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Nuit sereine

A Diego Oloarte

   
Quand je regarde le ciel
d'innombrables lumières l'ornent,
et je regarde le sol
la nuit entourée,
dans le rêve et dans l'oubli enfoui ;  5

    l'amour et le chagrin

réveillent dans ma poitrine un désir ardent,
long filon rejeté
les yeux, fait source,
Oloarte, et je dis enfin d'une voix éplorée :  10
  
  "La demeure de la grandeur,
temple de la clarté et de la beauté,
l'âme, qui pour votre altesse
est né, quel malheur
l'a dans cette prison basse et pleine de courants d'air ?  15
 
   Quelle erreur fatale
de la vérité éloigne ainsi le sens,
celle de votre bien divin
oublié, perdu,
suit l'ombre vaine, le prétendu bien ?  20
  
  L'homme est dévoué
au rêve, de son destin sans se soucier,
et d'un pas tranquille
le ciel, rond et rond,
les heures de vie lui sont volées.  25
 
   Oh, réveillez-vous, mortels !
regardez attentivement vos dégâts !
Des âmes immortelles,
fait à une bonne taille,
Peuvent-ils vivre uniquement d'ombres et de tromperies ?  30
  
  Oh, levez vos yeux
à cette sphère céleste éternelle !
vous surmonterez les envies
de cette flatteuse
la vie, avec ce qu'elle craint et ce qu'elle espère.  35
   
Est-ce plus qu'un bref point
le terrain bas et malaisé, comparé à
avec ce super transcript,
do vive amélioré
ce qui est, ce qui sera, ce qui s'est passé ?  40
  
  Qui regarde le grand concert
de ces lueurs éternelles,
son véritable mouvement,
leurs pas irréguliers,
et en proportion concorde si égale :  45
  
  la lune, comment elle bouge
la roue d'argent, et part à la poursuite de son
la lumière où la connaissance pleut,
et l'étoile gracieuse
d'Amour la suit, brillante et belle ;  50
  
  et comment d'une autre manière
poursuit le sanguinaire Mars avec colère,
et le Bénin Jupiter,
de marchandises un millier clôturé,
sérénade le ciel avec ses éclairs bien-aimés.  55
  
  Rodéase au sommet
Saturne, père de l'âge d'or ;
derrière lui, la foule
du chœur scintillant
sa lumière et son trésor.  60
  
  Qui est-ce qui regarde ce
et chérit l'humilité de la terre,
et qui ne gémit pas et ne soupire pas,
et brise ce qu'il enferme
l'âme, et la bannit de ces biens ?  65
 
   Ici vit le contentement,
ici la paix règne ; ici, installé
dans des sièges riches et hauts,
il y a un amour sacré
entouré de gloires et de délices.  70
 
   Immense beauté
ici tout est montré et brille
une lumière pure et limpide,
qui ne s'assombrit jamais ;
des fleurs de printemps éternelles ici.  75
  
  O vrais champs !
Ô prairies vraiment fraîches et agréables !
Des mineurs riches !
O délicieux seins !
Des vallées repeuplées, pleines de mille biens !  80