionnistes à
constamment redéfinir, recontextualiser et justifier leurs analyses et leurs
pratiques ce qui essouffle la production de savoirs et l’engagement
néoabolitionnistes. Ainsi, dans cet objectif de développer des stratégies
combattives, il est pertinent de connaître les récentes analyses
développées par les acteurs et actrices universitaires du mouvement pro-
travail/industrie du sexe. C’est aussi pour répondre à l’accusation de
considérer les femmes étant ou ayant été prostituées comme des
« victimes sans voix[6] » que le projet de recherche « Repenser le travail
du sexe » sera présenté, critiqué et analysé.
 

La dérive néoréglementariste dans la recherche sur la prostitution :


l’ère de « la gérance du travail du sexe » 

Dans un cadre prohibitionniste, la prostitution juvénile est


perçue comme un fléau social et la prostitution adulte est considérée
légalement et moralement comme une nuisance publique. Le fait que les
activités de prostitution se soient déplacées dans « la rue » suite à la
répression des lieux prostitutionnels « hors-rue » à Toronto et à
Vancouver, à la fin des années 1970 et au début des années 1980,
renforce leur problématisation en termes de nuisance publique. Cette
situation donne le coup d’envoi aux financements de la recherche sur la
prostitution (Lowman, 2001).

Parallèlement à l’intérêt médiatique pour ce tout nouveau


problème, c’est-à-dire l’explosion de la prostitution « de rue » dans
plusieurs grandes villes canadiennes,  la production de recherche sur la
prostitution, qui était relativement stable avant la fin des années 1980,
s’accroit considérablement. Conséquemment, « les prostitués de la rue
ont probablement participé à plus de sondages-recherches que toute autre
[catégorie sociale] au Canada » (Lowman, 2001). Auparavant, les
recherches sur la prostitution portaient presque uniquement sur
l’exploitation sexuelle des enfants et des jeunes et sur la façon de rétablir
l’ordre dans l’espace public troublé par la prostitution. Outre les efforts
de néolibéralisation, la visibilité de la prostitution et les préoccupations
amenées par le VIH/SIDA apparaissent comme les principales
motivations du financement à la recherche sur la prostitution des
institutions gouvernementales (Lowman, 2001; Sous-comite de l'examen
des lois sur le racolage, 2006).

Le travail de fouille biographique et bibliographique réalisé


pour cet article suggère que depuis une quinzaine d’année, il y a une
nouvelle vague de production de recherches portant sur la prostitution.
Plus précisément, les recherches se penchent maintenant sur la
prostitution « hors-rue », le proxénétisme et les clients-prostitueurs, les
enjeux législatifs et juridiques, de même que sur les ressources, outils et
méthodes d’interventions auprès des personnes dans l’industrie du sexe
ou « par et pour les travailleuses du sexe ». Plus récemment, la plupart
des recherches produites par des universitaires et des organismes
retiennent des positions explicitement néoréglementaristes. C’est
pourquoi il est possible d’avancer qu’un groupe d’acteurs et d’actrices
universitaires pro-travail/industrie du sexe - s’opposant aux féministes
abolitionnistes, intervenantes, survivantes et chercheuses dénonçant les
violences inhérentes à la prostitution - accapare actuellement la
production de recherches sur la prostitution au Canada (Audet, 2005).

C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet de recherche «


Repenser le travail de gérance dans l’industrie du sexe » mené au sein de
divers institutions universitaires par Chris Bruckert, Jenn Clamen, Maria
Nengeh Mensah, Patrice Corriveau, Leslie Jeffrey et Colette Parent, en
collaboration avec les organismes Maggie’s (Toronto), Prostitutes of
Ottawa/Gatineau Work, Educate and Resist, Stella (Montréal)
et Stepping Stone (Halifax)[7]. Encadrée par l’Université d’Ottawa en
partenariat avec l’Université du Québec à Montréal et l’Université du
Nouveau-Brunswick, ce projet comporte deux publications : un rapport
de recherche intitulé « Beyond Pimps, Procurers and Parasites :
Mapping Third Parties in the Incall/Outcall Sex Industry » (uniquement
disponible en anglais[8]) et un livret, destiné spécifiquement aux « tierces
personnes » et aux « travailleuses du sexe » (accessible via internet,
Bruckert et al., 2013).

Cette étude s’appuie sur des entrevues conduites auprès de 50 «


tierces personnes » et de  27 femmes-prostituées provenant du sud et de
l’est de l’Ontario, du Québec et des Maritimes. Elle a comme objectif de
comprendre et d’explorer « les expériences et les perceptions des gérants
», « les relations de travail entre les gérants et ceux et celles qui
travaillent pour et avec eux » et « comment les lois et les politiques
publiques influencent le travail de gérance dans l’industrie du sexe et
impactent sur les relations de travail » (Université d’Ottawa, 2013).

Bénéficiant du soutien financier du Conseil de recherches en


sciences humaines du Canada (CRSH), le livret « Gérer le travail du
sexe : information pour les tierces personnes et les travailleuses du sexe
des secteurs incall et outcall » (Bruckert, et al, 2013) présente le rapport
de recherche sous une forme vulgarisée et attractive. S’inscrivant dans la
dérive néoréglementariste dans la production canadienne de recherche sur
la prostitution, il a pour but d’« aider les tierces personnes et les
travailleuses du sexe des secteurs incall et outcall à faire des choix et à
prendre des décisions de travail éclairées dans ce contexte légal. » (p. 6).
En plus d’évacuer de son analyse les rapports de pouvoir inhérents à la
prostitution qui forment et orientent l’industrie du sexe, ce livret se
trouve, non seulement, à faire la promotion de l’exploitation sexuelle
commercialisée des femmes et des filles, mais à donner un outil visant à
la faciliter.

Présentation du livret sur « la gérance du travail du sexe »


 

En introduction, les auteur.e.s. de « Gérer le travail du sexe :


information pour les tierces personnes et les travailleuses du sexe des
secteurs incall et outcall », avancent que les « tierces personnes » sont
affectées par de « nombreux préjugés et stéréotypes ». On les dépeindrait
comme des hommes violents ou appartenant à des groupes racisés, une
vision jugée simpliste des relations entre les proxénètes et les femmes-
prostituées habiterait l’imaginaire collectif. La documentation des réalités
des « individus dans la prostitution » montre la complexité de ces «
relations ». En effet, selon ce projet de recherche, la variété de structures
organisationnelles du « travail du sexe », de même que la série
d’aptitudes et de compétences en matière de gérance, sont semblables à
celles des autres modes d’organisation du travail. Il est ensuite énoncé
que « pour la plupart des travailleuses du sexe, qu’elles soient
indépendantes ou en agence, une tierce personne contribue, même
minimalement, à l’accomplissement de leur travail » (p. 6). Se basant sur
une analyse des « relations de travail » dans l’industrie du sexe, cette
recherche avance que la criminalisation mine la capacité à « mettre en
place toutes les mesures nécessaires pour assurer un environnement de
travail sécuritaire » (p. 6) et de « bonnes relations et conditions de travail
». 

Les « structures organisationnelles du travail du sexe »

Présentant le rôle des gérants et propriétaires d’entreprises


prostitutionnelles, et des diverses personnes participant au déroulement
ou au développement des activités prostitutionnelles, la section « Qui sont
les tierces personnes ? » révèle qu’il y a une échelle de contraintes
environnementales et structurelles affectant les « travailleuses du sexe » :

Le contrôle et l’autorité que détient une travailleuse du


sexe sur ses conditions de travail ne dépend pas du fait
qu’elle travaille ou non à son compte. C’est plutôt
l’environnement et la structure organisationnelle de
travail qui dictent le contrôle et l’influence dont elle peut
bénéficier. (p. 9).

Exposant les hiérarchisations des rôles et responsabilités des «


tierces personnes » des secteurs incall et outcall, les auteur.e.s
schématisent trois structures prostitutionnelles ayant « de plus, à moins, à
aucun » contrôle sur l’organisation du « travail du sexe » : les agences,
les associés et  les contractants (p. 10). Première forme de gestion
prostitutionnelle, l’agence serait une entreprise qui fixe les méthodes et
les conduites prostitutionnelles et qui engage des femmes-prostituées «
dans le cadre d’une relation de type employeur-employée [où] la
surveillance est assurée minimalement par un individu » (p.11). Pour leur
entreprise d’organisation des « transactions », les agences impliquent des
« tierces personnes », tel un gérant, un chauffeur ou une réceptionniste,
qu’elles soient de petite, moyenne ou grande taille. Le second mode
d’organisation serait composé d’agents, de mentors, d’organisateurs
d’évènements et de fournisseurs de lieux prostitutionnels qui organisent
ou facilitent les transactions entre les « travailleuses du sexe » et les
clients.

Ces « tierces personnes » sont présentées comme étant des


associées qui « travaillent avec les travailleuses du sexe ». Le troisième
type d’organisation de la prostitution est constitué de contractant.e.s
(assistant personnel, chauffeur, agent de sécurité, webmestre, etc.)
engagé.e.s « par ou pour » les femmes-prostituées. Ces « tierces
personnes » sont décrites comme fournissant « un service » à une «
travailleuse du sexe » ou à une entreprise.

Décriminalisation de la prostitution : « évolution des lois » ou fin des


entraves légales à l’industrie du sexe

La section « Contexte légal » présente une analyse de l’impact


des lois et règlements qui entourent la prostitution. Elle débute en
soulignant qu’au « Canada, le fait d’échanger un service sexuelle contre
rémunération n’est pas et n’a jamais été illégale » (p. 15). Détaillant les
possibles accusations criminelles affectant les activités prostitutionnelles,
leur criminalisation est présentée comme un obstacle à la pratique
sécuritaire du « travail du sexe » d’autant plus que le Code criminel
canadien considère « le travail des tierces personnes » comme un crime.
Les propos d’une propriétaire d’agence d’escortes outcall à Montréal
exposent ces entraves légales :

La loi a un impact sur la façon de présenter les services. Étant


donné qu’il est illégal de vendre des services sexuels, il faut prendre des
détours pour expliquer au client ce à quoi il  peut s’attendre. Par exemple,
dans le jargon de l’industrie, le  « service GFE » ou « girlfriend
experience » est un terme employé pour une pratique particulière. Les
clients ont une idée de ce que c’est. Mais en réalité, ça ne veut rien dire
de spécifique. GFE, ce n’est pas dans le dictionnaire! (p. 15)

Au niveau municipal, les permis d’exploitation d’entreprise et


les règlements de zonage ont des répercussions sur « le travail des tierces
personnes » et des « escortes indépendantes qui se déplacent d’une ville à
une autre » (p. 24). En jouant avec le langage, les municipalités
réussiraient, en partie, à réglementer l’industrie du sexe : « Par exemple,
plutôt que d’inscrire dans un règlement la mention explicite "salon de
massage érotique", on inscrit simplement "salon de massage" » (p. 24),
faisant en sorte que les services permis doivent correspondre à la
définition de « salon de massage ». De plus, le fait que « la clientèle ne
comprend pas toujours que le prix demandé ne couvre que les activités
permises par la loi » (p. 25) entraine des inconvénients sur le plan de « la
gérance du travail du sexe ». Pour ce qui est des règlements de zonage
entravant l’industrie du sexe,  il est avancé qu’il y a un manque de zone
où les salons de massage sont permis et que les zones le permettant se
trouvent souvent dans des quartiers industriels et isolés.

Les « tierces personnes »

Explicitement destinée aux gérants et propriétaires des


établissements incall et outcall et à leurs auxiliaires, mais pouvant aussi
s’adresser aux femmes qualifiées d’escortes indépendantes, la section «
Information pour les tierces personnes » présente les enjeux et
responsabilités dans la « gérance du travail du sexe ». Les fonctions de
réceptionniste, chauffeur, webmestre, photographe, agent et fournisseur
d’espaces de travail font l’objet d’une description de tâches, alors que
sont énumérées les « qualités des tierces personnes recherchées par les
travailleuses du sexe ». Ces dernières comprendraient notamment le
respect de la confidentialité des activités de prostitution et de « la
hiérarchie de l’autorité et des responsabilités entre les propriétaires, les
gérants, les réceptionnistes, les chauffeurs, etc. » (p. 35-36). On souligne
d’ailleurs qu’un code de conduite et des règles d’établissement devrait
être mis en place, pour maintenir la « discrétion » des activités
prostitutionnelles.

Les responsabilités des « tierces personnes » du


secteur incall regroupées sous le volet « maintenance et entretien
incluraient le développement d’une image ou d’une ambiance, le
nettoyage des lieux, la fourniture du matériel lié aux activités de
prostitution et le recrutement. Encadrée par des lois et règlements qui «
posent des défis pour la publicité » (p. 31), la promotion du « travail du
sexe » repose sur l’achat d’espaces publicitaires sélectionnés en fonction
de la clientèle visée (journaux, sites internet d’annonces gratuites et
payantes, brochures de voyage et sites web de rencontres), ainsi que sur la
participation aux forums de discussions des clients-prostitueurs.

Les « travailleuses du sexe »

La section « Information pour les travailleuses du sexe » 


s’intéresse à l’« environnement de travail » et aux « avantages et
inconvénients de travailler avec une tierce personne ». Il y est mentionné
que « lorsque vient le temps de décider où travailler, avec qui ou pour
qui, les travailleuses du sexe [doivent prendre en considération] leur
sentiment par rapport au fait d’avoir à respecter un code de conduite et
des règlements établis par quelqu’un d’autre. » (p. 37-38).  Dans la même
logique, le type de « clientèle et de services sexuels offerts », les quotas
ou le roulement des agences, de même que la gestion de l’argent et des
prix, sont autant d’éléments qui dirigeraient les femmes-prostituées vers
une agence soit incall soit outcall.

Maximiser la sécurité et la santé dans l’industrie du sexe…

La partie intitulé « Sécurité et Santé au travail » donne des


informations sur les stratégies et pratiques visant à « protéger les
travailleuses et l’entreprise » (p. 47) telles le filtrage des clients,
l’utilisation de caméras de surveillance, la tentative de dissuasion de la
violence des clients-prostitueurs en rendant visible le personnel de
sécurité ou les « appels de sécurité entre les tierces personnes et les
travailleuses du sexe ». Par ailleurs, afin de faire face aux défis
importants que pose la criminalisation de la prostitution sur le plan de la
santé émotionnelle des femmes-prostituées, il semble que « souvent, [les
tierces personnes] débriefent et ventilent avec [elles] après les rendez-
vous, particulièrement lors de mauvaises expériences ou quand il y avait
absence d’affinité ou de compatibilité avec le client » (p. 51).

Pour ce qui est de la section « santé physique et sexuelle », le «


sécurisexe » et des moyens comme utiliser une terminologie claire pour
décrire les actes prostitutionnels sont présentés comme étant utilisés par
les femmes-prostituées afin de maximiser leur santé sexuelle. Comme le
souligne Beatrice, propriétaire d’une d’agence d’escortes à Hamilton, «
les travailleuses du sexe s’assurent que [le préservatif] est en place et
qu’il est bien installé. Elles savent aussi comment déterminer s’il y a
quelque chose qui cloche. Si c’est le cas, elles arrêtent. » (p. 51).  

 
« L’entreprenariat éthique dans la gérance du travail du sexe »

La « réflexion sur l’entreprenariat éthique » soutient que la


criminalisation empêche de mettre en place les mesures assurant « un
environnement de travail sécuritaire » et « rend ardu le pouvoir négocier
de meilleures conditions de travail. » (p. 55). D’après  les auteur.e.s,
l’entreprenariat éthique recherche un équilibre entre « les tierces
personnes » et les femmes-prostituées qui viseraient conjointement à
mettre en place de « bonnes conditions et pratiques de travail » dans un
contexte légal donné. À cet égard, la réflexion se termine sur les points de
tensions entre les « tierces personnes » et les « travailleuses du sexe » qui
seraient surtout provoquées par la criminalisation de la prostitution. On
détaille ainsi les répercussions sur les « travailleuses du sexe » et sur
l’entreprise. Les principales problématiques énoncées sont l’ambigüité
inhérente à l’offre de service, les contraintes face au recours à la police et
les pratiques de recrutement strictes ou discriminatoires quant à la
consommation de drogues et au statut de citoyenneté des femmes-
prostituées, de même que la limitation du « pouvoir de négociation » de
celles-ci avec les clients-prostitueurs.

« Repenser la gérance du travail du sexe » : décontextualisation et


dématérialisation des rapports d’appropriation et d’exploitation
prostitutionnels

Pour mieux cerner les nombreux éléments précédemment


présentés, la section qui suit vise à identifier, décortiquer et positionner
les rapports de force effectifs traversant le système prostitutionnel et l’un
de ces bras politique, le néoréglementarisme.
La voix des (néo)proxénètes et l’occultation des rapports de pouvoir

En premier lieu, l’expression « tierce personne » (third


parties en anglais) dissimule la violence du système prostitutionnel
organisé par les (néo)proxénètes qui tirent profit de l’exploitation
sexuelle des femmes à des fins commerciales. Ce faisant, elle euphémise
et neutralise les rapports prostitutionnels.

Bien que les auteur.e.s. critiquent la criminalisation des


femmes-prostituées, le libéralisme intrinsèque à leur perspective les
conduit à défendre les intérêts des (néo)proxénètes. En effet, associer les
« droits des travailleuses du sexe » à ceux des proxénètes, collaborateurs
et clients-prostitueurs relève d’une occultation de leurs rapports
antagoniques (Audet, 2005 ; ATTAC, 2008). Lorsque l’on considère les
intérêts des femmes-prostituées comme étant dépendants de ceux des
(néo)proxénètes et des clients-prostitueurs, il est possible d’appuyer la
décriminalisation totale de la prostitution et l’entreprenariat « du travail
du sexe ».

Sans négliger la violence symbolique et matérielle que cela


représente, mettre l’accent sur les possibles accusations envers les
(néo)proxénètes et les personnes non-prostituées occulte le fait que 92%
des personnes accusées en vertu de cette dernière infraction sont des
femmes-prostituées, majoritairement dans la prostitution de rue et que
90% des infractions rapportées ont trait à la communication à des fins de
prostitution (Sous-comite de l'examen des lois sur le racolage, 2006). Il
n’est pas non plus fait mention de la dynamique du relâchement de
l’interprétation des lois quant aux activités de l’industrie du sexe (Ricci,
Kurtzman et Roy, 2012) faisant en sorte que

«[ …]de 1974 jusqu’au milieu des années 90, le nombre


d’accusations portées pour non-respect des dispositions
législatives sur les maisons de débauche est passé
d’environ 1 000 à 200 par année [et qu’aujourd’hui], les
administrations municipales autorisent le commerce de la
prostitution hors rue [en fermant les yeux sur les activités
prostitutionnelles] » (Lowman, 2001 : 6).

Dans cette publication,  les préjugés et les stéréotypes, puis la


criminalisation et la stigmatisation sociale entourant « le travail du sexe »
et sa « gérance » sont considérés comme étant les principales
problématiques affectant l’industrie du sexe. La prostitution est dépeinte
comme relevant d’un choix ou d’une décision éclairée des femmes
concernant le mode et les pratiques de l’entreprise prostitutionnelle ou
leur cadre légal. Cependant, ces « choix » apparaissent plutôt liés aux
expériences d’abus et de violences sexuelles,  de même qu’aux
contraintes découlant des rapports sociaux de classe et de « race », du
statut de citoyenneté, du  niveau de consommation de drogues ou encore
des exigences physico-sexuels exigés par les prostitueurs et les
(néo)proxénètes   (Poulin, 2005 ; Audet, 2005 ; Ricci, Kurtzman et Roy,
2012 ; Lamont, 2010). Par ailleurs, « la reconnaissance de la prostitution
comme un travail » qui vise prétendument à contrer la « prostitution
forcée » fait en sorte qu’en Allemagne, les femmes travaillant dans les
bars ou la restauration qui perçoivent des prestations de chômage doivent
accepter les « propositions d’emploi » des établissements prostitutionnels,
sous peine de perdre leurs droits (Poulin, 2005).

Pourtant, en révélant le point de vue des (néo)proxénètes, le


projet de recherche « Repenser le travail du sexe » livre des informations
utiles au développement d’une perspective féministe abolitionniste. Le
livret « Gérer le travail du sexe : information pour les tierces personnes et
les travailleuses du sexe des secteurs incall et outcall » expose par
exemple l’actuelle hiérarchisation et technologisation des pratiques
prostitutionnelles transformant l’implication des (néo)proxénètes dans
l’industrie du sexe (Bouffartigue, Linhart, Moutet, 2005). En fait, la
division des rôles et fonctions des (néo)proxénètes dans les structures
d’exploitation prostitutionnelle et le recours aux technologies de
l'information et de la communication par l’industrie du sexe séquencent
les rapports prostitutionnels, tout en maximisant l’ordre et la rentabilité
des activités prostitutionnelles. Sur ce point, le séquencement du
processus d’exploitation sexuelle par l’implication de néoproxénètes
permet la compartimentation des violences prostitutionnelles voilant leurs
sources et leur unicité (MacKinnon, 1987), c’est-à-dire l’appropriation de
classe des femmes par la classe des hommes. Pour le dire autrement, en
fractionnant le processus d’exploitation sexuelle des femmes, les modes
de « gérance du travail du sexe » masquent les violences structurelles et
systémiques envers les femmes-prostituées.

Contraintes à la prostitution   

Pour recadrer les analyses présentées par le projet de recherche


« Repenser la gérance du travail du sexe », exposons maintenant le
contexte d’appropriation du corps et de la sexualité des femmes dans
lequel s’inscrit la prostitution en l’articulant avec le mariage et le travail
salarié des femmes.

Le sexage  est un système d’appropriation de la classe des


femmes par la classe des hommes qui a des dimensions matérielles et
idéelles (Guillaumin, 1978). Dans cette perspective, il existe deux formes
d’usage sexuel exprimant l’appropriation de la classe des femmes : d’une
part, l’usage sexuel non monnayé s’inscrivant dans une appropriation
individuelle à l’intérieur du mariage et, d’autre part, l’usage sexuel
monnayé s’inscrivant dans une appropriation collective délimitée. Plus
précisément, dans le mariage, il y a une appropriation des femmes en tant
que réservoir de force de travail à travers les charges domestiques et
d’entretien physico-affectif des membres du réseau familial et social,
l’imposition d’obligations sexuelles et de grossesses, puis l’appropriation
du temps et des produits du corps des femmes. La surface institutionnelle
du mariage cache le rapport généralisé de l’appropriation des femmes, car
ce n’est pas seulement l’épouse qui est appropriée, mais « la classe des
femmes en usufruit à chaque homme, et particulièrement à chacun de
ceux qui ont acquis l'usage [individuel] de l'une d'entre elles. ».
(Guillaumin, 1978 : 20). Assignées aux soins physico-affectifs des
membres de la société, la classe des femmes cumule les heures salariées
et non-salariées pour ces tâches. Absorbées ainsi dans d’autres
individualités, elles se trouvent, en tant que classe appropriée
matériellement, privées de la leur ce qui les dépossèdent mentalement
d’elles-mêmes.

Puisque qu’elle est appropriée comme machine-à-force-de-


travail, l’appropriation de la classe des femmes s’étend à leur force de
travail productive et reproductive (Kergoat, 2012). Découlant des
rapports sociaux de sexe, la division sexuelle du travail s’opère sous «
deux principes : le principe de séparation (il y a des travaux d’hommes et
des travaux de femmes) et le principe hiérarchique (un travail d’hommes ̎
vaut ̎ plus qu’un travail de femme) » (Kergoat, 2000 : 35). Sous ce
rapport, ce n’est pas uniquement le travail (re)productif des femmes dans
la division sexuelle du travail qui est approprié dans le marché du travail,
mais les femmes elles-mêmes.

L’analyse du travail des femmes dans le domaine du service à


la clientèle permet d’illustrer la forme que peut prendre l’appropriation
des femmes sur le marché du travail. Organisé selon les comportements
de la clientèle, le travail des femmes dans ces emplois du secteur tertiaire
nécessite un travail émotionnel et l’entretien d’un rapport social. C’est
pourquoi, les employeurs exercent un contrôle sur l’attitude et les
activités émotives des travailleuses afin qu’elles produisent et composent
avec les états émotifs de la clientèle. Puisque dans ce travail sexué « le
corps de la travailleuse est aussi instrumentalisé dans la production du
service, la plupart du temps pour inciter à la consommation ou pour
attirer la clientèle », il doit être discipliné avec des uniformes, des codes
d’habillement et de conduite et des règles de maquillage. Ainsi, pour
avoir accès à un emploi ou pour le maintenir, la travailleuse doit s’assurer
que son corps correspond aux critères de « présentation
attirante » (Soares, 1998).

En contexte de  néolibéralisme mondialisé et à l’aune du


sexage, la majeure partie de la classe des femmes doit se mettre en
vente sur le marché du mariage ou du concubinage, avoir un emploi de
femme sur le marché du travail ou sinon être mise en vente sur le marché
sexuel et du sexe afin d’essayer d’obtenir un revenu nécessaire à son
existence et à celle des enfants ou personnes dont elle a la charge (Tabet,
1985 ; Guillaumin, 1978 ; Kergoat, 2000 ; Falquet et al., 2010 ; Rich,
1981 ; Delphy, 1970).

C’est en ce sens que les mécanismes d’exploitation sexuelle des


femmes à des fins commerciales se trouvent liés à ceux d’exploitation
maritale, ainsi qu’à ceux de l’exploitation salariée des femmes.
Dans Femmes de droite, Andrea Dworkin relève l’imbrication du
mariage, du travail salarié et de la prostitution dans l’appropriation des
femmes :

Dans toutes leurs institutions du pouvoir, les hommes


s’appuient sur le labeur sexuel et la subordination sexuelle des femmes.
Ce labeur doit être maintenu ; et les salaires systématiquement bas des
femmes versés pour un travail sans connotation sexuelle forcent
effectivement les femmes à vendre du sexe pour survivre. Le système
économique qui paie les femmes moins que les hommes va jusqu’à
pénaliser celles qui travaillent en dehors du mariage ou de la prostitution,
puisqu’en plus de trimer dur pour ces bas salaires, elles doivent quand
même vendre du sexe.  Ce système qui punit les femmes qui travaillent à
l’extérieur de la chambre à coucher en les sous-payant contribue de
beaucoup à entretenir chez elle le sentiment que le service sexuel des
hommes fait nécessairement partie de la vie d’une femme (Dworkin,
2012 : 72).

La prostitution : au bénéfice de la classe des hommes et au détriment


de la classe des femmes

Précisément, le système prostitutionnel repose sur


l’appropriation collective d’un groupe de femmes dans un cadre,
rémunéré ou non, d’imposition des charges sexuelles et physico-
affectives de la classe des hommes. À l’instar du mariage, dont la « forme
individualisée [d’appropriation des femmes] contribue par son apparence
banale de contractualité à cacher le rapport réel qui existe entre les classes
de sexe autant qu'à le révéler » (Guillaumin, 1978 : 34), présenter la
prostitution comme une suite consentante de « relations de travail » tend
à masquer les rapports réels entre les (néo)proxénètes, les clients-
prostiteurs et les femmes-prostituées. L’accroissement et la spécialisation
de l’offre dans l’industrie du sexe, de même que le séquencement et la
hiérarchisation de ses processus de gestion et d’encadrement illustrent la
volonté des (néo)proxénètes de maintenir et renforcer la demande, de
manière à accroître leurs revenus (Jeffreys, 2009). Autrement dit, la
conceptualisation de la « travailleuse du sexe » comme une entreprise
prostitutionnelle offrant des services dissimule son appropriation en tant
service sexuel offert par les (néo)proxénètes aux clients-prostitueurs, et
ce, au bénéfice de la classe des hommes (ATTAC, 2008 ; Audet, 2005).

Devant composer avec les violences inhérentes à la prostitution


(MacKinnon, 2005), les femmes-prostituées doivent également assurer la
satisfaction des clients-prostitueurs et répondre aux injonctions des
(néo)proxénètes. Les actes, méthodes et structures prostitutionnelles,
c’est-à-dire la transformation de femmes en services sexuels, forment un
processus de marquage du corps, de la sexualité et de l’individualité des
femmes-prostituées menant à la dépossession d’elles-mêmes. En effet,
dans les rapports prostitueurs/prostituées et (néo)proxénètes/prostituées,
les femmes-prostituées doivent adopter une série de stratégies visant à
aménager les séquelles des rapports prostitutionnels, au premier
desquelles, la distanciation, qui sépare leur identité personnelle de la
prostitution; le désengagement, menant à l’établissement d’une distance
émotionnelle entre elles-mêmes et la prostitution; la dissociation,
représentant un clivage de personnalité permettant de se conformer à la
satisfaction sexuelle des clients-prostitueurs et aux exigences des
(néo)proxénètes, et enfin la désincorporation, qui est marquée par des
dissociations psychiques et des anesthésies corporelles (Conseil du Statut
de la femme, 2012).
 

Dressage prostitutionnel

Afin d’exposer la décontextualisation et la dématéralisation des


rapports prostitutionnels par le projet de recherche « Repenser le travail
de gérance du travail du sexe », analysons maintenant les méthodes de
contrôle et de surveillance des (néo)proxénètes et des clients-prostiteurs
exercées sur les femmes-prostituées.

Le concept de « dressage au coït » développé par Paola Tabet


(1985) exprime les contraintes psychiques, la menace de la violence et
l’usage de la force mis en place pour maximiser l’exposition des femmes
au coït avec pénétration et éjaculation. En ce sens, le dispositif de
dressage prostitutionnel mis en place par les (néo)proxénètes est composé
de stratégies de surveillance et de contrôle qui ont pour objectifs de
maximiser la profitabilité des femmes-prostituées et la satisfaction des
clients-prostitueurs.

Tout comme la domestication de la sexualité des femmes à des


fins reproductives, la spécialisation de la sexualité d’un groupe de
femmes à des fins commerciales et non reproductives découle de «
moments techniques d’interventions ponctuelles » (Tabet, 1985) visant la
productivité et l’obéissance des femmes-prostituées. Parmi ces
interventions, on retrouve la surveillance des forums de discussion des
clients-prostitueurs par des (néo)proxénètes afin de s’assurer que les
femmes-prostituées représentent conformément l’image de l’entreprise ou
y faire la publicité des « filles » et celle de l’entreprise.

Pour minimiser les entraves pouvant troubler le système


prostitutionnel, l’industrie applique aussi de multiples types de sanctions
lors de la non-conformité des femmes-prostituées aux codes de
conduites : violences des (néo)proxénètes - allant des sanctions
monétaires au meurtre, contrôle constant du déplacement des femmes-
prostituées, imposition d’une cadence prostitutionnelle, contrôle de
l’argent et violence des clients-prostitueurs (Bruckert, 2013 ; Jeffreys,
2009 ; Poulin, 2004). Dans ces conditions, le fractionnement de la
structuration des actes de gestion, de maintenance et de promotion de la
prostitution diversifie et accroît le dispositif de contrôle et de surveillance
du corps, de la sexualité et de l’individualité des femmes-prostituées. Ce
panoptisme induit chez les femmes-prostituées un état de surveillance
permanent - même si son action est discontinuée, tout en les accoutumant
à l’ordre et à l’obéissance (Foucault, 1975).

Panoptisme prostitutionnel

Le contrôle et la surveillance des femmes-prostituées par les


(néo)proxénètes s’exerce aussi à travers leur contribution financière ou
leur implication dans les associations ou organismes dits de «
travailleuses du sexe ». Par exemple, la clinique St. James « par et pour
les travailleuses du sexe » de San Francisco a reçu des dons de proxénètes
lors d’une levée de fond intitulée « Journée de santé érotique » qui a
rassemblé la communauté du divertissement adulte, incluant des
propriétaires d’établissements prostitutionnels (Koyama, 2004). En
retour, ces derniers peuvent obtenir un crédit d’impôt et un siège au
conseil d’administration (Koyama, 2004). De cette manière, ils peuvent
promouvoir leurs intérêts liés à la santé des femmes-prostituées, en
n’amenant aucune modification concrète dans leur gestion de
l’exploitation sexuelle à des fins commerciales tout en s’assurant
d’infiltrer un espace « pour les travailleuses du sexe ».

Un autre exemple de la mainmise des (néo)proxénètes sur le


mouvement des « travailleuses du sexe » est la création du site web pro-
travail et industrie du sexe « Turn off the blue light », conçu en réplique
au site « Turn off the red light », par la même compagnie ayant mis en
ligne un site prostitutionnel contrôlé par Peter McCormick, un proxénète
multimillionnaire (Marr, 2012b). Dans le même ordre d’idées, Douglas
Fox, qui se présente comme « un travailleur du sexe» et qui milite à
l’International Union of Sex Workers (IUSW), une branche reconnue
du Britain’s General Union, est le fondateur et le copropriétaire d’une
importante agence d’escortes au Royaume-Uni (Elliot, 2009 ; Marr,
2012a).

Plusieurs organisations de « travailleuses du sexe» ont été


fondées par des personnes ayant été reconnues coupables de
proxénétisme ou ne cachant pas leurs activités de proxénétisme. La
première organisation du genre, Whores, Housewives and
Others  (WHO), qui est maintenant nommée « Call Off Your Old Tired
Ethics » (COYOTE) a été créé aux États-Unis par une femme reconnue
coupable de diriger un lieu prostitutionnel en 1962. The Sex Workers’
Outreach Project USA (SWOP USA) a été fondée par Robyn Few,
reconnue coupable de conspiration en vue d’activités de proxénétisme («
conspiracy to promote prostitution »). Au mépris des conflits
d’intérêts, Prostitutes of New York (PONY) prétend aussi rejoindre les
femmes-(néo)proxénètes (Marr, 2012a et 2012b).

Dans le contexte canadien, deux des trois requérantes dans la


contestation de plusieurs articles concernant la prostitution, actuellement
en attente d’une décision de la Cour Suprême, ont aussi été des
proxénètes. Terri Jean Bedford a été reconnue coupable de proxénétisme
et Valerie Scott souhaite le redevenir, s’il y a une décriminalisation. Cette
dernière milite dans le Sex Professionals of Canada (SPOC) qui décrit les
propriétaires d’agences incall ou outcall comme étant les employés des «
travailleuses du sexe » (Marr, 2012a et 2012b ; Guiraud et Gastrein,
2011). Il faut souligner que le fondateur du Bunny Ranch, une agence
incall du Nevada, prévoit étendre ses activités au Canada dépendamment
de la décision de la Cour Suprême :

« Nous surveillons la situation de près parce que dès que


nous verrons que ça va être légalisé, comme il se doit, le
Bunny Ranch arrivera, et nous arriverons en force »
(Blanchfield, 2013).

En somme, la récupération et l’instrumentalisation des termes «


travailleuse ou travailleur du sexe» par des (néo)proxénètes et leur
incursion dans les organisations de «travailleuses du sexe» illustre leurs
initiatives de neutralisation de l’antagonisme des rapports prostitutionnels
et d’emprise sur les femmes-prostituées dans la sphère hors-industrie du
sexe. Pour banaliser, normaliser et accroître l’expansion de l’industrie du
sexe, les (néo)proxénètes créent l’illusion que leurs intérêts sont les
mêmes que ceux des femmes-prostituées puisqu’ils supportent la santé
sexuelle et les revendications des « travailleuses du sexe » (ATTAC,
2008 ; Ricci et al., 1975).

La résistance féministe abolitionniste

 
Avant de conclure, rappelons que des féministes et divers
groupes alliés résistent et font face au système prostitutionnel depuis
l’émergence du mouvement abolitionniste vers la fin du 19e siècle. En
1871, la Commune  de Paris  avait supprimé le Bureau des Mœurs et mis
fin aux activités de 19 lieux prostitutionnels  dans plusieurs
arrondissements de Paris en les considérant comme semblables à la traite
des Noirs et en refusant «l’exploitation commerciale de créatures
humaines par d’autres créatures humaines». Il semblerait que de
nombreuses femmes prostituées avaient pris les armes avec les
révolutionnaires. Cependant, des réactionnaires et des hommes que l’on
qualifierait maintenant d’antiféministes sont épisodiquement parvenus à
mettre en place des politiques répressives sur les femmes-prostituées
(Guiraud et Gastrein, 2011). À ce sujet, Louise Michel, militante
anarchiste et féministe, écrivait dans ses mémoires :

 Et si, quand une pauvre fille (…) s’aperçoit où elle est, et
se trouve dans l’impossibilité d’en sortir, elle étranglait de
ses mains vengeresses un des misérables qui l’y
retiennent ; si elle mettait le feu à ce lieu maudit, cela
vaudrait mieux que d’attendre le résultat des plaidoiries à
ce sujet... (Guiraud et Gastrein, 2011).

Lors de la Révolution espagnole de 1936, l’organisation


anarchiste et féministe Mujeres Libres a fait de la propagande auprès des
hommes et fondé « des centres libératoires de la prostitution » pour les
femmes-prostituées qui souhaitaient sortir du système prostitutionnel.
Appuyé par d’autres groupes anarchistes, malgré leur machisme de
sauveur (Alpi, 2010), elles combattaient la prostitution, alors que certains
groupes anarchistes et progressistes focalisaient sur leur syndicalisation
(Ackelsberg, 2005 ; Alpi, 2010). Cette vision syndicaliste de
l’exploitation sexuelle peut, à la lumière de ce rappel historique, être
analysée comme une forme de paternalisme faisant prévaloir les
expériences d’organisation du travail ou de militance des gauchistes et
des anarchistes sur l’expérience des femmes dans l’exploitation sexuelle
et des féministes organisées en non-mixité pour faire face à l’oppression
des hommes.

En 1978, a  lieu la première conférence féministe sur la


pornographie à San Francisco et, l’année suivante, une manifestation à
New York  sur Times Square rassemblant 5000 femmes et quelques alliés
protestant contre l’industrie du sexe et l’exploitation sexuelle (Whisnant,
2012). C’est à la fin des années 70 qu’apparait dans le mouvement
féministe une division manifeste quant à la question de la prostitution
avec le féminisme s’autoproclamant « pro-sexe », et considérant la
prostitution et la pornographie comme un espace de combat ou une
industrie ayant un potentiel revendicateur et émancipateur, ou du moins
rémunérateur, pour les femmes (Jeffreys, 2009; Whisnant, 2012).
D’ailleurs, c’est dans ce contexte que le mouvement néoréglementariste
et des « travailleuses du sexe » commencent à s’organiser
(Cybersolidaires, 2011).

C’est aussi à cette époque des années 1960-1970 que la


compagnie Playboy a entrepris de revaloriser son image, notamment suite
aux attaques des féministes abolitionnistes. Elle a financé et promu à
coups de milliers de dollars des organisations de lutte pour le droit à
l’avortement, contre le sida et d’aide aux victimes de viol par l’entremise
de sa fondation, puis a aidé le financement de garderies (Wallechinsky et
Wallace, 1981). La Fondation Playboy a aussi financé le travail de
l’American Civil Liberties Union (ACLU) sur les droits des femmes
(Pitzulo, 2008). Il est difficile de ne pas voir dans de telles initiatives une
stratégie d’étouffement de la résistance des féministes face à la
prostitution et à la pornographie.

Pistes féministes abolitionnistes

En focalisant l’attention sur les lois, la stigmatisation, les


stéréotypes et les préjugés concernant la prostitution plutôt que sur ses
violences inhérentes et son insertion dans un continuum d’appropriation
et d’exploitation des femmes, il est possible de penser en termes de
perfectibilité du système prostitutionnel. Au-delà de la présentation du
contexte et du contenu du livret « Gérer le travail du sexe : information
pour les tierces personnes et les travailleuses du sexe des secteurs incall
et outcall », la présente contribution visait à recontextualiser et
rematérialiser l’analyse des structures et des rapports prostitutionnels en
tant que mode d’appropriation et d’exploitation du corps, de la sexualité
et de l’individualité de la classe des femmes. L’objectif était aussi de
cerner les rapports de force traversant le courant néoréglementariste et les
stratégies qu’il utilise. La mise au jour des tactiques idéologiques et
pratiques des défenseurs et défenseuses de l’industrie du sexe mérite
d’être poursuivie. Elle permet de préciser les obstacles et les cibles de
l’épistémologie, de la mobilisation, de l’action et de l’intervention
féministe néoabolitionniste, ainsi que d’alimenter la combattivité de ce
mouvement puisque :

Contrainte, certes, exploitée, sans le moindre doute, pas


libre, c'est évident, mais pas objet matériel approprié, pas
«chose», ça certainement pas ! Voilà le grand fantasme
que nous déployons dans notre cinéma inconscient.
Pourtant, dans les rapports de classes de sexe c'est
exactement ce que nous sommes : des vaches, des chaises,
des objets. Non pas métaphoriquement comme nous
essayons de le suggérer et de le croire (lorsque nous
parlons d'échange des femmes ou de réappropriation de
notre corps...) mais banalement. Et pour nous aider à
cultiver ce fantasme et à nous faire avaler sans réagir
cette relation, pour la faire passer en douceur et tenter de
nous empêcher d'y voir clair, tous les moyens sont bons.
Même les histoires. Depuis la passion jusqu'à la tendresse,
depuis le silence prudent jusqu'au mensonge caractérisé,
et de toutes façons, des fleurs, des décorations, toujours
disponibles pour couronner le front du bétail les jours de
fêtes ou de foires. Et si cela ne suffit pas (et cela ne suffît
pas en effet), de la violence physique à la Loi, il y a encore
moyen de tenter de nous empêcher de nous en mêler
(Guillaumin, 1978 : 28).

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10 juin 2013.

Annexe

L’équipe de recherche du projet « Repenser le travail de gérance  dans


l’industrie du sexe ».

Chris Bruckert, la chercheure principale, est professeure au département


de criminologie de l’Université d’Ottawa. Elle a dévoilé avoir été
danseuse nue entre la fin des années 1970 et le début des années 1980[9].
Elle a écrit plusieurs textes en collaboration avec Colette Parent,
notamment « La danse érotique comme métier à l'ère de la vente de soi »
(Cahiers de recherche sociologique UQAM) et « Le Travail du sexe dans
les établissements, érotiques : une forme de travail marginalisé »
(Déviance et Société). De 2008 à 2011, elle est présidente de l’organisme
POWER. Maintenant, elle y occupe le poste de vice-présidente.

Chargée de projet et seconde auteure, Jenn Clamen  a débuté son


implication au sein de l’international Union of Sex Workers in London.
Elle a par la suite occupé un poste de responsable à la mobilisation et aux
communications à l’organisme Stella (Montréal). Présentement, elle est
encore active à l’organisme Stella et elle siège en tant que représentante
nord-américaine au conseil d’administration de Global Network for Sex
Work Projects. Elle est aussi chargée de cours et chercheure à
l’Université Concordia, au sein de l’Institut Simone de Beauvoir qui,
d’ailleurs, s’est  positionné officiellement pour la décriminalisation de la
prostitution en novembre 2010 (CDEACF, 2010; Institut Simone de
Beauvoir, 2013).

La troisième co-auteure, Maria Nengeh Mensah, est professeure à l’École


de travail social et à l’Institut de recherches et d’études féministes de
l’Université du Québec à Montréal. Active sur le plan universitaire et
communautaire, elle a créé durant la dernière décennie divers outils à
l’intention des intervenants et intervenantes des services publics ou
communautaires, de la police et divers acteurs et actrices œuvrant dans le
système de justice, les médias et la sphère municipale. À titre d’exemple,
elle est chercheure principale du projet « SENSIBILISATION XXX
AWARENESS - Stigmatisation et travail du sexe : comprendre les
enjeux, pluraliser le discours et créer des lieux d'échanges et de
solidarités » (Université du Québec à Montréal, 2013).

L’équipe de recherche est aussi composée du co-chercheur Patrice


Corriveau et des co-chercheuses Leslie Jeffrey et Colette Parent. Avant
de joindre le Département de criminologie de l'Université d'Ottawa,
Patrice Corriveau occupait le poste d'analyste principal des politiques
pénales du ministère de la Justice du Canada. De plus, il a participé à
l’ouvrage Mais oui c’est un travail. Penser le travail du sexe au-delà de
la victimisation regroupant Chris Bruckert, Maria Nengeh Mensah,
Colette Parent et Louise Toupin.

 Professeure de  politique comparée et de relations internationales


à l’Université du Nouveau-Brunswick, Leslie Jeffrey a produit plusieurs
recherches sur la prostitution dont « Sex Workers in the Maritimes Talk
Back » avec Gayle MacDonald.

Professeure au Département de criminologie de l’Université


d’Ottawa, Colette Parent, mène depuis vingt ans des recherches sur le «
travail du sexe ». Elle a été membre du comité de recherche de
l’organisme Stella.

Les personnes assistantes de recherche sont Sébastien Lachambre et


Tuulia Law de l’Université d’Ottawa au Département de criminologie.

Le comité communautaire est composé de représentantes de quatre


organismes de « travailleuses du sexe » : Maggie’s, Stella, Stepping
Stone et POWER.

Kara Gillies représente Maggie’s (Toronto Sex Worker Action Project)


où elle occupe le poste de coordonnatrice du Développement et de
l’Éducation. Elle a été active dans l’industrie du sexe pendant vingt ans
(UofTtix At Hart House, 2004).

L’organisme Stella est représenté par Pascale Robitaille, une sexologue


clinicienne, qui en est la coordonnatrice clinique; par Émile Laliberté,
coordonnatrice générale, travaillant depuis plus de 7 ans à Stella et ayant
été active dans l’industrie du sexe pendant 10 ans (Clinique de
Sexothérapie, s.d.; Festival Voix d’Amérique, 2013).

Rene Ross fait partie de l’équipe au nom de l’organisme Stepping Stone


(Halifax) dont elle a récemment été la directrice exécutive après avoir
siégé à son conseil d’administration (Knox, 2010).

idente de Prostitutes of Ottawa/Gatineau Work, Educate and Resist


(POWER) organisant des activités, des ateliers et des formations pour les
« travailleuses du sexe » et la communauté (Spears, 2013).

Annexe 2

Appel à la participation
Publié dans le Bulletin Stellaire d’octobre 2010.

>Le bulletin de l'organisme Stella, « par et pour les travailleuses du sexe ».

Notice biographique:

Shanie Roy est une survivante de l'exploitation sexuelle à des fins


commerciales et une militante féministe.
 

[1] Avec l’aide précieuse de Stéphanie Paradis, étudiante au certificat en


études féministes à l’UQAM

[2] Si les personnes trans et intersexes, puis les garçons et les hommes
peuvent constituer des groupes sociaux étant et pouvant être prostitués,
faut-il rappeler qu’historiquement, la très grande majorité des personnes-
prostituées et des personnes-prostituables sont des femmes et des filles et
que les clients-prostitueurs sont quasi exclusivement des hommes (CLES,
2011). L’utilisation des expressions « femmes-prostituées »,
« survivantes » ou « clients-prostitueurs » vise à combattre la
neutralisation des rapports sociaux de sexe et à la normalisation de la
prostitution.

[3] Le féminisme abolitionniste ou le néoabolitionnisme vise l’abolition


de la prostitution en tant système d’exploitation sexuelle profitant à la
classe des hommes. À l’origine, le mouvement abolitionniste visait
l’abolition des règlementations  régissant les femmes-prostituées par
l’imposition de contrôles médicaux et policiers (Alternative libertaire,
2010).

[4] En référence à la fois à l’utilisation du terme « coquilles » par Andrea


Dworkin lors d’un discours prononcé le 6 décembre 1990, au concept de
« dépossession » de Colette Guillaumin et à la notion de « larve » de
Nelly Arcan dans son livre Putain.

[5] Au Canada : EVE (formely Exploited Voices now Educating), les


survivantes de Indigenous Women Against the Sex
Industry (IWASI), Sextrade101,  les survivantes de la Concertation des
luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES), les survivantes de la Maison
de Marthe. Aux États-Unis : Breaking Free, Standing Against Global
Exploitation Project (SAGE Projet), les survivantes de Girls Educational
and Mentoring Services (GEMS), Women Hurt In Systems of Prostitution
Engaged in Revolt (Whisper), les survivantes de l’Organization for
Prostitution Survivors et le Survivor Advisory Caucus de la Coalition to
Abolish Slavery & Trafficking. En Irlande: les survivantes de Ruhama.
En Afrique du Sud : Masiphakameni (Stand Up). En Inde : Apne Aap
Women Worldwide. Aux Philipines : Bagong Kamalayan Collective,
Inc. (BKCI). Les groupes internationaux : Survivors of Prostitution-
Abuse Calling for Enlightenment (SPACE), Sex Trafficking Survivors
United et Survivors Connect Network.

[6] La plupart des actrices et acteurs sociaux défendant l’industrie du sexe


reprochent aux féministes abolitionnistes de considérer les femmes-
prostituées comme des « victimes sans voix ». Cette accusation relève
d’une négation des maintes contraintes et répressions qui affectent la
militance néoabolitionniste des survivantes ou des femmes-prostituées. Il
faut prendre en considération les conditions de militance des survivantes :
la charge du vécu prostitutionnel, les réalités socioéconomiques, l’accès à
un réseau de solidarité, l’intérêt ou la disponibilité communautaire et
médiatique, les attaques envers les féministes abolitionnistes, etc.

[7] Voir les notices biographiques des membres de l’équipe de recherche


en annexe.

[8] http://www.chezstella.org/docs/ManagementResearch.pdf

[9] http://www.ualberta.ca/~lgotell/OB_Articles/ross.pdf

labrys, études féministes/ estudos feministas


juillet / décembre 2013  -julho / dezembro 2013
 

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