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(Mr Mané)
INTRODUCTION
La vie en société est nécessairement organisée par le Droit dont l’application est
parfois litigieuse, source de litiges c’est-à-dire objet de conflits importants. Le
règlement des litiges peut être recherché par le recours à la justice non-étatique,
privée ou « douce » comme l’arbitrage, la médiation, la conciliation, la transaction et
le recours administratif qui sont également appelés « les modes alternatifs ou extra-
judiciaires des règlements des conflits ».
L’arbitrage est le ‘jugement’, la résolution, le règlement d’un litige par une ou des
personnes privées, pas nécessairement des juristes, appelées des arbitres. Il nécessite
une convention des parties appelée « convention d’arbitrage » (accord par lequel les
parties acceptent de recourir à l’arbitrage) et passée par écrit.
L’arbitrage éteint un litige par une décision réduit en droit ou équité (amiable
compositeur) appelée « sentence arbitrale » et dont l’exécution s’impose aux parties.
La médiation est le processus par lequel un tiers dit ‘médiateur’ (neutre, indépendant,
impartial, de bonne moralité, choisi par l’une ou les deux parties) aide les parties à
trouver elles-mêmes un ‘accord dit de médiation’, une résolution amiable de leur
différend en soumettant à leur acceptation un projet de solution. Elle constitue donc
une recherche commune, avec l’aide d’une personne, à la satisfaction de toutes les
parties d’une solution juste et équitable pour résoudre un litige. Elle est privilégiée
dans les litiges entre les citoyens et l’administration par ‘l’Institution du Médiateur de
la République’.
Les Maisons de Justice sont créées dans les communes. Elles permettent d’obtenir
un règlement rapide, gratuit, simple, amiable et discret des litiges par un Médiateur-
Conciliateur (par la conciliation ou la médiation) et d’apporter une solution aux
contraintes économiques, géographiques et socio-culturelles qui rendent difficile
l’accès à la justice.
Les bureaux d’accueil et d’orientation du justiciable sont mis en place au sein des
juridictions et les bureaux d’informations du justiciable au niveau des Universités. Ils
visent à rendre effectives, à permettre l’accessibilité à la justice.
La transaction est la convention par laquelle les parties se font des concessions, des
renonciations réciproques pour éteindre un litige actuel ou éventuel. Elle doit être
proposée par l’Assureur en matière d’indemnisation des dommages corporels
résultant d’accidents de circulation causés par un véhicule terrestre à moteur avant
tout recours au juge.
Mais ces modes alternatifs ou extra-judiciaires nécessitent soit l’accord des parties
pour y recourir ou pour éteindre le litige, soit certaines catégories de litiges comme
par exemple les litiges contre l’administration pour recourir au Médiateur de la
République, les litiges sur les droits d’ordre privé, les droits susceptibles de la libre
disposition des parties (non pas des droits d’ordre public, non susceptibles au libre
disposition des parties pour recourir à l’arbitrage).
Le droit au juge permet de recourir à une juridiction, d’être entendu sur sa cause par
une juridiction pour obtenir la résolution d’une contestation portant sur un droit ou
une liberté.
Un litige porté devant une juridiction devient un contentieux qui désigne aussi la
partie de la fonction de juger consistant à trancher une contestation en application du
droit ou l’ensemble des contestations soumises au juge pour règlement dans une
discipline juridique donnée.
Le contentieux donne lieu à la jurisprudence c’est-à-dire l’ensemble des décisions
rendues par les cours et tribunaux ou une série de décisions de justice suffisamment
concordantes rendues par les juridictions sur une même question de droit.
Le droit au juge oblige tout État de droit à mettre en place des organes, en principe
des juridictions indépendantes et impartiales.
La fonction de juger ou la justice est également rendue au nom du peuple par l’État à
travers un pouvoir (autorité dans d’autres pays) judiciaire, indépendant en principe du
pouvoir législatif et du pouvoir exécutif et organisée par un ensemble de règles de
droit qui constitue le droit de l’organisation judiciaire ou le droit des institutions
judiciaires.
Mais le choix du législateur sénégalais pour le ‘jugement’ de toutes les affaires quel
qu’en soit leur nature par les mêmes juridictions est de plus en plus remis en cause
avec l’institution de juridictions spécialisées comme les tribunaux du travail, de
commerce.
Bibliographie :
Leurs moyens humains et matériels sont variables selon leurs classements (moins
importants ou plus réduits pour les juridictions de troisième classe, moyens pour
celles de deuxième et première classe et plus importants pour celles hors classe
comme les tribunaux de Dakar).
Les institutions exclusivement de première instance sont toujours saisies des affaires
portées pour la première fois à la connaissance d’une juridiction. Elles sont
constituées des Tribunaux d’Instance, des Tribunaux du Travail et des Tribunaux de
Commerce.
Les Tribunaux d’Instance sont créés avec la réforme de 2014 au niveau des
départements en remplacement des tribunaux départementaux. Ils sont dirigés par un
président et peuvent (par une décision de leur assemblée générale) comporter des
chambres (formations spécialisées en principe).
Ils ont également une compétence de droit commun, de principe (sauf exceptions
comme par exemple les actions expressément attribuées à d’autres juridictions) en
matière de statut personnel c’est-à-dire les actions relevant du droit des personnes et
de la famille (notamment l’état civil, le mariage, le divorce, les successions, les
pensions alimentaires) quelque soit la valeur du litige.
Ils doivent consulter le CADI lorsque le litige est relatif aux successions de droit
musulman et peuvent le consulter dans les autres matières relavant du code de la
famille ou renvoyer les parties devant le CADI aux fins de tentatives de conciliation.
Le CADI (éventuellement le CADI suppléant) est nommé par décret parmi les imams
pour donner les conseils et mettre des avis consultatifs.
En matière pénale, les Tribunaux d’Instance connaissent en principe de tous les faits
qualifiés de contravention (infraction punie d’un emprisonnement allant d’un (1) jour
à un (1) mois ou d’une amende de 200 à 20.000 FCFA) et sont alors appelés des
tribunaux de simple police.
Mais ils connaissent exceptionnellement des délits (infraction punie d’une amende
supérieur à 20.000 FCFA ou d’un emprisonnent supérieur à un (1) mois) pour
lesquels la loi leur a expressément et limitativement donné compétence.
Les Tribunaux d’Instance rendent des décisions appelées des jugements soit en
premier et dernier ressort sans possibilité d’appel ou susceptible seulement d’un
pourvoi en cassation, soit en premier ressort c’est-à-dire avec possibilité d’appel.
Les Tribunaux du Travail sont introduits au Sénégal par le Code du travail des
territoires d’Outre-mer de 1952 et organisés actuellement par la loi du 1er décembre
1997 portant Code du travail et la loi du 3 novembre 2014 portant l’Organisation
judiciaire du Sénégal.
Ils sont crées dans chaque région et dans certains départements (Ex : Dakar, Pikine,
Guediawaye, Rufisque).
Chaque tribunal de travail est dirigé par un président, comporte une formation de
référé et une chambre de conseil composé chacune du président et du secrétaire du
greffe. Il peut être subdivisé par décret en sections professionnels c’est-a-dire en
formations non spécialisées.
Un différend ou litige individuel est une lésion d’un droit, avantage ou intérêt
reconnu individuellement à la victime qui en réclame réparation à l’auteur.
Dans ces mêmes litiges individuels de travail, la formation de référé (référé sociale)
est compétente pour ordonner les mesures urgentes, non contestées sérieusement,
justifiées par l’existence du différend, conservatoire ou de remise en état nécessaire
pour prévenir un dommage imminent ou faire cesser un trouble manifestement
illicite.
Les Tribunaux du Travail et leurs formations de référés sont saisis par une simple
déclaration écrite faite au Greffe par les parties (employeur ou travailleur).
En cas de succès de cette tentative, le litige est définitivement éteint et l’accord qui
en résulte est constaté par un procès verbal rédigé séance tenante et exécuté comme
un jugement du Tribunal.
Les assesseurs des Tribunaux du travail sont des employeurs et travailleurs nommés
par arrêté du Ministre chargé du travail sur des listes présentées par les organisations
syndicales les plus représentatives pour un mandat de trois (3) ans et prolongeable
jusqu’à la nomination de nouveaux assesseurs. Ils prêtent serment devant le Président
du tribunal de travail où ils sont appelés à siéger.
Les jugements des Tribunaux du travail sont en premier et dernier ressort si le taux du
litige n’excède pas dix (10) fois le montant mensuel du Salaire Minimum
Interprofessionnel Garanti (SMIG, environ 580.000 FCFA).
Ils sont par contre en premier ressort si le taux du litige est supérieur à dix (10) fois le
montant mensuel du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG, environ
580.000 FCFA).
Les Tribunaux de Commerce sont créés et organisés par la Loi du 28 juin 2017
portant création, organisation et fonctionnement des Tribunaux de Commerce et des
chambres commerciales d’appel modifiée par la Loi du 8 avril 2020.
Ils sont dirigés par un président et leurs sièges ainsi que leurs ressorts sont fixés par
décret en tenant compte de l’activité commerciale de la région. Ainsi, plusieurs
tribunaux peuvent être installés dans une même région en cas de besoin sans qu’il
existe dans une autre région.
Les tribunaux ont des compétences déterminées par la loi à l’exclusion de toute autre
attribution et prioritaire de préférence sur les autres juridictions (Tribunaux
d’Instance, Tribunaux de Grande Instance) et localités où ils sont installés comme
actuellement à Dakar.
Mais dans les actes mixtes (entre un commerçant et un non commerçant), la partie
non commerçante demanderesse peut saisir les juridictions de droit commun
(Tribunal d’Instance ou de Grande Instance).
Dans les mêmes matières, le Président du Tribunal de Commerce exerce les fonctions
de juges des référés et peut ordonner les mesures urgentes, non contestées
sérieusement ou de remise en état nécessaire pour faire cesser un trouble
manifestement illicite.
Les Tribunaux de Commerce sont saisis par assignation sauf comparution personnelle
ou requête conjointe des parties.
Ils prêtent serment devant le Tribunal de Commerce où ils sont appelés à siéger.
Les Tribunaux de Commerce rendent des décisions, des jugements en premier ressort
sur les demandes dont le taux du litige est supérieur à 10 millions de FCFA ou
indéterminé et en premier et dernier ressort sur les demandes dont le taux du litige
n’excède pas 10 millions de FCFA.
Les Tribunaux de Grande Instance sont installés dans les régions (au moins un par
région) ou dans les départements (Exemple : Dakar, Pikine, Guediawaye, Rufisque,
Thiès, Mbour… etc.).
Ils sont dirigés par un Président, comporte une formation de référés (composée du
Président et du Greffier), une formation des mineurs, une chambre criminelle (dirigée
par un président), un juge d’instruction parmi lesquels un doyen des juges (titre
attribué au plus ancien, plus âge juge d’instruction), un parquet dirigé par un
procureur de la république et peuvent comporter d’autres chambres spécialisées.
Ainsi, ils disposent de plus de moyens matériels et humains que les tribunaux de
même nature des autres localités. Mais leurs compétences restent les mêmes que
celles des tribunaux non déclarés hors-classes.
Les Tribunaux de Grande Instance sont juges de droit commun en Première Instance
en toute matière. En d’autres termes, ils ont une compétence générale, connaissent en
matière civile et administrative de l’ensemble des matières à l’exception de celles qui
sont spécialement attribuées aux autres juridictions en premier et dernier ressort
(Exemple : recours pour excès de pouvoir pour la Cour Suprême, contentieux
électoral pour la Cour d’Appel) ou en premier ressort (Exemple : litige individuel de
travail pour les Tribunaux du travail, contestations commerciales pour les Tribunaux
du Commerce, actions civiles commerciales et mobilières personnelles pour les
Tribunaux d’Instance).
Ils ont également une compétence exclusive spéciale dans les matières déterminées
par la loi comme par exemple en matière de filiation et d’état des personnes. Ainsi, ils
ont une compétence exclusive pour connaître des demandes en matière d’absences et
de disparitions, des actions en contestation des filiations, des actions en adoption, des
actions en partage de successions litigieuses.
En matière pénale, les Tribunaux de Grande Instance connaissent tous les délits autres
que ceux qui sont spécialement attribués aux autres juridictions (Exemple : Tribunaux
d’Instance, Tribunaux de Commerce, Cour de Répression de l’enrichissement illicite,
Haute Cour de Justice). Ils sont alors alors des Tribunaux correctionnels.
Un crime est une infraction punie d’une peine criminelle comme la peine de mort, la
réclusion criminelle à perpétuité ou à temps (anciens travaux forcés), la détention
criminelle et la dégradation civique.
Mais les crimes, les délits et les contraventions commis par des mineurs (personnes
âgées de moins de 18 ans) relèvent de la compétence exclusive de la formation des
mineurs (Tribunal pour enfants) qui siège avec un seul juge-magistrat (mais recours
possible aux éducateurs spécialisés et aux assistants sociaux) et prononce en principe
des mesures de protection, d’assistance, d’éducation, de surveillance du mineur
même en dehors de toute infraction (cas du mineur en danger moral ou physique) et
exceptionnellement des sanctions, des peines exigées par les circonstances et la
personnalité du mineur délinquant mais âgé de 13 ans au moins.
Les crimes commis par les militaires et les paramilitaires échappent également à la
compétence des chambres criminelles des Tribunaux des Grande Instance tout
comme ceux commis par les membres du gouvernement.
Ils sont en principe saisis par assignation en matière civile et commerciale, par le
Procureur de la république, son adjoint ou son substitut en matière contraventionnelle
et délictuelle, par une ordonnance (juge d’instruction) ou un arrêt (Chambre
d’Accusation de la Cour d’Appel), de renvoi en matière délictuelle, parfois, et
criminelle, toujours.
Ils rendent les jugements en premiers ressort dans les matières relevant de leurs
compétences de juge de première instance et en dernier ressort, confirmatif ou
infirmatif pour les appels exceptionnellement portés à leur connaissance.
Chapitre 2 : Les institutions judiciaires supérieures
Les institutions judiciaires supérieurs sont des juridictions d’appel, les juridictions de
premier et dernier ressort et les juridictions suprêmes.
Mais les principales juridictions d’appel sont les Cours d’appel dont il convient
d’examiner l’organisation et la compétence.
Chaque Cour d’appel est dirigée par un premier Président, subdivisée en chambres
(Chambre Civile et Commerciale, Chambre Sociale, Chambre Correctionnelle,
Chambre Criminelle, Chambre Administrative, Chambre des mineurs, Chambre
d’accusation, Chambre Commercial d’appel en vad besoin) en cas de besoin, dirigées
par un Président et comportent un parquet général dirigé par un Procureur général.
Les Cours d’appel sont les juridictions d’appel ou juridictions du second degré de
droit commun, en principe.
Elles connaissent également de l’appel des jugements rendus par les tribunaux
d’instance dans les affaires correctionnelles réservées à leur compétence, de l’action
civile engagée conjointement à l’action publique, des ordonnances et des décisions
des juges ou des commissions d’instruction.
Enfin, elles reçoivent le serment des magistrats, des avocats, des notaires et des
huissiers de justice.
Les Cours d’appel, plus précisément leurs chambres, statuent avec des magistrats du
siège appelés des conseillers parmi lesquelles les présidents et les secrétaires
généraux. Elles rendent des décisions appelées des arrêts (décision de justice rendue
par une juridiction dénommée Cour) soit de non-lieu ou de renvoi (Chambre
d’Accusation) soit confirmatif ou infirmatif (les autres chambres).
Mais les Chambres Commerciales d’appel statuent aussi avec des conseillers
consulaires nommés et exerçant dans les mêmes conditions que les juges consulaires
(échevinage), contrairement aux chambres sociales qui sont exclusivement
composées de [ Conseil ], juges, magistrats sans conseillers assesseurs
(homogénéité).
Dans les matières relevant de la compétence de leurs Chambres, les présidents des
Chambres de Cour d’appel y compris celui de Chambre Commerciale d’appel
exercent les fonctions de Juge de référé et peuvent ordonner (ordonnance) des
mesures d’urgence non contestées, conservatoires ou nécessaires pour faire cesser des
troubles manifestement illicites.
La Cour d’assise militaire connaît des crimes militaires et des crimes de droit
commun commis par des militaires et des paramilitaires.
Elle est saisie par un arrêt de renvoi de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel
de Dakar, siège avec une Cour proprement dite (un magistrat professionnel désigné
parmi ceux de la Cour d’appel du Tribunal de Grande Instance de Dakar et deux juges
assesseurs militaires) et un Jury (4 jurés titulaires et 2 jurés suppléants, tous miliaires
aussi).
L’enrichissement illicite est constitué lorsque sur une simple mise en demeure du
Procureur spécial, l’un des personnes désignées par la loi expressément et
limitativement (Ex : Les titulaires d’un mandat public électif, de fonction de
gouvernement, les agents publics notamment les magistrats, les agents civils et
militaires de l’État) ainsi que le complice se trouvent, à l’expiration du délais d’un
mois, dans l’impossibilité de justifier de l’origine licite des ressources qui leur
permettent d’être en possession d’un patrimoine ou de mener un train de vie sans
rapport avec ses revenus légaux.
La preuve de l’origine licite des ressources peut être apportée librement par tous les
moyens (écrits, témoignages, aveux, serment, présomption de fait) devant le
Procureur spécial, devant la commission d’instruction ou même devant la juridiction
de jugement (la Cour proprement dite). Mais la seule preuve d’une libéralité est
insuffisante.
La Cour des comptes est créé par la révision constitutionnelle de 1999 dirigée par un
1er Président (magistrat du siège nommé pour 5 ans renouvelables une fois),
subdivisé en 5 Chambres dirigées chacune par un président (Chambre des affaires
budgétaires et financières, Chambre des affaires administratives, Chambre des
collectivités territoriales, Chambre des entreprises publiques, Chambre de discipline
financière), comporte un Parquet général dirigé par un procureur général et peut être
subdivisé en sections.
La Cour des comptes est la juridiction financière de droit commun. Elle juge,
exerce par l’intermédiaire de ses Chambres, un contrôle juridictionnel sur les comptes
de gestion (opérations de recette, de dépenses, de détentions ou de maniement de
fonds) des comptables publics principaux de droit (habilitée par une autorité
compétente) ou de fait (non habilité par un personne compétente) des organismes
publics (État, établissements publics, collectivités territoriales) ou parapublics
(sociétés nationales, sociétés à participation publique) soumis à son contrôle.
La Cour des comptes, ou plus précisément chacune de ses Chambres, statue avec des
magistrats du siège appelés Conseillers ou Auditeurs et la participation ou l’assistance
des non magistrats, des fonctionnaires (assistants de justice, reporteurs experts). Elle
peut rendre un arrêt soit de décharge ou de quitus en l’absence d’irrégularités, soit
de débet en cas d’irrégularité.
La Cour des comptes réprime également les fautes de gestion c’est-à-dire des
manquements ou infractions à la réglementation financières des dépenses (Ex :
l’engagement des dépenses au profit des intérêts privés) ou des recettes (Ex : le
manque de diligence dans contrôle des actes de recette des subordonnés).
Elle peut prononcer contre les comptables publics commerciaux fautifs une amande
égale au minimum à 100 000 milles FCFA et au maximum au double du montant du
traitement du salaire brut annuel loué à la date de commission de la faute sans
préjudice de sanctions disciplinaires ou pénales.
Mais l’amende est prononcée par la Chambre de discipline financière saisie par le
Procureur général à la demande du Président de la république, du Président de
l’Assemblée nationale, du Premier ministre, du Ministre des finances ou du 1er
Président de la Cour des comptes.
Les arrêts de la Cour des comptes ne sont pas susceptibles d’appel mais ils peuvent
faire l’objet de recours en révision devant les Chambres réunies en cas d’erreur
ou d’omission soit d’office, soit à la demande du Ministre des finances, du
représentant des collectivités territoriales et établissements publics concernés, du
comptable public principal ou de ses héritiers en cas de découverte de pièces
justificatives.
La Haute Cour de Justice est instituée par la Constitution et organisée par la loi
organique du 22 février 2002 modifiée.
La Haute Cour de Justice est exclusivement compétente pour juger les présidents
de la république en cas de crimes de haute trahison (violations graves des devoirs et
obligations institutionnelles), les ministres, les autres membres du gouvernement et
leurs complices (en cas de complot contre la sûreté de l’État) pour des actes commis
dans l’exercice de leurs fonctions et qualifiés crimes ou délits au moment où ils ont
été commis.
La mise en accusation de ces personnes est faite par l’Assemblée Nationale devant la
Commission d’Instruction qui peut décerner un mandat contre l’accusé, rechercher la
vérité et transmettre le dossier à la Haute Cour de Justice.
La Haute Cour de Justice statue, rend à la majorité absolue de ses membres des
arrêts qui, avec les actes de la Commission d’Instruction sont insusceptibles
d’appel et de pourvoi en cassation mais peuvent néanmoins faire l’objet de recours
en révision.
II – Le Conseil Constitutionnel
Le Conseil Constitutionnel est crée par la loi du 30 mai 1992 et organisé par la loi
organique de la même date plusieurs fois modifiée.
Le Conseil Constitutionnel a enfin une fonction consultative. Il peut être saisi par le
Président de la République pour rendre des avis sur notamment les projets de lois
qu’il souhaiterait soumettre au référendum.
Paragraphe II – Les juridictions suprêmes de forme : la Cour Suprême
Elle est en principe compétente pour juger, connaître des pourvois en cassation
dirigés contre les arrêts, les jugements ou les décisions rendues en dernier ressort par
toutes les juridictions sauf celles de la Haute Cour de Justice, du Conseil
Constitutionnel (insusceptibles de pourvoi), ou appliquant le droit communautaire de
l’OHADA (compétence exclusive de la CCJA).
Mais elle ne connaît pas en principe du fond des affaires, n’examine pas les
circonstances de faits ayant données lieu aux litiges. Sa fonction consiste uniquement
à vérifier si la règle de droit a été correctement interprétée et appliquée par la
juridiction dont la décision est contestée.
Ainsi, elle peut rendre soit un arrêt de rejet (par rapport au pourvoi), rendant
irrévocable la décision attaquée, soit un arrêt de cassation (total ou partiel avec
renvoi en principe et exceptionnellement sans renvoi) lorsque la décision n’est pas
conforme à la règle de droit et est par conséquent annulée.
La Cour Suprême est exceptionnellement juge de fond ou de faits dans les matières
spécialement réservées à sa compétence par les dispositions législatives. Ainsi, la
Chambre Administrative est juge en premier et dernier ressort de l’excès de pouvoir
des autorités exécutives et de la légalité des actes des collectivités territoriales. Elle
peut dans ce cas rejeter le recours pour excès de pouvoir (si le règlement est légal) ou
annuler le règlement illégal. (Contrôle de légalité)