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Université Assane Seck de Ziguinchor - UFR Sciences et Technologies

Département de Physique – Licence 3 Physique


UE Océanographie Physique 1
Chapitre 0: Introduction – Généralités
Chapitre 1: Description des océans et propriétés physiques de l’eau de mer
Chapitre 2: Distributions spatiales et temporelles des paramètres océaniques
Chapitre 3: Force et contraintes agissant sur l'océan
Introduction
Le concept de variabilité des grandeurs physiques caractérisant l’océan est un sujet très vaste.
Il existe en effet des variabilités spatiales et temporelles aux petites, moyennes et grandes
échelles.
La variabilité aux petites échelles, souvent assimilée à de la turbulence (agitation désordonnée),
sera discutée brièvement dans le chapitre traitant des courants de surface engendrés par le
vent.
Nous nous focalisons essentiellement sur la variabilité aux grandes échelles temporelles
(temps caractéristique supérieur à un jour) et spatiales (longueur caractéristique horizontale
Supérieure à 100 km et verticale à une centaine de mètres).
1. Variabilité spatiale et temporelle de la température
La Terre reçoit de façon inégale l'énergie solaire. L'essentiel de l'énergie thermique reçue par
les océans l'est dans les zones inter-tropicales. C'est là que l'intensité des rayons solaires
est la plus importante et la plus régulière. L’océan est donc chauffé par le rayonnement
solaire.
Les valeurs caracteristiques du champ de temperature sont relativement bien connues et données
par le tableau ci-dessous (températures moyennes annuelles déduites de Sverdrup et al. 1970).
Elles sont obtenues par le traitement de données déduites, soit de mesures directes basées sur
l'utilisation de thermomètres ou de sondes CTD (conductivité, température, profondeur), soit de
mesures radiométriques effectuées à partir d'avions ou de satellites (télédétection).
•  La variabilité spatiale et/ou temporelle de la température dans les couches superficielles
de l'océan dépend en grande partie de la latitude.
•  L'océan étant chauffé en surface, la température de la surface est très élevée (parfois
jusqu’à 30°C) et diminue rapidement avec la profondeur et vers les pôles.
La variabilité spatiale et/ou temporelle de
la température dans les couches
superficielles de l'océan dépend en
grande partie de la latitude.
La répartition des températures
moyennes annuelles en surface est
sensiblement zonale (fonction
uniquement de la latitude). Cependant
Le long de certaines côtes Est des
océans, on peut observer localement
des températures très faibles, dues à un
phénomène de remontée d’eau froide
provenant d’une profondeur de quelques
centaines de mètres (upwelling côtier).
Tout comme l’ensoleillement, la SST varie en
fonction des saisons.
En hiver boréal (février en haut) la bande
équatoriale a des températures relativement
froides alors qu’en été boréal (aout en bas,
les températures sont plutôt plus chaudes.
La température de l’océan (loin des côtes)
décroît régulièrement de 28°C près de
l’équateur, à presque -2°C aux hautes latitudes.
Cette distribution correspond assez bien à la
distribution de rayonnement solaire à la
surface.
Les variations annuelles de la température de surface sont relativement faibles, de
l’ordre de 2°C à l’équateur, 8°C à 40° de latitude, quasi-nulles dans les régions polaires.
Près des côtes, on peut observer des variations de l’ordre de 15°C (figure ci-dessous).
Ces variations sont essentiellement dues aux variations saisonnières du rayonnement
solaire à la surface, elles sont plus importantes près des grandes masses continentales
de l’hémisphère nord. Les variations journalières de la température de surface sont au
large inférieures à 0,3°C, elles peuvent atteindre 2 à 3°C en eau très peu profonde
Distribution verticale de la température
Les couches supérieures des océans sont sensibles aux variations du rayonnement
solaire. La figure ci-dessous représente la distribution moyenne de la température sur
une coupe de l’océan Atlantique Ouest.
Cette figure illustre bien le confinement des températures élevées dans la partie
supérieure de l’océan. Au delà de 1000 m de profondeur la température est relativement
homogène.
Les fortes variations (verticales et horizontales) de la température sont observées dans
la couche supérieure de l’océan à cause des variations temporelles et spatiales des flux
énergétiques à l'interface air-mer. Les vents mélangent ces couches et conduisent à une
homogénéisation partielle ou complète.
Suivant la verticale, les températures décroissent rapidement dans les couches superficielles
de l'océan, surtout aux latitudes moyennes, ensuite la décroissance est moins forte.
Evolution temporelle
de la température
dans la couche de
surface aux latitudes
moyennes.
(Extrait de Brown
Profils verticaux de la température à différentes latitudes.
et al., 1989)
Profils verticaux de la température à différentes
latitudes.
On met en évidence trois couches différentes dans l’océan :
• La couche de surface (ou couche de mélange) de 50 à 200 m d’épaisseur où les
températures sont à peu près celle de la surface,
Malgré l'atténuation progressive du rayonnement solaire avec la profondeur, on remarque
que la température est souvent uniforme sur plusieurs dizaines, voire centaines de mètres :
on parle de couche de mélange océanique, principalement entretenue par l'activité de
surface (vagues, courants, vent) (profils verticaux de température dans différentes régions).
Cette couche de surface bien mélangée (mixed surface layer) s’étend sur 200 à 300m de
profondeur aux latitudes moyennes. Son épaisseur dépend de sa position géographique
(longitude et latitude).
La couche de mélange est isolée des eaux plus profondes (et plus froides, environ 5°C) par
une zone où les variations verticales de température sont très grandes. Cette zone
caractérisée par ces maxima de gradient vertical de température, avec les eaux les plus
chaudes au dessus, constitue la thermocline principale.
• La couche thermocline de 200 à 1000 m d’épaisseur, dans laquelle la température décroît
rapidement en fonction de la profondeur (sauf aux grandes latitudes où la température de
surface est voisine de celle du fond),
Il existe une thermocline permanente dans la plupart des régions du globe, à l'exception des
régions polaires où les eaux sont continuellement mélangées sur plusieurs milliers de mètres,
par formation d'eau dense en surface (refroidissement et congélation d'eau moins salée que
le milieu ambiant). Localement, une thermocline saisonnière (à une profondeur de quelques
dizaines de mètres, et correspondant à un écart de 5 à 10°C) peut aussi apparaître
(stratification en été), disparaissant lorsque les conditions atmosphériques tendent à alourdir
les eaux de surface, par refroidissement notamment (profils verticaux de température
saisonniers). Une thermocline diurne peut également être observée (à quelques mètres de
profondeur). Le saut vertical de température n'y excède généralement pas 1 à 2°C.
• La zone profonde, qui s’étend jusqu’au fond, caractérisée par des températures faibles et
homogènes.
Couche Homog
ène de Surface
Couche Thermo
cline
Couche Homog
ène de Fond
Distribution de la salinité
La ZCIT
La ZCIT qui est une zone de convergence des vents. C’est une ceinture de zones de
basses pressions entourant la Terre près de l'équateur. Elle est formée par la convergence
des masses d'air chaud et humide provenant des tropiques qui subissent une ascension
avec un refroidissement en altitude et la formation de systèmes dits convectifs par
condensation de l’humidité de l’air qui sont à l’origine des précipitations. Par conséquent la
ZCIT est une zone excédentaire en pluie.
Les cellules de Hadley
L’ensoleillement est plus fort à l’équateur zone de basse pression et d’ascendance des
masses d’air chaudes. Ces masses d’air atteignent la tropopause à environ 12 à 15 km
d’altitude (limite entre troposphère et stratosphère), elles ne peuvent ni monter ni rester à la
même place, elles sont repoussées vers le nord dans l’HN et vers le sud dans l’HS
(divergent). La force de Coriolis augmente en s’écartant de l’équateur ce qui fait que les
masses d’air sont déviées vers l’Est dans l’HN et vers l’Ouest dans l’HS.
En se déplaçant vers les pôles l’air se refroidit (et devient plus dense) par échange avec
l’environnement et commence à redescendre en se réchauffant mais en perdant leur
humidité relative, vers 30 à 35°N ou S où l’on trouve les anticyclones subtropicaux. L’air se
déplace à nouveau vers la basse pression équatoriale pour fermer les cellules de Hadley.
Les anticyclones subtropicaux
Zones tourbillonnaires aux latitudes 20°-50° N
et 20°-50° S résultant du fait que les vents d'Est
de l'équateur subissent la force de Coriolis de
manière croissante vers les pôles. La
circulation équatoriale vers l'Ouest, subissant
une déviation vers la droite dans l'hémisphère
Nord et vers la gauche dans l'hémisphère Sud,
engendre des rotations des flux dans ces
mêmes directions dans chaque hémisphère.
•  Iles de Pâques (Pacifique), Ste Hélène
(Atlantique) et Mascareignes (Indien) dans HS
•  Hawai (Pacifique) et Açores (Atlantique) HN
• L’anticyclone : subsidence, beau temps et ciel
clair (sans nuages) , forte évaporation
Dans quelle gamme varie la salinité? La salinité des
eaux superficielles est comprise entre 33 et 37 PSU,
La salinité de surface
salinité de l'eau de mer varie peu en dehors Des régions
estuariennes et certaines franges littorales. Quel est
le lien entre la salinité et les anticyclones, la ZCIT?
La distribution spatiale de la salinité est reliée aux
phénomènes d’évaporation et de précipitation. La
répartition de la salinité en surface est moins zonale
que celle des températures. Le caractère zonal de la
distribution de température est du au fait que la
température de surface est liée à l’ensoleillement, qui
dépend fortement de la latitude. Le premier facteur qui
détermine la salinité est le bilan évaporation -
précipitation qui est moins zonal que l’ensoleillement
(forte influence des climats continentaux).
Ainsi, les effets de la très forte évaporation au
niveau des anticyclones subtropicaux (comme
l’anticyclone des Acores) apparaît nettement
dans la distribution de salinité de surface.
Inversement, les précipitations abondantes de la
région équatoriale font que la salinité est faible
au voisinage de l’équateur. D’autres phénomènes Figure 1: Variations en fonction de la latitude de
l’évaporation (E) et des précipitations (P), exprimées
ont des effets visibles, comme l’apport des en centimètres par an.
grands fleuves, en particulier dans l’océan
atlantique, qui reçoit les eaux des plus grands
fleuves de la planète (Amazone, Niger, Congo).
Les variations annuelles de la salinité des océans
sont faibles, sauf localement, dans les régions
ayant un climat alternant de fortes
précipitations et une période sèche (exemple : Figure 1: Variations en fonction de la latitude
de E-P, exprimées en centimètres par an
les moussons de l’océan Indien). et de la salinité
Les variations de la salinité avec la profondeur sont Distribution verticale de la salinité
relativement complexes et dépendent de la latitude.
!  Dans les régions polaires la salinité est peu élevée
dans les couches de surface en raison du mélange
avec la glace (eau douce). Ensuite elle augmente
légèrement avec la profondeur.
!  Aux moyennes et faibles latitudes on trouve en
général une couche assez uniforme de quelques
dizaines de mètres d’épaisseur due à l’agitation par les
vagues et le vent, favorisant le mélange.
On trouve les plus fortes valeurs de salinité dans cette
couche de mélange (35) à cause de l’évaporation de
surface.
!  Un minimum marqué entre 600 et 1000m (Eau
Antarctique Intermédiaire formée aux hautes latitudes
Subantarctiques (vers le pôle sud).
Moyenne annuelle de salinité en région, polaire, tempérée et tropicale
Entre
. les fortes valeurs superficielles et le minimum (EAI) se trouve une zone de forte variation de la
salinité (halocline) au sein de laquelle les isohalines sont très resserrées.
Plus en profondeur, la salinité présente un léger maximum vers 2000m, à partir de laquelle elle décroît
très faiblement.
A partir de 4000m, la salinité varie autour de la valeur moyenne dans l’océan (34.6 à 34.9).
En profondeur, les variations de la salinité sont dues uniquement au mélange entre les eaux liés aux
courants océaniques (S conservative).

Climate and Currents - 46


Activity #8 - Finding the Deep Water Masses of the Atlantic Ocean
ATLANTIC CROSS SECTION & MAP
Les variations de la salinité sont relativement faibles, donc moins d’effet sur la densité que la température.
Distribution de la densité
Les variations de la densité sont
essentiellement dictées par celles de
la température sauf les zones
côtières ( fortes dessalures
possibles , les régions polaires (très
basses températures donc influence
de la salinité) et certaines régions
équatoriales (fortes précipitations,
décharges fluviales).
En surface la densité est en moyenne
minimale au voisinage de l’Equateur
(< 23) où la température est
maximale et la salinité minimale
(fortes précipitations).
La densité augmente ensuite avec la latitude avant de décroître aux hautes latitudes en raison de la faible
salinité.
La densité à la surface de l’océan suit une répartition zonale, comme la température dont elle dépend
fortement.
Les régions où la densité en surface est importante sont particulièrement intéressantes pour l’étude des
mouvements des océans : c’est dans ces régions que vont se former, par refroidissement ou par
évaporation (augmentation de salinité + refroidissement) des masses d’eau denses qui vont amorcer les
mouvements verticaux des océans.
Distribution verticale de la densité
La densité potentielle augmente avec la profondeur (les eaux les plus denses se trouvant naturellement
au fond de l’océan, mais cette évolution n’est pas uniforme. Dans les régions équatoriales et tropicales il
existe une couche d’eau près de la surface de densité presque constante puis une couche d’eau dans la
densité croît rapidement avec la profondeur. Cette couche appelée pycnocline où les isopycnes sont
très resserrées correspond à la thermocline.
Aux profondeurs plus importantes la densité évolue lentement pour atteindre une valeur voisine de 27.9
au fond des océans à n’importe quelle latitude.
Comme pour les températures potentielles les variations de densité potentielle avec la profondeur sont
assez faibles aux très hautes latitudes et augmentent lorsqu’on se rapproche des basses latitudes.
Aux grandes latitudes, la densité de surface dépasse 27, l’évolution verticale est donc faible et la
pycnocline est moins facile à distinguer.

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