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LA BIBLE N’EST PAS

UN LIVRE SACRÉ
MAURO BIGLINO

LA BIBLE
N’EST PAS
UN LIVRE SACRÉ

LA RÉVÉLATION DE LA PLUS GRANDE


SUPERCHERIE DE L’HISTOIRE

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Titre original : La Bibbia non è un libro sacro. Il grande inganno

© 2013 Uno Editori


via Italo Calvino 17
10043 Orbassano - Italie

coordination éditoriale Chiara Naccarato

traduction Orsola Gelpi


révision Olivier Magnan
couverture Tecnichemiste srl, Bertinoro - Italie
mise en page JMD srl comunicazione, Cantù (Co) - Italie
eBook by ePubMATIC.com

1re édition juillet 2016

2e édition mai 2019

© 2016 Macro Éditions

Ce livre est une co-édition, publié par Uno International et Macro Éditions, deux marques
distribuées par le Groupe d’Édition Macro (Italie)

Collection « Savoirs Anciens »


www.macroeditions.com (France)
www.gruppomacro.com (Italie)
Via Giardino, 30
47522 Cesena - Italie

ISBN ePub 978-88-2850-245-6


ISBN Mobi 978-88-2850-247-0
Table des matières

Préface de Sabrina Pieragostini, journaliste

Introduction : de la Bible à Pinocchio

CHAPITRE 1 - Pourquoi un tel titre pour ce livre ?


CHAPITRE 2 - La Bible est-elle crédible ?
CHAPITRE 3 - Les discordances sur le prophète Daniel et les 11 livres
officiellement disparus
CHAPITRE 4 - L’histoire de David et Goliath et autres divergences : qui
croire ?
CHAPITRE 5 - La Bible doit être considérée pour ce qu’elle est, c’est-à-
dire l’un des nombreux livres écrits par l’humanité
CHAPITRE 6 - Les Elohim, Yahvé et les incohérences de la thèse
dogmatique
CHAPITRE 7 - Qui étaient ces Elohim que l’on a fait devenir Dieu ?
Quelles étaient leurs caractéristiques et comment
agissaient-ils ?
CHAPITRE 8 - Les Dix commandements : les incohérences entre Yahvé
et Moïse
CHAPITRE 9 - Toujours à propos de Yahvé, le prétendu Dieu
CHAPITRE 10 - Autres entités spirituelles hypothétiques : anges, géants,
Satan et machines volantes
CHAPITRE 11 - Quand Abraham découvre que Dieu se fatigue, se salit, a
faim
Comment une religion peut-elle naître à partir de telles
CHAPITRE 12 - données ?
CHAPITRE 13 - Adam et Ève n’ont pas donné naissance à l’humanité
CHAPITRE 14 - Que dit la science, qui cherche le prétendu chaînon
manquant ?
CHAPITRE 15 - En quoi consiste et par quoi s’est concrétisé le « péché
originel » ?
CHAPITRE 16 - Ce qu’on nous a dit sur la Bible est-il faux ?

Bibliographie essentielle
Préface
de Sabrina Pieragostini, journaliste au sein du groupe de médias
italien Mediaset, ufologue

I
gnorant. Présomptueux. Lâche. Et même hérétique. Il suffit de faire un
tour rapide sur les forums où sont commentés les livres de Mauro Biglino
pour tomber sur ces qualificatifs et d’autres tout aussi peu urbains. Pour
ma part, je préfère utiliser un autre adjectif : déstabilisant. C’est l’effet que
produit sur moi la lecture de ses traductions et interprétations du Livre des
Livres, cette Bible que nous possédons presque tous chez nous et que presque
personne n’a ouverte. La sensation que ses œuvres procure à ceux qui,
comme moi, ont reçu une éducation catholique traditionnelle est identique à
celle que l’on éprouve au sommet d’une montagne, face à l’abîme : peur et
attirance mêlées. On sait que ce peut être dangereux, mais la curiosité est plus
forte…
Lire Mauro Biglino signifie éprouver constamment le vertige. C’est
remettre en cause toutes nos certitudes, renforcées par des siècles de doctrine,
de catéchisme, de traditions populaires, construites sur la base de l’Ancien
Testament en tant que texte révélé par lequel Dieu s’est adressé aux hommes.
Mais ces bases semblent s’effriter sous les coups de pioche d’une analyse
textuelle, pointilleuse jusqu’à en devenir obsessionnelle, qui met en relief la
moindre contradiction et élimine toute superstructure théologique. Ce qui en
ressort est une autre histoire, très différente de celle que l’on nous a
enseignée.
Dans ses précédents ouvrages, Biglino a procédé avec la méticulosité du
philologue, en traduisant littéralement des passages entiers depuis l’hébreu ou
en s’arrêtant sur des mots isolés. Il confrontait les variantes et interpolations
du texte massorétique, examinait les possibles et diverses interprétations. Un
travail d’académicien – même s’il était en nette opposition avec la lectio
dominante – qui contraint le lecteur à un supplément d’attention et de
concentration pour suivre l’érudit. Mais dans ce dernier ouvrage, même s’il
n’a pas renoncé à la rigueur de ses recherches, son discours se veut beaucoup
plus fluide et direct. Avec deux conséquences : la lecture en est simplifiée et
l’effet déstabilisant encore amplifié.
La Bible n’est pas un livre sacré. Et ce n’est pas tout : dans la Bible, il n’est
pas question de création. Et plus encore : dans la Bible, on ne parle même pas
de Dieu. Trois concepts déconcertants que l’auteur justifie et explique par des
citations, références textuelles, exemples. Il mentionne les exégètes et
enseignants d’hébreu, rabbins et biologistes qui semblent confirmer ses pistes
de recherche et leurs conclusions. Il dévoile des connexions et affinités avec
d’autres textes antiques (y compris Homère, sur lequel je pensais, à tort, déjà
tout connaître) qu’il faut considérer – autant que la Bible – comme de simples
œuvres historiques. Il dénonce les incohérences, discrédite des vérités
établies, présente une réalité alternative, inconfortable et absurde. On peut
également décider de ne pas y croire, mais on ne peut plus faire semblant de
l’ignorer.
À la fin du parcours, le lecteur se sent assommé, confus, avec ce vague
sentiment de malaise qui survient souvent en haute altitude. Mais son regard,
de ces hauteurs, n’a plus de limites.
Introduction : de la Bible à Pinocchio

De plus en plus de gens me demandent : Mais,


Mauro, la Bible est-elle vraiment une histoire
inventée ?

A
u bout de nombreuses années en tant que traducteur d’hébreu
massorétique, après la publication par les Edizioni San Paolo de dix-
sept livres de l’Ancien Testament traduits d’après la Biblia Hebraica
Stuttgartensia (Codex de Leningrad), celle de trois textes sur la Bible, trois
ans d’activités publiques et plus de 30 000 exemplaires de mes livres vendus,
voici cet ouvrage, que je ne me sens pas de qualifier de livre, mais plutôt de
« conférence faite devant un clavier » et non un micro.
Un excursus sur de multiples thèmes dans le but de mettre en évidence la
situation de fond de notre rapport à ce livre sur lequel je me pose cette
question : les détenteurs du savoir ont-ils raconté ce qu’il contient vraiment ?
La réponse, pour moi, est évidente : absolument pas.
Ils ne se sont pas contentés de le raconter, ils sont allés bien au-delà et ont
délibérément et sans vergogne inventé des choses qui ne s’y trouvaient pas.
Voici la raison pour laquelle j’ai choisi ce titre si affirmé et apparemment
provocateur.
Dans cette « conférence au clavier », vous trouverez également les réponses
à des critiques et observations que les représentants des diverses doctrines,
souvent contradictoires, ont adressées aux hypothèses contenues dans mes
œuvres précédentes, qui seront citées plus loin.
Le parcours débute par le premier verset de la Genèse pour en venir à
réfléchir, même si ce n’est que de manière très synthétique pour le moment,
sur la supercherie ultime : en somme, d’Adam à Jésus.
Une histoire que les détenteurs du savoir ont construite sur le papier,
par le recours à des textes prétendument sacrés comme pur prétexte,
comme inspiration pour donner naissance à leur propre création
artificielle.
Puisqu’il s’agit ici d’une « conférence », j’ai délibérément choisi de réduire
le plus possible le nombre de citations et de références bibliographiques, qui
apparaissent en grand nombre dans mes autres livres : la bibliographie est
donc essentielle et contient les textes de référence des citations.
D’autre part, durant ces trois années où mes travaux ont été présentés au
public, j’ai constaté que les critiques professionnels adoptaient un
comportement étrange, très curieux et, c’est peu dire, bien peu cohérent : s’ils
écoutent ou lisent une affirmation qui coïncide avec leurs idées, ils n’en
demandent pas la source et ne prétendent pas à ce qu’elle soit contextualisée.
Ils l’acceptent telle qu’elle est formulée, sans poser d’autres questions, même
si cette affirmation pourrait s’avérer la plus grosse ânerie du siècle.
Si, au contraire, ils écoutent ou lisent une thèse ou une hypothèse qui ne
coïncide pas avec leurs idées ou, pire, qui les remet sérieusement en question,
ils en réclament immédiatement la source, introduisent le concept d’allégorie
ou de métaphore, usent de contextualisations justificatrices, et le tout à
l’encan.
Si j’écris, par exemple, que Yahvé aimait l’humanité entière (ce qui est
démenti par l’Ancien Testament tout entier), les citriques se taisent. Mais si
j’écris que Yahvé ordonnait de massacrer femmes, vieillards et enfants (ce
qui est clairement évoqué à plusieurs reprises dans le texte et qui s’est
réellement produit), ils me demandent immédiatement où se trouvent les
passages, dans quel contexte et dans le cadre de quel événement l’affirmation
intervient. Ils me font la morale : ce doit être interprété, compris, lu de
manière allégorique ou métaphorique certainement, replacé dans le contexte
historique et culturel dans lequel les faits sont survenus, qu’il faut creuser le
sujet avant d’en tirer une signification profonde, ésotérique, et ainsi de suite.
Je n’ai jamais entendu dire que le premier verset de la Genèse se parfumait
d’une signification allégorique. Pourtant, il contient une affirmation qui n’a
rien à voir avec ce qui nous a été transmis : il ne parle pas de la « création »,
mais de tout autre chose (j’ai analysé ce sujet de manière spécifique dans
mon précédent ouvrage, Il n’y a pas de création dans la Bible1).
En résumé, le comportement des doctrinaires prend cette allure : ce qui leur
plaît doit être pris à la lettre, tel quel. Mais ce qui ne leur plaît pas exige
curieusement des analyses approfondies et des interprétations de toutes
sortes.
Cette « conférence écrite » sera donc comme un courant qui circule à
mesure que les pensées font écho les unes aux autres, sans subdivisions
structurelles.
Je n’ai pas même rapporté les versets en hébreu – comme je l’avais fait dans
mes ouvrages précédents et recommencerai à le faire pour les prochains – car
j’ai choisi délibérément de laisser la place aux traductions officielles – celles
qui ne sont pas sujettes à débat –, avec des références particulières aux
versions de la CEI (Conferenza Episcopale Italiana – Conférence épiscopale
italienne), à laquelle il faut reconnaître le mérite d’opérer avec toujours plus
d’objectivité lorsqu’il s’agit de rendre compte de la signification du texte
hébraïque, même dans ses passages qui peuvent sembler peu conformes ou
même contraires à la doctrine.
J’ai également laissé beaucoup de place aux textes des rabbins qui les
étudient avec une approche libérée des conditionnements de l’ultraorthodoxie
et de l’idéologie nationaliste (connue sous le nom de sionisme), dont le
dogmatisme ne tolère ni doutes ni réflexions qui mèneraient potentiellement à
des conclusions différentes de celles déjà préétablies.
Je souhaite seulement préciser que lorsque je cite de manière générale la
philologie hébraïque, je veux faire référence à ces blogs et forums dans
lesquels des philologues bibliques hébreux ont analysé mes précédents
travaux.
Le lecteur suivra donc ce courant en en tirant des pistes d’orientation et des
stimuli pour procéder à des approfondissements personnels. En naîtra une
réflexion autonome, nécessaire pour appréhender la véritable consistance (je
devrais dire inconsistance) des fondations de cette grande construction qui, au
fil des siècles, a été bâtie et présentée comme réelle. Comme je l’écris et le
dis toujours, je sais que je ne détiens pas la vérité, et je sais tout autant que je
peux commettre des erreurs, comme tout un chacun. Dans le même temps,
sans prétention, je suis conscient d’avoir accumulé au fil des décennies au
moins ce peu de connaissances suffisant à dévoiler les supercheries évidentes
des autres : les dix-sept livres de traduction que j’ai publiés aux Edizioni San
Paolo en témoignent.
Les doutes et questions qui surgissent dans l’esprit du lecteur sont le
véritable pharmakon [remède et poison, NdT] qui stimule le déclenchement
d’un processus de savoir autonome, indépendant de toute forme de
conditionnement.
Je poursuis donc sur le chemin que j’ai tracé au fil de ces années : je traduis
l’hébreu littéralement, j’essaie de raconter avec la plus grande clarté possible
ce que j’y trouve, et si ce que j’y trouve est un conte, au même titre que
Pinocchio, je raconte Pinocchio. Mais il faut savoir qu’ici, ce sont les
rédacteurs de la Bible hébraïque qui ont inventé et construit ce conte.
Chapitre 1

Pourquoi un tel titre pour ce livre ?

A
u sens commun, la « Bible » se compose de l’Ancien Testament,
auquel s’ajoutent d’autres livres désignés de manière synthétique par
les termes « Évangiles » et « Nouveau Testament ». Dans cet
ouvrage, le terme « Bible » est employé par simplicité pour faire référence au
seul Ancien Testament.

À propos de la signification du terme « sacré », j’ai eu recours aux définitions


des dictionnaires italiens :

Pour le Devoto-Oli : en lien avec la présence ou le culte d’une divinité.

Pour le Garzanti : qui fait référence, qui appartient à la divinité ; qui


concerne la religion.

Pour le Zingarelli : qui appartient à la divinité, qui participe de la


puissance divine2.

La lecture de cet ouvrage et de ceux qui l’ont précédé met en évidence la


manière dont la « divinité » au sens spirituel est présente dans l’Ancien
Testament, et en particulier :

Dieu n’y est pas évoqué. le culte de Dieu n’y est


pas évoqué.
On y évoque une obéissance craintive à un individu nommé Yahvé qui
appartient au groupe des Elohim, des êtres de chair et de sang qui ne sont
jamais définis comme des « dieux » au sens spirituel. L’Ecclésiaste (livre de
Qohélèth) affirme en outre avec une clarté qui ne laisse pas de place au doute
que l’homme n’a rien de plus (âme ou esprit) que les animaux et que, après la
mort, hommes et animaux vont au même endroit (3:19-20).

Voici pourquoi le titre de mon livre affirme de façon péremptoire que la


« Bible n’est pas un livre sacré » : il ne l’est pas, selon la signification
commune de ce terme.

Le sens que beaucoup attribuent subjectivement au terme « sacré » n’a pas


lieu ici d’être pris en compte. Communiquer exige le respect des sens que les
mots revêtent « officiellement », de façon formellement partagée, et non
suggestive et personnelle. Sinon, impossible de communiquer et de se
comprendre.
Chapitre 2

La Bible est-elle crédible ?

J
e l’ai déjà évoqué, j’utilise par souci de simplicité le terme « Bible » pour
faire référence à l’Ancien Testament, et j’affirme, dès le départ, que ce
document est le fruit d’une supercherie colossale. Un travail
d’occultation accompli au fil des siècles par ceux qui ont souhaité utiliser cet
ensemble de textes à des fins étrangères à la spiritualité, même si ce mot,
omniprésent, reste trompeur – ou du moins erroné, pour ceux qui l’emploient
en toute bonne « foi ». Nous ne connaissons de l’Ancien Testament que ce
que les puissants de chaque époque ont voulu nous transmettre, depuis les
théologiens hébreux qui sont à l’origine de l’élaboration de la doctrine
monothéiste, jusqu’aux structures actuelles qui opèrent à travers des systèmes
de pensée théologiques et idéologiques dépourvus d’un quelconque
fondement : et pour cause, seule l’interpolation (la manipulation) du texte
biblique en a rendu possible la construction et la diffusion.
Je commencerai par dépeindre une réalité qui n’a rien à voir avec les
traductions.
Les catholiques doivent considérer comme vrais, et donc inspirés du
prétendu Dieu biblique, 46 livres de l’Ancien Testament. Pour le canon de la
Bible hébraïque, seuls 39 livres sont reconnus. Les théologiens hébreux ne
reconnaissent pas certains des livres que les chrétiens considèrent au contraire
comme inspirés par Dieu : Tobie, Judith, Sagesse de Salomon, Baruch,
Ecclésiastique (ou Siracide), premier et deuxième livres des Maccabées, plus
certains passages d’Esther (10:4-c. 16) et Daniel (3:24-90 ; cc. 13-14).
Les bibles que nous possédons s’appuient principalement sur la Biblia
Hebraica Stuttgartensia (BHS), c’est-à-dire la version imprimée du Codex
massorétique de Leningrad (le tout illustré dans mes deux précédents
ouvrages : La Bible comme vous ne l’avez jamais lue3 et Le Dieu de la Bible
vient des étoiles4).

L’Église Réformée, c’est-à-dire le protestantisme, adhère en substance au


canon de la Bible hébraïque. Les Coptes considèrent comme partie du canon,
c’est-à-dire des vérités inspirées par Dieu, d’autres livres que les catholiques
romains et les Hébreux rejettent, tels que le Livre d’Énoch ou le Livre des
Jubilés. L’Église orthodoxe grecque, de son côté, ne se fonde pas sur le
Codex de Leningrad, mais sur la Septante, la Bible écrite en grec, en Égypte,
au IIIe siècle av. J.-C. (voir à ce sujet les annexes des deux ouvrages
précédemment mentionnés). Cette Bible grecque contient environ cinq mille
variantes par rapport au texte massorétique, parmi lesquelles certaines très
importantes car porteuses de différences notoires dans la signification du
texte, parfois même susceptibles de dévoiler des « ajustements » (des
falsifications, ou interpolations, du texte) apportés par les massorètes.
Cette version en grec a servi de fondement biblique aux pères de l’Église
des premiers siècles après Jésus-Christ, jusqu’à ce que l’Église romaine ne
décide de recourir au canon hébraïque. Les rabbins, au contraire, refusèrent la
Septante en soutenant que seuls les livres qu’ils considéraient comme
conformes à la Loi étaient acceptables. Uniquement ceux écrits en Palestine
et pas ailleurs. Seuls ceux écrits en hébreu. Seuls ceux écrits durant la période
précédant Esdras (Ve siècle av. J.-C.).
Mais ce n’est pas tout.
Ceux qui naissent en Palestine, dans le territoire des Samaritains, entendront
dire que la vérité ne se trouve pas dans le Codex rédigé par les massorètes,
mais dans la Bible samaritaine (les Pentateuques) qui, par rapport à la
massorétique, comporte pas moins de deux mille différences.
La Peshitta, c’est-à-dire la bible syriaque acceptée par les maronites,
nestoriens, jacobites et melchites, se différencie elle aussi de la bible
massorétique.
Donc, avant même que chacune ne soit traduite, nous voilà déjà riches de
nombreuses bibles, mais, surtout, nous apprenons que fortes de leurs
innombrables variantes, elles sont considérées chacune comme
indiscutablement vraies par ceux qui vivent selon les traditions qui les
reconnaissent.

Voilà qui devrait suffire à nous faire comprendre que la Bible dans laquelle
nous devrions croire dépend de la période historique et du lieu géographique
de notre naissance, c’est-à-dire qu’il n’existe pas « d’absolu » car il y a
toujours quelqu’un qui décide pour nous, qui nous montre de façon
dogmatique quelle devrait être la vérité et où la trouver.

Mais la situation se complique encore.

Les textes bibliques les plus anciens que nous ayons en notre possession ont
été retrouvés dans les grottes de Qumran (les manuscrits de la mer Morte) :
certains textes remontent au IIe siècle av. J.-C. Cependant, entre le Livre
d’Isaïe (ou Ésaïe) trouvé dans ces rouleaux et celui rédigé par les massorètes,
il existe plus de 250 variations, parmi lesquelles des mots entiers qui se
trouvent dans l’un et pas dans l’autre. Et vice-versa.
Chapitre 3

Les discordances sur le prophète


Daniel et les 11 livres officiellement
disparus

C
omme si ça ne suffisait pas…
Des divergences se manifestent également au sein des canons
acceptés précédemment évoqués, les catholique, hébreu, protestant,
copte…
Par exemple, pour les chrétiens, Daniel est un prophète. À partir de ses
prophéties considérées comme crédibles, on établit souvent des prévisions
apocalyptiques sur lesquelles de nombreux prédicateurs bâtissent leur
fortune.
En revanche, les Hébreux ne reconnaissent pas Daniel en tant que prophète.
Ils placent son livre parmi les simples ketouvim, c’est-à-dire les livres les
moins importants de l’Ancien Testament.
Mais ce n’est pas tout : les sommités rabbiniques des États-Unis écrivent
que ses prophéties (par exemple celle des 70 semaines) sont le fruit d’une
« manipulation » délibérée, menée pour rectifier les textes précédents (ceux
de Jérémie) qui s’étaient révélés fallacieux.

Donc, Daniel :
– est un prophète pour Rome,
– n’en est pas un pour Jérusalem,
– est même un « remanieur » pour le docteur David Wolpe (grand rabbin du
Sinai Temple de Los Angeles).
À ce stade, force nous est de souligner pour le moins le manque d’honnêteté
intellectuelle de la part de l’auteur du Livre de Daniel. Mais j’ajoute d’autres
éléments objectifs, des erreurs évidentes commises par des rédacteurs qui
semblent vraiment avoir été mal informés : dans Daniel 4:30, on parle de la
« folie » de Nabuchodonosor. En réalité, le déséquilibre mental semble plutôt
avoir frappé son fils Nabonide (555-539) qui abandonna le trône et la ville de
Babylone pour se retirer probablement dans l’oasis de Taima (un épisode
également raconté dans l’un des manuscrits de la mer Morte et connu sous le
nom de Prière de Nabonide : la communauté essénienne paraît donc mieux
informée que le soi-disant prophète) ; dans Daniel 5:2, il est écrit que
Balthazar est le fils de Nabuchodonosor. Erreur, il était le fils de Nabonide ;
dans Daniel 5:30, il est écrit que Balthazar a été tué durant la conquête de
Babylone. Pourtant, le roi tué cette nuit-là fut Nabonide lui-même, car
Balthazar était déjà mort précédemment au cours d’une bataille menée hors
de la ville ; dans Daniel 6:1, il est dit que, à la mort de Balthazar, Darius le
Mède hérita du trône de Babylone. Faux. Ce fut en fait le roi perse Cyrus qui
conquit la ville. Darius ne la reprit qu’en 521 avant J.-C., après avoir vaincu
un rebelle qui avait pris le pouvoir en se faisant appeler Nabuchodonosor IV ;
dans Daniel 10:4, on raconte une vision que le prophète vécut à Babylone. Le
texte lui fait dire : « J’étais au bord du grand fleuve qui est Hiddékel
[Tigre] ». L’on sait pourtant que le fleuve qui coule à Babylone est l’Euphrate
(!)

En somme, entre les diverses mystifications, l’ignorance des faits historiques


et géographiques (qui font même souvent l’objet de notes dans les bibles
catholiques), on ne peut que le constater : l’auteur de ce texte a vraiment fait
piètre usage de la supposée inspiration divine.
Le canon hébraïque fait preuve d’une meilleure attitude : beaucoup plus
prudemment, il place le livre de Daniel parmi les simples ketouvim.
Autrement dit, comme nous l’avons déjà souligné, il le range parmi les textes
de moindre importance (certainement sa place idéale).
On trouve d’autres erreurs semblables dans le Livre de Tobie qui, du reste,
ne fait pas même partie du canon hébraïque : dans Tobie 1:2, il est écrit que
la déportation évoquée dans ce passage a eu lieu au temps de Salmanazar (ou
Sargon II ?), alors qu’elle date en réalité du temps de Teglath-Phalasar III (ou
Tiglath-Pileser), duquel on dit dans le Deuxième Livre des Rois 15:29 qu’il a
effectivement conquis le pays de Nephtali et déporté ses habitants en Assyrie
; dans Tobie 1:15, il est écrit qu’à la mort de Salmanazar, c’est son fils
Sennachérib qui est monté sur le trône. Non, son successeur aura plutôt été
Sargon II, auquel Sennachérib aurait à son tour succédé.

Ce ne sont que quelques exemples des innombrables incohérences et erreurs


que, comme nous l’avons déjà dit, vous trouverez même identifiées dans les
notes des bibles que vous avez tous chez vous. Nous pouvons certes attribuer
ces erreurs à des anicroches d’écriture liées aux raisons les plus diverses que
j’évoquerai sous peu. Mais le fait est que la fiabilité des auteurs de ces textes
(et de celui de Daniel en particulier, qui non seulement se trompe mais
remanie délibérément), n’est certainement pas au rendez-vous. Et cependant,
le Livre de Daniel fait partie du canon catholique. Daniel y figure même
parmi les prophètes majeurs.

Une évidence : nous ne possédons que « l’une » des bibles possibles.

Je dis « l’une », car les bibles en question sont potentiellement plus


nombreuses qu’on peut l’imaginer : à la liste déjà évoquée plus haut,
s’ajoutent tous ces textes qu’on a fait disparaître au fil des siècles mais qui
sont cités dans la Bible « officiellement acceptée » ; des textes connus par les
anciens auteurs qui les considéraient comme valides et fiables au point de les
utiliser comme source ou renvois pour les lecteurs de leur temps.

Voici la liste des onze livres officiellement disparus mais mentionnés dans la
Bible (entre parenthèses, les passages où ils sont cités) :

Les guerres de Yahvé (Nombres 21:14)


Livre du Juste ou de Jasher (Josué 10:13, Samuel 1:18)
Actes de Salomon (1 Rois 11:41)
Livre de Samuel, le Voyant (1 Chroniques 29:29)
Livre de Gad, le Voyant (1 Chroniques 29:9)
Livre de Nathan, le Prophète (1 Chroniques 29:29, 2 Chroniques 9:29)
La prophétie d’Achija de Silo (2 Chroniques 9:29)
La vision de Jehdo, le Voyant (2 Chroniques 9:29)
Livres de Schemaeja (2 Chroniques 12:15)
Livre de Jéhu (2 Chroniques 20:34)
Livre de Hozaï (2 Chroniques 33:19)
Mes questions : ont-ils été détruits ou simplement rendus indisponibles ?
Pourquoi ont-ils disparu ?

Qui est intervenu au fil des siècles ?


Pas nécessairement et exclusivement l’Église catholique romaine mais
également, et je dirais même surtout, les sacerdotes et théologiens du Temple
de Jérusalem… Pourquoi les ont-ils éliminés pour les rendre inaccessibles ?
Que contenaient-ils de si dangereux pour les doctrines que les puissants de
l’époque, de toutes les époques, devaient véhiculer ?
Étaient-ils trop clairs et explicites dans leur manière de présenter
Yahvé et ses agissements ?
Auraient-ils mis en péril la vision monothéiste machiste que l’on avait
décidé de bâtir et de transmettre ?

Il existe en outre des exégètes hébreux qui interviennent encore aujourd’hui


sur la version massorétique. Au mépris de l’idée que les massorètes sont
considérés comme les gardiens de la Massorah, c’est-à-dire la « tradition »,
ils apportent des variations au texte, remplacent les sons vocaliques pour
tirer/introduire de nouvelles significations, totalement différentes de celles
transmises par la Massorah. Cette attitude si libre constitue la preuve qu’il
existe de nombreuses « traditions ». Elle conforte surtout le titre même de cet
ouvrage : ces mêmes exégètes hébreux ne considèrent de toute évidence
pas l’Ancien Testament comme « sacré ». S’il l’était vraiment, ils ne
pourraient pas même envisager d’intervenir pour le modifier, et pour cause :
ce qui est « sacré » est par nature « intouchable ».
La situation est tellement problématique qu’en 1958, au sein de l’Université
hébraïque de Jérusalem, on a ressenti la nécessité de tenter de reconstruire
une Bible la plus proche possible de celle qui fut composée à l’origine. Mais
de laquelle s’agit-il ? Personne ne le sait.
Ce « Projet Bible » (Bible Project), c’est son nom, doit s’étaler sur deux
siècles : nous aurons donc dans 140 ans, peut-être, un texte biblique proche
d’un hypothétique original, néanmoins inconnu.
Un élément fondamental demeurera cependant un mystère pour toujours : la
vocalisation. Je m’explique : tous les textes bibliques ont été rédigés par
successions de consonnes exclusivement, sans aucune distinction entre les
mots, c’est-à-dire sans espaces.
Le travail des massorètes (les gardiens israélites de la tradition) évoqué plus
haut, qui a pris place entre le VIe et le IXe siècle après J.-C., donc relativement
récemment, a justement consisté à identifier chaque mot et à y insérer les
sons vocaliques indispensables pour déterminer et identifier des significations
et, donc, des contenus.
La Bible que nous possédons a reçu sa signification définitive (inspirée par
Dieu ?) à l’époque de Charlemagne.
L’un des coordinateurs du « Projet Bible », le professeur Alexander Rofe,
enseignant de l’Université hébraïque, a affirmé dans une interview au
Corriere della Sera (août 2011) que chaque texte biblique transcrit à la main
et sous dictée différait du précédent. Les textes du Ve siècle av. J.-C.
fonctionnaient comme un entonnoir inversé : pour chaque mot qui y entrait,
un bien plus grand nombre en ressortait. Mais deux siècle et demi plus tard,
c’est le contraire qui s’amorça : l’entonnoir se renversa. Quelque part dans le
Temple, quelqu’un s’écria : c’est fait, voici le texte officiel. À partir de ce
moment-là, tous les livres furent corrigés. Si l’un d’eux divergeait de
beaucoup des autres, et dans l’impossibilité de le détruire, on… l’enterrait.
C’est ainsi que l’on commença à réfléchir sur les Saintes Écritures. Au
détriment de leur préservation.

Les castes qui détenaient le contrôle du « savoir »


se chargèrent d’éliminer tout ce qui ne soutenait
pas (ou pire, contredisait) la doctrine monothéiste
machiste qui devait être véhiculée.
L’opération essentielle consista à tenter d’obscurcir, effacer et/ou remplacer
tout ce qui s’opposait à cette idée monothéiste qui devait s’imposer. Mais on
fit plus.
Le professeur Rafael Zer, bibliste de l’Université hébraïque de Jérusalem,
affirme que lorsque des passages bibliques témoignaient clairement de
l’indéniable multiplicité des Elohim (ce qui n’était pas acceptable pour le
monothéisme imposé par les sacerdotes de Jérusalem et soutenu aujourd’hui
encore par de nombreux exégètes dogmatiques), les rédacteurs bibliques
veillaient à modifier les passages en question, les coupaient et les
recopiaient en les interpolant. L’affirme le professeur Zer, ces « retouches
ont été nombreuses ».
Voici deux exemples significatifs.
Dans le Deutéronome 32:43, la traduction accréditée des massorètes disait
ceci : « Nations, chantez les louanges de son peuple ! Car l’Éternel venge le
sang de ses serviteurs, Il se venge de ses adversaires […]. Dans la bible des
manuscrits de la mer Morte, voici le texte corollaire (The Dead Sea Scrolls
Bible que l’on trouve également dans la English Standard Version) : “Rejoice
with him, o heavens; bow down to him, all gods, for he avenges the blood of
his children and takes vengeance on his adversaries…” « Réjouissez-vous
avec lui, ô cieux ; inclinez-vous devant lui, tous les Elohim [dieux], car il
vengera le sang de ses enfants et exercera sa vengeance sur ses adversaires
[…] »
Les « cieux », sont devenus des « nations » et, à la place de « tous les
Elohim », on évoque « son peuple ». Enfin, « ses enfants » (ceux des Elohim)
sont devenus ses « serviteurs ».
On le voit clairement, toutes les références à la pluralité évidente des
Elohim ont été habilement effacées.

Une autre variante se retrouve dans la Genèse 14:18-22, lorsqu’il y est conté
que Melchisédech, gouverneur local pour le compte d’El Elyon, fit amener du
pain et du vin et bénit Abraham. Dans ces versets, les massorètes ont
subrepticement combiné Elyon à Yahvé, et l’ont défini comme « créateur ».
Mais dans le texte des manuscrits de la mer Morte, connu sous l’appellation
d’« Apocryphe de la Genèse » (XXII, 14-21) – plus vieux de plusieurs siècles
–, apparaît l’expression « Béni soit Abraham par El Elyon, possédant cieux et
terre, et béni soit El Elyon qui a livré tes ennemis dans ta main ! »
Nulle évocation de Yahvé, et Elyon n’est jamais défini comme un
« créateur » dans tout le passage cité.
C’est donc un autre exemple de falsification grossière des textes les plus
anciens, opérée par ceux qui écrivaient sous l’empire des exigences
doctrinales monothéistes.
Nous savons que les pharisiens (contrairement aux sadducéens), croyaient
en la vie après la mort. Sitôt qu’ils eurent la possibilité d’intervenir sur le
texte, ils firent en sorte d’y insérer subrepticement des affirmations en accord
avec leurs croyances.
Un exemple : les plus anciens codex du Livre des Proverbes 10:25
contiennent cette affirmation : « Le juste demeurera ferme dans son
intégrité ». Les pharisiens choisissent de lui substituer : « Mais le juste a des
fondements éternels ». But : sous-entendre l’idée que le juste ne verra pas sa
vie se terminer ici-bas… Or voilà qui semble en parfaite contradiction avec
ce qui est écrit dans l’Ecclésiaste (3:18 et suivants), au nom d’une clarté
désarmante : la race des hommes et celle des animaux sont parfaitement
identiques, car l’homme n’a rien de plus que les animaux et, avec la mort, ils
retournent tous deux à la terre dont ils proviennent.
Je souligne que la « tradition » est souvent citée comme une garantie de
vertu et donc comme un paramètre incontournable. Bien au contraire, de tels
exemples nous montrent comment la « tradition » joue à l’inverse comme
une garantie de manipulation. C’est justement la « tradition » qui doit donc
être remise en question pour avoir artificiellement remanié la pensée des
anciens auteurs bibliques, lesquels ne poursuivaient aucun but théologique :
ils voulaient simplement raconter les chroniques de la fondation de leur
peuple. Ce sont ces mêmes chroniques qui se virent par la suite modifiées au
fil des siècles et enfouies sous de très dommageables couches d’un mystère
inexistant et d’interprétations spiritualistes qui en ont volontairement
détourné la signification d’origine. Sur laquelle, comme nous le savons bien,
on n’aurait pas pu construite de systèmes de pouvoir d’une quelconque
nature.

Reste la question la plus brûlante : l’impérieuse nécessité d’ériger « leur »


Yahvé en Dieu unique. D’emblée, j’annonce donner plus loin des
informations qui vont compléter et enrichir le traitement analytique mené
dans les ouvrages déjà mentionnés de cet Elohim appelé Yahvé, et de sa
nature réelle, concrète et en aucun cas divine.
J’ouvre une parenthèse pour rappeler au passage que la Bible le définit
clairement, sans équivoque : ish milchamah, c’est-à-dire « l’homme de
guerre » (Exode 15:3)… Et ce n’est pas un hasard si la hiérarchie vaticane a
donné aux évêques et sacerdotes une forme de directive les invitant à éviter
de nommer Yahvé, et de substituer au nom des périphrases de type
« Seigneur », « l’Éternel », « l’Éternel des armées ».
Peut-être parce qu’ils savent trop bien qui il est en réalité ?
Mais bien d’autres éléments restent à exprimer sur les prétendues certitudes
bibliques.
Selon de nombreux chercheurs, parmi lesquels le professeur Kamal Salibi
(université américaine de Beyrouth), les massorètes travaillaient sur l’hébreu
écrit de nombreux siècles plus tôt, une langue qu’ils ne connaissaient pas, et
pour cause : leur langue maternelle était l’araméen.
Les erreurs linguistiques se révèlent dès lors innombrables. Elles sont bien
mises en évidence dans l’International Standard Bible Encyclopedia (ISBE,
www.internationalstandardbible.com) : une œuvre monumentale qui recense
les erreurs de tout type que les scribes et copistes ont commises en compilant
les textes.
L’origine de certaines de ces erreurs contraste nettement avec ce que le
conscient ou l’inconscient collectif considère comme acquis : ceux qui
travaillaient sur la Parole ont toujours accordé la plus grande attention à la
restitution de l’inspiration dite divine. Nous découvrons qu’il n’en était rien.
Les scribes se trompaient fréquemment, pour diverses raisons : ils
commettaient des erreurs parce qu’ils ne comprenaient pas ou comprenaient
mal le sens du texte et, donc, séparaient mal les mots tracés à l’aide des
seules consonnes, mots non distincts, sans l’espacement nécessaire à leur
identification. Ils se trompaient dans leur lecture du texte de référence. Ils se
trompaient en insérant des répétitions, transpositions, changements de lettres.
Des erreurs étaient en outre commises lorsqu’un scribe dictait à d’autres,
lesquels comprenaient mal. Ils se trompaient lorsqu’ils devaient mémoriser
des synonymes. Ils se trompaient par négligence avérée et par ignorance, à
force de traiter des contenus qu’ils ne connaissaient pas.
En somme, ils n’étaient en rien des modèles d’efficacité et de précision.
L’idée même qu’ils transmettaient la parole du prétendu Dieu ne les motivait
pas suffisamment. Il est fort probable qu’une telle pensée ne les effleurait pas
même, à l’époque.
Le professeur Menachem Cohen (Université Bar-Ilan, région de Tel Aviv) a
identifié au cours des trente dernières années de son activité de bibliste pas
moins de 1 500 erreurs et imprécisions plus ou moins importantes.
Le professeur Rafael Zer, déjà cité, reconnaît très clairement (dans l’article
du Corriere évoqué plus haut) que les chercheurs ne peuvent ignorer que ce
livre a été pris en compte par des hommes et que, de transmission en
transmission, des erreurs ont existé, qui se sont multipliées.
Que dirions-nous d’un auteur, ou même d’un simple étudiant qui, en
écrivant dans sa langue, prendrait de telles libertés en si grand nombre ?
Comment jugerait-on son travail ? À quel point le considérerions-nous
comme fiable ? Quel respect aurions-nous pour lui ?
C’est à chacun de nous d’apporter la réponse qui s’impose à ces questions.
Restent en outre les contradictions, innombrables, éclatantes. Je ne m’y
arrête momentanément pas ici tant elles méritent d’êtres abordées à part
entière. De futures publications y pourvoiront.
Chapitre 4

L’histoire de David et Goliath et autres


divergences : qui croire ?

A
nalysons à présent un événement connu même de ceux qui ne sont
pas familiers de la Bible : l’histoire de David et Goliath. Dans le
Premier livre de Samuel, au chapitre 17, on raconte que le jeune
David abat le géant Goliath d’un coup de fronde, puis l’achève en lui coupant
la tête à l’aide de son épée. En revanche, au chapitre 21 du Deuxième livre de
Samuel, nous lisons avec étonnement que ce fut Elchanan qui tua Goliath, et
non David. Mais ce n’est pas tout : dans le Premier livre des Chroniques
(chapitre 20), il est écrit qu’Elchanan a tué Lachmi, frère de Goliath, et non
Goliath. Bref, voilà un exemple de la confusion que les rédacteurs bibliques
n’ont pas remarquée, probablement aussi parce que chaque livre était traité
par des copistes différents qui ne relevaient donc pas les éventuelles
contradictions.
Et pourtant, certains affirment avec une hardiesse ingénue que la Bible est
« formidable » car inspirée par Dieu, et donc sans erreur.
Ingénuité ? Ou bien plutôt ruse, fondée sur la certitude majeure que les
fidèles ne lisent pas la Bible, mais se contentent des explications des exégètes
officiels et accrédités ?
Qu’au moins il nous soit permis de constater une évidence : si Dieu fut
l’inspirateur des contenus, il se sera montré un bien piètre relecteur, puisqu’il
n’a pas vérifié ce qu’avaient écrit les rédacteurs qu’il avait lui-même choisis !
C’est comme s’il s’était désintéressé du produit final après avoir inspiré des
dizaines d’auteurs.
Un peu comme si un chef d’entreprise dictait à sa secrétaire une lettre d’une
importance capitale pour son activité et le travail de ses employés, puis ne
prenait absolument pas soin de vérifier si ladite secrétaire avait rapporté
fidèlement sa pensée. Mais dans le cas qui nous occupe, la situation est
autrement plus sérieuse. Si jamais les affirmations théologiques devaient
refléter la réalité, ce n’est rien de moins que la vie éternelle qui dépendrait de
la vérité biblique, et non simplement le destin d’une entreprise !
Comment pouvons-nous donc imaginer que l’éventuel Dieu ne se soit pas le
moins du monde préoccupé au fil des siècles de faire en sorte que son
inspiration soit rapportée avec une clarté et une précision absolues ? Il nous
faut au contraire prendre acte de la réalité : ce n’est pas le cas. Des centaines
de scribes ont mis par écrit des paroles qui se révèlent souvent nettement en
opposition les unes contre les autres. Pire, dans de nombreux cas, les
interventions fauteuses de variantes porteuses d’incohérences diverses et
variées relèvent d’un choix. Celui d’introduire dans le texte des sens
étrangers à la signification originelle.
Je ressens parfois une curieuse impression face à ce constat.
Quand je lis des analyses et discussions interminables, qui s’étirent sur des
décennies, voire des siècles, sur des éléments linguistiques isolés, il me
semble assister à une consultation de médecins spécialistes qui se disputent
avec agitation sur la couleur de l’ongle du pouce de leur patient : les experts
ne s’accordent pas, certains affirment qu’il est plus clair que la normale,
d’autres plus foncé, certains assènent qu’il s’agit de tel symptôme clairement
identifié, et ça n’en finit pas. Cette consultation de grands spécialistes se
montre toutefois particulière : elle se déroule sans tenir compte d’un détail, ce
pouce appartient au corps de quelqu’un qui s’est fait rouler dessus par un
train.
Eh bien, il en va de même pour l’ensemble des livres qui composent la
Bible : il s’agit d’un corpus de travaux rédigés on ne sait quand et on ne sait
par qui, sans espaces entre les mots et sans les voyelles qui, en définitive,
sont porteuses de sens. Des textes écrits, réécrits, amendés, ajoutés, corrigés,
transformés. Des œuvres entières disparues ou occultées puis retrouvées,
transformées, acceptées ou écartées. Des livres qui n’ont été fixés (vocalisés)
qu’au bout de plusieurs siècles, dont la signification est établie par des
théologiens et/ou idéologues qu’inspirèrent les convictions et exigences du
moment.

Certains font remarquer que la vocalisation a été menée selon la « tradition »


et considèrent cet élément comme une garantie de vérité. En prenant en
considération le but de la tradition que j’ai mis en évidence précédemment, je
dirais que cet élément constitue, au contraire, une raison valable pour
considérer cette vocalisation comme peu crédible, justement parce que son
but fut de transmettre des concepts qui n’appartenaient pas aux premiers
rédacteurs bibliques, eux-mêmes totalement détachés de toute forme de
pensée religieuse ou théologique. La théologie monothéiste a, en effet, été
artificiellement insérée au fil des siècles. Une théologie à laquelle se sont
pliés les massorètes, soutiens déclarés de la prétendue « tradition ».
Souvenez-vous, pour confirmer davantage le manque de fiabilité de cette
alléguée « tradition », des mots du professeur Zer sur les variations apportées
afin de cacher délibérément la multiplicité des Elohim (au bénéfice du
supposé Dieu unique de la tradition). Il s’agissait de mettre en place
l’idéologie monothéiste, totalement absente des textes les plus anciens.
Je ne peux m’empêcher de souligner à quel point se montrent
présomptueuses les critiques développées à l’encontre de certaines études.
Elles tendent à discréditer une source lorsqu’elle présente des hypothèses qui
s’éloignent des vérités communément acceptées.
Dans ce cas, on attaque sévèrement le chercheur afin de lui ôter toute
crédibilité, au nom d’un principe : si une source n’est pas accréditée, les
hypothèses qu’elle présente ne sont pas valides. Mais si cette règle revêt une
valeur universelle, alors les critiques professionnels devraient prendre en
compte une autre réalité : la Bible ne possède aucune source accréditée.
On ne sait rien de ce texte : ni qui l’a écrit, ni quand, ni comment, ni quels
sont ses sons vocaliques…
Nous savons seulement que nous possédons des copies de copies de copies,
et que ces copies (comme l’affirme le professeur Rofe) diffèrent toujours du
texte précédent : nul ne connaît l’original.

Au vu de ces constats préalables, est-il encore


nécessaire de démontrer la supercherie ? Mais,
surtout, vaut-il encore la peine de s’en occuper ?
La réponse est oui, dans les deux cas.
Avant tout, parce qu’il s’agit quand même du livre dont sont tirées tant de
prétendues vérités absolues : sur lui s’appuient des théologies entières et
diversifiées, des idéologies nationalistes, des pensées ésotériques, des
courants mystiques, etc.
Sur cet ensemble de textes ainsi produits, sont bâtis des mondes spirituels
(Dieu, anges, démons…) qui ne sont pourtant, et je l’affirme résolument,
nullement présents dans ce livre, comme nous le verrons bientôt. Sur ce livre,
sont en outre construites des idéologies qui conditionnent politiquement,
culturellement, socialement et humainement aussi une grande partie de
l’histoire moderne et contemporaine.
Les innombrables et fantaisistes constructions spiritualistes qui se sont
développées au fil des siècles ont été, et sont aujourd’hui encore, souvent
opposées les unes aux autres. Il n’empêche qu’elles concourent, au nom
d’une sorte d’accord plus ou moins tacite, à la diffusion de la supercherie de
base, synthétisée dans une affirmation qui en résume la substance : la Bible
parle de Dieu et des mondes spirituels qui, comme le monde matériel, en
dérivent et en dépendent.

Christianisme et judaïsme ont beau diverger


grandement à bien des points de vue, ils
contribuent efficacement tous deux à la diffusion
de ce mensonge de fond, même s’ils agissent au
nom de raisons et d’objectifs distincts.
Une personne qui appartient à la communauté hébraïque romaine m’a écrit
que les massorètes eux-mêmes devaient œuvrer en profondeur sur les textes
bibliques pour en occulter la véritable signification, trop crue et concrète pour
se montrer acceptable. Tellement crue et concrète qu’elle constitue une
source de risque, un danger pour leur monde. Ils avaient compris qu’il
s’agissait d’une question de vie ou de mort, non seulement bien sûr pour eux-
mêmes, mais pour le peuple hébreu entier. Durant les siècles pendant lesquels
agirent les massorètes (du VIe au IXe siècles après J.-C.), le peuple d’Israël
était dispersé le long des côtes méditerranéennes et en Europe, c’est-à-dire
dans ces territoires où deux religions (le christianisme et l’islam) se
disputaient la suprématie en se combattant avec une violence et une férocité
inouïes. Des fleuves de sang étaient versés par des chrétiens et musulmans au
nom de leur Dieu réciproque : dans cette situation, les sages hébreux durent
forcément rendre leur texte « compatible » avec les deux religions. Ce qu’ils
firent. Ils en occultèrent, du moins en partie, la concrétude brutale pour le
rendre acceptable, utilisable par les théologies victorieuses qui s’affirmaient
peu à peu.
Mais, même aux siècles suivants, on a continué à œuvrer pour créer des
concordances acceptables.

Au Moyen Âge, l’Église romaine eut l’ambition, souvent finalisée, de définir


quelles étaient les vérités bibliques « correctes » et, au contraire, celles qu’il
fallait amender au sein de la pensée hébraïque elle-même.

La hiérarchie vaticane atteignit, du moins en partie, ses objectifs. Elle menaça


de représailles ceux qui pratiquaient un judaïsme non conforme aux idées
qu’elle considérait comme exactes : la construction théorique menée par les
rabbins fit elle-même l’objet d’analyses et, à l’occasion, de persécutions.
Même dans ce contexte socioculturel, c’est-à-dire dans cette situation
historique d’extrême dangerosité, les pensées d’ordre spirituel que nous
connaissons aujourd’hui ont fini par réussir à mûrir et à s’imposer. C’est ainsi
que des certitudes sont nées. Lorsqu’on les examine attentivement, elles se
révèlent pour ce qu’elles sont : de purs produits de l’imagination, dépourvues
d’un quelconque fondement biblique.
La théologie est en effet une forme de pensée singulière : elle crée et
produit l’idée de Dieu, en définit les possibles attributs, puis passe des siècles
à discuter de ce qu’elle a elle-même construit. Elle est, en substance,
autoréférentielle : faute d’un objet d’étude concret, puisque Dieu ne peut
prétendre à la concrétude, elle ne fait que s’étudier elle-même et ressasser ce
qu’elle a elle-même construit.
Le théologien catholique Armin Kreiner écrit que personne ne sait rien de
Dieu, une évidence indéniable (op. cit. dans la bibliographie). Miguel de
Unamuno – un penseur espagnol tourmenté et d’une immense perspicacité,
recteur de l’université de Salamanque – fournit une analyse extrêmement
pertinente et synthétique de l’origine des motivations de la pensée
théologique : « […] la théologie naît de l’imagination mise au service de la
vie qui souhaite être immortelle » (Le Sentiment tragique de la vie, Folio,
1997). En d’autres termes : l’homme ne veut pas s’entendre dire que tout finit
avec la mort. La théologie formule donc une réponse en posant comme base
l’idée de Dieu qu’elle a elle-même élaborée. Une affirmation en parfait
accord avec l’actuel dalaï-lama qui déclara que chaque forme de religion naît
dans le but de donner une réponse à la mère de toutes les angoisses : la peur
de la mort.
Théologiens, idéologues, maîtres ésotéristes autodésignés, mystiques de
natures diverses et d’extractions variées, ont opéré au cours des siècles une
sorte de collaboration – parfois tacite et automatique, parfois sciemment
complice – en véhiculant le même message en relation avec la Bible. Ainsi,
ce qui était à l’origine un récit « normal » d’événements historiques et
factuels touchant à l’humanité, je veux dire les Elohim qui sont intervenus en
matière d’ingénierie génétique (dont j’ai amplement parlé dans mon ouvrage,
Il n’y a pas de création dans la Bible) et le rapport unique entre l’un d’eux
(Yahvé) et ce peuple, a été transformé pour constituer le fondement
dogmatique d’une pensée religieuse qui, aujourd’hui encore, conditionne,
directement ou indirectement, plus de deux milliards de personnes.
Au-delà des multiples aspects de contenu que j’évoquerai bientôt,
l’immense, colossal mensonge de base intelligemment construit et diffusé,
jusqu’à le transformer en certitude profondément ancrée dans les âmes,
s’exprime de cette façon : la Bible est un texte qui utilise un langage
cryptique riche de vérités spirituelles profondes, occultes, mystérieuses,
présentées sous forme allégorique, métaphorique, à l’aide d’un langage
souvent initiatique. Il requiert des interprétations et connaissances qui ne sont
pas en possession ou à la portée de tous.
En somme, selon cette vision imposée artificiellement, le travail d’un
exégète devrait consister à creuser le plus profondément possible le texte à la
recherche des significations cachées, celles réservées à ceux en mesure de
comprendre et qui, non sans raison, s’arrogent ensuite le droit de les
divulguer, selon des modalités et en un temps qu’ils sont toujours seuls à
choisir.
Des années de traductions de l’hébreu massorétique pour les Edizioni San
Paolo ont fait naître en moi une conviction diamétralement opposée.
À mon avis, le véritable travail d’un exégète libre des conditionnements
dogmatiques ne consiste pas à rechercher des significations cachées mais, au
contraire, à libérer le texte biblique de toutes les superstructures théologiques,
idéologiques, ésotériques, spiritualistes qui ont été artificiellement construites
au fil des siècles. C’est donc mon hypothèse de travail, et je répète qu’il s’agit
d’une hypothèse (je laisse les vérités assénées aux dogmatiques). Pour
laquelle je revendique les mêmes droits que ceux accordés aux autres clés de
lecture, surtout en présence d’un fait patent : personne, dans les « traditions »
alléguées, ne possède la vérité, puisque les divergences entre les unes et les
autres restent ouvertes, profondes, souvent violentes et, en tout cas,
irrémédiables.
Toutes les doctrines « traditionnelles » partagent un seul élément de base :
elles ont été bâties dans le but de cacher les évidences textuelles effectives,
souvent désagréables, en rien spirituelles et donc inacceptables pour ceux qui
n’ont pas pour objectif la vérité, mais la construction d’un système de
contrôle des esprits de chacun et du tissu social entier.
La réalité textuelle se trouve sous nos yeux, en surface et, justement pour
cette raison, elle a été recouverte d’épais voiles d’inventions et de
constructions, compliquées par l’attribution de valeurs mystérieuses
nébuleuses. Pourquoi donc ? Parce que sur cette histoire, connue dans sa
substance scripturale authentique, on n’aurait pu construire quoi que ce soit,
ni religion, ni idéologie nationaliste, ni système de pouvoir.
Chapitre 5

La Bible doit être considérée pour ce


qu’elle est, c’est-à-dire l’un des
nombreux livres écrits par l’humanité

D
es années de traductions ont fait mûrir en moi la conviction exprimée
dans le titre du chapitre.
La Bible, l’un des nombreux livres écrits par les peuples du passé.
L’un des nombreux livres dans lesquels sont contenus les éléments
essentiels de l’histoire de l’homme : des éléments qui, comme nous le verrons
prochainement, se retrouvent dans les récits des peuples de tous les
continents de la terre.
La Bible n’est donc pas même un cas unique et encore moins la source dont
proviennent les récits des autres peuples, comme l’affirment certains
idéologues qui prétendent utiliser le savoir au service de leurs convictions :
c’est l’exact contraire qui est vrai, comme nous le verrons bientôt. Voici la
raison pour laquelle on a ressenti le besoin de créer les superstructures
adéquates, y compris la fausse conviction que la Bible contient des vérités
cachées d’ordre métaphysique, des mystères afférant à la sphère du divin.
Rien de tout cela ne se trouve dans ce livre : les anciens auteurs bibliques ne
parlaient pas de Dieu ou de religion, mais racontaient une histoire avec les
instruments linguistiques et culturels dont ils disposaient.
Compte tenu des conditions dans lesquelles est née la Bible, nous devons
forcément abandonner toute prétention d’en tirer des vérités indiscutables, et
encore moins ces vérités absolues qui déterminent le conditionnement de la
conscience de la part de structures de pouvoirs ou même des maîtres
autoproclamés agissant pour leur propre compte.
Avec la Bible, nous devons prendre acte d’une réalité : nous ne pouvons
que « faire semblant de croire… ».
Faire semblant de croire que les auteurs aient voulu raconter une histoire
dont l’intérêt, pour nous, naît de l’idée que les éléments fondateurs, ceux qui
concernent l’origine de l’humanité, correspondent en substance à ce que nous
racontent les autres peuples.
Ces parties peuvent et doivent être examinées avec une grande attention, car
elles contiennent des informations extérieures au rapport direct entre Yahvé
(le prétendu Dieu) et ce peuple : elles concernent le genre humain tout entier
et n’ont, à l’origine, pas d’implications théologiques.
Ce sont ces parties dont le professeur Robert Wexler (président de
l’université du Judaïsme de Los Angeles et conférencier éminent de la
donation Irma et Lou Colen) dit qu’elles ne proviennent pas de Palestine :
elles ne sont donc pas un produit originel des auteurs hébreux, mais de
peuples qui écrivaient sans conditionnement d’ordre religieux.
En « faisant semblant de croire que… », nous devons prendre en compte
des affirmations qui se heurtent au dogmatisme régnant : ce même professeur
écrit par exemple que la majeure partie des biblistes modernes de la
Rabbinical Assembly5 pensent qu’Abraham n’a jamais existé. Et nombre
d’entre eux mettent en doute l’existence même de Moïse.
Libres des conditionnements dont nous parlions plus haut, ces chercheurs
n’ont eu aucune difficulté à émettre l’hypothèse que, alors que se déroulaient
les aventures bibliques d’Abraham et de Moïse (en supposant qu’ils aient
existé), le peuple hébreu et la langue hébraïque n’existaient même pas. Nous
ne savons pas quelle langue ils parlaient : Abraham vivait en terre de Sumer.
Et Moïse, comme l’affirme la Bible elle-même, était égyptien (Exode 2:19).
Le premier parlait probablement une forme d’akkadien et le second
s’exprimait très certainement dans la langue égyptienne de l’époque.
À ce propos, il est bon de rappeler que les chercheurs Roger et Messod
Sabbah (qui appartiennent à une famille rabbinique), en analysant les Targum
(Bible en araméen), parviennent à des conclusions totalement différentes de
celles que l’on peut tirer de la Bible massorétique. Des conclusions
décidément déconcertantes pour ceux qui détiennent et divulguent des
certitudes : le récit qu’on en tire bouleverse complètement ce que l’on pense
savoir sur les aventures du peuple hébreu (op. cit. dans la bibliographie).
Il suffit de penser que dans ces textes (Exode 2:6-7), on trouve écrit que
Moïse était un enfant des yahoud, tandis que dans le codex massorétique, on
fait dire – « on » désigne les rédacteurs soi-disant gardiens de la tradition
hébraïque – à la fille du pharaon qui trouve le panier contenant l’enfant qu’il
s’agit d’un enfant des Hébreux (le terme yahoud identifiait une caste
particulière de sacerdotes qui officiaient à l’époque du pharaon Akhenaton :
Moïse serait donc l’un des leurs).
Toujours selon les frères Sabbah, le terme yahoud aurait ensuite été utilisé,
par une invention aussi fantaisiste que mensongère, pour créer le mythe de la
tribu de Juda.
Dans Exode 5:3, c’est Moïse lui-même qui – toujours dans les Targum –
affirme que c’est l’Elohim (le Dieu supposé) des yahoud (au pluriel yahudae
dans le texte) qui l’a envoyé chez le pharaon tandis que, encore une fois, les
massorètes écrivent que ce fut l’Elohim des ’ivrjim (Hébreux).
Mais quelque chose d’encore plus déconcertant jaillit du travail mené sur la
Bible araméenne : ceux qui sortirent d’Égypte avec Moïse auraient été
exclusivement des Égyptiens issus de trois castes sociales (la haute classe
militaire, la caste sacerdotale et le petit peuple) : et donc pas les Hébreux, qui,
semble-t-il, n’existaient même pas à cette époque en tant qu’identité ethnique
définie, comme le confirme également Lee I. Levine (professeur d’histoire
juive au sein de l’Université hébraïque de Jérusalem). Lequel souligne que
cette identification résulte d’un processus étalé sur une très longue période.

Et ce sont toujours les esprits rabbiniques ouverts, non conditionnés par des
théologies et idéologies de toute évidence inventées, qui n’ont pas de
scrupules à reconnaître ouvertement que, même dans les canons acceptés,
l’on se heurte à de nombreuses difficultés de compréhension, déjà sensibles
chez les commentateurs anciens. Elles se sont prolongées au fil des siècles
sans que l’on parvienne à des conclusions satisfaisantes et partagées.
Le professeur Jacob Milgrom (professeur émérite des Études bibliques de
l’Université de Californie à Berkeley) illustre que coexistent dans la pensée
hébraïque au moins deux courants porteurs de deux positions dissemblables
sur les principes et règles contenues dans la loi de Moïse : le courant
minimaliste, qui soutient que Yahvé a délivré en tout et pour tout les
principes généraux de la législation auquel le peuple devait se tenir. Et le
courant maximaliste pour lequel, au contraire, Moïse, sur le Sinaï, a eu la
révélation du corpus entier des lois dans tous leurs détails. Le même
professeur se souvient que les difficultés de compréhension des différents
préceptes sont telles qu’elles réclament un travail d’interprétation et
d’application apparemment vraiment étrange si l’on pense qu’ils ont été
transmis directement par Dieu. Il donne pour exemple un midrash6 (Midrach
sur les Psaumes 12:4 ; cf. BT Hag. 3b – Talmud de Babylone, Hagiga) dans
lequel Moïse dialogue avec Yahvé. Moïse, parce qu’il ne comprend pas la
signification de certaines règles, lui demande comment ils pourront arriver à
la compréhension du véritable sens des lois. Yahvé lui donne une réponse
vraiment surprenante : « Vous devez suivre la majorité. Lorsque la majorité
déclare qu’une chose est pure, elle est pure, et lorsqu’elle déclare qu’elle est
impure, elle est impure. »
Nous n’attendrions certes pas une telle indication d’un Dieu duquel on
espère, au contraire, obtenir une certaine clarté à propos des normes de
comportement, en partie car nous savons bien comment fonctionnent les
majorités. Nous savons surtout que ces majorités varient souvent, et qu’au gré
d’icelles risque de changer le sens des lois que beaucoup s’obstinent à
considérer comme divines et, donc, indiscutables.

Mais toute la Bible nous fait clairement


comprendre que cet individu nommé Yahvé,
heureusement pour nous, n’était pas Dieu.
Le dogmatisme a de quoi réfléchir soigneusement. Ou plutôt, le conditionnel
s’impose : il « aurait » de quoi réfléchir, car nous savons bien que les
dogmatiques se refusent souvent à réfléchir, tout court.
Et pourtant les éléments sur lesquels méditer sérieusement existent. Ils
proviennent même des milieux culturels que nous avons des raisons de croire
au-dessus de tout soupçon : l’archéologie biblique gérée par les académiciens
hébreux des universités israéliennes et les travaux de cette branche du
rabbinat qui étudie, approfondit et divulgue des connaissances libres de ces
conditionnements théologiques et idéologico-nationalistes. Ceux-là même, au
contraire, qui servirent de cadre à la construction et la diffusion séculaire de
mensonges présentés comme des vérités établies et indiscutables. De ces
milieux culturels libres nous parviennent des informations qui contredisent
les croyances les plus communes et les plus répandues.
Ceux qui ont suivi Moïse (en supposant qu’il ait existé) puis Josué ont-ils
bel et bien conquis le pays de Canaan ?
L’archéologie israélite moderne soutient que le récit épique de la conquête
de Jéricho relève très probablement d’une pieuse invention, absolument pas
étayée par les fouilles. Et pour cause, les recherches archéologiques ont
démontré qu’à l’époque de la conquête présumée, la ville de Jéricho n’était
certainement pas entourée de murs.
Mais aussi : les grands règnes de David et Salomon ont-ils réellement existé
?
Selon les preuves archéologiques, il se serait agi de deux petits gouverneurs
locaux, à peine plus que des royaumes tribaux sur lesquels fut par la suite
tissée la légende que nous connaissons afin de fournir au peuple hébreu une
sorte de mythe fondateur. À mettre en parallèle avec les autres royaumes
d’une importance bien plus connue et démontrée.
Comme il m’est arrivé de le répéter au cours de mes nombreuses
conférences, ces mêmes rabbins affirment que le Déluge biblique n’a pas été
universel, mais qu’il s’est agi d’un événement localisé. Il suffit de penser que,
dès qu’il a atteint une terre libérée des eaux, Noé a pris un grand nombre
d’animaux et les a immolés en offrande aux Elohim (Genèse 8:20 ; nous
comprendrons plus tard qui étaient les Elohim et pourquoi ils appréciaient la
« fumée »).
Je me suis toujours demandé : il aurait brûlé les animaux qu’il s’était donné
tant de mal à sauver en les amenant sur l’arche ? L’imaginer seulement
échappe-t-il au ridicule ? Il va de soi que Noé a trouvé en abondance, dehors,
les animaux qui n’avaient pas été frappés par ces inondations aux dimensions
limitées.
Ce sont encore les rabbins qui relèvent l’absence de documents égyptiens
attestant d’une présence massive d’Hébreux sur leur terre et encore moins
l’existence d’un état d’esclavage. Je voudrais vous faire remarquer, à ce
propos, un élément : lorsqu’ils s’apprêtent à quitter le pays, ils reçoivent de
Yahvé l’ordre de se faire donner tout l’or possible (Exode 11:2) : est-il
crédible que des esclaves adressent une telle requête à leurs maîtres alors
qu’ils sont sur le point de s’en aller ? En aucune façon. Se l’imaginer voisine
le ridicule !
En outre, au cours de leur séjour dans le désert, les gens regrettent en
permanence leur situation antérieure dès lors qu’ils la comparent avec celle
que Moïse les oblige à vivre. En gros, ils se plaignent souvent des tristes
conditions dans lesquelles ils se trouvent et répètent qu’ils étaient
indubitablement mieux avant, alors que le récit mythifié voudrait les décrire
comme des esclaves auparavant lourdement exploités (Exode 13).
Les prédicateurs qui affirment obstinément que la Bible ne se trompe jamais
parce qu’elle est inspirée par Dieu devront se faire une raison : ils mènent
avec acharnement un combat qu’ils ont déjà perdu.
Il est clair que de nombreux fidèles, qu’ils soient hébreux ou chrétiens,
n’acceptent pas que l’on remette en cause leurs convictions. Mais les études
se poursuivent qui apportent des preuves toujours plus univoques et
éloquentes. La vérité nue, l’histoire dévoilée, risquent de ne pas plaire. Mais
pour autant, il ne faut pas continuer à les taire.
Malgré la réaction immédiate et instinctive qui pousse bon nombre de gens
à se rebeller, parfois très durement face à ce qui semble émerger, les
irréductibles du dogme eux-mêmes devront inévitablement reconnaître la
concrétude historique si palpable dans la Bible même.
Ce dont je parle, donc, n’est pas une « découverte » mais la simple
réaffirmation de ce qui est déjà clair dans la Bible : il suffit de ne pas le
couvrir du voile du mystère.
Si l’on veut parler de « découverte », alors utilisons le terme dans son sens
le plus véritable : l’élimination des voiles qui y ont été posées
artificiellement.
Ce sont justement ces études conduites par des personnes libres de tracer la
route à parcourir dans le futur. Des personnes au-dessus de tout soupçon : des
archéologues israéliens, des professeurs d’histoire au sein des universités de
Jérusalem et Tel-Aviv, des centaines de rabbins, des chercheurs
« alternatifs » qui ne sont pas conditionnés par la nécessité de défendre des
privilèges liés à leur position… Tous ces éléments de doute utiles et précieux,
toutes ces nouvelles acquisitions à caractère historique et scientifique
m’autorisent à reconfirmer ce que j’affirme depuis des années :
nous n’avons qu’une seule des bibles possibles mais, puisqu’il nous a
été dit qu’il s’agissait de la « vraie », « inspirée par Dieu », cherchons au
moins à comprendre ce qu’elle nous raconte, en la libérant des
superstructures conceptuelles et religieuses que j’ai mentionnées.

Les récits des origines, partagés par les autres peuples aux récits similaires,
sont l’élément qui demeure d’un intérêt fondamental : savoir que les règnes
de David et Salomon n’ont pas existé sous la forme exaltante qui a été
inventée nous intéresse, au fond, peu. En revanche, les événements des
premiers temps, eux, nous retiennent, car c’est d’eux qu’il faudra repartir
pour réécrire l’histoire de l’humanité. Aussi extraordinaire qu’elle le fut
probablement, elle s’interpénètre de manière indissoluble avec la naissance et
la création des formes de pensée dont ont dérivé les grandes structures
religieuses et les mouvements idéologiques.
Lesquels doivent impérativement maintenir en vie leur propre vision
biblique pourtant indéfendable : ce sont justement ces idéologies qui tentent
de résister et de bloquer la révolution culturelle en marche.
Nous verrons plus loin une reconstruction hypothétique de la manière dont
cet entrelacs peut se former, aussi bien sous l’effet d’actions délibérées qu’à
travers des mécanismes qui s’instaurent de manière quasi automatique.
Fort de telles considérations, ce travail consacre de la place aux thèmes
fondamentaux, et avant tout celui qui concerne Dieu : en parle-t-on dans la
Bible ou pas ? Est-il présent ?
Je précise que l’existence de Dieu en soi n’est pas le thème de mon travail.
Je ne m’occupe que de la Bible, et si j’affirme que la Bible ne parle pas de
Dieu, je n’entends pas par là que Dieu n’existe pas, mais simplement que ce
livre n’en parle pas.
L’existence de Dieu ou non ne dépend pas – ne peut pas dépendre – d’un
livre : ce serait dramatique, surtout lorsqu’on apprend la manière dont ce livre
s’est bâti au fil des siècles.
Chapitre 6

Les Elohim, Yahvé et les incohérences


de la thèse dogmatique

J
e souhaite éviter toute équivoque, et je répète donc ici que les concepts
de « vrai » et de « faux » ne renvoient pas à la vérité au sens absolu – qui
ne m’appartient pas et dont je ne parle donc pas –, mais à ce qui est
véritablement contenu dans le texte biblique et ce qui lui est faussement
attribué.
Au fil d’années de traductions et de publications, les mensonges évidents,
les travestissements, les interprétations artificieuses et les analyses
philologiques asservies délibérément aux exigences doctrinales, théologiques
et idéologiques se sont dessinés sous mes yeux.
Nous ne devons en l’occurrence pas passer sous silence une réalité : les
règles grammaticales appliquées à l’hébreu biblique ont été conçues a
posteriori par les grammairiens eux-mêmes, qui en débattent ensuite de façon
animée. Sans tomber souvent d’accord sur leurs propres formulations et
applications.
On lira à ce propos les écrits de chercheurs universitaires tels que le
professeur Garbini ou les diatribes auxquelles participaient James
Washington Watts, O.L. Barnes, Benjamin Wills Newton et d’autres. Avant
eux déjà, dès le IIe siècle après Jésus-Christ, des rabbins comme Akiva ou
Ishmaël se disputaient sur les seules fonction et portée de consonnes isolées
telles que VAV. Sans parvenir à un accord.
L’interprétation qu’Akiva fournit de la norme contenue dans le Lévitique
21:9, en est un exemple : « Si la fille d’un sacrificateur se déshonore en se
prostituant, elle déshonore son père : elle sera brûlée au feu7. » Même s’il est
banal de constater que les sacerdotes possédaient femmes, fils et filles. Dans
ce système social caractérisé par une inégalité absolue de considération entre
les sexes (qui persiste aujourd’hui encore de façon dramatique dans les
courants ultraorthodoxes, condamnés par une grande partie de la culture
hébraïque elle-même), c’était essentiellement les femmes qui étaient punies
pour les éventuelles transgressions. Dans ce cas, rabbi Akiva soutenait que
l’utilisation particulière de la consonne VAV dans le verset indiquait que la
peine devait également s’appliquer aux femmes mariées, tandis que le
Talmud limitait son application aux jeunes filles fiancées. À l’opposé, rabbi
Ishmaël l’accusait d’attribuer une valeur inexistante à la lettre VAV qu’il
considérait, lui, comme « superflue ».
Le rabbin Joel Roth (professeur, spécialiste du Talmud et de la loi juive au
sein du Theological Seminary8 de New York) rappelle que pour rabbi Akiva
chaque lettre de la Torah ne possédait pas exclusivement une valeur
linguistique, car le style et la disposition des lettres contenaient et
dissimulaient d’autres messages plus cachés ; pour rabbi Ishmaël, au
contraire, le langage de la Torah était exclusivement humain. C’est pourquoi
son style, sa grammaire, son utilisation générale, ne devaient pas être
interprétés comme un instrument pour transmettre des messages divins
particuliers ou cachés.
Cette dernière manière de considérer le texte rejoint les affirmations
rapportées par le professeur Jeffrey H. Tigay (professeur d’hébreu et de
langues et littératures sémites, Université de Pennsylvanie, Philadelphie) sur
le constat que la Torah n’est pas métaphorique.

En somme, comme on le voit, force est de noter les doutes, innombrables, les
controverses incessantes à l’intérieur même de ce milieu culturel dont on
attendrait, au contraire, des certitudes.
Les libres penseurs accueillent le tout comme un élément fortement positif :
là où existent le doute et les confrontations, les certitudes dogmatiques
perdent immédiatement (ou plutôt devraient perdre pour les hommes de bon
sens) toute raison d’exister, car elles sont privées d’un indispensable
fondement partagé.
Face à l’obscurantisme dogmatique, l’existence d’une dialectique vivace
témoigne de la vitalité d’un monde ouvert. Elle illustre l’attitude mentale de
chercheurs qui ne sont pas corrompus par ce dogmatisme théologique et/ou
idéologique qui conditionne au contraire une grande partie de la pensée
depuis de siècles sur le texte auquel nous nous intéressons. Les diatribes
philologiques doivent être vues à la lumière d’un élément aussi fondamental
qu’inconnu, et passé sous silence : comme le souligne le professeur Garbini
de l’Université La Sapienza de Rome, les massorètes n’ont pas opéré sur une
base linguistique et grammaticale, ils n’ont donc pas écrit en tenant compte
des règles préexistantes. Mais au contraire, ils se sont fondés sur des socles
purement idéologiques et théologiques, et, pire, sur des intentions, entre
autres pour les raisons que nous avons évoquées précédemment. Souvenons-
nous qu’il pouvait s’agir d’une question de vie ou de mort pour le peuple
hébreu.

Qu’a donc été occulté à coup de faux-semblants théologiques, mystérieux,


ésotériques, mystiques et également philologiques ? (Pour approfondir des
thèmes spécifiques, je vous renvoie à mes précédents ouvrages, dans lesquels
ils sont analysés en détail, avec des versets hébreux accompagnés de leurs
traductions et commentaires.)

Dans cette conférence au clavier, j’aligne une série d’affirmations claires et


précises, conscient de leur portée.
La Bible ne parle pas de Dieu.

La Bible n’est pas un livre religieux : c’est ce qu’affirment publiquement


les philologues hébreux qui interviennent en ligne dans les forums et les
blogs, y compris ceux dont l’objectif affiché est de lutter contre la diffusion
de ma clé de lecture, elle qui remet en cause toute la construction idéologique
et théologique dont nous parlons et que je place en parallèle des
« traditionnelles ». Tout cela offre au lecteur des axes de réflexion utiles à se
construire ses propres idées, libérées des schémas dans lesquels est enfermée
l’entière question biblique.
La Bible nous raconte les aventures du rapport entre un
colon/gouverneur du nom de Yahvé et un ensemble de gens que, à grand-
peine, il a transformé en un peuple, en leur donnant une identité. La partie
de la Bible qui nous raconte les événements historiquement les plus éloignés
(que les rédacteurs bibliques ont tirés de récits suméro-akkadiens beaucoup
plus anciens) est en substance un livre de chroniques. Elles décrivent les
origines de l’humanité, la création d’un groupe ethnique spécifique et les
aventures successives d’un peuple qui a établi un rapport/une alliance avec
l’un des Elohim, celui connu justement sous le nom de Yahvé.
Lequel, loin d’être le Dieu spirituel, transcendant, créateur du ciel et de la
terre, était un individu de chair et d’os, appartenant à un groupe de
colons/gouverneurs que la Bible connaît sous le nom d’Elohim.

Je précise que lorsque dans les bibles dont nous disposons nous trouvons
le terme « Dieu » (singulier), dans le texte hébreu figure le vocable
(pluriel). Et que lorsque nous rencontrons les termes « Seigneur » ou
« Éternel », ils correspondent en hébreu en revanche à Yahvé (j’ai déjà
souligné la manière dont, non sans raison, l’Église romaine entend peu à
peu en faire disparaître l’utilisation).

Il faut en outre signaler que le nom « Yahvé » fait son apparition dans les
événements bibliques alors que la langue hébraïque n’existait pas. Qu’il a été
transposé par écrit de nombreux siècles après avoir été prononcé (environ
trois siècles selon la meilleure hypothèse), et uniquement à l’aide de
consonnes. Et enfin, qu’il a reçu ses sons vocaliques environ 1 700 ans plus
tard. La Bible raconte l’histoire du rapport entre cet individu et un peuple qui
lui a été désigné dans le Deutéronome 32:8 (et suivants), où l’on dit qu’Elyon
donna leur héritage aux nations (affectation) et fixa les limites des peuples.
Le verset hébraïque (Deutéronome 32:9) ne dit pas que Yahvé eut le choix,
comme on le fait croire normalement, mais que la portion qui lui fut attribuée
était représentée par ce peuple. Il ne devait même pas figurer parmi les
personnages les plus importants et influents, à en croire cette assignation.
J’illustre cet état de fait en citant la traduction de la Jewish Publication
Society qui, en référence au peuple qui lui a été attribué, rapporte
textuellement : « Il l’a trouvé dans une contrée déserte, dans une solitude aux
effroyables hurlements. » Il trouva donc sa part, cheleq, dispersée dans le
désert.
La version proposée par les traducteurs hébreux eux-mêmes ne laisse pas de
place au doute : Yahvé ne reçut pas une part importante d’Elyon. Ce dernier
terme est un mot hébreu que l’on traduit par « le Très-Haut », mais qui
signifie littéralement « Celui qui est au-dessus ». Il est utilisé, par exemple,
pour indiquer la partie supérieure d’un espace habité (Genèse 16:5) ou une
pièce qui se trouve dans une position élevée par rapport à d’autres (Exode
41:7). L’utilisation du qualificatif de « Très-Haut » apparaît donc comme un
emploi théologique un peu tiré par les cheveux.
Elyon était le commandant et, en tant que tel, il définissait les limites des
peuples en désignant les territoires que les différentes nations devraient
occuper.
On pense immédiatement à Platon et au dialogue entre Timée et Critias,
lorsqu’il rapporte que les theoi (dieux) eurent ce qu’ils voulaient à la suite
d’un partage : ils peuplèrent ensuite leurs régions et prirent soin de leurs
sujets et de leurs biens comme des bergers qui gouvernent leur troupeau,
selon leur désir. Platon souligne encore que les theoi étaient répartis dans des
séjours divers.
C’est exactement ce que nous trouvons dans la Bible à partir de
Deutéronome 32:8 et suivants. Nous remarquons même une extraordinaire
correspondance avec la figure du « bon pasteur », que l’on retrouve souvent
dans les psaumes. Fait curieux : alors que dans le Critias on évoque une
collaboration entre les theoi, dans la Bible on insiste sur l’action isolée de
Yahvé, sans l’aide des autres Elohim (Deutéronome 32:129).
Parce qu’il était exclusivement un ish milchamah, un « homme de guerre »
(Exode 15:3), il n’était probablement pas disposé à supporter des
interférences dans ses décisions. Ou bien ne pouvait-il en tout cas pas
communiquer ses intentions, qui n’auraient certainement pas été partagées.
Circonstance univoque pour qui lit avec l’esprit ouvert. En revanche, nous
savons que les théologies et idéologies monothéistes doivent nécessairement
soutenir qu’Elyon et Yahvé sont deux noms qui désignent le même Dieu
(ainsi que le pluriel Elohim).
Nous essayons donc de suivre les monothéistes dans leur cheminement. À
la lecture des versets, nous découvrons immédiatement en Deutéronome
32:8-10 une situation pour le moins curieuse : selon la doctrine traditionnelle,
Dieu (sous le nom d’Elyon), définit et divise les territoires et nations. Puis ce
même Dieu (mais cette fois sous le nom de Yahvé) s’octroie une partie
réduite et insignifiante de ces peuples. En résumé, selon la doctrine, ce Dieu
crée l’humanité entière, mais décide de ne s’occuper que d’une partie de
celle-ci.
Si l’histoire s’arrêtait là, nous pourrions feindre d’accepter l’idée que ce
Dieu – décidément un peu étrange et très restrictif dans ses choix –, pour des
raisons insondables, se soit particulièrement intéressé à ces gens éparpillés
dans un territoire désertique. Et que, aux prix d’une mystérieuse
impénétrabilité de sa pensée, il ait par la même occasion décidé de se
désintéresser des autres peuples.
Mais est-il encore alors le Dieu de tous ?
La réponse semble aller de soi, mais je souhaite suivre encore la position
théologique/idéologique de la doctrine qui respecte la « tradition », aussi
invraisemblable soit-elle.
Nous poursuivrons le raisonnement monothéiste, et nous constatons que
toute la narration biblique repose en substance sur le récit d’un événement
d’une absurdité sans précédent : ce prétendu Dieu (nommé Yahvé) noue une
alliance privilégiée avec ce peuple et l’utilise comme force combattante pour
conquérir, dans un bain de sang permanent, des territoires que lui-même
(sous le nom d’Elyon) ne s’était pas attribués lorsqu’il définissait les limites
des nations.
Selon la théologie, nous voilà confrontés à cette étrangeté inexplicable :
dans un premier temps, ce Dieu, en tant qu’Elyon, partage le globe, s’attribue
à lui-même l’exclusivité d’un territoire et d’un peuple, puis, en tant que
Yahvé, part férocement à la conquête militaire des autres territoires qu’en tant
qu’Elyon il ne s’était pas attribués…
Et, pour ce faire, comme nous le verrons dans les pages à venir, il n’hésite
pas (sous le nom de Yahvé), à exterminer des peuples entiers dont le seul tort
était d’habiter sur des territoires que lui-même (en tant qu’Elyon) leur avait
attribués, et auxquels ensuite (en tant que Yahvé) il s’était intéressé.

N’est-ce pas étrange de la part d’un prétendu Dieu unique, omnipotent,


omniscient ?
Un tel comportement n’est-il pas absolument incompréhensible ?
N’apparaît-il pas, pour le moins, un peu déséquilibré ou devrais-je dire,
complètement pathologique ?
En tant qu’omniscient, ne pouvait-il pas y penser avant et prendre tout dès
le départ, sans contraindre ensuite les siens à massacrer des centaines de
milliers d’innocents pour occuper un territoire qu’il avait oublié de s’attribuer
à lui-même ?
S’il s’agissait d’un Dieu universel, pourquoi ferait-il combattre des
hommes et les contraindrait-il à se salir par des milliers de meurtres,
exterminations, viols, violences envers d’autres hommes et femmes
auxquels il avait lui-même attribué cette terre qu’il a ensuite décidé de
conquérir dans le sang ?
Ne pouvait-il pas s’attribuer également les autres, puisque dans la
vision monothéiste il n’aurait eu personne avec qui négocier ?
Les savants – selon cette logique absurde qui fait accepter à la lettre ce qui
plaît et dissimuler ce qui déplaît – diront que dans ces versets se glissent des
allégories, des métaphores, des valeurs mystérieuses ou ésotériques : je
préfère de mon côté « faire semblant de croire que… » les auteurs bibliques
nous aient raconté les événements habituels lorsque des colons se répartissent
un territoire puis combattent pour accroître leur sphère d’influence.
Ce « faire semblant » ne requiert aucune clé de lecture particulière et
possède un autre avantage : il est absolument cohérent avec tous les
événements bibliques et les récits d’autres peuples. Nous verrons en effet
plus loin le concept particulier que Yahvé avait d’un assassinat mais, surtout,
nous comprendrons qu’il n’a rien « créé » : ni le ciel, ni la terre, ni les
hommes.
Si l’on se libère du dogmatisme théologique et idéologique, la situation
apparaît dans son ensemble comme claire et équilibrée : Elyon n’est pas un
Dieu perturbé mentalement, mais le Seigneur de l’empire des Elohim et, en
tant que tel, il répartit les nations. En ces circonstances, Yahvé, l’un des
Elohim, reçoit un peuple et un territoire que ne le satisfont pas. Il met donc en
œuvre toute une série d’actions destinées à conquérir un meilleur territoire et
à accroître sa domination. Il a le comportement d’un colon tout à fait attendu
et d’un gouverneur qui vise à augmenter sa puissance territoriale.
Les incohérences monothéistes, déjà évidentes, ressortent encore davantage
dans le passage qui suit immédiatement (Deutéronome 32:12) que seul
l’aveuglement auquel les dogmatiques se condamnent volontairement
empêche de comprendre dans sa clarté éclatante.
Je l’ai déjà mentionné. Mais s’y attarder quelques instants vaut la peine tant
il semble nier le prétendu monothéisme biblique.
Le verset : « L’Éternel seul a conduit son peuple, Et il n’y avait avec lui
aucun dieu (El) étranger. » Je précise qu’El est le singulier d’Elohim, et je me
demande : mais quel autre El/Elohim pouvait-il ou devait-il y avoir avec lui
dès lors que, selon les monothéistes, les termes Elyon/Yahvé/Elohim
désigneraient indiscutablement un Dieu unique ?
Quel sens revêt ce verset, sinon celui de mettre en évidence que l’Elohim
nommé Yahvé agit seul, c’est-à-dire sans avoir recours à la collaboration de
ses collègues auxquels, selon l’auteur biblique, il aurait pu demander leur
aide pour s’occuper de ces gens perdus dans la désolation du désert ?
Cela dit, je reprends le fil de ma « conférence au clavier », pour rappeler que
Yahvé est le nom sous lequel il s’est présenté à Moïse. Mais pour Abraham,
il était El-Shaddai : l’El (singulier d’Elohim), ou « l’Élevé de la montagne »,
comme le traduit Howard Avruhm Addison (professeur assistant, université
du Temple à Philadelphie), qui semble ne pas tenir compte de la valeur
originelle des racines SHD ou SHDD, lesquelles renferment les concepts de
« violence » et de « dévastation ».
Les deux noms dissemblables et d’autres éléments que je n’analyserai pas
ici nous amènent à douter d’avoir affaire à un même individu. Mais je veux
supposer que c’était le cas. Et vous faire remarquer que, de la même manière
qu’il parle face à face avec Moïse, il se présente à Abraham sous la forme
d’un homme tout à fait normal qui mange, boit, marche, se fatigue, se salit,
doit se reposer, se laver, etc. (Genèse 18). La même chose se produit avec
Gédéon (Juges 6) : Yahvé se présente également à lui sous sa forme physique
de bipède en chair et en os, mais le point intéressant de ce récit est que
Gédéon ne le reconnaît pas et lui demande une preuve de son identité. Dans
ce passage, l’utilisation d’un verbe nous décrit même Yahvé qui s’assoit pour
attendre le retour de Gédéon, parti chercher la nourriture nécessaire à la
vérification qu’il souhaitait constater. Revenu à la maison, il dépose la viande
et le pain sur un rocher, les asperge du bouillon pour la cuisson (le « jus »).
Alors, l’assistant de Yahvé tend un instrument semblable à un petit bâton,
brûle le tout : c’est là la preuve de leur identité et, comme on le remarque, il
s’agit d’une preuve exclusivement mécanique, technologique, en rien
spirituelle, miraculeuse ou métaphysique10.
D’autre part, c’est la philologie hébraïque elle-même qui souligne que tous
les supposés miracles décrits dans la Bible ne sont autres que des opérations
technologiques qui engendraient la stupeur chez les personnes présentes
(consulter sur ce sujet les forums de confession juive en ligne). Rien de
surnaturel, donc, comme on le déduit bien du pseudo-miracle d’Élie, analysé
dans son extraordinaire singularité dans mes autres ouvrages : dans ce cas, ce
furent la chimie et l’énergie thermique qui produisirent les effets désirés.
Ce passage de Gédéon, contenu dans le Livre des Juges, le récit de la
rencontre entre Abraham et Yahvé et deux malakim (Genèse 18) et celui de
Moïse au buisson dit « ardent » (Exode 3) nous montrent clairement que
Yahvé se déplaçait souvent accompagné d’un ou plusieurs « assistants »,
attentifs et prêts à exécuter ses ordres.
Voilà qui correspond parfaitement à l’organisation hiérarchique militaire
qui prévoit même des campements tels que ceux vus par Jacob (Genèse 32) et
décrits également par Rachi de Troyes, l’un des plus grands exégètes hébreux
: il y voyait la présence de deux troupes de malakim chargées de défendre la
frontière d’un territoire situé aux alentours de l’actuelle Cisjordanie (op. cit.
en bibliographie).
Comme tout commandant, Yahvé disposait donc d’aides de camp prêts à
obéir immédiatement à ses ordres : j’ai personnellement un peu de mal à
imaginer qu’un Dieu omnipotent puisse recourir à ce genre d’exigences.

Et pour cause : l’individu que nous connaissons sous le nom de Yahvé


n’était pas et n’est pas Dieu, mais un des Elohim : il l’affirme chaque fois
qu’il se présente, il se définit comme l’Elohim exclusif de peuple et non
des autres nations.

La formule « l’Elohim d’Israël » revient sans cesse. Elle témoigne de


l’obligation permanente de présenter une certification précise, une sorte de
carte d’identité avant la lettre. Il ressentait à chaque fois le besoin de rappeler
qu’il était l’Elohim qui avait fait venir Abraham de la terre de Sumer dans
laquelle il habitait pour l’amener combattre à Canaan. Il était celui qui avait
terrorisé Isaac avec la mise en scène d’un faux sacrifice afin d’évaluer
jusqu’où allait la fidélité d’Abraham (en tant que Dieu ne la connaissait-il
pas, sans éprouver le besoin de monter un scénario aussi terrifiant ? Dieu ne
lit-il pas dans le cœur des hommes ? Mais nous l’avons déjà bien compris, il
ne s’agissait pas de Dieu).
C’était donc l’Elohim d’un peuple, il n’avait pas de titre pour gouverner les
autres et ne le fit jamais, il se contenta de les exterminer (ou de tenter de le
faire) lorsqu’ils occupaient des territoires qui l’intéressaient.
Il était par conséquent « un » Elohim (pluriel), comme nous pourrions dire
que Laurent le Magnifique était « un » Médicis (pluriel).
Les Elohim : de multiples individus qui opéraient sous le commandement
d’Elyon, terme qui, comme nous l’avons dit, signifie « Celui qui est au-
dessus, supérieur », que l’on traduit par le qualificatif de « Très-Haut ». Sous
son commandement, au temps de Péleg (Genèse 10:25), on assista à la
répartition de la planète entière entre des gouvernorats (Deutéronome 32:8).
Parfait exemple de l’attrait exercé par le récit palpable de la Bible et, dans le
même temps, témoignage des variations, ou plutôt des ajustements, que les
massorètes y ont apporté, dans leur intention de diffuser une idéologie
précise, construite sur des bases théologiques : ce qui confirme une fois de
plus que la religion nous demande de croire en « une » des bibles possibles.
Il existe deux passages qui, même s’ils appartiennent à des livres distincts,
se font écho de manière surprenante. Dans le Livre de la Genèse, on nous dit
que, au temps de Péleg, la terre fut divisée (Péleg porte justement ce nom
pour cette raison, la racine PLG indique la division). Et, dans le
Deutéronome, les auteurs nous rappellent que le partage fut mené par Elyon
lui-même, qui répartit les territoires après avoir compté les fils d’Israël.
Affirmation dont nous pouvons bien comprendre le but – exalter le peuple
d’Israël. Elle apparaît cependant illogique et, surtout, se voit démentie dans la
foulée : ce n’est en effet pas à eux que la terre fut confiée, mais aux Elohim
ou à leurs représentants, messagers, gardiens : les malakim dont nous
parlerons plus loin.
On affirme qu’à l’occasion de ce partage, Yahvé se vit confier le peuple
qu’il trouva dispersé dans le désert. Donc, le nombre des fils d’Israël n’est
d’aucune importance pour cette attribution de territoire en particulier. Le
mensonge délibéré des massorètes à l’origine de cette supercherie textuelle se
trouve illustré par les codex plus anciens, moins remaniés et moins
idéologisés (la Septante, par exemple), dans lesquels il est clairement écrit
que la division, et les attributions qui en ont découlé, a été accomplie par
Elyon sur la base du nombre de ceux que l’on nomme « anges », c’est-à-dire
les malakim – les gardiens, les vigilants. Eux agissaient sur ordres des
Elohim, et à partir du nombre de fils d’Israël.
Cette variante se vit tout aussi bien confirmée par les manuscrits de la mer
Morte, comme le souligne Niels P. Lemche (« Israël antique, l’histoire
renouvelée de la société israélienne11 ») : « […] le Cantique de Moïse dans le
Deutéronome (32:8-9), dans un fragment des manuscrits de Qumran,
proclame que lorsqu’Elyon a “donné leur héritage aux nations,/lorsqu’il a
séparé les fils des hommes,/ il a fixé les limites des peuples selon le nombre
des fils d’Elohim,/ et la portion du Seigneur fut Jacob,/ Israël est sa part
d’héritage”. »

J’en profite pour souligner que ces mêmes massorètes (autoproclamés


gardiens de la tradition) ne respectaient pas les textes les plus anciens sur
lesquels ils travaillaient. Ils les modifiaient en fonction des messages à
véhiculer à leur époque. Nous avons déjà vu qu’aujourd’hui encore il existe
des exégètes hébreux qui, à leur tour, modifient la version massorétique.
Question : combien de « traditions » existe-t-il ? À laquelle devons-nous
donner du crédit ? Comment un texte pour lequel tous se sont sentis et se
sentent encore libres d’intervenir en le modifiant et en niant également la
validité des versions précédentes peut-il être « sacré » ?
Retour au sujet, et autre question : comment ne pas penser immédiatement
aux récits suméro-akkadiens dans lesquels est évoqué le temps où le pouvoir
est descendu des cieux vers la terre ? La Bible rapporte-t-elle ici le même
événement ? Évoque-t-elle le moment où le chef des chefs a subdivisé et
attribué le commandement à ses représentants présents sur notre planète ?

Un élément intéressant ne doit pas nous échapper :


le terme « Elyon » dans la Bible est porteur en substance de la même
signification que le nom propre « Anu » inscrit dans les tablettes en
cunéiformes. Tous deux renvoient au concept d’« être en hauteur », de
personnage dit « au-dessus » (la syllabe An était représentée sous forme
pictographique par une étoile).
Ces deux noms désignent-ils donc le seigneur de l’« Empire » ?

Les structures de commandement prévoient normalement que ce soit le


commandant suprême qui décide personnellement des modalités de
répartition du pouvoir.
En lisant la Bible, on croit comprendre qu’en cette occasion Yahvé reçut
une assignation d’une importance toute relative, certainement moins
significative que celle de ses collègues qui gouvernèrent de plus grandes
civilisations, de l’Égypte à la Mésopotamie, de la vallée de l’Indus à
l’Amérique Centrale et du Sud, etc.
Dans un flux libre de pensée, une interrogation renvoie à la suivante.
L’usage d’insérer dans les noms des personnages des références précises à
leurs fonctions personnelles ou à des événements qui ont accompagné leur
naissance se révèle utile pour tenter de comprendre ce que, malheureusement,
la Bible ne raconte pas, sans la richesse de détails que nous aimerions y
trouver.
Par exemple, Elyon/Anu désigne la fonction du commandant, celui qui
vivait loin de la planète Terre : selon la tablette de texte cunéiforme NBC
11108 (que j’ai retranscrite et analysée dans Il n’y a pas de Création dans la
Bible), il possédait une demeure céleste dans laquelle aucune végétation ne
poussait. Il n’est pas difficile d’imaginer qu’il ait éprouvé le besoin de
descendre sur terre plus d’une fois pour prendre directement connaissance de
la situation. Et, par la suite, pour organiser le fonctionnement et la hiérarchie
de son empire sur la planète.
Dans le cinquième chapitre du livre de la Genèse figure une indication fort
intéressante : un descendant direct d’Adam et Ève (que nous évoquerons), est
appelé Yared, un nom dont la racine provient du verbe iarad, l’action de
« descendre ». Une question s’impose : se serait-il produit, au temps de
Yared, une « descente » si importante et significative qu’elle fut fixée dans le
nom de ce patriarche ?
Qui descendit à cette époque ?
Peut-être justement le seigneur de l’empire ?
En tout cas, quelque chose d’important a concerné la famille de Yared : son
fils Hénoch (Hénoc, Énoch, Énosh), certes, est décrit dans le même chapitre
comme le patriarche qui « … allait et venait parmi les Elohim », qui les
fréquentait et entretenait donc avec eux un rapport très particulier.
Le Livre d’Hénoch, un des textes bibliques que les chrétiens de tradition
romaine rejettent mais qui font cependant partie du canon copte et sont donc
reconnus par ces chrétiens, souligne comment il fut amené à accomplir « en
volant » de nombreux voyages au cours desquels il se rendit dans la demeure
du commandant suprême, et comment lui furent transmises des connaissances
précises qui couvraient les domaines les plus divers du savoir.
Cette « descente », rappelée par le nom Yared, fut donc véritablement
particulière. Elle fut suivie d’un nouveau départ dans lequel fut impliqué
Hénoch lui-même : la Bible nous dit en effet que ce patriarche partit avec les
Elohim et ne reparut plus jamais (Genèse 5:2412). En reprenant un concept
déjà évoqué, je vous adresse cette remarque : les bibles possibles, y compris
celles dont on a décrété qu’elles n’étaient pas crédibles, nous relatent des
histoires qui, vu sous un angle réaliste, construisent une mosaïque cohérente,
en dépit de leur regrettable manque de détails, de sources d’information et de
cohérence d’exposition. Malheureusement pour nous, cette exigence n’a pas
été ressentie par les très nombreux et divers auteurs des textes bibliques.
Surtout, nous ne saurons jamais si une grande partie des pièces manquantes
étaient en réalité présentes dans ces textes éliminés au fil des siècles, car leur
contenu trop explicite aurait rendu vains les efforts de ceux qui ont voulu et
pu construire sur cette histoire les facettes des systèmes de pouvoir
théologique et idéologique que nous connaissons : les onze livres que j’ai
cités précédemment, par exemple, en font partie.

Abordons désormais quelques questions fondamentales.


Chapitre 7

Qui étaient ces Elohim que l’on a fait


devenir Dieu ? Quelles étaient leurs
caractéristiques et comment agissaient-
ils ?

R
ésumons les caractéristiques fondamentales qui sont largement
étudiées dans mes ouvrages déjà cités, auxquels je vous renvoie pour
approfondir le sujet. Voici, en complément, de nouveaux éléments.
Je précise que je ne traduis pas le vocable Elohim parce que personne ne
sait ce qu’il signifie. Les courants dogmatiques n’émettent évidemment aucun
doute : pour eux, il signifie « Dieu ». Mais ce mot au pluriel connaît toutes
les traductions possibles justement à cause de la réelle ignorance qui
l’entoure. Raison pour laquelle je considère comme plus juste de le conserver
dans sa forme d’origine ou, tout au plus, de le remplacer par une expression
du type « ceux-là ». L’impossibilité de donner une traduction certaine se
retrouve avec le nom « Yahvé », dont on ignore également le sens. D’où ses
multiples rendus, jusqu’à celui de le comprendre comme une simple
interjection telle que : « C’est lui ! » C’est ce qu’écrit notamment le rabbin
Howard Avruhm Addison, déjà cité, qui soutient que, selon certains biblistes,
il pouvait s’agir d’une exclamation prononcée lorsqu’on le voyait arriver…
L’« ouverture » mentale de ces chercheurs cités ne peut que nous faire
penser aux innombrables inventions fantaisistes mystiques des 72 noms du
prétendu Dieu. Je les qualifie de « fantaisistes » sans aucune intention de me
montrer insultant, mais simplement pour souligner que, face à ces 72 noms
établis de manières diverses et variées, dotés d’une prétendue efficacité
fonctionnelle quand elle n’est pas, parfois, carrément magique, j’oppose la
réalité : nous ignorons le sens et l’origine même du premier nom. Nous ne
savons pas en quelle langue il a été prononcé, nous ne savons pas quels sont
ses sons vocaliques, nous ne savons pas s’il était réellement constitué à
l’origine des consonnes qui ont ensuite été utilisées pour le retranscrire…
Nous savons cependant de façon certaine que le peuple de Moïse ne fut pas le
premier à l’entendre ni à l’utiliser. L’épigraphie moyen-orientale démontre
que les peuples des régions alentour connaissaient ce nom bien avant qu’il
n’apparaisse au sein de la nation qui allait devenir par la suite le peuple
israélite. Les nations du Moyen-Orient du deuxième millénaire avant J.-C.
savaient que ce territoire était gouverné par un individu nommé YHW ou
YW ou YWH, dont ils connaissaient la compagne sous le nom d’Ashera, et
que les Hébreux de la colonie d’Éléphantine en Égypte, encore plusieurs
siècles plus tard, appelaient Anat-Yahu.
Soulignons ici que la guerre pour le contrôle des contenus bibliques fut
gagnée par les courants de la pensée hébraïque liée à la culture babylonienne
d’abord, puis achéménide. Si, au contraire, le judaïsme de modèle et de
tradition égyptiens s’était imposé, nous aurions peut-être abouti à une bible
qui considérait la présence de la compagne de Yahvé comme « normale ».
J’ai évoqué déjà les Targum dont la lecture a amené les frères Sabbah à la
construction d’une histoire totalement différente et liée de manière
indissoluble à l’Égypte : selon ces chercheurs issus d’une famille rabbinique,
ce serait donc encore une autre Bible possible, à cent coudées de celle qui est
considérée comme la base de tant de vérités spirituelles.
Nous disions que les Hébreux ne furent donc pas les premiers à connaître
Yahvé, mais qu’ils furent choisis par lui ou, plutôt, construits et constitués en
tant que peuple, pour tenter la conquête d’un territoire qui intéressait plus ce
Yahvé que celui qu’on lui avait attribué. Il les prit donc, les transforma et leur
fit prendre l’identité d’Israélites par un long processus d’évolution et
d’assimilation qui inclut des Sémites, des non-Sémites, des nomades et semi-
nomades, des habitants des villes de Canaan et d’autres qui y immigrèrent,
comme l’écrit Lee I. Levine (professeur d’histoire juive au sein de
l’Université hébraïque de Jérusalem).

Sur les personnages auxquels nous nous intéressons, voici ce qu’il convient
de préciser :

Les Elohim bibliques n’étaient pas un Dieu unique, comme le soutient


la théologie depuis deux millénaires, mais un groupe de plusieurs
individus en chair et en os. Une multiplicité mise en évidence de manière
univoque par de nombreux passages de l’Ancien Testament (Exode 3:12 et
suivants, Exode 15:3 et suivants, Exode 18:11 et suivants, Deutéronome
6:14 et suivants, Deutéronome 13:7 et suivants, Deutéronome 32:17 et
suivants, Jérémie 7:18). Ils dressaient même des campements dans les
zones frontalières qu’ils contrôlaient avec leurs armées (Genèse 3:21 et
suivants) : des campements bien connus des auteurs bibliques qui les
évoquent même expressément dans les manuscrits de la mer Morte,
comme dans le 4Q401 14i 8 dans lequel on affirme : « […] ils sont
honorés dans tous les campements des Elohim et révérés par l’assemblée
des hommes […] ».

C’étaient des individus qui vivaient si longtemps qu’ils étaient


considérés comme immortels alors même qu’ils ne l’étaient pas. Dans
mes travaux précédents, je cite des passages dans lesquels la Bible expose
clairement que les Elohim (c’est-à-dire le prétendu Dieu des théologies)
meurent comme tous les hommes (Psaume 8213). L’exégèse traditionnelle
de ce passage représente un exemple parfait de la soumission au
dogmatisme. La philologie qui œuvre à fournir des éléments à la théologie
affirme que, sans l’ombre d’un doute, le terme Elohim représente une
forme particulière de pluriel qui, en réalité, renvoie à un singulier : Dieu
(nous y reviendrons, car nous sommes au cœur de cette entière
construction dogmatique boiteuse).

Pour ceux qui soutiennent la doctrine traditionnelle, le Psaume 82 constitue le


véritable « couac » : ici, le terme Elohim ne peut cacher un singulier : des
pronoms, des adjectivations et, surtout, dix verbes conjugués au pluriel
l’interdisent.
Même les partisans les plus invétérés de la valeur singulière doivent le
reconnaître.
Pour surmonter cet obstacle, les irréductibles affirment que dans ce passage
biblique, le vocable Elohim ne signifie pas « Dieu », mais bien « Juges ».
Nous n’entrerons pas dans les détails puisque nous en avons largement
débattu dans les précédents ouvrages, mais nous reportons ici ce qu’écrit à ce
propos un chercheur que l’on ne peut en aucun cas accuser de soutenir des
thèses fantaisistes, le professeur Mike Heiser (rédacteur en chef universitaire
de Logos Bible Software14, maîtrise ès lettres, doctorat de philosophie
spécialité Bible hébraïque et langages sémites de l’université du Wisconsin-
Madison [2004], titulaire d’une maîtrise en histoire ancienne, université de
Pennsylvanie).
Il écrit sur son site : « Pour le dire simplement, les Elohim du conseil de
Yahvé (Psaume 82) sont des êtres divins et non des monarques humains.
C’est ce qui ressort encore plus clairement du passage parallèle en Psaume
89:5-815. Dans le Psaume 82:1, le pluriel Elohim désignent les « fils du Très-
Haut », au verset 6. À l’évidence, il faut entendre « fils du Dieu d’Israël »
puisque la théologie biblique désigne Yahvé comme « le Très-Haut »
(Psaume 83:18). Dans le Psaume 89, les fils de Yahvé sont nommés bene
Elohim. Ces bene Elohim n’ont assurément rien d’humain puisque leur
assemblée, ou conseil, est dit explicitement se trouver dans les nuages/les
cieux, et non pas sur terre. Le contenu du Psaume 82 prouve
surabondamment qu’il s’agit d’êtres divins, non humains, dans la mesure où
les Elohim pluriels sont jugés pour leur gouvernance corrompue des nations.
Or, la Bible hébraïque n’atteste à aucun moment que les monarques humains,
qu’ils soient juifs ou gentils, n’administrent les nations. Au surplus,
contrairement aux croyances populaires et aux hypothèses des exégètes, nul
passage de ladite Bible n’associe les humains au vocable Elohim.
Il affirme certains faits qui vont de soi : les Elohim ne sont pas des hommes.
Ce sont des êtres bien distincts des « Adams ». ils vivent beaucoup plus
longtemps (Le-’olam, c’est-à-dire « pour une longue durée dans le passé et le
futur »), mais en partagent la nature mortelle. Selon le chercheur, l’assemblée
dont parle le Psaume ne s’est pas même tenue sur terre.
Ce que confirme amplement l’étude des « Manuscrits de Qumran » (I
manoscritti di Qumran, Utet, Turin, 197416), dans lequel le chercheur Luigi
Moraldi examine des fragments de papyrus de la communauté essénienne et
souligne même la présence de plusieurs factions d’Elohim présentes dans
cette assemblée.
La Bible possède des termes précis pour désigner les juges : felilim (Exode
21:22) et shofetim qui, d’ailleurs, constitue le titre hébreu du Livre des Juges :
elle ne les confond jamais avec les Elohim.

C’étaient des individus qui voyageaient dans des machines volantes,


appelées ruach, kavod, merkavah, auxquelles a été consacrée une analyse
attentive et détaillée dans de nombreux chapitres de mes précédents
ouvrages. Le kavod est habituellement traduit par « Gloire de Dieu », mais
nous vous rappelons au passage que le récit de l’Exode révèle que cette
fameuse « Gloire de Dieu » pouvait être vue sur rendez-vous ! Elle tuait
ceux qui se trouvaient devant elle. Elle décimait ceux qui se trouvaient à
proximité lorsqu’elle passait. Elle pouvait cependant être vue de l’arrière
après son passage, et il restait possible de toute manière de se prémunir de
ses effets mortels simplement en se cachant derrière des rochers tout à fait
normaux qui, donc, pouvaient contrôler ce que Dieu lui-même n’était pas
capable de contrôler (Exode 3317). Le professeur Jeff A. Benner
(fondateur du Centre de l’hébreu antique18 et auteur de « Lexique de
l’hébreu antique de la Bible19 »), dans ses écrits sur le kavod où il met en
relation le récit de l’Exode avec les psaumes 3 et 24 et le chapitre 29 de
Job, le décrit comme une machine lourde qui servait d’arme d’attaque et
de défense.
Le révérend presbytérien Barry Downing (ministre chrétien, théologien,
physicien, spécialisé dans les rapports entre science et religion), homme de
confession chrétienne qui exerce son ministère, n’a aucune réticence à
écrire que la religion mosaïque est le fruit d’une rencontre de ces gens
avec un Ovni guidé par des intelligences de provenance extraterrestre.
Je parlerai plus loin des thèses d’un théologien, le professeur Armin
Kreiner.
Dans les milieux juifs, catholiques et chrétiens réformés, il existe donc des
esprits ouverts, capables de se poser des questions et de fournir des
hypothèses de réponse qui ne requièrent pas de recourir à la notion de
mystère pour traiter des thèmes auxquels la théologie ne sait pas fournir
d’explications.

Dans la Bible, les Elohim ne sont jamais considérés comme des


« dieux » : à l’origine, on ne leur accordait respect et soumission qu’à
cause de leur grand pouvoir, garanti par la technologie dont ils disposaient
et qui suscitait la terreur.
Ils étaient également redoutés pour leur cruauté, une caractéristique dont
la Bible donne un témoignage sans équivoque. Yahvé, défini comme le
« Guerrier », n’avait aucun scrupule à ordonner de véritables
exterminations de personnes sans défense, en menant des opérations que
nous qualifierions aujourd’hui sans hésitation de nettoyage ethnique (se
reporter aux Chroniques, Samuel, Rois, etc.)

Les Elohim ne s’intéressaient pas à des sujets tels que la religion au


sens moderne du terme, la spiritualité, l’au-delà. Ils avaient pour
objectif fondamental de définir des structures de pouvoir réparties sur les
multiples territoires, au sein desquels se sont ensuite développées les
diverses civilisations. Dans ce but, ils se déplaçaient à la recherche de
terres et de gens qui pouvaient les servir (Deutéronome 32:17 et suivants).

Les Elohim étaient des individus qui connaissaient les lois de la


nature, du cosmos, et les transmettaient à leurs seuls serviteurs fidèles, de
quoi engendrer ainsi les castes des rois/gouverneurs/sacerdotes, ceux
qu’on appelait justement les « initiés » à la connaissance.
Ce savoir était cependant nettement scientifique, concret, matériel, et donc
utile pour le quotidien de leurs gouvernorats ou leurs exigences
spécifiques de voyageurs spatiaux. Rien à voir avec les prétendues
connaissances d’ordre spirituel qui ont été construites au cours de l’œuvre
d’occultation que nous sommes en train de mettre en évidence et de
dénoncer.
Yahvé, loin d’être le « Dieu » unique et transcodant, n’était que l’un
d’entre eux : celui auquel on avait confié la tâche de gouverner à l’échelle
d’un territoire défini. Mais, en vérité, pouvons-nous l’affirmer ? Pas même
: il pourrait aussi s’être attribué lui-même le pouvoir sur un territoire et sur
un peuple que personne ne lui avait confié. L’analyse de la stratégie
adoptée pour conquérir la fameuse « Terre promise » met bien en évidence
tout le soin qu’il déploie à ne pas attirer l’attention de ses
collègues/rivaux, beaucoup plus puissants que lui, qui gouvernent les
nations environnantes, telles que l’Égypte et la Mésopotamie. Il était
conscient de sa situation et était littéralement obsédé par la crainte que les
siens l’abandonnent pour suivre d’autres Elohim. C’est pourquoi il les
menaçait constamment de mort et tuait sans pitié les traîtres (deux
citations valent toutes les autres : Deutéronome 13:7 et suivants20,
Nombres 25:1 et suivants21).

Au sujet de la mortalité des Elohim, nous avons déjà évoqué la question du


pluriel qui constitue le véritable cœur de la question. Il se résume ainsi :
– si le terme Elohim désigne le Dieu unique, transcendant, créateur du ciel et
de la terre, la Bible revêt une valeur théologique et doctrinale ;
– si Elohim désigne un groupe d’individus, des gouverneurs, des colons, la
Bible raconte une histoire totalement différente.

C’est la raison pour laquelle la lecture littérale que je mène et présente suscite
autant de réactions. La philologie hébraïque, ces deux dernières années, a
reconnu qu’une série d’affirmations apparemment absurdes et inacceptables
avaient toujours fait partie de sa culture et se retrouvaient même dans ses
sources, dans les multiples versions du Talmud ou des Midrashim (les textes
de la littérature extra-biblique qui contiennent en substance l’ensemble de
l’exégèse menée au fil des siècles par la pensée israélite sur les livres de
l’Ancien Testament).
Une lecture et traduction attentives de la Bible en hébreu révèlent qu’en
réalité on les y trouve aussi, ils sont sous nos yeux : nous devons simplement
procéder à l’élimination des « écrans » qui y ont été placés à dessein.
Ces vérités bibliques évidentes que nous découvrirons bientôt concernent
des aspects fondamentaux de la doctrine religieuse et sont afférentes au
monde que l’on qualifie de spirituel : anges, chérubins, Satan, miracles, etc.
La vraie question, la raison de la lutte acharnée entre positions dogmatiques
et libre pensée, concerne donc les Elohim.
D’où l’intérêt de formuler quelques remarques supplémentaires.
Dans le contexte actuel qui veut que les textes imprimés et le réseau Internet
interagissent, je signale que l’on trouve sur YouTube une courte vidéo dans
laquelle j’analyse certains aspects du sujet avec des exemples utiles à une
meilleure compréhension de ce dont nous parlons. Cette vidéo s’intitule
« Elohim est “le pluriel d’abstraction” », et illustre la manière dont le
contexte biblique résout par lui-même la question grammaticale posée par les
doctrines monothéistes tenues, par dogmatisme, d’affirmer l’unicité de
Dieu22.
Pour étayer encore mes propos, je cite le professeur R.V. Foster (Université
de Cumberland, Liban) pour lequel il ne fait aucun doute que le mot Elohim a
été utilisé comme pluriel de majesté. Pour lui, nul besoin de démonstration.
Le mot Elohim est hébreu mais son équivalent existait également en dehors
de ce peuple où, en tant que forme inévitablement/absolument pluriel, il
désignait une multiplicité d’individus. Lorsque le mot a été introduit dans la
région d’Israël, la forme plurielle a suivi et a été appliquée à l’unique vrai
Dieu, mais non pour suggérer sa majesté ou sa trinité.
Nous savons pertinemment que les règles grammaticales, syntaxiques et
linguistiques n’étaient pas l’œuvre des massorètes, mais qu’elles ont été
élaborées au cours des siècles qui ont suivi par les philologues, ceux-là
mêmes qui ont mené l’étude de cette version particulière du texte biblique.
Malheureusement, la philologie biblique est restée de nombreux siècles
l’apanage des théologiens qui ont donc formulé et appliqué – a posteriori –
des règles adaptées à la clé de lecture doctrinale.
Ce fait établi, examinons un autre aspect.
Pour justifier la pluralité du terme, les théologiens monothéistes
introduisent d’autres éléments et soutiennent que, là où le « pluriel » est
impossible à nier, Elohim ne signifie pas « Dieu » mais fait référence aux
« législateurs/juges/ministres ». Cette affirmation contient une évidence
indiscutable. Elle n’est qu’une confirmation supplémentaire de la pluralité de
ces individus. Dans notre culture, en effet, les fonctions législative, judiciaire
et exécutive sont notoirement séparées, et la « séparation des pouvoirs »
représente l’une des garanties indispensables aux systèmes démocratiques.
Par le passé, en revanche, les trois fonctions étaient réunies dans la personne
unique du dirigeant – roi, empereur, quel que soit son titre – qui les exerçait
aussi bien directement que par le biais d’individus qu’il avait choisis et
nommés.
Les Elohim, colons puissants et plénipotentiaires, représentent un modèle
typique de cette concentration et fusion des pouvoirs. Leur manière
despotique de gouverner – Yahvé en est un exemple direct des plus criants –
incluait en elle-même les fonctions citées supra.

Il va donc de soi pour tout le monde que les Elohim étaient à l’origine, à la
fois :
– des législateurs (ils dictaient les règles et normes en parfaite autonomie de
décision) ;
– des dirigeants, ministres qui géraient les multiples aspects du pouvoir (ils
faisaient appliquer les lois directement ou à travers leurs délégués, comme
Jéthro, Moïse, etc.) ;
– des juges (ils contrôlaient le respect des lois, infligeaient et exécutaient –
ou faisaient exécuter – peines et punitions).
Ce qui ne signifie pas qu’ils étaient des « Adams » particulièrement évolués –
comme doivent nécessairement chercher à le soutenir les
théologiens/idéologues monothéistes. Au contraire, même, la Bible de tout un
chacun (sans aucun besoin de traduction particulière) nous fournit clairement
des éléments utiles à les en distinguer nettement.

Voyons-en quelques-uns :

1) Les Elohim « créèrent » les « Adams » (Genèse 1, analysé plus loin).


Question : si les Elohim avaient été des « hommes normaux », aurait-il
été nécessaire de préciser cette évidence banale ? N’aurait-il pas été
ridicule de l’affirmer, en lui attribuant une importance fondamentale dans
l’histoire ? La Bible n’a donc pas dit que nous avons été créés par des
« législateurs/juges/ministres » (qui à leur tour auraient nécessairement
été des hommes), mais par des êtres « autres ».

2) Les Elohim se sont « unis » avec les femmes « Adams » (Genèse 6).
S’ils avaient été des hommes tout à fait normaux avec des fonctions de
« législateurs/juges/ministres », aurait-il, une fois de plus, été utile de
préciser une telle banalité ? Avec qui d’autre que des femmes « Adams »
des hommes normaux auraient-ils dû s’unir ?

Et puis, pourquoi ces unions sexuelles n’ont-elles pas donné naissance à


un groupe particulier, celui des ghibborim, c’est-à-dire « sang-mêlé »
qui, non sans raison, étaient définis comme « des hommes puissants,
célèbres23 » ?
Rappelons-nous que, dans l’histoire de l’humanité, les fondateurs des
grandes civilisations étaient toujours définis comme des demi-dieux,
c’est-à-dire fils d’un humain et d’un être appartenant à la race de ceux
venus d’en haut : de Gilgamesh à Énée, en passant par les premiers
dirigeants en Égypte ou la dynastie japonaise, etc.
Il est facile de trouver de très nombreux exemples.

3) Les Elohim « meurent comme tous les “Adams” » (Psaume 82). Je l’ai
déjà évoqué, j’ajoute ceci, au nom du bon sens : s’il s’était agi
d’« hommes normaux », exerçant les fonctions de
« législateurs/juges/ministres », aurait-il été nécessaire de rappeler
l’évidence qu’ils meurent… aussi ? Comment aurait-il pu en être
autrement ?

4) Yahvé craignait constamment que son peuple ne se tournât vers


d’autres Elohim (on peut le constater dans d’innombrables passages de
la Bible).
Question : le prétendu « Dieu véritable » avait-il aussi peur de
« législateurs/juges/ministres » on ne peut plus normaux, infiniment
moins puissants de lui ? La peur l’aveuglait-elle au point qu’il tuait
impitoyablement ceux qui l’abandonnaient pour se mettre au service
d’hommes quelconques ? Les Hébreux qui avaient eu un rapport direct
constant, quotidien, personnel avec lui, étaient-ils stupides au point
d’abandonner le « véritable Dieu tout-puissant » pour des
« législateurs/juges/ministres », c’est-à-dire des « hommes normaux » qui
exerçaient un pouvoir local et limité ?
Il semble tout bonnement impossible de formuler une hypothèse de ce
genre tant elle est ridicule. Je dirais même profondément insultante pour
ces gens qui, dans un tel cas, se seraient montrés incapables de distinguer
et de choisir entre le Dieu universel et des hommes tout ce qu’il y a de
plus « normaux ».

5) La Bible dit clairement que le peuple pouvait « choisir » entre Yahvé


et d’autres Elohim (Josué 24 et de nombreux autres passages)
Ceux qui soutiennent la doctrine affirment que, dans ces cas, les « autres
Elohim » désignaient des divinités païennes représentées par les idoles.
Question : les Hébreux de l’époque, après des siècles (au moins à partir
d’Abraham) de rapport direct, constant, quotidien, personnel, avec Yahvé
– celui qu’on présente comme le « Dieu unique, vivant et opérationnel
dans l’histoire » – étaient-ils naïfs au point de lui préférer des tas de
pierre ou de bois inertes, des idoles sans vie ?
L’abyssale et inimaginable différence entre Dieu et idoles n’était-elle pas
plus que flagrante ?
Les dogmatiques, contraints par leurs préjugés fidéistes à maintenir de
telles affirmations, ne se rendent-ils pas compte qu’elles constituent une
insulte à l’intelligence humaine ou même au bon sens de base, et s’avère
fortement offensante envers ce peuple ou, du moins, ses ancêtres ?
Impossible de l’imaginer : il se fût agi d’un comportement absolument
incompréhensible, typique d’individus dépourvus de la moindre capacité
de discernement. Si j’appartenais à cette nation, je me sentirais
profondément insulté à l’idée que l’intelligence de mes ancêtres soit
discréditée de manière aussi ridicule. Je suis au contraire porté à penser
que le peuple des origines – libre de tous les dogmes théologiques qui
conditionnent beaucoup d’esprits actuels – était bien conscient de la
situation qu’il vivait.

La Bible nous montre en permanence que ce peuple savait bien que :


1) les Elohim n’étaient absolument pas des hommes « normaux » qui
exerçaient les fonctions de « législateurs/juges/ministres », et qu’ils
étaient encore moins des idoles inertes et ridicules ;
2) les Elohim, dans les fonctions et pouvoirs qu’ils exerçaient,
revendiquaient les mêmes prérogatives et caractéristiques que Yahvé,
parce qu’ils appartenaient au même « groupe » d’origine ;
3) Yahvé n’était que l’un d’entre eux et ne constituait donc qu’un des choix
possibles.

Les autres Elohim étaient pour « lui » des rivaux réels, redoutables et très
dangereux. Il semble que ce concept soit encore bien présent au temps de
Paul de Tarse (l’apôtre des gentils, dont les contributions théoriques ont
constitué le socle premier de la doctrine chrétienne : j’en ai proposé une
analyse dans un précédent ouvrage, « Résurrection, Réincarnation24 »). Dans
la Première épître aux Corinthiens (8:5-6), il est écrit textuellement : « Car
s’il est des êtres qui sont appelés theoi, soit dans le ciel, soit sur la terre, il y a
de la sorte beaucoup de theoi et beaucoup de seigneurs, pour nous
néanmoins, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et
pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes
choses et par qui nous sommes. » L’affirmation est claire : pour cet Israélite
de la tribu de Benjamin, il existait de nombreux theoi (il existait en effet
beaucoup d’Elohim pour les Hébreux) mais, pour les croyants de cette
nouvelle foi, il n’y avait qu’un Dieu auquel s’adresser (exactement comme
les Hébreux ne devaient s’adresser qu’à Yahvé).

Les Elohim étaient donc nombreux, et il s’agissait de colons qui, en tant


que tels, devaient nécessairement établir un système de règles, de
normes, de lois à imposer aux peuples qu’ils dirigeaient.
Cette nécessité était particulièrement ressentie par Yahvé, lui qui avait à
gouverner un peuple… inexistant : il devait le construire.
Je me souviens de ce qu’affirmaient les professeurs Wexler et Levine sur
l’inexistence de l’identité israélite, voire de la langue hébraïque au temps où
Moïse agissait « pour le compte » de Yahvé.
« Ils » durent rassembler un peuple qui n’existait pas, lui donner une
identité et, surtout, en tirer une structure combattante avec laquelle tenter de
conquérir un territoire que nous connaissons sous le nom de la fameuse Terre
promise.
Je fais immédiatement remarquer qu’il n’est jamais parvenu à la conquête
totale : l’archéologie israélite contemporaine met toujours plus en évidence à
quel point l’entière épopée de l’occupation du pays de Canaan et la naissance
des royaumes de David et Salomon fut mitigée : sa réalité reste largement
moindre que celle que décrivent les reconstructions théologiques et
idéologiques fantaisistes.

Yahvé devait donc construire ce qui n’existait pas : un peuple et une


armée.
Pour ce faire, force lui fut d’établir et mettre en œuvre des règles qui sont
connues dans leur ensemble, comme les 613 mitsvot. Elles représentent le
cœur du judaïsme : 248 d’entre elles sont les mitsvot aseh, les « tu feras »,
c’est-à-dire des commandements exprimés à la forme positive – ils obligent à
accomplir une action déterminée ; 365 sont au contraire les mitsvot la
ta’aseh, les « tu ne feras pas », des commandements à la forme négative qui
interdisent donc certaines actions.
Nous connaissons surtout les Dix commandements, ceux qui constituent le
fondement du code moral de comportement à adopter envers son prochain
(même si nous verrons qu’il ne s’agit en réalité pas du tout de ça). Le
professeur Ben Zion Bergman (professeur émérite de littérature rabbinique,
université du judaïsme, Los Angeles) souligne que les deux listes (Ézéchiel
20 et Deutéronome 5) présentent des différences sur certains points. Il
affirme, en outre, que les règles exprimées dans la Bible reflètent l’évolution
entraînée par des changements qui ont eu lieu au fil des siècles, et dans les
conceptions éthiques des peuples qui les ont formulés.
Nous ne sommes donc pas face à un système éthique absolu et immuable :
nous avons affaire au contraire à un relativisme moral déclaré dont les
contenus changent en fonction des bouleversements civils, sociaux et
culturels.
On a envie de dire que le Dieu biblique s’adapte aux situations et aux
époques : nous verrons bientôt à quel point tout ceci est vrai et significatif.
Mais, avant de nous intéresser au contenu réel des commandements et
surtout au but – absolument contingent – dans lequel ils ont été formulés, je
dois faire remarquer que dans Exode 34:27 s’est glissée une déclaration
claire.
Yahvé liste explicitement les commandements sur lesquels il a bâti
l’alliance avec Moïse et le peuple :
« Ne pas conclure d’alliance avec les habitants du pays »,
« Détruire leurs autels, stèles, images et ne pas adorer leurs dieux »,
« Ne pas prendre les femmes du pays pour les fils d’Israël »,
« Ne pas construire des divinités en métal fondu »,
« Observer la fête des azymes durant le mois d’Abib »,
« Lui réserver tous les premiers-nés mâles ; racheter tous les premiers-nés
des humains par des dons »,
« Respecter le sabbat après avoir travaillé durant six jours »,
« Célébrer la fête des semaines » (moisson, récolte en fin d’année…),
« Faire présenter chaque garçon devant l’Elohim trois fois par an »,
« Ne pas offrir le sang de la victime sur le pain levé, et le sacrifice de la
Pâque ne devra pas rester jusqu’au matin »,
« Offrir au Seigneur les primeurs de la terre »,
« Ne pas faire bouillir le chevreau dans le lait de sa mère25 ».
On le voit bien, ces commandements ne sont pas ceux qui nous ont été
enseignés. Ils n’ont même rien à voir avec des normes comportementales de
nature purement morale : ce sont des indications fonctionnelles précises, aux
conséquences souvent dramatiques.
L’analyse parallèle des deux listes fait l’objet d’un chapitre dans l’un de
mes précédents ouvrages, mais voici quelques réflexions supplémentaires sur
le sujet.
L’ordre concernant le don des premiers-nés avait pour but leur utilisation
lors de sacrifices : Yahvé se les faisait amener lorsqu’ils étaient âgés de huit
jours – exactement comme pour ceux des animaux (Exode 22:28-29) – et il
voulait qu’ils soient brûlés pour lui, comme il l’affirme lui-même dans
Ézéchiel 20:25 et suivants.
C’est l’un des passages pour lesquels la Conférence épiscopale italienne –
CEI – montre son courage en rendant la signification exacte du verbe hébreu.
Voici la traduction publiée par elle des versets 24-26 du chapitre 20
d’Ézéchiel :

[…] parce qu’ils ne mirent pas en pratique mes ordonnances, parce


qu’ils rejetèrent mes préceptes, profanèrent mes sabbats, et tournèrent
leurs yeux vers les idoles de leurs pères. Je leur donnai aussi des
préceptes qui n’étaient pas bons, et des ordonnances par lesquelles ils
ne pouvaient vivre. Je les souillai par leurs offrandes, quand ils
faisaient passer par le feu tous leurs premiers-nés ; je voulus ainsi les
punir, et leur faire connaître que je suis le Seigneur (Yahvé) […].

« Quand ils faisaient passer par le feu tous leurs premiers-nés » : des mots
crus, tellement dévastateurs et inacceptables pour la doctrine que, souvent,
dans les bibles traditionnelles, ils ont été habilement occultés et remplacés par
le terme « consacrer », qui n’a rien à voir avec la littéralité du texte hébreu et,
surtout, avec les fins de l’acte.
Le but de la production de cette « fumée », engendrée par les graisses qui
brûlent selon les modalités précises décrites dans le Lévitique 3:3-5, a été
analysé en détail dans mes ouvrages précédents. J’ai publié l’étude médicale
qui illustre l’effet neurophysiologique de l’acte de humer cette fumée qui
« apaisait » les Elohim.
Je n’y reviendrai pas ici, mais je veux souligner certains faits sur ce point :
les peuples de divers continents nous parlent de cette même exigence étrange
que les prétendues divinités manifestaient partout.
Même des œuvres qui sont, de ce point de vue, considérées comme très
éloignées et inattendues dans ce contexte, nous apportent des confirmations.
Dans l’Iliade (Chants I, II, IV, VI, VIII, XXII, XXIII) et dans l’Odyssée
(Chants III, VII, IX, XII, XIII, XVII, XIX), par exemple, les « dieux »
demandent qu’on leur prépare et brûle entièrement certaines parties de chair
et de graisse des animaux, exactement comme l’exigeaient le Yahvé biblique
et ses collègues Elohim. Ils humaient ce parfum pour se détendre, dit
clairement la Bible, mais cela n’est évidemment pas accepté par la doctrine.
Par conséquent, la philologie qui œuvre à son service cherche à nier de toutes
les façons possibles cette signification du terme hébreu nichoach, qui est
cependant clair, univoque et également unique, comme le révèlent les
dictionnaires rédigés par les chercheurs israélites.
Si, comme on voudrait nous le faire croire, il s’agit d’une allégorie, nous
devrons reconnaître que les auteurs bibliques et Homère, ou les auteurs des
textes que l’on confond avec le seul Homère, auraient étrangement choisi
justement le même outil littéraire, la même représentation allégorique avec
des contenus possédant une extraordinaire similitude, même dans leur
substance !
Il est en revanche beaucoup plus spontané et nettement moins fantaisiste de
penser que, dans les deux cas, il s’agit de récits qui renvoient à des situations
concrètes et bien connues.
Je comprends bien que pour les personnes de foi, l’idée que leur Dieu
puisse s’apaiser à l’aide de graisse brûlée est inacceptable (et nous revenons
alors ici à notre exemple de consultation médicale sur la couleur des
ongles…). Tandis que les philologues chirurgiens utilisent des bistouris et des
pincettes pour tenter d’atteindre et réaffirmer leurs théories idéologiques et
théologiques, moi, je pose quelques questions.
Si cette fumée – comme on cherche à l’affirmer – devait représenter
symboliquement l’ascension de l’esprit qui « aspire » à rejoindre Dieu :

– Était-il nécessaire d’entraîner pour cela de véritables hécatombes d’êtres


vivants ?
– Était-il nécessaire de générer tant de souffrances ?
– Ne pouvait-on pas brûler du bois ou de la paille ?
– S’il fallait vraiment un élément d’origine animale, n’aurait-il pas suffi de
brûler la laine des moutons plutôt que de tuer les agneaux ?
– Pourquoi les Elohim (le prétendu Dieu unique) appréciaient-ils les
agneaux d’Abel et pas les végétaux de Caïn ? N’étaient-ils pas en mesure
de comprendre que l’intention était la même ? Chacun des deux n’offrait-il
pas ce dont il disposait ?
– Pourquoi Yahvé faisait-il brûler « la graisse qui couvre les entrailles et
toute celle qui y est attachée, les deux rognons, et la graisse qui les
entoure, qui couvre les flancs, et le grand lobe du foie, qu’il détachera près
des rognons » (Lévitique 3:3-5) ?
– Pourquoi les Elohim voulaient-ils uniquement cette graisse et pas autre
chose ?
– Pourquoi cette graisse était-elle si importante et si précieuse que Yahvé
ordonna de mettre à mort tous ceux qui étaient surpris en train d’en faire
un usage personnel (Lévitique 7:25) ?

Le souci est que cette graisse appartenait aux bébés des hommes, que Yahvé
se faisait remettre âgés de huit jours. Nous ne pouvons certainement pas
imaginer qu’il les élevait personnellement après les avoir soustraits à leurs
mères (Exode 22:28-2926).
Les sacrifices humains ont continué au moins jusqu’en 622 av. J.-C.,
époque à laquelle la réforme du roi Josias les fit remplacer par des agneaux,
en cherchant en outre à en effacer le souvenir (voir à ce sujet les recherches
du professeur Giovanni Garbini, citées en bibliographie).
Nous savons bien que la pratique des sacrifices humains était répandue
parmi les peuples de la terre entière. Tous nous parlent de « divinités » qui
réclamaient expressément ce type d’offrandes cruelles et inhumaines. La
culture judéo-chrétienne adopte une attitude ambivalente face à ce
comportement : elle considère comme absolument réels, bien que barbares et
païens, les rites accomplis par les multiples peuples, et tend en revanche à lire
et à interpréter de manière allégorique ou métaphorique les sacrifices
humains dont on dit clairement dans la Bible qu’ils étaient expressément
demandés par Yahvé.
On a même tenté au fil des siècles, et on tente encore, d’en nier l’évidente
réalité historique.
On a essayé de répandre l’idée que cette pratique barbare était l’apanage des
peuples dits « païens ».
Qu’il s’agisse d’une barbarie, personne n’en doute. Mais elle était pratiquée
aussi par le peuple de Yahvé, et la requête d’origine provenait directement de
lui : il n’était pas possible de s’y soustraire, comme nous le savons bien.
Il est probable que lorsque les raisons pour lesquelles il l’avait ordonnée –
qu’il explique lui-même dans Ézéchiel 20:21 et suivants27 – se firent moins
pressantes, cette règle fut adoucie et remplacée par un rachat pécuniaire
(lequel, d’ailleurs, s’avérait bien plus utile à la caste qui l’encaissait). Le
passage de l’assassinat au paiement d’une contre-valeur monétaire illustre
l’une des nombreuses situations dans lesquelles on perçoit cette évolution
progressive de la morale et des coutumes, survenue au fil du temps, dont
parle le professeur Ben Zion Bergman déjà évoqué, et qui a déterminé des
innovations et changements dans les règles elles-mêmes.
Nous prenons donc acte ici aussi que, en se montrant constamment
modifiables, les règles dictées par le prétendu Dieu relevaient d’une valeur
relative, comme l’a déjà mis en évidence le midrash dans lequel Yahvé
autorise à procéder selon la majorité.
Pour le moment, je prends un peu d’avance sur un concept qui sera mieux
compris après l’examen des Dix commandements traditionnels : on reconnaît
aux grands systèmes religieux fondés sur l’Ancien Testament la capacité
d’avoir construit un corpus de règles éthiques positives « en dépit de » et non
« grâce à » ce qui est écrit dans ce livre. Cet aspect a lui aussi joué un rôle
dans la construction de la structure spiritualiste, mais il aura, au moins dans
ce cadre, conduit à la construction de valeurs positives.
On trouve un premier exemple de l’amoralité (pour ne pas dire
l’immoralité) du comportement de Yahvé lorsqu’on examine la manière dont
a été appliqué dans les faits ce précepte-ci : « Ne pas prendre les femmes du
pays pour les fils d’Israël ».
Chapitre 8

Les Dix commandements : les


incohérences entre Yahvé et Moïse

L
a Bible nous apprend que Moïse, au mépris de la règle que nous
venons d’évoquer, était marié à une compagne madianite et épousa
même une femme koushite, c’est-à-dire éthiopienne. Je précise au
passage que si la descendance hébraïque se transmet par les mères, nous
devons admettre que les enfants de Moïse n’étaient pas hébreux, même si
l’on veut bien croire que lui l’était. En outre, dans ces conditions, Éphraïm et
Manassé, fondateurs des deux tribus éponymes, se retrouvaient dans la même
situation puisque leur mère était l’égyptienne Asnath, fille de Poti-Phéra
(Genèse 41:45) et compagne de leur père Joseph : mais il ne s’agit là que
d’une remarque pour la curiosité d’esprit car, comme nous l’avons déjà vu,
au temps de Moïse, ce peuple n’existait pas. Il existait donc encore moins à
l’époque de Joseph, qui l’a précédé de quelques siècles.
Et que dire de Ruth, arrière-grand-mère du roi David ? C’était une moabite.
Ainsi, son fils Obed, père de Jessé et grand-père de David, n’était pas
nominalement un Hébreu.
Ces généalogies relevées, revenons au sujet des femmes non hébraïques de
Moïse. Aaron ne pouvait que remarquer l’incohérence de ces couples : le chef
du peuple était le premier à violer l’un des préceptes fondamentaux, celui-là
même sur lequel Yahvé avait déclaré explicitement que se fondait l’Alliance
entière.
Dans Nombres 12:1 et suivants, l’auteur biblique raconte qu’Aaron et sa
sœur Marie (Myriam, soi-disant prophétesse) « parlèrent contre Moïse au
sujet de la femme éthiopienne qu’il avait prise […] ». Informé de cette plainte
– que le sens de la justice nous pousse à approuver –, Yahvé convoque les
trois personnages chez lui, descend de son char volant, se place à l’entrée de
sa tente et, s’adressant à Aaron et Marie, affirme que Moïse bénéficie d’une
position privilégiée parce qu’il entretient un rapport direct avec lui. Il conclut
par une réprimande sévère, il leur reproche d’avoir dit du mal de son protégé.
Le verset 9 nous dit qu’il se met en colère et s’en va sur son char volant, mais
laisse un signe de son courroux : Marie (et uniquement Marie) est frappée sur
l’instant d’une maladie de peau.
Nous sommes donc en présence d’un fait curieux que nous résumerons ainsi
:
Yahvé (Dieu ?) dicte des règles que lui-même définit comme
fondamentales ;
son principal représentant et assistant est le premier à les violer ;
celui qu’on dit être le plus haut sacerdote, Aaron, avec sa sœur la
prophétesse Marie, soulignent à juste titre cette contradiction évidente et
inacceptable ;
Yahvé, au lieu d’appeler Moïse à respecter les règles, se courrouce contre
ceux qui ont fait remarquer la faute et – comble de l’injustice – punit
finalement uniquement la femme.

Voici une courte digression intéressante.


La maladie de peau qui frappe Marie est habituellement définie comme la
lèpre, mais elle rappelle étrangement les effets d’une arme que Yahvé a
utilisée au moins en trois occasions.
Dans le Deutéronome 7:20, l’Exode 23:28 et Josué 24:12, Yahvé utilise un
instrument (ou un ensemble d’instruments ?) appelé tzir’ah (terme féminin
singulier collectif), qui entraîne de graves effets sur la peau de ceux qui en
sont frappés. Le terme est au singulier, mais est généralement traduit par
« frelons », pour rappeler les effets produits par les piqûres de ces insectes :
les dictionnaires Brown-Driver-Briggs et Gesenius (cités en bibliographie),
évoquent les concepts de plaie, prostration, perforer et frapper.
La lecture du contexte, auquel je renvoie les lecteurs qui s’y intéressent,
rend ridicule la simple idée de valider cette hypothèse : comment des frelons
pourraient-ils frapper de manière sélective seulement les ennemis, jusqu’à les
rendre inoffensifs et les jeter entre les mains des Israélites ? Il semble clair
qu’il s’agissait de « quelque chose » qui pouvait être dirigé de manière
sélective sur la peau des adversaires et produisait des effets plutôt sérieux.
Qui sait si une description de la tzir’ah se trouvait dans l’un des onze livres
officiellement disparus, intitulé Les guerres de Yahvé ? Peut-être ce texte
était-il trop explicite dans sa description des systèmes qu’il utilisait au
combat ? Raison pour laquelle on l’aurait rendu indisponible ?
Néanmoins – quel que soit le système utilisé –, seule la peau de Marie a été
frappée. Le sens de la justice de cet individu qui veut se présenter comme le
Dieu omniscient et juste dans son jugement des hommes est vraiment
curieux.
Nous souhaitons plutôt souligner une certitude : à cette époque comme
maintenant, ceux qui détiennent le pouvoir se placent toujours au-dessus des
lois : rien n’a changé, c’était déjà le cas lorsque le prétendu Dieu était sur
terre et cherchait à se faire obéir des hommes en dépit de mille contradictions.
Chacun pourra en tirer par lui-même les conclusions sur l’amoralité ou
immoralité de cet individu (Yahvé) qu’on veut faire passer pour Dieu lui-
même, c’est-à-dire le législateur suprême qui, à la fin des temps, disposera de
nous avec justice. « Dieu nous en garde ! » si vous me passez cette ironie.

Heureusement pour nous, Yahvé n’est pas Dieu :


autrement, notre vie et surtout notre prétendue
éternité seraient vraiment en de mauvaises mains.
La chercheuse juive Lia bat Adam, qui s’est intéressée aux événements de
l’Exode, définit ainsi la personnalité de Yahvé : « Agressive, austère,
bilieuse, inhumaine, exclusiviste, exigeante, féroce, jalouse, inclémente,
infantile, inflexible, ingénue, intolérante, intraitable, colérique, irascible,
revêche, susceptible, tatillonne, prévisible, puérile, punitive, répressive,
rigide, impitoyable, tyrannique, terrible, vindicative […] » (op. cit. en
bibliographie).
Je ne peux qu’exprimer a posteriori toute ma compassion pour Moïse qui
ne devait pas avoir la vie facile : il lui fallait d’un côté satisfaire les requêtes
et les ordres de cet « individu » et, d’un autre, convaincre un ensemble de
nomades et semi-nomades que le meilleur choix pour eux était de se ranger
au service d’un tel personnage.
Mais on peut tirer bien davantage de l’analyse des Dix commandements que
la doctrine a choisis comme socle pour construire son code éthique.
Commandements que nous connaissons tous (Exode 20 et Deutéronome 5) :

« Je suis Yahvé, ton Dieu […] Tu n’auras point d’autres dieux devant ma
face. »
« Tu ne prendras point le nom de Yahvé, ton Dieu, en vain. »
« Observe le jour du sabbat, pour le sanctifier. »
« Honore ton père et ta mère. »
« Tu ne tueras point. »
« Tu ne commettras point d’adultère. »
« Tu ne déroberas point. »
« Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain. »
« Tu ne convoiteras point la femme de ton prochain. »
« Tu ne désireras […] rien de ce qui appartient à ton prochain. »

Une petite précision : le premier commandement a été opportunément


transformé par la tradition pour le faire coïncider avec la vision monothéiste,
mais il est bon de savoir qu’en hébreu il sonne différemment (Deutéronome
5:6-7) : la version qui nous est parvenue s’énonce ainsi : « Je suis Yahvé, ton
Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude. Tu
n’auras point d’autres dieux devant ma face. » Tandis que le texte biblique
exprimait plutôt ceci : « Je suis Yeh(o)wah ton Elohim qui t’ai fait sortir
d’Égypte, de la maison de servitude, tu n’auras point d’autre Elohim devant
ma face. »
On a ici de façon évidente une situation récurrente : chaque fois que Yahvé
se présente, il semble devoir donner son curriculum, rappeler ses mérites
pour ce peuple qui ne doit donc pas le confondre avec ses collègues/rivaux.
Ce passage suffirait à comprendre que Yahvé était bien conscient de
l’existence « d’autres Elohim » et du risque par conséquent de se voir
abandonné par son peuple au profit de l’un d’eux, comme nous l’avons déjà
souligné.

L’analyse que je souhaite mener ici concerne les seuls commandements.


Nous pourrions la formuler de la sorte : ces normes n’étaient pas un code
de comportement éthique conçu pour l’humanité, mais un ensemble de
règles dictées pour rendre la cohabitation dans ce camp d’entraînement
que Moïse avait institué dans le désert du Sinaï ordonnée et vivable.

Un camp dans lequel il installa ces gens – nous devrions peut-être dire
« séquestra » – pour constituer un peuple qui n’existait pas et se doter de la
force combattante nécessaire pour conquérir la terre sur laquelle Yahvé avait
déclaré vouloir régner à n’importe quel prix, y compris celui d’une grande
quantité de sang versé.
L’un des systèmes par lesquels il lia à lui ces gens fut la réquisition de l’or
et de tous les métaux de valeur. Et pour cause, ce n’est que grâce à ces
richesses qu’il était possible d’accéder à l’eau et aux pâtures qui
appartenaient aux populations locales. Privés de la marchandise d’échange
qui leur aurait permis de se déplacer de façon autonome, ces pauvres gens
devaient dépendre de Moïse et Yahvé pour accéder aux biens vitaux. Mais
j’ai détaillé le tout dans Il n’y a pas de création dans la Bible, et je ne
m’attarderai donc pas dessus.
Pour en revenir aux commandements, il est bon de clarifier dès le départ
que les théologies qui s’en sont emparées ont volontairement diffusé un
concept que, par euphémisme, je qualifierai d’« erroné », même si,
spontanément, c’est de « faux » que j’aimerais le taxer. Lorsque, dans les
versets hébreux, on définit l’identité ou la typologie de ceux envers lesquels
on ne doit pas accomplir d’actes interdits, le terme formé par la racine resh
ayn est utilisé. Il signifie « ami », « compagnon », « camarade », « membre
de la même guilde », « compatriote ». Mais – comme pour toute autre clé de
lecture présentée dans cet ouvrage et mes autres travaux – la véritable
signification est tirée du contexte et de l’ensemble de l’épisode, plus que de la
chirurgie philologique. Toute la narration biblique nous démontre en effet
sans l’ombre d’un doute que le concept élargi de « prochain » est le fruit
d’une construction ultérieure. Nous sommes encore plus éloignés de la
conviction que, dans ce passage, Yahvé fait référence au genre humain dans
son ensemble. Ces ordres et ces interdits valaient exclusivement à l’intérieur
du peuple, au sein de ce groupe de nomades et semi-nomades que Moïse
essayait péniblement de transformer en un peuple doté de règles acceptables
de coexistence civile.
Il n’y a là aucun « prochain », au sens actuel du terme, dont il faille
s’occuper, se préoccuper ou qu’il convienne de respecter.
C’était exclusivement « entre eux » qu’ils ne devaient pas se tuer. C’était
« entre eux » qu’ils ne devaient pas se voler d’objets ou d’animaux. C’était
« entre eux » qu’ils ne devaient pas se voler leurs femmes, considérées
comme à peine plus qu’une possession masculine. C’était « entre eux » qu’ils
ne devaient pas pratiquer le prêt usuraire, etc.
Face aux autres communautés, tout était légal et même conseillé, lorsque ce
n’était pas expressément ordonné.
Voyons à titre d’exemple le commandement qui se réfère à un sujet de
première importance, je dirai la base, dans l’absolu, de toute cohabitation, j’ai
nommé le respect de la vie d’autrui, exprimé par un commandement clair et
apparemment sans équivoque : « Tu ne tueras point. » J’ai écrit
« apparemment sans équivoque » car, de façon parfaitement cohérente avec
ce que j’essaie de mettre en évidence, le rabbin Dovid Bendory (directeur
rabbin du JPFO, Organisation des Juifs pour la défense de la propriété
individuelle des armes à feu28) a révélé une erreur dans la traduction de ce
commandement. Il remarque à juste titre que l’expression lo tirtzach ne veut
pas dire de manière générique qu’il ne faut « pas tuer », mais signifie
exactement qu’il ne faut « pas assassiner », c’est-à-dire accomplir un acte
impliquant de tuer une personne particulière de manière intentionnelle et
préméditée. Le rabbin écrit qu’il existe un abysse entre le concept de tuer et
celui d’assassiner. Et il soutient que, à cause de cette confusion née d’une
erreur de traduction, les juifs et chrétiens ont été tourmentés par un sentiment
de culpabilité et des remords injustifiés pour les morts provoquées par les
guerres, au cours d’accidents ou par autodéfense.
En conséquence directe de cette erreur d’interprétation, il se demande même
combien de vies ont été perdues à cause d’un « pacifisme idiot » (sic !) qui a
empêché de défendre correctement sa vie, au lieu de se protéger de manière
justifiée face au mal.
Bien évidemment, on peut ne pas être d’accord avec cette dernière
considération. Ce qui compte est de souligner que la traduction correcte de ce
commandement renvoie à tout autre chose. S’il avait en effet possédé la
valeur universelle qu’on lui a attribuée lorsque la théologie monothéiste
spiritualiste a pris le contrôle de la signification de la Bible, nous serions
forcés de dire que Yahvé lui-même a été le premier à ne pas respecter les
règles qu’il avait personnellement fixées. Il est patent que l’on ne peut
pratiquement pas compter les ennemis morts, tués sur ordre explicite de
Yahvé, mais il faut aussi préciser qu’il en allait de même à l’intérieur du
groupe : il suffisait de montrer des signes de désapprobation ou de s’adresser
aux autres Elohim pour être tué sans pitié. Je vous invite à lire ne serait-ce
que ces passages pour comprendre de quoi nous parlons : Exode 32, Nombres
11, Nombres 14, Nombres 16 et Nombres 25…
Mais l’attitude belliqueuse de Yahvé qui, dans la Bible, est appelé non sans
raison ish milchamah, c’est-à-dire « homme de guerre », est illustrée par de
nombreux passages dans lesquels il ordonne et/ou autorise les siens de tuer
des êtres humains avec une férocité dont ont fait preuve peu de nos dictateurs
contemporains ou de l’histoire récente.
Cet ordre péremptoire de ne pas assassiner – sans parler des autres
exigences – valait exclusivement à l’intérieur du camp et du groupe.
L’assassinat, le vol, les enlèvements ou le viol de la femme d’un autre
homme – un membre de la même tribu, peut-être un voisin de tente –
risquaient bien sûr d’entraîner des réactions dangereuses, des querelles
interminables, des conflits néfastes entre les clans familiaux, suivis d’actes
potentiellement très violents et incontrôlables.
Yahvé ne pouvait laisser l’anarchie et la justice personnelle régner dans ce
campement dans le désert : c’était trop dangereux pour l’objectif auquel il
tendait, qui était de forger un esprit d’unité indispensable pour agir dans un
but commun et combattre avec la détermination nécessaire.
Les Commandements étaient donc des règles internes conçues dans un
objectif précis : instaurer l’ordre.
En dehors du groupe, tout était permis, voire suggéré, sollicité ou, même,
ordonné expressément, y compris les actions les plus honteuses et horribles.
Parmi les nombreux passages qui l’illustrent, référez-vous à ceux-ci :

Deutéronome 2:33-35 :
« L’Éternel (Yahvé), notre Dieu (Elohim), nous le livra [Sihon, roi des
Amoréens, NdT], et nous le battîmes, lui et ses fils, et tout son peuple.
Nous prîmes alors toutes ses villes, et nous les dévouâmes par interdit29,
hommes, femmes et petits enfants, sans en laisser échapper un seul.
Seulement, nous pillâmes pour nous le bétail et le butin des villes que nous
avions prises. »

Josué 8:24-25 :
« Lorsqu’Israël eut achevé de tuer tous les habitants d’Aï dans la
campagne, dans le désert, où ils l’avaient poursuivi, et que tous furent
entièrement passés au fil de l’épée, tout Israël revint vers Aï et la frappa
du tranchant de l’épée. Il y eut au total douze mille personnes tuées ce
jour-là, hommes et femmes, tous gens d’Aï. »

Juges 21:10-12 :
« Alors l’assemblée envoya contre eux douze mille soldats, en leur
donnant cet ordre : Allez, et frappez du tranchant de l’épée les habitants de
Jabès en Galaad, avec les femmes et les enfants. Voici ce que vous ferez :
vous dévouerez par interdit tout mâle et toute femme qui a connu la
couche d’un homme. Ils trouvèrent parmi les habitants de Jabès en Galaad
quatre cents jeunes filles vierges qui n’avaient point connu d’homme en
couchant avec lui, et ils les amenèrent dans le camp à Silo, qui est au pays
de Canaan. »

1 Samuel 15:3 :
« Va maintenant, frappe Amalek, et dévouez par interdit tout ce qui lui
appartient ; tu ne l’épargneras point, et tu feras mourir hommes et femmes,
enfants et nourrissons, bœufs et brebis, chameaux et ânes. »

Je vous invite enfin à lire le chapitre 10 de Josué en entier. On y évoque la


conquête du sud de la Palestine par un système que nous qualifierons de
véritable nettoyage ethnique : les habitants de Macéda, Lebna, Lachis, Gaser,
Eglon, Hébron et Dabir sont massacrés après la conquête, au moment donc
où il n’est plus besoin de les tuer au combat.
Le verset 40 est sans équivoque : « Josué battit tout le pays, la montagne, le
midi, la plaine et les coteaux, et il en battit tous les rois ; il ne laissa échapper
personne, et il dévoua par interdit tout ce qui respirait, comme l’avait ordonné
l’Éternel (Yahvé), le Dieu (Elohim) d’Israël. »

C’était donc lui qui ordonnait les exterminations qui n’épargnaient ni


femmes, ni personnes âgées, ni enfants : je le répète, il n’existait aucun
« prochain » au sens actuel du terme dont il convenait de s’occuper ou de se
préoccuper, ou de respecter.

Nous devons prendre acte d’une réalité évidente : Yahvé était l’un des
Elohim et combattait férocement pour élargir son territoire. Il éliminait
sans pitié les malheureux dont la seule faute était de résider dans les
lieux qui l’intéressaient, et qui devaient donc être exterminés pour laisser
de la place à l’installation des siens.

Aujourd’hui, à la lumière de nos principes moraux, nous considérerions


comme absolument inacceptable d’honorer, prier, aimer un tel être. Mais, en
réalité, nous n’avons même pas à le faire, car même lui ne nous l’a pas
demandé. Ce n’est pas lui le Dieu universel, il n’était pas et n’est pas le Dieu
de tous : l’humanité, au sens général, ne faisait pas partie de ses intérêts. Il
dirigeait un peuple, et c’est pour eux, et uniquement pour eux, qu’il a agi.
C’est eux qu’il a rencontrés. C’est avec eux qu’il a établi des liens, même si
ce fut souvent par des méthodes qui, aujourd’hui, nous paraissent
inacceptables.
Certains des commandements et certaines règles faisaient sens dans ce
contexte, à cette époque, avec cette multitude de personnes qu’il fallait
enrégimenter ou, comme le dit la chercheuse juive Lia bat Adam, qu’il fallait
former et modeler dans une sorte de « camp d’entraînement paramilitaire »,
comme le fut le campement dans le désert de l’Exode.
À la lumière des faits et de l’histoire, la véritable, colossale erreur, qui a
entraîné une série d’événements paradoxaux par leur violence et leur aspect
insensé, c’est que ce livre a été adapté de force à d’autres croyances, avec des
intentions totalement détachées du but original pour lequel il a été écrit et
transmis.
La connaissance des vérités possibles devrait apaiser les esprits et faire tenir
la Bible pour ce qu’elle est : l’histoire plus ou moins véritable d’un peuple et
de son dirigeant. Une histoire sur laquelle il est donc inutile que l’humanité
continue à se diviser.

Revenons aux « Commandements » : je remarque que le dirigeant en


question a dû penser à tout. Il en est même venu à réguler le comportement à
observer dans le cadre des besoins physiques élémentaires, sur lesquels il a
jugé bon d’intervenir pour éviter des situations désagréables et pénibles pour
lui. Examinons ainsi cette autre curiosité très particulière des mitsvot, une
intervention qu’on n’attendrait certainement pas d’un Dieu spirituel. Pour
s’éviter des désagréments, Yahvé considère comme nécessaire de donner
cette directive (Deutéronome 23:12 et suivants) : « Tu auras un lieu hors du
camp, et c’est là dehors que tu iras. Tu auras parmi ton bagage un instrument,
dont tu te serviras pour faire un creux et recouvrir tes excréments, quand tu
voudras aller dehors. Car l’Éternel (Yahvé), ton Dieu (Elohim), marche au
milieu de ton camp […] » Il poursuit en expliquant que cette règle sert à
éviter qu’il voie quoi que ce soit de malséant des hommes.
En résumé : lorsqu’il marchait entre les tentes, Dieu ne voulait pas mettre le
pied dans des excréments ou être incommodé par les mauvaises odeurs !
Depuis l’ordre de ne pas assassiner, en passant par celui de perpétrer
d’impitoyables massacres, jusqu’à l’attention portée aux besoins corporels,
nous héritons d’un ensemble de règles qui illustrent indubitablement le statut
matériel des intentions et exigences personnelles de cet individu.

On nous dira peut-être encore qu’il s’agit exclusivement de métaphores


ou d’allégories ? Mais en pareil cas, il n’y aurait qu’un destin possible
pour la Bible : la corbeille à papier, car elle serait alors l’œuvre de fous
qui, pour présenter leur Dieu, le transforment métaphoriquement en
l’un des personnages les plus « imprésentables » de l’histoire de
l’humanité.

Pourtant, c’est ce qu’affirment ceux qui soutiennent la thèse spiritualiste dont


la conviction n’aboutit qu’à démontrer le manque de crédibilité du texte.

Ils ne s’en rendent pas compte. Obstinés à diffuser des vérités inventées, ils
ne comprennent pas que l’éventuel Dieu – qui existe pour les hommes de foi
– n’a nul besoin de livre pour se renforcer, et encore moins d’un livre comme
l’Ancien Testament, lequel, si on y regarde de plus près, ne parle jamais de
Dieu.
Je pense au contraire que la Bible n’est pas l’œuvre de fous, qu’elle doit
donc être connue et étudiée, car, notamment dans les passages qui parlent des
origines, elle contient des informations importantes propres à réécrire
l’histoire de l’humanité. Tâche à laquelle les chercheurs académiques devront
tôt ou tard s’atteler.
Parmi les nombreux doutes qui constellent mes recherches perpétuelles, je
nourris une certitude : l’histoire qui nous a été racontée se révèle, selon la
meilleure des hypothèses, erronée. Dans la pire et la plus triste des
éventualités, elle se veut délibérément fausse, autrement dit inventée de
toutes pièces et soutenue pour nous cacher la vérité, construire des systèmes
de pouvoir théologiques et idéologiques qui s’écrouleraient immédiatement si
l’humanité en prenait conscience…

C’est ce que l’on tire d’une lecture de la Bible à propos de ces individus
transformés en « Dieu ».
C’est là l’invention de base à laquelle je faisais référence lorsque j’ai écrit
précédemment que les bâtisseurs des théologies ne s’étaient pas contentés de
raconter ce qui était écrit, mais étaient allés bien plus loin : ils y ont ajouté ce
qui ne s’y trouvait pas.
Chapitre 9

Toujours à propos de Yahvé, le


prétendu Dieu

J
’ai souligné que la Bible nous présente Yahvé comme l’un des Elohim
les moins importants, et que c’est pour cette raison qu’il a hérité en
partage d’un territoire assez dérisoire, si insignifiant du point de vue
démographique et géographique qu’il chercha à agrandir sa sphère
d’influence par la conquête militaire : ce qui, d’ailleurs, ne fut pas une
immense réussite.
Je répète – comme je l’ai déjà affirmé en examinant les versets du
Deutéronome 32:8 et suivants – que la thèse monothéiste selon laquelle
Yahvé « choisit de manière autonome » ce peuple reste indéfendable : la
Bible entière serait dans ce cas le récit dément de la manière dont un « Dieu »
tout aussi fou se serait attribué un peuple, pour procéder ensuite à la conquête
militaire sanglante des autres peuples que lui-même – en tant que « Dieu » –
n’avait pas choisis.

Nous verrons bientôt ce que dit la Bible à propos de ce choix, mais nous
devons tout d’abord examiner un point curieux qui concerne les tout premiers
chapitres.
Lorsqu’on lit objectivement les chapitres 4 et 5 du livre de la Genèse, on est
peut-être amené à formuler l’hypothèse que Yahvé (le prétendu Dieu de la
théologie) ne joue aucun rôle dans la fabrication d’Adam et Ève.
Après les célèbres événements qui ont impliqué ses deux premiers fils, Abel
et Caïn, Adam, à l’âge de 130 ans, engendre Seth qui, âgé de 105 ans,
accueille à son tour un fils, Hénoch.
La Bible nous apprend (Genèse 4:26) que ce n’est qu’au temps d’Hénoch
que l’on « commence à invoquer le nom de Yahvé », soit 235 ans après la
création d’Adam par les Elohim.
Ce qui signifie qu’Adam, Ève, Caïn, Abel et Seth ne s’adressaient pas à
lui, Yahvé, mais à d’autres Elohim.

Les auteurs bibliques ont cependant fait nommer Yahvé par Ève, au verset
4:1 : ce qui a dû survenir lorsque la théologie des sacerdotes de Jérusalem a
commencé à transformer Yahvé en Dieu unique pour poser les bases du
monothéisme. Il s’agit très probablement de l’une des nombreuses
interventions visant à célébrer la grandeur de cet Elohim par l’attribution à
son bénéfice des prérogatives que l’on ne rencontre pas dans le personnage
que le texte biblique entier dépeint en toute clarté : que Yahvé n’ait pas
participé à l’intervention qui a engendré Adam et Ève répond en effet à une
logique que la Bible elle-même confirme.
Les deux ancêtres de cette race spéciale ont été créés par ce que nous
appellerions des « ingénieurs biomoléculaires », alors que Yahvé était un ish
milchamah (Exode 15:3), c’est-à-dire un « homme de guerre » : l’Ancien
Testament dans son ensemble illustre la manière dont il ne faisait rien d’autre
que combattre. Il ne possédait donc pas les compétences nécessaires pour
œuvrer dans le domaine biomédical ou génétique (voir à ce sujet l’analyse
que j’en ai proposée dans mes précédents ouvrages).
Comme m’a écrit une personne de la communauté juive de Rome, Yahvé
pouvait être le jeune fils de l’un des chefs, et devait donc faire ses preuves en
montrant ce dont il était capable. Pour confirmer cette hypothèse, je cite
l’inscription ougaritique rapportée par le professeur Garbini (op. cit. en
bibliographie) dans laquelle un El (singulier d’Elohim) affirme : « Le nom de
mon fils est Yaw » (VI AB, IV, 13-14).
La culture ougaritique était visiblement elle aussi « au courant ».
Nous ne devons donc pas nous étonner que ce Yahvé – outre qu’il n’ait pas
créé le ciel ni la terre – ne soit apparu dans l’histoire des hommes que dans
un second temps, et se soit très probablement vu confier ces gens et ce
territoire par Elyon (le commandant des Elohim, Deutéronome 32:8) aux
temps de Péleg lorsque – comme le dit la Bible (Genèse 10:25) – la terre fut
divisée.
L’ancien codex de la Bible grecque (la Septante) transcrit très bien le
concept de la division, en utilisant le verbe diamerizo qui désigne justement
l’acte de « répartir et distribuer ». Et la Bible n’éprouve aucune difficulté à
rappeler comment d’autres Elohim reçurent d’autres terres et d’autres
peuples. Un exemple ? Dans Juges 11:24, Jephté parle avec le roi d’Ammon
et lui dit : « Ce que ton dieu (Elohim) Kemosch te donne à posséder, ne le
posséderaistu pas ? Et tout ce que l’Éternel (Yahvé), notre Dieu (Elohim), a
mis en notre possession devant nous, nous ne le posséderions pas ! » Aucun
commentaire n’est nécessaire tant ce verset se montre clair : pour Jephté, et
pour l’auteur biblique, l’Elohim nommé Kemosch n’est pas une idole inerte,
mais un digne collègue/adversaire de Yahvé. Kemosch et Yahvé sont
explicitement placés sur le même plan, ils détiennent le même pouvoir de
confier des terres, aucun d’eux n’est déclaré supérieur à l’autre… En somme,
ils sont égaux.
Pour en revenir à Adam, si l’hypothèse selon laquelle Yahvé n’a pas
participé à sa « fabrication » est fondée, nous pouvons dire que le prétendu
Dieu de la théologie a trouvé les « Adams » déjà prêts et confectionnés,
produits par ses collègues. Venons-en alors au fameux « choix » du peuple.
Dans les chapitres 10 et 11 de la Genèse, sont listées les généalogies des
descendants de Noé. Nous voyons immédiatement que les noms des grands
peuples du passé moyen-oriental sont hors de la sphère de contrôle du
prétendu « Dieu » : Égypte, Assyrie, Babylonie…
Mais à propos des Hébreux, que découvrons-nous ?
Sem – que l’on définit dans Genèse 10:21 comme l’ancêtre de tous les fils
d’Eber (Heber), c’est-à-dire les Hébreux – engendre Arpakshad (Arpacschad,
Arphaxad) qui (outre d’autres fils et filles), engendre Shélah (Schélach) qui
(outre d’autres fils et filles) engendre justement Eber, le patriarche dont
provient le nom « Hébreux ».
Eber engendre Péleg et Yoktan (Jokthan).
Péleg (outre d’autres fils et filles) engendre Réou (Rehu) qui (outre d’autres
fils et filles) engendre Seroug (Serug) qui (outre d’autres fils et filles)
engendre Nahor (Nachor) qui (outre d’autres fils et filles) engendre Terah
(Téra, Térach) qui engendre Abram (Abraham), Nahor et Haran.

À ce moment de l’histoire intervient Yahvé qui choisit Abraham : et donc


une « seule » des milliers de familles d’Hébreux, c’est-à-dire de descendants
d’Eber.
Le père et les deux frères d’Abraham n’entrent même pas dans sa sphère
d’influence.
En somme, la réalité du texte biblique est claire : Yahvé se vit (peut-être)
confier ou choisit seul l’une des centaines, voire milliers de familles
« hébraïques » (descendantes d’Eber) qui, de leur côté, n’entendirent jamais
parler de lui parce qu’elles étaient gouvernées par d’autres Elohim, comme le
dit explicitement la Bible, au sujet de la famille d’Abraham elle-même (lire
par exemple Genèse 24:2 et suivants).
En réalité, nombre de ces familles (Moabites, Édomites, Amalécites,
Madianites, etc.) qui descendaient également d’Eber – voire d’Abraham lui-
même – entendirent plus tard parler de Yahvé dans des conditions
dramatiques, lorsqu’elles furent l’objet des massacres que ce Yahvé ordonna
pour libérer de leur présence ces territoires qu’en tant que prétendu « Dieu »
il ne s’était pas attribués à l’origine, mais qui suscitèrent son intérêt par la
suite. Je me souviens de ce qu’a affirmé le professeur Lee I. Levine
(professeur d’histoire juive au sein de l’université hébraïque de Jérusalem) :
l’identité israélite fut le fruit d’un long processus d’évolution et
d’assimilation qui impliqua des Sémites, des non Sémites, des nomades et
semi-nomades, des habitants de Canaan et d’autres qui y immigrèrent.

Fort de cette considération et en supposant que, comme le soutiennent de


nombreux rabbins, Abraham n’ait jamais existé, je me demande : à qui Yahvé
s’est-il adressé à l’origine ? Et aussi : qui étaient ceux qu’il a amenés hors
d’Égypte avec l’aide de Moïse ?

J’ai envie de redire que face à la Bible, nous devons vraiment « faire
semblant de croire que… ». Lire les études des rabbins libérés des
dogmatismes dominants (théologiques et idéologiques) est de nature à nous
éclairer vraiment.
Chapitre 10

Autres entités spirituelles


hypothétiques : anges, géants, Satan et
machines volantes

L
a Bible nous parle en outre d’une quantité d’autres présences distinctes
des Adams – des individus connus sous de multiples appellations et
regroupés en hiérarchies.
En fonction de leur rôle et de leurs caractéristiques physiques, ils sont
désignés dans la Bible aussi bien par des noms génériques que par des noms
propres. Rappel de quelques-uns :

Nephilim (les géants, également appelés rephaïm, anakim, émim,


zamzummim), malakim, shedim, pour ce qui concerne les noms de
groupes.
Baal, Baal-Zephon, Baal-Zebub, Baal-Péor, Milkom, Melkart, Nibaz,
Tartaq, Adramelech, Anammelech, dans le registre des noms propres.

Des groupes et des individus qui étaient également connus par d’autres
cultures sous les noms :

ANUNNAKI, IGIGI, IGIGU, DINGIR, IRSIRRA, ILU, ILANU, chez les


Sumériens et Akkadiens.
Neteru, Shamsu-Hor pour les Égyptiens.
Viracocha, Quetzalcoatl pour les cultures d’Amérique Centrale et du Sud.
Tuatha de Danann et Ases dans certaines parties du nord de l’Europe et
de la tradition germanique.
Deva pour la culture hindouiste, etc.

Ces correspondances confirment ce que j’affirmais précédemment : la Bible


n’est pas un cas unique dans l’histoire de l’humanité, mais l’un des nombreux
livres qui racontent les aventures de « ceux-là », des individus très
probablement venus d’ailleurs, arrivés sur la planète Terre où ils ont mené
des opérations typiques des colons de tout temps.
Ironie du sort, nous devrions dire que les parties les plus fiables de la Bible
sont justement celles qu’elle partage avec le reste de l’humanité. En
particulier, les récits suméro-akkadiens non conditionnés par une tradition
idéologique, laquelle, comme ce fut le cas avec le texte auquel nous nous
intéressons, en a altéré la signification et les objectifs.
Parmi les groupes susmentionnés, revenons aux êtres gigantesques, les
nephilim, dotés de six doigts à chaque membre (hexadactyles) : la Bible en
parle en termes d’absolue normalité, le texte raconte la manière dont ils
combattirent dans les rangs des Philistins et se montrèrent donc hostiles à
Yahvé et à son peuple (2S 21. J’ai analysé en détail ces personnages dans
mes précédents ouvrages, avec une hypothèse sur leurs origines).

Il existe cependant deux catégories d’êtres qui méritent une mention à part
(pour un traitement complet de ce sujet, je vous renvoie à mes précédents
ouvrages).

Les malakim, les supposés « anges », étaient des individus de chair et de


sang, souvent dangereux, qui avaient besoin de manger, de dormir, de se
reposer, de se laver. Ils étaient même susceptibles de se voir agressés et
devaient se défendre. Ils appartenaient aux grades intermédiaires de la
hiérarchie et jouaient les rôles de messagers (émissaires) et miliciens.

Ils correspondaient probablement aux IGIGI, IGIGU de la culture suméro-


akkadienne : rien à voir donc avec les entités spirituelles dont nous parle la
tradition doctrinale.
Nous avons vu précédemment que certains d’entre eux accompagnaient
constamment Yahvé en qualité d’« assistants » et disposaient même de
campements.
Même pour les malakim, la philologie hébraïque a fourni une confirmation
de mes hypothèses en écrivant que le terme « hébreux » désigne quiconque
accomplit un devoir : ce sont donc des individus biologiques et non les entités
spirituelles élaborées aux temps de la théologie – au passage, elle n’a
commencé à les doter d’ailes qu’à partir des IV-Ves siècle après J.-C., environ.
Mais au sujet de l’aspect matériel et de la dangerosité des malakim,
rappelons-nous que durant les premiers siècles de l’Église l’on recommandait
aux femmes qui participaient aux assemblées où ces individus étaient
présents de venir voilées. Don Pierangelo Gramaglia (professeur de
patrologie, d’hébreu biblique et de grec biblique, faculté de théologie d’Italie
du nord, Turin) écrit à ce sujet : « L’exigence pour les femmes de se couvrir
la tête pouvait également être motivée par la peur d’éveiller des envies
sexuelles chez les anges, facilement excités par les jeunes femmes vierges à
la tête découverte. […] L’exégète Annie Jaubert se réfère à certains textes des
manuscrits de la mer Morte où l’on affirme que les anges sont présents parmi
les groupes de fidèles et que l’assemblée entre en communion avec eux
durant le culte, si bien qu’il fallait veiller à éviter toute contamination
sexuelle » (Tertulliano, De virginibus velandis, Ed. Borla, sous la direction de
don Pierangelo Gramaglia).
Dans le traité sur les Berakot (Bénédictions), en outre, il est écrit : « Les
cheveux d’une femme représentent une excitation sexuelle » (Annie Jaubert,
Le voile des femmes, in New Testament Studies, Cambridge University Press).
Et voici que cette précaution se retrouve peut-être aussi dans la Première
épître aux Corinthiens de saint Paul : au chapitre 11, nous lisons que les
femmes doivent porter sur leur tête une marque de l’autorité (soumission) à
cause des anges et donc pas à cause de Dieu.
La physicalité de ces individus et leur grande ressemblance avec des êtres
humains normaux est également illustrée dans l’épître aux Hébreux (13:2), où
l’on rappelle aux fidèles de la nouvelle foi chrétienne de ne pas oublier la
pratique de l’hospitalité, car « en l’exerçant, quelques-uns ont logé des anges,
sans le savoir ». En somme, l’apôtre semble vouloir rappeler à ses lecteurs
que, parfois, les étrangers qui demandaient l’hospitalité faisaient en réalité
partie du groupe des dirigeants, et qu’il était donc bon de ne pas courir le
risque de les chasser.
Je ne peux conclure ce paragraphe sur les malakim sans évoquer le prince
des anges déchus : Satan ou Lucifer, si vous préférez.

J’ai consacré un chapitre entier à démontrer son inexistence dans l’Ancien


Testament dans l’un de mes précédents ouvrages.

Le nom de « satan » ne désignait pas le Prince des démons, mais une


simple fonction qui était endossée par les personnages les plus divers, et
parfois même sur indication précise de Yahvé : c’était la fonction typique
de l’accusateur, du ministère public. Il agissait en somme comme un
opposant.
Rien de plus : rien à voir avec les entités démoniaques inventées
successivement.

C’est là encore l’une des nombreuses vérités reconnues comme manifestes et


évidentes par la philologie hébraïque.
La seconde catégorie de prétendues entités spirituelles est représentée par
les chérubins auxquels – puisque c’est un sujet très spécifique – j’ai consacré
des chapitres entiers dans mes précédents ouvrages.
Loin des entités angéliques que sont les malakim, les chérubins n’étaient
pas même des créatures vivantes, mais des objets mécaniques ou des
machines, divisibles en deux catégories, dotées d’aspects et de fonctions
distincts : ceux mentionnés par Ézéchiel étaient des machines volantes de
l’Ancien Testament, décrites très précisément dans leurs déplacements aussi
bien autonomes qu’en association au moyen de transport de Yahvé (kavod,
ruach, merkavah). La seconde catégorie renvoie aux chérubins de l’Arche
d’Alliance.
Pour résumer ce que j’ai largement expliqué et illustré, disons :
les chérubins sont combinés à des cercles scintillants/flamboyants qui
tournent rapidement ;
lorsqu’ils ne se déplacent pas de manière autonome, ils sont transportés
(ou doivent l’être ?) par un char conçu à cette fin selon un projet précis ;
ils sont pourvus de roues pour des déplacements dans toutes les directions,
sans devoir tourner ;
ils possèdent une « partie centrale circulaire » qui tourne/turbine
rapidement ;
ils se déplacent en zigzaguant, en montrant des mouvements similaires à
ceux des très nombreuses descriptions modernes d’objets volants non
identifiés ;
ils présentent une « base plate » sur laquelle se poser ;
lorsqu’ils sont en action, leur fonctionnement a de quoi évoquer divers
animaux ;
lorsqu’ils sont liés au char de Yahvé, ils ménagent sous eux un espace
dans lequel au moins une personne se tient pour diriger les opérations ;
ils sont dotés de structures qui les couvrent et les protègent lorsqu’elles
sont fermées, et qui leur servent à voler lorsqu’elles sont ouvertes ;
lorsqu’ils se déplacent, ils produisent un bruit audible à distance, même de
ceux qui ne les voient pas quand ils sont cachés par des remparts ;
lorsqu’ils se déplacent, ils sont accompagnés par toutes les manifestations
attendues d’un moyen mécanique doté de système de propulsion et, peut-
être aussi, de caractéristiques typiques d’une technologie supérieure à celle
que nous possédons actuellement : bruit assourdissant, émission d’énergie
et halos autour de l’objet ;
ils sont un moyen de transport sur lequel l’Elohim se pose, stationne,
s’assoit comme à cheval et vole par des déplacements agiles et rapides ;
ils se déplacent de conserve avec le moyen de transport principal de
l’Elohim, mais également de manière autonome, comme il apparaît dans la
succession de déplacements décrits dans Ézéchiel 8-10-11.

On trouve la confirmation de l’aspect mécanique des chérubins dans


l’analyse conduite par le philologue Luigi Moraldi, déjà cité, sur le texte 4Q
Sl 40 « Fragment B » des manuscrits de la mer Morte. Il révèle certains
éléments très clairs : lorsque les textes parlent de « brise divine », ils font
référence au bruit qui accompagne le char de Yahvé. Lorsqu’il est dit que les
chérubins « bénissent », on fait référence au Targum des Prophètes selon
lequel cette expression indique que les chérubins produisaient des « sons »,
c’est-à-dire des bruits comme ceux décrits par Ézéchiel. Lorsque les
chérubins cessent de se déplacer, le bruit s’interrompt immédiatement.
Le second type, représenté par les chérubins de l’Arche d’Alliance, était au
contraire composé d’éléments propres à un système de communication de
type radio qui disposait même d’instruments portatifs tels que l’éphod (terme
qui n’est jamais traduit dans la Bible mais dont nous avons largement parlé
dans Il n’y a pas de création dans la Bible). Il autorisait des communications
à distance lorsqu’on se trouvait éloigné de l’instrument principal, l’Arche
d’Alliance. C’est par exemple ce qui arrive à David (1S 23) lequel, alors qu’il
se trouve en difficulté au combat, se fait amener l’éphod. Ce n’est que
lorsqu’il l’a à disposition qu’il va entrer en contact avec Yahvé pour lui
demander des indications sur la conduite à tenir.

Pourquoi le terme « chérubin » désigne-t-il deux types de structures si


différentes en termes de structure autant que de fonction ? Parce que la racine
KRV s’applique à tout ce qui, d’une quelconque manière, renvoie à l’action
de « couvrir » : les machines volantes étaient dotées d’ailes qui, en se
refermant, couvraient le véhicule, tandis que les chérubins de l’Arche étaient
en eux-mêmes des éléments couvrants, puisqu’ils étaient situés au-dessus de
son couvercle.
La philologie hébraïque nous apporte, là encore, une confirmation : elle
écrit que les Hébreux savent depuis toujours par le Talmud que les chérubins
étaient des robots utilisés pour protéger l’Arche d’Alliance, ainsi que son
précieux et très dangereux contenu. Et pour cause, l’Arche était un instrument
technologique construit selon un modèle technique précis, fourni directement
par Yahvé à Moïse. Elle était utilisée comme moyen de communication et
comme arme. Seul un personnel expert, spécialement entraîné, était habilité à
la toucher et la manipuler. Elle s’avérait dangereuse : ceux qui entraient en
contact avec elle sans les précautions nécessaires mouraient foudroyés sur
l’instant (1S 6 et 2S 6).
Ce sont les Elohim qui disposaient de cette technologie et l’utilisaient, ainsi
que ceux que nous pourrions définir comme leurs subalternes officiels, les
malakim : ce sujet a été approfondi dans l’ouvrage cité plus haut, il consacre
plusieurs chapitres spécifiques à la technologie présente dans l’Ancien
Testament.
Chapitre 11

Quand Abraham découvre que Dieu se


fatigue, se salit, a faim…

J
’ouvre ce chapitre par des événements racontés dans les chapitres 18 et
19 de la Genèse. Le récit établit un parallèle aussi éclairant qu’inattendu
entre Yahvé et les malakim, en unissant étrangement divers aspects qui
caractérisaient de manière significative ces individus : le passage en question
illustre effectivement qu’ils étaient des bipèdes tout à fait normaux, de chair
et d’os, et qu’ils se montraient capables d’utiliser des technologies, avancées,
certes, mais aussi très dangereuses par leur existence même.
Nous trouvons Abraham assis, aux alentours de midi, en train de profiter de
l’ombre projetée par sa tente. Il voit arriver au loin trois anashim, comme les
définit le texte hébreu, c’est-à-dire trois hommes ou, pour être plus précis,
trois individus de sexe masculin (anashim est le pluriel d’ish, un terme qui
indique, justement, les êtres mâles). Abraham comprend immédiatement que
ces trois anashim ne sont pas des hommes ordinaires, mais qu’ils
appartiennent au groupe des dirigeants. Il remarque également la situation
personnelle et physique dans laquelle ils se présentent. De toute évidence, ils
lui semblent sales, couverts de poussière, affamés, assoiffés, fatigués, car il
les invite immédiatement à s’arrêter chez lui pour se reposer et se restaurer. Il
leur prépare de l’eau pour se laver les pieds. Acte fort concret qui nous amène
à penser qu’ils sont arrivés en marchant et qu’ils ont donc besoin de se
rafraîchir, tout particulièrement cette partie du corps, les pieds, que le terrain
aride a échauffés et salis. Il les invite à s’installer à l’ombre d’un arbre et leur
fait préparer de la nourriture : il ordonne à son serviteur de cuire de la viande
qu’il a lui-même choisie, demande à sa femme Sarah de préparer des
fougasses avec de la fleur de farine et leur offre le tout, en l’accompagnant de
lait fermenté et de lait frais.
Au verset 13, nous éprouvons une première surprise : nous découvrons
qu’un des trois (individus masculins) arrivés fatigués, sales, affamés et
assoiffés n’est autre que Yahvé. Donc, selon la théologie, Dieu en
personne. Nous en déduisons que Dieu marche, se fatigue, se salit, doit se
laver les pieds, mange, boit, se repose à l’ombre… tout comme nous.

Ce n’est pas un hasard si la Bible le définit comme un ish, un individu


masculin, et nul hasard non plus si les auteurs bibliques n’ont jamais
considéré Dieu dans l’acception que la théologie attribue à ce terme.
D’autre part, les définitions d’« homme » que nous trouvons dans nos
dictionnaires se résument ainsi : mammifère caractérisé par la position
debout, un langage articulé, l’important développement de son cerveau, la
capacité de transmettre de manière élaborée des expériences et des
connaissances acquises.
Yahvé, que la Bible – comme nous l’avons déjà vu – définit comme ish
milchamah, un « homme de guerre », et qui est ici présenté dans ce trio avec
deux autres anashim (pluriel d’ish), offrait justement ces caractéristiques. Ses
collègues Elohim tout autant, puisqu’ils se montraient si semblables aux
Adams qu’ils pouvaient s’unir sexuellement aux femmes terrestres et même
engendrer une progéniture (Genèse 6). Tellement semblables qu’ils
partageaient même la caractéristique d’être mortels (comme nous l’avons
déjà vu, se référer en outre au Psaume 82).
Mais je parlerai davantage des Adams dans le prochain chapitre. Pour
l’heure, revenons à notre récit qui nous réserve une seconde surprise.
L’anashim dont nous avons vu qu’il s’agissait de Yahvé s’arrête pour parler
avec Abraham, tandis que les deux autres reprennent la route pour accomplir
leur mission : se rendre à Sodome pour prévenir Loth, le neveu du patriarche,
de ce qui est sur le point de survenir. Dans les luttes, ou devrions-nous plutôt
dire dans les véritables guerres territoriales, menées par les Elohim, les villes
de Sodome, Gomorrhe, Adama, Seboïm et Tsoar étaient en train de changer
d’allégeance. Et il avait donc été décidé de les anéantir, en commençant
justement par Sodome et Gomorrhe.
Au passage, je souligne que le chapitre 14 de la Genèse raconte que, dans
ces guerres auquel Abraham participait pour le compte de Yahvé, étaient
également impliqués les rois de Shin’ar, terme biblique pour désigner Sumer
: un lien non négligeable entre les deux mondes.
Loth, en tant que neveu d’Abraham, appartenait à l’alliance yahviste que les
cinq villes étaient en train d’abandonner : c’est pour cette raison qu’elles
seraient dès le lendemain attaquées et détruites. Il était donc nécessaire que le
fidèle Loth s’éloigne immédiatement de sa maison et se mette en sécurité
avec toute sa famille.
Les deux anashim avaient pour tâche de l’avertir. Ils laissent donc Yahvé et
Abraham dans la tente et repartent. Dès qu’ils se sont éloignés, ils prennent le
rôle de messagers. À ce moment précis, la Bible les définit à juste titre
comme des malakim (Genèse 19:1), c’est-à-dire messagers, émissaires, porte-
parole.
Rappel : le terme « malakim » est traduit par « anges ». C’est au nom de
cette définition qu’ils ont acquis dans la théologie leurs caractéristiques
d’entités spirituelles, en réalité inexistantes. La suite du récit met en évidence,
de manière encore plus significative, cette véritable invention opérée par les
exégètes.
Ils reprennent leur route et atteignent le soir venu les portes de la ville. Ils
sont reconnus de loin : Loth les identifie, ainsi que des Anciens qui se
trouvaient avec lui.
Le neveu d’Abraham les fait entrer chez lui, leur offre de quoi se restaurer :
prenons note ici que ces anges en titre, après avoir déjeuné chez Abraham,
dînent avec Loth.
Les autres habitants qui les ont vus arriver et imaginent les raisons de leur
visite (verset 9), veulent les capturer. Loth les défend, il va jusqu’à proposer
en échange ses filles vierges, mais les assaillants ne veulent pas entendre
raison. Nous assistons alors à une scène si réaliste que c’en est presque
désarmant, tant elle est claire et sans équivoque : Loth essaie de freiner
l’impétuosité des assaillants et les deux malakim qui se trouvent chez lui, de
nouveau définis comme des anashim (versets 10-11, traduction Louis
Segond, « les hommes »), « étendirent la main, firent rentrer Loth vers eux
dans la maison, et fermèrent la porte. Et ils frappèrent d’aveuglement les gens
qui étaient à l’entrée de la maison, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, de
sorte qu’ils se donnèrent une peine inutile pour trouver la porte ».
Ces individus – dont la présence est si matérielle que la foule les agressent –
évitent la capture en utilisant un stratagème technologique.
Rien de surnaturel.
Je rappelle au passage à ce propos que les philologues hébreux qui ont
commenté le chapitre que j’ai consacré au miracle « chimique » d’Élie dans
l’un de mes précédents ouvrages, ont écrit que « Tous les miracles bibliques
sont d’origine technologique ». Ils s’accordent ainsi sur la négation de la
moindre intervention surnaturelle.
Le matin suivant, les deux êtres tirent littéralement Loth et sa famille hors
de leur maison. Peu après, survient ce que les Elohim avaient décidé : les
villes sont détruites par un feu provenant du ciel.
Les versets 26-27 précisent que, à cette occasion, les villes et toute la vallée
avec les habitants et les plantes ont été détruits : de la fumée s’élève de la
terre comme d’une fournaise.
Qu’est-il arrivé ?
Quels systèmes ou quelles armes ont-ils utilisés ?
La découverte de sable radioactif dans le territoire du Sinaï et les récits
suméro-akkadiens des descriptions des batailles menées par de puissants
dirigeants locaux, les équivalents des Elohim bibliques, laissent échafauder
des hypothèses de dispositifs atomiques. Je préfère toutefois rester fidèle au
texte biblique, auquel je m’en tiens pour cette analyse. Elle nous fournit, quoi
qu’il en soit, des éléments très intéressants, si « matériels » qu’ils ont peut-
être été volontairement ignorés par les exégètes.
Je me permets une courte digression historico-géographique : les faits en
question se situent avec vraisemblance entre le XXe et le XVIIIe siècle av. J.-
C. : c’est à cette époque que l’on place les récits où interviennent Abraham et
sa famille.
Contrairement à la tradition, l’archéologie moderne qui analyse la
description biblique des événements en rapport au lieu où se trouvait
Abraham et aux temps de déplacement des deux malakim, tend à localiser
Sodome et Gomorrhe le long de la vallée du Jourdain, au nord de la mer
Morte. À la droite orographique se trouvait également la ville de Jéricho.
C’est dans ce territoire que l’on place les événements vécus par Élisée et
racontés dans le second livre des Rois (environ 850 av. J.-C.) : au chapitre 2,
on lit qu’à cet endroit la terre était stérile et l’eau pas encore bonne. Si la
localisation correspond, on pourrait dire que, environ mille ans après les
événements de destruction de Sodome et Gomorrhe, on ressentait encore sur
ce territoire les conséquences dramatiques de l’intervention destructrice des
Elohim.
En revanche, l’affirmation contenue dans le chapitre 10 du Livre de la
Sagesse30 est bien plus certaine. Aux versets 6-7, il est écrit que, dans le
territoire de la Pentapole de Palestine (les cinq villes détruites), « les arbres
portent leurs fruits hors de saison ».
Si nous considérons que ce livre fut écrit au Ier siècle av. J.-C., nous devons
prendre acte de ce que la Bible affirme : environ 1700-1800 ans après les
événements, la terre n’a pas encore retrouvé sa fertilité naturelle.
Dans le Deutéronome 32:32, on utilise une comparaison intéressante : pour
dénigrer les destinataires d’une invective (on ignore de qui il s’agit
réellement), on dit que leur raisin est vénéneux, comme le vin produit par
leurs grappes amères, puisqu’ils proviennent de Sodome et Gomorrhe.
Le prophète Sophonie (VIIe siècle av. J.-C.) décrit ce territoire comme « Un
lieu couvert de ronces, une mine de sel, un désert pour toujours » (2:9).
Je souligne que, dans l’histoire connue, aucun incendie classique n’a jamais
entraîné des conséquences telles que celles décrites ici, et l’on sait même que
les incendies fertilisent la terre qui, en quelques années à peine, devient plus
productive qu’avant : chacun sera donc libre de mener ses propres réflexions
sur ce qui a pu survenir dans cette vallée.

Conclusion : les Elohim et les malakim bibliques étaient un ensemble


d’êtres en chair et en os qui mangeaient, buvaient, marchaient, se
salissaient, se fatiguaient, devaient se laver, se reposer… Enfin, ils
mouraient comme les Adams.

Ceux qui veulent les considérer respectivement comme Dieu et les anges sont
naturellement libres de le faire, à condition d’oublier ce que la Bible nous dit
d’eux ou, plutôt, de « dissimuler » le sens du texte en lui attribuant une valeur
qu’il ne possède pas : c’est bien ce qu’a accompli la « tradition » ou, plutôt,
« les traditions ».
Mais le but déclaré de cet ouvrage et de ses prédécesseurs est justement de
tenter d’ôter les couvertures et ce voile de mystère qui a été étendu au fil des
siècles pour occulter ce qui n’était pas, et n’est toujours pas, considéré
comme acceptable par les doctrines.
Chapitre 12

Comment une religion peut-elle naître


à partir de telles données ?

D
ans mes ouvrages précédents, j’ai illustré le phénomène connu sous
le nom de « culte du cargo », en démontrant comment était né, sous
les yeux des anthropologues, un système culturel et rituel engendré
par la rencontre des populations primitives des îles du Pacifique avec les
navires cargos occidentaux.
Je voudrais pour le moment vous donner un exemple de la manière dont il
est possible, par une programmation intelligente, de tirer parti d’une situation
donnée : c’est bien ce qui s’est produit avec les événements bibliques
Imaginons que je parvienne – volontairement ou par la force des choses –
sur une planète, ou bien dans une zone inconnue et sauvage de ma propre
planète.
Je sais que je devrai probablement y demeurer pour le restant de ma vie.
J’y arrive en possession d’une partie, même réduite, des technologies dont
dispose la civilisation dont je viens. Et, à l’aide de ces moyens comptés, je
dois trouver une solution aux contingences matérielles liées aux besoins
primaires de la survie.
La planète/zone sur laquelle j’arrive est habitée : des cultures et des
civilisations nettement moins évoluées. Je suis donc un individu très
largement supérieur, autant par les moyens dont je dispose que par mes
connaissances : je leur semblerais dans le même temps sage, puissant,
terrifiant, doté d’un savoir dont la mise en œuvre se traduit de façon presque
magique sur les individus et l’environnement. Dans certaines circonstances,
je me montrerais capable de prévoir des événements tels que les éclipses et,
peut-être, pourrais-je même faire croire que c’est moi qui les ai provoquées,
puisque j’ai pu en déjouer les terribles conséquences en ramenant les choses à
la normale.
Voilà qui me placera dans une position de supériorité indubitable et
incontestable : cette supériorité typique que la connaissance offre sur
l’ignorance.
Supposons que ce moi colonisateur soit un impénitent matérialise, ne croie
en rien et affiche pour objectif principal et même unique de passer le restant
de sa vie de la manière la plus confortable possible. Pour vivre au mieux les
années que m’accorde la biologie, j’ai besoin d’accumuler des biens matériels
: je devrais pouvoir en disposer à loisir, aussi bien sur le plan quantitatif que
temporel. Mon but sera donc de posséder beaucoup et de savoir que je peux
en disposer pour toujours : le-’olam, dirais-je bibliquement, c’est-à-dire
« pour une longue durée », au moins pour toute la durée de ma vie qui, par le
plus grand des hasards, s’avère bien supérieure à celle des autochtones que
j’ai trouvés sur la planète et/ou le territoire atteint. Cette particularité me
donnera le moyen en outre de laisser croire aux habitants du lieu que je suis
éternel : ils s’en convaincront seuls puisqu’ils voient leurs générations se
succéder tandis que je demeure.
Les ressources et les biens matériels de la planète/région sont
nécessairement limités. C’est pourquoi, pour parvenir à mes objectifs
exclusivement concrets et matériels, je dois avancer dans deux directions :
dans l’immédiat, j’ai le besoin de trouver des collaborateurs, car je ne peux
pas tout faire seul. Et, pour le futur, je dois penser à réduire autant que
possible le nombre de mes rivaux qui voudraient eux aussi s’emparer de ce
qu’on qualifiera de manière générique de richesses, c’est-à-dire l’ensemble de
ces biens matériels qui incluent également les sources d’énergie dont j’ai
besoin pour produire ce qui m’est utile et pour augmenter mon pouvoir et les
bénéfices qui en découlent.
Pour mon premier objectif (les collaborateurs), j’établirai des rapports
privilégiés avec un nombre très réduit d’individus soigneusement
sélectionnés.
Fort des connaissances nécessaires, je pourrai également mener à bien des
interventions biomédicales sur certains d’entre eux pour les rendre plus
réceptifs, et donc plus efficaces dans la compréhension et l’exécution des
ordres.
Je leur transmettrai une partie de mes connaissances. Je le ferai
progressivement, en fonction des besoins d’établir un rapport toujours plus
étroit avec eux, et je les doterai également d’une certaine autonomie
décisionnelle, inévitable.
Avec de rares – très rares – individus, mon rapport sera même ouvert, clair
et explicite : ils connaîtront la « vérité » et partageront mes objectifs. Ils en
tireront des privilèges, même si ce ne sera qu’en moindre mesure par rapport
à moi. Je les nommerai les « initiés ».

Pour mon second objectif (réduire le risque représenté par les rivaux
éventuels qui apparaîtront nécessairement au fil du temps), mes
collaborateurs les plus proches et moi commencerons à agir par la force, puis
passerons ensuite à l’utilisation de systèmes plus subtils et efficaces : nous
opérerons en groupe social d’influence sur le plan culturel, en agissant donc
sur les esprits de mes sujets.
Mes complices seront au courant et largement récompensés par le pouvoir
et la richesse que je leur accorderai en fonction de leur implication et de leurs
résultats et à due proportion. Ils élaboreront ensuite eux-mêmes un cadre
théorique articulé qui se développera surtout quand je ne serai plus : ils
l’utiliseront pour perpétuer à leur avantage le système de pouvoir basé sur des
structures très hiérarchisées à l’intérieur desquelles on avance sur la base de
décisions prises au sommet (les Églises).
Ainsi, il se créera et se fixera dans le temps une série de convictions qui
devront se transmettre de génération en génération.
Mes collaborateurs et leurs successeurs, même en mon absence, bâtiront et
diffuseront un « credo » : une série de vérités qui seront justifiées par leur
origine. Elles proviendront d’une entité supérieure, avec laquelle j’aurai peut-
être prétendu être en contact et qui m’aura conféré mes pouvoirs.
Ce corpus doctrinal comprendra des indications et des connaissances qui
visent à diriger les esprits et les consciences des sujets/fidèles vers des
objectifs qui ne diffèrent pas de ceux partagés par les quelques élus.
Les sujets/fidèles devront penser que la vie offre des buts et des
significations différentes et, surtout, supérieures à la simple survie et aux
besoins matériels. Dans ce but, on leur enseignera que la possession de biens
terrestres ne doit pas être une fin mais uniquement un instrument. On
affirmera que ces biens entravent l’homme et le conditionnent, l’empêchent
de parvenir à son véritable objectif : rien de moins que d’obtenir une
réalisation « spirituelle » identifiée, « transcendante », « immatérielle ». Cet
objectif demeurera vague, tout d’abord à cause de l’impossibilité criante de le
définir avec précision (personne n’en sait rien), mais également pour l’attrait
et la fascination qu’exerce le mystère sur l’esprit des autochtones, maintenus
à l’écart des connaissances.
On promettra des récompenses et on menacera de punitions. Il y aura de la
violence mais aussi de la compassion et de la compréhension, dans une
alternance de comportements qui déconcerteront et intimideront, capables de
faire naître chez les sujets/fidèles un sentiment de dépendance totale face aux
arrêts imprévisibles décrétés en haut lieu.
On enseignera qu’il faut œuvrer et travailler sur soi-même pour acquérir la
capacité de se détacher du diabolique esclavage des possessions matérielles,
en faveur d’un but nettement plus élevé et méritoire : celui-là même que
désire l’entité/la loi supérieure (bien évidemment inventée) dont tout découle
et dépend.
La souffrance, les tourments, la douleur sereinement acceptée et que l’on
voit peut-être comme une « pénitence », le renoncement volontaire, le
détachement, l’esprit de sacrifice, seront le chemin à emprunter pour atteindre
le véritable objectif, c’est-à-dire le statut de créature réalisée spirituellement :
un objectif que l’on n’atteint pas nécessairement aux cours de cette vie et qui,
pour cette raison, n’est ni observable ni vécu par le plus grand nombre.
On inventera un « lieu » ou une « situation » dans laquelle le processus
trouve sa conclusion et la bonne attitude sa récompense : un paradis, un
nirvana, un non-monde, un lieu qui n’est pas circonscrit de façon spatiale,
mais défini de multiples manières, doté de toutes sortes de caractéristiques
positives et alléchantes.
La juste récompense, finale, éternelle, infinie, pour les renoncements et les
« bons » choix opérés.
Tandis que la majorité du peuple s’adaptera – à divers degrés – et tentera de
suivre la voie indiquée, les rares individus instruits de la « véritable »
connaissance et qui collaboreront consciemment à la diffusion de l’illusion
profiteront sans attendre de tous les avantages des seuls et uniques biens
qu’ils considéreront comme réels et concrets, les possessions matérielles,
remis par les sujets/fidèles dociles et convaincus.
Remis volontairement, à moins qu’ils ne s’en emparent à coups de
supercheries supplémentaires que, par la suite, mes « sacerdotes » (je les
appellerai ainsi) et moi-même mettront en place.
Les certitudes qu’ils nourriront spontanément les empêcheront même de
voir les innombrables incohérences présentes dans le théorème mis en place.
Ces incohérences seront ignorées ou bien l’on veillera à les placer dans le
cadre du mystère insondable qui entoure ce qu’on ne peut pas connaître.
Tous les irréductibles obstinés qui pourraient constituer un sérieux obstacle
aux « vérités » inventées et transformées en dogmes intouchables seront bien
évidemment éliminés ou réduits au silence.
L’élimination physique, la dérision, le dénigrement, la destruction et la
démolition non seulement des idées contraires, mais aussi des personnalités
qui auront osé les exprimer, seront mises en œuvre avec les instruments que
la civilisation mettra à disposition au fil du temps : des bûchers au pilori
médiatique…
Une des conséquences positives – et très utiles – prendra l’allure d’un fait
presque naturel : nombre des sujets/fidèles, de manière absolument
spontanée, deviendront à leur tour, sans le savoir, des collaborateurs, car ils
se convaincront de la « vérité » contenue dans le système doctrinal et s’en
feront d’eux-mêmes les porte-parole et les avocats. En résumé, ils œuvreront
pour ma cause, sans même demander de compensation immédiate,
convaincus d’agir dans le but de cette fin ultra-terrestre qu’ils considéreront
comme le seul et unique objectif de la vie.
Apparaîtront en outre des individus certains d’avoir « vu » les réalités
ultimes : ils seront vénérés et considérés comme des témoins de la vérité.
Ces collaborateurs agiront en totale et absolue bonne foi, fruit d’un choix
absolument personnel.
Voilà, en conclusion, ce que je ferais si je me trouvais dans cette situation et
si j’étais mû par ces objectifs.

Comme toujours, moi qui suis un rationaliste et matérialiste froid, austère et


rébarbatif, j’ai « fait semblant de croire que »… mais, en observant le passé et
le présent, j’ai l’impression que ceux qui ont construit les religions en général
– et la judéo-chrétienne en particulier – n’ont pas « fait semblant ».
Mais je ne vais pas m’intéresser à ce point. Revenons immédiatement à la
Bible pour démontrer que, faute de s’occuper de Dieu, elle ne parle pas non
plus de création, ni de création de l’homme ni de péché originel, avec tout ce
qui en découle.
Chapitre 13

Adam et Ève n’ont pas donné


naissance à l’humanité

D
ans Il n’y a pas de création dans la Bible, j’ai analysé le premier
chapitre de la Genèse pour démontrer qu’il ne parle jamais de la
création, et encore moins de la création à partir de rien, pas même
dans son premier verset, celui que la tradition doctrinale traduit par cette
expression que nous connaissons tous : « Au commencement, Dieu créa le
ciel et la terre […] »
Je précise immédiatement que la signification hébraïque n’est pas celle-ci.
Avant d’étudier ce récit dans les grandes lignes, je désire dissiper toute
équivoque : j’ignore comment est né l’Univers, j’ignore s’il a été créé par un
Dieu en un acte unique et instantané, si le Big Bang a existé ou s’il est plus
juste de parler de théorie des cordes, comme le fait la science ces dernières
années.
J’ignore ce qu’il y avait au commencement. J’ignore même s’il est correct
de parler d’un « commencement », ce pourrait ne ressembler qu’à un besoin
dicté par notre système neurophysiologique qui doit se représenter et décrire
la réalité selon des concepts qui la lui rendent compréhensible.
Chacun sait que personne ne sait… en réalité comment est né l’Univers.
Pour les hommes de foi, il est le résultat indubitable d’un acte créateur divin,
mais en parallèle la science élabore des doctrines et hypothèses qui varient au
fil du temps avec la progression des connaissances en matière de physique et
d’astrophysique.
Je ne porte de jugement ni sur l’une de ces positions ni sur l’autre : elles
sont au-delà de ma compétence. Face à ce non-savoir, et dans l’attente de
réponses certaines et démontrées, je me limiterai à affirmer clairement que la
Bible ne parle pas de « création », ne s’occupe pas de cet événement.
Je dirais presque que les Elohim eux-mêmes n’en savaient rien, ne serait-ce
que parce qu’ils n’étaient pas et ne sont pas des dieux, comme on le voit
clairement en filigrane dans tout l’Ancien Testament, mais un groupe
d’individus qui se sont partagé la Terre. Ils provenaient d’un quelque part
que, bien évidemment, je ne connais et n’imagine même pas, puisque la Bible
n’en parle pas. Dans l’ouvrage que j’ai cité précédemment, j’ai cependant
choisi de mentionner une tablette cunéiforme (NBC 11.108), traduite par
quatre sumérologues universitaires, où il est écrit que lorsqu’ils n’étaient pas
sur terre, les ANUNNA suméro-akkadiens (les Elohim bibliques) disposaient
d’une demeure céleste dépourvue de végétation. Parvenus sur notre planète,
ils se sont choisi un site dans lequel s’installer. Et c’est à ce moment que
débute le récit du livre de la Genèse : un récit que les Elohim eux-mêmes
doivent avoir transmis aux « rois/sacerdotes » qu’ils choisirent tour à tour
comme représentants, et auxquels ils déléguèrent une partie de leurs
pouvoirs, selon l’hypothèse que nous avons élaborée précédemment.
Je résume ici près de 80 pages d’analyse consacrées à ce thème dans mon
ouvrage précédent (auquel je vous renvoie pour tout approfondissement
textuel à partir des documents philologiques) : les Elohim (le prétendu Dieu)
n’ont rien créé. Le verbe hébreu bara ne signifie jamais « créer », à aucune
des occurrences auquel il apparaît dans l’Ancien Testament. Il signifie en
réalité « intervenir pour modifier une situation » selon ses propres exigences
et, parmi ses significations multiples, on citera « couper », « modeler »,
« séparer » et, même, « engraisser ».
Contrairement à ce qu’affirme la palette de prédicateurs, le verbe bara n’a
le plus souvent pas même comme sujet le prétendu Dieu.
Les Elohim, à l’endroit qu’ils avaient choisi, ont accompli toutes les
opérations que n’importe quel colon est contraint de mettre en œuvre pour
garantir sa survie dans un nouveau territoire. La Genèse nous raconte qu’ils
se sont tout d’abord construit une réserve d’eau, un grand ouvrage
hydraulique. Qu’ils ont tiré parti du territoire en le consacrant à des cultures
expérimentales de végétaux comestibles et à l’élevage d’animaux dont se
nourrir.

J’ai déjà évoqué les nombreuses incohérences de la Bible. À propos des


fameux sept jours qu’aurait duré la Création, avec un C majuscule, j’en
souligne une particulièrement évidente, qui fera l’objet de recherches plus
approfondies dans mes futurs travaux.
Au verset 3 du premier chapitre, Dieu (les Elohim) dit : « Que la lumière
soit ! », puis il la sépare des ténèbres et appelle la lumière « jour » et les
ténèbres « nuit » (premier jour).
Au verset 6 (deuxième jour), on raconte la réalisation de l’ouvrage
hydraulique qui, dans la Bible, est même défini par le terme qu’on utilise
aujourd’hui encore, par exemple pour le haut barrage d’Assouan : raqia. Qui
n’a rien à voir avec l’image poétique du firmament, habilement introduite
pour occulter la nature concrète, à la fois crue et formidable, du récit (vous
trouverez la description complète de cette intervention dans le livre cité en
début de chapitre).
Au verset 11, le prétendu Dieu ordonne à la terre de faire germer toutes
sortes de végétaux (troisième jour).
Ce n’est qu’aux versets 14-17 (quatrième jour) que Dieu place dans le ciel
le soleil et la lune pour séparer la lumière des ténèbres, le jour de la nuit.
Mais cette séparation n’avait-elle pas été accomplie au premier jour ?

Mes questions :
Comment distinguait-il le jour de la nuit avant l’existence du soleil et de la
lune ?
Comment les plantes vertes pouvaient-elles naître (troisième jour), grandir
et germer en l’absence de la lumière solaire, apparue seulement au quatrième
jour ?

Au cinquième jour, arrivent les animaux. Enfin, le jour d’après, survient le


récit de la supposée création de l’Adam, dont je parlerai bientôt.
Les incohérences sont frappantes, mais, en mettant de côté d’éventuelles
erreurs et confusions de la part des copistes, nous devons noter que les
Elohim ont réalisé et mis en œuvre une véritable installation qui devait à la
fois remplir les fonctions de centre de commande et de sorte de laboratoire
expérimental pour commencer à produire la nourriture indispensable aux
êtres de chair et de sang qu’ils étaient.
Je traiterai en détail dans un prochain ouvrage la question des « luminaires »
qui apportaient la lumière et, dans le même temps, marquaient la succession
temporelle des événements dans ce laboratoire expérimental (un éventuel
système d’éclairage artificiel avec minuterie ?) pour passer immédiatement à
l’analyse de la « fabrication » d’Adam et Ève.
Ce n’est pas par hasard si j’ai utilisé le terme « fabrication » : de la
même manière que la Bible ne parle pas de création du ciel et de la terre,
il est tout aussi visible qu’elle ne parle jamais de « création » de
l’homme.

Je voudrais établir un fait de manière claire et univoque : le texte biblique


contient la synthèse de plusieurs interventions d’ingénierie génétique.
Cette affirmation, apparemment déconcertante, se trouve confirmée par la
philologie hébraïque déjà citée à plusieurs reprises, et qui établit que les
Hébreux ont toujours su que ces textes faisaient référence à des interventions
de biologie moléculaire menées sur le patrimoine génétique des hominidés
via l’utilisation de fragments de l’ADN des Elohim. Pour être précis, force
m’est de dire que la philologie hébraïque soutient que les ingénieurs
génétiques n’étaient pas les Elohim mais les Rofim, en substance les
médecins appartenant au peuple hébreu lui-même. Ces philologues tirent
cette information de la littérature talmudique, mais la Bible ne parle pas de
ces Rofim (appelés en revanche Rephaïm, mais qui ne sont cependant pas liés
à la fabrication de l’homme) et, sans aucune équivoque possible, elle attribue
aux Elohim la paternité de ces expérimentations dans le domaine
biomoléculaire.
Je souligne donc que le Talmud hébreu et la Bible hébraïque ne concordent
pas sur ce point. Il s’agit en l’occurrence d’une question qui n’est pas de mon
ressort et sur laquelle je ne m’attarderai pas. La tâche de trouver une
éventuelle conciliation revient plutôt aux exégètes israélites.
Je m’occupe dans mes ouvrages de ce qui est écrit dans le texte biblique et
de ce que je souhaite souligner, quitte à négliger les contradictions que les
philologues eux-mêmes mettent en évidence dans les textes traditionnels.
Entre dans ce cadre un fait indubitable : dans un lointain passé, sur la planète
Terre, on menait des interventions d’ingénierie génétique pour accélérer le
processus évolutif des hominidés. L’on a ainsi engendré une espèce dotée de
caractéristiques susceptibles de la rendre compatible, sous divers aspects,
avec celle des soi-disant créateurs.
Dans mes ouvrages précédents, j’ai consacré des chapitres entiers à
l’analyse de chaque passage dans lequel ces interventions étaient décrites. Je
me contenterai donc ici de résumer l’événement qui a fait de nous (Homo
sapiens et Homo sapiens sapiens), de véritables organismes génétiquement
modifiés (OGM).
Je voudrais tout particulièrement faire référence à l’intervention génétique
qui a conduit à la fabrication d’Adam et d’Ève. C’est essentiellement à ce
processus que s’intéresse l’Ancien Testament.
J’annonce ce que je vais évoquer : les deux entités de ce célèbre couple ne
sont pas les ancêtres de l’humanité, mais les fondateurs d’un groupe
d’humains particulier, créé expressément pour travailler dans ce laboratoire
expérimental dont je parlais précédemment, le gan-eden, c’est-à-dire « le
jardin clos et protégé installé à eden », ce qu’on nous présente habituellement
comme le « paradis terrestre ».
Voici, de manière extrêmement résumée, l’action menée à bien (je renvoie
ceux qui souhaiteraient obtenir des approfondissements à mes livres).
Les Elohim décident de concevoir l’Adam en utilisant leur tzelem, terme
dont la signification littérale se rend par « quelque chose de matériel qui
contient l’image (des Elohim, dans ce cas) ». Sa racine verbale tzalam
(couper), contient en elle cette information précise : il a été « découpé à partir
de ». Ce tzelem a été inséré dans l’afar qui se trouvait déjà sur terre, c’est-à-
dire l’ADN des hominidés (Genèse 1:26-27).

Nous apprenons donc que l’Adam contient une


portion du patrimoine génétique des Elohim et,
par conséquent, qu’il est véritablement fabriqué
Autre information tirée de la Bible : à l’origine, les Elohim conçurent
seulement le mâle de ce groupe spécial. Dans Genèse 2:15, on nous apprend
que l’Adam (mâle) a été « pris et placé » dans le gan-eden. De quoi laisser
penser qu’il n’a pas été fabriqué là, mais bien ailleurs. Ce choix dicté par la
nécessité de produire un travailleur qui agirait pour eux les a fait opter pour
une structure physique masculine, naturellement plus adaptée.
Je remarque un détail qui pourrait prêter à sourire, mais en soi totalement
significatif des comportements et des objectifs réels de ces colons/dirigeants
qu’on souhaite nous faire passer pour le Dieu unique : ce n’est qu’avec le
temps que les Elohim – dans leur grande bonté – se sont aperçus que, pour
cet homme, l’aide/la présence/l’accompagnement des animaux n’étaient pas
suffisants. Ils décidèrent de le doter d’une compagne, la femelle que nous
connaissons sous le nom d’Ève (Genèse 2:20).
Comment s’y sont-ils pris pour la fabriquer ?
C’est à ce point du récit qu’apparaît le terme tzela, traditionnellement
traduit par « côte ». C’est cette partie de l’Adam que les Elohim ont utilisée
pour susciter Ève (Genèse 2:21-22).
Clarifions les choses.
Tzelem est un élément du patrimoine génétique des Elohim, tandis que tzela
est un élément anatomique des Adams : celui qu’on identifie
traditionnellement par le mot « côte ». Pour mieux comprendre, je précise que
tzela apparaît plusieurs fois dans la Bible où il désigne « une partie latérale »
(Exode 25:12 ; Exode 26:20 ; 1 Rois 6:5 ; 1 Rois 6:15 ; 1 Rois 7:3 ; Ézéchiel
41:5 ; Ézéchiel 41:26).
Dans le récit de la fabrication d’Ève, la Bible nous dit que l’Elohim Yahvé a
pris sur le mâle « l’une des parties latérales », et non pas « la » partie latérale,
ou une moitié, ou une quelconque côte. Nous sommes donc face au
prélèvement de quelque chose qui n’est pas mieux identifiable : c’est tiré de
parties latérales qui ne sont pas davantage définies. Mais surgit un élément
qu’il ne faut pas négliger : le texte biblique (Genèse 2:21) affirme
qu’auparavant, Yahvé plonge Adam dans « un profond sommeil ». Enfin,
nous apprenons qu’après le prélèvement, Yahvé « referma la chair à sa
place » (Genèse 2:21).
Le récit est clair : les Elohim anesthésient l’Adam mâle, interviennent sur
une partie latérale arrondie, prélèvent quelque chose, suturent la plaie et, à
partir de ce quelque chose qu’ils ont prélevé, fabriquent une femelle.
Toutes ces actions accomplies à la suite font donc penser à une opération
sanglante avec anesthésie et suture.
À partir de ces données, je pense que la tzela peut désigner la « partie
latérale incurvée », c’est-à-dire la crête iliaque, ou peut-être une côte, dont on
prélève les cellules souches – multipotentes et donc adaptées pour le clonage
– par une petite intervention chirurgicale qui a néanmoins demandé une
anesthésie (locale ou générale, comme on le fait encore aujourd’hui).
Si la description de cette intervention se trouvait dans une revue de
vulgarisation scientifique, personne ne douterait de la signification de son
contenu. Le souci est qu’elle se trouve dans la Bible, et la nécessité de
soutenir la doctrine dogmatique « traditionnelle » contraint à affirmer qu’elle
doit être lue à l’aide d’une clé allégorique : encore une fois, la prétendue
« tradition » cherche à cacher le sens explicite du texte.
Je place au contraire les événements dans cette grande mosaïque totalement
réaliste qui prend forme sous les yeux du lecteur libre de tout
conditionnement et capable d’accueillir avec l’esprit ouvert même
l’inattendu.
Les Elohim décident de se fabriquer un travailleur doté de l’intelligence et
des capacités nécessaires pour œuvrer en contact étroit avec eux dans ces
conditions spécifiques.
D’ailleurs, nous ne pouvons pas même nous dire certains que l’intervention
a été menée dans ce que la tradition théologique appelle « paradis terrestre »,
c’est-à-dire le gan-eden.
Je répète ce qui est écrit en Genèse 2:15 : « L’Éternel Dieu [Yahvé Elohim]
prit l’homme et le plaça dans le gan-eden pour le cultiver et pour le garder. »
Nous lisons clairement qu’il le « prend » et le « place » dans un lieu que
nous devons nécessairement imaginer comme distinct de celui dans lequel il
le prend, sans quoi la phrase n’aurait aucun sens. Il ne semble donc pas qu’il
l’ait conçu à cet endroit mais ailleurs, tandis qu’Ève – qui a été conçue plus
tard (Genèse 2:18) – pourrait avoir été produite justement dans le gan-eden.
Impossible d’approfondir ici la question dans son ensemble. Je me
contenterai de souligner qu’environ 200 000 à 250 000 ans avant, les Elohim
avaient déjà commencé les expériences d’hybridation desquelles était ensuite
« née » l’espèce Homo sapiens.
La datation reprend les hypothèses élaborées par les scientifiques
généticiens qui situent à cette période la naissance de celle qu’ils nomment
eux-mêmes conventionnellement l’« Ève mitochondriale », la femelle dont
proviennent les mitochondries aujourd’hui dans les cellules de l’espèce Homo
sapiens, et qui sont transmises uniquement par les ovules féminins car trop
grandes pour que les contiennent les spermatozoïdes masculins.
Dans le grand tableau de l’évolution qui nous a menés à l’homme tel que
nous le connaissons, les Elohim ont donc fourni un apport spécifique en
accomplissant des interventions génétiques destinées à imprimer des
accélérations notables au processus qui, des primates, a conduit jusqu’à nous,
Homo sapiens sapiens. Il suffit de penser que nos cousins – c’est-à-dire les
primates qui sont les plus proches de nous, comme certains chimpanzés ou
les gorilles – n’ont quasiment pas changé sur le plan évolutif depuis environ 3
ou 4 millions d’années, tandis que le genre Homo a accompli des bonds en
avant soudains, rapides et surtout extraordinaires.
La Bible rend donc compte des effets de ces expérimentations répétées, et le
Talmud confirme l’existence de ces connaissances au cours des millénaires
passés.
Chapitre 14

Que dit la science, qui cherche le


prétendu chaînon manquant ?

L
e docteur Pietro Buffa (chercheur associé en biologie moléculaire,
King’s College de Londres), dans une analyse rétrospective des
théories consacrées à l’évolution humaine, relève certaines données
intéressantes que je résume ici, mais dont je conseille la lecture dans leur
intégralité, malheureusement pour l’heure en italien seulement
(www.scienzaeconoscenza.it/articolo/che-cos-e-il-neodarwinismo.php).

En parfaite opposition avec la doctrine religieuse créationniste – qui,


d’ailleurs, connaît en ce moment une renaissance anachronique dans certains
courants de pensée religieuse réformés –, Darwin a descendu l’homme de son
piédestal et l’a placé sur les traces rationnelles de son identité biologique.
Force est de constater cependant que la théorie darwinienne comporte
indubitablement des éléments troubles ou, au moins, contradictoires, qu’elle
laisse de nombreux aspects de l’évolution sans réelle explication et demande
donc des révisions et des approfondissements.
Grâce à des domaines de recherche tels que la génomique, la biologie
moléculaire, la bio-informatique, la paléoanthropologie, l’évolutionnisme se
voit de nos jours enrichi de nouvelles connaissances. Elles poussent les
chercheurs vers des directions inédites. La théorie de Darwin a donc
lentement laissé la place à un programme de recherche multidisciplinaire,
connu généralement sous le nom de néodarwinisme, la théorie bio-
évolutionniste la plus reconnue par la science universitaire internationale, et
l’Église catholique elle-même a redéfini ses positions sur les processus
évolutifs de la vie, rapproché les enseignements théologiques des plus
récentes découvertes scientifiques. Comme je l’ai exprimé plus haut, de
nombreuses Églises protestantes, au contraire, poursuivent leur combat anti-
évolutionniste désespéré pour soutenir une hypothèse créationniste toujours
moins défendable, sans laquelle elles verraient s’effondrer l’infaillibilité des
textes sacrés.
Je ne peux m’empêcher de souligner une véritable absurdité : la prétendue
infaillibilité des textes bibliques est attribuée à des contenus erronés, j’ose
même écrire faux, présentés et soutenus par la doctrine qui les a inventés : on
veut donc soutenir que la création a existé, car la Bible le dit !
Mais, en réalité, la Bible ne parle jamais de création et, donc, la prétendue
infaillibilité devrait être attribuée au véritable contenu qui est celui auquel
nous nous intéressons : de la non-création à l’ingénierie génétique.
Le docteur Buffa rappelle la manière dont le théologien et professeur
Waltke a perdu sa chaire à la Reformed Theological Seminary31 pour avoir
soutenu que diverses données en faveur de l’évolution biologique sont
désormais incontestables, et que continuer à en nier la réalité ferait de
l’Église protestante un groupe étrange incapable d’interagir avec le monde.
La théorie évolutionniste n’est certes pas exempte de critiques. La plus
manifeste est celle qui met en évidence l’incomplétude des preuves fossiles :
pour le dire vite, de nombreux chaînons manquent. La chaîne est donc
incomplète. Nous ne disposons pas des preuves matérielles pour toutes les
étapes. De nombreuses formes intermédiaires n’ont pas été retrouvées, à
commencer par celles qui sont censées illustrer le passage des primates à
l’homme.
Mais le darwinisme classique qui a toujours proposé une évolution
progressive des espèces vivantes a été dépassé par la recherche. Il survit
aujourd’hui exclusivement dans les débats parascientifiques, dans la culture
populaire et dans les critiques anti-évolutionnistes soutenues par des
profanes.
Les preuves fossiles démontrent en réalité que les espèces vivantes tendent
à conserver leurs caractéristiques presque inaltérées durant de très longues
périodes de temps (stase), pour ensuite changer soudainement, sous
l’influence de « moteurs de l’évolution », qui agissent conjointement à
l’évolution naturelle mise en évidence par Darwin. Les changements qui
mènent à la formation de nouvelles espèces sont généralement rapides et
brusques, et les formes intermédiaires se révèlent destinées à une existence
relativement courte. Pour cette raison, elles sont difficiles à retrouver dans les
preuves fossiles.
Comment tout cela se rencontre-t-il dans l’examen du texte biblique et les
interventions des Elohim ?
Comment les nouvelles découvertes scientifiques s’accordent-elles avec la
donnée que l’homme semble le fruit d’interventions génétiques ?
Nous allons examiner la question en relation avec l’organe
physioanatomique qui nous identifie, caractéristique de notre spécificité : le
cerveau.
Le docteur Buffa a mis en évidence que les dimensions du cerveau et sa
sophistication se manifestent par le passage des 440 cm3 de
l’Australopithèque aux 1 230 cm3 de l’Homo sapiens.
Dans l’analyse des travaux de ce biologiste moléculaire, je voudrais
souligner l’élément qui, selon moi, est le plus marquant. Il concerne le lien
immédiat possible avec ce que révèle la lecture de la Bible : les chercheurs de
l’Institut médical Howard Hughes de Chicago ont publié les résultats d’une
étude qui affirme que l’évolution extraordinaire que subit le cerveau humain
fut le résultat d’un « événement spécial ». Docteur Buffa : « Il ne s’agit pas
d’une amélioration de ce qui existait avant, mais bien d’un tournant radical
dans la biologie humaine dont la cause doit être recherchée dans notre ADN.
La formation du cerveau est guidée chez l’homme par l’expression de
multiples gènes, mais il existe une séquence d’à peine 118 bases, à l’intérieur
du chromosome 20, dont nous savons aujourd’hui qu’elle joue un rôle
déterminant durant le développement embryonnaire, produisant une
migration neuronale massive, indispensable à la formation d’un cerveau
véritablement humain. En comparant cette région avec son équivalent chez
les primates non humains, les biologistes s’aperçurent, en 2005, qu’ils se
trouvaient face à l’un des sites génomiques dans lesquels se déroulèrent le
plus grand nombre de changements moléculaires (mutations) jamais
rencontré chez l’homme. Chez les singes, la même région n’a que peu changé
depuis l’époque des plus anciens vertébrés, ce qui démontre que l’importante
quantité de modifications est survenue exclusivement chez les hommes,
activant en un temps rapide un gigantesque mécanisme moléculaire dont nous
savons aujourd’hui qu’il est à la base du développement cérébral. Cette petite
séquence a été nommée Human Accelerated Region 1 (HAR1) et fut
cataloguée comme la première d’une série de régions génomiques
spécifiquement humaines, ainsi que déterminantes dans le processus évolutif
d’hominisation. »
C’est ce qu’écrit et démontre en citant ses sources le biologiste moléculaire
dont je recommande les travaux aux lecteurs que le sujet intéresse.
Le docteur Katherine S. Pollard (Le Scienze, août 2009) l’a à son tour
illustré.
Le docteur Buffa a en outre eu la gentillesse de nous expliquer, en privé,
que les zones HAR sont très nombreuses et sont toutes des séquences qui,
« étrangement », ont subi dans notre espèce un taux extrêmement élevé de
mutations par rapport à celles rencontrées chez les singes (ces informations
sont développées dans le livre intitulé La terza via [la troisième voie] sur
lequel travaille actuellement le chercheur et qui n’est donc pas encore
disponible à l’heure où j’écris : le lecteur pourra facilement se le procurer par
la suite).
Nous sommes donc face à des caractéristiques biomoléculaires spécifiques à
notre espèce, qui nous différencient des primates et qui nous autorisent à
considérer de manière plausible et concrète l’hypothèse de fond : la Bible et
le Talmud affirment que nous sommes le produit de modifications génétiques
apportées par des individus il y a plusieurs milliers d’années. De telles
modifications ont rendu possible le développement du cerveau et la
fabrication d’une espèce d’êtres vivants que les ingénieurs génétiques
utilisèrent ensuite à leurs fins.
L’évolutionnisme darwinien n’est pas et ne peut être considéré comme un
dogme indiscutable. C’est encore moins le cas du créationnisme qui n’a pas
non plus de fondement dans la Bible. Mais il s’appuie sur une invention
théologique qui a utilisé le texte dit sacré comme prétexte.
Le darwinisme requiert des vérifications constantes. Je puis affirmer, au
nom d’une conviction personnelle toujours plus marquée, que les stimuli
bibliques sont d’autant plus intéressants qu’on est disposé à accepter qu’ils ne
soient pas même issus d’une œuvre unique, comme a voulu le faire croire la
culture judéo-chrétienne aux cours des millénaires.
Sur ce point, je remarque que des peuples du monde entier – de l’Asie au
nord de l’Europe, en passant par le sud de l’Afrique ou les pays d’Amérique
du Nord et du Sud – nous racontent une histoire : celle des enfants des étoiles
qui sont arrivés ici, ont « fait » l’homme, lui ont transmis certaines de leurs
connaissances, ont donné naissance aux civilisations, etc.
La Bible n’est que l’un des nombreux textes qui retranscrivent globalement
le même contenu, le même récit de nos origines.
Lorsque la culture officielle se libérera des constructions théologiques
dépourvues de fondements textuels et cessera de considérer comme des
mythes et des fables les récits qui nous été légués par les peuples anciens, elle
accomplira un grand pas en avant sur le chemin de la connaissance.
Heureusement, les chercheurs officiels sont toujours plus nombreux à
examiner des hypothèses susceptibles d’apporter des réponses aux questions
auxquelles la science traditionnelle, parfois aussi dogmatique que la religion,
ne sait pas donner d’explications valides et convaincantes.

Revenons-en à Adam et Ève pour parler de la manière dont la pensée


théologique a œuvré à déformer totalement le texte : non seulement ils n’ont
pas été créés, mais ils ne sont pas non plus les ancêtres de l’humanité.
Cette déformation a été rendue possible par la non-lecture de la Bible de la
part de la majorité du peuple des fidèles. Le texte biblique se veut clair sur les
faits que voici.
L’histoire d’Abel et Caïn est connue de tous. Dans mes précédents
ouvrages, j’ai expliqué pourquoi les Elohim appréciaient l’offrande d’Abel et
méprisaient celle de Caïn, et je me contenterai donc ici d’illustrer
l’affirmation soutenue plus haut : Adam et Ève ne sont pas les ancêtres de
l’humanité.
Après avoir assassiné Abel (Genèse 4), Caïn n’est pas puni, mais
simplement exilé. En ces circonstances, il s’exclame, terrorisé : « Quiconque
me trouvera me tuera » (4:13).
Mais qui pouvait donc être ce « quiconque » ? Sur terre, si je ne m’abuse,
n’existaient que ses parents, Adam et Ève…
Et le récit biblique se poursuit par des informations : Caïn rencontra une
femme, eut un fils, bâtit une ville…
Mais, s’il n’y a pas d’autres hommes, pour qui construit-il rien de moins
qu’une ville ?
Il va de soi que, en dehors du clan familial, la terre était peuplée d’autres
hommes. Que Caïn avait des raisons de craindre. Sa famille avait pour ainsi
dire été « cultivée » et civilisée par le contact direct avec les Elohim, pour le
compte desquels elle travaillait dans le gan-eden. Elle jouissait donc d’un
degré de civilisation nettement supérieur à celui des autres individus qui
n’avaient pas eu cette chance d’avoir été choisis pour vivre dans ce lieu
indubitablement privilégié. Quelle crainte ou terreur aurions-nous si nous
étions soudainement parachutés, seuls, au milieu d’une des tribus de
Papouasie-Nouvelle-Guinée qui vivent aujourd’hui encore comme au temps
du néolithique ?
C’est le sentiment que doit avoir éprouvé Caïn en se retrouvant seul au
milieu d’individus qui, par rapport à lui, étaient nettement des « barbares ».
À propos de la division du globe en zones d’influence, j’ai mis en évidence
la manière dont ceux qui soutiennent à outrance la tradition doctrinale sont
souvent contraints de fabriquer des explications qui défient le bon sens.
Cet épisode ne fait pas exception. Les défenseurs de la pensée traditionnelle
soutiennent qu’Adam et Ève sont les ancêtres du genre humain, et que les
individus que Caïn rencontre à l’extérieur sont en réalité d’autres fils et filles
de ce même couple originel. La Bible confirme effectivement qu’ils eurent
d’autres enfants, mais seulement après le renvoi de Caïn. Dans tous les cas, si
nous considérons la thèse doctrinale comme exacte, nous devons imaginer
que Caïn a peur d’être tué par ses frères et sœurs plus jeunes qui sont déjà
hors du groupe et qui, nés après lui, devaient de toute manière le connaître.
Mais les incohérences qui surgissent lorsqu’on tente de fournir une
explication qui préserve l’idée qu’Adam et Ève sont les ancêtres de
l’humanité ne s’arrêtent pas là.
L’éloignement de Caïn s’avère la conséquence d’un crime. Sa réaction
montre sa douleur face à cette punition considérée comme sérieuse. D’où
question : si les plus jeunes frères et sœurs étaient déjà « dehors », avaient-ils
commis des crimes ? Étaient-ils punis aussi pour des actes que la Bible ne
mentionne pas ? Étaient-ils partis volontairement ? S’ils étaient déjà
« dehors », pourquoi Caïn aurait-il dû redouter des représailles ou éprouver
de la crainte à l’idée de se joindre à eux ?
En somme, l’explication fournie par la tradition ne résiste pas à l’examen le
plus superficiel, fondé sur la simple lecture du texte biblique : des traductions
particulières ne sont pas même nécessaires. Adam et Ève n’ont pas été les
ancêtres de l’humanité, mais les fondateurs d’un groupe ethnique particulier.

Cette « conférence au clavier » me donne le moyen d’ouvrir une petite


parenthèse intéressante. Je vous invite à lire attentivement le verset 26 du
chapitre 4 de la Genèse pour constater que, comme nous l’avons déjà mis en
évidence précédemment, Abel et Caïn n’ont jamais connu Yahvé32.
Ce nom apparaît en effet uniquement au temps d’Hénoch (Énosh) petit-fils
d’Adam et Ève, c’est-à-dire après la mort d’Abel et bien après le renvoi de ce
clan tribal de Caïn, qui avait déjà eu, entre-temps, une nombreuse
descendance.
Dans quelle langue est donc prononcé ce nom dont nous ne savons
absolument rien ?
Quelle langue parlaient-ils ?
La seule chose dont nous puissions être certains est qu’il ne s’agissait pas de
l’hébreu, apparu plusieurs millénaires plus tard.
Dès lors, d’autres questions surgissent :
– auquel des autres Elohim s’adressaient les membres de ce clan familial
avant de commencer à invoquer le nom de Yahvé, le Dieu unique proclamé
du monothéisme ? En d’autres termes, comment le verset 26 peut-il se
concilier avec les versets 3 et 433 ?
Qui est responsable de cette « boulette » dans le texte ?
L’un des multiples copistes distraits qui a placé les versets 25 et 26 à la
mauvaise position ou les massorètes (gardiens de la « tradition ») qui, dans
leur volonté d’introduire partout « leur Yahvé » ne se sont pas aperçus qu’ils
l’avaient nommé dans quelques passages en trop ?

Je vous renvoie à ce que nous avons dit précédemment sur les origines des
très nombreuses erreurs et étourderies colossales présentes dans le texte
biblique.
Ouvrons une courte parenthèse sur une question déjà analysée
précédemment : Yahvé a-t-il participé à la fabrication de l’Adam ?
Si l’on se fie au verset 26, je répète la thèse déjà avancée : le prétendu Dieu
n’a eu aucun rapport avec l’intervention d’ingénierie génétique qui a produit
ce groupe de mâles et de femelles désignés dans la Bible sous les noms
génériques d’Adam et Hawwah (Hawwa) [non hébreu d’Ève, NdT].
Dans la Septante – écrite en Grec au IIIe siècle av. J.-C. – nous trouvons bel
et bien une autre formulation qui éveille quelque peu la curiosité. Le texte
grec, plus ancien, affirme qu’Hénoch « Pensa, retint – elpizen – d’invoquer,
surnommer – epicaleistai – le nom de Yahvé », tandis que le texte hébreu
massorétique plus récent traduit généralement le passage par « On commença
à avoir affaire avec (à invoquer) le nom de Yahvé ». Si Hénoch « retient »,
c’est-à-dire pense à appeler ou introduire ce nom, la première question posée
est légitime. J’ajoute que l’appel à respecter la « tradition » perd tout sens si
nous émettons l’hypothèse qu’elle fut élaborée dans le but précis de cacher la
vérité.
Je le confirme une fois de plus, les bibles possibles sont vraiment
nombreuses, et je ferme la parenthèse sur ce thème.
Comme pour les questions d’évolution ou de génétique, il existe aussi des
preuves sous les angles archéologique et anthropologique que la science
officielle n’explique pas.
On lit partout que la civilisation sumérienne est apparue sur la scène de
l’histoire déjà en grande partie constituée, organisée sur le plan social, dotée
d’une écriture, d’une culture, de technologies, de capacités techniques dans le
domaine de la construction, de connaissances agronomiques, mathématiques
et astronomiques…
Comme pour l’évolution de l’Homo sapiens, nous sommes en présence,
avec les Sumériens, d’un élément, ou d’un chaînon, manquant : d’où sont-ils
venus ?
Où, quand et comment ont-ils acquis des connaissances grâce auxquelles ils
ont rapidement été projetés sous les feux de la rampe ?
Qui pouvait bien détenir ce savoir ?
Certainement pas ces barbares que craignait Caïn.
On dit d’ailleurs que Caïn et sa nombreuse progéniture furent porteurs de
connaissances que nous pourrions qualifier de « pluridisciplinaires » à notre
époque. Au chapitre 4 de la Genèse, il est écrit qu’après avoir engendré
Hénoch, Caïn devint constructeur de villes. On se doute bien qu’il ne s’agit
pas d’une activité dans laquelle on va s’improviser architecte : elle
demandait, et demande encore, des capacités manuelles et, surtout, des
connaissances théorico-pratiques, un savoir-faire, qui couvre plusieurs
domaines.
Le récit biblique nous fournit d’autres éléments susceptibles d’étayer
l’hypothèse de l’origine de la civilisation sumérienne : les descendants de la
famille d’Adam étaient caractérisés par leur connaissance de concepts qui
couvraient des domaines parfois inattendus.
Parmi les descendants directs de Caïn, nous trouvons Jabal, père de « ceux
qui habitent sous les tentes » : nous pouvons donc l’imaginer comme celui
qui donne naissance à un système organisé d’élevage de bétail, selon les
principes de la vie nomade.
Caïn constructeur de villes, disons-nous. Donc, dans un même clan tribal,
nous avons affaire à des connaissances utiles à mettre en place des types
d’organisation sociale et économique variés, du nomade au sédentaire, avec,
en général, sa structure sociale complexe, articulée, dotée de systèmes
d’administration plus ou moins élaborés en fonction des dimensions, des
installations et du nombre d’habitants.
Mais ce n’est pas tout. Nous lisons également que Jubal, frère de Jabal, fut à
l’origine de tous les joueurs de lyre et de flûte : voilà un témoignage d’une
forme d’activité artistique à l’aide d’instruments dont la fabrication n’est
possible que par la grâce de connaissances élaborées. La capacité de réaliser
des instruments de musique d’une certaine complexité ne fait certainement
pas partie des attributs instinctifs d’hommes qu’on qualifie de primitifs.
Travailler les métaux encore moins : analyse des caractéristiques du
territoire, extraction, purification, forgeage, modelage, etc., sont des
processus complexes qui demandent un ensemble de connaissances
théoriques et des capacités manuelles qui sortent du commun. Et pourtant, ces
capacités se retrouvent dans le clan tribal descendant d’Adam et Ève. Tubal-
Caïn fut l’instructeur de tous ceux qui travaillent le fer et le cuivre. Nous
pouvons donc lui attribuer l’acquisition et la diffusion des technologies
voulues.
Remarquez bien que les deux noms cités, Jabal et Jubal, dérivent de la
même racine, YBL, qui renvoie à l’idée de « conduire » : nous sommes donc
en présence de personnages qui ont diffusé ces connaissances en
« conduisant » les autres vers leur acquisition et leur application. Le vocable
Tubal, lui aussi, provient de la même racine, et son association avec Caïn, (de
qayin), revêt une valeur explicative : cette racine signifie « forgeron ». Tubal-
Caïn est donc celui qui a « conduit », c’est-à-dire lancé, suivi, transmis,
enseigné l’activité d’extraction et de travail des métaux.
Nous sommes face à une situation intéressante, caractérisée par des
éléments précis que je vais tenter de résumer :

les chercheurs universitaires mettent en évidence l’apparition


soudaine de la civilisation sumérienne ;
dans la Bible, nous retrouvons l’histoire d’un clan tribal qui devient un
peuple étendu ;
ce peuple possède des connaissances propres aux domaines qui
caractérisent les civilisations humaines ;

ce peuple tire ses origines d’une ou plusieurs interventions de génie


génétique réalisées par des individus dotés de savoirs et de technologies
inimaginables pour l’époque à laquelle nous faisons référence ;
ce peuple a vécu longtemps dans le voisinage de ces êtres, dans des
conditions absolument privilégiées sous divers aspects ;

ce peuple a été instruit par ses « formateurs » justement pour se


montrer capable d’établir un rapport direct avec eux, fondé sur les
capacités indispensables à la collaboration efficace dont avaient besoin les
Elohim.

En tenant compte de ces données factuelles, est-il si irréaliste de penser que


les Sumériens ne sont autres que les descendants directs de cette race spéciale
que les Elohim ont volontairement fabriquée ?
Ce serait l’explication de leur apparition soudaine, et jusqu’à nos jours
mystérieuse, sur la scène de l’histoire : Abraham, s’il a existé, pourrait bien
plus facilement revendiquer des origines sumériennes, au vu de la région dont
il provenait (Sumer, justement), où d’ailleurs est restée sa famille d’origine
qui n’a pas suivi Yahvé.

Là encore, je le répète, il n’est nul besoin de traductions particulières ou


d’analyses philologiques spécifiques : c’est l’ensemble des éléments textuels,
historiques et culturels qui autorise la formulation de cette hypothèse ou, au
moins, l’expression de la question.
J’espère que les chercheurs voudront s’y intéresser car, comme celle de
l’ingénierie génétique, elle a de quoi fournir des réponses éventuelles à des
questions qui en sont pour le moment dépourvues. Une hypothèse écartée par
le dogmatisme régnant, car éloignée des conditionnements de la « tradition »
et basée sur une lecture laïque d’un texte qui, au moins dans ses parties
fondatrices, semble mener, par ses indications, sur le chemin de la
connaissance. Et justifier une éventuelle reconstruction réaliste de l’histoire
de l’humanité.
Je comprends bien que la culture occidentale soit conditionnée par des
siècles de pensée religieuse qui a présenté une certaine vision trompeuse de la
Bible. Que cette vision a déterminé l’apparition de prétendues certitudes dont
il est difficile de se défaire : l’autoproclamée « tradition », construite
délibérément et présentée encore aujourd’hui comme le réceptacle sacré et
inviolable de la vérité.

Pour le moment, je répète le concept essentiel que la Bible nous autorise à


formuler : ce couple (Adam et Ève) n’a pas donné naissance à l’humanité.
Une découverte aux conséquences très lourdes sur le développement de la
pensée religieuse qui a mené au Nouveau Testament que nous abordons plus
loin. Non sans avoir cependant examiné un autre aspect des événements qui
se sont déroulés dans ce qu’on nomme le paradis terrestre : le gan-eden,
probable centre de commandement ainsi que laboratoire des Elohim.
Le gan-eden biblique était un jardin clos et protégé (le Lexique hébreu-
anglais de Brown-Driver-Briggs donne la traduction garden as enclosure,
jardin enclos) situé à eden, où les Elohim cultivaient toutes sortes de plantes.
Le terme gan correspond à l’iranien pairidaeza, venu du grec paradeisos,
terme par lequel l’historien athénien Xénophon désignait les jardins clos des
dirigeants babyloniens. C’est du grec paradeisos que provient le mot latin
paradisum, d’où découle enfin notre « paradis ». Sa signification est restée la
même, c’est-à-dire un lieu délimité par une clôture, naturelle ou artificielle,
qui le protège. Le gan-eden devait ressembler à jardin expérimental dans
lequel étaient cultivées des espèces comestibles : pour ne pas trop diluer le
propos, je ne m’étendrai pas ici sur les découvertes des paléobotanistes sur la
rapidité inexplicable avec laquelle certaines variétés de céréales et de vignes
sont apparues dans le territoire compris entre l’Azerbaïdjan et l’Irak (ceux qui
s’intéressent à ce sujet trouveront davantage d’informations dans mes
précédents ouvrages). Ici, je souhaiterais au contraire mettre en évidence un
parallélisme vraiment intéressant, et en appeler sous forme digressive aux
textes d’Homère mentionnés plus haut : ils m’ont donné la conviction que les
récits des Anciens, quelle que soit la forme littéraire qu’ils aient pris,
contiennent un fond de vérité, que, très souvent, ils sont porteurs d’éléments
qui se font écho et se confirment mutuellement.
Dans l’Odyssée, Chant VII, on décrit l’étrange jardin d’Alkinoos, roi des
Phéaciens, descendant direct de Poséidon, le dieu des eaux, équivalent grec
du dieu suméro-akkadien Enki. En lisant attentivement le texte grec, on
remarque qu’il s’agit d’un endroit pour le moins spécial. À partir du verset
110, on raconte qu’un megas orkatos, un « grand jardin », entourait sa
demeure, d’une superficie de 4 iugero (un peu plus de 10 000 m2), fermé et
protégé par une clôture, erkos, qui l’entourait intégralement. On y cultivait
des arbres d’espèces variées, tels que des poiriers, grenadiers, pommiers,
figuiers, oliviers, etc. Mais, surtout, on dit que ces arbres n’étaient jamais
sans fruit : ils en portaient toute l’année, keimatos thereus, c’est-à-dire « en
hiver et en été ». Le texte dit que « La poire vieillit auprès de la poire, la
pomme auprès de la pomme, le raisin auprès du raisin et la figue auprès de la
figue. Là est aussi plantée une vigne dont les grappes sèchent aux rayons du
soleil, dans une plaine unie et découverte. D’autres sont cueillies par le
laboureur, ou pressées dans la cuve, et à quelque distance on aperçoit encore
de jeunes grappes : les unes sont en fleur, les autres commencent à noircir. »
De chaque côté du jardin coulaient deux sources, pour l’arrosage et pour les
hommes. Tous ces éléments structurels et productifs sont appelés dans le
texte d’Homère aglaa dora, c’est-à-dire « de beaux dons, admirables », de la
part des Theoi, des individus qui semblent l’équivalent grec des Elohim,
Ilanu, Anunna…
Ces merveilles me font penser à une serre dans laquelle se serait pratiquée
la culture forcée, capable de garantir une production continue. Un jardin dans
lequel on appliquait des techniques avancées, une sorte de terrain
expérimental où l’on cultivait un peu de tout, comme dans le gan-eden.
Question : est-ce que les Anunna-Elohim-Theoi amenaient avec eux ces
techniques agraires dans les lieux divers et variés de la planète où ils
s’installaient directement, ou bien y plaçaient-ils leurs protégés, par exemple
les sangs-mêlés qui étaient leurs descendants tels qu’Alkinoos, Gilgamesh,
les Gibborim bibliques nés de l’union entre mâles Elohim et femmes Adams
(Genèse 6) ?
Un esprit ouvert se demandera : « Les écrits d’Homère étaient-ils de pures
compositions poétiques ? » Car comment ne pas remarquer d’autres
coïncidences très étranges entre les récits bibliques et les poèmes homériques
?
Dans l’Iliade, Chant XIII, le Theos Poséidon prend l’apparence du devin
Calchas. Ainsi déguisé, il incite les Grecs à combattre, mais Ajax, fils
d’Oïlée, découvre la supercherie. Lorsque Poséidon s’éloigne en marchant
(versets 70-72), le héros affirme qu’il ne s’agit pas de Calchas : il l’a identifié
à ses empreintes de pieds et à ses jambes. Il conclut par cette affirmation :
« les Theoi sont aisément reconnaissables. »
Comme dans la Bible, donc, ces individus ressemblent à des hommes, mais
possèdent certaines caractéristiques physiques qui les trahissent facilement
(souvenons-nous de la rencontre entre Abraham et les trois anashim).
Autre fait extraordinaire : dans le Chant XVIII (417-420), Héphaïstos, le
Theos qui s’occupe du travail des métaux, est boiteux. Il se fait accompagner
par deux servantes, lesquelles sont décrites sous des traits qui ont de quoi
étonner : Homère dit qu’elles possédaient l’intelligence, la force et la voix – il
nous semble aller de soi que des servantes sont capables de réfléchir et de
parler… Il dit également que leur peau montrait l’aspect de l’or – elle devait
renvoyer des reflets métalliques –, mais, surtout, la description se conclut par
cette phrase : statues d’or, elles sont semblables à de jeunes filles vivantes.
Qu’étaient donc ces êtres à l’aspect métallique qui, sans être « vivants »,
montraient la faculté de penser et de parler ? Il n’est jamais donné de détail
de ce genre pour les autres servantes qui apparaissent pourtant en grand
nombre dans le poème d’Homère.
Les conclusions de ces références à l’œuvre homérique prennent l’allure
d’un rappel de ce qui précède : les Theoi étaient des individus qui nous
semblent les équivalents grecs des Elohim, Ilanu, Anunna.
Miguel de Unamuno, déjà mentionné, écrivit (op.cit en bibliographie) que le
terme theos « était au sens propre un adjectif, une qualité prêchée » de ces
individus, et que ce n’est que plus tard qu’il fut transformé en substantif –
ajout de l’article – par la pensée rationaliste.
Dans les récits suméro-akkadiens, et dans l’Antiquité en général, on parle
souvent des « vigilants », des « observateurs », en référence à ces seigneurs
venus d’en haut : dans la langue grecque, le verbe theaomai désigne l’acte
d’observer et le vocable theria décrit un ensemble d’individus envoyés en
observation.
Le terme theoi, lu selon sa valeur adjectivale, renvoyait-il donc à une
catégorie d’êtres qui « observaient, contrôlaient » et donc gouvernaient les
peuples qu’on leur avait désignés, comme on le lit dans l’extrait de Critias de
Platon déjà cité ?
S’agit-il donc ici encore d’un renvoi aux « vigilants venus d’en haut »
qu’évoquent les récits des peuples de tous les continents ?
Héraclite affirmait : « Si tu ne guettes pas l’inattendu, tu ne découvriras
jamais la vérité. » Faisons toujours semblant de penser que les peuples de
tous les continents nous aient raconté l’histoire de « ceux-là », et peut-être
découvrirons-nous des choses intéressantes. Faire semblant ne coûte rien et
pourrait se révéler productif pour la compréhension de notre histoire. À tout
le moins, c’est une façon de réfléchir à ce qui nous a toujours été livré comme
vérité scientifique, historique, littéraire ou religieuse digne de foi.
En attendant de « savoir », continuons à « étudier ». C’est totalement
fascinant. Je ne cache pas qu’une réflexion m’habite, lourde d’implications,
je m’en rends compte : je pense parfois puiser plus de vérité dans les poèmes
d’Homère que dans les textes théologiques.
Les premiers évoquent des peuples et des individus (les Theoi, ceux qu’on
qualifie de « dieux ») très concrets. Dans les textes théologiques, on évoque
une « entité » dont l’essence et les caractéristiques naissent dans les esprits de
ceux qui la construisent. J’ai déjà souligné la manière dont le professeur
Armin Kreiner, théologien et enseignant catholique sur lequel je reviendrai
plus loin, écrit à juste titre qu’on ne sait rien de Dieu.

Je vous invite à examiner à présent le deuxième aspect fondamental de la


pensée théologique : le péché originel.
J’ai étudié dans d’autres livres les incohérences bibliques frappantes dans la
description des deux « arbres » (celui de la vie et celui de la connaissance du
bien et du mal), dans leur positionnement et surtout dans la confusion qui
entoure la consommation du fruit.
Voici résumé, pour éviter la répétition, le récit biblique, en rappelant au
passage un fait curieux déjà évoqué : les Elohim, à l’origine, avaient créé
uniquement un être mâle, pour le faire travailler dans leur gan-eden. L’être
femelle a été conçu dans un second temps. Il est patent qu’« ils » ne jugeaient
pas nécessaire de laisser grandir dans leur centre de commandement un
groupe qui se reproduirait de manière autonome.
Mais le récit de la tentation qui met en scène le serpent met en évidence les
luttes existantes entre les commandants de ce territoire/laboratoire
expérimental.
Les auteurs suméro-akkadiens, à l’abri du conditionnement de la pensée
théologique, n’eurent aucune difficulté à représenter les conflits de deux
frères qui se partageaient le pouvoir : Enki et Enlil.
Le récit de la Genèse auquel nous nous intéressons est une réécriture de ces
récits bien plus anciens (j’ai déjà cité à ce sujet ce qu’écrit le professeur
Wexler de l’université Américano-Juive de Los Angeles).
Les auteurs bibliques ont probablement représenté dans le serpent (Enki)
l’adversaire du dirigeant (Enlil) : le premier était responsable des activités
biomédicales et, en tant que tel, était le véritable « père » d’Adam, celui qui
l’avait fait naître et qui, donc, d’une certaine manière, l’aimait en tant que sa
créature. Le second, au contraire, considérait l’Adam avec davantage de
détachement, le voyait comme un simple travailleur auquel il fallait accorder
le moins de prérogatives possible.
Nous avons déjà vu qu’on lui avait gentiment « accordé » une femme. Mais,
pour Enlil, ce couple ne devait pas se reproduire. Pas question de
développement démographique de ces créatures dans le gan-eden.

Il est utile, arrivé à ce stade, de résumer les événements.

Malheureusement pour nous, je le redis, les rédacteurs de la Bible n’ont pas


accordé suffisamment d’attention à leur travail, ne serait-ce que pour clarifier
des aspects d’une importance capitale.
La lecture des passages du livre de la Genèse (1:27, 2:15, 2:18, 2:2) qui
racontent la formation de l’homme par le biais du génie génétique révèle des
incohérences palpables sur la base desquelles nous devons nous contenter de
cette reconstitution hypothétique des faits :
les Elohim ont généré l’Homo sapiens, hommes et femmes, capables de et
incités à se reproduire ;
les Elohim ont pris un Adam (uniquement le mâle d’un groupe spécial) et
l’ont placé dans le gan-eden avec le devoir de travailler et de garder ce
territoire ;
puisqu’il n’existait que des individus mâles, pas de reproduction possible
(je vous rappelle que le terme « Adam » est souvent utilisé avec un article
indiquant qu’il ne s’agissait probablement pas d’un individu mais d’un
groupe, d’un type) ;
après avoir placé dans le gan-eden toutes sortes d’animaux, les Elohim se
rendent compte que cette compagnie ne suffit pas au mâle Adam et décide
de le doter d’une femelle ;
contrairement au mâle, cependant, ils ne la « placent » pas dans le gan-
eden à partir d’un autre lieu, mais la « font » sur place, par le biais de
quelque chose qu’ils prélèvent directement sur le mâle (pour les détails de
cette intervention chirurgicale, consultez le chapitre intitulé La
technologie des Elohim et l’Adam dans le livre Il n’y a pas de création
dans la Bible).
On peut donc déduire que la reproduction n’était certainement pas un objectif
premier de ce groupe spécial : l’ajout de la femme ne survient que pour des
nécessités d’un autre ordre. Sinon, il semble certain que sa présence aurait été
prévue dès le départ.
Vu les modalités selon lesquelles la femme a été produite, il est même
probable que les Adams aient été stériles : c’est ce qu’on croit comprendre
lorsque l’Adam et la Hawwah ont leur premier fils (Caïn). La Bible nous dit
en effet qu’ils l’ont « formé avec l’aide » d’un Elohim, que les rédacteurs du
texte ont identifié comme Yahvé lui-même (Genèse 4:1).
N’auraient-ils pu y parvenir seuls ?
Est-ce là l’acte qu’ils n’auraient pas dû accomplir selon le dirigeant du gan-
eden et qu’un Elohim adverse a rendu possible ?
On introduit ici une différence entre les divers chefs (identifiés comme
l’Elohim et le serpent) dans la manière de traiter ce groupe particulier
d’Adam et les possibilités de développement autonome qu’il fallait leur
accorder ou non.

Un des Elohim (le serpent biblique, l’Enki suméro-akkadien ?) décida de leur


donner de l’autonomie. Dès qu’ils « connurent », c’est-à-dire firent
l’expérience de cette nouvelle possibilité, ils en eurent peur. Ils prirent
conscience de la gravité de leur acte et se cachèrent.
Je souligne que le concept de « connaissance » contenu dans la Bible n’a
rien à voir avec la signification qu’il possède dans la culture moderne : la
« connaissance » biblique est l’acte de l’expérience concrète, le toucher du
doigt, dirions-nous. Ils acquièrent donc à ce moment la capacité
d’« expérimenter » dans les faits les aspects positifs (le bien) et négatifs (le
mal) de la nouvelle situation qui s’offrait à eux.
Le professeur Amos Luzzato, lors d’une conférence qui eut lieu en
décembre 2009 à l’Ateneo Veneto de Venise, souligna que le terme hébreu
qui désigne « le mal » dans ce passage de la Genèse fait clairement référence
à la physiopathologie du corps humain. Rien à voir donc avec le concept
éthique, rien à voir avec l’acquisition de la capacité de distinguer ce qui est
juste ou injuste. Il s’agit au contraire d’une expérience matérielle, tangible,
des conséquences de cette nouvelle situation.
Le couple le comprend et accomplit un acte très significatif (Genèse 3:8) :
chacun d’eux couvre ses organes génitaux et se dissimule aux yeux/à la vue
de l’Elohim.
Il va pourtant de soi qu’il ne serait pas perturbé de les voir nus.
Où se situait donc le drame ? Ils étaient ainsi depuis qu’ils avaient été faits !
L’élément intéressant, le voilà : ils ne se cachent pas l’un de l’autre, mais
ensemble de l’Elohim.
Ils ne veulent pas que le dirigeant découvre que désormais ils « savent »,
puisqu’ils ont fait l’« expérience ».
Les Elohim comprennent cependant ce qu’il s’est passé, comprennent qu’ils
perdent le contrôle et, de fait, affirment ceci (Genèse 3:22) : « L’Adam est
devenu comme l’un de nous. » Ils ressentent alors immédiatement le besoin
d’empêcher le couple d’avoir accès à l’Arbre de vie, car l’Adam aurait alors
pu bénéficier de la même longévité que les Elohim.
Il faut préciser immédiatement qu’il ne s’agit pas d’immortalité mais d’une
vie prolongée le-’olam, « pour une longue durée ». La signification de
l’expression hébraïque : le concept d’éternité n’est pas issu de la Bible, c’est
une invention ultérieure.
Les Elohim vivaient très longtemps, mais ils n’étaient pas éternels.
Dans mes précédents ouvrages, j’ai analysé des passages dans lesquels les
auteurs bibliques affirment avec une clarté absolue que les Elohim meurent
exactement comme les Adams.
Que pouvait donc représenter l’Arbre de vie ?
En quoi aurait-il pu influer sur l’Adam après qu’il avait déjà fait
l’expérience de l’Arbre de la connaissance ?
N’oublions pas que le site sur lequel ils se trouvent, le gan-eden, était un
territoire/laboratoire dans lequel on agissait sur l’ADN des espèces vivantes.
L’ADN se trouve dans la partie la plus interne de chaque être vivant : dans
le noyau de ses cellules.
Et comment une culture qui ne connaissait pas l’ADN pouvait-elle le
représenter ?
Quelle meilleure image pouvait-on en donner que celle d’un arbre dont
dépend la vie ?
Et où pouvait se trouver cette représentation graphique et littéraire si ce
n’est au centre du « jardin » dans lequel on agissait sur les éléments
fondamentaux de la vie pour mener les expérimentations utiles aux Elohim ?
On peut même imaginer que la plus importante structure, celle dans laquelle
on menait les activités d’ingénierie génétique, se trouvait effectivement au
centre de ce lieu clos et protégé : il s’agirait au fond d’un choix dont les
aspects pratiques et stratégiques sont immédiatement compréhensibles.
N’oublions pas que ces individus se sont longtemps combattus en utilisant
des armes destructrices et efficaces. Les structures consacrées aux activités
stratégiques et sensibles devaient donc être situées dans des enceintes
particulièrement protégées (souvenons-nous de ce qui arriva à Sodome et
Gomorrhe).
L’Arbre de vie représentait la possibilité d’agir sur l’ADN afin d’allonger la
durée de vie elle-même. En soutenant cette vision des choses, je ne révèle
rien de nouveau : la génétique que nous utilisons de nos jours y réussit dans
diverses régions du monde. Les expériences qui visent à agir sur le
patrimoine génétique pour allonger la durée de vie font des progrès toujours
plus rapides.
Que la même situation ait prévalu en ces temps lointains s’illustre par une
hypothèse de traduction avancée par le professeur Kamal S. Salibi (université
Américaine de Beyrouth) pour le verset 3 du chapitre 6 de la Genèse.
C’est l’Elohim appelé Yahvé qui parle. Voici la version traditionnelle :
« Mon esprit ne restera pas à toujours dans l’homme, car l’homme n’est que
chair, et ses jours seront de cent vingt ans » [version Louis Segond, NdT]. Le
professeur Salibi souligne que cette traduction est corrompue par la
vocalisation voulue par les massorètes qui auraient dissimulé le véritable sens
des mots : nous ignorons s’ils s’y sont livrés volontairement ou en raison
d’une mauvaise compréhension des contenus. Le professeur se réfère aux
plus anciennes racines sémitiques et donne une autre signification à ce verset
: « Je n’enrichirai plus l’Adam en versant mon liquide (sperme), il est chair,
et sa vie sera de cent vingt ans. »
Je ne retranscris pas ici l’analyse philologique que le lecteur pourra
consulter dans l’ouvrage cité en bibliographie.
Je souligne cependant que cette traduction a l’avantage de se montrer
absolument cohérente avec le reste du chapitre 6 et, en particulier, avec
l’affirmation des versets 1 et 2 dans lesquels il est expliqué que les mâles
Elohim trouvaient les femelles Adam attirantes et en prirent autant qu’ils en
voulurent pour compagnes, et ils engendrèrent des enfants.

La Bible affirme donc, au-delà de tout doute


raisonnable, que le sperme des Elohim était
effectivement éjaculé dans les femelles Adam.
Ce qui semble confirmer la traduction du professeur Salibi.
Sa clé de lecture contient un autre élément intéressant, cohérent avec le
texte biblique : si nous comparons les durées de vie de ceux qu’on nomme les
patriarches, nous remarquons un élément irréfutable. Avant la décision que le
professeur libanais nous présente au verset 6, la vie des descendants de
l’Adam atteignait jusqu’à 800-900 ans. Mais après le choix des Elohim de ne
plus mettre leur sperme à disposition, nous voyons que cette durée chute
progressivement et inexorablement : c’est un fait des plus tangible dans le
récit biblique. Je vous suggère de lire attentivement ce récit jusqu’à l’histoire
d’Abraham, qui ne vécut que 175 ans et de Moïse, réputé vivant seulement
120 ans (je vous rappelle que je fais toujours semblant de croire qu’ils aient
existé).
L’ADN des Elohim garantissait donc une vie le-’olam, comme je l’ai
qualifiée, c’est-à-dire très étendue dans le temps.
Voici ce que l’Elohim en chef devait et voulait empêcher : Adam et
Hawwah, modifiés génétiquement pour le service et demeurés sous contrôle,
après avoir découvert la possibilité de se reproduire avec l’aide d’un collègue
rival, ne devaient pas avoir en plus accès aux pratiques génétiques capables
de leur procurer une vie aussi longue que celle des Elohim. Lequel décide
donc de les éloigner : il ne se sent bien évidemment pas de les tuer. Au fond,
il s’agissait d’êtres vivants qui ont travaillé avec lui. Mais il ne peut pas
courir de risques supplémentaires.
Je fais remarquer au passage que la racine etz ne signifie pas seulement
« arbre » mais aussi « bois », au sens spécifique de matériau de construction.
Dans la polysémie normale qui caractérise de nombreux termes hébreux, on
pourrait penser que l’etz – l’arbre de vie, selon la tradition – renvoyait d’une
certaine manière au « matériau de construction » de la vie.
Mais est-il possible que l’ADN, toujours semblable dans ses composantes
biologiques, puisse engendrer des durées de vie aussi différentes ?
La réponse est oui, et la confirmation se trouve juste sous nos yeux, sans
devoir fournir trop d’efforts d’imagination.
Observons la réalité de la vie sur terre.
La durée de vie moyenne de nombreux papillons est d’environ quinze jours.
Celle d’une tortue est de 120 ans (au moins 43 800 jours).
Cela signifie que, sur cette planète, il existe des êtres vivants (tortues) qui
font montre d’une durée de vie environ 2 900 fois plus longue que celle des
autres (papillons). Si nous pensons qu’en dix heures se sont reproduites
quelque vingt générations de bactéries, alors le rapport entre les durées de vie
se multiplie jusqu’à atteindre le nombre astronomique de 70 000 fois.
Ces différences se manifestent chez des êtres vivants qui sont le produit
d’un ADN dont la structure fondamentale est la même pour tous.
Le fait indéniable, le voici : la même structure, composée des mêmes
éléments chimiques et des mêmes molécules, produit sur la même planète des
êtres vivants qui vivent 2 900, voire 70 000 fois plus longtemps que les
autres.
Nouvelle question.
Pourquoi, face à une telle évidence, indiscutable, des « savants »
snobent-ils d’un air suffisant les durées de vie des patriarches bibliques
en les qualifiant d’allégories et de métaphores ?
Pourquoi rencontre-t-on des « savants » qui tournent en dérision avec la
même arrogance les durées de vie rapportées par Manéthon de Sebennytos
(sacerdote égyptien du IIIe siècle av. J.-C.) et Bérose (sacerdote et astronome
babylonien du IV-IIIe siècle av. J.-C.) à propos des âges des plus anciens
dirigeants de la terre ?
Avec une moyenne de 43 000 ans, au fond, les vies de ces êtres antiques
équivalaient (seulement) à six cents fois celle de l’homme : un rien si on le
compare aux 2 900 et 70 000 fois des exemples cités.
C’est pourquoi, si l’on tient à affirmer que la différence de durée de vie
entre ces individus et l’homme (600 fois) est un mythe ou une fable, que
devrions-nous dire de l’écart entre la tortue et le papillon (2 900 fois) ou entre
la tortue et les bactéries (70 000 fois) ? Que diraient les papillons ou les
bactéries s’ils entendaient dire que, sur leur planète, existent des êtres dont la
vie est 2 900 ou 70 000 fois plus longue que la leur, bien qu’ils soient
constitués exactement du même élément structurel de base, l’ADN ?
Souriraient-ils comme ces « savants » ?
Pouvons-nous exclure avec une certitude absolue que « ceux » dont nous
parlaient les deux sacerdotes astronomes de l’Antiquité provenaient de
mondes dans lesquels cette durée de vie représentait la normalité ?
Et si l’ADN de ces êtres était « alien » par rapport à l’humain, l’hypothèse
devient encore plus vraisemblable (je précise que le terme alien, en anglais,
signifie « étranger à un milieu, qui apparaît dans un milieu qui n’est pas le
sien »).
La durée de vie de Yahvé, un des Elohim, était peut-être de cet ordre ?
Nous ne pouvons l’affirmer, mais non plus l’exclure avec une certitude
suffisante.
À ce propos, le docteur Buffa, déjà mentionné, m’a écrit : « Il existe des
organismes qui disposent d’une demi-vie totalement différente, même s’ils
possèdent tous la même structure polynucléotidique d’ADN. La structure est
la même (en termes chimiques), mais l’information biologique nécessaire au
développement d’un organisme, à son maintien en vie et à sa reproduction,
est très dissemblable. Ce n’est que depuis quelques années que les
scientifiques commencent à la déchiffrer. L’homme est “étrange” même sur
ce point : il possède des gènes spécifiques capables de prolonger la durée de
vie car strictement impliqués dans le contrôle des processus de vieillissement
(beaucoup d’entre eux interviennent dans la prévention du raccourcissement
des télomères), etc. Si l’on émet l’hypothèse que les entités biologiques
extraterrestres évoluées aient su à la perfection manipuler/ajouter/activer des
zones spécifiques de l’ADN chez l’homme, nous pouvons même penser que
ce fut possible (même l’homme a déjà, en moindre mesure, prolongé la vie de
plusieurs organismes, par le biais d’interventions génétiques). Si, au
contraire, on se base sur les processus évolutifs naturels, la chose semble
quelque peu forcée et inexplicable. L’homme découvre aujourd’hui que de
nombreux gènes jouent un rôle direct dans la régulation du vieillissement et
bien d’autres un rôle indirect […] »
À la lumière de ces explications, je pense qu’un esprit libéré des schémas
dogmatiques (qu’ils soient religieux ou scientifiques) devrait accepter
facilement (compte tenu des réalités terrestres indéniables présentées
précédemment) que tout est au moins théoriquement possible et qu’il serait
donc bien de ne pas écarter a priori les hypothèses qui ne plaisent pas, mais
de les garder en suspens avec l’esprit ouvert.
Voici donc, selon toute probabilité et selon les évidences textuelles du récit
biblique, ce qui s’est sans doute déroulé au gan-eden : les Elohim ont fait
l’Adam (qui n’est pas l’ancêtre de l’humanité) quelque part sur la planète,
puis l’ont placé dans leur centre/laboratoire. Au bout d’une certaine durée, ils
ont produit une femelle pour lui. Les Elohim généticiens, au mépris des
ordres des grands dirigeants, ont donné au couple la possibilité de se
reproduire. Les chefs, de peur que le couple puisse également avoir accès aux
pratiques génétiques qui garantissaient une longue vie, ont veillé à parer ce
risque, en éloignant tout simplement l’Adam et l’Hawwah de ce lieu clos et
protégé.
Dans la foulée de ce résumé des faits, une question surgit forcément : « En
quoi consiste et par quoi s’est concrétisé le “péché originel” » ? La réponse
au prochain chapitre.
Chapitre 15

En quoi consiste et par quoi s’est


concrétisé le « péché originel » ?

L
a réponse semble claire comme de l’eau de roche : aucun péché n’a
été commis.
Le couple a simplement connu l’expérience d’une nouvelle situation
déterminée par ces Elohim (représentés par le tristement célèbre serpent
biblique) qui les a mis en mesure de découvrir et d’utiliser l’une des fonctions
les plus naturelles et innées de l’être vivant : la capacité de se reproduire.
Surpassée en importance par celle de se nourrir pour rester en vie.
Le bannissement du gan-eden ne fut donc nullement une condamnation
dont l’humanité doit porter la marque. Il s’est agi d’une sentence appliquée
par la suite, c’est-à-dire l’enregistrement et l’application des conséquences
d’une décision prise librement.
Adam et Ève n’ont pas été condamnés à devenir mortels à cause de cette
décision. Ils l’étaient déjà avant, tout comme les Elohim.
Je vous rappelle que la Bible elle-même fait dire aux Elohim qu’à partir de
ce moment, les Adams sont devenus comme eux (Genèse 3:22), et l’acte n’a
donc pas introduit un élément aussi dramatique et négatif que la mort. Il a au
contraire rendu les Adams plus proches des Elohim.
Si la capacité de concevoir une progéniture avait impliqué une prétendue
connaissance du bien et du mal, les Elohim n’auraient pu que se réjouir du
développement moral de leurs créatures. Je me demande même comment ils
n’ont pas eux-mêmes pensé à favoriser cette connaissance si positive et utile
pour la coexistence.
« Dieu » n’aurait-il pas dû compter parmi ses principaux objectifs
l’encouragement au développement moral de ses « images » ?
Et n’aurait-il d’ailleurs pas même dû les doter de cette connaissance dès les
premiers instants ?
La connaissance du bien et du mal n’est-elle pas la condition indispensable
pour opérer des choix libres et responsables ?
Les Elohim (le prétendu Dieu de la « tradition ») auraient donc dû
l’encourager.
Nous constatons au contraire une réaction exactement inverse à l’attendue :
loin de se satisfaire de l’hypothétique croissance morale de leurs sujets, les
Elohim s’en inquiètent profondément.
Ils la voient comme un risque, un élément négatif, porteur de conséquences
et de développements qu’il faut absolument éviter.
Mais comprenons bien qu’il ne s’agit pas de bien et de mal : « croquer la
pomme » ne représente pas un progrès des normes éthiques, mais bien
l’acquisition de capacités matérielles qu’une partie des Elohim n’était pas
disposée à autoriser.
Les travailleurs adams acquéraient une indépendance qui n’était pas
appréciée. Elle paraissait même dangereuse…
En somme, nous prenons acte de ce que le prétendu Dieu montre qu’il a
peur de sa créature : il redoute son développement intérieur et, surtout, craint
qu’elle ne parvienne à vivre aussi longtemps que lui. Les incohérences de la
vision théologique et des constructions spiritualistes apparaissent de plus en
plus flagrantes et… indéfendables.
On nous dit que Dieu, dans cette situation, aurait tout fait pour éviter
qu’Adam n’obtienne la vie éternelle, mais on nous enseigne ensuite que la vie
éternelle est l’apogée de la promesse divine.
N’est-ce pas, en effet, ce que Dieu nous promet, selon la théologie ?
Eh bien, la Bible nous enseigne au contraire qu’à partir du moment où tout a
débuté, le prétendu Dieu de la théologie a redouté que l’homme puisse
obtenir une vie aussi longue que la sienne.
Ne s’agit-il pas d’une incohérence monumentale ?
D’une contradiction dépourvue de toute logique ?

C’est bien le cas. À l’image de nombreuses autres pseudo-vérités que la


théologie judéo-chrétienne, rejointe par les courants ésotériques et gnostiques
qui en sont les descendants dociles, attribuent au Dieu qu’ils ont eux-mêmes
inventé en partant de ce livre pour lui faire dire constamment ce qu’il ne dit
pas.
Les Elohim n’ont pas créé l’homme au sens que l’on veut nous faire croire.
Adam et Ève ne sont pas les ancêtres de l’humanité. Les Elohim n’ont jamais
craint que l’Adam puisse obtenir une hypothétique vie éternelle, puisqu’ils ne
la connaissaient eux-mêmes pas. Ils vivaient certes très longtemps à échelle
humaine, mais ils étaient cependant destinés à mourir, exactement comme
nous.
L’Adam fut éloigné du gan-eden parce que, à partir d’un certain moment, il
aurait pu constituer un réel danger ou, au moins, créer de nombreux tracas
d’encadrement, surtout si, avec l’aide de la partie des Elohim la plus liée aux
nouvelles créatures, il avait pu avoir accès aux pratiques de laboratoire qui
devaient au contraire rester entre les mains de la race dominante.
Il n’existe donc aucun « péché originel ».
Le concept a été introduit par saint Augustin pour justifier sa critique de
Pélage sur l’origine du mal. Il a présenté la théorie de la « faute originelle »
commise par Adam. Avant lui, nous n’avons connaissance d’aucun autre
patristique qui soutienne l’idée de péché originel.
En outre, si l’on veut vraiment parler de « faute », on doit prendre acte que
ses conséquences ne sauraient entacher l’humanité entière, puisqu’Adam et
Ève n’en sont pas les ancêtres.

Mais si le péché originel n’existe pas et n’a pas entaché l’humanité (pour la
raison susdite), alors y aurait-il un sens à ce qu’un Dieu (et à ce stade, je ne
sais pas lequel, puisque la Bible ne parle pas de « Dieu »), envoie son fils se
faire massacrer pour libérer l’humanité d’une faute qui n’existe pas ?
D’où cette nouvelle question : parmi tous les Elohim, lequel l’aurait envoyé
? Certainement pas Yahvé, car nous savons que nombreux sont ceux qui l’ont
vu au fil des siècles, tandis que Jésus dit de son « père » que personne ne l’a
jamais vu (Jean 1:18) : Jésus avait-il oublié ce détail ou bien faisait-il
référence à un autre « père » ?
Qui est donc l’El pour le compte duquel Marie a été « visitée » (justement
par un Gavri-El, un « homme puissant d’El ») ? Elle est tombée enceinte sans
avoir connu de rapport sexuel avec un homme (plus de détails dans mon livre
Il n’y a pas de création dans la Bible) ?
Il s’agit peut-être du même El auquel Jésus fait appel sur la croix lorsqu’il
prononce cette célèbre invocation : «Elì, Elì, lemà sabachtani » (Matthieu
27:46) ou : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Marc
15:34).
Les études du professeur Garbini (université La Sapienza, Rome) semblent
illustrer la manière dont cette exclamation a été habilement manipulée par les
rédacteurs des évangiles (en substituant un terme hébreu à un mot araméen) :
ils auraient transformé une espèce de résignation paisible en un cri de rage,
un hurlement contre l’injustice de ce qui se produisait.
Ce cri était peut-être lancé contre un El qui n’avait pas respecté le pacte
conclu ?
Si c’est le cas, la supercherie des textes ou, si l’on préfère, le « pieux
mensonge » allégué souvent mis en place par les pères de l’Église, serait
présent du début à la fin, c’est-à-dire de la non-création de la Genèse 1:1,
jusqu’au dernier mot prononcé sur la croix.
C’est cependant une autre histoire et, pour en revenir au sujet, je retourne
vers l’Ancien Testament.
S’il n’y a pas de péché originel, on dira que l’homme est tout de même
entaché des péchés qu’il commet quotidiennement en désobéissant aux
commandements que Dieu lui-même nous transmit.
Nous avons cependant démontré que la Bible ne parle pas de Dieu, mais
d’un colon/gouverneur local qui a dicté des règles exclusivement valables au
sein du peuple qu’on lui avait attribué et dont il devait se préoccuper.
Il n’y a rien d’universel dans ses mots, et nous avons même vu que,
souvent, ces règles n’étaient pas claires, même pour ceux qui les avaient
reçues directement de lui.
La relativité historique, sociale et culturelle des normes dictées par cet
Elohim est tellement patente que le rabbin Benjamin Edidin Scolnic (du
temple Beth Shalom, Hamden, Connecticut, et « éducateur » au sein du
Jewish Theological Seminary de New York) écrit que l’interprétation et
l’adaptation de ce texte constituent une nécessité incontournable pour chaque
génération. Il affirme en outre que, lorsque dans le Livre on renconre des
erreurs et contradictions, le devoir des exégètes est de les retravailler et de les
harmoniser.
Comme nous l’avons constaté ne serait-ce qu’à travers les quelques
exemples passés en revue, les erreurs et les contradictions abondent de façon
inacceptable si l’on veut affirmer que ce livre est le produit d’une inspiration
divine directe. Et pourtant, certains soutiennent que la Bible est merveilleuse
et ne se trompe jamais, justement parce qu’elle provient de Dieu.
Au final, Yahvé n’a pas parlé en général, mais seulement pour ces gens
qu’il a utilisés pour conquérir par les armes des territoires qui ne lui avaient
pas été confiés par ses chefs.
Tout ce qui en a découlé en termes de vérités spirituelles relève de la
construction d’hommes qui ont bâti sur ce livre des systèmes de pouvoir, des
structures théologiques et idéologiques à des fins purement terrestres.
Je répète que j’ignore tout de Dieu et des mondes spirituels, et j’ai donc le
bon sens de ne pas en parler. Je me contente d’affirmer avec clarté que la
Bible non plus n’en parle pas.
Ce que je tire des traductions est un récit qui renvoie au nom d’un réalisme
certain à des individus venus d’ailleurs – « D’une demeure céleste dépourvue
de végétation », comme le dit la tablette cunéiforme NBC11.108 déjà
mentionnée – et qui se sont comportés de la manière habituelle des colons.
Cette question est indubitablement épineuse, au point que les théologiens
universitaires se la posent avec un grand sérieux.
Je ne répéterai pas ici ce que j’ai approfondi dans mes précédents ouvrages
à propos des déclarations d’éminents hommes d’Église jésuites sur ce que
l’on appelle les aliens.
Je cite, cependant, encore une fois, le professeur Armin Kreinen (professeur
de théologie à la faculté catholique de l’université de Munich). Il montre
certains points qu’il considère à juste titre comme impossibles à éluder pour
l’Église en général et pour la christologie en particulier.
Les affirmations fondamentales du théologien catholique sont, en substance,
celles-ci :
si l’on dit qu’il ne faut pas parler des extraterrestres parce que nous ne les
connaissons pas et ne les avons pas couchés sur une table comme objet
d’étude, alors il faut également cesser de parler de Dieu, car nous ne
savons rien de lui non plus et nous ne pouvons l’étudier ;
les témoins du Christ ne peuvent plus faire l’objet d’études ou de
vérifications, tandis que ceux qui prétendent avoir observé ou rencontré
des extraterrestres de nos jours font l’objet d’examens ;
le salut apporté par le Christ a été défini par la théologie comme « unique
et universel », ce qui signifie qu’il n’a eu lieu qu’une fois et vaut pour
toute l’histoire de l’humanité.
Le chercheur écrit que lorsque cette doctrine a été élaborée, on pensait que la
Terre était au centre de l’Univers et que l’homme était la seule créature
intelligente créée à l’image de Dieu.
Mais si d’autres êtres existent, il faut se poser ces questions :
avant d’intervenir sur terre, le Christ est-il allé sur d’autres planètes ?
les habitants des autres planètes ont-ils commis un péché originel ou pas ?
si oui, le Christ est-il allé se faire tuer là-bas ?
si un péché originel est commis dans le futur sur d’autres planètes, le
Christ devra-t-il aller se faire tuer à nouveau là-bas aussi ?

C’est pour ces raisons que le théologien affirme que cette question ne peut
plus s’éluder.
La hiérarchie ecclésiastique et ceux qui défendent les thèses traditionnelles
(théologiques, idéologiques, esotérico-initiatiques) devront ouvrir leur esprit
à ces nouveaux défis.
L’édifice dogmatique construit et soutenu depuis deux mille ans doit se voir
entièrement revu.
Chapitre 16

Ce qu’on nous a dit sur la Bible est-il


faux ?

C
omme je le répète au cours de mes conférences, je « fais semblant de
croire que » les auteurs bibliques n’aient pas inventé des fables, mais
se soient employés à coucher par écrit les événements vécus par le
passé. Après des années de traductions de l’hébreu massorétique, je puis
proclamer avec l’esprit libre que les affirmations que je liste ici sont
suffisamment fondées pour être formulées telles quelles.

Il n’est pas vrai que la Bible est un livre religieux.


Il n’est pas vrai que la Bible parle de Dieu : elle nous raconte l’histoire
des Elohim et les événements selon le pacte que l’un d’entre eux (Yahvé)
a conclu avec un peuple.
Il n’est pas vrai que la Bible parle de création : dès le premier verset, elle
nous raconte l’histoire de ce qu’ont accompli « ceux-là » (les Elohim)
pour préparer leur vie sur terre.
Il n’est pas vrai que la Bible parle de la création de l’homme entendue
comme un acte spécifique de l’omnipotence divine : elle évoque des
interventions d’ingénierie génétique (Homo sapiens, Adam et Ève, Noé).
Il n’est pas vrai qu’Adam et Ève sont les ancêtres de l’humanité.
Il n’est pas vrai que Yahvé, le prétendu Dieu, a participé à la
« fabrication » d’Adam.
Il n’est pas vrai que les arbres du gan-eden faisaient référence à la
connaissance de la signification du bien et du mal et à la vie éternelle.
Il n’est pas vrai qu’Adam et Ève ont commis un « péché originel »,
inventé.
Il n’est pas vrai que Yahvé, le prétendu Dieu, s’occupait de l’humanité
dans son intégralité.
Il n’est pas vrai que la Bible parle des anges en tant qu’entités
spirituelles, elle décrit au contraire les chérubins comme des robots (pour
utiliser le terme employé par la philologie hébraïque qui connaît cette
vérité depuis toujours à travers le Talmud).
Il n’est pas vrai que la Bible parle de Satan/Lucifer comme du prince des
démons.
Il n’est pas vrai que la Bible décrit des miracles dans le sens d’actes
surnaturels.
Il n’est pas vrai que les Hébreux et leur langue existaient en tant que tels
au temps d’Abraham (qui n’a d’ailleurs lui-même peut-être pas existé). Et
ce n’était très probablement toujours pas le cas au temps de Moïse.
Il n’est pas vrai que Yahvé a dicté un code éthique valable pour
l’humanité entière.
Il n’est pas vrai que Jésus-Christ désignait comme « son père » le soi-
disant Dieu biblique, c’est-à-dire Yahvé.
Il n’est pas vrai qu’il existe « une » tradition reconnue et universellement
acceptée.
Il n’est pas vrai que les traditions sont garantes de vérité, car elles se
contredisent souvent mutuellement.

Il ne s’agit pas de vérités absolues, mais de constatations qui surgissent


de la lecture du texte. Donc, en résumé, ceux qui souhaitent connaître la
vérité sur Dieu et sur les mondes spirituels doivent la chercher.

Voilà, parmi d’autres, les contenus inacceptables que j’ai relevés au cours
d’années de travail. Voilà, parmi d’autres, les contenus que j’illustre dans
mes livres. Voilà, parmi d’autres, les contenus que, comme je l’ai écrit
précédemment, les théologiens massorètes hébreux ont probablement voulu
ou peut-être dû occulter pour ne pas courir le risque de voir leur peuple
anéanti.
Épisode qui s’est tenu entre les VIe et IXe siècles ap. J.-C. Au cours des
siècles suivants, le mysticisme exprimé dans divers courants a continué à
recouvrir d’un épais brouillard ces vérités inacceptables et dangereuses. Vu le
contexte historique, je peux le comprendre.
Cependant, au XXIe siècle, les conditions culturelles et sociales ont
profondément évolué : ceux qui « savent » ont le devoir de commencer à
parler. J’ai pu constater avec plaisir que – entre autres suite à mes précédents
ouvrages – certains se mettaient à s’y résoudre, même sur des sujets épineux.
La voie a été ouverte. Il ne reste qu’à la suivre, armé des recherches et des
vérifications indispensables.
Bibliographie essentielle

AA.VV., Sefèr Toràh Nevijm u-Ketuvìm, The British and Foreign Bible
Society, Londres.
Bat Adam L., ESODO ovvero contrabbando di know-how dalle Piramidi a
Gerusalemme, Robin Edizioni, Rome 2010.
Benner J.A., The Ancient Hebrew Language and Alphabet,
Virtulabookworm, Publishing Inc., 2004.
Benner J.A., Ancient Hebrew Lexicon of the Bible, Virtulabookworm,
Publishing Inc., 2005.
Blumenthal J., Liss J. L. (sous la direction de), ETZ HAYIM, Jewish
Publication Society, 2005.
Brown F., Driver S., Briggs C., The Brown-Driver-Briggs Hebrew and
English Lexicon, Hendrikson Publishers, 2005.
Caffiero M., Legami pericolosi, Einaudi, 2012.
Clark M. Rabbi, Etymological Dictionary of Biblical Hebrew, Feldheim
Publishers, 1999.
Deiana G., Spreafico A., Guida allo studio dell’ebraico biblico, Urbaniana
University Press et Società Biblica Britannica & Forestiera, 1997.
Downing Barry, The Bible and Flying Saucers, JP Lippincott, 1968 ; Berkley
Pub Group, nouvelle impression 1998.
Garbini G., Durand O., Introduzione alle lingue semitiche, Paideia Editrice,
1994.
Garbini G., Note di lessicografia ebraica, Paideia Editrice, 1998.
Garbini G., Mito e storia nella Bibbia, Paideia Editrice, 2003.
Gesenius W., Hebrew and Chaldee Lexicon to the Old Testament Scriptures,
1844.
Kreiner A., Gesù, gli UFO e gli alieni, Queriniana, 2012.
Marrs J., Our occulted history, HarperCollins Publishers, 2013.
Pettinato G. (sous la direction de), La saga di Gilgamesh, Rusconi, 1992.
Pettinato G., Sumeri, Rusconi, 1994.
Pettinato G., La scrittura celeste, Mondadori, 1999.
Pettinato G., Mitologia sumerica, Utet, 2001.
Pettinato G., I re di Sumer I, Paideia, 2003.
Pettinato G., Mitologia Assiro Babilonese, Utet, 2005.
de Troyes R., Commentaire de Rachi sur la Torah, Biblieurope, 1998.
Sabbah M. et R., Les Secrets de l’Exode : L’origine égyptienne des Hébreux,
Le Livre de Poche, 2003.
Salibi K. S., La Bible est née en Arabie, Grasset, 1986.
Salibi K. S., The Arabia Bible revisited, Cadmus Press, 2008.
Sand S., Comment le peuple juif fut inventé, Flammarion, 2010.

Article (italien) du Corriere della Sera


www.corriere.it/cultura/libri/11_agosto_26/battistini-riscrivere-la-bibbia

Recueil des textes bibliques consultables en ligne en français


www.saintebible.com
Notes

1 Non c’è creazione nella Bibbia, Uno Editori, 2012, traduction française, Il n’y a pas de
création dans la Bible, Macro Éditions. NdT.
2 Respectivement : Di quanto è connesso alla presenza o al culto della divinità ; che si
riferisce, che appartiene alla divinità ; che riguarda la religione ; che appartiene alla
divinità, che partecipa della potenza divina. NdT.
3 Les éditions Atlantes, 2014.
4 Nouvelle Terre, 2014.
5 Association internationale des « Conservative rabbis », mouvement confessionnel
majeur du judaïsme (massorète). L’association RA a été fondée en 1901 dans
l’intention de formuler l’idéologie, les programmes et les pratiques du « mouvement
conservateur ». NdT.
6 Méthode d’exégèse herméneutique parmi les quatre dites Pardès et commentaire
proprement dit. NdT.
7 Sauf mention contraire, la traduction des citations bibliques est celle de la Bible de
Louis Segond. NdT.
8 JTS, établissement privé d’enseignement supérieur religieux, parmi les centres
universitaires majeurs du mouvement massorti. NdT.
9 L’auteur le cite un peu plus loin. NdT.
10 L’ange de l’Éternel avança l’extrémité du bâton qu’il avait à la main, et toucha la chair
et les pains sans levain. Alors il s’éleva du rocher un feu qui consuma la chair et les
pains sans levain. Et l’ange de l’Éternel disparut à ses yeux. Gédéon, voyant que c’était
l’ange de l’Éternel, dit : Malheur à moi, Seigneur Éternel ! car j’ai vu l’ange de
l’Éternel face à face… (Juges 6:21-22). NdT.
11 Ancient Israel. A New History of Israelite Society, Sheffield Academic Press, 1988.
Format Kindle chez Bloomsbury T&T Clark, 2015. Ouvrage non traduit en français.
NdT.
12 « Hénoc marcha avec Dieu ; puis il ne fut plus, parce que Dieu le prit ». NdT.
13 « J’avais dit : Vous êtes des dieux, Vous êtes tous des fils du Très-Haut. Cependant
vous mourrez comme des hommes. » (82:6-7).
14 Bibliothèque numérique en ligne dédiée à l’étude de la Bible (www.logos.com). Une
mauvaise adaptation en français existe sous le nom mal traduit de « Blogue (sic)
français de logos » (https://francais.logos.com). NdT.
15 Ce que la Bible de Louis Segond rend par : « Les cieux célèbrent tes merveilles, ô
Éternel ! Et ta fidélité dans l’assemblée des saints. Car qui, dans le ciel, peut se
comparer à l’Éternel ? Qui est semblable à toi parmi les fils de Dieu ? (c’est nous qui
soulignons). NdT.
16 www.utetlibri.it/ebooks/i-manoscritti-di-qumran-aa-vv-9788841892688.
17 « Et l’Éternel dit à Moïse : Dis aux enfants d’Israël : Vous êtes un peuple au cou roide ;
si je montais un seul instant au milieu de toi, je te consumerais. ». NdT.
18 www.ancient-hebrew.org.
19 Virtualbookworm.com Publishing, 2005. Ouvrage non traduit en français. NdT.
20 « Si ton frère, fils de ta mère, ou ton fils, ou ta fille, ou la femme qui repose sur ton
sein, ou ton ami que tu aimes comme toi-même, t’incite secrètement en disant : Allons,
et servons d’autres dieux ! – des dieux que ni toi ni tes pères n’avez connus, d’entre les
dieux des peuples qui vous entourent, près de toi ou loin de toi, d’une extrémité de la
terre à l’autre – tu n’y consentiras pas, et tu ne l’écouteras pas ; tu ne jetteras pas sur lui
un regard de pitié, tu ne l’épargneras pas, et tu ne le couvriras pas… ». NdT.
21 Israël s’attacha à Baal-Peor, et la colère de l’Éternel s’enflamma contre Israël.
L’Éternel dit à Moïse : Assemble tous les chefs du peuple, et fais pendre les coupables
devant l’Éternel en face du soleil, afin que la colère ardente de l’Éternel se détourne
d’Israël… NdT.
22 www.youtube.com/watch?v=2w-ueOLC7rI, pour lecteurs italophones.
23 Qu’exprime la Bible de Louis Segond en ces termes : « Les géants étaient sur la terre en
ces temps-là, après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes, et
qu’elles leur eurent donné des enfants: ce sont ces héros qui furent fameux dans
l’antiquité. » (Genèse 6:4). NdT.
24 Resurrezione reincarnazione. Favole consolatorie o realtà? Una ricerca per liberi
pensatori (Fables consolatoires ou réalité ? Une recherche pour penseurs libres), Uno
Editori, 2009.
25 « Garde-toi de faire alliance avec les habitants du pays, de peur que, se prostituant à
leurs dieux et leur offrant des sacrifices, ils ne t’invitent, et que tu ne manges de leurs
victimes; 16 de peur que tu ne prennes de leurs filles pour tes fils, et que leurs filles, se
prostituant à leurs dieux, n’entraînent tes fils à se prostituer à leurs dieux. 17 Tu ne te
feras point de dieu en fonte. Tu observeras la fête des pains sans levain ; pendant sept
jours, au temps fixé dans le mois des épis, tu mangeras des pains sans levain, comme je
t’en ai donné l’ordre, car c’est dans le mois des épis que tu es sorti d’Égypte. Tout
premier-né m’appartient, même tout mâle premier-né dans les troupeaux de gros et de
menu bétail. 20 Tu rachèteras avec un agneau le premier-né de l’âne ; et si tu ne le
rachètes pas, tu lui briseras la nuque. Tu rachèteras tout premier-né de tes fils ; et l’on
ne se présentera point à vide devant ma face. 21 Tu travailleras six jours, et tu te
reposeras le septième jour ; tu te reposeras, même au temps du labourage et de la
moisson. Tu célébreras la fête des semaines, des prémices de la moisson du froment, et
la fête de la récolte, à la fin de l’année. 23 Trois fois par an, tous les mâles se
présenteront devant le Seigneur, l’Éternel, Dieu d’Israël » (Bible de Louis Segond).
NdT.
26 « Tu me donneras le premier-né de tes fils. »
27 « Sanctifiez mes sabbats, et qu’ils soient entre moi et vous un signe auquel on
connaisse que je suis l’Éternel, votre Dieu. 21 Et les fils se révoltèrent contre moi. Ils
ne suivirent point mes préceptes, ils n’observèrent point et n’exécutèrent point mes
ordonnances, que l’homme doit mettre en pratique, afin de vivre par elles, et ils
profanèrent mes sabbats. J’eus la pensée de répandre sur eux ma fureur, d’épuiser
contre eux ma colère dans le désert. » NdT.
28 Jews for the Preservation of Firearms Ownership. Cette organisation états-unienne
défend, au nom du deuxième amendement de la constitution des États-Unis, la
reconnaissance du « droit naturel » de détenir et de porter une arme. Son logo prend la
forme d’une étoile de David aux couleurs de l’Union Jack, encadrée par un fusil. NdT.
29 Comprendre : détruisîmes tout ce qui s’y trouve. NdT.
30 Sagesse de Salomon en version grecque, livre de l’Ancien Testament, reconnu par les
catholiques et les orthodoxes, mais ni par l’Église protestante ni par le judaïsme.
31 Ce « Séminaire théologique reformé » a été fondé en 1966 par des forces conservatrices
de l’Église presbytérienne des États-Unis. Il compte des campus à travers le pays. NdT.
32 « Adam connut encore sa femme ; elle enfanta un fils, et l’appela du nom de Seth, car,
dit-elle, Dieu m’a donné un autre fils à la place d’Abel, que Caïn a tué. Seth eut aussi
un fils, et il l’appela du nom d’Hénoch (Enosch). C’est alors que l’on commença à
invoquer le nom de l’Éternel » (Gn 4:25-26). NdT.
33 Au bout de quelque temps, Caïn fit à l’Éternel une offrande des fruits de la terre ; et
Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse.
L’Éternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande » NdT.
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SCIENCE ET CONNAISSANCE ITALO PENTIMALLI ET J.L. MARSHALL, Le pouvoir
du cerveau quantique : comment faire exploser le
potentiel caché de votre cerveau
MASSIMO TEODORANI, Synchronicité : le rapport entre
physique et psyché de Pauli et Jung à Chopra
RICHARD BARTLETT, Matrice énergétique : la science
et l’art de la transformation
SAVOIRS ANCIENS MAURO BIGLINO, Il n’y a pas de création dans la Bible.
La Genèse nous raconte une autre histoire
ENSITIV, Le manuel de survie après la mort. Expériences
d’un voyageur astral
ZECHARIA SITCHIN, Guerres des dieux, guerres des
hommes : les surprenantes origines de l’humanité et des
« dieux » qui détruisirent la première civilisation
ZECHARIA SITCHIN, CosmoGenèse : les preuves
scientifiques de l’existence de la planète cachée à
l’origine de l’humanité
ZECHARIA SITCHIN, Le livre perdu du dieu Enki.
Mémoires et prophéties d’un dieu extraterrestre
ZECHARIA SITCHIN, Rencontres avec le divin. Une
explication des visions, des anges et autres émissaires
ZECHARIA SITCHIN, Quand les géants dominaient sur
Terre. Dieux, demi-dieux, et ancêtres de l’Homme : la
preuve de notre ADN extraterrestre
VÉRITÉS CACHÉES MARCO DELLA LUNA ET PAOLO CIONI, Neuro-
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Du même auteur

MAURO BIGLINO
Il n’y a pas de création dans la Bible
La Genèse nous raconte une autre histoire

La Bible parle-t-elle vraiment de la création du Ciel et de la Terre, ou, dès le premier verset
de la Genèse, nous raconte-t-elle une autre histoire ?

La Bible parle-t-elle de génie génétique ?

Pour créer Ève, les Elohim ont-ils pratiqué une intervention chirurgicale ?

A-t-on vraiment pris une côte à Adam ?

Adam et Ève sont-ils vraiment les ancêtres de l’humanité ?

Comment l’El dénommé Yahweh se déplaçait-il ?

Le kevod et le ruach étaient-ils réellement la « gloire » et « l’esprit », ou s’agissait-il plutôt


de moyens technologiques ?

L’Arche d’alliance était-elle un simple coffre ou bien une arme et un moyen de


communication radio ?

Les Elohim géraient-ils des campements ?

Pourquoi l’or des Juifs intéressait-il Yahvé et Moïse ?

© 2016 Macro Éditions


Dans la même collection

ENSITIV
Manuel de survie après la mort
Expériences d’un voyageur astral

Un livre qui parle des études et des expériences faites par l’auteur lors de ses voyages dans
la dimension astrale. La mort réunit tout le monde, mais le type de mort divise et dirige
les âmes, et il est opportun de savoir, tant que nous sommes incarnés, ce que nous
rencontrerons à l’instant fatidique qui marque la fin de la vie terrestre.

Un livre simple et plein de conseils pratiques, où la philosophie complexe des


doctrines spirituelles est mise de côté, pour donner à quiconque la possibilité de
découvrir le processus de transformation qui suit la mort.

© 2016 Macro Éditions


Dans la même collection

ZECHARIA SITCHIN
La Fin des Temps
« Reviendront-ils ? Et si oui, quand ? »

Les deux questions – et leurs réponses – qu’attendaient depuis 27 ans les millions de
lecteurs des Chroniques terriennes de Zecharia Sitchin de par le monde. « Ils », les
Anunnaki. Les dieux créateurs de l’homme.

À l’issue de sa vie sur la planète Terre qu’il connaissait si bien pour l’avoir explorée en
tout sens, ce chercheur iconoclaste disparu à 90 ans signe son treizième et ultime livre
depuis La douzième planète, tous consacrés à une seule thèse, obsédante, passionnante,
révoltante, inouïe : sommes-nous, en tant qu’êtres humains, le fruit d’une manipulation
génétique, orchestrée il y a près de 300 000 ans par les « dieux » qui vivent sur la
« douzième planète », géante et excentrée, du système solaire, Nibiru ?

« Reviendront-ils ? Et si oui, quand ? » Sitchin répond à ces deux questions dans l’ultime
chapitre de ce livre synthèse qui rassemble tout le savoir qu’il a accumulé pendant tant
d’années, en journaliste et en scientifique. Il a voulu faire de La Fin des Temps le point
d’orgue de sa quête dont l’establishment scientifique et les pouvoirs politiques ne veulent
pas entendre parler.

© 2011 Macro Éditions


Dans la même collection

ZECHARIA SITCHIN
Le Livre perdu du dieu Enki
Mémoires et prophéties d’un dieu extraterrestre

Les Chroniques terriennes, série à succès de Zecharia Sitchin, nous ont dévoilé la genèse
de l’humanité manipulée génétiquement par les Anunnaki, « ceux qui des cieux sont venus
sur la Terre », telle qu’elle fut rapportée sur d’anciennes tablettes d’argile et autres objets
sumériens.

Dans Le Livre perdu du dieu Enki, nous découvrons cette saga sous un angle différent à
travers le récit autobiographique très élaboré du seigneur Enki, un dieu anunnaki, qui relate
l’arrivée sur Terre de ces extraterrestres depuis Nibiru, la douzième planète. Le but de leur
colonisation : l’or qui permettrait de régénérer l’atmosphère mourante de leur planète
d’origine. La découverte de ce métal précieux se solde par la création de l’Homo sapiens
(la race humaine) par les Anunnaki pour extraire cette importante ressource.

Dans ses précédents travaux, Sitchin a rédigé l’histoire complète de l’impact des Anunnaki
sur la civilisation humaine en temps de paix comme en temps de guerre à partir de
fragments dispersés dans des sources sumériennes, akkadiennes, babyloniennes,
assyriennes, hittites, égyptiennes, cananéennes et israélites : les « mythes » de tous les
peuples de l’Antiquité dans le Vieux Monde comme dans le Nouveau. Mais ces comptes
rendus ne nous livraient pas la perspective des Anunnaki. Comment était la vie sur leur
planète ? Quels motifs les ont poussés à s’établir sur Terre, et qu’est-ce qui les a éloignés
de leur terre d’adoption ?

© 2011 Macro Éditions


Dans la même collection

ZECHARIA SITCHIN
CosmoGenèse
Les preuves scientifiques de l’existence de la douzième planète !

Il existe un douzième corps céleste au-delà de Pluton dans le système solaire (en
comptant le Soleil et la Lune), et cette planète est habitée.

Zecharia Sitchin, dès 1976, reconstitue la « genèse » véritable des hommes. Avec
CosmoGenèse, il entreprend d’en rapporter les preuves scientifiques. • Les Sumériens
décrivent l’existence d’une douzième planète en plus des dix autres (avec le Soleil et la
Lune), habitée par les Anunnaki venus coloniser la Terre dans un très lointain passé. Ils
décomptaient déjà neuf planètes, quand l’astronomie moderne n’a « découvert » qu’en
1930 la neuvième, Pluton (déclassée en planète naine en 2006). • Les théories modernes de
la formation de la Terre et de sa « Lune » valident le « scénario » des collisions multiples
décrites par les scribes sumériens. • L’astronomie sumérienne décrit Neptune comme une
géante « vert-bleu », aquatique : Voyager 2 en a rapporté la preuve en 1989 ! • Les étapes
bibliques de l’apparition de la vie sur Terre, illogiques jusqu’alors, trouvent leur
confirmation dans la réévaluation scientifique actuelle des biologistes. • Les deux
« genèses » expliquent la création de « l’Adam » (l’homme) et le décryptage récent de
l’ADN la corrobore : l’homme est apparu « soudain » sur terre ! La science officielle sait
qu’elle ne fait que redécouvrir un savoir légué par nos créateurs. Mais elle le nie
farouchement, par peur des consequences d’une telle révélation. Et vous, êtes-vous prêt, au
moment où, en 2016, des astrophysiciens américains confirment l’existence, dans le
système solaire, d’une planète géante, la planète X ?

© 2012 Macro Éditions


Aux lecteurs de MACRO ÉDITIONS

Ce livre est publié dans la collection


« SAVOIRS ANCIENS » de Macro Éditions.
Il est également disponible en version e-book sur le site www.macroeditions.com

À vous tous qui recherchez de nouvelles techniques pour mieux vivre et


ressentir un bien-être plus profond…
À vous tous qui désirez réaliser vos rêves…
À vous tous qui êtes ouverts à l’innovation, prêts à remettre en question vos
convictions et à changer vos habitudes les plus ancrées…

… Macro Éditions dédie ses livres.

Macro Éditions traite sans tabous les sujets au cœur de l’actualité, tous ceux
qui correspondent à vos attentes : spiritualité ; métamorphose du « soi » ;
santé du corps, de l’âme et de l’esprit ; nouvelle science et sagesse antique.
Vous trouverez l’art de guérir et sa multiplicité de moyens.
Et cela grâce à l’enseignement des plus grands maîtres dont notre maison
d’édition se fait le porte-parole.

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complet de Macro Éditions et recevrez les mises à jour de nos nouveautés

Renseignements à :
info@macroeditions.com
Notice bibliographique

La Bible n’est pas un livre sacré / Cesena - Italie : Macro Éditions et Uno
International, 2016
176 p. ; 20,5 cm (Savoirs Anciens)
Titre original : La Bibbia non è un libro sacro. Il grande inganno, Mauro
Biglino
Traduction d’Orsola Gelpi
ISBN 978-88-9319-088-6

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