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SOUFFRANCE AU TRAVAIL A L’ADMINISTRATION CENTRALE
Risques psychosociaux : c’est quoi ?
L’administration adore ce type de terminologie, censée apporter une caution scientifique.
De notre côté, nous préférons parler de souffrance au travail, terme jugé « réducteur » par le SAAM.
Selon nous, une personne soumise à un stress dans le cadre de son activité professionnelle, quelle qu’en
soit l’origine, n’est pas un agent entrant dans une catégorie de risque « psychosocial », mais avant tout
une personne qui souffre, Il est grand temps de revenir à une gestion tout simplement … humaine.
Si les appellations sont diverses, elles recouvrent néanmoins une même réalité, liée à des situations
telles que :
la charge de travail (physique ou intellectuelle),
les relations de travail (hiérarchiques ou entre collègues), incluant la question des méthodes
d’encadrement, de la reconnaissance au travail, du harcèlement,
l’organisation du travail, les restructurations, réorganisations, déménagements, etc…
les conflits entre les attentes de la hiérarchie et celle des agents (notamment sur l’articulation entre
vie privée et vie professionnelle ou sur l’écart constaté entre le travail demandé et ce que l’agent
considère comme un travail de qualité).
Une pr ise en compte au niveau européen
L’émergence, pour ne pas dire l’explosion, des situations de stress au travail depuis une vingtaine
d’années constitue l’un des problèmes majeurs auquel les organisations européennes, aussi bien du
secteur privé que du secteur public, ont à faire face. Les directives européennes, les nombreux rapports
et accords réalisés dans un cadre européen constituent des apports précieux en vue d’introduire ou de
renforcer les politiques spécifiques sur le stress à un échelon national.
Citons, notamment :
la directive 89/391/CEE du Conseil de l’Union européenne du 12 juin 1989 sur la santé et la
sécurité des travailleurs,
l’accord cadre intersectoriel européen sur le stress au travail de 2004,
la position commune européenne sur le stress au travail dans les administrations centrales, du 19
décembre 2008,
les travaux des représentants européens des administrations et des syndicats du secteur de la
fonction publique d’Etat, qui ont conduit à la remise d’un rapport, le 16 novembre 2009, avec
des exemples de bonnes pratiques dans différents pays de l’Union européenne, dont la France.
Au niveau national …
Citons, parmi les documents de référence :
. l’accord national interprofessionnel sur le stress au travail, du 2 juillet 2008, qui transpose
l’accord cadre européen du 8 octobre 2004 sur le stress au travail. Si cet accord concerne le secteur
privé, les avancées qu’il contient ainsi que l’analyse des accords de branche qui ont pu en découler
méritent de s’y intéresser. En effet, les problématiques de souffrance au travail se rejoignent sur de
nombreux points, que l’on soit salarié du privé ou agent de la fonction publique.
Cet accord constitue une étape, les employeurs ayant enfin reconnu que le stress ne pouvait pas être
réduit à un simple problème de fragilité individuelle et que l’organisation du travail était en cause.
Malheureusement, la plupart des accords signés depuis dans les entreprises montrent une nette tendance
à éviter tout débat concret sur le travail et son organisation et à s’en tenir le plus possible à des
questionnaires, à la mise en place d’indicateurs ou encore de formations à la gestion du stress.
A méditer ….
. le guide en vue de prévenir et de traiter les situations de stress et de har cèlement, réalisé par un
groupe de travail du CHS du ministère de l’agriculture en 2008. Ce document remarquable, constitué
de 24 fiches, mérite, selon nous, d’être largement diffusé. Nous invitons d’ores et déjà le SAM à s’en
inspirer…
Ce guide souligne notamment la nécessité de garantir des ressources humaines et financières
appropriées, fondement d’un environnement de travail sain.
. l’accord du 20 novembre 2009 sur la santé et la sécurité au travail dans la fonction publique,
signé par 7 organisations syndicales, que les administrations doivent maintenant décliner, chacune à
leur niveau.
Et à l’administr ation centrale ?
L’existence d’accords ou de documents de référence, aussi intéressants soientils, ne suffiront pas,
hélas, à garantir des résultats. Seule une réelle volonté de progresser et de proposer des réponses
concrètes à des problèmes humains trop souvent laissés de côté permettra d’avancer sur ces questions.
Ø un alibi pour la fonction publique ?
La mise en place, en juillet 2010, d’un groupe de travail sur la prévention du stress, dans le cadre du
CHS de l’administration centrale, a permis d’entretenir l’espoir que cette volonté était là, enfin.
Malheureusement, un an après, le constat est décevant et nous amène à nous interroger sur la
motivation du SAAM à aller audelà de quelques mesures « a minima », destinées avant tout à rassurer
la DGAFP (fonction publique).
L’administration centrale doit en effet rendre des comptes sur la mise en œuvre, au sein de ses services,
de l’accord du 20 novembre 2009, d’où, selon nous, ce soudain empressement à envoyer le maximum
d’agents en un minimum de temps dans des formations « RPS ».
Cette soudaine accélération ne peut en effet apparaître que suspecte si on la compare au rythme de
travail actuel du groupe : 3 réunions par an ….
Si ces mesures nous apparaissent souhaitables, et répondent même pour une bonne part à notre
demande, elles ne sauraient constituer à elles seules une véritable politique de prévention et de
traitement de la souffrance au travail.
En tout état de cause, nous ne continuerons pas à cautionner indéfiniment l’existence d’un groupe
de travail qui ne s’engagerait pas dans un vrai travail de fond.
Il faut aller plus loin ….
Ø Les per spectives ; ce que nous demandons pour l’instant, et que le SAAM
r efuse …
Hormis les trois mesures évoquées, voici 2 exemples de refus de l’administration, qui témoignent d’une
volonté de verrouiller toute velléité d’avancer réellement :
Aucune direction n’est épargnée. Depuis plus d’un an, la persistance de certaines de ces situations
connues, que l’administration semble incapable de résoudre, nous amène à poser un constat d’échec.
Il faut donc envisager d’autres modalités d’action.
C’est pourquoi nous demandons la création d’une instance capable, à la fois, de recevoir les plaintes
d’agents estimant être en situation de souffrance au travail, de les traiter et d’en assurer un suivi, tout en
garantissant, bien entendu, une confidentialité absolue.
Cette cellule, pluridisciplinaire (administration, représentants du personnel, médecins, assistantes
sociales, mais aussi, éventuellement d’un ACMO ou d’un expert extérieur, de façon ponctuelle) serait
le garant, en rendant compte au CHS de son bilan, d’une réelle prise en charge de ces problèmes.
Pour l’instant, nous essuyons un refus catégorique du SAAM, qui ne voit pas l’intérêt d’une telle
structure. Evidemment, il est plus aisé de rester « entre soi » et d’essayer d’étudier ces situations « en
catimini ».
Pour nous, la transparence est une garantie. Nous ne manquerons pas de revenir sur cette revendication.
2°) la participation d’un intervenant extérieur aux travaux du groupe
Si vous avez suivi les formations RPS proposées en mai/juin 2011, vous avez sans doute eu l’occasion
d’apprécier la qualité de l’intervenante, psychologue du travail (société Technologia), dont l’expérience
en matière de prévention des risques psychosociaux nous a conduit à demander auprès du SAAM son
intégration au sein du groupe de travail.
Pourquoi, en effet, se priver de l’apport d’une personne compétente et expérimentée, en particulier dans
un domaine où un regard extérieur est primordial. ?
La réponse apportée par l’administration sur ce point est affligeante (« nous n’allons quandmême pas
nous laisser dicter notre travail par une société extérieure »), et ne témoigne pas d’un esprit d’ouverture
extraordinaire …
Réponse cocasse s’il en est lorsque l’on connaît les ponts d’or offerts par l’administration à certaines
sociétés de consultants (dont le cabinet Mac Kinsey en est la plus récente illustration).
Et maintenant ?
Nous revendiquons l’élaboration d’un véritable plan d’actions ayant vocation à être signé par les
organisations syndicales représentées à l’administration centrale.
Notons au passage que seul le Front syndical est actuellement engagé dans ces travaux, les autres
syndicats semblant curieusement se désintéresser de ces questions.
Vaste chantier donc, dont de nombreux aspects restent encore à traiter, tels que le stress lié aux
entretiens d’évaluation, la prise en compte de la souffrance au travail dans le document unique (qui
recense l’ensemble des risques professionnels pour l’administration centrale), la RGPP, les
restructurations, etc…
Afin de nourrir la réflexion en cours, et pour que nous soyons mieux à même de relayer vos
préoccupations, nous vous invitons à nous faire part de vos attentes, de vos expériences, des situations
de stress que vous avez pu connaître ou êtes actuellement en train de vivre.
Contactez les membres du Front syndical participant au groupe de travail :