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Séquence 2 / Textes complémentaires

Lucrèce, Eloge d’Epicure



De natura rerum, Livre I, vers 62 à 79

1 Alors que la vie humaine gisait à nos yeux honteusement écrasée sous le
poids de la religion, qui sortait sa tête des régions du ciel, accablant les
mortels de son horrible aspect, le premier, un homme un Grec, osa lever au
ciel des yeux mortels et le premier, il osa résister. Ni les fables relatives aux
5 dieux, ni la foudre, ni le ciel avec ses grondements menaçants ne l’ont
abattu. Au contraire ces éléments ont rendu si ardent le courage de son
âme que le premier, il désirait briser les verrous serrés des portes de la
nature. Ainsi la vigueur vive de son âme vainquit et s’avança bien au delà
des murailles en ammées du monde. Il a parcouru par son intelligence, et
10 son courage l’immensité du Tout, d’où, victorieux, il nous a rapporté ce qui
pouvait naître, ce qui ne le pouvait pas, et selon quel système une
puissance limitée était accordée aux choses, ainsi que une n
profondément enracinée. C’est pourquoi la religion, terrassée à terre, est à
son tour écrasée, sa victoire nous égale au ciel.
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Séquence 2 / Textes complémentaires

1 Dieu parle, et le chaos se dissipe à sa voix :


Vers un centre commun tout gravite à la fois.
Ce ressort si puissant, l’âme de la nature,
Etait enseveli dans une nuit obscure :
5 Le compas de Newton mesurant l’univers, 

Lève en n ce grand voile, et les cieux sont ouverts.
Il déploie à mes yeux, par une main savante, 

De l’astre des saisons la robe étincelante :
L’émeraude, l’azur, le pourpre, le rubis, 

10 Sont l’immortel tissu dont brillent les habits.
Chacun de ses rayons, dans sa substance pure,
Porte en soi les couleurs dont se peint la nature ;
Et, confondus ensemble, ils éclairent nos yeux, 

Ils animent le monde, ils emplissent les cieux.
15 Con dents du Très-Haut, substances éternelles,
Qui brûlez de ses feux, qui couvrez de vos ailes 

Le trône où votre maître est assis parmi vous,
Parlez : du grand Newton n’étiez-vous point jaloux ?
La mer entend sa voix. Je vois l’humide empire
20 S’élever, s’avancer vers le ciel qui l’attire : 

Mais un pouvoir central arrête ses efforts : 

La mer tombe, s’affaisse, et roule vers ses bords.
Comètes, que l’on craint à l’égal du tonnerre,
Cessez d’épouvanter les peuples de la terre :
25 Dans une ellipse immense achevez votre cours :
Remontez, descendez près de l’astre des jours ;
Lancez vos feux, volez, et, revenant sans cesse,
Des mondes épuisés ranimez la vieillesse.
Et toi, soeur du soleil, astre qui, dans les cieux,
30 Des sages éblouis trompais les faibles yeux,
Newton de ta carrière a marqué les limites ;
Marche, éclaire les nuits, tes bornes sont prescrites.
Terre, change de forme ; et que la pesanteur, 

En abaissant le pôle, élève l’équateur ; 

35 Pôle immobile aux yeux, si lent dans votre course,
Fuyez le char glacé des sept astres de l’Ourse :
Embrassez dans le cours de vos longs mouvements,
Deux cents siècles entiers par-delà six mille ans.

VOLTAIRE, Epître à Madame du Châtelet sur la philosophie de Newton, 1736


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