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SOUS-THEME 2 

: ECONOMIE DES EXIGENCES DE L’ACCORD


ZLECAF A L’AUNE DE SES PROTOCOLES D’ACCORD ET
SITUATION ACTUELLE DU CAMEROUN AU REGARD DE CES
EXIGENCES

I) ECONOMIE DES EXIGENCES DE L’ACCORD ZLECAF


Il est question ici de faire référence aux différents protocoles relatifs à l’accord
portant sur la création de la zone de libre-échange continentale à savoir :
 Le commerce des biens
 Le commerce des services
 L’investissement
 La propriété intellectuelle
 La politique de concurrence

A) Protocole sur le commerce de marchandises

Ce protocole vise à créer un marché libéralisé pour le commerce des


marchandises, il s’appuie sur les instruments suivants correspondant à ses
annexes : liste de concessions tarifaires ; règles d’origine ; coopération
douanière et assistance administrative mutuelle ; facilitation des
échanges ; barrières non tarifaires ; obstacles techniques au commerce,
mesures sanitaires et phytosanitaires, transit et enfin mesures correctives
commerciales. La libéralisation des produits dans le contexte de la
ZLECAF est progressive selon les groupes de produits et suivant que les
Etats sont classés ou non comme pays les moins avancés (PMA). La
ZLECAF identifie trois groupes de produits. D’abord le groupe principal
comprend 90% des lignes tarifaires. Ce groupe contient les produits qui
seront libéralisés selon qu’on est pays moins avancé (PMA) ou pas. Le
délai de libéralisation est de 5 ans pour les pays non PMA. Pour les PMA
ce délai est de 10 ans. Ensuite les produits sensibles représentent 7% des
lignes tarifaires. Ici, le délai de libéralisation est de 13 ans pour les PMA
et 10 ans pour les non PMA. Enfin, les produits exclus de la libéralisation
représentent 3% des lignes tarifaires (CEA, 2018). Les listes des produits
sont notifiées à l’Union Africaine soit par les Etats, soit par les Unions
douanières. Dans le cas du Cameroun, c’est la CEMAC qui s’en est
chargée.

 Les instruments opérationnels de la ZLECAf

Pays de l’hinterland : pays ayant une forte zone d’influence et d’attraction économique d’un port p. 1
La ZLECAf sera régie par cinq instruments opérationnels : les règles
d’origine, les listes de concessions tarifaires sur le commerce des biens, les
listes d'engagements spécifiques pour les cinq (05) premiers secteurs
prioritaires (sont en cours d'élaboration et seront adoptés au mois de janvier
2020 par les Chefs d'Etat de l'UA), le mécanisme en ligne de surveillance et
d'élimination des barrières non tarifaires, le système panafricain de paiement
et de règlement numérique et le portail de l'observatoire africain du
commerce. Le tableau ci-dessous présente une synthèse de ces instruments
opérationnels.

INSTRUMENTS BREVE DESCRIPTION


Liste des concessions tarifaires Il s’agit des produits qui seront
sur le commerce des biens ouverts à la libéralisation,
notamment e la liste des produits à
soumettre par chaque pays
conformément au calendrier de
libéralisation tarifaire. Pour le
Cameroun, cette liste est établie dans
le cadre de l’espace communautaire
CEMAC.
Règles d’origine Ce sont des critères permettant de
déterminer le pays d’origine d’un
produit. Dans le cadre de la
ZLECAF, les règles d’origine vont
déterminer le niveau minimum de
transformation d’un produit sur le
continent pour que ledit produit
bénéficie des avantages tarifaires et
non tarifaires prévus par la
ZLECAF.
Mécanisme de surveillance et C’est un mécanisme commun de
d’élimination des barrières non notification, de suivi et d’élimination
tarifaires des barrières non tarifaires(BNT).
L’outil en ligne disponible pour
assurer le mécanisme de notification,
de surveillance et d’élimination est
accessible à l’adresse :
https://tradebarriers.africa/
Système panafricain de paiement Il est question ici de permettre aux
et de règlement numérique opérateurs économiques d’acheter et

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vendre dans leurs monnaies locales
respectives pour résoudre le
problème de devises à travers la
plate-forme panafricaine de
paiement instituée par la Banque
Africaine d’import-import
Afreximbank
Observatoire africain du L’ATO établira une base de données
commerce(ATO) sur le commerce africain et fournira
des informations relatives au
commerce pour le secteur privé.

B) Le protocole sur le commerce de services

Ce dernier permet à la ZLECAF d’atteindre ses objectifs, particulièrement


à travers la création d’un marché unique et libéralisé du commerce des
services. Le protocole contient des annexes relatives aux listes
d’engagements spécifiques, aux exonérations de la nation la plus
favorisée(NPF), aux services de transport aérien, au programme du travail
transitoire de mise en œuvre de la ZLECAF à la liste des secteurs
prioritaires et au document cadre sur la coopération règlementaire.
Ce protocole consacre entre autres, le principe de la libéralisation
progressive en offrant aux Etats parties de s’engager dans la première
phase dans les cinq secteurs prioritaires que sont : les services fournis aux
entreprises, les services financiers, les services de transport aérien, les
services de tourisme et de voyage ainsi que les services de
Communication.

II) Situation du Cameroun relativement aux exigences de la ZLECAf

Il est question de voir comment ces exigences (Commerce de


marchandises et commerce de services) sont implémentées par l’Etat
du Cameroun.

A) Situation par rapport au protocole sur le commerce des


marchandises

LA situation du Cameroun par rapport au protocole sur le commerce des


biens s’apprécie à travers la liste des concessions tarifaires, la
libéralisation du commerce, la notification des règles d’origines, la

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coopération douanière et l’assistance mutuelle, la facilitation du
commerce, les barrières non tarifaires, les barrières techniques au
commerce et le transit des marchandises.

1) les Liste des concessions tarifaires

Le Cameroun a produit la liste des concessions tarifaires au sein de la


CEMAC. Ce résultat est le fruit d’une rencontre tenu à Douala du 12 au
26 septembre 2019 entre les experts de la Commission de la CEMAC et
des différents pays membres. Parmi les produits exclus de la libéralisation
il y a la farine de froment (blé), la farine de maïs, l’huile de palme brute,
l’huile de palme raffinée, les sucres, les gommes à mâcher, les bonbons,
les pâtes alimentaires, les jus de fruit naturels, les ciments portland, les
ciments colles, les défrisants, les savons de toilettes et gels de douche, les
barre profilées en aluminium.
2) Libéralisation du commerce

Il faudra réduire les tarifs à l’importation selon le programme des


concessions tarifaires et déterminer l’éligibilité pour les préférences
ZLECAf sur la base de l’annexe 2 du protocole. A cet effet, le
Cameroun devra :
i) soutenir la douane en vue de modifier les tarifs douaniers selon
le programme arrêté par la CEMAC ;
ii) soutenir la douane pour reconnaître les règles d’origine ;
iii) renforcer les capacités de la douane sur les règles d’origine.

3) Notification des règles d’origines

Il faudra des échanges d’adresses et des spécimens de sceaux


utilisés par la douane pour la délivrance des certificats des
règles d’origines. Dans ce sens, le pays a besoin de :
iv) désigner les autorités chargé de délivrer les certificats des règles
d’origine;
v) permettre à ces autorités de partager leurs adresses, spécimens
de sceaux et signatures avec le Secrétariat ZLECAf.

4) Coopération douanière et assistance mutuelle


Il faudra harmoniser les tarifs douaniers avec le système harmonisé
en vigueur et assurer la non-discrimination et la transparence dans

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l’évaluation des biens à la douane et échanger les 20 informations
avec le Secrétariat ZLECAf. Pour ce faire, il faudra désigner un
point focal pour la coopération.

5) Facilitation du commerce

Le Comité National de Facilitation des Echanges (CONAFE) existe


déjà. Il faudra cependant désigner un facilitateur de commerce pour
les commerçants et passer son contact au Secrétariat ZLECAf. Il
faudra aussi s’assurer que toutes les procédures à l’exportation et à
l’importation, les différents taux applicables et toute autre
information commerciale sont disponibles en lignes.

6) Barrières non tarifaires

Il faudra mettre sur pied une institution en charge du suivi des


barrières non tarifaires et renforcer les capacités de ses membres
comme cela est mis en exergue par l’annexe y relative. Pour ce
faire, il est nécessaire de :
(i) nommer un point focal pour les barrières non-tarifaires ;
(ii) établir un comité national de suivi des barrières non-
tarifaires ;
(iii) renforcer les capacités de l’équipe tel que prévue par
l’appendice 2 de l’annexe ZLECAF sur le protocole sur le
commerce des biens.

7) Barrières techniques au commerce

Il faudra, pour le suivi des barrières techniques au commerce :


i) désigner un point focal ;
ii) encourager la collaboration avec l’équipe de Sierra Leone
qui coordonne les points focaux nationaux.

8) Mesures sanitaires et phytosanitaires

Pour le suivi des mesures sanitaires et phytosanitaires, il est


important de :
(i) désigner un point focal en vue de satisfaire aux exigences de
notification ;

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(ii) coopérer en vue du développement et de l’harmonisation
des mesures SPS.

9) Transit des marchandises

Il faudra désigner un transitaire en vue de préparer les documents


de transit pour ceux qui souhaitent transiter les biens par les pays
voisins. Il sera aussi important de renforcer les capacités de la
douane en vue de reconnaître et respecter les documents de transit.
En somme, le Cameroun n’a pas encore désigné ses différents
points focaux et sous-comités tel que ci-dessus mentionnés. Ceci
devrait être fait d’ici à juillet 2020, date à partir de laquelle la
ZLECAf démarrera de façon effective. 21 3.1.4.3

B) Situation par rapport au protocole sur le commerce des services

La seconde phase de négociations de la ZLECAf porte sur le protocole du


commerce des services. Le Cameroun doit bien préparer cette phase de
négociations. Après quoi, les autres phases porteront sur trois domaines :
les investissements, la propriété intellectuelle et la politique de
concurrence. A ce niveau, il faudra :
(i) identifier les différentes parties prenantes dans chacun des trois
domaines ;
(ii) engager des discussions pour identifier les intérêts du pays en vue
des négociations offensives ;
(iii) s’engager activement dans cette phase de négociations et faire une
revue avec les différentes parties prenantes (secteurs privé et
public).

En vue de la libéralisation progressive des services, le Cameroun devra :

i) préparer le calendrier des engagements spécifiques à travers les


différents rounds de négociations qui viennent de commencer.
ii) identifier et consulter le secteur privé et le secteur public en vue de
donner des informations sur les objectifs des négociations
iii) identifier les engagements iv) valider les engagements avec le
secteur privé et toutes les autres parties prenantes
iv) évaluer et ajuster les positions avec les pays partenaires A cet effet,
le Cameroun s’est retrouvé avec les autres pays de la CEEAC du 03

Pays de l’hinterland : pays ayant une forte zone d’influence et d’attraction économique d’un port p. 6
au 5 décembre 2019 pour élaborer la liste des engagements
spécifiques de la sous-région. La liste des engagements spécifiques
est, pour les services, l’équivalent de la liste de concessions
Tarifaires pour les biens.

Bien plus, il y’a lieu d’apprécier le cadre réglementaire des services au


Cameroun au niveau multilatéral notamment dans le cadre de
l’Organisation Mondiale du Commerce(OMC) et au niveau national.

 le cadre multilatéral des services au Cameroun

Dans le cadre de l’Accord Général sur le Commerce des


Services (AGCS), le Cameroun a pris très peu d’engagements.
A ce titre, l’offre d’ouverture de son marché des services sur
l’ensemble des douze secteurs de l’AGCS porte exclusivement
sur deux secteurs, à savoir : le secteur des services fournis aux
entreprises et celui des services relatifs au tourisme et aux
voyages. Les engagements du Cameroun à l’OMC en termes de
limitations à l’accès aux marchés ainsi qu’à celles relatives au
traitement national, en matière de services ne sont donc pas
aussi ambitieux que ceux que prône le protocole sur le
commerce des services de la ZLECAf. Mais en tout état de
cause, force est de rappeler que les engagements pris dans le
cadre de l’AGCS constituent pour ceux à prendre dans le cadre
de la ZLECAf, la base des négociations pour le Cameroun en
vertu de son statut de pays membre de l’OMC et d’Etat partie à
la ZLECAf des services.

 Le cadre national des services au Cameroun

Il y a lieu de noter que les 12 secteurs de services qu’énumère cette dernière,


sont incorporés dans l’économie camerounaise à laquelle ils affichent chacun
des caractéristiques qui les distinguent les uns des autres. Une analyse de ces
derniers donnent à l’apprécier aussi bien au plan horizontal qu’au plan
spécifique. Toutefois, les paragraphes qui suivent vont exclusivement se limiter
aux cinq secteurs prioritaires de la première phase.

Au plan horizontal

Pays de l’hinterland : pays ayant une forte zone d’influence et d’attraction économique d’un port p. 7
Dans son architecture horizontale nationale, le cadre règlementaire des
services du Cameroun est composé à la fois d’instruments nationaux, à
l’exemple des textes qui organisent la concurrence, l’investissement, la
protection du consommateur, la répression des infractions de fraude
économique, la constitution des sociétés ou encore le commerce, mais
aussi d’instruments régionaux tels que dans le secteur des
communications, et des instruments internationaux aussi bien du système
multilatéral des échanges porté par l’AGCS de l’OMC, que des
règlementations connexes à l’exemple de l’APE Cameroun – Union
européenne.

Au plan sectoriel

Le secteur des services fournis aux entreprises dans les différents sous-
secteurs qui composent ce secteur, est encadré par un grand nombre de
textes qui donnent un aperçu du degré d’ouverture du marché
camerounais des services au plan national. La tendance est de réserver
l’exercice de ces services aux nationaux et aux étrangers sous réserves de
l’existence d’une clause de réciprocité. En tout état de cause, les services
fournis aux entreprises demeurent parmi les secteurs à faible contribution
au PIB des pays en Afrique centrale en général, y compris au Cameroun.
Paradoxalement, c’est également le secteur qui contribue de manière la
plus significative au déficit de la balance des services.

Les services de télécommunications font l’objet d’une règlementation


nationale qui couvre toutes les innovations intervenues dans les secteurs
ainsi que les questions connexes à celles-ci telles que la cyber sécurité, la
cybercriminalité, les télécommunications électroniques etc. Ainsi en est-il
de la loi n°2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les communications
électroniques au Cameroun, telle que modifiée par la loi n°2015/006 du
20 avril 2015 qui libéralise les services de téléphonie mobile, de
fourniture d’accès à internet, sous les régimes de : concession, licence,
agrément, ou déclaration selon les cas. Néanmoins, il y a lieu de relever
qu’outre ces régimes, en vertu du Décret n° 2012/1638/PM du 14 juin
2012 fixant les modalités d'établissement et/ou d'exploitation des réseaux
et de fourniture des services de communication électroniques soumis au
régime de l'autorisation, les licences de première catégorie ne peuvent être
accordées qu’à des sociétés de droit camerounais (article 43).

Pays de l’hinterland : pays ayant une forte zone d’influence et d’attraction économique d’un port p. 8
Les différents services touristiques au Cameroun sont régis par la Loi
n°98-6 du 14 avril 1998 relative à l’activité touristique et par le Décret
N°99/443/PM du 25 mars 1999 fixant les modalités d’applications de la
loi n° 98 /006 du 14 avril 1998 relative à l’activité touristique. Ces textes
consacrent l’ouverture de ces activités tel qu’énoncée dans l’article 7 de la
loi en ces termes : la liberté d'exercer l'activité touristique sur l'étendue du
territoire est reconnue à toute personne physique ou morale sous réserve
du respect des lois et règlements en vigueur, ainsi que des exigences de
professionnalisme reconnues par les normes en la matière.

Les services financiers au Cameroun sont massivement régis par les textes
communautaires (code de la Conférence Interafricaine des Marchés de
l’Assurance-CIMA) pour les services d’assurance, textes CEMAC pour
les services bancaires) en complément au plan intérieur par des textes
nationaux en vertu du pouvoir qu’exerce le Ministère en charge des
banques sur l’ouverture, la gestion et la liquidation de celles-ci. S’agissant
des services d'assurance et relatifs à l'assurance : les dispositions du code
CIMA organisent, entre-autres, la création d'une entreprise d'assurance
terrestre en l’assujettissant à l’obtention d’un agrément préalable du
Ministre en charge des assurances du pays du lieu d'implantation, après
avis favorable de la Commission Régionale de Contrôle des Assurances
(CRCA). A l’exception de l’exigence de quelques documents
additionnels, les entreprises étrangères bénéficient d’un traitement
similaire à celui des entreprises nationales. En l’état actuel, une
libéralisation dans le cadre de la ZLECAf donnerait aux entreprises des
autres Etats parties de se voir appliquer ce régime d’établissement sur le
marché camerounais des assurances.

Les services de transports sont encadrés par une règlementation qui


intègre aussi bien les textes nationaux spécifiques que les textes régionaux
ou internationaux. Ces textes portent sur tous les modes de transports
ainsi que sur les professions connexes aux transports le tout, sous un
régime d’ouverture que la règlementation nationale a néanmoins assujetti
à quelques limitations destinées à établir un cadre dont l’administration
n’est pas laissée aux seuls acteurs du marché. Les services de transport
jouent essentiellement deux rôles dans l’économie du Cameroun : le
premier est celui de promouvoir et de développer le commerce à travers la
réduction des coûts de transactions ; et le second est celui d’un secteur
faisant l’objet d’échange à l’international (générant des exportations et

Pays de l’hinterland : pays ayant une forte zone d’influence et d’attraction économique d’un port p. 9
importations). Tel que défini par l’AGCS, le secteur des transports est un
secteur diversifié qui couvre les services de transports aériens, maritimes,
routiers, ferroviaires et par pipeline y compris les services de transport du
fret et des passages.

Les services de transports maritimes font l’objet d’un cadre


communautaire qui consacre la préférence nationale et régionale à travers
le Code CEMAC de la Marine Marchande du 22 juillet 2012, l’Acte 3/98-
UDEAC-648-CE-33 du 5 février 1998 portant réglementation des
conditions d’exercice des professions maritimes et des auxiliaires de
transport en UDEAC, ainsi que la loi n° 97/022 du 30 décembre 1997
portant libéralisation du transport maritime en République du Cameroun.
Outre le transport de marchandises et de voyageurs, l’activité portuaire
génère un grand nombre de services notamment la location des navires
équipage, la maintenance et réparation des navires, les services de
poussage et de remorquage et les services annexes de transport maritime
(para-maritimes). Les services connexes de transport comprennent les
opérateurs ci-après : Commissaire de transport, Transitaire, Consignataire
de navire, Agent maritime.

S’agissant des services de transports par conduites, en vertu de la loi n°


96/14 du 05 août 1996 portant régime de transport par pipeline des
hydrocarbures en provenance des pays tiers, l’activité de transport par
pipeline des hydrocarbures est réservée aux entreprises camerounaises
dûment autorisées (art. 7).

Les services de transports routiers quant à eux, sont encadrés tant par des
textes communautaires que par des textes nationaux. Ainsi en est-il de
l’Acte n°596 - UDEAC - 612 45 - ce – 31 du 12 décembre 2003 modifié
le 11 décembre 2009 portant réglementation des conditions d’exercice de
la profession de transporteur routier inter-Etat de marchandises diverses,
lequel ouvre l’accès à ladite profession sous réserve d’obtention d’un
agrément et d’un cautionnement douanier (art. 2). Dans le même sens, le
texte national qu’est la loi n° 2001/015 du 23 juillet 2001 régissant les
professions de transporteur routier et auxiliaire des transports routiers,
ouvre l’accès à l’exercice de ces services par les personnes physiques ou
morales étrangères sous réserve de réciprocité, si celles-ci sont autorisées
par les conventions internationales ou accords bilatéraux conclus entre le
Cameroun et le pays d’origine (art. 6), et sous réserve de l’obtention d’une
licence (art. 5).

Pays de l’hinterland : pays ayant une forte zone d’influence et d’attraction économique d’un port p. 10
Le transport routier des marchandises ou en transit entre le Cameroun et
les pays de l’hinterland (RCA et Tchad) est régi par les conventions
bilatérales à travers lesquelles cette activité est assurée par les véhicules
immatriculés dans l’un ou l’autre Etat.

S’agissant de transport ferroviaire, en vertu des dispositions du Décret n°


99/058 du 19 mars 1999 portant approbation de la convention de
concession de l’activité ferroviaire au Cameroun au profit de la société
CAMRAIL, seule cette dernière est autorisée à effectuer le transport des
personnes et des marchandises par voie ferrée.

Néanmoins, force est de constater que plusieurs pans des services de


transport restent non règlementés même si une activité commerciale y a
cours. C’est le cas notamment du transport des : combustibles, produits
miniers, animaux, électricité, etc. L’intervention de règlementations
adaptées dans pour le transport de chacun de ce type de produit spécifique
garnirait davantage le cadre règlementaire national et inciterait les
opérateurs de transport à intégrer la chaine du secteur formel des services
qui concourent à la croissance et contribuent de manière consistante au
PIB.

C) Situation par rapport aux instruments opérationnels

En ce qui concerne les instruments d’opérationnalisation de la ZLECAf,


le Cameroun, a contribué à l’élaboration de chacun des instruments
opérationnels de la ZLECAf. Actuellement, le pays participe au niveau de
l’UA à la formation à travers les points focaux désignés à cet effet. La
prochaine étape consistera à vulgariser les six instruments opérationnels
de la ZLECAf. A ce niveau, une nécessité de mettre sur pied des
programmes spécifiques en s’appuyant sur différents types de supports
s’impose. Pour le cas spécifique des règles d’origine, le rôle de la douane
sera déterminant. En ce qui concerne L’Observatoire du Commerce
Africain - African Trade Observatory – (ATO), le MINCOMMERCE
devra jouer un rôle clé pour ne citer que ces deux instruments.

Pays de l’hinterland : pays ayant une forte zone d’influence et d’attraction économique d’un port p. 11
SOUS THEME 3 : LE CAMEROUN DANS LA ZLECAF

Il est question ici de faire une analyse sur le plan économique, de relever
les contraintes et

I° SITUATION MACRO-ECONOMIQUE DU CAMEROUN 0 SON


ENTREE DANS LA ZLECAF

Tendances des performances commerciales Les performances commerciales du Cameroun


avec l’Afrique et le Reste du Monde au cours des dernières années sont analysées en
distinguant le commerce des biens et le commerce des services. Elles permettent, entre
autres, de voir vers quel pays le Cameroun échange le plus.

Commerce des biens En 2018, la valeur des échanges de biens du Cameroun avec l’extérieur
progresse de 582,3 milliards pour se situer à 5 517,5 milliards de FCFA. Cette évolution
résulte d’une augmentation de 12,2% des exportations et de 11,5% des importations. Le
poids des importations est de 61,7% du total des échanges de biens. Le pétrole brut en
représente 18,8%. En 2018, le Cameroun a exporté des produits vers 127 pays. Les 10
premiers clients du Cameroun représentent 77,5% de la valeur totale des exportations.
Aucun pays africain n’apparaît dans le top 10 des clients du Cameroun. Le Tchad, premier
pays africain, apparaît en 11ème position avec un pourcentage de 2,6%.

Au cours des dernières années, le gros des exportations du Cameroun est orienté vers les
pays non africains. La part de l’Afrique dans les exportations camerounaises a tendance à
baisser. Les dernières données montrent qu’en 2018, les exportations à destination des pays
africains ont diminué de 10,6% pour se situer à 201,5 milliards. Tout ceci n’augure pas des
lendemains meilleurs pour une meilleure contribution du Cameroun au l’accroissement du
commerce intra-africain. Si déjà avant l’ouverture des frontières les exportations intra-
africaines du pays diminuent, il est fort à craindre qu’avec l’ouverture programmée des
frontières, ces exportations disparaissent. Il convient ainsi de trouver des explications à cette
chute afin d’apporter des solutions à ce problème.

2.2.2 Commerce des services Sur la période 2013-2018, la croissance5 des exportations des
services a été en moyenne de 2,9% par an, contre 4,4% pour les importations. Les
exportations de services représentent 26,6% du total des exportations camerounaises et
concernent principalement les branches « transports, entrepôts, communications » (36,4%
du total des exportations de services), « services professionnels, scientifiques et techniques »
(16,4%), « banques et organismes financiers » (15,1%) et « autres services » (4,4%). Les
principaux services exportés vers la CEMAC sont les services de transport routier (fret), les
voyages éducatifs et de santé. Un système de santé et éducatifs compétitif, tout comme le
développement des infrastructures routières pour assurer la connectivité des différents
points du continent, constituent des axes majeurs pour l’expansion des échanges de services
entre pays africains. Les services importés représentent 24,1% des importations totales. Les
principales branches d’importations de services sont les « transports, entrepôts,

Pays de l’hinterland : pays ayant une forte zone d’influence et d’attraction économique d’un port p. 12
communications » 6 (33,5% du total des importations de services), les « services
professionnels, scientifiques et techniques » (25,9%), et les « banques et organismes
financiers » (7,3%). Ces importations proviennent essentiellement des pays hors continent.
Les services de transports maritimes et aériens grèvent fortement la balance des paiements
du Cameroun. A ce niveau, il y a lieu de noter que le Cameroun échange peu avec le Nigéria.
Les exportations du Cameroun vers le Nigéria sont essentiellement constituées de biens. Or,
actuellement, le Nigéria fait face à de graves pénuries d’énergie. Les consommateurs
individuels, les commerciaux et les industriels ont toujours recours aux groupes électrogènes
pour s’alimenter en énergie électrique (MINEPAT 2011b). Cette situation peut être une
opportunité de développer les échanges avec le Nigéria dans le domaine de l’énergie. A ce
niveau, il faudra d’abord satisfaire la demande locale en améliorant l’offre. La seconde étape
serait d’augmenter les investissements qui permettront au Cameroun de dégager des
excédents. Le Cameroun pourrait ainsi à long terme exporter l’énergie vers le Nigéria compte
tenu de ses potentialités naturelles en énergie.

III) L’ETENDUE DES CONTRAINTES


Le Cameroun ren

A) LES CONTRAINTES ENDOGENES

Elles sont de plusieurs ordres :

1) Les contraintes liées à la facilitation des échange

De nombreuses contraintes au commerce plombent les échanges du Cameroun avec les


autres pays africains. Quelques éléments concernant les tracasseries routières, les exigences
et formalités de dédouanement ainsi que le paiement d’impôts et taxes sont utilisées pour
illustrer la situation.

En ce qui concerne les tracasseries routières, celles-ci augmentent le coût de transport des
produits agricole (Banque Mondiale 2018). D’après la Banque Mondiale (2018 : 42-44), les
tracasseries routières augmentent le coût de transport des produits agricole. A titre
d’exemple, entre Foumbot et Douala, l’augmentation du coût relatif aux tracasseries
routières est de 25 pour cent par tonne et par kilomètre, compte non tenu du temps
d’immobilisation du véhicule. Un camion de 7 tonnes effectuant le trajet entre la zone de
production (Foumbot) et le marché de Douala est arrêté en moyenne 22 fois. Le temps
cumulé des arrêts varie de 47 minutes à 7 heures. Il paie 44 500 FCFA en moyenne dans ces
barrages routiers. Dans le trajet Foumbot-Kye-Ossi, un camion de 12 tonnes est arrêté 52 fois
en moyenne. Ces arrêts lui coûtent entre 10 et 11 heures et une dépense financière directe
de 65 000 FCFA. Des 52 arrêts, 44 sont classés comme des tracasseries.

S’agissant des exigences et formalités de dédouanement, celles-ci sont généralement peu


claires et peu transparentes et très nombreuses (Banque Mondiale 2018). Au Cameroun, les
exigences et formalités de dédouanement sont peu claires et peu transparentes. Les tarifs en

Pays de l’hinterland : pays ayant une forte zone d’influence et d’attraction économique d’un port p. 13
vigueur ne sont pas souvent à la disposition des commerçants, ce qui donne une marge de
liberté aux fonctionnaires des douanes. Les formalités varient souvent d’un point d’entrée à
un autre. Les coûts réels sont généralement plus élevés que les tarifs officiels. L’application
des dispositions de la CEMAC est nécessaire, elle serait une solution à ce problème. Les
formalités de dédouanement sont très nombreuses. Par exemple, au poste frontière
d’Abang-Minko (Cameroun) - Eboro (Gabon), on observe 9 agences de services
transfrontaliers. Il s’agit des services de douanes, de police de l’immigration, de la police
phytosanitaire et service vétérinaire, du bureau de gestion du fret terrestre, de la police de
l’immigration/émigration, de la gendarmerie-poste avancé, agence de renseignement-poste
avancé, de la police phytosanitaire-poste avancé, des douanes-poste avancé. Du côté
Gabonais, on enregistre 8 agences pour les mêmes services. Tous ces services rendent les
mouvements de biens très difficiles et coûtent en temps comme en argent. Les données
nationales soulignent que, en dehors du temps mis à l’exportation du fait de l’exigence des
documents, le Cameroun est très en-deçà du niveau de l’Afrique SubSaharienne. Une
comparaison avec le Rwanda souligne que le pays doit encore fournir beaucoup d’efforts
dans le sens de la facilitation du commerce au niveau des frontières.

Quelques caracteristiques du commerce transfrontalier au Cameroun

INDICATEUR CAMEROUN AFRIQUE RWANDA


SUBSAHARIENNE
Temps à 202 97,1 83
l'exportation:
procédures à
la frontière
(heures)
Coût à 983 603,1 183
l'exportation:
procédures à
la frontière
(USD)
Temps à 66 71 ,9 30
l'exportation:
exigence des
documents
(heures)
Coût à 306 172 ,6 110
l'exportation
(exigence des
documents)
Temps à 271 126,2 74
l'importation:
procédures à
la frontière

Pays de l’hinterland : pays ayant une forte zone d’influence et d’attraction économique d’un port p. 14
(heures)
Coût à 1407 690,6 282
l'importation:
procédures à
la frontière
(USD)
Temps à 163 96,1 48
l'importation:
exigence des
documents
(heures)
Coût à 849 196,2 121
l'importation :
(exigence des
documents)

En ce qui concerne le paiement d’impôts et taxes, le Cameroun occupe le 182ème rang sur
190, avec un score de 36,34/100. L’évaluation dans ce domaine est basée sur le nombre de
paiements requis, le nombre d'heures consacrées à la préparation, au dépôt et au paiement,
ainsi que le pourcentage des bénéfices qu’un entrepreneur doit payer en taxes et impôts.

 Manque de cotation et de normalisations appropriées : Il s’agit


notamment de l’absence de reconnaissance mutuelle des certifications des normes
entre les pays et la multitude des structures de normalisation. Certaines normes
n’existent pas, ce qui aggrave les difficultés des opérateurs économiques. A titre
d’exemple, le bâton de manioc s’exporte dans la sous-région. Ce produit n’a aucune
norme de référence d’après la CAPEF.
 L’absence ou le mauvais état des marchés frontaliers, des magasins de stockage, des
espaces couverts, des étals de marché, des entrepôts, des points d’eau et des
installations sanitaires constituent les principaux problèmes mis en exergue ici

 Defaillance du système d’information sur les marchés frontaliers

Du fait de l’infrastructure de marché défaillante,les marchés


régionaux se retrouvent souvent avec une faible transmission des
prix entre les marchés et en conséquences de fortes fluctuations des
prix. L’on est souvent confronté à de fortes pénuries alimentaires
dans un pays tandis qu’il existe des excédents ailleurs.

2) Contraintes liées à la capacité de production

Plusieurs facteurs expliquent la faiblesse des capacités de production au Cameroun. Ces facteurs se
regroupent au sein d’un environnement économique défavorable. Quelques-uns de ces facteurs
peuvent être soulignés.

Pays de l’hinterland : pays ayant une forte zone d’influence et d’attraction économique d’un port p. 15
Gouvernance et corruption

La Gouvernance est un autre défi important à relever. En effet, l’indice Mo Ibrahim de gouvernance
en Afrique (IIAG) souligne que le Cameroun occupe le 37ème rang sur 54 pays, avec un score de
46,2/100 contre 79,5/100 pour l’Ile Maurice. Corruption

La corruption demeure aussi un défi important à relever. D’après l’indice de perception de la


corruption de Transparency International, le Cameroun est parmi les pays les plus corrompus au
monde. Le pays est classé au 152ème rang sur 180 pays en 2018. La corruption augmente le coût des
affaires et rend certains investissements non rentables, ce qui se traduit par une faiblesse de la
capacité de production.

Source de production d’énergie peu diversifiée

Faible diversification de l’économie

Difficulté d’acces au credit bancaire

En termes de facilité d’accès au crédit, le Cameroun, avec un score de 60/100, occupe le 73ème rang
sur 190 pays classé. L’indice de fiabilité des garanties mesure le degré de protection des droits des
emprunteurs et des prêteurs, et donc la facilitation de l'obtention de prêts, conféré par les lois sur les
garanties et sur les faillites. Pour cet indicateur, le Cameroun 36 obtient la note de 6/12, alors que la
note moyenne est de 5,2/12 en Afrique subsaharienne et de 11/12 au Rwanda.

3) Les contraintes liées au financement du commerce

Les banques sont parfois en surliquidité sans toutefois octroyer des crédits aux opérateurs
économiques. Le Cameroun ne dispose pas d’un mécanisme spécifique de financement des
exportations. Il est partie prenante à l’accord mettant en place la Banque Africaine d'Export-Import
(AFREXIM Bank). Une des solutions à cette situation serait de créer une banque pour le financement
du commerce extérieur (EXIM Bank Cameroon).

4) L’intégration des marchés des facteurs


On note un écart entre les lois et règlements communautaires et la pratique sur
le terrain. L’exemple-type concerne la libre-circulation des personnes et des
biens. En ce qui concerne la libre-circulation des personnes, le Cameroun
applique ce principe au Congo, à la RCA et au Tchad. La circulation des personnes
entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale et le Gabon n’est pas effective.
L’existence d’une monnaie commune entre les pays de la CEMAC est une
opportunité pour réaliser l’intégration des marchés par les facteurs dans la sous-
région. Les défis à relever concerne l’élimination des procédures d'entrée qui
sont longues, la mise sur pied d’un système de reconnaissance mutuelle des
qualifications et l’harmonisation du cadre de travail et de protection sociale.
Pour parvenir à cet objectif, il faudra, entre autres actions, sensibiliser les pays

Pays de l’hinterland : pays ayant une forte zone d’influence et d’attraction économique d’un port p. 16
partenaires sur les bienfaits de la libre-circulation des biens et 9 L’INS centralise
notamment les informations issues des statistiques douanières et des
statistiques de la balance des paiements des personnes et mettre sur pied des
systèmes communs de reconnaissance de qualification et de protection sociale.

B) CONTRAINTES EXOGENES
Il s’agit des contraintes politiques (1) et contraintes économiques (2).

1) Contraintes politiques
L’une des contraintes qui limite l’exécution des décisions au niveau
continental,concerne
le déséquilibre entre les intérêts nationaux et les interêts communautaires. En
effet, certains pays de la zone ont tendance à privilégier leurs intérêts nationaux
au détriment des intérêts communautaires. Ceci freine l’exécution de certaines
décisions prises par les organes supranationaux au niveau national on parle
d’égoïsme national. Par exemple le Gabon et la Guinée équatoriale ont pendant
longtemps bloqué le principe de libre circulation en instituant des visas d’entrée
à leurs frontières pour les ressortissants des autres Etats-membres.

Faiblesse des pouvoirs des institutions chargées de la répartition des tâches


entre les pays membres qui limite l’exécution des décisions prises à l’échelle
communautaire au niveau national.

2) Les contraintes économiques

La faible mobilisation des investissements à caractère régional : elle contraint les


pays membres à dépendre de l’aide extérieur pour la réalisation de ses projets
intégrateurs , une aide qui selon le rapport sur le suivi de la mise en œuvre des
recommandations de la quatrième Conférence des ministres Africains de
l’intergration présente de multiples problèmes liés aux obligations déclaratives
de versement imposées aux partenaires au développement, à l’ingérence dans
les domaines pour lesquels des ressources ont déjà été engagées, à la mise en
place de programmes d’intégration et de développement qui peuvent être en
contradiction avec les priorités et objectifs de l’Afrique.

Les défaillances du système d’information qui limitent la coordination des


politiques de développement, compromettant ainsi la compétitivité et le
potentiel de croissance

Manque d’harmonisation des politiques fiscales des pays membres :


l’harmonisation de la fiscalité directe demeure partielle car elle ne concerne pas
les exonérations et les régimes d’incitation. En effet, pour attirer les
investissements directs étrangers, chaque pays maintient son régime fiscal
dérogatoire national . Aussi en raison d’une législation inachevée et de graves
défaillances dans l’administration de l’impôt , la fiscalité indirecte interne grève
les coûts de production. Cette contrainte décourage les investisseurs à investir
dans la communauté mais entraîne une perte du taux de recouvrement des
impôts et encourage la fraude fiscale .

Pays de l’hinterland : pays ayant une forte zone d’influence et d’attraction économique d’un port p. 17
3) Les contraintes sécuritaires
Le continent africain fait face à de nombreuses crises qui
compromettent ou du moins ralentisse le processus d’intégration
au niveau de la sous-région. En effet, au Cameroun on relève de
nombreuses crises au Nord-Ouest et Sud-ouest, à l’Extrême-
Nord pour ne citer que ceux-là. Bien plus, l’Afrique
subsaharienne seule est l’hôte de conflits de plusieurs natures et
d’intensité en 2018 : 12 differends, 13crises non violentes, 46
crises violentes, huit guerres limitées, 6 guerres.

IV) L’implementation de la strategie nationale de mise en œuvre de la


ZLECAF

L’analyse du choix stratégique s’appuie sur l’ancrage à la vision ainsi que sur les objectifs et axes
stratégiques. Les axes stratégiques nécessitent l’identification des secteurs prioritaires.

Ancrage à la vision
La vision prospective du Cameroun à l’horizon 2035 est : « le Cameroun, un pays
émergent, démocratique et uni dans sa diversité ». Pour parvenir à ce stade, le
Cameroun doit entrer dans une ère de développement économique et social durable
avec une économie forte, diversifiée et compétitive. Cela signifie au moins deux choses.
D’abord, que l’industrie manufacturière du Cameroun soit prédominante dans le PIB et
les exportations. La présente stratégie poursuit les objectifs de la vision à travers la
promotion de la diversification verticale et l’intégration du Cameroun à l’économie
mondiale, à travers son intégration à l’économie africaine. Ensuite, il faudra que
l’intégration du Cameroun à l’économie mondiale soit effective.

A) Objet et axes stratégiques ou plan d’action

la présente stratégie vise deux objectifs globaux. Le premier objectif global a trait à la diversification
de l’économie Camerounaise. Le second concerne l’accroissement des exportations du Cameroun
vers le continent africain. Ces deux objectifs globaux se déclinent en dix (10) axes stratégiques
comme suit.

Axe 1 : Appropriation nationale de l’Accord sur la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine

Axe 2 : Révision du cadre juridique et institutionnel relatif au commerce extérieur

Axe 3 : Amélioration de la quantité et la qualité des infrastructures économiques et commerciales ;


Axe 4 : Réduction des barrières tarifaires et non tarifaires et amélioration des normes ;

Axe 5 : Promotion de la production et de la transformation en s’appuyant sur les secteurs prioritaires


Axe 6 : Développement des chaînes de valeurs transfrontalières ;

Pays de l’hinterland : pays ayant une forte zone d’influence et d’attraction économique d’un port p. 18
Axe 7: Mise en place des mesures de veille ;

Axe 8 : Priorisation des échanges avec le Nigéria et la RDC ;

Axe 9 : Création de EXIM Bank Cameroon ;

Axe 10 : Mise en œuvre et suivi-évaluation de la stratégie. Les axes stratégiques 5 et 6 nécessitent


comme préalable l’identification des secteurs prioritaires du Cameroun.

Les axes stratégiques 5 et 6 nécessitent comme préalable l’identification des secteurs prioritaires du
Cameroun.

Identification des secteurs prioritaires

L’identification des produits camerounais ayant un potentiel de développement continental passe


par l’identification des sources de croissance et de compétitivité de l’économie camerounaise.
L’identification des secteurs prioritaires s’est faite en deux principales étapes. D’abord, la revue de la
littérature disponible permet de mettre en exergue les produits pour lesquels le Cameroun dispose
d’une source de croissance et de compétitivité. La seconde étape a consisté à discuter les résultats
obtenus au cours de la première étape dans le cadre des consultations organisées avec les entités
étatiques, le secteur privé et la société civile. En ce qui concerne la revue de la littérature, les travaux
retenus sont ceux relatifs aux sources de croissance et de compétitivité ayant servi de document de
base pour la préparation du DSRP, ceux de la Direction de la Prévision du Ministère des Finances pour
le suivi de la compétitivité de l’industrie manufacturière du Cameroun, ceux de la Banque Mondiale
d’abord sur les sources de croissance et de compétitivité, ensuite sur les chaînes de valeurs agricoles
du Cameroun. Les travaux du Comité de Compétitivité, ainsi que quelques travaux financés par
l’Union Européenne en vue d’analyser l’impact des APE sur la performance des entreprises
camerounaises. Il peut arriver qu’un produit compétitif ne soit pas retenu par l’un des travaux à
notre disposition. Une analyse des principaux produits exportés permet de mettre en exergue les
produits non retenus par ces études. Enfin, le draft de la Stratégie Nationale des Exportations
apporte d’autres éléments de réponse à la question posée, celle des sources de croissance et de
compétitivité. Le Plan Directeur d’Industrialisation du Cameroun est un guide clé qui ne saurait être
ignoré.

Une synthèse de la détermination des principaux secteurs à fort potentiel pour lesquels le Cameroun
peut s’appuyer pour maximiser ses gains en tant qu’Etat partie de la ZLECAf est présentée dans le
tableau ci-dessous

Tableau : Produits prioritaires retenus pour la stratégie

Produits en aluminium Produits en plastiques


Produits alimentaires et agro- Produits pétroliers
alimentaires
Caoutchouc et ouvrages en Produits chimiques
caoutchouc
Produits en verre Produits de beauté
Produits des industries Produits agricoles et horticoles
métallurgiques
Bois et ouvrages en bois Textiles et confection
Cigarettes Produits de l’élevage

Pays de l’hinterland : pays ayant une forte zone d’influence et d’attraction économique d’un port p. 19
Boissons TIC(START-UP)
Source : composé par les auteurs.
Pour chaque groupe de produits, il faudra affiner l’analyse en termes de filières en
apportant des informations complémentaires. En effet, étant donné que le problème
principal se situe au niveau de la production (avant d’échanger, il faut d’abord produire),
il faudra déterminer les facteurs qui permettraient d’accroître la production de chaque
filière. L’analyse devra se faire aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de chaque filière
(comparaison avec d’autres pays). La recherche de ces informations constitue l’une des
activités clé de la présente stratégie.

B) Les organes institutionnels et mode de financement


1) Les organes institutionnels
Ils sont regroupés au sein d’un comite de mise en œuvre de la présente stratégie
crée conformément aux décisions de 31ème session ordinaire de l’UA des 1-2 juillet
2018 à Nouakchott14 (Mauritanie) et du décret n°2018/9387 /PM DU 30 novembre
2018 fixant les modalités de création, d’organisation et de fonctionnement des
Comités et Groupes de travail interministériels et ministériels au Cameroun. Afin de
garantir une mise en œuvre réussie de la ZLECAf, les missions du comité national
ZLECAf devraient être assez claires. La composition du comité devra tenir compte de
la diversité des parties prenantes tout en mettant en exergue le rôle clé du secteur
privé.
Missions Le Comité national pour la ZLECAf aura pour mission :
de promouvoir l’accord de libreéchange africain au Cameroun,
d’assurer la coordination et le suivi des activités de mise en œuvre de l’accord,
de faire des recommandations au gouvernement,
de contribuer au renforcement de l’expertise nationale dans les domaines d’intérêt
de la ZLECAf,
et bien sûr de veiller à la mise en œuvre effective des actions recommandées dans le
présent document de stratégie. Le Comité devra également contribuer à
l’élaboration et préparation des positions du pays dans le cadre des négociations
relatives notamment aux démantèlement tarifaires, de communiquer et divulguer les
informations et les publications du Secrétariat de la ZLECAf, de collecter et
centraliser les propositions des acteurs nationaux en vue d’une meilleure
participation du secteur privé, de veiller à la mise en œuvre effective des mesures
prises dans le cadre de l'Accord et de proposer au gouvernement les projets de texte
législatifs et réglementaires indispensables à la mise en œuvre de la ZLECAf. Le
Comité travaillera en étroite collaboration avec le comité nationale de facilitation du
commerce qui est déjà opérationnel.
Composition
Le Comité nationale de mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale sera
présidé par le ministère en charge du commerce. Le GICAM assurera la vice-
présidence.
Le Comité nationale de mise en œuvre de la ZLECAf sera composé de 12 membres
dont :

Pays de l’hinterland : pays ayant une forte zone d’influence et d’attraction économique d’un port p. 20
- un représentant du MINCOMMERCE ; -
- un représentant du MINEPAT ; - un représentant du MINFI/DD ;
- un représentant du MINADER ; - un représentant du MINEPIA ;
- un représentant du MINMIDT ;
- un représentant de l’INS ; - un représentant du GICAM ;
- un représentant du SYNDUSTRICAM ;
- un représentant du GFAC ; - un représentant de la Chambre d’Agriculture ;
- un représentant de la Chambre de Commerce.
Un Secrétariat Technique suivra quotidiennement les activités du Comité. Il sera
constitué de quatre membres :
un représentant du MINCOMMERCE,
un représentant du MINEPAT, un représentant du MINFI/DD
et un représentant du GICAM. Le Secrétariat technique sera présidé par le
MINCOMMERCE.
Le secrétariat technique est chargé notamment de conduire les réflexions sur les
problématiques liées à la ZLECAf, de soumettre des recommandations au Comité. Il
est chargé de préparer un rapport annuel de mise en œuvre de la stratégie et tout
autre document sollicité pat le Comité national ZLECAf. Il préparera une stratégie de
mobilisation de fonds dès la première année de mise en œuvre de la stratégie.

Les comités techniques seront les principaux points d’appui du Comité National
ZLECAf. Ils sont au nombre de cinq, représentant chacun des champs d’application de
la ZLECAf : i) Comité technique du commerce des biens ii) Comité technique du
commerce des services iii) Comité technique des investissements iv) Comité
technique de la propriété intellectuelle

Les rôles et responsabilités des acteurs

Si le processus d’élaboration de la SNC-ZLECAf a été participatif, sa mise en œuvre


doit en être également, ce qui passe par la définition claire des rôles et
responsabilités des différents acteurs impliqués notamment (i) les structures
gouvernementales ; (ii) le secteur privé ; (iii) les Organisations de la Société Civile ;
(iv) les Partenaires Techniques et Financiers.

Le secteur public Pour assurer la réussite du Cameroun dans le cadre de ce vaste


marché, le gouvernement devra jouer pleine son rôle qui est de faciliter la mise en
œuvre de la stratégie en mobilisant tout l’appareil administratif notamment les
différents ministères et les autres entités publiques concernées. Cela devra se
traduire par la mise en œuvre des mesures, actions et réformes fortes et ambitieuses
nécessaires à l’amélioration de l’environnement des affaires afin d’attirer
l’investissement privé. A cet effet, le secteur public devra réduire les contraintes liées
à la qualité de l’environnement des affaires et au développement des
investissements. En d’autres termes, le secteur public devra éliminer les obstacles au
développement du secteur privé. Ces obstacles sont liés entre autres au coût excessif
des services de transports et de télécommunications, à une fourniture insuffisante
d’énergie, aux lenteurs administratives et judiciaires, aux difficultés d’accès aux
financements, à l’absence d’une banque agricole capable de souteneur le

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développement agricole en vue de réduire les importations des denrées alimentaires
pouvant être produites localement, etc.
Dans le cadre de la ZLECAf, le secteur public devra spécifiquement faciliter
l’industrialisation sans laquelle il n’aurait pas de participation effective à la ZLECAf.
Cela pourrait se traduire par une fiscalité stable et prévisible, des incitations à
l’investissement national et au réinvestissement, la facilitation de l’accès au foncier
etc. Le secteur public pourrait aussi faciliter la mise en œuvre de la ZLECAf à travers
le renforcement du dialogue public-privé qui est déjà effective dans le cadre du
Cameroon Business Forum. Dans le cadre de la coopération commerciale, le secteur
public devrait faciliter les initiatives entre le secteur privé local et le secteur privé des
autres régions, notamment à travers notamment la facilitation des joints ventures et
des foires et fora internationaux.

Le secteur privé

Le secteur privé Le secteur privé est le créateur des biens et services visés dans la ZLECAf.
Pour cela, le secteur privé est vu comme le principal bénéficiaire de la ZLECAf. En tant que tel, il est
l’acteur économique qui devrait mettre en œuvre la stratégie nationale de mise en œuvre de la
ZLECAf dans la mesure où c’est lui qui produit et commercialise les biens et services que le pays
devra proposer à ce marché. L’engagement du secteur privé est donc la condition nécessaire pour sa
réussite. L’importance du secteur privé dans la mise en œuvre de la stratégie explique sa nécessaire
implication à la préparation de la stratégie, notamment à travers la définition des plans d’actions qui
devraient être soutenues par le secteur public pour une meilleure participation du Cameroun.

Les organisations de la société civile

Les OSC ont acquis une utilité sociale certaine au cours de ces dernières années au
Cameroun qui fait d’eux des acteurs importants dans le processus de mise en œuvre de la Zone de
libre-échange continentale. Ces organisations, dans leurs différentes composantes (associations,
OCB, ONG, Syndicats, Médias etc.…), joueront un rôle important tant au niveau national que local.
Elles viendraient en complément à l’action de l’Etat et des autres partenaires au développement
dans le cadre de la communication, la sensibilisation et le suivi des activités relatives à la ZLECAf.

Les partenaires au développement

L’apport des partenaires au développement dans la mise en œuvre de la stratégie peut


s’apprécier à travers la mise à disposition du Cameroun de leurs différentes expertises, chacun en ce
qui le concerne. Cela permettrait de faciliter l’atteinte des objectifs fixés. En plus, les partenaires au
développement pourraient faciliter le dialogue entre les institutions nationales et les institutions
régionales.

2) Plan de financement
Il est envisagé un partenariat public-privé dans la mise en œuvre de cette
stratégie, notamment dans le cadre du développement des chaînes de valeurs
transfrontalières. Bienplus , l’ ETAT peut faire un emprunt obligataire.

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