Introduction
Introduction à la morphologie 1
La morphologie est l’étude des morphèmes et de leur combinaison pour former des mots. Les
morphèmes sont les plus petites unités de significations qui constituent des mots ou des parties de
mots.
Prenons les mots chat, avec, homme. Ils ne peuvent pas être décomposés en unités plus petites. Par
contre jardinage ou parapluie peuvent être décomposés en jardin-age et para-pluie.
Les morphèmes peuvent donc être des mots simples comme chat, avec, homme, jardin, pluie, tandis
que d’autres ne pourront être utilisés seuls et ne seront que des parties de mots
comme age et para par exemple.
• Verbe: bronzer
Certains morphèmes qui ne peuvent être utilisés seuls « ajoutent » un sens qui peut être similaire à
un grand nombre d’autres morphèmes qui sont des mots simples. Si j’ajoute « -age » à « bronzer »,
je crée un nom : bronzage qui signifie « action de bronzer », si j’ajoute ce même morphème à
d’autres verbes, j’obtiendrai des noms qui auront aussi le sens de « action de + verbe source ».
Virtuellement, tous les verbes pourraient avoir des noms dérivés de ce type MAIS les locuteurs
d’une langue créent et utilisent un nombre défini de mots, même si le nombre de mots
morphologiquement acceptables » dans leur langue est infini. Quand j’apprends une langue, je ne
suis pas dans une position de créateur de nouveaux mots mais de « découvreur » de mots existants.
Le dictionnaire me sert dans cette découverte.
Exemple :
abordage [abɔʀdaʒ] nom masculin
verbe Nom (action de) Adjectif (qui permet Adjectif (qu’il est
de…) possible de…)
bronzer bronz-age bronz-ant/ante NON
aborder abord-age
Je veux maintenant savoir s’il existe un adjectif en « -ant » qui dérive de aborder. Je vais chercher
« abordant » dans mon dictionnaire. Le mot n’apparait pas comme entrée du dictionnaire. J’en
déduis qu’il n’existe pas :
verbe Nom (action de) Adjectif (qui permet Adjectif (qu’il est
de…) possible de…)
bronzer bronz-age bronz-ant/ante NON
aborder abord-age NON
Dans le deuxième exercice, je vous demande de faire la même chose mais en vérifiant cette fois
que dans la liste de mots donnés, « –ée » est bien un morphème qui signifie « contenu de …. »
comme pour cuillère et cuillerée :
Une cuillerée de sucre, c’est une quantité de sucre qui correspond au contenu d’une cuillère,
et en effet voilà la définition du Petit Robert :
■ Contenu d'une cuillère. Prendre une cuillérée de sirop. Ajouter une cuillérée à soupe de
farine. LOC. Une cuillérée pour papa, pour maman, formule d'encouragement à manger,
adressée aux jeunes enfants.
Exemple de « endimancher »
endimancher(s') [ɑ̃dimɑ̃ʃe] verbe pronominal (conjugaison 1)
ÉTYM. 1572 ◊ de en- et dimanche
❖
en-dimanch(e)-er
3 morphèmes :
-dimanch(e) (lexème)
à lire : http://www.academie-francaise.fr/la-langue-francaise/le-francais-aujourdhui
Vous pouvez consulter aussi le livre de Henriette Walter, Le français dans tous les sens (en
partie lisible sur google books ). Site du CNRTL (portail lexical). Vous pouvez consulter la partie
etymologie si vous n’avez pas le dictionnaire Le Petit Robert.
Composition / dérivation
Les divergents oraux (26%). Féminin à finale consonantique forte graphiée consonne+e
Il est un peu pâlot, je mange un poulet Elle aussi est pâlotte, j’ai bu la bouteille
finale vocalique fermée
entier entière
Un pays lointain, un air argentin, son Une ville lointaine, une chanson
Finale nasalisée
frère est brun argentine, sa sœur est brune
Finale assourdie (v-f) Un esprit vif Une intelligence vive
Les divergents . Finale totalement différente (9%).
Termes suffixés –eur/-euse; C’est un coq batailleur, un mot C’est une poule batailleuse, une image
teur/trice évocateur évocatrice
5. L'étymologie
Permet d’avoir accès à la seule partie étymologique des articles du Trésor de la Langue française
informatisé. Pour ceux qui n’ont pas le Petit Robert vous pouvez l’utiliser pour vos exercices mais
l’étymologie du Petit Robert est beaucoup plus facile à comprendre
Permet de rechercher des termes normalisés en France correspondant le plus souvent à des
anglicismes à éviter.
Lectures conseillées:
La dérivation affixale
Le sens des affixes est parfois clairement définissable, souvent difficilement généralisable
-oir
-age
a) action de …. b) ensemble de ….
-ette
-ier
3. Cumul d’affixes
Anticonstitutionnellement
Anti-constitu(er)-tion- el(le)-ment
mystér(e)-i-eux ou mystér(e)-ieux
Etc.
La « décomposition morphologique »
Vous lirez pour cette partie l’extrait du Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure
(“Synchronie, diachronie, structuralisme et histoire autour de la langue”)
Démotivation :
Avec le temps un mot peut perdre sa motivation (sa relation à un sens à l’origine de sa
dérivation ou composition).
Ex : lun(e)-ette n’est plus divisible en deux unités morphologiques: ce n’est plus une petite (-
ette) lune.
Remotivation :
Avec le temps un mot peut perdre sa motivation (sa relation à un sens à l’origine de sa
dérivation ou composition) et en prendre une nouvelle par ressemblance avec une autre
forme. Cfr exemple de Saussure de décrépit/décrépi ou choucroute décomposé aujourd’hui par
tout locuteur du français en chou + croûte.
Le locuteur décompose en morphème non selon étymologie (décomposition “savante”) mais
selon des critères qui dépendent du système (la langue en synchronie) et en particulier de
relation paradigmatiques que nous verrons plus en détail
Par ex :
Géographe vient du latin geographus (un seul morphème étymologiquement) qui vient du grec
geographos mot dérivé en grec de deux morphèmes (geo / graphos)
Oui mais… le préfixe « géo- » existe en français et a été emprunté au grec avec le sens de
« terre »
Oui mais… le suffixe « -graphe » existe en français et a été emprunté au grec avec le sens de
« personne qui s’occupe (spécialiste) de … »
géo – graphe
3. L’analyse morphologique
Chaque élément est employé plus d’une fois avec la même forme et le même sens
Ex :
-ambule est un morphème puisque l’on trouve par exemple somnambule et noctambule dans
lesquels il a le même sens
somn- est un morphème puisque l’on trouve somnambule et somnifère avec somni variante
du morphème somn dans lesquels il a le même sens
10. allomorphie
Variation de forme
On a déjà vu que les mots subissent des modifications dans le temps, souvent ces
modifications sont dues à des phénomènes phonétiques ou graphiques d’adaptation à
l’environnement linguistique et concernent donc tous les mots ayant les mêmes
caractéristiques
Variation simple
-modification orthographique:
in-habituel
im-parfait
in- et im- sont deux variantes d’un même morphème de sens identique, on dit que in et im
sont des allomorphes (allo- « autre » -morphe « forme ») la modification de n en m (im +
p/b/m) suit les règles orthographiques du français.
-modification de prononciation :
/in/ (+ voyelle)
in-habituel
/ɛ̃ / (+ consonne)
im-parfait
Premier cas: disparition de la finale vocalique si le deuxième morphème commence par une
voyelle
adip(o)- / flor(i) et nombre de morphèmes latins et grecs finissant par i et o n’ont pas de
consonne finale quand ils sont suivis d’un morphème commençant par une voyelle
agneau / agnel-
Variation complexe
Certains allomorphes ne sont pas prévisibles (ou la variation n’est pas explicable
phonologiquement). On trouve
Ces différences sont souvent le fait de dérivations effectuées à des moments différents
(héritage vs dérivation savante) ou à partir de mots différents du latin (adjectif dérivé d’un
adjectif latin et nom du nom qui en était dérivé par ex.). L’analyse étant une analyse
synchronique cette différence d’origine n’empêche pas les morphèmes de forme différente
d’être considérés comme plusieurs formes d’une même unité sémantique
Certains allomorphes ne sont pas prévisibles (ou la variation n’est pas explicable
phonologiquement). On trouve aussi
L'allomorphie supplétive
Dans le cas d’homéo/homo la différence entre les deux morphèmes n’était que d’une lettre
mais il existe des cas où l’on trouve une distribution complémentaire entre des morphèmes de
même sens mais de forme très différente (le plus souvent emprunt savant de formes du latin
ou du grec) ex:
bouche / bucc-al
cheveu / capill-aire
poil / pil-eux
île / insul-aire
jeu / lud-ique
estomac / gastr-ique
11. La composition
La composition
La composition consiste à former un mot à l’aide de plusieurs mots qui existent déjà.
Contrairement à la dérivation elle se fait à l’aide de lexèmes autonomes.
La composition savante est un type particulier de composition: elle est constituée a posteriori à
partir de lexèmes d’une langue ancienne et les éléments qui la composent sont des
morphèmes liés (non autonomes comme dans la composition « populaire ») dans la langue qui
les adopte. On les considèrent donc plutôt comme des dérivés.
Ex : pyromane (pyro et mania sont des lexèmes en grec, ce sont des affixes en français)
Ce type de composition a ceci de particulier que les éléments tout en acquérant un nouveau
statut syntaxique (ils passent de deux catégories grammaticales à une seule) conservent des
propriétés, en particulier lors du passage au pluriel.
Verbe + Nom
Nom + Nom
N+Adj ou Adj+N
Adj+Adj
Préposition + Nom
Seul le nom peut prendre la marque du pluriel.
Parfois deux écritures sont possibles (toujours indiqué dans le texte du dictionnaire, comme
d’ailleurs tous les pluriels des noms-composés) :
Les mots-valises
Le mot-valise est un mot composé d’éléments obtenus par troncation des mots qui le
composent
La troncation
La troncation est un procédé qui consiste à supprimer une ou plusieurs syllabes d’un mot (le
mot créé est la plupart du temps un synonyme, souvent familier, du mot tronqué).
Ex : directeur donne dirlo (dir(ecteur) + lo) ou beaujolpif pour beaujolais (beaujol(ais)+pif)
La siglaison
Ce procédé consiste à utiliser la première lettre des mots composant une expression créant
ainsi un nouveau «mot», qui passe souvent dans la langue courante.
Certains sigles ne se prononcent pas en épelant les lettres, mais par combinaison des lettres
formant une syllabe. On les appelle alors des acronymes.
D’autres procédés peuvent donner lieu à la création de mots qui passent ensuite dans la
langue commune. Par exemple le «verlan», à l’origine parler des banlieues parisiennes qui
consiste à intervertir des syllabes (ou lettres) à l’intérieur d’un mot existant. Le mot créé n’est
pas véritablement un nouveau mot puisqu’il garde le même sens que celui dont il dérive mais
il a une autre connotation (langue familière, de « clan », parfois ressentie comme « vulgaire »).