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PAT H O L O G I E D U B Â T I M E N T

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L’effondrement des couvertures
légères sous le poids de l’eau
Mauvaise conception des évacuations pluviales, erreur ou insuffisance de calcul
de la résistance aux surcharges et défauts d’entretien, l’accumulation rapide de l’eau
sur une couverture légère peut entraîner sa ruine.

des éléments supports (fermes, pannes, bacs nervurés). Il


consiste en un accroissement auto-évolutif des déforma-
tions des éléments flexibles supports de noue créant une
lame d’eau en flaque. La flaque induit une déformation du
support qui permet l’extension de la flaque avec l’accentua-
tion progressive et rapide des contraintes de poids. Ce phé-
nomène itératif aboutit très souvent à l’effondrement, qui
peut être très rapide en cas de supports de noue à faible
pente, voire même sans aucune pente.
Jusqu’à l’édition du nouveau DTU 43.3 en juin 1995, ce
processus était connu mais il n’existait pas de règles écrites
pour en tenir compte. Cette lacune a été comblée par les
annexes H et G du document. Il y a donc lieu de ne pas
oublier la surcharge de 20 daN/m2 en sus de celle définie par
les règles N84.

Des évacuations d’eau pluviales insuffisantes


D’une manière générale le calcul de la section des évacua-
tions est réalisé globalement sur la base normative d’une
précipitation de 3 litres/mn/m2. Les limitations des surfaces à
évacuer par entrée d’eau pluviale (700 m2 en sortie verticale,
350 m 2 en sortie horizontale) ne sont pas respectées. Cela
se traduit par un engorgement de certaines chutes induisant
la création d’une flaque, ce qui conduit au phénomène décrit
Déformations importantes d’une couverture. précédemment.
Même en présence de canalisations de chutes correcte-
ment dimensionnées et positionnées, des surcharges peu-
vent se produire si :

L’ effondrement de ce type de couverture sous le poids de


l’eau résulte généralement d’une structure insuffisamment
• les crapaudines ou les garde-grève sont d’une dimension
inadaptée (trop petite) et disposées au fond d’un moignon
tronconique (portion de tube qui réalise la liaison entre la
calculée pour parer cette éventualité, d’évacuations insuffi- couverture et le tuyau d’évacuation) ; ce type d’erreur peut
santes soit en section soit en nombre, ou encore mal posi- entraîner l’obstruction totale de l’évacuation par un simple
tionnées avec le risque de bouchage en sus. sac en plastique ou l’accumulation de feuilles mortes par
Les couvertures à faible pente de bâtiments industriels et exemple,
commerciaux, sont de plus en plus souvent réalisées par
bacs métalliques nervurés autoporteurs, avec ou sans étan- • le moignon est d’une section nettement inférieure à celle
chéité rapportée. Ces bacs d’une portée d’environ 3 m, sont de la chute (cause fréquente de sinistres),
fixés sur des pannes de charpente qui peuvent être métal-
liques, en bois ou en béton. • la chute n’est pas verticale, sa dimension ne tient pas
A l’inverse du calcul réalisé pour les dalles en béton armé, compte des pertes de charge engendrées par les
le poids propre des ouvrages est dix fois moindre que les sur- déviations,
charges climatiques, et la résistance de l’ensemble est pro-
portionnellement très inférieure. Toute stagnation importante • la canalisation horizontale enterrée d’égout pluvial n’a
d’eau peut entraîner la ruine de la couverture dans ce cas. pas une section suffisante pour évacuer la totalité des
eaux qu’elle est appelée à recevoir, ce qui entraîne la mise
en charge de la chute avec risque de débordement en
Les éléments d’ossature toiture.
ne sont pas calculés à la hauteur du risque
L’accumulation d’eau peut se produire en cas de précipita- A ce titre, l’entretien peut être mis en cause. Il est nécessai-
tions importantes, en raison des déformations progressives re que des visites périodiques soient effectuées, au minimum
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une fois par an pour procéder à l’enlèvement des feuilles
mortes et de tous déchets. Les entrées d’eaux pluviales et
les surverses doivent être visitées et les protections par gra-
villons remises en ordre. L’information des utilisateurs de
l’ouvrage sur leur obligation d’entretien peut éviter bien des
sinistres.

En conclusion, l’effondrement des couvertures légères


sous le poids de l’eau a toujours des conséquences très
importantes, sachant qu’il s’agit souvent d’ouvrages appelés
à recevoir du public. La rupture de la structure située à 8 ou
10 m de hauteur peut engendrer des dommages corporels
graves, sinon mortels. Les coûts de réparation de l’ouvrage
peuvent être considérables comparativement à la dispropor-
tion des erreurs mises en cause.

La leçon à tirer de ce constat réside dans la dispro-


portion des causes et des conséquences des
désordres engendrés. Les négligences lors de la
conception, autant que de l’exécution et de l’entretien
des ouvrages en sont à l’origine. La mise en place de
surverses, même si elle n’est pas obligatoire dans les
textes normatifs, doit être prévue dans tous les cas
où cela est possible. Même si elles ne permettent pas
d’évacuer la totalité des eaux pluviales, leur déborde-
ment constitue un signal d’alarme.

9, boulevard Malesherbes
75008 Paris

114, avenue Émile Zola


75739 Paris Cedex 15

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