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H2 C9.

LA FRANCE,
UNE NOUVELLE PLACE DANS LE MONDE.
 
 
 
                  A la Libération, la France est très affaiblie : son économie a été très impactée par
la guerre et son prestige fortement atteint par sa défaite de 1940, son occupation, la
politique de collaboration de Vichy. Son empire colonial est par ailleurs fragilisé par la
montée de mouvements nationalistes.
Sur le plan politique, les Français refusent par referendum le retour de la IIIème République.
Une nouvelle constitution est donc adoptée, donnant naissance en 1946 à la IVème
République, un régime parlementaire. (voir organigramme 1 p 172)
 
Quelle place la France occupe-t-elle dans le nouvel ordre mondial sous cette IVème
République puis au début de la Vème ?
 
 
 
I- LA IVEME REPUBLIQUE, ENTRE DECOLONISATION, GUERRE FROIDE ET CONSTRUCTION
EUROPEENNE.
Comment la France fait-elle face aux nouveaux enjeux internationaux ?
 
 
A- La France dans la guerre froide.
 
                   Vaincue et occupée en 1940, absente de toutes les conférences (Postdam,
Yalta...) qui réorganisent l'Europe, la France n'en redevient pas moins, avec l'appui du
Royaume-Uni, une grande puissance après la guerre en obtenant une zone d'occupation en
Allemagne et en devenant l'un des cinq membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU.
                  Tout en réaffirmant son indépendance nationale, la France se range dans le camp
atlantiste lorsque débute la guerre froide. En témoigne en 1947, l'éviction du PCF de la
coalition tripartite (PCF, SFIO et MRP ) qui gouvernait la France depuis le début de la IVème
République.La nécessité de reconstruire le pays et de relancer l'économie la conduisent par
ailleurs à accepter l'aide du plan Marshall (elle en reçoit 20%) et à intégrer l'Organisation
européenne de coopération économique (OECE). Mais cette aide étasunienne est conditionnée
à l'ouverture du marché français (accords Blum-Byrnes de 1946)
                  Face à la perception d'une menace communiste, la France sollicite une protection
militaire américaine. La France, la Grande Bretagne et le Benelux signent également en 1948
à Bruxelles, un traité d'autodéfense collective, avant de rejoindre l'OTAN en 1949.
 
 
 
B- Un acteur de la construction européenne.
 
                    Le projet d'une Europe politique s'inscrit dans le contexte des craintes françaises
de voir l'Allemagne redevenir belliqueuse. Jean Monnet et Robert Schuman , ministre des
Affaires étrangères français proposent d'organiser la coopération européenne dans les
secteurs économiques clés.
A la suite de la déclaration Schuman du 9 mai 1950  est instituée la ECA en 1951. En
supprimant les droits de douane sur le charbon et l'acier, celle-ci favorise l'augmentation des
échanges entre les six pays membres. En revanche, le projet de Communauté européenne de
défense (CED), visant à créer une armée européenne, divise les partis politiques français et
est finalement rejeté par le Parlement français le 30 août 1954 .
                   La relance du projet européen par les pays de la CECA aboutit le 25 mars 1957 à
la signature des traités de Rome, qui instituent la Communauté économique européenne
(CEE) et la Communauté européenne de l'énergie atomique (Euratom). Grâce à l'influence que
lui confère la construction européenne, la France compense en partie la fragilisation de son
empire.
 
 
C- La crise coloniale de la République française.
 
                       Des mouvements nationalistes apparaissent dès le début du XXème siècle dans
les colonies françaises, contestant la violence et les inégalités du système colonial et
réclamant l'indépendance de leurs pays respectifs. La France met en place une politique
d'autonomie accrue des colonies à travers l'Union française et la départementalisation de la
Martinique, Guadeloupe, Guyane et Réunion. Mais les révoltes sont violemment réprimées par
les autorités françaises, que ce soit en Algérie lors des massacres de Sétif et Guelma le 8 mai
1945 , à Madagascar en 1947 ou encore en Indochine où une guerre d'indépendance éclate à
partir de 1946. (voir chapitre précédent) 
                     La France ne parvient toutefois pas à enrayer la décolonisation d'une partie de
son empire, soutenue par les deux Grands et l'ONU. En 1954, à l'issue de la guerre d'Indochine,
qui mobilise des soldats en provenance de tout l'empire, le Vietnam, le Laos et le Cambodge
deviennent indépendants. En 1956, la Tunisie et le Maroc le deviennent à leur tour,
pacifiquement. L'accès à l'indépendance de l'Afrique subsaharienne est relativement
pacifique. En 1956, la loi-cadre Defferre leur accorde  une extension des compétences
d'autorités locales élues.
                  En Algérie, une guerre particulièrement violente oppose à partir de 1954 le FLN
réclamant l'indépendance et la France qui considère l'Algérie comme une partie du territoire
national.
Ce conflit a des répercussions sur la vie politique française : division de l'opinion
publique,condamnation des exactions commises par l'armée française, instabilité ministérielle
accrue...
 
PPO. La guerre d'Algérie et ses mémoires.
        Pages 176-177, 180 et 188-189.
 
                 Les mémoires de la Guerre d'Algérie sont multiples. Il existe celle du du FLN, des
harkis, des pieds-noirs, des soldats français...
                  En France, une « politique de l'oubli » est d'abord organisée par l’État afin
d'apaiser les tensions et panser les plaies, tandis qu'en Algérie le FLN au pouvoir (Ben Bella)
glorifie une mémoire et une histoire officielles de la guerre d'indépendance tout en occultant
les autres mémoires algériennes.
                  Il faut attendre 1999 pour que la Vème République reconnaisse qu'il s'agissait
bien d'une guerre et non pas de simples «opérations de maintien de l'ordre ». De nos jours, la
tendance est plutôt à l'apaisement mémoriel par la reconnaissance officielle des différentes
mémoires. Néanmoins, certains points restent encore source de tensions : reconnaissance des
harkis, célébration des accords d'Evian.
II- LES DEBUTS DE LA VEME REPUBLIQUE.
Comment la France lie-t-elle volonté d'indépendance nationale et modernisation sous la Vème
République?
 
 
A- Un nouveau régime politique.
 
                La guerre d'Algérie fragilise un peu plus la IVème République, déjà affaiblie par les
oppositions et l'instabilité gouvernementale. Le 13 mai 1958, des manifestations ont lieu à
Alger après la désignation d'un président du conseil favorable à la négociation avec le FLN .
Avec le soutien de l'armée , les émeutiers réclament le retour de de Gaulle au pouvoir.
               Dans un premier temps, il poursuit l'engagement militaire contre le FLN avant
d'accepter en 1959 le principe de l'indépendance de l'Algérie. Cette décision est perçue
comme une trahison par les Français d'Algérie, ce qui entraîne des émeutes à Alger et une
tentative de putsch militaire en avril 1961. L'OAS multiplie également les attentats en Algérie
et en France. A Paris, des manifestations ont lieu, certaines sont réprimées dans le sang . Les
accords d'Evian en mars 1962 mettent fin à la guerre et sont ratifiés par un référendum en
France et en Algérie. Le 5 juillet, l'Algérie est indépendante. Près d'un million de pieds-noirs
et des dizaines de milliers de harkis quittent l'Algérie en direction de la métropole.
 
                 La constitution de la Vème République, rédigée sous la direction de Michel Debré
et adoptée par référendum en septembre 1958, met en place un régime parlementaire dans
lequel le pouvoir du président est important (voir organigramme p 184). Elu par un collège de
grands électeurs, celui-ci est doté de pouvoirs importants : il nomme les membres du
gouvernement, préside le conseil des ministres, peut consulter les Français par referendums,
dissoudre l'Assemblée nationale. Il est le chef des armées et ses pouvoirs sont accrus en cas
de menace sur le pays. Le gouvernement n'est plus soumis à l'investiture de l'Assemblée, qui
ne peut le renverser qu'à la majorité absolue des voix (motion de censure).
                 Élu président en 1958, le général de Gaulle fait approuver par référendum en
octobre 1962 l'élection du président au suffrage universel direct afin de renforcer la légitimité
démocratique de cette fonction malgré de nombreuses oppositions, notamment de la part de
Pierre Mendès France et de François Mitterrand qui parle de « un coup d'Etat permanent ». Le
régime devient donc semi-présidentiel. La présidentialisation du régime est encore accrue par
de Gaulle qui établit une relation directe avec les citoyens, à travers l'usage du référendum,
l'utilisation des médias et qui se constitue un domaine réservé sur les questions de défense et
de politique étrangère.
                 D'autre part, l'adoption du scrutin uninominal à deux tours aux élections
législatives permet la disparition des petits partis à l'assemblée. La majorité parlementaire
stable, forte et favorable au président entérine ses décisions politiques. 
 
 
 
PPO. La constitution de la Vème République.
        Pages 184-185.
 
 
 
 
PPO. De Gaulle et Mendès France : deux conceptions de la République.
        Pages 182-183.
 
                      Après avoir mené un combat commun au service de la France libre, Charles de
Gaulle et Pierre Mendès France s'opposent sur leur vision des institutions.
                     En 1946, lors du discours de Bayeux, de Gaulle expose sa vision de la
République. Il souhaite la mise en place d'un pouvoir exécutif fort qui n'émane pas du pouvoir
législatif. Il ne veut donc pas un régime parlementaire comme sous la IVème République mais
un régime présidentiel dans lequel le chef de l’État nommerait le gouvernement et
présiderait ses conseils, pourrait organiser des référendums et obtenir des pouvoirs élargis en
cas de menace sur la France. Celui-ci promulguerait les lois et prendrait des décrets. Son
projet étant désavoué par les parlementaires, il se retire de la vie politique en 1946. Suite à
la crise du 13 mai 1958, il est rappelé au pouvoir. Les pleins pouvoirs lui sont accordés pour
résoudre la crise algérienne et élaborer une nouvelle constitution.
                      Pierre Mendès France est résistant pendant la SGM aux côtés de de Gaulle.
Président du conseil de 1954 à 1955 , il signe en 1954 les accords de Genève mettant fin à la
colonisation en Indochine. Conscient des dysfonctionnements de la IVème république, il
souhaite réformer les institutions tout en conservant une république parlementaire. Son
gouvernement est renversé en 1955 en raison de son incapacité à résoudre la crise
algérienne. Il s'oppose ensuite au retour de de Gaulle qu'il qualifie de « coup d'état » et à la
présidentialisation de la Vème République.
                      Au-delà des deux hommes, la division est aussi celle qui oppose la droite au
pouvoir dominée par le parti gaulliste et la gauche qui tente de se construire dans
l'opposition.
 
 
 
B- Une politique de grandeur et d'indépendance nationale.
 
                    En 1958, la Constitution remplace l'Union française par la Communauté, qui
permet aux dernières colonies africaines, à l'exception de l'Algérie, des Comores et de
Djibouti, d'accéder à l'indépendance complète en 1960 . La France maintient néanmoins des
liens avec ses anciennes colonies à travers la coopération, l'assistance militaire et la
valorisation de la francophonie.
                    Désireux de mener une politique de grandeur et d'indépendance nationale, de
Gaulle dote la France de l'arme atomique dès 1960 et s'oppose au sein de la CEE au projet
d'une Europe supranationale. Pour lui, l'Europe doit rester une alliance d’États, sans que
ceux-ci ne renoncent à leur souveraineté. Ainsi, en 1965-66, il entre en conflit avec les autres
dirigeants de la CEE qui veulent instaurer le vote à la majorité au conseil des ministres de
Bruxelles. Inquiet de la perte de souveraineté de la France , il mène la politique de la
« chaise vide » ce qui bloque le fonctionnement de la CEE, jusqu'à ce que ses partenaires
européens cèdent et maintiennent le droit de veto d'un Etat-membre.
Dans le but de détacher l'Europe de l'influence américaine, il refuse par deux fois l'entrée du
Royaume-Uni dans le marché commun européen. Cela ne l'empêche pas de soutenir la mise en
place de la PAC en 1962 ou d'autres projets d'approfondissement des liens européens.
 
 
 
 
 
                       La volonté d'indépendance nationale de la France se traduit également par
une inflexion de sa politique étrangère. De Gaulle signe en 1963 avec l'Allemagne le traité de
l’Élysée, qui renforce la coopération franco-allemande en Europe. Désireux de sortir de la
logique des blocs, il prend ses distances à l'égard des États-Unis en quittant le
commandement intégré de l'OTAN en 1966, se rapproche prudemment de l'URSS et prend
position pour les pays arabes en 1967. En 1964, la France reconnaît la Chine communiste. De
Gaulle effectue également une grande tournée diplomatique en Amérique Latine et multiplie
les voyages en Asie.
 
 
C- La modernisation de la France.
 
                    En politique intérieure, le général de Gaulle entreprend une politique de
modernisation. Pendant les « années de Gaulle » (1958-1969), la France connaît une forte
croissance de son PIB et une situation de quasi plein-emploi. Cette prospérité est liée à la
politique économique gouvernementale (contrôle de l'inflation, création du « nouveau franc »
en 1960, planification économique, nombreux investissements dans l'informatique ou
l'aérospatiale) , mais elle profite aussi de la reprise économique mondiale au temps des
Trente Glorieuses. Le pouvoir d'achat des Français augmente, une société de consommation
émerge progressivement.
 
                 Le rayonnement de la France gaullienne passe également par celui de sa culture :
en 1959 est créé un ministère des Affaires culturelles , confié à André Malraux et en 1964, les
médias audiovisuels, étroitement contrôlés, sont réunis au sein de l'ORTF (office de la
radiodiffusion-télévision française)
                 Les missions de l’État sont étendues à de nombreux secteurs, comme la santé,
avec la création des Centres hospitaliers universitaires (1958), l'aménagement du territoire,
avec la création en 1963 de la Délégation interministérielle à l'aménagement du territoire et
à l'attractivité régionale (DATAR) ou la construction d'infrastructures (autoroutes, aéroports,
tunnel du Mont-Blanc, ZIP de Fos-sur-mer...)
Enfin, la recherche technologique profite de la croissance et du soutien de l'Etat dans des
programmes innovants : conception du Concorde, lancement du paquebot transatlantique
France ou d'un programme spatial
 
 
 
 
Conclusion : A la Libération, la France doit donc s'adapter à un nouveau contexte national
(naissance de la IVème République) et international. Pendant la guerre froide, elle intègre le
bloc de l'Ouest tout en étant un acteur majeur de la construction européenne. Le processus
de décolonisation va dans le même temps l'affaiblir puisqu'elle va s'engager dans de nouvelles
guerres en Indochine ou en Algérie. C'est d'ailleurs la crise algérienne du 13 mai 1958 qui va
précipiter la chute de la IVème République, déjà affaiblie par une forte instabilité
gouvernementale. DG, rappelé au pouvoir devient alors l'homme fort du pays. Il est en effet à
l'initiative de la constitution de la Vème République dont il devient le premier président en
1958. La politique menée sous ses deux mandats a pour objectif de renforcer la puissance de
la France et moderniser le pays. Mais les contestations de mai 1968, le conduisent à
démissionner en 1969.
 
 
 
 

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