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Europe ou Europes 

?
Cette dissertation guidée évoque une multitude d’enjeux primordiaux pour l’avenir de l’Europe et de l’Union
européenne. Il est ainsi tout à fait opportun de s’en inspirer pour vos futurs devoirs sur ce continent… A condition de
s’adapter au sujet bien sûr !

I- Analyse des termes du sujet


C’est toujours par là qu’il faut commencer : l’analyse des termes du sujets doit amener, et donc justifier, à la fois
votre problématique et tout votre développement. Il s’agit donc d’expliquer tous les termes du sujet, en les liant
entre eux. Pour donner du sens au sujet, il faut leur donner une réalité par rapport au cadre chronologique et
géographique que vous devez déterminer, en les justifiant, bien sûr.

Ici l’opposition Europe/Europes interroge évidemment la singularité ambigüe du continent européen, ambigüe car son
côté « mosaïque » apparaît comme une évidence, entre des aspirations inégalement partagées à la convergence et au
dépassement des frontières de toutes sortes, mais aussi à travers des expressions comme Europe de l’Ouest, Orientale,
méditerranéenne… ou encore Europe « riche » et « pauvre », nouvelle/vieille : Les Europes semblent contenues dans
l’Europe, il semble y avoir pluralité dans une singularité, ce qui est constitutif de l’identité européenne. Il est toutefois
très tentant de considérer l’Europe comme un espace singulier, compte tenu de la petite taille du continent. Ici le terme
Europe ne semble pas devoir s’appliquer à la seule Union Européenne,, mais bien à l’Europe-continent, cet espace à
l’identité toujours floue, tiraillée entre ses fragmentations communautaires, nationales, régionales ou locales, et son
aspiration à la cohésion, au rassemblement autour de valeurs, d’héritages et d’intérêts partagés.

Il est tout à fait légitime du considérer la question dès les débuts de la construction européenne (CECA  en 1951, CEE en
1957), car la question de la singularité et de la pluralité, de l’unité et de la diversité. Il n’est cependant pas moins
légitime, et bien plus pratique, de considérer la question après la chute de l’URSS et du bloc soviétique. En effet, il paraît
délicat de parler d’Europe sur la période 45-91, tant la séparation Est/Ouest est nette. Mais avec la chute du bloc
soviétique et tous les changements économiques et politiques qui s’en suivent, la question de l’unité du continent
européen se pose. Celui-ci a en effet indéniablement retrouvé une certaine unité, avec la fin de la séparation Est/Ouest,
mais cette unité semble toutefois très relative.

Concernant le cadre géographique,  il faut simplement rappeler les limites conventionnelles du continent européen :
Islande au Nord et à l’Ouest, Oural à l’Est, Méditerranée et Caucase au Sud.

II- La problématique
Elle doit avoir la forme d’une unique question (c’est très important ; si en culture générale poser plusieurs questions
peut être très pertinent et fécond, en géopolitique, cela ne fait que disperser votre réflexion). Elle résulte de
l’analyse, et doit être à la fois précise (ne pas se disperser) et large (ne pas passer à côté d’un aspect important du
sujet). La problématique doit rester simple et intelligible ; le correcteur va corriger plus d’une centaine de copie, il est
donc primordial de ne pas lui faire perdre de temps avec une problématique à rallonge ou trop alambiquée.
Idéalement, vous  devez privilégier l’articulation entre un constat et une question. Il s’agit de poser un débat auquel
vous devez être capable d’apporter une réponse claire et précise.

Le continent européen a-t-il depuis 1991 retrouvé une unité telle qu’il soit pertinent de parler d’Europe plutôt que
d’Europes ?

III- L’annonce du plan


C’est une étape obligatoire. Elle permet au correcteur de voir si oui ou non il y a construction d’une démonstration, ce
qui est l’ossature indispensable au développement.

Depuis 1991, le continent européen a effectivement retrouvé une unité qui permet de parler d’Europe. Mais il conserve
à tout point de vue une diversité qui oblige également à parler d’Europes. L’Union Européenne prend acte de cette
réalité, et cherche à construire l’Europe dans le respect des Europes.
IV- L’accroche
Il faut introduire le sujet par une citation, une référence bibliographique, un évènement historique ou d’actualité.
Idéalement, on réécrit ou on reformule le sujet en fin d’accroche. Vous ne trouvez l’accroche qu’après avoir terminé
les étapes précédentes, de façon à être sûr de ne pas fausser son angle d’attaque du sujet à cause d’une accroche
qu’on veut caser à tout prix, sans qu’elle ait de lien réel avec le sujet.

En l’occurrence, vous avez l’embarras du choix pour amener la question de l’identité européenne à la fois une et
diverse : devise de l’UE, titre de l’ouvrage de Jacques Attali écrit en 1994 Europe(s) …

V- Introduction rédigée
La devise choisie par l’Union Européenne, « In varietate concordia », « Unie dans la diversité », illustre bien cette
ambiguïté du continent européen, à la fois uni et divers. Europe ou Europes ?

A partir de 1945 et jusqu’à la fin de la guerre froide en 1991, le continent européen, délimité au Nord et à l’Ouest par
l’Islande, à l’Est par l’Oural, et au Sud par le Caucase et la Méditerranée, est coupé en deux. Deux Europes, communiste
à l’Est, démocratique et libérale à l’Ouest, se font alors face.  Dans ces conditions, parler d’Europe pour désigner le
continent européen n’a guère de sens ; au vu de ses fractures, il convient  bien mieux de parler d’Europes. Cependant,
avec la chute du rideau de faire en 1989 puis la chute de l’Union soviétique et la fin de la guerre froide en 1991, la
fracture physique, politique et économique semble se résorber. La démocratie parlementaire et l’économie de marché 
sont peu à peu adoptées partout ; le continent tout entier semble converger vers le modèle occidental. Pour autant, le
continent européen a-t-il depuis 1991 retrouvé une unité telle qu’il soit pertinent de parler d’Europe plutôt que
d’Europes ?

Depuis 1991, le continent européen a effectivement retrouvé une unité qui permet de parler d’Europe. Mais il conserve
à tout point de vue une diversité qui oblige également à parler d’Europes. L’Union Européenne prend acte de cette
réalité, et cherche à construire l’Europe dans le respect des Europes.

VI- Développement
Il s’agit de construire, en trois parties, de construire une démonstration qui réponde à votre problématique. Au début
de chaque partie, vous devez annoncer, très rapidement, son idée directrice, idem au début de vos sous parties. En
fin de partie, il faut rapidement conclure, en résumant votre propos, afin de pouvoir bien former la transition. Celle-ci
est faite à la fois de la conclusion de la partie en cours et de l’annonce de la partie suivante ; il s’agit de justifier
l’existence la partie suivante, que ce soit en montrant qu’elle est la suite logique de la précédente, soit en explorant
un autre aspect incontournable du problème.

Le contient européen a bien retrouvé, depuis 1991, une certaine unité, qui incite à parler d’Europe.

Remarquons que l’Europe possède, avant tout, une certaine unité culturelle. Depuis l’antiquité, le contient a en effet
vécu des expériences communes, de sorte qu’il partage de nombreux héritages. Héritage gréco-romain d’une part, dont
l’influence s’est longtemps faite, et se fait dans une large mesure encore sentir sur les plans  législatif, philosophique,
architectural et artistique. D’autre part, tout le continent a été profondément imprégné par le christianisme, qui a
construit un rapport commun au monde, à l’histoire, au temps, influençant les arts, la littérature, l’architecture et les
législations. Cet apport du christianisme nié, ou du moins non assumé, dans le bloc soviétique pendant toute la guerre
froide, et même avant en Union soviétique, est d’ailleurs depuis 1991 à nouveau assumé sinon revendiqué dans les pays
de l’ex-bloc soviétique. Le continent européen a également été traversé, à travers les siècles, par les mêmes
phénomènes : sans même remonter jusqu’à la Renaissance, la révolution intellectuelle qui s’est opérée au XVIIIème
siècle pour aboutir à la Révolution française, sa traduction politique, s’est étendue à tout le continent, à des degrés
certes divers et plus ou moins rapidement, et a bouleversé de façon irréversible l’ordre social et politique, en initiant le
passage de l’ordre monarchique à l’ordre démocratique. Enfin, le continent tout entier a connu, encore une fois à des
degrés divers et de façon progressive, le grand bouleversement économique, social et technologique de la révolution
industrielle, qui est au cœur de la formation des sociétés modernes. Ces transformation des structures sociales et des
modes de vie traditionnels ont d’ailleurs partout posé des problèmes similaires, qui ont vu l’émergence de mouvements
de protestation, et notamment la critique socialiste, marxiste, qui s’est traduite politiquement sur tout le continent. Si le
socialisme européen a bien sûr beaucoup évolué depuis le XIXème siècle, il fait encore partie intégrante de la vie
politique des sociétés européennes, notamment à travers la division « droite-gauche ». Les sociétés européennes
partagent donc dans une large mesure une culture commune, le continent européen possède une indéniable unité
culturelle.

Depuis la fin de l’Union soviétique, cette unité culturelle du continent donne lieu à une certaine unité des systèmes
politiques et des valeurs. En effet, après 1991, tous les États européens sont ou deviennent progressivement,
institutionnellement parlant, des démocraties parlementaires. On assiste à une véritable convergence des systèmes
politiques, à travers, pour ainsi dire, une occidentalisation de la vie politique des pays de l’ex-bloc soviétique. Le
pluralisme véritable y fait son apparition, et les sociétés deviennent immédiatement plus libérales ; la fin de l’Union
soviétique et des démocraties populaires est en effet également celle du contrôle que celles-ci exerçaient sur la vie
culturelle, les média et, plus généralement, sur la liberté d’expression et d’opinion des populations, sans même parler
de la fin de la présence massive de la police politique dans ces sociétés. Les libertés fondamentales et les droits de
l’homme sont peu à peu affirmés et revendiqués, de même qu’en occident, comme des principes intangibles. L’ex-bloc
soviétique adopte donc, dans une large mesure, le système de valeurs occidental qui prévaut dans la plupart des autres
pays européens. De même en Albanie, le régime communiste ayant chuté, on assiste à une démocratisation et à une
libéralisation de la société. Si pour la Yougoslavie la fin du titisme a donné lieu à un conflit sanglant et à l’éclatement du
territoire yougoslave en plusieurs États, il n’en demeure pas moins que les États qui sont sortis de cet éclatement ont,
dès la fin du conflit, adopté la démocratie parlementaire et les même valeurs libérales que les sociétés occidentales.
Ainsi donc tout le continent a adopté, sur le plan institutionnel, un système politique et des valeurs similaires,
convergeant vers le modèle libéral occidental.

Cette convergence des systèmes politiques s’accompagne également d’une convergence économique. Suite à la chute
de l’Union soviétique, les États de l’ex-bloc de l’Est adoptent en effet tous l’économie de marché. En effet, dès le
changement politique accompli, les différents gouvernements entreprennent la libéralisation d’une économie
jusqu’alors sous contrôle quasi-total de l’État. Ce passage à l’économie de marché se fait de façon plus ou moins rapide
et réussie selon les pays. Ainsi l’économie russe est très rapidement libéralisée dans les années 1990, avec des
conséquences dans un premier temps catastrophiques : perte de contrôle sur l’appareil de production, hyperinflation,
chute du niveau de vie … Mais après avoir surmonté ce choc, la Russie s’est peu à peu faite à l’économie de marché, un
Etat-providence a été mis en place, et le niveau de vie est aujourd’hui de nouveau bon ; même si certains problèmes
consécutifs à la crise inouïe entrainée par la chute de l’URSS et la libéralisation économique ne sont pas encore tout à
fait surmontés (la chute de la natalité, par exemple), le passage à l’économie de marché est réussi, et une classe
moyenne est apparue. Dans le cas de la Pologne, ce changement de système économique a été mené de façon moins
brutale et avec un certain succès, la libéralisation de l’économie ayant rapidement permis une amélioration sensible du
niveau de vie. Il y a donc bien, après la chute de l’Union soviétique, une convergence des systèmes économiques et du
niveau de vie, les pays de l’ex-bloc soviétique ayant adopté avec plus ou moins de réussite un système libéral proche de
celui des pays occidentaux. [Conclusion-Transition] Il semblerait donc que la « fin de l’Histoire » annoncée par
Fukuyama en 1992 (La Fin de l’Histoire et le Dernier Homme, Francis Fukuyama, 1992) soit devenue une réalité pour le
continent européen, son socle culturel commun ayant permis la convergence vers un même système économique,
politique et de valeurs, à savoir la démocratie libérale à économie de marché. L’Europe semble donc être une réalité.

Mais il subsiste encore sur le continent européen trop de diversités et de disparités pour que l’on puisse véritablement
parler d’Europe plutôt que d’Europes.

En dépit des importants éléments d’unité culturelle susmentionnés, le continent européen conserve une grande
diversité culturelle, et est marqué, selon les régions, par des héritages historiques très différents. Si l’héritage chrétien
est bien un élément d’unité, il représente également un élément de diversité. En effet, les christianismes catholique,
orthodoxe et protestant ont donné lieu à des cultures différentes ; Huntington, dans son découpage du monde en aires
civilisationnelles (Le choc des civilisations, Samuel P. Huntington, 1996), considérait d’ailleurs qu’il y existait une
civilisation proprement orthodoxe en Europe orientale (Russie, Biélorussie, Ukraine, Serbie, Bulgarie, Grèce …), bien
distincte de la civilisation occidentale qui existerait en Europe occidentale. Ces différentes aires sont d’ailleurs marquées
par des héritages culturels différents ; l’Europe catholique et l’Europe protestante sont fortement marquée par
l’héritage latin, romain, alors que l’Europe orthodoxe est plus marquée par l’héritage grec, byzantin. Notons également
la présence de minorités plus ou moins importantes selon les pays. Des minorités juives sont présentes quasiment
partout sur le continent, et participent pleinement à la vie sociale et économique. La présence islamique en sur le
continent est également loin d’être négligeable ; si des minorités musulmanes plus ou moins importantes sont
présentes en France, en Russie ou au Royaume-Uni, certains pays européens, comme l’Albanie ou la Bosnie, sont à
majorité musulmane (Huntington les considère d’ailleurs comme appartenant à la civilisation islamique). Cette diversité
culturelle transparaît également à travers la grande diversité linguistique du continent ; au-delà des trois grand types de
langues présents sur le continent (romanes à l’Ouest, germaniques au Nord et au centre, slaves à l’Est), on y dénombre
plus de 30 langues différentes (en comptant les langues régionales), dont certaines ne sont pas indo-européennes (le
basque ou le magyar, par exemple). Observons enfin que les différents héritages historiques du continent donnent lieu à
des dynamiques culturelles divergentes. Ainsi dans les pays de l’ex-bloc occidental, les sociétés tendent à être de moins
en moins religieuses, à se détacher de plus en plus de toute référence au religieux, A l’inverse, dans les pays de l’ex-bloc
soviétique, les sociétés tendent, de manière générale, à demeurer religieuses, voire à devenir de plus en plus
religieuses, comme c’est le cas par exemple en Russie, où l’Eglise orthodoxe est particulièrement dynamique et
influente.

Cette grande diversité culturelle explique la diversité persistante des pratiques politiques et des orientations
géopolitiques des pays européens. Ainsi la démocratie et les droits de l’homme, bien qu’affirmés, en théorie, comme
des valeurs fondamentales, sont en pratique encore assez peu ancrés dans certains pays. Aussi la Russie semble-t-elle
avoir du mal à se détacher d’une certaine tendance autoritaire, préférant une forte « verticale du pouvoir » à une
société libérale de type occidental, et la Biélorussie demeure une dictature. Dans le même temps demeurent sur le
continent européen des formes politiques diverses, qui résultent de l’histoire respective de chaque pays. Ainsi existe-il
sur le continent aussi bien des monarchies parlementaires (au Royaume-Uni, au Danemark, en Belgique, en Espagne …)
que des républiques. On constate également une grande diversités des modes d’administration selon les Etats
européens, qui s’explique à nouveau par des héritages historiques spécifiques. Ainsi la France, à cause l’héritage
centralisateur de l’Ancien régime et, surtout, de l’idéologie jacobine héritée de la Révolution, est aujourd’hui un Etat
encore assez fortement centralisé. Dans le même temps, l’Allemagne, dont l’unification s’est faite par la réunion
progressive de nombreux royaumes et principautés germaniques (royaume de Prusse, de Bavière, grand-duché de Bade,
de Hesse) est un Etat fédéral. A un niveau intermédiaire, l’Espagne est un État faiblement centralisé, divisé en
communautés autonomes qui jouissent de degrés d’autonomie divers, pour pouvoir tenir compte de la diversité
culturelle et linguistique du territoire, et des antagonismes historiques entre les diverses communautés espagnoles
(entre la Catalogne et l’Espagne Castillane par exemple). Notons enfin que les différentes orientations géopolitiques des
pays européens s’expliquent largement par leurs héritages historiques respectifs. L’appartenance des pays d’Europe
occidentale à l’OTAN s’explique ainsi par leur proximité idéologique et politique avec les États-Unis lors de la guerre
froide, et l’entrée des pays d’Europe orientale, anciens membres du bloc soviétique, s’explique par leur crainte de la
Russie, qu’ils perçoivent comme une menace, à cause de la domination qu’elle a exercé sur eux non seulement pendant
la période soviétique, mais également à l’époque de la Russie impériale (notamment dans le cas de la Pologne et des
États Baltes). La rivalité persistante de la Russie avec les États-Unis s’explique, elle aussi, dans une large mesure, par
l’héritage historique de la guerre froide.

Il demeure enfin sur le continent européen une forte diversité économique, aussi bien au niveau des traditions qu’en
termes de développement économique, due aux divers héritages historiques et culturels propres à chaque pays. En
effet, même si l’économie de marché a été adoptée partout sur le continent, d’un État à l’autre, les traditions
économiques sont encore très variées. Ainsi en France, héritage d’une longue tradition que l’on pourrait faire remonter
à Colbert, l’État intervient encore fortement dans la vie économique, alors que l’économie britannique est bien plus
libérale. Les modèles  de croissance varient également fortement selon les pays ; si la croissance russe repose encore
largement sur les ressources naturelles (en particulier le gaz et le pétrole), la grande majorité des pays européens ne
dispose pas d’une telle manne. D’autre part, du fait du retard économique des pays de l’ancien bloc soviétique, n’ayant
que récemment adopté l’économie de marché, l’Europe orientale et l’Europe occidentale connaissent des tendances
différentes. Alors que les pays d’Europe occidentale connaissent une (très) faible croissance, les pays d’Europe orientale
connaissent une forte croissance, une croissance de rattrapage. Ce retard économique explique également les
différences de polarisation de l’activité. Ainsi, en Europe occidentale, le secteur agricole ne représente que 5% de la
population active, contre 14% en Europe orientale. Les différentes législations influent également sur le coût de la main
d’œuvre : alors qu’il s’élève en moyenne à plus de 30 euros de l’heure en France, il est (toujours en moyenne) inférieur
à 10 euros de l’heure en Roumanie. Même en Europe occidentale, les disparités économiques ne manquent pas : la crise
économique de 2008 a bien mis en évidence les faiblesses des économies des pays d’Europe du Sud, de la Grèce en
particulier, mais également de l’Espagne, du Portugal et de l’Italie, qui contrastent avec la solidité des économies des
pays d’Europe du Nord, comme l’Allemagne. Cette forte dégradation des économies d’Europe du Sud a d’ailleurs
contribué à créer un écart de niveau de vie, entre Europe du Nord et Europe du Sud. Enfin, si l’écart de niveau de vie
entre Europe orientale et Europe occidentale s’est résorbé depuis la chute de l’URSS, il n’en demeure pas moins
important, comme en témoignent les flux migratoires en provenance d’Europe orientale à destination de l’Europe
occidentale. [Conclusion-Transition] Ainsi, malgré de forts éléments d’unité culturelle, idéologique et économique, le
continent européen demeure bien trop divers pour que l’on puisse réellement parler d’Europe, il semble y avoir plutôt
des Europes qu’une Europe, ou du moins des Europes au sein de l’Europe.

L’Union Européenne a justement pris en compte cette réalité, et cherche ainsi à répondre à cette double aspiration du
continent européen, en faisant l’Europe sans nier les Europes. En effet, La CEE ayant déjà posé les solides bases d’une
coopération économique fructueuse, et désirant, à la fin des années 1980, avec l’Acte unique européen notamment,
élargir la coopération aux domaines culturel et politique, l’approfondir encore dans le domaine économique, mais
surtout l’étendre au reste du continent, la fondation de l’Union Européenne en 1992, par le traité de Maastricht,
marque la concrétisation de cette volonté d’unification du continent.

Cette volonté de construire l’unité du continent en respectant sa diversité passe, pour une large part, par la mise en
avant de valeurs et d’une culture commune, sans nier les spécificités propres à chaque pays. Aussi depuis 1993, avec les
critères de Copenhague, l’Union Européenne précise des conditions préalables à l’adhésion d’un nouvel entrant, en
premier lieu la mise en place « d’institutions stables garantissant l’état de droit, la démocratie, les droits de l’homme, le
respect des minorités et leur protection » et « une économie de marché viable ainsi que la capacité de faire face à la
pression concurrentielle et aux forces du marché à l’intérieur de l’Union ». Ce faisant, elle définit des principes
intangible, préalables au rapprochement et à la construction de l’unité dans les domaines économiques et politiques,
qui ne sont autres que les valeurs et le système politique et économique vers lequel le contient entier converge depuis
la chute de l’Union soviétique. L’Union Européenne a également mis en place divers programmes culturels, qui visent,
encore une fois, à affirmer toute la richesse de la diversité culturelle tout en renforçant le sentiment d’appartenance
communautaire, en affirmant dans le même l’unité européenne, comme par exemple, le programme d’échange
Erasmus. Sur le plan politique, l’Union Européenne a justement introduit en 1992, avec le traité de Maastricht, une
citoyenneté européenne, qui s’ajoute à la citoyenneté nationale, affirmant ainsi deux niveaux d’identité non exclusifs.
Cette double identité, nationale et européenne, permet justement de concrétiser la relative unité identitaire de
l’Europe, sans pour autant en nier toute la diversité.

L’unification politique du continent se fait d’ailleurs également (et surtout) sur le plan institutionnel. D’une part, l’Union
Européenne, à travers ses élargissements successifs de 1995 (Suède, Autriche, Finlande), 2004 (Pologne, pays Baltes,
République Tchèque, Slovaquie, Hongrie, Slovénie, Malte, Chypre), 2007 (Roumanie, Bulgarie) et 2013 (Croatie), étend
peu à peu le processus d’unification à tout le continent, conformément à l’esprit de la construction européenne. D’autre
part, avec le traité de Maastricht apparaissent en effet la Commission européenne, le Conseil de l’Union européenne, la
Cour de justice européenne ; institutions supranationales qui permettent, sans pour autant supprimer les prérogatives
et les spécificités des différents États membres, l’élaboration et la mise en place de politiques communes. Justement,
depuis la création de l’Union Européenne, ces politiques communes se multiplient. Ainsi en  1995 est mis en place
l’espace Schengen, (certes créé dès 1995), qui de sept pays au départ, concerne aujourd’hui la large majorité des pays
membre de l’Union Européenne, et même des États non membres de l’Union (Islande, Norvège, Suisse, Liechtenstein),
créant ainsi un espace de libre circulation des personne, et donc une frontière commune, désormais gérée par l’agence
européenne Frontex. D’autre part, sur le plan géopolitique, l’Union Européenne est parvenue à mettre en place une
véritable politique commune ; elle possède en effet aujourd’hui une diplomatie commune, dans le cadre de la PESC
(Politique étrangère et de sécurité commune) inaugurée à Maastricht puis de la PSDC (Politique de sécurité et de
défense commune) mise en place par le traité de Lisbonne, soutenue par des organes institutionnels comme le Service
européen pour l’action extérieure, placé sous l’autorité du Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et
la politique de sécurité. L’Union Européenne peut ainsi se faire entendre sur la scène internationale, et parler d’une
seule voix. Elle dispose d’ailleurs d’un siège au G20, à l’OMC et à l’ONU, de sorte qu’elle existe véritablement en tant
qu’acteur autonome et à part entière dans les relations internationales. Enfin, l’Union Européenne cherche à se donner
les moyens d’agir sur la scène internationale, dans le cadre de l’OTAN qui met ses moyens à la disposition de l’Union,
depuis les accords dits « Berlin plus » de 1999. L’action extérieure européenne se fait donc dans un relatif consensus
atlantiste.

Enfin, l’Union Européenne entreprend l’unification économique du continent. Dès 1993, le marché unique est mis en
place, créant ainsi un espace sans obstacles intérieurs aux échanges commerciaux, en permettant la libre circulation des
marchandises, des capitaux et des travailleurs (et des services aussi, en théorie, mais des barrières persistent encore à
ce niveau-là). A travers l’Espace économique européen (EEE), ce marché unique concerne d’ailleurs également l’Islande,
la Norvège et le Liechtenstein (avec toutefois quelques restriction sur les produits agricoles et la pêche, et sans étendre
l’union douanière à ces trois pays). Surtout, l’Union a mis en place une monnaie unique, l’euro, lancée en 1999 et mise
en circulation en 2002, qui concerne aujourd’hui 19 pays de l’Union, et est appelé à concerner toute l’Union, excepté le
Danemark. Les pays de la zone euro coordonnent d’ailleurs, depuis 2011, dans le cadre du pacte de stabilité et de
croissance, leurs politiques budgétaires nationales. Comme on l’a vu avec les différents plans d’aide à la Grèce depuis la
crise des dettes souveraines européennes qui la met particulièrement en difficulté depuis 2009, l’Union Européenne a
également mis en place une véritable solidarité financière, avec, par exemple, le mécanisme européen de stabilité mis
en place en 2012 pour parer aux crises financières que connaît la zone euro. Toujours pour palier à ces crises de la zone
euro a été décidée en 2012 la mise en place d’une Union bancaire, adoptée par le parlement européen en 2014, qui
permet à la BCE de superviser les 130 grandes banques de la zone euro. L’Union Européenne s’efforce enfin, à travers le
FSE (Fonds social européen, mis en place par la CEE dès 1960) et le FEDER (Fonds européen de développement
économique et régional, mis en place par la CEE dès 1973), d’assurer l’emploi dans l’Union, et d’atténuer les disparités
économiques entre les différentes régions de l’UE. Par ces mécanismes et ces politiques communes, l’Union Européenne
fait donc tendre le continent vers plus d’unité économique.

VII- Conclusion
C’est la dernière impression que vous laissez au correcteur, il vous faut donc tâcher de la soigner particulièrement.
Sans être fleuve, elle ne doit pas non plus être indigente. Il peut être bon de réécrire votre problématique, afin d’y
répondre très clairement. Après avoir répondu à la problématique, il faut ouvrir sur un débat plus large (mais pas trop
non plus, les formules passe partout, recyclables pour n’importe quel sujet, sont à bannir ; le lien avec le sujet ne doit
pas être trop lointain), ou bien illustrer cette réponse finale par un exemple.

                Peut-on parler d’Europe, ou vaudrait -il mieux parler d’Europes ? L’unité relative qu’a retrouvée depuis 1991 le
continent européen, tant sur le plan culturel qu’en termes de système économique et politique, inciterait certes à parler
d’Europe. Mais le continent  européen reste très divers ; malgré sa relative unité, différentes cultures, différents
traditions et pratiques politiques, différentes tendances économiques et des différences de développement continuent
d’y exister, de sorte que l’on est, en réalité, plutôt face à des Europes qu’à une Europe. L’Union Européenne a justement
pris acte de cette double aspiration du continent européen à l’unité dans la diversité ; elle affirme la culture commune
dans le respect des diversités et tend à réaliser l’unité économique et politique du continent tout en intégrant les
spécificités de ses différents membres, permettant peu à peu de parler d’Europe, sans nier les Europes. Cependant, les
crises récentes que traverse l’Union Européenne semblent avoir fortement fragilisé la pérennité de ce projet, qui suscite
une hostilité croissante au sein de la population européenne, hostilité qui pour le Royaume-Uni est allée jusqu’au choix,
en juin dernier, de la sortie de l’Union Européenne.

Quelques remarques
Le parti pris dans le traitement de ce sujet n’est bien sûr pas le seul valable. Il était, par exemple, tout à fait possible de
considérer cette interrogation dans le cadre de la seule construction européenne, les motifs d’interrogation ne
manquant pas (comment construire un espace uni alors qu’il est, au départ, aussi disparate ? dans quelle mesure l’UE
est-elle vraiment unie ? quelle Europe, au sens de quel projet européen ? un ou des projets européens, et dans ce cas
lesquels ? …) Mais cet angle d’attaque plus large, sans l’être trop, offrait plus de matière et se prêtait à un traitement
plus simple : d’une façon générale, lors de la problématisation (que vous induisez par votre définition des termes du
sujet en introduction), essayez de ne pas choisir un angle d’attaque trop compliqué ou trop restreint, pour pouvoir
garder les idées claires (on a très vite fait d’ «oublier» le sujet en cours de développement) et toujours avoir de la
matière pour alimenter votre argumentation, même s’il n’est pas forcément nécessaire de faire une très longue
dissertation pour réussir (la qualité de la réflexion et de l’argumentation primant toujours, en culture générale comme
en géopolitique, sur la quantité de référence et d’exemple que vous pourrez mobiliser).

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