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Remerciements de Mme Tatjana Šotra à l’Ambassadeur lors de la remise de la décoration

Excellence, Monsieur l’Ambassadeur, permettez-moi de vous remercier de l’honneur que vous me rendez en


me remettant en personne les Palmes académiques que Napoléon créa pour récompenser, avant tout, les
universitaires et qui, à ce titre, m’honore profondément.
Je vous prie, également, de bien vouloir transmettre ma gratitude auprès du Ministre de l’Éducation nationale
française et du Jury qui ont pris la décision de me décerner cette médaille.

Au moment où je la reçois, je tiens à vous avouer que le mérite de cette médaille appartient avant tout, à mes
parents : à ma mère qui m’a insufflé, dès mon plus jeune âge, l’amour de votre belle langue, puis, à mon
père qui, tout au long de mes études, a su m’encourager, moralement et matériellement, à aller enrichir mes
connaissances à la source même, en France, qui ainsi est devenue, au fil des ans, ma seconde patrie, une
patrie spirituelle. Je la dois à vos services qui m’ont, eux aussi, accordé des bourses de formation; à mes amis
français, ici ou ailleurs.

Je dois aussi ma profonde gratitude à toute une génération de professeurs, universitaires brillants des années
70, qui, malheureusement, ne sont plus parmi nous.
Leurs noms sont inscrits en lettres d’or dans l’histoire de la Chaire de français de Belgrade.
Grâce à eux, nous avons goûté à l'esprit français, à la truculence d’un Rabelais, à la sagesse d’un Montaigne,
au raisonnement d’un Descartes, nous avons pleuré de rire avec Molière, adorer souffrir avec Racine, nous
avons laissé nos sentiments parler avec les Romantiques. Nous avons joué avec les mots d’un Ionesco ou
d’un Queneau.
Ce titre je le dois, particulièrement, à mes élèves, ma motivation permanente, à mes étudiants, aux jeunes
collègues avides de connaissances et de France.

Pour moi, serbophone de naissance, le français n’est pas seulement la langue étrangère qui m’a donné un
travail, elle est la langue qui m’a permis de me réaliser. Elle n'est pas, pour moi, une simple langue de
communication ; grâce à la langue française, j’ai appréhendé, autrement  ma propre langue, par le biais du
français j’ai mieux saisi ma propre culture, j’ai su apprécier les valeurs humaines qui unissent nos deux
nations, valeurs que j’ai, sans cesse, tenté de transmettre à mes étudiants.

Le français, c’est bien sûr, la rigueur, la clarté, la logique mais c'est aussi la légèreté et même la frivolité.
C'est la marseillaise mais c’est aussi les chansons à boire et les chansons d’amour, c’est le violon amoureux
et l'accordéon populaire. C'est le bifteck-frites et la pêche Melba. Le vin rouge parfois délicat parfois tord-
boyaux.
Toutes les langues sont belles quand on sait s'en servir. Chacune mérite qu’on consacre sa vie à la connaître
et, pourquoi pas, à l’enseigner.
Le français est une langue à vocation universelle, disait Senghor.

C’est pourquoi je me permettrais de dire que cette langue est intimement liée à la culture humaniste, à la
tradition de l’argumentation, à la conversation. Et je tiens à vous dire à quel point je suis fière de servir cette
culture et de répandre cette langue auprès des jeunes. Et je voudrais que le nombre d’élèves, apprenant le
français, augmente.
Je tiens aussi à dire à quel point je suis flattée d’être inscrite, grâce à cette médaille, parmi les Chevaliers des
Palmes académiques, d’appartenir à une grande communauté humaine et culturelle, éparpillée de par le
monde, réunissant les missionnaires de la langue et de la culture françaises.
Chevalier c’ est un honneur, certes, mais c’est aussi une responsabilité et une obligation de continuer sur ce
chemin : «noblesse oblige » disent les Français.
Monsieur l’Ambassadeur, permettez-moi de vous exprimer, à titre personnelle et au nom de tous les invités la
reconnaissance de l’organisation de cette cérémonie au sein de votre ambassade. Je voudrais aussi renouveler
les félicitations à mes collègues lauréats et remercier tous les invités, ma famille, mes collègues, mes amis et
tous les amis du français, d’avoir accepté de partager ces moments d’honneur et de joie avec nous.

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