Vous êtes sur la page 1sur 10

BuU. Acad. Vét. de Franc.

e, 1989, 62, 473-482

COMMUNICATIONS

Les problèmes mondiaux du développement

SITUATION ACTUELLE

par J. CROSNIER*

Il y a environ 2 ans, j'avais eu J'honneur d'avancer devant l,honora­


ble Académie qu'il y avait quatre grands problèmes mondiaux : la
démographie inquiétante des pays en voie de développement, le problème
de la dette, le oommerce international et J'environnement. Les faits
récents et 1a situation actuelle confirment ce pronostic.

PROBLEMES ACTUELS DE DEVELOPPEMENT

La lenteur avec laquelle de nombreux pays procèdent aux ajuste­


ments structurels nécessaires, recommandés et mis en application par le
Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, est très p1éoccu­
pante, car la tâche n'est, ni simple, ni d'ordre purement économique.
Elle exige des moyens institutionnels et de l'habileté politique. L'effort
d'ajustement se heurte aux intérêts acquis, car il a des incidences sur
Jes droits acquis, les revenus, les prestat10ns diverses, la rente et les coûts.
Lorsqu'il s'agit de réformer des structures économiques en place depuis
un certain temps, l'ajustement peut être un processus extrêmement dou-

* Docteur vétérinaire, directeur de Séminaires Internationaux, Banque


mondiale.
474 BULLETIN DE L'ACADÉMIE

loureux. Une réfomie ne saurait, d'autre .part, donner des résultats dura­
bles si elle est précipitée. Il faut aussi que le coût de l'ajustement soit
équitablement réparti et que la communauté internationale veuilJe ibien
apporter aux réformes le soutien nécessaire.

PAUVRETE, ACCROISSEMENT DEMOGRAPHIQUE


ET ENVIRONNEMENT

Dans de nombreux pays, le .problème de la pauvreté est indissocia­


ble de l'accroissement démographique. Lorsque le revenu par habitant
augmente, le taux d'accroissement de la population diminue au bout d'un
certain temps. Ce phénomène s'est .produit il y a longtemps dans les pays
à revenu élevé et il est en train de se iproduire dans des pays comme la
République de Corée et la Thaïlande. Cependant, la transition démogra­
phique ne s'est amorcée que récemment dans certains pays asiatiques à
faible revenu comme l'Inde et le Bangladesh. Le taux d'accroissement
de la population de l'Afrique dépasse 1es taux Jes plus élevés enregistrés
dans les autres régions du monde depuis le début du siècle. Dans certains
pays africains, les taux de fécondité sont proches du maximum biologique,
de sorte que l'économie s'essouffle rien que pour maintenir le niveau de
vie et que les Pouvoirs Publics ont du mal à répondre à Ja demande des
services publics tels que l'enseignement et .tes services de santé. Pourtant
la nécessité de freiner l'accroissement démographique n'est toujours pas
couramment admise dans certaines sociétés.

Il y ·a souvent corrélation directe entre pauvreté, détérioration de


l'environnement et accroissement démographique. Lorsqu'une population
pauvre de plus en plus nombreuse surexploite les ressources des campa­
gnes, elle finit par entamer la capacité de régénér.ation des ressources
renouvelables : le meHleur exemple est le déboisement des collines qui
finit par provoquer une érosion grave. La pression démographique menace
gravement le .patrimoine fragile des terres cultivables en Afrique, au
Moyen-Orient et dans certains pays d'Amérique. Les régions arides et
semi-arides risquent de manquer d'eau d'ici à l'an 2000. La désertifica­
tion et le déboisement (souvent irréversibles) ont réduit .Ja supetficie
des terres cultivables, rétréci ,}'habitat de fa faune et de 1a flore sauvages
et restreint .Jes espaces naturels ( 1).

(1) A titre d'exemple, la région de P�lmyre, en Syrie, maintenant déserti­


que, était du temps de fa reine Zénobie, au second siècle de notre ère,
une magnifique oasis et la route Palmyre-Babylone était bordée d'ar­
bres ! L'ile de Pâques, comme ile montrent des études récentes, était
couverte de palmiers. Ce sont .les habitants qui pour construire des
bateaux ont déboisé l'ile jusqu'au dernier arbre « omnes ad unum »
au point de s'y trouver définitivement enfermés !
COMMUNICATIONS 475

Cependant, la pression démographique n'est pas fa seule responsable


des atteintes portées à l'environnement. Les effets de 1l'énorme consom­
mation d'hydrocarbures des pays à revenu élevé et le déboisement pra­
tiqué dans des régions tropicales faiblement 1peuplées commencent à se
faire sentir à l'échelle mondiale. ll en va de même des effets de l'accu­
mulation des quantités de plus en plus considérables de matières dange­
reuses, produites principalement par les pays industriels. De graves
problèmes de pollution atmosphérique et de poHution de l'eau se posent
dans certains pays en développement. De plus en plus, les dirigeants des
pays en développement s'attachent à limiter les retombées néfastes de Ja
croissance.

PROTECTIONNISME ET COMMERCE

Le succès manifeste des politiques de développement ouvertes sur


1e commerce international est en partie à l'origine de la faveur que
connaissent les ·politiques olaissant jouer Jes forces du marché. De plus,
les pays à revenu élevé ont désormais conscience de la contribution du
commerce à la croissance et au développement industriel dans les pays
du Tiers-Monde. Ceci les a amenés à aocorder 1à ces pays diverses conces­
sions et préférences (notamment dans le cadre de .fa Convention de ·Lomé
signée entre la CEE et divers pays africains et de l'initiative du bassin
des Caraïbes prise par les Etats-Unis). Malgré cette évolution et en dépit
de la croissance encourageante du volume mondial des éohanges enre­
gistrés ces dernières années, le système commercial mondial est aujour­
d'hui beaucoup moins libéral qu'il y a quelques années. Les gouverne­
ments ont consenti à des réductions de la protection tarifaire classique,
mais y ont substitué d'autres obstacles au commerce. Les « mesures
spéciales de sauvegarde » prises par fos pays industriels pénalisent de
plus en plus les pays en développement. Les accords sur les textiles, par
exemple, et la réduction des contingents pour le sucre et d'autres pro­
duits agricoles ont grandement freiné les exportations des pays en déve­
loppement. La proportion des exportations de ces pays qui se heurtent
à des obstacles non tarifaires est de l'ordre de 20 % ; mais fa proportion
des exportations des pays en développement qui se heurtent à ces obstacles
est en fait plus élevée pour les produits agricoles (26 % ) que pour .Jes
produits manufacturés (18 % ).

Les accords commerciaux ·bilatéraux, qui tendent à se multiplier,


constituent une autre entorse inquiétante au principe de non discrimina­
tion énoncé dans l'accord général sur les tarifs douaniers (GATT). Bien
souvent, les accords bilatéraux ont un effet discriminatoire à J'égard des
pays tiers ; ils risquent également de porter gravement atteinte au sys­
tème commercial mondial.

La montée du 1bilatérisme et la multiplication des obstacles non


tarifaires mettent en ·relief l'importance des négociations commerciales
476 BULLETIN DE L'ACADâfm

Tableau 1

-h

·� 0 �
I "<}

�.e/f.� �.
� ..
-
.
, . •)
..
.1 ... ....
. . · �

/J(J\
�)


0-9% Pour obtenir la part de l'agriculture ,/



- dans le PIB, on divise la valeur ajoutée duction. Dans les pays où l 'agricu lture
10-19%

du secteur agricole ·par le produit inté­ de subsistance occupe une place impor·
20-39% tante, il est difficile d'estimer la part de
rieur brut. Les pays ont été classés en
40%et plus fonction de cette part. Par exemple, l'agriculture dans le PIB, car on ne peut
i:ians les pays colorés en jaune, la part attribuer une valeur exacte • l'agricul­
0 Données inconnues de l'agriculture dans le PIB .va de 0 à ture de subsistance. Pour plus de
9 %. Ces parts ne donnent aucune indi­ détails, se reporter à la note technique
cation sur la valeur absolue de la pro- relative au Tableau 3.

Balances extérieures des pays à revenu faible ou intermédiaire


rourcentage Pays à faible ravs à revenu Pavs fortement Afrique
·
JuPIB revenu inter médiaire endettés subsaharienne

1970-79 1980-83 1984-87 1970-79 1980-83 1<J84-87 1970-79 1980-83 1984-87 1970-79 1980-83 1984-87

()

-1

- 2

·-3

-4

l.J bJlance dl'S u�rations couranll'S lbil·n� et st.•rviu•s. revenu ••t t•nwmblt• •'•'S tr.msîl•rts
'-•no; n1ntrep;irtÏc.') rtôcapitule ll'S tr.ms.-..:tions •1ui ont pour l'ffot J'.1n:mitn• 1111 J•• n'Juire Il·
stuck J',1v11irs financier.; t•·;t.!rieurs Je 1·.�onomie. Il .irriYl' c••pt•nJ.mt •1uc l<'S tr.msh•rts
1•ublics 'iJns contn•partic.• (l'S.'il.'nlit•ll••m1•nt 1'.1iJe t'"h;ri••url' o;ouo; formt• Jl• <Ions. J".1iJt•
_,,
.1limentaire t'l t.l'.1ssistancc ll�hnic111e) ;,,oient .1ssimill's :1 tlt'S m ou wment� dt• t-.1pit.111" oîli· ·

ddo;. Il y .i .ilurs lieu J'inJi<fuer Il• ,.olJt• cour.int .iv.mt lt•s tr.mslt•rh publics. p.irfois Jppl'lt;s
.. 1111.11 ;, fin.1nct•r•. On truuvt•r.1 tlo• plus .11nplt'S Jd,1ils tl.ms l.1 nuit• 1t..:hnit1u!! rl'l.1tivt• .1u
7 1:1blt•.1u IH; il cunvient d1• nutt'I' •!Ill' n• t.1t>lt•o1u Jnn m• ill'S v.ilt•urs •·n dollo1rs pour 1'>711 ••t
l'JK7• •durs llUC, J.1ns lo1 figun•, il ,.·,1);11 th• lllllVl'nn•"- pour dl.llflll' pt•ric.Jt'.· ,.,primt'l'S •·n
pourcentage Ju 1'18.

---- SolJcl·ourant --- SolJe .-uur.inl D Fin.inccmt•nt p.u tr.msierts


(.ipn.-s tro1nsforts publics) (.1v.mt lr.msh�rts publics) publics nets

..,,,,,. : l.l-s krml'S l'i mt.'thodes utilist;., sont e�plit1ut'S tlJns lt-s nnlt"i lt'<·hnil1ul'5 rl'l.ltiVt'S au fJbll•oJu 18.
COMMUNICATIONS 477

Tableau 2 : Agriculture et alimentation

...., .
c.......- ,,.,. _
.... .. , ,..,., ,,.,..,.
•---w .,......
,.� ....... .__.,.,,,. .......
..... ·� ,."'*"' ,. ..... ,. ....
...,,,_, ...,,,._, .....,._, .,,,,, ..,.,, 11'7'-11 •,,.,,
"" ,., 1974 !l!Z /974m l9llM7 11:100 l9lt6 /9IS-ll7
U.Mt 2J6.21Jt 22.767' 27.7511 UG2t "" ' 161 w "'" 115"
"!:.:..... .....
..... SU.St ISU5't ll.2t5t 15.tGt 1.5121 7911 Dl• ,,, ., .., ..
A-.!!!! ..... _ 21.413' .... , ll.472' ll.117' 4.4211 5•• , '72w Jllw 1•w

lg:· ( ..
931 2.031 Ill 609 S4 5'10 ' 66 "
/(JIJ 3 Il 0 3 10 112
J T_, 14'2 411 37 71 20 29 7 Il HM
'"Utlt/' ,., 1.157 3'3 4'1S 1 56 Il 15 99
, ...... 3.636 1.327 1.166 J..711 2.076 l,S89 1s·1 673 9S
' MIPlwi 119 ... . 17 Il 0 10 52 131 117
, """ SJ9 Ull Il 61 0 22 27 20S w
1 IDP:.O 53 37 1 0 2 0 123
....... 7'7 62. 406 3' 34'4' 22 19 IM
IO,._.. 473 1.112 '31 ID 1'8 SS 31 77 90
118llldllr.o 126 626 99 16' 21 22 3 61 Ill
12 � 266 179 114 140 7 llS 61 23 97
IJ Md '1.07 1.(151 211 16 107 77 31 166 101
... ..... 1'9 611 7 13 6 2 s 2J 100
15.,.... 191 m 93 150 s 116 73 .... ,,,
.. ...... 420 729 155 13 73 Il 1 7 17
9l9 2.110· 36 26 0 15 ... 123
::&:" 31.111 90.102 6.033 IU'1'1 0 SIJ 4'10 1.74'0 12'
lts..tia 167 1.22.. •2 3'J Ill 156 25 16 102
20� " 35' 6 16 Il 6 3 71 19
21 .... 23.227 6'.25' 5.261 '6 1.512 20I 110 S7I 109
22 ....... 136 7IM 3 Il 19 16 3 20 16
23 Silall.- 1œ 402 72 152 10 43 17 22 . ..
,. ... 121 726. 7 77 9 1 36 63 ....
'° 415 7 J7 1 6 12 1 CM
25 !!.:----
• S.,. .... 2.139 15 274 2 107 231 Sii 9J
11 S.- 757 J.OM 125 '107 " l90 21 67 100
21...-. 3.352 UJO 1.27• 371 SIM '56 1'6 162 105
2t ...., 13 171 25 19 ' 23 96
. ....... 23 57 ... 9' 1• 32 10 130 13
5.«*> 7.379 319 677 7 0 2 " 105
n= i.œo 2.561 177
951
223 JJ 64 13
531
27 106
Jl Slil.llb 545 1.621 533 271 214 1.015 13
>tY....__. 132 141 212 0 10 66 17
lS ...... SI 310 115 206 ... 30 Il 50 90
36 ....... 4.340 17.769 1.919 2.001 301 379 133 980 117
37 LMil 91 Jll 42 117 3 2 63 " 96
. ....... ' "' 10 103 2' 106
39 .... ai9 ...707 26 9 0 21 206 127
40 GilW 63 203 •9 92 19 ' 93
'I ......... 223 IO 226 2 Il 0
42 .,.,.,_ 1.15' 6S3 "' 76 513 620 . ...
't!:.oc=:111
:.. 1 • 4U'2t &54Jt71.12'7' UlSt 5.361 t "'" '5Jw 101 w
21.591 22.•t JUJSt 1.•1 5.JJlt 355w '61w 101 w
D 1.024' 3'1 •3• 27 IO 17 '° 105
: :.:!J 20Z t.056 209 251 22 219 7 20 ...
.., ZÏllllllWI 214' 5'10 56 71 0 JI "' m 91
. ...... 1.996 1.371 117 910 19 3'9 217 425 93
'1 Y.... .... 111111� Ill 1.192 151 135 33 13 1 111 115
... ...... J.110 191 2.251 611 109
.. :e:::" .... d"
719 75 117 312
. 1.9'2 7.291 3.m 9.326 610 1.977 1.312 3.193 106
'° ·� 240 "' 71 114 0 () SI 314 ..
,,..,......._.. 212 910 252 613 16 117 33' "' 99
52 a. d'lvailt 462 2.721 172 67S ' 0 " u 105
n ....... 212 76S 52 171 31 137 156 2.."0 Il
,..._.... 193 "" .... 129 3 35 215 SJS 74
"� 1.137 7.745 97 25S (). Il 59 236 107
'6EJ� 292 656 75 112 ' 227 l.OU 906 19
,, c...-. ....... dl/' 49 262 3' 97 0 "' 59 92
,....._. 93 17' 3'0 412 1 333 173 509 102
"o....11 131 214 9 193 291 621 9'
'° o...-1' 36' 3.009 Il 2IJO ' 6 34 7S ,.
.. � 191 1.2'° 7f 2 10 2 • S7 107
62 ....... 401 1.707 152 3'7 13 Sl 133 '°9 101
6J ....._. 21 "' 21\ 137 s .... " s 75
.. Y.- 24S 1.504' 'X1I 1.1'10 59 )96 76 226 "'
3.313 I0.610 1.276 16 3 157 MN 101
=��.
62'
1.117 6.191 503 163 216 21 7'10 970
67 Oili" 551 1.737 244 313 323 '°° 104
Il
lllr:La-......_ . ..,..œ .. --111.._ • ._ ... . _ ... __,.,...., Ladliff�atilm!Ïqlle�ildca.-nau1r.�
1:1111111:-· ft'.
478 BULLETIN DE L'ACADÉMIE

Tableau 2 (suite)

v.._ c-w.
IMitt�
...... d ·,,,.,.;, lcntMiltn
. ,,..,.,,
,.,,,,..,._ lllllpO'Wiolu Miltalillt...,.n .,,_,_rinfl �
,,... . tkdrNla MC·'rtM1J ,.,1watw
dn,,,.,llnllMI ,,., ....
...,._, t•iwn•-1 "1Ulüns•-s1 11979-11•11111
llJ'JO 1981 1914 19&1 191411$ IHll/31 19'10" llJatl llJM-31
61 îQtWC l.3SI 4.m 637 1.894 37 237 300 313 98
69 M.nœ 30 220 UiO 197 22 IS 2.09S 2.364 103
70 JOldlDie � 44 J7S 171 9SO 79 20 74 300 IOI
71 Cosa� sy m 793 110 19S 1 S4 1.001 1.616 92
JI
Mp.
72 arà 43S 6.S28 339 1.374 47 68 43S 96
73 � 1 . 198 1.023 2.130 489 l.S70 126
74 Me� 4.462 12.205 2.811 4.797 4 232 737 97
7S Afrique dia Sud 1.362 4.194 127 266 422 621 84
76 4 . llS 2.962 1.678 2.342 IOI
77 � 136 3S4 479 26 37 l.3S4 S77
Trmdle ....... 21.5191 11.5891 35.4141 3211 2S I 29S w 64Sw 101w
78 Blâil 4.392 27.965 2.48S 3.871 31 7 186 Sl4 107
79 268 847 70 166 6 0 48S 471 100
80 �.:.:-; 1.010 4.022 408 660 1.497 2.61S JIO
Il ..._.. 149 41J 63 116 3 387 616 96
12 � 2.2SO 9.0S3 0 1 26 43 98
13 2.212 6.81S 992 782 770 l.J I S 97
84 !.� 492 8.021 1.816 3.823 S4 4 163 361 103
8S 2.311 13.817 2.679 8.7S8 234 2.4SO 3.8S3 100
86 �Mp.dc' 60 379 24 S6 22 97
17 Ponupl 3 . I M> 1.861 1.344 428 978 10 3
81 V� 826 2.938 1.270 2.003 170 1.404 93
89 Gitce 1.569 6.461 1.341 1.074 861 1.707 103
90 Trin*�·TCJb.ao 40 178 208 282 880 432 9S
91 Libye 93 612 1.426 62 114 76
92 OmM" 40 212 S2 287 936
93 1"111. /Up. is1-illwd' 2.120 2.076 S.621 13 60 614 99
94 1,.,,. S79 870 4.212 34 3SI 105
9' � 1.381 197 S6S 1.301 112

..,. ...........
... Ill l1 l.JUltl "'-•1 6J.JOt1 9'.5771 7.9211 12.ll39 I lllw 613w 111 •
Alrtiw- t 1 lww 14.9111 G.7141 3.9" I 7.IOSI 9101 J.0561 JJw ... 181•
.W.•l'&S 45.4461 152.1211 14.177I 31.•1 9JJt l.eJt J67w l..U.w Ww
.w.•s.t Jl.191' 11.177I UNI 2.IJJ I 4.5221 2.562' ll4w -· •••
...... �
.. A*"91• Nard lf.S2't lJ.4051 •.mi 1.010' J.281 475w ,. ., 115•
............. c:.... 1L5671 ll.SJ71 17.334' 56Jt 1.72S' 176w 4.Slw ••
17� ............ 27.3111 lJ.657' 20.3511 6J1t •••1 ••• GSw Ill•

..-am 19.0771 JOJ.305 I 61.943 I 73.740 I SJt 993w 1.172 .. UMw


�--- •l'OCDE U.2731 2"."11 65.5351 '°.2S51 99S .. 1.163w 113•
tAuua 7141 4.3111 3.4091 IJ.485 I 53 t 514 .. J.131 .. 134•

96� 12.557 4.67S 1.943 S93 909 ICM


97 Irlande SS9 2.78S 640 461 3.690 8.661 98
98 tArabie salll--
ld 219 J.446 482 8.627 S4 3.496 209
99 tlsrad' 29S 1.176 l.90S S3 1.401 2.198 ICM
100 Nouvdle-Uludc' llflJ J.210 92 S1 7.74S 6.219 110
IOlt� 44 IOS 682 810 2.SOO 13.000 94

:: f:'JK-a
62 171 6S7 826 0 S6
8.465 25.962 8.101 7.329 896 1.692 101
UM 11oy_.Ulli 2.99S 8.567 7.540 3.722 2.631 3.798 I OI
1œ AUSlnil� 2.178 7.115 2 27 232 2S8 97
106 Bdg.... 920 2.964 4.S8S4 4.74Jd S.686" S.2834
107 Pays-S.- 1.827 8.4S6 7.199 4.S93 7.493 7.69S 110
108 Aullichc9. 992 3.144 164 99 2.426 2.062 109
109 F� 9.366 26.91} 6 S4 1.130 2.43S ).091 106
110 Allemagne, Rq,. féd. d'� S.9SI 16.S41 7.164 4.462 4.263 4.279 112
Ill Finlande l.20S S.ISS 222 126 1.930 :?.184 IOS
112 tKowc... 8 176 101 364 1.000
113 Danemark 882 4.134 462 3SI 2.234 2.44S 121
114 Cô!Nlla 3.280 10. 449 l .SIJ 447 191 474 110
llS Suède 1.394 4.S31 300 26S 1.646 1.JM 103
116 Japon9 12.467 65.384 19.SS7 27.79S 3.882 4.271 109
117 tEmu.is anbes unis 420 132 642 737
118 Norvqe 624 2.872 713 460 2.443 :?.720 IOI
119 Ews-Unm' 27.829 87.4KZ 4(i() 1.306 816 918 97
120 SuiMe 1.4S8 911 3.831 4.2CM 106
TGlllldea..,.� 211.2391 132..mt 173.316 I 7.9111 l2.ll39 I 47Jw 134., Ill•
&,...• ... ...... 22.4521 lUOS I 4U851 l.GJlt 2.4"' 14Jw ,., .. •••
Pa,s - mcmlns
-IWdlr-. 15.475, 37.JJO I 611 "' " 1.251" 111 •
'": � pour 1969-71. b. La llOÛIUajofU,dalu ,..,_,ricw/111,,esiQlculc!e•• prixd'aapiisilioa. c. Lesclliff,.delavolnrujcMlttdulu/'uil'ÎCllllln-
poadctll au pruduil inrétieur ner au COIÏl des t'actcun. d. Y �-umpris le Lll•cmbnurg.
COMMÙNICATIONS 479

de l'Uruguay (2). Ces négociations portent sur des questions aussi oom­
plexes que le commerce des services, la ·protection des droits de propriété
intellectuelle et la réforme du commerce des produits agricoles. Les pays
lourdement endettés comme l'Argentine, le Brésil et le Mexique, souhaite­
raient voir des progrès sensibles dans le commerce des produits agricoles.

Les pays en développement peuvent aussi .améliorer leurs chances


sur les marchés d'exportation en adoptant une politique des changes
appropriée, c'est-à.-dire dévaluation de leur monnaie. Ceci n'a malheureu­
sement pas joué pour les pays francophones d'Afrique dont la monnaie
(CFA) est liée au franc.

L'ECHEANCE EUROPEENNE DE 1992 ET LES PAYS


EN DEVELOPPEMENT

·L a Communauté Economique Européenne (CEE) va faire du marché


européen unique une réalité d'ici à 1992, en éliminant les obstacles à la
libre circulation des biens, des services et des facteurs de production. Le
but de cette intégration est d'encourager la spécialisation, de renforcer
la concurrence et d'accroître l'efficacité de l'économie européenne. La
.
réalisation de l'objectif 1992 aura certainement d'importantes répercus­
sions pour les pays non membres de la CEE, car les ventes des pays en
développement sur le marché communautaire représentent environ 30 %
de leurs recettes d'exportation.

Pour que iles biens et les services puissent circuler Ubrement à l'in­
térieur de la CEE, trois mesures devront être prises, dont chacune aura
une incideoce pour les pays en développement. La première consistera à
supprimer les contrôles frontaliers. Ces contrôles pemiettent actuellement
aux pays européens d'appliquer des restrictions quantitatives. Ces restric­
tions touchent principalement les importations de textiles et de vêtements,
mais elles s'appliquent aussi à d'autres importations en provenance des
pays en développement, telles que les bananes venant d'Amérique latine
et iles jouets fabriqués en Asie. La CEE pourrait décider de substituer
aux restrictions quantitatives à l'échelle de .Ja Communauté. Son attitude
à cet égard dépendr.a de l'issue des négociations d'Uruguay.
La seconde mesure consistera à éliminer les obstacles techniques au
commerce. Ces obstacles seront éliminés de deux façons : par homologa­
tion réciproque des normes techniques (dans la majorité des cas) et par
harmonisation (ce sera le œs des réglementations sanitaires et vétérinaires
et des réglementations en matière de sécurité et en matière de protection
de l'environnement). Selon ·le principe de l'homologation réciproque des
normes, les produits ·commercialisés légalement dans l'un des pays mem­
bres, qu'ils soient fabriqués dans un pays de la Communauté ou ailleurs,

(2) Uruguay round où les accords du GATI ont été négociés.


480 BULLBTIN DB L'ACAD:èm!

pourront circuler librement dans toute la Communauté. La suppression


des obstacles techniques devrait être particulièrement bien accueillie
par les entreprises des pays en développement dont le volume des expor­
tations vers la CEE est relativement modeste ; ces entreprises ont en effet
plus de mal que les autres à supporter les coûts supplémentaires qu'entraî­
nent les obstacles techu.iques.

La troisième mesure consistera à ouvrir les marchés publics. Cette


mesure s'étendra à quatre branches essentielles qui n'entrent pas dans
le champ d'application du Code pertinent du GATT : l'énergie, les télé­
communications, les transports et l'approvisionnement en eau. Etant donné
que les marchés publics intéressent dans une ·lal'ge mesure des secteurs
à haute intensité technologique, le changement concernera davantage les
pays industriels que Jes pays en développement.

Si la réalisation de l'objectif 1992 stimule la croissance intérieure


sans entraîner le renforcement des obstacles au commerce extra--commu­
nautaire, l'Europe importera davantage, ce dont profiteront les pays en
développement. La manière dont les ·pays exportateurs se partageront
cette clientèle supplémentaire dépendra de la composition de la demande
et des préférences commerciales existantes. Dans la perspective de 1992,.
l'accent est mis sur le commerce des produits manufacturés. Les effets.
de l'unification du marohé européen sur les pays en développement dépen­
dront de la compétitivité de ces pays et de .la politique commerciale de
la CEE à leur égal'd. La nature des préférences commerciales accordées.
par la CEE à différents groupes de pays en développement pourrait aussi
être modifiée par suite de l'unification du marché. On peut prévoir des.
négociations difficiles à ce sujet.

LE PROBLEME DE LA DETTE

Même si un grand nombre de pays en développement ont eu du mal


à assurer le service de leur dette extérieure, dès le début de la crise de
la dette, en 1982, c'est le sort des 17 pays à revenu intermédiaire lourde-·
ment endettés et surtout débiteurs de banques commel'Ciales, qui a retenu
le plus l'attention. La raison d'être en est que, dans .Jes premières années.
de la crise, on pouvait craindre qu'une éventuelle défaillance des banques.
créancières de ces pays n'ait de graves conséquences pour le système
financier international tout entier. Bien que la situation de certaines.
d'entre elles reste périlleuse, ces banques suivent depuis 1982 une stra·
tégie de crédit qui tend à éliminer ce risque grâce à la constitution de·
provisions suffisantes pour :la couverture des créances douteuses, par·
exemple celles concernant les pays peu solvables. Ces dernières années,
la spécificité des problèmes d'endettement des pays d'Afrique sub-saha-·
rienne a reçu une sanction officielle. Ces .problèmes diffèrent de ceux.
des autres pays louroement endettés en ce que la majeure partie de la
dette des pays africains a été contractée envers des Etats et moins envers.
COMMUNICATIONS 481

des banques commerciales. Néanmoins, -ta quasi-totalité des pays endettés


ont souffert de la hausse des taux d'intérêt réels et de la contraction du
crédit ·bancaire enregistrées depuis 1982.

L'effondrement du système financier international a 1pu être évité.


Cependant pour la majorité des pays lourdement endettés, la crise de la
dette a entraîné aussi une crise de croissance. En 1988, Je taux de crois­
sance économique de ces pays a été inférieur à 2 %, en dépit d'une forte
demande sur les marohés d'exportation et de la croissance rapide de
l'économie des pays à revenu élevé (le volume des exportations a augmenté
d'environ 6 % et la valeur unitaire des exportations exprimée en dollars
de plus de 15 % ). La situation des pays lourdement endettés a donné
cependant un signe d'amélioration en 1988. Deux pays latino-américains
parmi les plus endettés (l'Argentine et le Brésil) ont été en proie durant
l'année à une vive instabilité économique.

L'exemple de la Corée montre qu'il est possible de s'arracher par


la croissance à de graves problèmes d'endettement. Cependant, lorsque
les banques commerciales hésitent à accroître leur portefeuille de prêts
consentis à des pays ayant des problèmes d'endettement, les pays emprun­
teurs ne parviennent pas à financer les investissements nécessaires à leur
croissance. Les ressources indispensables au financement de ces investis­
sements pourraient provenir, soit d'une 1augmentation de l'épargne inté­
rieure, soit ,de rapatriements de capitaux .

L'initiative BAKER, Secrétaire d'Etat au Trésor, mettait l'accent sur


la nécessité de maintenir les apports extérieurs nets de capitaux publics
et privés. Les apports publics nets de capitaux à long terme se sont élevés
en moyenne à près de 6 milliards de dollars par an ces trois dernières
années, mais, dans le même temps, les apports annuels nets moyens des
banques commerciales sont tombés à moins de 2 milliards de dollars.

Depuis le début de 1988, les gouvernements et les banques créanciè­


res ont acquis la
· conviction que la solution de Ja crise de la dette passait
par une réduction du volume de la dette. Les pays créanciers ont décidé
d'accorder des aUègements de dettes aux pays les plus pauvres et les plus
endettés, tels que les .pays d'Afrique sub�saharienne.

La suspension des paiements, l'aocumulation d'arriérés, des em­


prunts supplémentaires, des rééchelonnements (modification de l'échéan­
cier sans modification du montant total de la dette) et ·l'allègement de 1a
dette, sant autant de moyens de modifier l'échelonnement ou le montant
des remboursements. La persistance de la crise de la dette et en particulier
les faibles taux de croissance qui en ont résulté dans les pays très endettés,
a conduit fa communauté internationale à réévaluer en 1989 sa stratégie
d'aménagement de la dette. Il reste à arrêter les détails de la nouvel.le
stratégie, mais ses grandes lignes se dégagent déjà clairement. Les réduc­
tions de dettes recevront une sanction officielle et seront en partie finan­
cées par le FMI et la Banque Mondiale, à condition qu'elles s'i'llScrivent
482 BULLETIN DE L'ACADâfIE

dans le c�re des programmes d'ajustement 1hardis et efficaces. La stra­


.

tégie tendra à récompenser les pays qui se seront attachés Je plus énergi­
quement à restructurer leur économie. ·Les pays devront de plus en plus
se tourner vers de nouvelles formules de financement extérieur :
les investissements directs et iles prises de participation, et compter suT fo
rapatriement des capitaux enfuis.

L'élément de cette nouvelle stratégie d'aménagement de la dette


sera la poursuite de l'effort d'ajustement entrepris par les pays débiteurs.
Sans un sérieux effort d'ajustement, une stratégie d'aménagement de fa
dette, quelle qu'elle soit, ne saurait relancer la croissance. C'est justement
le ·but de .la nouvelle stratégie de faire en sorte que Jes pays qui ·Sont
sérieusement engagés sur la voie de l'ajustement soient en mesure de
connaître de nouveau l1a croissance.

Ceci ne se fera pas sans une nouvelle injection massive de capitaux.


Or, ce ·sont avant tout les hanques commerciales qui peuvent consentir
de nouveaux prêts aux pays endettés. Elles seront d'autant moins dispo­
sées à 1e :faire qu'e1les ont été .forcées par leur 1gouvemement respectif à
conclure une réduction de .la dette avec fos pays débiteurs. C'est la négo­
ciation exemplaire du Mexique, avec 300 banques, qui sera le modèle
à ·suivre pour le rétablissement de l'équilibre financier international qui
est une condition indispensable pour assurer Ja paix mondiale.

Vous aimerez peut-être aussi