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ALLAIN Gabriel / DEBREIL Damien / DIOP Omar-Maël

Revue de presse : C’est qui le patron ?!

Table des matières


Revue de presse  : C’est qui le patron  ?!
Articles de presse :
1) Capital :
2) Novethic
3) Les Echos
4) La montagne entreprendre
5) Challenges
6) Le Parisien
7) Figaro Economie
Présentation générale :
Analyse PESTEL de l’entreprise :
Structure de l’entreprise : organigramme
Les évènements et évolutions récentes de C’est qui le patron ?!
Portrait de Nicolas Chabanne :
Conclusion

Articles de presse :
1) Capital :

Écrit par Pauline Darasse


Publié le 27/03/2019 à 15h29

Nicolas Chabanne, créateur de "C'est qui le patron ?!" et entrepreneur


visionnaire

Le succès de sa marque "C’est qui le patron ?!" traduit parfaitement le ton de l’époque et


sa volonté de redonner le pouvoir aux consommateurs. Rencontre avec un entrepreneur
visionnaire.

Deux ans avant la crise des gilets jaunes et le "grand débat", ce lanceur de projets quasi
compulsif se retrouve à la tête d’un collectif de consommateurs animés d’une idée folle :
régler une fois pour toutes la controverse sur le prix du lait en le fixant eux-mêmes ! La
marque « C’est qui le patron ?» entend ainsi garantir aux éleveurs une plus juste
rémunération. Le succès foudroyant de cette initiative populaire est la preuve, pour Nicolas
Chabanne, son créateur, qu’on est « arrivé au bout d’un système ».

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La naissance de « C’est qui le patron ?» défie toutes les règles des principes enseignés dans
les écoles de commerce : ni levée de fonds, ni business plan… Comment expliquez-vous sa
réussite ? 

Nicolas Chabanne : Il y a évidemment une part de mystère, mais nous nous sommes rendu
compte que nous étions nombreux à partager le même sentiment, celui d’être arrivés au
bout d’un système. En l’occurrence, celui où les mécanismes commerciaux nous échappent.
Pour la première fois, le consommateur veut croire qu’il peut construire lui-même son prix.
Nous sommes allés plus loin : le consommateur peut observer directement dans les laiteries
les produits qu’il a choisis. C’est un autre témoignage que le contrôle du bureau Veritas !
Notre système est très simple, et c'est ce qui nous a permis de reprendre les commandes :
nos 8.000 sociétaires s’impliquent dans le collectif et ce que vous décrivez comme un «no
modèle » est une force qui fait notre colonne vertébrale. C’est le fameux point d’équilibre
trouvé par une initiative spontanée, mille fois plus fort que si on s’était mis autour d’une
table, en réunion… Nous avons trouvé un autre chemin, sans force de vente ni pub qui
suscitent plutôt de la défiance.

Vos prix sont plus élevés que ceux des grandes marques, précisément au moment où les
Français manifestent pour la défense de leur pouvoir d’achat. Qu’est-ce qui justifie ce
paradoxe ?

Les gens qui peuvent le faire dépensent 30 ou 50 centimes de plus par mois pour acheter des
produits qui permettent à des producteurs de vivre de leur métier. Et nos quatre pots de
compote valent 68 centimes, moins que ceux d’Andros. La qualité, sans pub ni marketing,
peut coûter moins cher. Aujourd’hui, nous avons une gamme de 15 produits. Nous allons
passer les 100 millions de produits équitables vendus et le beurre bio est devenu
l’innovation bio la plus vendue en 2018. C’est un produit qui a été créé par les
consommateurs sur le principe du questionnaire : est-ce qu’ils accepteraient d’ajouter des
centimes pour aider à la conversion bio ? Eh bien, ils ont mis 15 centimes de plus.

Vous êtes un peu à l’économie ce que le référendum d’initiative citoyenne est à la


politique…

Tous les politiques nous ont appelés depuis deux ans. Il y a sûrement un parallèle à faire. Le
point commun, c’est la carte bancaire, véritable bulletin de vote. Certains Français
aujourd’hui ne veulent plus se contenter de voter et veulent être actifs dans un programme.
Notre priorité, c’est d’aider le monde agricole, mais nous croulons sous les demandes pour
d’autres secteurs, jusqu’aux services bancaires : des banques nous appellent pour imaginer
la même démarche ! Et « C’est qui le patron ?!» s’est exporté dans dix pays, de la Belgique
au Maroc. Ça me dépasse un peu ce succès… C’est un phénomène qui tient du glissement de
terrain.

Au point de pouvoir résoudre les difficultés des éleveurs ?

Notre calcul de base est simple. Il manque 8 centimes sur un litre de lait pour que le
producteur s’y retrouve et chaque Français boit en moyenne 50 litres par an. Résultat : il
manque 4 euros par an… À 9 centimes, l’éleveur a une rémunération correcte et une

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semaine de vacances…. En deux ans, nous avons vendu 80 millions de litres de lait et 12
millions de personnes nous ont déjà acheté des produits. C’est beaucoup, mais il est certain
que le jour où nous aurons 20% de parts de marché, nous aiderons vraiment les
producteurs. Cela suppose qu’il y ait un acte II sur un beaucoup plus grand nombre de
produits. La loi Alimentation (qui doit instaurer un nouveau calcul des prix agricoles sur la
base des coûts de production, NDLR), c’est bien, mais ça donne un peu le bourdon. Nous,
nous allons nous débrouiller tout seuls. Décider par notre acte d’achat, c’est un bulletin de
vote surpuissant.

Vos produits sont vendus chez Carrefour, Leclerc et d’autres, vous travaillez avec des
marques, comme Cémoi pour le chocolat…
Comment avez-vous réussi à convaincre les marques et les distributeurs de vous suivre ? 

Nous quittons un cycle où une famille de politiques, d’experts, de prescripteurs décidaient


pour nous. C’est fini, ça. A l’époque où j’avais lancé « Le Petit Producteur », en 2008, et que
je vendais notamment des fraises en mettant la photo du producteur et en le rémunérant
mieux, j’avais rencontré les gens du marketing de Monoprix, puis d’autres distributeurs nous
avaient rapidement ouvert leurs rayons. Beaucoup d’enseignes nous ont soutenus aussi pour
les « Gueules cassées », en 2014, qui luttent contre le gaspillage des fruits et légumes
moches. Donc quand je vais les voir avec « C’est qui le patron ?», elles me connaissent. Dans
la foulée de Carrefour, 70% des enseignes de distribution nous ont rejoints, à l’exception de
Franprix, malheureusement, qui n’a peut-être pas toutes les cartes en main pour décider lui-
même.
Et nous n’allons pas nous arrêter là : nous adressons un appel à tous les fabricants pour
pouvoir venir visiter les coulisses de leurs usines et, le 20 mars, nous avons lancé une chaîne
de télé « Des consommateurs et des citoyens ». Une quarantaine de marques nous ont déjà
appelés pour y participer ! Nous allons aussi installer des « corners » avec nos produits dans
certaines grandes surfaces et nous réfléchissons à l’éventualité de créer notre propre réseau
de magasins. À terme, nous espérons travailler avec 80 producteurs et nous étendre à
l’ensemble des produits alimentaires.

Votre chiffre d'affaires a doublé en deux ans, en atteignant 3 millions d’euros. Comment
abordez-vous cette croissance : votre fonctionnement d’entreprise coopérative peut-il y
survivre ?

Notre cahier des charges permet à chaque « sociétaire-consommateur » de participer à la


construction du prix. La première année, nous rêvions de vendre 5 millions de produits, nous
en avons écoulé 33 millions, sans remettre en cause ce principe ! Nous avons une référence
de lait qui, selon Nielsen, est la deuxième référence la plus vendue derrière les marques de
distributeur. Le beurre bio réalise des ventes trois fois plus importantes que prévu. Notre
règle chez « C’est qui le patron ?!» est d’appliquer une marge de 5% sur le prix de vente
dans les magasins et de 2% sur les marques ou les enseignes qui respectent notre cahier des
charges, comme Monoprix, par exemple, qui commercialise notre gamme de lait sous sa
propre marque.

Ce modèle commercial va évoluer, sans aucun doute. Mais s’arrêter, certainement pas ! Car
le bon sens commun trouve des points d’équilibre en permanence, alors que des dirigeants,

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qui décident en solitaire, peuvent se tromper. Donc, quelle que soit notre croissance, notre
système continuera de fonctionner aussi longtemps qu’on écoutera et respectera
scrupuleusement la décision collective. J’en suis convaincu : on peut sauver le monde par le
bon sens collectif.

Il n’y a donc pas de risque de vous voir céder aux avances d’un repreneur ? 

C’est inimaginable ! Nous avons un statut de coopérative, qui est essentiel pour notre mode
de fonctionnement. Tout le monde peut être actionnaire pour un euro. Les consommateurs
ou sociétaires vont en magasins, ils réarrangent eux-mêmes les rayons, suivent les ventes…
La coopérative a le destin de l’entreprise entre ses mains : une décision qu’on prend au nom
du bon sens collectif est beaucoup plus fiable qu’une théorie de marketing inculquée dans
une école ou que les gens qui, par principe, enterrent les bonnes idées sous prétexte que si
cela avait dû exister, cela serait le cas depuis longtemps.

Votre management s’organise-t-il aussi de manière collective, avec, par exemple, une
égalité des salaires ?

Non ! Nous sommes 15 salariés, avec des disparités de salaires, mais dont aucun n’est
comparable à celui d’un patron du CAC 40 ! Je suis le premier à vouloir être dans une
transparence totale, à pouvoir tout dire – en particulier quelles sont les marges des
distributeurs, celles des fabricants… Mais en réalité, la loi européenne nous l’interdit. Cela
dit, la structure de l’entreprise est suffisamment armée et équilibrée pour fonctionner de
manière indépendante : aucun de ses dirigeants en particulier n’est indispensable. En outre,
elle est rentable et dispose d’une petite réserve. Si demain l’aventure n’est plus collective et
participative, elle s’arrête. Pendant des années, des produits ont été créés sans demander
aux consommateurs ce qu’ils en pensaient. C’est fou, non ? Les consommateurs n’ont pas
toujours raison, mais ils ne sont pas moins pertinents et bienveillants que la majorité des
professionnels.

Cet article est très intéressant car il expose les spécificités de la démarche CQLP, dans le
cadre de l’interview de son dirigeant : Nicolas Chabanne. Premièrement, on constate que la
construction de la démarche est totalement différente du schéma habituel (business plan,
levée de fond etc…), il s’agit ici d’une initiative collective, un « no model ». Il argumente aussi
sur la capacité des consommateurs à payer plus cher un produit plus éthique. De plus, cet
article permet de comprendre qu’un rien peut faire toute la différence : pour 9 centimes le
litre de lait, un producteur obtient une rémunération correcte et même une semaine de
vacances.
Dans cet article, on en apprend davantage sur les relations entre CQLP et les grandes
enseignes de distributions, ainsi que la gestion des revenus de la coopérative qui sont
employés à faire évoluer le concept. Les salaires des 15 salariés ne sont pas du tout
comparables à ceux des patrons du CAC 40, ce qui prouve encore l’optique sociale de la
démarche. Nicolas Chabanne a bien insisté sur ce point : « notre système continuera de
fonctionner aussi longtemps qu’on écoutera et respectera scrupuleusement la décision
collective ».

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2) Novethic

Marina Fabre
Publié le 28 mai 2021

"C'EST QUI LE PATRON" : AVEC L'EXPLOSION DES VENTES, LE MODÈLE DE LA


MARQUE DES CONSOMMATEURS EST DEVENUE UNE RÉFÉRENCE

C'est qui le patron a franchi la barre des 100 millions de briques de lait vendues chez
Carrefour. Le seuil est symbolique mais il indique combien la marque, qui rémunère au
juste prix les producteurs, est devenue incontournable en seulement quatre ans. Prise en
exemple par Emmanuel Macron pour sortir de la crise agricole, elle s'exporte désormais en
Grèce, en Espagne, au Maroc... et infuse lentement la grande distribution. 

C’était en 2016. Face à la détresse des paysans, au revenu faible, au surendettement, à un


taux de suicide élevé, des consommateurs engagés décident de créer la marque C’est qui le
patron. Le but : améliorer la rémunération des producteurs en payant quelques centimes de
plus sa bouteille de lait. Quatre ans et demi plus tard, le succès est là. La marque a ainsi
vendu chez son distributeur Carrefour 100 millions de bouteilles de lait. Au total, c'est plus
de 220 millions de litres de lait qui ont été écoulés. "Nous sommes fiers d’avoir été la
première enseigne à soutenir cette démarche vertueuse pour nos clients et les producteurs
français", a réagi le distributeur.

C’est qui le patron est devenue une valeur sûre. Marque alimentaire qui progresse le plus en
France depuis deux ans, elle enregistre, sur le lait et le beurre bio les plus "fortes ventes de
l’histoire de l’agroalimentaire pour une nouvelle marque", s’enorgueillit la coopérative qui a
décidé, depuis la crise sanitaire et l’explosion de ses ventes, de reverser la totalité de ces
bénéfices de 2021 aux producteurs et personnes en difficulté. "Qu’une marque sans
commerciaux ni publicité arrive à ce niveau, c’est tout un symbole", se félicite le fondateur de
C’est qui le patron, Nicolas Chabanne, "C’est un rêve éveillé". 

La marque C'est qui le patron s'exporte

Et ce modèle exemplaire, recette miracle à la crise du monde agricole, se multiplie à


l'étranger. Près d’une dizaine de pays l’ont déjà adopté, sous des formes variées. Grèce,
Maroc, Espagne… une cinquantaine de produits ont été créés sur le principe des votes
collectifs commencés en France. Chez C’est qui le patron ce sont en effet les consommateurs
sociétaires qui votent le cahier des charges d’un produit (bio, sans OGM, local…) et son prix.
Un modèle qui est devenu une référence pour le Président de la République. 

C’est d’ailleurs en s’inspirant de cette démarche qu’Emmanuel Macron a fait voter une loi à
l’issue des États généraux de l’alimentation (Egalim) visant à inverser la construction du prix.
Les producteurs doivent ainsi soumettre un prix aux distributeurs et industriels à partir des
coûts de production agricole, et non l’inverse. Mais malgré cette tentative de rééquilibrage
des forces, le compte n’y est pas. "La loi Egalim n’est pas allée au bout des choses", a
reconnu Julien Denormandie, auprès de Public Sénat. Le ministre de l’Agriculture a promis

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des aménagements et plus de fermeté face à la guerre des prix qui ruine les producteurs. En
attendant, les initiatives se multiplient pour tenter de dégager davantage de revenus pour
les producteurs.

Un label équitable face à la détresse du monde agricole

Certaines marques ont ainsi calqué le modèle de C’est qui le patron. L’enseigne Intermarché
a ainsi lancé la marque citoyenne "Les éleveurs vous disent merci" en 2018 et a reversé 4,6
millions d’euros à leurs producteurs depuis. Même démarche pour Candia avec "Les laitiers
responsables". Une concurrence vue d’un bon œil par Nicolas Chabanne. En février dernier,
C’est qui le patron a d’ailleurs accepté de partager les cahiers des charges de ses produits à
la grande distribution et aux marques indépendantes pour permettre aux acteurs de
l’agroalimentaire de suivre ce chemin. "C’est un succès qui profite aux producteurs, c’est tout
ce qui compte", avance Nicolas Chabanne. 
La situation de paysans français est telle que le label équitable Max Halevaar, fondé pour
soutenir les producteurs vulnérables d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie va étendre son
dispositif de certification à la France car "la détresse des agriculteurs n’est plus seulement la
réalité des autres". Les filières lait et blé sont les premières à être labélisées. 

A travers cet article, on saisit l’ampleur qu’a pris l’initiative CQLP de Nicolas Chabanne. Elle
est reprise dans plusieurs pays et adaptée sous différentes formes comme en Grèce, au
Maroc ou encore en Espagne. Elle est également prise comme exemple par le président de la
république Emmanuel Macron en ce qui concerne le vote de la loi Egalim en faveur des
producteurs. Néanmoins, cette loi est jugée trop souple et les actions pour amélioration la
rémunération des producteurs se multiplient. Nicolas Chabanne ne freine en rien le
développement d’une offre concurrente, sur le même modèle d’une juste rémunération des
producteurs puisqu’il va même partager les cahiers des charges de ses produits. Sa seule
motivation demeure l’intérêt des producteurs. On note que la situation de ces derniers en
France est critique puisqu’un label reconnu du commerce équitable attribue désormais des
certifications en France, et non plus uniquement dans les pays en voie de développement.

3) Les Echos

Par Marie-Josée Cougard
Publié le 18 mars 2021 à 12:00

Quand le lait équitable de C'est qui le patron ? ! fait école dans les rayons

L'initiative de Nicolas Chabanne avec la marque « C'est qui le patron ? ! » lancée en pleine
crise du lait en 2016 pour garantir une marge aux producteurs, a fait florès. D'autres
marques de ce type sont nées, qui ont contribué à augmenter les prix du lait en général en
France.

Petite mais efficace. La marque C'est qui le patron ? ! a vendu 50 millions de litres de lait en
France en 2020 sur un marché de 2 milliards de litres. Une grosse goutte dans l'océan.
Pourtant, cette marque, lancée en 2016 par Nicolas Chabanne pour assurer un revenu

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décent aux producteurs, a bousculé les standards du rayon lait. Et contribué à faire monter
le prix de l'ensemble du marché.
C'est qui le patron ? ! a fait école et suscité de nombreuses autres initiatives, si bien que
toutes les marques de lait dit « équitable » représentent désormais au total 7 % des ventes
en France, selon Emmanuel Vasseneix, qui a participé à l'aventure du trublion et qui est par
ailleurs vice-président de Syndilait, la fédération professionnelle des industriels du lait.
« D'ici à la fin de l'année, on devrait approcher des 10 % », prévoit-il, confiant.

Effet de contagion positif

Les grands groupes s'y sont tous mis : Lactalis avec L'Appel des Prés, Sodiaal avec Laitiers
responsables, des producteurs ont lancé FaireFrance conditionné par la Laiterie de Saint-
Denis de l'Hôtel d'Emmanuel Vasseneix, d'autres ont mis sur pied CantAveyLot ou Juste et
Vendéen… Sans oublier les distributeurs comme Carrefour, qui appuie sur l'accélérateur au
travers de ses marques distributeur.

Un producteur de lait équitable perçoit 40 centimes sur une brique de lait vendu 99
centimes au consommateur. C'est environ 5 centimes de plus que pour la qualité standard.
Le prix du lait équitable a obligé les industriels à mieux rémunérer le lait bio, faute de quoi
les éleveurs ne voulaient plus se convertir à une production jugée trop contraignante.

Remontée des prix

« L'écart de rémunération entre le lait équitable et le bio, dont le cahier des charges est
encore plus contraignant, n'était plus suffisant pour convaincre des éleveurs de se lancer
dans le bio », explique Emmanuel Vasseneix. Résultat, les industriels paient aujourd'hui le
litre de lait bio entre 48 et 50 centimes aux producteurs, pour une brique de lait vendue
autour de 1,10 euro au consommateur.
La demande suit, au point de représenter 20 % des ventes de lait aujourd'hui en France. La
sensibilité existe et le réflexe bio semble bien acquis « quelle que soit la catégorie
socioprofessionnelle », selon Anne Charlès-Pinault, la directrice générale de Lactel. Le
producteur laitier français a été mieux rémunéré l'an dernier, toutes catégories de lait
confondues, que dans de nombreux pays européens.

Grace à cet article, on peut constater l’engouement autour de cette démarche. CQLP a
engendré un vrai effet de « contagion positif » : d’autres marques se sont lancées dans
l’aventure du lait équitable, dont des grands groupes comme Lactalis. Ce mouvement est
motivé par le changement de habitudes des consommateurs, qui sont sensibles aux produits
bios et équitables.

4) La montagne entreprendre

Dominique Diogon
Publié le 04/05/2021 à 08h00

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Le beurre bio "C'est qui le patron ?!", le plus vendu de France, une success
story made in Auvergne

Le beurre bio de la marque du consommateur « C’est qui le patron ? ! », le plus vendu en
France, est fabriqué par Candia, filiale du groupe coopératif Sodiaal, à Clermont-Ferrand. Un
partenariat qui permet de rémunérer équitablement les éleveurs et de favoriser les
conversions en bio.

En périphérie nord de la capitale auvergnate, au bord de la voie ferrée de l’erratique liaison


Clermont-Ferrand-Paris, la cadence n’est pas la même sur les lignes de production de l’usine
Candia. La filiale du groupe coopératif Sodiaal débite, à très grande vitesse, des dizaines de
plaquettes de beurre vertes à la minute. Aussitôt mises en carton et en palette grâce à une
chaîne totalement automatisée et robotisée, celles-ci seront commercialisées dans les
heures qui viennent partout en France.
Une gestion à flux tendus qui s’explique par l’incroyable succès de ce produit de la marque
du consommateur « C’est qui le patron ?! ». Hors MDD (marques de distributeurs), son
beurre bio est le plus vendu de France, avec une part de marché de 11,3 %, alors qu’il n’est
présent que dans 54 % des magasins et ne bénéficie d’aucune campagne de publicité. Pas
moins de 20 millions de plaquettes ont été écoulées depuis le début de l’aventure en
septembre 2017.
Au-delà de la qualité du produit, garantie par le cahier des charges de l’agriculture
biologique auquel s’ajoutent les contraintes supplémentaires imposées par les
consommateurs lors de l’élaboration du produit, le succès de ce beurre s’explique aussi et
surtout par la démarche elle-même. Celle-ci transforme l’achat en acte citoyen.

« Aujourd’hui, les éleveurs bio de la coopérative touchent 466 € à la tonne. Mais grâce à
« C’est qui le patron ?! », en plus de ce prix de base, 15 centimes par plaquette vendue sont
reversés sous forme de prime à la conversion », dévoile Sandra Tignon, éleveuse à Saint-
Martin-de-Fugères (Haute-Loire) et administratrice Sodiaal. « C’est un coup de pouce très
important parce que pendant les deux ans de la conversion, cela permet de pallier la
différence entre le prix du lait conventionnel et le bio. Et ainsi de faire les investissements
nécessaires et d’être en mesure d’acheter des compléments alimentaires bio qui sont plus
chers. Finalement, cela contribue à privilégier la valeur à la quantité. Ce qui est justement la
philosophie de notre groupe. »

Depuis le lancement de ce beurre bio, plus de deux millions d’euros ont été reversés. Rien
qu’en 2020, 137 éleveurs en conversion en ont profité. « En complément de ce que nous
mettons en place au sein de la coopérative, cela nous a permis d’accélérer les conversions.
Nous avons aujourd’hui plus de 800 exploitations bio en France, soit 10 % de nos
exploitations, qui produisent 210 millions de litres alors qu’en 2015, nous n’étions qu’à
47 millions. Sur le seul département du Puy-de-Dôme, 35 élevages sont déjà passés en bio »,
souligne Jérôme Aubert, président de Sodiaal Massif central et éleveur à Chanat-la-
Mouteyre.

Un cercle vertueux qui est l’ADN même de « C’est qui le patron ?! ». « Moi, ce qui
m’intéresse en tant que consommatrice, c’est une rémunération plus juste pour le

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producteur. C’est pour cela que notre volonté est d’étendre la commercialisation de ce
beurre aux industriels, par exemple de la pâtisserie. Cela permettra d’augmenter les volumes
et de profiter à davantage d’éleveurs », conclut Muriel Fraisse, sociétaire de la marque du
consommateur, installée dans la Loire.

L’usine clermontoise, 160 salariés et 70 ans d’existence, est l’une des deux beurreries de
Sodiaal en France, avec celle de Quimper. « Nous produisons 37.000 tonnes de beurre par
an. Nous transformons annuellement 350 millions d’euros de matière première, dévoile
Laurent Thuus, son directeur. Le beurre bio « C’est qui le patron ? ! » représente 1.300
tonnes, ce qui fait 3,3 % de notre total annuel. Sur nos vingt-quatre références, il n’y en a
pas beaucoup qui atteignent ces 3 %. Une partie de notre production est également
exportée en Asie, en particulier au Japon pour confectionner des viennoiseries françaises
très appréciées là-bas. Avec la loi Égalim, qui va imposer 20 % de bio en restauration
collective en 2022, nous allons lancer des micro-pains de beurre. »

Cet article met en évidence le processus de création d’un produit en particulier de CQLP. Il
doit ainsi respecter non seulement les règlementations de l’agriculture biologique, mais aussi
le cahier des charges établi par les consommateurs sociétaires de CQLP. L’initiative CQLP
fournit également 15 centimes par plaquette vendue sous forme de prime à la conversion
vers le bio. Cela permet alors en complément de l’action sociale, d’accélérer les conversions.
A travers cet article, on saisit également les évolutions à venir et les perspectives de la
démarche : « étendre ce beurre aux industriels » pour « profiter à davantage d’éleveurs » ;
ou encore la loi Egalim.

5) Challenges

Par Jean-François Arnaud le 20/09/21 à 15h00

Loi Egalim 2 : C'est Qui le Patron veut s'inviter dans les négociations entre
agriculteurs et industriels

La proposition de loi du député LREM Grégory Besson-Moreau, dite "Egalim 2", arrive au
Sénat ce lundi 20 septembre. Hasard du calendrier, les négociations annuelles entre les
acheteurs de la grande distribution et leurs fournisseurs débutent au même moment. La
proposition de loi déjà adoptée à l'unanimité en première lecture fin juin par l'Assemblée
nationale, entend redonner aux agriculteurs des marges de manœuvre dans la négociation
des prix qui leur sont payés pour la vente de leur production.

Le fondateur de la marque solidaire "C'est Qui le Patron ?!", qui a permis d’établir des prix
plus justes pour les producteurs de lait notamment, plaide pour que cette loi soit amendée
afin que les membres de sa coopérative de consommateurs puissent participer au bras de
fer annuel sur les prix alimentaires. Des membres qui ont accepté récemment par un vote
majoritaire que leur label puisse être apposé sur d'autres marques commerciales, comme
un label, à partir du moment où elles acceptent de mieux rémunérer les producteurs.

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Challenges - Quatre ans après les Etats généraux de l’alimentation et le vote de la


première loi Egalim, le bilan paraît négatif. Les prix alimentaires ne rémunèrent pas
mieux les agriculteurs ? 

Nicolas Chabanne - Nous ne sommes pas dans les coulisses des négociations
commerciales, mais en effet cela n'a pas fonctionné. Il y a une grande inertie pour mettre
en place des prix qui rémunèrent correctement les agriculteurs. Le consommateur veut
bien faire un effort sur le prix mais à condition de savoir pourquoi et d'avoir l'assurance
que cela permettra de mieux rémunérer les agriculteurs. Lors des états généraux de
l'alimentation, nous y avons tous cru. D'autant que "C'est qui le patron ?!" avait été
souvent citée en exemple. Le président de la République lui-même nous avait longuement
cité, et il nous avait convié à l'Élysée. Aujourd'hui cette proposition de loi part de très
bonnes intentions mais nous avons toujours les mêmes causes et le risque d'avoir les
mêmes effets. Il y a même un risque que cette loi ait des effets pervers. Nous sommes très
attentifs et nous plaidons pour que l'on donne plus de pouvoir aux consommateurs. Ils ont
compris que leur acte d'achat est le moyen le plus puissant pour que la situation
s'améliore.

Une deuxième loi peut-elle améliorer la situation ? 

Nous plaidons pour que ce texte soit amendé afin de donner plus de pouvoir aux
consommateurs. Nous avons le soutien du sénateur du Vaucluse Jean-Baptiste Blanc. Il sait
qu'il y a urgence pour les producteurs et nous a proposé de  déposer une loi à part entière
si le texte actuellement discuté n'était pas amélioré. Ce sera une grande première après
toutes ces lois techniques et de principe qui jalonnent le monde agroalimentaire depuis
quarante ans.

Qu'en pense le gouvernement ? 

Nous sommes en contact permanent avec Julien Denormandie, le ministre de l'Agriculture


et de l'Alimentation. Il nous soutient. Au printemps 2022, nous allons présenter CQLP au
siège des Nations Unies à New-York. L'ONU nous a invités après notre présentation au
Parlement européen l'an passé.

Cet article est une interview de Nicolas Chabanne, fondateur de l’initiative CQLP. Il critique la
loi Egalim qui ne donnait à son sens pas assez de pouvoir aux consommateurs. Il plaide alors
pour des amendements afin de contrebalancer ce problème. De plus, nous apprenons ici que
CQLP est convié au siège de l’ONU pour printemps 2022. Une autre bonne occasion de
partager la démarche à l’internationale.

6) Le Parisien

Par Odile Plichon 
Le 22 avril 2021 à 08h29

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« Les profits reversés ont bondi de 126% en mars » : les produits C’est qui le
patron ?! cartonnent

Cette marque qui créée ses produits alimentaires et décide de leur prix en accord avec ses
clients sociétaires voit ses ventes s’envoler. Tous les bénéfices sont reversés à des actions
de solidarité.

Sur le site C’est qui le Patron ?!, un immense « Bravo à tous » s’affiche en grosses lettres : «
pour le mois de mars, 118 005,59 euros vont pouvoir être reversés pour aider encore plus de
personnes en difficulté grâce à la vente de produits CQLP ». Nicolas Chabanne, le sémillant
patron de cette marque dans l’air du temps, ne boude pas son plaisir. Et pour cause : depuis
que les consommateurs sociétaires de C’est qui le patron ? ! ont décidé, fin 2020, que la
totalité des bénéfices issus de la vente CQLP iraient à des associations de solidarité,
notamment au profit de producteurs, les ventes se sont envolées !

7,6 millions de produits vendus en mars

« Un grand nombre de magasins nous ont appelés, en nous disant qu’ils voulaient distribuer
nos articles à partir de maintenant », se réjouit Nicolas Chabanne. Rien qu’en mars 2021, 7,6
millions de produits ont ainsi été vendus, pour un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros. «
Cette accélération des ventes porte sur tous les produits, qu’il s’agisse du lait, des œufs, des
yaourts, des sardines, de la farine, etc. », énumère Nicolas Chabanne, ravi que « grâce à
cette mobilisation, les profits reversés aient bondi de 126 % en mars ». L’argent alloué, via le
Fonds de solidarité de la marque, ira à des producteurs en difficulté, mais aussi au personnel
soignant, à des commerçants victimes du Covid, ou encore à des programmes de protection
des abeilles.

« Consommer des produits qui permettent de créer une chaîne de valeur positive fait sens
pour beaucoup de gens dans le contexte actuel, décrypte Nicolas Chabanne, persuadé que
cette mobilisation des consommateurs en faveur de ces produits représente un formidable
espoir pour la suite ».

Le reversement intégral des bénéfices à des actions de solidarité se poursuivra au moins


jusqu’à la fin 2021, à la suite de quoi « nous referons un point, mais au moins la moitié des
profits continueront à être reversés à terme ». Créée en 2016, d’abord avec le lait comme
premier article emblématique, la marque C’est qui le patron ? ! commercialise actuellement
une trentaine de produits différents, pour un chiffre d’affaires annuel d’environ 100 millions
d’euros. Les prochains articles estampillés CQLP devraient être la crème fraîche, et «
pourquoi pas, rêve Nicolas Chabanne, le lait bio ».

Cet article permet de comprendre le caractère social de la démarche CQLP. Premièrement,


l’entreprise est gérée par des consommateurs sociétaires qui décident de l’allocation des
ressources et prennent les décisions importantes pour l’entreprise. C’est une démarche qui
s’étend au-delà du domaine agricole : les bénéfices de 2021 profiteront non seulement aux
producteurs mais aussi au personnel soignant, aux commerçants victimes du Covid ou encore

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à des programmes de protection des abeilles. On voit également que les consommateurs
apprécient cette logique aux vues du l’augmentation de 126% des profits reversés en mars.
CQLP apparait comme les instigateurs d’une « chaine de valeur positive qui fait sens pour
beaucoup de gens dans le contexte actuel » de la crise sanitaire.

7) Figaro Economie

Par Jean-Baptiste de la Torre
Publié le 02/10/2019 à 19:11, mis à jour le 02/10/2019 à 19:11

Avec son application, C’est qui le patron ?! veut concurrencer Yuka

Après la marque C’est qui le patron ?! qui rémunère les producteurs «au juste prix »,
Nicolas Chabanne, son fondateur, va lancer cet hiver C’est quoi le produit ?! Cette
application, sur le même principe que Yuka, doit permettre de noter les produits sur la
base de leur prix, de leur qualité et de leur impact écologique.

Avec ses 11 millions d’utilisateurs, Yuka fait des envieux. De nombreuses


applications tentent dans son sillage de se positionner sur le marché de l’information aux
consommateurs. Après avoir bousculé le marché agroalimentaire, « C’est qui le patron ?!»
annonce le lancement d’une nouvelle application, C’est quoi le produit ?!, sur le modèle de
la célèbre marque à la carotte qui permet de connaître l’apport nutritionnel d’un produit en
le scannant avec son smartphone.

Depuis son lancement il y a trois ans, au départ uniquement avec des briques de lait, C’est
qui le patron ?! a déjà vendu plus de 150 millions de produits en France, un record pour un
nouvel entrant sur le marché. Le concept ? Les sociétaires de la marque fixent ensemble le
prix qu’ils considèrent le plus juste, pour le producteur comme pour le consommateur. Et
cela fonctionne, puisqu’au-delà des bons résultats de vente, la rémunération moyenne des
producteurs de lait travaillant avec C’est qui le patron ?! est passée de 21 à 39 centimes par
litre, selon la marque.

Critères personnalisés :

Comme aime à le répéter Nicolas Chabanne, le fondateur de C’est qui le patron ?!, l’objectif
de l’application est de « donner le pouvoir aux consommateurs. Pour cela, C’est quoi le
produit ?! donnera la possibilité à l’utilisateur de choisir ses propres critères de sélection.
Contrairement à Yuka, qui se focalise sur l’apport nutritionnel, C’est quoi le produit ?!
prendra en compte le prix, l’éthique, la qualité, le respect de l’environnement ou encore
l’origine du produit.

Chacun pourra donner plus ou moins d’importance à ces différents critères. La note sur 100
attribuée sera donc différente pour chaque consommateur. Ainsi, lorsque le client scannera
son café sur l’application, celle-ci indiquera dans quelle mesure ce dernier correspond à ses

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attentes. Elle précisera également les autres produits correspondant à ces préférences
personnelles.

Un fonctionnement coopératif :

L’application utilisera la base de données du site Mesgoûts.fr, créé en 2012 par Laurent
Pasquier, l’un des cofondateurs de la marque C’est qui le patron ?! Initialement, il fallait
entrer manuellement le nom du produit dans la base pour obtenir sa note, ce qui explique
sans doute son moindre succès face à Yuka, même si depuis, le système de scan a également
été adopté. Mesgoûts.fr est sans doute arrivé trop tôt », concède Nicolas Chabanne, « mais
cette histoire nous permet de développer une solution de qualité aujourd’hui », assure-t-il.
L’entrepreneur affirme que «la base de données développée par Laurent Pasquier est plus
précise que celle utilisée par Yuka ». Sur mesgoûts.fr, le cofondateur de la marque des
consommateurs a rentré 25.000 références manuellement. Bien peu face aux 800.000
références de Yuka. Mais d’après lui, le fonctionnement coopératif de son application va
permettre de combler ce retard rapidement.

Pour cela, le groupe a créé une structure annexe, « l’Atelier consommateur et citoyen », qui
« passera à la moulinette les marques qui le souhaitent », explique Nicolas Chabanne. Le
principe est simple. Un groupe de huit à dix « consommateurs référents » va effectuer
bénévolement l’audit d’un produit, en plusieurs étapes. « Les acteurs qui acceptent ces
règles passeront une phase d’évaluation », détaille-t-il. « Les consommateurs jugeront de
l’état d’esprit de la marque, en allant directement sur le terrain. Puis dans un second temps
les produits seront évalués selon notre cahier des charges », poursuit-il. L’audit sera filmé
dans son ensemble pour assurer la pleine confiance dans le travail des consommateurs
référents.

Comme pour C’est qui le patron ?! l’objectif à long terme est d’influencer les pratiques des
distributeurs. « Nous ne pouvons pas créer 10.000 références, mais grâce à l’application
nous pouvons dire clairement aux marques ce que les consommateurs attendent d’eux »,
déclare Nicolas Chabanne. Une motivation qui ne peut qu’être renforcée par l’exemple du
succès de Yuka en la matière, qui a réussi à conduire Intermarché à modifier la recette de
plus de 900 produits.

Cet article nous expose le projet de création de l’application « C’est quoi le produit ?! »
entrepris par l’initiative CQLP de Nicolas Chabanne. En termes de fonctionnement, on
constate qu’elle se rapproche beaucoup de Yuka, l’application phare pour ce type de service
sur l’information client. Néanmoins, les principes qui font l’ADN de la marque du
consommateur se retrouvent dans cette future application. En effet, ces derniers choisissent
eux même les critères sur lesquels les articles sont notés. De plus, malgré le faible nombres
de références face à Yuka, « C’est quoi le produit ?! » possède une belle marge de
progression grâce à son fonctionnement coopératif et la mise en place de « l’Atelier
consommateur et citoyen ».

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Présentation générale :
C’est qui le patron ?! est une société coopérative d’intérêt collectif créée en 2016 par Nicolas
Chabanne dans le secteur agro-alimentaire. L’entreprise suit une logique sociale en
proposant aux consommateurs de se responsabiliser dans leurs achats. En effet, la marque
communique essentiellement sur une rémunération des producteurs à la juste valeur de leur
travail. En ce sens, cette marque devient un acteur majeur du commerce équitable en France
et commence à rayonner à l’étranger. Cette démarche entre en opposition frontale avec le
système mis en place par les grandes industries de super marché, qui abaissent au maximum
la rémunération de leurs producteurs pour maximiser leur profit et réduire les coûts. Le
produit de référence de la marque C’est qui le patron ?! est le lait, très reconnaissable par la
couleur bleue des briques. Aujourd’hui, la marque compte une vingtaine de références,
toutes ajoutées par rapport aux résultats de votes en ligne ouverts à tous. CQLP en quelques
chiffres, c’est 15 salariés, 8000 sociétaires, une gamme de 15 produits et un chiffre d’affaires
annuel d’environ 100 millions d’euros.

Analyse PESTEL de l’entreprise :


Opportunités Menaces
Politique L’écologie est le Les barrières de l’état,
développement durable l’attentisme.
sont des combats L’Union européenne rend le
éminemment politiques : les terrain délicat au vu du
gouvernements peuvent nombre des adhérents.
mettre en place des facilités.
Économique En tout que produits
consommables, les produits
CQLP sont assujettis au
pouvoir d’achat et aux
critères tels que l’inflation
ou le prix du transport.
Socio-culturel Prise de conscience du
consommateur sur ses
achats : changements des
habitudes de consommation
 Consom-acteur
Le social à le vent en poupe
depuis une dizaine d’année.
On se tourne vers le local, la
nature, l’équité. Cela rejoint
la notion de « société du
bien-être », healthy et
sportive qui est visée de plus

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en plus par les citoyens.


Technologique Les avancées Les avancées
technologiques ont permis technologiques ont amené
l’essor des nouveaux l’apparition de moyens de
appareils numériques production intensifs.
(smartphones, ordinateurs)
et des plateformes de mise
en relation (réseaux
sociaux). Ces plateformes
constituent une véritable
vitrine, un moyen de
publicité privilégié par CQLP.
En effet, les décisions sont
prises collectivement par
l’intermédiaire de vote en
ligne des adhérents.
Environnemental Le principe de CQLP est de
privilégier une
consommation engagée, qui
s’inscrit dans la démarche
de la prise de conscience
quant à nos habitudes de
consommation et notre
impact sur l’environnement.
Une consommation locale
limite la pollution (ex :
temps de transport)
Légal Un projet de loi concernant
la juste rémunération des
producteurs est en train
d’être étudiée et fait
référence directement à
l’initiative CQLP (21
septembre 2021)

Structure de l’entreprise : organigramme

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Les évènements et évolutions récentes de C’est qui le patron ?!


La marque du consommateur à subit de nombreuses évolutions depuis sa création en 2016.
En effet, la démarche se développe à l’internationale. Après l’Allemagne, la Belgique,
l’Espagne, la Grèce, l’Italie ou encore le Maroc, c’est au tour des consommateurs des Pays-
Bas de lancer Onze Markt (« Notre marché » en néerlandais) en juillet 2021. Leur produit
phare est la patate, produit populaire aux Pays-Bas ayant connu une importante crise durant
les confinements. Autre évolution de la démarche : la création de l’application « C’est qui le
patron ?! » qui permet de signaler les produits présents autour de chez nous et d’en
demander d’autres en magasin. De plus, l’application « C’est quoi le produit ?! » est en cours
de développement. Elle permettra d’informer le consommateur sur divers aspects d’un
produit : l’éthique, les ingrédients, en respectant ses propres critères. La marque du
consommateur n’utilisant aucune forme de publicité à la télévision ou autre, il est important

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qu’elle soit présente sur les plateformes numériques et les réseaux sociaux. Enfin, l’ampleur
de l’initiative a motivé la mise à l’étude d’un projet de loi le 23 septembre 2021, reposant sur
le principe de C’est qui le patron ?!, protéger la rémunération des producteurs. Une loi
Egalim à déjà été votée et une autre est en cours de discussion.

Portrait de Nicolas Chabanne :


Nicolas Chabanne, initiateur de la démarche CQLP est un personnage haut en couleur.
D’origine ardéchoise, il vit à Madagascar où son grand père était parti s’installer avant la
guerre. Ce dernier fut le premier à importer le poivre vert en France et à développer
l’industrie de la pêche à la crevette sur la Grande Ile. C’est certainement de son aïeul que
Nicolas Chabanne tient son esprit innovant et précis. Il a obtenu un bac littéraire à
Carpentras, puis a étudié à la faculté de lettres de la Sorbonne sans obtenir le diplôme.
Depuis toujours, il est porté sur le social, s’investissant en 2003 comme chargé de la
communication à la Confrérie de la fraise de Carpentras ou encore en 2004 en créant le label
« les petits producteurs ». C’est en 2014 qu’il lance son premier grand projet « gueules
cassées ». Le but était de vendre des fruits et des légumes avec des défauts d’aspect à un
prix moins cher plutôt que de les jeter. Enfin, en 2016, c’est la sortie de C’est qui le
patron ?!. Nicolas Chabanne confie avoir eu l’idée de créer « La marque du
Consommateur », qui choisiraient alors eux même du cahier des charges des produits mis en
vente, et de la rémunération des producteurs. Deux ans après, le lait C’est qui le patron ?!
devient le lait le plus vendu en France (après le 1er prix).

Conclusion
Au regard des articles présentés, l’initiative « C’est qui le patron ?! » se démarque par sa
politique, son mode de fonctionnement coopératif et son rayonnement à l’international.
« C’est qui le patron ?! » c’est d’abord Nicolas Chabanne. Cet entrepreneur, grand
communiquant, qui a depuis toujours cette fibre sociale : de la Confrérie de la fraise en 2004
à CQLP en 2016 en passant par les gueules cassées en 2014. « C’est qui le patron ?! » est
devenu une référence sur le territoire français avec des nombreuses marques qui se sont
lancées dans cette aventure éthique ; mais aussi à l’étranger avec l’adaptation de la
démarche notamment en Belgique, en Espagne ou encore au Maroc. Foncièrement sociale,
CQLP exerce des actions comme le versement de la totalité de ses bénéfices de 2021 aux
personnes en difficulté. CQLP est également une coopérative dans l’air du temps comme en
témoigne le développement de leur application « C’est quoi le produit ?! » permettant aux
consommateurs d’avoir des informations sur les produits. Enfin, la marque du
consommateur est prise comme exemple pour l’élaboration de projets de loi ou encore pour
la création des lois Egalim.

C’est une initiative en pleine expansion qui ne cesse de grandir, répondant à de nouvelles
logiques de consommations, plus éthiques et soucieuses de l’environnement.

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