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les continents,
l’océan,
l’atmosphère,
la cryosphère,
et la biosphère
qui interagissent en échangeant de l’énergie.
Tous ces compartiments évoluent en permanence avec des vitesses qui leur sont
propres et qui sont très différentes. Toute variation, toute perturbation de l’un
d’entre eux retentit sur les autres qui réagissent à leur propre rythme. Le système
climatique court en permanence après un équilibre qu’il n'atteint partiquement
jamais. Il varie sans cesse à toutes les échelles de temps. L’essentiel est, pour
l’homme, qu’il soit suffisamment stable pour rester dans des amplitudes et vitesse
de variations supportables. Ce que l’accroissement rapide des gaz à effet de serre
est en train de compromettre.
L’océan et l’atmosphère sont les principaux acteurs du système climatique : ce
sont les deux fluides qui assurent le transport et la distribution de l’énergie
thermique sur la Terre.
En permanence en contact l’un avec l’autre c’est entre eux que les échanges
d’énergie sont les plus importants. Le couple qu’ils forment gère le climat de la
planète et ses variations. Mais ils évoluent à des échelles de temps très différentes.
L’atmosphère n’a guère de mémoire : à un moment donné l’état de l’ atmosphère
est indépendant de ce qu’il était trois semaines auparavant.
L’océan présente un temps d’évolution beaucoup plus long et a donc une bien
meilleure mémoire : c’est de fait lui qui impose le rythme des variations
climatiques.
Les Océans possèdent trois propriétés essentielles dans leur relation physique avec
le climat :
capacité de stockage,
échange avec l’atmosphère
et transport par les courants.
Ces trois fonctions ne sont pas indépendantes mais liées par des lois de
conservation :
masse (eau),
énergie (chaleur),
corps chimiques divers incluant le CO2.
Mais ces fonctions sont encore très mal évaluées et nécessitent des observations
nombreuses et continues pour les prendre en compte dans la dynamique de
l’atmosphère et du climat. D’où la nécessité de systèmes d’observations
opérationnels (voir dans ce qui suit).
Stockage
L’océan est avant tout un gigantesque réservoir, d’eau, de corps chimiques divers,
dont le carbone, et de chaleur.
L’océan stocke 97% de l’eau contenue à la surface de la Terre. Les 3% restant
alimentent les fleuves, les lacs, les glaciers et les nappes souterraines.
L’eau de l’atmosphère, par comparaison, avec ses 0,001%, représenterait une
couche de seulement 0,3 centimètre d’eau si elle était répartie sur la surface de la
Terre. L’océan est ainsi le réservoir où s’alimente le cycle de l’eau.
L’océan est aussi le principal réservoir de carbone dans le cycle planétaire de
cet élément essentiel à la vie et maintenant lourdement impliqué dans l’évolution
du climat. Si l’atmosphère contient environ 800 Giga tonne de carbone, l’océan en
contient 40 000 Gt, soit cinquante fois plus. Par ailleurs la biosphère continentale
(forêts, prairies, animaux…) en contient également 800 Gt, ce qui fait de l’océan le
milieu à la fois le plus central et le plus déterminant dans la dynamique de cet
élément.
Ce gigantesque réservoir océanique de Carbone est en communication directe avec
les autres réservoirs actifs que sont l’atmosphère et la biosphère continentale. Mais
il est aussi en relation avec les réservoirs inertes que sont les sédiments accumulés
dans les fonds océaniques qui deviendront, à l’échelle de millions d’années, des
formations géologiques carbonatées.
Enfin l’océan est le milieu qui stocke le plus d’énergie solaire sous forme de
chaleur. On estime que 70% du flux radiatif solaire entrant dans le système Terre
(atmosphère, océan, continents,…) est absorbé et stocké dans les couches
supérieures des régions océaniques tropicales. Cette grande capacité de stockage
de l’énergie thermique de l’océan est liée à sa masse (300 fois celle de
l’atmosphère) et à la chaleur spécifique de l’eau de mer (4 fois plus élevée que
celle de l’air) qui conduit à une capacité thermique globale de l’océan plus de
1 200 fois supérieure à celle de l’atmosphère. C’est l’océan, qui en restituant une
grande partie de cette énergie à l’atmosphère, principalement par le transfert de
chaleur latente associé à l’évaporation, lui fournit l’essentiel de l’énergie
nécessaire à sa dynamique.
eau,
chaleur, et donc énergie,
mais aussi de la quantité de mouvement entre les vents et les courants qui
est aussi une énergie,
ainsi que différents corps chimiques dont le CO2 qui joue un rôle très
important dans le climat.
En ce qui concerne l’eau, l’océan restitue en moyenne par évaporation (E) un
mètre d’eau par an à l’atmosphère qui est ainsi nourrie en vapeur d’eau ; c’est une
quantité de laquelle il faut retrancher 80 cm de précipitations (P) locales pour
aboutir à un bilan net :
E-P négatif pour l’océan, d’environ 20 cm que l’atmosphère redistribue par
précipitation sur les continents et qui retourne ainsi dans l’océan par les fleuves.
Le bilan net de l’échange d’énergie à la surface air-mer, qui s’exprime en Watts
par mètres carrés (W.m-2), est très variable d’un point à l’autre de l’océan mondial.
Il varie surtout en fonction de la latitude avec un puits de chaleur océanique dans
les tropiques (en moyenne de 75 à 100 W.m-2), et au contraire une perte dans les
hautes latitudes.
L’échange de chaleur moyen entre l’océan et l’atmosphère à la surface en W.m -2 (Fieux 2010 – ENSTA).
Les échanges thermiques entre l’océan et l’atmosphère sont les plus intenses au
voisinage des grands courants océaniques de bords ouest comme le Gulf Stream,
courant chaud arrivant dans des régions de hautes latitudes, telles que la mer du
Labrador, où l’air est froid et sec, restitue une énorme quantité de chaleur à
l’atmosphère (entre 250 et 300 W.m-2 ), principalement sous forme de chaleur
latente associée à une intense évaporation. La variabilité dans le temps de ces
échanges est un élément déterminant de la variabilité climatique.
Le bilan net d’énergie échangé à l’interface air-mer est la somme algébrique de
quatre termes :
le flux radiatif solaire incident qui apporte en moyenne 170 W.m -2 dont -10
W.m-2 sont réfléchi à la surface,
le flux radiatif rétro-diffusé dans l’infrarouge -60 W.m-2,
la chaleur latente d’évaporation -80 W.m-2,
la chaleur sensible - 20 W.m-2.
C’est l’océan qui fournit à l’atmosphère l’essentiel de l’énergie (~50%) qui la met
en mouvement.
L’océan échange également avec l’atmosphère d’énormes quantités de CO2.
L’océan régule le CO2atmosphérique d’origine anthropique.
En 2013 les émissions de CO2 d’origine anthropique ont été de 10.8 Gt de carbone
qui se sont répartis ainsi :
5.4 sont restés dans l’atmosphère,
2.9 ont été absorbés par l’ océan
et 2.5 par les « puits » à terre.
C’est donc près de 30% des émissions anthropiques de CO 2 qui se retrouvent dans
l’océan qui représente le premier milieu qui régule en partie les émissions de
carbone dans l’atmosphère par l’activité humaine.
Ce rôle de puits de carbone de l’océan est imputable à deux phénomènes
essentiels :
d’une part ce sont des régions à faible gradient vertical de densité, ce qui
favorise une plongée des eaux de surface par convection dans les profondeurs
disséminant ainsi rapidement le CO2sur toute la colonne d’eau. La «pompe
physique» fonctionne bien,
d’autre part, ces régions sont très productives biologiquement et
consomment beaucoup de CO2pour activer la photosynthèse du phytoplancton
très abondant dans leurs eaux de surface. La «pompe biologique» fonctionne
également à plein.
El niño 2 octobre 1997 et 1 octobre 2015, hauteur de mer par rapport à la moyenne du Pacifique
Le transfert des masses d’eaux chaudes vers l’Est et les trains d’onde associés
entraînent un dérèglement complet du système climatique à l’échelle du bassin
Pacifique (sécheresses à l’est, précipitations à l’ouest), mais également à l’échelle
globale via les hautes couches de l’atmosphère transitant autour du globe.
C’est ainsi que de telles anomalies sont également observées sur les autres bassins
océaniques. Le couplage océan-atmosphère qui fait intervenir des dynamiques et
des échelles différentes atteint ici toute sa complexité. Ces quelques exemples
illustrent toute la difficulté de bien appréhender le milieu océanique, son
interaction avec l’atmosphère (et avec les terres émergées) et donc ses
conséquences sur le climat.