Vous êtes sur la page 1sur 3

Critique du lm :

Jeune Femme de Léonor Seraille.

Un lm minutieux.

La première pensée que j’ai eu à la n du lm était sur le montage, très travaillé, très
particulier. Une sensation d’avoir cassé le rythme, c’est ce que j’ai ressentis. Je me souviens
m’être étrangement amusée durant le lm à remarquer ces moments où les plans sont coupés en
pleins milieu d’une action, où même parfois dans un sou e. J’ai trouvé cette manière de monter
intéressante puisque c’est rare d’avoir un montage qui s’amuse à casser le rythme, on a souvent
l’habitude de voir un montage très propre ou complètement l’inverse, mais ici c’est assez subtil
pour attiré mon attention là dessus durant le lm.

L’esthétique du lm est très bien travaillé, Emilie Noblet, la directrice de la photographie à


fait un travail appliqué et aussi symbolique, avec Seraille. Ce qui m’as le plus marqué, ce sont les
couleurs.

En e et, lorsque Paula entre dans l’appartement de Joachim pour la première fois, l’ambiance est
très froide, dans les tons gris, blancs et bleus. La lumière est principalement blanche, nous
sommes de jour et dans un espace très spacieux.

A l’inverse, L’appartement de Ousmane est très chaleureux, dans les tons rouges, jaunes,
oranges. C’est petit et il fait nuit.

Explicitement, Léonor Seraille nous emmène dans des contraires très symboliques par rapport
aux relations entre les personnages et leur personnalités : Joachim, artiste photographe en vogue,
qui a rejeté Paula, et Ousmane, l’agent de sécurité, père d’une petite lle qu’elle apprends à
connaitre tout au long du lm, et avec qui elle tisse des liens intimes.

Il y a notamment beaucoup de plans symboliques dans Jeune Femme, mais il y a un plan


qui revient souvent et qui m’a particulièrement touché. Précisément, un plan large, en plongée, en
vue du dessus, réapparaît plusieurs fois. Des plans où l’on peut apercevoir Paula au milieu de la
foule parisienne, très voyante avec son manteau rouge qu’elle porte presque tout le long du lm.
Ce plan décris, selon moi, très bien, une Paula perdue, sans repères, au milieu de cette masse de
gens. Seule, cette petite tache rouge qui erre dans les rues de Paris à la recherche d’une identité.

De plus, le dernier plan du lm, est un plan plus serré, sur son visage, dans la lumière, c’est la
seule fois où nous pouvons parfaitement voir ses yeux vairons. Paula à peut-être, en n trouvé son
identité et peut repartir avec ses propres repères.

Certain·e·s spectateurs.ices peuvent ne pas aimer ce style de réalisation puisque la


réalisatrice nous donnes ici sont avis explicitement, certain·e·s peuvent ne pas trouver de la
liberté, ou que l’intrigue est trop évidente. Pour ma part, j’ai trouvé que dans ce lm, ce n’était pas
dérangeant car il montre aussi le regard d’une femme dans un monde où le symbole de l’homme
est présente partout.

Plus qu’une femme à la recherche de son identité.

Si je devais donner un autre titre à ce lm je l’appellerai tout simplement : Jeunes


Femmes.

Le sujet principal du lm est l’histoire d’une femme qui apprend à vivre seule, elle qui à toujours
vécu dans les bras de quelqu’un, que ce soit ses parents ou Joachim. Je trouve, qu’il y a une
autre dimension à ce lm, une deuxième histoire qui se raconte en parallèle.

En e et, tout au long du parcours de Paula, nous rencontrons divers personnages, qui, justement
vivent seuls. Nous rencontrons trois personnages importants : Sylvia, jeune mère de famille, dans
une situation aisée, sans compagnon ou compagne, Ousmane, un jeune père d’une petite lle,
situation précaire et Yuki jeune femme, très libre, indépendante et heureuse. Ces trois
personnages sont, d’après moi, des clés pour le développement personnel de Paula.

1
ff
ff
fi
fi
fi
fi
fi
fi
fi
fi
fi
fi
fi
fi
ffl
fi
fi
fi
fi
fi
Paula arrive au début du lm à Paris encore enfermée dans sa dépendance émotionnelle vis à vis
de Joachim, elle va croiser ces trois personnages qui vivent seuls.es qui s’en sortent (plus ou
moins) et qui vont englober Paula comme pour l’accompagner dans son chemin vers
l’indépendance. Même les plus petits rôles vont nous montrer des femmes seules, par exemple
les employées du magasin de lingerie que nous voyons souvent seules dans les plans ou qui
donnent l’impression d’une certaine solitude. Tous ces personnages tous aussi di érents
qu’importants vont aider Paula à s’avoir ce dont elle a besoin, envie, ce dont elle est capable,
d’où les choix qu’elle va faire à la n du lm. Avorter, Partir, quitter dé nitivement Joachim…etc.

Nous pouvons ressentir une grande présence féminine derrière ce lm. D’abord par les
personnages féminins très importants et nombreux, et ensuite, par le regard que porte la
réalisatrice sur le monde et les hommes.

Léonor Seraille à en e et, choisi d’avoir un regard assez péjoratif sur les hommes. Non seulement
le lm nous montre l’émancipation émotionnelle d’une femme par rapport à un homme qu’elle a
connu très jeune, mais aussi, il nous montre des dialogues ou des comportements de
personnages masculin inquiétants et dans le jugement des femmes.

Le personnage de Joachim apparait physiquement tard dans le lm, on n’entends que sa


voix, ou nous avons des mentions de lui par d’autres personnages. Une fois à l’écran, nous
sommes très peu en empathie avec lui. Surtout qu’il nit par agresser sexuellement Paula.

Selon moi, je trouve cela dommage de montrer un regard comme celui-ci à l’écran, (même
si Ousmane et certains personnages font une exception). Le lm raconte déjà tant de choses
avec ces femmes indépendantes qui entourent Paula et le parcours de Paula en lui-même.

Toutefois, nous pouvons nous poser la question suivante : Est-ce le regard de Paula sur le
monde ou celui de la réalisatrice ?

Dans tout les cas, c’est un point de vu a rmé et assumé qui fait partie du monde d’aujourd’hui et
c’est une voix de plus à entendre dans le milieu culturel.

De plus, l’équipe technique est principalement composé de femmes : montage,


production, scénario, composition…etc

Nous avons pu voir que Seraille à fait un travail minutieux sur l’esthétique de son lm et
sur le propos du lm. Nous pouvons notamment remarquer un travail minutieux sur les rôles
secondaires.

Une valorisation des rôles secondaires et du jeu.

Ayant lu le scénario avant de voir le lm, j’avais déjà remarqué que certains rôles
secondaires et petits rôles étaient en fait très importants et valorisés. Que ce soit un médecin, un
passant croisé dans la rue ou une vendeuse, Léonor Seraille a pris le temps de travailler leurs
dialogues et apparitions. Ce qui est rare dans le cinéma français, qui a tendance à e acer les
petits rôles ou à les écrire en vitesse.

Ici, nous pouvons ressentir un amour de l’écriture et de la construction des personnages


de la réalisatrice qui est aussi l’auteure du scénario. C’est un bonheur à voir à l’écran car on a le
temps de savourer les petites apparitions qui sont si importantes.

De plus, le personnage de Paula aime profondément les humains et est très curieuse. Elle ne va
pas hésiter à s’intéresser à quelqu’un qu’elle ne connait pas du tout. À parler aux gens sans
ltres, sans faire de distinctions entre eux, même les enfants.

C’est pourquoi, le fait d’avoir des rôles secondaires plus importants correspond parfaitement au
personnage de Paula.

Le jeu de Leatitia Dosch amène d’ailleurs une belle couleur au personnage de Paula
Simonian. Il y a un détail que j’ai remarqué et qui m’a beaucoup plu dans sa subtilité, les scènes
dans des hôpitaux. Paula se retrouve plusieurs fois devant un médecin (blessure, grossesse,
avortement) et à chacune de ces séquences, Leatitia incarne une Paula agitée, ne tenant pas en
place, posant des questions ou parle d’autres choses qui n’ont rien à voir avec le sujet. Je me
2
fi
fi
fi
ff
fi
fi
fi
ffi
fi
fi
fi
fi
fi
fi
ff
ff
fi
suis dit que ça représentait parfaitement bien le malaise de Paula dans ces lieux, face à un
médecin.

Pourtant, j’ai eu du mal à «  m’adapter  » au jeu de Leatitia Dosch, ça n’a pas duré
longtemps mais je n’ai pas réussi à tout de suite rentrer dans le lm. Je ne sais pas si c’est sa
voix ou ce début très perturbant et déstabilisant.

Léonor Seraille a su m’emmener dans son univers, très minutieux, très mère poule avec
ses personnages mais aussi très explicit sur une vision péjorative des hommes, de la société
aussi. J’ai toutefois parcouru Paris aux cotés de Paula avec amusement et émotions.

3
fi

Vous aimerez peut-être aussi