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Rouen Business School

Programme Grande Ecole


Responsable du cours : Mehdi NEKHILI

Fondamentaux de la Finance

Références bibliographiques
1) Alain MARION, Analyse financière : concepts et méthodes, Dunod 2007, 4ème édition
(disponible sur Cyberlibris)
2) Eglem, Philipps et Raulet, Analyse comptable et financière, Dunod 2005 (disponible à la
bibliothèque).

Chapitre I :
Rappels de méthodologie comptable

La comptabilité est un système d’information et plus précisément un système formel


d’identification, de mesure, de classement, d’enregistrement des transactions des organisations
destiné à fournir après traitement approprié des informations susceptibles de satisfaire les
besoins présumés de multiples utilisateurs.

I. Méthode d’évaluation

Selon l’approche « patrimoniale », le bilan établi à la fin de l’exercice comptable décrit


séparément les éléments actifs et passifs de l’entreprise. Les éléments du bilan doivent être
évalués conformément au principe de prudence. La prudence est l’appréciation raisonnable
des faits, susceptibles de grever le patrimoine et les résultats de l’entreprise.

A) Immobilisations corporelles

Le Plan comptable en donne une définition quelque peu restrictive : « choses sur
lesquelles s’exerce un droit de propriété ». La valeur brute des immobilisations corporelles
correspond à la valeur d’entrée des biens dans le patrimoine, compte tenu des frais nécessaires
à la mise en état d’utilisation de ces biens. On en distingue trois grandes catégories : les biens
immobiliers, les équipements industriels et les équipements administratifs et commerciaux.

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B) Titres de participation (immobilisations financières)

Les titres de participation sont des titres dont la possession durable est estimée utile à
l’entreprise notamment parce qu’elle permet d’exercer une influence sur la société émettrice
des titres et d’en assurer le contrôle. Lorsqu’une société possède plus de la moitié du capital
d’une autre société, la seconde est considérée comme filiale de la première. Les titres de
participation figurent au bilan à leur coût d’acquisition. Une provision pour dépréciation est
constituée si la valeur d’usage est inférieure à ce coût.

C) Stocks

Les stocks et productions en cours sont l’ensemble des biens et services qui
interviennent dans le cycle d’exploitation pour être soit vendus en l’état ou au terme du
processus de production, soit consommés au premier usage. Les stocks sont classés au bilan
selon leur nature ou leur ordre chronologique dans le cycle d’activités. On distingue
successivement les stocks de matières premières, d’autres approvisionnements (matières et
fournitures consommables), d’encours de production de biens ou de services, de produits
intermédiaires ou finis, de marchandises. Les stocks sont évalués suivant la méthode du coût
de la production ou des achats de l’année. Une provision pour dépréciation des stocks est
constituée lorsque leur valeur brute est supérieure à leur valeur réelle.

D) Créances

Les créances clients correspondent aux factures de ventes de biens et de services qui
n’ont pas encore été réglées à la date de clôture du bilan. Les crédits accordés aux clients par
l’intermédiaire des délais de paiement consentis par l’entreprise représentent sur le plan
financier des emplois de fonds. Les créances sont évaluées à leur valeur nominale. Une
provision pour dépréciation des créances est pratiquée lorsque la valeur est inférieure à la
valeur comptable.

E) Valeurs mobilières de placement

Les valeurs mobilières de placement (VMP) sont des titres négociables à très court
terme acquis par l’entreprise en vue de réaliser un gain en capital ou en revenu à brève
échéance. Elles permettent aux entreprises d’obtenir une rémunération de leurs liquidités
excédentaires. Les valeurs mobilières de placement comprennent des parts de FCP, SICAV et
des titres de créances négociables. Elles font l’objet de provisions pour dépréciation lorsque la
situation le justifie en tenant compte notamment de leur valeur boursière.

II. Amortissements et provisions

L’amortissement joue un rôle déterminant dans la mesure du résultat et de l’actif


immobilisé. Le PCG insiste sur l’obligation de constater à la clôture de chaque exercice les
amortissements qui traduisent un amoindrissement irréversible de la valeur des éléments
d’actif résultant de l’usage, du temps ou du changement de technique. Les amortissements des

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immobilisations corporelles sont calculés sur la durée normale d’utilisation des biens en
utilisant soit le système linéaire, soit le système dégressif.

Certaines immobilisations corporelles et incorporelles comme les terrains, les fonds


commerciaux et les marques ne sont pas amortissables ; leur dépréciation n’est en effet pas
irréversible. L’usage de ces immobilisations n’amoindrit pas leur valeur. Toutefois, à
l’inventaire, la valeur actuelle de ces biens peut devenir inférieure à leur valeur d’entrée. Une
provision pour dépréciation s’impose alors. Elle constate la moins-value latente.

III. Le compte de résultat

Le compte de résultat récapitule les charges et les produits de l’exercice. Les charges
constituent l’ensemble des éléments de coûts supportés par l’entreprise au cours de l’exercice.
Les produits comprennent toutes les causes d’enrichissement liées ou non à son activité
normale et courante. Pour la détermination du résultat, les charges comprennent également des
éléments calculés par l’entreprise pour tenir compte de l’étalement dans le temps du coût des
investissements (amortissements) et couvrir les pertes latentes de valeur des actifs non
amortissables ou les risques et charges dont les effets ne sont pas jugés irréversibles
(provisions). Le compte de résultat retrace ainsi au cours d’une période donnée les flux
d’opérations liées à l’activité industrielle, commerciale et financière d’une entreprise.

Le résultat est la différence entre l’ensemble des produits et l’ensemble des charges.
Ce solde est le même que celui qui figure au bilan arrêté à la même date. Cela est dû au
mécanisme de la comptabilité en partie double : toute opération ayant une incidence sur le
résultat final a un impact à la fois sur un compte de bilan et sur un compte de charge ou de
produit.

IV. Les soldes intermédiaires de gestion

Le tableau des soldes intermédiaires de gestion a pour objet d’analyser de façon


précise la formation du résultat comptable. Il met en évidence les différentes étapes de la
formation du résultat, en faisant apparaître certains ordres de grandeur caractéristiques du
comportement économique de l’entreprise. Il permet aussi de comparer ces indices
économiques sur plusieurs années successives et de déceler ainsi les tendances soit de progrès,
soit, au contraire, de recul. Ce tableau est très intéressant si on veut comparer les résultats
obtenus par l’entreprise avec ceux d’entreprises du même secteur d’activité.

Les paliers horizontaux comprennent les rubriques suivantes :

1- La marge commerciale : la marge commerciale est un résultat brut obtenu en comparant les
ventes au coût d’achat des marchandises vendues dans l’exercice.

2- La production de l’exercice : elle traduit l’activité des entreprises du secteur industriel,


c’est-à-dire celles qui opèrent une transformation entre l’achat et la vente.

3- La valeur ajoutée : elle permet de mesurer l’accroissement de valeur que l’entreprise


apporte aux biens et services acquis auprès des tiers. Elle exprime le résultat de l’effort
conjugué des facteurs de production, qu’il s’agisse du travail ou du capital.

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4- L’excédent brut (ou insuffisance brute) d’exploitation : c’est le résultat obtenu avant
amortissements, charges financières et impôts. Il représente donc la ressource produite par
l’entreprise pour payer l’impôt dû à l’Etat, rémunérer les capitaux engagés, maintenir les
investissements et accroître l’activité de l’entreprise.

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Tableau des Soldes Intermédiaires de Gestion
Produits Charges Soldes intermédiaires Exercice Exercice
(colonne 1) (colonne 2) (colonne 1 – colonne 2) N N-1
Ventes de marchandises Coût d’achat des march. Marge commerciale
vendues
* Production vendue Ou déstockage de Production de l’exercice
* Production stockée production
* Production immob.
Total
* Production de l’exercice Consommation de Valeur ajoutée
* Marge commerciale l’exercice en provenance
des tiers
Total
* Valeur ajoutée * Impôt, taxes et versements Excédent brut (ou
* Subventions assimilés insuffisance brute)
d’exploitation * Charges de personnel d’exploitation (EBE ou
IBE)
Total Total
* EBE * IBE Résultat d’exploitation
* Reprises sur charges et * Dotations aux (bénéfice ou perte)
transferts de charges amortissements et aux
* Autres produits provisions
* Autres charges
Total Total
* Résultat d’exploitation * Résultat d’exploitation Résultat courant avant
* Quotes-parts de résultat * Quotes-parts de résultat impôts (bénéfice ou
sur opérations faites en sur opérations faites en perte)
commun commun
* Produits financiers * Charges financiers
Total Total
Produits exceptionnels Charges exceptionnelles Résultat exceptionnel
(bénéfice ou perte)
Total Total
* Résultat courant avant * Résultat courant avant Résultat de l’exercice
impôt impôt (négatif) (bénéfice ou perte)
* Résultat exceptionnel * Résultat exceptionnel
(négatif)
* Participation des salariés
* Impôts sur les bénéfices

Total Total
Produits des cessions Valeur comptable des Plus-values et moins-
d’éléments d’actif éléments cédés values sur cessions
d’éléments d’actif

5- Le résultat d’exploitation (bénéfice ou perte) : il est défini hors charges et produits


financiers. Il mesure la performance de l’entreprise sur le plan commercial et industriel,
indépendamment de sa politique financière. Il se distingue de l’excédent brut d’exploitation en
ce qu’il tient compte de la politique d’amortissement et de provisions.

6- Le résultat courant avant impôts (bénéfice ou perte) : il comprend le résultat d’exploitation


et le résultat financier, c’est-à-dire les charges et les produits correspondant à une activité
normale et habituelle de l’entreprise.

7- Le résultat exceptionnel (bénéfice ou perte) : il est dégagé par des opérations ne relevant ni
de l’activité courante de l’entreprise, ni d’opérations financières.

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8- Le résultat net comptable (bénéfice ou perte) : ce résultat final tient compte de tous les
produits, diminués de toutes les charges, engagés par l’entreprise, y compris participation des
salariés et impôts.

Conclusion

Les comptes annuels comptables sont censés donner une image fidèle du patrimoine,
de la situation financière ainsi que des résultats de la société. Cependant, le bilan préconisé
par la Plan Comptable Général 1982 abandonne en partie le classement de l’actif et du passif
en fonction des critères de liquidité et d’exigibilité pour accorder plus d’importance au critère
d’appartenance à un cycle d’opération. Exemple : l’ensemble des dettes financières qu’elles
soient à long terme ou à court terme, est regroupé dans la même rubrique.

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Chapitre II :
La description du circuit financier
Le circuit financier met en évidence les flux de liquidités résultant des différentes
décisions financières. L’idée de création d’une entreprise provient des agents économiques
ayant une capacité de financement. Ces agents délèguent la gestion de leurs capitaux à des
agents ayant un besoin de financement (1). Le marché des capitaux constitue le lieu de
rencontre de cette offre et de cette demande de liquidités. Dans une seconde phase (2), les
dirigeants procèdent à l’acquisition d’actifs industriels, commerciaux ou financiers qui
peuvent par ailleurs être revendus. Les dirigeants seront ensuite être amenés à faire des
opérations d’exploitation (achat, production, vente). L’accomplissement de ces opérations
nécessite l’acquisition ou la création d’actifs d’exploitation généralement plus liquides que les
actifs immobilisés (3). Ces actifs sont financés en partie par le crédit obtenu auprès des
fournisseurs d’exploitation.

Les flux de liquidités d’exploitation et/ou de participation financière diminués des


prélèvements fiscaux peuvent être utilisés pour :
- rembourser les créanciers financiers (4) : banques et assimilés,
- rémunérer les actionnaires par le versement de dividende (4),
- réinvestir dans l’entreprise et on parle alors de financement interne ou autofinancement (5).

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Décisions d’investissement Décisions de financement

(2) (1)
Actif immobilisé Capitaux propres

Opérations d’investissement Actionnaires

Décisions
financières

Dirigeants

(5)
Actif net d’exploitation Dettes financières

Opérations d’exploitation Créanciers financiers

(3) (4)

I. Les décisions financières

A) La décision d’investissement

Toute décision d’investissement a pour but d’accroître la richesse des actionnaires


(propriétaires de l’entreprise) c’est-à-dire il faut que :
- l’investissement soit rentable,
- la rentabilité de l’investissement soit supérieure au coût de son financement.

Tous les actifs matériels et immatériels, industriels, commerciaux ou financiers


peuvent satisfaire à ces deux conditions. L’objet de l’investissement importe donc peu.
L’investissement peut aussi ne pas satisfaire à la condition de la propriété juridique. C’est-à-
dire, tous les actifs loués sont considérés comme des investissements.

La décision d’investissement nous emmène à constituer ce qu’on appelle l’actif


économique. L’actif économique a deux composantes : principale et accessoire :

- la composante principale regroupe l’ensemble des actifs immobilisés appelés aussi


actifs fixes : immobilisations incorporelles, corporelles et financières nettes. Ces actifs sont
détenus sur une période relativement longue.

- la composante accessoire regroupe l’ensemble des actifs circulants nécessaires au


cycle d’exploitation. Leur détention est faite sur une période relativement courte et elle est
tributaire de celle des actifs immobilisés. Pour avoir le montant net, il faut déduire le montant
des dettes d’exploitation (dette fournisseur).

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Actif économique = Actif immobilisé + Actif net d’exploitation

B) La décision de financement

Trois types de décision découlent de la décision de financement :

1- Le choix de la structure de financement : c’est-à-dire le choix entre le financement par


capitaux propres et financement par dettes financières (emprunts à long et moyen terme et
concours bancaires courants). Une augmentation de dettes accroît le risque de faillite et affecte
donc la richesse des actionnaires.

2- La politique de dividendes : c’est-à-dire le choix entre le réinvestissement (par la


constitution des réserves et le report à nouveau) et la distribution du résultat sous formes de
dividendes.

3- Le choix entre financement interne (autofinancement) et financement externe (capitaux


propres et dettes financières).

C) Représentation schématique du bilan financier

Afin de respecter l’égalité de l’actif et du passif, l’actif économique doit être égal à :

Actif économique = Actif immobilisé + Actif net d’exploitation


= Capitaux propres + Dettes financières

Bilan financier
Actif économique Passif financier

Actif immobilisé Capitaux propres


(immobilisations nettes incorporelles,
corporelles et financières)

Dettes financières
Actif net d’exploitation (emprunts à long et moyen
terme et concours bancaires
courants)

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II. Les différentes catégories d’agents

Cinq catégories d’agents économiques interviennent dans le déroulement des


opérations financières : les actionnaires, les dirigeants, les créanciers financiers, les
partenaires commerciaux et L’Etat.

A) Les actionnaires

Les actionnaires ou associés fournissent les apports en capitaux à risque et en


contrepartie détiennent une partie du capital social de l’entreprise. Ils ont donc besoin
d’informations leur permettant de suivre la rentabilité et le risque de leur investissement afin
de décider s’ils maintiennent, réduisent ou accroissent leurs mises de fonds. Ils sont également
attentifs aux informations leur permettant de déterminer la capacité de l’entreprise à verser des
dividendes. Leur rémunération est déterminée par l’évolution du résultat de l’entreprise. Ils
sont les propriétaires de l’entreprise et encourent les risques d’une mauvaise gestion.
* le risque d’exploitation : lié à la politique d’investissement,
* le risque financier : c’est-à-dire l’influence de la dette sur la variation du résultat
final
* le risque de faillite : c’est-à-dire l’incapacité de la firme à faire face à ses
engagements (ses dettes).

La catégorie des actionnaires n’est cependant pas homogène. Les actionnaires


majoritaires et les actionnaires minoritaires n’ont pas toujours les mêmes besoins
d’information ni le même pouvoir d’imposer la satisfaction de leurs demandes.

B) Les dirigeants

Dans les PME, il y a souvent confusion entre dirigeants et actionnaires. Les dirigeants
sont dans la plupart des cas propriétaires à part entière. Dans le cas où ils détiennent qu’une
partie du capital, ils reçoivent en plus de leur salaire un sursalaire proportionnel à la somme
investie. Mais dans le respect souvent formel des obligations légales, les dirigeants conservent
pour l’essentiel la maîtrise de l’information à publier et à ce titre bénéficient par rapport aux
autres utilisateurs, en particulier les bailleurs de fonds, d’une asymétrie informationnelle dont
ils peuvent tirer avantage.

C) Les créanciers financiers

Les prêteurs regroupent les banques, les établissements financiers et les obligataires.
Ils apportent des ressources financières à l’entreprise pour une durée prévue au préalable en
contrepartie d’une rémunération fixe et du remboursement de leur apport au terme de cette
durée. Ils ont besoin d’information sur la solvabilité de l’entreprise leur permettant de
déterminer si les intérêts seront payés et les emprunts remboursés à l’échéance.

D) Les partenaires commerciaux

Les fournisseurs sont attentifs comme tout créancier à la solvabilité de l’entreprise et


au-delà aux perspectives de croissance de leurs commandes. Ils sont intéressés par les
informations leur permettant d’apprécier si les délais de règlement seront respectés. Le risque

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le plus important qui menace les créanciers est celui du non-remboursement de leurs prêts par
les emprunteurs.

Les clients ont besoin d’information sur la continuité des activités de l’entreprise afin
d’apprécier les risques pesant sur leur sécurité d’approvisionnement.

E) L’Etat

L’Etat a besoin d’information comptable sur les activités des entreprises pour asseoir
et contrôler l’impôt ainsi que pour alimenter les statistiques nationales utilisées dans le cadre
de la prévision économique. Les organismes dotés du pouvoir réglementaire telle que l’AMF
sont également demandeurs d’information comptable afin d’exercer leurs responsabilités.

III. L’intérêt du diagnostic financier

Le diagnostic financier permet de couvrir l’ensemble des objectifs poursuivis par les
différents agents économiques déjà cités (actionnaires, dirigeants, créanciers, partenaires
commerciaux, Etat). L’analyse des états financiers de synthèse (bilan, compte de résultat et
annexes) a pour objet de faire le point sur la situation financière et la rentabilité de l’entreprise
de façon à déceler les points forts et faibles qui influenceront son avenir ainsi que les
décisions des acteurs concernés.

Le diagnostic privilégie deux axes principaux : la rentabilité et le risque.

Rentabilité des capitaux propres

Rentabilité

Rentabilité économique

Diagnostic financier

Risque d’exploitation

Risques Risque financier

Risque de faillite

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Chapitre III :
Le diagnostic de la rentabilité

Une entreprise non rentable est une entreprise qui ne crée pas de la valeur et qui
n’accroît donc pas la richesse des actionnaires.

Le diagnostic de la rentabilité cherche à répondre à deux questions :

1- Le niveau de la rentabilité est-il satisfaisant ?


2- Quels sont les facteurs qui déterminent l’évolution de la rentabilité ?

I. La rentabilité des capitaux propres

Resultat net
Kc =
Capitaux propres

La formation de la rentabilité des capitaux propres est mieux appréhendée par la relation de
l’effet de levier.

A) Le mécanisme de l’effet de levier

L’effet de levier est l’effet d’un accroissement de l’endettement sur la rentabilité des
capitaux des capitaux propres. Un exemple chiffré permet de mieux comprendre ce
mécanisme.

Exemple : soit un investissement de 1000 K€ ayant une rentabilité de 10% avant impôt sur les
sociétés et charges financières (résultat d’exploitation) si la conjoncture est favorable et de 6%
si conjoncture est défavorable.

Envisageons deux hypothèses de financement :

Hyp (1) : par augmentation de capital de 1000 K€


Hyp (2) : par augmentation de capital de 500 K€ et par emprunt de 500 K€ au taux d’intérêt, i
= 8%

♦ Conjoncture favorable :

Hyp (1) : Résultat d’exploitation (10%) = 100


- Impôt sur les sociétés (50%) = - 50

= Résultat net = 50

La rémunération des capitaux propres engagés par les actionnaires est donc égale à : Kc =
50/1000 = 5%

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En l’absence d’endettement, la rentabilité des capitaux propres (Kc) est égale à la rentabilité
économique (Ka).

Résultat net = Résultat d’exploitation après impôt


Capitaux propres = Actif économique

Resultat d' exploitation après impot


Kc = Ka =
Actif economique

Hyp (2) : Résultat d’exploitation (10%) = 100


- Charges financières (500*8%) = - 40

= Résultat courant avant impôt = 60


- Impôt sur les sociétés (50%) = - 30

= Résultat net = 30

La rentabilité des capitaux propres : Kc = 30/500 = 6%

L’effet de levier est dans ce cas positif : 6% dans la deuxième hypothèse contre 5% dans la
première.

♦ Conjoncture défavorable :

Rentabilité avant impôt et charges financières = 6%

Hyp (1) : Résultat d’exploitation (6%) = 60


- Impôt sur les sociétés (50%) = - 30

= Résultat net = 30

Kc = Ka = 30/1000 = 3%

Hyp (2) : Résultat d’exploitation (6%) = 60


- Charges financières (500*8%) = - 40

= Résultat courant avant impôt = 20


- Impôt sur les sociétés (50%) = - 10

= Résultat net = 10

La rentabilité des capitaux propres : Kc = 10/500 = 2%

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L’effet de levier est dans ce cas négatif.

Enseignements de l’effet de levier:

◊ L’effet de levier est d’autant plus fort que la rentabilité de l’investissement est élevé par
rapport au taux de l’emprunt.

◊ L’effet de levier est nul dans le cas où la rentabilité avant impôt et charges financières est
égale au taux d’intérêt sans risque.

◊ Le recours à l’endettement accroît simultanément la rentabilité et le risque de


l’investissement pour les actionnaires.

Hyp (1) Hyp (2) Effet de levier

Conjoncture favorable Kc = Ka = 5% Kc = 6% 6% - 5% = 1%

Conjoncture défavorable Kc = Ka = 3% Kc = 2% 2% - 3% = -1%

Différence 2% : risque d’exploitation 4% : risque d’exploitation


et risque financier

En cas de conjoncture favorable, l’effet de levier joue positivement ; le recours à


l’endettement permet un gain de rentabilité sur fonds propres de 1%.

En cas de conjoncture défavorable, l’effet de levier joue négativement ; l’endettement


entraîne une perte de rentabilité sur fonds propres de 1% par rapport à une politique de
financement sans endettement.

B) Formalisation de l’effet de levier financier

Kc = Ka + (Ka - Kd) D/CP

avec :

Kc : le taux de rentabilité des capitaux propres


Ka : le taux de rentabilité économique après impôt
Kd : le coût de la dette après impôt
D : le montant des dettes financières
CP : le montant des capitaux propres

Le montant de l’actif économique (AE) : AE = CP + D

D/CP, est appelé ratio d’endettement ou aussi levier d’endettement.

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Kc - Ka : est l’effet de levier financier proprement dit ; il représente l’incidence de
l’endettement sur le taux de rentabilité des capitaux propres.

Kc - Ka = (Ka - Kd) D/CP

◊ l’effet de levier joue positivement si Ka > Kd


◊ l’effet de levier joue négativement si Ka < Kd
◊ l’effet de levier est nul si Ka = Kd
◊ son intensité est fonction de la différence entre le taux de rentabilité économique Ka et le
coût de la dette Kd mais aussi du levier d’endettement D/CP.

II. La rentabilité économique

La rentabilité économique représente une variable fondamentale pour expliquer la


formation du taux de rentabilité des fonds propres. Son analyse s’avère donc indispensable.

Les immobilisations financières et les valeurs mobilières de placement sont incluses


dans l’actif économique, il est par conséquent préférable d’évaluer un résultat économique
incluant outre le résultat d’exploitation, les produits financiers. Le résultat économique est
calculé après impôt tout en supposant un endettement nul.

A) La décomposition de la rentabilité économique en taux de marge et taux de


rotation

Resultat economique apres impot


Ka =
Actif economique

Resultat economique apres impot Chiffre d' affaires


= *
Chiffre d' affaires Actif economique

Le taux de marge économique représente un indicateur de profitabilité. Il peut croître


ou baisser suite à une augmentation du chiffre d’affaires.

Le taux de rotation constitue un indicateur de productivité. La rotation des capitaux


investis permet de juger le niveau d’activité par rapport aux capitaux investis. L’entreprise est
d’autant plus productive que le niveau d’activité atteint est important pour un montant de
capitaux investis donné.

B) L’analyse de la formation du résultat par le T.S.I.G

Le T.S.I.G sert de support à l’étude du niveau et de l’évolution des principaux soldes


notamment en les évaluant en pourcentage du niveau d’activité et en les jugeant par rapport à
des données sectorielles.

Nous devons apporter certaines corrections au T.S.I.G préconisé par le Plan Comptable
Général afin de permettre un diagnostic plus pertinent :

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- Faire apparaître la production élargie qui comprend les ventes et les productions stockées et
immobilisées. Il permet de mieux rendre compte de l’ensemble d’activités de l’entreprise.

- Faire apparaître la marge brute en soustrayant de la production élargie, le coût d’achat des
marchandises et les consommations matières.

- La valeur ajoutée est obtenue en soustrayant de la marge brute, l’ensemble des charges
externes autres que les consommations. Elle constitue un bon estimateur du poids économique
de l’entreprise. Elle sert à apprécier les structures et les méthodes d’exploitation, ainsi que
l’efficacité des facteurs de production.

- Dans la mesure où les produits financiers proviennent des actifs financiers qui font partie de
l’actif économique, ils doivent être ajoutés au résultat d’exploitation pour mesurer le résultat
économique.

- Le résultat courant avant impôt se calcule à partir du résultat économique en soustrayant les
charges financières.

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Chapitre IV :
Le diagnostic du risque d’exploitation et du risque financier

La rentabilité ne peut s’apprécier qu’en fonction du risque supporté. Le risque accepté


par les investisseurs est directement fonction de la rentabilité attendue. La notion d’équilibre
financier ne peut être appréhendée que par le compromis rentabilité-risque.

I. Diagnostic du risque d’exploitation

Le diagnostic du risque d’exploitation repose principalement sur la notion de levier


d’exploitation. L’effet de levier d’exploitation résulte de l’incidence des fluctuations du
niveau d’activité (mesuré par le chiffre d’affaires) sur la rentabilité économique.

Chiffres d’affaires = Ventes de marchandises + Production vendue

Il s’agit donc d’évaluer la sensibilité du résultat économique à une variation du niveau


d’activité. Cette sensibilité est conditionnée par la structure des charges fixes et des charges
variables.

A) Position par rapport au seuil de rentabilité économique (point-mort)

La mesure de la sensibilité repose sur la notion d’élasticité du résultat économique par


rapport au niveau d’activité.

On suppose que les produits financiers sont nuls ⇒ Résultat économique = Résultat
d’exploitation

Soit, RE : Résultat d’exploitation


et CA : Chiffres d’affaires

L’élasticité se mesure en rapportant la variation relative du résultat d’exploitation ∆RE/RE à


la variation relative du chiffre d’affaires ∆CA/CA.

∆RE / RE
Elasticité =
∆CA / CA

Si par exemple, Elasticité = 2, c’est-à-dire qu’une variation relative de 1% du chiffre


d’affaires entraîne une variation de 2% du résultat d’exploitation.

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Définition : Le point-mort d’exploitation, appelé aussi le seuil de rentabilité d’exploitation, se
définit comme le niveau d’activité (CA) pour lequel le résultat d’exploitation est nul.

Soit x, le pourcentage des charges variables


Ch.V : charges variables ⇒ Ch.V = xCA
Ch. F : charges fixes

RE = CA - Ch.V - Ch.F
= CA - (xCA) - Ch.F
= (1 - x)CA - Ch.F

On va chercher le niveau d’activité CA* pour lequel le résultat d’exploitation est nul.

Ch.F
0 = (1 - x) CA* - Ch.F ⇒ CA* =
(1 - x)

∆RE / RE [(1 − x) ∆CA] / [(1 − x)CA − Ch.F] [(1 − x)CA]∆CA


Elasticité = = =
∆CA / CA ∆CA / CA [(1 − x)CA − Ch.F]∆CA

(1 − x)CA (1 − x)CA CA
= = =
(1 − x)CA − Ch.F (1 − x)CA − (1 − x) CA * CA − CA *

CA
Donc, Elasticité =
CA − CA *

On déduit de cette relation trois conclusions importantes :

1) Plus le niveau d’activité d’une entreprise est proche du point-mort d’exploitation, plus
l’élasticité et le risque d’exploitation sont élevés.

2) Plus le niveau de charges fixes est élevé, plus l’élasticité et le risque d’exploitation sont
élevés.

3) L’élasticité et le risque d’exploitation dépendent simultanément du niveau des charges fixes


et du pourcentage des coûts variables, car ces deux éléments déterminent le CA*.

B) Evaluation du seuil de rentabilité d’exploitation

Pour évaluer le seuil de rentabilité d’exploitation, il faut cerner précisément la nature


des charges. La répartition entre charges fixes et charges variables est souvent difficile à

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pratiquer. Les hypothèses simplificatrices suivantes peuvent être posées pour évaluer le seuil
de rentabilité d’exploitation (SRE) :

- Les consommations de matières premières et de matières consommables constituent des


charges variables.
- Les autres charges externes (consommations autres que les matières) peuvent être réparties
grossièrement pour moitié en charges fixes et pour moitié en charges variables.
- Les charges de personnel, les impôts et taxes et les dotations aux amortissements sont le plus
souvent analysés comme fixes.
- Les dotations aux provisions ne sont pas à retenir dans l’évaluation du seuil de rentabilité
dans la mesure où elles ont un caractère exceptionnel.

II. Le diagnostic du risque financier

Pour diagnostiquer le risque financier, il suffit d’aménager la méthode utilisée pour


appréhender le risque d’exploitation. On substitut au résultat d’exploitation, le résultat courant
déterminé après prise en compte des charges financières et on évalue une position par rapport
au seuil de rentabilité global SRG ou point-mort global. Les frais financiers sont supposés
constituer une charge fixe.

Exemple : une entreprise a un actif économique égal à 2000 K€. Son niveau d’activité est égal
à 1000 K€ si la conjoncture est mauvaise et 1500 K€ si la conjoncture est bonne. Les charges
fixes sont égales à 300 K€ et les charges variables à 60% du niveau d’activité. Deux
hypothèses sont retenues sur le mode de financement :

Hyp (1) : financement intégral par fonds propres

Hyp (2) : 50% par dette et le reste par fonds propres. Le taux d’intérêt de la dette est de 8%.

On suppose qu’il n’y a pas d’impôt sur les résultats.

Mode de financement 100% CP 50% DF


Conjoncture FAV DEF FAV DEF
Niveau d’activité 1500 1000 1500 1000
Charges variables 900 600 900 600
Charges fixes d’exploitation 300 300 300 300
Résultat d’exploitation 300 100 300 100
Charges financières 0 0 80 80
Résultat courant 300 100 220 20
Charges fixes totales 300 300 380 380
Point-mort global 750 750 950 950
Position par rapport au point-mort 100% 33% 58% 5,3%
Elasticité 2 4 2,73 20

L’incidence de l’endettement sur la position par rapport au seuil de rentabilité global


confirme les conditions obtenues à partir de la relation de l’effet de levier financier : le recours
à l’endettement accroît le risque.

19
Chapitre V :
L’analyse statique du risque de faillite

Le diagnostic du risque de faillite consiste à évaluer la capacité de l’entreprise à


rembourser ses dettes. L’analyse statique est fondée sur la lecture du bilan dans ses deux
grandes conceptions patrimoniale et fonctionnelle.

I. L’analyse statique du risque de faillite : approche patrimoniale

L’évaluation du patrimoine de l’entreprise se fait à partir du système d’information


comptable. La mesure comptable du patrimoine consiste à une évaluation fondée sur les prix
d’acquisition suivie par un rapprochement avec les valeurs vénales (valeurs de marché).
Cependant, les corrections pratiquées n’assurent pas la convergence avec les valeurs de
marché et le bilan comptable ne présente qu’une image biaisée par rapport à la véritable valeur
de l’entreprise.

La conception patrimoniale est fondée sur la notion de liquidité de l’actif et sur celle
de l’exigibilité du passif. Le bilan préconisé par le P.C.G. 1982 abandonne en partie le
classement de l’actif et du passif en fonction de ces deux critères pour accorder la primauté au
critère d’appartenance à un cycle d’opération. En particulier, l’ensemble des dettes
financières, qu’elles soient à long terme ou à court terme, est regroupé dans la même rubrique.

A) Le traitement préalable de l’information comptable

Avant de diagnostiquer le risque de faillite d’une entreprise, il est nécessaire


d’effectuer un certain nombre de corrections. L’analyse doit se faire à partir d’un bilan après
répartition du résultat.

Les principales corrections à effectuer pour construire le bilan patrimonial sont les
suivants :

1- Elimination des « charges activées » inscrites à l’actif (frais d’établissement, frais de


recherche et de développement,...). Le montant de ces non-valeurs doit être également
soustrait du montant des capitaux propres afin de déterminer l’actif net corrigé.

2- Réintégration du crédit-bail à l’actif et au passif. Le crédit-bail est un substitut à l’emprunt


à long et moyen terme. La valeur nette comptable des immobilisations financées par crédit-
bail doit être ajoutée aux valeurs immobilisées nettes à l’actif. Au passif, il faut augmenter le
montant des dettes à plus d’un an du même montant, à l’exclusion de la part du prochain loyer
qui doit être inscrite en dettes à court terme.

20
3- Réintégration à l’actif et au passif des effets escomptés et non échus (EENE). Leur montant
doit être ajoutée au poste client à l’actif et aux concours bancaires courants au passif (dettes à
court terme).

4- Reclassement des provisions pour risques et charges en dettes à court terme.

5- Reclassement des postes de l’actif en fonction de leur liquidité réelle à plus ou à moins
d’un an et des postes du passif en fonction de leur exigibilité réelle (non exigible, exigible à
plus d’un an, exigible à moins d’un an).

Bilan du PCG 1982 Bilan patrimonial

Actif Passif Actif Passif


Actif immobilisé Capitaux propres Valeurs immobilières Capitaux propres (non
(immobilisations nettes (liquidables à exigibles)
incorporelles, plus d’un an)
corporelles et
financières) Dettes à long et moyen
terme (exigibles à plus
Dettes financières, d’un an)
d’exploitation et
diverses
Dettes à court terme
Stocks et valeurs (exigible à moins d’un
Actif circulant réalisables et an)
disponibles (liquidables
à moins d’un an)

B) Les outils de l’analyse patrimoniale

1) L’analyse de la solvabilité

La solvabilité se mesure en rapportant l’actif net comptable au total passif.

Actif net comptable


Ratio de solvabilité =
Total passif

L’actif net comptable ou l’actif net corrigé est égal à la différence entre l’actif total et
l’ensemble des dettes. L’actif net comptable est donc égal à la valeur comptable des fonds
propres.

Le minimum requis par les banques est souvent compris entre 20% et 1/3 du passif.
C’est-à-dire, pour qu’une entreprise soit solvable, il faut que son actif net comptable soit
supérieur à 20% de son passif.

21
2) L’analyse exigibilité/liquidité

Les principaux outils sur lesquels s’appuie cette analyse sont le fonds de roulement
patrimonial, les ratios de liquidité et le ratio d’autonomie financière.

◊ Le fonds de roulement patrimonial :

Il est utilisé pour une appréciation à court terme du risque de faillite. Le détenteur
d’une créance à court terme estime qu’une différence positive entre le montant des actifs à
court terme et celui des dettes à court terme lui permet de se prémunir contre le risque.

FDR patrimonial = Actif circulant - Dettes à court terme

Compte tenu de la structure du bilan patrimonial :

FDR patrimonial = Capitaux permanents - Valeurs immobilisées nettes

◊ Les ratios de liquidité :

Actif liquidable à moins d' 1 an


* Ratio de liquidité générale =
Dettes exigibles à moins d' 1 an

Ce ratio doit être normalement supérieur à 1, ce qui équivaut à un FDR patrimonial positif.

Actif liquidable à moins d' 1 an - Stocks


* Ratio de liquidité réduite =
Dettes exigibles à moins d' 1 an

Ce ratio exclut des actifs à court terme, les stocks qui constituent l’élément dont la valeur et la
liquidité sont incertaines. La norme de 80% est parfois retenue.

Titres de placement + Disponibilites


* Ratio de liquidité immédiate =
Dettes exigibles à moins d' 1 an

Ce ratio ne prend en considération que les éléments les plus liquides.

Pour utiliser ces ratios, il est toujours recommandé de faire une comparaison avec les
entreprises du même secteur.

Dettes financieres a long et moyen terme


◊ Le ratio d’autonomie financière =
Capitaux propres

La plupart des organismes exigent que ce ratio soit inférieur à 1.

22
II. L’analyse statique du risque de faillite : approche fonctionnelle

Dans la conception fonctionnelle, le bilan constitue un ensemble de stocks d’emplois


(utilisation des capitaux investis) et de stocks de ressources (origine des capitaux investis).
Elle est fondée sur l’évaluation des actifs et des passifs au pris d’acquisition et fait totalement
abstraction de la valeur réelle. Le bilan fonctionnel permet de comprendre la politique
financière suivie par l’entreprise et d’apporter un éclairage complémentaire de celui de
l’analyse patrimoniale.

A) Le bilan fonctionnel représenté par type de cycle

On classe les masses du bilan en fonction des cycles d’opération :

1- Les immobilisations brutes correspondent au cycle d’investissement.


2- Le besoin en fonds de roulement d’exploitation représente le besoin de financement associé
au cycle d’exploitation.

BFDR d’exploitation = Stocks + Créances d’exploitation - Dettes d’exploitation

3- L’ensemble des ressources correspond au cycle de financement. On y trouve :


* les fonds propres externes (capital, subventions d’équipement)
* les fonds propres internes (réserves, amortissements, provisions)
* les dettes financières (DLMT et concours bancaires).

B) Interprétation du bilan fonctionnel

Le mode d’interprétation est fondé sur le principe d’affectation des emplois stables aux
ressources stables.

1) Le BFDR d’exploitation et sa couverture

Ce besoin peut connaître des fluctuations importantes pendant le déroulement du cycle


d’exploitation. Toutefois, dans la plupart des activités, il est possible de distinguer une
composante stable au sein du BFDR d’exploitation.

BFDR d’exploitation = Stocks + Créances d’exploitation - Dettes d’exploitation

Le caractère partiellement stable du BFDR d’exploitation a conduit à conclure que


pour limiter le risque de faillite, le financement de la composante stable devrait être assuré par
des ressources stables (c’est-à-dire soit par des fonds propres, soit par des emprunts à long et
moyen terme) appelées FDR fonctionnel.

23
Montant BFDR maximum Composante stable

BFDR minimum

Durée du cycle d’exploitation

Evolution du BFDR d’exploitation

2) La structure du bilan fonctionnel

Pour généraliser, on peut dire que l’ensemble des emplois stables et notamment les
immobilisations doivent être prioritairement financés par des ressources stables. Les
ressources stables doivent couvrir les immobilisations et le BFDR d’exploitation pour sa
composante stable.

La différence entre ressources acycliques stables et emplois acycliques stables


constitue le fonds de roulement fonctionnel. Le terme « fonctionnel » signifie que le FDR a
pour fonction de financer le BFDR d’exploitation.

FDR fonctionnel = Ressources acycliques stables - Emplois acycliques stables

Certains postes de bilan constituent des emplois et des ressources transitoires ou


instables. Les frais financiers à payer, les fournisseurs d’équipement et les postes liés au
paiement de l’impôt sur les bénéfices sont des éléments acycliques et instables et sont
regroupés dans une rubrique résiduelle appelée BFDR hors-exploitation. Le groupement du
BFDR d’exploitation et du BFDR hors-exploitation constitue le BFDR global.

BFDR hors-exploitation = Emplois acycliques instables - Ressources acycliques instables

BFDR global = BFDR d’exploitation + BFDR hors-exploitation

24
Actif Présentation d’un bilan fonctionnel Passif

Stocks d’emplois Stocks de ressources

Emplois acycliques stables Ressources acycliques stables


Immobilisations brutes (incorporelles, - Fonds propres d’origine externe
corporelles et financières) - Fonds propres d’origine interne
- Emprunts à long et moyen terme

FDR fonctionnel
(Ressources acycliques stables -
Emplois acycliques stables)
BFDR d’exploitation
(Besoin de financement lié au cycle BFDR hors-exploitation
d’exploitation) (Eléments transitoires non liés au cycle
d’exploitation)

Trésorerie
(Disponibilités + VMP - Concours
bancaires courants)

La lecture du bilan fonctionnel, conduit à dégager la relation fondamentale suivante :

Trésorerie = FDR fonctionnel - BFDR global

La trésorerie ne doit pas être confondue avec l’encaisse qui est égale aux
disponibilités. Elle est égale à la différence entre disponibilités et les concours bancaires
courants (CBC). Pour que la règle d’équilibre fonctionnel soit respectée, la trésorerie doit être
normalement positive.

C) L’utilisation du bilan fonctionnel dans le diagnostic du risque de faillite

1) Construction du bilan fonctionnel

La construction du bilan fonctionnel se fait à partir des bilans avant répartition des
résultats. Les principaux redressements sont les suivants :

- Les immobilisations doivent être retenues pour leur montant brut. Il faut donc ajouter au
montant net, les amortissements et les provisions qui ont été comptabilisés.

- Les immobilisations financées par crédit-bail doivent être réintégrées dans le bilan pour leur
montant brut. En contre partie, il faut inscrire en fonds propres internes, les amortissements
qui auraient été comptabilisés et en dettes financières stables la partie non amortie.

25
- Le BFDR d’exploitation est constituée exclusivement des postes liés au cycle d’exploitation.
Il doit être estimé à partir des montants bruts des stocks et des créances clients.

- L’encours client inclus dans le BFDR d’exploitation doit être retenu par son montant global.
Il faut donc ajouter aux créances le montant des EENE qui figurent dans les engagements
hors-bilan.

- Les fonds propres internes s’évaluent en faisant la somme des postes suivants : réserves,
amortissements, provisions sur actif circulant, provisions pour risques et charges, report à
nouveau, résultat net.

- Les frais financiers (intérêts sur emprunt) à payer sont à classer dans le BFDR hors-
exploitation.

- Les dettes financières stables comprennent les DLMT (y compris la partie échéant à moins
d’un an) ainsi que les comptes courants d’associés.

- Les EENE sont assimilés à des concours bancaires courants.

2) Diagnostic du bilan fonctionnel

L’équilibre fonctionnel suppose que le FDR fonctionnel doit couvrir le BFDR


d’exploitation. Si cette couverture n’est pas assurée, la trésorerie est négative et l’entreprise
doit faire appel à des concours bancaires courants considérés comme instables. Notons,
cependant, que le calcul de la trésorerie peut être biaisé selon le choix de la date d’arrêté du
bilan puisque le BFDR d’exploitation fluctue considérablement à l’intérieur du même exercice
comptable.

3) Diagnostic du BFDR d’exploitation

Le diagnostic du BFDR d’exploitation s’effectue à partir des ratios de rotation qui sont
calculés à partir des montants bruts des postes. Les ratios de rotation sont exprimés en jours en
posant par convention qu’il y a 360 jours dans l’année.

Creances sur ventes et EENE * 360


◊ Ratio de rotation des créances =
CATTC

Ce ratio exprime le délai de règlement en nombre de jours de chiffre d’affaires (combien de


jours de chiffre d’affaires représentent les créances inscrites au bilan ?)

Stock moyen de marchandises * 360


◊ Ratio de rotation de stock de marchandises =
Cout d' achat de marchandises vendues

26
Stock 1 + Stock 2
Le stock moyen =
2
Ce ratio exprime le délai d’écoulement du stock (combien de jours d’achat représente le stock
moyen). Plus ce ratio est important, plus les stocks restent longtemps dans l’entreprise et le
besoin de financement est grand.

(Stock de MP et MC) * 360


◊ Ratio de rotation de stock de MP et de MC = = n jours
Consommation matières

Les matières premières et les matières consommables restent n jours en stock afin d’être
utilisées.

Stock de produits finis * 360


◊ Ratio de rotation de produits finis =
Cout de revient

Fournisseurs * 360
◊ Délai de règlement des dettes fournisseurs =
Achats et prestations TTC

Ce ratio exprime la durée moyenne du crédit fournisseur. Ces dettes constituent des ressources
gratuites ; l’entreprise cherche à obtenir le délai le plus long possible.

Conclusion

L’évolution de ces ratios traduit celle du besoin en fonds de roulement. Une


augmentation du besoin exige que l’entreprise se procure de nouvelles ressources (dettes) ;
elle témoigne soit d’une progression de l’activité, soit d’une dégradation des conditions de
l’exploitation (moins bonne rotation des stocks...).

27
Chapitre VI :
L’analyse dynamique du risque de faillite

L’analyse statique demeure insuffisante pour diagnostiquer le déséquilibre financier.


Elle ne permet pas d’expliquer notamment l’évolution des postes cycliques puisqu’elle repose
sur la lecture du bilan arrêté à un moment donné (au 31/12/N généralement). L’analyse
dynamique repose sur la notion des flux et permet donc de mieux rendre compte de la
variation des différents éléments.

I. Les notion de flux de fonds et de flux de trésorerie

Deux types principaux de flux, les flux de fonds et les flux de trésorerie sont à la base
de l’analyse dynamique du risque de faillite.

A) Les flux de fonds

Un flux de fonds est calculé à partir du bilan fonctionnel. Il correspond soit à une
variation des stocks d’emplois, soit à une variation des stocks de ressources. Ces deux types
de variations peuvent être soit positives, soit négatives. On appelle flux de fonds d’emploi
tout accroissement d’un stock d’emplois ou une diminution d’un stock de ressources. Les flux
de fonds de ressources sont définis par un accroissement d’un stock de ressources ou une
diminution d’un stock d’emplois.

Exemple : un investissement en matériel et outillage, un stockage supplémentaire de MP, ou


de marchandises ou remboursement d’une partie de l’emprunt constituent des flux de fonds
d’emplois. Les emprunts contractés au cours de l’année, ou une baisse de l’encours client
représentent ainsi des flux de fonds de ressources.

B) Les flux de trésorerie

Les flux de trésorerie sont soit des flux d’encaissement (recette ou entrée de
liquidités), soit de flux décaissement (dépense ou sortie de liquidités).

II. Les notions d’ETE, d’EBE et de variation du BFDR d’exploitation

Ces trois notions se trouvent dans le tableau de variation de l’encaisse. Ce tableau


met en évidence les différents flux de trésorerie et flux de fonds, classés par cycles
d’opération. Il a pour objectif majeur d’expliquer l’origine des variations des liquidités.

A) Le tableau de variation de l’encaisse

Le tableau de variation de l’encaisse se présente comme suit :

28
1) en ligne, il détermine les critères de classification par cycles d’opération : exploitation,
investissement et financement ;
2) en colonnes, il sépare les flux de trésorerie (colonne 1) et les flux de fonds (colonnes 2 et
3).
La colonne 1 est constituée des différents flux de trésorerie et permet d’évaluer la
variation de l’encaisse par différence entre les flux d’encaissement et de décaissement.
La colonne 2 conduit à reconstituer la variation des fonds propres internes (autres que
les dotations aux amortissements et aux provisions). Cette variation est égale à la différence
entre les produits encaissables (produits qui seront suivis d’un encaissement) et les charges
décaissables (charges qui seront suivies d’un décaissement). Les dotations aux amortissements
et aux provisions ne sont pas considérées comme des charges liées au cycle d’investissement.
Elles n’ont pas un caractère de flux de fonds, puisqu’elles n’entraînent pas un décaissement.
La colonne 3 regroupe tous les flux de fonds qu’on peut déterminer à partir des
variations des postes du bilan fonctionnel autres que les fonds propres d’origine interne.

La relation entre les trois colonnes est la suivante :

Colonne 1 = colonne 2 - colonne 3


Flux de trésorerie = Flux de fonds (fonds propres internes) - Flux de fonds
(produits encaissables - (postes du bilan fonctionnel
charges décaissables) autres que fonds propres internes)

B) Relation entre ETE, EBE et variation du BFDR

La lecture du tableau de variation de l’encaisse permet de mettre en évidence une


relation fondamentale au niveau du cycle d’exploitation.

ETE = EBE - Variation du BFDR d’exploitation

L’ETE l’excédent de trésorerie d’exploitation constitue le flux de trésorerie sécrété par


le cycle d’exploitation au cours de l’exercice. Les décalages entre les flux de fonds
d’exploitation et les flux de trésorerie d’exploitation donnent naissance à une variation du
BFDR d’exploitation. Les variations des différents postes du BFDR d’exploitation
proviennent, en majeure partie, des écarts entre l’enregistrement comptable des achats et
autres frais et des ventes et autres produits et de leurs règlements respectifs pour les postes de
dettes et de créances.

La relation « ETE = EBE - Variation du BFDR » est très importante pour bien
comprendre les mécanismes financiers. Elle permet notamment de cerner la différence entre
résultat (EBE) et trésorerie. Le fait d’avoir un résultat positif n’implique pas qu’il y ait une
variation équivalente de la trésorerie. Une entreprise fortement bénéficiaire peut ainsi
connaître simultanément et paradoxalement des difficultés de trésorerie, si la variation du
BFDR d’exploitation est supérieure à l’EBE.

29
III. Capacité d’autofinancement et autofinancement

Le tableau de variation de l’encaisse permet également de mettre en évidence les


notions de capacité d’autofinancement et autofinancement.

La capacité d’autofinancement (CAF) représente le flux de fonds propres internes qui


reste à la disposition de l’entreprise pour s’autofinancer avant prélèvement du dividende.
C’est le flux de fonds final qui résulte de la différence entre les produits encaissables et les
charges décaissables.

L’autofinancement se déduit de la CAF en soustrayant le dividende prélevé sur le


résultat.

Autofinancement = CAF - dividende prélevé

Comptablement, il existe deux méthodes de calcul de la CAF : la méthode


« descendante » ou « soustractive et la méthode « ascendante » ou « additive ».

La méthode « descendante » trouve ses origines dans le tableau de variation de


l’encaisse. La CAF se mesure en ajoutant à l’EBE les produits encaissables et en soustrayant
les charges décaissables.

Excédent brut d’exploitation EBE


+ Autres produits d’exploitation (encaissables)
- Autres charges d’exploitation (décaissables)
+ Produits financiers (sauf reprises de provisions)
- Charges financières (sauf dotations)
+ Produits exceptionnels (sauf cessions et reprises de provisions)
- Charges exceptionnelles (sauf VNC des cessions et dotations sur éléments exceptionnels)
- Impôts sur les bénéfices
= CAF

Cette méthode a l’avantage de bien mettre en évidence le caractère de flux de fonds de


la CAF et son processus de formation.

La CAF peut être mesurée aussi par une méthode alternative « ascendante » ou
« additive ». Le fondement de cette méthode consiste à ajouter au résultat net les charges
« calculées » (non décaissables) et à déduire les produits « calculés » (non encaissables).

30
Résultat net de l’exercice
+ Valeur comptable des immobilisations cédées
- Produits des cessions d’immobilisations
+ Dotations aux amortissements (charges calculées non décaissables)
+ Dotations aux provisions (charges calculées non décaissables)
- Reprises de dotations aux provisions (produits calculés non encaissables)
= CAF

Cette méthode permet de trouver la même valeur de la CAF, mais a l’inconvénient de


ne pas montrer son mode de formation.

IV. Le tableau de financement ou tableau d’emplois et ressources (TER)

Le tableau d’emplois et ressources (TER) est constitué à partir des flux de fonds. Il
permet, par rapport au bilan fonctionnel, d’analyser précisément l’évolution des emplois et des
ressources. Il existe plusieurs formes de présentation du TER. Toutefois, elles reposent toutes
sur la distinction : variation du FDR fonctionnel, variation du BFDR et variation de la
trésorerie.

A) Présentation du tableau de financement

Le tableau de financement se présente généralement comme suit :

Variation du FDR fonctionnel


+ Flux de ressources acycliques stables
CAF
Emprunt à long et moyen terme
Augmentation du capital
Cessions d’immobilisations
- Flux d’emplois acycliques stables
Investissements
Dividende versé
Remboursement d’emprunt
Variation du BFDR global
Variation du BFDR d’exploitation
Variation du BFDR hors exploitation
Variation de la trésorerie = Var. FDR fonctionnel - Var. BFDR global
Variation des disponibilités
Variation des concours bancaires courants

Par rapport à la comparaison directe des bilans fonctionnels, le tableau de financement


permet d’identifier précisément les causes de variation des rubriques fondamentales.
L’analyse de l’évolution de la couverture du BFDR d’exploitation par le FDR fonctionnel

31
permet de combler les inconvénients de l’analyse statique du risque de faillite. Cependant, il
faut être vigilant lors de l’interprétation et essayer d’identifier le caractère conjoncturel ou
structurel des variations du BFDR d’exploitation.

B) L’analyse du risque de faillite par le TER

L’analyse de l’évolution du FDR fonctionnel porte sur deux dimensions : la politique


de financement de l’investissement et la capacité de remboursement.

La politique de financement doit s’apprécier en fonction de la couverture des emplois


stables par les ressources stables et notamment par les fonds propres. Il serait ainsi intéressant
de savoir la part du BFDR d’exploitation couverte par la CAF. Une faible couverture est
synonyme d’une faible autonomie financière.

La capacité de remboursement peut être analysée par deux ratios fondés sur la CAF :

1) Dettes financières stables / CAF

Ce ratio permet d’évaluer le nombre d’années nécessaires au remboursement des dettes


stables, en supposant qu’on affecte la CAF à ce remboursement. Certains organismes exigent
que ce ratio doit être inférieur à 3 ou 4 ans.

2) CAF / Remboursement des dettes financières stables

Un ratio < 1 signifie que l’entreprise est obligée de recourir à des fonds externes pour faire
face au remboursement des dettes. Une telle situation si elle se perpétue, témoigne d’un risque
de faillite important.

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