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70e Congrès de la Société nationale française de médecine interne, Paris (La Villette), 10–12 décembre 2014 / La Revue de médecine

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patiente au stade initial) n’ont par contre pas de prise en charge la responsabilité du CMV n’est pas toujours évoquée avec ou
établie. Davantage de connaissances sur le sujet sont nécessaires, sans induction d’antiphospholipides. La physiopathologie de ces
notamment l’intérêt du rituximab seul comme traitement préemp- thromboses reste floue même si l’inflammation et l’activation de
tif de l’évolution vers un lymphome agressif. la coagulation sont toujours suspectées. Certaines hypothèses et
Conclusion Cette observation pose la question du diagnostic pré- notamment la modification de la réponse immunitaire associée
coce et de la prise en charge des lymphoproliférations EBV induites à l’induction d’antiphospholipides restent aujourd’hui peu explo-
chez les patients immunocompétents. Devant une histologie gan- rées. Les 7 patients immunocompétents avec primo-infection à
glionnaire réactionnelle même chez un patient immunocompétent, CMV représentent un groupe homogène avec une présentation
la recherche d’une réplication EBV est indiquée. Un marquage EBER clinique similaire généralement adressés aux urgences pour un
histologique peut conduire au diagnostic de lymphoprolifération B tableau infectieux aigu correspondant à une entité nosologique
EBV induite au stade précoce. La place des anti-CD20 dans cette probablement sous-estimée.
situation est à discuter. Conclusion Que ce soit par le biais d’une primo-infection ou d’une
Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflits réactivation, le CMV peut être responsable de thromboses de sièges
d’intérêts en relation avec cet article. inhabituels, multiples et parfois répétées. En conséquence, des
Pour en savoir plus manifestations atypiques lors d’une infection à CMV devront faci-
Coghill AE, Hildesheim A. Epstein-Barr virus antibodies and the risk lement faire évoquer une origine vasculaire. Identifier l’infection
of associated malignancies: review of the literature. Am J Epidemiol à CMV comme facteur déclenchant peut avoir une importance
2014;kwu176. majeure sur la prise en charge. Il faut aussi noter l’association
http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.10.212 fréquente avec la présence d’anticorps antiphospholipides tempo-
raires qui ne doivent pas trop vite orienter vers un syndrome des
antiphospholipides.
CA060 Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de
conflits d’intérêts en relation avec cet article.
Thromboses et infections à
http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.10.213
cytomégalovirus : analyse de 10 cas
R.Lecomte 1,∗ , M. Artifoni 1 ,
C. Biron 2 ,
D. Boutoille 2 ,
M. Michel 3 ,
P. Pottier 1 , M. Hamidou 1 , J. Connault 1 CA061
1 Service de médecine interne, CHU Hôtel Dieu, Nantes
2 Service de maladies infectieuses et tropicales, CHU Hôtel Dieu, Évaluation de l’efficacité virologique
Nantes et de la tolérance du traitement
3 Service de cardiologie, Hôpital Nord Laennec, CHU de Nantes,
antiviral chez les patients porteurs
Saint-Herblain d’une hépatite C chronique, associée à
∗ Auteur correspondant.

Adresse e-mail : raphael.lecomte@hotmail.fr (R. Lecomte)


un lymphome B non hodgkinien :
étude cas-témoins ANRS
Introduction L’association de thrombose et infection à cytoméga-
lovirus (CMV) est rarement décrite dans la littérature. La majorité
HC13 lympho-C
des cas rapportés concerne des sites inhabituels. J. Jeannel 1,∗ , D. Bonnet 1 , P. Cacoub 2 , S. Pol 3 , D. Canioni 4 ,
Patients et méthodes Étude monocentrique rétrospective de V. Leblond 5 , F. Carrat 6 , F. Davi 7 , O. Hermine 8 , C. Besson 9 ,
patients ayant présenté des manifestations thrombotiques et une L. Alric 10 , Groupe d’étude ANRS HC-13 lympho-C
1 Service de médecin interne, CHU de Toulouse, Toulouse
infection à CMV (primo-infections ou réactivation à CMV). 2 Service de médecine interne 2, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière,
Résultats Nous rapportons 10 cas : 5 femmes et 5 hommes dont
l’âge moyen était de 45 ans (24 à 83 ans). Sept patients présentaient Paris
3 Unité d’hépatologie, hôpital Cochin, Paris
des épisodes thrombotiques veineux : une thrombose veineuse 4 Service d’anatomopathologie, hôpital Necker, rue de Sevres, Paris
profonde isolée, 5 embolies pulmonaires (dont 2 avec throm- 5 Hématologue, CHU Pitié Salpetrière, Paris
bose veineuse profonde associée) et une thrombose portale. Deux 6 Inserm u707, 27, rue Chaligny, Paris
patients ont présenté des thromboses artérielles (accidents vascu- 7 Service d’hématologie biologique, hôpital de la Pitié-Salpêtrière,
laires cérébraux multiples et thrombose radiale) et une patiente
avec atteinte microcirculatoire (livédo). Chez les 7 patients pré- Paris
8 Service d’hématologie adulte, hôpital Necker-Enfants–Malades,
sentant une primo-infection CMV, l’épisode thrombotique était
veineux (6 cas) ou microcirculatoire (1 cas). Le motif d’admission Paris
9 Service d’hématologie, hôpital de Bicêtre, 78, rue du
aux urgences pouvait être en rapport soit avec l’épisode throm-
botique (dyspnée, douleur thoracique ou du mollet), soit avec Général-Leclerc, Paris
10 Médecine interne fédération digestive - Coordinateur pôle de
la primoinfection CMV symptomatique : arthromyalgies fébriles
et anomalies biologiques classiques (thrombopénie, lymphopénie référence hépatite, clinique Dieulafoy, CHU Purpan, Toulouse
∗ Auteur correspondant.
cytolyse et cholestase). Aucun des patients n’avait de facteur de
risque de thrombose identifié sauf une patiente sous contracep- Adresse e-mail : jjeannel@hotmail.fr (J. Jeannel)
tion œstroprogestative. L’évolution de ces 7 patients était favorable Introduction L’infection par le virus de l’hépatite C (VHC) aug-
sous anticoagulation curative. En raison d’un syndrome d’activation mente le risque de lymphome B non hodgkinien (LNH-B). La
macrophagique associé, un patient était traité par valganciclo- réponse virale soutenue (RVS) améliore le pronostic hématolo-
vir Dans les 3 autres cas, il s’agissait d’une réactivation à CMV gique, chez les patients porteurs d’un VHC associée à un LNH-B.
chez des patients immunodéprimés (2 patients greffés cardiaques L’objectif de notre étude était d’évaluer la faisabilité, l’efficacité
et 1 patient sous chimiothérapie pour une leucémie lymphoïde virologique et la tolérance du traitement antiviral (TAV) chez ces
chronique). Sur les 9 patients qui ont bénéficié d’un bilan de patients.
thrombophilie, 4 ont présenté des anticorps anticardiolipides Patients et méthodes étude cas-témoins, ancillaire de l’étude
et un patient un anticoagulant circulant de type lupique à la HC-13 Lympho-C qui est une étude multicentrique française des-
phase aiguë. Lors des 4 contrôles réalisés à 3 mois, tous étaient criptive des LNH-B associés au VHC. Nous avons analysé la réponse
négatifs. virologique, les facteurs prédictifs de réponse virale soutenue (RVS)
Discussion La survenue de thromboses inexpliquées, notamment et la tolérance du TAV chez 61 patients avec LNH-B VHC+ qui ont
en contexte fébrile, fait évoquer de nombreuses hypothèses mais été appariés 94 témoins VHC sans lymphome. L’appariement a été
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réalisé sur le génotype viral, le score de fibrose, le sexe et pour les infectieuse a révélé une infection récente à RC. Sur ces données,
génotypes 1, le génotype de l’IL28B et la trithérapie antivirale. une névrite optique secondaire à une rickettsiose était retenue.
Résultats Vingt-trois patients (38 %) avaient un lymphome agres- L’attitude thérapeutique était de maintenir la corticothérapie pen-
sif et 38 (62 %) un lymphome indolent. La prévalence du génotype dant un mois et d’associer la doxycycline à 200 mg/j pendant
2 dans le groupe LNH-B VHC+, était plus élevée que celle habituelle- 15 jours. L’évolution était favorable dès le dixième jour avec une
ment observée dans la population générale, décrite dans la cohorte disparition des céphalées et une amélioration de l’AV (5/10 à droite
nationale de l’INVS (21 % vs 11 % p = 0,03). L’efficacité du TAV et 8/10 à gauche).
par bithérapie (interféron-ribavirine) et trithérapie (interféron- Observation 2 : un patient âgé de 32 ans était adressé au mois
ribavirine et inhibiteurs de protéase) était meilleure chez les de juin 2014 pour une enquête étiologique d’une occlusion de la
patients LNH-B VHC + : 31/57 vs 29/94 : OR = 2,81 (1,26, 6,29). veine centrale de la rétine de l’œil gauche. À son admission, il ne
Cinq facteurs étaient associés à la RVS en analyse multivariée : signalait pas de fièvre, d’aphte buccal ou génital ni de céphalées.
le lymphome, les génotypes 2 et 3, le génotype CC de l’IL28B, la L’examen physique était strictement normal. Le bilan biologique
trithérapie et des plaquettes > 50 G/L à l’initiation du TAV. La tolé- en particulier de thrombophilie (protéine C, protéine S, résistance
rance était moins bonne dans le groupe LNH-B par comparaison au à la protéine C activée, anti-thrombine, anticoagulants circulants et
groupe témoin : 19,7 % d’arrêts précoces pour intolérance vs. 6,4 % : anticardiolipines) était sans anomalies. Dans le cadre de l’enquête
OR = 3,97 (1,24, 12,68). étiologique, les sérologies (toxoplasmose, borréliose, syphilis, cyto-
Conclusion Ces résultats, montrent que les patients ayant une mégalovirus et herpès virus simplex) étaient négatives. Par contre,
infection par le VHC et un LNH-B ont une RVS satisfaisante. Même si la sérologie de la rickettsiose était fortement positive de type IgM
la tolérance du TAV est moins bonne que chez les témoins appariés, pour RC. Le patient a eu la doxycycline à la dose de 200 mg/j sans
cela n’a pas d’impact sur le RVS. Le TAV doit donc être proposé chez amélioration notable.
ces patients car il améliore le pronostic hématologique. Cette étude Observation 3 : patient âgé de 58 ans était adressé au mois de
doit être poursuivie en utilisant les nouveaux antiviraux directs. mai 2014 pour une polymyosite (PM). La PM était diagnostiquée
Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de un mois avant son hospitalisation devant des arthromyalgies, une
conflits d’intérêts en relation avec cet article. faiblesse musculaire des membres inférieurs, des enzymes muscu-
Pour en savoir plus laires élevées (CPK à 5091 U/L et LDH à 3760 U/L) et un aspect de
Hermine O, et al. Regression of splenic lymphoma with villous lym- neuromyosite à l’électromyogramme (EMG). Le patient a reçu une
phocytes after treatment of hepatitis C virus infection. N Engl J Med corticothérapie forte dose avec une aggravation du déficit mus-
2002;347:89–94. culaire et installation d’une dyspnée. L’examen à son admission
Besson C, Groupe d’Étude des Lymphomes de l’Adulte programmes, objectivait un déficit de la ceinture pelvienne. La biologie révélait
et al. Characteristics and outcome of diffuse large B-cell lymphoma des troponines à 19,9 ng/L (N < 0,01 ng/L), des CPK à 900 U/L, des
in hepatitis C virus-positive patients in LNH 93 and LNH 98. J Clin LDH à 400 U/L et des AAN négatifs. Le bilan thyroïdien était nor-
Oncol 2006;24:953–60. mal et l’enquête infectieuse a révélé une sérologie de la RC positive
Arcaini L, et al. Antiviral treatment in patients with indolent B-cell de type IgM. L’échocardiographie cardiaque montrait un ventricule
lymphomas associated with HCV infection: a study of the Fonda- gauche hypokinétique et hypertrophique de façon concentrique
zione Italiana Linfomi. Ann Oncol 2014; 25:1404–10. avec une fonction systolique altérée à 20 %. Le diagnostic d’une
http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.10.214 PM idiopathique était récusé devant la présence d’une neuromyo-
site à l’EMG, l’évolution défavorable sous corticoïdes et la sérologie
de rickettsiose positive. Le patient était rapidement décédé par la
CA062 survenue d’un arrêt cardiorespiratoire.
Conclusion La FBM est une infection endémique dans le pour-
Infection à Rickettsia coronii mimant tour méditerranéen dotée d’un angiotropisme qui détermine une
une maladie systémique : à propos de vascularite systémique diffuse. Ses manifestations cliniques et
trois cas biologiques polymorphes mimant des maladies auto-immunes
H. Loukil ∗ , H. Loukil , M. Snoussi , F. Frikha , R. Ben Salah , peuvent égarer le diagnostic. En zones endémiques, un diagnostic
M. Jallouli , Y. Cherif , S. Elaoud , S. Garbaa , C. Damak , précoce et un traitement approprié sont nécessaires pour éviter
S. Marzouk , Z. Bahloul l’issue fatale de ses complications en particulier cardiaques et ocu-
Médecine interne, CHU Hédi Chaker, Sfax, Tunisie laires.
∗ Auteur correspondant.
Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de
Adresse e-mail : f.frikha@yahoo.com (H. Loukil) conflits d’intérêts en relation avec cet article.
Introduction La fièvre boutonneuse méditerranéenne (FBM) est http://dx.doi.org/10.1016/j.revmed.2014.10.215
une infection bactérienne à Rickettsia coronii (RC) généralement
bénigne. Cependant, elle peut prendre une forme sévère dans cer-
tains cas mimant parfois une maladie systémique. Nous décrivons CA063
3 observations dont la présentation initiale pouvait évoquer une Une forme pulmonaire de tularémie
maladie systémique. M. Cravero ∗ , P. Orquevaux , P.-Y. Le Berruyer ,
Résultats Observation 1 : une femme âgée de 53 ans était adres- J.-L. Pennaforte
sée au mois de juillet 2013 en médecine interne pour un Service de médecine interne, unité 41, CHU Robert-Debré, Reims,
neuro-Gougerot. Ce diagnostic était retenu en juin 2013 devant France
l’association d’une neuropathie optique bilatérale, la présence ∗ Auteur correspondant.
d’hypersignaux T2 de la substance blanche péri-ventriculaire à Adresse e-mail : craveromaelle@yahoo.fr (M. Cravero)
l’IRM et des anticorps anti-nucléaires (AAN) positifs de type anti-
SSA. Elle a reçu une corticothérapie à forte dose initiée par des bolus Introduction La tularémie est une maladie à déclaration obliga-
de solumédrol sans amélioration. À son admission, elle accusait toire depuis 2002, en raison de la possibilité de bioterrorisme. Elle
des céphalées sans sécheresse oculaire ni buccale. L’examen oph- est due à une bactérie Francisella tularensis. La maladie peut se
talmologique montrait une acuité visuelle (AV) à 4/10, un œdème présenter sous différentes formes et peut parfois être mortelle [1].
papillaire bilatéral et un test de Shirmer normal. Les AAN étaient Patients et méthodes Nous rapportons le cas d’une patiente,
négatifs et l’étude histologique des glandes salivaires accessoires adressée pour suspicion de lymphome et pour qui une sérologie
montrait une sialadénite chronique stade II de Chisholm. L’enquête tularémie est finalement revenue positive pour les IgG et les IgM.

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