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Thèse

de doctorat
de l’UTT

Paulina del Carmen RODRIGUEZ MORENO

Intégration de considérations
environnementales dans la phase
conceptuelle du processus de
conception de nouveaux produits

Spécialité :
Ingénierie Sociotechnique des Connaissances,
des Réseaux et du Développement Durable

2016TROY0016 Année 2016


THESE
pour l’obtention du grade de

DOCTEUR de l’UNIVERSITE
DE TECHNOLOGIE DE TROYES
Spécialité : INGENIERIE SOCIOTECHNIQUE DES CONNAISSANCES,
DES RESEAUX ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE

présentée et soutenue par

Paulina del Carmen RODRIGUEZ MORENO


le 14 juin 2016

Intégration de considérations environnementales


dans la phase conceptuelle du processus de conception
de nouveaux produits

JURY
M. N. PERRY PROFESSEUR DES UNIVERSITES Président
M. D. FROELICH PROFESSEUR DES UNIVERSITES Examinateur
M. H. W. MA PROFESSOR Directeur de thèse
M. S. ROHMER MAITRE DE CONFERENCES Directeur de thèse
M. L. ROUCOULES PROFESSEUR DES UNIVERSITES Rapporteur
Mme N. TROUSSIER PROFESSEUR DES UNIVERSITES Examinateur
Mme P. ZWOLINSKI PROFESSEUR DES UNIVERSITES Rapporteur
À Bruna.

1
Intégration de considérations environnementales dans la phase
conceptuelle du processus de conception de nouveaux produits
manufacturiers
Résumé

L’éco-conception consiste à l’intégration des considérations environnementales dans le


développement de produits et vise à prévenir les impacts négatifs sur l'environnement.
Les entreprises utilisent en général des outils dits « experts » pour l’intégration de l’éco-
conception. Malheureusement, ses outils experts ne peuvent pas être utilisés par les PME,
étant donné l’importante investissement en ressources financières et humaines pour leur
mise en place. En plus de cela, nous nous intéressons à la création de nouveaux produits,
produits dont les informations ne sont pas disponibles. Dans le présent travail nous
proposons l’intégration des considérations environnementales dès les premières étapes de
processus de conception à travers l’exploitation par le concepteur des exigences
fonctionnelles présentes dans la phase conceptuelle. L'établissement de la performance
environnementale dans une structure fonctionnelle peut permettre d’une part l’intégration
d’une pratique d’éco-conception sans dépendre des outils experts, et d’autre part, la
création d’un nouveau produit. Dans ce travail la construction d'une nouvelle méthode,
où l'Analyse Fonctionnelle sera liée à la prise des considérations environnementales,
permettra d'aider les concepteurs de la PME à proposer des nouveaux produits qui ont un
moindre impact environnemental.

Mots clés : Éco-conception ; Produits nouveaux ; Analyse Fonctionnelle ; Analyse de


Cycle de Vie.

2
Integrating environmental considerations in the conceptual phase of the
design process of new manufacturing products
Abstract

Eco-design consists of integrate environmental considerations into product development


and aims to prevent negative impacts on the environment. Companies generally use tools
called "experts" for the integration of eco-design. Unfortunately, tools experts cannot be
used by SMEs, given the significant investment in financial and human resources for their
implementation. In addition, we are interested in the creation of new products, products
whose information is not available. In this work we propose the integration of
environmental considerations in the early stages of the design process through the
exploitation of the functional requirements present in the conceptual phase. The
establishment of environmental performance in a functional structure can allow on the
one hand, the integration of eco-design without relying on expert tools, and on the other
hand, the creation of a new product. In this work the construction of a new method where
the functional analysis will be linked to the environmental considerations, will help
designers of the SME to offer new products that have less environmental impact.

Key words: Eco-design; New products; Functional analysis; Life Cycle Assessment.

3
Remerciements
Mes premiers remerciements vont à mon directeur de thèse, Serge Rohmer, qui m’a
accompagnée tout le long de ce parcours. Merci de son accueil chaleureux au sein du
CREIDD, de son encadrement motivant et de ses lectures minutieuses. Serge a su me
guider quand je me noyais dans les profonds océans de la théorie et ce grâce à ses conseils
que j’ai su passer à l’action. Merci à M. Ma de son soutien et de ses conseils avisés.

Je remercie des moments formidables et des échanges scientifiques à tous mes collègues
du Laboratoire CREIDD. Natalia, Miriam, Romain, Bertrand L, Bertrand G, Jérémie,
Julie, Tatiana, Nadège, Guillaume, Albina, Yanya, Annie, Jun, Aurélien, Kiyan, Julio
vous m’avez manqué tellement cette dernière année, vous n’imaginez pas !

J’adresse aussi mes remerciements à Peggy Zwolinski et à Flore Vallet pour l’échange
d’idées et leurs conseils avisés. Merci à Gaëtan Dhayer et Djemil Chafai, Trésorier et
Secrétaire général de l’AFAV pour leur collaboration lors de la rédaction du
questionnaire.

Un grand merci à Pascale Denis. Au-delà des paperasses, organisation de forums et aide
administrative, Pascale a été pour moi une amie très chère et attentive.

Je remercie Stéphanie Jacotin, de son aide, sa disponibilité et sa sympathie. Merci pour


les corrections de grammaire et d’orthographe de ce manuscrit.

Jean Philippe Balhadere et à Isabelle Leclerq merci de votre sympathie et de votre


disponibilité.

Merci à tous ceux qui ont fait de ses trois années des moments agréables. Merci Jason Dai
et Fabien Michelin pour votre sympathie et votre bonne humeur, j’ai trouvé en vous deux
amis formidables.

Merci aux étudiants qui ont participé avec enthousiasme aux expérimentations.

Encore un grand merci à l’ensemble de mon jury pour l’intérêt porté à mon travail.

Merci à ma famille qui m’a toujours soutenue. Merci aussi à ma belle-famille Dominique
et Roland, qui s’occupent de moi comme mes vrais parents.

Merci à Bruna, qui est avec moi depuis ces deux dernières années de travail, tout d’abord
dans mon ventre et maintenant à mes côtés. Je te remercie de tous tes sourires, de toute ta
gentillesse, de toute ta tendresse, de ta patience infinie et de faire enfin tes nuits.

Anthony, tu as vécu avec moi les difficultés et les joies de ses trois années et demie de
thèse. Sans toi je ne serais jamais arrivée au bout, merci.

4
Homo homini lupus est.

5
Table des matières
1 Introduction générale .................................................................................. 17
1.1 Objectif ................................................................................................ 19
1.2 Contribution ........................................................................................ 19
1.3 Méthodologie et structuration de recherche ........................................ 21
1.4 Ressources ........................................................................................... 23
1.5 Choix de terminologie ......................................................................... 23
CHAPITRE I : CONTEXTE DE RECHERCHE ...................................................................... 26
1 Vers l’établissement de l’éco-conception ................................................... 26
1.1 Impacts de l’homme sur l’environnement ........................................... 26
1.2 L’éco-conception ................................................................................. 35
1.3 Le rôle environnemental du concepteur .............................................. 61
2 Synthèse du positionnement de recherche .................................................. 63
3 Formulation de la problématique de recherche .......................................... 64
4 Résumé Chapitre I ...................................................................................... 65
CHAPITRE II : ETAT DE L’ART ................................................................................... 67
1 Revue des outils d’éco-conception existantes pour la phase conceptuelle . 67
2 Nouveaux produits...................................................................................... 77
3 Les exigences du concepteur en termes des outils. .................................... 80
4 Synthèse ............................................................. Erreur ! Signet non défini.
5 Hypothèses ................................................................................................. 84
6 Résumé Chapitre II ..................................................................................... 87
CHAPITRE III : METHODOLOGIE ................................................................................. 90
1 Construction du processus collaboratif méthodologique ........................... 90
1.1 Analyse comparative entre l’AF et l’ACV .......................................... 91
2 Processus collaboratif méthodologique entre l’ACV et l’AF ................... 100
2.1 Etude de concepts retenus ................................................................. 100
2.2 Agencement du processus collaboratif méthodologique ................... 103
3 Résumé du Chapitre III............................................................................. 107
Chapitre IV : DEVELOPPEMENT ............................................................................... 109
1 Contexte .................................................................................................... 111

6
1.1 Contexte normatif.............................................................................. 111
1.2 Contexte opérationnel ....................................................................... 112
1.3 Contexte sectoriel ....................................... Erreur ! Signet non défini.
1.4 Analyse contextuelle ......................................................................... 116
2 Proposition d’intégration du cycle de vie dans l’AF ................................ 117
2.1 Définition des objectifs et des contraintes de la méthode EcoAF ..... 118
2.2 Définition d’un modèle ontologique .............................................. 118
2.3 Construction de la méthode EcoAF ................................................ 122
3 Méthode EcoAF Version Finale : mode opératoire .............................. 133
3.1 Support EcoAF .................................................................................. 139
3.2 Feuille de route .................................................................................. 140
4 Résumé du Chapitre IV ............................................................................ 142
CHAPITRE V : EXPERIMENTATION ET VALIDATION ................................................ 145
1 Evaluation du support ............................................................................... 146
1.1 Objectifs de l’évaluation ................................................................... 146
1.2 Méthodologie .................................................................................... 146
1.3 Organisation ...................................................................................... 146
1.4 Collecte des données ......................................................................... 146
1.5 Conclusion......................................................................................... 150
2 Evaluation applicative 1 ........................................................................... 152
2.1 Objectifs de l’évaluation ................................................................... 152
2.2 Méthodologie .................................................................................... 152
2.3 Organisation ...................................................................................... 152
2.4 Collecte des données ......................................................................... 153
Processus d’analyse de données ............................. Erreur ! Signet non défini.
2.5 Conclusion......................................................................................... 155
3 Evaluation applicative 2 ........................................................................... 158
3.1 Objectifs de l’évaluation ................................................................... 158
3.2 Méthodologie .................................................................................... 158
3.3 Organisation ...................................................................................... 158
3.4 Collecte des données ......................................................................... 159

7
Processus d’analyse de données .................................................................... 159
3.5 Conclusion......................................................................................... 162
4 Bilan des évaluations d’application ....................................................... 162
5 Discussion ................................................................................................ 164
Chapitre VI : CONCLUSION ET PERSPECTIVES ....................................................... 167
1 Contributions du projet de recherche........................................................ 167
2 Limites de recherche ................................................................................. 168
2.1 Limites de développement des concepts ........................................... 169
2.2 Limites applicatives........................................................................... 169
3 Perspectives .............................................................................................. 171
3.1 Perspectives de développement des concepts ................................... 171
3.2 Perspectives d’évolution de la méthode EcoAF ................................ 172
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................ 175
Annexe I : EEE ............................................................................................................. 188
1 Les équipements électriques et électroniques EEE .................................. 188
Annexe II : Questionnaire d’analyse fonctionnelle ...................................................... 191
1 Questionnaire ............................................................................................ 191
2 Méthodologie ............................................................................................ 191
3 Population enquêtée.................................................................................. 191
4 Objectif du questionnaire.......................................................................... 191
5 Questionnaire AF...................................................................................... 193
5.1 Résultats ............................................................................................ 196
Annexe III : Évaluation de support............................................................................... 207
1 Support EcoAF Version 1 ........................................................................ 207
2 Contexte et objectifs ................................................................................. 207
2.1 Introduction ....................................................................................... 207
2.2 Travail à réaliser ................................................................................ 208
2.3 Incidence des facteurs dans le cycle de vie ....................................... 210
3 Exercice d’utilisation de la méthode EcoAF ............................................ 213
3.1 Rôle et mission .................................................................................. 213
3.2 Objectif d’éco-conception ................................................................. 213

8
3.3 Caractéristiques du casque de protection respiratoire ....................... 214
3.4 Instructions d’utilisation de la méthode EcoAF ................................ 214
Annexe IV : Évaluation de support, analyse des données ............................................ 217
1 Analyse de données .................................................................................. 217
1.1 Groupe A ........................................................................................... 217
1.2 Groupe B ........................................................................................... 226
1.3 Conclusion générale .......................................................................... 230
Annexe V : Evaluation applicative 1 ............................................................................ 231
1 Support EcoAF Version 2 ........................................................................ 231
1.1 Introduction ....................................................................................... 231
1.2 Rôle et mission .................................................................................. 231
1.3 Caractéristiques du casque de protection respiratoire ....................... 231
1.4 Etapes de l’exercice ........................................................................... 231

9
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1. Principales réglementations orientées produits (Froelich, 2013) _______________ 36


Tableau 2. Extrait des stratégies du 7ème programme d'action pour l'environnement ____ Erreur !
Signet non défini.
Tableau 3. Principales Normes ISO de management environnemental (ISO, 2015) _________ 37
Tableau 4. Définitions de la fonction ________________________ Erreur ! Signet non défini.
Tableau 5. Résumé des facteurs de motivation pour l'éco-conception identifiés dans la littérature
(Prendeville et al., 2014) _________________________________ Erreur ! Signet non défini.
Tableau 6. Critères de comparaison ______________________________________________ 92
Tableau 7. Définition du niveau de correspondance _________________________________ 94
Tableau 8. Niveaux de correspondance et possibilité de trouver des concepts _____________ 94
Tableau 9. Comparaison AF/ACV _______________________________________________ 96
Tableau 10. Concepts retenus___________________________________________________ 99
Tableau 11. Liste des méthodes et réponses_______________________________________ 113
Tableau 12. Relation PCV et FS énergie _________________________________________ 125
Tableau 13. Relation PCV et FS matériau ________________________________________ 126
Tableau 14. Relation PCV et FS géométrie _______________________________________ 126
Tableau 15. Stratégie environnementale _________________________________________ 129
Tableau 16. Facteurs solution__________________________________________________ 134
Tableau 17. Identification du facteur solution à travers le critère ______________________ 135
Tableau 18. Correspondance FS et PCVa ________________________________________ 136
Tableau 19. Stratégies environnementales pour la PCVa affectée ______________________ 137
Tableau 20. Support EcoAF ___________________________________________________ 139
Tableau 21. Exemple de fiche d’analyse _________________________________________ 147
Tableau 22. Analyse de la compréhension des concepts _____________________________ 149
Tableau 23. Analyse de compréhension du mode opératoire __________________________ 149
Tableau 24. Facteurs solution où le facteur géométrie GS a été inclus __________________ 150
Tableau 25. Extrait de la création de liens critère-FS _______________________________ 150
Tableau 26. Renseignement de l’étape à travers un exemple __________________________ 151
Tableau 27. Critères d’évaluation et indicateurs ___________________________________ 154
Tableau 28. Validation des objectifs ____________________________________________ 155
Tableau 29. Exemple feuille de route____________________________________________ 156
Tableau 30. Extrait des stratégies environnementales enrichies _______________________ 156
Tableau 31. Exemple de solutions proposées par fonction ___________________________ 161
Tableau 32. Validation des objectifs ____________________________________________ 162
Tableau 33. Validation des expériences __________________________________________ 163
Tableau 34. Réponses question 2 _______________________________________________ 196
Tableau 35. Analyse fonction 0, groupe A________________________________________ 217
Tableau 36. Analyse fonction 1, groupe A________________________________________ 219
Tableau 37. Analyse fonction 2, groupe A________________________________________ 220
Tableau 38. Analyse fonction 3, groupe A________________________________________ 222
Tableau 39. Analyse fonction 4, groupe A________________________________________ 223

10
Tableau 40. Analyse fonction 5, groupe A________________________________________ 224
Tableau 41. Analyse fonction 6, groupe A________________________________________ 225
Tableau 42. Analyse fonction 7, groupe A________________________________________ 225
Tableau 43. Analyse fonction 0, groupe B ________________________________________ 226
Tableau 44. Analyse fonction 1, groupe B ________________________________________ 227
Tableau 45. Analyse fonction 2, groupe B ________________________________________ 227
Tableau 46. Analyse fonction 3, groupe B ________________________________________ 228
Tableau 47. Analyse fonction 4, groupe B ________________________________________ 228
Tableau 48. Analyse fonction 5, groupe B ________________________________________ 228
Tableau 49. Analyse fonction 6, groupe B ________________________________________ 228
Tableau 50. Analyse fonction 7, groupe B ________________________________________ 229
Tableau 51. Exemple de Cahier des Charges Fonctionnel ____________________________ 232
Tableau 52. Exemple d’assignation de FS ________________________________________ 233
Tableau 53. Facteurs solution__________________________________________________ 233
Tableau 54. Identification du facteur solution à travers le critère ______________________ 233
Tableau 55. Exemple d’assignation de PCVa _____________________________________ 235
Tableau 56. Correspondance FS et PCVa ________________________________________ 235
Tableau 57. Exemple d’assignation de stratégie environnementale_____________________ 235
Tableau 58. Stratégies environnementales pour la PCVa affectée ______________________ 236
Tableau 59. Exemple de proposition de solution ___________________________________ 237
Tableau 60. CdCF donné aux participants pour être complété ________________________ 238

11
LISTE DES FIGURES
Figure 1. Arc diagramme, domaines pertinents et contribution _________________________ 20
Figure 2. Design Research Method framework _____________________________________ 21
Figure 3. Structure du document ________________________________________________ 22
Figure 4. Consommation de ressources en kg par jour pour différentes sociétés (SERI, 2009) 28
Figure 5. Relation « variété par volume » dans les paradigmes de conception (Koren, 2010) _ 29
Figure 6. Exportations entre 1950 et 2000 en milliard de dollars, (SERI, 2009) ____________ 30
Figure 7. Construction du Barrage Trois Gorges Yangtze River, Chine, 2005 (E. Burtynski) _ 31
Figure 8. Les émissions totales de gaz à effet de serre par secteur (%) UE-27, 2009 ________ 32
Figure 9. Évolution du focus environnemental des entreprises (Åkermark, 2003) __________ 35
Figure 10. Approche générale de conception d’après Pahl et Beitz (1996) ________________ 46
Figure 11. Représentation d’Axiomatic Design de N. Suh (Parsaei et al., 1993) ___________ 47
Figure 12. GDT la conception comme matrice dans la connaissance idéale (Parsaei et al., 1993)
__________________________________________________________________________ 48
Figure 13. Application de la théorie C-K à un concept de moteur Mg-CO2 _______________ 48
Figure 14. Modèle FBS, (Gero et Kannengiesser, 2004) ______________________________ 49
Figure 15. Concept de valeur ______________________________ Erreur ! Signet non défini.
Figure 16. Phases de l’analyse fonctionnelle __________________ Erreur ! Signet non défini.
Figure 17. Éco-conception, une image plus large, Knight et Jenkins (2009) _______________ 39
Figure 18. Conception pour un développement durable (Ameta, 2009) __________________ 40
Figure 19. Principales motivations pour l’intégration de l’éco-conception selon Dewulf (2003)
__________________________________________________________________________ 40
Figure 20. Stratégie attentiste vs stratégie volontariste (Millet et al., 2003) _______________ 42
Figure 21. Exemple de flux entrants et sortants associés au cycle de vie de produit (ISO, 2002)
__________________________________________________________________________ 54
Figure 22. Étapes de l’ACV (ISO, 2006a) ____________________ Erreur ! Signet non défini.
Figure 23. Function Impact Matrix, approche pour intégrer les impacts grâce à l'utilisation
d'outils visuels (Devanathan et al., 2010) __________________________________________ 69
Figure 24. Matrice Eco-Value Analysis, (Oberender et Birkhofer, 2004) _________________ 70
Figure 25. Représentation des résultats d’Eco-VA (Oberender et Birkhofer, 2004) _________ 71
Figure 26. Profile fonctionnelle (Lagerstedt, 2003) __________________________________ 72
Figure 27. Profil environnemental (Lagerstedt, 2003) ________________________________ 73
Figure 28. Matrice éco-fonctionnelle d’un équipement de radio portative (Lagerstedt, 2003) _ 73
Figure 29. QFDE phase I d’un sèche-cheveux (Masui et al., 2001) _____________________ 75
Figure 30. QFDE phase II d’un sèche-cheveux (Masui et al., 2001) _____________________ 76
Figure 31. Déploiement du Chapitre II ______________________ Erreur ! Signet non défini.
Figure 32. Influence de l’avancée du processus de conception sur la capacité au changement de
la performance environnementale du produit (Dewulf, 2003) __________________________ 51
Figure 33. Catégorisation des outils d'éco-conception selon le type de feedback et leur moment
d’application dans le processus de conception (Dewulf, 2003) _________________________ 68
Figure 34. Niveau de maitrise de connaissances environnementales pour l’utilisation des outils
d’éco-conception (Le Pochat, 2005) _____________________________________________ 82
Figure 35. Méthodologie pour la construction du processus collaboratif _________________ 91
Figure 36. Processus collaboratif entre l’AF et l’ACV ______________________________ 103

12
Figure 37. Schéma de représentation des étapes de développement de la proposition 1 _____ 109
Figure 38. Système de produit, ISO 14040 : 2006 (ISO, 2006a) _______________________ 111
Figure 39. Choix sur les différentes phases de cycle de vie pour la réalisation de l’AF _____ 114
Figure 40. Choix d’autres phases du cycle de vie pour la réalisation de l’AF _____________ 114
Figure 41. Schéma 1 Dewulf et Duflou (2003). Schéma 2 proposition EcoAF ____________ 117
Figure 42. FBS framework, Gero et Kannengiesser (2004) ___________________________ 119
Figure 43. Modèle ontologique enrichi __________________________________________ 121
Figure 44. Méthode EcoAF par étapes ___________________________________________ 134
Figure 45. Feuille de route support EcoAF _______________________________________ 141
Figure 46. Product design influences depending on the design phases, Dewulf 2003 _______ 208
Figure 47. Schéma de répercussion de fonction depuis la phase d'utilisation _____________ 209
Figure 48. Proposition de l'étape B _____________________________________________ 210
Figure 49. Résumé graphique de la démarche à réaliser _____________________________ 232

13
SIGLES ET ACRONYMES
ACV / LCA : Analyse du Cycle de Vie / Life Cycle Assessment

ADEME : Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie

AE : Aspect Environnemental

AF : Analyse Fonctionnelle

AFNOR : Agence Française de Normalisation

AV : Analyse de la Valeur

B : Behaviour / Comportement

Be : Expected Behavior / Comportement attendu

Bs: Behaviour derived from structure

CdCF : Cahier de Charges Fonctionnel

CEN : Comité Européen de Normalisation

CK : Concept Knowledge (théorie de la conception – voir Hatchuel et Weil, 2002)

DEEE : Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques

DfX : Design for X

DRM : Design Research Methodology

Ea : Environmental aspect / Aspect Environnemental

EEA : European Environment Agency

EEE : Équipements Électriques et Électroniques

EcoAF : Méthode d’éco-conception basée sur l’analyse fonctionnelle

EN : Euronorms / Normes Européennes

ErP : Energy related Product

EuP : Energy using Product

F : Fonction

FAST : Function Analysis System Technique

FBS : Fonction, Behavior, Structure

FS : Facteur Solution

14
ICV/LCI: Inventaire de Cycle de Vie / Life Cycle Inventory

INRA : Institut National de la Recherche Agronomique

IMEDD : Ingénierie et Management de l'Environnement et du Développement Durable

IPP : Integrated Product Policy (PIP en français)

ISO : International Organization for Standardization / Organisation Internationale de


Normalisation

LCM : Life Cycle Management (MCV en français)

NF : Norme Française

ONU : Organisation des Nations Unis

PCB : polychlorobiphényles

PCV : Phase de Cycle de Vie

PCVa : Phase de Cycle de Vie affectée

PIP : Politique Intégrée des Produits

PME : Petites et Moyennes Entreprises

PSS : Product Service System

PNUE / UNEP : Programme des Nations Unies pour l'environnement / United Nations
Environment Programme

QFD : Quality Function Deployment / Développement des Fonctions Qualités

REACH : Registration, Evaluation, and Authorization of chemicals

RoHS : Reduction of Use of Certain Hazardous Substances

S : Structure

SME: Système de Management Environnemental

TIC : Technologies de l'Information et de la Communication

UF : Unité fonctionnelle

VHU : Véhicules hors d’usage

15
INTRODUCTION GENERALE

16
1 Introduction générale

L’environnement englobe l’ensemble de toutes les influences directes et indirectes


exercées sur l’être vivant et de ses relations avec le reste du monde. La protection de
l’environnement comprend l’identification des actions humaines qui l’endommagent et
met en place des actions correctives et préventives. Ces actions impliquent le monde
scientifique, pour la création des connaissances, la citoyenneté qui agit, et le monde
politique pour la prise de décisions collectives.

Du début de la révolution industrielle à la fin du XVIIIe siècle, qui se caractérise par une
croissance constante et irréversible de la production industrielle, presque deux siècles se
sont écoulés sans que la dégradation de l’environnement soit sujet à controverse (Dewulf,
2003). Cette croissance intensive a laissé des traces profondes au niveau des écosystèmes
et de l’histoire de l’humanité. Deux événements inaugurent le point de départ de la
volonté d’agir sur la planète et la mise en question des théories et des pratiques du
développement industriel et économique : la création du Programme des Nations Unies
pour l’Environnement et la publication de « The Limits to Growth » par le Club de Rome.

Grâce à un modèle de système dynamique le World3, le Club de Rome (Meadows et al.,


1972) dénonce le fait que les modèles des décideurs pour façonner le monde de demain
sont trop réductionnistes. L’interaction entre la population, la croissance industrielle et la
production des aliments n’est pas compatible avec la disponibilité à long terme des
ressources naturelles et des écosystèmes. L’opinion publique réagit et établit que la
réduction des impacts environnementaux issus des activités anthropiques est un sujet
urgent à résoudre et concerne toute la société.

Pour sa part, la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement, crée en 1972 le
Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE). La PNUE est l’entité du
système des Nations Unies désignée pour répondre aux problèmes environnementaux aux
niveaux régional et national. Le travail du PNUE comprend : l'évaluation des conditions
et tendances environnementales aux niveaux global, régional et national ; le
développement des instruments environnementaux aux niveaux national et international ;
et le renforcement des institutions pour une gestion sage de l'environnement (PNUE,
2016)

Du point de vue de l’industrie, les efforts se concentrent aujourd’hui sur la réduction des
émissions industrielles qui affectent un large éventail de domaines tels que la santé, les
déchets, la toxicité, la prévention de pollution, la prévention des accidents, le gaspillage
des ressources et des énergies, etc. En 2012, près de 20% d’émissions de gaz à effet de
serre ont été produits par le secteur industriel (8% provoqués par les processus industriels
et 10,8% par le secteur manufacturier et de construction) (EEA, 2012). Les industriels
sont donc au cœur de la problématique environnementale et leur devoir est de contribuer

17
à réduire ces émissions. Ainsi, face à ces enjeux et grâce à la création d’approches
réglementaires (Directives VHU, ErP, RoHS, DEEE, etc.), la conception de produits a
évolué vers l’éco-conception comme une voie d’amélioration de la performance
environnementale.

L’éco-conception est le sujet principal de ce projet de recherche. Au cours des dernières


années, l’obligation règlementaire pour l’intégration des contraintes environnementales
dans le développement des produits a poussé le secteur industriel à adopter des stratégies
d’éco-conception (Millet et al., 2003). L’utilisation des outils experts, comme les
méthodes d’analyse environnementale (par exemple l’ACV) et la subséquente
amélioration du produit à travers l’éco-conception, est en règle générale la stratégie la
plus utilisée par les industriels. Toutefois, cette stratégie possède des limites concernant
la PME et la création des nouveaux produits. D’une part, son adoption nécessité d’un
grand investissement en ressources financiers et humains, ressources toujours critiques
dans la PME (Feng, 2011; Le Pochat, 2005; Reyes Tatiana, 2007). D’autre part, cette
stratégie est de type « corrective », car requiert des données spécifiques d’un produit de
référence1, données qui seront ensuite réexaminées par un expert environnemental afin
de reconcevoir le produit (Devanathan et al., 2010; Sherwin et Bhamra, 1999). Dans le
scénario de la conception d’un nouveau produit, où des retours d’expérience d’évaluation
environnementale ne seraient pas disponibles, ce type de stratégie se montre inefficace.
Nos travaux sont donc centrés sur la recherche d’une approche proactive et adapté au
concepteur de la PME, un concepteur2 qui aura la mission de proposer un nouveau produit
sans l’utilisation des outils experts et sans l’intervention d’un expert environnement. Cela
implique la création d’une approche proactive pour le concepteur qui s’engage dans une
anticipation des considérations environnementales pour qu’il puisse y répondre de
manière adaptée.

Centrée sur la phase conceptuelle, la mission principale de ce travail est d’intervenir là


où les décisions du concepteur peuvent avoir la plus grande influence environnementale
sur la conception d’un produit. Un grand nombre d’auteurs convient que les premières
étapes peuvent efficacement prévenir jusqu’à 80% des impacts environnementaux du
produit (Dewulf, 2003). Cependant, il existe aussi un grand nombre d’obstacles dans
l’intégration de considérations environnementales, surtout s’il s’agit d’un nouveau

1
Produit de référence : produit existant précédent ou concurrent, possédant une fonctionnalité similaire à
celui qui est à créer (ISO, 2002a).
2
Nous utilisons le terme concepteur pour faire référence au professionnel responsable de la conception
d’un produit dans une entreprise. Ce professionnel peut être connue sous le nom de : chef produit, expert
conception, ou former partie d’un bureau d’étude. Nous nous sommes concentré sur ce métier qui s’installe
dans notre projet comme la ligne rouge du développement d’un nouveau produit et nous avons isolé son
profil pour développer une approche cohérente avec ses compétences. Cela se doit principalement au fait
que dans une PME le concepteur peut être appelé à travailler seul, mais aussi car il est fondamental dans la
création des nouveaux produits et dans la proposition des produits environnementalement responsables
(Lindahl, 2005).

18
produit. L’information sur le produit à ce stade de conception est très limitée et les
méthodes d’analyse environnementale se focalisent en général sur le produit fini, où la
possibilité du changement de sa performance environnementale est très restreinte.

Notre problématique a mis en évidence deux types de verrous. Des verrous


méthodologiques, en lien avec le manque d’une méthode pour la création des nouveaux
produits et adaptée à la phase conceptuelle. Des verrous opérationnels, en lien avec la
difficulté du concepteur de prévoir les considérations environnementales du futur produit.

Pour confronter cette problématique, notre étude vise à mettre en relation deux méthodes
existants pour la création d’une nouvelle approche. Une première méthode qui agit dans
la phase conceptuelle et qui permet la création des structures fonctionnelles : l’analyse
fonctionnelle (AF). Une deuxième méthode contenant des connaissances
environnementales qui seront exploités pour l’anticipation des considérations
environnementales : l’analyse de cycle de vie (ACV). Nous proposons un processus
collaboratif méthodologique entre ces deux méthodes pour permettre au concepteur de la
PME d’avoir un regard sur l’ampleur des éléments et des contraintes environnementales
à anticiper pour la conception d’un nouveaux produit environnementalement responsable.

1.1 Objectif

L’objectif général de ces travaux de recherche est de contribuer à la conception de


produits nouveaux dans la PME qui respectent l’environnement en limitant la dégradation
du milieu naturel et de l’homme.

1.2 Contribution

Le cadre général dans lequel s’inscrivent nos travaux de recherche est celui des sciences
de l’ingénierie en conception. La contribution principale de cette thèse se situe à la
conjonction des domaines de l’éco-conception et de la conception (Blessing et
Chakrabarti, 2009). Cela est illustré dans la Figure 1.

19
Figure 1. Arc diagramme, domaines pertinents et contribution

Afin de restreindre les champs d’investigation le cadre particulier où nous voulons


intervenir est celui d’un contexte d’entrepreneuriat de type PME. Notre approche sera
dédiée à des concepteurs en leur proposant une méthodologie environnementale et un
outil support pour éco-concevoir un nouveau produit. Nous ferons référence brièvement
aux trois éléments principaux qui seront développés plus tard dans ce manuscrit.

Concepteur : est le responsable de la conception d’un produit, en considérant une série


d’exigences et de contraintes techniques et scientifiques (Pahl and Beitz, 1996; Park and
Park, 2014). Pour plusieurs auteurs, les concepteurs jouent un rôle clé sur le
développement d’une société plus durable car leurs décisions ont une incidence sur
l’impact environnemental des produits (Åkermark, 2003; Ameta, 2009; Deutz et al.,
2013; Lagerstedt, 2003; Lindahl, 2005; Papanek, 1985).

Produit nouveau : est un produit pour lequel un concepteur ne dispose pas de produit de
référence. Cela signifie qu’il n’y a pas de retours d’expérience issus des produits existants
précédents ou concurrents ayant une fonctionnalité similaire à celui qui doit être créé
(ISO, 2002a).

PME : entreprise qui est constitué par moins de 250 personnes, et qui a un chiffre
d'affaires annuel inférieur à 50 millions d'euros (INSEE, 2015). Les PME représentent
99% des entreprises en France, 52% d’emploi et 38% du chiffre d'affaires global
(Observatoire des PME, 2015).

20
1.3 Méthodologie et structuration de recherche

La méthodologie de recherche adoptée pour nos travaux se base sur DRM, Design
Research Methodology de Blessing et Chakrabarti (2009). DRM est une méthodologie
générique et systématique destinée à améliorer la qualité de la recherche en conception.

DRM est divisé en quatre étapes : Clarification de la recherche, Étude descriptive I, Étude
prescriptive I, Étude descriptive II (Figure 2).

Figure 2. Design Research Method framework

Nous choisissons de structurer la thèse en six Chapitres en suivant les étapes DRM,
illustrés dans la Figure 3.

21
Figure 3. Structure du document

Le premier Chapitre est dédié au contexte de recherche général qui montre l’ensemble
de circonstances qui ont fait évoluer la conscience de l’opinion publique et celle des
industriels vers la préoccupation pour l’environnement. Ce chapitre montre aussi
l’ensemble des conditions dans lesquelles se positionne notre étude et qui vont justifier
son importance. Nous avons déterminé des verrous qui nous permettront de formuler le
problème de recherche.

Le deuxième Chapitre est dédié à l’état de l’art. Nous nous concentrons sur les
thématiques clés de la formulation du problème : le concept de nouveau produit, les outils
d’éco-conception basés sur la fonction et le rôle du concepteur. À partir des liens établis
entre ces sujets, nous proposons les hypothèses, tentatives de réponse à la question de
recherche.

22
Le troisième Chapitre décrit la méthodologie répondant à la question de recherche où
l’ACV et l’Analyse Fonctionnelle seront explorées de façon détaillée. Il sera réalisé une
étude comparative entre ces méthodes pour déterminer des propositions en réponse à la
problématique.

Le Chapitre IV est dédié au développement de la proposition qui répond à la


problématique et donne lieu à une méthode qui permet au concepteur d’anticiper des
considérations environnementales dans les différentes étapes de cycle de vie du produit.

Le Chapitre V présente les expérimentations nécessaires à l’amélioration de la méthode


et à sa validation. Une première expérimentation présente un cas d’étude pour tester le
support de la méthode. Deux expériences applicatives sont ensuite réalisées afin de
valider les hypothèses émises dans nos travaux de recherche.

Le dernier Chapitre correspond à la conclusion et les perspectives. Ce Chapitre,


synthétise tout d’abord les points importants du projet de recherche. Il traite ensuite les
limites de la méthode proposée et son support. Enfin les perspectives, grâce à un ensemble
d'actions envisagés ou déjà engagés, permet de poursuivre le projet de recherche.

1.4 Ressources

Cette thèse a été financée par la Région Champagne Ardenne.

Ce travail a été réalisé sous la direction de Monsieur Serge Rohmer, directeur de thèse,
enseignant chercheur du Centre de Recherches et d'Études Interdisciplinaires sur le
Développement Durable (CREIDD) de l’Université de Technologie de Troyes et de
Monsieur Hwong-Wen Ma, co-directeur, professeur de National Taiwan University
(NTU).

1.5 Choix de terminologie

Dans le domaine de conception et dans les sciences de l’environnement, il existe un


certain nombre de termes différents pour désigner une idée, un concept, une théorie, une
méthodologie. Nous avons déterminé un vocabulaire qui sera utilisé tout au long de ce
manuscrit.

Éco-conception : Le terme éco-conception possède une grande quantité de synonymes


ou de termes apparents notamment en anglais : “Design for the Environment” (DfE),
“environmental design”, “ecodesign”, “life-cycle design”, “sustainable design”, “green
design”, “life-cycle engineering”, “environmentally conscious design”. Nous utiliserons
de préférence le terme français : éco-conception.

Nouveau produit : Parmi les termes pour désigner un nouveau produit, nous pouvons
trouver aussi celui d’innovation. Comme l’innovation peut être comprise au sens large

23
comme tout objet, pratique ou idée qui paraît nouveau à l’adoptant (Boldrini, 2008), nous
avons opté pour utiliser le terme plus précis de « nouveau produit ». Le terme innovation
largement utilisé par les auteurs peut cependant apparaitre dans ce manuscrit.

Phase conceptuelle : Nous utiliserons ce terme pour faire référence à la phase


« recherche de concepts » aussi appelée en anglais « conceptual design ».

Premières étapes de conception : Les premières étapes de conception peuvent être


appelées « early design phases » ou « conception préliminaire ». Nous utiliserons plus
couramment la phrase « premières étapes de conception ».

Produit environnementalement responsable : « éco-produit », « produit vert »,


« produit plus respectueux de l’environnement », « produit écologique », « produit
écoresponsable », « produit soutenable », « environmentally friendly products » tous ces
termes sont utilisés pour désigner un produit où les impacts environnementaux ont été
réduits tout au long de leur cycle de vie. Nous avons opté pour un terme assez long
« produit environnementalement responsable », mais qui rappelle : la responsabilité
comme obligation à se porter garant des actions pour la protection de l’environnement.

24
CHAPITRE I : CONTEXTE

25
Chapitre I : CONTEXTE DE RECHERCHE

1 Vers l’établissement de l’éco-conception

Dans le contexte de recherche nous allons présenter l’ensemble des conditions dans
lesquelles se positionne notre étude et qui vont justifier son importance. Nous
introduisons ce chapitre avec la prise de conscience tardive de la dégradation de
l’environnement et l’émergence du concept de développement durable. Ensuite, nous
identifierons les causes de la prolifération des produits manufacturiers, son augmentation
constante et les conséquences sur les changements de paradigme des modes de
production, notamment en relation à la PME. Cela nous dirige vers la réglementation et
les normes existantes en matière d’environnement. De ce sujet découle l’adoption de
l’éco-conception de la part des industriels. Pour finaliser nous traiterons du rôle du
concepteur dans la PME et sa responsabilité dans la création de nouveaux produits
environnementalement responsables.

A travers la synthèse du positionnement de recherche, nous allons souligner les obstacles


les plus importants rencontrés à travers ce chapitre et qui nous permettront de formuler
notre problématique de recherche.

1.1 Impacts de l’homme sur l’environnement

L’intérêt croissant pour la limitation et la gestion d’impacts environnementaux résulte


d’une prise de conscience généralisée des problèmes environnementaux auxquels la
société et la planète sont aujourd’hui confrontés. Ainsi, la dégradation des sols, des
océans, des écosystèmes, la déforestation, la désertification, la raréfaction des énergies
fossiles et de l’eau sont les conséquences tangibles de la destruction du patrimoine naturel
de notre planète.

La préoccupation pour l’environnement est un thème qui apparait de façon tardive dans
l’histoire de l’humanité. C’est seulement à la fin de XXe siècle que ce sujet est devenu un
thème de réflexion et d’action majeure pour les pays industrialisés (Dewulf, 2003). Les
nuisances environnementales provoquées par le développement économique et industriel
ont laissé une longue liste de catastrophes d’origine humaine qui ont déstabilisé les
conditions environnementales des écosystèmes (Kaneko et al., 2014). La croissance
globale étant l’intérêt principal des économistes, des gouvernements, de l’opinion
publique et des entreprises, a relégué au second plan les conséquences à court et à long
terme de l’action de l’homme sur le milieu naturel (Yachir, 1992).

La croissance constante de la production, depuis la révolution industrielle a eu pour


conséquence la dégradation irréversible de l’environnement. Ce sont des événements clés
récents qui ont suscité l’intérêt de l’opinion publique pour la protection de

26
l’environnement. Rachel Carson (1962) publie « Un printemps silencieux », ouvrage qui
dénonce l’utilisation sans discernement de pesticides chimiques, une pratique qui avait
été encouragée par les entreprises chimiques et par le ministère de l’agriculture des États-
Unis (Davis, 2012). « Un printemps silencieux » a trouvé une résonance particulière chez
le public et a influencé au niveau mondial une nouvelle prise de conscience de la relation
entre l’environnement, la biodiversité et la santé humaine.

Plus tard, l’appel lancé par le Club de Rome en 1972 (Meadows et al., 1972), a mis sur la
table l’incommodant sujet de l’explosion démographique, les réserves limitées des
ressources naturelles et la vulnérabilité de la planète. L’avertissement est clair, la non
maîtrise du développement et de la croissance économique entraîneraient un épuisement
des ressources naturelles. Cette contestation à la théorie économique dominante qui
définit la nature comme un réservoir inépuisable de ressources, parvient aussi à
sensibiliser l’opinion publique.

Au même moment, la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement, Stockholm


1972, est le premier colloque où les problèmes entre le développement économique et la
détérioration de l’environnement ont été traités au niveau international. Après la
Conférence, les gouvernements ont mis sur pied le Programme des Nations Unies pour
l'environnement (PNUE) qui continue encore aujourd'hui à jouer un rôle de catalyseur
des mesures à prendre pour protéger l'environnement (ONU, 1997).

D’un point de vue industriel, ce sont les catastrophes écologiques (par exemple les marées
noires) et les accidents industriels (par exemple Seveso 1976, Bhopal 1984, Tchernobyl
1986, AZF Toulouse 2001) qui ont fait également évoluer la législation et la
réglementation en matière de prévention des risques technologiques et naturels.

Développement durable
Lorsque l'ONU créa, en 1983, la Commission Mondiale pour l'Environnement et le
Développement, il apparut clairement que la détérioration de l'environnement, qui
jusqu'alors était considérée comme un effet secondaire de la richesse industrielle sans
grandes conséquences, pose de graves problèmes de survie aux pays en développement
(ONU, 1997).

La Commission a élaboré lors du rapport Brundtland (ONU, 1987), le concept de


développement durable : « un développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Le
développement durable est fondé sur un équilibre dynamique entre les trois dimensions
de l’activité humaine : environnementale, économique et sociale. Il nait de la nécessité de
répondre de façon conjointe aux objectifs de protection de l’environnement et aux besoins
de satisfaction de la population.

27
Au sommet de la terre à Rio 1992, trois accords importants ont été conclus : le programme
Action 21, avec des mesures de développement durable à échelle planétaire ; la
déclaration de Rio, une série de principes définissant les droits et les responsabilités des
États ; la déclaration de principes concernant les forêts pour une gestion durable des forêts
du monde (ONU, 1997).

Les principes de développement durable (précaution, prévention, responsabilité,


pollueur-payeur, droit à l'information et équité) fondent une partie du socle de la
déclaration de Rio et illustrent les valeurs partagées par les nations s'engageant sur la voie
d'un développement durable (Didier, 2012).

Prolifération des produits manufacturiers


Dans l'histoire humaine, les sociétés ont toujours été dépendantes de l'utilisation des
ressources naturelles. Le développement culturel de l'humanité est aussi l'histoire d'une
exploitation toujours intensifiée des ressources naturelles (SERI, 2009). De l'âge de pierre
jusqu'à aujourd'hui, la consommation par habitant a augmenté d’un facteur 5 à un facteur
30 (Figure 4).

Figure 4. Consommation de ressources en kg par jour pour différentes sociétés (SERI,


2009)
e
La révolution industrielle au XVIII siècle a provoqué le changement le plus important
dans l'utilisation des ressources naturelles à ce jour. L'utilisation de combustibles fossiles,
produits au cours de millions d'années, a créé un surplus d'énergie pour les sociétés
humaines. Cet excédent est la condition préalable à la croissance économique, l'énergie
sous une forme moins chère et plus concentrée qui a permis une forte augmentation de la
production de biens et services (SERI, 2009).

Les produits manufacturiers ont ainsi proliféré en répondant à une demande de plus en
plus croissante. La conception de produits a évolué en plusieurs paradigmes en suivant
cette croissance. Ainsi au cours de deux derniers siècles Koren (2010) identifie quatre
types de paradigmes :

28
- Craft Production (la production d’artisanat) : répond spécifiquement au souhait du
consommateur. Les produits sont uniques et ils sont créés à un haut coût car ils n’ont pas
de système de production.

- Mass Production (la production en masse) : permet la conception de produits à moindre


coût grâce à la fabrication à grande échelle. Toutefois, la variété possible des produits est
très limitée. Un exemple de ce type de production est la Ford T.

- Mass Customisation (personnalisation de masse) : a été instauré dans les années 80,
lorsque la demande des clients pour la variété des produits a augmenté. Ce paradigme est
évident dans la production automobile avec la production de plusieurs modèles d’une
même série.

- Personalized production (personnalisation de la production) : les produits à fabriquer


s’adaptent aux besoins précis de l'acheteur. Un exemple de ce type de production est les
Fablabs.

Figure 5. Relation « variété par volume » dans les paradigmes de conception (Koren,
2010)

On peut observer comment le paradigme de conception a évolué vers une quantité limitée
de produits par rapport à la variété (Craft production) vers une explosion de la production
en masse (mass production) et qui revient à une quantité limitée de volume par produit à
travers la personnalisation (Personalized production) (Figure 5). L’évolution en termes
de besoins de la population est de plus en plus variée, le dernier paradigme s’impose
aujourd’hui et peut être concrétisé par exemple en systèmes de production comme les
imprimantes 3D et les « Fablab ».

29
Du point de vue du volume de production, au cours des 50 dernières années, le commerce
international des matières premières et des produits a augmenté de façon spectaculaire.
Une représentation de l’évolution est donnée par l’organisation mondiale de commerce
WTO (World Trade Organization), à travers la redistribution mondiale des ressources.
Les valeurs des échanges par rapport à l’exportation de produits manufacturés n’ont fait
qu’augmenter depuis 1950, comme l’illustre la Figure 6. Par rapport à 1950, en 2006, la
valeur des échanges était de 60 fois plus élevée pour les produits manufacturés, 10 fois
plus élevée pour les combustibles et les produits miniers, et 7 fois plus élevée pour les
produits agricoles (WTO, 2014).

Figure 6. Exportations entre 1950 et 2000 en milliard de dollars, (WTO, 2014)

La consommation de produits a augmenté en moyenne de 6% par année depuis les années


50 et les paradigmes de conception montrent comment les produits et les habitudes de
consommation sont en constant changement et évolution. Cette dynamique impose des
stratégies en termes de gestion environnementale de l’industrie. Pour faire face aux
enjeux, l’industrie a été de plus en plus contrainte à s’adapter pour améliorer ses processus
de production et pour diminuer ses nuisances vers l’environnement.

L’industrie et l’environnement
La conception est un terme appliqué à un large éventail d'activités industrielles
généralement axées sur la conception de produits. Cela comprend la production non
seulement des automobiles, des avions, des bâtiments, de l'électronique, des vêtements et
d'autres produits, mais aussi des matières premières, notamment l'acier, l'aluminium, le
béton, le bois, le charbon, le pétrole, le silicium, et les ressources énergétiques nécessaires
à leur production (Gutowski et al., 2013).

Des puissances mondiales comme l’Angleterre, l’Allemagne, les États-Unis doivent leur
place à leur solide secteur industriel tout au long du XXe siècle, pendant que les
économies émergentes comme la Chine, l’Inde, le Brésil développent aujourd’hui leur

30
secteur industriel en créant de plus en plus d’infrastructures. La conception et la
fabrication ont toujours été le « facteur clé » pour le développement et la prospérité des
nations et donc de la richesse croissante de la population. En 2013, US $ 18,3 billions du
commerce mondial sont attribués aux exportations de marchandises (Herrmann et al.,
2014).

Le coût de la fabrication et le développement industriel se traduit par une production pas


toujours consciente en termes d’épuisement de ressources naturelles, de pollution, et
d’altération du paysage (Millet et al., 2003). D’ailleurs, le secteur industriel est
responsable de près de 20% d’émissions de gaz à effet de serre (EEA, 2012) (

Figure 7 et Figure 8). Les émissions industrielles affectent un éventail de domaines tels
que la santé, l’environnement, les déchets, la toxicité, la prévention de pollution, la
prévention des accidents, le gaspillage des ressources et des énergies, etc. Les industriels
sont donc au cœur de la problématique environnementale et leur devoir est de contribuer
à réduire ces émissions.

Figure 7. Construction du Barrage Trois Gorges Yangtze River, Chine, 2005


(Burtynski)

31
Figure 8. Les émissions totales de gaz à effet de serre par secteur (%) UE-27, 2009

La conception
La conception pour Simon (1969) est l’activité intellectuelle qui conçoit des plans
d’action visant à changer les situations existantes en situations préférées. La conception
est donc l’activité qui permet la création, l’élaboration, la planification et la fabrication
d’un objet destiné à l’homme. La conception, activité de création de nouveaux concepts,
se distingue ainsi du développement qui s’attache à la définition détaillée, à la
matérialisation et à la validation des produits. Le processus pour donner naissance au
produit est selon Blessing et Chakrabarti (2009) un phénomène complexe aux multiples
facettes. Cela implique des acteurs, un produit en développement, un processus formé
d’une multitude d’activités et de procédures, une grande variété de connaissances, d'outils
et de méthodes.

À la différence de l’ingénierie, la conception est une discipline récente. Les premières


approches de conception ont été introduites peu après le début de la révolution
industrielle. Leurs principaux éléments sont l'application itérative et séquentielle des
analyses fondées sur les principes de Newton (réductionnisme, mécanisme et synthèse) à
travers les compétences intuitives du concepteur (Mistree et al., 1990).

Jusqu’aux années 60 la proposition de modèles de conception est fondée sur la


transcription de l’expérience individuelle des concepteurs en l’absence de fondements
théoriques (Blessing et Chakrabarti, 2009). Il faut atteindre jusqu’aux années ’90 pour un
élargissement dans la proposition de modèles de conception et à leur pratique (Vallet,
2012).

Le concept de « science de la conception » est popularisé par H.A. Simon à travers son
livre « Les sciences de l’artificiel » (1969). Simon attire l’attention sur le fait que les
sciences naturelles priment sur les sciences de l'artificiel malgré le rôle clé de la

32
conception comme activité professionnelle. Depuis peu les travaux de chercheurs
membres d'une ample communauté en conception ont développé les bases d'un ensemble
de connaissances qui soutient la science de la conception. Cependant, qualifier la
conception comme une science fait encore aujourd’hui partie d’un grand débat. Vries et
al. (1993) exposent qu’il existe une large gamme d’opinions qui va d’une forte conviction
du succès obtenu en utilisant une méthode scientifique (c’est le cas de Suh (1990)),
jusqu’au sentiment qu'une approche scientifique de la conception est incompatible avec
le rôle dominant de la libre créativité (c’est le cas de March (1993), Cross et al. (1981)).

Modèles et théories de conception


La création des modèles et théories en conception est le fruit de recherches prescriptives
sur le processus de conception (Bascoul, 2007). L’étude du processus de conception peut
être réalisée à travers la description de l’activité, l’observation de la réalité (entretiens
avec les concepteurs, observations et études de cas, études de protocole), la réflexion sur
des concepts fondamentaux et la théorisation (Cross, 2002).

L’objectif dans la création des modèles de conception est de proposer une méthode de la
pensée convergente pour le développement des produits. Selon Le Masson et al. (2012),
ces modèles permettent de viser une procédure fiable, qui, appuyés sur la base des
connaissances scientifiques et des règles de conception facilitent l'application de solutions
connues.

De nombreux auteurs ont créé des modèles sur les processus de conception. Cependant,
même les théories de conception les plus abstraites tirent sur la même définition
pragmatique de conception : la conception est un processus de mise en correspondance
entre les fonctions et les paramètres de conception ou de structures (Hatchuel et Weil,
2009).

Scaravetti (2004) réalise l’analyse de modèles de conception selon leur déroulement.


Dans ces modèles séquentiels, le découpage du processus est assez semblable, cela
s’explique par le besoin de segmentation du temps et de la prévision d’étapes de
validation. Sur un total de 11 modèles scientifiques et techniques, l’analyse montre que
le processus de conception est divisé le plus souvent en quatre étapes : l’analyse et
structuration du besoin (Product planning and clarifying the task), phase conceptuelle ou
recherche de concepts (conceptual design), architecture (embodiment design) et
conception détaillée (detail design).

Plusieurs auteurs font une analyse critique des modèles séquentiels ((Hatchuel et Weil,
2003; Motte, 2011) principalement par rapport à leur rigidité et à l’incertitude concernant
l’existence des étapes universelles dans le processus de conception. Lagerstedt (2003)
argumente que même si presque tous les modèles de processus de développement de
produits apparaissent sous forme de schéma séquentiel, dans la pratique, ce processus

33
n’est pas reproductible. La pratique de la conception est un processus créatif basé sur des
observations, des expériences et la pensée rationnelle. Ce processus est exécuté de
manière itérative et le résultat final dépend du processus de création individuelle du
concepteur (Lagerstedt, 2003).

Conception de nouveau produit


La conception d’un nouveau produit, ou New Product Development (NPD) est le terme
utilisé par l’ingénierie pour désigner l'ensemble du processus qui va de la création jusqu’à
la commercialisation d'un nouveau produit (Kahn et al., 2013). NPD est un domaine
complexe d'idées et d'innovations qui est étudié dans une variété d'organisations et dans
plusieurs disciplines, dont le marketing, la technologie, l'ingénierie à la recherche des
meilleures pratiques de développement de nouveaux produits (Pujari et al., 2003). Bien
que NPD propose de bonnes pratiques pour la conception des nouveaux produits, cette
démarche est un privilège des grandes entreprises. Le NPD est en effet utilisé
principalement par des entreprises qui ont un niveau assez poussé de recherche et de
développement, car cela exige de lier la science, l’innovation et la technologie avec le
marché (Hsiao et Chou, 2004).

Cependant, aujourd’hui la conception de nouveaux produits est essentielle au


développement de la PME (O’Regan et al., 2006; Tyl, 2011). Pour certains auteurs la
création de nouveaux produits est l'élément le plus important de la stratégie PME qui
permet de se positionner par rapport à ses concurrents et créer un potentiel entrepreneurial
à long terme (Boldrini, 2008). C’est ainsi que les pouvoirs publics proposent aujourd’hui
diverses projets et dispositifs de soutien à l’innovation dans les PME. C’est le cas du
projet Européen pour la Recherche et l’Innovation Horizon 2020, qui à travers le
programme "soutien à l’innovation des P.M.E." veux accompagner les PME dans leur
démarche de projets via des réseaux européens spécialisés dans le domaine de
l’innovation (European Commission, 2015).

Résumé section 1.1


Lors de cette section nous constatons d’une part que la production de produits
manufacturiers augmente de façon constante et d’autre part que les paradigmes de
conception ont évolué aujourd’hui vers la production personnalisée (Personalized
production : une quantité limitée de volume par produit qui réponde à des besoins de la
population de plus en plus variée).

Par rapport à la production personnalisée, le consommateur devient créateur et cherche


ainsi à satisfaire des besoins particuliers. Ce sont en général les PME qui grâce à leur
souplesse et réactivité, peuvent répondre le mieux à ce type de demande.

34
Cette dynamique entre l’augmentation constante et la personnalisation impose des
stratégies en termes de gestion environnementale de la PME adapté à ces deux
phénomènes.

En plus de cela, la conception de nouveaux produits s’impose aujourd’hui au


développement de la PME.

En résumé, la prolifération des produits manufacturiers, l’évolution des modes de


consommation, et les impacts environnementaux respectivement engendrés justifient
pleinement l’intérêt de positionner la PME face au nouveau rôle qu’elle doit jouer dans
la conception de nouveaux produits.

1.2 L’éco-conception

Réglementation et normes environnementales


D’après les antécédents montrés dans la section 1.1 le focus environnemental des
entreprises a dû évoluer à travers le temps (Figure 9). Les facteurs conducteurs de ce
changement sont dus à la présence d’une législation environnementale, mais aussi à la
pression exercée par le marché, par le public et le besoin de la création de produits plus
responsables (Åkermark, 2003).

Figure 9. Évolution du focus environnemental des entreprises (Åkermark, 2003)

Depuis les années 1970, l’UE a mis en place de nombreuses législations


environnementales. Le corpus des lois environnementales de l'UE – appelé également
l'acquis environnemental – est constitué aujourd'hui de près de 500 directives,
réglementations et décisions (EEA, 2015).

Pour sa part, les Normes internationales ISO, fournissent des pratiques de management
environnemental communes et comparables pour appuyer les objectifs de développement
durable des entreprises dans leur organisation, leurs produits et leurs services.

La création d’un contexte législatif (interdictions, règles de procédures, normes


d’émissions) et technique (créations de filières de collecte et des centres de valorisation,

35
etc.), les industriels ont pu se familiariser avec le concept de développement durable
(Millet et al., 2003).

Réglementation
Afin de s’inscrire dans le cadre de développement durable de l’ONU et dans la stratégie
européenne de développement durable, la France met en place la Stratégie Nationale de
Développement Durable (SNDD) en 2003 (Comité permanent du Développement
Durable, 2006). C’est l'Union Européenne qui a demandé à chacun des États-membres de
définir et de mettre en œuvre cette stratégie, afin d'établir une nouvelle réglementation
européenne uniforme en termes de directives cadres, directives et règlements (Tableau 1).

Tableau 1. Principales réglementations orientées produits (Froelich, 2013)


Principales réglementations orientées produits
Directive La directive européenne RoHS 2011/65/UE du 8 juin 2011 relative
RoHS à la limitation de l’utilisation de certaines substances dangereuses
dans les équipements électriques et électroniques. Les substances
concernées sont : plomb, mercure, cadmium, chrome hexavalent,
polybromobiphényles (PBB), polybromodiphényléthers (PBDE).
Réglementation Règlement Européen REACH Registration, evaluation and
REACH authorization of chemicals (règlement n°1907/2006). Le Règlement
REACH met en place un système intégré unique d’enregistrement,
d’évaluation et d’autorisation des substances chimiques ainsi que
les restrictions applicables à ces substances, dans l’Union
Européenne. Son objectif est d’améliorer la protection de la santé
humaine et de l’environnement, tout en maintenant la compétitivité
et en renforçant l’esprit d’innovation de l’industrie chimique
européenne.
Directive ErP La directive ErP (2009/125/CE) Energy-related Products est une
réglementation européenne qui, dans le cadre du marquage CE,
s’applique aux produits liés à l’énergie sur tout leur cycle de vie
afin d’améliorer l’efficacité énergétique et de protéger
l’environnement. Cette directive s’applique en imposant par
exemple des consommations maximales d’électricité à certains
EEE.
Responsabilité élargie du producteur
Directive VHU La directive VHU (2000/53/CE) relative aux véhicules hors
d’usage, doit conduire à concevoir des véhicules davantage
susceptibles d’être valorisés, à réduire l’utilisation de substances
dangereuses, à prévoir des solutions qui facilitent le démontage et
à promouvoir l’utilisation de matériaux recyclés
Directive La directive DEEE (2012/19/UE). Avant l’entrée en vigueur de la
DEEE directive DEEE, la prise en charge d’un produit en fin de vie était
de la responsabilité de son détenteur. Les coûts engendrés par le
traitement de ces déchets (ménagers) étaient financés par les taxes
locales et nationales. La directive DEEE transfère cette
responsabilité aux producteurs pour l’ensemble des déchets d’EEE

36
ménagers ainsi que pour les DEEE professionnels mis sur le marché
après le 13 août 2005.
Directive La directive emballage 94/62/CE fixe les caractéristiques
emballages auxquelles les emballages doivent satisfaire pour être mis sur le
marché et pose des exigences sur la réduction à la source du poids
et du volume des emballages ainsi que la réduction des substances
dangereuses, (teneur maximale en certains métaux lourds).

Normes
L’ISO, Organisation internationale de normalisation, a créé plusieurs normes dans le
domaine de l’environnement pour répondre aux besoins des entreprises, de l’industrie,
des gouvernements, des organisations non gouvernementales et des consommateurs.

Les normes ISO facilitent aux organisations l’accomplissement de leurs objectifs


environnementaux. Les principales caractéristiques des normes ISO pour
l’environnement sont : rigueur technique, adaptation aux besoins des parties prenantes,
conformité à la réglementation, l’établissement d’exigences uniformes (ISO, 2015). Un
recueil des normes pour l’environnement est présenté dans le Tableau 2.

Tableau 2. Principales Normes ISO de management environnemental (ISO, 2015)


Principales Normes ISO environnement

ISO 14001:2015 Systèmes de management environnemental (SME). Elle aide les


entreprises à la fois à mieux gérer l’impact de leurs activités sur
leur environnement et à démontrer une gestion environnementale
saine.
ISO/TS Gaz à effet de serre -- Empreinte carbone des produits -- Exigences
14067:2013 et lignes directrices pour la quantification et la communication.
ISO 14031:2013 Management environnemental -- Évaluation de la performance
environnementale -- Lignes directrices. Donne des lignes
directrices sur l’évaluation de la performance environnementale.
ISO 14006:2011 Systèmes de management environnemental -- Lignes directrices
pour intégrer l'éco-conception.
ISO 14040:2006 Management environnemental -- Analyse du cycle de vie --
Principes et cadre. Donne des lignes directrices sur les principes et
la conduite de l’analyse du cycle de vie qui permet à l’entreprise
de déceler comment réduire l’impact d’ensemble de ses produits
et services sur l’environnement.
ISO 14004:2004 Systèmes de management environnemental -- Lignes directrices
générales concernant les principes, les systèmes et les techniques
de mise en œuvre. Fournit des lignes directrices et des explications
utiles pour l’application d’ISO 14001.
ISO 14020:2002 Affichage environnemental. Concerne une série d’approches
différentes des étiquettes et déclarations environnementales, y
compris les écolabels, les auto-déclarations environnementales, et

37
les informations environnementales chiffrées sur les produits et les
services.
ISO/TR Management environnemental – Intégration des aspects
14062:2002 environnementaux dans la conception et le développement de
produit.

L’éco-conception dans l’entreprise


En raison de l’intérêt mondial de préserver l’environnement, de l’épuisement des
ressources, des réglementations et normes environnementales, l’éco-conception occupe
aujourd’hui une place importante au sein des entreprises.

Au cours des dernières décennies, une série d’événements a conduit apparition du concept
d’éco-conception (voir Chapitre I §1.1.3). Abrassart (2011) retrace l’historique grâce à
quatre types de situations d’éco-conception. Il identifie pour cela deux critères, d’une part
le mode de construction de la valeur environnementale (confinée, quand elle peut être
définie a priori dans un cahier des charges, ou exploratoire lorsque les critères sont plus
le résultat du processus de conception), et d’autre part la dimension sélective (monocritère
à une étape du cycle de vie) ou systémique (multicritère, réglée en cycle de vie) du
raisonnement d'éco-conception, pouvant être combinés.

L’éco-conception sélective et confinée, historiquement corresponde aux premières


approches d’éco-conception adoptées par les entreprises. Elle se réfère à l’éco-conception
mise en œuvre pour faire face à un type de pollution particulier en réponse à des
réglementations bien précises. Par exemple la dépollution des moteurs dans l’industrie
automobile de la fin des années 80, qui répondent aux normes Euro I à IV en matière
d’émissions atmosphériques.

L’éco-conception sélective et exploratoire correspond à l’introduction d’une seconde


étape à partir des années 1990. Elle consiste à engager des démarches exploratoires sur
des sujets moins encadrés comme la recyclabilité ou la réduction de pollution à la source
en considérant un seul critère et une seule étape de cycle de vie. Par exemple les
démarches de recyclabilité des véhicules hors d’usage, engagées par les constructeurs et
en partenariat avec des acteurs de l’industrie du recyclage.

L’éco-conception systémique et confinée, correspond aux situations de dominant design


où les objectifs de la conception sont définis et où les moyens pour les atteindre sont
connus et stabilisés. Elle s’introduit à la fin des années 90 en forme de démarche intégrée,
en utilisant l’approche cycle de vie et des outils qualitatifs permettant mieux gérer les
impacts potentielles d’un produit.

L’éco-conception systémique et exploratoire, est la forme la plus récente d’éco-


conception. Elle sert à confronter une situation où les objectifs sont à construire, les
marchés sont mal spécifiés ou les connaissances lacunaires. La démarche d’éco-

38
conception peut prendre différentes formes comme le développement d’une compétence
inédite, la création d’un besoin des consommateurs, la reconception pour l’amélioration
ou la reconversion en systèmes produits-services.

Définition de l’éco-conception
L’éco-conception appelée aussi, ecodesign, ecological design, environmental design ou
design for the environment (DfE), est définie comme l’intégration des aspects
environnementaux dans la conception et le développement de produit. L’éco-conception
consiste à intégrer l’environnement dès la conception d’un produit ou service sur
l’ensemble de leur cycle de vie (ISO, 2002a). L’éco-conception peut être comprise
comme un élargissement vers la dimension environnementale de la conception
traditionnelle (Figure 10).

Figure 10. Éco-conception, une image plus large, Knight et Jenkins (2009)

L’éco-conception est une composante du développement durable. Le développement


durable est composé de trois volets : l’environnement, les aspects sociaux et les aspects
économiques. Il convient de rappeler que l'éco-conception ne fait qu'ajouter des
considérations environnementales à la conception du produit, il ne va pas jusqu'à la
conception durable complète (Knight et Jenkins, 2009). Selon Ameta (2009) le concept
de « conception pour le développement durable » inclut l’éco-conception (DfE), mais
aussi des aspects économiques et sociales (Figure 11).

39
Figure 11. Conception pour un développement durable (Ameta, 2009)

L'éco-conception décrite par Knight et Jenkins (2009) est présentée comme un mode de
pensée et d'analyse plutôt que comme une méthode ou un outil spécifique. En pratique
cette façon de penser et d'analyser, prend la forme de diverses techniques et sont
appliquées à chaque étape du processus de conception.

Motivations de l’entreprise pour l’adoption de l’éco-conception


L’éco-conception est une réponse aux choix stratégiques que l’entreprise doit mettre en
place afin d’assurer sa croissance dans un marché évolutif et très réglementé. L’entreprise
doit constamment investir en méthodologie et en technologie afin d’améliorer le
positionnement et l’adaptation de ses produits.

Dewulf (2003) divise les motivations de l’entreprise pour l’intégration de l’éco-


conception en quatre groupes pilotés par des raisons éthiques/environnementales qui
apporteront des avantages économiques/commerciales. Les quatre groupes sont : la
législation, les bénéfices de coûts directs, les bénéfices de coûts indirects et la création de
nouveaux marchés (Figure 12).

Figure 12. Motivations pour l’intégration de l’éco-conception Dewulf (2003)

Van Hemel et Cramer (2002) classifient les motivations pour l’éco-conception en facteurs
externes et internes. Les motivations externes sont : la réglementation et lois actuelles ou
en attente, les initiatives du secteur industriel, les exigences des clients/consommateurs,

40
la pression médiatique provoquée par des groupes d’action environnementale et
application de l’éco-conception par les concurrents. Les motivations internes sont : les
bénéfices environnementaux, les bénéfices économiques/réduction de coûts,
l’amélioration de l’image, les opportunités d’innovation et l’amélioration de la qualité du
produit.

L’une des motivations la plus intéressante pour l’entreprise est le bénéfice économique.
Le problème réside alors dans la capacité d’identification de ces opportunités (Le Pochat,
2005). Dans l’étude « L’éco-conception : quels retours économiques ? » Berneman et al.
(2008), présentent les expériences de 30 entreprises qui confirment qu’il existe des
bénéfices économiques résultants de la mise en place de la démarche. L’analyse des
données montre que les résultats portant sur les retombées économiques directes
(augmentation de revenu et/ou baisse de coûts) liées à l’éco-conception sont
encourageants. Cependant, les auteurs affirment que l’adoption de la stratégie éco-
conception n’est pas forcement intéressante pour les industriels à cause du manque
d’études empiriques concernant sa rentabilité et au manque d’outils de gestion
économique pour l’environnement.

Par rapport aux stratégies d’intégration de l’éco-conception, Millet (2003), définit deux
types : l’attentiste et le volontariste (Figure 13). L’entreprise adopte en général en matière
d’environnement une stratégie « attentiste » fondée sur une approche palliative pour
réduire les impacts environnementaux. Le terme attentiste veut dire que les entreprises
adoptent l’éco-conception (ou autre démarche environnementale) quand elles sentent la
pression exercée par la législation (par exemple directive) ou par l’opinion publique (par
exemple associations de défense de l’environnement). Cette stratégie est limitée car
l’entreprise a recours à des mesures correctives de type « end of pipe » (dépollution).
Opposée à la stratégie attentiste, la stratégie volontariste est basée sur une approche
intégrative Figure 13. L’entreprise minimise les rejets et les ponctions sur le milieu
naturel produits de leur activité (Millet et al., 2003). Elle peut se préparer à l’évolution
législative future et même influencer cette évolution (Grandval et Soparnot, 2005).

41
Figure 13. Stratégie attentiste vs stratégie volontariste (Millet et al., 2003)

Conception
À la différence de l’ingénierie, la conception est une discipline récente. Les premières
approches de conception ont été introduites peu après le début de la révolution
industrielle. Leurs principaux éléments sont l'application itérative et séquentielle des
analyses fondées sur les principes de Newton (réductionnisme, mécanisme et synthèse) à
travers les compétences intuitives du concepteur (Mistree et al., 1990).

Jusqu’aux années 60 la proposition de modèles de conception est fondée sur la


transcription de l’expérience individuelle des concepteurs en l’absence de fondements
théoriques (Blessing et Chakrabarti, 2009). Il faut atteindre jusqu’aux années ’90 pour un
élargissement dans la proposition de modèles de conception et à leur pratique (Vallet,
2012).

Le concept de « science de la conception » est popularisé par H.A. Simon à travers son
livre « Les sciences de l’artificiel » (1969). Simon attire l’attention sur le fait que les
sciences naturelles priment sur les sciences de l'artificiel malgré le rôle clé de la
conception comme activité professionnelle. Depuis peu les travaux de chercheurs
membres d'une ample communauté en conception ont développé les bases d'un ensemble
de connaissances qui soutient la science de la conception. Cependant, qualifier la
conception comme une science fait encore aujourd’hui partie d’un grand débat. Vries et
al. (1993) exposent qu’il existe une large gamme d’opinions qui va d’une forte conviction
du succès obtenu en utilisant une méthode scientifique (c’est le cas de Suh (1990)),

42
jusqu’au sentiment qu'une approche scientifique de la conception est incompatible avec
le rôle dominant de la libre créativité (c’est le cas de March (1993), Cross et al. (1981)).

Définition du terme conception


La conception pour Simon (1969) est l’activité intellectuelle qui conçoit des plans
d’action visant à changer les situations existantes en situations préférées. La conception
est donc l’activité qui permet la création, l’élaboration, la planification et la fabrication
d’un objet destiné à l’homme.

L’importance de la conception est qu’elle donne naissance au produit, de façon à ce qu’il


puisse devenir une réalité physique, conforme aux souhaits exprimés (Girard, 2001). Le
processus pour donner naissance au produit est selon Blessing et Chakrabarti (2009) un
phénomène complexe aux multiples facettes. Cela implique des acteurs, un produit en
développement, un processus formé d’une multitude d’activités et de procédures, une
grande variété de connaissances, d'outils et de méthodes.

Catégories de conception
Sriram et al. (1989), classifie la conception en quatre classes : conception créative
(creative design), conception innovante (innovative design), reconception (redesign) et
conception routinière (routine design).

En conception créative, soit il n’existe pas de stratégie pour la solution du problème, soit
la stratégie est une décomposition abstraite du problème. Pour Girard (2001), dans le
cahier des charges d’un produit, la décomposition du produit n’est pas évidente et la
détermination d’un plan de recherche est nécessaire pour trouver la solution. Les
connaissances technologiques et scientifiques nécessaires ne sont pas clairement
identifiées ou maîtrisées.

En conception innovante, la décomposition du problème est connue, mais les solutions


pour chaque partie du problème n’existent pas et doivent être développées. Le concepteur
utilise des principes fondamentaux du domaine pour développer des solutions
alternatives. La proposition pourrait être une combinaison originale ou unique de
composants existants. En principe, l’innovation est planifiée et les objectifs sont
précisément définis : 21 % des innovations représentent des opportunités techniques à
saisir ; 75 % correspondent à une demande du marché, à une réponse à des innovations
des concurrents ou à des nécessités de la production ; 4 % seulement, sont les
conséquences de changements internes dans les organisations concernées (Girard, 2001).

En reconception, la modification d’un produit existant est due aux besoins des
changements ou des améliorations, cela peut être fonctionnel, de performance,
environnemental, économiques, etc. Sherwin et Bhamra (1999) définissent deux
scénarios qui peuvent conduire à la reconception : lorsque le produit a échoué en termes
de satisfaction des exigences (par exemple les exigences environnementales), ou quand

43
le milieu externe pour lequel il a été conçu change et que se présentent de nouvelles
exigences (par exemple des changements technologiques).

Dans la conception routinière, la forme du produit, sa méthode de conception et son


mode de fabrication sont bien connus (Sherwin et Bhamra, 1999). Bien que le problème
soit bien formalisé, la résolution peut s’avérer complexe de par le nombre de solutions
possibles. Contrairement aux autres types de conception, les décisions en conception
routinière sont essentiellement d’ordre technologique (Girard, 2001).

Modèles et théories de conception


La création des modèles et théories en conception est le fruit de recherches prescriptives
sur le processus de conception (Bascoul, 2007). L’étude du processus de conception peut
être réalisée à travers la description de l’activité, l’observation de la réalité (entretiens
avec les concepteurs, observations et études de cas, études de protocole), la réflexion sur
des concepts fondamentaux et la théorisation (Cross, 2002).

L’objectif dans la création des modèles de conception est de proposer une méthode de la
pensée convergente pour le développement des produits. Selon Le Masson et al. (2012),
ces modèles permettent de viser une procédure fiable, qui, appuyés sur la base des
connaissances scientifiques et des règles de conception facilitent l'application de solutions
connues.

De nombreux auteurs ont créé des modèles sur les processus de conception. Cependant,
même les théories de conception les plus abstraites tirent sur la même définition
pragmatique de conception : la conception est un processus de mise en correspondance
entre les fonctions et les paramètres de conception ou de structures (Hatchuel et Weil,
2009).

Scaravetti (2004) réalise l’analyse de modèles de conception selon leur déroulement.


Dans ces modèles séquentiels, le découpage du processus est assez semblable, cela
s’explique par le besoin de segmentation du temps et de la prévision d’étapes de
validation. Sur un total de 11 modèles scientifiques et techniques, l’analyse montre que
le processus de conception est divisé le plus souvent en quatre étapes : l’analyse et
structuration du besoin (Product planning and clarifying the task), phase conceptuelle ou
recherche de concepts (conceptual design), architecture (embodiment design) et
conception détaillée (detail design).

Plusieurs auteurs font une analyse critique des modèles séquentiels ((Hatchuel et Weil,
2003; Motte, 2011) principalement par rapport à leur rigidité et à l’incertitude concernant
l’existence des étapes universelles dans le processus de conception. Lagerstedt (2003)
argumente que même si presque tous les modèles de processus de développement de
produits apparaissent sous forme de schéma séquentiel, dans la pratique, ce processus
n’est pas reproductible. La pratique de la conception est un processus créatif basé sur des

44
observations, des expériences et la pensée rationnelle. Ce processus est exécuté de
manière itérative et le résultat final dépend du processus de création individuelle du
concepteur (Lagerstedt, 2003).

Les modèles les plus répandus dans la théorie de la conception sont brièvement expliqués
dans les paragraphes qui suivent.

Modèle de conception systématique


Le modèle systématique est une procédure organisée qui donne une base effective pour
rationaliser la conception et les procédés de production (Pahl et Beitz, 1996). Le processus
de conception est divisé en quatre étapes (Figure 14) :

1) L’analyse et structuration du besoin (Product planning and clarifying the task) :


collecte des informations en rapport avec les exigences de l’utilisateur et leur
subséquente organisation.
2) La recherche de concepts (Conceptual design) : phase de caractère fonctionnelle
où sont proposées des structures qui permettent la proposition de principes de
fonctionnement.
3) L’architecture du produit (Embodiment design) : ici le principe de solution est
mis en accord avec les exigences techniques et économiques pour la proposition
technique du produit.
4) La conception détaillée (Detail design) : phase finale où les formes, les
dimensions, les matériaux et les possibilités de production sont déterminés.

45
Figure 14. Approche générale de conception d’après Pahl et Beitz (1996)

Axiomatic design
L’axiomatic design proposé par Nam Suh (1990), utilise une méthode de matrice où sont
transformés systématiquement les besoins en exigences fonctionnelles FRs (functional
requirements), en paramètres de conception DPs (design parameters). Le FRs appartient
au domaine fonctionnel et le DPS au domaine structurel (Figure 15).

46
Des axiomes dirigent le processus d’analyse et de prise de décision pour le développement
de produits ou de systèmes. Les principes formulent la manière dont la matrice doit
satisfaire les FRs afin d’obtenir une bonne conception. Les axiomes utilisés sont :

Axiome 1 : L'indépendance. Maintenir l'indépendance des exigences


fonctionnelles (FRs).
Axiome 2 : L'information. Réduire le contenu de l'information de la conception.

Figure 15. Représentation d’Axiomatic Design de N. Suh (Parsaei et al., 1993)

L’axiomatic design rentre dans la catégorie des théories scientifiques de conception (voir
§ 1.2.2). Pour Suh, la conception comporte quatre aspects distinctifs de l'activité
scientifique : (1) La définition du problème, qui, à partir d'un éventail de faits, donne une
déclaration cohérente de la question. (2) Le processus créatif, qui permet de concevoir un
mode de réalisation physique pour proposer une solution. (3) Le processus analytique,
qui détermine si le projet de solution est correct ou rationnel. Le contrôle ultime, qui
assure la fidélité de la conception du produit aux besoins perçus à l’origine.

General design theory


Le développement de « general design theory » (GDT) Yoshikawa (1981) doit son succès
à la formulation mathématique du processus de conception et à la prescription pour le
développement de systèmes CAO. GDT est un modèle descriptif qui explique que le
processus de conception se réalise conceptuellement en manipulant des connaissances
(Parsaei et al., 1993). Le processus de conception se présente comme une matrice où des
échanges se réalisent depuis la dimension fonctionnelle vers la dimension de l’attribut de
l’objet ou produit (Figure 16). De cet échange est défini un ensemble de concepts. La
conception peut se réaliser sous deux circonstances : la conception sous la connaissance
idéale, où tous les éléments de l’objet sont connus, donc ils peuvent être décrits par des
concepts abstraits sans ambiguïté ; la conception sous la connaissance réelle, qui ne peut
pas être structurée comme une topologie parfaite et ne peut pas être manipulée par des
ressources infinies (Reich, 1995).

47
Figure 16. GDT la conception comme matrice dans la connaissance idéale (Parsaei et
al., 1993)
Théorie C-K
Introduite par Hatchuel et Weil (2003), la théorie C-K, ou concept de la connaissance, est
une théorie de la conception qui vise à fournir un cadre rigoureux, unifié et formel pour
la conception. Elle est fondée sur l’hypothèse que la conception peut être modélisée
comme l’interaction entre deux dimensions interdépendantes : la dimension de concepts
(C) et la dimension de la connaissance (K) (Figure 17). Le développement de produit
s’accompagne d’épisodes de génération d’idées qui permettent d’élargir itérativement les
champs des connaissances (K) (Vallet, 2012).

Figure 17. Application de la théorie C-K à un concept de moteur Mg-CO2

Modèle ontologique de conception FBS


Le modèle d’ontologie FBS (Function, Behaviour and Structure) de John S. Gero (2004)
diffère des modèles précédents car il est focalisé sur l’activité de la conception plutôt que
sur le résultat attendu. Il représente la manière dont le concepteur mobilise ses
connaissances et avance dans le processus de conception de façon itérative an articulant
trois catégories ontologiques : fonction (F), le comportement (B), et la structure (S). Le
modèle FBS conceptualise la conception des produits comme un ensemble de processus
qui met en relation ces trois catégories.

48
Les trois catégories de variables sont :

 Fonction (F) : décrit la téléologie de l'objet, c’est-à-dire à quoi il sert.


 Comportement (B) : décrit les attributs qui sont dérivés ou qui devraient être
dérivés de la structure (S), c'est à dire ce qu'il fait.
 Structure (S) : décrit les composants de l'objet et leurs relations, à savoir ce que
c'est.

En effet, le concepteur utilise son expérience pour construire des liens entre les trois
catégories. L’articulation se fait de la façon suivante : le concepteur attribue un
comportement attendu à la fonction, duquel découle un comportement structurel qui met
en place une structure. Selon Gero la fonction et le structure ne sont pas en relation. Ces
catégories en lien peuvent être considérées comme des états différents de conception,
Figure 18.

Figure 18. Modèle FBS, (Gero et Kannengiesser, 2004)

Premières étapes de conception


Les avantages des premières étapes du processus de conception, sont de permettre au
concepteur de déterminer les paramètres et la structure fonctionnelle d’un produit qui
affectera définitivement la performance et la qualité du produit (Umeda et al., 1995). Les
décisions de conception prises à ce stade influencent des facteurs tels que les coûts, la
performance, la fiabilité, la sécurité et les impacts environnementaux du produit (Hsu et
Woon, 1998). Elles prennent en charge 80% des caractéristiques du futur produit
(Andreasen et Hein, 1987). De ce fait, les modifications du produit dans les derniers
stades de conception ont souvent des effets marginaux sur le résultat final et ne peuvent
pas rectifier les décisions erronées (Suh, 1990).

49
Précisément la phase conceptuelle a une large influence dans le profil environnemental
du produit. Plusieurs auteurs évoquent l’importance de prendre en compte les
considérations environnementales dès les premières étapes, où des améliorations
considérables peuvent être réalisées (Alting et Legarth, 1995; Bovea et Pérez-Belis, 2012;
Dewulf et Duflou, 2005; Duflou et al., 2003; ISO, 2006a; Kaebernick et al., 2003;
Karlsson et Luttropp, 2006; Lagerstedt, 2003; Zwolinski et al., 2010). Par exemple, pour
Bovea et Pérez-Belis (2012), l’un des deux facteurs clés pour une conception durable est
l’intégration des aspects environnementaux tôt dans la conception. Dewulf et Duflou
(2006) argumentent que la prise en compte des exigences fonctionnelles dans la phase
conceptuelle, peut influencer le résultat de la conception d’un produit beaucoup plus que
n’importe quelle étape d’optimisation plus tard dans le processus de conception. Ainsi,
prendre des décisions d’éco-conception dans cette phase est selon les auteurs d’une
grande importance pour le futur profil environnemental du produit.

Pourtant, les premières étapes du processus de conception disposent de très peu


d’information sur le produit : plusieurs caractéristiques ne sont pas connues et il existe un
haut niveau d’ambiguïté (Lagerstedt, 2003). Cela conduit au dilemme décrit par Dewulf
(2003) : dans les débuts du processus de conception la liberté de conception est élevée
alors que la connaissance du produit est paradoxalement moins disponible en particulier
pour le développement de nouveaux produits. Au fur et à mesure que le processus avance,
cette liberté diminue en raison de l’augmentation des données et des connaissances du
produit. Le dilemme est que les décisions les plus importantes doivent être prises sur la
base de peu d'information combinée avec de l'intuition et de l'expérience. Inversement,
en fin de processus de conception, quand les informations du produit sont disponibles,
des décisions peuvent être prises en compte par une large gamme d’outils d’analyse
environnementale, mais la possibilité de changement du produit est très réduite. La Figure
19 permet d’illustrer ce dilemme.

50
Figure 19. Influence de l’avancée du processus de conception sur la capacité au
changement de la performance environnementale du produit (Dewulf, 2003)

Méthodes et outils et d’éco-conception


Une méthode ou outil d’éco-conception est un moyen pour les concepteurs de prendre en
compte les aspects environnementaux d’un produit, qui combine guidance, information
et connaissances (Lofthouse, 2006).

Un large éventail d’outils a été développé par la communauté scientifique et l’industrie,


une revue de littérature réalisée par Baumann et al. (2002) a permis d’identifier plus de
150 outils, déjà disponibles à l’époque. Malheureusement de nombreuses entreprises et
institutions impliquées dans l'environnement et la durabilité ont tendance à développer un
nouvel outil plutôt que d'appliquer celui qui existe déjà. Ainsi, malgré le grand nombre
d'outils, seuls quelques-uns ont fait une percée significative à ce jour (Ammenberg et
Sundin, 2005).

Les outils et méthodes ont été classifiés dans la littérature selon la nature de l’objectif
recherché : outils d’analyse, outils de comparaison, outils prescriptifs ; selon la nature des
données d’entrée : qualitatifs et quantitatifs, etc.

Bovea et Pérez-Belis (2012) proposent par exemple :

 méthodes et outils d’évaluation environnementale ;


 méthodes et outils qualitatifs ;
 méthodes et outils pour l’intégration des considérations environnementales dans
le processus de conception.

Nous adoptons cette classification pour une description détaillée dans le paragraphe
suivante. Cependant nous commençons avec la Norme ISO/TR 14062, norme essentielle
pour l’application de l’éco-conception.

51
Les mots « outils » ou « méthodes », sont des termes pour lesquelles les concepteurs ne
font pas de distinction (Vallet, 2012), dans ce manuscrit nous utiliserons le terme auquel
les auteurs font référence dans leurs travaux respectifs.

Norme ISO/TR 14062


En Europe la législation pour l’environnement a permis de faire évoluer la conception de
produits vers l’éco-conception comme une voie d’amélioration de la performance
environnementale des produits. En termes de normes, c’est avec la parution de la norme
ISO/TR 14062 en 2002 que les concepts d’éco-conception ont été posés au niveau
international (ADEME, 2015).

La norme ISO/TR 14062:2002 Management environnemental – Intégration des aspects


environnementaux dans la conception et le développement de produit (ISO, 2002a), est
destinée aux organismes qui veulent identifier les aspects environnementaux significatifs
de leurs produits et établir des stratégies pour les maitriser. Cette norme a pour objectif la
réduction des impacts environnementaux négatifs des produits tout au long de leur cycle
de vie.

Les points communément traités sur l’intégration des aspects environnementaux dans la
conception et le développement, selon la norme sont :

 la prise en compte très tôt des aspects environnementaux ;


 l’analyse du cycle de vie du produit ;
 la fonctionnalité en termes d'aptitude à l'usage, de durée de vie effective, l'aspect
visuel, etc. ;
 l’approche multicritères ou la prise en compte de tous les aspects
environnementaux ;
 le compromis, c'est-à-dire la recherche de solutions optimales.

La norme ISO/TR 14062 ne définit pas une approche standard d’intégration des aspects
environnementaux étant donné la différence et l’éventail d’approches et d’outils que
chaque entreprise utilise. Cependant, elle suggère une structure générale qui prévoit les
étapes suivantes :

1) Planification : la première étape consiste à relever et hiérarchiser les faits selon


ses avantages et leur faisabilité. Ensuite les replacer dans la stratégie de
l’organisme, envisager les aspects environnementaux, analyser les facteurs
externes et choisir les approches de conception environnementales appropriées,
vérifier l’approche choisie en fonction des enjeux fondamentaux et faire l’analyse
environnementale d’un produit de référence.
2) Conception préliminaire : la conception préliminaire comprend la réalisation
d’analyses orientées cycle de vie, la formulation de cibles mesurables, la
définition d’une conception préliminaire, le respect des exigences

52
environnementales, intégrer le tout dans les spécifications et tenir compte des
résultats de l’analyse environnementale du produit de référence.
3) Conception détaillée : il s’agit dans cette étape d’appliquer les approches de
conception et de finaliser les spécifications du produit en incluant les
considérations sur le cycle de vie.
4) Essais/prototype : vérifier les spécifications par des essais sur les prototypes et
examiner les considérations sur le cycle de vie.
5) Production, lancement sur le marché : dans cette étape il faut prendre en compte
les informations sur les aspects environnementaux, l’utilisation recommandée et
l’élimination du produit. Envisager une éventuelle déclaration environnementale
et ses exigences.
6) Revue du produit : l’évaluation des expériences, des aspects environnementaux et
des impacts est prévue pour cette étape.

Méthodes et outils quantitatives


Ces techniques ont un caractère quantitatif et se focalisent en général sur une évaluation
d’impacts qui a pour objectif d’informer le concepteur sur le profil environnemental
détaillé d'un produit. Leur utilisation est prise en charge par des logiciels intégrés, des
bases de données qui prennent en charge des types de matériaux, d’énergie et des procédés
de production.

Elles s’appliquent à un stade tardif de développement du produit, c’est-à-dire quand


toutes les informations du produit sont disponibles. Duflou et al. (2003), estiment que
leur efficacité est limitée par la nécessité des données d’entrée détaillées, généralement
indisponibles dans les premières phases de conception.

La plus répandue des méthodes d’évaluation environnementale est l’analyse du cycle de


vie (ACV) (ISO, 2006a). Des méthodes de la même catégorie ont été développées comme
par exemple : Oil Point Method (Bey et al., 1999); Streamlined LCA (SLCA) (Bennett
and Graedel, 2000); Quantitative techniques Environmental Indicators (Navinchandra,
1991).

Analyse de cycle de vie


D’un point de vue opérationnel, lorsque les ingénieurs, concepteurs ou experts de
l'environnement veulent améliorer le profil environnemental de produits, ils considèrent
généralement l’approche de cycle de vie. Autrement dit, ils dirigent leur attention non
seulement à la composition ou à l’utilisation d’énergie du produit, mais à l'ensemble du
cycle de vie du produit, des matières premières à la fin de vie (Heiskanen, 2002).

La perspective cycle de vie est considérée comme un bon moyen d'améliorer l’efficacité
environnementale des produits (Hauschild et al., 1999).

53
La conception basée sur le cycle de vie dépend des choix par rapport à la conception du
produit, à la structure, aux matériaux et aux processus qui affecteront chacune des phases
du cycle de vie (Alting et Legarth, 1995). Ainsi, la gestion des phases du cycle de vie
comme moyen de prévention des impacts environnementaux implique de se poser toute
une série de questions liées à la performance environnementale des produits. Cela
comprend de choisir des matériaux avec un impact faible d’extraction, de se préoccuper
sur la performance environnementale du processus de production, de prendre des
décisions sur les moyens de transport, sur une performance environnementale d'utilisation
optimale, y compris l’entretien, et de planifier la sorte des produits en fin de vie (Jeswiet
et Hauschild, 2005).

Le cycle de vie est un des concepts clés de la méthode d’analyse de cycle de vie (ACV).
C’est grâce au cycle de vie que l’ACV devient un outil holistique complet et unique pour
évaluer le choix des ressources fait dans le développement de produits et les conséquences
sur l'environnement. Les flux entrants et sortants par phase de cycle de vie sont les
responsables de la création d’impacts environnementaux. Cela est illustré dans la Figure
20.

Figure 20. Exemple de flux entrants et sortants associés au cycle de vie de produit (ISO,
2002a)

L’analyse du cycle de vie est l’une des méthodes d'environnement la plus largement
utilisée par les entreprises et par la communauté scientifique (Gauthier, 2005; Lagerstedt
et al., 2003). Cette méthode structurée et systématique, permet d’estimer les impacts

54
environnementaux associés aux flux de matières et d’énergie d’un produit, lorsque toutes
les données matérielles et énergétiques sont disponibles.

L'ACV est définie par la série de la norme ISO 14040 comme une compilation et
évaluation des entrants et des sortants, ainsi que des impacts potentiels environnementaux
d’un système de produits au cours de son cycle de vie (ISO, 2006a). Elle utilise l’Unité
Fonctionnelle (UF), qui représente une quantification de la fonction d’un produit. C’est à
partir de cette unité qu’il sera possible de réaliser une comparaison environnementale de
produits a priori différents. Le cycle de vie comprend toutes les étapes de vie d’un produit,
de l'extraction et de l'acquisition de la matière première, à l'utilisation, au traitement en
fin de vie et à l'élimination finale des déchets en passant par la production d'énergie et de
matière et la fabrication (ISO, 2006a).

L’ACV prend en considération tous les attributs ou aspects de l'environnement naturel,


de la santé humaine et des ressources. En considérant, en une seule étude et dans une
perspective transversale, tous ces attributs ou aspects, on peut identifier et évaluer les
compromis possibles (ISO, 2006a). La méthodologie ACV est aujourd'hui capable de
traiter la plupart des problèmes d'allocation provoquées par l'approche de l'unité
fonctionnelle lorsque les systèmes de produits relativement homogènes sont à l'étude.

L’ACV en entreprise
L’importance de l’ACV selon Millet et al. (2006) réside dans son appréciation par le
monde industriel, où de nombreux utilisateurs (consultants, fabricants, chercheurs et
institutions) affirment que l'ACV est l'outil le plus efficace pour évaluer les impacts
environnementaux dans le processus de conception du produit. Cette popularité est due
au fait qu’elle a été élaborée afin de répondre aux besoins spécifiques des entreprises
cherchant à respecter l'environnement tout en développant et en améliorant leurs produits
(Gauthier, 2005). Elle permet de rationaliser une réalité complexe à travers un support
informatisé qui regroupe des bases de données et des méthodes de calcul (Millet et al.,
2006).

L’ACV présente des limites amplement discutées dans la littérature scientifique. L’article
« A survey of unresolved problems in life cycle assessment” (Reap et al., 2008),
rassemble et classifie les problèmes survenus lors de la « définition d’objectifs et du
champ de l’étude » et des « phases de l’inventaire ». Les problèmes concernent
principalement : le manque de précision de l’unité fonctionnelle par rapport à
l’équivalence entre les systèmes à comparer ; la sélection de limites appropriées à l’étude
qui peut ne pas refléter la réalité et ainsi conduire à des comparaisons et des interprétations
erronées ; l’exclusion des impacts économiques et sociaux dans l'ACV ; le problème
d'allocation quand il s’agit d'associer précisément les flux d'un processus multifonctionnel
à chacune des fonctions ou des produits en cours d'évaluation, entre autres.

55
Un autre obstacle important associé à l'application de l’ACV est que la méthode n’est pas
orientée conception. L’ACV a été développée pour analyser les impacts
environnementaux de la structure et l’utilisation du produit, et non pour inclure des
aspects environnementaux associés à des fonctions basées sur les exigences des clients
(Devanathan et al., 2010).

Outre cela, la difficulté de l’utilisation de l’ACV est aussi un point discuté, car c’est un
outil destiné à des experts. Pour Le Pochat et al. (2007), l’ACV est un outil d’expert dans
la mesure où des connaissances et des compétences spécifiques sont nécessaires pour
l’utiliser. Pour ces raisons, l’ACV est perçue comme une méthode difficilement
appropriable par les entreprises, notamment PME, et peu compatible avec les besoins des
concepteurs (Tyl, 2011).

Enfin, une des limites la plus répandue dans la littérature est que la démarche ACV est
chronophage et coûteuse. Même si le temps de réalisation d’une étude ACV dépend de la
complexité et de la disponibilité des données, une ACV détaillée est très longue et
coûteuse (Devanathan et al., 2010; Dewulf and Duflou, 2006; Hur et al., 2005;
Kaebernick et al., 2003). Pour Tsilingiridis et al. (2004), ces difficultés rendent les études
approfondies improductives. Les auteurs argumentent que la conception des produits
respectueux de l'environnement nécessite un coût cohérent dans lequel les aspects
environnementaux devront être pris en compte dès la première étape de conception
« l’analyse et structuration du besoin ».

Méthodes et outils qualitatifs


Nous considérons ici les techniques de caractère qualitatif. À la différence des
techniques d’évaluation environnementale, ce type de technique n’a pas besoin
d’informations détaillées et certains d’entre eux peuvent être intégrés au processus
de conception. Ils sont utilisables de façon plus simple et plus rapide que les précédents
et offrent des avantages dans des situations où les propriétés environnementales du
produit sont plus évidentes (Bovea et Pérez-Belis, 2012).

Cependant, ce type de technique est qualifié par certain auteurs comme peu fiable. Pour
Devanathan et al. (2010), ils sont trop qualitatifs pour offrir des solutions concrètes et
pas assez efficaces pour les concepteurs ayant une expérience limitée. Zwolinski et al.
(2010) argumentent qu’ils peuvent signifier une perte de temps s’ils ne sont pas
correctement utilisés.

Certains outils donnent des pistes d’amélioration qui proviennent des résultats des
méthodes d’évaluation environnementale. Ainsi par exemple les guidelines compilent des
recommandations qui proviennent des résultats des méthodes d’évaluation où des
caractéristiques ont été répertoriées pour donner vie à un produit moins impactant.

Dans ce groupe nous pouvons identifier : guidelines, checklist et matrices.

56
Guidelines
Les outils les moins précis, mais les plus rapides en termes d’application sont les
guidelines (Abele et al., 2005). Ils sont définis par Knight et Jenkins (2009) comme
apportant un soutien aux concepteurs avec peu de détails, mais applicables soit dans
l’ensemble du processus de développement du produit, soit dans des étapes clés de la vie
d’un produit (comment par exemple en « design for x » : conception pour le recyclage,
pour l’assemblage, pour l’optimisation de la durée de vie, etc.). Les guidelines sont
génériques, cela veut dire qu’elles sont plus étendues et moins ciblées, comme par
exemple : l’outil multimedia Ecodesig PILOT (Product Investigation, Learning and
Optimization Tool) (Wimmer et al., 2002) The Ten Golden Rules (Luttropp et Lagerstedt,
2006), Guidelines d’Eco-conception Packaging Yves Rocher France (AFNOR, 2007).

Checklist
Les checklists sont plus vastes et plus complètes que les guidelines. Une série de questions
est formulée pour aider le concepteur à travailler d’une façon plus systématique pour
aborder les questions environnementales au cours du processus de conception (Bovea et
Pérez-Belis, 2012). Ce sont les entreprises qui ont développé selon leurs besoins des
checklist. Nous trouvons par exemple : “Philip Fast Five Awareness” (Meinders, 1997),
Kodak (Betz et Vogl, 1996), EcoDesign Checklist method (Wimmer, 1999) et AT&T
(Keoleian et al., 1995).

Matrices
Les matrices constituent un groupe important d'outils de réflexion du cycle de vie. Le but
de ces techniques est de trouver les problèmes environnementaux les plus importants au
cours du cycle de vie d'un produit, qui vont être utilisés pour définir différentes stratégies
d’éco-conception. Elles mettent en général en jeu deux dimensions : la première
représente les étapes du cycle de vie et la deuxième les aspects environnementaux
(Dewulf, 2003). Chaque cellule de la matrice doit être analysée par rapport aux aspects
environnementaux. Des listes de contrôle sont développées pour classer les critères
d’impacts (très impactant, peu impactant, etc.). Parmi les matrices, nous trouvons : MET-
matrix (Brezet et al., 1997), Matrix Element Checklist for ERP (Graedel et Allenby,
1996), DFE Matrix (Johnson et Gay, 1995).

Méthodes pour l’intégration des considérations environnementales dans le processus


de conception
Nous allons parler des outils pour l’intégration des considérations environnementales
étant donné qu’ils sont les plus appropriés à l’intégration de considérations
environnementales durant le processus de conception. Ces outils se distinguent car sont
basées sur de techniques de conception déjà existantes qui ont été adaptées dans le but
d’intégrer des considérations environnementales (Bovea and Pérez-Belis, 2012). Chaque
technique a une application différente selon le critère pris en compte : la qualité, les coûts,
l’influence des utilisateurs, l’analyse de défaillance, la fonction vs la valeur, etc.

57
Nous trouvons dans cette catégorie :, House of Ecology (HoE) (Halog et al., 2001) ; Eco-
Re-Design (Bovea et Wang, 2007) ; Environmental Failure Mode Effects Analysis (E-
FMEA) (Nielsson et al., 1998), etc. Les méthodes et outils centrés sur la fonction tels que
Function Impact Matrix (Devanathan et al., 2010) , Eco-Value Analysis (Eco-VA)
(Oberender et Birkhofer, 2004), Eco-functional Matrix (Lagerstedt, 2003) et Quality
Function Deployment for Environment (QFDE) (Masui et al., 2001), appartiennent à cette
catégorie et seront détaillés dans les paragraphes suivantes.

Nous soulignons dans cette catégorie les méthodes et outils centrés sur la fonction, qui
sont utilisables lors de premières étapes de conception. Ces méthodes et outils mettent en
relation les fonctions du produit avec l’impact environnemental de façon qualitative ou
semi quantitative, comme par exemple Function Impact Matrix, Eco-Value Analysis,
Eco-Functional Matrix et Quality Function Deployment for Environment (QFDE),
détaillés ci-après.

Intégration de l’éco-conception dans la PME


L’éco-conception est principalement une affaire de l’industrie manufacturière. En général
elle est intégrée dans de « grandes entreprises » (ADEME, 2014). Cette intégration
dépend de divers facteurs : la taille, le niveau de développement, les produits qui sont
développés, la situation géographique, etc.

Concernant la taille, Le Pochat (2005), qui reprend le travail de Johansson (2000) et


Tukker et Eder (2000), signale que ce sont les grandes entreprises qui ont le plus recours
à l’éco-conception, en contraste au rôle limité des PME.

Concernant le niveau de développement, les entreprises qui ont l’avantage en matière de


pratique d’éco-conception sont celles qui pratiquent le « dominant design » et la
conception réglée (voir § 1.2.2) (Abrassart, 2011).

Pour les produits développés, il y a des secteurs qui sont plus touchés que d’autres par la
réglementation, comme par exemple l’automobile et les EEE.

Enfin, pour la situation géographique, c’est la législation qui est le moteur principal dans
les motivations des entreprises pour démarrer une démarche environnementale, et il varie
selon la région du globe (Kozemjakin, 2014). Cette situation fait que la pratique de l’éco-
conception est concentrée principalement dans les entreprises de pays développés.

Selon Abrassart (2011), les entreprises qui intègrent le mieux l’éco-conception


aujourd’hui dans le développement de leurs produits sont les grandes entreprises car elles
utilisent principalement la conception réglée. La conception réglée est appliquée dans des
secteurs industriels où les objectifs sont bien définis, les moyens pour les atteindre sont
stabilisés, les connaissances sont disponibles et les processus sont routiniers. Le
renouvèlement de produits répond aux projets de développement. Ainsi s'appuyant sur

58
des logiques de transfert de connaissances, de l’aide à la décision et des systèmes de
management de la qualité, les experts de l'éco-conception peuvent inscrire leurs
démarches dans les processus de conception réglée. Dans cette organisation industrielle,
l’intégration des considérations environnementales se réalise généralement grâce à la
connaissance des impacts du produit. Le produit de référence est soumis à une étude
de cycle de vie qui fournit les impacts du produit tout au long du cycle de vie.
L’expert éco-conception sait alors dans quelle(s) étape(s) du cycle de vie il doit agir
pour améliorer le profil environnemental du produit. Cette façon de procéder
implique donc l’attente d’un feedback d’impacts du produit qui provient de la
réalisation d’une analyse environnementale.

La difficulté d’intégration de l’éco-conception dans la PME, se doit principalement à un


manque certain de stratégies cohérentes dediées à ce type d’organisation qui ont des
ressources humaines et financières limitées (Le Pochat, 2005). Feng (2011) argumente
qu’il y a plusieurs freins à l’intégration de l’éco-conception dans l’entreprise :

 Les ressources : les PME sont généralement considérées comme étant à court de
ressources, notamment financières, et une telle initiative a besoin d’un soutien
économique pour être mise en place.
 La gestion : les actionnaires-gestionnaires ont un grand pouvoir en termes de prise
décision dans les PME y compris les décisions environnementales. Ils ne sont pas
forcément sensibles à ce sujet et ce manque de sensibilité provoque : l’ignorance
des impacts environnementaux de leurs entreprises ; l’indisponibilité des outils
adaptés à la réduction d’impacts ; une résistance à l’adoption d’une démarche qui
implique l’investissement de temps et de ressources ; un scepticisme sur les
avantages économiques d’une telle démarche.
 L’organisation : les PME sont généralement considérées comme limitées en
termes de capacités d’adaptation. Ce manque impacte leurs capacités
d'apprentissage essentielles concernant l’identification, l’assimilation, la
transformation et l’exploitation des connaissances environnementales nécessaires
à réussir l’adoption d’une stratégie éco-conception,

En dehors des obstacles organitationnels et économiques Le Pochat (2005) précise que


les outils d’éco-conception sont conçus pour être utilisés par des experts, raison pour
laquelle ils ne participents pas à une intégration pérenne dans les PME. Plus radical,
Dewulf (2003) argumente que l’utilisation d’outils conçus pour les experts n’est pas
envisageable dans une PME.

Résumé de la section 1.2


Nous devons mettre en lumière plusieurs points tout au long de la section 1.2. Tout
d’abord concernant la norme ISO/TR 14062:2002 qui met en avant le caractère proactif
de l’approche d’éco-conception. En effet « l'intégration des aspects environnementaux

59
dans la conception et le développement de produit, vise à éviter les impacts
environnementaux négatifs avant qu'ils ne se produisent. Elle offre une occasion
systématique d'anticiper les problèmes susceptibles de se poser tout au long le cycle de
vie des produits et d'en déterminer les solutions ». Cette caractéristique est souvent en
contradiction avec les méthodes nécessaires à l’application de l’éco-conception. En effet,
les produits sont en général soumis à une analyse environnementale qui permet
d’améliorer à travers un feedback les produits de la prochaine génération. La proactivité
mise en avant par la norme ne peut pas être appliquée sur un produit nouveau, où les
informations du futur produit ne sont pas disponibles.

En plus de cela, nous avons vu que l’éco-conception est une stratégie des grandes
entreprises car elles ont les moyens pour investir et peuvent l’appliquer grâce à
l’utilisation de la conception réglée. En termes méthodologiques, et en particulier les
méthodes quantitatives, l’ACV est celle qui est la plus répandue, elle rentre dans la
catégorie des méthodes/outils d’experts. Comme nous avons pu le voir, ces outils experts
ne peuvent pas être utilisés dans la PME étant donné l’important investissement
nécessaire à leur acquisition, et au besoin d’un expert environnement pour les utiliser. A
la différence des méthodes quantitatives, les méthodes qualitatives semblent les plus
adaptées à être utilisées par une PME, elles ne nécessitent pas de flux d’informations
aussi détaillées que pour une ACV complète.

Nous avons vu aussi lors de cette section qu’une des étapes les plus propices pour
l’intégration de considérations environnementales est la phase conceptuelle, au début du
processus de conception. Nous retenons cette idée étant donné que la conception d’un
produit nouveau commence par la proposition de concepts, étape qui pourrait être
exploitée pour l’intégration de considérations environnementales.

Enfin, nous avons vu les types d’outils d’éco-conception disponibles.

En résumé, nous constatons tout au long de cette section le besoin de fournir une méthode
proactive et adaptée à la PME, permettant d’intégrer des considérations
environnementales au début du processus de conception d’un nouveau produit. Ce besoin
justifie encore une fois le positionnement de cette étude.

60
1.3 Le rôle environnemental du concepteur

Dans la PME les activités de conception de produits nouveaux sont en général assistés
par une ou deux personnes spécialisées dans le métier de conception (Boldrini, 2008).
Ces spécialistes peuvent appartenir à un bureau d’études, ou travailler directement dans
la PME.

Dans le processus de conception d’un produit, le concepteur doit considérer une série
d’exigences et de contraintes. En général les contraintes sont imposées par le matériel, la
technologie, l’économie, les considérations règlementaires, les considérations liées à
l’homme, etc., (Pahl et Beitz 1996). Le concepteur possède de multiples connaissances
qui lui permettent de faire face aux décisions du processus de conception au fur et à
mesure que le développement d’un produit avance3.

Plusieurs auteurs admettent l’importance du concepteur dans les sujets d’ordre


environnemental en relation avec le développement de produits. Victor Papanek (1985),
pionnier dans la théorie de la conception responsable d’un point de vue social et
environnemental, argumente que la conception est devenue l'outil le plus puissant qui
permet à l’homme de façonner ses environnements et ses outils. Pour l’auteur, cet
exercice exige une grande responsabilité sociale et morale du concepteur. Pour Åkermark
(2003), les concepteurs ont une grande influence dans le développement d’une société
plus durable, car leurs décisions ont une incidence sur l’impact environnemental des
produits. Du point de vue de Lagerstedt (2003), les concepteurs ont un rôle clé dans
l'adaptation des produits à une société plus durable.

Bien que les concepteurs semblent avoir le potentiel pour éco-concevoir des produits,
leurs connaissances d’ordre environnemental liées au produit (éco-conception, analyse
environnementale, management environnemental du produit, etc.) ne sont pas assez
développées. Les concepteurs ont généralement une attitude positive à l'égard de
l'environnement, cependant, ils ne sont pas des « experts environnement » (Lofthouse,
2004). Leurs connaissances générales des questions environnementales ont comme
conséquence un manque de compréhension de l'impact potentiel de leurs produits
(Akermark, 1999; Deutz et al., 2013; Dewulf, 2003). Dewulf (2003) constate ce manque
dans le domaine de l’éco-conception, où les concepteurs font défaut d’expérience et
d’intuition pertinente. Les concepteurs ne sont pas non plus en condition de se servir de
l’ACV. Cette méthode a été développée pour des experts dans la mesure où des

3
Les connaissances peuvent être de type : sciences de l’ingénieur (mécanique, l’électronique, la
technologie des matériaux, etc.) ; sciences exactes (mathématiques, physique, chimique) ; sciences des
systèmes en équilibre (thermodynamique, hydrodynamique) ; sciences humaines et sociales (anthropologie,
psychologie, ergonomie, sociologie, géographie, économie) ; etc.

61
connaissances et des compétences spécifiques sont nécessaires à son utilisation (Le
Pochat, 2005).

Résumé section 1.3


Le concepteur a une grande responsabilité dans la PME car il doit concevoir des produits
nouveaux qui nécessitent d’importantes connaissances pluritechnologiques et
environnementales. Nous allons prendre en compte le rôle du concepteur comme
principal utilisateur, responsable, acteur, sujet, cible de la méthode d’intégration de
considérations environnementale dans la conception d’un nouveau produit. Nous avons
constaté dans cette section que les outils d’éco-conception ne sont pas appropriés au
contexte du travail du concepteur. Ce manque justifie aussi le positionnement de notre
étude.

62
2 Synthèse du positionnement de recherche

Nous avons vu lors de cette section différents facteurs qui justifient l’importance de notre
étude :

Tout d’abord nous avons constaté que l’augmentation de produits manufacturiers est
constante et que l’évolution de paradigmes de production (Personalized production)
donnent aujourd’hui une place privilégiée à la PME concernant la conception de
nouveaux produits.

Malgré la place privilégiée qu’acquière la PME, nous avons malheureusement constaté


que les méthodes et outils d’éco-conception ne sont pas adaptés à ce type de structure. En
plus de cela, les outils s’appliquent généralement une fois que le produit a été développé,
en opposition au caractère proactif préconisé par la norme ISO 14062.

Nous avons constaté aussi la responsabilité du concepteur dans la PME. En effet, le


concepteur a une grande influence dans le développement des produits
environnementalement responsables car ses décisions ont une incidence directe sur
l’impact environnemental des produits. Malheureusement, le concepteur manque de
compétences dans le domaine environnemental, il est donc essentiel de lui apporter du
soutien.

Suite à ces constats, nous avons établi que la motivation principale de cette étude est de
soutenir le concepteur au sein d’une PME dans la création de nouveaux produits éco-
conçus.

Les obstacles que nous avons pu faire émerger dans le contexte de recherche, et qui sont
selon nous les plus importants seront présentés dans la section suivante Ils serviront à
définir les verrous auxquels nous sommes confrontés, et permettront de présenter la
problématique de recherche. Le premier verrou fait référence à l’intégration des
considérations environnementales dans la création d’un nouveau produit. Le deuxième
est en lien avec les outils d’éco-conception qui se montrent inefficaces en relation à leur
intégration dans le processus de conception. Le troisième est lié au concepteur et son
manque de compétences pour proposer des produits durables.

63
3 Formulation de la problématique de recherche

Dans le contexte de recherche, nous avons vu que l’évolution des méthodes de conception
vers l’éco-conception permet aujourd’hui de se poser les bonnes questions pour maitriser
les pollutions et nuisances environnementales. Cependant, il existe plusieurs obstacles
qui empêchent d’intégrer les considérations environnementales dans le processus de
conception de nouveaux produits dans une structure de type PME.

Verrou 1 : dans le cas d’un nouveau produit, l’absence de données du produit a pour
conséquence l’absence de données environnementales qui entrave la mise en place d’une
stratégie d’éco-conception du produit.

Verrou 2 : les méthodes d’éco-conception en général ne sont pas adaptées pour prendre
en compte des considérations environnementales dans le processus de conception de
nouveaux produits, car elles sont de type correctif et dépendent d’un feedback
environnemental.

Verrou 3 : les connaissances du concepteur dans le domaine environnemental sont trop


générales et les méthodes et outils actuels d’éco-conception sont inappropriés au contexte
de travail du concepteur qui ne possède pas d’expertise environnementale pour les utiliser.

Les verrous 1 et 2 se focalisent sur des difficultés méthodologiques rencontrées


principalement lors des premières étapes de conception d’un nouveau produit en relation
à l’anticipation de considérations environnementales : absence de données du produit,
absence d’information sur le produit nouveau et absence de méthodes et d’outils d’éco-
conception qui puissent confronter ces manques. Le verrou 3 se focalise sur l’aspect
opérationnel en termes de compétences du concepteur et sur les méthodes et d’outils que
ne sont pas adaptés à son contexte de travail. La question de recherche qui a été construite
en prenant en compte les verrous 1, 2 et 3 est la suivante :

Question de recherche : Peut-on fournir au concepteur une méthode capable


d’anticiper les considérations environnementales nécessaires à l’éco-conception d’un
nouveau produit et assimilable à ses pratiques ?

64
4 Résumé Chapitre I

Le Chapitre I traite tout d’abord de la présentation de l’ensemble des conditions dans


lesquelles se positionne notre étude. Cet ensemble de conditions permet de justifier le
besoin et l’importance de nos travaux de recherche.

La formulation du problème prend en compte les verrous qui ont été détectés lors du
contexte de recherche. Les verrous qui sont à l’origine de notre problématique de
recherche sont en relation avec les difficultés d’intégrer des considérations
environnementales lors de la conception d’un nouveau produit, difficulté à laquelle
s’ajoute l’inefficacité et le manque de proactivité des outils d’éco-conception et un
manque de compétences environnementales du concepteur.

La problématique qui a été construite à partir de verrous est : Peut-on fournir au


concepteur une procédure capable d’anticiper les considérations environnementales
nécessaires à l’éco-conception d’un nouveau produit et assimilable à ses pratiques ?

Nous proposons de répondre à la question de recherche à travers l’état de l’art qui est
développé dans la prochaine section. Cela implique trois sujets principaux : définition et
pratiques environnementales pour le développement d’un nouveau produit, revue des
outils d’éco-conception existants et que si situent au début du processus de conception et
enfin le concepteur et les exigences nécessaires à la proposition d’un produit adapté à ses
pratiques.

65
CHAPITRE II : ETAT DE L’ART

66
Chapitre II : ETAT DE L’ART
Les principaux sujets qui sont traités dans l’état de l’art cherchent à répondre de façon
efficace à la question de recherche : Peut-on fournir au concepteur une méthode capable
d’anticiper les considérations environnementales dans la phase conceptuelle nécessaires
à l’éco-conception d’un nouveau produit et assimilable à ses pratiques ?

Les trois sujets à étudier sont :

- les nouveaux produits et l’intégration de considérations environnementales ;


- les outils d’éco-conception existantes pour laphase conceptuelle ;
- les exigences du concepteur en termes des outils.

1 Revue des outils d’éco-conception existants pour la phase


conceptuelle

Nous avons vu lors du Chapitre I §1.2.5 « Importance des premières étapes de


conception » Chapitre I §1.2.5 qu’un des avantages de la phase conceptuelle est la
détermination des paramètres fonctionnels qui affecteront la performance fonctionnelle
et environnementale d’un nouveau produit. Cependant, plusieurs auteurs constatent un
manque d’outils et de méthodes d’éco-conception adaptés à cette étape (Bhamra et al.,
1999; Dewulf, 2003; Ries et al., 1999; Zwolinski et al., 2010). Devanathan et al.(2010),
argumentent que soit les outils sont trop qualitatifs pour offrir des solutions concrètes et
pas efficaces pour les concepteurs ayant une expérience limitée, soit ils sont
quantitativement complexes et ne peuvent pas être appliqués au début de la conception
quand les spécifications du produit sont inconnues. Pour sa part, Dewulf (2003) révèle les
limites des outils d’éco-conception conventionnelles. D'une part, la plupart des outils
d'analyse peuvent être appliqués à des étapes ultérieures du processus de conception,
quand au moins un inventaire matériel du produit est disponible. Ce point est mis en
évidence aussi (Baumann et al., 2002; Lindahl, 2005; Tukker and Eder, 2000) pour qui
les méthodes et outils d’écoconception ne sont pas intégrés dans le processus de
développement du produit. D'autre part, les lignes directrices qui agissent dans la phase
conceptuelle sont trop génériques et ne fournissent pas les moyens pour les adapter à la
résolution d’un problème de conception très spécifique. Dewulf conclu qu’il existe donc
un vide d’outils permettant l'utilisation des paramètres fonctionnels disponibles dans la
phase conceptuelle. Ces observations sont illustrées dans le Figure 21.

67
Figure 21. Catégorisation des outils d'éco-conception selon le type de feedback et leur
moment d’application dans le processus de conception (Dewulf, 2003)

Malgré la conclusion de Dewulf (2003), il existe des outil et des méthodes d’éco-
conception qui sont maintenant disponibles dans la phase conceptuelle et qui sont centrés
sur la fonction. Nous pouvons citer : Function Impact Matrix (Devanathan et al., 2010),
Eco-value Analysis (Oberender et Birkhofer, 2004), Eco-functional Matrix de
(Lagerstedt, 2003) et QFDE, Quality Function Deployment for Environment (Masui et
al., 2001) (détails sur ces méthodes en 0). Nous proposons de vérifier leur compatibilité
pour l’éco-conception de nouveaux produits. Pour cela, nous allons les confronter au
questionnement suivant :

Est-ce que l’outil ou la méthode basée sur la fonction a besoin de données


environnementales issues de l’évaluation d’impact d’un produit de référence ?

Function Impact Matrix


Développée par Devanathan et al. (2010), Function Impact Matrix est une méthode basée
sur les projections des données d’évaluation de cycle de vie grâce à l’utilisation des outils
visuels pendant les premières étapes de conception. Le défi réside dans l'interpolation de
l'impact environnemental des produits existants dans le but de concevoir un produit
respectueux de l'environnement.

Function Impact Matrix utilise les informations de la corrélation fonction- composante


pour distribuer les impacts environnementaux du cycle de vie à travers les fonctions du
produit. L'objectif principal est d'identifier le niveau d'importance de chaque fonction et
de déterminer les fonctions qui devraient être réexaminées afin d'obtenir une meilleure
conception dans une perspective environnementale.

68
Les auteurs partent de la base que tout nouveau produit est une nouvelle combinaison de
concepts existants et que toutes les informations environnementales peuvent être
recueillies à travers le démontage du produit de référence. Selon les auteurs cela devrait
être possible parce que (1) les produits sont conçus pour effectuer une certaine fonction,
(2) la fonctionnalité dépend de leur structure et de leur comportement et (3) les impacts
environnementaux sont calculés en utilisant des informations liées à la structure. Function
Impact Matrix s’appuie sur des produits de référence et fusionne : le démontage
(structure, comportement et fonctions), l’analyse fonctionnelle, l’ACV et la méthode
QDF (Figure 17).

Figure 22. Function Impact Matrix (Devanathan et al., 2010)

En relation à la performance environnementale de produit à développer, une étude ACV


réalisée à partir du produit de référence permet de renseigner au concepteur sur les
impacts.

Pour faciliter la recherche des concepts technologiques du produit à développer, se réalise


la décomposition du produit en fonctions. Les fonctions sont visualisées dans les
diagrammes de structure de fonction hiérarchiques ou procédurales, telles que le CdCF.

L’utilisation de QDF permet de mettre en relation les fonctions avec les fonctions
techniques, qui comportent les résultats de l’ACV du produit de référence. Cette
procédure permettra d’inclure les impacts environnementaux dans les premières étapes
de conception.

En résume, cette méthode a été développée pour corréler les impacts environnementaux
avec la fonction du produit et se base sur des données d’évaluation des impacts tout au
long du cycle de vie de produits existants ou similaires. La méthode requiert en
conséquence du feedback d’un produit de référence et n’est donc pas compatible
avec la conception de nouveaux produits pour lesquels ces informations sont
inconnues.

69
Eco-value Analysis
Proposé par Oberender et Birkhofer (2004), Eco-Value Analysis (Eco-VA) est un outil
basé sur la méthode de l’Analyse de la Valeur EN 12973 (CEN, 2000). Pour les auteurs,
la réalisation de produits responsables du point de vue environnemental requière que les
besoins des consommateurs soient remplis de manière optimale. Ils suggèrent analyser
les relations entre les impacts environnementaux, les coûts et les demandes des
consommateurs. Pour atteindre cela, les fonctions sont reliées aux impacts
environnementaux et les coûts provenant du cycle de vie.

Cette méthode se focalise principalement sur l’utilisateur pour lequel la valeur d’un
produit est évaluée selon les fonctions fournies et son grade de réalisation (l’utilisateur
n’achète pas des composants mais des fonctions). Pour les auteurs, chaque fonction
entraine un coût à l’entreprise et au client et provoque l’augmentation d’impacts
environnementaux dans tout le cycle de vie du produit.

Le but est de diminuer les impacts en considérant seulement les fonctions importantes du
produit. Les composants du produit sont analysés et sont mis en relation avec les impacts
environnementaux, les coûts et les demandes du consommateur dans la matrice d’Eco-
VA (Figure 23). Les auteurs utilisent « Eco-indicator-99 » qui permet d’estimer les
impacts environnementaux des composants et des processus durant le processus de
conception.

Figure 23. Matrice Eco-Value Analysis, (Oberender et Birkhofer, 2004)

La matrice est divisée en colonnes. La première colonne (4) énumère les fonctions du
produit. La deuxième colonne (5) contient la notation du type de fonction. Les
composants et processus se trouvent dans la section centrale de la matrice (1). Trois
colonnes pour chaque composant : répartition de la composante en allocation (7), impacts
environnementaux (2) et coûts (3). À droite, l'évaluation de l'importance de chaque
fonction est effectuée selon : l’importance de la fonction donnée par le client (6), les
impacts sur l'environnement (10) et les coûts (11). La dernière ligne sert à vérifier les
calculs (12).

70
Deux schémas servent à visualiser les résultats d’Eco-VA (Figure 24). Le schéma à
gauche montre la valeur environnementale par rapport à l’importance donnée par le
consommateur de chaque fonction. Le schéma à droite compare la valeur économique par
rapport à l'importance donnée par le client. Dans le cas de la valeur économique, des
opinions différentes sur les coûts sont possibles. Les valeurs de chaque fonction sont
notées dans les schémas en deux dimensions.

Figure 24. Représentation des résultats d’Eco-VA (Oberender et Birkhofer, 2004)

En résumé, Eco-value Analysis de Oberender et Birkhofer (2004), est une méthode qui
permet l’analyse des relations entre les impacts environnementaux, les coûts et les
demandes des consommateurs. À l’aide d’une matrice, les fonctions sont croisées avec
les composants du produit. Ainsi, chaque fonction est en corrélation avec les composants
et est évaluée selon son importance dans le système, ses impacts environnementaux et les
coûts qui sont générés. Cette méthode requiert des données sur les composants du produit
qui seront évaluées en utilisant Eco-indicateur ’99. En conséquence cette méthode
requiert du feedback de produits de référence pour l’estimation d’impacts de leurs
composants, elle n’est pas compatible avec la conception de nouveaux produits.

Eco-functional Matrix
Eco-Functional Matrix de Lagerstedt (2003) est une matrice fonctionnelle-
environnementale qui exprime les relations entre les impacts environnementaux et les
avantages fonctionnels d’un produit. Créée pour être utilisée dans les premières étapes de
conception, cette matrice fait ressortir les points critiques du produit, c’est-à-dire les
fonctions qui impactent le plus et sur lesquelles il faut agir, à partir de la relation entre le
profil fonctionnel et le profil environnemental.

Le profil fonctionnel décrit comment le produit est caractérisé fonctionnellement en


évaluant les propriétés associées à la fonctionnalité du produit et la viabilité commerciale
(Lagerstedt et al., 2003). Les catégories sont : (A) durée de vie physique ; (B) temps
d’utilisation ; (C) fiabilité ; (D) sécurité ; (E) économie ; (F) flexibilité technique ; (G)
demande environnementale. Ce profil est composé d’un ensemble de catégories

71
fonctionnelles (Figure 25). Il est assigné d’une valeur d’importance entre 0 et 10 à
chacune des catégories fonctionnelles. Ainsi, la valeur 0 implique un niveau bas de
performance fonctionnelle et la valeur 10 implique un niveau de performance
fonctionnelle élevée du produit.

Figure 25. Profile fonctionnelle (Lagerstedt, 2003)

Le profil environnemental décrit les attributs du produit associés à l'impact


environnemental (Figure 26). Les catégories sont : (K) N° de produits fabriqués par
année ; (L) Taille (poids/volume) ; (M) N° de différents matériaux qui le composent, (N)
Mix de matériaux présents ; (O) Matériaux rares ; (P) Matériaux toxiques ; (Q) Énergie ;
(R) Source d’énergie. Comme pour les catégories dans le profil fonctionnel, l'importance
de chaque catégorie environnementale est déterminée qualitativement, indiquée par une
valeur entre 0 et 10. Ils indiquent une performance basée sur des valeurs réelles semi-
quantitatives.

72
Figure 26. Profil environnemental (Lagerstedt, 2003)

Une fois assignés, les profils fonctionnel et environnemental du produit sont combinés
dans la matrice éco-fonctionnelle (

Figure 27). La matrice permet de visualiser les points critiques identifiés entre les
fonctions et les impacts associés. Pour identifier les points critiques, les catégories avec
une valeur supérieure à 5 sont considérées comme ayant une forte contribution, soit
fonctionnelle soit environnementale. Si deux catégories en corrélation présentent une
haute valeur, cela est considéré comme point critique. Les catégories doivent donc être
discutées et améliorées.

Figure 27. Matrice éco-fonctionnelle d’une radio portative (Lagerstedt, 2003)

73
La

Figure 27 montre la matrice éco-fonctionnelle d’un équipement de radio portative pour


les sapeurs-pompiers. Ici les valeurs qui ont été utilisées pour remplir le profil fonctionnel
proviennent des entretiens des sapeurs-pompiers sur l’utilisation de l’appareil. Le profil
environnemental est issu d’une étude ACV fournie par Book et Cobdal (Book and Cobdal,
1999), et des listes de matériaux interdits « Blacklist material evaluation » (National
Chemicals Inspectorate, 1998) et « Volvo’s black and grey lists » (Volvo, 2002).

En résumé, Eco-functional Matrix met en relation un profil fonctionnel et un profil


environnemental du produit pour repérer les fonctions les plus impactantes et pour
pouvoir ainsi initier une proposition de produit axée sur l’amélioration de ces fonctions.
Dans l’exemple de la radio portative donné par l’auteur, l’évaluation du profil
environnemental nécessite des données telles que : nombre de matériaux , matériaux
rares, nombre de produits fabriqués par année ou énergie utilisée. Cela suppose donc la
possession du produit à analyser. Dans cet exemple, Lagerstedt a utilisé une étude ACV
fournie par Book et Cobdal (1999), et les listes de matériaux interdits « Blacklist material
evaluation » (National Chemicals Inspectorate, 1998) et « Volvo’s black and grey lists »
(Volvo, 2002). L’auteur précise que cette méthode est conçue pour être utilisée au début
du processus de conception et que dans le cas de la création de nouveaux produits les
profils fonctionnels et environnementaux doivent être remplis de façon « qualitative et
génerale ». L’auteur ne donne pas les détails sur ce que signifie « qualitative et générale »
et il n’y a pas d’exemples d’expériences réalisées avec un nouveau produit. Cela empêche
donc d’utiliser la méthode dans le phase conceptuelle. Nous concluons en conséquence
que la méthode requiert des données environnementales d’un produit de référence
pour être appliquée et n’est donc pas compatible avec la conception de nouveaux
produits.

QFDE, Quality Function Deployment for Environment

QFD est devenue une méthode d’aide à la décision largement acceptée pour la conception
d'ingénierie dans l'industrie. En forme de matrice, cette méthode permet de représenter
les fonctions ou exigences des clients (attentes, besoins, désirs des futurs utilisateurs,
appelés « voice of costumers » VOC) et de les combiner aux différents paramètres
d’ingénierie qui conduisent à une solution (engineering metrics). Une variation de QFD
est QFDE (Quality Function Deployment for Environment) qui a été développée par
Masui et al. (2001) en intégrant des aspects environnementaux dans les exigences des
utilisateurs et dans les paramètres de conception (engineering metrics) pour gérer les
exigences de qualité traditionnelles et environnementales simultanément. Le résultat de
l’application de QFDE est l'identification des composants du produit qui devraient être
améliorés à travers la reconception du produit.

74
Le mode opératoire de la méthode est divisé en trois phases. La phase I implique croiser
les exigences du client avec les paramètres de conception. Dans la Figure 28 les exigences
du client (VOC) sont visibles dans l’axe vertical, pendant que les paramètres de
conception sont présentés dans l’axe horizontal. De ce croisement et selon l’importance
que donne le client à l’exigence, les exigences corrélées aux paramètres d’ingénierie
seront notées.

Après avoir identifié les solutions importantes, les concepteurs pourront améliorer la
conception de leurs produits en réalisant un nouveau croisement, phase II, entre les
paramètres d’ingénierie et les composants du produit ( Figure 29). Les composants les plus
impactants seront les mieux notés.

Figure 28. QFDE phase I d’un sèche-cheveux (Masui et al., 2001)

75
Figure 29. QFDE phase II d’un sèche-cheveux (Masui et al., 2001)

Dans la phase III, on réalise l’ensemble des modifications de conception. Les concepteurs
peuvent opter pour deux approches, la première en prenant en compte les exigences du
client et en effectuent des changements sur les paramètres de conception (phase I) ; la
deuxième approche implique des changements sur les composants les plus impactants
identifiés dans la phase II.

En résume cette méthode permet de développer des corrélations entre les exigences de
l’utilisateur et des paramètres de conception traditionnelle et en lien avec
l'environnement. Des données d’un produit existant sont nécessaires pour compléter la
matrice qui constitue la méthode. Les données peuvent être : le nombre de types de
matériaux, la durée de vie, la consommation d’énergie. La matrice met en évidence les
fonctions les plus impactantes en relation avec les paramètres de conception. Les
composants peuvent aussi être analysés. De ces résultats le concepteur peut étudier les
possibilités de reconception d’un point de vue environnemental.

Cette méthode a besoin d’un produit de référence et n’est pas compatible avec la
conception de nouveaux produits.

En conclusion, les méthodes fonctionnelles présentées ne sont pas compatibles avec la


création de nouveaux produits. Bien que ces outils utilisent les paramètres fonctionnels
présents au début du processus de conception, ils nécessitent des données d’un produit
et/ou de ses impacts environnementaux. Cela veut dire que ces données sont en général

76
récupérées d’un produit de référence. Nous retrouvons dans ces méthodes la pratique de
l’éco-conception comme une démarche « corrective ». Elles ont pour objectif principal
d’identifier les fonctions les plus impactantes, qui vont être réexaminées par le concepteur
afin d'obtenir une meilleure reconception dans une perspective environnementale. Les
nouveaux produits ne sont donc pas pris en charge par ces méthodes.

D’après cette revue, le manque de méthodes justifie l’importance de la création d’une


approche intégré dans le processus de conception qui puisse permettre de prendre en
charge les nouveaux produits.

2 Nouveaux produits

Malgré la grande quantité de publications scientifiques sur NPD (voir Chapitre I § 1.1.4)
il n’existe pas de définition normalisée d’un nouveau produit. Les définitions de nouveau
produit ci-dessous, sont celles disponibles dans la littérature scientifique que l’on retrouve
le plus souvent :

 Kahn et al. (2013), définissent un nouveau produit comme celui qui est nouveau
à l’entreprise. Ils excluent les produits qui sont seulement modifiés avec le but
d’être promus dans le marché ;
 pour Knight et Jenkins (2009), un nouveau produit est une innovation de "rupture"
où les fonctions techniques pour remplir les fonctionnalités du produit sont
différentes de celles des produits existants ;
 l’OCDE (OCDE, 2005), définit nouveau produit comme un bien ou service qui
diffère considérablement dans ses caractéristiques ou ses utilisations prévues par
rapport à des produits déjà fabriqués par l'entreprise. C’est le cas des innovations
de rupture, la conception des produits uniques ou l’introduction d’une nouvelle
catégorie de produits dans une entreprise.

La difficulté pour définir un nouveau produit est peut-être une conséquence de l’adjectif
« nouveau », qui a plusieurs définitions :

Nouveau (CNRTL, 2015; Larousse, 2015) : Qui vient d’apparaitre. Qui existe, qui est
connu depuis peu. Qui est inhabituel, qui n'était pas connu jusqu'alors. Qui vient après
quelque chose de même espèce, qui vient le remplacer, lui succéder ou s'y ajouter. Qui
est d'apparition plus récente qu'une autre chose (par opposition à ancien, vieux). Qui
possède des qualités originales, qui est inédit. Qui rappelle quelqu'un, quelque chose par
ses caractères. Qui marque une transformation, une rénovation par rapport à un état
antérieur.

En effet, chaque auteur a précisé le « nouveau produit » avec une définition différente de
l’adjectif « nouveau ». Pour Kahn et al. (2013), un produit nouveau suppose un produit
qui n’était pas développé auparavant par l’entreprise. Les auteurs excluent de cette

77
définition des produits reconçus « qui viennent remplacer, succéder ou s'y ajouter » à
ceux qui ont été déjà développés. Pour Knight et Jenkins (2009), un nouveau produit est
un produit qui est inédit, c’est-à-dire un produit qui n’a jusque-là jamais été développé.
Pour l’OCDE le nouveau produit diffère considérablement des produits déjà fabriqués par
l'entreprise. Cela implique comme dans la première définition que le nouveau produit est
celui qui n’était pas développé auparavant par l’entreprise, indépendamment du fait qu’il
s’agisse d’un produit inédit ou pas.

Pour récapituler, nous distinguons deux définitions principales des auteurs :

 nouveau produit est celui qui n’était pas développé auparavant par l’entreprise ;
 nouveau produit est celui qui est inédit, un produit qui n’a jusque-là jamais été
développé.

Nous allons considérer d’abord la première définition. Cette définition implique que
l’entreprise, indépendante de sa taille, ne possède pas de retour d’expérience interne, sur
laquelle se baser pour la conception du nouveau produit. Elle doit mettre en place une
stratégie technologique pour le développement du produit. S’il ne s’agit pas d’un produit
inédit, elle peut se baser sur un produit de référence4 pour obtenir des informations de
type technologique représentées par des aspects structurelles (composants, type de
matériaux, volume, masse, etc.) et par des aspects d’usage (durée de vie, fonctionnalité,
ergonomie, consommation d’énergie, etc.) (Lewandowska et Kurczewski, 2010).

Si l’entreprise veut éco-concevoir un nouveau produit, à condition que le produit ne soit


pas inédit, elle peut utiliser le produit de référence5 pour réaliser une analyse
environnementale partielle qui rendra compte des impacts environnementaux à maitriser.
Comme vu dans le Chapitre I §1.2.7, l’entreprise doit disposer ainsi de ressources
humaines et financières suffisantes pour effectuer une telle démarche. Par rapport à notre
contexte d’entreprise, qui est la PME, l’éco-conception du nouveau produit n’est pas
réalisable à partir d’une analyse environnementale du produit de référence, étant donné
les ressources humaines et financières limitées de ce type d’organisation.

Si nous considérons la deuxième définition de nouveau produit comme produit inédit, le


produit de référence est inexistant. Cette condition fait que l’entreprise dans laquelle le
produit veut être développé, soit confrontée à un manque d’information de type
technologique et concernant son utilisation. Elle est aussi confrontée à l’impossibilité de
réaliser une analyse environnementale.

4
Un produit de référence est un produit précédent ou concurrent, possédant une fonctionnalité similaire à
celui qui veut se créer (ISO, 2002a).
5
Ce sont les produits de référence qui sont soumis aux analyses environnementales, et ce sont leurs données
environnementales en règle générale qui servent à l’amélioration d’un produit grâce à l’éco-conception.

78
Les nouveaux produits, sont considérés pour certains auteurs comme une bonne solution
pour la proposition des produits environnementalement responsables. Néanmoins, les
outils et méthodes d’éco-conception se concentrent davantage sur la reconception
progressive, plutôt que sur des nouveaux concepts de produits ou de formes plus radicales
de l'innovation (Sherwin, 2000; Tyl, 2011). Ces dernières sont nécessaires à la conception
de produits environnementalement responsables. Sherwin et Bhamra et al., (1999),
soutiennent que la plupart des pratiques en matière d'éco-conception sont de type
«correctif» et sont étroitement liées à l’utilisation de méthode d’analyse
environnementale. Par exemple, l’application de l’ACV, est selon les auteurs, une
pratique « réactive » alors que l’éco-conception a besoin d’être une pratique
« proactive ». Pour Sherwin (2000) ce phénomène se présente comme une dichotomie.
La pratique concernant l'éco-conception est progressive et basée sur la reconception des
produits existants. La plupart des outils et des méthodes ont tendance à soutenir ce type
d’approche. En revanche, la littérature d’éco-conception encourage une approche plus
radicale, innovatrice pour la proposition des nouveaux concepts de produit. La norme
ISO/TR 14062:2002 « Management environnemental -- Intégration des aspects
environnementaux dans la conception et le développement de produit » (ISO, 2002a) est
un bon exemple de cette dichotomie. La norme veut favoriser l'anticipation des problèmes
susceptibles de se poser tout au long le cycle de vie des produits, mais à la fois suggère
la réalisation de l’analyse environnementale d’un produit de référence pour l’intégration
des aspects environnementaux.

Etant donné les difficultés de l’intégration de considérations environnementales dans un


nouveau produit nous nous posons la question suivante :

Quel pourrait être le scénario le plus propice pour l’intégration de considérations


environnementales pour la création d’un nouveau produit ?

Pour la conception de produits, la norme ISO 14062 prévoit que l'introduction des aspects
environnementaux doit se réaliser le plus en amont possible dans le processus de
conception et de développement de produit. Cette condition donne aux concepteurs de
meilleures opportunités de considérer des exigences environnementales et de les
comparer à d'autres exigences (ISO, 2002b). Olundh (2006) emphatise qu’une telle
approche pourrait permettre à l'écoconception de devenir proactive pour proposer des
nouveaux produits. Cela est essentiel à la conception des nouveaux produits étant donné
que c’est la phase conceptuelle celle qui permet la proposition de fonctions et la
génération des idées de solutions et au même temps d’obtenir des avantages
environnementaux du futur produit.

Knight et Jenkins (Knight and Jenkins, 2009), définissent que pour construire une
méthode d'éco-conception efficace orientée vers de nouveaux produits, nous devons
choisir les outils qui correspondent au processus de conception de produits bien connus

79
par le concepteur. Cela implique de processus avec lesquels le concepteur est familiarisé
comme les processus vus dans la section Chapitre I §1.2.5 et l’utilisation des techniques
de conception créative comme le brainstorming, la méthode Scamperr, la méthode TRIZ
(voir Tyl, 2011).

Pour Deutz et al. (2013) suggèrent que l'établissement de la performance


environnementale dans une structure fonctionnelle peut influencer une pratique d'éco-
conception plus efficace. La modélisation fonctionnelle peut être intégrée aux
méthodologies de conception proposées pour optimiser la recherche de solution. La
modélisation fonctionnelle fournit une méthode structurée pour représenter le produit en
termes de fonctions. Les approches fonctionnelles sont considérées comme un instrument
stratégique pour analyser et décomposer dans un système des problèmes de conception à
sens unique, dans le but de soutenir la synthèse des éléments potentiels de la solution
(Eisenbart et al., 2012).

En résumé, un des scénarios propices à l’intégration de considérations environnementales


pour la conception de nouveaux produits est la phase conceptuelle du processus de
conception. Plus précisément, nous sommes d’accord avec les auteurs qui prévoient les
structures fonctionnelles. Ainsi le concepteur, en répondant au besoin formulé par
l’utilisateur, pourrait mettre en relation des fonctions avec des concepts
environnementaux qui permettront de donner vie à un nouveau produit
environnementalement responsable.

3 Les exigences du concepteur en termes des outils.

Comme nous l’avons vu, une grande variété d'exigences est imposée pour la conception
d’un produit, comme par exemple le coût, la qualité, les délais, les exigences
fonctionnelles. Par conséquent, les concepteurs font usage d'un ensemble de méthodes,
d'outils et de stratégies, appelé par Dewulf et Duflou « design toolbox » (2005). La
« design toolbox » soutient le concepteur dans tout leprocessus de conception jusqu’à la
mise en œuvre du produit. Elle est composée d’un panel d’outils pour :

 le management de projet ;
 les études (cahier de charges fonctionnel, analyse fonctionnelle, schémas,
prototypage rapide, cotation fonctionnelle, ergonomie, sécurité, interface ;
représentation virtuelle, l’esthétique, etc.) ; la sélection de matériaux (IDEMAT,
EuroMat) ;
 conception assistée par ordinateur (CAO).
 l’évaluation de risques ;
 le stockage, la gestion et le contrôle des informations concernant la définition, la
production et maintenance d’un produit (Product data management).

80
Nous avons vu lors du Chapitre I §1.3 le manque de compétences du concepteur en
relation à l’éco-conception. Les explications de ce manque ou de son implication sont
variées. Pour Deutz et al. (2013), les problèmes liés au manque de connaissances
environnementales du concepteur sont une conséquence de l’entreprise. La posture des
entreprises par rapport à l’éco-conception reflète un équilibre complexe entre la
compréhension des questions environnementales pour la part des concepteurs et l'étendue
de l'espace de conception, influencée par différentes exigences (exigences réglementaires,
contraintes économiques, contraintes de la chaîne d'approvisionnement, etc.). En
conséquence les concepteurs se limitent à répondre aux contraintes et ne peuvent pas
acquérir les bonnes pratiques nécessaires à la proposition de nouveaux produits à travers
l’éco-conception.

Les connaissances environnementales du concepteur restent limitées aussi à cause de la


difficulté liée à l’utilisation des outils d’éco-conception. Il existe un décalage entre les
outils développés en matière d'éco-conception qui sont le fruit d’un travail scientifique et
les outils dont les concepteurs ont vraiment besoin. La littérature relative à l'éco-
conception montre que de nombreux outils existants échouent parce qu'ils ne se
concentrent pas sur la conception, mais visent à la gestion stratégique ou l’analyse
rétrospective des produits existants (Lofthouse, 2006). En plus de cela, il a été également
reconnu qu'ils ne prennent pas en compte la culture du concepteur et le fait qu’ils ont
«leur propre chemin» pour l’application de l'éco-conception (Lofthouse, 2006).

Ainsi, certains outils conçus par des ingénieurs et des scientifiques sont trop spécifiques
pour être assimilés de façon rapide par les concepteurs, comme c’est le cas des outils
d’évaluation environnementale. Ces derniers, selon Le Pochat (2005) sont réservés aux
experts. Néanmoins, la démarche de recherche d’améliorations environnementales peut
être réalisée dès un niveau intermédiaire d’acquisition des connaissances. Cela implique
qu’à partir de la compréhension des problèmes environnementaux, un concepteur serait
en condition d’appliquer les outils d’amélioration environnementale de produits (Figure
30).

Un facteur souvent oublié est le temps investi pour la réalisation de tâches de conception.
Pour Ullman et al. (2009), chaque phase de conception est composée d'une séquence
d'épisodes dite « primitive ». Un des épisodes est « l’assimilation », qui implique la
collecte d’informations depuis l’environnement externe, sa mémoire à long-terme, les
connaissances des collègues et des manuels. Entre 19% et 36% du temps total est dédié à
l’activité de collecte d’informations. L’introduction des nouvelles pratiques, comme
l’intégration des aspects environnementaux, implique une augmentation du temps de
collecte d’informations. La dimension du travail de conception d’un produit engage le
concepteur à de nombreuses tâches et missions différentes. La quantité de temps qu'il
peut consacrer aux missions environnementales est très limitée, malgré leur importance
(Lagerstedt, 2003).

81
Figure 30. Niveau de maitrise de connaissances environnementales pour l’utilisation des
outils d’éco-conception (Le Pochat, 2005)

Lofthouse (2006) a réalisé une étude pilote pour mieux comprendre les raisons pour
lesquelles certains outils sont inappropriés ou non utilisés par le concepteur. Un des
problèmes signalés par les concepteurs est que les outils accordent un objectif prioritaire
à l’éco-conception, en dépit des autres tâches auxquelles le concepteur doit faire face. La
prise en compte de l’éco-conception par les outils devrait être alors en concordance avec
les nombreux objectifs du processus de conception.

En cohérence avec ce dernier paragraphe nous nous posons la question suivante :

Quelles sont les exigences du concepteur pour pouvoir proposer une méthode
cohérente avec sa pratique de la conception ?

Pour la réalisation de produits nouveaux et environnementalement responsables, nous


avons vu qu’il est nécessaire de prendre des décisions depuis le début du processus de
conception et d’utiliser des méthodes et outils appropriés. Ces outils ne doivent pas
seulement être appropriés à l’intégration de considérations environnementales, mais aussi
aux pratiques des concepteurs, étant donné qu’ils apportent des compétences essentielles
pour les initiatives d'écoconception réussies (Lindahl, 2005). Les outils d’éco-conception
doivent être conçus en harmonie avec la culture du concepteur et se concentrer sur les
types de questions qui les intéressent, afin de veiller à que tout le potentiel que les
concepteurs ont, soit capitalisé dans les projets d'écoconception. Nous avons rédigé une
liste d’exigences d’après la littérature (Johansson and Magnusson, 2006; Lindahl, 2005;
Lofthouse, 2006; O’Hare, 2011; Tyl, 2011) doivent être prises en compte pour pouvoir
concevoir un outil d’éco-conception pour le concepteur :

L’outil doit avoir un niveau d’expertise adapté : Le niveau de connaissances


environnementales d’un concepteur est inférieur à celui de l’expert environnement. Pour
que le concepteur soit efficace dans la proposition de produits durables, il nécessaire
d'identifier les phases du cycle de vie qui contribuent le plus à la production d’impacts
environnementaux du produit.

L’outil doit être facile à apprendre et à utiliser : Un outil doit être de simple utilisation
pour que le concepteur ait le sentiment que l‘outil facilite son travail. Il est donc important

82
d‘avoir un outil facile d‘utilisation, afin de se diriger rapidement vers ses points forts. Les
concepteurs doivent utiliser un outil (ou une méthodologie) qu’ils connaissent bien et
assigner à cet outil des considérations environnementales de façon à l’intégrer dans ses
connaissances. Cette exigence est la clé d’une utilisation active de l’outil.

L’outil doit être efficace concernant la durée de développement produit : C’est le


résultat le plus fréquent des études réalisées par Lindahl et al. (2005) et c’est aussi une
exigence qui apparait souvent dans la littérature. L'exigence peut être interprétée comme
une conséquence logique de la concurrence accrue auquel est soumise une entreprise.
L’utilisation de la méthode ou de l'outil doit réduire la durée totale (du début à la fin) de
de la conception et du développement produit.

L’outil doit intégrer conception et environnement : Il doit faciliter les tâches du


concepteur pour répondre aux exigences spécifiées sur le futur produit et en même temps
prendre en compte le facteur environnemental.

L’outil doit être intégré dans l’entreprise : Pour que l’outil soit utilisé par le
concepteur, il doit être pérenne et doit s’adapter à la culture de l’entreprise.

L’outil doit être intégré avec les flux de travail de conception existants : les outils
d’éco-conception pour le concepteur doivent être au sein de leur environnement de travail
régulier (à savoir des logiciels fonctionnelles, CAD, etc.). Afin de compléter leur façon
de travailler, les concepteurs ont besoin de mécanismes de soutien en matière d'éco-
conception, idéalement intégrés dans leurs pratiques quotidiennes.

L’outil ne doit pas nécessiter d’informations détaillées sur le produit : le concepteur


ne possède pas d’informations spécifiques sur le produit au début du processus de
conception. L’outil ne doit donc pas exiger d’informations précises sur le produit à
développer.

L’outil doit avoir du contenu : Les concepteurs ont besoin de contenu, c’est à dire de ce
qui est spécifique à la conception et les questions de conception plutôt que d'une
information environnementale générale. Ils ont besoin d'informations spécifiques, avec
un contenu semblable à celui qu'ils utiliseraient pour un habitué aux projets de conception
(matériaux, …, et des conseils généraux), mais avec un accent éco-conception.

4 Synthèse

Pour donner une réponse à notre question de recherche (Peut-on fournir au concepteur
une méthode capable d’anticiper les considérations environnementales nécessaires à

83
l’éco-conception d’un nouveau produit et assimilable à ses pratiques ?), l’état de l’art
nous indique qu’il faut réaliser un compromis entre plusieurs facteurs :

Tout d’abord nous avons vu que les outils existants d’éco-conception basés sur la
fonction, ne permettent pas la création de nouveaux produits et qu’il est essentiel de
combler ce manque. Pour cela, l’un des facteurs les plus importants à considérer dans la
proposition d’un outil d’éco-conception est de prendre en compte des outils déjà existants
et les adapter au lieu d’en créer de nouveaux.

Ensuite nous avons vu qu’il faut prendre en compte le scénario propice à la création de
nouveau produit, lequel a été déterminé comme une structure fonctionnelle, où le produit
est défini selon les besoins de l’utilisateur à travers des fonctions.

Enfin, il faut prendre en compte les exigences du concepteur en matière d’outils d’éco-
conception. Pour qu’un outil d’éco-conception soit utilisé, il doit avoir un niveau
d’expertise environnementale adapté au concepteur et il doit être intégré avec les flux de
travail de conception existants, c’est-à-dire connu et employé par le concepteur.

5 Hypothèses

L’état de l’art nous permet de réaliser des liens entre les verrous concernant le nouveau
produit, le concepteur et les outils d’éco-conception. Tout d’abord nous avons établi
qu’une approche fonctionnelle est adaptée à la conception d’un nouveau produit et qu’elle
fait partie parti des outils connus et utilisés par les concepteurs. Ensuite nous avons
constaté que le concept de cycle de vie doit être pris en compte pour être intégré à l’outil
du concepteur et que ce concept fait partie des outils d’éco-conception existants qui
peuvent être adaptés. Enfin nous avons vu que l’intégration de considérations
environnementales doit se réaliser dans une méthode adaptée à la proposition de
nouveaux produits. Ces considérations sont résumées dans la Figure 31.

84
Figure 31. Considérations prises en compte d’après l’état de l’art pour lever les verrous.

Pour pouvoir fournir au concepteur une méthode capable d’anticiper les considérations
environnementales nécessaires à l’éco-conception d’un nouveau produit, nous devons
prendre en compte en premier lieu les connaissances nécessaires à l’anticipation des
considérations environnementales. Les connaissances environnementales peuvent
provenir de la méthode d’analyse de cycle de cycle de vie (ACV), étant donné le rôle
considérable qu’elle joue dans l’évaluation des impacts environnementaux.

En deuxième lieu, nous devons veiller à ce que ces connaissances soient applicables dans
une structure fonctionnelle et dans une méthode connue et employée par le concepteur.
Pour cela nous croyons qu’une démarche appartenant à la « design toolbox » peut
accueillir les connaissances environnementales. Nous optons donc pour l’analyse
fonctionnelle pour l’accueil des connaissances environnementales, méthode qui est
connue par le concepteur et qui est appliquée dans la phase conceptuelle.

En conséquence, notre première hypothèse est :

Hypothèse initiale : L’introduction des concepts environnementaux issus de l’analyse


de cycle de vie (ACV) dans l’analyse fonctionnelle (AF) permet la création d’une
procédure proactive capable d’aider le concepteur à anticiper les considérations
environnementales nécessaires à l’éco-conception d’un nouveau produit.

Justification de l’hypothèse initiale


L’hypothèse fait appel à deux méthodes ayant des objectifs différents et qui sont mises
en place à deux moments différents du processus de conception.

85
L’Analyse Fonctionnelle (AF) permet la création, l’amélioration ou l’optimisation d’un
produit, elle s’applique au début du processus de conception et représente une méthode
connue du concepteur. L’ACV est utile pour très bien caractériser les impacts écologiques
d'un produit au cours de son cycle de vie, mais elle n’est pas utile pour proposer les
solutions de conception capables d’éliminer ou de réduire ces impacts (Cappelli et al.,
2006). C’est pour cela que la création de liens entre les méthodes est nécessaire car les
connaissances propres à l’ACV pourront être utilisées dans l’AF pour proposer des
solutions de conception qui intègrent l’environnement.

Pour intégrer des considérations environnementales dans la conception des nouveaux


produits, nous proposons l’introduction de concepts environnementaux depuis l’ACV.
Nous considérons que l’ACV est la source de connaissance la plus adaptée à notre étude
car elle est considérée comme la méthode la plus complète pour évaluer les performances
environnementales d'un produit tout au long de son cycle de vie (Gauthier, 2005). Les
connaissances issues de l’ACV peuvent offrir un moyen d'anticiper les aspects
environnementaux susceptibles de se poser tout au long du cycle de vie.

Pour que l’intégration des considérations environnementales soit dans la phase


conceptuelle et en concordance avec les pratiques du concepteur, nous croyons que l’AF
est la plus adaptée. En effet, l’AF est appliquée dans la phase conceptuelle; c’est une
méthode qui est centrée sur la fonction; c’est une méthode bien connue des concepteurs
en France et dans le monde. L’AF appartient à la « design toolbox » qui comporte les
méthodes et outils de soutien bien connus par le concepteur dans la mise en œuvre d’un
produit (Dewulf et Duflou, 2005). Deutz et al. (2013) suggèrent que l'établissement de la
performance environnementale dans une structure fonctionnelle peut influencer une
pratique d'éco-conception plus efficace pour les produits. En plus de cela, l’AF est
enseignée en France depuis les années soixante et a été introduite dans les programmes
« d’Éducation Manuelle et Technologique » en 1977 (Gunther et Chatoney, 2014).

Hypothèse complémentaire
Avec l’hypothèse initiale, nous cherchons à donner une réponse à la question de
recherche : l’anticipation des considérations environnementales pourrait être garantie
grâce aux connaissances de l’ACV qui seront transposées à l’AF.

Cette proposition concerne seulement la phase conceptuelle, alors que les phases
successives du processus de conception ne sont pas prises en compte. La proposition a
donc été repensée pour aller au-delà de la phase conceptuelle. Cela a engagé
l’élargissement de la proposition de telle façon que les connaissances produites au niveau
de l’AF puissent bénéficier aussi à l’ACV. Le placement chronologique de chacune des
méthodes, l’une au début et l’autre à la fin du processus de conception, écartait la
possibilité d’observer ce potentiel bénéfice mutuel entre les deux méthodes. Cette

86
distance relative peut donc être reconsidérée afin de créer un processus collaboratif
méthodologique.

En effet, un processus collaboratif méthodologique peut permettre au concepteur


l'intégration de l'environnement dans la conception du produit d’une manière progressive
et l’amélioration continue que nous formalisons dans une hypothèse complémentaire :

Hypothèse complémentaire : Un processus collaboratif entre l’analyse fonctionnelle


(AF) et l’analyse de cycle de vie (ACV) permet au concepteur d’avoir une meilleure
compréhension environnementale du futur produit grâce à l’agencement de la
collaboration entre les deux méthodes selon un processus d’amélioration continue.

Justification de l’hypothèse complémentaire


Un processus collaboratif peut permettre au concepteur d’acquérir une meilleure
compréhension environnementale, étant donné qu’il devra prendre des décisions sur la
conception en utilisant des concepts environnementaux transposés dans l’AF et il devra
préparer des concepts propres à l’analyse fonctionnelle pour enrichir une future étude
ACV.

Le processus collaboratif méthodologique s’inscrit donc dans un processus d'amélioration


continue. Cette condition est propre aux processus de conception qui cherchent une
amélioration progressive du produit, laquelle dans notre cas, est de type environnemental.

Cette hypothèse complémentaire ne remplace donc pas l’hypothèse initiale, qui découle
de la problématique identifiée. Comme nous avons vu dans le Chapitre I §1.2.2, le
processus de conception représente une procédure fiable pour mettre en place différentes
activités qui aboutissent à la définition d’un produit et qui privilégient une amélioration
continue. L’hypothèse complémentaire cherche à apporter donc un modèle conformément
aux processus de conception, afin de contextualiser les propositions d’amélioration
environnementale dans la phase conceptuelle mais aussi afin de permettre, si c’est
nécessaire, l’évaluation environnementale du produit une fois développé. L’étude du
produit développé, à travers l’évaluation environnementale, permettra si nécessaire, de
revenir en boucle à une reconception de produit et à la réutilisation des données
fonctionnelles de la phase conceptuelle.

6 Résumé Chapitre II

87
L’état de l’art a permis d’étudier les sujets nécessaires en vue de répondre à la
problématique « Peut-on fournir au concepteur une procédure capable d’anticiper les
considérations environnementales nécessaires à l’éco-conception d’un nouveau produit
et assimilable à ses pratiques ? » établie sur les bases d’un ensemble de verrous.

Ainsi nous avons proposé de répondre à la question de recherche en deux parties. D’abord
nous avons pris en compte les connaissances nécessaires à l’anticipation des
considérations environnementales, grâce à l’étude des concepts de l’ACV pour extraire
ses connaissances. Ensuite, nous avons veillé à ce que ces connaissances soient
applicables au niveau fonctionnel et en concordance avec les pratiques employées par le
concepteur. L’hypothèse initiale est en conséquence : L’introduction des concepts
environnementaux issus de l’analyse de cycle de vie (ACV) dans l’analyse fonctionnelle
(AF), permet la création d’une procédure capable d’anticiper les considérations
environnementales nécessaires à l’éco-conception d’un nouveau produit.

À la fin de ce Chapitre, l’hypothèse complémentaire est présentée comme proposition


complémentaire. Elle permet de mieux cibler notre champ d’étude et d’inscrire les
propositions dans le contexte d’amélioration continue : Un processus collaboratif
méthodologique entre l’analyse fonctionnelle (AF) et l’analyse de cycle de vie (ACV)
permet au concepteur d’avoir une meilleure compréhension environnementale du futur
produit grâce à l’agencement de la collaboration entre les deux méthodes dans un
processus d’amélioration continue.

Dans le prochain Chapitre nous aborderons la méthodologie utilisée pour répondre en


premier lieu à l’hypothèse complémentaire, étant donné que l’hypothèse initiale est
inscrite dans le processus collaboratif méthodologique proposé dans cette hypothèse.

88
CHAPITRE III : METHODOLOGIE

89
Chapitre III : METHODOLOGIE

1 Construction du processus collaboratif méthodologique

L’hypothèse complémentaire, qui consolide l’hypothèse initiale, préconise la mise en


place d’un processus collaboratif méthodologique entre l’AF et l’ACV. Ce processus est
conformé par deux propositions. D’un côté, la proposition d’enrichir l’AF des concepts
environnementaux nécessaires à l’éco-conception d’un nouveau produit. De l’autre côté,
la proposition de fournir des informations liées aux paramètres fonctionnels issus de l’AF,
pour aider à compléter les exigences de la mise en place de l’ACV.

Le processus collaboratif cherche aussi à apporter un modèle conformément aux


processus de conception afin de contextualiser les propositions précédentes et de
permettre au concepteur d’avoir une meilleure compréhension environnementale du futur
produit.

Pour pouvoir transposer les concepts qui vont enrichir mutuellement les méthodes, deux
questions6 ont été définies :

Q1 : La méthode ACV peut-elle enrichir l’AF afin d’inclure des considérations


environnementales ?

Q2 : L’AF peut-elle bénéficier de l’ACV à travers le renseignement des données pour la


réalisation d’une future ACV du produit ?

Pour répondre aux questions, nous adoptons une démarche déductive pour faire émerger
une collaboration gagnante-gagnante entre les deux méthodes. Nous allons, dans un
premier temps, comparer l’AF et l’ACV pour mettre en évidence les ressemblances et les
différences entre les méthodes. Au fur et à mesure que la comparaison se réalise, répondre
aux questions nous permettra de connaitre si une méthode pourra enrichir l’autre à travers
le critère en question. Si le critère est capable d’enrichir l’une ou l’autre méthode, des
concepts issus du critère pourront être intégrés dans le processus collaboratif. La Figure
32 présente la méthodologie employée pour la construction du processus collaboratif
méthodologique.

La création de liens entre l’AF et l’ACV permettra d’amplifier les connaissances


environnementales d’un produit tout en enrichissant la culture environnementale du
concepteur qui sera ainsi mieux préparé pour prendre des décisions en toute connaissance
de cause.

6
Ces questions seront modifiées pour être adaptées au format de la comparaison entre AF et ACV de ce
Chapitre. Malgré cette modification, l’importance des questions reste la même. Elles continuent à interroger
les deux méthodes en relation à leur capacité à s’enrichir mutuellement.

90
Figure 32. Méthodologie pour la construction du processus collaboratif méthodologique

1.1 Analyse comparative entre l’AF et l’ACV

La comparaison des méthodes nécessite l’utilisation d’un référentiel que nous choisissons
à partir des normes européennes EN, des normes françaises AFNOR et de normes
internationales ISO. Las normes suivantes ont été prises en compte :

 NF EN 12793 Management par la Valeur (CEN, 2000) ;


 NF X 50-100 Analyse Fonctionnelle – Caractéristiques fondamentales
(AFNOR, 1996) ;
 NF EN ISO 14040 Management environnemental — Analyse du cycle de vie —
Principes et cadre (ISO, 2006a);
 NF EN ISO 14044 Management environnemental – Analyse du cycle de vie –
Exigences et lignes directrices (ISO, 2006b) ;
 ISO/TR 14049 Management environnemental – Analyse du cycle de vie- Exemple
d’applications de l’ISO 14040 traitant de la définition de l’objectif et du champ
d’étude ainsi que de l’analyse de l’inventaire (ISO, 2012).

91
La normalisation permet d’avoir recours à un texte de référence des méthodes standardisé
et solide. Ainsi les normes de Management par la Valeur et d’Analyse Fonctionnelle,
fournissent des informations sur l’AF pour répondre aux critères de comparaison, pendant
que les normes de Management environnemental fournissent des informations concernant
l’ACV.

Critères de comparaison
La comparaison des méthodes AF et ACV permet d’identifier leur degré de
correspondance à partir des critères de comparaison. Les critères de comparaison de deux
méthodes ont été adaptés à partir de ceux proposés par Pigosso et al. (2011). Bien que les
critères de cet auteur aient été développés pour comparer les outils d'éco-conception, nous
jugeons qu’ils sont assez génériques pour être adaptés à notre problématique. Le Tableau
3 énumère et définit les critères de comparaison.

Tableau 3. Critères de comparaison


N° Critère Définition
1 Objectif générale Il s’agit d’identifier le but principal de l’application de la
méthode.
2 Standardisation Permet d’identifier la normalisation existante des
méthodes selon les normes NF, EN, ISO.
3 Nature des données Permet d’identifier le type de données d’entrée requises
d’entrée (Pigosso et par la méthode :
al., 2011)  Qualitatives, auxquelles on ne peut pas attribuer
une valeur.
 Quantitatives, nécessite des données numériques.
 Mixtes (quantitatives et qualitatives).
4 Nature de données de Permet d’identifier le type de données résultants de la
sortie (Pigosso et al., méthode :
2011)  Qualitatives, quand la méthode fournit un guide
général qui concerne la qualité et ne génère pas
des données numériques.
 Quantitatives, quand la méthode génère des
données numériques.
 Mixtes quand la méthode génère des données
qualitatives et quantitatives.
5 Domaine de Décrit le domaine dans lequel la méthode a été
connaissance (Pigosso développée. Ex. : Domaine de management
et al., 2011) environnemental.
6 Perspective du cycle Permet d’identifier la complétude des phases du cycle de
de vie (Pigosso et al., vie considérées par les méthodes.
2011)  Prise en compte totale.
 Prise en compte partielle.
 Cycle de vie pas pris en compte.

92
7 Niveau de Permet d'évaluer le niveau de développement actuel de la
développement actuel méthode.
(Pigosso et al., 2011)  Théorique, quand la méthode est un ensemble
organisé de principes, règles, lois scientifiques et
où il n’y a que des études théoriques concernant
son application.
 Expérimentale, c’est-à-dire quand la méthode est
fondée sur l'expérience scientifique et est
utilisable à titre d’expérience, pour obtenir sa
validation.
 Consolidée, quand la méthode est validée, stable,
utilisée et constitue un bon moyen pour parvenir
à un résultat.
8 Difficulté de la mise Permet d’évaluer l’investissement de l’entreprise en
en œuvre termes organisationnels dans l’intégration des méthodes.
 Investissement élevé, l’entreprise doit faire des
changements organisationnels importants,
sensibiliser le personnel, investir et acquérir les
compétences nécessaires.
 Investissement moyen, faibles changements
organisationnels et investissements importants.
 Investissement faible, l’entreprise n’a pas besoin
de changement organisationnel important.
9 Temps exigé pour Ce critère évalue de manière qualitative le temps
l’application nécessaire pour l'application de la méthode. Le temps
(utilisation) (Pigosso d’application est lié à la pratique, sa détermination est
et al., 2011) donc subjective.
 Temps normal d’application, répond à un temps
qui est maitrisable par l’utilisateur de la méthode,
car il dispose des ressources et des informations
pour la mettre en place.
 Temps considérable d’application, répond à un
grand investissement de la part de l’utilisateur de
la méthode car les ressources ou l’information ne
sont pas disponibles ou sont difficiles à obtenir.
10 Coût de l'application Ce critère évalue de manière qualitative l'application et le
et de l’acquisition coût d'acquisition de la méthode :
(Pigosso et al., 2011)  Coût faible
 Coût considérable
11 Niveau de Ce critère permet d’évaluer le niveau de connaissances
spécialisation de requis par le concepteur pour appliquer la méthode et
l’utilisateur (Pigosso interpréter les résultats obtenus :
et al., 2011)  Spécialisation faible.
 Spécialisation moyenne.
 Spécialisation considérable.

93
L’application des critères à chaque méthode doit nous permettre de mettre en évidence
les ressemblances ou les différences des méthodes afin de générer un niveau de
correspondance (Tableau 4). Le niveau de correspondance permet de répondre aux
questions, c’est-à-dire connaitre si une méthode est capable d’enrichir l’autre méthode
(Tableau 5). La relation entre le niveau de correspondance et la possibilité d’enrichir la
méthode est inversement proportionnelle. Si la correspondance entre les critères des deux
méthodes est plus élevée, il y aura moins de possibilité d'enrichir l’une ou l’autre méthode
car cela implique qu'elles partagent un contenu similaire. Si la correspondance est plus
faible, cela implique que les méthodes ne partagent pas le même contenu et la possibilité
d’enrichir l’une ou l’autre méthode augmente.

Tableau 4. Définition du niveau de correspondance


Niveau de Définition
correspondance
Élevé Implique que les méthodes partagent des caractéristiques similaires
en relation aux critères comparés.
Moyen Implique que les critères sont présents dans les deux méthodes, mais
présentent des différences par rapport à leur définition et/ou leur
application.
Faible ou nulle Implique que les méthodes ne partagent pas de caractéristiques en
relation aux critères comparés.

Tableau 5. Niveaux de correspondance et possibilité de trouver des concepts


Niveau de Q1 : Est-ce que selon ce critère l’ACV peut enrichir l’AF afin
correspondance d’inclure des considérations environnementales ?
Q2 : Est-ce que selon ce critère l’AF peut bénéficier de l’ACV à
travers le renseignement des données pour la réalisation d’une
future ACV ?7
Élevé Non, si les critères ont une correspondance élevée, ça veut dire que
les méthodes partagent un contenu similaire donc elles ne peuvent
pas s’enrichir l’une à l’autre.
Moyen Oui, peut-être, cette correspondance ouvre la possibilité d’étudier
l’intégration des concepts à condition qu'ils puissent s’adapter de
façon cohérente et enrichir les connaissances de l’une ou de l’autre
méthode.
Faible ou nulle Oui peut-être, si les critères n’ont nulle correspondance,
l’intégration de concepts peut être étudiée, à condition qu'ils
puissent s’adapter de façon cohérente et enrichir les connaissances
de l’une ou de l’autre méthode. Cependant une différence
importante suppose des efforts considérables pour réussir une
relation entre les deux méthodes.

7
Les questions présentées au début du Chapitre ont été adaptées au format de la comparaison, en
interrogeant les critères.

94
Comparaison entre les méthodes
Le Tableau 6 présente la comparaison entre l’AF et l’ACV. Dans la première colonne
nous trouvons le critère. Dans la deuxième et troisième colonne chaque méthode est
définie par rapport au critère en question. La quatrième colonne présente le niveau de
correspondance. La cinquième et sixième colonne contiennent les réponses aux questions
1 et 2.

95
Tableau 6. Comparaison AF/ACV

Critère AF ACV Niveau Q1 : Est-ce que selon ce critère l’ACV Q2 : Est-ce que selon ce critère l’AF peut aider
Corres peut enrichir l’AF afin d’inclure des à renseigner une future ACV ?
p considérations environnementales ?

1. Objectif générale Modélisation Évaluation Faible OUI, certaines catégories d'impacts OUI, mettre à disposition de l’expert
fonctionnelle d’impacts environnementaux pourraient être environnemental le CdCF pourrait permettre
du produit environnementaux directement associées aux critères l’étude de fonctions pour le remplissage de
utilisés dans les exigences certaines conditions dans l’ACV comme la
fonctionnelles. définition de l’unité fonctionnelle.

2. Standard - EN 12793 - ISO 14044 Élevé Non, les deux méthodes ont été Non, les deux méthodes ont été constituées ou
- NF X 50-100 - ISO 14040 constituées ou harmonisées par le harmonisées par le Comité européen de
Comité européen de normalisation. normalisation.

3. Nature des Données Données Moyen OUI, l’unité fonctionnelle pourrait être OUI, l’AF contient des informations sur des
données d’entrée qualitatives, qualitatives et intégrée dans l’AF. éléments externes en relation avec le produit, qui
certaines quantitatives pourraient déjà renseigner sur des données ACV.
données Par exemple les fonctions, dans lesquelles
quantitatives interviennent des flux de matière et d’énergie,
pourraient renseigner l’ACV pour la complétude
de l’ICV. Elles peuvent aider aussi à définir
l’unité fonctionnelle.

4. Nature de Données Données Moyen OUI, les catégories de flux utilisées OUI, les fonctions principales (fonctions de
données de sortie qualitatives et quantitatives dans l’ACV (énergie, matière) service principales en NF EN 12973 (CEN,
quantitatives appartenant à l’ICV pourraient être 2000)) dans l’AF pourraient aider à la définition
abordées dans le CDCF. de l'unité fonctionnelle (UF). La détermination
du besoin dans l’AF est aussi outil pour l’expert
dans l’expression du besoin en ACV.

5. Domaine de Ingénierie en Management Faible OUI, des connaissances d’ACV peuvent OUI, la connaissance apportée par l’AF pourrait
connaissance conception environnemental être intégrées dans l’AF. Ces changer la gestion en mettant l'accent sur les
connaissances permettraient de fonctions à la place des composants.

96
considérer les aspects
environnementaux d’un produit dès les
premières étapes de conception.

6. Perspective du Partielle Totale Moyen OUI, parce que la pensée du cycle de vie NON, l’ACV possède les connaissances
cycle de vie n’est pas une obligation dans l’AF, nécessaires à la gestion du cycle de vie, pendant
seulement une vision globale est que l’AF ne les possède pas.
conseillée.

7. Niveau de Consolidé Consolidé Élevé NON, les deux sont consolidées, aucune NON, les deux sont consolidées, aucune nouvelle
développement nouvelle information peut enrichir l’une information peut enrichir l’une ou l’autre.
actuel ou l’autre.

8. Difficulté de la Moyen (aucun Difficile Nulle NON, l’ACV est souvent menée par un OUI, l’AF est une approche qualitative, une ACV
mise en œuvre logiciel requis (méthodologie + cabinet de conseil, il ne peut pas qualitative et simplifiée pourrait être utile.
+ approche logiciel + base de influencer l’AF dans sa mise en œuvre.
qualitative) données)

9. Temps exigé pour Jours Mois Nulle NON, l’intégration de connaissances de OUI, l’AF peut en partie pré-renseigner l’ICV, et
l’application l'ACV augmentera le temps réduire par conséquent le temps pour l'inventaire.
(utilisation) d’application d’AF.

10. Coût de Coût du travail Coût considérable Faible Ne s’applique pas, ce critère ne peut pas OUI, AF peut en partie renseigner l’ICV et
l'application et de seulement (logiciel, base de être évalué. Le coût d’application de réduire par le coût associé à l’inventaire.
l’acquisition (aucun logiciel données, expertise) l’ACV n’intervient pas dans une
requis) intégration de considérations
environnementales dans l’AF.
11. Niveau Concepteur Expert Nulle OUI, le concepteur (expert AF) pourrait OUI, l’expert ACV pourrait amplifier son avis
spécialisation de environnement améliorer ses compétences par une sur le produit depuis le domaine fonctionnel.
l’utilisateur ACV compréhension plus globale (durable)
du produit apporté par l’ACV.

97
Analyse de la comparaison
Nous avons réalisé une synthèse en regroupant les critères selon les trois niveaux de
correspondance. D’abord les critères qui ont un niveau élevé de correspondance, ensuite
les critères qui ont un niveau moyen de correspondance et pour finir les critères qui ont
un niveau de correspondance faible.

a. Correspondance élevé : Les critères 1, 3 et 8 (caractéristiques de la structure,


standardisation, niveau de développement actuel) ont un niveau de
correspondance élevé. Comme vu dans le Tableau 5, une correspondance élevée
implique que les méthodes ont un contenu d’information similaire et ne peuvent
pas en conséquence apporter de connaissances ou des renseignements
complémentaires.
b. Correspondance moyenne : Les critères 4, 5 et 7 (nature des données d'entrée,
nature des données de sortie, perspective du cycle de vie), ont un niveau de
correspondance moyen. Cela ouvre la possibilité de trouver des concepts qui
permettront d’enrichir l’une ou l’autre méthode. Les concepts qui peuvent enrichir
l’une ou l’autre méthode sont :
 Pour la nature des données d'entrée, les deux méthodes prennent en compte
des aspects qualitatifs du produit. Dans l’AF sous la forme de fonctions et en
ACV par rapport à la recherche des principales fonctions du produit pour
déterminer l'unité fonctionnelle (UF). L’UF qui représente la fonction
fondamentale du produit pourrait être intégrée dans l’AF. Inversement, les
données d'entrée d’AF en forme de fonctions pourraient déjà renseigner la
base de données de l'ICV ;
 En ce qui concerne les données de sortie, l’ICV définit les catégories de flux
(matériaux, énergies) appartenant à l’ACV. Ces flux pourraient être abordés
dans le CdCF de l’AF pour aider à la caractérisation des fonctions (critères,
niveaux). En outre, les données de sortie de l’AF pourraient devenir une ligne
directrice pour définir l’unité fonctionnelle dans l'ACV. L’expression du
besoin dans l’AF peut aussi être utile à l’expert dans la définition du besoin
dans l’ACV, qui aide aussi à la définition de l’unité fonctionnelle ;
 Pour le critère de perspective de cycle de vie, la représentation élargie du cycle
de vie dans l'ACV, pourrait enrichir l’AF en prenant en compte les phases de
cycle de vie (PCV). Prévoir les PCV dans l’AF peut permettre d’anticiper des
considérations environnementales pour réduire les impacts que les fonctions
provoqueront tout au long du cycle de vie.
c. Correspondance faible : Les critères 2, 6 et de 9 à 11 ont un niveau de
correspondance faible ou nul. Leur niveau de correspondances suppose des efforts
considérables pour réussir une relation entre les deux méthodes.

98
 Pour l'objectif général, les domaines d'investigation sont différents, et pas
nécessairement impliqués dans le même processus. Une connexion entre les
fonctions et les impacts environnementaux exigerait un développement
conséquent ;
 Dans le domaine de connaissance, les connaissances ACV peuvent tout à fait
enrichir l’AF, les concepteurs pourraient prendre en compte des
considérations environnementales grâce aux connaissances apportées par
l’ACV. Inversement, une approche fonctionnelle pourrait changer la façon de
gérer les impacts environnementaux du produit en mettant l'accent sur les
fonctions en lieu des composants du produit ;
 Les critères de 9 à 11 expriment la difficulté de mise en place d’une
collaboration entre AF et ACV : les compétences et les équipements pour
utiliser chaque méthode sont différents. L’AF ou l’ACV peuvent être
externalisées, ce qui empêche un échange de données. L’ACV est une
méthode coûteuse et chronophage, et sa mise en œuvre implique des
changements qui nécessitent une stratégie d'intégration au niveau
organisationnel.

Au vu de l’analyse des niveaux de correspondance, le groupe de critères avec un niveau


de correspondance moyen est le plus adapté à enrichir mutuellement les méthodes. Les
concepts retenus sont synthétisés dans le Tableau 7.

Tableau 7. Concepts retenus


N° Critère Concepts retenus Concepts retenus
de l’ACV vers l’AF de l’AF vers l’ACV

4) Nature des données  Unité fonctionnelle  Fonctions


d’entrée
5) Nature de données  Inventaire de cycle de  Fonctions principales
de sortie vie  Expression du besoin

7) Perspective du  Concept de cycle de vie  X


cycle de vie

99
2 Processus collaboratif méthodologique entre l’ACV et l’AF

La construction du processus collaboratif méthodologique implique l’inclusion de six


concepts issus de l’analyse comparative selon une approche d’amélioration continue.
Pour cela, chaque concept sera étudié et accompagné de propositions. Les propositions
seront ensuite agencées dans un tout, cohérent, qui donnera lieu au processus collaboratif
méthodologique. Une analyse critique permettra enfin d’établir les avantages et les
inconvénients de la proposition du processus collaboratif méthodologique.

2.1 Etude de concepts retenus

Intégration de l’ACV vers l’AF


Les concepts de «cycle de vie », « unité fonctionnelle » et « inventaire du cycle de vie»
ont été précédemment sélectionnés concernant leur potentiel vers l’AF. Les concepts ont
été définis en prenant en compte l’apport qu’ils peuvent rendre à l’AF et sont explicités
ci-dessous.

1 Cycle de vie
L'identification des fonctions pour les différentes phases du cycle de vie du produit est
recommandée dans la norme européenne sur l’analyse de la valeur (CEN, 2014).
Cependant, cette recommandation n’est pas suffisamment développée en raison de
l'absence de détails opérationnels ou d’exemples de modèles de gestion du cycle de vie
d’un produit. Ce manque de considération du concept de cycle de vie dans l’AF, pourrait
être comblé par l’intégration des connaissances de l’ACV.

À la différence de l’AF, le concept de cycle de vie dans l'ACV, est un concept central. Il
est défini comme les étapes successives et interdépendantes d'un système de produits, de
l'acquisition des matières premières ou la génération des ressources naturelles à
l'élimination finale (ISO, 2006a). L’ACV modélise le cycle de vie sous la forme d’un
système de produits qui montre la relation entre les phases et les ressources mobilisées
tout au long du cycle de vie.

L’AF est généralement traitée par les concepteurs dans la phase d’utilisation, étant donné
que le produit est pensé et conçu pour son usage. Cependant les conséquences de réaliser
une AF pour la phase d’utilisation sont sous-estimées. En effet, dans la phase d’utilisation,
les solutions qui permettent d'atteindre les fonctions ont des influences sur plusieurs
phases du cycle de vie. Elles peuvent affecter l'entrée et la sortie de chaque phase de vie,
et par conséquent sont responsables de la création des impacts environnementaux. Par
exemple, une fonction définie par un critère physique délimite le choix du matériau
approprié, ce qui affecte donc les phases d'acquisition du matériau, sa fabrication, son
utilisation et sa fin de vie.

100
Proposition 1
Notre proposition est de donner au concepteur une procédure systématique pour relier les
fonctions de la phase d'utilisation aux autres phases du cycle de vie. Le but est de montrer
les dépendances entre les phases, et par conséquent leurs influences environnementales.
Ainsi, nous intégrerons la gestion du cycle de vie dans l’AF pour prendre en compte les
contraintes environnementales en considérant les autres phases qui seront affectées par la
phase d’utilisation. Les solutions devraient donc avoir un rendement environnemental
équilibré sur l’ensemble du cycle de vie.

2. Unité fonctionnelle (UF)


L’unité fonctionnelle est une question fondamentale dans l'ACV, elle représente la
performance quantifiée d'un « système de produits », qui permet de fournir une référence
à laquelle les flux d’entrants et sortants seront liés pour l’établissement de l’inventaire de
cycle de vie du produit (ISO, 2006a). Pour déterminer l’unité fonctionnelle les fonctions
pertinentes du produit sont nécessaires. L’UF utilise la fonction principale du produit en
quantifiant sa performance sur un intervalle de temps. L’UF peut être donc intégrée dès
l’AF lorsque les exigences fonctionnelles sont définies pour synthétiser la fonction
principale du produit.

Proposition 2
Notre proposition est la quantification de la performance attendue du futur produit à
travers la définition d’une UF en amont, qui permettra de prévoir les caractéristiques de
performance du futur produit. À partir de la fonction principale, le concepteur peut être
préparé à la réflexion sur l'environnement en prévoyant la performance de cette fonction,
la durée de service et la durée de vie du produit.

3. Inventaire du cycle de vie (ICV)


L’ICV détaille tous les flux entrants et sortants du système de produits (matières
premières, composants, énergies, etc.). Pour l’AF, les exigences fonctionnelles peuvent
être considérées comme une partie de l'inventaire. En effet, la définition de la
performance attendue du produit implique la détermination de la spécification
fonctionnelle (critères et niveaux du CdCF) qui définissent des flux entrants et sortants.

Proposition 3
Notre proposition est d’inclure dans le CdCF les catégories matière et énergie et la
direction des flux (entrée ou sortie) pour aider le concepteur à trouver la spécification la
plus appropriée (c’est-à-dire les critères et leur niveau associés). Un avantage secondaire
est d'amener le concepteur à se rapprocher des compétences d'experts dans la
compréhension du système de produit.

101
Intégration de l’AF en l’ACV
Les concepts «expression de besoin », « fonctions principales » et « exigences
fonctionnelles » ont été retenus pour être intégrés dans l’ACV. Ces concepts pourraient
donner les informations fonctionnelles qui sont à l’origine de la conception du produit
pour la réalisation d’une ACV. La norme ISO/TR 14062 (ISO, 2002a) prévoit d’acquérir
ces informations à travers l’expert qui analyse le produit pour réaliser l’ACV, nonobstant
les raisons qui ont motivé leur conception (besoin, fonctions, etc.,) ne sont pas
disponibles.

4. Expression du besoin
Le besoin dans l’AF est défini en fonction de ce dont un utilisateur éprouve la nécessité
et/ou ressent le désir, y compris ses attentes implicites (CEN, 2000). Dans l’ACV ce
concept est introduit dans la première étape car il est nécessaire à la «Définition
d’objectifs et du champ de l’étude » qui détermine les objectifs et fixe le périmètre de
l’étude.

Proposition 4
Notre proposition consiste à guider le concepteur pour qu’il puisse transmettre le besoin
défini dans l’AF à l'expert de l'ACV afin de le guider dans la détermination des limites
de son système de produit.

5. Fonctions principales
Une fonction exprime la relation du produit avec son environnement. Dans la phase
d'utilisation, les fonctions principales qui justifient l'existence du produit peuvent être par
conséquent associées à l’unité fonctionnelle. En ACV l’unité fonctionnelle est la
performance quantifiée d'un « système de produits » destinée à être utilisée comme unité
de référence dans une analyse du cycle de vie (ISO, 2006a). Pour déterminer l’unité
fonctionnelle sont nécessaires les fonctions principales du produit qui sera étudié.

Proposition 5
Notre proposition consiste à guider le concepteur pour transmettre les fonctions
principales à l'expert ACV afin de donner une meilleure définition de l’UF.

6. Fonctions
Les fonctions peuvent être considérées comme une partie de l’ICV. Les catégories
(matière, énergie, d’entrée et de sortie) qui ont été spécifiés pour chaque fonction, peuvent
bénéficier à l’ACV et pré-remplir l’ICV par certaines données depuis le cahier de charges
fonctionnel. Par exemple la détermination de flux d’énergie qui consommera le produit
lors de son utilisation peut être consultée directement dans le cahier des charges.

102
Proposition 6
Notre proposition est de guider le concepteur à transmettre à l’expert ACV des
informations concernant des flux d’entrée et de sortie du produit qui sont exprimées dans
le CdCF.

2.2 Agencement du processus collaboratif méthodologique

L'éco-conception d'un produit est un processus d'amélioration continue, c’est pourquoi


les six propositions précédentes ne peuvent pas être considérées d’une façon
indépendante. Le processus collaboratif méthodologique est donc un processus cyclique
et collaboratif. Le mode de cycle exprime l'amélioration continue du produit, et le mode
de collaboration exprime l'échange de données entre l’AF et l’ACV.

L'agencement du processus collaboratif méthodologique implique l’intégration des trois


premiers concepts dans l’AF et la préparation de 3 autres concepts comme résultat de
l’AF pour être utilisés plus tard dans l’ACV. L’intégration de six propositions est illustrée
dans la Figure 33.

1. Besoin = nouveau produit

Concepts depuis ACV 2. AF


(Propositions 1, 2, 3) (Inventaire des fonctions)

Concepts depuis AF
3. Solutions
(Propositions 4, 5, 6)

4. ACV (UF, ICV)

5. Produit Non
conforme ?

Oui

Produit éco-conçu

Progression dans le processus


Intégration de propositions
Reconception
.

Figure 33. Processus collaboratif méthodologique entre l’AF et l’ACV

103
Description du processus
 Expression du besoin : Le processus commence par la proposition d'un nouveau
produit pour lequel il n'y a pas des donnés d’impact qui proviennent d’un feedback
environnemental. Cela en fonction de s’il s’agit d’un nouveaux produit qui n’était
pas développé auparavant par l’entreprise ou s’il s’agit d’un nouveaux produit qui
est inédit. C’est dans cette étape que s’exprime le besoin.
 Analyse fonctionnelle : Elle consiste à inventorier et spécifier les fonctions du
produit en prenant en compte les concepts de cycle de vie, l’unité fonctionnelle et
de formatage de flux en préparant des données en relation avec l’ICV. L’AF
enrichit des concepts environnementaux, permet au concepteur d’anticiper des
considérations environnementales pour la proposition de solutions
environnementalement responsables. Également le concepteur prépare des
données pour l’ACV.
 Solutions : Le concepteur propose des solutions techniques pour satisfaire le
CdCF.
 Analyse de cycle de vie : L’ICV qui a été pré-remplie dans l’étape 2 est utilisée
pour la mise en place d’une étude ACV. Les données pour la construction de l’UF
sont consultées.
 Conformité du produit : Si les résultats ne sont pas conformes au résultat attendu
une reconception est engagée. Une révision de l’analyse fonctionnelle peut être
effectuée, donc il faut revenir à l’étape 2, pour identifier par exemple les impacts
associés aux fonctions, déterminés grâce aux résultats de l’ACV. Le processus
redémarre jusqu'à l'acceptation du produit éco-conçu.
 Produit éco-conçu : le produit obtenu est respectueux de l’environnement.

Conclusion
Notre proposition de processus collaboratif méthodologique vient en soutien au besoin
d'amélioration continue pour l'efficacité environnementale des produits.
Complémentairement, la proposition du processus collaboratif méthodologique peut
soutenir aussi l’échange des données entre les concepteurs et les spécialistes de
l’environnement.

Étant donné que la proposition du processus collaboratif méthodologique est prévue pour
être appliquée au sein d’une PME, la présence durable d’un expert environnement n’est
pas envisageable (nous avons vu les raisons en Chapitre I §1.2.7). Mais cela n’empêche
pas l’intervention ponctuelle d’un expert environnement, si l’entreprise obtient les
ressources pour la réalisation d’une ACV.

Le partage des données, informations, connaissances, etc. entre le concepteur et l’expert


environnement est un sujet amplement traité dans la littérature scientifique. Étant donné
que des experts environnement sont nécessaires à l’application des méthodes d’analyse

104
environnementale, la création d’une interaction entre les concepteurs et les experts
environnement est essentielle. Ritzén (2000), argumente que les procédures de travail
doivent être ajustées pour assurer l'interaction entre les concepteurs et les experts
environnement. Pour Rio et al. (2013), une rapide évolution des outils d'éco-conception
a comme conséquence que les experts environnement soient confrontés à des difficultés
pour partager des données de manière efficace avec les concepteurs. C’est pour cela que
les efforts visant à rendre possible la prise en compte de considérations
environnementales dans les activités des concepteurs ont aujourd’hui un intérêt
particulier. En conséquence, il est nécessaire d’ouvrir la possibilité de l’intervention d’un
expert environnement dans le processus collaboratif méthodologique.

Le processus collaboratif méthodologique comme proposition d’approche entre le


concepteur et l’expert environnement implique

 la création d’une entente, où le concepteur fournira un appui sous la forme des


données fonctionnelles pour la concrétisation d’une ACV ;
 la création d’une base des données enregistrable et consultable par le concepteur,
l’expert et les acteurs concernés.

Avantages, inconvénients
Bien que le processus collaboratif méthodologique ne sera pas développé entièrement
dans ce projet, nous réalisons une prospective sur les avantages et les inconvénients.

Les avantages :
 Le soutien du processus à l’amélioration en continu pour le développement de
produits environnementalement responsables.
 Une possible amélioration du bilan environnemental des produits grâce à
l’intégration des considérations environnementales.
 Une possible simplification dans la recherche des données qualitatives pour la
mise en marche d’une analyse environnementale de type ACV.
 La création d’une base des données qui aura l’intérêt particulier d’être consultable
en amont comme en aval du processus de développement du produit.
 Une possible compréhension mutuelle grâce à un support d’échange du travail du
concepteur et d’expert environnement.

Les inconvénients :
 Une adaptation et des changements organisationnels conséquents sont nécessaires
pour adopter le processus collaboratif méthodologique.
 Le processus collaboratif méthodologique requière d’une grande quantité des
ressources et du temps pour son développement. En effet, proposer le processus
collaboratif méthodologique à niveau théorique, implique le développement de
chacune des propositions, qui engagent à la fois l’accomplissement de toute

105
démarche scientifique : le questionnement, la recherche de réponse et la
validation.

106
3 Résumé du Chapitre III

Dans le Chapitre III, nous avons présenté une analyse comparative entre les méthodes
ACV et AF afin de construire un processus collaboratif méthodologique d’éco-
conception.

Les résultats de la comparaison ont permis de déterminer deux catégories de concepts


pour enrichir respectivement l’AF et l’ACV.

En premier lieu, nous avons identifié des concepts propres à l’ACV (cycle de vie, unité
fonctionnelle et inventaire de cycle de vie), qui contiennent des connaissances capables
d’enrichir l’AF de la dimension environnementale.

En deuxième lieu, nous avons identifié des concepts issus de l’AF (expression du besoin,
fonction principale et fonctions), qui contiennent de l’information fonctionnelle capable
de fournir des données pour la réalisation future d’une ACV.

Les concepts identifiés ont donné lieu à des propositions. Ces propositions ont été
agencées dans le processus collaboratif méthodologique.

Pour commencer la mise en œuvre du processus collaboratif méthodologique nous avons


choisi de développer l’un de concepts le plus importantes de la proposition : le concept
de cycle de vie, qui nous permettra de valider l’hypothèse initiale. Ainsi, l’introduction
du concept de cycle de vie depuis l’ACV vers l’AF est le sujet principal du Chapitre IV.

107
CHAPITRE IV : DEVELOPPEMENT

108
Chapitre IV : DEVELOPPEMENT
Le processus collaboratif méthodologique entre l’AF et l’ACV proposé au Chapitre
précédent permet de structurer l’intégration de six concepts dans le processus d’éco-
conception d’un nouveau produit. Les trois premières propositions d’intégration sont
issues de l’ACV et sont chargées d’apporter des connaissances environnementales à l’AF.
Elles sont : (1) intégration du concept de cycle de vie, (2) intégration de l’unité
fonctionnelle et (3) intégration de l’inventaire de cycle de vie. Les trois propositions
suivantes sont issues de l’AF, ce sont des renseignements et des données pour la
réalisation d’une future étude ACV du produit. Elles sont : (4) intégration de l’expression
du besoin, (5) intégration de la fonction principale du produit et (6) intégration des
fonctions.

Étant donné que le développement scientifique de chacune des propositions signifie la


mobilisation d’une grande quantité de ressources, nous avons décidé de développer la
proposition 1 concept du cycle de vie en priorité. Ce choix n’est pas fortuit car en
intégrant le concept du cycle de vie dans l’AF, nous initions la mise en place du processus
collaboratif méthodologique à travers lequel nous pouvons répondre à
l’hypothèse initiale : L’introduction des concepts environnementaux issus de l’analyse
de cycle de vie (ACV) dans l’analyse fonctionnelle (AF), permet la création d’une
procédure proactive capable d’aider le concepteur à anticiper les considérations
environnementales nécessaires à l’éco-conception d’un nouveau produit.

Le développement du concept du cycle de vie dans l’AF vise à pouvoir anticiper des
considérations environnementales pour soutenir le concepteur dans la conception d’un
nouveau produit. La stratégie pour transposer le concept du cycle de vie
comprend l’analyse du contexte, c’est-à-dire la mise en évidence des circonstances qui
font que le cycle de vie soit un concept nécessaire à l’AF et la proposition d’intégration
du cycle de vie dans l’AF. La Figure 34 présente le déploiement du Chapitre IV.

Processus
complémentaire

collaboratif
Hypothèse

Collaboratif
Processus

Hypothèse

Proposition 1
Initiale

1 Contexte
Intégration de
concept du cycle

2 Proposition d’intégration du cycle


de vie dans l’AF

Figure 34. Schéma de représentation des étapes de développement de la proposition 1

109
Pour faciliter la lecture des sections suivantes, la méthodologie d’intégration du cycle de
vie dans l’AF sera appelée EcoAF. Le nom est formé par le préfixe Eco8 du fait qu’elle
intègre des connaissances environnementales et d’AF abréviation d’analyse
fonctionnelle.

8
Éco- L’élément éco- vient du grec oikos, qui signifie « maison, habitat ». L’élément éco- est associé à un
sens plus récent d’écologie : « moyens mis en œuvre afin de préserver l’environnement des effets néfastes
des activités humaines ». Plusieurs mots comportant éco- désignent des êtres ou des choses qui respectent
l’environnement ou, à tout le moins, dont les effets sur l’environnement sont moindres, par exemple
écoproduit, écohabitation ou écocitoyen. Office Québécois de la Langue Française,
http://www.oqlf.gouv.qc.ca/accueil.aspx, visité le 05/11/2015.

110
1 Contexte

1.1 Contexte normatif

Dans la norme ISO 14040 Management environnemental — Analyse du cycle de vie —


Principes et cadre, (2006a), le cycle de vie correspond aux phases successives et
interdépendantes d'un « système de produit », depuis l'acquisition de matières premières
jusqu'à l'élimination finale. La modélisation du cycle de vie se réalise à travers le système
de produit qui donne un aperçu global du cycle de vie du produit (Figure 35). Le système
produit permet d’observer les relations entre les phases de vie et la mobilisation de
ressources générées à partir des fonctions du produit. Cette représentation n’est pas
utilisée dans la conception d’un produit, mais nous croyons qu’elle est très pertinente en
matière d’éco-conception. La modélisation du cycle de vie d’un produit en
développement permettrait d’avoir une vision holistique de la mobilisation des ressources
utilisées par l’accomplissement de fonctions tout au long du cycle de vie.

Figure 35. Système de produit, ISO 14040 : 2006 (ISO, 2006a)

À la différence de l’ACV, le concept du cycle de vie est moins important et moins


développé dans l’AF. Le cycle de vie est considéré comme l’ensemble de toutes les
situations dans lesquelles le produit sera présent au cours de sa vie (AFNOR, 2011). La
norme NF EN 16271 :2013, « Management par la valeur - Expression fonctionnelle du
besoin et cahier des charges fonctionnel - Exigences pour l'expression et la validation du

111
besoin à satisfaire dans le processus d'acquisition ou d'obtention d'un produit »,
recommande par exemple l'identification des fonctions pour les phases de cycle de vie
transport, stockage et fin de vie. Malgré cette recommandation, ce concept n’est pas
suffisamment développé. Les révisions successives des normes d’Analyse de la Valeur et
d’Analyse Fonctionnelle, qui incluent EN1325 : 2014, EN 16271:2013, EN12973:2000
(CEN, 2014, 2013, 2000) n’ont pas permis de combler le manque de détails opérationnels,
de guides et d’exemples sur la façon de modéliser et de gérer le cycle de vie dans l’AF.
Ainsi, malgré les recommandations sur la prise en compte du cycle de vie du produit, le
système normatif peine à apporter des méthodes claires pour guider le concepteur dans
l’introduction de ce concept dans l’AF.

1.2 Contexte opérationnel

La section précédente met en évidence le manque de développement du concept cycle de


vie dans la normative de l’AF. Nous croyons qu’il est également nécessaire de
s’interroger sur l’usage réel du cycle de vie par des experts de l’AF. Dans cet objectif,
nous avons choisi d’analyser les retours d’expériences d’un panel d’experts en les
interrogeant sur l’application de la gestion du cycle de vie dans l’AF. 12 questions
(ouvertes et fermées) ont été proposées à 42 experts. Ces experts ont été choisis selon leur
degré de maturité par rapport à l’AF : consultants en analyse de la valeur, concepteurs,
formateurs et doctorants. Pour s'assurer de l’utilisabilité du questionnaire il a été validé
par deux experts de l’AFAV9 et a été testé auprès de membres de l’équipe de recherche
CREIDD.

Le questionnaire a été composé de quatre parties :

 la première partie est signalétique, elle interroge les experts sur leurs activités
professionnelles et leurs liens avec l’AF ;
 la deuxième partie concerne la gestion du cycle de vie dans l’AF et le CdCF ;
 la troisième partie vise à obtenir des renseignements sur la participation du
concepteur dans la réalisation du CdCF ;
 la quatrième partie vise à connaitre l’intérêt et les avantages que peuvent apporter
l’intégration de la dimension environnementale dans l’AF.

Pour répondre à l’usage du cycle de vie dans l’AF, nous présenterons de façon détaillée
la deuxième partie du questionnaire. Le lecteur pourra se référer à l’Annexe II, pour
consulter la globalité des questions.

9
Le questionnaire a été validé par deux experts de l’Association Française pour l’Analyse de la Valeur
(AFAV), M. Djemil Chafaï secrétaire général et M. Gaëtan Dhayer trésorier.

112
Extrait du questionnaire, deuxième partie, questions 4 à 9

Question 4 : La norme FD X 50-153 (AFNOR, 2009) propose diverses méthodes


et des outils pour être appliquées lors de l’Analyse Fonctionnelle. Lesquels
d’entre eux utilisez-vous le plus fréquemment ? (question fermée, une liste de
méthodes a été proposée dans le Tableau 8)
Cette question cherche à savoir si le concept du cycle de vie est utilisé par les
experts. La synthèse des réponses présentée dans le Tableau 11 nous montre que
76 % des experts ont choisi l’étude du cycle de vie. Ce fort pourcentage montre
que ce concept est utilisé par les experts.

Tableau 8. Liste des méthodes et réponses


Outils Réponses %
méthode d’inventaire systématique 16 39 %
étude du cycle de vie du produit 31 76 %
étude de comportement de l’utilisateur potentiel 18 44 %
étude des produits voisins, analogues, concurrents 15 36 %
recherche intuitive 7 17 %
recherche des insatisfactions des produits existants 18 44 %
changement de point de vue systématique 6 15 %
critère d’appréciation et leur niveau 16 39 %
diagramme FAST 27 66 %
tableau achronique 1 2%
schéma de contact 4 10 %
graphe de produit 9 22 %
arbre ou graphe de fonctions 22 54 %
schéma de flux 16 39 %

 Question 5 : Si le but est la création d’un nouveau produit, sur quelle phase ou
situation de vie vous êtes-vous focalisé pour la réalisation de l’Analyse
Fonctionnelle ? (question ouverte)
Sur 42 réponses, 85 % des participants se focalisent sur la phase d’utilisation, 2 %
se focalisent sur la phase de transport, 5% sur la phase de fin de vie et 17% sur
d’autres phases. La synthèse des réponses est présentée dans la Figure 36.

113
Stockage
Transport
Utilisation/maintenance
Fin de vie
Autre

Figure 36. Choix sur les différentes phases de cycle de vie pour la réalisation de l’AF

 Question 6 : Pourquoi considérez-vous que la phase ou situation de vie choisie


dans la question précédente est importante pour réaliser un nouveau produit ?
(question ouverte)
Les raisons les plus fréquentes pour les réponses qui se focalisent sur la phase
d’utilisation sont : « parce que le produit est pensé pour l’utilisation », « parce que
le produit doit répondre aux attentes et/ou besoins des utilisateurs », et « parce que
c’est l’étape prioritaire pour l’utilisateur ».
La raison la plus fréquente pour les réponses qui se focalisent sur la fin de vie est :
« parce que la fin de vie représente la spécialité de notre environnement
professionnel ».
La raison la plus fréquente pour les deux réponses qui se focalisent sur toutes les
phases de cycle de vie est : « cette considération permet de réaliser un produit
performant sur toutes les phases de vie ».

 Question 7 : Quelles autres phases du cycle de vie avez-vous travaillées lors de


la réalisation de l’Analyse Fonctionnelle ? (question fermée proposant 5
possibilités)
La phase de fin de vie obtient 43%, suivie par 24% pour la phase de transport,
14% pour la phase de stockage, 12% pour autre phase et 7% pour l’utilisation.

Stockage
Transport
Utilisation/maintenance
Fin de vie
Autre

Figure 37. Choix d’autres phases du cycle de vie pour la réalisation de l’AF

114
 Question 8. Dans le cas de plusieurs phases de cycle de vie, vous rédigez le
CdCF (question fermée) :

Options Réponses* %
De façon indépendante pour chaque phase de vie, c'est à 8 19%
dire rédiger un CdCF adapté à chaque phase ou situation
de vie.

De façon transversale, c'est à dire un même CdCF s'occupe 32 76%


de plusieurs phases ou situations de vie à la fois.

*2 experts n’ont pas répondu, cela équivaux à 5%.

 Question 9 : Une fois rédigé le CdCF, comment gérez-vous les fonctions dans les
différentes phases ou situations de vie ? (question ouverte)

Les réponses montrent qu’il n’y a pas de méthode particulière et que chaque expert
possède une façon différente de gérer les fonctions dans les phases de vie. Les
experts font allusion à l’utilisation de différentes méthodes pour gérer les fonctions.
Ils utilisent par exemple : TRIZ, l’évolution du CdCF, gèrent les phases de vie de
façon transversale, utilisent un CdCF différent par étape de cycle de vie, utilisent
un tableau pour entrecroiser les fonctions et les besoins de chaque phase de vie,
analysent les fonctions au cas par cas.

La différence de moyens utilisés démontre un manque de méthode de gestion du


cycle de vie dans l’AF.

Résumé de réponses

En ce qui nous concerne, c’est-à-dire l’emploi du cycle de vie dans l’AF, nous pouvons
mettre en relief les points suivants :

 les experts reconnaissent utiliser l’étude du cycle de vie du produit dans


l’utilisation de l’AF ;
 pour la création d’un nouveau produit les experts se focalisent sur certaines étapes
du cycle de vie en omettant plusieurs phases du cycle de vie ;
 les experts rédigent un CdCF où les fonctions des différentes phases de cycle de
vie sont traitées de façon transversale ;
 pour gérer les fonctions appartenant aux différentes phases de cycle de vie les
experts ne coïncident pas sur une méthode en particulier et plusieurs font une
analyse personnalisée de fonctions.

115
1.3 Analyse contextuelle

D’après le contexte normatif, nous avons constaté le manque crucial d’une méthodologie
pour une gestion efficace du cycle de vie dans l’AF. Le contexte opérationnel à travers le
retour d’expériences des experts dans l’AF rend compte d’une réalité terrain très
éparpillée :

 un fort pourcentage d’experts se focalise principalement sur l’étape d’utilisation.


Seulement deux experts rappellent l’importance de travailler sur toutes les phases
du cycle de vie ;
 en général les phases qui sont traitées sont l’utilisation et la fin de vie, les autres
phases sont négligées ;
 chaque expert utilise un moyen particulier et différent à l’intérieur du CdCF pour
la gestion des fonctions appartenant à différentes phases du cycle de vie.

Les réponses des experts confirment que le manque constaté dans le contexte normatif a
des conséquences sur la gestion du cycle de vie dans l’AF. La proposition d’une méthode
d’intégration du cycle de vie est donc pertinente.

116
2 Proposition d’intégration du cycle de vie dans l’AF

La construction d’une méthode d’intégration du concept de cycle de vie dans l’AF veut
atténuer le manque de gestion du cycle de vie. Cette inclusion veut aussi permettre de
prendre en compte des aspects environnementaux issus de l’accomplissement des
fonctions et prévenir ainsi les potentiels impacts environnementaux.

En partant de cette hypothèse et en se basant sur les travaux de Dewulf et Duflou (2003),
notre méthode EcoAF suit une stratégie de type « Environmental Impact Driver ».
Cependant, à la différence de ces auteurs qui proposent l’inclusion de l’impact potentiel
après la détermination des attributs du produit, notre proposition prend en compte
l’impact potentiel avant la définition des attributs du produit. Cela est représenté dans la
Figure 38.

Figure 38. Schéma 1 Dewulf et Duflou (2003). Schéma 2 proposition EcoAF

L’AF peut être utilisée comme nouvelle référence pour établir des connaissances
environnementales. De la même manière que dans l’Analyse de la Valeur où les coûts
d’un produit sont associés à des fonctions, notre volonté est d’associer des considérations
environnementales aux fonctions.

En termes environnementaux, l’accomplissement des fonctions crée des aspects


environnementaux (AE) qui provoqueront des impacts potentiels tout le long du cycle de
vie. Par exemple si une fonction requière certaines propriétés d’un matériau pour être
satisfaite, cela va créer l’AE « utilisation de ressources » qui a comme conséquence des
émissions (ISO, 2006a).

Grâce à la méthode EcoAF l’intégration du cycle de vie au niveau fonctionnel permettra


d’anticiper des considérations environnementales pour prévenir les impacts
environnementaux potentiels issus des AE. Cette anticipation guidera le concepteur dans
le choix de solutions techniques les plus adaptées pour prévenir tels impacts sur
l'ensemble du cycle de vie.

117
Nous proposons d’élaborer la méthode EcoAF selon les étapes suivantes :

 définition des objectifs et des contraintes de la méthode ;


 définition d’un modèle ontologique ;
 construction de la méthode ;
 mode opératoire de la méthode.

2.1 Définition des objectifs et des contraintes de la méthode EcoAF

La méthode EcoAF se fixe pour objectif de :

 Intégrer des considérations environnementales dans la phase conceptuelle pour la


conception d’un nouveau produit.

La contrainte que la méthode EcoAF doit respecter est :

 la méthode doit être créée pour être utilisée avec les équipements électriques et
électroniques ;
 la méthode doit être en concordance avec les pratiques employées par le
concepteur pour agir efficacement dans l’intégration de considérations
environnementales.

2.2 Définition d’un modèle ontologique

Pour la construction de la méthode nous devons mobiliser un ensemble de connaissances


provenant de concepts issus de l’ACV et de l’AF. EcoAF présente une certaine difficulté
méthodologique étant donné que plusieurs concepts, existants et/ou proposés, doivent être
mis en relation de façon cohérente et efficace. Cette difficulté méthodologique motive
légitimement la définition d’un modèle ontologique de référence.

Dans le contexte de partage des connaissances, l'ontologie est une description de


différents objets et des relations qui peuvent exister entre eux (Gruber, 1993). Le modèle
ontologique permet de définir l’ensemble des connaissances mises en jeu et sert à
proposer une méthode cohérente au domaine d’intérêt qui veut être traité.

Dans les paragraphes qui suivent, nous allons d’abord présenter le modèle ontologique
FBS de Gero et Kannengiesser. Ensuite nous présenterons un modèle ontologique
enrichi des considérations environnementales basé sur le modèle FBS.

Modèle ontologique de référence


Compte tenu des connaissances mises en jeu, le modèle ontologique FBS de Gero et
Kannengiesser (2004) est tout à fait approprié pour servir de base pour notre référentiel
ontologique.

118
FBS représente la manière dont le concepteur mobilise ses connaissances à travers les
objets et leurs relations. Le concepteur met en relation des classes d’objets qui
représentent les trois principaux aspects d’un produit :

Fonction (F) : décrit la téléologie10 du produit, c’est-à-dire sa finalité. Dans la norme NF


EN 16271, la définition de la fonction est « action d’un produit ou de l’un de ses
constituants exprimée exclusivement en termes de finalité » (CEN, 2013).

Comportement (B) : décrit le comportement attendu (Be) ou le comportement réalisé


(Bs) par la structure (S), c’est-à-dire ce qu'il fera ou fait.

Structure (S) : décrit les composants du produit et leurs relations, à savoir ce que c'est.

Le processus de conception est décrit comme la construction de liens entre les trois
catégories : le concepteur attribue la fonction (F) au comportement attendu (B), et de cette
relation résulte la structure (S).

Gero et Kannengiesser décrivent de façon plus détaillée ce processus complet illustré dans
la Figure 39.

Figure 39. FBS framework, Gero et Kannengiesser (2004)

Le processus est décrit à travers 8 processus élémentaires :

Processus 1. Le concepteur transforme la fonction (F) dans le comportement attendu (Be)


dans le but de satisfaire la fonction.

10
Téléologie : Étude des fins, de la finalité. http://www.cnrtl.fr/definition/téléologie site consulté le
19/01/2016.

119
Processus 2. Le concepteur synthétise, c’est-à-dire transforme le comportement attendu
(Be) en une solution structurelle (S).

Processus 3. À partir de la solution structurelle (S), le concepteur analyse le


comportement acquis par le produit (Bs).

Processus 4. Le concepteur compare le comportement acquis par la structure (Bs) avec


le comportement attendu (Be) pour valider la solution structurelle.

Processus 5. À travers une documentation, le concepteur réalise la description de la


solution structurelle (D) pour la construction ou la fabrication du produit.

Processus 6. Reformulation de type 1, traite des changements de la solution structurelle


en termes de variables de structure, si le comportement réel est évalué insatisfaisant.

Processus 7. Reformulation de type 2, porte sur les changements dans la conception en


termes de variables de comportement, si le comportement réel est évalué insatisfaisant.

Processus 8. Reformulation de type 3, porte sur les changements dans la conception en


termes de variables de la fonction, si le comportement réel est évalué insatisfaisant.

Le modèle FBS de Gero et Kannengiesser, servira de base à notre référentiel ontologique


dans lequel nous ajoutons des objets liés à l’inclusion des considérations
environnementales.

Modèle ontologique pour l’intégration du concept de cycle de vie dans l’AF


Le modèle ontologique de Gero et Kannengiesser nous a permis de comprendre la
mobilisation des connaissances du concepteur dans le processus de conception à travers
les objets FBS (fonction, comportement et structure). Nous avons défini
précédemment la nécessité de prendre en compte des aspects environnementaux pour
prévenir les impacts environnementaux potentiels qui seront provoqués par
l’accomplissement des fonctions tout au long du cycle de vie. Nous proposons
d’intégrer ces considérations environnementales dans le modèle FBS. Pour effectuer cela
nous décrirons tout d’abord les objets structurants du modèle, puis les processus entre les
objets.

2.2.2.1 Objets de la spécification du modèle ontologique


La spécification du modèle ontologique contient les trois objets du modèle FBS
(fonction, comportement et structure) et compte tenu de la démarche « Environmental
Impact Driver » (Figure 38) et du besoin de l’intégration des considérations
environnementales, deux nouveaux objets ont été spécifiés. Ce sont respectivement
les aspects environnementaux (Ea) et les impacts environnementaux (Ei).

Aspect environnemental (Ea) : élément susceptible d’interagir avec l’environnement,


qui a comme conséquence des impacts environnementaux potentiels (ISO, 2006a). Par

120
définition les aspects environnementaux (Ea) se situent avant la structure (S) et après le
comportement attendu (Be).

Impact environnemental (Ei) : Décrit les impacts environnementaux issus du


comportement par le produit (Bs) qui proviennent de la structure (S).

2.2.2.2 Processus complet de la spécification du modèle ontologique


La spécification du modèle ontologique contient 11 processus élémentaires. Il est illustré
dans la Figure 40 et décrit ci-dessous :

Figure 40. Spécification du modèle ontologique

Processus 1. Le concepteur transforme la fonction (F) dans le comportement attendu (Be)


dans le but de satisfaire la fonction.

Processus 2. Le concepteur transforme le comportement attendu (Be) en aspect


environnemental (Ea) qui affectera le cycle de vie.

Processus 3. Le concepteur transforme le comportement attendu enrichi de l’aspect


environnemental (Ea) en une solution structurelle (S).

Processus 4. À partir de la solution structurelle (S), le concepteur analyse le


comportement acquis par le produit (Bs) et obtient l’impact environnemental (Ei) du
produit, qui sera comparé au comportement attendu (Be)

Processus 5. À travers une documentation, le concepteur réalise la description de la


solution structurelle (D) pour la construction ou la fabrication du produit.

121
Processus 6. Reformulation de type 1, traite des changements de la solution structurelle
en termes de variables de structure si le comportement réel est évalué insatisfaisant ou à
niveau environnemental si l’impact environnemental doit être amélioré.

Processus 7. Reformulation de type 2, porte sur les changements dans la conception en


termes de variables de comportement si le comportement réel est évalué insatisfaisant ou
si l’impact environnemental doit être amélioré.

Processus 8. Reformulation de type 3, porte sur les changements dans la conception en


termes de variables de la fonction si le comportement réel est évalué insatisfaisant ou si
l’impact environnemental doit être amélioré.

2.3 Construction de la méthode EcoAF

La spécification du modèle ontologique permet d’identifier les processus sur lesquels


nous devons nous focaliser pour construire la méthode EcoAF. Ce le processus 2, lesquel
permet le passage du comportement attendu (Be) vers la structure (S) en passant par
l’aspect environnemental (Ea).

Ce passage peut utiliser plusieurs chemins. Nous pouvons imaginer par exemple
l’utilisation d’un guide d’éco-conception ou d’une liste de matériaux interdits pour être
consultées et considérées dans la structure et prevenir ainsi les impact potentiels.
Cependant, l’application de ce type de stratégie semble aléatoire et ne peut pas assurer
une prévention d’impacts tout au long du cycle de vie.

Nous avons précédemment manifesté notre intérêt d’enrichir l’AF des considérations
environnementales. Plus précisément nous voulons intégrer le concept du cycle de vie.
Notre idée est donc de travailler sur une stratégie qualitative capable d’identifier dans
quelles phases du cycle de vie se produiront les impacts potentiels et ainsi les prévenir.

En prenant en compte ces considérations, nous allons créer un passage de Be vers S en


passant par Ea, en utilisant l’AF grâce à un formatage de son outil le CdCF. Pour cela,
nous mettons en correspondance la spécification du modèle ontologique avec l’AF ce qui
permet d’expliciter les processus 1 et 2 du modèle de la façon suivante :

 processus 1 (F  Be), dans l’AF correspond au passage de la fonction vers la


spécification fonctionnelle (critère et niveau) ;
 processus 2 (Be  Ea), dans l’AF correspond au passage de la spécification
fonctionnelle (critère et niveau) vers l’intégration des considérations
environnementales ;

Ces deux processus seront développés dans les sections suivantes.

122
Processus 1
Le processus 1 existé déjà dans l’AF. Dans ce processus les fonctions issues du besoin
sont spécifiées à travers le critère et le niveau.

Processus 2
Dans ce processus 2, nous devons passer de la spécification fonctionnelle (critère et
niveau) vers l’intégration de considérations environnementales.

Nous avons choisi d’exploiter l’information donnée par le critère et le niveau du CdCF.
Ce choix vient du fait que la dimension jusqu’ici qualitative de l’analyse fonctionnelle
sera complétée par la quantification des performances attendues des fonctions (CEN,
2000). Bien que d’autres informations telles que la flexibilité de la fonction apparaissent
à ce niveau du CdCF, il n’est pas envisageable de les exploiter. En fait, la flexibilité est
une référence qui donne un degré de liberté dans l’application d’une solution et ne fournit
pas des données quantitatives comme le critère et le niveau.

Pour l’intégration des considérations environnementales nous avons donc prévu dans un
premier temps d’identifier de liens entre le critère/niveau11 et les impacts
environnementaux potentiels. Ensuite, nous allons déterminer les phases de cycle de vie
qui seront affectées par ces impacts potentiels. Enfin, nous allons prévenir cet impact
environnemental potentiel à travers une stratégie environnementale.

Pour réaliser l’intégration de considérations environnementales, nous allons explorer les


étapes suivantes :

 exploitation des informations contenues dans le critère et le niveau pour trouver


de liens avec les impacts environnementaux potentiels ;
 détermination des phases du cycle de vie qui seront affectées par les impacts
potentiels ;
 création d’une stratégie environnementale adaptée à chaque phase de cycle de vie
pour prévenir les impacts potentiels.

2.3.2.1 Exploitation des informations contenues dans le critère et le niveau


Nous devons d’abord exploiter les connaissances contenues dans le critère et le niveau,
afin d’identifier s’ils peuvent être liés aux impacts potentiels. Pour cela, nous rappelons
que la spécification fonctionnelle représente la quantification des performances attendues
des fonctions. Cela implique que l’information donnée par le critère et le niveau doit être
quantitative et comme le précise Ullman peut être satisfaite à travers des propriétés
physiques et contraintes de forme (Ullman, 1997). Quelques exemples de propriétés
physiques données par Ullman sont la lumière et la température qui font référence aux

11
Pour simplifier la lecture nous nous référerons à ses deux concepts dans certains passages de la façon
suivante : critère/niveau.

123
propriétés de l’énergie ; la masse et la densité qui font référence aux propriétés du
matériau. Les contraintes de forme incluent les dimensions de grandeur comme la
longueur, la largeur, le volume, etc. qui font référence aux propriétés de la géométrie.

Les propriétés liées à l’énergie, à la matière et la géométrie se retrouvent dans le modèle


CPM de Fenves et al. (2006). CPM est un modèle à travers lequel les données d’un produit
sont spécifiées de manière à supporter l’ensemble des informations nécessaires à la
gestion de PLM (Product Lifecycle Management). En CPM la fonction spécifie la
géométrie et le matériau qui donnent vie à la forme du produit (appelé ici artefact) et sont
accompagnés de l’énergie (flow). Ces trois classes accompagnées de la fonction seront
modélisées comme les propriétés de base d’un produit appelés CoreProperty.

En plus de cela, d’un point de vue environnemental, l’énergie, le matériau et la géométrie


influent largement sur l’impact environnemental potentiel tout au long du cycle de vie du
produit. Les techniques qualitatives d’éco-conception qui abordent les questions
environnementales pour aider à travailler de manière systématique, incluent souvent des
recommandations relatives à l’énergie, aux matériaux et à la géométrie. Ainsi des
questions telles que minimiser la consommation de ressources, réduire la consommation
d'énergie et diminuer le volume des produits sont des recommandations communes dans
plusieurs techniques qualitatives (Devanathan et al., 2010).

En accord avec Ullman et Fenves et al., nous pouvons estimer que le champ de solutions
relatif à la spécification fonctionnelle (critère et niveau) peut être délimité aux
classes énergie, matériau et géométrie. D’un point de vue environnemental, ces trois
classes renferment des aspects qui influent sur les impacts environnementaux potentiels.
En effet le matériau, l’énergie et la géométrie qui seront en jeu pour le développement du
produit, provoqueront des impacts environnementaux comme l’épuisement des
ressources naturelles, la pollution, la diminution de la couche d’ozone, etc., tout au long
du cycle de vie du produit.

Bien qu’au niveau conceptuel, nous ne sommes pas en mesure de déterminer précisément
quels aspects environnementaux et quels impacts environnementaux interviendront dans
le cycle de vie du produit, cela n’empêche pas de mettre en place des actions pour les
prévenir.

Nous avons donc identifié des liens entre le critère et niveau d’une fonction et les impacts
environnementaux potentiels à travers les trois classes que nous appelons facteurs
solutions (FS) :

 FS Énergie : classe associée à un critère dépendant de la nature ou de la forme


énergétique, généralement liée à un flux énergétique entrant ou sortant du produit.
 FS Matériau : classe associée à un critère dépendant d’une propriété physique
utilisée pour la composition, structuration ou construction du produit.

124
 FS Géométrie : classe associée à un critère dépendant d’une caractéristique
géométrique du produit.

Les décisions de la phase conceptuelle vont entraîner des conséquences imprévues qui
auront un effet de propagation à travers les multiples phases de vie du produit. C’est le
cas des impacts potentiels qui seront conséquence de FS matériau, énergie et géométrie.
Le but de l’étape suivante est de déterminer quelles phases de cycle de vie seront affectées
par les impacts environnementaux liés aux FS.

2.3.2.2 Détermination des phases de cycle de vie qui seront affectées par les impacts
environnementaux potentiels des FS
Le cycle de vie d’un produit inclut les étapes d’acquisition de matières premières, la
production, le transport, l’utilisation et la fin de vie (ISO, 2006a). Les FS ont été mis en
relation avec les phases de cycle de vie (PCV) pour déterminer si celles-ci seront affectées
par les impacts potentiels liés aux FS énergie, matériau, et géométrie (voir Tableau 9 à
Tableau 11).

La phase de cycle de vie affectée par les impacts potentiels liés aux FS est abrévié avec
le sigle PCVa.

Ainsi, le FS énergie concerne un flux énergétique entrant ou sortant du produit. Étant


donné que le FS énergie sera nécessaire au fonctionnement du produit EEE il va affecter
seulement la PCVa utilisation.

Le FS matériau concerne le matériau de construction du produit EEE. Du fait que le FS


matériau va être acquis et transformé à plusieurs reprises, pour la construction du produit
mais aussi pour sa mise en disposition, il affectera plusieurs PCV. Les PCVa sont :
l’acquisition de matières premières, la production, la fin de vie et l’utilisation si le produit
utilise des consommables.

La géométrie peut être plus difficile à visualiser du fait qu’à ce niveau du CdCF, nous ne
pouvons pas parler d’une forme définitive du produit. Nous considérons donc une
géométrie globale avec des critères et niveaux maximales concernant le volume du
produit et qui affecte l’espace occupé par le produit. Cela affecte le volume transporté et
surtout la PCVa de transport.

Tableau 9. Relation PCV et FS énergie


Est-ce que le FS affecte la phase de cycle en jeu ?
PCV FS énergie Justification
Acquisition de Non Le FS énergie n’affecte pas la PCV car par
matières définition il ne concerne que le fonctionnement
premières du produit.
Production Non Le FS énergie n’affecte pas la PCV car par
définition il concerne que le fonctionnement du
produit.

125
Transport Non Le FS énergie n’affecte pas la PCV car par
définition il ne concerne que le fonctionnement
du produit.
Utilisation Oui Le FS énergie satisfait les fonctions qui ont
besoin d’un input ou un output pour assurer le
fonctionnement du produit. Il n’entre en jeu que
dans la PCV d’utilisation du produit, quand le
produit sera actif.
Fin de vie Non Le FS énergie n’affecte pas la PCV car par
définition il ne concerne que le fonctionnement
du produit.

Tableau 10. Relation PCV et FS matériau


Est-ce que le FS affecte la phase de cycle en jeu ?
PCV FS matériau Justification
Acquisition de Oui Étant donné que le critère et le niveau de la
matières fonction seront satisfaits par le FS matériau, il est
premières nécessaire d’acquérir des matières premières
pour obtenir le matériau. La phase d’acquisition
de MP sera donc affectée.
Production Oui Étant donné que le critère et le niveau de la
fonction seront satisfaits par le FS matériau, il est
nécessaire de transformer le matériau pour
donner forme au produit. La phase de production
sera donc affectée.
Transport Non Le FS matériau n’est pas affecté étant donné qu’à
ce niveau, le produit est terminé est conditionné,
c’est-à-dire le FS matériau n’est pas transformé
et reste stable.
Utilisation Non, sauf Le FS matériau n’est pas affecté étant donné qu’à
exception ce niveau le produit est terminé et est prêt à
l’emploi. Le FS matériau n’est pas transformé et
reste stable pendant l’utilisation du produit.
Cependant le produit peut inclure des
consommables qui feront appel au FS matériau et
qui affecteront la phase d’utilisation.
Fin de vie Oui Quand le produit arrivera à la fin de vie, le FS
matériau sera transformé pour les processus de :
réutilisation, recyclage, valorisation énergétique,
élimination, enfouissement, etc. Il affectera donc
la fin de vie du produit.

Tableau 11. Relation PCV et FS géométrie


Est-ce que le FS affecte la phase de cycle en jeu ?
PCV FS géométrie Justification

126
Acquisition de Non Le FS géométrie concerne seulement les mesures
matières maximales du produit et cette information affecte
premières principalement l’espace utilisé par le produit. Le
FS géométrie n’affecte donc pas l’acquisition de
matières premières.
Production Non Le FS géométrie concerne seulement les mesures
maximales du produit et cette information affecte
principalement l’espace utilisé par le produit. Le
FS géométrie n’affecte donc pas la production.
Transport Oui Du fait que le FS géométrie fait référence aux
mesures maximales du produit, il va affecter la
phase de transport concernant le volume
transportée.
Utilisation Non Le FS géométrie concerne seulement les mesures
maximales du produit et cette information affecte
principalement l’espace utilisé par le produit. Le
FS géométrie n’affecte donc pas l’utilisation.
Fin de vie Non Le FS géométrie concerne seulement les mesures
maximales du produit et cette information affecte
principalement l’espace utilisé par le produit. Le
FS géométrie n’affecte donc pas la fin de vie.

2.3.2.3 Création d’une stratégie environnementale adaptée à chaque phase de cycle


de vie
Maintenant que PCVa est associée FS, il faut envisager une stratégie environnementale
adaptée à chaque PCVa pour prévenir l’impact environnemental potentiel. Nous avons
vu que d’un point de vue environnemental les FS énergie, matériau et géométrie influent
sur l’impact environnemental potentiel tout au long du cycle de vie du produit.

Pour confronter cela, les techniques qualitatives incluent des recommandations relatives
à l’énergie, aux matériaux et à la géométrie. En général ces stratégies, qui ont été
particulièrement développées pour les premières étapes du processus de conception, sont
utilisées librement par le concepteur et n’ont pas d’instructions précises d’utilisation.
C’est l’expérience du concepteur qui va influencer le résultat de leur utilisation
(Devanathan et al., 2010).

À travers notre proposition de méthode nous avons voulu que l’agencement des stratégies
environnementales soit réalisé de façon dirigée. Le concepteur utilisera un processus qui
lui permet d’analyser les fonctions, d’ajouter des facteurs qui affecteront des phases de
cycle de vie et enfin de consulter des recommandations environnementales adaptées à ces
phases.

Pour la construction d’une stratégie environnementale adaptée à nos besoins il a été


nécessaire d’identifier des stratégies clés qui forment partie de pratiques d’éco-
conception. En ordre à réaliser cela, nous avons pris en compte des propositions de

127
Wimmer et al. (2001), Luttropp et Lagerstedt (2006), Wimmer et al. (2005), Keoleian et
al. (1995), Graedel et Allenby (1996), Rodrigo et Castells (2002), Froelich (2013), Masui
et al. (2001), Maxwell et van der Vorst (2003), Directive ErP 2009/125/CE (2009),
Ljungberg (2007), Directive DEEE 2012/19/UE (2012), Directive 2002/95/CE RoHS
(Parlement Européen et du Conseil de l’Union Européenne, 2003a).

La révision des propositions d’éco-conception a permis l’organisation d’une stratégie


environnementale avec des recommandations adaptées aux PCVa (Tableau 12).

Grâce à FS, PCVa et la stratégie environnementale, le Processus 2 de la spécification


fonctionnelle (critère et niveau) vers l’intégration de considérations environnementales a
été créé.

128
Tableau 12. Stratégie environnementale

FS PCVa Stratégie environnementale Sources

E Utilisation (i) réduire la consommation d'énergie, Sources


(ii) optimiser la fonctionnalité du produit,
(iii) remplacer l’alimentation par une source d’énergie renouvelable : European Commission, 2009; Keoleian et al.,
énergie solaire, énergie musculaire, … 1995; Knight and Jenkins, 2009; Ljungberg,
(iv) éliminer l’énergie du système, 2007; Luttropp and Lagerstedt, 2006; Masui et
(v) éviter des dépenses énergétiques liées à une mauvaise utilisation, al., 2001; Maxwell and van der Vorst, 2003;
(veille et éteinte programmée, signal d’hors utilisation, Oberender et al., 2001; Rodrigo and Castells,
instructions claires et simples), 2002; Wimmer et al., 2002.
(vi) investir dans les dispositifs les plus performants en termes
environnementaux (basse consommation),
(vii) indiquer la consommation du produit à l’utilisateur,
(viii) réduire la consommation énergétique durant le stockage chez
l’utilisateur du produit (ou hors utilisation).
(ix) Tenir compte de la directive 2009/125/CE, ErP.

M Acquisition Choix de matériau Sources


matières (i) utiliser des matériaux le plus près de leur état naturel,
premières et (ii) utiliser des matériaux recyclés et / ou renouvelables, European Commission, 2009; Feng, 2011;
composants (iii) utiliser des matériaux recyclables, Froelich, 2013; Graedel and Allenby, 1996;
(iv) minimiser la consommation de ressources (et de ressources non Keoleian et al., 1995; Knight and Jenkins,
renouvelables), 2009; Ljungberg, 2007; Luttropp and
(v) minimiser l’utilisation de matériaux avec une extraction Lagerstedt, 2006; Masui et al., 2001; Maxwell
énergivore (comme l'aluminium vierge, le cuivre, la fibre de and van der Vorst, 2003; Oberender et al.,
carbone, etc.), 2001; Rodrigo and Castells, 2002; Wimmer et

129
(vi) minimiser le nombre de matériaux, al., 2002 ; Parlement Européen et le Conseil de
(vii) minimiser le nombre de parts, composants, sous-ensembles, … l’Union Européenne, 2012
(viii) investir dans des meilleurs matériaux, traitements de surface ou
arrangement structurels pour protéger les produits contre la
saleté, la corrosion l’usure,
(ix) éviter les composites ;
(x) utiliser des matériaux disponibles au plus près,
(xi) éliminer l'utilisation de substances toxiques, dangereuses et
cancérigènes,
(xii) ne pas utiliser des matériaux qui génèrent des déchets dangereux.
(xiii) Éviter le plomb, de mercure, de cadmium, de chrome hexavalent,
de polybromobiphényles (PBB) ni de polybromodiphényléthers
(PBDE) (voir détails en directive 2002/95/CE, ROHS, Article 4).
(xiv) Tenir compte de la directive 2009/125/CE, ErP, Article 15.
(xv) Tenir compte de la directive 2012/19/UE, DEEE.
Choix de composants
(xvi) minimiser la quantité de dispositifs technologiques dans le
produit, par exemple : cartes électroniques, batteries, ampoules,
écrans LCD, etc.,
(xvii) ne pas utiliser des dispositifs technologiques,
(xviii) opter pour de l’information graphique au lieu d’un affichage
électronique,
(xix) éliminer l’utilisation de substances toxiques,
(xx) permettre le remplacement de composants par l’utilisateur (créer
des pièces modulaires à assembler et remplacer dans la limite de
la sécurité de l’utilisateur).

130
(xxi) Éviter le plomb, de mercure, de cadmium, de chrome hexavalent,
de polybromobiphényles (PBB) ni de polybromodiphényléthers
(PBDE) (voir détails en directive 2002/95/CE, ROHS, Article 4).
(xxii) Tenir compte de la directive 2009/125/CE, ErP, Article 15.
(xxiii) Tenir compte de la directive 2012/19/UE, DEEE.

Production (i) minimiser l’utilisation de matériaux avec un processus de


production énergivore,
(ii) minimiser le nombre et le type de matériaux dans le produit.

Distribution (i) Considérer la quantité et la masse de matières premières à utiliser

Fin de vie (i) utiliser des matériaux recyclables,


(ii) concevoir un produit modulaire qui permet facilement la
récupération de parts réutilisables, des composants et des
matériaux à enlever lors de désassemblage du produit. (voir
détails de matériaux à enlever en directive 2012/19/UE, DEEE,
annexe VII).
(iii) Tenir compte de la directive 2012/19/UE, DEEE.

Utilisation* (i) minimiser la quantité entrante et sortante des consommables,


si le produit (ii) éliminer les consommables, les substituer pour pièces
utilise de réutilisables, nettoyables, maintenables, rechargeables, etc.
consommabl (iii) Tenir compte de la directive 2009/125/CE, ErP, Article 15.
es
(iv) Tenir compte de la directive 2012/19/UE, DEEE.

G Acquisition (i) la taille du produit doit être optimisée (car le produit peut être Sources
MP, transporté sur de longues distances),
Production, (ii) considérer le volume du produit pour créer un produit facile à Keoleian et al., 1995; Luttropp and
transporter et à conserver pendant la logistique : diminuer le Lagerstedt, 2006; Masui et al., 2001
Distribution
volume du produit, et/ou pliable, et/ou démontable à ressembler.

131
Résumé
La mise en correspondance de la spécification du modèle ontologique avec l’AF a permis
d’expliciter les processus 1 et 2 du modèle :

 le processus 1 (F  Be), dans l’AF correspond au passage de la fonction vers la


spécification fonctionnelle (critère et niveau) ;
 le processus 2 (Be  Ea), dans l’AF correspond au passage de la spécification
fonctionnelle (critère et niveau) vers FS, PCVa et stratégie environnementale,
étapes qui permettront de prendre des décisions au concepteur.

À travers les processus nous sommes en condition de fournir au concepteur une méthode
dirigée pour que chacune des fonctions soit mise en relation avec des phases de cycle de
vie et des stratégies environnementales adaptées en vue de prévenir les impacts
environnementaux potentiels.

La méthode EcoAF et son mode opératoire sont présentés dans les prochaines sections.

132
3 Méthode EcoAF Version Finale

Avant du passer au mode opératoire nous avons choisi un type de produit pour mettre à
preuve la méthode. Cette question est fondamentale, car compte tenu de la variété des
produits commercialisés, les stratégies d’éco-conception s’en trouvent fortement
impactées. Comme la méthode doit être liée à la réalité du concepteur, il a été nécessaire
de choisir un secteur industriel en particulier qui soit économiquement représentatif et
environnementalement pertinent.

Nous avons choisi le secteur des équipements électriques et électroniques (EEE).


L’importance du choix sur ce type de produit répond au fait que :

 Le marché des EEE est en constante croissance. D’un côté, les EEE sont
fréquemment reconçus pour répondre aux nouvelles tendances et d’un autre côté,
les innovations technologiques qui se succèdent dans ce secteur, sont
responsables d’un nouveau marché, notamment concernant le développement de
Technologies de la Communication et de l'Information (TIC) (Unger et al., 2008).
 Le remplacement des équipements électriques et électroniques (EEE) s’accélère
et les EEE deviennent une source de déchets de plus en plus importante. En effet,
ces équipements contiennent souvent des substances ou composants dangereux
pour l’environnement (piles et accumulateurs, tubes cathodiques, composants
contenant du mercure, condensateurs pouvant contenir des polychlorobiphényles
(PCB)…) (Ministère de l’Écologie du Développement Durable et de l’Énergie,
2016).
 La phase d'utilisation des produits EEE joue un rôle important dans ce type de
produits dits "actifs" car l’un des principaux contributeurs à l'impact
environnemental est la consommation d'électricité lors de l'utilisation
(Oberender et Birkhofer, 2003; Oberender et al., 2001; Sauer et al., 2001)

Malgré ce choix la méthode peut être adapté aux diverses typologies de produits, étant
donné que les bases de données peuvent être alimentés selon le produit à concevoir.

3.1 Mode Operatoire

La méthode EcoAF permet au concepteur d’utiliser le CdCF pour prendre en compte le


concept du cycle de vie et des stratégies environnementales qui influenceront la
proposition de solutions. La version présentée est la version officielle de la méthode
obtenue lors de modifications issues de retours d’expériences des évaluations de la
méthode.

Les processus 1 et 2 de la spécification du modèle ontologique, ont été fractionnés en 5


étapes pour faciliter l’application et la compréhension de la méthode.

133
Le concepteur applique donc la méthode EcoAF à travers 5 étapes, numérotées dans la
Figure 41. La description dans les étapes peut varier de la proposition de construction de
la méthode (§ 2.3), du fait que la méthode a évolué selon des améliorations mises en
évidence dans les expériences (par exemple le FS géométrie est divisé en FS géométrie
globale et géométrie spécifique). Ses variations ne mettent en aucun cas en doute la
construction de la méthode.

Figure 41. Méthode EcoAF par étapes

Les étapes d’EcoAF sont les suivantes :

Étape 1. Le concepteur détermine des fonctions du produit et attribue des critères et des
niveaux, pour exprimer la performance attendue de la fonction. Cette partie du CdCF est
réalisée en suivant la pratique classique de l’AF.

Étape 2. Le concepteur affecte un ou plusieurs FS aux critères et niveaux de chaque


fonction. La définition de facteurs solutions est donnée dans le Tableau 13. Dans cette
étape le concepteur doit choisir quel FS est le plus adapté à la satisfaction de la
performance attendue de la fonction annoncées par le critère et le niveau. Cela peut être
réalisé en consultant le Tableau 14 qui contient une liste non exhaustive de critères et
unités avec une correspondance aux FS. Par exemple si le critère est flux lumineux et
l’unité est lux, le concepteur trouvera dans le tableau que le FS corresponde au domaine
énergie lumineuse, c’est-à-dire au FS énergie.

Tableau 13. Facteurs solution


FS Sigle Définition
Énergie E Classe associée à un critère dépendant de la nature ou de la forme
énergétique, généralement liée à un flux énergétique entrant ou
sortant du produit.
Matériau M Classe associée à un critère dépendant d’une propriété physique
quelconque utilisée pour la construction du produit.

134
Géométrie et G Classe associée à un critère dépendant des caractéristiques
géométrie géométriques en lien avec le volume du produit.
spécifique GS Classe associée à un critère dépendant d’une caractéristique
géométrique d’une zone ou partie spécifique du produit. Ce FS n’a
pas d’effet dans notre exercice car sa détermination prend en
compte les détails de conception qui seront pris plus tard dans
d’autres étapes. Seule son identification est requise.

Tableau 14. Identification du facteur solution à travers le critère


Identification du FS à travers le critère

Critère Unité Symbole Domaine FS

Puissance Kilowattheure kWh É. électrique E


Ampère heure Ah
Température Degré Celsius °C É. thermique

Vitesse Mètre par secondes m/s É. cinétique

Flux lumineux Candela cd É. lumineuse


Lux lx
Lumen lm
Densité volumique de Kilogramme par mètre Kg/m3 Physique M
masse ρ cube

Indice de fluidité Grammes par minute g/ min

Capacité thermique Joule par kelvin J/K Thermique

Coefficient de dilatation ∆V 1/K

Conductivité thermique Watt par mètre-kelvin W /m·K

Résistance à la force Newton N Mécanique

Résistance à la traction Mégapascal MPa (kp si)

Déformation élastique Pascal Pa


(Young)
Déformation plastique
Propagation fissure

Dureté Décanewton par daN/mm²


millimètre carré
Module de flexion Mégapascal MPa (kp si)

Résistance à la pression Pascal Pa

Allongement à la rupture Pourcentage %

135
Contrainte de cisaillement Pascal Pa

Indépendance acoustique Pascal seconde par mètre Pa·s/m Acoustique

Couleur Longueur d'onde dans le nm Optique


vide en nanomètre
Réflectivité Coefficient de réflexion dB, %
en décibel ou
pourcentage
Transmittance T en pourcentage (0 %
matériau opaque)
Hauteur, largeur, Mètre et ses dérivés m, cm, mm Dimension G
longueur, épaisseur,
profondeur, diamètre,
rayon, tour de taille,
échelle, etc.

Volume Mètre cube et ses dérivés m³, dm³, cm³,


mm³
Litre et ses dérivés
L, dl

Étape 3. Le concepteur met en relation le FS avec le ou les PCVa. FS et PCVa ont été
préalablement établis grâce à une relation théorique12, voir Tableau 15.

Tableau 15. Correspondance FS et PCVa


Tableau de correspondance FS – PCVa
FS PCVa
Énergie U - Utilisation
Matériau AM Acquisition de matières premières
P Production
D - Distribution
FdV Fin de Vie
U* Utilisation, phase incluse seulement si le produit utilise des consommables
Géométrie AM Acquisition de matières premières
P Production
D - Distribution

Étape 4. Stratégie environnementale. Maintenant, chaque fonction est en relation avec


une ou plusieurs PCVa et le concepteur a une vue intégrale de l'ensemble des phases du
cycle de vie qui seront affectées. Pour obtenir une solution adaptée à chaque fonction, le
concepteur consultera la stratégie environnementale adéquate au PCVa présentée dans le
Tableau 16. Il sera en condition de donner une idée de solution en appliquant les
recommandations. Cette idée sera réétudiée dans la proposition de solution.

12
Pour les détails de cette relation voir de Tableau 12 à Tableau 11.

136
Tableau 16. Stratégies environnementales pour la PCVa affectée
FS PCVa Stratégie environnementale

E Utilisation (i) réduire la consommation d'énergie,


(ii) optimiser la fonctionnalité du produit,
(iii) remplacer l’alimentation par une source d’énergie
renouvelable : énergie solaire, énergie musculaire, …
(iv) éliminer l’énergie du système,
(v) éviter des dépenses énergétiques liées à une mauvaise
utilisation, (veille et éteinte programmée, signal d’hors
utilisation, instructions claires et simples),
(vi) investir dans les dispositifs les plus performants en termes
environnementaux (basse consommation),
(vii) indiquer la consommation du produit à l’utilisateur,
(viii) réduire la consommation énergétique durant le stockage
chez l’utilisateur du produit (ou hors utilisation).
(ix) tenir compte de la directive 2009/125/CE, ErP.

M Acquisition Choix de matériau


matières (i) utiliser des matériaux le plus près de leur état naturel,
premières et (ii) utiliser des matériaux recyclés et / ou renouvelables,
composants (iii) utiliser des matériaux recyclables,
(iv) minimiser la consommation de ressources (et de
ressources non renouvelables),
(v) minimiser l’utilisation de matériaux avec une extraction
énergivore (comme l'aluminium vierge, le cuivre, la fibre
de carbone, etc.),
(vi) minimiser le nombre de matériaux,
(vii) minimiser le nombre de parts, composants, sous-
ensembles, …
(viii) investir dans des meilleurs matériaux, traitements de
surface ou arrangement structurels pour protéger les
produits contre la saleté, la corrosion l’usure,
(ix) éviter les composites ;
(x) utiliser des matériaux disponibles au plus près,
(xi) éliminer l'utilisation de substances toxiques, dangereuses
et cancérigènes,
(xii) ne pas utiliser des matériaux qui génèrent des déchets
dangereux.
(xiii) Éviter le plomb, de mercure, de cadmium, de chrome
hexavalent, de polybromobiphényles (PBB) ni de
polybromodiphényléthers (PBDE) (voir détails en
directive 2002/95/CE, RoHS, Article 4).
(xiv) tenir compte de la directive 2009/125/CE, ErP, Art.15.

137
(xv) tenir compte de la directive 2012/19/UE, DEEE.
Choix de composants
(i) minimiser la quantité de dispositifs technologiques dans le
produit, par exemple : cartes électroniques, batteries,
ampoules, écrans LCD, etc.,
(ii) ne pas utiliser des dispositifs technologiques,
(iii) opter pour de l’information graphique au lieu d’un
affichage électronique,
(iv) éliminer l’utilisation de substances toxiques,
(v) permettre le remplacement de composants par l’utilisateur
(créer des pièces modulaires à assembler et remplacer dans
la limite de la sécurité de l’utilisateur).
(vi) Éviter le plomb, de mercure, de cadmium, de chrome
hexavalent, de polybromobiphényles (PBB) ni de
polybromodiphényléthers (PBDE) (voir détails en
directive 2002/95/CE, RoHS, Article 4).
(vii) Tenir compte de la directive 2009/125/CE, ErP, Art.15.
(viii) Tenir compte de la directive 2012/19/UE, DEEE.

Production (i) minimiser l’utilisation de matériaux avec un processus de


production énergivore,
(ii) minimiser le nombre et le type de matériaux dans le
produit.

Distribution (i) Considérer la quantité et la masse de matières premières à


utiliser

Fin de vie (i) utiliser des matériaux recyclables,


(ii) concevoir un produit modulaire qui permet facilement la
récupération de parts réutilisables, des composants et des
matériaux à enlever lors de désassemblage du produit.
(voir détails de matériaux à enlever en directive
2012/19/UE, DEEE, annexe VII).
(iii) Tenir compte de la directive 2012/19/UE, DEEE.

Utilisation* si le (i) minimiser la quantité entrante et sortante des


produit utilise consommables,
de (ii) éliminer les consommables, les substituer pour pièces
consommables réutilisables, nettoyables, maintenables, rechargeables, etc.
(iii) tenir compte de la directive 2009/125/CE, ErP, Art.15.
(iv) tenir compte de la directive 2012/19/UE, DEEE.

G Acquisition de (i) la taille du produit doit être optimisée (car le produit peut
matières être transporté sur de longues distances),
premières, (ii) considérer le volume du produit pour créer un produit
facile à transporter et à conserver pendant la logistique :
Production,
diminuer le volume du produit, et/ou pliable, et/ou
Distribution démontable à ressembler.

138
Étape 5. À la fin de l’application de la méthode EcoAF, le concepteur est en situation de
proposer des solutions techniques capables de tenir en compte la performance technique
influencée par les stratégies environnementales.

3.2 Support EcoAF

Le support doit être rempli par les participants, il est illustré dans Tableau 17.

Tableau 17. Support EcoAF


Support EcoAF
CdCF Extension du CdCF
N° F Fonctions : Le Critère Niveau FS PCVa Proposer solution
produit doit...

F1 Fournir de l'air à Débit d'air (l/min) > 120 l/min


l'utilisateur
Etancheité : fuite vers l'interieur 2% - 0,05%
(norme NF 12942)
F2 Separer des Performance de filtration en (µm) > = 0,0006 µm
particules de l'air Micromètre.
F3 Stocker de l’énergie Stockage d'energie (SE) capacité en > 3,5 Ah
ampère-heure (Ah)
Durée en heures (h) < = 8h
F4 Avertir du manque Signal selon pourcentage d'energie ≥ 10% d'énérgie
d'energie restants : % restant

F5 Eclairer la surface de Lux (lx) (taches nécessitant la 500 -1000 lx


travail perception des détailles)
Distance entre la source et la <1m
surface de travail en mètres (m)
F6 Etre portable sur la Masse: En kilogrammes (kg) < 1,5 kg
tête Taille: Perimètre intérieur (cm), 57-65 cm
Longueur tête (cm), Largeur tête >24 cm
(cm) , Volume (m3) l>20 cm
≈ 0,0096m3
F7 Etre stable sur la tête Equilibre, masse en equilibre dans Σ F = 0
les 4 axes du casque: somme forces
F
F8 Maintenir t° confort Temperature de l'air fourni (°C) < 22°C
F9 Limiter le bruit Décibels (dB) < 50 dB

F10 Etre prehensible avec Etablir Distance de prehension ≥35mm≤70mm


la main (mm)
(pluridigitalement
mains-gants) Résistance à la préhension (dN) < 50daN

F11 Etre commandé Temps pour accéder à la commande < 1s


facilement (s)
Activation tactile = surface (cm²) > 2cm²

Nombre de tâches activation <2


/desactivation
Durée d'activation (s) < 0,5 s
F12 Ne doit pas gener la Transmission de lumière (%/x mm) 80 -100 %/x mm
visibilité de (x= épaisseur)
l'utilisateur Champ de vision en degrés (°) > 150° (80% du
champ)
Vision périphérique, distance du 150mm < d <
haut vers le bas, d(mm) 200mm
F13 Maintanabilté Désassemblage (D) : nombre de < 30 U
parts en unités (U)

F14 Facile à nettoyer Angles et coins internes en degrés > 15°


(°)
F15 Avertir du manque Délais d'information manque d'air < 1s
d'air pure pure : secondes (s)
F16 Doit isoler à Conductivité thermique des < 0,50 W/(mK)
l'utilisateur de matériaux, en W/(mK)
l'énergie (du
système) Courant de fuite mesuré (mA) < 1,2 mA

F17 Proteger la tête Protection antichoc (kN) > 15,0 kN


d'heurts extérieures

F18 Maintenir aspect Palette et code couleur (usage Vert kaki, noir,
outil travail industriel, usage artisanal) blanc, bleu
foncé.

139
3.3 Feuille de route

La feuille de route, Figure 42, désigne les grandes lignes et les étapes de la méthode
EcoAF. Cette feuille n’est pas exhaustive, étant donné que les tableaux à consulter sont
beaucoup plus longs que ceux qui sont représentés dans la Figure 42. Malgré cette
incomplétude le support sert à avoir une vue de l’ensemble des étapes à réaliser.

Nous rappelons que la méthode EcoAF a été alimenté avec des bases des données de
produits EEE. Cela est nécessaire étant donné que la typologie de produit influence sur
les stratégies de cycle de vie à prendre en compte pour la conception d’un produit.

Dans un cas idéal, l’obtention de la méthode EcoAF par la PME peut soutenir le
concepteur dans la conception des nouveaux produits (d’une même typologie) où des
considérations environnementales concernant le cycle de vie du produit seront prises en
compte.

Ainsi si le concepteur doit développer un nouveau produit il utilisera la méthode EcoAF,


il définira les besoins de l’utilisateur en utilisant le CdCF. Il va pouvoir prévoir les phases
de cycle de vie affectées par les différentes fonctions du nouveau produit. Cela permettra
en fin d’utiliser une stratégie d’éco-conception adapté à la typologie de produit en
question.

Dans la feuille de route, les étapes du mode opératoire sont numérotées de (1) à (5). Les
tableaux à consulter pour le remplissage des étapes ont été mis en relation à travers une
lettre d’A à D.

Les différents documents qui conforment la méthode EcoAF sont présentés dans la Figure
43.

140
Figure 42. Feuille de route support EcoAF

141
Figure 43. Ensemble de documents qui conforment la méthode EcoAF

142
4 Résumé du Chapitre IV

Le Chapitre IV est dédié au développement de la proposition 1 : intégration du


concept de cycle de vie dans l’AF.

Nous avons d’abord analysé les contextes qui nous ont permis de justifier
l’intégration du concept de cycle de vie. Le contexte normatif et le contexte
opérationnel nous ont permis de confirmer qu’un manque de gestion de cycle de vie a
des conséquences sur l’intégration de ce concept dans l’AF.

La proposition d’une méthode d’intégration du cycle de vie dans l’AF pour les nouveaux
produits a ensuite été étudiée.

La construction de la méthode a été basée sur le modèle ontologique FBS de Gero et


Kannengiesser (2004), qui représente la manière dont le concepteur mobilise ses
connaissances. Ce modèle a été enrichi pour proposer une intégration de concepts
environnementaux de façon cohérente dans l’AF et en concordance avec la
mobilisation de connaissances du concepteur dans le processus de conception.

Les processus du modèle ontologique ont été repris dans le CdCF et cela a donné vie
à la méthode EcoAF. À travers cinq étapes qu’incluent la spécification fonctionnelle
et une extension environnementale du CdCF le concepteur est guidé sur l’intégration
des phases de cycle de vie de la fonction et ses respectives stratégies
environnementales avec le but de prévenir des impacts environnementaux potentiels.
Le produit choisi pour appliquer la méthode a été les EEE, les stratégies
environnementales sont donc en lien avec ce produit. Cependant, la méthode peut
être utilisé pour des autres produits en adaptant les stratégies.

À la fin de ce Chapitre un résumé graphique de la méthode a été présenté. Il illustre les


points essentiels de la méthode contenus dans une seule image. Cette feuille de route
facilite la compréhension d’EcoAF de façon holistique.

Dans le prochain Chapitre, nous présentons les expériences pour évaluer et valider la
méthode EcoAF.

143
CHAPITRE V : EXPERIMENTATION ET VALIDATION

144
Chapitre V : EXPERIMENTATION ET VALIDATION
La méthodologie DRM (Blessing et Chakrabarti, 2009) prévoit trois types d’évaluation
évolutive : évaluation du support, évaluation d’application et évaluation de succès :

 L’évaluation du support est la première évaluation à laquelle est soumise la


méthode. Ce type d’évaluation contribue à assurer que la méthode soit
compréhensible pour effectuer les deux évaluations suivantes.
 L’évaluation d’application vise à évaluer la réalisation des objectifs formulés.
 L’évaluation de succès vise à évaluer l'utilité de la méthode dans un contexte
d’application réel et à long terme.

Étant donné que l’évaluation de succès est employée pour réaliser une évaluation réelle
et à long terme, les contraintes de temps et de ressources auxquelles est soumis le projet
ne permettent pas de la réaliser. Nous explorons cependant les possibilités de cette
évaluation dans les perspectives de recherche au dernier Chapitre.

Les évaluations retenues pour démontrer la méthode EcoAF sont l’évaluation du support
et l’évaluation d’application. Elles se réaliseront à travers trois expérimentations.

D’un point de vue méthodologique, l’évaluation du support de la méthode EcoAF a été


menée à travers une étude de cas. Cela a impliqué la participation de chercheurs
universitaires qui ont collaboré volontairement aux premiers tests de la méthode. Cette
expérimentation préliminaire a permis d’évaluer par la première fois la compréhension
de la méthode par les utilisateurs.

L’évaluation d’application a été menée à travers deux expériences d’utilisation de la


méthode réalisées par un panel varié de participants. L’objectif a été d’évaluer la
pertinence de la méthode au regard des objectifs fixés.

Les trois expériences ont été menées selon un processus évolutif, c’est-à-dire selon un
principe d’améliorations continues liées à la compréhension et à la pertinence de la
méthode. Les participants retenus pour les expériences ont eu comme requis des
connaissances sur l’analyse fonctionnelle et des notions environnementales pour
comprendre les concepts liés à l’éco-conception.

145
1 Evaluation du support

1.1 Objectifs de l’évaluation

L’objectif principal de l’évaluation du support a été d’évaluer la compréhension de la


méthode EcoAF par des utilisateurs. Les nouveaux concepts introduits dans EcoAF ainsi
que son mode opératoire ont été évalués via leur retour d’expériences.

1.2 Méthodologie

L’évaluation du support a été réalisée par l’intermédiaire d’une étude de cas soumise à
un panel de participants. Le retour d’expérience des participants a ensuite été capitalisé
grâce à l’échange des discussions. Ce sont les échanges entre les participants qui ont été
analysés pour trouver les difficultés éventuelles de compréhension concernant
l’utilisation de la méthode. L’analyse de ces données a permis d’engager un processus
d’amélioration pour stabiliser le support.

Nous rappelons que la version de la méthode qui a été utilisée lors de cette expérience
correspond à « Support EcoAF Version 1 », consultable en Annexe III et antérieure à la
version finale présentée dans le Chapitre IV.

1.3 Organisation

Le groupe de participants a été composé par quatre volontaires membres de l’équipe de


recherche CREIDD, assistés de deux animateurs. Les participants possèdent des
compétences dans le domaine fonctionnel et d’éco-conception. Ce niveau de qualification
est un prérequis minimum pour une expertise de qualité afin de valider le support.

Les participants ont été réunis dans une salle où s’est réalisée une présentation powerpoint
de 20 minutes. La présentation a concerné l’explication du contexte dans lequel ont été
développées la méthode et les instructions de réalisation de l’exercice grâce au support
EcoAF. Les participants ont été divisés en deux groupes, composés de deux participants
et d’un animateur. Les groupes ont travaillé séparément dans des salles différentes
pendant une durée limitée à 1h30.

1.4 Collecte des données

Afin d’avoir une bonne traçabilité du déroulement de l’expérimentation, les moyens


suivants ont été mis en œuvre pour collecter les données :

 un exercice à réaliser par écrit, en utilisant un document qui inclut le contexte de


la méthode, les instructions pour réaliser l’exercice, et le support EcoAF à
renseigner de façon manuscrite (exercice complet en Annexe III) ;

146
 un enregistrement vidéo et audio, pour la transcription des expériences et l’analyse
des dialogues entre les participants.

Processus d’analyse de données


D’une façon générale pour cette première expérimentation, seule la transcription de
dialogues a été utilisée. Le document support qui a été rempli par les participants n’a pas
été exploité, mais elle sert de base aux deux évaluations qui suivent.

L’analyse de la compréhension des concepts et du mode opératoire de la méthode se


réalise à travers le cheminement suivant :

 transcription des dialogues ;


 résumé des dialogues qui englobe les difficultés les plus importantes rencontrées
par les participants ;
 difficultés concernant les concepts et/ou le mode opératoire.

Ce cheminement adopté par fonction a donné lieu à 8 fiches d’analyse. Un exemple est
donné dans le Tableau 20. Les participants sont identifiés ici par les initiales S pour
l’animateur et B et T pour les participants.

La totalité de la transcription et de l’analyse est consultable dans l’Annexe IV.

Tableau 18. Exemple de fiche d’analyse


Fonction : Fournir de l’air à l’opérateur
Transcription S : Exemple des critères et niveaux pour fournir de l’air avec un débit
d’air de 120l/min, est ce que cela a un lien avec un flux énergie,
matériau ou géométrie ? Et ensuite est-ce que cela a une relation avec
le cycle de vie qui va au-delà de la phase d’utilisation. La notion de
flux peut être plus large (en relation à l’ACV) mais il faudra qu’on se
rapproche à la notion de flux peut être avec l’ACV.
B : tu as un flux physique ou un flux…
T : Il y a la notion matière, énergie, mais est-ce que c’est au sens large
aussi, sur les aspects plus émissions, parce qu’on oublie la partie
toxicité dans le sens ACV mais les émissions…
S : On parle exclusivement sur les flux qui sont utilisés dans la phase
utilisation…
B : Mais dans la phase d’usage tu as forcement la F2 que trient les
particules de l’air, les cartouches sont remplaçables- qu’est-ce
qu’elles vont devenir ces cartouches ?, ses filtres sont pollués…
S : Cela veut dire que cela aura une influence dans l’étape de
maintenance, d’entretien.
B : Oui parce ce que pour moi filtrer de l’air tu vas à affecter la fin de
vie à cause de filtres qui sont pollués.
T : Je ne vois pas l’intérêt de passer par le facteur solution, on peut
passer directement à l’espace de cycle de vie.

147
S : L’idée est maintenant d’expérimenter. F0 (nombre de la fonction)
minimum d’ouvertures pour remplir la fonction.
T : On se base plutôt dans la fonction ou dans le critère.
S : Niveau (ordre de grandeur) la F0 impacte le G et la E. Pourquoi
on ne se dirait pas que cela impacte sur la matière ?
T : Matière air azote ?
S : Pourquoi on a rejeté M, est- ce qu’il y a un moyen pour valider ce
qu’on dit ici ?
B : On n’a pas un critère pour considérer cela, par exemple le critère
légèreté pourrait faire qu’on choisit un matériau plus qu’un autre ?
T : L’air comme matière ?
S : Cela veut dire que quelle que soit la matière on aura la capacité de
fournir de l’air.
T : Est-ce qu’il n’a pas un lien entre l’efficacité de débit d’air et le
choix de matériaux ?
B : Porosité sur une certaine matière mais on n’a pas effectivement de
critère là, débit c’est un critère à voir après.

Résumé Les participants discutent sur les possible FS qui devraient être choisi
pour satisfaire F0. L’animateur S propose un des trois FS. Le
participant T essaie de créer un lien entre les fonctions et l’ACV. Le
participant B réalise une relation directe entre plusieurs fonctions et
pense directement à une solution technologique et aux phases de vie
affectées sans prendre en compte un FS.
Le participant T demande s’il faut se baser sur la fonction ou sur le
critère.
L’animateur S décide que le FS affecté est G et E. Et se pose des
questions par rapport au matériau, de comment justifier son rejet. Le
participant B argumente qu’il n’y pas de critère pour considérer le
matériau.

Difficultés Mode opératoire :


 Les participants ne trouvent pas les éléments pour réaliser les
liaisons entre les critères de la fonction et les FS. Ils cherchent
une façon de discriminer les FS non concernés en prenant en
compte les critères.

148
Synthèse de l’analyse de données
L’ensemble de difficultés identifiées dans chaque fiche d’analyse permet d’identifier les
blocages et les leviers à mettre en œuvre pour améliorer le support.

Les propositions sont présentées dans le Tableau 19 pour l’analyse de la compréhension


de concepts et dans le Tableau 20 pour l’analyse de compréhension du mode opératoire.

Tableau 19. Analyse de la compréhension des concepts


Compréhension de concepts
Difficulté Solution
Le principal concept qui pose des difficultés est le FS Il est nécessaire d’intégrer un
géométrie. Ce FS est associé aux critères dépendants nouveau FS qui se focalise sur
des dimensions (hauteur, largeur, profondeur, etc.) qui la géométrie avec des
sont présents tout au long du CdCF. Les dimensions dimensions spécifiques à une
géométriques que nous avons choisi de traiter par la partie, zone ou section d’un
méthode correspondent seulement au volume total du produit.
produit. Cependant les participants assignent ce FS à
toutes les dimensions présentes dans la spécification
fonctionnelle du CdCF, et ne peuvent pas lui donner
continuité dans la méthode. Une distinction est donc
nécessaire entre les mesures précises concernant des
parties, composants, zones et sections qui ne seront
pas traitées et les dimensions concernant le volume qui
seront traitées par la méthode.

Tableau 20. Analyse de compréhension du mode opératoire


Mode opératoire
Difficulté Solution
Les difficultés s’observent principalement entre la Il est nécessaire de créer des
mise en relation de la spécification fonctionnelle et instructions très précises sur les
le(s) FS. Les participants discutent long-temps des liens entre les critères de la
possibles FS qui seront adéquats au critère de la fonction et les FS. Ces
fonction. Les participants essayent de trouver une instructions doivent éclairer le
logique pour discriminer des FS en prenant en compte concepteur sur la façon de
les critères. désigner le(s) FS.
L’étendue de l’exercice, c’est-à-dire ses nombreuses Nous proposons de donner des
étapes et ses multiples tableaux, a empêché aux exemples de remplissage du
participants de suivre les instructions précises de la support EcoAF au fur et à
méthode. Les participants n’ont pas considéré par mesure que les étapes de la
exemple les relations théoriques donnés dans le méthode se succèdent. Ces
tableau FS-PCV. Ils tentent de lier une PCV selon leur exemples pourront éclaircir le
intuition. Ces décisions ne sont pas systématiques et concepteur sur le remplissage
entrainent des erreurs. correct des étapes et ne pas
oublier les relations théoriques
données par la méthode.

149
1.5 Conclusion

L’objectif de l’évaluation du support a servi à évaluer la compréhension de la méthode


EcoAF par les utilisateurs pour assurer un développement suffisamment avancé en
prévision de l’évaluation applicative. Cette analyse a permis d’identifier deux catégories
de difficultés. Une première catégorie liée à la compréhension des concepts notamment
le « FS géométrie ». La seconde catégorie correspond à la compréhension du mode
opératoire concernant le passage du critère au FS ainsi que la perte de suivi des
instructions de la méthode dûe aux multiples étapes et multiples tableaux à consulter.

Les modifications pour améliorer la méthode qui ont été engagées sont :

 l’inclusion d’un nouveau facteur solution de type « géométrie spécifique » (GS),


visible en Tableau 21 ;
 la création de liens spécifiques entre les critères de la fonction et le(s) FS, visible
en Tableau 22 ;
 l’inclusion d’exemples par renseigner par étape le CdCF et son extension, visible
en Tableau 23.

Tableau 21. Facteurs solution où le facteur géométrie GS a été inclus


FS Sigle Définition
Énergie E Classe associée à un critère dépendant de la nature ou de la
forme énergétique, généralement liée à un flux énergétique
entrant ou sortant du produit.
Matériau M Classe associée à un critère dépendant d’une propriété physique
quelconque utilisée pour la construction du produit.
Géométrie G Classe associée à un critère dépendant des caractéristiques
et géométrie géométriques en lien avec le volume du produit.
spécifique GS Classe associée à un critère dépendant d’une caractéristique
géométrique d’une zone ou partie spécifique du produit. Ce FS
n’a pas d’effet dans notre exercice car sa détermination prend
en compte les détails de conception qui seront pris plus tard
dans d’autres étapes. Seule son identification est requise.

Tableau 22. Extrait de la création de liens critère-FS


Identification du FS à travers le critère

Critère Unité Symbole Domaine FS

Puissance Kilowattheure kWh É. électrique E


Ampère heure Ah
Température Degré Celsius °C É. thermique

Vitesse Mètre par secondes m/s É. cinétique

150
Flux lumineux Candela cd É. lumineuse
Lux lx

Tableau 23. Renseignement de l’étape à travers un exemple


Cahier des Charges Fonctionnel Extension du CdCF
Fonctions Critère Niveau FS PCVa Proposition de
solution
1. Fournir Flux d’air > 120 E
de l’air (l/min) l/min
2. Séparer Degré de ≥ 0,0006 M
les filtration (µm) µm
particules
de l’air
3. Stocker Heures ≥8h ME
de d’énergie
l’énergie effective (h)

Les modifications ne remettent pas en question la méthode, elles permettent d’assurer un


développement suffisant pour pouvoir passer à l’évaluation applicative. Ces
modifications ont donné lieu au « Support EcoAF Version 2 », consultable en Annexe V.

La compréhension de la méthode devra être à nouveau évaluée dans l’évaluation


applicative pour savoir si les modifications apportées ont pu mettre un terme aux
difficultés rencontrées par les utilisateurs.

151
2 Evaluation applicative 1

2.1 Objectifs de l’évaluation

L’évaluation d’application vise à évaluer principalement la pertinence à travers la


réalisation des objectifs fixés par la méthode. En plus de cela, la compréhension de la
méthode sera à nouveau évaluée suite à des modifications réalisées à l’issue de
l’évaluation du support.

Les objectifs de l’évaluation sont :

 évaluer la pertinence à travers la validation de l’objectif « intégration des


considérations environnementales dans la phase conceptuelle pour la conception
d’un nouveau produit » ;
 évaluer la compréhension de la méthode concernant principalement les nouveaux
concepts FS, PCVa et leur agencement.

2.2 Méthodologie

L’évaluation d’application se réalise par l’intermédiaire d’un exercice intitulé « support


EcoAF Version 2» réalisé par un panel de 33 participants, étudiants du cours Analyse de
la Valeur, Analyse Fonctionnelle. Le retour d’expérience a ensuite été capitalisé grâce à
l’analyse qualitative des informations renseignées dans l’exercice. Les réponses du
support ont été analysées selon deux critères qui ont permis de définir le niveau de
compréhension des participants et un critère de pertinence qui a permis des définir
l’intégration de considérations environnementales dans la proposition de solutions. Un tri
des résultats a permis d’obtenir le pourcentage de participants qui ont réussi à appliquer
correctement la méthode.

Nous rappelons que la version de la méthode qui a été utilisé lors de cette expérience
correspond au « Support EcoAF Version 2 », consultable en Annexe V.

2.3 Organisation

L’évaluation applicative 1 a eu lieu à l’Université de Technologie de Troyes. L’exercice


a été proposé aux étudiants du cours « Analyse fonctionnelle Analyse de la Valeur ». Les
participants n’ont pas formellement de connaissances environnementales, mais un
module du cours est dédié à l’éco-conception.

L’exercice a été présenté aux 33 étudiants du cours dans le cadre d’un projet qu’ils doivent
réaliser durant le semestre. Les participants ont été réunis dans une salle où une
présentation de 20 minutes en support powerpoint a été réalisée pour donner les
instructions de réalisation de l’exercice. Après la présentation de l’exercice le rendu des
résultats a été de deux semaines.

152
La consigne donnée aux étudiants a été : Vous travaillez comme concepteur au sein d’une
PME dont la spécialité est la conception d’équipement de protection individuelle
industriel. L’entreprise a pour but de se différentier des concurrents grâce à l’intégration
du levier environnemental dans ses produits. Cependant elle possède des ressources
financières et humaines limitées et ne peut pas réaliser d’études d’évaluation d’impacts
environnementaux. La mission du « concepteur » est d’accomplir l’éco-conception d’un
casque de protection respiratoire déjà existant sur le marché, mais qui n’a jamais été
produit auparavant par l’entreprise. Pour proposer un nouveau produit
environnementalement responsable, vous utiliserez la méthode EcoAF.

Étapes de l’exercice
L’exercice « support EcoAF » est composé d’un tableau à renseigner. Les fonctions sont
données ainsi que la spécification fonctionnelle (critères et niveaux). Les participants
doivent réaliser les étapes consécutives suivantes :

 Étape 1 : prendre connaissance du CdCF.


 Étape 2 : assigner le facteur solution selon le lien critère-FS.
 Étape 3 : assigner les phases de cycle de vie selon le lien FS-PCVa.
 Étape 4 : assigner les recommandations de la stratégie environnementale.
 Étape 5 : proposer une solution.

L’exercice complet est présenté en Annexe V.

2.4 Collecte des données

Les moyens utilisés pour la collection de données ont été :

 un document papier qui inclut le contexte de la méthode, les instructions pour


réaliser l’exercice et le support EcoAF à renseigner de façon manuscrite.

Processus d’analyse de données


La compréhension et la pertinence de la méthode sont évaluées par l’analyse des
informations renseignées par les utilisateurs selon trois critères.

Les critères qui concernent la compréhension sont la détermination de FS et la


détermination de PCVa. Le critère qui concerne la pertinence évalue la capacité des
participants à donner des propositions de solutions en prenant en compte des
considérations environnementales.

Chaque critère est noté par rapport à trois indicateurs qui représentent des niveaux de
compréhension ou de pertinence de la proposition qui vont d’un niveau faible à un niveau
de réussite (Tableau 24).

153
Tableau 24. Critères d’évaluation et indicateurs
Critères Indicateurs
Niveau faible Niveau moyen Niveau de réussite

Assignation N’a pas assigné A assigné FS mais sans A assigné FS selon le


de FS FS utiliser le lien critère-FS lien critère-FS

Assignation N’a pas assigné A assigné PCVa mais A assigné PCVa selon
de PCVa PCVa sans lien avec FS le lien FS-PCVa

Proposition N’a pas proposé A proposé des solutions A proposé des


de solution des solutions mais pas en lien avec la solutions en lien avec
stratégie la stratégie
environnementale environnementale

Les résultats sont analysés en utilisant un tri à plat13. Le tri à plat permet de classifier les
réponses de participants selon les indicateurs de chaque critère. Un pourcentage minimum
de participants correspondant au niveau de réussite est nécessaire à la validation de
compréhension et de pertinence de la méthode. Le système d’appréciation utilisé pour
valider chaque critère est :

 Le critère est validé si 75 à 100%14 de participants a atteint un niveau de réussite.

Synthèse de l’analyse des données


Assignation de FS

Indicateurs Participants %
N’a pas assigné FS 0 0
A assigné FS mais sans utiliser le lien critère-FS 4 12
A assigné FS selon le lien critère-FS 29 88
Total 33 100

88% de participants ont déterminé le FS en utilisant le tableau « Identification du facteur


solution à travers le critère » présenté dans le Tableau 14 du 0.

Détermination de PCVa

Indicateurs Participants %
N’a pas assigné PCVa 3 9
A assigné PCVa mais sans lien avec FS 11 33
A assigné PCVa selon le lien FS-PCVa 19 58
13
Le tri à plat est une opération consistant à déterminer comment les observations se répartissent sur les
différentes modalités que peut prendre une variable à modalités discrètes. Le résultat de cette opération est
donc un simple tableau, de « tableau de fréquences ». Ce tableau peut faire apparaître simplement le nombre
d'individus dans chaque modalité, la fréquence d'individus par modalité, ou le pourcentage.
14
Codage de degré de réussite des connaissances correspondant aux connaissances acquises (Descazaux,
2011).

154
Total 33 100

58% de participants ont répondu correctement en déterminant PCVa d’après le lien FS-
PCVa présenté dans le Tableau 15 du 0. 33% n’ont pas utilisé le lien et 9% n’ont pas
déterminé PCVa.

Proposition de solutions

Indicateurs Participants %
N’a pas proposé de solution 3 9
A proposé des solutions mais pas en lien avec la 16 49
stratégie environnementale
A proposé des solutions en lien avec la stratégie 14 42
environnementale
Total 33 100

42 % de participants ont proposé des solutions satisfaisantes en lien avec la stratégie


environnementale selon l’évaluation qualitative basée sur le jugement des propositions
d’après notre expertise en éco-conception. 49% de participants ont proposé des solutions
sans lien avec la stratégie environnementale. 9% n’ont pas proposé de solutions.

2.5 Conclusion

Concernant le critère « détermination de FS », 88% de participants ont assigné FS selon


le lien critère-FS. Le taux de réussite est supérieur à 75%, la compréhension de ce critère
a été validée.

Concernant le critère de « détermination de PCVa», 58% de participants ont déterminé


PCVa selon le lien FS-PCVa. Le taux est inférieur à 75%, la compréhension de ce critère
n’a pas été validée. Des modifications de la méthode concernant l’information donnée sur
la relation entre FS et PCVa doivent être réalisées.

Concernant le critère « proposition de solution », 42% de participants ont proposé des


solutions en intégrant la stratégie environnementale. Le taux est inférieur à 75%, la
pertinence de la méthode n’a pas été validée (Tableau 25).

Tableau 25. Validation des objectifs


Objectif Critère Taux de réussite Validation
Compréhension de la Détermination de FS 88% Validé
méthode Détermination de PCVa 64% Non validé
Pertinence de la Proposition de solution 42% Non validé
méthode

Des modifications doivent être entreprises pour améliorer la détermination de PCVa et la


pertinence environnementale des propositions de solutions.

155
Les participants déterminent un PCVa sans consulter les liens logiques déjà établis et
donnés dans le tableau « Tableau de correspondance FS – PCVa ». Nous croyons qu’il y
a un manque d’information par rapport au suivi des étapes de la méthode. Nous proposons
une amélioration de l’information sur les étapes à réaliser à travers une feuille de route
qui désigne les étapes à réaliser sur un même document pour obtenir une vision globale
de la méthode. Cela permettra d’avoir une vision globale de la méthode dans un format
A4 pour suivre étape par étape la réalisation de l’exercice.

L’obstacle principal du manque de proposition de solutions est lié à la redondance dans


l’utilisation des stratégies environnementales. En effet les recommandations
environnementales à appliquer dans les solutions ne sont pas nombreuses. Les stratégies
environnementales seront enrichies lors de la prochaine expérience.

Les modifications pour améliorer la méthode qui ont été engagées sont :

 l’inclusion d’une feuille, visible en Tableau 26;


 l’inclusion de stratégies environnementales enrichies, extrait visible en Tableau
27.

Tableau 26. Exemple feuille de route

Tableau 27. Extrait des stratégies environnementales enrichies


FS PCVa Stratégie environnementale

156
E Utilisation (i) réduire la consommation d'énergie,
(ii) optimiser la fonctionnalité du produit,
(iii) remplacer l’alimentation par une source d’énergie
renouvelable : énergie solaire, énergie musculaire, …
(iv) éliminer l’énergie du système,
(v) éviter des dépenses énergétiques liées à une mauvaise
utilisation, (veille et éteinte programmée, signal d’hors
utilisation, instructions claires et simples),
(vi) investir dans les dispositifs les plus performants en termes
environnementaux (basse consommation),
(vii) indiquer la consommation du produit à l’utilisateur,
(viii) réduire la consommation énergétique durant le stockage
chez l’utilisateur du produit (ou hors utilisation).

Ces modifications ont donné lieu au « Support EcoAF Version Finale », disponible en
Chapitre IV §3.

157
3 Evaluation applicative 2

3.1 Objectifs de l’évaluation

L’évaluation d’application 2 vise à évaluer la compréhension et la pertinence de la


méthode après les modifications issues de l’évaluation d’application 1.

Les modifications en termes de compréhension ont impliqué la création d’une feuille de


route pour désigner les grandes lignes et les étapes de la méthode. En termes de pertinence
la stratégie environnementale a été enrichie.

Les objectifs de la réalisation de l’exercice sont :

 évaluer la compréhension de la méthode concernant principalement les nouveaux


concepts FS, PCVa et leur agencement ;
 évaluer la pertinence, à travers la validation de l’objectif « intégration des
considérations environnementales dans la phase conceptuelle pour la conception
d’un nouveau produit ».

3.2 Méthodologie

L’évaluation d’application se réalise par l’intermédiaire d’un exercice « Support EcoAF


Version Finale » réalisé par un panel de 10 participants, étudiants du Master IMEDD15.
Le retour d’expérience a ensuite été capitalisé grâce à l’analyse qualitative des
informations renseignées dans l’exercice. Les réponses du support ont été analysées selon
deux critères qui ont permis de définir le niveau de compréhension des participants et un
critère de pertinence qui a permis des définir l’intégration de considérations
environnementales dans la proposition de solutions. Un tri des résultats a permis d’obtenir
le pourcentage de participants qui ont réussi à appliquer correctement la méthode.

La version de la méthode à évaluer est présentée lors de Chapitre IV.

3.3 Organisation

L’expérience de l’application de l’outil « EcoAF » a eu lieu à l’Université de Technologie


de Troyes. L’exercice a été proposé aux étudiants du cours « Éco-conception,
technologies propres et recyclage » du Master IMEDD. Les participants sont en processus
d’acquisition de connaissances environnementales et possèdent des connaissances
d’Analyse de la Valeur et Analyse Fonctionnelle. La réalisation de cet exercice avec des
étudiants de développement durable vient du fait que les étudiants choisis doivent avoir
des notions minimales en éco-conception pour réaliser l’expérience.

15
Ingénierie et Management de l'Environnement et du Développement Durable

158
La durée de l’exercice était de 2 heures avec une participation de 10 étudiants. Étant
donné le temps limité pour réaliser l’exercice, nous avons décidé de réaliser une
répartition des étudiants en binômes pour privilégier une meilleure compréhension de
l’exercice à travers la discussion générée entre eux.

Comme dans l’expérience précédente la consigne donnée aux étudiants a été : Vous
travaillez comme concepteur au sein d’une PME dont la spécialité est la conception
d’équipement de protection individuelle industriel. L’entreprise a pour but de se
différentier des concurrents grâce à l’intégration du levier environnemental dans ses
produits. Cependant elle possède des ressources financières et humaines limitées et ne
peut pas réaliser d’études d’évaluation d’impacts environnementaux. La mission du
« concepteur » est d’accomplir l’éco-conception d’un casque de protection respiratoire
déjà existant sur le marché, mais qui n’a jamais été produit auparavant par l’entreprise.
Pour proposer un nouveau produit environnementalement responsable, vous utiliserez la
méthode EcoAF.

Étapes de l’exercice
L’exercice « support EcoAF » est composé d’un tableau à renseigner. Les fonctions sont
données ainsi que la spécification fonctionnelle (critères et niveaux). Les participants
doivent réaliser les étapes consécutives suivantes :

 Étape 1 : prendre connaissance du CdCF.


 Étape 2 : assigner le facteur solution selon le lien critère-FS.
 Étape 3 : assigner les phases de cycle de vie selon le lien FS-PCVa.
 Étape 4 : assigner les recommandations de la stratégie environnementale.
 Étape 5 : proposer une solution.

3.4 Collecte des données

Les moyens utilisés pour la collection de donnés ont été :

 un document papier qui inclut le contexte de la méthode, les instructions pour


réaliser l’exercice et le support EcoAF à renseigner de façon manuscrite.

Processus d’analyse de données


Le processus d’analyse de données est le même que dans l’évaluation applicative 1. La
compréhension et la pertinence sont évaluées par l’analyse des informations renseignées
par les utilisateurs selon trois critères qui concernent la compréhension et la pertinence.

Chaque critère est noté par rapport à trois indicateurs qui représentent des niveaux de
compréhension ou de pertinence qui vont d’un niveau faible à un niveau de réussite
(Tableau 24).

159
Les résultats sont analysés en utilisant un tri à plat qui permet de classifier les réponses
de participants selon les indicateurs. Un pourcentage minimum de participants
correspondant au niveau de réussite est nécessaire à la validation des objectifs. Le système
d’appréciation utilisé pour valider chaque critère correspond à :

 Le critère est validé si un taux de participants entre 75 à 100%16 a atteint un niveau


de réussite.

Synthèse de l’analyse de données


Détermination de FS

Indicateurs Participants %
N’a pas assigné FS 0 0
A assigné FS mais sans utiliser le lien critère-FS 1 20
A assigné FS selon le lien critère-FS 4 80
Total 5 100

80% des participants ont déterminé le FS en utilisant le tableau « Identification du facteur


solution à travers le critère » du Tableau 14 dans le Chapitre IV §3.

Détermination de PCVa

Critères Participants %
N’a pas assigné PCVa 0 0
A assigné PCVa mais sans lien avec FS 1 20
A assigné PCVa selon le lien FS-PCVa 4 80
Total 5 100

80% des participants ont répondu correctement en choisissant une PCVa depuis le
«Tableau de correspondance FS – PCVa » du Tableau 15 dans le Chapitre IV §3.

Proposition de solutions

Critères Part. %
N’a pas proposé de solution 0 0
A proposé des solutions mais pas en lien avec la stratégie 1 20
environnementale
A proposé des solutions en lien avec la stratégie environnementale 4 80
Total 5 100

80% de participants ont proposé des solutions un lien avec la stratégie environnementale
selon l’évaluation qualitative basée sur le jugement des propositions d’après notre

16
Codage de degré de réussite des connaissances correspondant aux connaissances acquises (Descazaux,
2011).

160
expertise en éco-conception. Le Tableau 28 montre des exemples de propositions de
solution de trois groupes de travail G1, G2 et G3.

Tableau 28. Exemple de solutions proposées par fonction


Fonction 1 Critère Niveau Groupe FS PCV Stratégie Proposition de solution
environnementale
Fournir de Débit d'air >120 G1 E U Réduire la Ventilateur à pompe.
l'air à l'OP (l/min) l/min M P/AM consommation Joints d’étanchéité.
d’énergie
G2 E U Réduire la Filtrage électrique
M AM /FdV consommation remplacé par filtrage
Étanchéité : d’énergie pendant mécanique et/ou par
fuite vers 2% - l’utilisation. filtrage électrostatique.
l'intérieur 0,05%
((norme NF G3 E U Éliminer l’énergie Filtres en utilisant la
12942) du système.
 respiration, filtrage adapté
à la force des poumons.

Fonction 2 Critère Niveau Groupe FS PCV Stratégie Proposition de solution


environnementale
Séparer Performance > = 0,0006 G1 M U Minimiser Cartouche de filtration
des de filtration µm l’utilisation de régénérable ou lavable.
particules en (µm) matériaux avec une
de l'air extraction
énergivore.
Minimiser la
quantité entrante et
sortante des
consommables.
G2 M AM /FdV Minimiser la Utiliser un filtre
U quantité entrante et permanent. Lavable,
sortante des remise en état, etc.
consommables.
G3 E AM/FdV Minimiser Filtre réutilisable. Un
l’utilisation de seul filtre.
matériaux.

Fonction 3 Critère Niveau Groupe FS PCV Stratégie Proposition de solution


environnementale
Stocker de Stockage > 3,5 Ah G1 E U Réduire la Batterie rechargeable
l’énergie d'énergie consommation avec le mouvement.
(SE) d’énergie.
capacité en Éliminer
ampère- l’utilisation de
heure (Ah) substances
>= 8h toxiques.
Durée en G2 E U Réduire la Batterie adaptée.
heures consommation
d’énergie pendant
l’utilisation.
G3 E U Réduire la Batterie : système de
consommation stockage recyclable et
d’énergie pendant facile d’accès.
l’utilisation.

Fonction 5 Critère Niveau Groupe FS PCV Stratégie Idée de solution


environnementale technique

161
Éclairer la Lux (lx) 500 -1000 G1 E U Réduire la LED.
surface de lx consommation
travail d’énergie pendant
l’utilisation.
G2 E U Réduire la Ampoule basse
consommation consommation facilement
d’énergie pendant échangeable.
l’utilisation.
G3 E U Réduire la LED et renforcement avec
consommation des éléments
d’énergie pendant phosphorescents.
l’utilisation.

Fonction 6 Critère Niveau Groupe FS PCV Stratégie Solution technique


environnementale
Être Masse (kg) < 1,5 kg G1 G D Besoin taille Réduire le volume de
portable optimale avec un matériaux utilisés.
sur la tête Périmètre 57-65 cm poids léger. Plastiques soufflés
intérieur P Matériaux légers et (+agents bullants)/ éco-
(cm) recyclés composites.
G2 G D Minimiser les Privilégier des produits
Largeur hors < largeur poids des produits. de faible masse
tout W tête +10% S’informer avec la volumique (polymères).
(oreille à logistique de
oreille) (cm) volume transporté
pour s’y adapter.
Volume hors <0,0096m3 G3 G D Utiliser une Dimensionner au plus
tout matière légère et juste pour limiter le
facile à mettre en poids. Système pliable
forme. Recyclable. pour réduire le volume.

Résumé de réponses
Le niveau de réussite par rapport aux critères « détermination de FS », « détermination
de PCVa » et « proposition de solution »a été appliqué par plus de 75% des participants.

3.5 Conclusion

Lors de cette expérience la validation des objectifs est la suivante :

 la compréhension de la méthode a été validée, étant donné le pourcentage de


participants supérieur à 75% ayant répondu correctement à la détermination de FS et
à la détermination de PCVa ;
 la pertinence a été validée car plus de 75% des participants ont proposé des solutions
qui intègrent des considérations environnementales.

Tableau 29. Validation des objectifs


Objectif Critère Taux de réussite Validation
Compréhension de la Détermination de FS 80% Validé
méthode Détermination de PCVa 80% Validé
Pertinence de la Proposition de solution 80% Validé
méthode

4 Bilan des évaluations d’application

162
L’ensemble de critères comprenant la compréhension et la pertinence de la méthode
EcoAF ont été validés lors de l’évaluation applicative 2 (Tableau 30).

Tableau 30. Validation des expériences


Objectif Critère / indicateur de réussite Évaluation Évaluation
applicative 1 applicative 2
Compréhension Détermination de FS selon lien Validé Validé
de la méthode critère-FS
Détermination de PCVa selon lien Non validé Validé
FS-PCVa
Pertinence de la Proposition des solutions en lien Non validé Validé
méthode avec la stratégie environnementale

Les résultats de l’évaluation d’application 2, ont permis de valider les objectifs de


compréhension et de pertinence de la méthode EcoAF. Les participants ont compris,
d’une part les concepts et leur agencement dans le mode opératoire de la méthode, et
d’autre part, la méthode s’est montré pertinente. Cette dernière, dans la mesure où les
participants ont réussi l’objectif de l’intégration des considérations environnementales
dans la phase conceptuelle à travers la proposition des solutions en lien avec la stratégie
environnementale.

163
5 Discussion

Concernant les expériences applicatives il y a plusieurs limites qui seront discutées dans
les prochains paragraphes. Cette série de limites a été confrontée en général de façon
consciente, étant donné que nous avons réalisé le meilleur compromis entre les besoins
des évaluations et les ressources que nous avions à notre disposition.

Participants concernés
Des contraintes concernant le temps et les ressources du projet n’ont pas permis de
réaliser une expérimentation avec des concepteurs professionnelles. En effet une
évaluation de succès dans un contexte proche du réel avec des concepteurs, aurait permis
une validation complète de la méthode. Malgré cette limite, les participants aux
expériences applicatives, des étudiants d’ingénierie et de Master, avaient un profil
adéquat aux expérimentations. D’un côté, les participants possédaient des connaissances
solides en relation à l’analyse fonctionnelle, issus du cursus universitaire. D’un autre côté,
les deux groupes possédaient des notions environnementales minimales pour comprendre
les concepts d’éco-conception. Ainsi, les participants au moment des évaluations ne
pouvaient pas être considérés comme des experts en environnement, caractéristique qui
les rapprochait du profil du concepteur. Nous avons de tout façon considéré que les
différents niveaux d’étude mettent en doute la robustesse de nos résultats, et cet erreur
aurai pu être pris en compte à l’avance.

Différences dans le déroulement des expériences


Les évaluations applicatives se sont déroulées sur deux scénarios différents en termes de
quantité de participants, de temps pour la réalisation de l’exercice et de répartition de
groupes. Comme nous avions besoin de participants avec des connaissances de l’analyse
fonctionnelle et des notions d’éco-conception, les différences de scénarios correspondent
aux contraintes naturelles dues à la disponibilité des cours cibles et des enseignants qui
ont collaboré volontairement à la réalisation des expériences. En effet, les participants de
l’évaluation applicative 1 ont été plus nombreux et compte tenu que l’exercice était inscrit
dans le contexte d’un projet semestriel, ils avaient comme requis de travailler de façon
individuelle avec un délai de deux semaines pour rendre les résultats. À la différence de
cette première expérience, les participants de l’évaluation applicative 2 ont été moins
nombreux et devaient rendre l’exercice à la fin du cours. Étant donné qu’ils avaient
seulement deux heures pour la réalisation de l’exercice, nous avons privilégie les binômes
pour gagner en temps de compréhension grâce à la discussion générée entre les
participants.

Validation
Même si la méthode a évolué à un tel point qu’elle est démontrée opérationnelle et
pertinente, les deux expérimentations d’application ont permis d’obtenir une validation
partielle d’EcoAF. Une validation complète requière d’une expérimentation à travers une

164
évaluation de succès dans un contexte d’application réel avec le concepteur, l’utilisateur
cible de la méthode. Les contraintes de temps et financières du projet de recherche n’ont
pas permis de réaliser ce type d’évaluation. Cependant elles peuvent être réalisées
ultérieurement et seront discutées dans les perspectives du projet de recherche.

Propositions de solutions
La contrainte de temps pour la réalisation des évaluations applicatives a eu comme limite
la difficulté de proposer une solution du produit finie. Cette difficulté a été acceptée car
une proposition de solution finie du produit requière d’un grand investissement en termes
de temps et de ressources de chacun des participants. Cette difficulté a empêché la
réalisation d’une évaluation quantitative à travers la comparaison de type ACV entre un
produit développé grâce à EcoAF et un produit de référence, afin d’évaluer l’efficacité de
l’amélioration par rapport à la prévention d’impacts de la méthode.

165
CHAPITRE VI : CONCLUSION ET PERSPECTIVES

166
Chapitre VI : CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Nous avons pu à travers notre hypothèse créer la méthode EcoAF et ainsi nous avons
répondu à la question de recherche : Peut-on fournir au concepteur une méthode capable
d’anticiper les considérations environnementales nécessaires à l’éco-conception d’un
nouveau produit et assimilable à ses pratiques ?

En effet la méthode EcoAF permet de confronter de problèmes spécifiques de conception,


comme la création de nouveaux produits et elle est adaptée au contexte du travail du
concepteur. Elle permet d’agir de façon proactive car permet d’anticiper les phases de
cycle de vie qui seront affectés par les fonctions de futurs produits et propose des
stratégies d’éco-conception pour prévenir des impacts environnementaux.

1 Contributions du projet de recherche

La méthode EcoAF représente l’accomplissement de l’objectif principal du projet de


recherche qui est l’intégration de considérations environnementales dans la phase
conceptuelle du processus de conception d’un nouveau produit. Elle contribue en termes
méthodologiques et opérationnels aux connaissances environnementales du concepteur et
au corpus de connaissances de la communauté scientifique, professionnelle et
académique.

Apport au concepteur
La contribution principale d’EcoAF est son soutien au concepteur. À travers la réalisation
de l’Analyse Fonctionnelle le concepteur pourra être guidé vers l’intégration de
considérations environnementales pour la création d’un produit avec un rendement
environnemental équilibré sur l’ensemble du cycle de vie du produit.

L’application de la méthode répond à un processus systématique où le concepteur évolue


dans un CdCF à travers de nouveaux concepts liés à l’environnement. Le concepteur est
guidé pour reconnaître et comprendre les compromis qu’il faut réaliser entre les
différentes étapes du cycle de vie affectées par les fonctions du produit et les solutions
stratégiques adaptées à la prévention d’impacts environnementaux potentiels. Cet
exercice permet donc d’amplifier la culture environnementale du concepteur en le
préparant mieux à la prise de décisions de solutions environnementalement adéquates au
cycle de vie du produit.

Grâce à l’apport de la méthode EcoAF, le concepteur pourra monter en compétences pour


répondre aux besoins environnementaux de l’entreprise.

Apport à la communauté scientifique


Concernant la communauté scientifique, notre projet apporte à la recherche sur le
processus de conception, dont le but est de devenir une pratique plus pertinente, efficace

167
et efficiente (Blessing and Chakrabarti, 2009). Plus spécifiquement, il contribue aux
méthodologies de conception qui se positionnent dans la phase conceptuelle et qui visent
l’intégration de la dimension environnementale pour la conception de produits plus
responsables pour l’environnement.

La problématique a mis en évidence la difficulté d’inclure des considérations


environnementales lors des premières étapes de conception de nouveaux produits, quand
un retour d’expériences d’évaluation environnementale n’est pas disponible. Nous avons
constaté un manque d’outils et de méthodes adaptés à ces étapes où les informations du
produit sont limitées (0). Notre travail s’est focalisé sur la construction d’une méthode
d’éco-conception de type « proactive », dont l’analyse de la spécification fonctionnelle
permet de prévoir les étapes de cycle de vie et les contraintes environnementales à
anticiper pour la proposition d’un produit environnementalement plus responsable. Ainsi
la méthode EcoAF contribue à atténuer le manque d’outils et de méthodes proactives de
l’étape conceptuelle et rend plus pertinente la pratique de la conception pour
l’environnement.

Apport à la communauté professionnelle


Concernant la communauté professionnelle, la méthode s’adresse en particulier aux PME.
La problématique de recherche a mis en évidence la difficulté des PME à mettre en place
des stratégies d’éco-conception adaptées lors de la conception de nouveaux produits,
compte tenu de leurs ressources économiques et humaines limitées. Grâce à la méthode
EcoAF, une PME peut prendre en compte des considérations environnementales sans
dépendre d’un produit de référence ou d’un retour d’expérience environnemental. Cette
méthode représente donc une stratégie en termes de montée en compétences
environnementales.

Apport à la communauté académique


La création de connaissances environnementales grâce à EcoAF peut être pertinente dans
un contexte d’apprentissage de l’éco-conception. En général les méthodes d’éco-
conception de type qualitatives (guideline, checklist), qui ont été particulièrement
développées pour les premières étapes du processus de conception, sont utilisées
librement par le concepteur et n’ont pas d’instructions précises d’utilisation.
L’enseignement de l’éco-conception a comme désavantage de s’adresser à des apprenants
qui possèdent une expérience en conception limitée, voire inexistante. Il est donc
nécessaire d’accompagner et de guider de façon précise les apprenants tout au long du
processus de conception pour l’intégration des considérations environnementales. C’est
cette caractéristique de procédé systématique, où l’intégration des considérations
environnementales se réalise de façon orientée qui rend la méthode EcoAF appropriée à
l’apprentissage de l’éco-conception.

2 Limites de recherche

168
Un regard critique doit être apporté sur les limites du développement conceptuel de la
proposition du processus collaboratif méthodologique et sur les limites applicatives
d’EcoAF.

Nous sommes conscients de ces limites dans la mesure où le travail résulte d’un
compromis entre les besoins du projet et les ressources que nous avions à disposition. Le
temps de recherche, les ressources humaines et financières employées, la disponibilité
des chercheurs et des participants ont été des facteurs difficiles à contrôler qui ont
naturellement affecté les résultats.

2.1 Limites de développement des concepts

Limites du processus collaboratif méthodologique


La proposition d’un processus collaboratif méthodologique entre l’AF et l’ACV permet
de structurer l’intégration de six concepts dans le processus d’éco-conception d’un
nouveau produit. Le concept de cycle de vie, l’unité fonctionnelle et l’inventaire de cycle
de vie sont les concepts issus de l’ACV qui sont chargés d’apporter des connaissances
environnementales à l’AF. L’expression du besoin, la fonction principale et les fonctions
sont les concepts issus de l’AF qui contiennent des informations et des données utiles à
la réalisation d’une future étude ACV.

Conscients des ressources nécessaires à la mise en place des différents concepts, nous
avons opté pour le développement en priorité du cycle de vie qui est la brique centrale du
processus collaboratif méthodologique.

Il est par conséquent nécessaire de poursuivre le travail d’intégration des cinq autres
concepts pour donner vie au processus collaboratif méthodologique. Nous vous
proposons d’en explorer les phases de développement dans les perspectives au Chapitre
VI §3.1.

2.2 Limites applicatives

Limites par rapport aux expériences


Comme indiqué dans le Chapitre précédent nous avons été confrontés à plusieurs limites
au cours des expériences : qualification des participants concernés, déroulement
hétérogène des expériences, évaluation qualitative des réponses, proposition limitée des
solutions, validation partielle.

 Participants concernés
Des contraintes concernant le temps et les ressources du projet n’ont pas permis de
réaliser une expérimentation avec des concepteurs issus de PME. Une évaluation de
succès dans un contexte réel aurait permis une validation complète de la méthode. Les

169
participants des expériences avaient de différents niveaux d’étude, cursus ingénieur et
master. Cette limite s’est imposé car les participants formaient parti des ressources qui
nous avions à notre disposition. Cela a sans doute affecté la robustesse de résultats. Une
recommandation a été faite par la suite, nous aurions dû diviser les cours en deux groupes
pour avoir des ressources comparables.

 Différences dans le déroulement des expériences


Les évaluations applicatives se sont déroulées selon des scénarios différents en termes de
quantité et répartition des participants ainsi que la durée de réalisation de l’exercice.
Comme nous avions besoins de participants avec des connaissances en analyse
fonctionnelle et ayant des notions d’éco-conception, les différences de scénarios
correspondent aux contraintes naturelles dues à la disponibilité des enseignants et des
cours cibles qui ont collaboré volontairement à la réalisation des expériences.

 Validation
Même si la méthode a été évaluée opérationnelle et pertinente grâce aux expérimentations
d’application, la validation d’EcoAF reste partielle. Une validation complète requière
d’une évaluation de succès dans un contexte d’application réel avec les concepteurs des
PME. Des contraintes de temps et financières n’ont pas permis de réaliser ce type
d’évaluation, mais une opportunité est proposée dans les perspectives.

Limites concernant l’efficacité environnementale des résultats


La contrainte de temps pour la réalisation des évaluations applicatives a limité les
propositions de solutions du nouveau produit. Cela a empêché une évaluation quantitative
à travers une comparaison de type ACV entre le produit développé grâce à EcoAF et un
produit de référence. Cela aurait permis d’évaluer l’efficacité du produit au regard de la
prévention d’impacts de la méthode.

Une évaluation comparative simplifiée devra être engagée, nous en explorerons les
possibilités dans les perspectives.

170
3 Perspectives

Comme les limites, les perspectives de ce projet de recherche sont divisées en deux types.
D’un côté les perspectives de développement de concepts du projet et d’un autre côte
l’évolution de la méthode EcoAF.

3.1 Perspectives de développement des concepts

Développement du processus collaboratif méthodologique


Le processus collaboratif méthodologique propose d’échanger des données pour
l’intégration de la dimension environnementale dans l’AF et l’utilisation de données
issues de l’AF dans la réalisation d’une future étude ACV.

Pour qu’il devienne une réalité, il faut d’une part investiguer toutes les propositions du
Chapitre III §2.1, et d’autre part soumettre à évaluation l’agencement des propositions à
travers le processus collaboratif méthodologique.

En dehors du « concept de cycle de vie » étudié dans nos travaux, nous proposons les
pistes suivantes pour explorer les cinq autres propositions :

 L’unité fonctionnelle (Proposition 2) est un élément fondamental de l'ACV, qui


définit les caractéristiques de performance du futur produit concernant le service
rendu, la durée du service rendu et la durée de vie du produit. L’UF devra être
étudiée par rapport à son intégration dans l’analyse fonctionnelle pour la
conception d’un nouveau produit. D’autre part, il faudra étudier la rédaction des
règles pour définir l’UF étant donné que des règles de définition sont presque
absentes des textes normatifs (Cluzel et al., 2013).
 L’inventaire de cycle de vie (ICV) (Proposition 3). L’ACV nécessite une
importante quantité de données sur les flux entrants et sortants du système
(matières premières, énergies, etc.) à identifier dans l’étape d’ICV. Afin de
simplifier cet inventaire, un certain nombre de données pré-formatées issues de
l’analyse fonctionnelle (précisément depuis le CdCF) peuvent être intégrées en
amont de ce processus. Un travail a déjà été engagé à ce sujet pour créer un
système de formatage de données à partir d’un CdCF (fichier Excel) vers le
logiciel d’ACV Gabi.
 Le besoin dans l’AF (Proposition 4), qui exprime le souhait d’un client, peut
guider l’expert ACV dans la détermination des limites de son système de produit.
En effet selon ISO-TR 14049, la définition de limites de l’étude d’un système doit
être en cohérence avec les fonctions d’un produit qui sont associées aux besoins
spécifiques d’un utilisateur (ISO, 2012). Une investigation dans ce sens doit être
menée.

171
 Les fonctions principales ou de service dans l’AF (Proposition 5), justifient
l'existence du produit. Elles pourraient être intégrées au moment de la « définition
de l’objectif et du champ de l’étude », en contribuant à la définition de l’UF. D’un
point de vue opérationnel il faudra intégrer les fonctions principales à l’étude de
pré-formatage des données pour être intégré à travers un logiciel dans l’ACV.
 Les fonctions (Proposition 6), peuvent être étudiées pour être considérées comme
une partie de l’ICV. Cette proposition devra être harmonisée avec la proposition
3 qui a le même but.

Après une étude approfondie des propositions et leur validation, il faudra mettre en œuvre
leur agencement dans le processus collaboratif méthodologique. Cette étude implique
entre autres :

 Une phase d’expérimentation du processus collaboratif méthodologique, en


commençant par l’application de toutes les propositions dans le processus de
conception d’un produit nouveau.
 Une phase d’analyse qui collectera et analysera les informations obtenues de la
phase précédente. Cela implique : l’analyse des données obtenues lors de
l’application de la méthode et l’analyse de l’utilisation de la méthode par les
experts. En plus de cela, il faudra analyser du partage des données et des
connaissances entre les experts (concepteurs et experts environnement, ACV).
 Phase de validation qui prendra en compte l’évaluation de produit résultant de la
démarche.

3.2 Perspectives d’évolution de la méthode EcoAF

Validations ultérieures d’EcoAF


La méthode EcoAF a été validée de façon partielle. Une validation complète met en jeu
une évaluation de succès qui permet d’évaluer l’utilisation d’une méthode dans un
contexte réel et à long terme. C’est pourquoi en termes de perspectives, il est essentiel de
réaliser une expérimentation avec des concepteurs de PME jusqu’à l’obtention d’un
produit fini.

Le retour d’expérience des concepteurs permettra d’apporter un regard constructif sur la


méthode, et apporter si nécessaire des modifications pour répondre à ses besoins
spécifiques.

De plus l’obtention d’un produit fini permettra d’évaluer le bilan environnemental du


produit. Pour cela il est nécessaire de réaliser une analyse comparative simplifiée
d’impacts environnementaux, entre le produit conçu grâce à EcoAF et un produit
concurrent par exemple. Les résultats de cette comparaison aideront d’un côté à connaitre
le niveau d’efficacité d’EcoAF dans la prévention d’impacts environnementaux potentiels
grâce à l’utilisation d’EcoAF.

172
À noter qu’à l’heure où j’écris les lignes, un projet avec une entreprise locale « Axe
Environnement » vient d’être lancé pour la conception d’un nouveau produit. Les
résultats de cette expérience permettront donc de réaliser l’évaluation de succès et de
valider l’efficacité environnementale de la méthode EcoAF sur ce cas d’étude.

Évolution du mode opératoire de la méthode


Le mode opératoire de la méthode peut évoluer. Il consiste actuellement en une série
d’étapes pour lesquelles il faut remplir un CdCF de façon manuscrite grâce à la
consultation de tableaux informationnels. Le passage au numérique pour stocker
l’intégralité des données (FS, PCV et stratégies de conception) et pourra diminuer de
façon significative le temps de travail en automatisant certaines étapes

Le stockage numérique des informations simplifiera également le formatage des


informations fonctionnelles du produit vers les logiciels ACV.

Évolution des usages


L’élargissement du périmètre d’application de la méthode vers d’autres usages est
envisageable. EcoAF est orientée pour des équipements électriques et électroniques, mais
elle peut évoluer pour d’autres types de produits (non électriques, alimentaires,
vêtements, automobile, etc.). Cela implique une investigation sur ces autres catégories de
produits et une adaptation aux phases de cycle de vie les plus significatives.

Perspectives par rapport aux contributions


Pour la communauté scientifique, le guide de la méthode EcoAF pourrait être diffusé via
le Réseau EcoSD17. Ce guide pourrait être utilisé au cours d’un des workshops réalisés
chaque année par le réseau. Les participants seraient donc formés à l’utilisation de la
méthode et les données de cette expérience seraient exploitées pour enrichir les
validations ultérieures d’EcoAF.

Concernant la communauté professionnelle, l’idée d’un ouvrage pour les PME après une
évaluation de succès est envisageable. Cet ouvrage pour le secteur EEE, impliquera donc
un guide d’utilisation et des exemples d’application issus des évaluations de succès.

Enfin pour la communauté académique, la méthode EcoAF sera intégrée dès la rentrée
universitaire 2016 dans les cours de l’UTT « Analyse de la Valeur, Analyse
Fonctionnelle » du cursus ingénieurs et « Management de Cycle de Vie » du Master
IMEDD.

17
Le Réseau EcoSD est une association loi 1901 dont le but principal est de favoriser les échanges entre
chercheurs, entre industriels et entre chercheurs et industriels, afin de créer et diffuser les connaissances
dans le domaine de l'Eco-conception de Systèmes pour un Développement durable (EcoSD) en France, et
au-delà de faire reconnaitre l'expertise française en EcoSD à l'international. http://www.ecosd.fr/

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185
186
ANNEXES

187
Annexe I : EEE

1 Les équipements électriques et électroniques EEE

Les EEE sont divisés en 10 catégories

1. Gros appareils ménagers


Gros appareils frigorifiques
Réfrigérateurs
Congélateurs
Autres gros appareils pour réfrigérer, conserver et entreposer les produits alimentaires
Lave-linges
Séchoirs
Lave-vaisselles
Cuisinières
Réchauds électriques
Plaques chauffantes électriques
Fours à micro-ondes
Autres gros appareils pour cuisiner et transformer les produits alimentaires
Appareils de chauffage électriques
Radiateurs électriques
Autres gros appareils pour chauffer les pièces, les lits et les sièges
Ventilateurs électriques
Appareils de conditionnement d'air
Autres équipements pour la ventilation, la ventilation d'extraction et la climatisation

2. Petits appareils ménagers


Aspirateurs
Aspirateurs-balais
Autres appareils pour nettoyer
Appareils pour la couture, le tricot, le tissage et d'autres transformations des textiles
Fers à repasser et autres appareils pour le repassage, le calandrage et d'autres formes d'entretien
des vêtements
Grilles-pains
Friteuses
Moulins à café, machines à café et équipements pour ouvrir ou sceller des récipients ou pour
emballer
Couteaux électriques
Appareils pour couper les cheveux, sèche-cheveux, brosses à dents, rasoirs, appareils pour le
massage et pour d'autres soins corporels
Réveils, montres et autres équipements destinés à mesurer, indiquer ou enregistrer le temps
Balances
Petits appareils ménagers

3. Équipements informatiques et de télécommunications


Traitement centralisé des données :
Unités centrales
Mini-ordinateurs

188
Informatique individuelle :
Ordinateurs individuels (unité centrale, souris, écran et clavier)
Ordinateurs portables (unité centrale, souris, écran et clavier)
Petits ordinateurs portables
Tablettes électroniques
Imprimantes
Photocopieuses
Machines à écrire électriques et électroniques
Calculatrices de poche et de bureau
Autres produits et équipements pour collecter, stocker, traiter, présenter ou communiquer des
informations par des moyens électroniques.
Terminaux et systèmes pour les utilisateurs :
Télécopieurs
Télex
Téléphones
Téléphones payants
Téléphones sans fils
Téléphones cellulaires
Répondeurs et autres produits ou équipements pour transmettre des sons, des images ou
d'autres informations par télécommunication

4. Matériel grand public


Postes de radio
Postes de télévision
Caméscopes
Magnétoscopes
Chaînes haute-fidélité
Amplificateurs
Instruments de musique
et autres produits ou équipements destinés à enregistrer ou reproduire des sons ou des images,
y compris des signaux, ou d'autres technologies permettant de distribuer le son et l'image
autrement que par télécommunication

5. Matériel d'éclairage
Appareils d'éclairage pour tubes fluorescents à l'exception des appareils d'éclairage domestique
Tubes fluorescents rectilignes
Lampes fluorescentes compactes
Lampes à décharge à haute intensité, y compris les lampes à vapeur de sodium haute pression
et les lampes aux halogénures métalliques
Lampes à vapeur de sodium basse pression
Autres matériels d'éclairage ou équipements destinés à diffuser ou contrôler la lumière, à
l'exception des ampoules à filament

6. Outils électriques et électroniques (à l' exception des gros outils industriels fixes)
Foreuses
Scies
Machines à coudre

189
Équipements pour le tournage, le fraisage, le ponçage, le meulage, le sciage, la coupe, le
cisaillement, le perçage, la perforation de trous, le poinçonnage, le repliage, le cintrage ou
d'autres transformations du bois, du métal et d'autres matériaux
Outils pour river, clouer ou visser ou retirer des rivets, des clous, des vis ou pour des utilisations
similaires
Outils pour souder, braser ou pour des utilisations similaires
Équipements pour la pulvérisation, l'étendage, la dispersion ou d'autres traitements de
substances liquides ou gazeuses par d'autres moyens
Outils pour tondre ou pour d'autres activités de jardinage

7. Jouets, équipements de loisir et de sport


Trains ou voitures de course miniatures
Consoles de jeux vidéo portables
Jeux vidéo
Ordinateurs pour le cyclisme, la plongée sous-marine, la course, l'aviron, etc.
Équipements de sport comportant des composants électriques ou électroniques
Machines à sous

8. Dispositifs médicaux (à l'exception de tous les produits implantés ou infectés)


Matériels de radiothérapie
Matériels de cardiologie
Dialyseurs
Ventilateurs pulmonaires
Matériels de médecine nucléaire
Équipements de laboratoire pour diagnostics in vitro
Analyseurs
Appareils frigorifiques
Tests de fécondation
Autres appareils pour détecter, prévenir, surveiller, traiter, soulager les maladies, les blessures
ou les incapacités

9. Instruments de contrôle et de surveillance


Détecteurs de fumée
Régulateurs de chaleur
Thermostats
Appareils de mesure, de pesée ou de réglage pour les ménages ou utilisés comme équipement
de laboratoire
Autres instruments de surveillance et de contrôle utilisés dans des installations industrielles
(par exemple dans les panneaux de contrôle)

10. Distributeurs automatiques


Distributeurs automatiques de boissons chaudes
Distributeurs automatiques de bouteilles ou canettes, chaudes ou froides
Distributeurs automatiques de produits solides
Distributeurs automatiques d'argent
Tous appareils qui fournissent automatiquement toutes sortes de produits

190
Annexe II : Questionnaire d’analyse fonctionnelle

1 Questionnaire

Dans le but de proposer une approche pour intégrer des considérations environnementales
à l’analyse fonctionnelle du produit, nous réalisons un court sondage qui a pour objectif
de recueillir des informations sur les pratiques de l’analyse fonctionnelle et sur sa relation
avec le cycle de vie. Ce questionnaire est divisé en quatre parties :

 renseignements (questions signalétiques) ;


 concept de cycle de vie dans l’analyse fonctionnelle et le CdCF ;
 rôle du concepteur dans l’application de l’AF ;
 Intégration de l’éco-conception dans l’AF.

2 Méthodologie

Le questionnaire a été visé par des membres de l’Association Française pour l’Analyse
de la Valeur (AFAV), M. Djemil Chafaï secrétaire général et M. Gaëtan Dhayer trésorier.
Il a été testé par des membres du laboratoire CREIDD.

Nous avons opté pour un questionnaire mixte avec des questions fermées pour favoriser
le choix d’une seule réponse et des questions ouvertes qui garantissent le recueil
d’opinions avec un libre choix à travers des réponses personnalisées.

3 Population enquêtée

Les experts de l’analyse de la valeur et l’analyse fonctionnelle sont les candidats idéaux
pour fournir des données réelles grâce à l’expérience qu’ils ont acquise en appliquant, en
enseignant et en diffusant l’analyse fonctionnelle.

Un total de 12 questions (ouvertes et fermées) ont été proposées à 42 experts. Les experts
ont été choisis selon leur dégré de maturité par rapport à l’AF : consultants en analyse de
la valeur, concepteurs, formateurs et doctorants.

Ce questionnaire a été envoyé à l’Association Française pour l’Analyse de la Valeur


(AFAV), mais aussi aux enseignants universitaires et doctorants (UTC, UTT, G-scop),
réseau EcoSD, GDR MACS (groupe de travail IS3C, groupe de travail C2EI), AIP-
PRIMECA.

4 Objectif du questionnaire

191
La première partie du questionnaire est de renseignement sur les participants. Les
questions 1, 2 et 3 interrogent sur les activités professionnelles des répondants, la relation
qu’ils ont avec l’utilisation de l’AF et sur la fréquence de l’utilisation de la méthode.

La deuxième partie du questionnaire (questions 4-9) cherche à obtenir des renseignements


factuels sur l’analyse fonctionnelle et le cahier des charges fonctionnel, plus précisément
sur l’utilisation du concept de cycle de vie. Ce groupe de questions doit aider à renforcer
le constat sur le manque d’application du concept de cycle de vie dans l’AF. Les
objectives sont :

 connaitre quels outils appartenant à la norme NF X 50-153 sont employés le plus


fréquemment en réalisant l’analyse fonctionnelle (question 4) ;
 prendre connaissance de l’étape de cycle de vie sur laquelle le praticien se focalise
pour la réalisation de l’analyse fonctionnelle quand le but est la création d’un
nouveau produit (question 5) ;
 connaitre l’intérêt porté par l’expert selon l’étape du cycle de vie sur laquelle il se
focalise (question 6) ;
 connaitre les phases du cycle de vie qui sont abordées en plus de celle sur laquelle
l’expert se focalise lors de la réalisation de l’analyse fonctionnelle (question 7) ;
 connaitre comment est abordé le cahier de charges fonctionnel et comment le
praticien gère les fonctions dans les différentes phases de cycle de vie (question
8, 9).

La troisième partie du questionnaire (question 10, 11) concerne l’utilisation de l’analyse


fonctionnelle par le concepteur.

L’objectif est de :
 Connaitre quel est le rôle du concepteur dans la réalisation du cahier des charges
fonctionnel (questions 9 et 10).
La quatrième partie du questionnaire concerne l’avis des experts sur l’intégration de la
dimension environnementale. L’objectif est donc :

 Connaitre l’intérêt et les avantages que peut apporter l’intégration de la dimension


environnementale dans l’analyse fonctionnelle.

192
5 Questionnaire AF

Introduction

Ce questionnaire cherche à obtenir des renseignements factuels sur l’application de la


démarche d’analyse fonctionnelle, expression fonctionnelle du besoin et utilisation du
cahier des charges fonctionnel. L’analyse fonctionnelle référencée dans cette enquête est
basée sur les normes NF X 50-100, X 50-101 et X 50-151 et Analyse de la valeur.

1. Quelle est votre activité professionnelle ?


_________________________________

2. Quelle est votre relation avec l’utilisation de la démarche d’Analyse


Fonctionnelle, plus précisément l’expression fonctionnelle du besoin et
l’utilisation du CdCF ?
(Selon les normes NF X 50-100, X 50-101 et X 50-151 et basé sur l’analyse de la
valeur norme NF EN 12973)

o Je l'enseigne
o Je suis consultant
o Je suis client, je fais appel aux experts Analyse Fonctionnelle / Analyse de la
Valeur pour l'appliquer au sein de mon entreprise
o Je suis concepteur et je le pratique lors de mes projets de conception
o Je le pratique librement pour mes projets
o Autre ___________________________

3. En moyenne, combien de fois réalisez-vous l’Analyse Fonctionnelle ?

o J’ai eu une seule expérience d’analyse fonctionnelle


o De 1 à 2 fois par an
o De 3 à 4 fois par an
o De 5 à 6 fois par an
o Plus de 6 fois
o Autre __________________________

4. La norme NF X 50-153 propose diverses méthodes et outils pour être


appliqués lors de l’Analyse Fonctionnelle. Lesquels d’entre eux utilisez-
vous plus fréquemment ?
o méthode d’inventaire systématique du milieu environnante au produit
o étude du cycle de vie du produit
o étude de comportement de l’utilisateur potentiel
o étude des produits voisins, analogues, concurrents

193
o recherche intuitive
o recherche des insatisfactions des produits existants
o changement de point de vue systématique
o critère d’appréciation et leur niveau
o diagramme FAST
o tableau achronique
o schéma de contact
o graphe de produit
o arbre ou graphe de fonctions
o schéma de flux

5. Si le but est la création d’un nouveau produit, sur quelle phase ou situation
de vie vous êtes-vous focalisé pour la réalisation de l’Analyse Fonctionnelle ?
(Marquez seulement une option)

o Stockage
o Distribution (transport et vente)
o Utilisation/maintenance
o Fin de vie (réutilisation, recyclage, valorisation énergétique, élimination)

6. Pourquoi considérez-vous que la phase ou situation de vie choisie dans la


question précédente est importante pour réaliser un nouveau produit ?
________________________________________________________________
________________________________________________________________
________________________________________________________________
_____________

7. Quelles autres phases ou situations de vie avez-vous travaillé lors de la


réalisation de l’Analyse Fonctionnelle ?

o Stockage
o Distribution (transport et vente)
o Utilisation / maintenance
o Fin de vie (réutilisation, recyclage, valorisation énergétique, élimination)
o Autre ____________________

8. Dans le cas de plusieurs phases de cycle de vie, vous rédigez le CdCF :

o De façon indépendante pour chaque phase de vie, c'est-à-dire rédiger un


CdCF adapté à chaque phase ou situation de vie

194
o De façon transversale, c'est-à-dire une seul CdCF pour plusieurs phases ou
situations de vie à la fois

9. Une fois rédigé le CdCF, comment gérez-vous les fonctions dans les
différentes phases ou situations de vie ?
________________________________________________________________
________________________________________________________________
__________

10. Avez-vous eu l’expérience de travailler lors de la démarche AF avec un


concepteur, ou chef de projet conception, ou chef de produit ?
(Le concepteur est responsable du développement du produit, depuis sa
conception jusqu’à obtenir un produit fini qui est prêt à la commercialisation).
o Oui.
o Non (passez à la question 11).

11. Selon votre expérience, quelle est le rôle du concepteur (ou du chef de projet
conception, ou du chef de produit) dans l’Analyse Fonctionnelle et dans la
réalisation du cahier des charges fonctionnel ?
_______________________________________________________________
_______________________________________________________________
__________________
12. Si l’objectif de votre projet est l’amélioration de la performance
environnementale dans la conception d’un produit (réduction d’impacts
environnementaux, conception pour l’environnement, éco-conception…),
quels avantages peuvent apporter l’intégration de la dimension
environnementale dans le Cahier des Charges Fonctionnel ?
_______________________________________________________________
_______________________________________________________________
__________________

195
5.1 Résultats

1. Quelle est votre activité professionnelle ?

Les activités professionnelles des participants correspondent à :


24% sont doctorants
16% sont des chefs de projet et consultants
36% sont des enseignants chercheurs
24% sont des professeurs des universités

2. Quelle est votre relation avec l’utilisation de la démarche d’Analyse


Fonctionnelle, plus précisément l’expression fonctionnelle du besoin et
l’utilisation du CdCF ?

Tableau 31. Réponses question 2


Réponse Nombre %
Je l'enseigne. 31 76%
Je suis consultant. 2 5%
Je suis client, je fais appel aux experts Analyse 0 0%
Fonctionnelle, Analyse de la Valeur, pour l'appliquer au sein
de mon entreprise.
Je suis concepteur et je le pratique lors de mes projets de 16 39 %
conception.
Je le pratique librement lors de mes projets. 15 37%
Autre 5 12%

Les nombres de réponses varient dans cette question étant donné que les professionnels
réalisent plus d’une activité en parallèle.

3. En moyenne, combien de fois réalisez-vous l’Analyse Fonctionnelle ?

J’ai eu une seule expérience d’analyse fonctionnelle. 2 5%


De 1 à 2 fois par an. 16 39 %
De 3 à 4 fois par an. 9 22 %
De 5 à 6 fois par an. 3 7%
Plus de 6 fois. 10 24 %
Autre 3 7%

1. La norme NF X 50-153 propose diverses méthodes et outils pour être


appliqués lors de l’Analyse Fonctionnelle. Lesquels d’entre eux utilisez-
vous le plus fréquemment ?

méthode d’inventaire systématique ; 16 39 %

196
étude du cycle de vie du produit ; 31 76 %
étude de comportement de l’utilisateur potentiel ; 18 44 %
étude des produits voisins, analogues, concurrents ; 15 37 %
recherche intuitive ; 7 17 %
recherche des insatisfactions des produits existants ; 18 44 %
changement de point de vue systématique ; 6 15 %
critère d’appréciation et leur niveau ; 16 39 %
diagramme FAST ; 27 66 %
tableau achronique ; 1 2%
schéma de contact ; 4 10 %
graphe de produit ; 9 22 %
arbre ou graphe de fonctions ; 22 54 %
schéma de flux. 16 39 %

4. Si le but est la création d’un nouveau produit, sur quelle phase ou situation
de vie vous êtes-vous focalisé pour la réalisation de l’Analyse Fonctionnelle ?

Stockage 0 0%
Distribution (transport et vente) 1 2%
Utilisation/ maintenance 35 85 %
Fin de vie (réutilisation, recyclage, val. énergétique, élimination) 2 5%
Autre 7 17 %

Stockage
Transport
Utilisation/maintenance
Fin de vie
Autre

5. Pourquoi considérez-vous que la phase ou situation de vie choisie dans la


question précédente est importante pour réaliser un nouveau produit ?

1 Sans réponse.
2 Parce que les interactions avec l'environnement du produit ne seront pas les
mêmes selon la phase d'étude.
3 Parce que vous demandez d'en cocher qu'une et que la phase d'utilisation est
la prioritaire pour l'utilisateur (comme son signifiant l'indique).
Cela ne veut pas dire que les autres phases sont à négliger pour autant. L'idéal

197
à coût de travail fixé serait de répartir les temps de recherche de l'AF par
Phase au prorata du nb de fonctions à trouver suivant chaque Phase. Sauf
qu'on ne le sait qu'après.
4 Ce qui importe, c’est le besoin à satisfaire par rapport à l’utilisateur.
5 Spécialité de mon environnement professionnel.
6 C'est la vision directe qu'aura le client qui fera que le produit sera intéressant
pour lui ou non. malgré toutes les bonnes volontés, les démarches visant à
prévoir la fin de vie ou rationaliser le transport et distribution ne seront que
secondaire.
7 La plus pertinente vis-à-vis de l'objectif pédagogique de la formation.
8 Pour que le produit réponde aux principales attentes du client (fonctions
principales).
9 Pour réaliser un produit qui correspond au mieux aux attentes du client.
10 Pensé produit dans son usage
la fin de vie est pas cible
le transport peut le devenir pour des produits à contraintes liés au transport
peut… volume ou sécurité.
11 Car, c'est au cours de cette phase que l'on formule les fonctions de service.
12 Le produit est fait pour s'utiliser, les autres situations de vie sont une
conséquence de l'existence du produit et pas l'origine de ceci.
13 La maintenance du produit doit être pensée en conception.
14 Aide à la définition précise et à un langage commun dans l'écriture du cahier
des charges.
15 Essentiel pour créer de la valeur client.
16 On doit considérer toutes les phases en parallèle.
17 Sans réponse.
18 Le plus simple à appliquer.
19 Plus compréhensible pour les étudiants.
20 C'est le choix des entreprises qui font appel à moi.
21 Sans réponse.
22 Car sans un bon usage le produit est inutile donc aura du mal à se vendre.
23 Dans une démarche d'Ingénierie Système, la phase d'expression des besoins
fonctionnels et non fonctionnels est prépondérante et est une étape clé en
conception, particulièrement l'ingénierie des exigences et des architectures
qui suit.
24 C'est, dans la plupart des cas, la phase qui correspond aux fonctions
principales FP.
25 Un produit est développé pour répondre à un besoin : si l'on ne prête pas
attention au besoin spécifique des futurs utilisateurs d'un produit, alors la
conception même du produit n'a plus de sens.
26 création du CDCF et pour répondre aux besoins du client.
27 Pour l'utilisation/maintenance, l'analyse fonctionnelle est une démarche utile
pour une utilisation "traditionnelle" de développement de produits.
Je l'ai utilisée pour des problématiques de ventes en marché B2C, axées
marketing, où l'objectif est de créer un phénomène de surprise positive

198
précédant l'acte d'achat. Le travail a été réalisé avec designer, chef
d'entreprise (PME), directrice communication et marketing et ingénieur. La
formalisation des tenants et aboutissants de ce domaine n'est pas naturelle
pour un ingénieur junior en conception mécanique. Cela m'a permis la
formalisation de contraintes moins habituelles, mesurées par des études
ergonomiques/utilisateurs.
J'ai surtout insisté sur l'utilisation pour la communication multi-métiers avec
ses représentations graphiques, utile pour l'intégration des métiers de la
communication, du design et de la stratégie d'entreprise (PDG).
28 Tout dépend des outils de l'AF utilisés :
graphe des interacteurs -> tout le cycle de vie
c'est utile car il oblige à penser à toutes les phases de vie
expression du besoin & sadt-> utilisation.
29 Formalisation complète de la norme sur le sujet.
30 Cela défini les attentes client du produit.
31 Cerner et faciliter l'usage c'est le but de toute conception de produits.
32 Généralement, on conçoit un produit pour une utilisation donnée, cette phase
est donc très importante sans négliger toutes les autres.
33 Réponse besoin utilisateur
34 Elle l'est autant que d'autres.
Je n'avais le droit qu'à un choix ci-dessus.
Sinon, j'aurais aussi dit fabrication, fin de vie, assemblage.

Ceci dit la phase d'usage est fondamentale. Le produit doit répondre à des
exigences qui sont en lien fort avec le besoin du client.
35 Car elle se concentre sur le besoin de l'utilisateur et permet d'être rapidement
évolutive.
36 On se focalise souvent sur la phase de vie exploitation qui correspond à une
l'utilisation 'normale' du produit.
C'est un tort, la méthode systémique requiert de considérer toutes les phases
du cycle de vie citées au-dessus car un oubli ou une négligence sur une des
phases de vie peut être préjudiciable pour l'environnement (notamment fin de
vie), ou même pour les maîtres d’œuvre (suite à une insatisfaction perçue par
le client).
37 Repenser le produit autrement avec toute la philosophie de la démarche.
38 C'est le but premier même si je suis bien consciente que les autres phases
doivent aussi être prises en compte.
39 Si le produit est non adapté aux besoins du client donc aux attentes notamment
fonctionnelles (mais pas seulement), le client n'achètera pas le produit.
Si plus de client, plus d'entreprise.
40 Sans réponse.
41 Sans réponse.
42 Cette phase correspond à la fonction principale du produit.

199
6. Quelles autres phases du cycle de vie avez-vous travaillé lors de la réalisation
de l’Analyse Fonctionnelle ?

Stockage. 5 12%
Distribution (transport et vente). 10 24%
Utilisation / maintenance. 3 7%
Fin de vie (réutilisation, recyclage, val. énergétique, élimination). 18 43%
Autre 6 14%
42 100%

7. Dans le cas de plusieurs phases de cycle de vie, vous rédigez le CdCF :

 De façon indépendante pour chaque phase de vie, c'est-à- 8 19%


dire rédiger un CdCF adapté à chaque phase ou situation
de vie.
 De façon transversale, c'est-à-dire un même CdCF 32 76%
s'occupe de plusieurs phases ou situations de vie à la fois.
 Sans réponse 2 5%

8. Une fois rédigé le CdCF, comment gérez-vous les fonctions dans les
différentes phases ou situations de vie ?
1 De façon transversale, c’est-à-dire un même CdCF s'occupe de plusieurs
phases ou situations de vie à la fois.
2 Deux phases du cycle de vie différentes.
3 Je prends le facteur limitant si la fonction est strictement identique
Cela peut générer aussi des solutions si la fonction n'est pas strictement
identique (produit modulable dans le cas de votre exemple).
4 Sans réponse.
5 Lorsque leurs impacts sont différent (camion/voiture) ils sont séparés,
autrement une agrégation est envisageable.
6 Je ne considère les fonctions que comme un des moyens de remplir le
CdCF, et avoir des redondances est plutôt un signe qui montrerait qu'on
n'a pas oublié de critères et qu'on a une démarche globale. Mais aussi
qu'on a peut-être été loin et qu'on y aura perdu du temps.
7 Sans réponse.
8 Pas abordé.
9 Évolution du contenu du CdCF.
10 Pas géré.
11 On répète la fonction car parfois l'environnement change et les critères
changent aussi...

200
12 Avec un tableau croissant les fonctions et les besoins de chaque situation
de vie.
13 Sans réponse.
14 Cas non rencontré.
15 Un CdCF transversal permet d'éviter les redondances. En revanche, il
peut y avoir des contradictions, d'où l'intérêt d'utiliser TRIZ.
16 Deux lignes séparées puisqu'on est à des instants différents dans le cycle
de vie.
17 San réponse.
18 Deux fonctions marquées par les phases du cycle de vie.
19 Je ne me suis pas posé la question... ce cas ne s'est pas concrètement
posé ou alors il a été résolu instinctivement.
20 Nous spécifions le contexte de validité des contraintes émanant des
fonctions à réaliser.
21 Je décompose la situation de vie et donc les exigences en plusieurs
moments significatifs.
22 Si les critères sont identiques, on ne refait pas tout. sinon on essaye de
recouper manuellement les différentes situations de vie et les fonctions
associées pour voir si elles ne sont pas déjà décrites.
23 C'est un des avantages de l'Ingénierie Système d'offrir un panel de
concepts, d'outils et de principes mais aussi de processus pour, si on
reste réaliste tout en rêvant un peu, 'ne rien oublier', ou a minima
progresser en confiance et donc en oublier le moins possible.
24 Au cas par cas.
25 San réponse.
Utilisation du logiciel TDC pour émettre le rapport.
26 Par la dénomination précise des étapes en citant le contexte lorsqu'il y
a ambiguïté pour ne pas les confondre.
27 Pas de méthode particulière. Au cas par cas.
28 Relecture du CdCF.
29 Le CdCF est synthétisé pour chaque situation de vie pour des raisons de
relecture, d'explication, puis de recherche de solution ; mais les champs
situation de vie pour chacune des fonctions peut-être multiple.
Le CDCF est plutôt un Excel de taille conséquente où des filtres
permettent de manipuler les fonctions et où un numéro unique de
fonction permet de distinguer les fonctions.
30 Ce sont des fonctions différentes.
31 Chaque fonction peut se traduire par des indicateurs de mesures des
degrés de son application différents en fonction des phases. Par ailleurs,
avoir une redondance dans différentes phases permettra d'aider dans la
conception d'un produit utilisable durant ces phases.
32 Fait de façon transversale donc gestion directe des redondances.
33 De façon transversale.
34 De façon transversale.

201
35 En fait nous pratiquons l'ingénierie système (IS) qui est aussi une
approche fonctionnelle. Dans ce cadre, les normes que vous citez sont
pratiquées par les élèves, par les enseignants, les clients pour la
rédaction du cahier des charges car bien répandues, bien comprises et
assez simples à mettre en œuvre (car bien bornées).
En IS on distingue dans un premier temps les fonctions dans les
différentes phases de vie et même dans une même phase de vie (donc on
admet la redondance). Puis des fonctions seront regroupées
(confondues en une seule) à condition qu'elles ont les mêmes entrées
sorties, les mêmes traitements de l' l'info et qu'elles soient allouées aux
mêmes composants...
36 Différemment
37 De façon transversale.
38 Individuellement, l’attente n'est pas la même pour un stockage en
camion (remplissage, superposition, esthétique peu importante) qu'en
maison par exemple.
39 Des intitulés de fonctions peuvent être similaires, mais les milieux
extérieurs et les critères diffèrent.
40 Sans réponse.
41 Sans réponse.
42 En rajoutant des exigences fonctionnelles pour s'assurer d'assurer
toutes les fonctions.

9. Avez-vous eu l’expérience de travailler lors de la démarche AF avec un


concepteur, ou chef de projet conception, ou chef de produit ?
(Le concepteur est responsable du développement du produit, depuis sa
conception jusqu’à obtenir un produit fini qui est prêt à la commercialisation).

Oui 20 47.5%
Non, (passez à la question11) 20 47.5%
Sans réponse 2 5%

10. Selon votre expérience, quelle est le rôle du concepteur (ou du chef de projet
conception, ou du chef de produit) dans l’Analyse Fonctionnelle et dans la
réalisation du cahier des charges fonctionnel ?

1 Coordonner les compétences impliquées dans la conception en s'appuyant


sur l'AF initiale et la faire évoluer en fonction de l'interprétation qui en fait
par les différentes compétences.

2 Le concepteur me pose question. Il y a des concepteurs et un chef de projet,


parfois nommé architecte dans certains cas. Il y a besoin d'un animateur.
Mais le chef de projet est parfois responsable des décisions prises dans les
choix de fonctions ou de niveaux de critères.

202
3 Je n'ai pas cette définition du concepteur... Produit fini = produit fabriqué
?

4 En IS on distingue la définition du besoin tel qu'exprimé par le client


(recueil du besoin en terme de missions: ce que doit faire le système, de
besoin d'interface, de besoin opérationnel (sécurité,maintenance,
ergonomie etc), de contraintes et de performances), la traduction en
exigences (le besoin traduit en exigences par les concepteurs: exigences
fonctionnelles, opérationnelles, d'interface etc), la conception
fonctionnelle (identification des fonctions nécessaires pour satisfaire les
exigences fonctionnelles et opérationnelles, décomposition des fonctions en
sous-fonctions jusqu'aux fonctions feuilles réalisables physiquement). Le
concepteur intervient partout même dans la définition du besoin que les
clients ne savent pas toujours exprimer. À lui de veiller à ne pas se
substituer au client et de ne pas sous ou sur interpréter...

5 Il est un des participants à la constitution du CdCf mais c'est un travail


d'équipe avec les experts au niveau de chaque phase du cycle de vie.

6 Je n'ai pas compris la question. Pour moi il n'y a pas qu'un concepteur.

7 C'est au chef de projet conception, avec son équipe projet transversale, de


définir les fonctions, les critères, les niveaux, et la hiérarchisation des
fonctions.

8 Modification et évolution du CdCF si difficultés à répondre au critère de


l'AF.

9 CdCF = aide à la conception pour avoir une vision globale de l'utilisation


(jusque fin de vie) de son produit, en lien avec les contraintes ou choix
(notamment technologiques et stratégiques internes) de l'entreprise.

10 "Quel est" Il ne doit pas être trop important au risque de pré-orienté l'AF
et donc le CdCF en fonction des solutions qu'il a en tête ou en application
dans son secteur. La démarche est souvent menée par le BE et n'est pas
donc pas assez pluridisciplinaire pour être vraiment pertinente, même si
cette pluridisciplinarité reste effectivement une contrainte compliquée.

11 L'animateur et le garant de la bonne application de la méthode.

12 Il va lui donner un contexte par sa culture.

13 Les questions 9 et 10 sont ambiguës. Néanmoins, le rôle d'un concepteur


est de participer à l’identification des fonctions, leurs relations entre elles,
leurs hiérarchisations (constitution d'un FAST). Dans un second temps le
concepteur sera le principal intervenant pour caractériser les fonctions
(niveau, valeur, flexibilité, importance). Le chef de projet, responsable du
produit aura un rôle d'animateur/relecteur/validateur et de synthèse
fonctionnelle.

203
14 Formuler les fonctions nécessaires pour remplir le besoin client.

15 Il rédige le CdCF.

16 Différent selon les échelles de travail : taille des équipes, temps de


développement, nature du produits (importance de la prise en compte du
cycle de vie). Ayant exercé dans une équipe R&D de trois personnes,
collaborant avec un PDG et une directrice communication et marketing, le
chef de projet est concepteur et chef de produit, alors que la donne doit être
différente pour des grandes structures.

17 Important

18 Veiller à une bonne définition des fonctions donc bien définir le besoin
veiller à ce que le produit réponde correctement aux critères de valeurs et
donc aux fonctions.

19 Il aide à quantifier les valeurs du CdCF.

20 Il participe à l'élaboration ou la rédaction du CdCF avec la vision du cycle


de vie du produit.

11. Si l’objectif de votre projet est l’amélioration de la performance


environnementale dans la conception d’un produit (réduction d’impacts
environnementales, conception pour l’environnement, éco-conception…),
quels avantages peuvent apporter l’intégration de la dimension
environnementale dans le Cahier des Charges Fonctionnel ?

1 Sans réponse
2 La mise en place de nouvelles fonctions principales ou de contraintes.
3 L’amélioration de la performance environnementale dans la conception
d’un produit (réduction d’impacts environnementales, conception pour
l’environnement, éco-conception…) est une démarche globale qui peut
donc apparaitre à tous les niveaux du CdCF. Intégrer une fonction de type
"ne doit pas impacter…" n'aide pas vraiment. Par contre des critères stricts
et difficiles à atteindre fixés sur d'autres fonctions lambda du CdCF grâce
à une approche "éco" seront aidant pour le concepteur afin de concevoir
un produit "éco conçu".
4 Optimisation de l'utilisation à la fonction recherchée.
5 La prise en compte de l'impact environnemental d'un produit lors de la
conception ou éco-conception, permet d’évaluer et améliorer les
performances environnementales d'un produit avant sa production.
6 Je ne comprends pas bien la question, mais si on considère l'amélioration
du produit par de l'amélioration "éco qqchose" c'est normal de la retrouver
dans le CdCF avec une importance non négligeable.
7 Sans réponse.

204
8 Avoir une conception cohérente tout de suite en évitant que la partie
environnementale n'arrive qu'ensuite et ne puisse pas être pleinement prise
en considération.
9 De penser la vie du produit dans l'environnement d'utilisation et son
recyclage en fin de vie.
10 Intégrer au plus tôt.
11 La prise en compte des critères de valeur dédiés.
12 -L'impact est considéré ayant la même importance que la fonction
-Le produit peut être conçu dès le début sous une approche soutenable.
13 Sans réponse.
14 La fonction de contrainte liée à l'environnement peut limiter ou encadrer
une certaine empreinte (ACV) ou imposer une empreinte écologique plus
faible qu'un produit existant.
15 Question pas claire.
16 Réduction des coûts de recyclage s'ils sont intégré dès la conception.
Réduction des coûts matière,
Réduction de masse dont augmentation performance.
17 Sans réponse.
18 Un peu plus d'innovation en phase de reconception.
19 Sans réponse.
20 Un avantage concurrentiel, des solutions plus robustes et plus idéales, plus
pertinentes à long terme.
21 Prise en compte exhaustive des différents aspects du produit.
22 Si le cahier des charges a une vraie valeur "contractuelle", alors on peut
définir les objectifs à atteindre pour les performances environnement dans
le CDCF et on sait que l'équipe de conception fera le maximum pour y
répondre. cependant on n’a pas de garantie de résultat et cela dépendra
des flexibilités des critères de valeur et des fonctions.
23 Je ne doute pas de des avantages ni de la nécessité, je n'ai simplement pas
pratiqué cette dimension en profondeur, juste considérée comme une série
d'exigences comme les autres, et non dissociables.
24 En fonction de la classification en FP ou en FC de la performance
environnementale du produit, on va impacter la conception plus ou moins
en profondeur.
25 C'est à traiter comme n'importe quelle autre exigence/requis.
26 2 points de vue : contrainte supplémentaire, opportunité d'amélioration.
27 Supporter l'ACV via la définition du cycle de vie.
Intégrer globalement et localement les contraintes environnementales, et
justifier des outils de mesure de l'impact environnemental.

Avec plus de recul, l'analyse fonctionnelle, selon l'orientation définie,


recentre sur le besoin fonctionnel. Partant de là, cela permet de proposer
d'autres formes de solutions qui répondent à ces besoins en renversant les
modes de consommation. Par exemple, la fonction principale d'une voiture
est de déplacer une ou plusieurs utilisateurs. Depuis ce besoin fonctionnel,
il est possible d'envisager des solutions d'auto-partage qui répondent aux

205
besoins en améliorant l'impact environnemental. (Voir notamment les
travaux sur les Product-Service Systems).
28 Permettre la discussion autour de ces performances.
S'accorder sur des objectifs.
Contractualiser/ figer/formaliser des concepts peut être issus du
marketing.
29 Produit congruent en attente avec les besoins du marché.
30 Je n'ai pas eu à faire des produits Eco-conçus.
Les seules "questions d'éco-conception" pour lesquelles j'ai eu à répondre
étaient des questions fonctionnelles sur le démontage (SDV fin de vie).
L'avantage a permis alors d'écarter des solutions non démontables.
31 Sans réponse.
32 Ca permettra de concevoir un produit respectueux de l'environnement.
33 Satisfaction du client, image, mieux répondre aux besoins du client.
34 La dimension environnementale est une dimension parmi d'autres en
conception. Cette dimension doit faire apparaitre des critères à différents
niveaux et notamment sur la conception des produits. Mais la question de
ces critères et de leur prise en compte est encore largement discuté
aujourd'hui.
35 Sans réponse.
36 Typiquement ces considérations environnementales entrent dans les
contraintes ou dans les besoins opérationnels (à différentes phases du cycle
de vie). Traduites en exigences, elles seront prises en compte au même titre
que les autres dans le référentiel des exigences.
37 Sans réponse.
38 Introduire les considérations liées à l'impact environnemental dès le CDC
ce qui permet de prendre en compte ces performances de manière
proactive.
39 Sans réponse.
40 Approche globale du cycle de vie, donc approche logistique globale.
41 Le respect environnemental signifie le succès du projet dans le futur.
42 Avoir un cahier de charge plus complet
(la question n'est pas très claire pour moi...).

206
Annexe III : Évaluation de support

1 Support EcoAF Version 1

Ce premier exercice est l’évaluation de support qui a été menée à travers une étude de
cas. Il a permis de tester la méthode EcoAF pour la première fois.

L’exercice a été présenté aux participants dans un document de 11 pages.

2 Contexte et objectifs

2.1 Introduction

Plusieurs auteurs évoquent l’importance de prendre en compte les considérations


environnementales d'un produit dès les premières étapes du processus de conception, où
des améliorations considérables peuvent être réalisées (Alting et Legarth, 1995; Bovea et
Pérez-Belis, 2012; Chandrasegaran et al., 2013; Dewulf et Duflou, 2005; Duflou et al.,
2003; ISO, 2006a; Kaebernick et al., 2003; Karlsson et Luttropp, 2006; Zwolinski et al.,
2010). Cette prise en compte en amont est essentielle particulièrement pour les tout
nouveaux produits, ceux pour lesquels il n’y a pas de génération antérieure, comme c’est
le cas dans des innovations de rupture ou pour des produits uniques, ou une nouvelle
catégorie de produits dans l’entreprise.

Cependant, le concepteur qui peut réaliser des améliorations significatives concernant


l’impact environnemental du produit pendant le processus de conception (Alhomsi and
Zwolinski, 2009), encontre aujourd’hui des obstacles qui empêchent l’intégration de
considérations environnementales dès les premières étapes de conception.
En premier lieu, les concepteurs ont une connaissance assez générale des problèmes
environnementaux avec un manque de compréhension vis-à-vis de l’impact potentiel de
leurs produits (Akermark, 1999; Deutz et al., 2013). En deuxième lieu, les outils et
méthodes d’éco-conception actuels ne sont pas adaptés à l’intégration des considérations
environnementales dès les premières étapes de conception. En effet, ces méthodes ne
peuvent pas garantir la prise en compte des considérations car ils sont de type qualitatif
et fortement subjectifs, ou quantitativement complexes et pas en mesure d’être appliqués
lors de la conception en amont quand les spécifications du produit sont inconnues
(Devanathan et al., 2010).

207
Figure 44. Product design influences depending on the design phases, Dewulf 2003

Le paradoxe exposée par Dewulf (Figure 44) nous montre que pendant que les décisions
les plus importantes sont prises par le concepteur sur la base de peu d'information
combiné avec de l'intuition et de l'expérience, moins de décisions de grande portée
peuvent être prises en charge dans les phases finales de conception (Dewulf, 2003). Ce
dilemme demande au concepteur un effort plus important à l’heure de proposer un produit
plus respectueux de l’environnement.

Nous proposons une démarche nouvelle pour intégrer des considérations


environnementales en amont à travers l’utilisation de l’analyse fonctionnelle du produit.
L’analyse fonctionnelle sera réalisée à partir de la phase utilisation, compte tenu de
l’importance de cette phase et des compétences inhérentes du concepteur qui conçoit un
produit pour qu’il fonctionne et soit utilisé.

L’objectif de ce travail est de permettre au concepteur de faire des choix d’éco-conception


à partir des fonctions d’utilisation pour ensuite satisfaire d’un point de vue
environnemental d’autres phases du cycle de vie. La recherche de solution sera guidée
plus tard par une série de recommandations d’éco-conception.

2.2 Travail à réaliser

Objectif
L’objectif est d’évaluer la compréhension de la méthode EcoAF à travers l’observation
de groupes de travail.

1.2.2 Mode opératoire

Les groupes doivent réaliser un exercice divisé en trois étapes :

A. Prendre connaissance du CdCF. L’exercice contient un CdCF dans lequel sont


présents les fonctions et leur performance attendue.
B. Déterminer le « facteur solution » qui satisfait la performance attendue.
C. Mettre en relation les fonctions avec les phases de cycle de vie qui le concernent.

208
A. Prendre connaissance du CdCF

La proposition est de travailler au niveau du Cahier de Charges Fonctionnel (CdCF)


centré dans la phase utilisation du cycle de vie. Les fonctions de la phase utilisation, sont
accompagnées de leurs critères et leurs niveaux de performance attendus.

Pour répondre à la performance attendue nous essayons de préciser comment les fonctions
affectent au-delà de la phase d’utilisation, c’est-à-dire sur les autres phases de cycle de
vie du produit (Figure 45).

Figure 45. Schéma de répercussion de fonction depuis la phase d'utilisation

B. Déterminer les FS

Dans cette étape trois « facteurs solution » interviennent : le flux énergétique, la matière
et la géométrie. Ces facteurs sont « les responsables » de l’influence des fonctions dans
les autres phases de cycle de vie (Figure 46). Ces « facteurs solution » sont déterminants
et ont pour mission de remplir de façon générale la performance attendue de la fonction.

209
Figure 46. Proposition de l'étape B

Vous devez déterminer le « facteur solution » (FS) (flux d’énergie, matériau, géométrie)
qui va satisfaire globalement la performance attendue de chaque fonction. Ces trois
facteurs ont été inspirés et adaptés du modèle « Core Model for Product Data » (CPM)
(Fenves et al., 2006) et du modèle ontologique « Function-Behaviour-Structure » (FBS)
(Gero et Kannengiesser, 2004).

Les « facteurs solution » sont classifiés en trois grands groupes :

Facteur solution flux énergétique, sert d’input et d’output d'une ou plusieurs fonctions de
transfert (Fenves et al., 2008). Pour ce facteur nous employons le terme « Facteur
énergie », dont l’accomplissement de la performance de la fonction dépend d’une entrée
ou une sortie qui produit un effet de fonctionnement du produit.

Facteur solution matériau, se réfère à la matière qui va composer le produit (Fenves et al.,
2008). Nous employons plus spécifiquement le terme « Facteur matériau », dont la
performance attendue de la fonction s’accomplisse grâce aux matériaux qui devront être
choisis.

Facteur solution géométrie, se réfère à la description spatiale du produit (Fenves et al.,


2008). Nous employons le terme « Facteur géométrie » où la performance de la fonction
sera accomplie par rapport à la géométrie générale (mesures maximales attendues)
qu’adoptera le produit.

2.3 Incidence des facteurs dans le cycle de vie

D’un point de vue environnemental, dans le cadre de la question qui nous intéresse ici,
l’énergie, le matériau et la géométrie ont une large incidence sur l’impact
environnemental du cycle de vie du produit. Les techniques qualitatives d’éco-conception

210
qui abordent les questions environnementales pour aider les concepteurs à travailler de
manière systématique, incluent souvent des recommandations relatives aux matériaux, à
l’énergie et à la géométrie (le volume, la taille, etc.). Ainsi des questions telles que
minimiser la consommation des ressources, réduire la consommation d'énergie dans la
phase d'utilisation et diminuer le volume des produits sont des recommandations
communes dans plusieurs techniques qualitatives de type guideline, (voir Akermark,
1999; Keoleian et al., 1995; Luttropp et Lagerstedt, 2006; Masui et al., 2001; Maxwell et
van der Vorst, 2003; Parlement Européen et du Conseil de l’Union Européenne, 2009).

Après la définition des facteurs nous avons défini les phases de cycle de vie les plus
largement affectées pour chaque FS, le tableau ci-dessous répertoire les correspondances
entre le facteur solution et les phases de cycle de vie.

Tableau de correspondance FS - PCV


Facteur Phase du cycle de Détails
solution vie affecté
Énergie Utilisation (U) La consommation d’énergie durant l’utilisation est
la puissance multipliée par le temps d’utilisation
définie par la performance attendue de la fonction.
L’énergie pendant l’utilisation provoquera un
impact environnemental dépendant de la puissance
nécessaire à son fonctionnement et de la conception
du produit qui devra privilégier une utilisation
rationnelle de l’énergie.
Matière Acquisition de Les matériaux choisis ont une grande incidence sur
matières premières l’impact environnemental de toutes les phases de
(AM) cycle de vie. La matière ou plus spécifiquement le
choix des matériaux pour un certain produit est
Production (P) d'une importance vitale. Le matériau influe sur
l'acquisition de matières premières ainsi que sur
Distribution (D) la quantité d'énergie utilisée pour sa production et
Utilisation (U) sur l'utilisation du produit (Ljungberg, 2007). En
outre, les mesures de fin de vie dépendent du type
Fin de vie (FdV) de matière qui compose le produit.
Géométrie Acquisition de Dans cette espace solution nous touchons à la
matières premières géométrie de façon générale, c’est-à-dire que nous
(AM) ne prenons pas en compte des détails de la forme
Utilisation (U) qui sont réservés aux étapes postérieures de
Distribution (D) conception (embodiment design). La géométrie
(transport et donnée dans le CdCF représente une idée globale de
packaging) la forme que le produit adoptera. La géométrie
influe sur l’utilisation et sur la distribution.

À la fin de l’exercice les phases de cycle de vie assignées sont mises en relation avec un
guide qui apporte des recommandations dans la proposition de solution, tableau ci-
dessous.

211
Guide de solution
Facteur Phase du Recommandation
solution cycle de vie
affecté
Énergie U U
- Réduire la consommation d'énergie pendant
l'utilisation (Keoleian et al., 1995; Ljungberg, 2007;
Luttropp and Lagerstedt, 2006; Masui et al., 2001;
Maxwell and van der Vorst, 2003; Parlement
Européen et du Conseil de l’Union Européenne, 2009).
Matière AM AM
P - Utiliser des matériaux recyclés (Graedel and Allenby,
FdV 1996; Keoleian et al., 1995; Masui et al., 2001;
Parlement Européen et du Conseil de l’Union
Européenne, 2009).
- Minimiser la consommation de ressources (et de
ressources non renouvelables) (Graedel and Allenby,
1996; Masui et al., 2001; Maxwell and van der Vorst,
2003).
- Éliminer l’utilisation de substances toxiques (Graedel
and Allenby, 1996; Luttropp and Lagerstedt, 2006;
Maxwell and van der Vorst, 2003; Parlement
Européen et du Conseil de l’Union Européenne, 2009).
- Minimiser l’utilisation de matériaux avec une
extraction énergivore.
P
- Minimiser l’utilisation d’énergie (Luttropp and
Lagerstedt, 2006).
- Maximiser le recyclage sur place de rebuts de moulage
(Keoleian et al., 1995).
- Minimiser le nombre et type de matériaux dans le
produit (Masui et al., 2001).
FdV
- Utilisation de matériaux recyclables (Keoleian et al.,
1995).
-
Géométrie D D
- Optimiser le nombre de produits par emballage
(Keoleian et al., 1995).
- Considérer le volume du produit pour créer un produit
facile à transporter et à conserver pendant le logistique
(Masui et al., 2001).
- S’informer de la logistique employée pour le transport
du produit.

212
3 Exercice d’utilisation de la méthode EcoAF

L’exercice suit cinq étapes :

 rôle et mission ;
 objectif éco-conception ;
 caractéristiques du produit ;
 instructions de la méthode EcoAF ;
 cahier de charges à compléter.

3.1 Rôle et mission

Vous appartenez à une entreprise de type start-up, dont la spécialité est l’équipement de
protection individuelle industriel. Vous êtes concepteur et votre mission est d’éco-
concevoir un équipement électrique et électronique (EEE) de type casque de protection
respiratoire pour le marché français. Vous avez quelques connaissances en éco-
conception et ACV, mais vous n’êtes pas un expert.

Sur le marché, il existe des casques de protection respiratoire manufacturés à l’étranger


avec un coût assez élevé. Votre entreprise cherche à se différencier des concurrents grâce
à l’intégration du levier environnemental dans vos produits.

Étant donné les ressources disponibles pour le développement du produit vous ne pouvez
pas réaliser une étude ACV (méthode chronophage, trop chère et le besoin d’un expert
externe pour la mettre en place). Cependant, vous savez de façon théorique, qu’au début
du processus de conception les décisions peuvent avoir plus d'influence sur la
définition de la performance environnementale des produits.

3.2 Objectif d’éco-conception

Vous avez un CdCF de la phase de cycle de vie utilisation. Les fonctions sont
accompagnées de leur performance attendue. Normalement, en suivant la méthode
d’analyse fonctionnelle vous devez travailler sur la performance attendue de la phase
d’utilisation pour vous diriger ensuite vers la détermination de fonctions techniques18,
c’est-à-dire des solutions qui satisfassent cette performance. Si nous ajoutons la mission
de prendre en compte des considérations environnementales, nous le ferions durant la
phase utilisation. Cependant les choix qui sont faits pendant la phase d’utilisation vont
nécessairement affecter d’autres phases de cycle de vie.

L’objectif d’éco-conception est donc de prendre en compte les enjeux environnementaux


à travers la satisfaction d’un point de vue environnemental des phases de cycle de vie

18
Fonctions techniques sont les actions d’un constituant du produit afin d’assurer les fonctions de service.

213
affectées par les fonctions d’utilisation. La recherche de solution sera guidée plus tard par
une série de recommandations d’éco-conception.

Par exemple, les décisions liées à la taille ont un lien avec la phase de transport en relation
au volume transporté. Le produit devra obligatoirement être configuré par rapport à la
morphologie de l’être humain, mais une deuxième contrainte sera d’optimiser le transport
du produit. Ainsi la recherche de solution sera guidée pour satisfaire ces deux phases de
cycle de vie avec des recommandations d’éco-conception.

3.3 Caractéristiques du casque de protection respiratoire

Le casque à éco-concevoir protège les voies respiratoires pour la protection contre les
poussières fines non toxiques, les fibres, fumées et vapeurs. Une paire de filtres à haute
performance protège l’utilisateur contre la plupart des poussières et autres particules
aérogènes polluantes, en fournissant un flux continu d’air frais et purifié, sans résistance
à la respiration. Il est constitué d’une partie supérieure par un élément protecteur rigide,
étanche et résistant aux chocs, puis d’une visière reliée aux contours du visage, parfois au
cou ou aux épaules, par une jupe étanche et souple.

3.4 Instructions d’utilisation de la méthode EcoAF

CdCF : À la fin de ce document vous disposez d’un CdCF déjà renseigné. Vous devez
travailler sur l’espace solution suite à la définition des performances attendues, dont les
fonctions, classifiées par catégorie, ont été accompagnées de leur performance attendue
(critère et niveau).

Espace solution : Ici nous déterminons le « facteur solution », c’est-à-dire, un élément


déterminant qui intervient pour remplir la performance attendue de la fonction. Les
« facteurs solution» peuvent être : énergie (flux) et/ou matériau (matière) et/ou géométrie
(structure) dans le cahier des charges et notés respectivement E, M, G. Pour répondre à
cela nous devons essayer de répondre à la question suivante :

De quel « facteur solution » dépend l’accomplissement de la performance attendue de la


fonction ?19

Exemple 1 : la fonction « illuminer la zone de travail », avec une performance souhaitée


entre 500 et 1000 lux peut être remplie principalement grâce aux « facteurs solution »
énergie.

19
Note : Il y a des fonctions qui ne seront pas identifiés avec aucun « facteur solution » proposé.

214
Exemple 2 : la fonction « être portable sur la tête » avec une performance attendue par
rapport à la masse qui doit être inférieure à 1.5 kg et un périmètre de 60 cm, peut être
rempli grâce aux « facteurs solution » matériau et géométrie du produit.

Le cahier des charges est illustré dans l’exemple suivant :

CDCF Espace Espace cycle de vie


Solution
Fonctions : Performance attendue Facteur Phases de cycle de vie
Le produit Critère Niveau solution affectées
doit...
F5 Masse : < 1,5 kg M AM (acquisition de matières
kilogrammes (kg) premières)
P (production)
Être FdV (fin de vie)
portable - Périmètre 57-65 cm G U (utilisation)
sur la tête intérieur (cm) D (transport et packaging)
- Longueur tête >24 cm
(cm)
- Largeur tête (cm) >20 cm
-Volume (m³).
≈ 0,0096m³
S'enfiler sur la tête > 65 cm G U (utilisation)
(facilement) : D (transport et packaging)
Périmètre
ouverture (cm)

Espace cycle de vie : Pour finir de compléter le CdCF il faut mettre en correspondance le
facteur solution avec l’étape du cycle de vie concerné à l’aide du « Tableau de
Correspondance entre le facteur et la phase de cycle de vie » ici-bas.

Tableau de Correspondance entre le facteur et la phase de cycle de vie


Facteur Phase du cycle de vie affectée
Énergie Utilisation (U)

Matière Acquisition de matières premières (AM)


Production (P)
Utilisation (U)
Fin de vie (FdV)

Géométrie Utilisation (U)


Distribution (D) (transport et packaging)

215
Cahier des charges fonctionnel de la méthode EcoAF
Support EcoAF
CdCF Extension du CdCF
N° F Fonctions : Le Critère Niveau FS PCVa Proposer solution
produit doit...

F1 Fournir de l'air à Débit d'air (l/min) > 120 l/min


l'utilisateur
Etancheité : fuite vers l'interieur 2% - 0,05%
(norme NF 12942)
F2 Separer des Performance de filtration en (µm) > = 0,0006 µm
particules de l'air Micromètre.
F3 Stocker de l’énergie Stockage d'energie (SE) capacité en > 3,5 Ah
ampère-heure (Ah)
Durée en heures (h) < = 8h
F4 Avertir du manque Signal selon pourcentage d'energie ≥ 10% d'énérgie
d'energie restants : % restant

F5 Eclairer la surface de Lux (lx) (taches nécessitant la 500 -1000 lx


travail perception des détailles)
Distance entre la source et la <1m
surface de travail en mètres (m)
F6 Etre portable sur la Masse: En kilogrammes (kg) < 1,5 kg
tête Taille: Perimètre intérieur (cm), 57-65 cm
Longueur tête (cm), Largeur tête >24 cm
(cm) , Volume (m3) l>20 cm
≈ 0,0096m3
F7 Etre stable sur la tête Equilibre, masse en equilibre dans Σ F = 0
les 4 axes du casque: somme forces
F
F8 Maintenir t° confort Temperature de l'air fourni (°C) < 22°C
F9 Limiter le bruit Décibels (dB) < 50 dB

F10 Etre prehensible avec Etablir Distance de prehension ≥35mm≤70mm


la main (mm)
(pluridigitalement
mains-gants) Résistance à la préhension (dN) < 50daN

F11 Etre commandé Temps pour accéder à la commande < 1s


facilement (s)
Activation tactile = surface (cm²) > 2cm²

Nombre de tâches activation <2


/desactivation
Durée d'activation (s) < 0,5 s
F12 Ne doit pas gener la Transmission de lumière (%/x mm) 80 -100 %/x mm
visibilité de (x= épaisseur)
l'utilisateur Champ de vision en degrés (°) > 150° (80% du
champ)
Vision périphérique, distance du 150mm < d <
haut vers le bas, d(mm) 200mm
F13 Maintanabilté Désassemblage (D) : nombre de < 30 U
parts en unités (U)

F14 Facile à nettoyer Angles et coins internes en degrés > 15°


(°)
F15 Avertir du manque Délais d'information manque d'air < 1s
d'air pure pure : secondes (s)
F16 Doit isoler à Conductivité thermique des < 0,50 W/(mK)
l'utilisateur de matériaux, en W/(mK)
l'énergie (du
système) Courant de fuite mesuré (mA) < 1,2 mA

F17 Proteger la tête Protection antichoc (kN) > 15,0 kN


d'heurts extérieures

F18 Maintenir aspect Palette et code couleur (usage Vert kaki, noir,
outil travail industriel, usage artisanal) blanc, bleu
foncé.

216
Annexe IV : Évaluation de support, analyse des données

1 Analyse de données

Cet exercice a été réalisé par deux équipes composées par quatre membres du Laboratoire
CREIDD plus 2 animateurs, divisés en deux groupes de travail A et B. Les participants
ont des compétences dans le domaine de l’éco-conception et dans le domaine fonctionnel.

L’objectif a été d’évaluer la compréhension de la méthode EcoAF par des utilisateurs


concernant les nouveaux concepts introduits ainsi que son mode opératoire. L’analyse se
réalise à travers le cheminement suivant :

• transcription des dialogues ;


• résumé des dialogues qui englobent les difficultés les plus importantes rencontrées
par les participants ;
• difficultés concernant les concepts et/ou le mode opératoire.

Ce cheminement adopté par fonction a donné lieu à des fiches d’analyse. Les groupes A
et B ont eu des comportements différents concernant les expériences. Le groupe A par
exemple a discuté sur le mode opératoire de chaque fonction. Le groupe B a discuté sur
le mode opératoire au début de l’exercice sur 2 fonctions et ensuite a appliqué ce
raisonnement aux fonctions suivantes. Le groupe A a travaillé sur 8 fonctions. Le groupe
B a travaillé sur la totalité des fonctions. Nous avons donc analysé 8 fonctions qui ont
donné lieu à 8 fiches d’analyse par groupe.

Après l’analyse, les résultats sont commentés dans la conclusion.

1.1 Groupe A

L’analyse de l’exercice du groupe A est présentée dans les tableaux plus bas (du Tableau
32 au Tableau 39).

Tableau 32. Analyse fonction 0, groupe A


F0 : fournir de l’air à l’opérateur
Transcription S : Exemple les critères et niveaux « fournir de l’air » avec un débit
d’air de 120l/min, est-ce que cela a un lien avec un flux énergie,
matériau ou géométrie ? Et ensuite est-ce que cela a une relation avec
le cycle de vie qui va au-delà de de la phase d’utilisation. La notion de
flux peut être plus large (en relation à l’ACV) mais il faudra qu’on se
rapproche de la notion de flux peut être avec l’ACV.
B : tu as un flux physique ou un flux…
T : Il y a la notion matière, énergie, mais est-ce que c’est au sens large
aussi, sur les aspects plus émissions, parce que on oubli la partie
toxicité dans le sens ACV mais les émissions…

217
S : On parle exclusivement sur les flux qui sont utilisés dans la phase
utilisation…
B : Mais dans la phase d’usage tu as forcement la F2 que trie les
particules de l’air, les cartouches sont remplaçables- qu’est-ce qu’elles
vont devenir ces cartouches ?, ses filtres sont pollués…
S : Cela veut dire que cela aura une influence dans l’étape de
maintenance, d’entretien.
B : Oui parce ce que pour moi filtrer de l’air tu vas à affecter la fin de
vie à cause de filtres qui sont pollués.
T : Je ne vois pas l’intérêt de passer par le facteur solution, on peut
passer directement à l’espace de cycle de vie.
S : L’idée est maintenant d’expérimenter. F0 (nombre de la fonction)
minimum d’ouvertures pour remplir la fonction.
T : On se base plutôt dans la fonction ou dans le critère.
S : Niveau (ordre de grandeur) la F0 impacte le G et la E. Pourquoi
on ne se dirait pas que cela impacte sur la matière ?
T : Matière air azote ?
S : Pourquoi on a rejeté M, est- ce qu’il a u moyen pour valider ce
qu’on dit ici ?
B : On n’a pas un critère pour considérer cela, par exemple le critère
légèreté pourrait faire qu’on choisir un matériau plus qu’un autre ?
T : L’air comme matière ?
S : Cela veut dire que quel que soit la matière on aura la capacité de
fournir de l’air.
T : Est-ce qu’il n’a pas un lien entre l’efficacité de débit d’air et le
choix de matériaux ?
B : Porosité sur une certaine matière mais on n’a pas effectivement
critère là, débit c’est un critère à voir après.
Résumé Les participants discutent sur les possible FS qui devraient être choisis
pour satisfaire la F0. L’animateur S propose un des trois FS. Le
participant T essaie de créer un lien entre les fonctions et l’ACV. Le
participant B, réalise une relation directe entre plusieurs fonctions et
pense directement à une solution technologique et aux phases de vie
affectées sans prendre en compte un FS.
L’animateur discute sur la PCV et le participant T, ne trouve pas du
sens à trouver un FS, sinon propose d’aller directement sur la PCV.
Le participant T demande s’il faut se baser sur la fonction ou sur le
critère.
L’animateur S décide que le FS affecté est G et E et se pose des
questions par rapport à M, de comment justifier son rejet. Le participant
B argumente qu’il n’y pas de critère pour considérer M.
Difficultés  Les participants ne trouvent pas les éléments pour réaliser les
liaisons entre les critères de la fonction et les FS.
 Les participants mélangent trois types d’éléments les impacts, les
FS et les PCV.

218
Tableau 33. Analyse fonction 1, groupe A

F1 : Transférer de l’air à l’opérateur


Transcription S : F1 transférer l’air débit d’air
B : là on a une notion matière parce qu’on a véritablement une
transformation à faire donc demande la matière et on a une mesure
d’étanchéité. Il y a certain matériaux qui répond à ce critère-là à un
moment donné.
S : la géométrie parce que si tu as un système avec des coudes…
T : il n’y pas de l’énergie ? Juste le casque d’énergie manuel ?
S : l’effet de récrire débit d’air, ce n’est pas un critère touché ici.
B : On est plus sur le transfert d’air, c’est-à-dire, notion d’étanchéité,
donc de bien transmettre.
S : Donc on vire débit d’air, ça sous-entend que la réflexion qu’on a à
niveau de flux nous permet de corriger le CdCF, ce n’était pas prévu
depuis le début mais cela nous permet de valider certains critères. F0
on a un débit, une puissance, pour retomber sur énergie. Voir les étapes
de cycle de vie F0.
B : La production peut être impactée pour la géométrie, là on donne
des mesures spécifiques à notre produit packaging dont la distribution
peut être impactée. Si on veut fournir de l’air, cela est concerné par
l’étape d’usage.
T : Une fonction, fonctionnalité, les composantes sont raccrochées à
une matière, pourtant à la fin de vie …
S : Parce que on se focalise sur les critères.
T : Tu réfléchis ensuite à comment ses fonctions vont être mises en
œuvre.
S : Géométrie en phase d’utilisation il n’y a pas des matières
premières…
T : Si parce que, tu ne peux pas travailler de la même façon sur des
matières premières différentes. Les limites sont difficiles à voir.
S : Avec une géométrie donnée tu peux fixer n’importe quel matériau.
T : C’est ça qui me dérange c’est que pour réfléchir à ça on sait qu’on
est encore dans la fonction et qu’on ne devrait pas forcement penser à
la solution, mais on a tendance à parler de la solution. Et si on pense
à la solution il y aura forcément un passage : fonction, composante,
cycle de vie. Je regarde la fonction, donc l’espace solution, donc les
composantes et ensuite j’attribue à une étape de cycle de vie qui est
concernée.
B : Si on avait commencé par une fonction de type stabilité, au bout
d’un moment tu arrives à cette solution là, mais si c’est pour filtrer de
l’air, même sans la photo on serait avancé sur la fonction. On aura ça
en tête au fur et à mesure.
S : De toute façon le concepteur a toujours de trucs technologiques en
tête. La difficulté n’est pas seulement d’extraire ses solutions de la tête,
mais la difficulté dans l’CdCF, dans le critère, tu n’as pas de solution
technologique, seulement des mesures et des performances à atteindre.
Donc c’est là la difficulté de faire la liaison entre ça et l’espace

219
solution qui pour nous est restreinte en terme de flux de matière,
énergie et géométrie. La solution est là entre l’espace solution et
l’espace cycle de vie.
T : On pourrait faire une analyse macro qui nous permettra d’aller
directement sur cette solution-là. Donc le passage fonction, critère-
espace de cycle de vie on verra quand on arrive à la fin, mais je pense
que potentiellement on pourrait arriver au même résultat.
S : Le CdCF ne décrit pas celui qui est en image.
T : Mais cela te donne une grosse orientation sur ça. Quand tu lis une
fonction tu mets forcément une image donc tu as déjà une solution. J’ai
du mal à voir ce à quoi on va arriver- il y a une idée parce que si on
arrive à ça, une analyse qualitative et ils ont une démarche de cycle de
vie. Je me demande quelle est la valeur ajoutée par rapport au travail
qui est en conséquence de se poser la question à chaque fois, surtout
quand on va faire changer ou à évoluer la tête des ingénieurs. Ils ont
une fonction et derrière une idée de la technologie qui vont mettre
derrière.

Résumé Les participants ne suivent pas les consignes sur la géométrie globale
et commencent à réfléchir sur les détails du produit en pensant à la
solution. Le participant T remarque qu’on pense trop à la solution et
pas à l’espace solution et propose d’aller directement sur la solution et
ensuite attribuer le cycle de vie.

Difficultés  Les difficultés dans la mise en relation de FS avec PCV sont


patentes. La création des instructions très précises sur la relation
entre les critères et le FS peut éclaircir aux participants pour la
désignation d’un FS.
 Les participants ont des difficultés avec l’assignation de la
géométrie. Les mesures géométriques sont présentes toujours sur le
CdCF. Une distinction entre les mesures précises et les dimensions
de volume qui sont celles que nous pouvons exploiter grâce à la
méthode doit être réalisée.

Tableau 34. Analyse fonction 2, groupe A


F2 : Filtrer les particules de l’air
Transcription S : F2 c’est uniquement géométrie.
B : forcement la matière parce que toutes les matières ne sont pas
capables de filtrer.
S : Pour moi c’est une question géométrique, le fait d’avoir un trou qui
capte ou capte pas. Tu choisiras le matériau qui te permet de filtrer
grâce à la géométrie.
B : Cela génèrera des impacts à la fin de vie parce que les particules
seront stockées, pas éliminées.
S : Manque une capacité de stockage des particules dans le CdCF.
Critère et niveau. Niveau : certain niveau de saturation. Reprendre la

220
norme existante. On s’en tape de la production car cela va à dépendre
de la matière. Dans les critères on s’en fout de la dimension
S : Est-ce que si on a ces deux critères, cela nous permet de dire que le
système filtre des particules de l’air comme si on fait un test au labo.
La dimension on l’aura pour la suite ;
S : On imagine une usine à gaz…
T : Ca que me dérange dans le raisonnement c’est que pour la filtration
il faut avoir quelque chose micromètre, tu as un matériau et un procédé
de fabrication. La notion de filtration que vous mettez en phase c’est
fait, pour moi la notion de filtration elle n’est pas lié sur les trous, oui
si les trous sont faits dans un matériau et derrière ce matériau on a des
procédés.
B : C’est que dit Serge c’est la porosité, quel que soit les matériaux.
T : Mais tu vois ça parce que pour moi derrière la performance de
filtration il y a les trous et derrière il y a quelque chose. Je ne sais pas
quoi.
B : Oui mais le critère là c’est juste ça.
T : Pour moi c’est impossible de différentier un critère sans le mettre…
c’est comme si tu me parles de philosophie. Ce critère qui n’est pas lié
à quelque chose.
B : On a mis matière mais pas la production, mais comment ses trous
sont inférieures à cette taille-là, c’est un problème de porosité de la
matière.
B : A ce moment-là tu pourrais te dire je trouve une roche minéral que
j’utilise sans passer pour un processus de production.
S : peut-être il n’aura pas eu besoin d’avoir ce dessin là et même pas
le nom de ce qu’on va concevoir.
T : Je ne comprends pas.
S : Selon le critère et le facteur solution l’espace va se réduire. On
devrait faire abstraction complètement des produits et on imagine un
truc que doit filtrer de l’air vicié, sans réfléchir pour qui se fait ou
pourquoi que ce soit.
B : Il peut y avoir des systèmes de roche et on prend la roche telle
quelle.
S : Et en fait l’espace solution se restreint par la suite et va se réduire
parce qu’une fois qu’on aura cette condition géométrique pour la
filtration plus une condition matière du coup tu avais un espace grand
comme ça pour la géométrie tu as plus qu’un espace comme ça pour la
matière. Il ne te reste plus que cela pour ta solution technologique.
Mais c’est vrai que c’est perturbent de penser à une seule fonction et
non à l’ensemble.
Il faudra expliquer qu’on travaille fonction par fonction.
B : Fin de vie, capacité de stockage, il y a un aspect temporaire là-
dedans, c’est sur le deuxième critère.
S : C’est la capacité de stockage qui nous dira si la capacité à filtrer
est bonne ou pas. Est-ce que si on va parler géométrie ou est ce qu’on
va parler matériaux ? Donc quantité d’espace sur la géométrie donc
on est sur l’usage qui va à partir en fin de vie. La capacité de stockage

221
parle de notion de géométrie, volume, distribution sera impactée. La
fin de vie sera impactée aussi.

Résumé Les participants passent beaucoup de temps à discuter sur les facteurs
solution. Ils désignent les phases de cycle de vie qui pourraient être
affectées sans consulter les liaisons théoriques.
Difficultés  Les participants ont des difficultés sur la désignation d’un FS.
 Les participants ont des difficultés avec l’assignation de PCV. Les
participants ne suivent pas la méthode et en particulier le Tableau
de Correspondance entre le facteur solution et la phase de cycle de
vie.

Tableau 35. Analyse fonction 3, groupe A


F3 : Être énergétiquement indépendant
Transcription T : F3 C’est la matière capable de stocker, il n’y a pas beaucoup de
matières capables de stocker.
B : Pour moi c’est de l’énergie et de la matière, énergie parce qu’on a
une problématique énergétique et matière qui permet de stocker.
T : On est sûr pour la matière. Tu n’as pas besoin d’énergie, l’énergie
est en amont.
B : Tu induits un flux d’énergie qui est entrant ou sortant, intrinsèque
à la géométrie.
S : Tu dois être capable de dire combien d’énergie tu as à l’intérieur.
Ce qui manque dans ce critère ce sont les watts qui doivent trainer
quelque part. Je les ai effacés. Du coup le flux énergétique dans
l’espace solution peut être 250 citrons ou 1 batterie donc on s’en fout
de la matière. Si je suis un technicien et je veux stocker de l’énergie je
m’en fous de savoir le type de matière.
T : Là vous n’avez pas le même raisonnement qu’avant.
B : Bien sûr que si.
T : Non, non.
B : Quelle que soit la matière tu peux avoir un stockage d’énergie, donc
c’est cela qui vous intéresse c’est un flux entrant ou sortant d’énergie.
Et la matière que ce soit de batteries qui font une tonne ou dix grammes.
Par rapport à l’énergie il n’aura que l’usage.
S : On aura un lien, c’est de la géométrie. C’est de la géométrie et la
durée en heures c’est la phase d’usage. Mais si on est sur la géométrie
on risque d’impacter le fait de non existence physique.
B : Tu vas à impacter la fin de vie parce que ton produit est DEEE ou
pas, mais est-ce que tu as une réglementation plus ou pas ? sur ce type
d’appareil, si oui, tu as quelque chose qu’embarque pour te connecter.
B : Durée en heures F3 : être énergétiquement indépendante pendant
10h, je le lis comme ça.
T : Le critère stockage est pris en compte avant, donc ce n’est pas la
peine de le reprendre.

222
B : C’est ne pas la même chose parce qu’on n’a pas effectivement le
même critère de durée et là c’est un flux d’énergie, tu restitues
l’énergie pendant 10 heures. C’est toujours pendant l’étape d’usage.
S : Cela sous-entend que peut être le critère tel qu’il était établi
initialement, à savoir qu’on parle de quantité d’énergie il faut
nécessairement le mettre en lien avec leur temps d’énergie : 10h par
durée. C’est peut être une question d’écriture. Il y a deux façons de le
voir, trois critères qui sont séparés pour trois cellules, où est-ce qu’on
aura pu mettre un critère de style 15kW pendant 10 heures.
B : Il y a 2 pour moi, pas 3, effectivement stockage indépendant
pendant 10 heures et puis la non existence de connexion.
S : Donc on fusionne le troisième critère avec le premier pour avoir la
notion de stockage pendant une certaine durée.
B : Unité de stockage c’est peut être ça le niveau SE (dans le CdCF).
Est-ce que dans cette unité de stockage on n’a pas une restitution en
Wh, et puis derrière tu mets qui fait ou que consomme « x » Watts, qui
permet de tenir pendant 10 heures.
S : Quand on a une pile qu’on achète en commerce on regarde son
voltage ? Son ampérage ?
B : Ca dépend de ce que tu mets à la sortie, si je mets un led, ta pile va
durer beaucoup plus long temps. Tu achètes la pile en besoin de ton
système. C’est le concepteur qui fait un choix technologique, si cela
dure moins du temps, il s’en fout.
S : Du coup cela ne change pas notre truc de tout à l’heure.
B : Non parce que on est toujours sur la phase d’usage. C’est juste
définir la phase de stockage. Pour moi il faut ajouter le critère qui va
bien en watts ou watts heure.
Résumé Les participants essayent de se mettre d’accord sur le FS adéquat et
essayent d’assigner des PCV.
Difficultés  Les participants ont des difficultés sur la désignation d’un FS.

Tableau 36. Analyse fonction 4, groupe A


F4 : Éclairer la surface de travail
Transcription B : Éclairer la surface de travail en nombre de lux, cela aussi c’est une
restitution d’énergie. Une certaine géométrie pour éclairer une surface
de travail en m² ou cm²…le critère est en lux donc c’est peut être que
de l’énergie. Il manque un critère, parce qu’on doit éclairer une
surface de travail. Il y a deux critères à voir là-dedans. L’énergie pour
répondre à la problématique de lux et la géométrie par rapport à
l’espace de travail. Donc il y a un critère d’un m² ou deux m² ?
S : C’est une question de distance et des lux donc de géométrie.
B : Ça sera sur l’usage et la fin de vie, parce que selon la technologie
tu auras différentes fins de vies.
S : Pour la surface c’est l’usage. J’avais pensé à la base
qu’heureusement au final on n’a pas un transfert direct entre la
solution et l’espace cycle de vie. On voit que géométrie ici prend en
compte seulement l’usage, alors que pour d’autres fonctions sont
prises en compte les phases de AM, U, D, etc. Heureusement que non

223
parce que sinon ça aurait était la catastrophe si on avait eu un truc
générique à chaque fois pour compléter le cycle de vie.
S : Il faut-il encore qu’on trouve les mêmes résultats que les autres…

Résumé Les participants essayent de se mettre d’accord sur le FS adéquat et


essayent d’assigner des PCV. Encore une fois la géométrie ne
corresponde pas à l’espace du travail, mais à la géométrie du produit.
Les participants confondent les fonctions du produit avec celles de
l’espace qui les entoure.

Difficultés  Les participants ont des difficultés sur la désignation d’un FS.
 Les participants ont des difficultés avec l’assignation de la
géométrie. Une nouvelle définition de géométrie spécifique est
nécessaire.

Tableau 37. Analyse fonction 5, groupe A


F5 : Être portable sur la tête. F6 : Stabilité sur la tête
Transcription Être portable sur la tête en k déjà c’est matériaux et géométrie.
S : Si on veut uniquement une masse on se fout de la géométrie, donc
forcément c’est AM, P, D, U, FdV
B : Taille etc. On a la géométrie.
S : On s’en fout de la matière, par contre en termes de stockage, de
distribution, l’usage…
B : et la FdV ? non parce qu’on l’aura à partir du niveau antérieur…
S : Stabilité sur la tête, parce que il faut qu’aille un équilibre sur la
tête…
B : C’est de la géométrie et de la matière
S : Donc pour la géométrie il y a la production, même chose pour la
matière.
T : Tu peux te demander s’il n y a pas un problème de déséquilibrage
lors de transport. Je parle plutôt pour les oreilles cela veut dire par
rapport à comment je le transporte.
S : C’est le fait de se dire s’il n’est pas équilibré est-ce que l’étape de
transport est affecté ?
T : Moi c’est dans l’autre sens en fait. C’est lors de la phase transport
où il peut être déséquilibré…
S : Le transport qui va affecter un produit et que du coup va affecter
l’utilisation ? Là tu réfléchis à l’inverse, tu essayes de voir si une phase
de cycle de vie peut impacter notre produit, alors nous on fait à
l’inverse.
T : Non parce que la fonctionnalité finale, parce que dans le système
l’oreille c’est pour ça qu’il y a un système d’équilibrage après, c’est
dans l’autre sens, mais ce n’est pas grave, mais dans ce système là c’est
illogique, mais il faut avoir d’autres systèmes ou le penser, je suis sur
l’usage et sur d’autres systèmes il faut réfléchir
Résumé Les participants essayent de se mettre d’accord sur le FS adéquat et
essayent d’assigner des PCV.
Difficultés  Les participants ont des difficultés sur la désignation d’un FS.

224
Tableau 38. Analyse fonction 6, groupe A
F6 : Maintenir une température de confort
Transcription B : J’ai l’impression que c’est à l’envers sur la partie distribution. F7
il faut y avoir les deux matériaux et géométrie, matière parce qu’il peut
y avoir matières plus ou moins conductrices. Géométrie parce que tu
peux faire des trous dedans. J’avais pensé dissipation de l’énergie. Je
me dis c’est transmission de l’énergie donc dissipation de l’énergie.
C’est de l’énergie et derrière cela implique le choix de matière et sa
mise en œuvre. AM et P. Donc cela dépend d’un choix technologique.
T : Ca veut dire par là que le choix de critères est super important
parce que ça va changer foncièrement tes…
S : Il manquera certainement quelque chose, comme ça on a fui la
traduction entre l’espace solution et comment cela concerne l’espace
Cycle de Vie il y a une relation différente à chaque fois. À chaque fois
sur des considérations différentes, peut-être il faudra mettre ses
considérations liées pour trouver un lien technique qui permettra au
gens ensuite de plus se poser quelques questions comment on le fait,
mais avec un guide que guidera les gens pour savoir si tu as un truc
géométrique donc…quelle considération possible pour être mis en
œuvre.
T : Par rapport à mon problème de compréhension, c’est-à-dire que
l’outil est ciblé ingénieurs, ce n’est pas du tout quelqu’un comme moi.
Qui est plus dans une approche éco-conception.

Résumé Les participants réfléchissent par rapport à la relation entre les critères,
les FS et les PCV.
Difficultés  Les participants ont des difficultés sur la désignation d’un FS.
 Les participants ont des difficultés avec l’assignation de PCV. Les
participants ne suivent pas la méthode et en particulier le Tableau de
Correspondance entre le facteur solution et la phase de cycle de vie.

Tableau 39. Analyse fonction 7, groupe A


F7 : Limiter le bruit et vibrations
Transcription S : F8 limiter le bruit, décibels.
T : Plus une géométrie parce que selon la géométrie tu as le nombre de
décibels qui est restitué pendant l’usage. C’est une onde sonore que
change selon ta forme.
S : C’est une vibration c’est une amplitude par secondes, c’est une
fréquence.
T : Je mettrais l’énergie et la géométrie.
S : C’est nécessairement de l’énergie.
B : C’est limiter le bruit donc la géométrie, et la matière sont
concernés.
S : Alors ce qui me gêne là-dedans c’est qu’on considère que le système
peut générer de bruit, éventuellement peut générer de vibrations, la

225
technologie actuelle peut générer de la vibration. Maintenant on peut
avoir une vibration à zéro aussi
T : de la matière et de l’énergie aussi…
S : De l’énergie aura un impact sur l’usage, la matière et la géométrie
je ne sais pas trop. Que ce soit de la matière ou de l’énergie on s’en
fout, c’est la quantité des décibels qui ont été générés. Si on prend la
même réflexion qu’on a prise tout à l’heure, au niveau de la vibration
qu’est-ce qu’on va faire on va mettre un piézoélectrique, un capteur
vibratoire, qui va nous donner une amplitude. Donc c’est une histoire
de géométrie parce qu’on a un déplacement, donc c’est usage.

Résumé Les participants essayent de se mettre d’accord sur le FS adéquat et


essayent d’assigner des PCV.
Difficultés  Les participants ont des difficultés sur la désignation d’un FS.
 Les participants ont des difficultés avec l’assignation de PCV. Les
participants ne suivent pas la méthode et en particulier le Tableau de
Correspondance entre le facteur solution et la phase de cycle de vie.

1.2 Groupe B

L’analyse de l’exercice du groupe B est présentée dans les tableaux ci-dessous (Tableau
32 au Tableau 39).

Tableau 40. Analyse fonction 0, groupe B


F0 : fournir de l’air à l’operateur
Transcription R : Donc la première fonction c’est débit d’air, litres par minute. On a
énergie, matière, géométrie.
M : géométrie
R : pourquoi la géométrie ?
M : parce que tu la changes si tu augmentes ou tu diminues les tuyaux
R : il y a une assistance énergétique, donc il y aura aussi une entrée
d’énergie
M : Le débit d’air n’a rien à voir avec l’énergie ;
R : Tu as un ventilateur.
R : Là c’est fournir de l’air sans particules, donc effectivement
l’énergie n’est pas là.
M : Oui parce que le problème c’est que, sauf si on est en train de faire
le cahier de charges de ce produit qui existe déjà, ou si on est en train
de faire une CdCF pour un produit nouveau.
M : Si c’est sur ce produit là on sait qu’il y a de l’assistance électrique
et que c’est pour ça qu’il y a de l’énergie.
P : C’est pour d’EEE donc il faut penser qu’il y a toujours de l’énergie.
R : Matériau aussi,
M : donc on va mettre matériau partout…

Résumé Les participants discutent sur les possibles FS qui devraient être choisis
pour satisfaire la F0. Pour le participant M c’est juste la géométrie

226
pendant que pour le participant R c’est juste l’énergie. Ils font une
lecture rapide d’autres fonctions pour déterminer si l’énergie et le
matériau sont présents dans tout le CdCF, et donner des exemples où
les FS sont présents et où ils ne le sont pas.

Difficultés  Les participants ont des difficultés sur la désignation d’un FS.

Tableau 41. Analyse fonction 1, groupe B


F1 : Transférer de l’air à l’operateur
Transcription R : Non pas forcement, transférer de l’air, pour moi c’est juste de
l’énergie. Éventuellement de la géométrie. Tu vois il n’y pas forcement
tout par tout. Sur le premier tu es d’accord sur matériau aussi. Énergie
et géométrie pour le premier. Transférer de l’air on avait dit énergie,
géométrie.
P : Vous croyez que la géométrie touche tout.
R : Pas forcement tout mais la production, les moyens de production,
mais c’est de l’expertise production. Si tu fais une géométrie 3D bizarre
et tu vas usiner le produit en 3d, ça veut dire que derrière cela va
impacter le machines.
P : Même si c’est la géométrie générale.
R : Le choix de la géométrie ou le choix de tout va influencer les
machines que tu mets en place.
M : Mais les matériaux c’est pareil. Les deux vont ensemble.
R : Après si c’est pertinent de découper il faut découper.
M : C’est ce qui s’appelle « form » dans le modèle.
P : Oui c’est form.

Résumé Les participants discutent sur les FS appropriés aux critères. Ils
discutent aussi sur les FS qui touchent des autres phases de cycle de vie
qui ne sont pas prises en compte par la méthode. Concernant la
géométrie ils proposent de traiter la production. Ils discutent sur deux
FS qui devraient être considérés ensemble.

Difficultés  Les participants ont des difficultés sur la désignation d’un FS.
 Les participants ont des difficultés avec l’assignation de la géométrie.
Aussi sur la relation de la géométrie et le matériau avec des autres
phases de cycle de vie.

Tableau 42. Analyse fonction 2, groupe B


F2 : Filtrer les particules de l’air
Transcription R : Performance de filtration, filtrer de particules… matériau et
géométrie ?
M : oui

Résumé Les participants définissent rapidement les FS

227
Difficultés Pas de difficultés rencontrées.

Tableau 43. Analyse fonction 3, groupe B


F3 : Être énergétiquement indépendant
Transcription R : Indépendance énergétique
M : énergie

Résumé Les participants définissent rapidement les FS

Difficultés Pas de difficultés rencontrées.

Tableau 44. Analyse fonction 4, groupe B


F4 : Éclairer la surface de travail
Transcription R : énergie
M : énergie

Résumé Les participants définissent rapidement les FS

Difficultés Pas de difficultés rencontrées.

Tableau 45. Analyse fonction 5, groupe B


F5 : Être portable sur la tête. F6 : Stabilité sur la tête
Transcription R : Donc portable sur la tête c’est le matériau.
M : C’est aussi la géométrie.
R Tu as le périmètre longueur machin ça c’est la géométrie.
R : les matériaux si tu prends en compte de mousse, des matériaux
adaptables
M : Je crois que c’est plutôt la géométrie
R : Parce que tu peux avoir le matériau qui a une géométrie variable
si tu veux.
M : est- ce que c’est le matériau qui est en fonction de la géométrie ou
c’est la géométrie qui est en fonction du matériau, je ne sais pas.

Résumé Les participants essayent de se mettre d’accord sur le FS adéquat.


Difficultés  Les participants ont des difficultés sur la désignation d’un FS.

Tableau 46. Analyse fonction 6, groupe B


F6 : Maintenir une température de confort
Transcription R : température de confort. Je ne mettrais aucun des trois, parce que
tu as une fonction qui est l’étanchéité la température va dépendre de
ça.
M : C’est le débit d’air qui fera refroidir, c’est l’énergie donc on met
la fonction 1.

228
Résumé Les participants décident que ce FS dépend d’une autre fonction et font
la relation avec la fontion1.
Difficultés Pas de difficultés rencontrées. Les participants s’approprient de la
méthode et cela est très positif.

Tableau 47. Analyse fonction 7, groupe B


F7 : Limiter le bruit et vibrations
Transcription R : limiter le bruit et la vibration
M : Matière et géométrie

Résumé Les participants définissent rapidement les FS

Difficultés Pas de difficultés rencontrées.

229
1.3 Conclusion générale

L’objectif de l’évaluation du support a servi à évaluer la compréhension de la méthode


par les utilisateurs pour assurer un développement suffisamment avancé en prévision de
l’évaluation applicative. Cette analyse a permis d’identifier deux catégories de difficultés.
Une première catégorie liée à la compréhension des concepts :

 Des difficultés avec l’assignation de la géométrie : Le principal concept qui pose


des difficultés est le FS géométrie. Ce FS est associé aux critères dépendants des
dimensions (hauteur, largeur, profondeur, etc.) présents tout au long du CdCF.
Les dimensions géométriques que nous avons choisi de traiter par la méthode
EcoAF correspondent seulement au volume total du produit. Cependant les
participants assignent ce FS à toutes les dimensions présentes dans la spécification
fonctionnelle du CdCF, et ne peuvent pas lui donner continuité dans la méthode.
Une distinction est donc nécessaire entre les mesures précises concernant des
parties, composants, zones et sections qui ne seront pas traités et les dimensions
concernant le volume qui seront traitées par la méthode.

La seconde catégorie correspond à la compréhension du mode opératoire :

 Des difficultés sur la désignation des FS : les fonctions est les critères analysés
par les participants ne suffisent pas aux participants pour trouver un FS. Ils passent
beaucoup de temps à discuter sur les FS les plus en adéquation.
 Des difficultés sur l’assignation de PCV. Les participants éprouvent des
difficultés pour suivre les instructions de l’exercice, car ils n’ont pas considéré les
relations théoriques entre FS et PCV. Ils essayent donc de lier une PCV selon leur
intuition. Ces décisions ne sont pas systématiques et entrainent des erreurs.

La proposition de solutions aux difficultés est consultable dans le Tableau ici-bas :

Difficultés Solution
Assignation de la Nous proposons l’inclusion d’un nouveau facteur
géométrie solution de type « géométrie spécifique » (GS)
Désignation de FS Nous proposons la création des instructions très précises
sur la relation entre les critères et le FS pour éclaircir la
désignation d’un FS.
Assignation de PCV Nous proposons l’inclusion d’exemples pour renseigner
étape par étape l’avancement dans le support EcoAF.

230
Annexe V : Evaluation applicative 1

1 Support EcoAF Version 2

1.1 Introduction

L’objectif est de renseigner le support pour concevoir un produit en suivant la démarche


proposée par la méthode EcoAF. Il faut satisfaire les fonctions de la phase « utilisation »
du cycle de vie, tout en intégrant des considérations environnementales (notions
d’écologie dans la conception des produits). Cette démarche est réalisée pour être
appliquée aux équipements électriques et électroniques (EEE). Le produit à concevoir est
un casque de protection individuelle.

1.2 Rôle et mission

Vous appartenez à une entreprise PME dont la spécialité est la vente d’équipement de
protection individuelle industriel. Votre mission est de renseigner le support mis à
disposition afin d’éco-concevoir (concevoir en prenant en compte des considérations
environnementales) un équipement électrique et électronique (EEE) de type casque de
protection respiratoire. Votre entreprise cherche à se différencier des concurrents grâce
à l’intégration du levier environnemental dans les produits. L’objectif est de pouvoir
proposer des solutions aux fonctions en termes de performance attendue mais aussi
prendre en compte des considérations environnementales.

1.3 Caractéristiques du casque de protection respiratoire

Le casque à éco-concevoir protège les voies respiratoires de l’opérateur contre les


poussières fines non toxiques (fibres, fumées et vapeurs). Le casque est constitué de :

 Deux filtres à haute performance protègent l’utilisateur contre la plupart des


poussières et autres particules aérogènes polluantes, en fournissant un flux
continu d’air frais et purifié aux voies respiratoires de l’utilisateur.
 D’une casquette ou partie supérieure résistante aux chocs pour protéger la tête
d’heurts (chute d’outils, matériaux de construction, etc.).
 D’une visière reliée aux contours de visage, parfois au cou ou aux épaules, par
une jupe étanche et souple.

1.4 Etapes de l’exercice

Vous utilisez un support CdCF de la phase de vie « utilisation » du cycle de vie du produit.
Les fonctions sont accompagnées de la performance attendue (critères et niveaux). La
démarche consiste à suivre des étapes pour remplir une extension du CdCF qui vous
aidera à prendre en compte des considérations environnementales. Cela vous permettra

231
de proposer des solutions technologiques qui incluent des considérations
environnementales apportées par l’extension du CdCF Figure 47.

Figure 47. Résumé graphique de la démarche à réaliser

Les étapes d’EcoAF sont les suivantes :

Étape 1. Le concepteur détermine des fonctions du produit et attribue des critères et des
niveaux, pour exprimer la performance attendue de la fonction. Cette partie du CdCF est
réalisée en suivant la pratique classique de l’AF (exemple en Tableau 48).

Tableau 48. Exemple de Cahier des Charges Fonctionnel


Fonctions Critère Niveau
Fournir de l’air à l’utilisateur Flux d’air (l/min) > 120 l/min
Séparer les particules de l’air Degré de filtration (µm) ≥ 0,0006 µm

Stocker de l’énergie Heures d’énergie effective (h) ≥8h


Être portable sur la tête Périmètre intérieur (mm) [560mm,650mm]
Longueur hors tout (mm) > 240 mm
Largeur hors tout (mm) > 200 mm
Volume hors tout (m3) ≈ 0,0096 m³
Masse (kg) < 1,5 kg

Étape 2. Le concepteur affecte un ou plusieurs FS aux critères et niveaux de chaque


fonction, voir exemple en Tableau 49. La définition des facteurs solutions est donnée dans
le Tableau 50. Dans cette étape le concepteur doit choisir quel FS est le plus adapté à la
satisfaction de la performance attendue de la fonction annoncée par le critère et le niveau.
Cela peut être réalisé en consultant le Tableau 51 qui contient une liste non exhaustive de
critères et unités avec une correspondance aux FS. Par exemple si le critère est flux
lumineux et l’unité est lux, le concepteur trouvera dans le tableau que le FS correspond
au domaine énergie lumineuse, c’est-à-dire au FS énergie.

232
Tableau 49. Exemple d’assignation de FS
Fonctions Critère Niveau FS
Fournir de l’air à Flux d’air (l/min) > 120 l/min E
l’utilisateur
Séparer les particules de Degré de filtration (µm) ≥ 0,0006 µm M
l’air
Stocker de l’énergie Heures d’énergie effective ≥8h ME
(h)
Être portable sur la tête Périmètre intérieur (mm) [560mm,650mm] G
Longueur hors tout (mm) > 240 mm
Largeur hors tout (mm) > 200 mm
Volume hors tout (m3) ≈ 0,0096 m³
Masse (kg) < 1,5 kg M

Tableau 50. Facteurs solution


FS Sigle Définition
Énergie E Classe associée à un critère dépendant de la nature ou de la forme
énergétique, généralement liée à un flux énergétique entrant ou
sortant du produit.
Matériau M Classe associée à un critère dépendant d’une propriété physique
quelconque utilisée pour la construction du produit.
Géométrie et G Classe associée à un critère dépendant d’une caractéristique
géométrie géométrique du produit.
spécifique GS Classe associée à un critère dépendant d’une caractéristique
géométrique d’une zone ou partie spécifique du produit. Ce FS n’a
pas d’effet dans notre exercice car sa détermination prend en
compte les détails de conception qui seront pris plus tard dans
d’autres étapes. Seule son identification est requise.

Tableau 51. Identification du facteur solution à travers le critère


Identification du FS à travers le critère

Critère Unité Symbole Domaine FS

Puissance Kilowattheure kWh É. électrique E


Ampère heure Ah
Température Degré Celsius °C É. thermique

Vitesse Mètre par secondes m/s É. cinétique

Flux lumineux Candela cd É. lumineuse


Lux lx
Lumen lm
Densité volumique de Kilogramme par mètre Kg/m3 Physique M
masse ρ cube

Indice de fluidité Grammes par minute g/ min

Capacité thermique Joule par kelvin J/K Thermique

233
Coefficient de dilatation ∆V 1/K

Conductivité thermique Watt par mètre-kelvin W /m·K

Résistance à la force Newton N Mécanique

Résistance à la traction Mégapascal MPa (kp si)

Déformation élastique Pascal Pa


(Young)
Déformation plastique
Propagation fissure

Dureté Décanewton par daN/mm²


millimètre carré
Module de flexion Mégapascal MPa (kp si)

Résistance à la pression Pascal Pa

Allongement à la rupture Pourcentage %

Contrainte de cisaillement Pascal Pa

Indépendance acoustique Pascal seconde par mètre Pa·s/m Acoustique

Couleur Longueur d'onde dans le nm Optique


vide en nanomètre
Réflectivité Coefficient de réflexion dB, %
en décibel ou
pourcentage
Transmittance T en pourcentage (0 %
matériau opaque)
Hauteur, largeur, Mètre et ses dérivés m, cm, mm Dimension G
longueur, épaisseur,
profondeur, diamètre,
rayon, tour de taille,
échelle, etc.

Volume Mètre cube et ses dérivés m³, dm³, cm³,


mm³
Litre et ses dérivés
L, dl

Étape 3. Le concepteur met en relation le FS avec le ou les PCVa, voir Tableau 52. FS
et PCVa ont été préalablement établis grâce à une relation théorique20, voir Tableau 53.

20
Pour les détails de cette relation voir de Tableau 12 à Tableau 11.

234
Tableau 52. Exemple d’assignation de PCVa
Fonctions Critère Niveau FS PCVa
Fournir de l’air à Flux d’air (l/min) > 120 l/min E U
l’utilisateur
Séparer les Degré de filtration (µm) ≥ 0,0006 µm M AM, P,
particules de l’air FdV
Stocker de Heures d’énergie effective ≥8h ME AM, P,
l’énergie (h) FdV, U
Être portable sur Périmètre intérieur (mm) [560mm,650mm] G T
la tête Longueur hors tout (mm) > 240 mm
Largeur hors tout (mm) > 200 mm
Volume hors tout (m3) ≈ 0,0096 m³
Masse (kg) < 1,5 kg M AM, P,
FdV

Tableau 53. Correspondance FS et PCVa


Tableau de correspondance FS – PCVa
FS PCVa
Énergie U - Utilisation
Matériau AM Acquisition de matières premières
P Production
FdV Fin de Vie
U* Utilisation, phase incluse seulement si le produit utilise des consommables
Géométrie T - Transport

Étape 4. Stratégie environnementale. Maintenant, chaque fonction est en relation avec un


ou plusieurs PCVa et le concepteur a une vue intégrale de l'ensemble des phases du cycle
de vie qui seront affectées. Pour obtenir une solution adaptée à chaque fonction, le
concepteur consultera la stratégie environnementale adéquate au PCVa dans le Tableau
55 et selon l’exemple dans le Tableau 54.

Tableau 54. Exemple d’assignation de stratégie environnementale


Fonctions Critère Niveau FS PCVa Stratégie environ.
Fournir de Flux d’air > 120 l/min E U PCV U : réduire la
l’air à (l/min) consommation d'énergie
l’utilisateur pendant l'utilisation.
Séparer les Degré de ≥ 0,0006 µm M AM, P, AM : qui soit durable par
particules de filtration (µm) FdV rapport aux matières
l’air premières, plutôt
réutilisable.
P : Considérer de matières
peu énergivores dans la
production.
FdV : Privilégier les
matières recyclables.

235
Tableau 55. Stratégies environnementales pour la PCVa affectée
FS PCVa Stratégie environnementale Source
Énergie U -Réduire la consommation d'énergie -(Keoleian et al., 1995;
pendant l'utilisation. Ljungberg, 2007; Luttropp
and Lagerstedt, 2006; Masui
et al., 2001; Maxwell and
van der Vorst, 2003;
Parlement Européen et du
Conseil de l’Union
Européenne, 2009).
Materiau AM -Utiliser des matériaux recyclés. -(Graedel and Allenby,
-Minimiser la consommation de 1996; Keoleian et al., 1995;
ressources (et de ressources non Masui et al., 2001; Maxwell
renouvelables). and van der Vorst, 2003;
-Éliminer l’utilisation de substances Parlement Européen et du
toxiques. Conseil de l’Union
-Minimiser l’utilisation de matériaux Européenne, 2009).
avec une extraction énergivore. - (Graedel and Allenby,
-Réduire le volume des matériaux 1996; Masui et al., 2001;
utilisés. Maxwell and van der Vorst,
-Investir dans de meilleurs matériaux, 2003).
traitements de surface ou arrangement -(Graedel and Allenby,
structurels pour protéger les produits 1996; Luttropp and
contre la saleté, la corrosion l’usure. Lagerstedt, 2006; Maxwell
and van der Vorst, 2003;
Parlement Européen et du
Conseil de l’Union
Européenne, 2009).
-(Maxwell and van der
Vorst, 2003).
-(Luttropp and Lagerstedt,
2006)
P -Minimiser l’utilisation d’énergie. - (Luttropp and Lagerstedt,
-Minimiser le nombre et type de 2006).
matériaux dans le produit. - (Keoleian et al., 1995).
-Minimiser l’utilisation de matériaux - (Masui et al., 2001).
avec un processus de production
énergivore.
FdV -Utilisation de matériaux recyclables. (Keoleian et al., 1995).
U* -Minimiser la quantité entrante et (Feng, 2011).
sortante des consommables.
U*considéré seulement si le produit
utilise des consommables autres que
l’énergie.
Géométrie T -Optimiser le nombre de produits par -(Keoleian et al., 1995).
globale emballage. -(Luttropp and Lagerstedt,
-Minimiser le poids des produits. 2006; Masui et al., 2001).
-Considérer le poids et le volume du -(Masui et al., 2001).
produit pour créer un produit facile à

236
transporter et à conserver pendant la
logistique.
-S’informer sur la logistique du transport
et du volume du camion utilisé par
l’entreprise pour transporter ses produits.

Étape 5. À la fin de l’application de la méthode EcoAF, le concepteur est en situation de


proposer des solutions capables de tenir compte de la performance attendue influencée
par les stratégies environnementales, voir Tableau 56.

Tableau 56. Exemple de proposition de solution


Fonctions Critère Niveau FS PCVa Stratégie Proposition de
environ. solution
Fournir de Flux d’air > 120 E U PCV U : réduire la Système de
l’air à (l/min) l/min consommation ventilation
l’utilisateur d'énergie pendant mécanique.
l'utilisation.
Séparer les Degré de ≥ M AM, P, AM : qui soit Un seul filtre
particules filtration 0,0006 FdV durable par lavable en matière
de l’air (µm) µm rapport aux plastique.
matières
premières, plutôt
réutilisable.
P : Considérer de
matières peu
énergivores dans
la production.
FdV : Privilégier
les matières
recyclables.

237
Tableau 57. CdCF donné aux participants pour être complété
Support EcoAF
CdCF Extension du CdCF
N° F Fonctions : Le Critère Niveau FS PCVa Proposer solution
produit doit...

F1 Fournir de l'air à Débit d'air (l/min) > 120 l/min


l'utilisateur
Etancheité : fuite vers l'interieur 2% - 0,05%
(norme NF 12942)
F2 Separer des Performance de filtration en (µm) > = 0,0006 µm
particules de l'air Micromètre.
F3 Stocker de l’énergie Stockage d'energie (SE) capacité en > 3,5 Ah
ampère-heure (Ah)
Durée en heures (h) < = 8h
F4 Avertir du manque Signal selon pourcentage d'energie ≥ 10% d'énérgie
d'energie restants : % restant

F5 Eclairer la surface de Lux (lx) (taches nécessitant la 500 -1000 lx


travail perception des détailles)
Distance entre la source et la <1m
surface de travail en mètres (m)
F6 Etre portable sur la Masse: En kilogrammes (kg) < 1,5 kg
tête Taille: Perimètre intérieur (cm), 57-65 cm
Longueur tête (cm), Largeur tête >24 cm
(cm) , Volume (m3) l>20 cm
≈ 0,0096m3
F7 Etre stable sur la tête Equilibre, masse en equilibre dans Σ F = 0
les 4 axes du casque: somme forces
F
F8 Maintenir t° confort Temperature de l'air fourni (°C) < 22°C
F9 Limiter le bruit Décibels (dB) < 50 dB

F10 Etre prehensible avec Etablir Distance de prehension ≥35mm≤70mm


la main (mm)
(pluridigitalement
mains-gants) Résistance à la préhension (dN) < 50daN

F11 Etre commandé Temps pour accéder à la commande < 1s


facilement (s)
Activation tactile = surface (cm²) > 2cm²

Nombre de tâches activation <2


/desactivation
Durée d'activation (s) < 0,5 s
F12 Ne doit pas gener la Transmission de lumière (%/x mm) 80 -100 %/x mm
visibilité de (x= épaisseur)
l'utilisateur Champ de vision en degrés (°) > 150° (80% du
champ)
Vision périphérique, distance du 150mm < d <
haut vers le bas, d(mm) 200mm
F13 Maintanabilté Désassemblage (D) : nombre de < 30 U
parts en unités (U)

F14 Facile à nettoyer Angles et coins internes en degrés > 15°


(°)
F15 Avertir du manque Délais d'information manque d'air < 1s
d'air pure pure : secondes (s)
F16 Doit isoler à Conductivité thermique des < 0,50 W/(mK)
l'utilisateur de matériaux, en W/(mK)
l'énergie (du
système) Courant de fuite mesuré (mA) < 1,2 mA

F17 Proteger la tête Protection antichoc (kN) > 15,0 kN


d'heurts extérieures

F18 Maintenir aspect Palette et code couleur (usage Vert kaki, noir,
outil travail industriel, usage artisanal) blanc, bleu
foncé.

238
239
Paulina del Carmen RODRIGUEZ MORENO
Doctorat : Ingénierie Sociotechnique des Connaissances,
des Réseaux et du Développement Durable
Année 2016

Intégration de considérations environ- Integrating environmental considera-


nementales dans la phase conceptuelle tions into the conceptual phase of the
du processus de conception de nou- design process of new products
veaux produits
La thèse contribue à une meilleure connaissance du The thesis contributes to a better understanding of
processus d’éco-conception de produits, notamment the eco-design process of products, especially in the
dans la prise en compte de considérations environ- integration of environmental considerations in the
nementales en amont du processus de conception. early phases of the design process. Focused on the
Centrée sur la phase conceptuelle, la motivation conceptual phase, the main motivation of this work
principale de ce travail est d’intervenir là où les is to intervene when the decisions of the designer
décisions du concepteur ont une grande influence have the greatest environmental influence. Indeed,
environnementale. En effet, un grand nombre many authors agree that the early stages of the
d’auteurs convient que les premières étapes du design process can prevent up to 80% of environ-
processus de conception peuvent efficacement mental impacts. However, there are also many ob-
prévenir jusqu’à 80% des impacts environnemen- stacles to the integration of environmental consider-
taux. Cependant, il existe un grand nombre ations, especially for a new product. The obstacles
d’obstacles qui empêchent l’intégration de considé- are highlighted through two types of locks. First,
rations environnementales, surtout s’il s’agit d’un methodological locks encountered mainly at the
nouveau produit. Notre problématique a mis en évi- conceptual stage. Secondly, operational locks are
dence ces obstacles à travers deux types de verrous. related with the lack of environmental knowledge of
En premier lieu, des verrous méthodologiques ren- the designer. To solve the problems, we propose the
contrés principalement lors de la phase concep- creation of links between the life-cycle assessment
tuelle. En deuxième lieu, des verrous opérationnels (LCA), method that includes environmental
liés au manque de connaissances environnemen- knowledge, and functional analysis (FA), method
tales du concepteur. En réponse à ces verrous nous well known by the designer early in the design pro-
proposons la création de liens entre l’analyse de cess. These links have resulted in a collaborative
cycle de vie (ACV) et l’analyse fonctionnelle (AF). eco-design process that is partly supported by the
Ces liens donnent lieu à un processus collaboratif creation of the EcoAF method. Eco AF integrates life
d’éco-conception qui est en partie supporté par la cycle concept of LCA when performing AF. It makes
méthode EcoAF spécialement développée à cet effet. it possible to guide the designer in the integration of
La méthode intègre le concept de cycle de vie de environmental considerations in creating a product
l’ACV lors de la réalisation de l’AF, permettant ainsi with a balanced environmental performance
de guider le concepteur vers l’intégration de consi- throughout the life cycle.
dérations environnementales pour la création d’un
produit avec un rendement environnemental équili-
bré sur l’ensemble du cycle de vie. Keywords: sustainable design - functional analysis -
new products - life cycle assessment.

Mots clés : écoconception - analyse fonctionnelle -


produits nouveaux - analyse de cycle de vie.

Thèse réalisée en partenariat entre :

Ecole Doctorale "Sciences et Technologies"

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