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Dopage par substances endocriniennes


M. Duclos

Le médecin peut recevoir en consultation un sportif professionnel mais aussi un sportif amateur ayant
pris des stéroïdes anabolisants (SA) et/ou en demande de prescription de testostérone, voire d’autres
hormones. Il est important qu’il connaisse les effets de ces hormones : effets recherchés, effets indésirables
ainsi que les motifs de consultation qui peuvent déboucher sur la découverte d’une prise d’hormones
et/ou une demande de prescription de SA, sachant qu’il ne s’agit pas toujours de sportifs de haut niveau.
L’efficacité sur la performance du dopage par SA, par érythropoïétine (EPO) et par corticoïdes est bien
documentée sur le plan scientifique dans le cadre d’études randomisées contrôlées en double aveugle.
Ce n’est pas le cas pour la prise d’hormone de croissance ou de ses dérivés (insulin-like growth factor-1
[IGF-I], growth hormone releasing hormone [GHRH], sécrétagogues de la growth hormone [GH]).
Cependant, les études scientifiques se heurtent à la réalité du dopage hormonal. Les utilisateurs de ces
hormones à des fins de dopage utilisent des doses très élevées avec le plus souvent une combinaison
de plusieurs hormones, selon des protocoles complexes. Les effets indésirables sont nombreux et parfois
irréversibles. Ils peuvent conduire à une consultation auprès d’un médecin, d’où l’importance de connaître
les effets pour la santé de ces substances endocriniennes prises à de très fortes doses.
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Mots-clés : Stéroïdes anabolisants ; Érythropoïétine ; Corticoïdes ; GH ; IGF-I ; Hypogonadisme ;


Hypogonadotrope ; Risques cardiovasculaires ; Mort subite ; Dopage

Plan ter, énumère les substances et les méthodes qui sont interdites
en compétition et hors compétition, de même que les substances
■ Introduction 1 qui sont interdites dans certains sports. Pour qu’une substance ou
une méthode soit ajoutée à la liste, elle doit remplir deux des trois
■ Stéroïdes anabolisants 2 critères suivants :
Fréquence de l’abus de stéroïdes anabolisants 2 • elle a le potentiel d’améliorer ou améliore effectivement la per-
Types et doses de stéroïdes anabolisants utilisés 2 formance sportive ;
Efficacité du dopage par stéroïdes anabolisants 2 • elle présente un risque avéré ou potentiel pour la santé du spor-
Mécanismes d’action des stéroïdes anabolisants 2 tif ;
Effets non recherchés 2 • elle est contraire à l’esprit sportif.
Motifs de consultation 4 Les experts qui révisent la liste prennent en compte de nom-
■ Hormone de croissance et ses dérivés 4 breuses sources, dont des études scientifiques et médicales, les
Principes de son utilisation et efficacité 4 tendances en matière de dopage, et les renseignements obtenus
Effets non recherchés 5 des forces de l’ordre et d’entreprises pharmaceutiques.
■ Érythropoïétine 5 En France, la loi du 23 mars 1999, désormais codifiée dans le
Principes de son utilisation et efficacité 5 livre VI du code de la santé publique, donne la définition suivante :
Effets non recherchés 5 « Le dopage est défini par la loi comme l’utilisation de substances

ou de procédés de nature à modifier artificiellement les capacités
Glucocorticoïdes 5
d’un sportif. Font également partie du dopage les utilisations de
Principes de leur utilisation et efficacité 5
produits ou de procédés destinés à masquer l’emploi de produits
Effets non recherchés 6
dopants. La liste des procédés et des substances dopantes mise à
■ Autres hormones 6 jour chaque année fait l’objet d’un arrêté conjoint des ministres
■ Conclusion 6 chargés des Sports et de la Santé. »
Le dopage dépasse le cadre du seul sport de haut niveau et
devient aujourd’hui un problème de santé publique. En effet, avec
l’augmentation de la disponibilité des stéroïdes anabolisants (SA)
 Introduction et autres hormones due à leur accessibilité sur Internet ou par
le marché noir (voire la criminalisation du commerce avec véri-
L’Agence mondiale antidopage (AMA) publie annuellement la table trafic de produits dopants), le dopage a dépassé le cadre des
liste des substances et méthodes interdites. Cette liste, que tous sportifs de haut niveau pour atteindre celui des amateurs, ce phé-
les signataires du code mondial antidopage sont tenus de respec- nomène touchant des sujets de plus en plus jeunes. De plus, l’accès

EMC - Endocrinologie-Nutrition 1
Volume 16 > n◦ 2 > avril 2019
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1941(19)84242-7

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à des produits via Internet peut conduire à l’usage « tout public » de 50 mg par semaine chez l’homme), avec prise simultanée de
de produits dopants. De ce fait, l’endocrinologue peut recevoir plusieurs SA (par voie orale et parentérale), par cycles de 6 à
en consultation un sportif professionnel mais aussi un sportif 8 semaines [2] .
amateur ayant pris des SA et/ou en demande de prescription de
testostérone, le plus souvent, mais aussi d’autres hormones. Il est
important qu’il connaisse les effets de ces hormones : effets recher-
Efficacité du dopage par stéroïdes
chés, effets indésirables ainsi que les motifs de consultation qui anabolisants
peuvent déboucher sur une découverte de prise d’hormones et/ou
une demande de prescription de SA, sachant qu’il ne s’agit pas Les résultats des études expérimentales démontrent sans équi-
toujours de sportifs de haut niveau. voque l’effet anabolisant de ces stéroïdes. En 1996, Bhasin et al.
Les SA, l’érythropoïétine (EPO) (et ses dérivés) et l’hormone de ont réalisé une étude contre placebo, en double aveugle et ran-
croissance (GH) et ses facteurs de libération (growth hormone relea- domisée, pour déterminer les effets séparés d’un entraînement
sing hormone [GHRH], sécrétagogues de la GH, growth hormone de musculation et de doses pharmacologiques de testostérone
releasing peptide [GHRP], etc.) sont interdits chez les sportifs en sur la masse et la force musculaires [4] . Quatre groupes de sujets
permanence (en compétition et hors compétition). masculins non entraînés (19–40 ans) ont été constitués : pas
d’entraînement versus entraînement, chacun des deux groupes
bénéficiant d’injections de placebo, ou d’injections de testo-
 Stéroïdes anabolisants stérone (agonistes de la gonadotropin releasing hormone [GnRH]
+ 600 mg d’énanthate de testostérone par semaine conduisant
à une augmentation de la testostéronémie par cinq) pendant
Fréquence de l’abus de stéroïdes anabolisants dix semaines. Dans le groupe sans entraînement, le groupe tes-
Les sportifs compétiteurs, qu’ils soient amateurs ou de haut tostérone a présenté un gain significatif de volume et de force
niveau, utilisent les SA pour augmenter leurs performances spor- musculaires par rapport au groupe placebo. Le groupe testosté-
tives (effets sur la masse et la force musculaires, augmentation de rone et entraînement a présenté un gain plus important de masse
l’agressivité, etc.) (cf. « Efficacité du dopage par SA »). L’affaire et de force musculaires que le groupe entraînement et placebo ou
Balco en 2003 (tétrahydrogestrinone [THG]) a montré les nom- que le groupe testostérone seule. Ainsi la testostérone augmente
breuses disciplines sportives qui pouvaient être concernées : la masse, le volume et la force musculaires chez des sujets mas-
athlétisme (Marion Jones : médaillée d’or sur 100 m, 200 m, et culins eugonadiques. De plus, l’entraînement majore l’effet des
du relais quatre fois 100 m lors des Jeux olympiques de Sydney en androgènes sur le muscle, par effet additif.
2000 ; Tim Montgomery : recordman du monde du 100 m ; Dwain Il existe par ailleurs un effet dose-réponse entre les doses de tes-
Chambers : champion olympique du 100 m), baseball, boxe, tostérone reçues, la testostéronémie obtenue et les gains de masse,
cyclisme, football américain. Quels que soient les sports ou dis- volume, force et puissance musculaires ainsi qu’avec la diminu-
ciplines, le rapport annuel de l’AMA (World Anti-Doping Agency tion de la masse grasse [5] . Si la testostérone augmente la puissance
[WADA]) montre qu’en 2017, 34,29 % des contrôles antidopage musculaire, elle n’améliore pas l’endurance musculaire (à noter
positifs (sujets ayant subi un contrôle antidopage) concernaient toutefois des résultats à la limite de la significativité [p = 0,06]) ni
les SA (identification d’une substance interdite « faisant partie de la qualité contractile du muscle (force générée par chaque unité
la liste S1 anabolic agents » dans la matrice étudiée, le plus sou- de volume musculaire) suggérant que les effets de la testostérone
vent les urines). Cependant, l’utilisation de substances dopantes sont spécifiques à certaines caractéristiques de la performance
n’est pas réservée aux athlètes en compétition, de jeunes sportifs musculaire mais pas à toutes, ce qui est cohérent avec le méca-
et des athlètes amateurs ne pratiquant pas de compétitions sont nisme d’action de la testostérone (cf. « Mécanismes d’action des
également concernés. Ainsi 1 à 5 % des lycéens américains et euro- SA »). On ne sait pas si une telle relation dose-réponse existe chez
péens (jusqu’à 2,4 % chez les filles) reconnaissent avoir déjà utilisé la femme mais les résultats rapportés dans les dossiers des athlètes
des SA au moins une fois dans leur vie [1] . Le mésusage des SA est est-allemandes ne laissent planer aucun doute sur un tel effet [6] .
en constante augmentation chez les pratiquants de musculation
pour qui l’apparence corporelle est primordiale. Le fait qu’il existe Mécanismes d’action des stéroïdes
sur Internet de nombreuses informations sur les « bénéfices » des
SA et leur mode d’administration, ajouté à la facilité de s’en pro-
anabolisants
curer par Internet suggèrent que la réalité se situe bien au-delà L’augmentation de la masse musculaire induite par la testosté-
de ces données déclaratives [2] . Deux tiers des utilisateurs de SA rone est associée à une hypertrophie des fibres musculaires de
seraient des sportifs amateurs qui utilisent ces molécules pour des types I et II par augmentation de la synthèse des protéines muscu-
raisons esthétiques et/ou pour une meilleure estime de soi plutôt laires et inhibition de la dégradation protéique (il ne s’agit donc
que pour augmenter leurs performances sportives [3] . pas d’une augmentation du nombre de fibres musculaires). La
Ainsi, l’usage des SA n’est pas confiné aux sportifs compétiteurs, liaison de la testostérone à son récepteur induit l’activation des
qu’ils soient professionnels ou amateurs. Il peut aussi concerner cellules satellites disposées à la périphérie des fibres musculaires,
des sportifs non compétiteurs pour des raisons esthétiques, de avec accrétion de ces cellules satellites sur les fibres musculaires
manque de confiance en soi, de mauvaise image du corps. C’est existantes [7] . Or les cellules satellites et les myonuclei sont dans
un problème qui affecte une large population, incluant des ado- le muscle les sites prédominants d’expression du récepteur aux
lescents et des jeunes adultes. androgènes, et la prise de testostérone à doses supraphysiolo-
giques est associée à une augmentation significative du nombre
de récepteurs aux androgènes au niveau de ces deux types de cel-
Types et doses de stéroïdes anabolisants lules [8] . Enfin, la testostérone agit aussi en stimulant directement
utilisés la production d’insulin-like growth factor-1 (IGF-I) intramusculaire.
Les SA sont des dérivés de synthèse de la testostérone et de la
dihydrotestostérone dont les modifications chimiques ont réduit Effets non recherchés
les effets androgéniques au profit des effets anabolisants. Toutes
les drogues utilisées possèdent un pouvoir androgénique et un Les effets indésirables endocriniens liés à la prise de SA
pouvoir anabolique : aucune n’est entièrement sélective. La testo- concernent principalement la fonction gonadique et diffèrent en
stérone a un ratio anabolique/androgénique de 1, la nandrolone fonction du sexe.
de 10, le stanozolol (per os ou injectable s’il est mélangé à des
esters : énanthate, propionate, etc.) de 30.
Effets sur la fonction gonadique
Les utilisateurs de SA consomment en général des doses très Chez l’homme, l’utilisation de SA induit un hypogonadisme
élevées : 1000 à 1500 mg de testostérone (ou équivalents) adminis- hypogonadotrope par suppression dose-dépendante des gonado-
trés par semaine (contre une production endogène de testostérone trophines hypothalamiques (GnRH) et hypophysaires (luteinizing

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hormone [LH], follicle stimulating hormone [FSH]). Ces effets sont liés Parmi les autres effets indésirables bien documentés, il faut rap-
au rétro-contrôle négatif exercé par les SA sur l’axe hypothalamo- peler l’apparition fréquente, au moins un cas sur deux, d’une
hypophysaire induisant une inhibition importante de la sécrétion gynécomastie par aromatisation périphérique des androgènes en
de ces gonadotrophines avec arrêt de la stimulation testiculaire. estradiol. C’est pourquoi certains utilisateurs rajoutent à leur
L’axe hypothalamo-hypophysaire est très sensible à toute aug- cocktail de SA des anti-estrogènes (inhibiteurs de l’aromatase, blo-
mentation de la concentration plasmatique de la testostérone [9] . queurs des récepteurs aux estrogènes) afin de prévenir la survenue
Cliniquement, cet hypogonadisme hypogonatrope peut se tra- d’une gynécomastie (raison pour laquelle antiaromatases, selective
duire par une atrophie testiculaire et des modifications de la libido. estrogen receptor modulators (SERM) et autres anti-estrogènes font
L’infertilité avec oligo- ou azoospermie (associée à des anomalies partie des substances interdites par l’AMA).
de la motilité et de la morphologie des spermatozoïdes) résulte Les relations entre prise de SA et cancer de la prostate ne sont
de la suppression des gonadotrophines hypophysaires (FSH, LH) pas clairement établies [14] . Il faut rappeler qu’après la matu-
mais aussi d’une concentration locale intratesticulaire trop faible ration sexuelle, les androgènes et les estrogènes sont tous les
en androgènes. En effet, chez l’adulte, celle-ci est 50 fois supé- deux nécessaires au maintien de la structure et de l’intégrité de
rieure à celle mesurée dans le plasma. Malgré une concentration la prostate. Chez les sujets âgés, il y a peu ou pas de relation
plasmatique normale, voire élevée sous SA, ces concentrations ne entre concentrations plasmatiques d’estradiol ou de testostérone
peuvent induire une testostéronémie testiculaire suffisante pour et développement de pathologies prostatiques. À l’inverse, la fré-
maintenir la spermatogenèse, et donc la plupart des utilisateurs quence de pathologies prostatiques augmente au moment où la
de SA développent un hypogonadisme hypogonadotrope avec testostéronémie baisse.
azoospermie [10] . Jin et al. [14] ont mesuré la taille de la prostate en utilisant une
Pendant la prise de SA et au décours de la prise de ces sté- technique de référence (planimétrie en trois dimensions (3D) par
roïdes, le bilan hormonal de l’axe hypophyso-testiculaire associe ultrasons par voie transrectale) chez des utilisateurs de SA (durée
FSH et LH plasmatiques basses, voire indosables, augmentation moyenne d’utilisation totale : 18 mois, allant de 1 à 180 mois).
ou diminution de la testostéronémie (sauf si le SA interfère avec Ces sujets avaient tous des concentrations plasmatiques de tes-
le dosage, ce qui induit une augmentation de la testostéronémie, tostérone, FSH et LH diminuées et une estradiolémie augmentée,
sachant que cette testostérone est d’origine exogène et ne reflète mais la taille testiculaire était normale. Par rapport à des sujets
pas la production endogène testiculaire qui, elle, est effondrée), contrôles, leur volume prostatique et leurs PSA étaient normales.
augmentation de la concentration plasmatique d’estradiol. Le test En revanche, il existait une augmentation significative du volume
de stimulation à la luteinizing hormone releasing hormone (LH-RH) central de la prostate et un ratio volume central/volume péri-
est généralement non réactif. La réactivité testiculaire à la stimu- phérique de la prostate augmenté. Ces résultats mettent donc
lation par la LH (test à l’human chorionic gonadotropin [HCG]) est en évidence une croissance de la partie centrale mais pas de
nulle. l’ensemble de la prostate après prise de SA. Sachant que le cancer
Cet hypogonadisme hypogonatrope est réversible après l’arrêt de la prostate a plutôt pour point de départ la partie périphérique
des SA. Mais la restauration de l’activité de l’axe gonadotrope, de (postérieure) de la prostate, ces résultats suggèrent que la prise de
la production de testostérone endogène et de la spermatogenèse SA (durée moyenne : 18 mois) ne conduirait pas à un risque accru
nécessite généralement entre 3 et 12 mois [10, 11] . Il faut insister sur de cancer de la prostate. Ces résultats rejoignent ceux d’autres
le fait que ces effets s’aggravent avec l’importance des doses prises études. Ainsi Bhasin et al. n’avaient pas mis en évidence de chan-
et leur durée [10, 12] . En d’autres termes, la prise de SA peut induire gements des prostate specific antigens (PSA) après administration
un hypogonadisme hypogonadotrope prolongé. de 600 mg d’énanthate de testostérone pendant dix semaines [4] .
Le travail d’Alen et al. [11] peut être pris comme exemple. Cinq Il faut bien reconnaître qu’on ignore actuellement dans quelle
haltérophiles ont été suivis pendant 26 semaines d’entraînement mesure les utilisateurs chroniques de SA ont vraiment un risque
associées à la prise de SA (fortes doses auto-administrées par augmenté de cancer à long terme.
les sportifs selon la méthode du « stacking » [pyramide] : Chez la femme, les signes spécifiques sur l’axe gonadotrope
accumulation et augmentation progressive de doses spécifiques en rapport avec la prise de SA sont hirsutisme, pilosité faciale,
de plusieurs SA sur une période donnée [cycle] puis diminu- raucité de la voix, hypertrophie clitoridienne, troubles du cycle
tion et arrêt de quelques semaines et nouveau cycle) et les avec oligoménorrhée ou aménorrhée, atrophie mammaire et cal-
16 semaines suivant l’arrêt de la prise de ces SA. Ils ont été vitie de type masculine [6] . Ce qui est plus grave chez la femme,
comparés à six sujets contrôles selon le même entraînement c’est que même après l’arrêt des SA, certains de ces changements
intensif pendant 42 semaines (durée de l’étude). Les athlètes peuvent rester permanents : voix grave, pilosité faciale, calvitie
des deux groupes étaient de niveau national. Après 26 semaines de type masculin. La publication de certains des dossiers de la
d’administration, par rapport aux sujets contrôles (même entraî- Stasi met en évidence l’importance des complications induites
nement mais sans dopage), la testostéronémie était multipliée par par la prise de SA à fortes doses : nombreux cas de virilisation, de
2,3, l’estradiolémie par 7 et FSH et LH étaient effondrées chez syndromes des ovaires polykystiques avec inflammation kystique
les utilisateurs de SA. Il a fallu 16 semaines après l’arrêt pour récurrente. Dans certains cas, des athlètes féminines ont changé
que FSH et LH reviennent aux valeurs des sujets contrôles. En de sexe consécutivement à la prise continue d’androgènes. Enfin,
revanche, la testostéronémie restait encore très basse 16 semaines la prise de SA contre-indique une grossesse car alors le risque téra-
après l’arrêt. Ces résultats témoignent de l’effet prolongé et togène est élevé avec possibilités de malformations du fœtus. Dans
délétère des SA à la fois sur la fonction testiculaire endocrine les dossiers de la Stasi, on pouvait lire : « Dans le cas de grossesse
(production de testostérone) mais aussi au niveau hypothalamo- malgré la contraception obligatoire : ordre d’avorter dans tous les
hypophysaire car l’association testostérone basse-FSH et LH non cas était donné » [6] .
augmentées témoigne aussi d’une atteinte centrale hypothalamo-
hypophysaire. Effets chez l’enfant
Il faut noter que les utilisateurs de SA peuvent rester fertiles
Chez l’enfant, la prise de SA induit une accélération de la
pour plusieurs raisons. En particulier l’usage simultané d’HCG
puberté ou une puberté précoce s’ils sont administrés en période
(effet identique à la LH) et/ou de citrate de clomiphène, qui est
pré- ou péripubertaire, avec une virilisation chez les filles, et dans
une pratique commune chez les athlètes, peut être parfois efficace
les deux sexes, un risque de fusion précoce des épiphyses avec en
puisque, dans certains cas, l’HCG peut restaurer la fertilité par
résultante une diminution de la taille adulte. Elle s’associe le plus
la stimulation directe de la fonction testiculaire [10] . Néanmoins,
souvent à d’autres comportements à risque (alcool, tabac, drogues,
il n’y a actuellement pas d’étude montrant de façon évidente
etc.) [15] .
que la prise d’HCG puisse avoir un effet protecteur [13] . De plus,
une prise prolongée d’HCG peut aussi induire une gynécomastie
par augmentation de la sécrétion d’estradiol. Enfin, les sujets qui
Effets communs aux deux sexes
prennent des SA peuvent rester fertiles malgré un taux de sper- Dans les deux sexes, il existe d’autres risques à long terme
matozoïdes sévèrement diminué si le sperme garde ses fonctions associés à la prise prolongée de SA. Ils concernent principale-
normales (mobilité et morphologie des spermatozoïdes). ment le système cardiovasculaire (hypertension artérielle [HTA],

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hypertrophie ventriculaire gauche concentrique, ischémie myo- site requiert une masse musculaire importante, mais son usage
cardique, etc. responsables de troubles du rythme et de mort s’élargit actuellement aux athlètes en endurance (marathoniens),
subite) [16] . Ainsi, par rapport à un groupe contrôle de 1094 footballeurs et cyclistes.
hommes, la mortalité chez les utilisateurs de SA est multipliée
par 4,6 [17] . Il faut aussi ajouter d’autres effets : toxicité hépatique
(hépatites, adénomes hépatiques), apnées du sommeil, dyslipidé- Principes de son utilisation et efficacité
mies, intolérance au glucose et insulinorésistance.
L’utilisation prolongée de SA est associée à de nombreux La connaissance des effets de la substitution par la GH pendant
troubles psychiatriques et cognitifs. En effet, les SA passent la cinq ans sur la masse et sur la fonction musculaires de l’adulte défi-
barrière hématoencéphalique et se lient à des récepteurs aux citaire en GH (GHD) permet une mise au point sur les relations
androgènes au niveau cérébral où ils ont des effets physiolo- entre GH à concentrations physiologiques et muscle : normali-
giques sur les émotions et la cognition. En cas d’abus de SA, des sation de la force musculaire proximale par rapport à un groupe
effets psychiatriques aigus à type d’agressivité, violence incluant contrôle apparié pour l’âge, associée à une augmentation mais
une augmentation de la violence dirigée vers le partenaire et des sans normalisation de la force distale, sans différence liée au sexe
comportements impulsifs incluant des comportements à risques dans la réponse au traitement [23] . Il faut noter que le traitement
(sexuels ou autres) sont rapportés après la prise [18] . Peuvent par GH normalise la force par rapport à la normale pour l’âge et le
s’y associer : irritabilité, euphorie, dépression, changements sexe mais ne l’augmente pas au-delà des valeurs retrouvées chez
d’humeur et parfois même psychose. Chez les utilisateurs chro- les sujets contrôles appariés.
niques, il existe une sensation générale d’anxiété, d’irritabilité et Les effets potentiels de la GH sur la capacité maximale aérobie
de colère [19] . Les SA peuvent aussi avoir un pouvoir addictif (30 % et/ou les capacités en endurance à l’exercice des sujets déficitaires
des utilisateurs chroniques), remplissant les critères du Diagnostic en GH sont contradictoires. Dans le travail de Rodriguez-Arnao
and Statistical Manual of Mental Disorders IV (DSM-IV) concer- et al. [24] , l’augmentation de masse maigre après traitement par
nant la dépendance aux substances psychoactives, avec syndrome GH ne s’accompagnait pas d’une augmentation concomitante
de manque à l’arrêt des SA [20] . Des troubles cognitifs (avec cor- de la capacité aérobie (VO2 max) ni des capacités d’endurance
respondance structurelle en imagerie par résonance magnétique musculaires. En revanche, une augmentation de la capacité
nucléaire [RMN]) peuvent aussi survenir [21] . d’exercice a été décrite dans certaines études, mais cette amé-
lioration semble liée au gain de masse musculaire car, quand
VO2 max est rapportée non pas au poids corporel mais au kilo-
Motifs de consultation gramme de masse maigre, son augmentation n’est plus significa-
tive [25] .
Parmi les motifs pouvant conduire un sujet ayant usé (abusé) de Compte tenu des effets anaboliques de la GH et du déclin de
SA en consultation auprès d’un médecin, citons celui d’une dys- l’activité de l’axe GH/IGF-I associé au vieillissement, les effets de
fonction érectile et/ou d’une infertilité. Il n’y a pas forcément de la GH sur les modifications de la composition corporelle obser-
déclaration en première intention d’antécédents de prise de SA. vées avec le vieillissement ont été bien documentés. La plupart
Typiquement, il s’agit d’un culturiste (et/ou activité sportive appa- des études rapportent une augmentation de la masse musculaire
riée), sportif professionnel mais le plus souvent amateur, dont et une baisse du ratio masse grasse/tissu musculaire chez le sujet
l’indice de masse corporelle (IMC) est augmenté, mais la masse âgé après un traitement par GH conduisant à des concentrations
grasse peu importante et l’hypertrophie musculaire majeure. À d’IGF-I plasmatiques avoisinant celles observées chez les sujets
l’examen clinique, le volume testiculaire est normal ou il peut jeunes. Les effets sur la force musculaire sont discordants : aucun
exister une atrophie testiculaire. Le reste de l’examen clinique effet [26] ou gain modéré (+ 3 à 20 %) [27] .
est normal. Le bilan biologique retrouve un hypogonadisme La question des effets de la GH à doses supraphysiologiques
hypogonadotrope (acquis compte tenu de l’interrogatoire). Enfin, (dopage) en association avec un entraînement chez des sujets
l’interrogatoire (répété) met en évidence la prise de SA (à fortes ayant une sécrétion de GH normale reste plus délicate. Le premier
doses avec mélange de plusieurs molécules). effet recherché est une augmentation de la masse musculaire et
L’autre motif possible de consultation est une hypotestostéro- de la force musculaire. Mais il semblerait, au moins dans l’esprit
némie chez un sujet ayant pris des SA et qui consulte car il se des « utilisateurs » de GH, que celle-ci soit associée à d’autres inté-
sent symptomatique : asthénie, diminution de la libido, masse rêts potentiels : chez l’enfant, augmentation de la taille définitive
musculaire « diminuée » selon le patient (qui souffre parfois de à l’âge adulte, diminution de la masse grasse pour les culturistes.
« dysmorphie musculaire », parfois appelé « reverse anorexia ner- Trois autres effets sont aussi recherchés (mais ces effets n’ont pas
vosa », le patient se voyant comme insuffisamment musclé alors fait l’objet d’études contrôlées) :
qu’il présente objectivement une masse musculaire augmentée • limitation du catabolisme musculaire lié à l’arrêt des SA ;
par rapport à la normale à l’examen [22] ), difficultés à suppor- • renforcement des tendons et des ligaments, limitant ainsi le
ter ses charges habituelles d’entraînement. Le bilan biologique risque de rupture lié à la pratique intensive de l’exercice et des
retrouve un hypogonadisme hypogonadotrope acquis. Le spor- compétitions ;
tif est souvent en demande de testostérone pour « normaliser » • et meilleure récupération post-exercice (par effet sur le métabo-
son bilan. La prudence est de mise, l’abstention thérapeutique lisme des acides aminés : stimulation de la synthèse protéique,
et la surveillance conseillées. Si le sujet est sportif et participe à diminution de la protéolyse et de l’oxydation des acides ami-
des compétitions, la supplémentation en testostérone nécessite nés, et stimulation de la lipolyse et de l’oxydation des acides
une autorisation d’usage thérapeutique (AUT) (demande auprès gras libres) et après blessure [2, 28] .
de l’Agence française de lutte contre le dopage). Les résultats des différentes études contrôlées en double aveugle
ayant porté sur l’administration de GH à doses supraphysiolo-
giques chez des sujets sains montrent que l’adjonction de GH à
 Hormone de croissance un programme intense de musculation chez des sujets jeunes non
entraînés ou chez des sujets pratiquant régulièrement la muscu-
et ses dérivés lation n’induit pas de gain supplémentaire de force ni de volume
musculaires par rapport aux effets de l’entraînement seul. Elle ne
La GH (et plus récemment l’IGF-I, les sécrétagogues de la GH modifie pas non plus la synthèse protéique musculaire ni ne dimi-
[ghréline et dérivés], les peptides libérateurs de la GH [GHRP] nue le catabolisme protéique [29] . Ce qui suggère qu’au cours d’un
qui seraient utilisés en alternative de la GH car il existe main- entraînement régulier de type musculation, la synthèse protéique
tenant des tests pour améliorer la détection du dopage par GH) musculaire est stimulée de façon maximale et que l’addition d’un
a la réputation d’être « efficace, difficile à détecter et sans effets autre stimulus anabolique (la GH) n’augmente pas la synthèse
indésirables majeurs, en particulier sans effets androgéniques ». protéique musculaire. En revanche, une étude rapporte un effet
Elle était initialement utilisée chez les sprinters, les haltérophiles anabolique de la GH sur le métabolisme du collagène [29] . Une aug-
et les culturistes, c’est-à-dire dans les sports pour lesquels la réus- mentation modeste des protéines du tissu collagénique (y compris

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Dopage par substances endocriniennes  10-040-G-10

celui du muscle) n’induit pas un gain de force musculaire sup- Après sa commercialisation entre 1987 et 1989, compte tenu
plémentaire mais pourrait induire une meilleure résistance aux de ses effets démontrés sur la performance et de l’absence de
blessures (prévention de la rupture tendineuse ou de la déchirure moyen de dépistage validé, et bien que son usage ait été interdit
musculaire) ou une récupération plus rapide après blessure. Sur- par le Comité olympique international (CIO) dès 1990, l’abus de
tout quand il y a prise parallèle de SA qui augmentent la masse rHuEPO à des fins de dopage a augmenté pendant les années 1990
musculaire sans augmenter le tissu conjonctif attenant des ten- à 2000. L’avènement en 2000 de la méthode de dépistage urinaire
dons. par une équipe française (Lasne et de Ceaurriz) puis l’utilisation
Il faut aussi reconnaître que l’interprétation de ces études se de marqueurs sanguins indirects qui sont maintenant utilisés dans
heurte à trois écueils majeurs : faibles doses utilisées (2 à 3 fois la le passeport biologique depuis 2008 (hémoglobine, hématocrite,
normale versus dix fois pour le dopage), périodes d’études courtes réticulocytes, récepteur soluble de la transferrine, pourcentage
(6 à 12 semaines) et absence d’études en association avec la prise de macrocytes, etc. selon le modèle utilisé dans l’algorithme de
de SA. Enfin, les données scientifiques concernent principalement détection) a conduit les athlètes à modifier leurs conduites en uti-
l’effet de la GH en association avec un entraînement de type mus- lisant des microdoses de rHuEPO (15 à 10 UI/kg rHuEPO versus
culation. Il y a peu d’études publiées sur des sujets entraînés en 250 UI/kg rHuEPO) pour éviter de grosses fluctuations des mar-
endurance (effets de la GH sur la capacité aérobie, la récupération queurs sanguins et réduire les risque de dépistage [32] . Les études
post-exercice, etc.) [30] . montrent qu’après l’administration de faibles doses d’EPO à des
sujets volontaires, VO2 max est augmentée de 6 à 12 % alors
que l’hématocrite ne dépasse pas 0,50. Le temps d’exercice réalisé
Effets non recherchés jusqu’à épuisement à 80 % VO2 max (en laboratoire) est aug-
À court terme, l’administration de GH à doses supraphy- menté de près de 50 %. À l’arrêt de l’administration d’EPO, VO2
siologiques induit une rétention hydrosodée responsable de max reste augmentée pendant au moins deux semaines (15 UI/kg
céphalées et d’arthralgies. Un signe évocateur de l’abus de GH rHuEPO) [33] .
est l’augmentation de la sudation. Récemment, l’industrie pharmaceutique a développé de nou-
Il existe très peu de données sur les conséquences à long terme velles molécules qui sont de bonnes candidates pour se substituer
de l’usage de GH. Une seule étude portant sur l’abus de GH pen- à la rHuEPO (transporteurs d’oxygène, modificateurs allostériques
dant six semaines a rapporté une perturbation du bilan lipidique de l’hémoglobine, stabilisateurs d’hypoxia inducible factors (HIF)-
(diminution du high density lipoprotein [HDL] cholestérol et de 2␣ qui stimulent le gène de l’EPO en normoxie).
l’apolipoprotéine A1 (apoA1), Dans certains cas, la GH humaine
cadavérique est utilisée (compte tenu des coûts très élevés de la
GH recombinante) avec ses risques de développer une maladie de Effets non recherchés
Creutzfeld-Jacob si présence d’hypophyses contaminées par des
Les effets indésirables des doses importantes (macrodoses)
prions. De plus, si on se réfère aux complications rencontrées dans
d’EPO sont surtout liés à l’augmentation brutale de la viscosité
l’acromégalie, l’administration chronique de GH pourrait induire
sanguine qui retentit principalement au niveau des circulations
à long terme des pathologies cardiovasculaires, respiratoires ainsi
capillaires du muscle cardiaque et du réseau pulmonaire à plus
qu’une augmentation de l’incidence des pathologies tumorales.
faible débit. Ainsi, au niveau cardiaque, la viscosité sanguine
En conclusion, les effets physiologiques de la GH posent une
sollicite anormalement la pompe cardiaque et favorise le phéno-
base théorique aux effets d’amélioration de la performance de la
mène de mort subite pendant l’exercice. Plusieurs cas de ce type
GH. Les preuves scientifiques manquent mais elles sont difficiles à
ont été décrits ces dernières années chez des cyclistes. Mais les
mettre en évidence dans les conditions (doses, durée, association
risques engendrés par ce dopage ne se limitent pas aux troubles
de produits) utilisées par les athlètes.
secondaires à l’hyperviscosité : risques d’HTA, de thromboses pul-
monaires et cardiaques, des cas d’encéphalopathies ont également

 Érythropoïétine
été décrits. En revanche, on ne connaît pas les effets indésirables
liés à la prise de microdoses.
Principes de son utilisation et efficacité
L’EPO est une glycoprotéine synthétisée par le rein et  Glucocorticoïdes
exerçant un rôle stimulant sur la production des globules
rouges et l’érythropoïèse. Elle augmente en quelques semaines Principes de leur utilisation et efficacité
l’hématocrite, l’hémoglobine, le nombre de globules rouges, et
le pourcentage de réticulocytes (le dosage des réticulocytes, entre Jusqu’au début des années 2000, les études montraient que les
autres, est utilisé pour le dépistage du dopage par EPO). Son glucocorticoïdes (GC) n’avaient aucun effet sur la performance
efficacité est augmentée par l’administration intraveineuse de du fait de l’absence d’impact de ces produits sur la capacité maxi-
fer. male aérobie (VO2 max). Le seul travail réalisé chez l’homme
Ce dopage sanguin augmente la capacité de transport de sur GC et performance avait consisté en l’administration de
l’oxygène vers le muscle (en augmentant l’hémoglobine), amé- 4,5 ou 13,5 mg de dexaméthasone pendant quatre jours à des
liorant de ce fait la performance aérobie. En 1984, Ekblom est sujets modérément entraînés sans effet notable sur VO2 max [24] .
le premier à expérimenter les effets de l’EPO et montre que le Aucune étude n’avait été menée lors d’épreuves d’endurance
gain de performance s’échelonne de 10 à 20 %. Depuis, toutes prolongées ou dans le cadre d’exercices brefs et intenses menés
les études montrent de façon indiscutable que l’administration jusqu’à épuisement, où la perception de la douleur et de la
d’EPO présente un intérêt pour l’amélioration de la performance fatigue pourrait être atténuée par la prise de GC, favorisant
dans les épreuves d’endurance où l’exercice est en relation avec la performance. En effet, certaines propriétés pharmacologiques
VO2 max (capacité maximale aérobie). Ainsi, après administra- des GC laissent supposer que ceux-ci pourraient améliorer la
tion de doses journalières de 50 UI/kg de recombinant human performance et expliquer leur utilisation dans le milieu spor-
erythropoietin (rHuEPO) à dix athlètes pendant quatre semaines, tif. Les effets psychostimulants exercés par l’intermédiaire des
l’hématocrite a augmenté de 10,8 %, la VO2 max de 9,2 % et la récepteurs aux GC cérébraux permettraient de réduire les effets
fréquence cardiaque au cours d’un exercice exhaustif épuisant est centraux de la fatigue, les effets anti-inflammatoires et antalgiques
passé de 177 à 168/min [31] . Ce qui signifie que l’athlète est capable limiteraient les sensations douloureuses musculaires à l’effort et
de maintenir plus longtemps un exercice à une intensité élevée (le permettraient de repousser le seuil de fatigue ; les effets méta-
temps d’exercice réalisé jusqu’à épuisement – en laboratoire – à un boliques induisent une augmentation des stocks de glycogène
niveau sous-maximal est augmenté de plus de 50 %) ou de don- musculaire et facilitent la lipolyse et la glycolyse induites par
ner une accélération efficace dans une phase où l’exercice est déjà les catécholamines et la GH, permettant ainsi une meilleure
très intense. L’effet se prolonge au moins trois semaines après la utilisation de substrats énergétiques par le muscle au cours de
dernière injection. l’exercice [15, 34] .

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Après les années 2000, plusieurs études portant sur des exercices
d’endurance ont montré un effet positif des GC sur la perfor-
 Conclusion
mance. Ainsi, un gain de performance de +54 % [34] a été mis Les risques pour la santé du dopage hormonal concernent en
en évidence après utilisation de prednisolone à 60 mg par jour premier lieu les jeunes sportifs intensifs (adolescents et jeunes
pendant sept jours [35] . Dans une autre étude, les sujets ont pris les voulant s’orienter vers une carrière sportive, plus de huit heures
mêmes doses de GC et se sont entraînés intensivement pendant de sport par semaine) car cette catégorie de sportifs intensifs
la période de prise de prednisolone de sept jours. Après entraîne- constitue un public particulièrement vulnérable à la tentation
ment, les sujets pédalaient en moyenne 61 minutes sous placebo du dopage : l’ambition d’atteindre les performances des athlètes
versus 107 minutes quand ils prenaient des GC, soit un gain du circuit professionnel et la sélection drastique qui s’opère dans
de performance de +80 % [36] . Chez des cyclistes professionnels, ces filières peuvent conduire les jeunes à consommer des sub-
l’administration d’adrénocorticotrophine (ACTH) retard (indui- stances prohibées. Mais les sportifs amateurs (quel que soit l’âge)
sant un doublement des taux de cortisol pendant deux jours) a sont aussi concernés du fait de la disponibilité sur Internet de
conduit, par rapport au groupe placebo, à une baisse significative certains produits. Ainsi le dopage dépasse le cadre du seul sport
de la fatigue ressentie lors de deux jours consécutifs d’épreuves de haut niveau et devient aujourd’hui un problème de santé
sportives et à une augmentation de la vigueur après les épreuves publique, raison pour laquelle les médecins qui peuvent être
sportives. On peut s’interroger, à la lumière de ces travaux, sur les consultés pour des effets sur la santé ou pour des demandes non
effets favorables d’une diminution de la fatigue et d’une augmen- formulées doivent être informés sur les risques liés à cet abus de
tation de la vigueur lors d’épreuves prolongées telles que le Tour substances.
de France.
Au final, l’utilisation de GC, bien qu’interdits seulement pen-
dant les compétitions, peut être efficace pour augmenter les
performances dans les disciplines d’endurance mais aussi pour les
exercices brefs et intenses [37] .
“ Points essentiels
• La prise de stéroïdes anabolisants augmente la masse,
Effets non recherchés le volume et la force musculaires chez des sujets mascu-
Les complications de la prise de GC de façon prolongée lins eugonadiques. De plus, l’entraînement majore l’effet
sont bien démontrées : conséquences osseuses (ostéopo- des androgènes sur le muscle. Les effets indésirables
rose), métaboliques (insulinorésistance), vasculaires (HTA, risque sont nombreux : hypogonadisme hypogonadotrope par
d’athérosclérose). Enfin, des cas de pharmacodépendance aux GC suppression dose-dépendante des gonadotrophines hypo-
ont été rapportés. thalamiques et hypophysaires, risques cardiovasculaires,
Outre les effets chroniques, une complication importante métaboliques, neuropsychiatriques avec un risque de mort
menaçant le pronostic vital peut survenir à l’arrêt de la prise prématurée multiplié par 4.
de corticoïdes : l’insuffisance surrénalienne aiguë. Le plus sou- • Les effets physiologiques de la GH posent une base théo-
vent, le dysfonctionnement de l’axe corticotrope est infraclinique
rique aux effets d’amélioration de la performance de la
et pourrait expliquer certaines diminutions de performance qui
passent inaperçues chez un sportif de haut niveau avec des charges GH mais les preuves scientifiques manquent. Elles sont
d’entraînement et/ou de compétitions importantes. Mais, en cas difficiles à mettre en évidence dans les conditions (doses,
de stress surajouté (infection, traumatisme nécessitant une inter- durée, association de produits) utilisées par les athlètes. En
vention chirurgicale, etc.), il existe un vrai risque d’insuffisance revanche, les effets indésirables sont bien démontrés.
surrénalienne aiguë avec mise en jeu du pronostic vital [38] . Ce • L’administration d’EPO présente un intérêt pour
risque existe et n’est pas anecdotique. En effet, lors du suivi longi- l’amélioration de la performance dans les épreuves
tudinal des cyclistes élites de la Fédération française de cyclisme, d’endurance où l’exercice est en relation avec VO2 max
il a été mis en évidence la présence d’un nombre non négligeable (+10 %). Les effets indésirables sont bien démontrés, sur-
d’insuffisances surrénaliennes vraies (cortisol indosable chez neuf
tout liés à l’augmentation brutale de la viscosité sanguine
sujets sur dix), absence de réponse au synacthène [38] .
qui retentit principalement au niveau des circulations
capillaires du muscle cardiaque et du réseau pulmonaire à
 Autres hormones plus faible débit.
• L’utilisation de glucocorticoïdes, bien qu’interdits seule-
ment pendant les compétitions, peut être efficace
Les hormones thyroïdiennes, bien que non interdites,
peuvent aussi être utilisées, principalement pour perdre de pour augmenter les performances dans les disciplines
la masse grasse (https://cyclingtips.com/2017/11/the-secret-pro- d’endurance mais aussi pour les exercices brefs et intenses.
sketchy-thyroids-confused-commissaires-and-more/). Leur usage Outre les effets chroniques liés à cette prise (ostéopo-
concerne les culturistes mais aussi le cyclisme et les sports à caté- rose), une complication importante menaçant le pronostic
gorie de poids. Il n’y a pas de référence scientifique sur cette vital peut survenir à l’arrêt de la prise de corticoïdes :
utilisation. En revanche, les effets négatifs d’un surdosage en l’insuffisance surrénalienne aiguë. Le plus souvent, le dys-
hormones thyroïdiennes sur la performance (effets délétères car- fonctionnement de l’axe corticotrope est infraclinique et
diovasculaires et perte de masse musculaire) sont bien démontrés. pourrait expliquer certaines diminutions de performance
Dans tous les cas, il faut savoir que l’exercice en endurance peut qui passent inaperçues chez un sportif de haut niveau
diminuer la tri-iodothyronine libre (FT3) (limite inférieure de la
avec des charges d’entraînement et/ou de compétitions
normale) si la masse grasse est faible (sports d’endurance, effet
nutritionnel) mais la thyroid stimulating hormone (TSH) reste nor- importantes. Mais, en cas de stress surajouté (infection,
male [39] . traumatisme nécessitant une intervention chirurgicale,
L’insuline (usage interdit) peut aussi être utilisée avant un repas etc.), il existe un vrai risque d’insuffisance surrénalienne
après un entraînement de musculation – associée à une absorption aiguë avec mise en jeu du pronostic vital.
de glucides et/ou d’acides aminés – du fait de ses effets anaboliques
(augmentation de l’absorption du glucose et des acides aminés
favorisant la synthèse de glycogène et la synthèse protéique et
inhibant la protéolyse) chez les culturistes. Cependant, il n’existe
actuellement aucune preuve scientifique d’une augmentation de
la masse musculaire après injection d’insuline chez des adultes en Déclaration de liens d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts
bonne santé [40] . en relation avec cet article.

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M. Duclos, PU-PH, MD, PhD, HDR (mduclos@chu-clermontferrand.fr).


Service de médecine du sport et d’explorations fonctionnelles, CHU de Clermont-Ferrand, Hôpital Gabriel-Montpied, 58, rue Montalembert, 63000 Clermont-
Ferrand, France.
INRA UMR 1019, UNH, CRNH Auvergne, 63000 Clermont-Ferrand, France.
Université Clermont-Auvergne, Unité de nutrition humaine, BP 10448, 63000 Clermont-Ferrand, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Duclos M. Dopage par substances endocriniennes. EMC - Endocrinologie-Nutrition 2019;16(2):1-7
[Article 10-040-G-10].

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