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DU PASSIF
Cours résumé
ESMEL M. J. PROTAIS
Chargé de cours
1
Le droit des procédures collectives d’apurement du passif pose aujourd’hui deux principales
catégories de questions se rapportant aux difficultés d’un débiteur en droit OHADA ; il
s’agit premièrement, de la question de la prévention des difficultés, et deuxièmement, de
celle de leur traitement.
En l’absence de réaction appropriée, des difficultés financières même sans gravité
peuvent déboucher sur une cessation des paiements, voire sur une situation
irrémédiablement compromise. Cette notion, la cessation des paiements, qui fera l’objet plus
loin de plus amples développements, peut être définie comme la situation d’un débiteur qui
est dans l’incapacité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible. Dans la vie
des affaires une telle situation peut être gravement préjudiciable aux créanciers, si ces
créanciers se retrouvent eux-mêmes dans l’impossibilité de faire face à leurs propres
échéances. C’est une évidence d’affirmer que les conséquences économiques et sociales à la
chaîne d’une situation de cessation des paiements sont dangereuses pour le tissu
économique ; cette raison justifie la place de choix accordée traditionnellement à la cessation
des paiements dans la législation relative au règlement des dettes commerciales. Pour ces
raisons, la prévention des difficultés, quelles qu’elles soient, est apparue comme un élément
essentiel à intégrer dans les solutions juridiques apportées au problème de la cessation des
paiements. Une précaution supplémentaire est apparue nécessaire pour rendre cette
prévention plus efficace : c’est l’approche prudente qui traite de toute difficulté économique
de l’entreprise sans égard à sa nature ou à son intensité. C’est la méthode d’approche du
problème adoptée par les rédacteurs du présent Acte uniforme ; Dans la réforme de l’ancien
texte de 1998, il a été institué une nouvelle procédure, plus en amont, à côte du règlement
préventif, dans le système de prévention des difficultés : la procédure de la conciliation. Cette
innovation a pour but d’éviter l’aggravation de toute difficulté.
Dans ces conditions, les questions que posent les procédures collectives sont envisagées
globalement, comme la gestion des difficultés économiques de l’entreprise, plutôt que comme
une solution seulement à la cessation des paiements. En effet, lorsqu’il y a cessation des
paiements, les chances de paiement intégrales ou substantielles des créanciers et les chances
de sauvetage de l’entreprise s’amenuisent ; la sagesse qui recommande de prévenir une
situation à risque, de préférence, par rapport à son traitement est tout en cas prise en compte
par le droit OHADA, en vigueur aujourd’hui dans 17 pays africains de la zone francophone
dont la Côte d’ivoire1. La source principale du droit des procédures collectives dans ces Etats,
1
Les pays membres de l'OHADA sont le Benin, le Burkina-Faso, le Cameroun, la Centrafrique, la Côte d'Ivoire, le Congo,
les Comores, le Gabon, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Guinée-Equatoriale, le Mali, le Niger, la République Démocratique du
Congo, le Sénégal, le Tchad et le Togo
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est l’Acte uniforme portant sur les procédures collectives d’apurement du passif, adopté le 09
septembre 2015 à Bassam en remplacement de celui du 10 avril 1998 2.
Eu égard aux considérations qui précèdent, il convient, d’aborder dans cette étude, et, dans
une première partie la question de la prévention, avant d’examiner le traitement de la
cessation des paiements, dans une seconde partie.
Comme indiqué plus haut, l’innovation apportée par la révision de l’A.U.P.C en 2015
dans la prévention des difficultés de l’entreprise est l’institution de la procédure de
conciliation. Mais L’A.U.P.C prévoit également la possibilité pour le débiteur et ses créanciers
de recourir à la médiation de droit interne, le cas échéant. Par les caractères particuliers qu’ils
présentent, tel que le consensualisme, ces mécanismes se distinguent du règlement préventif
auxquels ils viennent s’ajouter dans le droit OHADA.
I/LA CONCILIATION
1-L’ouverture de la conciliation
2
Cet Acte uniforme est entré en vigueur le 24 décembre 2015
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La conciliation est une procédure préventive, consensuelle et confidentielle destinée à éviter
la cessation des paiements. Elle s’ouvre par la saisine du président de la juridiction
compétente sur l’initiative du débiteur qui connait les difficultés avérées ou prévisibles. Elle
peut l’être aussi sur la base d’un accord entre le débiteur et les créanciers. L’article 5.2 précise
d’ailleurs que le président de la juridiction compétente peut être saisi par une demande
conjointe du débiteur avec un ou plusieurs de ses créanciers. La demande en conciliation
expose les difficultés du débiteur et des moyens d’y faire face. La conciliation a pour objectif
d’entrainer un accord amiable avec les principaux créanciers et contractants du débiteur en
vue de mettre fin à ses difficultés. La requête en question est accompagnée de plusieurs
documents prévus par l’article 5.2 (compte de résultat, état financier, état de trésorerie…)
L’homologation ou l’exequatur ne peut être refusé que si l’accord est contraire à l’ordre
public. La décision homologuant ou exéquaturant n’est pas susceptible de recours.
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II-LE REGLEMENT PREVENTIF
L’acte uniforme révisé portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif
prévoit deux types de règlements préventifs :
Il faut préalablement souligner que le règlement préventif concerne les personnes physiques
exerçant une activité professionnelle indépendante civile, commerciale, artisanale ou
agricole, les personnes morales de droit privé et les entreprises publiques ayant la forme
juridique de personne morale de droit privé. Les personnes morales de droit privé exerçant
une activité soumise à un régime particulier peuvent faire l’objet d’un règlement préventif
lorsqu’il n’en est pas disposé autrement dans la réglementation spécifique régissant ladite
activité. Les personnes concernées doivent connaître une situation économique et financière
difficiles pour bénéficier du règlement préventif, mais elles ne doivent pas être en cessation
des paiements. L’article 4.23 de l’Acte uniforme parle d’une difficulté sérieuse. Cela signifie
que les entreprises qui ne traversent que des difficultés légères sont à écarter ; du moins, elles
pourraient être seulement éligibles à la procédure de conciliation présentée ci-dessus. Une
difficulté est sérieuse si elle peut entrainer une cessation des paiements. De ceci, il résulte la
nécessité pour le demandeur de justifier le caractère sérieux de la difficulté.
Le règlement préventif ordinaire comprend deux phases :
Pour obtenir le prononcé du règlement préventif le débiteur doit introduire une demande
judiciaire qui si elle est accueillie produit un certain nombre de conséquences. L’objectif est
d’aboutir à un concordat dit de règlement préventif, homologué. Outre la qualité que doit
avoir le requérant, c'est-à-dire, être une personne physique exerçant une activité
professionnelle indépendante civile, commerciale, artisanale ou agricole, ou être une
personne morale de droit privé, ou bien, une entreprise publique ayant la forme juridique de
personne morale de droit privé, le règlement préventif suppose une offre de concordat
sérieux. Si le projet de concordat présenté par le débiteur lui paraît sérieux, le président de la
juridiction compétente ouvre la procédure et désigne un expert au règlement préventif qui
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satisfait aux conditions prévues par l’article 4.2. La décision d’ouverture du règlement
préventif suspend toutes les poursuites individuelles tendant à obtenir le paiement des
créances nées antérieurement à ladite décision, pour une durée maximale de trois mois,
pouvant être prorogée d’un mois.
Elle est introduite sous la forme d’une requête qui doit être accompagnée d’une offre de
concordat préventif et d’un certain nombre de pièces ou documents justificatifs (au nombre
de quatorze au total), aux termes de l’article 6.1. Il faut signaler que le débiteur connaissant
des difficultés sérieuses, n’est pas toujours en droit de solliciter un règlement préventif. C’est
le cas dans trois hypothèses :
-lorsqu’il a bénéficié d’un concordat préventif homologué qui n’a pas encore fait trois (3) ans
à compter du jugement ayant accordé le concordat préventif ;
-lorsqu’il a sollicité un règlement préventif qui n’a pas abouti à l’octroi d’un concordat
préventif en sa faveur. Dans ce cas, il doit attendre 18 mois. En effet, le règlement préventif
est une mesure de faveur, mais le débiteur ne doit pas en abuser.
La juridiction compétente à savoir la juridiction de première instance est saisie par requête
du débiteur adressée précisément au président de la juridiction, et déposée contre récépissé
au greffe de cette juridiction. La requête expose, d’une part, la situation économique et
financière de l’entreprise qui doit être difficile mais non définitivement compromise, et,
d’autre part, les perspectives de redressement de l’entreprise et d’apurement de son passif
contenues dans le projet de concordat.
La requête indique les créanciers ou les créances pour lesquelles le débiteur demande la
suspension des poursuites individuelles.
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Les documents ou pièces accompagnant la requête
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La requête et les documents susvisés doivent être accompagnés d’une offre de
concordat préventif.
L’offre de concordat préventif doit être déposée en même temps que la requête et les
documents qui l’accompagnent, à peine d’irrecevabilité. Avant la révision de l’acte uniforme,
il pouvait l’être un peu plus tard, précisément, dans les 30 jours qui suivent le dépôt des
documents.
Si le président estime que l’offre de concordat préventif est sérieux et que les difficultés que
connaît le débiteur méritent qu’il soit soumis à la procédure du règlement préventif, il va
rendre une décision de suspension de poursuite individuelle et désigner un expert, cela,
après avoir statué sur la recevabilité de la requête.
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La suspension des poursuites individuelles
- Les effets à l’égard du créancier : la suspension des paiements vise des créanciers bien
déterminés ainsi que certaines actions, les actions visées sont celles qui ont
pour buts d’obtenir les paiements des créanciers, ladite décision de
suspension ne s’étend par aux actions tendant aux recouvrements des créances telles
que les mesures conservatoires. Elle ne s’étend pas également : aux actions
cambiaires, aux actions en reconnaissance d’une créance, aux créances de salaires,
aux poursuites pénales, aux créances nées régulièrement après la décision de
suspension celles-ci seront payées à leurs échéances.
La désignation de l’expert
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1-2-La phase d’exécution : formation et effet du concordat préventif
Le concordat préventif requière que le débiteur parvienne avec chacun des créanciers à un
accord sur les délais et ou les remises qu’ils consentent étant entendu que le créancier se
prononcera en fonction des mesures que le débiteur entend prendre pour parvenir à
l’assainissement rapide de l’entreprise et garantir le paiement des créanciers. Tel ou tel
créancier peut refuser tous délais et toutes remises sans que cela empêche la formation du
concordat. Cependant dans le cas où le concordat préventif comporte une demande
de délai n’excédant pas deux(2) ans, la juridiction compétente peut imposer ce
délai au créancier qui a refusé tous délais et toutes remises sauf si ce délai met
en danger l’entreprise de ses créanciers. Toutes fois les créanciers de salaires ne
peuvent consentir aucune remise ni se voir imposer un délai qu’ils n’ont pas consentis eux
même.
Dans les huit (8) jours du dépôt du rapport de l’expert, le président saisie la juridiction
compétente et convoque le débiteur à comparaitre devant cette juridiction en audience non
publique, il doit également convoquer à cette audience l’expert et tous créanciers qu’il juge
opportun d’entendre. La juridiction compétente doit se prononcer dans un délai de 30
jours à compter de sa saisine sur l’homologation ou la non homologation de ce
concordat. Elle ne peut homologuer le concordat que si les conditions suivantes sont
réunies :
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Si ces conditions sont remplies et si la situation du débiteur le justifie, la juridiction rend
une décision de règlement préventif et homologue le concordat préventif.
Il s’agit également des effets du règlement préventif qui vont de pair avec le concordat
préventif. On peut regrouper ses effets selon qu’ils touchent l’expert, les créanciers ou
les débiteurs ou selon qu’ils entraînent la mise en place d’organes, avant d’évoquer
l’hypothèse de l’annulation et de la résolution.
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publicité légale. Il rend compte de sa mission au président de la juridiction
compétente dans le délai d’un mois à compter de la décision homologuant le
concordat préventif. Le président vise le compte rendu. Les papiers et effets remis à
l’expert doivent être retirés par le débiteur. Le concordat homologué s’impose à tous
les créanciers antérieurs dans les conditions de délai et de remise qu’ils ont consentis
au débiteur. S’agissant du débiteur il recouvre la liberté d’administration de
son entreprise et la libre disposition de ses biens dès que la décision de
règlement préventif est passée en force de chose jugée sous réserve du respect de ses
engagements concordataires auxquels veillent les organes mis en place.
- Un juge commissaire : sa nomination est obligatoire dans tous les cas. Son rôle
consiste :
A servir d’intermédiaire entre les syndics et les contrôleurs d’une part et le tribunal
d’autre part afin d’aboutir à la correcte exécution du concordat ou d’en sanctionner les
manquements ;
A exercer lui-même les contrôles de l’exécution du concordat et à dénoncer les
manquements qui s’y produisent à la juridiction compétentes surtout si les autres
organes n’ont pas été mis en place.
- Un syndic : son rôle est de contrôler l’exécution du concordat. il est assisté par un ou
des contrôleur(s)
- Des contrôleurs : leur rôle est facultatif.
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L’annulation est encourue en cas de dol résultant d’une dissimulation d’actif ou d’une
exagération du passif.
EXERCICES D’APPLICATION
NB : Cet exercice doit être effectué sur la base de toutes les notes (résumé dicté, écrit de cours,
explications orales et exemples fournis en séance de cours.
Une entreprise de commerce général est confrontée à des difficultés financières au point
qu’elle risque de se trouver en situation de cessation de paiement si rien n’est fait. Face aux
actions éventuelles en paiement de ses créanciers, elle vous soumet la préoccupation ci-
après. Quel(s) intérêt(s) y a-t-il dans sa situation à recourir aux solutions non judiciaires ou
aux solutions judiciaires ?
Eléments de réponse :
Il n’existe pas dans une telle situation de type de solution approprié dans l’absolu. Chaque
type de solution présente des avantages et des inconvénients, en fonction de la situation
concrète de l’entreprise et des circonstances. Mais d’une manière générale, une entreprise
en difficulté aura de la préférence pour une solution, rapide, à moindre coût, le moins
préjudiciable possible pour l’image, le crédit et l’avenir de l’entreprise, et ayant des chances
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d’aboutir à un résultat positif. Il s’agit en fait, d’une solution permettant de résoudre
précisément la difficulté financière de façon la plus efficace possible.
Sur la base de ces considérations, les solutions non judiciaires ont l’avantage d’être plus
discrètes ou confidentielles, l’entreprise préserve de ce fait, son image et son crédit. Elles
sont aussi plus consensuelles et négociées puisqu’elles respectent la volonté des parties en
présence. Et ce, dans la mesure où les résultats obtenus sont le fruit d’un acte volontaire,
d’une négociation. Elles sont d’application plus rapide, ce qui une implique économie de
temps, par opposition aux longues procédures judiciaires. Elles excluent les risques de
corruption et permettent de garder plus ou moins le contrôle de la situation. Enfin ces
solutions proviennent des concernés eux-mêmes ou de tiers professionnels avisés au faîte
des problèmes et besoins de l’entreprise, et sont censés aux préoccupations des personnes
concernées.
Cependant, elles ne sont pas toujours utilisables ou productives. Elles ne sont pas utilisables
lorsqu’elles sont couteuses ou peu rentables, exemples : emprunt bancaire, emprunt
obligataire, possibilité d’emprunt avec un taux d’intérêt élevé, d’une manière générale. Elles
ne sont pas également utilisables, lorsque le financement est incertain dans le cadre des
mesures de renflouement, parce qu’attendu de l’exploitant individuel ou d’associés
insolvables, ou bien de l’Etat (sauf si l’entreprise présente un intérêt national dans ce dernier
cas). En outre, lorsqu’il s’agit d’un exploitant individuel, ou de dirigeants majoritaires, ceux-ci
ne sont pas toujours enclin à se remettre en cause et à prendre des mesures lui imposant des
contraintes personnelles. Par ailleurs, les solutions non judiciaires ne bénéficient pas de la
contrainte (cette remarque est importante) susceptible d’être exercée par l’autorité
judiciaire pour soutenir l’exécution des engagements pris.
Les solutions judiciaires ont l’avantage d’être soutenues par des moyens judiciaires de
contrainte dans leur mise en œuvre. Cela constitue un moyen de surmonter la mauvaise foi
ou la résistance d’une des parties en présence, débiteur ou créancier. Aujourd’hui, les
solutions intègrent le consentement des parties et la négociation, c’est le cas de la procédure
ou conciliation ou de la médiation. Les coûts sont relatifs, normalement les services de la
justice étant gratuits (le juge ne reçoit pas de rémunération des justiciables), elles peuvent
constituer des solutions peu couteuses, mais il arrive qu’elles soient aussi enfin de compte
assez couteuses si l’on prend en considération les rémunérations des auxiliaires de justice et
les frais divers. Aujourd’hui, la justice est décriée pour plusieurs raisons, corruption,
lourdeur, incompétence, inadéquations aux nouvelles exigences de la vie des affaires( pris en
compte du numérique)..par ailleurs, elles ne préservent pas l’image ((absence de
confidentialité) et les relations d’affaires entre les parties
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PARTIE II- TRAITEMENT DE LA CESSATION DES PAIEMENTS
Deux possibilités se présentent lorsque les mécanismes de prévention se sont soldés par un
échec et qu’intervient la cessation des paiements : il s’agit du redressement judiciaire et de la
liquidation des biens ; mais cette alternative nécessite une décision judiciaire appelée
jugement d’ouverture.
Elles sont de deux (2) ordres : les unes concernent la qualité du débiteur, et les autres, la
situation économique et financière de l’entreprise.
Les personnes susceptibles de faire l’objet d’une procédure collective sont les suivantes :
Avant la réforme de l’Acte uniforme de 2015, la personne physique débitrice devait avoir
nécessairement la qualité de commerçant. Mais cette condition n’est plus exigée depuis la
réforme. En effet toute personne physique exerçant une activité professionnelle
indépendante civile, commerciale, artisanale ou agricole peut faire l’objet d’une procédure
collective ; Il en est de même pour les personnes morales car la procédure s’applique
également aux personnes morales de droit privé non commerçantes et aux entreprises
publiques ayant la forme d’une entreprise privée.
Par ailleurs, Le procédure est applicable à une personne physique associée indéfiniment et
solidairement responsable du passif d’une personne morale déclarée en cessation de
paiement. Les dirigeants visés par une action en comblement du passif et par l’extension du
redressement judiciaire ou de la liquidation des biens touchant la personne morale,
connaissent le même sort.
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1-2-Les conditions relatives à la situation économique et financière
Il y’a cessation de paiement lorsque l’actif disponible ne peut pas faire face au passif exigible.
L’actif est composé des avoirs de l’entreprise ; on l’apprécie à partir du bilan. Le bilan permet
de retracer la situation financière de l’entreprise à un moment précis. L’actif représente les
ressources financières dont dispose l’entreprise et le passif, la provenance de ses ressources.
On doit distinguer entre l’actif à court terme et l’actif à long terme. L’actif à court terme, que
l’on peut assimiler à l’actif disponible est composé de :
- L’encaisse
- L’argent liquide en banque ou dans la caisse
- Toute les valeurs rapidement convertissables (stock, comptes clients etc.)
Cet actif à court terme procure les capitaux nécessaires à l’exploitation quotidienne de
l’entreprise. Il se distingue de l’actif à long terme aussi appelé «immobilisations», qui est
constitué des actifs qu'une entreprise peut s'attendre à utiliser, à remplacer ou à convertir
en espèces, au-delà du cycle d'exploitation courant, c’est-à-dire au-delà d’une année.
L’actif à court terme doit pouvoir faire face au passif exigible. A défaut, il y a cessation des
paiements. Toutefois, il n’ y aura pas cessation des paiements, dans la situation où le débiteur
bénéficie de réserves de crédits ou de délais de paiement de la part des créanciers lui
permettant de faire face à son passif exigible.
Ce choix repose sur l’analyse des offres concordataires par rapport à la situation économique
et financière de l’entreprise. Si le concordat est sérieux, c’est-à-dire, s’il est susceptible de
permettre le sauvetage de l’entreprise, le tribunal prononce le redressement judicaire. Mais, à
tout époque de la procédure, le tribunal peut convertir le redressement judiciaire en
liquidation, si les termes du concordat ne sont plus respectés ou ne sont plus à même
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d’assurer le redressement de l’entreprise. Si le concordat n’est pas viable, le tribunal
prononce la liquidation des biens.
Le bilan permet d’apprécier à une date donnée, d’un côté, le total des ressources disponibles
pour atteindre le niveau de production désiré et d’un autre côté, comment ces ressources sont
financées, pour juger de la solvabilité ou l’insolvabilité de l’entreprise.
L’étude des bilans prévisionnels faite avec l’analyse des écarts prévisionnels des résultats
donne une bonne idée des évolutions financières possibles des entreprises.
Le mode de saisine normal est celui qui repose sur la spontanéité du débiteur ou de l’organe
dirigeant de la personne morale. La saisine consiste pour ces derniers à déposer le bilan dans
les 30 jours de la cessation des paiements sous peine de la sanction de la banqueroute
simple.
La saisine par le créancier est le mode le plus fréquent, le créancier qui ne reçoit pas
paiement assigne le débiteur et sollicite la constatation de la cessation des paiements. Dès
réception de l’assignation, le débiteur dispose de trente (30) jours pour déposer son bilan,
c’est-à-dire, pour faire sa propre déclaration de cessation des paiements.
La saisine d’office est le mode le plus rare, malgré son efficacité avérée. Le président du
tribunal informé des faits de nature à motiver la saisine du tribunal, ordonne l’enrôlement de
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la procédure devant la chambre compétente pour statuer sur la cessation des paiements du
débiteur.
2-3-Le jugement
Avant de se prononcer pour l’ouverture d’une procédure collective, le juge peut designer,
avant dire droit, un expert avec pour mission de lui dresser un rapport sur la situation de
l’entreprise, les agissements du débiteur et sa proposition de concordat.
Elle peut intervenir sans le rapport d’un expert, ou au contraire, sur rapport d’un expert
désigné par le juge.
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la détermination de la date réelle de la cessation des paiements
la nomination des organes de la procédure.
En effet, la plupart des débiteurs ont coutume de dissimuler, par des moyens frauduleux, leur
situation d’insolvabilité avant que cette dernière apparaisse au grand jour. Par ailleurs, la
désignation de certains organes est nécessaire pour la bonne conduite de la procédure.
1- La publicité du jugement
Le jugement doit faire l’objet d’une publicité au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier
et dans un journal d’annonces légales. Cette publicité s’effectue par deux insertions dans le
journal d’annonces légales du lieu du siège de la juridiction et au lieu où le débiteur ou la
personne morale a des établissements principaux. Enfin si le débiteur est propriétaire d’un
immeuble, l’inscription de la décision d’ouverture devra être effectuée au livre foncier.
Le jugement d’ouverture est exécutoire par provision. Il peut faire l’objet d’appel ; il peut
également faire l’objet d’une opposition.
Deux types d’opération sont prévues : les opérations relatives au passif et celles qui sont
relatives à l’actif.
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Il faut prendre connaissance et procéder à la vérification du passif du débiteur. Deux séries
d’actes seront ainsi effectuées :
C’est l’opération qui consiste pour le créancier à porter à la connaissance du syndic, les
créances réclamées au débiteur pour leur admission au passif de ce dernier. Tous les
créanciers composant la masse ainsi que les revendiquants (celui qui revendique la propriété
d’un bien) doivent produire leurs créances auprès du syndic.
Pour ce fait, ils remettent ou envoient au syndic un pli recommandé contenant leur
déclaration sur le montant de leurs créances échues ou a échoir avec la date d’échéance, les
suretés et la juridiction déjà saisie, en cas de litige. Les déclarations sont accompagnées des
pièces justificatives sur bordereaux. La production doit se faire sous peine de forclusion dans
un délai qui court à partir du jugement d’ouverture jusqu’au 30eme jour suivant la deuxième
insertion du jugement d’ouverture au journal d’annonces légales.
Les créanciers connus pour avoir été inscrits au bilan et ce dont les suretés ont été publiées
au RCCM ou au livre foncier sont personnellement avertis à leur domicile élu, s’ils n’ont pas
produit après la première insertion. Le défaut de production dans les délais entraine la
forclusion et l’exclusion de la répartition des dividendes ; mais pour les créanciers de salaire
la production est recevable jusqu’au jour de l’assemblée concordataire. Pour être relevé de la
forclusion, tout créancier doit faire connaître sa créance avant l’arrêté et le dépôt de l’état des
créances et démontrer que la défaillance n’est pas imputable à son fait.
Elle consiste pour le syndic à apprécier le bien fondé des créances produites au regard des
pièces justificatives en vue de les admettre dans leur principe et leur montant. Trois (3)
organes interviennent dans la procédure de vérification. Il s’agit du syndic, du juge
commissaire et du tribunal.
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1-1-2-Les opérations relatives à l’actif
Elle consiste à prendre des mesures destinées à conserver l’actif de l’entreprise. Il s’agit
précisément de :
Un juge peut être désigné par le président du tribunal pour procéder avant tout jugement à
l’accomplissement de ces mesures afin d’éviter le détournement de tout ou partie de l’actif.
Une fois le patrimoine consolidé, il doit être procédé au maintien de l’activité en attendant le
vote du concordat ou de la liquidation des biens.
L’Acte uniforme pose le principe du maintien des contrats en cours, sauf les contrats conclus
intuitu personae, et ceux expressément prévus pas le droit national. L’opportunité de
continuer ou non l’exécution des contrats en cours est laissée à l’appréciation du syndic.
L’article 110 de l’AUPC règlemente le sort des contrats de travail. Ils ne sont pas résolus de
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plein droit. Le licenciement pour motif économique est soumis à des conditions de forme et
de fond. Deux conditions de fonds sont prévues : l’urgence et la nécessité.
L’article 97 de l’AUPC règlemente le sort du contrat de bail. Le principe est celui du maintien
du contrat de bail car ce maintien est souvent une condition sine qua non du redressement
de l’entreprise. Le syndic seul, en cas de redressement judiciaire, jouit de l’option, soit de
continuer le bail, soit de le résilier.
La continuité de l’activité
En cas de redressement judiciaire, l’entreprise continue ses activités pour une durée
indéterminée sous la direction du débiteur assisté du syndic. Le juge commissaire peut
décider de la cessation de l’activité, après avoir entendu le syndic et éventuellement les
créanciers et contrôleurs qui le requièrent. Il doit adresser au juge commissaire et au parquet
le rapport trimestriel sur le résultat d’exploitation et les deniers déposés au compte de la
procédure. En cas de liquidation des biens, la continuation est autorisée par le tribunal à la
condition qu’elle s’inscrive dans les besoins de la liquidation et qu’elle ne mette pas en péril
l’intérêt public et celui des créanciers. L’activité peut continuer suivant deux modes :
l’exploitation directe ou la location gérance.
- L’exploitation directe
Dans ce cas il n’y a pas de changement de dirigeant. L’entreprise continue d’être gérée pas les
mêmes organes. En cas de redressement judiciaire, c’est le juge commissaire qui décide à la
requête du syndic si le débiteur ou le dirigeant va participer à la continuation de l’entreprise,
il fixe le montant de leur rémunération. En cas de liquidation des biens, le concours du
débiteur ou des dirigeants a la gestion de l’entreprise est décidé par le juge commissaire qui
en fixe les modalités.
- La location gérance
Dans ce cas, le fond est donné en location a de nouveaux gérants qui l’exploite moyennant
loyer. La location gérance est demandée par le syndic, le ministère public ou un contrôleur ;
elle est autorisée par le tribunal. Le locataire gérant doit fournir les garanties suffisantes et
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faire la preuve d’une absence de lien avec le débiteur. La durée de la location gérance ne peut
dépasser deux (2) ans, renouvelables. Le syndic assure sous le contrôle du juge commissaire
la surveillance de l’exécution correcte du contrat. Il adresse un rapport trimestriel au juge
commissaire sur l’exécution des obligations contractuelles et les mouvements du compte de
la procédure.
Dès son prononcé, la décision d’ouverture produit des effets à l’égard des débiteurs, des
créanciers, des revendiquants et du conjoint.
La décision d’ouverture produit des effets dans le passé et dans l’avenir . dans le passé :
on parle d’inopposabilités de la période suspecte ; dans l’avenir il s’agit de l’assistance et
du dessaisissement du débiteur.
Les actes posés par le débiteur durant la période allant de la date de la cessation des
paiements jusqu’à l’ouverture sont déclarés inopposables à la masse. L’Acte uniforme
distingue les inopposabilités de droit des inopposabilités facultatives. Le syndic est le seul
titulaire de l’action judiciaire en inopposabilité. Celle-ci doit être exercée au dépôt de l’arrêté
de créance au greffe. Les conséquences de la déclaration d’inopposabilité sont distinctes
suivant le cas.
1e cas : si une sureté est déclarée inopposable, c’est la masse qui est substitué au créancier ;
2e cas : pour un bien ayant fait l’objet d’une libéralité (acte à titre gratuit), les effets de
l’inopposabilité dépendent de la date du jugement par rapport au transfert de propriété. Si le
jugement intervient avant le transfert de propriété l’acte sera anéanti. Si le jugement
intervient après le transfert il est procédé au rapport du bien en propriété. Même en cas
d’aliénation de sa part, le bénéficiaire doit rapporter le bien à la masse.
3e cas : pour les paiements déclarés inopposables, les sommes d’argent sont rapportées, à la
charge pour le créancier de produire sa créance entre les mains du syndic.
4e cas : pour les actes à titre onéreux, on distingue selon qu’ils ont été exécutés ou non.
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En cas d’inexécution les actes sont privés d’effet ; en cas d’exécution, l’acquéreur rapporte les
biens et produit au passif.
Les créanciers sont constitués en une masse et leurs droits individuels sont modifiés.
La masse est composée de tous les créanciers dont la créance est opposable et née avant la
décision d’ouverture ; elle est représentée par le syndic. La masse jouit d’une hypothèque
légale dès l’ouverture de la procédure.
Les créanciers ne peuvent agir que par l’organe qui est le syndic. Ils sont soumis à l’arrêt du
cours des inscriptions des suretés. Ils ne peuvent plus exercer des poursuites individuelles
tendant à la reconnaissance de leur droit ou créance. Les créanciers sont frappés par l’arrêt
du cours légaux et conventionnel des intérêts de retard. Toutefois, pour certain créanciers
l’Acte uniforme prévoit des dispositions favorables :
-Les salariés bénéficient d’un super privilège et un privilège attaché à leurs salaires dont
l’assiette est déterminée par le droit du travail et des suretés ;
-Les créanciers ayant plusieurs débiteurs en cessation des paiements on le droit de produire
pour l’intégralité de leur créances au passif de leur débiteur ;
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-Les créanciers hypothécaires peuvent poursuivre la vente de l’immeuble si dans les trois
mois suivant l’ouverture de la liquidation des biens ; le syndic n’a pas encore réalisé la
garantie.
La revendication d’un bien dans le cas d’une procédure collective est soumise au respect
préalable de la formalité de vérification et de revendication. Le revendiquant dispose d’un
délai de trois(3) mois à compter de l’information par un avis du syndic du rejet ou du refus
d’admission de sa revendication.
Compte tenu des conséquences patrimoniales de la procédure collective sur le bien conjugal,
l’Acte uniforme réglemente les actes du conjoint dans la procédure collective ouverte contre
l’époux. Le conjoint doit lui-même établir la consistance de ses biens personnels. Les
créanciers peuvent rapporter les preuves contraires. Le conjoint ne peut fonder aucune
prétention dans la procédure collective basée sur des avantages consentis par l’autre conjoint.
3-L’issue de la procédure
L’entreprise est vouée à une alternative : soit à un redressement, soit à une liquidation
- la situation de l’entreprise
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A la suite de la présentation du rapport du syndic et des observations du juge commissaire et
conclusions du ministère public, le tribunal fait procéder au vote. Le concordat est
homologué lorsque la majorité en nombre représentant la moitié du capital accepte les
propositions. En cas de refus de cette majorité, le tribunal rejette le concordat de
redressement et convertit le concordat en liquidation judiciaire.
- Dans le cas où les offres concordataires ne comportent pas de remises et lorsque les
délais n’excèdent pas deux (2) ans, le tribunal peut homologuer d’office le concordat
sans le vote des créanciers. Mais les travailleurs ne peuvent se voir imposés aucune
remise ni aucun délai excédant 2 ans.
Mais la procédure peut prendre fin pour extinction du passif.
- En effet, si avant l’homologation le débiteur apure l’intégralité de son passif, le
tribunal doit prononcer la clôture pour extinction du passif.
- Il en est de même lorsque le syndic dispose de deniers suffisants ou lorsqu’il y a
consignation du montant en capital, intérêts et frais.
Elle consiste à vendre les biens du débiteur pour payer les créanciers.
Elle est de la compétence exclusive du syndic qui vend, recouvre et paye les dettes. Les
deniers provenant des opérations de réalisation sont logés dans un compte spécial. Sur
l’autorisation du juge commissaire, le syndic peut transiger et compromettre sur les
contestations relatives au droit et actions mobiliers et immobiliers. Il peut payer les
créanciers munis de sûreté pour retirer les biens gagés et nantis. La réalisation peut consister
en une réalisation globale d’actif.
Seuls les créanciers dont la créance est vérifiée et admise peuvent participer à la distribution.
L’article 166 de l’AUPC prévoit les rangs des créanciers en matière immobilière et l’article 167
du même Acte uniforme, leurs rangs en matière mobilière. En cas d’insuffisance de l’actif
pour le règlement du passif, il est procédé à la clôture des opérations pour insuffisance
d’actif. Le jugement de clôture est publié dans un journal d’annonces légales. A partir de ce
jugement, la suspension des poursuites individuelles prend fin.
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3-2-L’issue de la procédure concernant les hommes : les sanctions
Le solde de l’entreprise ne détermine point les sanctions que le tribunal peut prononcer à
l’encontre des dirigeants. Ces derniers engagent leurs responsabilités civiles et/ou pénales en
fonction de leurs agissements ou de leurs omissions.
Si les sanctions patrimoniales contre les dirigeants propriétaires d’une entreprise individuelle
se confondent avec le sort même de celle-ci, il n’en ait pas de même lorsque cette entreprise a
la forme juridique d’une personne morale de droit privé ; dans ce dernier cas le dirigeant est
rendu personnellement débiteur des dettes de l’entreprise. Il est prononcé :
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Sous cette expression sont désormais désignées et rassemblées les déchéances et
interdictions dont les dirigeants sont susceptibles d’être frappés, lorsqu’ils ont eu un
comportement anormal ou immoral. Ce sont :
L’acte uniforme prévoit des dispositions pénales pour réprimer les actes malhonnêtes ou
contraires aux usages du commerce commis par les personnes assurant la gestion d’une
entreprise individuelle ou sociétaire ou par tiers interposés. Le droit communautaire se
contente de l’incrimination et renvoie au législateur national pour la fixation des peines.
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