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En reprenant 1es analyses de M. Porter, on peut dire qu’il existe sur cet espace une
rivalité dynamique entre les producteurs; ceux-ci étant soumis par ailleurs : à la menace de
nouveaux arrivants (concurrence potentielle) ; à l'émergence possible de substituts ; au
pouvoir de négociation des acheteurs et au pouvoir de négociations de leurs fournisseurs.
C'est à J.S. Bain (1956) que l'on doit la théorie des barrières à l’entrée. La
problématique de Bain est simple: si l'on considère un espace concurrentiel donné, il faut
analyser non seulement la concurrence réelle qui existe entre les offreurs, mais aussi la
concurrence potentielle qui pourrait être introduite par de nouveaux entrants. L'entrée, qui est
libre dans le modèle de concurrence pure et parfaite, peut-être ainsi, selon Bain, rendue
difficile, voire impossible, par l’existence de barrières à l’entrée dont la hauteur pourrait être
mesurée, en théorie, par un prix limite, i.e. le prix le plus élevé possible (pratiqué par les
insiders) qui déclenche le phénomène d’entrée. Dans la pratique, J. S. Bain distingue quatre
catégories de barrières :
- La différenciation des produits pratiquée par les insiders et qui rend souvent plus
difficile et plus couteuse l'entrée d'un nouveau producteur.
- Les économies d'échelle : lorsqu’elles sont .importantes, elles ont pour effet de
restreindre la structure de l'offre à un petit nombre, voile à une seule firme (monopole
naturel).
- Le montant des capitaux requis est parfois très élevé, restreignant ainsi le nombre de
candidats à l'entrée.
Aux quatre catégories de barrières introduites par Bain, on peut ajouter les barrières
institutionnelles ou réglementaires qui tiennent à l’organisation d'une profession, par elle-
même ou par l’Etat. Il est important de noter que les barrières à l'entrée peuvent résulter des
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conditions techniques de la production (technologie-économies d'échelle); elles sont alors
naturelles; dans d'autres cas elles résultent d'une stratégie délibérée de la part des insiders
qui, par la différenciation. La technologie ou d'autres moyens, cherchent à limiter ou à
interdire l'entrée. En général on peut dire que les barrières à l’entrée peuvent être
surmontées soit par une innovation majeure qui donnerait à l’outsider un avantage décisif,
soit par une entrée en force fondée sur la puissance financière.
La notion de barrières à l’entrée a été élargie aux barrières à la sortie et, plus
globalement, aux barrières à la mobilité (entrée ou sortie).
Les barrières à la sortie des obstacles qui rendent couteuse la sortie d'une industrie :
existence d'actifs spécialisés sans valeur marchande, contrats de travail à durée
indéterminée, contrats d'approvisionnement, etc. On utilise parfois le terme de coûts
d'irréversibilité pour désigner des coûts d'entrée (investissement) qui ne sont pas récupérables
en cas de sortie.
Dans son ouvrage Competition among the Fews, William Fellner (1949) écrivait que
tout oligopole est caractérisé par l'existence de deux tendances contradictoires: la tendance à
l'entente (coopération-collusion) et la tendance à la concurrence sauvage (cut throat
competition). En fonction d'un certain nombre de paramètres (qui varient dans le temps)
l’une ou l'autre de ces tendances l'emporte provisoirement ou durablement.
La modélisation des oligopoles a donné lieu à une très importante littérature et cette
question occupe encore aujourd'hui une grande partie des travaux de la nouvelle économie
industrielle.
Les éléments majeurs des débats sont alors : Stratégies coopératives ou non
coopératives - possibilité ou impossibilité d’atteindre un équilibre (équilibre de Nash,
équilibre bayésien) - jeux statiques ou dynamiques - information des joueurs complète ou
incomplète, symétrique ou asymétrique.
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L'introduction de ces différents éléments donne lieu à une formalisation mathématique,
poussée mais on débouche, ici également, sur des problématiques de type institutionnel :
connaissance partagée par tous les joueurs (Common knowledge), réputation des joueurs et
confiance réciproque, économie de la négociation et contrats.
Il est intéressant de voir sur ce point que la théorie des jeux nous aide à mieux
comprendre les limites de l’indétermination, mais qu’elle ne parait pas en mesure, à elle
seule, de lever les indéterminations dès lors que sont introduits les problèmes d’information.
On retrouve en toile de fond les deux tendances contradictoires de W. Fellner.
3. Le pouvoir du marché
- La collusion repose sur l'idée que si les offreurs réussissent à s'entendre, ils
obtiendront, collectivement et pour chacun, de meilleurs résultats. La tendance n°1 de Fellner
serait donc la plus efficace. Il existe toute une gradation des formes de collusion en fonction
de l'efficacité de l'entente et de son respect par tous les participants. La forme la plus dure
est le cartel, accord entre plusieurs entreprises se matérialisant par un texte. Nous avons
ensuite des formes dégradées : ententes, collusion tacite ou informelle, parallélisme des
comportements, etc. Ces différentes formes de collusion peuvent porter sur la répartition
des marchés (répartition géographique ou quotas), les prix (barème, mode de fixation), la
détermination de certaines pratiques communes qui peuvent avoir pour effet d'élever les
barrières à l'entrée.
- la domination repose sur le pouvoir 'particulier détenu par l’un des offreurs,
pouvoir dû à sa puissance financière ou technologique, à sa part de marché. Une telle
firme est alors en mesure d'imposer au marché des règles de fonctionnement qui servent
en priorité ses intérêts.
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- La discrimination par 1es prix se définit comme la capacité pour une entreprise
de vendre un même produit" a des "prix différents. Les différences de prix n'ayant aucun
rapport, avec des différences éventuelles de coûts de production ou de vente. La théorie de'
la discrimination (Pigou; 1928) est fondée sur l'idée que chaque acheteur potentiel d'un
produit est prêt à payer un prix donné. Au lieu de faire payer à chacun le même prix. Le
vendeur va essayer de faire payer à chaque acheteur le prix maximum que celui-ci est
disposé à mettre. La discrimination totale (un prix par acheteur) est à peu près impossible à
mettre en œuvre et les producteurs recherchent davantage des pratiques de 2e ou 3e degré : il
s'agit de segmenter la clientèle en plusieurs groupes de prix différents (première classe,
classe affaire, touriste, tarifs spéciaux) ou encore de différencier un même produit en
plusieurs marques ou conditionnements différents de façon à pouvoir pratiquer plusieurs prix.
Assez fréquente aux Etats-Unis dans les années 60, cette structure résultait de
l’application assez mécanique des modèles de gestion de portefeuille. Un certain pouvoir de
marché pouvait lui être associé : « une firme possède un pouvoir congloméral lorsque ses
opérations sont tellement diversifiées que sa survie ne dépend d’aucun marché particulier,
d’aucun produit particulier, d’aucune région particulière. Sa taille et sa diversification lui
permettent de discipliner ou de détruire des concurrents étroitement spécialisés » (Adams,
1965). Ce type de pratique rejoint les théories de la prédation qui discutent la logique et les
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limites, de ce type de comportement (Edwards, 1955 ; Scherer, 1980 ; Kreps et Wilson, 1982 ;
Milgrom et Roberts, 1982).