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J'atterris ici après avoir regardé la vidéo de Code-Rno sur le même pistolet, et je dois faire le

même commentaire : cette vidéo est une série de contresens.

Pour comprendre le VP70, il faut réaliser dans quel contexte il a été créé, soit le coeur de la
guerre froide avec une menace constante d'invasion du bloc soviétique. Pro memoria,
Prague, c'était en 1968. Même contexte, mais différents procédés qui ont fait que
l'introduction du f ass/Stgw 57 a été accélérée brutalement dans l'Armée suisse - après la
violente répression de la révolte hongroise en 1956.

Bref, est-ce que le VP70, M ou Z, est un pistolet de police ? une arme de service pour sous-
officiers ou samaritains ? une arme de survie ? un pistolet de sport ? Non. Le VP70,
particulièrement dans sa version M, c'est une Sten - une arme destinée à être produite
massivement, au coût le plus bas possible, qui demande peu de compétences techniques
pour être maniées et qui va servir à armer les réseaux de résistance contre les troupes
d’occupation.

Donc on peut parfaitement lui reprocher sa laideur, mais elle découle directement du cahier
des charges - et en ce sens, c’est un chef d’oeuvre de design. Tous les pistolets ne peuvent
pas ressembler au P210.

On peut lui reprocher le poids de sa détente, mais on ne peut pas le faire en sortant l’arme
de son contexte. En 1970, les règles de sécurité en sont à leur balbutiement, et le fait de
garder son index dans le pontet était encore normal.
Dans l’optique d’une guerre de partisans, équipés en PDW pour éviter une interpellation,
faire du bruit, mener quelques embuscades, récupérer des AKM, ou flinguer de l’occupant
ou du collabo, une détente de ce type fait parfaitement sens, d’autant qu’elle permet de se
passer de tout type de sécurité manuelle. Les gens qui se sont foutus de la gueule du Sig
Sauer P320 (le “Dropgate”) respectivement les dizaines de porteurs d’armes qui ont des
décharges négligentes avec leurs Glock (ou assimilés) lors des phases de dégainage ou de
rengainage apprécieront.
En tout cas, on ne demande pas à un tel pistolet de faire du point à 25 mètres (même si je
pense qu’avec un peu de travail à sec et un tireur qui maîtrise ses fondamentaux, il doit y
arriver).

On ne peut pas non plus lui reprocher son arrêtoir de magasin au talon de la poignée. Ce
n’est peut être pas hi-speed/lo-drag pour gratter du dixième de seconde en compétition
IPSC, mais après étude de centaines de vidéos d’usage d’arme à feu de façon défensive, je
n’ai pas connaissance d’un seul cas où un protagoniste aurait sorti un shoot-timer durant la
confrontation.
Par contre, l’arrêtoir de type “Browning”, contrairement à celui de type “Luger” (pour plein de
raisons idiotes, les gens inversent les types européens et américains d’arrêtoirs de
magasin…) est orienté rétention plutôt qu’éjection.
Sur une arme de compétition, c’est chiant ; sur une arme de service, c’est plutôt pas mal
d’assurer la présence d’un magasin dans le pistolet.
Pour les gens à qui l’éjection accidentelle d’un magasin n’est jamais arrivé, vous ne tirez
juste pas assez, respectivement dans des conditions trop confortables ou peu réalistes.
Ce n’est pas un accident si le SIG P210, le P220, le P225 “montage suisse”, le Makarov ou
le P38 ont tous des arrêtoirs au cul de la poignée, quand leurs prédécesseurs étaient plus
“ergonomiques” (en tout cas pour les droitiers, les gauchers étant à peu près aussi
considérés que les roux à l’époque).
Ce n’est pas un accident non plus si tant de MAC 50 étaient trimballés avec un bout de
chatterton sur la poignée pour maintenir le magasin en place.

Le système de crosse-holster ? C’est marrant, c’est presque comme si elle se doublait d’une
solution de stockage dissimulé pratique…

Alors peut-être que le tout est encombrant, mais on a néanmoins une arme de poing qui est
relativement plate et lisse (donc pas si désagréable que ça à porter) et dotée d’une
puissance de feu non négligeable (pro memoria, à l’époque, hors le GP35, c’est le double
d’un pistolet et le triple d’un revolver). Je ne suis pas un obsédé de la capacité de magasin,
mais dans le contexte (toujours le contexte !), c’est quand même pas mal.

Pour moi, le gros défaut de ce pistolet-rafaleur, comme pour pratiquement toutes les autres
armes de cette catégorie, ce sont les vitesses de cycle délirantes qui le rendent peu utile,
même à très courte portée, et malgré l’utilisation de la crosse. Par contre, en semi-auto,
c’est plutôt redoutable.

/rant

tl;dr : un pistolet non sans défauts, mais parfaitement incompris parce que sorti de son
contexte. C’est une arme qui n’a pas trouvé son marché, parce que la Guerre froide l’est
restée, froide.
Mais sur son marché de niche, il n’y a que le Liberator, le Deer Gun et les Volkspistole de la
Mauser et de la Walther.

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