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Objectifs :
Connaître les principales évolutions des inégalités économiques depuis le XXème siècle
Comprendre que les inégalités ont un caractère multiforme et qu’elles sont cumulatives
Savoir interpréter les principaux outils de mesure des inégalités
Savoir que l’égalité comprend plusieurs formes : chances, droits, situations
Savoir que les différentes formes d’égalité permettent de définir ce qui est considéré comme juste
et qu’il existe différentes conceptions de la justice sociale
Connaître les instruments dont disposent les pouvoirs publics pour contribuer à la justice sociale :
fiscalité, protection sociale, services collectifs et mesures de lutte contre les discriminations
Comprendre que l’action des pouvoirs publics s’exerce sous contrainte de financement et fait l’objet
de débats en termes d’efficacité, légitimité et risques d’effets pervers
Questionnements :
Quels sont les différents types d’inégalités ? En quoi sont-elles cumulatives ? Comment ont-elles évolué
depuis le début du XXe siècle ? Comment les mesure-t-on ? Qu’est-ce que l’égalité ? Quelles sont les
différentes conceptions de la justice sociale ? Comment les pouvoirs publics contribuent-ils à la justice
sociale ? Quelles sont les limites de l’action des pouvoirs publics ?
Une inégalité sociale est une différence d’accès à des ressources socialement valorisées (éducation,
santé, emploi, culture, pouvoir, etc.) à l’intérieur d’une société. Une inégalité économique est une
différence d’accès aux ressources économiques (revenu ou patrimoine), entre les individus d’une
société, considérée comme désavantageuse (elle fait partie des inégalités sociales).
Synthèse :
Les inégalités sont une différence d’accès aux ressources socialement valorisées qui se traduit par des
avantages ou des désavantages. Les inégalités sociales ont un caractère multiforme :
elles comprennent les inégalités économiques (revenu, patrimoine) et les inégalités d’accès aux
ressources non économiques (prestige, pouvoir, santé, éducation, culture, logement, etc.)
on distingue alors 3 ordres d’inégalités : l’avoir, le pouvoir et le savoir
Synthèse :
Les inégalités sont cumulatives : elles sont à la fois causes et conséquences les unes des autres. Les
inégalités économiques s’auto entretiennent (revenu => patrimoine => revenu) et peuvent être à l’origine
d’inégalités sociales (santé, culture, réussite scolaire). Réciproquement, les inégalités sociales peuvent être
à l’origine d’inégalités économiques (inégalités de salaire selon le genre par exemple). Les inégalités se
renforcent dont mutuellement, elles se traduisent par une accumulation d’avantages ou de désavantages.
On dit qu’elles font système, elles établissent des hiérarchies sociales qui structurent les sociétés.
C. La mesure des inégalités
Pour mesurer les inégalités économiques (dans la répartition des salaires, des revenus, du patrimoine), on utilise les
quantiles. Et on représente cette répartition inégalitaire par des courbes de Lorenz.
Pour mémoire, rappelons que l’on peut classer les individus (ou les ménages) par ordre croissant en fonction d’un
critère (comme le salaire par exemple). Les quantiles permettront ensuite de diviser la population en groupes égaux.
Ainsi :
La médiane permet la constitution de deux groupes égaux (soit 50% de la population étudiée)
Les quartiles représentent chacun 25% de la population étudiée
Les quintiles, 20%
Les déciles, 10%
Les centiles, 1%.
Nous travaillerons surtout avec la médiane et les déciles.
Pour mesurer les inégalités, on utilisera le rapport interdécile, c’est-à-dire le rapport entre la valeur supérieure du
décile 9 (D9) et la valeur supérieure du décile 1 (D1). Plus ce rapport sera élevé, plus les inégalités seront fortes.
La courbe de Lorenz permet de mesurer un indicateur mesurant les inégalités : l’indice, ou le coefficient, de Gini
compris entre 0 et 1 (ou entre 0 et 100%).
𝐴𝑖𝑟𝑒 𝐴
Coefficient de Gini =
𝐴𝑖𝑟𝑒 (𝐴+𝐵)
Plus les inégalités sont fortes, plus le coefficient de Gini est proche de 1.
Si le coefficient de Gini est égal à 1 cela signifie que l’aire A est égale à l’aire (A + B) => inégalité totale (un
seul individu s’accapare tout le revenu ou le patrimoine !)
Si le coefficient de Gini est égal à 0 cela signifie que la courbe de Lorenz est confondue avec la droit
d’équirépartition => égalité parfaite
Plus la courbe de Lorenz est proche de la droite d’équirépartition plus le coefficient de Gini est proche de 0 et
plus les inégalités sont faibles.
Synthèse :
Depuis le début du XXème siècle les inégalités économiques se sont fortement réduites en France :
les 10% les plus riches possédaient plus de 80% du patrimoine en 1900 contre plus de 50%
aujourd’hui
les 10% les riches percevaient 50% du revenu (avant impôt) en 1900 contre 13% pour les 50% les
plus pauvres (respectivement 35% et 22% aujourd’hui)
les 1% les plus riches percevaient 22% du revenu en 1900 contre 13% aujourd’hui
Toutefois, les inégalités restent fortes et depuis la fin des années 1980 on assiste à une tendance à la hausse
des inégalités de revenu et de patrimoine.
L’égalité est un principe selon lequel chacun devrait disposer des mêmes choses dans tous les
domaines. On distingue l’égalité des droits, des chances et des situations.
Synthèse :
L’égalité est une des valeurs du modèle républicain français. Il faut distinguer l’égalité des droits, l’égalité
des chances et l’égalité des situations. L’égalité des chances et des situations apparaissent avec la société
démocratique (Tocqueville), lorsque des politiques de lutte contre les inégalités sont mises en œuvre par les
pouvoirs publics. L’égalité des droits en France est proclamée dans la déclaration des droits de l’homme et
du citoyen (1789) dont le premier article indique que « tous les hommes naissent libres et égaux en droits ».
Toutefois, l’égalité des droits ne garantit pas toujours l’égalité de fait (exemple du salaire hommes/femmes).
La justice sociale est un principe moral et politique visant à l'égalité des droits et à la solidarité
collective permettant une répartition équitable des richesses.
Cette notion reste subjective : elle peut évoluer dans le temps et différer selon les lieux. Elle est
fondée sur ce qui est socialement inacceptable en matière d'inégalités et sur la forme d’égalité
privilégiée.
Libertarisme L’égalitarisme libéral L’égalitarisme strict L’utilitarisme
Figure de Friedrich A. Hayek John Rawls Karl Marx John Stuart Mill
proue (1899-1992) (1921-2002) (1818-1883) (1806-1873)
« Une société juste est « Une société juste est une « Une société juste est Cherche « le plus
une société libre » société méritocratique qui une société d’égaux » ; grand bonheur du
Principe Repose sur l’égalité de maximise le bien être des il faut abolir l’exploitation plus grand
général tous devant la loi. plus défavorisés sans de l’homme par l’homme nombre »
mettre en cause les droits caractéristique de toute
et les chances des plus société de classes.
favorisés. »
Egalité Egalité des droits, rien Egalité des chances Egalité des situations Egalité des
privilégiée de plus utilités
individuelles
Inégalités des chances Inégalités des situations, Aucune, dès lors que Celles subies par
Inégalités et des situations, inégalités de traitement en l’inégalité implique une minorité si le
tolérées même très élevées cas de discrimination l’exploitation des uns bonheur du plus
sont considérées positive par le commandement grand nombre est
comme légitimes et des autres augmenté
efficaces.
III. L’action des pouvoirs publics pour favoriser l’égalité et contribuer à la justice sociale
La fiscalité est l’ensemble des pratiques de perception des prélèvements obligatoires (impôts,
taxes et cotisations sociales).
La protection sociale est un système de solidarité permettant aux individus de faire face aux
risques sociaux (maladie, maternité, vieillesse, chômage, pauvreté). Il permet aux individus de
percevoir des prestations sociales.
On distingue la logique d’assurance, les individus ayant versé des cotisations sociales perçoivent
des prestations sociales en contre partie de la réalisation d’un risque, de la logique d’assistance
qui consiste à accorder, sous condition de ressources, aux plus démunis un minimum de
ressources sans cotisation préalable.
On parle alors de redistribution : elle est verticale lorsqu’elle vise à réduire les inégalités alors
qu’elle est horizontale lorsqu’elle assure contre les risques sociaux.
Les services collectifs correspondent aux productions non marchandes du secteur public,
financées par les prélèvements obligatoires (éducation, santé, logement par exemple).
Une discrimination est une différence de traitement en raison d’un critère prohibé par la loi tel que
l’âge, le sexe, l’origine ethnique ou sociale, le handicap ou encore l’apparence physique.
Synthèse :
Remarques :
Les prestations sociales représentaient 15% du PIB en 1960 contre 33% en 2018
Le rapport nb de cotisants/nb de retraités est passé de 4.4 en 1960 à 1.4 en 2018
La dette publique (des APU) représentait une peu plus de 30% du PIB à la fin des années 1980,
elle est aujourd’hui supérieure à 100% du PIB
b) Un manque d’efficacité
Pourquoi peut-on dire que l’action des pouvoirs publics pour contribuer à la justice sociale manque
d’efficacité ?
L’action des pouvoirs publics pour contribuer à l’égalité présente des limites :
Elle s’exerce sous contrainte de financement : faible croissance, dette publique élevée, hausse
du chômage et vieillissement de la population font baisser les recettes et augmenter les
dépenses publiques
Elle fait l’objet de débats :
o Un manque de légitimité : moindre consentement à l’impôt
o Risque d’effets désincitatifs (à retrouver un emploi par exemple)
o Manque d’efficacité : persistance des inégalités de la pauvreté
L’Etat providence fait donc face à une triple crise : une crise de financement, une crise de légitimité et une
crise d’efficacité.