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■ Claude Berghmans

Cyril Tarquinio

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C omprendre et pratiquer

nouvelles
les
psychothérapies

Cohérence cardiaque, relaxation,


méditation, hypnose, EMDR,
Taï-chi-chuan, Qi gong

S ?
InterEditions
Développement personnel et accompagnement

Claude Berghmans
Cyril Tarquinio

C o m p r e n d r e et p r a t iq u e r
les nouvelles
psychothérapies
Cohérence cardiaque, relaxation,
méditation, hypnose, EMDR,
Taï-chi-chuan, Qi gong
Les co nnaissances en m atière de prise en charge CLAUDE BERGHMANS

psychologique dans le dom aine de la santé se sont


fortement développées ces dernières années, notamment
en ce qui concerne la prise en charge de m aladies
s'accom pagnant fréquem m ent d 'a n xié té et d'états
dépressifs, comme le cancer, le V IH , les pathologies
cardiaques ou encore le diabète.
est psychologue, doctorant au
De nouvelles approches, alternatives et complémentaires laboratoire de psychologie de
la santé de Metz, Instructeur
aux traitements conventionnels, validées scientifiquement, MBSR, MBCT.
permettent aujourd'hui d'apporter des réponses à la
souffrance psychologique des patients. L'introduction de
C Y R ILTA R Q U IN IO
ces pratiques, notamment chez les praticiens de la santé,
permet d'élargir leur champ d'intervention.
Pour chaque thérapie, les auteurs s'attachent dans cet
ouvrage à :
• La situer dans son contexte théorique et culturel,
• Rendre compte des processus qu'elle mobilise,
• Définir son cadre d'utilisation, est professeur de psychologie
de la santé à l'université Paul
Cet ouvrage s'adresse aux praticiens, (psychologues, Verlaine de Metz, directeur
du Master de psychologie
psychiatres, psychothérapeutes, médecins). Il intéresse de la santé, psychologie
également les malades, en droit de connaître les ressources clinique et psychothérapeute.
Il développe ses recherches
actuelles pour améliorer leurs conditions de vie. dans le domaine de la prise
en charge psychologique des
maladies chroniques au sein de
son laboratoire de recherche
(EA4360).

www.dunod.com
6674 43 6
ISBN 978-2-7296-0947-4 www. i ntereditions.com
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Claude Berghmans
Cyril Tarquinio

Comprendre et pratiquer
les nouvelles
psychothérapies
Cohérence cardiaque, relaxation,
méditation, hypnose, EMDR,
Taï-chi-chuan, Qi gong

InterEditions
Le pictogramme qui figure ci-contre d'enseignement supérieur, provoquant une
mérite une explication. Son objet est baisse brutale des achats de livres et de
d'alerter le lecteur sur la menace que revues, au point que la possibilité même pour
représente pour l'avenir de l'écrit, ____ ____ les auteurs de créer des oeuvres
particulièrement dans le domaine DANGER nouvelles et de les faire éditer cor­
de l'édition technique et universi­ rectement est aujourd'hui menacée.
taire, le développement massif du Nous rappelons donc que toute
photocopillage. reproduction, partielle ou totale,
Le Code de la propriété intellec­ de la présente publication est
tuelle du 1er juillet 1992 interdit L£ PHOTOCOPILLAGE interdite sans autorisation de
en effet expressément la photoco­ TUE LE LIVREJ l'auteur, de son éditeur ou du
pie à usage collectif sans autori­ Centre français d'exploitation du
sation des ayants droit. O r, cette pratique droit de copie (CFC, 20, rue des
s'est généralisée dans les établissements Grands-Augustins, 75006 Paris).

© InterEditions-Dunod, Paris, 2009


ISBN 978 2 72 960947 4

Le C o d e de la p ro p rié té intellectuelle n 'a u to ris a n t, aux te rm e s de l'a rtic le


L. 1 2 2 -5 , 2 ° e t 3 ° a ), d 'u n e p a rt, q u e les « c o p ie s ou re p ro d u c tio n s strictem ent
réservées à l'u s a g e p riv é du c o p is te e t non destinée s à une u tilis a tio n c o lle c tiv e »
et, d 'a u tre p a rt, q u e les ana lyses e t les courtes c ita tio n s d a n s un bu t d 'e x e m p le et
d 'illu s tra tio n , « toute re p ré s e n ta tio n ou re p ro d u c tio n in té g ra le ou p a rtie lle fa ite
sans le conse ntem ent d e l'a u te u r ou d e ses a y a n ts d r o it ou a y a n ts cause est
illic ite » (art. L. 1 2 2 -4 ).
C ette re p ré se n ta tio n ou re p ro d u c tio n , p a r q u e lq u e p ro c é d é q u e ce soit, c o nstitue­
ra it d o n c une c o n tre fa ç o n sa n c tio n n é e p a r les a rtic le s L. 3 3 5 -2 et suivants du
C o d e d e la p ro p rié té in tellectuelle .
TABLE DES MATIÈRES

Introduction 1

1. La place des approches complémentaires


et alternatives dans la thérapeutique médicale
et psychologique 9
Les médecines et thérapies complémentaires et
alternatives : définition et état des lieux 15
Le naturel, 15 • Le traditionnel, 15 • L’aspect
holistique, 15 • L ’aspect énergétique, 16
Soins complémentaires, alternatifs et intégrés 18
Classification des différentes thérapies comprises dans la
médecine complémentaire et alternative 21
Les approches psychothérapeutiques complémentaires 33
Conclusion 36

2. La cohérence cardiaque 37
Quelques rappels sur la physiologie du rythme cardiaque 39
Deux systèmes nerveux, 39
Les méthodes d’analyse de la variabilité sinusale 45
Analyse temporelle de la variabilité sinusale, 47 • Analyse
spectrale de la variabilité sinusale, 51
Variabilité sinusale, santé et maladie 57
Des moyens pour agir sur la variabilité sinusale 61
Conclusion 72
Ouvrages clés 75

3. La relaxation 77
Définitions et cadrage théorique 78
La relaxation : définition générale, 78 • Le training
autogène de Schultz, 81 • La relaxation progressive
d’EdmundJacobson, 86
Perspectives cliniques et thérapeutiques 93
Conclusion 98
Ouvrages clés 100

4. La méditation 101
Éclairage conceptuel et mécanismes d’action 102
Définition de la méditation, 102 • La méditation de
concentration, 108 • La méditation de pleine conscience, 110
Méditation et psychothérapie 116
MBSR, 117 • MBCT, 118 • DBT, 121 • ,4CT, 122
Perspectives cliniques, limites et étude de cas 123
Troubles affectifs et anxiété, 125 • Immunité et
santé, 126 • Troubles dermatologiques, 128 • Gestion de la
douleur, 129 • Gestion du stress et qualité de vie, 129 •
Dépression, 132
Applications pratiques et exercices : la thérapie MBSR 137
Conclusion 148
Ouvrages clés 152

5. L’hypnose 153
Mécanismes et processus de l’hypnose 157
Les techniques hypnotiques 159
L ’induction hypnotique, 160 • La suggestion
hypnotique, 166
Indications et application de l’hypnose en psychologie de
la santé 168
Hypnose et prise en charge de la douleur, 17 i * Hypnose et
pédiatrie, 175 • Hypnose et cancérologie, 178 • Hypnose et
problèmes de santé divers, 178
Conclusion 181
Ouvrages clés 183

6. L’EMDR 185
Fondements théoriques delathérapie EMDR 187
EMDR, cognition et adaptation, 187 • Mouvements
oculaires, double stimulations etfonctionnement
cérébral, 189 • EMDR, mouvement oculaire et activité
physiologique, 195
Le protocole de base de lathérapie EMDR 199
Une étape importante : l’installation du lieu sûr, 201 • La
mise en œuvre du protocole de base, 203
Indication et application de la thérapie EMDR dans le
domaine de la santé 210
EMDR et cancer, 211 • EMDR et prise en charge de la
douleur, 218 • EMDR et deuil, 223
Conclusion 226
Ouvrages clés 228
InterEditions-D unod —La photocopie non autorisée est un délit

7. Tai chi chuan et qi gong 231


Le tai chi chuan 233
Présentation générale, 233 • Perspectives cliniques et
thérapeutiques, 242 • Des limites certes, mais beaucoup
d’espoir !, 248
Le qi gong 249
Présentation générale, 249 • Perspectives cliniques et
thérapeutiques, 255
Des limites, mais toujours de l’espoir 261
Conclusion 262

©
Ouvrages clés 265
Conclusion 267

Remerciements 273

Bibliographie 275
INTRODUCTION

N CE D É B U T de X X I e siècle, les recherches sur la santé et les


E soins semblent être sur la voie d’une mutation et de pratiques
innovantes en mettant notamment l’accent sur l’intégration, la
pluridisciplinarité et les nouvelles technologies. Dans le domaine
de la médecine, on ne peut que saluer les efforts des différentes
spécialités afin de développer une médecine plus efficace, permet­
tant d’une part de mieux identifier les pathologies et d’autre part de
promouvoir des prises en charge adéquates et variées pour mieux
soulager la souffrance des patients.
Aux Etats-Unis, par soucis de pragmatisme et d’efficacité, la
médecine s’oriente de plus en plus vers des approches pluridis­
ciplinaires et intégrées des soins dans lesquelles les différentes
spécialités médicales semblent vouloir aller de concert, afin de
considérer les pathologies dans un cadre global et multifactoriel.
Cette médecine souffre toutefois de ne pas suffisamment tenir
compte de la psychologie du patient, notamment en ne prenant
pas en considération ses capacités propres à contribuer à sa gué­
rison. C ’est dans cette optique qu’on évoque de plus en plus
souvent l’approche thérapeutique corps/esprit (mind body therapÿ)
qui fait le lien entre les fonctions psychiques de l’individu, ses
cognitions et ses activités corporelles et biologiques en sous-tendant
l’influence des cognitions sur le corps, tant dans la genèse des
maladies que dans leur guérison. De nouveaux domaines tels que
la psychoneuro-endocrino-immunologie étudient ces interactions
et de prestigieuses revues telles que Psychosomatic Medicine, ou The
Lancet se font souvent l’écho de nombreuses recherches réalisées
dans ce domaine. Dans le champ de la psychologie, c’est sans aucun
doute la psychologie de la santé qui est la plus avancée et la plus
concernée par ce lien entre le physique et le psychique, ainsi que
par le souci d’un traitement holistique de l’individu.
En France et plus largement en Europe, la psychologie de la santé
se développe rapidement. Cette nouvelle venue dans le champ de la
psychologie (Fischer et Tarquinio, 2006) regroupe des orientations
qui ont cherché à mieux saisir la place et l’importance des aspects
psychosociaux dans les comportements de santé. La psychologie
de la santé a été créée en 1979 par l’Association américaine de
psychologie et ses principales orientations ont été précisées en
1985 : contribuer à la prévention, au diagnostic et à la prise en
charge de la maladie ; étudier les facteurs psychologiques, sociaux,
émotionnels et cognitifs qui jouent dans les comportements de
santé et de maladie ; développer les connaissances dans le domaine
de l’étiologie des maladies et des facteurs qui protègent la santé.
Pour Sarafino (1994), la psychologie de la santé a pour objectif de
promouvoir les comportements et des styles de vie sains, de prévenir
et de traiter différentes maladies, d’améliorer la prise en charge des
patients et de leur entourage.
Pourtant celle-ci a longtemps ignoré la prise en charge psycho­
logique, comme si ce n’était pas la vocation des psychologues de
la santé de proposer accompagnement et aide psychologiques aux
malades, si ce n’est à travers des démarches de prévention. De ce
point de vue, il nous semble que c’est là une grave lacune pour une
discipline « appliquée » et en mesure de répondre aux besoins et aux
attentes des patients qui souffrent de la survenue d’une maladie.
En psychologie de la santé, la prise en charge psychologique,
lorsqu’elle est abordée, se réduit le plus souvent à un ensemble
de démarches assez proches de l’éducation à la santé ou de la
prévention, qui sont assez bien documentées dans la littérature,
alors que rien n’est dit ou presque sur la question de la prise en
charge psychothérapeutique, ce que Tarquinio et Fischer (2006)
ont déjà souligné.
Or les psychothérapies constituent un autre versant de cette prise
en charge psychologique, dans laquelle la psychologie de la santé
hésite à s’engager, de peur sans doute d’être montrée du doigt
pour chercher à opérer hors de son cadre épistémologique. C ’est
là une erreur, pour la recherche et pour le développement de la
discipline. Parce que l’usage et la référence aux psychothérapies sont
essentiels pour rendre l’intervention des psychologues en charge des
malades plus efficiente. La psychologie de la santé ne doit pas se
cantonner à seulement décrire les comportements de santé et les
intentions, voire à les prédire avec des modèles certes intéressants,
mais le plus souvent sans grande validité écologique. Il s’agit aussi
d’intervenir concrètement, de prendre en charge la souffrance et
le doute, d’accompagner et de soigner le patient et si possible
d’être efficace. A cet égard la maladie qui survient représente une
rupture du cours habituel de la vie et plonge la personne dans des
conditions de vie souvent différentes et inédites. Elle se caractérise
pour les maladies graves par un risque de mort et se traduit par des
peurs spécifiques liées à cette réalité ; la peur de la mort et la peur
de disparaître sont souvent associées à d’autres peurs : peur de la
souffrance et de la déchéance, peur d’être abandonné.
La maladie provoque une diminution importante des forces
physiques, des états de faiblesse et de fatigue significatifs, ainsi qu’un
sentiment de fragilité et de vulnérabilité qui s’accompagnent, en
outre, dans de nombreux cas, d’une modification de l’image du
corps et de l’image de soi.
D ’un point de vue psychique, la maladie est une expérience
singulière d’adaptation où les profonds changements de l’état de
santé et de la vie donnent lieu dans de nombreux cas une remise
en cause fondamentales des valeurs sur lesquelles reposait la vie du
InterEdirions-D unod - La photocopie non autorisée est un délit

patient ; elle définit un enjeu psychique essentiel lié à la mobilisation


de ressources psychiques qui font appel à des nouvelles valeurs et qui
constituent d’autres raisons de vivre (Bruchon-Schweitzer, 2003 ;
Fischer, 1994 ; Tarquinio et Fischer, 2004). De ce point de vue, les
patients qui consultent ne l’auraient peut-être pas fait sans l’intrusion
de cette épreuve dans leur vie. Et il faut l’avouer, l’expérience
clinique montre que ce sont bien les conséquences, plus ou moins
profondes, de la maladie que l’on demande au psychologue de la
santé de juguler, lorsqu’il ne s’agit pas d’accompagner le patient
dans un questionnement existentiel plus profond.
Le champ des psychothérapies est en fait extrêmement vaste et
comprend de multiples formes d’interventions toutes dénommées
© psychothérapiques, sans que l’on comprenne toujours quel en
est le modèle de référence. Herink (1980) en a recensé plus de
deux-cent-cinquante formes différentes. La liste est très longue :
psychothérapies comportementales (behaviour thérapies), psychothé­
rapies psychanalytiques, psychothérapies de soutien, psychothérapies
par le cri primai, psychothérapies familiales, hypnose, psychothéra­
pies individuelles, psychothérapies de groupe, psychothérapies de
relaxation, etc. On remarquera que si les unes sont désignées par la
pratique (hypnose, cri), d’autres le sont par leur référence théorique
(psychanalyse ou comportementalisme), ou encore simplement par
le nombre ou le type de participants en présence (groupes, familles).
L’objectif de cet ouvrage est de présenter certaines orientations
psychothérapeutiques dont nous avons pu mesurer la pertinence
dans le cadre soit d’une pratique clinique, soit d’une analyse de
la littérature. Les approches présentées ne seront pas forcément
conventionnelles parce que nous ne parlerons ni de psychanalyse,
ni de groupe de parole, ni de thérapie comportementale. Elles
pourraient même, à ne pas y prendre garde, provoquer un réflexe de
rejet qui en fait ne relèverait que d’un jugement a priori. En fait, c’est
à un parcours peu conventionnel que nous invitons le lecteur, afin
de lui proposer une découverte théorique et clinique de certaines
approches psychothérapeutiques, parfois peu connues et très souvent
ignorées par la psychologie de la santé et les patients eux-mêmes.
Nous avons jugé ces approches dignes d’intérêt, sérieuses (toujours
documentées sur le plan scientifique) et susceptibles d’apporter une
plus-value considérable à la prise en charge des malades. En fait,
nous sommes certains que leur introduction dans la pratique des
psychologues de la santé sera une réponse psychothérapeutique
complémentaire et importante, qui permettra d’élargir leur champ
d’action.
Les chapitres proposés sont composés à la fois d’une présentation
des bases théoriques inhérentes aux méthodes ou aux techniques
présentées, d’illustrations cliniques et de déclinaisons très précises
de certains des protocoles les plus utilisés. Il n’est pas nécessaire de
se reconnaître dans toutes les pratiques qui seront proposées dans ce
livre, car chacun est libre en fonction de son parcours personnelle,
de ses ancrages théoriques ou de sa pratique, d’être plus intéressé
par une approche que par une autre.
Il ne s’agit pas, bien entendu, de dispenser les psychologues,
psychothérapeutes ou autres psychiatres d’aller se former, mais bien
de leur faire toucher du doigt le contenu de ces approches. Nous
ne pouvons qu’inciter les professionnels de la santé au sens large
qui feront une lecture instructive de ce livre, à poursuivre par
eux-mêmes leurs investigations et à approfondir leurs connaissances
en lisant et/ou en allant se former.
Pour les patients, cet ouvrage sera l’occasion de s’ouvrir à des
dispositifs de prise en charge psychologiques les plus à même de
les aider dans leur lutte contre la maladie ou tout simplement
pour préserver leur santé, à condition parfois de se tourner vers
des approches innovantes et peu conventionnelles qu’ils pourront
solliciter auprès de leurs praticiens, s’ils en sont les dépositaires.
• Le premier chapitre de ce livre traitera d’une question qui nous
est chère, et à l’intérieur de laquelle nous inscrivons notre démarche
éditoriale et clinique : les thérapies alternatives et complémentaires. Nous
tenterons de définir ce champ et de montrer en quoi c’est un
enjeu important pour la psychologie du X X I e siècle. C ’est sur la
base de cette présentation que nous argumenterons du choix des
orientations psychothérapeutiques qui seront présentées.
• Le deuxième chapitre traitera de cohérence cardiaque (ou variabilité
sinusale, terminologie plus juste, même si elle est moins connue
du grand public) qu’il ne convient de pas de confondre (comme
c’est souvent le cas !) avec une quelconque méthode psychothéra­
peutique. La variabilité sinusale est un indicateur important de plus
IncerEditions-Dunod - La photocopie non autorisée est un délit

en plus évoqué lorsque l’on parle de santé physique et psychique.


Dès lors qu’un psychologue met en œuvre avec son patient des
techniques respiratoires, c’est sur ce paramètre qu’il intervient,
en potentialisant l’activité du système nerveux parasympathique
au détriment du sympathique. Comme nous le montrerons, la
variabilité sinusale relève d’une mesure parfois complexe, mais il
existe maintenant de nombreux dispositifs d’évaluation destinés
aux chercheurs et d’autres plus simples et tout aussi valides pour
les praticiens, voire pour les patients eux-mêmes, qui permettent
de la mesurer. Nous insisterons et nous mettrons en évidence la
pertinence de cet indicateur nouveau pour la psychologie qui se
doit d’être mis en lien avec les états émotionnels des malades et qui
s’avère être un facteur de morbidité, voire de mortalité important.
• Le troisième chapitre reviendra sur des méthodes de relaxation
classiques telles que les approches de Schulz et Jacobson, pas toujours
bien connues des psychologues de la santé ainsi que du grand public.
Nous montrerons en quoi ces techniques, assez simples d’usage,
peuvent être des outils utiles et efficaces. Outre les contextes d’ap­
plication nous présenterons dans le détail les différents protocoles
permettant leur utilisation.
• Le quatrième chapitre sera consacré à la méditation. Souvent
péjorée, cette approche dispose, dans le champ de la santé et
de la maladie, d’une couverture scientifique considérable, qu’il
convenait de présenter. Au-delà des a priori, nous montrerons à
quel point les approches qui sous-tendent cette notion sont riches
d’enseignement et précis quant à leur contribution pour la prise en
charge des malades. Des protocoles expérimentés et opérationnels
seront proposés aux lecteurs qui pourront, à titre indicatif, les
mettre en œuvre, afin de se sensibiliser à cette nouvelle forme
psychothérapeutique.
• Le cinquième chapitre nous permettra de revisiter une « incon­
nue familière » des psychologues et de la psychologie : l’hypnose
et notamment l’hypnose ériksonnienne. Il faut bien admettre que
notre discipline entretient des rapports ambigus avec cette approche
psychothérapeutique. Cependant, sa place dans le domaine de
la santé est considérable et les médecins souvent plus que les
psychologues en ont fait une méthode d’une redoutable efficacité.
Les psychologues et notamment les psychologues de la santé se
doivent de lui porter une véritable attention.
• Le sixième chapitre sera consacré à une nouvelle forme psycho­
thérapeutique issue de la convergence entre psychologie cognitive,
hypnose et neurosciences : l’EMDR. Cette « curieuse » technique
qui utilise les yeux comme principe actif était à peine prise
en compte par la recherche qu’elle était déjà accueillie par des
invectives. Curieux non, lorsque l’on sait que cette nouvelle
psychothérapie a fait ses preuves dans le domaine de la prise en
charge des victimes manifestant un état de stress post-traumatique.
Comme nous le montrerons, l’évolution des recherches relatives
à cette méthode ouvre peu à peu de nouveaux horizons dont
la psychologie de la santé pourra certainement s’enrichir. Nous
présenterons les fondements théoriques de la thérapie EMDR, ainsi
que des études de cas et les résultats de certaines recherches. Nous
mettrons à la disposition des praticiens certains protocoles, qui ne
suffiront pas à faire des lecteurs des psychothérapeutes EMDR, mais
qui seront une introduction à sa pratique ; celle-ci nécessitera d’être
approfondie par la suite dans le cadre d’une formation encadrée.
• Le dernier chapitre, enfin, sera consacré à des pratiques qui
ne peuvent pas être qualifiées de psychothérapies car il s’agit de
deux arts martiaux : le tai chi chuan et le qi gong. C ’est là une autre
originalité de cet ouvrage que de s’ouvrir sur de telles approches
culturellement très éloignées de notre exercice occidental du métier
de psychologue. Cependant, la littérature et les résultats de la
recherche dans ce domaine se sont imposés à nous et il est très
vite devenu impossible de passer sous silence les résultats de nos
investigations. Ces approches se sont avérées riches et pertinentes,
mais chaque lecteur devra envisager comment en faire usage dans
le cadre de sa pratique professionnelle. Néanmoins, une chose est
certaine : ces pratiques ancestrales ont leur place, encore à définir,
dans le domaine de la santé et de la maladie.
LA PLACE DES APPROCHES
COMPLÉMENTAIRES
ET ALTERNATIVES DANS
LA THÉRAPEUTIQUE MÉDICALE
ET PSYCHOLOGIQUE

’EST À P A R T IR des années 1970, que la psychologie s’esl


C intéressée de près à des approches thérapeutiques qui puisent
leurs origines dans la culture orientale et plus particulièrement dans
la tradition bouddhiste (Baringa, 2003). On parle de méditation, de
relaxation, de gymnastique chinoise, bref, d’anciennes approches
traditionnelles qui éveillent l’intérêt de la communauté scientifique
par leurs effets positifs sur le bien-être physique et psychologique
Des approches plus anciennes comme l’hypnose, ou beaucoup
plus récentes comme des techniques de gestions émotionnelles onl
également suscité l’intérêt des chercheurs en psychologie.
De nos jours, les individus, qu’ils soient ou non en souffrance
psychique, recherchent de nouveaux modes de prise en charge
permettant de mieux gérer les troubles tant physiques que psy
chiques qui les assaillent dans leur vie quotidienne. Ils recherchent
de nouvelles techniques, parfois de nouvelles « recettes » qui leui
apporteraient bien-être, équilibre et dans lesquelles ils seraient les
acteurs de leur guérison. Et on ne peut que constater l’irrépressible
montée de ces médecines différentes. Toutefois quelle que soit la
civilisation, des recours à des soins différents à l’égard de la maladie
ont toujours coexisté et il n’y a donc pas lieu de s’en étonner, même
au début de ce troisième millénaire.
Une étude réalisée en 2002 par le gouvernement américain révèle
que 36 % de la population a recours aux thérapies alternatives et/ou
complémentaires (Barnes et al., 2004). Au Canada, le nombre de
patients consultant des « praticiens alternatifs » a plus que doublé en
dix ans. Elle est évaluée à 48 % en Australie et à 65 % au Japon. En
Europe, une étude a estimé que la proportion des consommateurs
de soins alternatifs pouvait varier de 20 % à 50 % selon les pays de
la Communauté européenne (Fischer et Ward, 1994). Le nombre
de personnes qui choisissent de consulter un praticien de la méde­
cine complémentaire et alternative (Complementary and Alternative
Medicine ou CAM) est en constante augmentation (Harris et Rees,
2000). Une étude de Zollman et al. (1999) estime que ce nombre a
triplé entre 1981 et 1997. En 1993, une étude nationale réalisée au
Royaume-Uni (Thomas et al., 1991) estime que 33 % de la popula­
tion a utilisé une forme de médecine complémentaire et alternative
et que 10 % ont consulté un praticien représentant de ces nouvelles
approches. Renouvelée en 2002 (Thomas et al., 2002), l’étude a mis
en évidence une augmentation du phénomène. On estime qu’au
Royaume-Uni (Mintel, 2003), 28 % de la population a eu recours
à une médecine complémentaire au cours de ces dernières années
et que 50 % de la population souhaiterait le faire. Aux Etats-Unis,
Eisenberg et al. (1993) montrent que 42 % de la population utilise
des remèdes ou produits issus d’autres médecines ou consulte ces
nouveaux professionnels de la santé (selon l’étude Mac Lennan et
al, (1996), la proportion serait de 50 % en l’Australie). Les dépenses
relatives à l’usage de plantes ou autres remèdes sont actuellement
estimées à 21,2 millions de dollars. En termes de produits dérivés,
les statistiques de Mintel (2003) font état de 130 millions de dollars
dépensés en Grande-Bretagne en 2002. La prédiction étant que le
marché des CAM dépassera rapidement les 200 millions de dollars.
Ceci inclut les ventes de certains produits comme les remèdes
utilisant les plantes, les préparations homéopathiques et les huiles
aromatiques.
En France, nous ne disposons que de peu de données sur ce
sujet. Cependant, selon un article du journal Le Figaro du mois
d’août 2004, il apparaît que 75 % de la population a eu recours
au moins une fois à une thérapie alternative ou complémentaire
principalement pour des problèmes d’anxiété, de dépression et de
douleurs dorsales.
Enfin, précisons qu’en 1992, le Congrès américain a voté la
création du National Center for Complementary and Alternative
Medicine, un nouveau département du National Institutes of Health
entièrement consacré à l’étude scientifique des remèdes traditionnels
à base de plantes, mais aussi d’approches comme la méditation, le
tai-chi, le yoga, l’acupuncture, et même des pratiques controversées
comme les guérisons chamaniques, le toucher thérapeutique ou le
reiki. Il est clair que bon nombre d’individus se tournent de plus
en plus vers d’autres modèles de connaissances pour comprendre,
décrire ou soigner leur pathologie. Cette réorientation des com­
portements de santé reste dans nos sociétés complémentaires avec
l’usage de la médecine classique, même si parfois (plus rarement) la
référence aux CAM est exclusive.
Quoi qu’il en soit, l’intégration et la collaboration entre la
biomédecine et les CAM s’accroissent et certains praticiens de santé
tentent de plus en plus des rapprochements, conscients du potentiel
et de la plus-value que peuvent offrir ces nouvelles orientations
thérapeutiques.
A titre d’illustration, en France, la généralisation depuis 2007
du dispositif autour de l’annonce de la maladie, véritable priorité
du Plan Cancer, a légalisé ce principe de complémentarité des
approches. En effet, ce dispositif facilite l’accès à une équipe dite
InterEdirions-D unod - La photocopie non autorisée est un délit

de soins de support (qui peut inclure des médecins homéopathes,


acupuncteurs, nutritionnistes...) et fait de chaque patient un acteur
plus engagé dans son parcours thérapeutique, osant choisir en
toute légitimité des CAM lors de chaque étape du parcours de
soins (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie...).
Avant la mise en place de ce dispositif d’annonce, les enquêtes
ciblées portant sur l’utilisation par les patients des CAM montraient
qu’environ un tiers des patients atteints d’un cancer et plus de
la moitié des patientes traitées pour un cancer mammaire avaient
recours aux CAM (Simon et al., 2007 ; Trager-Maury et al., 2007).
C’est au début des années soixante-dix que la médecine officielle
(ou bio-médecine) a commencé, à être remise en cause. C ’est dans
© ce courant de pensées que les médecines alternatives ont pris leur
essor, re-questionnant ainsi l’autorité d’Esculape, dieu des médecins
(on désigne sous le nom d’autorité d’Esculape, dieu de la médecine
dans la Grèce antique, le pouvoir conféré aux médecins, tant au
moment du diagnostic que dans la prescription d’un traitement, ce
qui leur permet d’obtenir l’attention, le respect et l’obéissance du
patient).
Laplantine et Rabeyron (1987) qualifient de culture du refus le
contexte social dans lequel cette nouvelle conception de la médecine
a émergé dans nos sociétés. Refus du progrès scientifique, refus de
l’uniformisation des sociétés industrielles, refus d’une société de plus
en plus complexe et refus d’une société de consommation. Il faut
ajouter à cela, l’émergence concomitante d’une culture écologique
qui plaide pour une vie plus saine et surtout pour une meilleure
gestion du « capital santé ».
Les individus souhaitent aujourd’hui être plus actifs dans leur
participation aux soins de santé avec un meilleur contrôle personnel,
ceci est très manifeste au sein de plusieurs médecines alternatives.
Des études mettent en évidence que cet accroissement de la
médecine complémentaire et alternative était simplement lié au
désir pragmatique du patient d’essayer de nouvelles médecines
là où la médecine conventionnelle produisait des résultats parfois
infructueux. La décision de consulter un praticien de la médecine
complémentaire et alternative ou d’acheter des remèdes lies aux
CAM n’est pas un phénomène nouveau. En effet, il est possible
de consulter un praticien homéopathe et d’acheter des remèdes
homéopathiques à Londres depuis 1850, lorsque le premier hôpital
homéopathique a ouvert dans le Golden Square à Soho (Campbell,
1984). Il faut noter également que l’étendue de la médecine
complémentaire et alternative à la disposition du public s’est depuis
ses débuts dans les années soixante-dix, fortement étendue, jusqu’à
intégrer des approches thérapeutiques issues de cultures parfois
lointaines (Cant et Sharma, 1999).
Les facteurs influençant la décision d’utiliser la médecine com­
plémentaire et alternative sont complexes et varient d’un cadre
à un autre. Les consommateurs peuvent consulter des praticiens
dans le secteur privé ou choisir de s’auto-prescrire une médecine
complémentaire ou alternative. Les remèdes à base de plantes ou
l’homéopathie sont largement disponibles dans les supermarchés
ou dans les pharmacies. Leur usage pouvant selon les cas aller du
remède de « secours », à l’utilisation à long terme (lors de pathologie
ou de préjudice comme c’est le cas par exemple avec l’application
de l’arnica pour une contusion ou un hématome) en passant par la
prise quotidienne de compléments alimentaires.
En étudiant le traitement biomédical, les psychologues sociaux
ont révélé que l’expérience, l’explication et le jugement des états
de santé et des maladies sont historiquement, culturellement et
socialement situés (Davey et Seale, 1996) et qu’en matière de
comportements de santé il était impératif de prendre en compte les
croyances et les représentations pour comprendre le comportement
des malades. Ces structures de connaissances que le sujet s’est
construites fonctionnent comme des cadres pour l’action en matière
de santé. Ces représentations personnelles des malades peuvent
être conçues comme des éléments préparatoires à l’action. Elles
ne le sont pas seulement parce qu’elles guident le comportement,
mais également et surtout parce qu’elles reconfigurent les éléments
de l’environnement où le comportement doit avoir lieu. Elles
parviennent à lui donner un sens, à l’intégrer dans un niveau de
relation où il est lié à la situation du malade, à ses symptômes et
aux désagréments que cela implique. Ces représentations ont une
fonction psychologique majeure : d’une part, elles permettent de
mettre du sens et de l’intelligence au chaos que représente parfois
la maladie ; d’autre part, elles donnent aux patients le sentiment
de reprendre du contrôle sur la maladie en la rendant accessible et
fnterE didons-D unod —La photocopie non autorisée est un délit

intelligible. Il en va de même en matière des traitements et des prises


en charge. On sait à quel point ces représentations vont influencer
non seulement le fait d’aller vers telle ou telle prise en charge,
comme cela peut être le cas pour les CAM, mais aussi leur efficacité
(Blaxter, 1983 ; Herzlich, 1973).
Ainsi, l’intérêt est croissant pour les pratiques thérapeutiques
alternatives, intérêt justifié lorsque l’on sait que, selon l’OMS,
80 % des systèmes de soins dans le monde relèvent de médecine
traditionnelle (Barzansky et al., 2000).
L’OMS définit ainsi les thérapies complémentaires et alternatives :

« [...J un ensemble de pratiques où les patients sont considérés dans leur


globalité, au sein de leur contexte écologique. Ces thérapies insistent sur
le fait que la maladie ou l’état de mauvaise santé n ’est pas seulement causé par
un agent extérieur ou une disposition pathologique particulière, mais est avant
tout la conséquence du déséquilibre d’une personne par rapport à son système
écologique » (Wetzel et al., 2003).

Les thérapies alternatives et complémentaires tiennent donc


compte des dimensions physiques (le corps, le mouvement), émo­
tionnelles (les sentiments, les sensations), intellectuelles (le cerveau
et ses capacités cognitives) et spirituelles (la compréhension de soi,
du monde et des aspects transcendants de la vie) de l’être humain en
relation avec l’environnement. Et l’état de « bonne santé » se définit
comme une relation d’équilibre entre le corps, les émotions et les
pensées de l’individu. Ces thérapies préconisent une communication
effective entre ces trois aspects de la personne et des rapports
intelligents entre l’individu, ses semblables et son milieu de vie.
On parle alors d’une approche intégrative, globale et holistique.
En fait, les médecines alternatives répondent à certains principes
que ceux qui les utilisent considèrent comme élémentaires. Tout
est résumé dans l’expression latine primum, non nocere qui signifie
« d’abord, ne pas nuire ». C ’est une médecine globale qui prend
en compte le patient dans son ensemble, envisageant en même
temps les troubles somatiques et les aspects psychologiques. C ’est
une médecine de terrain qui s’intéresse à l’histoire du sujet et au
contexte dans lequel survient le trouble ou la maladie. C ’est une
médecine douce qui ne veut agresser ni le corps, ni le sujet. Enfin,
c’est une médecine qui veut donner le choix, permettre au patient
d’utiliser d’autres techniques ou d’autres produits que la médecine
officielle.
Ceci étant, pour les adeptes des CAM, il ne s’agit pas de lutter
contre l’utilisation de médicaments conventionnels, mais de les
utiliser avec discernement et mesure. Les médecines alternatives
viennent alors en complément des médecines conventionnelles,
pour apporter plus de mieux-être au patient.
Aujourd’hui, il n’est plus rare de lire des articles concernant ces
sujets dans de prestigieuses revues comme Psychosomatic Medicine
ou encore Psychoneuroendocrinology. Le champ des recherches dans
ce domaine est de plus en plus vaste et un nombre croissant
de chercheurs, notamment anglo-saxons, se positionnent sur ces
questions.
LES MÉDECINES ET THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES ET
ALTERNATIVES : DÉFINITION ET ÉTAT DES LIEUX

La médecine complémentaire et alternative est souvent l’objet de


représentations qui peuvent selon Campbell (2002) être circonscrites
autour de quatre notions de bases renvoyant aux idées de naturelle,
de traditionnelle, d’holistique et d’énergétique.

Le naturel

Campbell constate que l’idée de soins médicaux naturels est un


nouveau concept qui s’est développé et enrichi au cours du X X e
siècle. Cette notion ne renvoie pas seulement au fait que des
remèdes ou des traitements particuliers pourraient être considérés
comme « plus naturels » que ceux de la pharmacopée habituelle,
il s’agit également d’une idée selon laquelle le corps possède la
capacité de s’auto-guérir naturellement. Le corps humain est ici
perçu comme ayant une habilité naturelle à se « réparer » lui-même,
et les CAM s’inscrivent dans une démarche dont la finalité et de
soutenir et de potentialiser ce processus.

Le traditionnel

Les médecines complémentaires et alternatives sont souvent revendi­


quées pour avoir une longue histoire de guérison, ainsi que des liens
InterE ditions-D unod —La photocopie non autorisée est un délit

très forts avec d’autres conceptions de la médecine parfois ancestrales


(médecine chinoise, ayurvédique, chamanique). Cependant, l’idée
d’une conception plus traditionnelle de la médecine ne dit rien ou
peu de chose quant à son efficacité, ce qui doit nous inviter à rester
prudents quant à l’efficacité de ces pratiques.

L’aspect holistique

Le traitement holistique tente d’appréhender l’individu dans son


entièreté. De manière opposée, l’approche réductionniste perçoit
la maladie comme étant associée avec une partie spécifique de l’or­
ganisme sans considérer d’autres aspects de l’individu. La médecine
moderne est souvent signalée pour avoir une vue réductionniste
de la santé et de la pathologie, traitant seulement la partie malade
et ne prenant pas en compte, l’individu dans son intégralité. À
vrai dire, cette conception holistique des choses est très proche
d’une conception hippocratique de la médecine et de la maladie.
Selon le père de la médecine, la maladie doit, faire l’objet d’un
diagnostic ; il consiste à effectuer, parmi la multitude de symptômes
existants, des regroupements plus ou moins clairement définis ; ce
sont les aspects nosologiques auxquelles est spécifiquement attribué
le qualificatif de telle ou telle maladie ou affection (pathos en
grec). En conséquence, la maladie doit toujours être située dans
un triangle composé de trois éléments indissociables : le médecin,
le malade et la maladie. Cette vision se concrétise notamment dans
l’observation clinique préconisée par Hippocrate. Il recommande
en effet d’observer d’abord le milieu physique et social, de noter
ensuite le comportement du malade, de s’intéresser enfin à l’état de
son esprit. Après cette observation générale, commence seulement
l’examen du corps. La conception hippocratique de la maladie se
caractérise ainsi par plusieurs aspects essentiels : la maladie n’existe
pas en tant qu’entité mais seulement en tant qu’outil intellectuel
permettant de saisir le déséquilibre de processus liés eux-mêmes à
la régularité de processus naturels ; ce qui est donc étudié et traité,
ce sont les malades et non les maladies. Cette conception de la
maladie sera considérée à partir du X I X e siècle comme un système
médical préscientifique et ses postulats abandonnés au profit d’une
conception « scientifique » de la médecine et de la maladie. Ainsi les
CAM ne font que réintroduire une approche du patient, de sa santé
et de la maladie conforme à ce qu’étaient les principes originaux de
la médecine actuelle.

L’aspect énergétique

La médecine complémentaire et alternative se réfère souvent à la


notion d’énergie. Les individus seraient les dépositaires d’une force
vitale (ou d’une forme d’énergie) non décelable par les techniques
et les outils scientifiques actuels. Différents termes permettent de
nommer cette énergie, tels que qi ou chi dans la tradition chinoise,
ou prana dans la tradition indienne. Certains praticiens de ces
approches perçoivent leur rôle comme une manière de permettre
à l’énergie de se déplacer correctement autour et dans l’organisme.
L’écoulement normal de l’énergie est ici considéré comme un
prérequis pour la santé.
Au Etats-Unis, le National Center for Complementary and
Alternative Medicine1 (NCCAM, 2008) définit ainsi les CAM :
« [...] un groupe de systèmes de soins de santé médicaux divers, de pratiques et
de produits, qui actuellement ne sont pas considérés comme étant une section
de la médecine conventionnelle. Alors que certaines évidences scientifiques
existent concernant certaines médecines complémentaires, il demeure encore
des questions clefs pour lesquelles des études scientifiques doivent être bien
conçues pour y répondre, des questions s’intéressant notamment à la sécurité
de leur utilisation ou les conditions médicales dans lesquelles elles peuvent être
employées. »

La Cochrane Collaboration2 est une organisation qui collecte la


littérature sur les résultats des recherches menées dans ce domaine,
afin d’aider les usagers à faire les meilleurs choix thérapeutiques
dans le domaine des CAM. Selon elle, les CAM sont considérées
comme :

« [...] un vaste domaine de ressources sanitaires contenant l’ensemble des


systèmes et modalités de santé, de pratiques accompagnées de leurs théories et
croyances, autres que celles intrinsèquement liées à la politique des systèmes
de soins dominants d’une société ou culture particulière dans une période
historique donnée. »

Cette dernière définition insiste sur le caractère relatif des systèmes


de soins. Même les plus dominants ne sont pas fixes, car ils
InterEdirions-D unod - La photocopie non autorisée est un délit

dépendent de l’époque et du contexte social et culturel dans lesquels


ils se situent. De ce fait le caractère relatif des systèmes de soins
se doit de laisser une place à d’autres approches certes moins
conventionnelles, mais non dénuées d’intérêt et de pertinence.
Ainsi, la médecine conventionnelle prédominante a tout intérêt
à compléter son spectre d’interventions par l’usage et la référence
aux CAM, qui ne pourront que compléter efficacement l’arsenal
thérapeutique existant et reconnu afin de mieux lutter encore contre
la maladie.

1. http://www.naam.nih.gov
© 2. http://wivw.ph.c0chrane.org/fr/collaboration.htnil
Enfin, précisions que le terme de « médecine traditionnelle » est
aussi utilisé pour décrire les pratiques de soins indigènes externes à la
médecine occidentale, incluant la médecine chinoise traditionnelle,
la médecine indienne ayurvédique, la médecine arabe et les soins
traditionnels hawaïens. Comme le constate l’OMS, si dans un pays
le système de soin dominant est basé sur la médecine allopathique, la
médecine traditionnelle est souvent qualifiée de « complémentaire »
ou d’« alternative ». Il est important de se rappeler que dans de
nombreux pays, la médecine traditionnelle est l’unique option
de soin et on ne peut alors, la considérer comme alternative ou
complémentaire. Ainsi, une médecine ouverte, réellement inscrite
dans une posture scientifique se doit de prendre en considération les
études et les travaux sérieux qui respectent les canons de la science et
qui très souvent mettent en évidence une efficacité de ces approches
que l’on ne peut plus aujourd’hui considérer avec dédain, mépris
ou indifférence.

SOINS COMPLÉMENTAIRES, ALTERNATIFS ET INTÉGRÉS

Il convient dans le domaine des CAM de faire la distinction


entre la complémentarité et l’alternativité. Dans la littérature anglo-
saxonne, les médecines complémentaires sont souvent associées aux
médecines alternatives. L’écueil principal de la définition souvent
reprise que donne le National Center for Complementary and
Alternative Medicine des CAM (cf. supra), outre son imprécision, est
l’absence de distinction entre la médecine complémentaire, utilisée
en complément de la médecine conventionnelle, et la médecine
alternative, utilisée à la place de la médecine conventionnelle.
Il s’agit là de deux approches distinctes, dont les conséquences
thérapeutiques pour un patient peuvent être très différentes. Beau­
coup de cliniciens partagent l’avis de Lewit (1994) selon lequel
un traitement classique orthodoxe est indispensable en cas de
maladie ayant une base organique bien connue, mais que l’on
peut envisager des médecines alternatives pour les pathologies
fonctionnelles. Cependant, si l’on considère que toute maladie
présente à la fois des aspects organiques et fonctionnels, est-il alors
impensable de considérer ces deux approches non plus comme
antagonistes mais comme complémentaires ? On imagine cependant
facilement que le médecin soit désarçonné lorsqu’il constate que son
patient fait aussi soigner son affection par des traitements alternatifs !
La British Medical Association1 propose une distinction entre les
thérapies complémentaires et les thérapies alternatives. Les premières
sont « celles qui peuvent opérer le long de ou en conjonction
avec les traitements de la médecine conventionnelle ». Au sein de
cette catégorie, se trouve clairement une large gamme de pratiques,
laquelle inclurait des thérapies d’auto-aide telles que le yoga, les
thérapies rééducationnelles comme la technique Alexander ; les
thérapies non invasives, comme les techniques de massage, et
toutes les thérapies telles que l’acupuncture, l’ostéopathie et la
chiropractie. Les ostéopathes et les chiropracteurs peuvent, par
exemple, traiter les composants mécaniques des troubles musculo-
squelettiques, alors que les patients consomment couramment des
médications prescrites par leur médecine généraliste, sous forme
d’analgésique, de médicaments anti-inflammatoires non stéroïde ou
de médicaments myorelaxants. Ces thérapies sont alors une forme
additionnelle ou complémentaire du traitement. Dans la pratique
clinique de l’ostéopathie et de la chiropractie, la formation basique
est largement fondée dans les sciences médicales orthodoxes et,
comme tel, les praticiens de ces disciplines sont capables d’avoir un
dialogue soutenu avec leurs collègues médicaux lequel est basé sur
un langage commun. Les modules pour ces pratiques soulignent de
plus en plus la place sur le travail en conjonction et en liaison établis
avec les professionnels de santé ».
A l’opposé, les thérapies alternatives peuvent être vues « comme
des thérapies qui sont prescrites à la place de la médecine conven­
tionnelle. Alors qu’une thérapie non conventionnelle pourrait clai­
rement être utilisée dans n’importe quelle circonstance comme une
forme alternative de traitement, par exemple, si un praticien d’une
quelconque discipline suggère que le patient ne puisse recevoir en
concomitance un traitement médical orthodoxe, il y a certaines
thérapies alternatives qui par leur nature, aspirent à remplacer le
traitement de la médecine orthodoxe. Il s’agit par exemple de ces

1. http://www.bma.orn.uk/
thérapies puissantes incluant la phytothérapie, laquelle est souvent
prescrite à la place d’un traitement conventionnel, comme les
médicaments allopathiques alternatifs ».
Aux États-Unis, le National Center for Complementary and
Alternative Medicine effectue une distinction similaire entre « com­
plémentaire » et « alternative » :
• la médecine complémentaire est toujours utilisée avec la médecine
conventionnelle ;
• la médecine alternative est utilisée en remplacement de la méde­
cine conventionnelle.
De la même manière que le terme médecine « complémentaire »
et « alternative » était couramment employé dans les années 1990,
le terme de médecine ou de soins de santé « intégrés » est de plus
en plus utilisé pour insister sur l’incorporation et l’articulation des
CAM avec la médecine conventionnelle.
Stone (2000) montre que la plupart des praticiens des CAM
établissent des diagnostics à partir de leurs propres sphères de
pratiques et de connaissances afin de déterminer quel traitement
il convient de proposer aux patients qui les consultent. Ceci n’est
pas sans créer de malaise, dès lors que la question de l’intégration
est proposée. D ’autant que toutes les tentatives de démonstration
scientifique de la réalité des bases fondamentales de l’homéopathie
(démonstration de la mémoire de l’eau, qui aurait pu conforter
l’efficacité des hautes dilutions homéopathiques), comme de l’acu­
puncture traditionnelle (réalité histologique du point d’acupuncture
ou la réalité radio-isotopique des méridiens chinois) n’ont pas abouti.
Ces vaines tentatives témoignent de la « cassure épistémologique »
apparemment irréductible, entre des méthodes qui obéissent à une
logique propre et originale, totalement indépendante de la logique
bio-médicale de nos sociétés occidentales. Faut-il s’en étonner ? Il
faut au contraire peut-être se féliciter de l’existence de ces autres
apports thérapeutiques. Ce qui compte c’est l’enrichissement de
notre savoir thérapeutique et la tolérance, dont il faut faire preuve
vis-à-vis de ces cultures du soin parfois très éloignées des nôtres.
A cet égard, Rees et Weil (2001) décrivent la médecine intégrée
comme « la réalisation de la médecine dans une voie qui incorpore
sélectivement les éléments de la médecine complémentaire et alter­
native au sein de vastes traitements élaborés aux côtés de méthodes
conventionnelles solides de diagnostics et de traitement ». En fait,
l’orientation intégrative amène à sortir de la « pensée unique ». Elle
s’inscrit dans une épistémologie de la « multiréférentialité » et de la
complexité, qu’Edgar Morin a contribué à élaborer en France et qui
a été développée dans le champ de la psychothérapie notamment
par Max Pagès (1993). Ce dernier en exprime bien l’orientation
lorsqu’il précise :

« Plutôt que l’unification théorique, j ’ai cherché les voies d’une articulation
entre des perspectives conservant une identité forte, opposées mais non
contradictoires entre elles, qui offrent des vues et des prises sur la réalité
psychosociale différentes et complémentaires. »

Il est impératif d’accepter une idée simple, mais pour autant


révolutionnaire, selon laquelle, chaque démarche particulière qu’il
s’agisse de la médecine conventionnelle ou des CAM, n’éclaire
qu’un aspect de la réalité de chaque individu, de sa santé ou de sa
maladie. Or la personne est constituée d’aspects multiples profon­
dément intriqués, qui englobent à la fois conscient et inconscient,
représentation et émotion, corps et esprit, pensée et action, passé,
présent et avenir... Tout processus de changement profond implique
nécessairement l’ensemble de ces dimensions, même si, dans la
pratique, on est amené à privilégier tel ou tel angle d’approche.
Autrement dit, si les démarches sont multiples, le patient est un.
C ’est cela que propose la question de l’intégration et c’est à cela que
peuvent contribuer les CAM.

CLASSIFICATION DES DIFFÉRENTES THÉRAPIES


COMPRISES DANS LA MÉDECINE COMPLÉMENTAIRE
ET ALTERNATIVE

La nomenclature des CAM est constamment en changement. Il


n’existe pas à l’heure actuelle un critère type d’appartenance aux
CAM. Par conséquent, on pourra trouver toute une liste de
techniques ou de méthodes thérapeutiques au sens large qui vont
varier en fonction de la classification et du choix des auteurs.
Stone (2002), quant à lui, propose une classification en six
catégories qui permet d’apporter quelques précisions et clarifie un
peu plus les choses :
• les thérapies utilisant les mains comprenant l’ostéopathie, la chiro­
practie, le shiatsu, le massage, la réflexologie et les thérapeutiques
du toucher ;
• les thérapies invasives incluant l’acupuncture et l’irrigation1 ;
• les thérapies basées sur les produits avec l’homéopathie, la phy­
tothérapie, l’aromathérapie, les thérapies nutritionnelles et les
remèdes des fleurs ;
• la médecine basée sur la circulation d’énergie qui s’inscrit dans
un paradigme différent du paradigme biomédical et matérialiste
occidental, et qui met en lumière l’existence d’une énergie qui
existe en dehors du corps humain sur laquelle le soignant peut
agir via des méthodes et des pratiques spécifiques comme le reiki.
Elles s’inscrivent souvent dans une optique traditionnelle qui se
retrouve dans la médecine chinoise ou ayurvédique. Précisons que
la prière ou les guérisons dites spirituelles s’inscrivent dans cette
catégorie en mettant l’accent sur le potentiel thérapeutique de la
croyance (par exemple : la prière) émanant de l’individu lui-même
ou d’individus extérieurs (le fait de prier et de demander une
guérison à une entité transcendante appelée dieu). A ce niveau le
lien entre spiritualité, religion et santé apparaît1
2;

1. L’irrigation coionique est une technique visant à nettoyer le côlon en douceur.


L’hygiéniste y fait circuler de l’eau filtrée au moyen d’une canule stérilisée à double
conduit. Celle-ci permet à la fois à l’eau d’entrer et aux déchets d’être expulsés
dans un tuyau scellé, de telle sorte que le traitement est inodore. Pendant que l’eau
circule, l’hygiéniste procède à des massages abdominaux, qui ont pour effet de
déloger les dépôts coioniques sans que la personne ait à bouger, se retenir ou forcer.
L’irrigation coionique accroît le tonus musculaire des parois intestinales, rétablissant
le rythme naturel du côlon. Elle n ’est pas douloureuse ; seules de légères crampes
peuvent survenir, comme celles que l’on peut ressentir lors de l’évacuation intestinale
quotidienne.
2. La recherche au niveau du lien entre spiritualité, religion et santé se développe
aux Etats-Unis depuis les années 1990 et des études sérieuses et poussées soulignent la
pertinence de cet objet de recherche. On peut se référer particulièrement aux travaux
de Miller et Thorenson (2003). « Spirituality, Religion and health : an emerging
fields », American Psychoiogist, 58, 24-35 et de Bay P.S., Beckman D., Trippi J.,
Gunderman R ., Terry C. (2008). « The Effect of Pastoral Care Services on Anxiety,
• l’intervention psychologique incluant l’hypnothérapie et les diffé­
rentes formes de psychothérapie ;
• les techniques d’auto-aide comprenant le yoga, le biofeedback,
la méditation, la visualisation, l’auto-hypnose, les techniques de
relaxation, la technique Alexander, le tai chi et le qi gong, ainsi
que les entraînements autogènes.
Il est également possible de catégoriser les CAM selon qu’elles
sont d’inspiration médicale, psychologique ou mixte. Les premières
relèvent de pratiques corporelles qui peuvent faire appel à des
substances, des outils ou des manipulations et dont l’objectif est
d’agir sur la physiologie et plus largement sur le fonctionnement
de l’organisme. Les CAM d’inspiration psychologique sont des
interventions dont la finalité est d’agir sur les états cognitifs, émo­
tionnels et psychiques en utilisant le langage et les processus mentaux
(visualisation, cognitions). Les CAM d’orientation mixte enfin, se
veulent avoir des effets tant sur l’organisme que sur le psychisme
des individus.
Il nous est bien entendu impossible de faire une présentation
exhaustive de toutes les approches médicales et psychologiques
relevant de ce champ. C’est la raison pour laquelle nous avons opéré
un choix afin de rendre compte des approches les plus cohérentes
et les plus sérieuses. Les plus fantaisistes pourraient figurer dans un
tel tableau, mais notre sens de l’ouverture intellectuelle a des limites
pratiques, idéologiques et éthiques, ce qui ne nous permet pas de
! tout cautionner (channeling, guérison par l’usage des cristaux...)
| d’autant que notre connaissance de nombreuses de ces approches
j reste limitée. C ’est sans doute là un frein à l’intérêt que l’on peut
i porter sur les CAM, qui peut parfois nous entraîner dans des
| sphères ésotériques et suspicieuses. Il relève de la responsabilité
t- du chercheur et du praticien de se fixer des limites afin de savoir
; vers quelles approches se tourner ou desquelles se détourner. C’est
\ là une question de fond qui a toujours été source de polémique
; dans le champ des psychothérapies depuis qu’elles existent et qui a
! conduit le législateur à délimiter ce qu’est ou non un psychologue

Dépréssion, Hope, Religions Coping, and Religious Problem Solving Styles: A


Randomized Controlled Study. », Journal of Religion and healtli, 47(1) :67-69.
ou un psychothérapeute. Légiférer sur le « titre » ne dit rien sur
la pratique et l’exercice du métier. Légiférer sur le « titre » ne dit
rien non plus sur la pertinence des méthodes utilisées. Ainsi, il
revient à chaque professionnel d’instruire une posture éthique et
épistémologique quant aux choix thérapeutiques que chacun sera en
mesure de proposer aux patients. C’est cette même posture éthique
et épistémologique, complétée quand cela était possible par des
soubassements scientifiques qui nous ont conduits à présenter (cf.
tableau 1.1) à titre indicatif vingt-cinq déclinaisons de ce que l’on
peut qualifier de thérapies (d’inspiration médicale et psychologique)
complémentaires et alternatives. Certaines de ces approches relevant
de l’intervention psychologique seront au cœur de cet ouvrage.
Enfin, précisons que les médecines chinoises (utilisant diverses
techniques et approches spécifiques identifiées au sein des CAM et
propres à la culture chinoise comme l’acupuncture, la phytothérapie
ou le massage...) et ayurvédiques (utilisant diverses techniques et
approches spécifiques à la culture indienne comme le yoga, le mas­
sage et la phytothérapie) ne sont pas englobées dans ces catégories
car elles sont identifiées comme des médecines traditionnelles et
reconnues dans leur culture respective.
Toutes ces approches n’ont pas le même succès auprès des
praticiens. Deux études (Thomas, 1991 ; Fulder, 1996) montrent
que l’acupuncture, l’homéopathie, la phytothérapie, l’ostéopathie
et la chiropractie restent parmi les plus répandues. La réflexologie
et l’aromathérapie sont également de plus en plus acceptées (Fisher
et al., 1994). On observe également que les patients font le plus
souvent appel aux CAM en cas de pathologies chroniques plutôt
qu’aiguës, le plus souvent lorsque la médecine conventionnelle
a échoué ou est jugée insatisfaisante (Routledge et al, 1991).
La douleur et spécialement la douleur lombaire et les allergies
(Sharma, 1992) restent parmi les problématiques de santé les plus
consommatrices de CAM. Dans l’étude de Mintel (2003), par
exemple, plusieurs participants considèrent que les CAM sont
particulièrement indiquées dans le cas de prise en charge des
douleurs dorsales (28%), des problèmes de sommeil et de stress
(25 %). Notons également qu’il existe une demande de plus en plus
forte chez les patients atteints par le sida ou le cancer (Greenblatt et
al.. 1991).
Tableau 1.1. - Liste non exhaustive des principales approches reconnues sous le terme de CA M
Tableau 1.1. (suite)
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Tableau 1.1.
LES APPROCHES PSYCHOTHÉRAPEUTIQUES
COMPLÉMENTAIRES

Au regard des différentes CAM présentées dans le tableau 1.1, il


apparaît que certaines d’entre elles s’inscrivent dans le champ de la
psychologie et plus spécifiquement dans celui des psychothérapies.
On peut ainsi qualifier ces approches de stratégies psychothérapeu­
tiques complémentaires, ce qui est une requalification du rôle que
peuvent jouer certaines formes de psychothérapies dans le domaine
de la santé et de la maladie. C ’est là une posture nouvelle, où le
psychologue ne s’arc-boute pas sur ses seules positions disciplinaires
ou théoriques, mais au contraire, s’inscrit avec les autres dans une
posture de rassemblement, d’articulation et de complémentation des
soins. Chaque approche fournit une explication partielle du com­
portement et chacune est renchérie lorsqu’elle est ponctuellement
intégrée en continuité avec d’autres aspects de l’approche de soin.
Le but est ici de faciliter la complétude de façon à ce que la qualité
d’existence du patient et son fonctionnement soient maximisés.
Il y a une obligation éthique particulière pour les psychologues de
la santé d’inscription complémentaire. Il s’agit de dialoguer avec des
collègues de différentes orientations, voire de disciplines différentes,
et de se tenir au courant des développements dans les domaines
considérés. C ’est loin d’être une évidence alors que l’on reproche
souvent aux psychologues d’être fermés aux autres et aux collabo-
j rations notamment dans l’institution médicale. Certes, d’un point
! de vue institutionnel, il n’a jamais été facile pour les psychologues
i d’exister et leur combat les a souvent conduits à un réflexe de repli.
I Cependant, nos métiers ne devraient pas souffrir une telle critique.
| Peut-on imaginer une absence de collaboration, de communication
; et de compréhension entre deux médecins lorsqu’ils prennent en
| charge un patient, simplement parce qu’ils ne relèvent pas de la
[ même spécialité ? C ’est bien entendu impensable ! Alors pourquoi
' le penser lorsqu’il s’agit de la psychologie et des relations des
! psychologues avec leurs pairs (qui passent le plus clair de leur temps
! à s’invectiver pour des raisons plus idéologiques que scientifiques
| et pragmatiques, rappelons par exemple la violence dont ont fait
i l’objet en France les tenants de la psychologie de la santé, lorsque
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tenants d’une psychologie cognitive et comportementale et ceux
d’une psychologie d’orientation psychanalytique) ou des relations
des psychologues avec les médecins (dont on nous dit qu’il faut
impérativement se méfier, parce qu’ils pourraient nous demander
des comptes sur nos méthodes, nos approches ou nos résultats).
Peut-on imaginer un système comme celui du soin où il y aurait
d’une part des médecins à qui l’on demanderait d’être efficaces et
qui doivent mettre leur modèle à l’épreuve des faits et des maladies
et de l’autre des psychologues, qui pourraient être dispensés d’un
quelconque retour sur ce qu’ils font ou évaluation de leur pratique ?
Les psychothérapies complémentaires s’inscrivent nécessairement
dans une perspective d’ouverture qui doit redessiner les contours du
champ de nos interventions. Notamment, parce qu’elles se doivent
de faire leur preuve et de mettre en exergue leur efficacité selon
les domaines d’intervention. Leur introduction pourra contribuer à
rejeter le thériaque psychologique, en obligeant à disposer d’outils
et d’approches psychothérapeutiques dont la mobilisation devra
être ciblée et articulée en fonction de la situation du malade. C’est
en tous les cas dans cette perspective que nous souhaitons inscrire
l’émergence des CAM dans le domaine de la psychothérapie.

Tableau 1.2. Les pratiques thérapeutiques d ’orientation psychologique et mixte

Orientation Nombre d ’items


Approches/Méthodes
psychologique et mixte référencés sur Medline
Hypnothérapie Psychologique 11483
Techniques de relaxation Psychologique 9 595
Tai chi, qi gong Mixte 2 890
Méditation Psychologique 1 503
Training autogène Psychologique 1 066
EMDR Psychologique 162

Dans cet ouvrage nous ne pouvions entrevoir toutes les formes de


psychothérapie et prendre ainsi le risque de proposer un catalogue
descriptif et sans intérêt. Nous avons retenu l’hypnose (notamment
l’hypnose éricksonnienne), les techniques de relaxation, le tai chi et
le qi gong, la méditation et la thérapie EMDR, ce choix est motivé
par plusieurs arguments.
1. Il s’agit d’approches qui ont fait l’objet d’une documentation
scientifique sérieuse (cf. tableau 1.2) et qui apportent des éléments
intéressants quant à leur pertinence à être instruite dans le
domaine de la santé et de la maladie ;
2. Certaines de ces approches comme l’hypnose sont depuis long­
temps identifiées et utilisées avec pertinence dans le domaine de
la santé et de la maladie. En revanche, la référence à d’autres
approches plus récentes comme l’EMDR ou très anciennes
comme la méditation est plus originale et relève d’une véritable
prise de position quant à leur pertinence, leur potentiel et leur
rigueur pour l’aide qu’elles pourront apporter aux psychologues
de la santé dans une prise en charge adaptée et ciblée des patients.
Cette originalité s’accompagne de renforts théoriques et scien­
tifiques, qui certes parfois signent une rupture épistémologique
par rapport aux modèles dominants, mais qui, comme nous
le montrerons, sont loin d’être des entités négligeables dans le
domaine de la prise en charge psychologique.
3. Enfin, notre connaissance pratique et scientifique de certaines
approches comme la relaxation, le tai chi ou le qi gong, nous
a convaincus de leur faire prendre une place toute particulière
dans cet ouvrage. En effet, si on porte un regard acceptable, mais
néanmoins réducteur sur les techniques de relaxation, celles-ci
sont généralement bien acceptées par les psychologues - même
si très curieusement elles ne sont pas souvent enseignées dans
les cursus de formation, laissant l’initiative aux étudiants de se
former à l’extérieur ; comme si l’Université n’était pas le lieu
p n u io c o p jc n o n a u to risée esc u n aenc

de formation à la psychothérapie ou aux modes de prise en


charge psychologique. C ’est là un dogme qu’il conviendra à
l’avenir de renverser afin de mettre sur le marché du travail,
des étudiants plus que sensibilisés aux approches psychothérapeu­
tiques, ainsi qu’à leur champ d’application ! Il en est tout autre
d’approches a priori plus lointaines comme le tai chi et le qi gong.
Définies comme des arts martiaux, elles disposent néanmoins
de vertus psychologiques importantes dont les psychologues de
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= la santé pourraient s’inspirer. Bien entendu ce ne sont pas des


? psychothérapies, mais il est néanmoins possible de les inscrire
I dans une prise en charge globale et complémentaire des patients
8 soit à titre préventif soit lorsque ces derniers sont touchés par la
l maladie. En tout cas, une ouverture vers ces approches dès lors
qu’elles sont bien encadrées ne peut être négligée, d’autant que,
comme nous le montrerons, une littérature scientifique existe sur
ces approches, alors que le plus souvent elle est soit totalement
négligée, soit, et c’est plus grave, totalement méconnue.

CONCLUSION

Ainsi, il nous semble important de proposer un cadre d’intervention


nouveau pour les psychologues de la santé qui ont su sur le plan
théorique donner une autre dimension à la discipline dans le champ
de la prise en charge des malades. Les traités et autres manuels
de psychologie de la santé se consacrent peu à la question de la
prise en charge psychologique des patients (Fischer et Tarquinio,
2006). L’orientation proposée ici en est une déclinaison possible, qui,
nous l’espérons, permettra aux psychologues de terrain et aux cher­
cheurs de trouver des réponses aux difficultés cliniques spécifiques
qu’impose l’arrivée de la maladie, ainsi qu’aux questionnements
théoriques qu’inévitablement l’ouverture vers ces approches souvent
nouvelles nous impose.
LA COHÉRENCE CARDIAQUE

Un indicateur de letat de bien-être

de la « cohérence cardiaque » terminologie consa­


L
E PRINCIPE
crée par les psychologues français, plus connu chez les cher­
cheurs sous les terminologies de « variabilité de fréquence car­
diaque » (ou heart rate variabilitÿ), de « variabilité cardiaque » ou de
« variabilité sinusale » (VS) a récemment été vulgarisé en France par
l’immense succès du livre Guérir de David Servan-Schreiber (2003).
Ce dernier mettait en évidence les effets bénéfiques sur la santé
psychique et physique du développement de techniques respiratoires
permettant de retrouver une harmonie émotionnelle. Cette notion
était jusque-là assez peu étudiée dans le champ de la psychologie
ou de la psychiatrie (Servant et ai, 2009) et les seuls concernés par
cette approche étaient le plus souvent soit les cardiologues, soit
les spécialistes des performances sportives (Gamelin et al., 2007).
Bien entendu, on ne peut passer sous silence le puissant et efficace
Hearthmath Institut qui en a fait un cheval de bataille scientifique
convainquant, avec comme chef de fil Rollin McCraty (1995, 1996,
2002, 2006), et une vitrine commerciale efficace (Childre et Martin,
2005).
L’étude de la variabilité sinusale (VS), la connaissance de ses
effets et de sa régulation sont d’une importance considérable pour
les psychologues ayant en charge la santé ou la maladie de leurs
patients, en particulier lorsque l’on sait que le contrôle de la
variabilité sinusale est d’un intérêt majeur, pour améliorer la gestion
émotionnelle des patients présentant des troubles psychiques comme
le stress, la dépression ou encore l’anxiété. Mais la variabilité sinusale
dans certaines pathologies (cardiaques, diabète par exemple) est un
facteur de morbidité et/ou de mortalité important. De ce fait c’est
à la fois un marqueur émotionnel et un indice pronostique dont
la puissance heuristique nous a conduits à vouloir lui consacrer
un chapitre afin qu’il soit présenté clairement et que les praticiens,
comme les chercheurs puissent à l’avenir lui accorder plus d’intérêt
dans leurs investigations. Comme nous le montrerons la mesure
et la prise en compte de la variabilité sinusale pourrait se révéler
pour les psychologues de la santé (et les autres) d’une importance
considérable et d’un intérêt thérapeutique indéniable.
La variabilité sinusale et son évaluation restent néanmoins d’une
assez grande complexité lorsqu’il s’agit de comprendre de quoi il
s’agit réellement et sur quoi on agit lorsque l’on souhaite, mettre
les patients en situation dite de « cohérence cardiaque ». Il apparaît
que la plupart des techniques de contrôle respiratoire, de relaxation
et de méditation contribuent à une amélioration de la variabilité
sinusale (Phongsuphap, 2008). Ainsi, sans le savoir, les sophrologues,
les « relaxologues » modernes, mais aussi les yogis des temps les plus
ancestraux et toutes les personnes qui à un moment de leur vie
font des exercices de respirations ou de méditation au sens large
sont conduits à modifier leur variabilité sinusale. Et on peut même
se demander si cette capacité à réguler de façon dynamique ses
émotions en fonction de son état et de ce qui nous arrive, ne serait
pas une sorte de méta-compétence qui transcenderait pour une part
au moins, toutes les techniques ou autres philosophies (modernes
ou pseudo-modernes) orientées vers la recherche du bien-être, et
qui passent le plus souvent par un travail sur soi, sur le corps et la
respiration.
Si les recherches doivent être poursuivies notamment en ce qui
concerne le lien entre variabilité sinusale et état émotionnels, il
existe aujourd’hui des faisceaux de convergences qui doivent nous
conduire en tant que psychologue de la santé à intégrer de telles
approches dans notre exercice du métier, afin par exemple de propo­
ser à nos patients dans le cadre d’une démarche de psychothérapie ou
d’éducation thérapeutique, l’apprentissage de méthodes susceptibles
de dynamiser cette variabilité sinusale. Certaines de ces approches
seront abordées dans ce chapitre et plus largement dans cet ouvrage
(cf. chap. 3, 4 et 7). Il nous semble donc important de comprendre
les soubassements de la variabilité sinusale, de sa mesure et des
liens qui existent avec la santé et la maladie. C ’est à cela que
nous allons nous livrer dans ce chapitre, afin de rompre avec le
discours parfois naïf tenu sur la variabilité sinusale et permettre aux
patients, ainsi qu’aux professionnels de la santé psychique de faire un
usage pertinent de cet indicateur physiologique qui est une fenêtre
non invasive et fiable sur l’équilibre entre les systèmes nerveux
sympathique et parasympathique.
Dans un premier temps nous rappellerons quelques aspects
psychophysiologiques relatifs au fonctionnement cardiaque et à ses
liens avec le système nerveux autonome. Nous présenterons ensuite
les deux principales méthodes d’analyse de la variabilité sinusale (VS)
que sont l’analyse temporelle et l’analyse spectrale1. Il s’agira ensuite
de présenter certaines méthodes respiratoires permettant d’optimiser
la variabilité sinusale. Il s’agira aussi, tout au long de ce texte de faire
le lien avec la santé et la maladie à travers la présentation d’études
qui montreront tous les effets positifs que les patients peuvent tirer
d’un développement de leurs compétences personnelles en matière
d’action sur la variabilité sinusale.

QUELQUES RAPPELS SUR LA PHYSIOLOGIE


DU RYTHME CARDIAQUE
InterEditions-D unod - La photocopie non autorisée est un délit

D eux systèmes nerveux

La fréquence cardiaque est de façon constante soumise à de nom­


breuses variations, ce qui est un gage d’adaptation de chacun
d’entre nous aux perturbations extérieures, aux événements et aux
émotions dont nous sommes en permanence l’objet. La régulation
des émotions dépend de la capacité du sujet à ajuster son niveau
d’activation physiologique en fonction de l’environnement. On a
ainsi pu montrer que certaines manifestations émotionnelles (Hatton
et al., 1989), comme la colère ou la perte de contrôle, pouvaient

1. Si certains passages restent parfois d’un abord difficile, ils restent néanmoins
accessoires pour le lecteur qui souhaite uniquement se consacrer aux aspects pratiques
© de ce chapitre.
être des déclencheurs majeurs de troubles du rythme (le mécanisme
sous-jacent pouvant être une libération accrue de catécholamines
notamment adrénaline et noradrénaline). Plus le système nerveux
autonome (ou système nerveux neuro-végétatif qui est la partie du
système nerveux responsable des fonctions automatiques telle que
la digestion, la sudation ou le rythme cardiaque) s’avère souple et
flexible, plus un individu sera capable de répondre rapidement aux
changements émotionnels qui sont les siens, plus il sera en mesure
d’ajuster sa réponse et donc de faire face aux situations de façon
pertinente. La variabilité sinusale est un aspect de ce mécanisme de
contrôle et sa mesure est une méthode d’évaluation du contrôle qu’a
le système nerveux autonome sur la fréquence cardiaque (Freeman
et al., 2006). On peut à cet égard considérer la fréquence cardiaque
comme un indicateur global de l’équilibre entre le tissu nodal,
le système nerveux autonome (système nerveux sympathique et
parasympathique), ainsi que le baroréflexe et le rythme respiratoire
tous impliqués dans la détermination de la variabilité sinusale.
L’un des premiers éléments à prendre en compte afin d’expliquer
le mécanisme de la fréquence cardiaque est le tissu nodal. Il s’agit
d’une partie spécialisée du muscle cardiaque, constitué essentielle­
ment du nœud sinusal et du nœud auriculo-ventriculaire, et qui
sont doués d’un automatisme intrinsèque (figure 2.1). Le nœud
sinusal est un élément important pour comprendre les processus
nécessaires à l’émergence du rythme cardiaque. C ’est à Keith et
Flack (1907) que l’on doit sa découverte. Il s’agit d’une formation
cellulaire particulière située sous l’épicarde, à la jonction de la
veine cave supérieure et de l’auricule droite. Sa fonction est de
générer un rythme cardiaque s’adaptant en permanence aux besoins
métaboliques de l’organisme. En dehors de toute influence du
système nerveux autonome, le cœur possède un rythme régulier
imposé par ce pacemaker naturel qu’est le nœud sinusal.
Cette région minuscule commande tout le mécanisme de régu­
lation des battements cardiaques. Les impulsions démarrent norma­
lement dans le nœud sinusal. Celui-ci génère une brève impulsion
électrique de faible intensité, entre soixante et soixante-dix fois
par minute chez un adulte au repos. A partir de là, l’impulsion se
propage le long des couches de tissu qui forment les deux oreillettes,
excitant les fibres musculaires sur son passage, ce qui provoque la
Figure 2.1. Localisation des nœuds sinusal et auriculo-ventriculaire

contraction des oreillettes et le passage du sang qu’elles contiennent


dans les ventricules presque vides. L’impulsion atteint rapidement le
nœud auriculo-ventriculaire, situé entre les oreillettes et les ventri­
cules. L’impulsion est ensuite transmise aux ventricules déclenchant
ainsi leur contraction (le courant électrique parcourt les ventricules
et déclenche l’action de la pompe cardiaque). En cas d’urgence, le
nœud auriculo-ventriculaire peut reprendre la fonction du nœud
sino-auriculaire en générant lui-même les impulsions. Il n’est pas
aussi efficace et ne produit que quarante à cinquante battements
par minute. Il existe une asymétrie fonctionnelle et anatomique de
l’innervation cardiaque par le système nerveux autonome.
• En ce qui concerne le système nerveux autonome, celui-ci est
| composé des systèmes nerveux sympathique et parasympathique,
s Appelé également orthosympathique, le système nerveux sym-
] pathique correspondant à la mise en état d’alerte de l’organisme et
| à la préparation à l’activité physique et intellectuelle. Le système
; nerveux sympathique contrôle une grande partie des activités
| autonomes du corps humain, comme par exemple les battements
( du cœur (rythme cardiaque) et la contraction des muscles lisses.
1 Le système nerveux sympathique a également des effets sur les
! cellules et certains organes grâce à l’action de la noradrénaline et de
! l’adrénaline.
| En ce qui concerne le système nerveux parasympathique (ou
| système vagat), ce dernier contrôle de façon conjointe les activités
1 involontaires des organes, glandes et vaisseaux sanguins. Il est
responsable notamment du ralentissement de la fréquence cardiaque
(cardio-modérateur) et de l’augmentation des sécrétions digestives.
Il intervient dans certains phénomènes pathologiques, tels les éva­
nouissements, les colites, diarrhées, vomissements, larmes, etc. En
cas de rupture d’équilibre entre les deux systèmes parasympathique
et sympathique (hypertonie vagale), une syncope peut survenir.
Celle-ci se voit plus fréquemment chez un individu jeune ou
une personne âgée présentant une certaine anxiété ou à la suite
d’émotions intenses ou quelquefois de douleurs violentes.
Si on bloque le système nerveux parasympathique par des injec­
tions successives d’atropine par exemple, on inhibe alors les récep­
teurs de l’acétylcholine. Et à mesure qu’on injecte ces doses d’atro­
pine, la fréquence cardiaque va augmenter de façon importante
(si le sujet est au repos, on assiste à une augmentation d’environ
cinquante battements par minute). Donc, l’état de repos est sous le
contrôle permanent du système nerveux parasympathique.
En revanche, si on injecte un bêta bloquant pour bloquer les
récepteurs bêta qui répondent à la libération de noradrénaline, on
assiste alors à une baisse de la fréquence cardiaque (plus modéré
d’environ dix battements). Il existe bien un tonus sympathique au
repos blocable mais il est beaucoup moins important que le tonus
parasympathique. C ’est la raison pour laquelle on peut dire que le
système nerveux parasympathique est une sorte de « frein à main »
permanent sur la fréquence cardiaque au repos.
D ’autres paramètres comme les barorécepteurs vont intervenir
dans la détermination du rythme cardiaque. En physiologie car­
diaque, il s’agit de récepteurs présents dans la couche de tissus
élastiques des vaisseaux sanguins. Ils sont sensibles aux différents
niveaux de la pression artérielle, par mesure de l’étirement de la
paroi, et servent ainsi à réguler celle-ci par l’intermédiaire des voies
sympathiques et parasympathiques. Ils se retrouvent principalement
au niveau du sinus carotidien, de la crosse aortique et de l’oreillette
droite du cœur (il existe aussi des barorécepteurs intrarénaux).
Lorsque la pression est basse, l’activité parasympathique est elle
aussi très basse car les barorécepteurs ne sont pas stimulés. En
revanche l’activité sympathique est presque à son maximum. Dans
ce contexte (SOmmHg)1, des potentiels d’action sont envoyés par
ces barorécepteurs vers le tronc cérébral mais ils n’en envoient
qu’un seul, juste au moment du pique systolique. A mesure que
l’on augmente le niveau de pression artérielle moyen, on voit la
fréquence de ces potentiels d’action augmenter et quand on arrive à
une hypertension artérielle (200mmHg), les trains de potentiels
d’action deviennent alors presque continus. L’activation de ces
barorécepteurs par hypertension entraîne en retour une activation
du parasympathique qui se traduit par une bradycardie (baisse de
la fréquence cardiaque). A mesure que l’organisme s’engage dans
une situation d’hypertension le système nerveux parasympathique
est activé à son maximum et on assiste à une baisse de l’activité du
système sympathique. C ’est là le résultat d’un dialogue au niveau
du tronc cérébral plus exactement d’une inhibition réciproque du
sympathique et parasympathique.
Un autre paramètre essentiel (cf. figure 2.2) dans la détermination
du rythme est la respiration. Globalement, la respiration se déroule
de façon inconsciente et rythmique grâce à l’activité de certains
neurones du tronc cérébral. Sa régulation dépend essentiellement de
la pression partielle de dioxyde de carbone dans le sang, celle-ci étant
captée par deux types de chémorécepteurs (terminaison nerveuse
capable de détecter des substances chimiques et de relayer cette
information vers le système nerveux). Toutes modifications de la
teneur en dioxyde de carbone dans le sang entraînent une réponse
du rythme et de la profondeur de la ventilation.
© /nterH didons-D unod —La photocopie non autorisée est un délit

Des modulations de l’activité respiratoire peuvent aussi être dues


à d’autres stimulations, comme c’est le cas avec des émotions telles
que la peur, la tristesse, le stress ou l’excitation. Du fait de l’anatomie
cardio-pulmonaire, il existe de fortes interactions mécaniques entre
l’activité mécanique du cœur et les mouvements respiratoires.
En fait, la variabilité du rythme cardiaque la plus connue est
l’arythmie sinusale respiratoire. Il s’agit du raccourcissement de la
durée de l’intervalle cardiaque lors de l’inspiration et de l’allonge­
ment de la durée de l’intervalle cardiaque lors de l’expiration. En
effet, quand l’inspiration commence il y a augmentation du volume
des poumons. Il existe dans le tissu pulmonaire des récepteurs à

1. Les mesures s’expriment en centimètre ou en millimètre de mercure (Hg).


Figure 2.2. Schéma simplifié de l’arc de contrôle du rythme cardiaque, et des interactions
aux deux niveaux, central et mécanique, de la respiration et du système cardio-vasculaire
(extrait de Bestel et al., 2000).

l’étirement qui envoient leurs signaux vers le tronc cérébral et il


en résulte une action inhibitrice sur le noyau parasympathique du
tronc cérébral qui se traduit par une augmentation de la fréquence
cardiaque à l’inspiration. En phase expiratoire, en raison de cette
élévation de fréquence cardiaque il y a augmentation de la pression
artérielle qui se traduit par un étirement des barorécepteurs et par
conséquent potentialisation de l’activité parasympathique au niveau
du tronc cérébral et une bradycardie au moment de l’expiration.
L’arythmie respiratoire est très importante, elle signifie que lorsqu’il
y a de grandes irrégularités dans la variabilité sinusale, on peut
affirmer que le système se trouve dans un état de calme relatif
(par exemple pendant le sommeil), cela veut dire également qu’à
l’intérieur comme à l’extérieur la stimulation est minimale.
De nombreuses recherches ont démontré que la fréquence et le
volume respiratoires ont une large influence sur la variabilité sinusale
et la pression artérielle (Bernardi et ai, 1996, 2001). C ’est là une
donnée importante car bon nombre de méthodes de gestion des
émotions, qui utilisent la respiration comme facteur de régulation
psychoaffective, impliquent inévitablement la variabilité sinusale.
LES MÉTHODES D’ANALYSE DE LA VARIABILITÉ SINUSALE

La variabilité sinusale (VS) trouve son origine dans l’ouvrage de


Haies (1733) qui fut le premier à mettre en évidence le fait que les
intervalles de temps entre les battements cardiaques n’étaient pas
équidistants (par convention les accidents de l’électrocardiogramme
ont une lettre (PQRST) que l’on peut identifier sur la figure 2.3).

Figure 2.3. Les differentes ondes présentes entre deux battements cardiaques

La variabilité sinusale est obtenue en mesurant le temps entre


des intervalles R R sur l’électrocardiogramme (cf. figure 2.4). Les
valeurs des intervalles R R sont ensuite représentées graphiquement
par rapport au temps, ce qui donne des courbes que l’on appelle les
tachogrammes de variabilité sinusale (avec en abscisses les battements
par minutes — ou le temps en secondes ou millisecondes) entre
deux pics R R et en ordonnées le temps en secondes (ou en
ions-D un od —La photocopie n on autorisée est u n délit

millisecondes). Il existe normalement des variations physiologiques


permanentes de l’activité sinusale qui se traduisent par des variations
de durée des cycles cardiaques.
Les méthodes d’étude de la variabilité sinusale se sont consi­
dérablement développées ces dernières années, grâce notamment
aux possibilités actuelles d’analyse informatique des enregistrements
Holter1 qui permettent une analyse temporelle et spectrale. Ces
techniques permettent, pour chaque indice d’analyse temporelle
ou pour chaque spectre de fréquence, de définir si ce sont les

=9
■1g1 1. L’enregistrement Holter (électrocardiogramme continu) permet d’enregistrer le
rythme cardiaque en dehors du cabinet médical. Il est réalisé au moyen d’un petit
© électrocardiographe que le patient porte sur lui comme un baladeur.
R R R R

Figure 2.4. Tachogramme de variabilité sinusale (VS)

composantes du système parasympathique ou sympathique qui sonl


enjeu pendant la mesure.
À cet égard, il existe aujourd’hui de nombreux outils de mesure
simples d’usage à la destination des psychologues ou des patient!
eux-mêmes, qui permettent de façon fiable de disposer d’indicateun
concernant la variabilité sinusale. S’ils ne sont pas vraiment utilisables
dans la pratique de la recherche, ils permettent néanmoins de fournil
en retour au sujet des indications directes sur les modifications
psychophysiologiques qui se réalisent dans le cadre d’un exercice
de relaxation. Pédagogiques et ludiques ses outils sont de véritables
supports qui renforcent la démarche du patient et son sentiment
d’efficacité. La plupart du temps ces mesures font référence à ces
mêmes mesures fréquentielles ou spectrales.

Analyse tem porelle de la variabilité sinusale

On peut diviser les mesures en deux classes (Bigger et al, 1992 ;


Fleisher, 1996) d’une part les variables dérivées directement de la
mesure des intervalles R R , d’autre part les variables dérivées de la
différence entre les intervalles RR.
En ce qui concerne la première classe de mesure on peut
répertorier différents indicateurs :
• NN (intervalle entre deux battements cardiaques, normal to normal,
NN) ;
• SDNN (déviation standard de l’intervalle R R sur toute la période
d’enregistrement, standard déviation of ail N N intervals) ou SDRR
qui renseigne sur la variabilité globale exprimée en ms : écart
type de tous les espaces R R normaux sur la période globale des
24 heures. Il s’agit d’un indice global sensible à tous les stimuli :
barorécepteurs, respiration... ;
• SD N N index ou ASDNN (moyenne des déviations standard de
l’intervalle R R sur des segments de 5 minutes, pendant toute la
période d’enregistrement, mean of the standard déviations of ail N N
InterEdidons-D unod —La photocopie non autorisée est un délit

intervalsfor ail 5 minutes segments) qui renseigne sur la variabilité à


court terme. Cet index est plus sensible aux hautes fréquences et
est un bon témoin de l’activité parasympathique ;
• SDANN (déviation standard de la moyenne des intervalles R R
des segments de 5 minutes sur toute la période d’enregistrement,
standard déviation of the averages of N N intervals in ail 5 minutes
segments of the entire recording) qui exprime la variabilité globale des
cycles de 5 minutes, c’est-à-dire la variabilité à long terme. Cet
index est sensible aux basses fréquences (activité, changements de
position, différences de rythme jour/nuit).
En ce qui concerne la classe des variables dérivées de la différence
entre les intervalles R R d’autres indicateurs sont classiquement
@
> id p n H fïé s •
• NN50 (nombre d’intervalles R R successifs supérieurs à 50 ms.
number of adjacent N N intervals differing by more than 50 ms) ;
• SDSD (déviation standard de la différence entre les intervalles
R R successifs, standard déviation of différences between adjacent N N
intervals) ;
• pNN50 (NN50 divisé par le nombre total d’intervalles, NN50
count divided by the total number of ail N N intervals) qui exprime la
variabilité de haute fréquence principalement d’origine parasym­
pathique, modulée par la respiration ;
• RMSSD (racine carrée des différences au carré des intervalles
R R successifs, the squared root of the mean of the sum of the
squares of différences between adjacent N N intervals) qui exprime
aussi la variabilité de haute fréquence principalement d’origine
parasympathique, modulée par la respiration. Cette mesure est
préférable à pNN50 et à NN50.
Dans l’exemple présenté figure 2.5, un Holter a été posé à un
patient durant une période de 24 heures On peut observer la
configuration du tachogramme selon le jour ou la nuit par exemple
La fréquence cardiaque du sujet est en moyenne plus importante le
jour (82.6 bpm) que la nuit (64.2 bpm).
De la même manière que les indices de mesure du système
nerveux parasympathique (SDNNindex, pNN50, pNN30, RMSSD)
laissent entrevoir un état de calme (attendu !) plus important la nuit
que le jour. On peut en effet observer que les indices susceptibles
de rendre compte de l’activité du système nerveux parasympathique
sont plus élevés lorsque le sujet est censé dormir.
Comme il y a une corrélation entre les différentes mesures, les
SDNN, SDANN, RMSSD sont les mesures recommandées la
Task Force of the European Society of Cardiology and the North
American Society of Pacing and Electrophysiology (1996), pour
étudier la variabilité sinusale.
Ces indices constituent une méthode séduisante et non invasive
pour étudier la réponse cardiaque à la stimulation du système
nerveux autonome. Kleiger et al. (1987) montrent que le risque
de mortalité est 5,3 fois plus important avec un SDNN inférieur
à 50 ms par rapport à un SDNN supérieur à 100 ms. Suite à un
i n f a r c t u s d u m v n c a r d e . u n e réduction des i n d i c e s d e l a v a r i a b i l i t é
Baisse
Histogramme R R de 08:56 à 08:56
de la fréquence
FC moyenne = 74.9 bpm cardiaque

à
RR moyen = 801 ms
SD = 139.71 ms la nuit

Histogramme RR de 08:00 à 21:00 Histogramme R R de 23:00 à 06:00


FC moyenne = 82.6 bpm à FC moyenne = 64.2 bpm
_

A
0 RR moyen
500 = 726 ms
1000 1500 ms I RR moyen = 934 ms

0 500 1000

FC
.........................................
1500

PNN50
ms

PNN30 RMSSD
0 500
1
1000 1500

IndexVar SDNN lndex/5mn SDANN:5mn


ms
~
SD
24H 74.9 bpm 18.77 % 34.88% 48.01 ms 3.74 % 70.30 ms 120.60 ms 139.71 ms
JOUR 82.6 bpm 10.83% 24.74 % 34.72 ms 3.16% 58.47 ms 70.10 ms 91.54 ms
NUIT 64.2 bpm 29.48 % 49.83 % 61.49 ms 4.42 % 83.52 ms 48.47 ms 100.83 ms

Figure 2.5. Enregistrement holter d’un patient durant une période de 24 heures : analyse
incerca m o ns-uu noa —u pnotocopie non autorisée est un délit

temporelle de la variabilité sinusale. La variabilité temporelle du rythme sinusal a été


évaluée avec un logiciel E L A -M E D IC A L S Y N E S C O P E Multichannel-Multiday
3 .1 0 (données du Dr J.-P. Houppe cardiologue à Thionville, 57).

cardiaque est susceptible d’augmenter les risques d’ischémie myo­


cardique et d’arythmie fatale (Kleiger et ai, 1987).
( N
E ncad ré 2.1.
V ariabilité sinusale e t m aladie : l’insuffisance rénale
Première recherche : variabilité sinusale et insuffisance rénale (Salameh et al.,
2008)
Le b u t de cette recherche était d ’évaluer la variabilité sinusale chez les
hémodialysés chroniques et de d éterm in er les facteurs qui l’influencent.
C ’est une étude de type rétrospective incluant cinquante et un patients,
us- v in g t-tro is h o m m es et v in g t-h u it fem m es, avec u n e m o y en n e d ’âge
de 64,5 ans (23-84 ans) en hém odialyse c h ro n iq u e p o u r insuffisance
rénale term inale d u e à des étiologies m ultiples. U n h o lter ry th m iq u e
de 24 heures était posé chez tous les patients p o u r évaluer la variabilité
sinusale. C ette variabilité sinusale a été com parée à des sujets tém oins
norm aux. La dysfonction auto n o m e est bien reconnue chez les patients
en insuffisance rénale term inale (M alik et al., 1986). Initialem ent, le
task force s’o ccu p an t de la variabilité sinusale a d éterm in é deu x im pli­
cations cliniques m ajeures : prédire la m ortalité cardiovasculaire après
infarctus aigu du m yocarde et d é te c ter et quantifier la n eu ro p ath ie
a u to n o m e chez les patients diabétiques. R é c e m m e n t, ces indications
se so n t élargies p o u r inclure d ’autres m aladies cardiovasculaires et
pulm onaires. La variabilité sinusale chez les patients en hém odialyse
ch ro n iq u e est en train d ’être évaluée par différentes équipes, d ’autant
plus que la m ortalité de cette population, n o tam m en t cardiovasculaire
c o m p ta n t p o u r plus de 50 % des cas (Venkatesan et H en rich , 1997)
reste élevée.

Tableau 2.1. - Valeur moyenne des paramètres de la variabilité sinusale chez les
hémodialysés chroniques versus sujets témoins.

Malades Témoins
SDNN (ms) 83.9 102.4
SDANN (ms) 67.5 79.6
SDNNidx (ms) 42.6 58.4
rMSSD (ms) 27.1 40.6
pNN50 (%) 4.9 11.4

T ous les param ètres de la variabilité sinusale, chez les patients en


hém odialyse ch ro n iq u e, sont dim inués par rapport aux tém oins avec
une différence significative (p < . 0005). O n observe que la variabilité
globale (S D N N ) est m oins im p o rta n te chez les sujets m alades. Les
autres param ètres qui sont des indicateurs de l’activité du systèm e
n erv eu x parasym pathique sont significativem ent plus faibles chez les
sujets malades que chez les sujets du g roupe tém oin.
Seconde recherche : variabilité sinusale et pronostique de survie le chez les
malades en insuffisants rénaux (Oikawa et al., 2009)
C h e z les patients souffrants d ’insuffisance rénale, la pathologie car­
diaque est u n risque m ajeu r de m o rtalité. E t de nom breuses études
in d iq u e n t q u ’u n e d im in u tio n de la variabilité sinusale est u n facteur
de risque m ajeu r en ce qui c o n cern e la survenue d ’u n infarctus du
m yocarde. D ans cette étu d e les auteurs o n t réalisé une évaluation de
la variabilité sinusale auprès de trois cent qu atre-v in g t-q u atre patients
(220 h o m m es versus 163 fem m es), âge m o y en de 57 ans ( + / — 13
i®- ans) souffrants d ’insuffisance rénale. C e tte évaluation d ’u n e durée
de 24 heures par H o lte r a été réalisée sur une p ério d e d ’en v iron
d eu x années. D u ra n t cette pério d e, c e n t q u arante-trois patients sont
m orts. Les résultats partiels rapportés dans le tableau 2.2 m o n tre n t en
quoi certaines caractéristiques de la variabilité sinusale distinguent les
patients encore en vie de ceux décédés.

Tableau 2.2. - Valeur moyenne des paramètres de la variabilité sinusale chez les
hémodialysés chroniques survivants versus décédés (p <. 001)

Survivants (n = 237) Décédés (n = 146)


SDNN (ms) 111 85
SDANN (ms) 103 80
rMSSD (ms) 19 17
pN N 50(%) 3.16 2.19

O n observe ici encore que tous les param ètres de la variabilité sinusale,
so n t plus bas chez les patients décédés par rap p o rt aux survivants.
D ans cette étu d e, il apparaît q u e le S D N N est fo rte m e n t associé aux
causes de décès des patients q u ’elles soient cardiovasculaires ou non. Il
apparaît en outre q u ’un faible taux de S D N N (< 75 ms) est un facteur
de risque de m ortalité très im portant.
V____________________________________________________ )
Analyse spectrale de la variabilité sinusale

La fréquence cardiaque peut être définie comme un ensemble de


fluctuations plus ou moins rapides. On peut essayer de décrire ces
oscillations (modulation du signal selon ses fréquences spécifiques)
par une autre méthode qui repose sur une analyse fréquentielle
© InterEdidons-D unod — La photocopie n o n autorisée est un délit

(domaine fréquentiel) telles que la transformée rapide de Fourier.


Joseph Fourier a démontré en 1807 que tout signal périodique
de forme quelconque est la superposition d’oscillations simples
dites « sinusoïdales » (l’onde résultante étant la superposition de
deux ondes sinusoïdales), d’amplitudes et de fréquences variées. Ces
oscillations simples sont appelées « harmoniques ». Plus le signal a
une forme complexe, plus il contient d’harmoniques. (Lorsque l’on
joue un « do » avec la plupart des instruments de musique, on fait
résonner un ensemble de notes en plus du « do » fondamental. Ce
sont les harmoniques. Même s’ils sont plus faibles en intensité, ils
participent à notre perception du timbre de l’instrument. Une note
se résumant à sa fondamentale, sans aucun harmonique est une
note nure.) Un son musical, une lumière chatovante. un courant
électrique, tous ces signaux sont des vibrations, des successions
d’oscillations qui se reproduisent à l’identique. Ces signaux sont
dits « périodiques ». Trois variables les caractérisent : l’intensité du
signal, donc son amplitude, la fréquence ou nombre d’oscillations
par seconde et la forme des oscillations. Dans le mouvement
harmonique, si chaque période dure un temps T (en secondes),
il est alors possible de calculer une fréquence F (F = 1/T). F est
la fréquence propre des oscillations. Elle s’exprime en hertz (Hz).
La transformation de Fourier du signal temporel permet donc de
calculer le spectre du signal et d’accéder ainsi à sa représentation
fréquentielle (cf. figure 2.6). L’observation du signal dans ce nouveau
domaine permet parfois de mettre en évidence des informations qui
n’étaient pas facilement décelables dans le domaine temporel.
L’approche spectrale1 permet de décrire la variabilité sinusale non
pas en fonction du temps (domaine temporel), mais en fonction
des oscillations qui la composent. Depuis quelques années, de
nombreuses études ont utilisé l’analyse spectrale pour étudier le
système cardiovasculaire. L’étude d’un signal (fréquence cardiaque
ou intervalle RR) par l’intermédiaire de l’analyse spectrale n’indique
pas la localisation d’une fréquence particulière dans le temps, mais
indique une densité de puissance fréquentielle cumulée. Il est
possible de voir dans ces spectres des pics de hautes, de moyennes
et de basses fréquences. L’abscisse de ces graphiques représente une
fréquence en Hz (habituellement de 0 à 0,5 Hz) et l’ordonnée
correspond à la puissance ou à la densité spectrale (il s’agit d’une
aire sous la courbe et les données sont habituellement exprimées en
ms2/Hz. C ’est là un point important car il s’agit d’une opération
mathématique comparable à un calcul d’intégrale). Des phénomènes
physiologiques ont été attribués à ces bandes.
On distingue principalement les bandes en :
• ultra-basses fréquences UBF (ULF, ultra lowfrequency : 0,0001 à
0,003 Hz chez l’homme) : elles sont caractérisées par des rythmes
très lents spontanés et sont calculées à partir des enregistrements
de longue durée (au moins de 24 heures). L’estimation de la

1. O n conviendra d ’appeler spectre toute représentation graphique, distribuant


l’énergie du signal en fonction de la fréquence.
625
000 -
775
750
725
700
675
650
50 / 100 150 200 250 300 350 \ 400

Nombre d'intervalles R-R

Transformation de Fourier rapide

vvwv mrnmm

SNP + SNS
SNP, système nerveux parasympathique. SNS, système nerveux sympatique.

Figure 2.6. Représentation du processus d ’analyse spectrale


(tiré de Deschamps et Denault, 2007).

variabilité dans cette bande de fréquence a des implications dans


© InterEdidons-D unod —La photocopie non autorisée est un délit

l’évaluation clinique, comme par exemple dans l’hypertension


et comme valeur prédictive de mortalité après cardiopathie
ischémique1 (Bigger et al., 1992) ;
• très basses fréquences TBF ( VLF, very low frequency : 0,003 à
0,04 Hz chez l’homme) : elles traduisent les mécanismes de
régulation à long terme, probablement liés à la thermorégulation ;

1. Malformation du cœur, les cardiopathies se divisent en deux grands groupes,


selon qu’elles sont congénitales ou acquise. La cardiopathie ischémique correspond
au groupe des cardiopathies acquises, apparaissant au cours de la vie. La cardiopathie
ischémique correspond à une ischémie, insuffisance d’oxygénation du muscle
cardiaque, par rétrécissement des artères coronaires irriguant le cœur ; les formes
les plus caractéristiques en sont l’angor (angine de poitrine) et surtout l’infarctus du
myocarde.
Certains résultats semblent indiquer un lien entre la présence
massive de ce niveau de fréquence et l’anxiété (Khaspekova et al.,
1998). Il a été établi récemment que des TBF inférieures à 180
ms2 entraînent un risque relatif multiplié par 4 de mortalité en
postinfarctus sur un suivi de 2,5 ans ;
• basses fréquences BF (LF, lou>frequency : 0,04 à 0,15 Hz chez
l’homme) : l’oscillation dans cette bande de fréquences est connue
sous le nom d’onde de Mayer. Il existe un pic, en général aux alen­
tours de 0,12 Hz chez l’homme. Son interprétation physiologique
reste controversée. Les oscillations de la fréquence cardiaque dans
la zone LF sont liées à l’activité du système baroréflexe. Le système
baroréflexe exerce physiologiquement en permanence un tonus
parasympathique cardiomodérateur et une inhibition du tonus
sympathique vasomoteur. Toute augmentation de la pression arté­
rielle au-dessus du seuil d’excitation des barorécepteurs se traduit
par une diminution du tonus sympathique et une augmentation
du tonus parasympathique. Ces deux systèmes agissent comme les
deux plateaux d’une balance, quand l’activité de l’un des systèmes
augmente, l’autre diminue ;
• hautes fréquences HF (HF, high frequency : 0,15 à 0,4 Hz chez
l’homme) : l’oscillation dans cette bande de fréquences est connue
sous le nom d’ondes de Traube-Hering. Pour la fréquence
cardiaque, le rythme de ces oscillations à hautes fréquences serait
lié à l’action du nerf vague (Au sein du système parasympathique,
il constitue la principale innervation efférente du cœur) sur le
cœur. Cette gamme de fréquences est donc classiquement liée à
l’activité parasympathique (Rentero et al., 2002). Cette fréquence
est directement en lien avec la mise en cohérence entre rythme
respiratoire et rythme cardiaque, particulièrement développé dans
le cas d’exercices respiratoires ou de méditation.
Un contrôle alterné entre les systèmes parasympathiques et ortho­
sympathiques a été proposé comme modèle simplifié pour expliquer
le contrôle cardiovasculaire par le système nerveux autonome, ainsi
que le rapport BF/HF (Pagani et al., 1986), ont été proposés comme
index pour quantifier « la balance » des systèmes sympathique et
parasympathique au niveau cardiaque.
Dans l’exemple de la figure 2.7 on peut observer que le rapport
BF/HF est plus important la nuit que le jour, indiquant une
supériorité de l’activation du système nerveux sympathique.

ms/Hz FFT de 08:56:53 à 08:56:49

ItL
P (ms2)
T 5222 T : 0,0 0 0 -2 ,0 0 0 Hz
TBF 2581 TBF : 0 ,0 0 0 -0 ,0 4 0 Hz
BF 1706 BF : 0 ,0 4 0 -0 ,1 5 0 Hz
HF 780 HF : 0 ,1 5 0 -0 ,4 0 0 Hz
La quantité
de HF le jour
est moindre 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 Hz

ms/Hz FFT de 08
08:00:00 à 21:00:00 FFT de 23:00:00 à 06:00:00 Domination des
HF et donc du
P (ms2) P (ms2)
parasympathique

L
T 3484 T 6938
la nuit
TBF 1545 TBF 3504
BF 1200 BF 2339
HF 534 HF 922

0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 Hz

P u issa n c e
TB F BF HF BF/HF
Totale
m s2 Ln(P) m s2 Ln(P) m s 2 Ln(P ) % % (u.n.) m s2 Ln(P) % % (u.n.)

24 H 5222 8,6 2581 7,9 1706 7,4 32,67 64,59 780 6,7 14,94 29,5 2,19
JOUR 3484 8,2 1545 7,3 1280 7,2 36,74 66,04 534 6,3 15,33 27,5 2,40
NUIT 6938 8,8 3504 8,2 2339 7,8 33,71 68,10 922 6,6 13,28 26,8 2,54

Figure 2 .7. Enregistrement holter d’un patient durant une période de 24 heures : analyse
spectrale de la variabilité sinusale. La variabilité temporelle du rythme sinusal a été
évaluée avec un logiciel E L A -M E D IC A L S Y N E S C O P E Multichannel-Multiday
3 A 0 (données du Dr J.-P. Houppe cardiologue à Thionville, 57).
intcrL aiaon s-u uno û —La photocopie non autorisée est un délit

La puissance spectrale totale qui rend compte de l’activité com­


binée des systèmes nerveux sympathique et parasympathique est
toujours plus importante la nuit que le jour. On notera également
à travers le taux de HF, une prédominance du système nerveux
parasympathique durant la nuit (entre 23 heures et 6 heures du
matin). La littérature montre un lien indissociable entre l’alternance
des stades de sommeil et les oscillations des indices de la variabilité
cardiaque préalablement décrit (Baharav et ai, 1995 ; Berlad et al.,
1993).
Au cours du sommeil à ondes lentes, le SDNN représentant la
variabilité globale et le BF/(HF) diminuent, alors qu’ils présentent
une augmentation au cours du sommeil paradoxal et des phases
d’éveil.
On sait également que la nuit, chez les patients anxieux, c’est
souvent l’action du système nerveux sympathique qui par exemple
prédomine (Yeragani et al., 1998).
Il existe bien entendu une relation entre les mesures des domaines
fréquentiel et spectral, qui dans la littérature sont souvent utilisées
en contingence. Le tableau 2.3 permet de mettre en exergue cette
cohérence des mesures.
Tableau 2.3. - Correspondance entre les indicateurs dans le domaine spectral
et le domaine temporel (Neto, Neidecker et Lehor, 2003).

Variable Domaine de fréquence Domaine temporel


Puissance totale De 0 à 0,4 Hz SDNN
Ultra-basses fréquences (UBF) 0,0001 à 0,003 Hz SDNN, SDANN
Très basses fréquences (TBF) 0,003 à 0,04 Hz SDNN index
Basses fréquences (BF) 0,04 à 0,15 Hz SDNN index
Hautes fréquences (HF) 0,15 à 0,4 Hz RMSSD, pNN50

Étude de cas
C onsidérons les données suivantes o b tenues par u n patient M .C . :
• fréq u en ce m o y e n n e : 86.5 (bpm ) ce n o m b re co rresp o n d au n o m b re
m o y en de b attem ents cardiaques ;
• m o y e n n e R R : 660 ms (m o y en n e en m illisecondes des intervalles de
tem ps en tre d eu x battem ents) ;
• S D N N : ± 2 2 ,4 ms (standard déviation from normal to normal ou écart type
entre d eux battem ents) ;
• puissance totale (Total Power) : 163.6 m s2/H z (elle est le reflet de
l’activité, du systèm e n e rv e u x a u to n o m e do n c du sym pathique et du
parasym pathique et se calcule en m s2. C h e z le sujet en b o n n e santé
elle est u n in d icateu r de ch o ix p o u r l’appréciation de l’état général, un
chiffre élevé reflétant le b o n fo n c tio n n e m en t du corps-esprit) ;
• B F /H F : 1.9 (les basses fréquences en unités norm alisées sont générale­
m e n t acceptées c o m m e étan t le reflet de l’activité sym pathique tandis
que les H autes F réquences rep résen ten t l’activité parasym pathique).

C o m p aro n s ces chiffres à ceux relevés chez M . V. :

• fréquence m o y en n e : 51.7 (bpm) ;


• m o y en n e R R : 1 189 ms ;
• S D N N : ± 1 7 6 .9 ms (huit fois plus élevé que M .C .) ;
• puissance totale (Total Power) : 2 698 m s2/ H z (17 fois plus élevé que
M .C .) ;
• L F /H F : 1.3.

O n p e u t dire que si M .C . était dans u n co n tex te grave (infarctus,


insuffisance cardiaque), il aurait u n pron o stic p lu tô t in q u iétan t alors que
les chiffres de M .V . sont au co n traire la p reu v e d ’u n e excellente vitalité.
O n pensait auparavant q u e plus la m o y e n n e des intervalles entre deux
battem en ts n o rm a u x était stable, c ’est-à-d ire plus le cœ u r était régulier,
plus l’état d u p atien t était b o n . Les recherches récentes o n t m o n tré q u ’il
n ’en était rien et que c ’était m êm e le contraire ! E n fait un cœ u r d o n t
la fréq u en ce est stable et régulière est désorm ais considéré co m m e un
m arq u eu r in d iq u an t un m auvais pronostic p o u r la longévité si les chiffres
sont associés à u n état clinique d éficient tel que de graves com plications
cardiovasculaires, u n diabète ou u n e h y pertension sévère.

VARIABILITÉ SINUSALE, SANTÉ ET MALADIE

Il apparaît assez clairement dans la littérature que le fait de cumuler


un diagnostic de troubles psychologiques (dépression ou anxiété par
exemple) et de pathologies cardiovasculaires constitue un véritable
risque pour les malades. C’est ce que montrent par exemple Carney
et al. (1995) qui mettent en évidence une augmentation plus
importante de la tachycardie ventriculaire chez les patients dépressifs
souffrants d’insuffisance coronaire par opposition à d’autres patients
souffrants de la même pathologie cardiaque, mais non dépressifs.
Cette tachycardie est notamment attribuée à une réduction de
la variabilité sinusale, en particulier dans le groupe supportant le
© InterEditions-D unod —La photocopie n on autorisée est un délit

double diagnostique dont on sait qu’il constitue un risque accru de


mort subite (Singer et al., 1988).
Nous avons résumé dans le tableau 2.4 certaines des études les
plus importantes qui montrent le lien entre la variabilité sinusale
et certains états émotionnels comme les troubles anxieux et qui
doivent nous conduire à intégrer la prise en charge de la variabilité
sinusale dans l’accompagnement des malades (Cohen et Benjamin,
2006).
On observe ainsi, que les troubles anxieux conduisent dans la
plupart des cas à une domination de l’activité du système nerveux
sympathique, alors que le parasympathique est moins présent. Tous
les auteurs de ces recherches insistent sur ce lien entre les émotions
négatives, le stress et les états de tensions des sujets anxieux et la
Tableau 2.4. - Synthèse d ’études sur le lien variabilité sinusale et troubles anxieux.

Échantillons
Étude Méthode Résultats principaux
et conditions
581 hommes en bonne Un niveau d'anxiété important
VS par
Kawachi et santé chez qui on a est associé à domination du
analyse
al. (1995) évalué les troubles système nerveux
spectrale
anxieux sympathique.
117 patients répartis en Les sujets du troisième
trois groupes selon que groupe présentent les valeurs
VS par
Piccirillo et les sujets manifestaient, spectrales les plus faibles au
analyse
al. (1997) un, deux (ou plusieurs) repos. Le ratio BF/HF est
spectrale
symptômes anxieux ou d'autant plus faible que le
aucun. niveau d’anxiété est élevé.
Taux de BF significativement
plus important chez les
patients TP par opposition
29 patients souffrants
aux patients témoins. Cette
de troubles paniques
VS par différence est encore plus
Yeragani et (TP) versus 21 sujets
analyse marquée durant les phases
al. (1998) témoins, tous évalués
spectrale de sommeil. C’est l’action du
durant des phases de
système nerveux
sommeil et de réveil.
sympathique qui est
prédominant chez les patients
TP notamment la nuit.
Le rapport BF/HF est plus
important chez les sujets qui
ont une attitude positive
VS par 19 sujets souffrant
Mellman et vis-à-vis de ce qui leur est
analyse d’état de stress
al. (2004) arrivé par opposition à ceux
spectrale post-traumatique
plutôt pessimiste ou
ressentant un sentiment
d’impuissance.

domination de cette partie du système nerveux autonome. En aucun


cas, il ne s’agit de mettre en exergue un quelconque lien de causalité.
De façon plus juste, il convient de considérer la variabilité sinusale
comme un des paramètres qui se trouve bousculé lorsque les patients
commencent à manifester des troubles de l’émotion. Des recherches
sont encore à mener quant au fait de savoir si une variabilité sinusale
dynamique serait ou non un facteur de vulnérabilité psychologique,
ce qui n’a encore jamais été envisagé.
Des résultats similaires sont observés lorsque l’on compare des
sujets déprimés à des sujets témoins, indiquant que dans le cas de la
dépression aussi la variabilité sinusale est altérée (Agelink et al., 2001).
C ’est là un résultat important lorsque l’on sait qu’un état dépressif
majeur est un facteur de morbidité important (Penninx et ai,
2001). Les études ayant pu contrôler des facteurs classiques comme
l’obésité, l’intoxication tabagique, l’impact des régimes alimentaire
et de l’exercice physique (Glassman et Shapiro, 1998), ont ainsi pu
mettre en évidence qu’une diminution de la variabilité sinusale était
notable chez les patients les plus dépressifs, en particulier chez ceux
souffrant de pathologies cardiaques. Davidson et Trunbull (1986)
ont à cet égard montré une augmentation de l’activité du système
nerveux sympathique et une diminution du parasympathique chez
les patients dépressifs.
C \
E ncadré 2.2
V ariabilité sinusale et dépression (tiré de Stein et al., 2000)
L’o b je c tif de cette étu d e était de m e ttre en évidence le lien entre
dépression et variabilité sinusale auprès de patients coronariens. Sur la
base de l’échelle de Y Inventaire de dépression de Beck (BDI), les patients
étaien t repartis en trois groupes, n o n dépressif (n — 30), m o y e n n e n t
dépressif (n = 20), m o d é ré m e n t à fo rtem en t dépressif (n = 10).

Tableau 2.5. - Valeurs moyennes des paramètres de la variabilité sinusale chez


les patients selon leur niveau de dépression".

Non dépressifs Moyennement Mod./Fortem.


dépressifs dépressifs
BDI 2.8a 15.3b 28.2e
SDNN (ms) 119a 117a 99a
SDANN (ms) 109a 107 93b
SDNN index 46a 43 33b
rMSSD (ms) 24 23a 19b
Ln(TBF) (ms2) 7.03a 6.84 6.25b
Ln(BF) (ms2) 6.07a 5.83 5.16b
Ln(HF) (ms2) 4.81a 4.63 4.24b
BF/HF 3.96 3.90 3.15

a. Les lettres en exposants signalent u n e différence significative entre les m oyennes.

Il apparaît que les indices de variabilité sinusale sont significative­


m e n t différents en tre les sujets n o n dépressifs les patients m o d é ré -
m e n t/fo rte m e n t dépressifs. M ais il est difficile de savoir si l’altération
de la variabilité sinusale chez les patients déprim és est due à une
dim in u tio n du système parasym pathique ou à une élévation du système
sym pathique o u les deux.
V________________________________________________________________________________ y

D’autres études ont concerné plus largement le lien entre stress et


variabilité sinusale (Maunder et al, 2006) indiquant que la confron­
tation aux situations stressantes (expérimentales ou événements de
vie) avaient pour effet d’activer la domination du système nerveux
sympathique (le taux de BF étant significativement plus important
et le taux de HF moins important chez les patients stressés que chez
les autres). La variabilité sinusale a été étudiée en lien avec d’autres
pathologies comme le VIH (cf. encadré 2.3), le diabète, le cancer
ou tout simplement dans le cas de douleur chronique. Dans tous
les cas de figure, la prédominance du sympathique est associée à
des effets délétères sur l’état émotionnel des patients. On peut sur
le plan psychologique et physique considérer qu’une baisse de la
variabilité sinusale doit être considérée comme un marqueur de
risque important commun à de nombreux états pathologiques.
( 'j
E ncadré 2.3
V ariabilité sinusale e t V IH (tiré de M ittal e t al., 2004)
D epuis la découverte du sida en 1981 aux E tats-U nis et l’identification
du virus de l’im m u n o d éficien ce h u m ain e (V IH ) en 1983, l’infection
par le V IH est d ev en u e u n e p an d ém ie : en v iro n 40 m illions de
personnes infectées dans le m o n d e . Selon l’O M S , 8 % à 1 0 % des
séropositifs d év e lo p p e ro n t u n e insuffisance cardiaque au cours de
l’év o lu tio n de leu r m aladie et ce p o u rcen tage ten d à aug m en ter avec
la maîtrise des infections opportunistes. L’infection par le virus du V IH
p e u t to u c h e r plusieurs aspects de la sphère cardiaque (cardiom yopa-
thies, péricardites, endocardites, infiltrations m alignes intracardiaques,
hyp erten sio n artérielle pulm onaire).
L’o b jectif de cette étude était de m ettre en évidence l’existence d ’une
disparité de la variabilité sinusale co m m e m arq u eu r de l’au to n o m ie
cardiaque en tre des patients V IH (n = 21) et des sujets tém oins (n
= 18).

Tableau 2.6. - Valeur moyenne des paramètres de la variabilité sinusale chez les
patients V IH versus témoins (les différences sont significatives au moins au seuil
(p < . 02)).

VIH (n = 21) Témoins (n = 18)


SDNN (ms) 24 43
rMSSD (ms) 15 23
TB F (ms2) 320 2004
BF (ms2) 164 638
LF (ms2) 59 52
HF (ms2) 41 48

C e tte rech erch e d é m o n tre clairem ent q ue la variabilité sinusale est


significativem ent m oins im p o rta n te chez les sujets V IH que chez les
sujets tém oins. C ’est là un résultat im portant car on sait que les patients
V IH so n t des personnes à risque en ce qui co n cern e les troubles
cardiaques. La prise en com pte de la variabilité sinusale com m e indice
de m esure pronostique se révèle u n outil intéressant p o u r les m édecins,
les psychologues et les patients, n o ta m m e n t lorsque l’o n sait que
l’o n p e u t aider les patients à potentialiser leu r variabilité sinusale par
certaines techniques de respiration et de relaxation.
V_____________________________________________________________________________

DES MOYENS POUR AGIR SUR LA VARIABILITÉ SINUSALE

À l’état normal nous respirons au rythme d’environ dix à quatorze


cycles respiratoires par minute. Bien entendu ce rythme évolue
en permanence en fonction des situations rencontrées et de l’état
émotionnel dans lequel se trouve le sujet. Il existe aujourd’hui des
techniques simples qui permettent de réguler la variabilité sinusale
en potentialisant les effets du système nerveux parasympathique. De
nombreux travaux montrent que cette variabilité sinusale est un
indice important pour estimer la capacité d’un individu à s’adapter
à ses émotions (Friedman et al., 1998 ; McCraty et al., 1998). Et si
on montre l’existence d’un lien entre cette mesure et la dépression
(Gehi et al., 2005), la phobie (Kawachi et al., 1995) ou l’état de
stress post-traumatique, le stress, la colère ou encore l’isolement
sociale (Horsten et al., 1999 ; Strike et Stepos, 2005), ce sera là une
information de première importance surtout lorsque l’on sait que :
© InterEdidons-D unod — La photocopie non autorisée est un délie

• l’anxiété multiplie le risque de mortalité cardiaque par 4 (Strike


et Steptoe, 2004) ;
• la dépression est un facteur de mauvais pronostic : dans l’insuf­
fisance coronaire où elle multiplie par 3 le risque de décès à un
an et dans l’insuffisance cardiaque où le risque se majore dans
le temps et selon l’intensité du syndrome dépressif— risque de
mortalité multiplié par 2 à un an, et par 8 à trois ans (O’Connor
et al., 2000) ;
• la colère multiplie selon son importance le risque d’infarctus par
4 à 15 (Strike et Steptoe, 2005) ;
E ncad ré 2.4
V ariabilité sinusale, é ta t de stress p o st tra u m atiq u e et attaques
de p an iq u e (tiré de C o hen et al., 2000)

Rapport BF/HF selon les phases de l'étude et la nature du trouble anxieux


30-i---------------------------------- ---------------------------------------------

Phase de Repos 1
Phase de Rappel
Phase de Repos 2

ESPT Trouble Panique Contrôle

Figure 2 .8 . R apport B F / H F selon les phases de l ’étude et la nature du trouble


a nxieux.

L’o b je c tif de cette rech erch e était de c o m p arer la variabilité sinusale


en tre trois groupes. Les sujets d u p re m ier gro u p e m anifestaient un
état de stress p osttraum atique (ESPT), ceux du deuxièm e groupe des
troubles paniques (TP), alors que le troisièm e groupe était un groupe
co n trô le apparié aux d eu x prem iers (G C ). Les m esures de variabilité
étaient réalisées dans le cadre de trois conditions expérim entales d o n t la
durée était p o u r chacune d ’entre elle de 15 m inutes. Dans la prem ière
co n d itio n (repos 1), la variabilité sinusale était m esurée alors que les
sujets étaient au repos dans u n espace silencieux sans sollicitation
particulière. D ans la seconde co n d itio n (rappel), il était dem andé
aux sujets de réactiv er en m é m o ire soit le so u v en ir de l’é v én em en t
trau m atiq u e p résum é être à l’origine de leu r état clinique (ESPT),
soit les aspects des situations anxiogènes susceptibles de p ro v oquer des
attaques de paniques (T P), soit le so u v enir d ’u n é v én em en t nég atif
de la vie (groupe co n trô le). D ans les dernières con d itio n s (repos 2),
les sujets étaien t invités à se calm er et à se d éten d re en respirant
p ro fo n d é m en t. D ifférents param ètres o n t été enregistrés (BF, HF,
fréquence cardiaque), nous avons retenu p o u r des raisons de simplicité
de ne présenter q u e les résultats o btenus avec le rap p o rt B F /H F .
us" Les résultats m o n tren t q u ’il existe une différence significative entre les
phases de repos 1 et de rappel, ainsi q u ’entre les phases de rappel et de
repos 2 (p < . 01). T o u t se passe com m e si en situation d ’exposition (les
plus difficiles sur le plan ém otionnel) le système sym pathique prenait
le dessus dans la régulation des ém o tio n s et de la variabilité sinusale
d ’où des scores de B F /H F plus élevés, alors q u ’en situation de repos
la com posante parasym pathique est plus dom inante, ce qui explique la
d im in u tio n du ratio B F /H F .
V_____________________________________________________/

La respiration et les battements cardiaques sont intimement liés.


Il apparaît que si l’on diminue sa fréquence respiratoire, on ralentit
son cœur, en particulier si on comprime son ventre par la respiration
de façon exagérée. On parle de stimulation vagale. Pour se faire il
suffit de s’asseoir dans un endroit calme et de respirer lentement
en gonflant son ventre à chaque inspiration. On peut poser sa
main sur son ventre pour encore plus ressentir cette respiration dite
abdominale ou diaphragmatique.
( \
E ncad ré 2.5
R ég u latio n de la variabilité sinusale, tech n iq u e de resp iratio n
e t m éd ita tio n .
É v aluation e m p iriq u e de la variabilité sinusale à p a rtir d ’un
tac h o g ra m m e .
Le sujet (h o m m e de 42 ans) sans p ro b lèm e de santé ni physique, ni
psychique nous avait sollicités afin de disposer de m éthodes de gestion
—La photocopie n o n autorisée est un délit

du stress afin de faire face à des contraintes professionnelles de plus


en plus fortes. N o u s lui avons pro p o sé quelques m éthodes simples
d o n t l’u n e est présentée ici. P en d an t la séance, nous enregistrions les
résultats selon différentes phases afin de m o n tre r au p atient les effets
sur le plan psychophysiologique de l’exercice que nous lui proposions.
T rois phases o n t ainsi p u être identifiées : u ne phase initiale où le
p atien t était laissé à u n e respiration « n aturelle », u n e phase de m ise
en « c o h éren ce cardiaque » et u n e troisièm e phase de stress artificiel
p ro v o q u é par un exercice com plexe de calcul m ental.

Phase initiale
â îtiô D S - D u n o d

Le cap teu r u n e fois posé, nous avons enregistré les données du ran t
en v iro n 4 m inutes p e n d a n t lesquelles nous expliquions au p atient le
principe de la m esure, sans lui d o n n er de consignes particulières quant
à sa respiration (nous avons m esuré la fréquence respiratoire qui était
enviro n de 10 à 14 cycles respiratoire par m inute).
es Phase de mise en « cohérence cardiaque »
• R espirez avec votre ventre en posant votre m ain dessus afin de bien
sentir l’air qui en tre et qui gonfle votre v en tre et l’air qui sort et le
dégonfle. R esp irez d o u c e m e n t en inspirant le n te m e n t et expirant
len tem en t.
• R esp irez en observant votre respiration.
• T o u t à l’h eu re quand je vous le dirai vous respirerez à travers votre
cœ ur, b ien en te n d u to u t cela se passe dans v o tre im aginaire, mais
je vous dem ande d ’im aginer que la respiration se fait à travers votre
cœ ur.
• M ain ten an t allez-y inspirez le n te m en t à travers v o tre cœ ur... len te­
m e n t e t m ain ten an t expirez à travers v o tre cœ u r len tem en t. B ien
co n tin u ez de façon régulière.
• C o n tin u e z à respirer à travers v o tre cœ u r et soyez a tte n tif à cet
air qui en tre par v o tre b o u c h e et qui traverse v o tre cœ ur, puis qui
ressort plus chaud.
• Très b ien co n tin u ez...

Phase artificielle de stress


• B ien m aintenant je vous dem ande de revenir vers m oi et de ne plus
p rê te r atte n tio n à v o tre ry th m e respiratoire. N o u s y reviendrons
u n plus tard. J ’aim erai q u e vous puissiez faire u n test de rapidité
m entale. C o m b ie n fo n t 34 567 m oins 5, plus 6, plus 4 et m oins 9.
R é p o n d e z le plus vite possible. B ien com bien font 24 567, 6 m oins
0,67, plus d eux...

Les résultats de ce test sont représentés visuellem ent dans la figure 2.9.
Lors de la phase 2, la variabilité sinusale d evient plus harm onieuse,
c ’est-à-d ire q u e l’alternance d ’accélérations et de décélérations du
ry th m e cardiaque est plus régulière. Les deu x branches du systèm e
n erv eu x sy m pathique et parasym pathique travaillent ensem ble. Le
patient se sent à l’aise et détendu. Dans la dernière phase dite de stress
artificiel, o n observe u n e au g m e n ta tio n de la fréquence cardiaque et
baisse de la variabilité sinusale. E n fait en situation de stress, c ’est
le systèm e n e rv e u x sym p ath iq u e qui est activé au d étrim en t du
parasym pathique.

E ffet de la m é d ita tio n sur la variabilité sinusale à p a rtir d ’une


analyse spectrale (P h o n g su p h ap et al., 2008)
L’o b je c tif de cette rech erch e était de m ettre en évidence les effets
de la m éd itatio n sur la variabilité sinusale. Les sujets étaient soit des
pratiquants habituels de la m éd itatio n samâdhi (le samâdhi est associé à
la pratique de m éditation appelée samatha bhavana, le développem ent
Figure 2.9. Résultats obtenu au tachogramme durant les trois phases de mesure
empirique (tiré des données personnelles du professeur Tarqunio).

de la tranquillité. Il s’agit d ’une form e de concentration), soit des sujets


sans expérience p articulière de la m éditation.

Analyse spectrale durant l’état de Analyse spectrale durant la recherche


méditation samâdhi des sujets méditants de calme chez les sujets témoins

Figure 2. JO. Spectre des fréquences pour le groupe méditant et le groupe témoin.

Les résultats in d iq u e n t que les BF baissent durant l’état de m éditation


par ra p p o rt à l’état de re ch erch e de calm e chez les sujets tém oins.
C ’est résultats co n firm e n t ceu x de P e n g et al. (1999) à propos du qi
g o n g et du yoga. R a p p e lo n s que cette fréquence est u n indicateur
de la co h é re n c e et de la sy nchronisation des différents systèmes
bs" physiologique (rythm e cardiaque, respiratoire, pression artérielle). Les
oscillations de la fréq u en ce cardiaque dans la zone B F sont liées à
l’activité du systèm e baroréflexe, qui est u n card io m o d érateu r et une
in h ib itio n du tonus sym pathique vasom oteur. E n ce qui concerne les
hautes fréquences (HF) o n observe des pics plus im portants p en d an t
les phases de m éd itatio n . C ’est là u n in d icateu r im p o rtan t de la
synchronisation d u ry th m e cardiaque et respiratoire et de l’activation
du systèm e n e rv e u x parasym pathique. E n ce qui co n cern e les très
basses fréquences (VLF), o n observe u n e d im in u tio n im p o rtan te du
spectre en situation de m éditation. C e processus s’accom pagne d ’une
baisse du ry th m e cardiaque, d ’u n sen tim en t d ’au g m en tatio n de la
tem p ératu re co rporelle. R ap p elo n s que l’im p o rtan ce du spectre de
cette fréquence est souvent associée à u n état im p o rtan t d ’anxiété.
V__________________________________________________________________________________________/

Un ensemble de techniques plus académiques a été développé par


les tenants de l’approche sur la variabilité sinusale comme le Freeze
Frame, le Cut-Thru ou le Heart Lock-In et a fait l’objet de plusieurs
validations scientifiques (McCraty et ai, 1995, 1999a, 1999b, 2003a,
2003b). L’objectif est dans tous les cas d’optimiser la régulation de
la variabilité sinusale.
/ \
E ncad ré 2.6
T rois p ro to co les classiques développés p a r le H e a rth m a th
In stitu te : les techniques du F reeze-F ram e, du C u t-T h ru et de
H e a rt L ock-In.
La technique du Freeze-Frame.
O n peut résum er la technique du Freeze-Fram e com m e une technique
d ’arrêt et de lâcher prise. A près avoir identifié son ressenti le p atient
est invité à m e ttre sa pensé sur « pause », p o u r ensuite se cen trer sur
son cœ u r e t respirer à travers lui. Le p ro to co le présenté ici est très
largem ent inspiré de C hildre et M artin (2005) de l’Institut H eartm ath.
E tape 1. Identifiez le sentim ent stressant, prenez conscience du stress
et fixez-le dans v o tre esprit en décidant de to u t stopper. Il s’agit d ’un
m o m e n t d u film de v o tre vie. Im aginez que vous soyez en m esure
d ’appuyer sur le b o u to n pause. Il ne s’agit pas seulem ent de stopper le
film, mais de le regarder différem m ent co m m e le ferait un réalisateur
qui souhaite avoir u n regard d ’ensem ble sur son œ uvre.
E tape 2. P ortez votre atten tio n sur votre cœ ur. Il ne s’agit de chasser
les pensées stressantes, mais p lu tô t de se focaliser sur autre chose, en
l’o ccu rren ce v o tre cœ ur. P o rtez to u te v o tre atten tio n sur votre cœ u r
et inspirez le n te m e n t à travers votre cœ ur... le n tem en t et m aintenant
expirez à travers v o tre cœ u r len te m e n t. B ien co n tin u ez de façon
régulière. C o n tin u e z à respirer à travers votre cœ u r et soyez atte n tif à
cet air qui en tre par v o tre b o u ch e et qui travers v o tre cœ ur, puis qui
ressort plus chaud.
É ta p e 3. Faites ém erg er u n sen tim en t positif, u n e ém o tio n agréable
que vous avez déjà ressentie en te n ta n t au tant que faire se p e u t de
ressentir à nouveau ici et m ain ten an t cette ém o tio n ou ce sentim ent.
E tape 4. T o u t en gardant votre atten tio n focalisée sur votre cœ ur et la
respiration que vous opérez à travers ce cœ ur, dem andez-vous quelle
serait la réactio n o u la réponse la plus efficace p o u r faire face à cette
situation et réduire au m ieu x le stress à l’avenir ?
É tape 5. É coutez ce qui vous vient, alors que vous être concentré sur
votre respiration sur votre cœ u r et que le signal de votre cœ ur devient
plus cohérent.

La technique du Cut-Thru.
P roposé et évalué p ar M c C ra ty et al. (1998) à l’institut H eartm ath
en C alifornie, c ’est u n p ro g ram m e d ’au to -g estion ém o tio n n el qui se
décline en cinq étapes assez simples. Il s’agit p o u r les tenants de cette
ap p ro ch e de d év elo p p er « l’intelligence é m o tio n n elle » des individus
en leu r fournissant des outils qui p e rm e tte n t d ’aller plus loin que
l’in tu itio n q u e nous avons au q u o tid ie n en m atière de gestion des
ém otions. L’idée générale étan t de se d o n n e r des outils efficaces
afin de sortir de la tu rb u len ce é m o tio n n elle de la m anière la plus
équilibrée qui soit. La tech n iq u e du C ut-Thru est censée faciliter la
co hérence ém otionnelle en transform ant des ém otions paralysantes et
stressantes en sentim ents de paix et de régénération, sans recourir aux
défenses ou au coping souvent inefficace que sont la rationalisation et le
refo u lem en t. Il s’agit d o n c de g én érer des réponses ém otionnelles
<£>InterEditions-D unod —La photocopie non autorisée est un délit

adaptées p ar in d u c tio n d ’état positif. Les différentes étapes de ce


p ro g ram m e d o iv en t p e rm e ttre de ré o rie n te r le rap p o rt aux stresseurs
passés, présents et futurs et p erm ettre une élim ination ou une réduction
des réponses ém otionnelles et cognitives inadaptées.
É tape 1. Il s’agit de prendre la m esure de son état ém otionnel au plus
p ro fo n d de soi (inner weather report) et de p re n d re conscience de ce
que l’o n ressent à pro p o s d ’u n p ro b lèm e, d ’une situation ou sur le
m om ent, si cet état relève d ’une situation de tristesse, d ’anxiété ou de
stress.
É tap e 2. P o rtez v o tre atte n tio n sur v o tre cœ ur. Il ne s’agit pas de
chasser les pensées stressantes, mais p lu tô t de se focaliser sur autre
chose, en l’o c c u rre n ce v o tre cœ ur. P o rtez to u te v o tre atte n tio n sur
votre cœ u r et inspirez le n te m e n t à travers v o tre cœ ur... le n tem en t et
m ain ten an t expirez à travers votre cœ u r len tem en t. B ien co n tin u ez
de façon régulière. C o n tin u e z à respirer à travers votre cœ u r et soyez
es= atten tif à cet air qui entre par votre bouche et qui traverse votre cœur,
puis qui ressort plus chaud.
E tap e 3 . Soyez a tte n tif à l’état affectif dans lequel vous êtes, au
sentim ent de b ien -être, d ’harm onie et de cohérence dans lequel vous
vous trouvez. C e t état est p o sitif et bienfaisant p o u r votre esprit, ainsi
que vous votre corps. C ’est u n état de bien-être qui perm et de penser
les choses avec plus de lucidité et de sérénité. U n état de bien-être qui
p e rm e t d ’éclaircir la situation et la co m p réh en sio n de ce qui se passe
p o u r vous et en vous.
É tape 4. M aintenant que vous êtes en situation de cohérence, je vous
dem ande de ré-ép ro u v er le sentim ent qui était le vôtre au début de cet
exercice, c ’est-à-d ire l’état é m o tio n n e l n ég atif qui était le v ô tre to u t
à l’h eu re. P ren ez conscience de la différence qui existe entre v o tre
m anière de penser ou de v o ir les choses ou la situation m aintenant et
celle q u e vous aviez to u t à l’h e u re lorsque vous étiez aux prises avec
cette é m o tio n , ce p ro b lèm e ou la situation d o n t il était question to u t
à l’heure.
É tape 5. M aintenant que vous avez été capable de générer en vous des
sentim ents ou des ém otions positives, du calme, de la com préhension
dem andez-vous q u ’elle est la solution la plus adaptée p o u r trouver une
issue favorable ou une nouvelle direction. La solution p eu t venir plus
tard, dem ain o u plus tard en co re, ce n ’est pas grave. P ren ez ju ste le
tem ps nécessaire m ain ten an t p o u r y penser.
C ette technique se pratique généralem ent les yeux ouverts ou les yeux
fermés. Elle se révèle particulièrem ent opérationnelle lorsque les sujets
sont confrontés à u n e situation stressante ou problém atique.

La technique du Heart Lock-In


C e tte tec h n iq u e se pratiq u e g én éralem en t les yeu x ferm és et a p o u r
dessein de potentialiser les forces et les ressources du sujet, afin de
g én érer des sentim ents positifs in d é p e n d am m en t de la présence ou
n o n d ’u n e situation difficile ou d ’u n stress. O n d o it cette approche à
P addison (1992).
É tape 1. Installez-vous dans un lieu tranquille et calm e et ferm ez les
yeux. D éten d ez-v o u s, laissez-vous aller.
É tape 2. P ortez votre atten tio n sur votre cœ ur. Il ne s’agit de chasser
les pensées stressantes, mais p lu tô t de se focaliser sur autre chose, en
l’o ccu rren ce votre cœ ur. P ortez to u te v o tre atten tio n sur v o tre cœ ur
et inspirer le n te m e n t à travers votre cœ ur... len tem en t et m aintenant
ex p irer à travers v o tre cœ u r len tem en t. B ien co n tin u ez de façon
régulière. C o n tin u e r à respirer à travers votre cœ u r et soyez a tten tif à
cet air qui en tre par v o tre b o u c h e et qui travers v o tre cœ ur, puis qui
ressort plus chaud.
' ns" É tape 3. Pensez à q u elq u ’u n que vous aim ez ou que vous avez aimé.
C e n tre z -v o u s sur ce que vous ressentez lorsque vous pensez à ce
sen tim en t d ’am our. V ivez le plus possible ce sentim ent. Laissez-vous
irradier par cette sensation. P ro fite z -e n et prenez plusieurs m inutes
p o u r cela.
É tap e 4. D irig er ce sen tim en t d ’a m o u r et de sollicitude à l’intérieu r
de vous com m e u n e richesse que vous vous offrez à vous-m êm e.
É ta p e 5. R a m e n e z d o u c e m e n t v o tre a tten tio n à votre cœ u r et la
sensation de b ie n -ê tre qui est la vôtre et détendez-vous.
V______________________________________________________________________ )

Ces techniques sont utilisables dans différents cadres. Le matin,


à l’heure qui conviendra le mieux, s’asseoir bien droit, se mettre
en cohérence cardiaque pendant au moins trois minutes avec une
fréquence de six respirations par minute en se centrant sur son cœur
et en respirant à travers son cœur. Plusieurs fois dans la journée, en
se mettant en cohérence cardiaque pendant au moins trois minutes
avec une fréquence de six respirations par minute en se centrant sur
son cœur et en respirant à travers son cœur. Tous les soirs, quand
c’est possible, choisir une émotion positive récente ou forte, se
mettre en cohérence cardiaque, y associer l’image mentale positive,
et associer les deux pendant plusieurs minutes.
McCraty et al. (1999a) ont voulu évaluer l’efficacité de ces diffé­
rentes techniques. Dans une de leurs études, il s’agissait d’évaluer
l’impact d’un programme de gestion des compétences émotionnelles
sur les mesures psychologiques, comportementales et physiologiques
d’enfants. Dans un des deux groupes d’enfants qui constituait
© InterEditions-D unod — La photocopie n on autorisée est un défit

cette étude, les sujets étaient formés aux techniques de gestion


émotionnelle (techniques Heart Lock-In, Freeze-Frame...), alors
que dans le second rien n’était proposé aux sujets. Différentes
mesures psychologiques et physiologiques (stress, colère, compé­
tences sociales, variabilité sinusale spectrale...) étaient réalisées avant
et après les phases d’éducation. Les résultats obtenus montrent que
dans le groupe entraîné au programme de gestion émotionnelle les
améliorations sont significativement supérieures à ceux obtenus dans
l’autre groupe. La variabilité sinusale est plus élevée sur l’ensemble
des paramètres pour les sujets pris en charge avec le programme
Hearmath, laissant entrevoir que le groupe formé à la gestion
émotionnelle est avec le temps le théâtre d’une reprise du système
nerveux parasympathique. Une telle étude permet d’envisager la
7Ü C O M P R E N D R E E T P R A T I Q U E R LE S N O U V E L L E S P S Y C H O T H É R A P I E S

mise en place de dispositifs généralisés de prise en charge des


émotions chez les enfants qui semble conduire à des effets positifs
et encourageants, car les résultats montrent une amélioration dans
la gestion du stress et de la colère, ainsi qu’une amélioration des
relations sociales entre pairs et entre enfants et adultes ?
Le travail sur la variabilité sinusale peut aussi s’inscrire dans une
perspective globale d’éducation thérapeutique. Selon l’OMS (1998),
« l’éducation thérapeutique du patient est un processus continu,
intégré dans les soins et centré sur le patient. Il comprend des
activités organisées de sensibilisation, d’information, d’apprentissage
et d’accompagnement psychosocial concernant la maladie, le trai­
tement prescrit, les soins, l’hospitalisation et les autres institutions
de soins concernées, et les comportements de santé et de maladie
du patient. Il vise à aider le patient et ses proches à comprendre
la maladie et le traitement, coopérer avec les soignants, vivre le
plus sainement possible et maintenir ou améliorer la qualité de vie
L’éducation devrait rendre le patient capable d’acquérir et maintenir
les ressources nécessaires pour gérer optimalement sa vie avec la
maladie. Ces activités d’éducation sont destinées à aider le patient
et sa famille et/ou son entourage à comprendre la maladie et les
traitements, collaborer aux soins, prendre en charge son état de
santé et conserver et/ou améliorer sa qualité de vie ». Proposer aux
malades des techniques qui permettront d’améliorer leur bien-être,
de limiter les effets délétères d’un état émotionnel négatif et de
les rendre autonomes en leur apprenant concrètement à gérer les
choses, relève d’une démarche de cette nature et s’avère le plus
souvent plus efficace que les approches uniquement éducationnelles
(icf. encadré 2.7).
Les psychologues de la santé, ainsi que leur patient, ont tout à
gagner à inclure dans leur prise en charge éducationnelle ce type de
paramètre. En cardiologie, par exemple, les implications cliniques de
la valeur pronostique de la variabilité sinusale sont connues depuis
la fin des années 1960, mais il faut bien constater que sa prise en
compte est encore modeste.
E ncad ré 2.7
Effets co m paratifs auprès d ’une p o p u latio n de m alades
coronariens d ’une d ém arch e d ’é d u c atio n th éra p eu tiq u e
classique versus é d u c atio n aux techniques de resp iratio n
(D el P o z o et al., 2004)
L’o b je c tif de cette étu d e était de m o n tre r en q u o i une fo rm ation
aux tech n iq u es respiratoires chez patients diagnostiqués avec des
troubles coronariens p o u v ait optim iser la variabilité sinusale (groupe
respiratoire) par o p p o sitio n à u n e d ém arch e classique d ’éducation
th érap eu tiq u e. C e tte étu d e s’inscrit dans u n e v o lo n té de p rendre
en charge la variabilité sinusale co m m e facteur de m o rb id ité et de
m ortalité chez les patients atteints de pathologies cardiaques. Les
patients étaien t répartis aléato irem en t en d eu x groupes hom ogènes.
Les sessions de prise en charge étaient au nom bre de six d o n t la durée
était de 45 m in u tes chacune. Les évaluations (S D N N , R M S S D et
S D A N N ) étaient réalisées avant la prise en charge (T l), à la fin de la
sixièm e sem aine (T2) et d ix -h u it sem aines après la form ation.

■ Éducation respiratoire
Éducation thérapeutique

Prétraitement Post-traitement Après 1B


(T1) (T2) semaines

Figure 2 .1 1 . Evaluation du S D N N selon le type de prise en charge


des patients coronariens.

Les m esures de S D N N ne diffèrent pas en tre les groupes ni à T l , ni


à T 2 . E n revanche, elles se d istin g u en t significativem ent après dix-
h u it sem aines. Le g ro u p e « respiratoire » présente u n e au g m entation
significative du S D N N après d ix -h u it semaines, ce qui laisse entrevoir
TZ— L U M l > R t N I J R t t l P R A T I Q U E R LE S N O U V E L L E S P S Y C H O T H É R A P I E S

is" que les effets de ces m éthodes nécessitent de la pratique et un peu de


tem ps p o u r se révéler efficace p o u r la santé.
V__________________________________________________________________________________________ )
Toujours en matière de troubles coronariens, Nolan et al. (2005)
ont tenté de déterminer dans quelle mesure un programme d’inter­
vention comportementale et respiratoire pouvait réduire le stress,
la dépression et augmenter la variabilité sinusale des patients. Ils
ont ainsi proposé à deux groupes de patients d’être formé pour le
premier groupe aux techniques classiques de gestion du stress et au
second aux techniques de modification de la variabilité sinusale. Les
cinq sessions d’une heure et trente minutes avaient lieu toutes les
quatre semaines. Si les résultats indiquent que les deux groupes
présentent une réduction significative des symptômes de stress
perçu (PSS) et de dépression (CESD), l’optimisation des résultats de
l’analyse spectrale n’est manifeste que pour le groupe centré sur les
techniques spécifiques orientées vers la modification de la variabilité
sinusale, qui conduisent à une augmentation significative du taux
de haute fréquence (HF) et donc de l’activité du système nerveux
parasympathique.
Dans la même perspective, Tsai et al. (2007) ont mis en évidence
les effets d’un programme de relaxation sur une durée de quatre
semaines dont la finalité était de réduire la perception de la douleur
chez des malades du cancer en service de soins palliatifs. Les résultats
montrent des effets positifs, conduisant à une réduction de la douleur
perçue, ce qui est en soi une autre dimension à explorer dans le
cadre des effets de la régulation de la variabilité sinusale.
C ’est résultats sont essentiels, car ils mettent en évidence la valeur
de l’entraînement pour l’optimisation de la variabilité sinusale. Ainsi,
un travail d’éducation prenant en compte de type de paramètre
pourrait être proposé aux patients, ce qui les conduirait à développer
une sorte de compétence physiologique dont on connaît tous les
effets positifs sur la santé psychologique et physique.

CONCLUSION

Comme nous avons pu l’observer tout au long de ce chapitre, la


variabilité sinusale est un paramètre important à prendre en compte
pour la santé. Sa complexité est à la hauteur de l’usage parfois naïf
et simpliste qu’en font certains professionnels. Rien de nouveau
alors du côté de la variabilité sinusale (ou cohérence cardiaque) ?
Disons que c’est une redécouverte car aujourd’hui plus qu’hier
nous disposons des connaissances et des techniques qui permettent
de mieux l’appréhender. Il ne s’agit pas de proposer aux patients des
techniques spécifiques de mise en cohérence cardiaque, car toutes
ou presque les techniques respiratoires ou méditatives activent ce
principe physiologique. Mais peut-être est-il temps maintenant pour
les professionnels de la santé de l’introduire comme un critère,
un indicateur de la capacité ou non d’un patient à potentialiser
cette disposition, comme on entraîne un sportif à améliorer ses
performances. Il ne s’agit pas ici de jeux Olympiques mais de
performance de vie, les travaux sur la variabilité sinusale, montrent
en quoi cette dimension de la santé peut sauver des vies ou en
tous les cas les prolonger. Des recherches sont à mener dans ce
domaine, pour affiner notre compréhension des processus et le lien
avec certains états émotionnels, mais les praticiens de tous bords,
qu’ils soient médecins ou psychologues ont intérêt à tenir compte
de cette dimension et à inscrire leur prise en charge éducative ou
thérapeutique dans un cadre plus large qui pourra faire une place de
choix à cette dimension sous-utilisée.
( Concepts clés
• Systèm e n e rv e u x sy m p a th iq u e : il corresp o n d à la m ise en état
d ’alerte de l’organism e et à la p rép aration à l’activité physique
e t intellectuelle. Le systèm e n e rv e u x sym pathique co n trô le une
grande partie des activités autonom es du corps hum ain, com m e par
exem ple les battem ents du cœ u r (rythm e cardiaque) et la contraction
des m uscles lisses. Le systèm e n erv eu x sym pathique a égalem ent
des effets sur les cellules et certains organes grâce à l’action de la
n oradrénaline et de l’adrénaline.
• Systèm e n e rv eu x p a ra sy m p ath iq u e (ou systèm e vagal) : Il
co n trô le de façon co n jo in te les activités involontaires des organes,
glandes et vaisseaux sanguins. Il est responsable n o ta m m e n t du
ralentissem ent de la fréquence cardiaque (cardio-m odérateur) et de
l’a u g m en tatio n des sécrétions digestives. Il in terv ien t dans certains
p h é n o m è n e s p athologiques, tels les évanouissem ents, les colites,
diarrhées, vom issem ents, larm es, etc. E n cas de ru p tu re d ’équilibre
entre les deux systèmes parasym pathique et sym pathique (hypertonie
vagale), u n e syncope p e u t survenir. C elle-ci se v o it plus fréq u em ­
m e n t chez un individu je u n e ou une p ersonne âgée présentant une
certaine anxiété, ou à la suite d ’ém otions intenses ou quelquefois de
douleurs violentes.
• V ariabilité sinusale : elle est o b te n u e en m esurant le tem ps entre
des intervalles R R sur l’électrocardiogram m e Les valeurs des in te r­
valles R R sont ensuite représentées g rap h iq u em en t par rap p o rt au
tem ps, ce qui d o n n e des courbes que l’on appelle les tachogram m es
de variabilité sinusale (avec en abscisses les battem ents par m inutes
(ou le tem ps en secondes o u m illisecondes) en tre deu x pics R R
et en o rd o n n ées le tem ps en secondes (ou en m illisecondes). Il
existe n o rm a le m e n t des variations physiologiques p erm anentes de
l’activité sinusale qui se traduisent p ar des variations de durée des
cycles cardiaques.
• Techniques p o u r optim iser la variabilité sinusale : u n ensem ble
de techniques plus académ iques o n t été développées par les tenants
de l’ap p ro ch e sur la variabilité sinusale co m m e le F reeze-F ram e,
le C u t- T h r u o u le Heart Lock-In et o n fait l’objet de plusieurs
validations scientifiques. L’o b je c tif est dans tous les cas d ’optim iser
la régulation de la variabilité sinusale. Mais il est im portant de n o ter
que toutes les tech n iq u es ayant u n su p p o rt respiratoire au ro n t un
effet sur la variabilité sinusale (relaxation, m éditation, sophrologie).
OUVRAGES CLÉS

G e h i A ., M a n g a n o D ., P ip k in VITZ H.N. (1999a). «The impact of an


S. (2005). « Dépréssion and heart rate varia- emotional self management skills course on
bility in patients with stable coronary heart psychological functioning and autonomie
disease », Archives General of Psychialry, 62, recovery to stress in middle school chil-
661- 666. dren », Intégrative Physiological and Behavioral
M c C raty R ., A t k in s o n M .,
Science, 34, 4, 246-248.
T i l l e r W . A . , R e i n G ., W a t k i n s A .D . S E R V A N -S H R E IB E R D. (2003). Guérir,
(1995). « The Effects of Emotions on le stress, l’anxiété, la dépression sans médicament
Short-Term Power Spectrum Analysis of ni psychanalyse, Paris, Robert Laffont.
Heart Rate Variability », American Journal of
Cardiology, 76, 14, 1089-1093. Se r v a n t D ., L o g ie r R ., M o u s t e r
Y., G O U D E M A N D , M. (2009, sous presse).
M c C r a t y R ., A t k in s o n M ., « La variabilité de la fréquence cardiaque.
TOM ASINO D ., G O E L IT Z J . , MAYRO- Intérêts en psychiatrie », L’Encéphale.
LA RELAXATION

Les approches de Schultz et Jacobson au service de la santé

E P U IS d enombreuses années déjà les techniques de relaxation


D ont une place privilégiée dans le domaine des approches
psychothérapeutiques complémentaires. A la différence d’autres
approches psychothérapeutiques redécouvertes récemment par la
science, comme la méditation par exemple que nous développerons
dans le chapitre 4, se relaxer est une pratique très ancienne qui se
retrouve dans de nombreuses cultures et civilisations sous différentes
formes. Depuis toujours, l’esprit humain est à la recherche du
bien-être et du bonheur. Face aux difficultés de la vie, ce dernier
a su mobiliser des ressources pour s’adapter à son environnement
parfois contraignant et souvent stressant. Les différentes méthodes
de relaxation existantes ont pu apporter des réponses à ce désir
grandissant de trouver la paix de l’esprit et du corps. Il existe
différentes techniques de relaxation qui souvent s’inspirent de
courants communs et qui puisent leurs origines dans le creuset
de la tradition occidentale et orientale. Le terme de relaxation
englobe en fait de nombreuses acceptions, telles que la méditation,
les différentes techniques de relaxation proprement dites, le yoga,
le tai chi chuan, le qi gong ou des approches mixtes comme la
sophrologie.
Dans ce chapitre, nous avons opté pour la présentation de deux
formes de relaxation parmi les plus connues que sont le training
autogène développé par Schultz (1932) et la relaxation progressive
de lacobson (1938). Ces deux approches ont donné lieu à certaines
7E— (J O M P Ï L É K lD R E e t p r a t i q u e r LÉ S N O U V E L L E S P S Y C H O T H É R A P I E S

études et ont mis en évidence des effets thérapeutiques importants


dans la prise en charge des troubles physiques et psychiques. C ’est
pourquoi, après avoir resitué ces méthodes dans un cadre théorique
général, nous mettrons en lumière leurs effets en lien avec la santé.
Enfin, nous présenterons certains protocoles qui pourront être
utilisés de façon pratique au quotidien, pour qui le souhaite. Bien
entendu, la présentation de ces protocoles ne se substitue en rien à
une formation encadrée par des professionnels formés à la pratique
de ces techniques de relaxation.

DÉFINITIONS ET CADRAGE THÉORIQUE

La relaxation : définition générale

La relaxation est un état de détente portant principalement sur


l’activité myotonique1 et le système neuro-végétatif pendant lequel
des changements de nature somatique et psychologique peuvent sur­
venir naturellement ou être induits. C’est une expérience subjective
de suspension du fonctionnement habituel de l’individu, autrement
dit, une pause. Elle est accompagnée par un état de conscience
modifiée semblable à l’état hypnagogique qui caractérise le passage
de la veille au sommeil (Fromage, 2001). De manière additionnelle,
De Bousingen (1992) définie la relaxation comme « une technique
de mobilisation de l’attention en vue de détendre l’organisme.
Plus précisément, c’est une conduite thérapeutique, rééducative ou
éducative, utilisant des techniques élaborées et codifiées, s’exerçant
spécifiquement sur le secteur tensionnel et tonique de la personna­
lité. La décontraction neuromusculaire aboutit à un tonus de repos,
base d’une détente physique et psychique ». Etymologiquement,
le terme « relaxation » nous renvoie au latin relaxationem, relaxare.
C ’est un synonyme de relâchement et de diminution de la tension.
La relaxation est vue comme une approche thérapeutique agissant
sur le corps et le psychisme. Dans l’état de relaxation, il y a une
réduction de l’activité et un apaisement psychique se traduisant
par l’émergence d’un état de calme et de bien-être, encore appelé

1. Activité liée au relâchem ent musculaire


'T> «réponse de relaxation» par Benson (1976, 1977) qui a mis en
évidence quatre éléments de base à l’origine du déclenchement de
cette réponse de relaxation :
• un stimulus constant, un son, une phrase qui permet de réorienter
la pensée logique du sujet vers son intériorité, l’invitant à se
concentrer ;
• une attitude passive, face aux pensées distrayantes et une invitation
à rediriger son attention sur la technique ;
• une diminution du tonus musculaire, favorisée par une position
confortable, réduisant au minimum le travail postural ;
• un environnement calme, dans lequel les stimuli sont réduits.
De manière générale, la relaxation peut être utilisée à différentes
fins :
• le relâchement musculaire d’une partie ou de l’ensemble du corps
dans le but d’apporter une libération corporelle et mentale ;
• la restructuration des schémas corporels et la perception de l’image
du corps ;
• l’obtention d’un apaisement psychique entraînant le calme et la
maîtrise de soi ;
• l’acquisition d’une détente réparatrice avec un accroissement des
capacités vitales et la suppression des tensions.
Ses avantages sont nombreux, car les techniques de relaxation
présentent peu d’effets défavorables, et aboutissent le plus souvent à
© InterEdiâons-Dunod —La photocopie non autorisée esc un délit

des conséquences bénéfiques rapides et durables si les exercices sont


maintenus. D’un apprentissage le plus souvent aisé, ces méthodes de
relaxation peuvent être mobilisées, soit en cas d’urgence (comme
c’est le cas lors de troubles anxieux majeurs), soit à des fins
préventives.
Dans les années 1960-1970, aux Etats-Unis, un grand nombre
d’ouvrages présentant des techniques de relaxation sont apparus. En
Europe, depuis les années 1980 et jusqu’à nos jours, la pratique de
ces techniques est devenue très populaire et n’a fait que s’accroître.
Dans le champ de la relaxation deux grands noms sont le plus
souvent cités : Schultz et Jacobson.
Inspiré par le courant psychanalytique, Schultz a commencé
ses recherches dans les années 1908-1912 à Berlin en désirant
transformer les techniques de détente en moyens thérapeutiques.
S’intéressant à des techniques orientales comme le yoga, le zen,
il s’est également concentré sur des méthodes de concentration
d’inspiration orientale pour lancer sa méthode en 1920, sous le nom
« training autogène ».
Dans une perspective similaire, c’est à Harvard, en 1908, que
Jacobson a commencé ses recherches sur le sursaut nerveux invo­
lontaire. Jacobson désirait prouver que le bruit inopiné qui perturbe
l’état de concentration et qui provoque des sursauts involontaires
était le fait d’un transfert de l’énergie psychique dans le domaine
physique. Il suggéra alors, que c’était le niveau de tonus musculaire
qui chez l’homme était le mieux à même de rendre compte de ces
réactions de sursaut.
Par la suite, différentes approches de relaxation ont vu le jour
telles que la rééducation psychotonique d’Ajuriaguerra (1970) (où
la relaxation n’est plus l’objectif unique car l’analyse du transfert,
la relation patient/thérapeute et l’analyse des résistances et des
tensions deviennent centrales), la relaxation psychosomatique de
l’école de Sami-Ali et Sylvie Cady en 2003 (qui s’inscrit dans le
cadre d’une théorie relationnelle, dans une approche dynamique,
qui met le corps en position centrale et privilégiée ; l’objectif
n’est pas d’amener une personne à se relaxer, mais de l’amener à
comprendre pourquoi elle est trop peu ou trop tendu), la régulation
à induction variable de Michel Sapir (1958) (qui s’inscrit dans un
cadre psychanalytique avec des inductions particulières permettant
de créer un espace de parole pour le patient) et la désensibilisation
systématique de Wolpe (1975) pour les plus connues. Pour finir,
notons également la sophrologie, introduite par Caycedo (1979) qui
intègre des éléments issus de techniques de relaxations, ainsi que
d’autres approches.
Trois mécanismes fondamentaux sont enjeu :
• la focalisation de l’attention en début de séance, puis par la suite
son contrôle et son maintien ;
• la suggestion générée par le sujet lui-même ou par autrui ;
• la dissociation qui apparaît comme inhérente à toute expérience
subjective de relaxation. Elle se définit dans l’impression d’être
ici et ailleurs. Cette forme de présence se caractérise par la
simultanéité de deux expériences apparemment contradictoires
éprouvées par le sujet. C ’est un mécanisme normal qui décrit
un type de contact à la réalité. La rêverie illustre cette situation
où nous sommes à la fois présents physiquement et absents
mentalement et pourtant conscients de l’ensemble (Fromage,
2001 ).
En termes d’approche psychothérapeutique complémentaire,
la relaxation peut être utilisée de manière additionnelle, à une
psychothérapie dans la mesure où l’approche par le corps, les
sensations et le vécu subjectif, constitue un moyen pour parvenir
à un travail d’élaboration psychique. Les méthodes Ajuriaguerra
(1970), de Sapir (1958) ou de Schultz (1932) inspirées de la
psychanalyse en sont de bonnes illustrations. Elles ne visent donc pas
simplement une détente mais peuvent inviter sous la direction d’un
psychothérapeute à un travail psychothérapeutique. Les approches
psycho-corporelles utilisent la relaxation pour mettre le sujet en
état d’écoute intérieure et lui permettent de prendre conscience
de certains troubles spécifiques, et ainsi pour le psychothérapeute
de faire émerger des symptômes. Nous avons fait le choix de nous
centrer sur deux approches de relaxation, le training autogène de
Shultz et la relaxation progressive de Jacobson.

Le training autogène de Schultz


InterEditions-Diinod —La photocopie non autorisée est un délit

Johannes Heinrich Schultz (1884-1970), neuropsychiatre allemand,


a mis au point vers 1930 la technique du « training autogène »,
en se basant sur les travaux de Vogt sur l’hypnose, de Coué sur
l’autosuggestion consciente et de Freud, dont il fut l’élève. Cette
méthode d’entraînement à l’auto-hypnose a été mise au point
après de longues analyses et réflexions sur les processus impliqués
dans l’hypnose et la suggestion. Le training autogène, littéralement
« s’entraîner soi-même » est comparable à un entraînement qui
nécessite une longue pratique régulière et rigoureuse afin d’obtenir
des résultats.
Les objectifs de cette approche sont multiples. Il s’agit principale­
ment :
• d’arriver à un état de relâchement musculaire en se basant sur
une concentration sur les sensations et une visualisation, afin
d’engendrer une détente psychique ;
• de mettre en place un réel apprentissage de ce relâchement
musculaire basé sur la concentration sur des sensations. On parle
d’une forme d’entraînement à l’auto-hypnose.
Cette méthode comprend deux cycles :
• un cycle inférieur qui correspond à un apprentissage de la relaxation
proprement dite, en se basant sur la concentration sur différentes
parties du corps afin d’obtenir des sensations identiques au vécu
corporel de patients sous hypnose (ressenti de chaleur, lourdeur
de certains membres...) ;
• un cycle supérieur qui en réalité s’apparente à une forme de psychothé­
rapie d’inspiration analytique qui se base sur des thèmes que l’on
évoque en état de profonde relaxation. Dans ce cycle supérieur,
le psychothérapeute reprend les éléments issus de la relaxation
qui ont pu émerger dans le cycle inférieur et utilise ce matériel
dans une perspective plus psychothérapeutique. Les sensations,
émotions et pensées qui émergent lors du cycle inférieur vont
constituer un matériel sur lequel le psychothérapeute va pouvoir
travailler avec son patient.
Nous n’aborderons ici, que le premier cycle de la méthode de
Schultz, qui reste le plus en lien avec l’objet de ce chapitre.
De manière progressive, la relaxation part d’une zone spécifique
comme le bras pour s’étendre au reste du corps. Le sujet est invité à
se concentrer sur des formules suggestives précises qui l’entraînent à
porter son attention sur ce qu’il ressent par induction et suggestion.
Ces exercices durent environ une trentaine de minutes. La fin de
chaque séance de relaxation que l’on nomme « reprise » permet au
patient de retrouver un état de tonicité habituel par une succession
de différents mouvements corporels ainsi que de respirations avant
de réouvrir les yeux.
Une phase de préparation du sujet est nécessaire avant l’applica­
tion pratique :
• choisir un lieu aussi calme que possible, ni trop chaud ni trop
froid, si possible dans la pénombre ;
• couper sonnette et téléphone ;
• se libérer de vêtements trop serrés (ceinture, souliers...) ;
• éviter de pratiquer après un repas lourd ;
• se coucher (ou simplement s’asseoir).
La position assise qui peut se prendre en tout lieu est celle dite
« du cocher de fiacre ». On n’utilise pas le dossier. Les jambes sont
légèrement écartées, les avant-bras reposent sur les cuisses, les mains
tombent à l’intérieur de l’angle des cuisses, le dos est relativement
vertical, comme tassé sur lui-même, la tête se laisse pendre vers
l’avant. Si on veut utiliser la position couchée, on se met sur le dos,
coudes légèrement écartés, mains aussi, pieds tombant en dehors et
ne se touchant pas.
Le training autogène de Schultz est structuré autour six étapes
dont la finalité est de produire une déconnexion générale de
l’organisme par une modification volontaire de l’état tonique.

Ces six étapes sont les suivantes :

É ta p e 1 : l ’expérien ce de la p e sa n te u r avec un tra v a il su r les m uscles

C’est la détente musculaire qui est ici recherchée, sur un ou plusieurs


membre(s) du corps, avec par la suite un processus de généralisation,
dans lequel, la détente musculaire (via une sensation de pesanteur)
se fera automatiquement sans intervention volontaire.
Le sujet va se concentrer mentalement sur la formule : « Mon
bras doit est tout à fait lourd. »
On choisit le bras droit pour les droitiers, gauche pour les
gauchers. Cette formule doit se prononcer intérieurement une
seule fois. L’objectif est de se rendre présent au bras sans s’efforcer
d’éviter les distractions passagères qui arriveront normalement et
leur survenue n’indique pas un échec. Le patient peut s’aider d’une
image visuelle comme celle d’un bras en plomb ou en pierre. Le
sujet peut ensuite poursuivre avec les autres parties du corps pour
obtenir une sensation de pesanteur totale sur tout le corps.
Certains patients ne ressentent pas de sensation de pesanteur
mais se décontractent tout de même, comme on peut le constater
objectivement. Dans ce cas, on peut continuer l’entraînement et
passer au stade suivant.
Ce premier exercice ne sera que d’une minute ou deux mais devra
être fait régulièrement, sans aucune défaillance, trois fois par jour. A
la fin de la séance, et cela restera vrai tout le long de l’apprentissage
(et par la suite), une « reprise » est prescrite. Elle doit être fidèlement
exécutée afin de revenir de l’état un peu vaporeux de la relaxation
à une vigilance bien branchée sur le réel. Cette reprise consiste à :
• plier et tendre énergiquement les bras trois fois de suite ;
• effectuer une grande inspiration et expiration ;
• ouvrir les yeux
• abandonner le siège ou le divan.
Il arrive qu’on propose une reprise plus progressive. Il s’agit alors
d’exécuter au niveau d’une seule phalange d’un seul doigt, d’une
seule main, le plus petit mouvement qu’on est capable de concevoir.
Il est généralement éprouvé comme une sorte de déclic à mi-chemin
du volontaire et de l’involontaire.
On demande au sujet de noter à l’issue de chacune des séances
effectuées à la maison l’heure, la durée de la séance, les sensations
ressenties et tout ce qui lui paraîtrait intéressant.
Cet exercice pratiqué régulièrement amène une sensation de
pesanteur dans le bras droit dès la première séance et la perception
de cette pesanteur à d’autres niveaux du corps dans les jours suivants.
C ’est déjà le signe d’une bonne décontraction que le thérapeute
peut contrôler en mobilisant légèrement le bras.
Dans certains cas les résultats tardent à venir. Il n’y a pas lieu de
s’en inquiéter puisque la relaxation survient toujours, pourvu qu’on
effectue les exercices avec régularité et persévérance.

E ta p e 2 : l ’expérien ce de la chaleur avec un tra v a il su r le systèm e


vascu laire dans le sens d ’une v a so d ila ta tio n

De façon identique à ce qui se passe dans le premier exercice, le


patient suit l’autosuggestion suivante : « Mon bras droit est tout à
fait chaud. »
C’est dans le même ordre que dans l’étape 1 que va se dérouler cet
exercice de la chaleur jusqu’au moment où la sensation sera répartie
dans tout le corps. Si le sujet éprouve des difficultés, il peut essayer
de se représenter mentalement (visuellement), une expérience de
chaleur connue comme le réchauffement par le soleil ou par un feu
de cheminée.
Il suffit d’attendre patiemment que la sensation se produise. Elle
peut débuter par un tout petit coin du bras, par le bras tout entier,
par une autre partie du corps. Parfois le sujet a déjà ressenti la
chaleur pendant les exercices de pesanteur. Dans certains cas, on
peut mesurer une augmentation de la température de la peau d’un
degré ou un degré et demi qui est due à l’augmentation de la
circulation sanguine à ce niveau du corps.

É ta p e 3 : V expêrience du con trôle du cœur, avec la m ise en p la ce d ’un


contrôle v o lo n ta ire des b a tte m e n ts cardiaque

Pour sentir le rythme du cœur, le sujet est invité à répéter six ou


sept fois la suggestion : « Mon cœur bat calmement. »
Il se concentre sur les manifestations subjectives du fonctionne­
ment cardiaque. L’exercice ne vise pas à modifier immédiatement
la fréquence cardiaque, mais il vise progressivement une auto­
régulation des vaisseaux sanguins. Lorsque cet exercice rencontre
des difficultés, on peut inviter le patient à mettre sa main sur la
région du cœur pour mieux sentir cette zone.

É ta p e 4 : l ’expérience du contrôle de la resp ira tio n , avec la m ise en


p la ce d ’un contrôle v o lo n ta ire et d ’une m o d ifica tio n de la resp ira tio n

En respectant le rythme respiratoire naturel, le patient a pour


objectif de « sentir l’air pénétrer en lui » ou de « sentir fonctionner sa
cage thoracique ». La formule verbale utilisée est : « Ma respiration
est tout à fait calme » ou bien : «Je suis toute respiration. »
Le rythme respiratoire peut se modifier légèrement en amenant
une sensation de calme.

É ta p e S : l ’expérien ce de la chaleur a b d o m in a le, avec la m ise en p la ce


d ’une sen sa tio n de chaleur au n ivea u du b a s-ven tre

Le patient est invité à ressentir une sensation de chaleur au plus


profond de son abdomen et au niveau du plexus solaire. La formule
verbale est : « Mon plexus solaire est tout à fait chaud. »
Il s’agit une rêverie consciente où le sujet se représente cette
région particulière du corps qui baigne dans une chaleur douce et
agréable.
É ta p e 6 : l ’expérience de la chaleur fr o n ta le avec la m ise en pla ce d ’une
sen sa tio n de fra îc h e u r au n ivea u du f r o n t, qu i s ’ap p a ren te à une
réaction v a so -c o n stric tiv e . L a f o r m u le verbale est « m on f r o n t est
a g réa b lem en t f r a is »

Cet exercice qui est différent des précédents a pour but de réduire
la vasodilatation au niveau de la tête. Le patient se présente men­
talement l’impression de fraîcheur frontale que l’on peut ressentir
par exemple au cours d’un bain chaud, la tête étant hors du bain et
rafraîchie par un léger courant d’air, ou encore l’impression d’une
« brise » telle qu’elle se produit en été.
Le patient peut acquérir la maîtrise de ces exercices standard
après un temps variable, entre un et six mois. A chaque pratique
(de 5 à 15 minutes), il peut ressentir un ensemble de sensations de
lourdeur (corps), de chaleur (abdomen), de fraîcheur (front), de
calme (respiration). Il ressent alors un état de calme intérieur dans
le domaine mental, un détachement contrôlé de l’ambiance externe
et un état de détente physiologique agréable et reposant. Les deux
premières expériences (pesanteur, chaleur) sont les plus importantes
et permettent déjà d’arriver à un bon niveau de détente.

La relaxation progressive d’Edmund Jacobson

Pensant qu’il existe une relation entre le vécu émotionnel et le


degré de tension musculaire et refusant toute idée de suggestion,
Jacobson a proposé en 1934 aux Etats-Unis, une méthode de
relaxation physiologique. Son but était la réduction du tonus
musculaire au repos. Il a constaté en faisant l’étude des sursauts
involontaires que plus un sujet est tendu et nerveux, plus un
bruit inattendu le fait sursauter. Le stress ressenti s’accompagne
de contractions musculaires. De manière opposée, le relâchement
musculaire entraîne une détente mentale. Sa technique va utiliser un
mouvement d’alternance entre la contraction et le relâchement pour
parvenir à prendre conscience et à faire progressivement disparaître
les tensions musculaires. Sa méthode est basée sur l’apprentissage de
modalités de fonctionnement neuro-musculaire à travers le couple
« contraction-relâchement ». Cet état peut être évalué par un tracé
électromyographique (activité électrique révélant les événements de
caractère physique, ou de source éventuellement mentale survenant
chez la personne).
Cette approche comporte deux étapes :
• la relaxation générale ;
• la relaxation différentielle.
Lors de la première étape, chaque groupe musculaire doit être
contracté durant quelques secondes, puis relâché à moitié et complè­
tement. Le sujet a pour objectif de se concentrer sur les sensations
associées à la contraction et au relâchement. Une prise de conscience
doit s’effectuer dans tout le corps. Le sujet répète cet exercice
pendant 30 minutes. De séance en séance, le sujet progresse dans
tout le corps afin d’obtenir une relaxation générale.
Lors de la seconde étape, appelé aussi « relaxation différentielle »,
l’objectif est de prendre conscience et de distinguer la contraction
musculaire qui est vraiment nécessaire à l’exécution d’un acte
physique quelconque, tandis que tous les autres muscles qui ne
servent pas pour réaliser cet acte, sont relâchés. L’attention est
portée sur les nouvelles sensations et les changements opérés.
Cette seconde étape peut être définie comme « le minimum de
contraction nécessaire pour l’exécution d’un acte, en même temps
que la relaxation des muscles dont l’activité n’est pas indispensable
pour la réalisation de cet acte ».
Par la suite, l’objectif du patient est de prendre conscience à tous
les moments de la vie de toutes les tensions musculaires liées à des
troubles affectifs ou émotionnels. Dans cette optique, le sujet serait
capable de se détendre en décontractant les zones musculaires sous
tension et ainsi de faire face au stress naissant dans des situations
difficiles.
Ce travail qui doit être effectué avec un thérapeute compétent
peut se faire sur une demi-heure à une heure trois fois par semaine
sur plusieurs mois.
Les différentes techniques de mouvement qui vont favoriser la
détente musculaire sont :
• l’étirement et le relâchement musculaire ;
• le balancement d’un membre (bras, jambe, torsion du tronc) ;
• la vibration (secousses rapides de certaines parties du corps) ;
• l’affaissement (une partie du corps est élevée puis relâchée sous
l’effet de la pesanteur) ;
• la contraction (un muscle ou un groupe musculaire est tendu puis
relâché afin de prendre conscience de la différence de sensation).
Très souvent, cette méthode est associée à des techniques telles
que l’imagerie mentale ou le contrôle respiratoire. De manière
pratique, la technique de relaxation générale (première étape)
consiste à tendre et à relâcher seize groupes de muscles, chacun
pendant 10 secondes et puis les relâcher subitement, prendre 15 à
20 secondes afin de distinguer la sensation du muscle détendu en
comparaison avec la sensation de tension précédente. L’exercice se
fait en position allongée.
r \
E ncad ré 3.1
P ro to c o le de relaxation progressive
• A llongez-vous co n fo rtab lem en t, tro u v ez une position qui vous
co n v ien n e (durant quelques secondes).
• « F erm ez les y eu x » puis d éten d ez-v o u s, ne pensez à plus rien (10
m n).
• M aintenant, toujours les y eux ferm és, vous allez contracter le biceps,
et le m aintenir en contraction (10 secondes), puis repérez la sensation
de tension dans la partie h au te d u bras, puis relâchez et observez
la disparition de la co n tra c tio n (durant 15 secondes). C ’est une
d ém arch e sim ilaire que vous allez faire p o u r les différents groupes
m usculaires que nous allons travailler.

Les membres supérieurs (à droite puis à gauche)


• M ain ten an t, pliez la m ain d ro ite en arrière, au niveau du p o ignet,
sans soulever l’avant-bras et le coude (la tension a lieu dans la partie
hau te de l’avant-bras) puis relâchez.
• Ensuite, pliez le p oignet vers l’intérieur, en le to u rn an t vers le corps
(la co n trac tio n apparaît dans la partie basse de l’avant-bras), puis
relâchez.
• Ensuite, levez l’avant-bras en le pliant au niveau du coude. Form ez
u n angle de 30 degrés (la co n tra c tio n a lieu au niveau du biceps),
puis relâchez.
• E nsuite, le bras éte n d u p ro gressivem ent faites le dev en ir rigide en
serrant fort le p o in t, puis relâchez.

(Les m êm es exercices peu v en t se faire avec des contractions de plus en


plus faibles.)
us- Les membres inférieurs (à droite puis à gauche)
• Pliez le pied droit et ses orteils vers vous, vous le ram enez en arrière
(la tension a lieu sur le devant de la ja m b e et en dessous du genou),
puis relâchez.
• Ensuite, étendez le pied et les orteils vers le bas, vous tirez en avant
(la tension se ressent au niveau du m ollet), puis relâchez.
• E nsuite, soulevez la jam b e à partir du genou, en ram enant le genou
vers vous (la ten sio n apparaît sur le d ev an t de la cuisse), puis vous
relâchez.
• Puis, poussez la ja m b e vers le sol (tension à l’arrière de la cuisse) et
relâchez.
• E nsuite, soulevez la cuisse (co n tractio n dans l’ab d o m en au niveau
de la hanche), puis relâchez.

Le tronc
• R e n tre z le v en tre (tension sur le dessus de l’abdom en) et relâchez.
• C am b rez le dos (tension de chaq u e cô té de la co lo n n e vertébrale),
relâchez.
• Inspirer p ro fo n d é m e n t en rem plissant v o tre p o itrin e d ’air (tension
au niveau de votre po itrin e), puis expirez lentem ent.
• E tendez le bras d ’avant en arrière, en le relevant (tension au niveau
de la poitrine), pus relâchez.
• H aussez les épaules (tension sur le dessus e t les côtés du cou), puis
relâchez.
• Pliez le cou d ’u n côté puis de l’autre, et relâcher (tension de chaque
côté du cou).
• E nfin, pliez le cou d ’avant en arrière (tension au niveau de la nuque
et à l’avant du cou), et relâchez.

Le visage
• Plissez le fro n t en haussant les sourcils (tension dans to u t le front),
puis relâchez.
• F roncez les sourcils, relâchez.
• Serrez les paupières et relâchez.
• Les y e u x ferm és, dirigez v o tre regard vers la gauche, puis vers la
d ro ite, en h au t en bas, ressentez les tensions dans chaque cas des
m uscles oculaires, puis relâchez.
• Les y e u x ouverts regardez u n o b jet et localiser les tensions, puis
referm ez les yeux.
• S errez les dents (co n tractio n en tre l’angle des m âchoires et les
tem pes) et relâchez.
us- • O u v re z les m âchoires (co n tractio n vers le bas de l’oreille), et
relâchez.
• M o n trez vos dents (contraction dans les joues) et relâchez.
• M e tte z les lèvres en form e d ’O (en cu l-d e-p o u le) (tension dans les
lèvres) et relâchez.
• R étractez la langue (tension dans la langue et dans le « plancher » de
la b o uche) et relâchez.
• C o m p te z le n te m e n t ju s q u ’à dix à voix forte, ressentez les tensions
dans les parties du visage, ainsi que dans la gorge, la p o itrin e et le
diaphragm e.
• Faites de m êm e en co m p tan t dans votre tête.
• Puis relaxez-vous, ne faites plus rien.

M aintenant, vous allez ne plus rien faire, vous détendre, restez calme
et serein, d u ran t u n certain tem ps (15 à 30 m inutes).
Le tem ps d ’une séance p e u t s’illustrer com m e sur la figure 3.1.

30mn

10mn 5mn 5mn 5mn 5mn 30mn

Temps repos 1c1 2c 3c 4c Temps repos total

Figure 3. i. Chronologie des phases lors d ’une séance de relaxation.

\ ____________________________________________________ y
La deuxième étape propose des activités similaires à la première
mais en position assise.
Afin de réaliser au mieux une séance de relaxation de ce type, il
convient d’être attentif aux éléments suivants :
• l’environnement : pour réaliser une séance de relaxation, il est
important de placer le sujet dans une position de base stable,
confortable, dans une pièce calme, chauffée à une température
douce et où le sujet pourra se déconnecter du monde extérieur ;
• la voix du thérapeute : les phrases prononcées sont courtes, simples,
au présent. Les inductions sont aussi neutres que possibles et les
images énoncées aident le praticien à percevoir la réalité de la
partie du corps relaxée ;
• le thérapeute : au même titre que la méditation, le thérapeute
lui-même doit pratiquer souvent les techniques de relaxation qu’il
utilise afin de pouvoir communiquer sous le même champ de
représentation que ses patients qui vont parler d’une expérience
subjective.
En reprenant un commentaire de Schultz (Durand de Bousingen,
1961) :

« Le médecin qui s’intéresse à la méthode devrait autant que possible expéri­


menter sur lui-même le caractère particulier et la portée de cette technique sous
la direction d’un collègue expérimenté jusqu’à ce qu’il en ait lui-même acquis
une parfaite maîtrise. Sans parler des avantages d’ordre psycho-hygiénique
qu’il en retirerait, ce n ’est qu’ainsi qu’il pourra entrer en communication
profondément avec le travail de ses patients et qu’il pourra les conseiller et leur
donner appui à chaque moment et pour toutes les difficultés qui pourraient se
présenter ».

Étude de cas Jean

Jean, 42 ans, m arié, responsable com m ercial dans l’industrie, vient consul­
ter p o u r une difficulté à gérer une tension, q u ’il nom m e du « stress » dans
son m ilieu professionnel. Il a subi u n cancer des testicules qui s’est résorbé
à l’aide de traitem en ts chim iques. D ep u is quelques m ois, il a de plus
en plus de responsabilités en raison d ’u n e p ro m o tio n (gestion de clients
stratégiques). Ses objectifs sont très am b itieux, et parfois hors d ’atteinte.
C ’est u n e p ersonne brillante, am bitieuse, aim ant son travail et gérant une
équipe de douze personnes. D epuis quatre mois, il a du mal à se concentrer,
des difficultés à l’en d o rm issem en t (il se réveille plusieurs fois par n u it et
c o m m e n c e à pen ser à son travail). Il se sent irritable avec ses proches,
angoissé et alterne des périodes de fatigue et d ’énergie. Il n ’a plus le temps
de faire du sport et à l’im pression de délaisser son épouse. Il se sent tendu
et très stressé e t re d o u te u n ép u isem en t professionnel m algré sa b o n n e
volonté. Il ne recherche pas de psychothérapie, mais aim erait q u ’on l’aide à
se relaxer. «Je n ’y arriverais pas seul, car je n ’ai pas le tem ps. E n venant ici
régulièrem ent, je m e sens obligé et ça va m ’aider. Je souhaite aussi parler de
to u t cela. » D ans u n prem ier tem ps, le psychothérapeute consulté, propose
à Jean de lui enseigner u n e m é th o d e sim ple susceptible de l’aider à gérer
son stress. C ’est dans un second tem ps que la psychothérapie sera mise en
oeuvre.
C ’est le p ro to c o le du train in g au to g èn e qui est alors proposé à Jean,
décliné sur six phases sur six sem aines avec des exercices à dom icile,
suivies après chaque séance d ’u n débriefing de sa sem aine de travail. Jean
devait u n iq u em en t rem plir l’échelle de stress perçu de C o h e n et al. (1983).
Les résultats o btenus sont présentés dans la figure 3.2.
D e façon très em p iriq u e ce cas nous m o n tre que l’utilisation d ’une
m é th o d e de relaxation sim ple a des effets bénéfiques dans le cadre d ’une
gestion d u stress. D ’u n p o in t de v u e qualitatif, après si sem aines, Jean se
sentait m ieux avec u n potentiel plus grand et une capacité plus développée
à gérer ses tensions internes. « J ’ai acquis u n e co m p éten ce que je peu x
utiliser parto u t et qui m e sert beaucoup dans m o n travail, je dois m ’efforcer
m ain ten an t de c o n tin u e r à p ratiq u er p o u r que ça ne disparaisse pas. » U n
tel effet lié à une pratique quo tid ien n e s’est retrouvé après douze semaines.
E n o u tre, il faut n o te r que cette ap p ro ch e a facilité l’en trée de Jean dans
le processus psychothérapeutique, qui s’est poursuivi ensuite sur plusieurs
m ois de façon plus co n ventionnelle.

Les mécanismes d’action présumés de la relaxation sont multiples.


On peut faire l’hypothèse dès lors que la respiration est impliquée,
c’est la variabilité sinusale (cf. chap. 2) qui est responsable, pour une
part au moins, de l’état de bien-être que provoque cette approche.
La relaxation agit directement sur la réponse physiologique par le
relâchement des muscles lisses et squelettiques, par la réduction de
la tension artérielle et de la fréquence cardiaque. Par ailleurs, selon
les individus, la relaxation favorise et met en place un processus de
distraction cognitif qui vise à éviter les stimuli aversifs liés à une
situation pathogène et augmente le sentiment de contrôle sur les
événements, avec pour objectif de réduire l’intensité de la détresse
psychologique.
PERSPECTIVES CLINIQUES ET THÉRAPEUTIQUES

Après avoir présenté globalement ces deux approches, nous allons


aborder certains des champs d’application de ces pratiques dans le
domaine de la santé et de la maladie. S’il existe un certain nombre
de recherches solides dans ce domaine, il faut bien dire, que la
littérature n’est pas des plus prolifiques. En effet, nous avons constaté
avec surprise que si ces méthodes de relaxation étaient très connues,
elles n’avaient pas pour autant massivement intéressé les chercheurs.
Ne souhaitant pas nous livrer à une analyse systématique de la
littérature, nous avons limité notre propos à la présentation de trois
études significatives qui concernent la qualité de vie, la maladie
cardiaque et le cancer du sein.
En ce qui concerne la qualité de vie, l’étude de Sutherland et al.
(2005) réalisée auprès de patients atteints par la sclérose en plaques,
montre des effets positifs du training autogène sur la qualité de vie
et le bien-être des malades.

E n cad ré 3.2
Influence du tra in in g au to g èn e sur la qualité de vie
(S utherland et al., 2005)
C e tte re ch erch e avait p o u r o b je c tif d ’évaluer les effets du training
autogène sur la qualité de vie chez des patients atteints de sclérose en
plaques (SEP). V in g t-d e u x sujets o n t participé à cette rech erch e (n
= 11 dans le g ro u p e ex p érim ental, n = 11 dans le gro u p e contrôle).
Les patients o n t suivi le p ro to c o le de relaxation du ran t dix sem aines
avec des exercices a effectué à la m aison à raison de cinq à six fois
par sem aine. Les variables m esurées étaien t la qualité de vie (à partir
du M S Q O L de V ickrey et al. (1995) qui évalue différents aspects que
sont les p roblèm es physiques, ém o tio n n els, le b ie n -ê tre , l’énergie...),
l’h u m eu r (avec la P O M S SF de Sacham (1983) qui m esure différentes
sous-dim ensions que sont la dépression, la vigueur, la confusion...), la
dépression (avec la C E S -D de R adloff, 1977) et le soutien social perçu
(avec la M SPSS de Z im e t et al., 1990). T outes les m esures étaient
réalisées avant et après l’initiatio n au training autogène.
N o u s avons fait le ch o ix de ne p résen ter que certains des résultats
obtenus après les dix semaines nécessaires à la finalisation du protocole
d ’étude, en co m p aran t les scores o b ten u s par le gro u p e training
autogène à ceux obtenus par le groupe tém oin. Toutes les évaluations
(VD) n ’o n t pas été rapportées.
Tableau 3.1. - Comparaison des moyennes des groupes Training autogène versus
témoin sur certaines variablesa
Significativité du t
Groupe Training Groupe témoin
Variables pour groupes
autogène m (a) m(<r)
indépendants
Qualité de vie
(MSQOL)
Problèmes
6.0 (1.7) 4.2 (1.2) p < .001
physiques
Problèmes
5.3 (1.3) 4.4 (1.5) ns
émotionnels
Énergie 19.7 (2.7) 16.4 (4.0) p < .05
POMS
POMS sous-
5.0 (6.3) 8.4 (9.8) ns
échelle Dépression
POMS sous échelle
7.2 (4.8) 3.2 (2.7) p < .05
Vigueur
POMS sous échelle
8.8 (4.1) 10.7 (6.6) ns
Fatigue-inertie
CES-D 34.2 (7.9) 32.7 (19.4) ns

a. Nous avons effectué un calcul de t de Student a posteriori à partir des paramètres moyenne,
écart-type et taille des échantillons, ces indications n’étant pas disponibles dans la publication.

Les auteurs co n staten t q u e le g ro u p e ayant suivi le p ro to co le de


relaxation (training autogène) fait état d ’u n e plus grande énergie
et d ’u n e plus grande vigueur, ainsi q u ’une p erc e p tio n plus positive
de leu r santé physique. Les patients du gro u p e expérim ental se
p e rç o iv e n t co m m e plus perform ants et plus aptes à effectuer des
activités quotidiennes en lien avec des changem ents positifs au niveau
physique, ce qui n ’est pas le cas au niveau ém otionnel.
V _________________________________________________________________________________________________________ J

Dans le domaine cardiaque, des modifications de la fréquence


cardiaque ont été observées pendant des exercices de concentra­
tion passifs sur diverses formules utilisées dans les techniques de
relaxation précitées.
Dans une étude sur la réhabilitation cardiaque, Brugemann et al.
(2007) ont évalué les effets d’exercices de relaxation auprès de cent
trente-sept patients. Les résultats montrent une nette amélioration au
niveau de la qualité de vie jusqu’à neuf mois après la réhabilitation.
Les travaux de Yu (2007) présentés dans l’encadré 3.3 examinent les
effets de la relaxation progressive sur la détresse psychologique chez
des patients chinois victimes d’une crise cardiaque et montrent
une réelle amélioration au niveau de la gestion de la détresse
psychologique (anxiété, dépression).

E ncad ré 3.3
Influence de la relaxation progressive sur la dépression et
l ’anxiété de patien ts ayant fait l’o b jet d ’une crise cardiaque
C e tte étu d e lo n g itu d in ale de Y u et al. (2007) avait p o u r o b je c tif de
m o n tre r les effets sur la santé psychologique (dépression et anxiété) et
p hysique (troubles respiratoires, fatigue) de la relaxation progressive
auprès de m alades ayant fait u n infarctus. C e n t vingt et un sujets o n t
participé à cette recherche (n = 59 p o u r le groupe expérim ental versus
n = 62 p o u r le g ro u p e contrôle). Les auteurs o n t m esuré les scores
d ’anxiété et la dépression m esurée en utilisant l’H A D (Z ig m o n d et
Snaity, 1983), ainsi q u e l’état physique général des sujets sur une
p ério d e de quatorze sem aines. N o u s n ’avons rep o rté que les résultats
relatifs à l’H A D (scores d ’anxiété et de dépression) avant l’intervention,
f à huit, puis après quatorze sem aines (figure 3.3).

Temps 0 Temps 1 Temps 2 Temps 0 Temps 1 Temps 2


(8s) (14s) (8s) (14s)

Figure 3 .3 . Scores moyens obtenus à l ’H A D selon les différentes phases de


l ’étude.

D e m an ière générale, o n constate u n e am élioration de la détresse


p sy chologique m esurée par l’H A D , qui est essentiellem ent dû à une
baisse du score de dépression, alors que le score d ’anxiété ne présente
pas de différence significative.

On ne peut mettre sur le même plan que les autres une maladie
comme le cancer. Le cancer est devenu une affection chronique
associée à un avenir incertain alors qu’il était hier souvent fatal.
Ceci amène donc des réactions spécifiques à cette maladie, qui sont
fonction des moments de la maladie.
Il nous semble important de résumer ces différentes phases qui
ont leur intérêt pour une classification du problème posé par la
maladie. Ce sont principalement une phase de crise existentielle
couvrant la période des premiers symptômes, des investigations
et du diagnostic, puis vient la phase du traitement (chirurgie,
chimiothérapie et radiothérapie) et l’effort de l’adaptation qui lui
est lié, la rechute et la perte d’espoir. Les phases préterminale et
terminale surviennent avec une détérioration physique progressive.
La rémission et la guérison généreront aussi des crises. La peur,
l’anxiété et la dépression sont les sentiments les plus fréquemment
déclenchés par la maladie, d’autres comme la solitude, l’impuissance,
le désespoir ou le pessimisme peuvent y être associés sans toutefois
être justifiés par la situation clinique. Ces sentiments risquent
d’amener le malade à des comportements d’abandon ou de repli. Il
est, à ce moment, important de préserver un niveau d’estime de soi
suffisant pour permettre à beaucoup de survivre.
On peut noter que 20 % à 50 % des patients atteints de cancer pré­
sentent une détresse, mesurable par les taux d’anxiété, de dépression
et d’hostilité et que celle-ci persiste à un an chez 20 % d’entre eux.
De plus, les malades atteints de cancer ont souvent à faire face aux
effets secondaires des traitements et à leurs séquelles, dont on sait
l’impact potentiel sur leur qualité de vie. Pour illustration, retenons
que 50 % des patients en cours de chimiothérapie rapportent des
vomissements (Reed, 1998) et que 70 % ont fait l’expérience d’une
douleur sévère à un moment donné de leur maladie (Breitbart et al,
1995). Les personnes atteintes de cancer sont donc confrontées à de
nombreux problèmes, dans les registres physique, affectif, cognitif et
comportemental et que les thérapies médicamenteuses (analgésiques,
anxiolytiques, psychotropes) ne contrôlent pas toujours totalement
la douleur, les nausées, les vomissements ou l’angoisse (Breitbart et
al, 1995).
Afin d’améliorer leur qualité de vie et leur adaptation au traite­
ment et à la maladie, des techniques complémentaires peuvent être
proposées. Dans cette optique, les techniques de relaxation sont par­
ticulièrement intéressantes. Elles sont applicables individuellement
ou en groupe et sont bien acceptées par les patients qui peuvent
facilement les apprendre.
Luebbert et al. (2001), dans le cadre d’une méta-analyse, ont mis
en évidence l’efficacité des techniques de relaxation (quinze études
randomisées retenues sur les deux cent quatre-vingts initialement
repérées). La relaxation est jugée efficace pour les patients quels
que soient les traitements reçus (chimiothérapie, radiothérapie,
transplantation de moelle, hyperthermie). Bridge et al. (1988) ont
réalisé une étude randomisée sur cent trente-neuf femmes atteintes
d’un cancer du sein non métastatique afin de montrer l’efficacité
de la relaxation sur l’intensité de l’anxiété et de la dépression.
Trois groupes ont été constitués : un premier groupe de relaxation
avec relâchement musculaire progressif, un second groupe avec
relaxation et imagerie mentale et un dernier groupe témoin où les
personnes étaient encouragées à parler d’elles-mêmes. Les femmes
ont vu individuellement le thérapeute une fois par semaine pendant
les six semaines de leur radiothérapie. En fin de traitement, les
femmes des deux premiers groupes ont rapporté des scores d’anxiété
et de dépression significativement plus faibles à ceux du groupe
contrôle.
Dans le même ordre d’idée, Baider et al. (1988) ont réparti cent
seize patients (49 hommes et 67 femmes) atteints de différents
types de cancers dans deux groupes. Dans le premier les sujets
étaient soumis à un programme de relaxation progressive, alors
j que le second constituait le groupe témoin. Les mesures étaient
| réalisées à partir du BSI (Brief Symptom Inventory : qui évalue
; neuf dimensions : somatisation, obsession-compulsion, sensibilité
| interpersonnelle, dépression, anxiété, aliénation sociale anxiété
\ phobique, idéation paranoïde et hostilité) et de l’IES (Impact of Events
\ Scale : échelle permettant de mesurer la présence d’un état de stress
; posttraumatique). Les résultats montrent une baisse significative
L des résultats sur la plupart des indicateurs dans le groupe traité,
1 résultats qui se maintiennent six mois après l’intervention. C ’est
| ce que montrent également Bridge et al. (1998) dans une étude
! sur la prise en charge des femmes atteintes d’un cancer du sein (n
j = 39 dans le groupe expérimental versus n — 46 dans le groupe
| contrôle). Les résultats de cette étude allant dans le sens d’une
diminution, de l’humeur, de la dépression et de l’anxiété pour les
sujets appliquant la relaxation progressive. Ce n’est pas en revanche
ce qu’observent Yan et al. (2001) qui, sur la base d’un protocole
similaire, ne montrent pas de différences significatives des résultats
entre le groupe relaxation et le groupe témoin.
Il apparaît donc, que dans le domaine de l’oncologie, la relaxation
s’avère efficace pour contribuer à réduire la détresse psychologique
et le stress lié aux différentes phases de la maladie. Cela permet
un retour au calme, une diminution des nausées et vomisse­
ments anticipatoires ou post-chimiothérapeutiques. En termes de
contre-indication, il n’en existe pas de manière absolue, mais il est
préférable de réaliser une évaluation psychologique préalable pour
vérifier que cette technique correspond bien aux besoins immédiats
du patient. Des doutes quant au bénéfice thérapeutique de la
relaxation peuvent apparaître dans certains cas comme les troubles
psychotiques passés ou actuels, des éléments anxio-dépressifs struc­
turés de forte intensité, des expériences antérieures négatives de la
relaxation ou simplement un manque de motivation à apprendre
cette technique. La relaxation risque en particulier d’induire une
anxiété au lieu de la réduire chez certains sujets dans des contextes
spécifiques comme les troubles de la personnalité générant une
tendance à mettre en échec les projets thérapeutiques ou présentant
une réaction agressive ou négative en réponse à toute tentative
d’aide. Dans de très rares cas, la relaxation peut induire un état
hypnotique ou de « transe », voire une attaque de panique ou une
réaction agressive susceptible d’inquiéter le patient. Le relaxologue
doit alors être prêt à gérer la crise et à orienter la personne vers
des spécialistes (Mastrovito et al., 1989). Dans tous les cas, il est
fondamental qu’il ait reçu une formation de qualité et puisse
bénéficier d’une supervision régulière.

CONCLUSION

Les recherches dans ce domaine devraient permettre d’apporter


plus de précisions sur les mécanismes d’action situés à différents
niveaux : biologique, physiologique, cognitif et comportemental
(modification de comportements inadaptés, recherche de soutien
social). À titre d’exemple, une intervention destinée à réduire la
douleur peut avoir des objectifs multiples : augmenter le sens du
contrôle sur celle-ci, modifier les réactions physiologiques ou les
comportements de réponse à la douleur s’ils sont inadaptés. La
relaxation musculaire peut être utilisée pour diminuer la douleur
liée aux tensions musculaires, mais aussi pour la recherche de son
meilleur contrôle (identifier l’intensité, la fréquence, les moments
d’apparition, le trajet de la douleur, imaginer la propagation des
sensations de bien-être vers la zone douloureuse, trouver des
mécanismes d’arrêt de la douleur...), ou encore la distraction pour
que le sujet soit moins conscient des stimuli contraignants. La
distraction peut être obtenue par l’engagement dans une activité,
par la visualisation d’un contexte agréable ou la transformation du
contexte de soin, par dissociation (imaginer que la zone douloureuse
ne fait plus partie du corps).
Le patient apprend par les différentes approches de relaxation à
changer et à augmenter son contrôle interne sur différents stimuli
et à entretenir un nouveau mode de pensée face à la maladie.
Avec l’aide du thérapeute, il peut prendre de la distance et du
recul face à ses pathologies pour changer la relation avec celle-
ci. Cependant, il semble que les effets de la relaxation soient à
court terme, s’ils ne sont pas stimulés quotidiennement. Dans cette
optique, l’observance thérapeutique est primordiale et le patient
doit s’engager dans une démarche personnelle de pratique au même
titre que la méditation ou d’autres activités physiques.
L’immense avantage de ces méthodes, simples d’usages, est de
fournir aux patients des outils concrets pour les aider à lutter
contre la gêne que provoquent les symptômes liés au stress ou
aux états anxieux. C ’est là une compétence a minima dont devrait
disposer n’importe quel psychologue de la santé, ce qui souvent
a pour effet de faciliter l’entrée du patient dans un processus
psychothérapeutique plus approfondi, et de développer chez ce
dernier un sentiment d’efficacité dont on connaît toutes les vertus.
( 'N

Concepts clés
• R e la x atio n : te c h n iq u e de m obilisation de l’atten tio n en vue de
détendre l’organism e. Plus précisém ent, c ’est une conduite thérapeu­
tiq u e, rééducative o u éducative, utilisant des techniques élaborées
et codifiées, s’ex erçan t sp écifiq u em en t sur le secteur tensionnel
es- et to n iq u e de la personnalité. La d é co n tractio n neurom usculaire
ab o u tit à u n ton u s de repos, base d ’u n e d éten te physique et
psychique. D e B ousingen R .D . (1992).
• T ra in in g au to g èn e : tech n iq u e de relaxation thérapeutique, th é o ­
risée p ar H . Schultz, visant u n apaisem ent du stress et de l’anxiété,
qui p e u t être caractérisée par u n e n traîn em en t à l’au to -h y p n o se,
p e rm e tta n t u n e réd u ctio n des tensions et du stress. C e tte approche
présente u n in té rê t p o u r les m aladies psychosom atiques, la psycho­
thérapie, mais aussi la m éd ecin e du sport et la gestion du stress en
p e rm e tta n t u n e réponse de relaxation.
• R e la x atio n progressive : tec h n iq u e de relaxation basée sur une
ap p ro ch e n eu ro m u scu laire, th éorisée par Jaco b so n E., et reposant
sur le p rin cip e de l’in fluence du co n trôle som atique sur la réponse
psychique, le relâch em en t m usculaire aboutissant à la détente m e n ­
tale.
V__________________________________________________________________________ /

OUVRAGES CLÉS

SC H U L TZ J .H . (1 932). Le Training B R E N O T P. (1988). La Relaxation, Paris


autogène. Méthode de relaxation par auto­ PUF.
décontraction concentrative, adaptation française
sous la direction de R. Durand de Bousin­ R an ty Y (1990). Le Training autogène
gen, Paris, PUF, 11e éd. 1991. progressif, Paris, PUF.
A U R IO L B . (1979). Introduction aux JA C O B SO N E. (1980). Savoir relaxer pont
méthodes de relaxation, Paris, Privât. combattre le stress, Paris, Broché.
LA MEDITATION

Une autre voie pour la prise en charge de la santé


et de la maladie

A M É D IT A T IO N re p o se sur des trad itio n s cu ltu relle s m illé n a ­


ristes et a toujours joué un rôle en termes de développement
de l’individu tant sur le plan de la connaissance de soi que sur le plan
thérapeutique en agissant sur la santé physique et psychique. En tant
que thérapie complémentaire, la méditation a donné naissance à
des courants de recherches outre-Atlantique qui ont porté leurs
fruits en montrant l’intérêt et la pertinence de ce domaine de
recherche (Shapiro, 2006 ; Berghmans et al., 2008). L’objet de
ce chapitre sera dans un premier temps de définir le concept de
méditation au sens général pour nous positionner dans un second
temps sur la méditation de concentration et de pleine conscience
et porter notre attention sur les psychothérapies qui en sont issues.
Nous nous pencherons ensuite, sur les études cliniques réalisées
dans le domaine de la santé et qui attestent de l’intérêt et de ces
orientations thérapeutiques. Enfin, nous aborderons certains aspects
pratiques en présentant différents exercices qui pourront être utilisés
dans le cadre d’une prise en charge concrète des patients, tout en
soulignant, lorsque c’est le cas, les limites de ces nouvelles formes
psychothérapeutiques.
ÉCLAIRAGE CONCEPTUEL ET MÉCANISMES D’ACTION

Définition de la m éditation

Définir de manière précise le concept de méditation n’est pas une


tâche facile car l’histoire de cette notion est étroitement liée à
l’histoire et au développement des civilisations et des religions indo-
européennes. De manière générale, la méditation est considérée
comme une pratique de santé et une démarche spirituelle dans de
nombreuses parties du monde, et ce depuis environ cinq mille ans.
Durant les quarante dernières années, la pratique de la méditation est
devenue de plus en plus populaire en Occident, en lien notamment
avec les mouvements écologiques et spirituels des années 1960-1970.
Cette pratique se retrouve à la fois au sein des mouvements spirituels
orientaux (bouddhisme, hindouisme) que dans des mouvements
spirituels et religieux judéo-chrétien et soufiste1, ce depuis leur
origine (De Smedt, 1979). En fait, la méditation, comme la prière
ont toujours fait l’objet de recherches. Mais depuis les quarante
dernières années, une ouverture nouvelle a permis de positionner
la méditation au rang de psychothérapie. Les effets thérapeutiques
de la méditation sont en fait étudiés depuis les années 1970 (Smith,
1975), notamment ceux portant sur la création et le maintien d’un
bien-être et d’une amélioration de la santé (Cardoso et al., 2004).
Le terme « méditation » (du latin meditari qui signifie « s’exercer,
réfléchir ») vient de la racine indo-européenne med qui veut dire
« penser, réfléchir », tout comme mederi qui veut dire « soigner » et
qui a donné le terme « médecine ». Dans son usage général, le terme
« méditation » possède plusieurs significations distinctes :
a) stratégie d’auto-régulation avec une focalisation sur l’attention ;
b) état de concentration dans lequel la conscience réfléchie est
centrée sur un seul objet ;
c) état de relaxation psychologiquement et médicalement bienfai­
sant ;
d) état dissocié dans lequel des phénomènes de transes peuvent se
produire ;

1. Soufisme : term e désignant les courants mystiques islamiques.


e) état mystique dans lesquels sont vécus les réalités ou les objets
religieux les plus élevés.
Ces différentes significations ont en commun d’être des états de
conscience différents ou modifiés. Le méditant effectue quelque
chose pour sortir de son état de réalité ordinaire.
D ’un point de vue sociologique et en se référant au langage
commun (Mantel, 2000), lorsqu’on parle de méditation, on pense
souvent à une forme d’attention soutenue sur un objet, un son,
une idée avec un mouvement de pensée ralentit lorsque l’esprit est
attentif à quelque chose de précis. Un des attraits de la méditation
est de générer des états mentaux et émotionnels positifs comme le
calme, la joie, ou de diminuer des états émotionnels négatifs comme
la peur ou la colère (Goleman, 1988).
La méditation a connu un essor culturel important à partir des
années soixante en lien avec la Beat Génération, la redécouverte de
la spiritualité orientale et les tentatives d’échanges et de croisement
entre les penseurs occidentaux et orientaux tels qu’Arnaud Desjar­
dins (1999) ou Krishnamurti (1975). La méditation originairement
inscrite dans un cadre spirituel ou religieux s’est étendue à une
grande part de la population tant dans sa pratique que dans les
interrogations qu’elle suscite. Elle est souvent associée à une forme
de relaxation, de concentration et de découverte intérieure qui
s’inscrit dans une forme de spiritualité religieuse ou laïque.
Dans une approche plus psychologique et thérapeutique, elle a fait
naître un grand nombre de recherches depuis les années soixante-dix
© InterEdiàons-Dunod —La photocopie non autorisée est un délit

(Smith, 1975) qui ont mis en lumière son intérêt thérapeutique et


médical. Toutefois, un manque de rigueur méthodologique a amené
les chercheurs à revoir cet objet d’étude d’une manière plus précise.
Les premières études sur la méditation se sont focalisées sur les
altérations physiologiques induites par le processus de méditation,
particulièrement étudiées dans les méditations faisant appel à des
actions mentales de concentration, comme c’est le cas dans la
méditation dite transcendantale. Par la suite, et suivant l’influence
de courants de pensée bouddhiste (Shapiro, 2006), la recherche s’est
également positionnée sur la méditation dite de pleine conscience
ou d’attention vigilante (Grossman et al., 2003). En bref, on tente
de plus en plus, d’évaluer les impacts de la méditation sur la santé
physique et psychique des individus, mais on constate qu’une
définition opérationnelle claire de l’objet manque (Cardoso et al.
2004). Sachant qu’il n’existe pas de consensus sur la définition de
la méditation, on trouve une diversité de définition (Ospina et al.,
2007) qui reflète la complexité de l’objet étudié et la diversité des
pratiques rencontrées. En effet, les publications sur le domaine
proposent des définitions différentes et générales de la notion
(Craven, 1989).
Historiquement, le processus méditatif appréhendé dans une
approche médicale et psychologique a initialement été désigné par
Wallace et al. (1971) comme un état physiologique, hypométabo-
lique éveillé. Ce terme décrit seulement certains états physiologiques
sans se pencher sur le processus opérationnel employé dans les
techniques de méditation. Woolfolk en 1975 fait état de descriptions
psychophysiologiques de trois techniques méditatives appelées res­
pectivement dhyana yoga, méditation transcendantale et méditation
assise (zazen) de la tradition taoiste. Dans toutes ces techniques, des
modifications ont été constatées au niveau de :
• l’EEG (électroencéphalogramme) ;
• la résistance électrodermale ;
• l’altération et les modifications du souffle ;
• la réponse cardiovasculaire (modification du rythme cardiaque).
Ces descriptions physiologiques ont conduit à une définition de
la méditation en termes d’impact psycho-physiologique sans mettre
en lumière les processus opérationnels et cognitifs sous-jacents.
En 1979, West définit la méditation comme « un exercice qui
implique la formation des sujets dans la focalisation de l’attention ou
de la conscience réflexive sur un objet précis, un son, un concept ou
une expérience ». Cette définition n’est pas suffisamment large, car
elle met uniquement l’accent sur des techniques de concentration
passives et perceptives. Elle ne fait pas état de processus de jugement
ou d’attente qui apparaissent lors de cet exercice, ni de ce qui
tourne autour des activités mentales telles que la rumination et les
pensées automatiques. Elle ne souligne pas non plus le fait que
la méditation peut inclure un processus psycho-physiologique de
relaxation inhérent au processus de méditation.
Dans la même année, Goleman (1976) conceptualise la médita­
tion comme « un désir d’obtenir une position attentive spécifique ».
Il divise la méditation entre des techniques de concentration telle
que la focalisation et le maintien de l’attention sur des objets précis
et des techniques qualifiées d’insight telles que le maintien d’une
perception ou d’un état cognitif spécifique, liée à un contenu
qui arrive spontanément à l’esprit. Il la conceptualise comme
une méta-thérapie faisant appel à plusieurs processus intervenant
simultanément.
En 1989, Craven établit une relation entre la méditation et la
psychothérapie. Il définit la méditation comme un processus qui
implique cinq composants de base :
• la relaxation physique ;
• la concentration ;
• un état altéré de conscience (d’état mental) ;
• une attitude d’auto-observation ;
• une relaxation mentale (l’absence d’un processus de rumination
et d’élaboration de pensées).
C ’est une définition plus complète que West et Goleman. Tou­
tefois, l’aspect auto-induit n’est pas abordé et elle ne souligne pas
assez l’importance des compétences d’auto-focalisation.
D ’un point de vue cognitif, Walsh et al. (2006) définissent la
méditation comme une pratique d’auto-régulation qui a pour but
d’amener les processus mentaux sous un contrôle volontaire au
travers de la focalisation de l’attention et de la conscience vigilante.
InterEdidons-Dunod —La photocopie non autorisée est un délit

D’autres descriptions insistent sur la relaxation, la concentration, des


états altérés de conscience, la suspension du processus de pensée
logique et le maintien d’une attitude d’auto-observation.
Cardoso et al. (2004) définissent la méditation en utilisant les
paramètres opérationnels suivants :
• l’utilisation d’une technique spécifique clairement définie et
pratiquée régulièrement qui doit être transmise et communiquée
par l’instructeur ;
• l’implication d’une relaxation musculaire et physiologique dans le
processus ;
• l’implication d’une relaxation mentale qui sous-tend de ne pas
tenter d’analyser les effets psychophysiologiques, de ne pas tenter
déjuger les états mentaux et de ne pas créer des attentes au regard
du processus ;
• le fait d’avoir et de mettre en pratique un état auto-induit, c’est-
à-dire une méthode que la personne peut répliquer seule face
à elle-même sans la présence de l’instructeur et sans qu’il y ait
une relation de dépendance à l’instructeur, mais une autonomie
d’application de la méthode ;
• le développement d’une compétence d’auto-focalisation (appelée
ancre) sur un stimulus (le souffle, une image ou un son). Cette
définition est assez large et recouvre beaucoup de traditions
méditatives.
Par conséquent, et en dépit d’un manque de consensus sur la
définition de la méditation dans la littérature scientifique, la plupart
des chercheurs sont en accord pour dire que la méditation implique
une forme de concentration et de formation mentale nécessitant
un vide de l’esprit. Le but est de développer un état d’esprit
d’observation détaché, dans lequel les participants sont conscients de
leur environnement sans être impliqués dans la mesure du possible
dans le processus de pensées ou dans le processus de formation des
pensées.
À la lumière de ces différentes définitions, on trouve différents
éléments qui caractérisent le processus de méditation. Cette défini­
tion globale aborde la méditation comme un processus unique et
systématique sans prendre en compte les différences qui peuvent
exister entre les différentes approches ou techniques de méditation.
Shapiro (2006) souligne que les différents types de méditation
varient en fonction de trois critères :
• le type d’attention : la méditation de concentration se focalise sur
un objet comme le souffle ou un son, alors que la méditation en
pleine conscience a pour objectif une attention fluide et vigilante
sur plusieurs objets successifs ;
• la relation au processus cognitif : certaines pratiques observent juste
la cognition comme une pensée ou une image alors que d’autres
la modifient délibérément ;
• le but : certaines pratiques s’orientent uniquement sur le bien-être
et le développement mental alors que d’autres se focalisent sur
le développement de qualités mentales spécifiques comme une
émotion telle que la joie ou la compassion.
Il apparaît donc difficile de définir la méditation de manière
unique, systématique et globale, sans prendre en compte la spécifi­
cité des pratiques. C ’est la raison pour laquelle nous proposons la
définition suivante (Berghmans et al, 2008, soumis) : la méditation
est un processus psycho-physiologique complexe, interactif et
multidimensionnel qui fait intervenir les éléments suivants :
• l’intentionnalité et l’engagement du sujet dans le processus ;
• l’utilisation de techniques spécifiques clairement définies et prati­
quées régulièrement qui doivent être transmises par une instruc­
tion ;
• l’activation d’un type d’attention (focalisée ou fluide et vigilante)
et le développement d’une compétence de focalisation sur un
objet interne ou externe (souffle, image, son) ;
• l’implication d’une relaxation musculaire et physiologique ;
• la mise en pratique d’un état auto-induit, c’est-à-dire d’une
méthode que le sujet peut répliquer seul (sans la présence et
sans une dépendance à un instructeur) ;
• l’inscription corporelle dans une posture (assise, couchée, en
mouvement) ;
• l’observation directe ou indirecte des états mentaux.
Cette définition peut être enrichie en fonction des types de médi­
tation utilisés (concentration, la pleine conscience ou la contempla­
tion), ainsi que de caractéristiques que sont :
• l’implication d’une relaxation mentale qui sous-tend de ne pas
tenter d’analyser, ni de juger les états mentaux afin de ne pas
mettre en œuvre un processus de rumination et d’élaboration
cognitif ;
• la relation au processus cognitif dans laquelle certaines pratiques
observent juste la cognition comme une pensée ou une image
alors que d’autre la modifient délibérément ;
• le but des pratiques (le bien-être, le développement mental ou
émotionnel, l’ouverture spirituelle).
Dans ce chapitre, nous ne développerons que deux courants
de méditation qui sont la concentration et la pleine conscience
(en développant principalement ce dernier), reconnue comme les
approches les plus globales et les plus étudiées dans le monde
scientifique (Berghmans et Tarquinio, 2008).

La m éditation de concentration

La méditation dite de concentration consiste à focaliser consciem­


ment, progressivement, de façon soutenue, intense et prolongée,
son activité mentale sur un point précis. Au moyen de ce processus,
toutes les autres activités mentales sont temporairement éliminées
comme l’activité sensorielle, la perception du monde extérieur,
la perception du corps et la pensée discursive. Cette forme de
méditation a été symboliquement comparée par Guermer (2005) à
un laser qui illumine n’importe quel objet mental. Ses principaux
bénéfices sont le calme et le détachement des émotions. N ’importe
quel objet de la conscience peut être ici un objet de méditation
(concentration) comme un mot, un son, une prière ou un mantra.
En termes de processus, l’esprit retourne à l’objet, il est re-saisi par
l’objet quand ce dernier vagabonde.
Dans tous les types de méditation de concentration, on remarque
une tentative de restriction de la conscience par focalisation de
l’attention sur un objet précis. Le méditant tente d’ignorer les
autres stimuli de son environnement et focalise complètement
son attention sur l’objet de sa méditation, qui peut être un son
(Carrington, 1998), une parole (Benson et Proctor, 1984), une
pensée, une image ou un autre objet. Le sujet concentre son
attention de manière non analytique et non émotionnelle afin
d’expérimenter directement l’objet de la méditation.
L’approche méditative ayant été la plus étudiée ces dernières
années est la méditation dite transcendantale, appelée dans certains
cas « méditation mantra ». C’est une forme de méditation basée sur
la focalisation de la pensée sur un stimulus (son, mantra, objet). Elle
est présentée comme une technique de relaxation profonde et de
développement de la conscience et a pour origine l’Advaita Vedanta,
un des six systèmes traditionnel de l’Inde. Le mouvement de la
méditation transcendantale a été créé en 1957 par Maharishi Mahesh
Yogi, un disciple du penseur indien, Brahmananda Sarasvati. Dans
les années 1960, le mouvement obtint une certaine reconnaissance
internationale grâce à quelques célébrités qui la firent connaître dans
les milieux artistiques. C ’est une technique simple qui ne requiert
aucune croyances ou styles de vie particuliers. Elle permet à la
conscience de revenir à son état basique appelé « pure conscience »
où l’esprit n’est plus perturbé par des pensées parasitaires ou toute
activité mentale. Elle se pratique quotidiennement lors de séances de
15 à 20 minutes durant lesquelles le pratiquant répète mentalement
unmantra, c’est-à-dire un mot ou un groupe de mots qui est
théoriquement secret et adapté à sa personnalité. Cependant, à la
différence de la méthode MBSR (Mindfulness Based Stress Réduction)
développée par Jon Kabat-Zinn que nous développerons plus tard,
il n’y a pas de protocole ou de formation standard à la méditation
transcendantale. En général, il y a une lecture introductive de deux
fois une heure et demi, suivi d’interviews avec les participants qui
aboutissent à des instructions personnelles permettant de pratiquer
cette approche, avec pour finir des meetings de groupe et de suivi
deux fois par semaine durant les quatre premières semaines et
une fois par semaine ensuite (Labrador et al., 2007). Au fur et à
mesure de la séance, le mantra doit s’estomper pour laisser l’esprit
dans un état de conscience « pure », sans aucune pensée. C ’est un
état de non-pensée absolue. La recherche de cet état entraîne des
bienfaits physiques comme le manifeste un grand nombre d’études
(Alexander et al., 1991 ; Orme-Johnson 1987) qui ont vu le jour
© InterEdidons-Dunod —La photocopie non Autorisée esc un délit

depuis 1965. Aujourd’hui, la méditation transcendantale est devenue


un objet d’étude sérieux en psychologie dans le domaine des
alternatives thérapeutiques.
Cependant, ayant débuté en Occident dans une période de
contestation culturelle et sociale, de découvertes d’autres formes
de spiritualité et de rapprochement vers un mode de vie différent,
cette technique a été associée dans certains cas à des mouvements
religieux sectaires et contestataires qui ont vivement altéré son
image. Toutefois, la perception de cette technique de méditation
varie d’une culture à l’autre et les conditions sociales de sa création
ont fortement participé à sa perception positive ou négative. Pré­
cisons qu’à partir des années 1980, elle fera l’objet de recherches
scientifiques rigoureuses et plus sérieuses qui souligneront le lien
entre cette pratique et le développement d’un bien-être physique
et psychique. Le processus principal qui se manifeste dans cette
approche est donc la concentration de l’attention sur un stimulus
afin de faire naître par la suite un autre état de conscience ou une
modification des états mentaux. La plupart des recherches sur la
méditation transcendantale mettent en lumière les effets bénéfiques
de cette approche sans développer le processus proprement dit
et, par extension, le principe actif, comme c’est le cas dans les
recherches sur la méditation de pleine conscience.
Nous allons dans un premier temps éclaircir et définir le concept
de pleine conscience avant de tenter de l’expliquer dans sa construc­
tion et son fonctionnement.

La m éditation de pleine conscience

Le terme de « pleine conscience » transposé en anglais par mindful-


ness est une traduction directe du mot pâli, sati qui signifie « être
conscient, être attentif et se souvenir ». On parle aussi de vision
pénétrante ou d’attention ouverte. Elément clé de la psycholo­
gie bouddhiste, la pleine conscience est définie d’une manière
large comme un état naturel qui consiste à vivre chaque instant
pleinement. C ’est une technique d’attention à ce qui est, ce qui
signifie être conscient de chaque instant et de notre activité dans
le moment présent. Par extension, c’est vivre chaque instant sans
laisser son esprit s’accrocher ou s’attacher aux pensées et aux désirs
qui surgissent. En résumé, c’est un état de conscience qui implique
la conscience du moment présent, dans chaque instant (Brown et
Ryan, 2003).
Le terme de pleine conscience est souvent utilisé pour décrire
une construction théorique, une pratique pour cultiver la pleine
conscience comme la méditation, et un processus psychologique
(être en pleine conscience). On retrouve au même titre que le terme
de méditation différentes variantes de sa définition.
Jon Kabat-Zinn (1990) définit la pleine conscience de la façon
suivante : « faire attention au chemin, au but dans le moment
présent, dans un état de non-jugement ».
Pour Jerry Braza (2007), la pleine conscience « est une pratique
qui consiste à devenir plus conscient de chaque instant et de notre
expérience à cet instant. C’est un état naturel qui vise à vivre chaque
instant pleinement ».
Enfin, pour Thich Nhat Hanh (1997), vivre en pleine conscience,
« c’est garder sa conscience vivante et attentive à la réalité du
moment. C ’est le miracle qui permet de se régénérer et de se
maîtriser ».
Dans la tradition bouddhiste, le but du méditant est de devenir
attentif, de vivre ce que son propre esprit fait quand il le fait, d’être
présent à son propre esprit. De manière générale, l’individu est
normalement inattentif, non présent à ce qu’il fait quand il le fait.
Habituellement, on ne remarque la tendance de l’esprit à errer
que lorsque l’on tente d’accomplir une tâche mentale et que cette
errance interfère. Du point de vue bouddhiste, l’individu n’est
pas présent. Si on s’interroge sur la prise que le sujet peut avoir
sur l’inconstance de l’esprit, traditionnellement, les textes religieux
bouddhistes font état de deux étapes de la pratique : l’apaisement ou
le domptage de l’esprit (en sanscrit : shamatha) et le développement
du discernement (en sanscrit : vipashyana). Le shamatha quand il est
utilisé comme pratique indépendante est en fait une technique de
concentration visant à apprendre à maintenir (attacher au moyen
d’une corde dit l’expression traditionnelle) l’esprit dirigé vers un
objet. La seconde approche tend à développer le discernement
quant à la nature et au fonctionnement de l’esprit. La plupart des
écoles bouddhiques contemporaines ne pratiquent pas ces deux
approches comme des techniques séparées mais combinent plutôt les
fonctions d’apaisement et de discernement dans une seule technique
de méditation. Varela (1993) emploie le terme de méditation
d’attention vigilante que l’on qualifie souvent de méditation en
pleine conscience dans laquelle les notions de concentration et de
discernement apparaissent de manière simultanée.
On voit donc qu’il existe plusieurs façons d’aborder la définition
de cette notion. On remarque aussi que beaucoup d’éléments sont
communs à ces définitions, ce qui nous amène à présenter une
tentative de synthèse.
La pleine conscience peut être définie comme :
• un état dans lequel le sujet est hautement conscient du moment
présent, le reconnaissant et l’acceptant ;
• un état dans lequel l’esprit du sujet ne se laisse pas accrocher
ou n’est pas parasité par des pensées, sensations ou émotions à
propos d’expériences présentes, passées ou d’attentes futures qui
surgissent ;
• un état dans lequel le sujet fait attention (observation) à l’expé­
rience présente de manière vigilante ou encore au flux de stimuli
continu interne et externe au fur et à mesure de son apparition
dans une optique de non-jugement et de non-évaluation ;
• un état d’esprit qui met en valeur la conscience, l’attention et
l’habileté à se dégager de schémas de pensée non adaptatifs qui
rendent l’individu vulnérable à des états de stress et à d’autres états
pathologiques.
Cette définition synthétique qui est sans doute amenée à évoluer
en fonction des recherches futures va nous permettre d’identifier
les différents piliers théoriques ou éléments qui expliquent sa
construction.
Une théorie expliquant les mécanismes intervenant dans cet état
de pleine conscience devient donc nécessaire afin d’expliquer les
changements obtenus en termes de santé. Un dialogue et une
première ébauche de théorie ont été développés par Shapiro (2006).
Elle postule qu’il y a trois composantes principales à l’état de pleine
conscience :
• l’intention : le rôle de l’intention, déjà souligné par la pratique
bouddhiste, est primordial et remis en lumière par les recherches
de Shapiro (1992) qui explorent les intentions des pratiquants
de cette forme de méditation. Elles observent qu’au fur et à
mesure de la pratique, les personnes s’étant lancées dans une
pratique de méditation ont tendance à continuer dans cette voie.
L’intention évolue dans un continuum allant de l’auto-régulation
à l’auto-exploration et finalement à l’auto-libération. L’intention
est vue ici comme un prérequis et un composant central de la
pleine conscience permettant de comprendre le processus dans
sa globalité. L’engagement est également nécessaire en termes de
prérequis à toutes pratiques méditatives ;
• l’attention : ce concept se retrouve dans toutes les formes de
pratiques méditatives, il est central dans l’étude de la méditation
en général. La focalisation de l’attention sur un objet (le corps,
la respiration, les sensations) dans une optique d’auto-régulation
implique l’observation des opérations cognitives internes
et externes à chaque instant, c’est-à-dire dans l’expérience
immédiate. On peut parler d’une forme de suspension de tous
les chemins d’interprétation de l’expérience afin de réaliser
l’expérience en elle-même telle qu’elle se présente dans l’instant.
En se référant aux travaux de Bishop et al. (2004), la pleine
conscience apparaît en maintenant la conscience sur l’expérience
présente, observant et prenant part aux changements de domaines
de la pensée, des émotions et des sensations moment après
moment, en régulant la focalisation de l’attention. Ceci sous-tend
le fait d’être en alerte face à ce qui se passe dans l’instant et
de manière continue. Une compétence (Bishop et al. 2004) et
plus exactement une capacité de maintien de l’attention sont
requises pour maintenir la conscience dans l’instant présent. Cette
compétence se réfère à l’habileté de maintenir un état de vigilance
prolongée sur une période de temps (Parasuraman, 1998 ; Posner
et Rothbart, 1992). Maintenir, par exemple, l’attention sur le
souffle permet d’ancrer la conscience dans le moment présent
afin que les pensées, sensations et émotions puissent être détectées
lorsqu’elles apparaissent dans le courant de la conscience. Une
autre compétence dans le passage d’un domaine à un autre ou
autrement dit dans le changement, le switch permet au sujet de
ramener la conscience sur le souffle quand cette dernière a été
perturbée par des émotions, pensées ou sensations parasitaires
reconnues. Cette compétence implique la flexibilité de l’attention
afin que le sujet puisse changer le focus de l’attention d’un objet
à un autre (Posner, 1980).
Un second élément important qui caractérise l’auto-régulation
de l’attention est le fait de développer une conscience
non élaboratrice (c’est-à-dire, une conscience qui stoppe
momentanément le processus de construction mental et de
questionnement) à propos des pensées, des émotions et des
sensations qui sont perçues afin de ne pas être capté par eux
et d’entrer dans un processus de rumination, d’élaboration et
d’association. Cependant, dès qu’une émotion ou une pensée
apparaît, l’attention doit se refocaliser sur le souffle afin d’éviter
d’entrer dans un mode de rumination. Ce mécanisme a un rôle
inhibiteur dans l’élaboration des pensées ruminatives. Ainsi la
pratique de la pleine conscience peut être associée à l’amélioration
d’un processus d’inhibition cognitif au niveau de la sélection des
stimuli. D ’une autre manière, on inhibe la tendance à juger et à
interpréter les états mentaux ou les sentiments qui naturellement
arrivent à la conscience. Cette inhibition nécessite une capacité
à contrôler l’attention afin de ne plus penser à propos de ces
états mentaux ou sentiments qui apparaissent à la conscience.
Par conséquent, l’attention est vue comme un pilier de la pleine
conscience avec le processus d’auto-régulation qui implique
une attention continue, un changement d’attention (switch), et
l’inhibition du processus élaboratif de la pensée.
L’attention a souvent été saluée comme un élément clé du
processus de guérison, notamment par Frits Péris. L’importance
de l’attention a aussi été soulignée par les courants des thérapies
cognitives et comportementales qui mettent l’accent sur
la capacité à observer les états internes et externes de nos
comportements ;
• l’attitude : un autre élément clé intervenant dans la pleine
conscience est l’attitude (Shapiro, 2006). Il est important de
prendre en compte la façon dont le sujet participe. Cette
attitude dans la pleine conscience peut s’étudier en faisant appel
aux processus d’observation et d’ouverture à l’expérience et
d’acceptation sans jugement. La pleine conscience met l’accent
sur une orientation vers l’expérience qui commence avec le
maintien d’une attitude de curiosité à propos de l’endroit où
l’esprit se rend (le choix des stimuli) quand il y a inévitablement
une défocalisation de l’attention sur un stimulus comme la
respiration avec une centration sur d’autres objets mentaux
(pensées, émotions, sensations) qui surgissent. Certains auteurs
parlent de curiosité cognitive (Bishop, 2004). Chaque stimulus
doit être sujet à observation, sans que le sujet les suscite ou ne
les fasse disparaître. Il doit juste les observer dans le flux des
stimuli arrivant à la conscience. Cette observation se fait dans
une attitude de non-jugement que l’on retrouve dans un grand
nombre de définitions de la pleine conscience (Kabat-Zinn,
1990). Cette notion de non-jugement est très fortement liée à
celle d’acceptation. On parle d’acceptation des pensées sans les
juger. Cette attitude d’acceptation doit être prise à propos de
chaque moment d’expérience, instant après instant. L’acceptation
est définie comme un état d’ouverture à la réalité du moment
(Roemer et Orsillo, 2002). Ceci implique une décision consciente
d’abandon afin de permettre et d’autoriser la manifestation des
sensations, émotions et pensées (Hayes et al., 1999). C ’est un
processus actif dans lequel le sujet choisit de prendre ce qui arrive
à la conscience avec une attitude d’ouverture, de réceptivité
et de non-jugement. En ce sens, c’est un processus ouvert à
l’expérience.
L’acceptation est une extension du non-jugement. D ’un point de
vue lié à la pleine conscience, l’acceptation est en lien avec le fait
de laisser les choses arriver, moment après moment en en prenant
conscience. Ce n’est pas lié à l’acceptation de comportement.
L’acceptation précède le changement comportemental. Les
cliniciens voient l’acceptation radicale ou totale comme élément
important de la thérapie (Brach, 2003 ; Linehan, 1993).
Ce modèle se réfère à la définition de Kabat-Zinn (1994) qui
présente la pleine conscience comme un état où le sujet doit « faire
attention au chemin, au but dans le moment présent, dans un état de
non-jugement ». Cette définition prend en compte les trois axiomes
de la pleine conscience comme l’intention qui correspond au but,
l’attention qui correspond à l’acte de « faire attention » et l’attitude
qui est reliée au fait « de faire attention d’une façon particulière ».
Pour Shapiro, ces trois axiomes sont les blocs fondamentaux de la
pleine conscience dans lequel tout émerge. Ces trois éléments ne
sont pas des processus séparés, mais différents aspects d’un processus
cyclique fonctionnant simultanément. La pleine conscience est le
processus de l’instant à l’instant.
En résumé, la pleine conscience est vue comme un processus
métacognitif. On pourrait même parler d’une capacité métacog-
nitive dans laquelle se manifestent une forme de contrôle des
processus cognitif (auto-régulation de l’attention) et la gestion du
flux d’information arrivant à la conscience. La pleine conscience est
vue comme l’adoption d’une perspective de décentration (Safran et
Segal, 1990) à propos des pensées, des sensations et des émotions
afin que celles-ci puissent être expérimentées dans leur subjectivité
et leur nature transitoire (et non permanente). Les trois axiomes
mis en évidence par Shapiro sont présentés comme les composantes
fondamentales de la pleine conscience et entraînent un changement
de perspective qui se traduit en termes de « re-perception ». Les
auteurs postulent que cette re-perception est un « méta-mécanisme »
d’action qui est lié à des mécanismes additionnels directs qui mènent
au changement et apportent des résultats positifs. Ces mécanismes
sont l’auto-régulation, la clarification des valeurs, la flexibilité
cognitive, émotionnelle et comportementale et l’exposition.

MÉDITATION ET PSYCHOTHÉRAPIE

La méditation de pleine conscience a été la plus étudiée en psycho­


logie durant ces vingt dernières années (Grossman, 2004). Aussi,
nous étudirons d’une manière approfondie les principales formes
de thérapies ou de psychothérapies complémentaires basées sur la
pleine conscience qui ont donné lieu à des travaux de recherche.
On distingue quatre types de thérapies dont les trois premières ont
fait l’objet de nombreuses études.
Premièrement, la thérapie MBSR (Mindfulness Based Stress Réduc­
tion) développée par Jon Kabat-Zinn en 1990 est utilisée pour
différentes applications dans la santé physique et psychique, et plus
particulièrement dans la gestion du stress.
Deuxièmement, on trouve la thérapie MBCT (Mindfulness Based
Cognitive Therapy) développée par Segal, Williams et Teasdale en
2002 qui est une adaptation de la thérapie MBSR avec une orienta­
tion plus centrée dans sa pratique sur des aspects comportementaux
et cognitifs en lien avec les thérapies cognitivo-comportementales
et utilisées principalement pour la dépression en incitant les patients
à observer leurs pensées.
Troisièmement, la thérapie ACT (Acceptance and Commitment
Therapy) développée par Hayes, Strosahl et Houts en 2005 qui
encourage les patients à accepter au lieu de contrôler les sensations
non plaisantes.
Enfin la thérapie DBT (Dialectical Based Therapy) initiée par
Linehan en 1993 et utilisée pour les traitements des personnalités
borderline et les régulations affectives en général.

M BSR

La technique MBSR (Kabat-Zinn, 1982, 1990) a été originairement


développée dans le contexte de la médecine comportementale pour
des patients souffrant de douleurs chroniques et de problématiques
de stress. Il s’agit d’une formation intensive de méditation durant
huit semaines à raison de deux heures et demi par semaine en
groupe de quinze à trente personnes avec un instructeur et des
travaux pratiques à effectuer en dehors de ces sessions. La pratique
méditative à l’extérieur des séances collectives est extrêmement
importante dans la réussite du traitement. Traditionnellement, les
participants aux sessions MBSR se caractérisent par une large variété
de symptômes physiques ou psychiques. On constate également
que des sessions spécifiques peuvent se faire sur des pathologies
particulières comme la dépression, l’anxiété ou des problématiques
cancéreuses notamment dans la gestion de la douleur et dans la
relation entretenue avec la maladie (Carson et al., 2003). La plupart
des programmes MBSR commencent avec une phase d’explication
individuelle ou en groupe dans laquelle l’instructeur explique la
méthode, son fonctionnement, ses résultats. Par ailleurs, cette séance
introductive insiste sur l’importance de la pratique en dehors des
sessions formelles (en général, 45 minutes par jour et par semaine).
Avant le déroulement de la première séance, l’instructeur procède
à l’évaluation de l’adhésion au programme des participants ainsi
qu’à leur implication. Il est à noter que la méthode n’est pas
sélective en fonction de la motivation des patients. Beaucoup de
programmes invitent ces derniers à un suivi après les formations
afin de parler de leur vécu et de leurs objectifs futurs en lien avec
la gestion de la problématique. Le programme MBSR utilise un
certain nombre d’exercices (balayage corporel, méditation assise,
hatha yoga) ainsi que des informations didactiques sur le stress au
niveau physiologique et comportemental. Nous n’allons pas exposer
un protocole entier d’une séance MBSR, mais juste souligner
les exercices principaux utilisés qui peuvent déjà être mis en
application.

MBCT

La technique MBCT développée par Segal et al. (2002) se fonde


très largement sur la pratique MBSR et utilise presque toutes
ses composantes et exercices. Sa spécificité réside dans le fait
qu’elle incorpore des éléments des thérapies comportementales et
cognitives. Elle a surtout été développée pour la prévention de
patients dépressifs. C ’est un programme qui se déroule également
en huit séances de 2 heures environ, sur une durée de huit semaines,
à raison d’une séance par semaine, permettant ainsi aux participants
de pratiquer entre les sessions. Examinons dans un premier temps,
en se basant sur l’ouvrage de Segal (2006), les objectifs, la structure
et les principaux thèmes de ce programme et mentionnons les phases
de son déroulement.
Un entretien d’évaluation d’une durée d’environ une heure a
lieu au début de la démarche avec chaque candidat et se base sur le
matériel envoyé aux participants avant leur arrivée, qui sert de
présentation du programme et de point de départ au dialogue
entre l’instructeur et le participant. Le but de cette entrevue
est de connaître les facteurs associés au trouble pour lequel cette
thérapie peut les aider, d’expliquer le background de la thérapie
MBCT, d’explorer avec chaque participant en quoi elle pourrait
l’aider, d’insister sur le fait que la MBCT nécessite de travailler
avec persévérance et beaucoup de patience durant huit semaines
de pratiques et enfin de déterminer si la personne va en profiter à
ce moment (si elle est dans un état d’esprit suffisamment réceptif
à la démarche). La taille classique des sessions est de quinze
participants. Adapter la méthode à des cas individuels au même
titre que la pratique MBSR est également possible. Les objectifs de
ce programme sont les suivants :
• aider les gens souffrant de troubles comme la dépression à
apprendre des techniques utiles à la réduction de ce trouble et
l’évitement de rechute ;
• devenir plus conscient des sensations corporelles, des sentiments
et des pensées, moment après moment ;
• aider les participants à développer une façon différente d’être
en lien avec les sensations, les pensées et les sentiments. De
manière plus précise, l’acceptation et la reconnaissance pleinement
consciente des sentiments et des pensées non souhaités, de
préférence aux habitudes automatiques et préprogrammées qui
ont tendance à maintenir les troubles et les difficultés ;
• aider les participants à être capables de choisir la réponse la plus
adéquate à toutes les pensées, les sentiments ou les situations
désagréables qu’ils rencontrent dans leur vie.
La thérapie MBCT se déroule sur huit séances. Apprendre à
faire attention est au centre des quatre premières séances. Les
participants deviennent tout d’abord conscients du peu d’attention
qu’ils accordent à la vie quotidienne. Dans un second temps, ils
apprennent à devenir conscient de la vitesse à laquelle l’esprit
saute d’un sujet à un autre, et enfin ils apprennent comment
ramener leur esprit à un point central lorsque celui-ci vagabonde.
Ces éléments sont similaires à la pratique de la MBSR dans les
enseignements du Body Scan et de la respiration. Pour finir, les
participants apprennent à devenir conscients de la manière dont ce
vagabondage de l’esprit ouvre la porte aux sentiments ainsi qu’aux
pensées négatives. Dès le moment où une personne est devenue
consciente de ces aspects, elle pourra utiliser cette pratique pour
remarquer ses changements d’humeur, afin de les prendre en main
dans l’instant ou plus tard, ce qui introduit la seconde phase de la
thérapie MBCT par l’intermédiaire des séances de 5 à 8. Quand
une pensée ou un sentiment négatif surgit, les instructions insistent
pour leur permettre d’être tout simplement là, dans l’instant, avant
de bouger pour y répondre adéquatement en utilisant des stratégies
spécifiques.
Tout d’abord les participants apprennent à devenir pleinement
conscient de la pensée ou du sentiment, puis, l’ayant reconnu, ils
apprennent à déplacer leur attention vers leur respiration pendant
une à deux minutes avant d’étendre leur attention à leur corps dans
sa globalité. Ils prennent en fait un « espace de respiration » qui
peut parfois suffire à traiter les difficultés du moment, à dissoudre
la pensée ou le sentiment déplaisant. C’est une première étape dans
la gestion des difficultés. Ensuite les participants peuvent choisir
comment répondre au mieux en choisissant d’une part d’y répondre
d’une façon directe (immédiatement ou plus tard) en la voyant
comme une pensée ou un sentiment seulement et en la regardant
passer ou d’autre part, choisir de s’en occuper en notant quelle
partie du corps est affectée et en y ramenant la conscience en
utilisant le souffle pour s’ouvrir à la sensation et pour s’adoucir
plutôt que de se tendre et se durcir. Au final, les participants
sont encouragés à devenir plus conscients de leurs propres signes
personnels d’avertissements d’un trouble comme une dépression
imminente et à développer des plans d’action spécifiques pour le
moment où cela pourrait se produire.
Les principaux thèmes explorés dans cette technique sont :
• l’exploration de l’évitement de l’établissement et de la consoli­
dation de schémas de pensées négatives (le but ici n’est pas de
maintenir les états d’esprit négatifs hors de l’esprit à tout prix, mais
de prévenir leur installation) ;
• l’identification des facteurs d’activation des vieilles habitudes de
pensées. Les patterns de pensées négatives sont basés sur de
vieilles habitudes cognitives automatiques bien rodées (souvent
ruminatives). Elles sont motivées (bien qu’inefficaces) par le but
d’éviter la dépression ou des situations de vie problématiques. Ces
habitudes persistent parce que la personne reste dans un mode
cognitif caractérisé par plusieurs éléments comme le pilotage
automatique actionné par un souhait puissant de se débarrasser de
cette humeur négative et un fort attachement au but de se sentir
heureux, le contrôle et la comparaison constante de l’état actuel
par rapport à l’état désiré, la confiance dans les techniques verbales
de résolution de problèmes ;
• le développement d’une compétence de base qui consiste à
pouvoir quitter et rester hors de ces routines cognitives qui s’auto-
alimentent. Le message fondamental étant : « Soyez conscient
et laissez aller », ce qui signifie arrêter de s’impliquer dans ces
habitudes, se libérer de l’attachement/aversion qui actionne les
schémas de pensées (ce sont les tentatives continuelles d’échapper
ou d’éviter le malheur, ou d’atteindre le bonheur qui font tourner
les cycles négatifs, le but du programme étant la liberté par le
bonheur et la relaxation) ;
• le développement de l’apprentissage par l’expérience ;
• la responsabilisation des participants qui doivent pratiquer par
eux-mêmes régulièrement en développant leurs expériences per­
sonnelles. Ils doivent également développer ou demander un
feed-back systématique après chaque séance qui doit être un ins­
trument important d’enseignement, utiliser des questions ouvertes
et encourager l’expression de doutes, de difficultés et de réserves,
souligner le point d’enseignement essentiel qui se trouve de
manière implicite ou explicite dans le feed-back des participants,
noter au départ si le travail personnel se fait régulièrement et d’une
manière correcte, encourager une intentionnalité claire chez les
participants, les aider à relier une pratique à une vision qui a de
la valeur à leurs yeux, garder l’équilibre entre les instructions
de « laissez aller », les attentes (démotivantes si excessives) et
la volonté de croire que des changements importants peuvent
résulter de cette pratique et encourager la curiosité comme mode
d’investigation de l’expérience, même si celle-ci paraît ennuyeuse
et négative. La formation de base MBCT constituée des huit
séances cherche à faire ressortir cette manière différente d’être en
relation avec l’expérience.

DBT

Il s’agit d’une approche multifactorielle du traitement des personna­


lités borderline développée par Linehan (1993) et plus récemment
adaptée à d’autres populations. Elle est basée sur un processus
dialectique qui postule que la réalité est liée à la force et l’in­
teraction des opposés. Ici, l’aspect dialectique désigne la relation
entre l’acceptation et le changement. Les sujets sont encouragés
à accepter leur situation, leur histoire telle qu’elle se présente,
en travaillant intensément à changer leur comportement et leur
environnement afin d’améliorer leur qualité de vie. La synthèse
de cette contradiction apparente est l’élément central du but de
la DBT. Elle inclut des traitements cognitifs et comportementaux
afin de changer les émotions et les comportements. Cette approche
comporte des stratégies cognitives et comportementales qui per­
mettent aux sujets de changer leurs comportements, pensées et
émotions. La compétence de pleine conscience est pensée dans
cette thérapie dans un contexte de synthèse de l’acceptation et
du changement. Les éléments de non-jugement, d’observations
des pensées et des émotions sont également présents. Linehan
décrit trois compétences de « quoi » en pleine conscience qui sont
l’observation, la description et la participation, et trois compétences
de « comment » qui sont le non-jugement, la manière attentive
et l’efficacité. Cette méthode s’apprend sur une année de travail
individuel avec le thérapeute sans fréquence ou durée nécessaire.
La formation inclut quatre modules de compétences, la pleine
conscience, l’efficacité interpersonnelle en termes notamment de
communication, la régulation des émotions et la tolérance de la
détresse. Les patients travaillent avec leur thérapeute pour intégrer
ces différentes composantes apprises en séance collective ou indivi­
duelle dans leur problématique personnelle.

ACT

Développée par Hayes (1999), cette pratique est basée sur l’analyse
des comportements. Elle peut être appliquée dans une large gamme
de problématiques psychologiques. Elle incorpore des processus
de changements comportementaux, d’acceptation et de pleine
conscience. Bien que l’ACT ne décrive pas une méthode de
traitement en termes de méditation, elle est incluse dans notre
description car sa stratégie est consistante avec l’approche de la
pleine conscience. Les sujets en ACT se reconnaissent et sont
capables d’observer leurs sensations, pensées ou émotions. Ils
doivent examiner le phénomène séparément de la personne qui
le ressent. (Par exemple : ils sont vus disant : «J’ai la vision que je
suis une mauvaise personne », au lieu de : «Je suis une mauvaise
personne. ») C’est une observation de leurs émotions sans jugement,
sans évaluation ou tentative de les changer qu de les éviter. L’ACT
enseigne aux sujets à abandonner les attentes de contrôle des pensées
et des sensations en les observant sans jugement et en les acceptant
telles qu’elles sont et pour ce qu’elles sont en changeant leur
comportement dans un but constructif afin d’améliorer leur vie
(Hayes, 1994). Un des concepts centraux de TACT est l’évitement
de l’expérience. Elle se définit comme l’indisposition à expérimenter
des expériences négatives en termes de pensées, cognitions ou
émotions et prendre des actions afin de les éviter ou de les éliminer
même si cela devient pénible et génère de la souffrance. Le concept
de pleine conscience vient éclairer cette notion au niveau de la
flexibilité psychologique qui inclut la disposition à expérimenter
l’instant présent.
En conclusion, beaucoup de différences existent entre les mul­
tiples interventions en pleine conscience. Les approches MBSR et
MBCT sont très largement orientées sur la pleine conscience en
termes de méditation alors que les approches ACT et DBT se foca­
lisent plus sur certains exercices dits de pleine conscience. L’ACT a
originairement été développée comme une pratique individuelle à
la différence des approches MBSR et MBCT. La méthode DBT est
un mélange d’individuel et de collectif. La durée du traitement peut
varier de quelques semaines (MBCT, MBSR, indépendamment
de la pratique personnelle par la suite) à une année et plus dans
la démarche DBT. Les programmes MBSR et MBCT accentuent
plus des stratégies basées sur l’acceptation alors que les techniques
DBT et ACT se focalisent plus sur des stratégies de changements
comportementaux. MBSR et ACT ont été développées pour traiter
une gamme de problématiques assez large alors que la MBCT et
la DBT ont été conçues pour des problématiques spécifiques. Les
approches MBCT et MBSR nécessitent que les thérapeutes aient
une expérience pratique de la méditation à la différence des deux
autres techniques. Toutes ces tentatives ont tenté d’opérationnaliser
et d’enseigner une certaine manière de porter son attention sur le
moment présent de l’expérience avec une ouverture à l’acceptation.

PERSPECTIVES CLINIQUES, LIMITES ET ÉTUDE DE CAS

Nous aborderons dans cette partie uniquement les études qui traitent
de la méditation de pleine conscience, en renvoyant le lecteur aux
recherches de Labrador et al. (2007) qui concernent la méditation
de concentration (transcendantale).
De manière critique et dans le but d’avoir une vision globale
des études cliniques touchant la méditation de pleine conscience
en termes d’impacts sur la santé physique et psychique, nous nous
basons sur une revue de la littérature1 effectuée en 2008 (Bergh-
mans et al., 2008, soumis.), ainsi que sur différentes méta-analyses
(Grossman et al., 2003).
Nous avons regroupé ces différentes études par champs théra­
peutiques sachant que dans bon nombre de recherches plusieurs
indicateurs sont utilisés pour mesurer des domaines d’intervention
différents. Nous avons opté pour sept catégories cliniques. Ici,
l’important est de commenter toutes ces études et de mettre en
évidence leurs résultats. U nous a semblé plus pertinent de les
rassembler selon des caractéristiques communes. Les sept catégories
identifiées concernent :

1. Les études qui ont servi de base à notre travail ont été sélectionnées dans le
cadre d ’un groupe de recherche travaillant sur la problématique des alternatives
psychothérapeutiques dans le domaine de la psychologie de la santé (Berghmans,
Tarquinio et Strub, sous presse). Nous avons tout d’abord recensé la plupart des
publications parues entre janvier 1982 (date de publication des premières recherches
sur le thème) et janvier 2007 sur les bases de données Medline, PsycINFO et
Psyarticles en croisant les concepts de pleine conscience, MBSR et méditation sur la
base de trois critères : 1) que les études soient publiées dans des revues à comité de
lecture ; 2) que la procédure expérimentale évalue les mesures effectuées avant/après
intervention, et compare le programme d ’intervention ciblé à un groupe contrôle
et/o u à une autre procédure thérapeutique ; 3) que la répartition des sujets dans
les groupes soit randomisée. De plus, afin d’optimiser notre démarche, nous avons
également utilisé la recherche de Berghmans, Tarquinio et Strub (Berghmans et al.,
2007) dont l’objet est une revue de littérature sur la méditation, les émotions et la
santé dans laquelle la plupart des études contrôlées sur la pleine conscience que nous
avons identifiées se retrouvent, et trois publications critiques sur ce sujet (Bishop,
2004 ; Baer, 2003 ; Grossman, 2003). Enfin, afin d’avoir une vision relativement
exhaustive au niveau historique et clinique, nous avons fait le choix de nous intéresser
et de recenser toutes les études, publiées dans des revues à comité de lecture, non
contrôlées de 1982 à 2006 répertoriées dans les bases de données (MEDLINE,
PSYINFO, PSYLIT) en croisant les trois mêmes concepts. Pour les études contrôlées,
nous nous sommes basés uniquement sur l’intégralité des articles alors que pour les
études non contrôlées, nous avons dans certains cas eu accès seulement aux résumés.
De manière générale, trente-sept études ont été identifiées selon ces critères, treize
études contrôlées et vingt-quatre études non contrôlées. Vous trouverez ci-après
un état de la recherche clinique sur la pleine conscience commenté par champs
thérapeutiques.
• les troubles affectifs et l’anxiété ;
• les études relatives à l’immunité ;
• les troubles dermatologiques ;
• la gestion de la douleur ;
• la gestion du stress et la qualité de vie ;
• la dépression ;
• une dernière catégorie plus globale qui regroupe la vie de couple,
la fibromyalgie, les troubles alimentaires et les troubles liés aux
substances dépendantes.
Nous allons commenter brièvement ces études en attirant l’at­
tention sur le fait que celles non contrôlées souffrent par définition
d’un manque de rigueur méthodologique et de ce fait sont à prendre
comme éléments d’information additionnels.

Troubles affectifs et anxiété

Astin (1997) évalue les effets sur la santé, plus précisément sur la
détresse psychologique et son mode de coping, d’un programme
de méditation en pleine conscience auprès d’une population d’étu­
diants. L’auteur,^ttet en évidence une diminution significative de
ces symptômes. Il conclut que cette forme de méditation peut
s’avérer être une stratégie d’adaptation efficace au niveau de la
transformation des modes de réponses aux événements de la vie, et
présenter un potentiel de prévention contre la rechute au niveau des
troubles affectifs. Il souligne également l’intérêt de cette technique
de méditation par son action sur la baisse de la détresse émotionnelle
et l’augmentation du sentiment de contrôle. Au niveau des études
non contrôlées, Kabat-Zinn (1992) a montré que la mise en place
d’un programme MBSR était en mesure de conduire à une réduc­
tion des symptômes dépressifs et anxieux, pouvant persister jusqu’à
trois mois après la fin du protocole. Il rapporte aussi que 84 % des
sujets continuent cette pratique après ces trois mois. Miller et al.
(1995) reconduisent la recherche et le protocole de Kabat-Zinn
(1992) trois ans plus tard et indiquent que les changements observés
sont maintenus après trois ans avec 38 % des sujets qui pratiquent
cette forme de méditation trois fois par semaine. Il conclut que
l’approche MBSR n’est pas suffisante en tant que thérapie unique
de soin de l’anxiété, toutefois, elle a un impact positif sur la santé
et constitue un atout thérapeutique complémentaire. Gross et al.
(2004), Roth et Creaser (1997) qui ont également étudié les effets
de la pratique MBSR sur des patients anxieux font état de résultats
similaires et valorisent l’importance du bien-être qu’apporte cette
pratique chez les patients étudiés. La recherche de Weiss et al. (2005)
étudie les effets de la pratique MBSR sur la détresse psychologique
comme thérapie associée à d’autres psychothérapies. Les auteilrs
rapportent sans mettre en évidence des résultats significatifs sur la
diminution de la détresse psychologique et ajoutent que le fait de
coupler à une psychothérapie en début de parcours une pratique
MBSR mérite d’être étudié plus finement car on constate une
meilleure réalisation du but thérapeutique dans le groupe méditant.

Im m unité et santé

Le domaine neurologique a aussi été investigué par des recherches


sur la méditation MBSR. Les travaux exploratoires de Richard
Davidson (2003), associés au laboratoire de neurosciences affectives
de l’université du Wisconsin, ont cherché, dans le cadre d’une
étude contrôlée, à comprendre comment la méditation en pleine
conscience peut influer sur l’état de santé de l’organisme. Des
recherches précises ont été effectuées avec le concours de moines
bouddhistes qui mettent en lumière pour la première fois, qu’un
programme court de méditation en pleine conscience produit des
changements positifs durables sur le cerveau et le fonctionnement
du système immunitaire. Les résultats suggèrent que la méditation,
longtemps promue comme une technique pour réduire l’anxiété et
le stress, produirait des effets biologiques importants qui améliorent
la résistance d’une personne. Après des mesures avant et après inter­
vention, puis à quatre mois, les résultats indiquent que la pratique de
la MBSR contribue à augmenter l’activité cérébrale de l’hémisphère
gauche associée à une baisse de l’anxiété et de l’affect négatif, et
à une amélioration de l’affect positif. Les données obtenues de la
réponse immunitaire montrent aussi une fabrication d’anticorps
plus rapide chez le groupe des méditants. Davidson conclut que les
émotions positives engendrées par la pratique méditative induisent
un réel bénéfice immunitaire. L’auteur conclut à l’efficacité de la
méthode sur la santé. Au niveau des recherches non contrôlées,
Carlson et al. (2003) étudient l’impact d’un programme MBSR
sur différentes mesures biologiques dont le niveau de cortisol, la
mélatonine et le DHEAS1 chez des patients atteints du cancer du
sein et de la prostate. Ils constatent une diminution des paramètres
immunitaires ainsi qu’une augmentation de l’indicateur IL-4 (qui est
associé au ralentissement de l’augmentation des cellules cancéreuses
in vitro). Ces résultats soulignent l’intérêt d’un effet médical direct
sur la maladie et pas seulement sur l’humeur du patient. Des études
contrôlées dans ce domaine seraient indispensables. Robinson et al.
(2003) font état de travaux similaires, étudiant notamment les effets,
du programme MBSR sur les fonctions endocrines et immunitaires
de patients atteints par le HIV et constatent que le nombre de
cellules NK12 augmente significativement chez les patients ayant
suivi le groupe MBSR.

E ncad ré 4.1
R o b in so n e t al. (2003), réponse im m u n ita ire et M B SR

Comparaison réponse immunitaire avant/après intervention MBSR

100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Nb cellules NK Nb cellules NK Activité des NK Activité des NK
avant après après avant après

Figure 4. i. Comparaison réponse immunitaire avant/après intervention M B S R .

D ans le cadre d ’u n e étu d e quasi expérim entale (non random isée) sur
l’im pact de l’approche M B S R sur la réponse im m unitaire (nom bre de
cellules N K , et activité des cellules N K ) chez des patients atteints du
V IH , avec u n e com paraison avant/après, tre n te-q u atre sujets (n — 24

1. D éhydroépiandrostérone sulfate.
2. Les lymphocytes NK (sigle de l’anglais Natural Killcr, c’est-à-dire « cellules tueuses
naturelles ») sont des cellules de l’im m unité innée des mammifères.
ta" dans le g ro u p e soum is au p ro to co le M B S R et n = 10 dans le groupe
tém oin) o n t participé à cette recherche.
Les sujets d u g ro u p e ex p érim en tal p articip en t à h u it sem aines d ’en ­
traîn em en t M B S R avec des exercices à d om icile. Les résultats sont
présentés dans la figure 4.1.
O n n o te très clairem ent une m odification systém atique de la réponse
im m u n itaire (m esurée par le n o m b re de cellules N K et leu r activité)
après l’in te rv e n tio n M B S R , en com paraison avec le groupe contrôle.
La rég u latio n du stress o b te n u e p ar l’ap p ro ch e M B S R a des effets
certains sur la réponse im m u n itaire. B ien sûr, il con v ien d rait de
développer ces recherches en identifiant ce qui in tervient exactem ent
dans la réponse im m u n itaire, au sein de la dém arche M B S R .
V__________________________________________________________________________________________ )

Troubles dermatologiques

Dans un domaine plus physiologique, Jon Kabat-Zinn (1998) a


évalué dans le cadre d’une étude contrôlée l’influence d’une inter­
vention MBSR par enregistrement audio, sur la vitesse avec laquelle
le psoriasis régressait chez des patients subissant des traitements de
photothérapie (UVB) et de photochimiothérapie1 (PUVA). Les
données de l’étude suggèrent que la régression des lésions de la
peau peut être accélérée quand les sujets s’engagent pendant leur
traitement UVA dans un exercice de réduction de stress guidé par
des enregistrements audio. Les résultats prouvent que les patients

1. Cette technique, appelée aussi « thérapie photodynamique » associe une lumière


laser, de longueur d’onde spécifique, à un médicament sensible à cette longueur
d’onde, le photosensibilisateur. Celui-ci, dont les exemples les plus connus sont des
porphyrines, est injecté dans la circulation sanguine ou appliqué localement pour un
traitement cutané. Une fois dans le sang, il se lie à des lipoprotéines qui le convoient
vers les différents tissus ; dans l’idéal, il pénètre préférentiellement dans les cellules
cancéreuses.
Dans un deuxième temps, l’illumination en lumière visible de la tumeur, par un
rayon laser dirigé par l’intermédiaire d’une fibre optique et d’un diffuseur de lumière,
active le médicament ; lequel produit une forme excitée de l’oxygène, l’oxygène
singulet, source d’effets toxiques pour les cellules tumorales. Intérêt capital par
rapport aux traitements classiques, cette toxicité n ’est pas mutagène et reste limitée
aux tissus qui sont illuminés ;
elle n ’induit donc pas les effets secondaires que l’on connaît avec la chimiothérapie.
Ainsi, administrée lors des stades précoces de la cancérisation, la PDT est susceptible
d’éliminer totalement une tum eur de quelques millimètres de diamètre, accessible
directement ou par voie endoscopique.
en condition MBSR atteignent le « point à mi-chemin » (HP) et
le « point de dégagement » (CP) significativement plus rapidement
que ceux qui sont dans la condition contrôle (sans enregistrement
audio) à la fois pour les traitements UVA et PUVA. Des recherches
supplémentaires dans ce domaine s’avèrent nécessaires.

Gestion de la douleur

Plews-Ogan (2005) dans une étude contrôlée compare l’efficacité


du programme MBSR et d’une pratique de massage dans la gestion
de la douleur relative à des troubles musculo-squelettiques. Les
deux pratiques laissent entrevoir des effets positifs dans la prise en
charge de cette pathologie. Les données observées avec le massage
vont dans le sens d’un impact positif sur le caractère déplaisant de
la douleur, même s’il diminue avec le temps. Les résultats de la
MBSR montrent un effet positif sur la santé mentale qui semble
persister une fois le traitement terminé. Encore une fois, la démarche
MBSR suggère des perspectives encourageantes sur le plan de la
santé physique et psychique. Kabat-Zinn (1985, 1987) ou Randolph
(1999) ont mené plusieurs études non contrôlées sur la gestion de
la douleur, conduisant le plus souvent à une réduction du niveau
de douleur perçue (l’étude de Kabat-Zinn (1987) montre en outre
que 50 % des sujets poursuivaient la pratique méditative après une
année et 30 % après quatre ans).

Gestion du stress et qualité de vie

Au niveau des études contrôlées, Shapiro (1998) évalue les effets du


programme MBSR chez des professionnels de la santé au niveau
du stress, de la qualité de vie et du bien-être, et constate les
bénéfices potentiels de cette intervention d’après les données quan­
titatives recueillies ainsi que des bénéfices supplémentaires d’après
les réponses aux questions ouvertes posées à la fin du programme.
Précisément, comparés au groupe contrôle, les effets d’une pratique
MBSR montrent une réduction significative du stress perçu et
une augmentation de la compassion. De plus, l’auteur rapporte
dans la condition MBSR des changements positifs plus favorables
sur l’ensemble des variables examinées. Les participants révèlent
également une plus grande satisfaction de la vie, une diminution du
burn-out et de la détresse. Dans une recherche de 2005 faisant suite
à celle de 1998, Shapiro constate dans le groupe des méditants une
baisse significative du stress et une augmentation de la compassion,
ainsi qu’une plus grande satisfaction de la vie, une diminution du
burn-out et une baisse de la détresse psychologique. La pratique
MBSR rend compte de manière significative d’un réel avantage en
termes de management du stress. Speca et al. (2000) ont mesuré
les effets d’un programme MBSR sur les troubles de l’humeur et
les symptômes de stress chez des patients cancéreux. Les résultats
démontrent qu’un programme de méditation en pleine conscience
relativement court peut réduire de façon efficace la perturbation de
l’humeur, la fatigue et un large spectre de symptômes liés au stress
chez les cancéreux. Les auteurs observent de meilleurs résultats chez
les patients qui ont pris part aux sessions et médités plus longuement.
L’alliance dans des problématiques cancéreuses entre des thérapies
médicamenteuses et psychologiques comme la méditation en pleine
conscience est une piste thérapeutique très importante qu’il faut
renforcer.
En termes de qualité de vie et de bien-être, Williams et al. (2001)
ont évalué les effets d’un programme de méditation en pleine
conscience basé sur le bien-être dans la réduction de symptômes
psychologiques et médicaux. Ils constatent que cette pratique
améliore la santé mentale et physique par son action sur la réduction
du stress. Les résultats indiquent des diminutions significatives
des effets des soucis quotidiens, de la détresse psychologique, des
symptômes médicaux, avec un maintien à trois mois.
Dans ce même ordre d’idée, l’étude de Nyklicek (2008) présente
des résultats intéressants sur l’effet de l’approche MBSR sur la qualité
de vie et le bien-être psychologique.
( E ncad ré 4.2
'j

Q ualité de vie e t b ien -ê tre psychologique (N yklicek, 2008)


C e tte étu d e co n trô lée (random isée avec com paraison av an t/ap rès
in terv en tio n ) a p o u r o b je c tif d ’étu d ier l’effet du p ro g ram m e M B S R
sur la détresse, le b ie n -ê tre p sychologique et la qualité de vie chez
u n e p o p u la tio n en situation de stress. C in q u a n te -se p t sujets (n = 27
dans le g ro u p e soum is au p ro to c o le M B S R , n = 30 dans le groupe
tém o in ) o n t p articipé à cette étu d e, avec u n e m esure avant et après
ns" intervention. Les m esures du stress p e rç u 1 (PSS), de l’h u m eu r12 (GMS)
et de la qualité de vie3 (W H O Q O L ) o n t été effectuées. A titre indicatif
nous avons rapporté les résultats obtenus par les deux groupes à la fin
du p ro to co le (figures 4.2 et 4.3).

Stress et bien-être

■ MBSR post
Contrai post

PSS GMS affect GMS affect


positif négatif

Qualité de vie

Figure 4 .2 . Résultats généraux relatifs au stress et à la qualité de vie en fonction


de l ’intervention M B S R .

La m éd itatio n de p leine conscience (M B S R ) am ène à u n e m o in d re


détresse, u n e m eilleure qualité de vie, u n e m eilleure h u m e u r de
m anière significative. C es résultats nous in v iten t à dévelo p p er la
BS"

1. C ohen S, Kaniarck T, M erm elstein R . (1983), « A global measure o fp erceiv ed


stress ». Journal of Health and Social Behaviour, 24 ; 385-396.
2. D enolletJ. (1993), « Emotional distress and fatigue in coronary heart disease : the
Global M ood Scale (GMS) », Psychological Médecine, 23, 111-121.
3. W H O Q O L G roup, « D evelopm ent o f the W orld H ealth O rganization
W H O Q O L -B R E F quality o flife assessment ». Psychological M edecine, 28, 1998,
551-558.
rech erch e dans ce d o m ain e en id en tifian t si c’est la pratique globale
M B S R qui agit o u certains de ses sous élém ents.
\ ________________________________________________________________________________________________/

Dépression

Teasdale et al. (2000) ont évalué dans le cadre d’une recherche


contrôlée un programme MBCT sur le taux de rechute et de
récidive chez des patients guéris d’une dépression majeure et
mettent en évidence que chez les sujets ayant vécu au moins trois
épisodes dépressifs le programme de la MBCT réduit le risque de
rechute de manière significative par rapport aux patients assignés au
traitement habituel. Les auteurs relèvent qu’il n’y a pas d’effet pro­
phylactique de la MBCT lorsque les patients présentent seulement
deux épisodes de dépression antérieurs. Les effets bénéfiques de la
MBCT présentent une réduction de près de la moitié du taux de
rechutes/récidives au cours de la période de suivi en comparaison
au traitement habituel.
Il convient également de mentionner en termes d’études contrô­
lées, les travaux de Carson et al. (2004) qui se concentrent sur
l’impact d’un programme MBSR sur l’interaction et l’amélioration
de la vie de couple. Ils montrent que les résultats apportent des
éléments empiriques solides qui valident la pertinence et l’efficacité
de la pratique MBSR pour la mesure du bonheur et de la détresse
dans un couple ainsi que sa pérennité. L’efficacité de la pratique
MBSR se manifeste au niveau de la gestion du stress, du coping,
et des interactions de vie au sein d’un couple. Cette étude est
prometteuse en termes de thérapie alternative pour l’amélioration de
la vie en couple lors de demande d’aide. Shapiro (2003) a également
mis en évidence dans le cadre d’une recherche contrôlée sur les
troubles du sommeil, une amélioration des mesures de la qualité
du sommeil dans les deux conditions expérimentales effectuées
(MBSR vs. Contrôle), mais pas sur l’efficacité du sommeil. Les
participants du groupe MBSR engagés dans une pratique plus
soutenue rapportent de meilleures sensations de repos au réveil.
Par conséquent et au regard de ces nombreuses recherches, la
pratique MBSR et par extension la pratique MBCT dans le cadre
dps rechutes dépressives, ont été identifiées comme des prises en
chkrge efficaces et prometteuses (Roemer et al., 2003) relativement
à l’amélioration de la symptomatologie physique et psychologique
(Baer, 2003 ; Bishop, 2003) en soulignant toutefois l’importance
dans les études à venir de la rigueur méthodologique.
En termes de mesure de la pleine conscience, ce n’est que très
récemment, que la recherche a porté son attention sur ce domaine.
Les études qui mettent en évidence la réduction de symptômes
physiques et psychologiques ne cessent de progresser, mais aucune
n’apporte d’éléments sur la capacité des sujets à développer une
aptitude à la pleine conscience.
En fait, la construction d’instruments de mesure se heurte au para­
doxe suivant. La solidité psychométrique de la mesure est nécessaire
pour comprendre le principe et ses composants qui découlent de la
pleine conscience ainsi que les mécanismes par lesquels la formation
à la pleine conscience exerce ses effets bénéfiques. D ’un autre
côté, les définitions opérationnelles de la pleine conscience sont
essentielles pour développer des instruments valides lesquels sont
nécessaires pour investiguer les processus psychologiques impliqués
dans la formation à la pleine conscience (Baer et al., 2006).
L’introduction de la mesure de la pleine conscience s’articule
essentiellement sur les aspects conceptuels de l’attention et de
l’acceptation sous la forme de questionnaires d’auto-évaluation.
Les outils identifiés avec leurs caractéristiques principales sont les
suivants.
L’examen des différentes mesures de la pleine conscience déve­
loppées récemment laisse apparaître de bonnes propriétés psycho­
métriques, montrant une consistance interne correcte et des corréla­
tions attendues avec plusieurs autres variables. Comme suggérés
par Baer et al. (2006), les futures recherches devraient étendre
l’évaluation de la pleine conscience et inclure d’autres méthodes
que les questionnaires d’auto-évaluation.
Enfin, la recherche dans ce domaine souffre également d’un
certain nombre de limites de différents ordres :
• un manque de rigueur méthodologique se manifeste au niveau du dis­
positif expérimental lui-même. En effet, beaucoup de recherches
effectuées ne sont pas randomisées et le groupe expérimental géné­
ralement constitué de méditants n’est très souvent pas comparé
à un groupe contrôle. (Sur quarante et une études, on constate
Tableau 4.1. - Échelles de mesure de la pleine conscience

Dimensions
Échelle Auteur Items Cible
mesurées
30 items • Méditants
The Freiburg Buchheld, Attitude de
(type expérimentés
Mindfulness Grossman et non-jugement et
likert en 4 • Consistance
Inventory (FMI) Walach, 2001 ouverture interne de 0.93
points)
The Mindful 15 items
Conscience et • Tous sujets
Attention Brown et (type
attention dans • Consistance
Awareness Ryan, 2003 likert en 6 interne de 0.82
l’instant présent
Scale (MAAS) points)
Bishop,
10 items • Tous sujets
The Toronto Segal, Lau, Conscience
(type • Bonne
Mindfulness Anderson, après un exercice
likert en 5 consistance
Scale (TMS) Carlson, de méditation interne
points)
Shapiro, 2003
Observation, • Tous sujets
The Kentucky 39 items
description agir • Consistance
Inventory of Baer, Smith et (type
en conscience, interne de 076 à
Mindfulness Allen, 2004 likert en 5 0.91 pour les 4
acceptation sans
Skills (KIMS) points) sous échelles
jugement
Attention,
The cognitive Feldman, conscience, 12 items • Tous sujets
and Affective Hayes, Kumar focalisation sur (type • Consistance
Mindfulness et Greeson, l’instant présent, likert en 4 interne de 0.74 à
Scale (CAMS) 2004 acceptation/non- points) 0.80
jugement
Chadwick,
The 16 items
Hember, Pensées et • Tous sujets
Mindfulness (type
Mead, Lllley images • Consistance
Questionnaire likert en 7 interne de 0.89
et Dagnan, stressantes
(MQ) points)
2005
Cardaciotto et
al., 2005
traduite en
The Conscience de 20 items • Tous sujets
français par
Philadelphia l'instant présent, (type • Bonne
Kretsch,
Mindfulness acceptation sans likert en 5 consistance
Berghmans, interne
Scale (PHLMS) jugement points)
Tarquinio,
Strub (2009),
soumis

que seulement 32 % de ces recherches sont randomisées et qu’une


comparaison avec un groupe contrôle n’existe que dans 40 % des
cas.) Les études de comparaison avec d’autres thérapies souffrent
également du manque de rigueur méthodologique (Baer, 2003).
Ces remarques soulignent clairement le manque d’exactitude des
démarches adoptées pour conduire ces recherches et soulèvent le
caractère problématique des conclusions apportées à ce jour en
termes de pertinence thérapeutique de la méditation en pleine
conscience ;
une taille insuffisante des échantillons de sujets : il conviendrait d’avoir
des échantillons de trente individus pour mettre en évidence au
moins 80 % des effets du traitement. Ici également, il convient
d’être vigilant ;
un questionnement au niveau de la pratique de la méditation : comme
mentionné précédemment, les pratiques MBSR et MBCT uti­
lisent plusieurs exercices successifs tels que la méditation assise
faisant intervenir des processus de concentration de l’attention
et d’acceptation, le Body Scan qui fait intervenir des processus
de concentration et de visualisation, des exercices d’élongation
de hatha yoga et des exercices de concentration proprement dits
basés sur la respiration. Ces exercices ont lieu sur une durée de
huit semaines avec des pratiques individuelles plusieurs fois par
semaines. Il serait intéressant, après avoir séquencé ces exercices
et isolé leurs processus clés, de les comparer afin d’étudier leur
impact thérapeutique et de voir si les effets sont plus liés à un
exercice en particulier ou à une globalité d’exercices qui définit
la pratique MBSR ou MBCT ;
questionnement sur le contenu, la diffusion et l’évaluation desformations
à la pleine conscience : à la différence d’autres approches psy­
chothérapeutiques comme l’EMDR qui répond à un cadre strict
de formation et de diffusion faisant état de critères de sélection
précis pour ses pratiquants ainsi que de niveau de formation
et de cycle de supervision réguliers, les pratiques de la pleine
conscience n’entrent pas dans un cadre normé. Chaque thérapeute
diffuse la méthode à ses patients de manière individuelle ou
en groupe, en se référant généralement à la pratique MBSR
construite parjon Kabat-Zinn (1990). Le thérapeute est formé par
un autre thérapeute ou utilise des CD dans lesquels la méthode
est véhiculée. Toutefois, il n’existe pas de conditions de formation
de formateurs ni de validation de la compétence à diffuser cette
pratique thérapeutique. Ceci s’explique par le caractère jeune
de cette démarche et par l’importance de son appropriation par
le thérapeute. On peut donc s’attendre à des différences dans la
diffusion de la pratique en fonction de son appropriation et de
sa personnalisation. Ceci nous conduit à poser la question de la
différence en termes d’impact thérapeutique. Les axes d’exercices
clés sont utilisés comme points de repères, mais l’explication
et le transfert du cœur même de la démarche peut se faire
différemment et par conséquent, des différences en termes d’effets
thérapeutiques sont susceptibles d’apparaître ;
• interrogation au niveau de la distinction entre une pratique de groupe
et une pratique individuelle dans la diffusion de la méthode : l’effet
de groupe peut constituer un élément thérapeutique en soi qu’il
convient de ne pas négliger, particulièrement dans la pratique
MBCT où un échange plus structuré est organisé avec le théra­
peute et les autres membres du groupe. Ici également, il serait
pertinent de comparer des sujets formés individuellement avec
des sujets formés en groupe et voir si cet effet de groupe joue un
rôle en termes d’impact thérapeutique ;
• enfin, une cinquième remarque nous invite à nous pencher sur
la question de l’observance thérapeutique. Les sujets qui suivent ce
type de thérapie sont encouragés à pratiquer plusieurs fois par
semaine cette forme de méditation (30 à 45 minutes) durant la
période de huit semaines de diffusion de la formation. Par la suite,
la pratique est primordiale. Les recherches (Bishop, 2002 ; Baer,
2003) mettent en évidence un lien entre la pratique et l’action
thérapeutique, toutefois, il n’y a pas eu d’études rigoureuses
qui explicitent ce lien. Dans la méditation, une fois la pratique
diffusée, c’est le sujet qui est l’acteur fondamental de son bien-être
en construction et c’est par la pratique quotidienne qu’il va
pouvoir se loger dans une démarche de vie différente. Il reste
seul face à lui-même et le choix de ne plus pratiquer pour des
raisons diverses peut être tentant et plus ou moins accentué en
fonction des différentes pathologies.
APPLICATIONS PRATIQUES ET EXERCICES :
LA THÉRAPIE MBSR1

Une séance MBSR commence généralement par l’exercice dit du


raisin (utilisé principalement en thérapie MBCT, mais ayant un
grand intérêt dans le cadre de l’approche MBSR). Il s’agit d’inviter
les participants à simplement regarder un raisin sec (ou tout autre
objet) avec intérêt et curiosité comme s’ils n’avaient jamais vu un
objet de la sorte auparavant. Ils sont guidés au travers d’un processus
lent d’observation par tous les sens possibles de tous les aspects de
cet objet.
Tout d’abord, le sujet examine visuellement le raisin en termes de
texture par l’intermédiaire du toucher, pour le sentir et le goûter et
prendre conscience de son mouvement dans la bouche et de toutes
les émotions suscitées par cet exercice afin de les noter mentalement.
Ces émotions ou sensations qui apparaissent doivent être acceptées
sans jugement pour ensuite refocaliser son attention sur l’objet.
L’exercice du raisin fournit une opportunité de s’engager en pleine
conscience dans une activité qui souvent est faite sur un mode de
pilotage automatique ou tout simplement sans conscience attentive,
comme l’action de manger.

Exercice du raisin
C e t exercice p e u t être co n d u it de la façon suivante :
«Je vais d o n n e r à ch acu n le m êm e ob jet, u n raisin de C o rin th e . M ain te ­
nant, ce que j ’aimerais que vous fassiez, c ’est vous focaliser sur cet objet et
que vous im aginiez sim plem ent q u e vous n ’avez jam ais rien vu de pareil
auparavant.
N o te : Il y a au moins 10 secondes de pause entre les phrases, et les instructions
sont données de manière neutre, à une cadence lente mais délibérée en demandant à
la classe de faire les choses suivantes :
1. Prenez u n de ces objets et tenez-le entre l’index et le pouce. Regardez-le
atten tiv em en t.
2. R eg ard ez-le com m e si vous n ’aviez rien vu de tel auparavant. T ournez-le
entre les doigts.

I . L e s e x tr a it s d u p r o t o c o l e M B S R c i- d e s s o u s s o n t in s p ir é s d e s t r a v a u x ( C D ) d e
J . K a b a t Z i n n e t s o n t a d a p té s p a r l ’a u te u r .
3. Explorez sa texture en tre les doigts, exam inez les différents reliefs, les
contrastes de lum ière.
4. Si des pensées telles q u e “ quel est le b u t de ceci” , “ c ’est vraim ent
étrange ce que nous faisons” vous v ie n n e n t à l’esprit, notez les simplement
com m e des pensées et ram enez cotre conscience vers l’objet.
5. Prenez, l’objet, portez-le à votre nez et sentez-le, et notez bien son odeur
à chaque inspiration.
6. M ain ten an t, regardez-le à nouveau.
7. Am enez-le len tem en t à la b o u ch e, voyez v o tre bras qui sait exactem ent
o ù aller, rem arquez que v o tre b o u ch e, salive p e u t-ê tre déjà.
8. M ettez doucement l’objet dans votre bouche, rem arquez co m m e n t il est
“accueilli” sans le m ordre.
9. Q u a n d vous êtes prêts, mordez très co n sciem m en t dedans et no tez le
g o û t q u ’il libère.
10. Mâchez-le len tem en t..., rem arquez la salive dans la bou ch e, le change­
m e n t de consistance de l’objet.
11. Lorsque vous êtes prêts à avaler, essayez de détecter l’intention d ’avaler au
fu r et à mesure q u ’elle se forme, de telle sorte que vous expérimentiez ceci avant
même de réellement avaler l’objet.
12. P o u r term iner, examinez si vous pouvez suivre les sensations lorsque l’objet
est avalé et descend dans votre estomac, tout en réalisant que votre estomac contient
un raisin de plus. »
L’exercice term in é, l’in stru cteu r pose des questions ouvertes telles que
« q u elq u ’u n souh aite-t-il dire quelque chose de son expérience ? », « quel­
q u ’u n se sent-il fatigué ? », « quelles sortes de pensées vous o n t traversé
l’esprit ? ».

Beaucoup de participants témoignent de la différence de manger


en pleine conscience par rapport à leurs activités quotidiennes
de nutrition où souvent la pensée s’égare en dehors de l’activité
première de sustentation dans laquelle la nourriture dans sa diversité
et sa spécificité ne parvient pas à la conscience. Ces commentaires
illustrent le point de vue que faire attention à des activités qui
sont normalement faites en mode de pilotage automatique peut
changer la nature même de l’expérience. Par extension, augmenter
la conscience de l’expérience peut augmenter la liberté de faire des
choix à propos de ce que l’on doit faire dans différentes situations.
Les participants sont ensuite encouragés à manger le plus souvent
en pleine conscience, c’est-à-dire d’une manière attentive.
Le second exercice s’intitule le « Body Scan » ou balayage
corporel, dans lequel les participants sont invités après s’être allongés
' confortablement à focaliser leur attention séquentiellement sur
différentes parties de leur corps en commençant généralement par
une extrémité du corps (pieds, mains) et en scannant (perception
. vigilante et orientée) toutes les parties du corps. Les sujets sont
invités à noter les sensations présentes avec ouverture et curiosité
ou tout simplement noter l’absence de sensations. Ce n’est pas
un exercice de relaxation, même si des effets relaxants peuvent
se manifester dans la mesure où on ne demande pas au patient
de se relaxer. Si certaines parties du corps sont tendues ou sous
l’emprise de douleurs, le patient ne doit pas chercher à supprimer
f cette tension mais simplement à en prendre conscience sans émettre
de jugement et sans entrer dans un mode de pensée par élaboration
ou association sur l’origine de ce stimulus. Par la suite, le sujet
doit refocaliser son attention sur le corps. Cet exercice fournit
une opportunité de pratiquer deux « capacités » ou processus qui
se manifestent dans la pleine conscience comme l’auto-régulation
de l’attention, par la focalisation délibérée ou intentionnelle de
l’attention sur le corps et le changement de l’attention sur le corps
si l’esprit est pris par des pensées élaboratives ou ruminatives, et
l’orientation vers l’expérience qui souligne l’ouverture, la curiosité
et l’acceptation sans jugement de l’expérience. Des commentaires
du vécu des patients peuvent être ensuite discutés en groupe avec
le formateur en soulignant toujours qu’il n’y a pas une bonne façon
de faire cet exercice, mais que l’important est de le faire et de noter
ce qui se passe en termes de sensations, émotions ou pensées sans
entrer dans un mode élaboratif.

Body Scan
C e t exercice p e u t être guidé de la m anière suivante.
D ans un premier temps et de manière introductive

« A llongez-vous confortablement, éten d ez vos jam bes, vos bras le long du


corps et les paum es tournées vers le ciel. C eci est la “position du cadavre”
dans Je yoga. A utorisez-v o u s à ferm er le n te m e n t vos yeux. P renez v o tre
tem ps.
Inspirez profondément par le n ez et sentez l ’air passer à travers votre trachée et se
diriger vers vos p oum ons, et ensuite lors de la seconde inspiration, sentez
l’aire passer dans vos bras, vos m ains, ju s q u ’au b o u t de vos doigts, et se
diffuser égalem ent vers votre ventre, vos jam bes, vos chevilles, vos pieds,
et ju s q u ’au b o u t de vos orteils. Im aginer cela.
Sentez l’air vous traverser, m e m b re par m em b re, et pren ez conscience de
com bien cet air est bénéfique. Prenez conscience du fait que le simple fait
de respirer, d ’inspirer et d ’expirer, vous p e rm et de vivre.
Lors de cette expiratio n , laissez-vous vous en fo n cer plus p ro fo n d ém en t
dans le sol, vous d éten d an t de plus en plus. S entez-vous à l’aide.
R en o u v e le z cette lente respiration quatre o u cinq fois, en restant co ncen­
tré, en vous focalisant sur cet air qui entre en vous et en ressort librem ent.
Si vous sentez que votre esprit s ’égare de votre respiration, ramenez-le simplement
vers votre souffle.
E t si par hasard des pensées v ie n n e n t traverser v o tre esprit, considérez les
simplement comme des pensées, ne les ju g ez pas, et laissez les quitter votre esprit
pour pouvoir recentrer votre attention sur votre respiration. Si vous n ’y arrivez
pas, laissez-vous aller, laissez les penser vous traverser.
Concentrez-vous ensuite sur votre abdomen, sentez-le gonfler lors de l’inspira­
tio n et se d éten d re lors de l’expiration.
M ettez votre main sur votre ventre, sentez-le se gonfler et se remplir d’air lorsque
vous inspirez.
Puis sentez-le se dégonfler lors de l’expiration. Sentez l’air sortir par votre
b o u ch e, to u t en vous enfo n çan t de plus en plus dans le sol.
Relevez toutes les sensations que vous ressentez lors de cette prise de conscience de
la respiration. N e les ju g e z pas, ressentez les sim plem ent, to u t en restant
co n cen tré sur v o tre respiration.
R em ettez-v o u s dans la “position du cadavre” , les bras le long du corps, et
d étendez-vous.
Vous pouvez alors vous féliciter d ’avoir consacré du tem ps à cet exercice. »
U n e fois cela finit, l’in stru cteu r dem an d e aux participants de s’ex prim er
sur ce q u ’ils o n t ressenti, si cela les a détendus ou bien au contraire si cela
les a rendus nerv eu x , les a contractés.

Dans un second temps et de manière plus approfondie

« Allongez-vous sur le dos, confortablement, p renez le tem ps nécessaire à bien


vous p o sitio n n er. M e tte z vos bras éten d u s le lo n g du corps, les paumes
ouvertes vers le plafond de m anière détendue. U n e fois que vous vous sentez
à l’aise, prenez conscience de vos paupières, fixer v o tre atte n tio n sur elles et
ressentez les lourde. Ils o n t envie de se ferm er. Vous les ferm ez doucem ent,
calm em ent.
Ensuite porter votre attention sur votre respiration. Laissez votre corps respirer,
n ’essayez pas de m an ip u ler v o tre respiration d ’u n e q u elco n q u e façon.
Laissez-vous aller.
E ssayez d ’expérimenter simplement la façon dont l’air se déplace dans votre corps,
dirigeant en particulier v o tre a tte n tio n sur v o tre ven tre, v o tre abdom en.
L’air en tre d o u c e m e n t par vos narines et p én ètre dans vos poum ons.
Ressentez les sensations dans cette région lorsque l’air pénètre dans votre corps
et que l’abdom en gonfle d o u cem en t et lorsque l’air ressort du corps et que
le v en tre dégonfle, ceci en suivant le mouvement rythmique de votre ventre à
chaque respiration.
Inspirez doucement, expirer doucement. Accom pagnez ce cycle en conscience,
inspirez doucement et expirer doucement.
Laissez vous aller, laissez votre corps devenir lo urd alors q u ’il s’enfonce un
peu plus pro fo n d ém en t dans le sol. Accordez de l’importance à votre respiration
à chaque instant.
Lorsque vous vous sentez prêt, déplacez l’objectif de votre attention sur le bas de
la jam be gauche et plus particulièrement sur les orteils du pied gauche, et prenez-en
conscience.
L’im p o rta n t est que vous sentiez ju ste vos orteils tels q u ’ils sont, en vous
con cen tran t.
E x p érim en tez le gros o rteil, essayez de le ressentir puis le petit, sans les
bouger, mais ju ste en les ressentant individuellem ent, puis les autres orteils
et, lorsque vous inspirez, im aginez que l’air descend d irectem en t dans
les p o u m o n s et le v en tre et vers le bas de la ja m b e gauche ju s q u ’à vos
orteils et lorsque vous expirez, q u e l’air re m o n te de vos orteils et ressort
auto m atiq u em en t par votre nez, com m e si vous inspiriez vers le bas ju sq u ’à
vos orteils et expiriez à partir de vos orteils.
E ssayez cet exercice. L ’important n ’est pas de réussir mais de le pratiquer.
Lorsque vous êtes prêt, expirez p o u r q u itte r vos orteils co m p lètem en t et
déplacez v o tre atte n tio n sur le bas de votre pied gauche, respirez avec lui, et
expirez à partir de celui-ci en le laissant ju ste s’en aller.
R espirez ensuite dans le talon et lors d ’une expiration, laissez-vous quitter
celui-ci, d ev en an t co n scien t du dessus de v o tre pied ; ne pensez pas
au trem en t à votre pied q u ’en étant ju ste présent ici avec lui, le ressentant,
le laissant p ré d o m in e r le cham p de v o tre conscience, respirant avec lui.
Laissez cette conscience s’éten d re aux chevilles égalem ent et ressentez
v o tre p ro p re cheville gauche, respirez à l’in té rie u r de celle-ci et lors
d ’u n e expiratio n , q u ittez la cheville et v o tre pied gauche et devenez
alors co n scien t de la partie inférieure de la ja m b e gauche, de la surface
com m e de la p rofondeur.
E x p érim en tez cette rég io n telle q u ’elle est, n ’essayez pas de la rendre
différente, acceptez les sensations que vous ressentez, respirez avec elles et
lorsque vous êtes prêt, quittez égalem ent cette partie du corps.
Focalisez m ain ten an t v o tre a tte n tio n en re m o n ta n t vers v o tre genou,
ex p érim en tez v o tre g en o u gauche, respirez à l’in té rie u r et lors d ’une
expiration, laissez-le s’effacer égalem ent.
D éplacez-vous m aintenant vers la région de la cuisse, en rem ontant ju sq u ’à
l’aine à l’in té rie u r et la h an ch e à l’extérieur, ex p érim en tan t ju ste votre
cuisse gauche, la laissant aussi m olle et d é te n d u e que possible, et s’il y a
u n e q u elco n q u e tension, laissez la sortir lors d ’une expiration.
L orsque vous êtes prêt, p ren ez u n e respiration plus p ro fo n d e vers le bas
dans v o tre cuisse et lorsque vous expirez, laissez là s’en aller.
« E carto n s-n o u s m ain ten an t vers la ja m b e d roite, devenons conscient des
sensations dans les orteils droits, ressentez les sensations du gros orteil,
d u p e tit et des autres, dirigeant l’air inspiré vers les orteils et lors de
l’expiration, laissez l’air re m o n te r de vos orteils et ressortir par v o tre nez,
en enregistrant les sensations qui sont présentes dans cette région, sans les
ju g er.
Q u a n d vous le voulez, p ren ez u n e inspiration plus p rofonde vers le bas à
l’in térieur de vos orteils et lors de l’expiration, laissez vos orteils s’évanouir
dans le cham p de votre conscience, laissant l’atten tio n se p o rte r sur le bas
de votre pied dro it, en incluant le talon.
Puis profitez d ’u n e ex p iratio n p o u r q u itter cette région et dép o rtez
d o u c e m e n t v o tre a tte n tio n sur le dessus du p ied et la cheville, inspirant
et expirant, puis laissez-la ju ste partir, se d éten d re et s’év an o u ir de v o tre
conscience alors que vous p ren ez conscience de la partie inférieure de la
jam b e.
Lorsque vous êtes prêt, respirez à l’in té rie u r de la ja m b e et profitez de
l’expiration p o u r la q u itter égalem ent et p renez alors conscience de votre
g en o u d ro it avant de le q u itte r égalem ent lors de l’expiration.
M aintenant, p ren ez conscience de v o tre cuisse droite, entre la hanche, le
bassin et l’aine, en partant du genou.
Lors d ’u n e expiration, quittez cette rég io n égalem ent.
D evenez m aintenant conscient du bassin, d ’une hanche à l’autre, des fesses
en co n tact avec le m atelas et des sensations de contact et de pesanteur.
P ren ez conscience de la rég io n des organes génitaux, des hanches elles-
m êm es et respirez avec v o tre bassin dans son intégralité.
D irigez l’air vers le bas lors de l’inspiration et, lors de l’expiration, laissez
le bassin se relâcher et se déten d re, to u te tension présente s’en allant avec
l’air ; soyez satisfait d ’être co m m e vous êtes ju ste à cet instant.
D irigez ensuite v o tre a tte n tio n vers le bas du dos, ex p érim en tan t les
sensations qui s’y tro u v en t.
E x p érim en tez v o tre dos tel q u ’il est en cet instant, laissant l’air pénétrer,
se déplacer dans chaque rég io n d u bas d u dos lors de l’inspiration et de
l’expiration.
Laissez to u te tension o u co n tra c tio n être là puis s’en aller lors de l’expi­
ratio n et lors d ’u n e ex piration, q u ittez le bas du dos et rem o n te z vers le
haut, respirant avec vos sensations.
E t quelles q u e soient les tensions o u co n tractions, laissez-les sim plem ent
disparaître et quitter le corps lors de l’expiration alors que vous vous laissez aller et
sombrez encore plus profondément dans la quiétude et la relaxation.
P o rte z ensuite v o tre a tte n tio n à n o u v eau sur le ventre, expérim entant la
dilatation et la rétraction de celui-ci, perm ettan t à la conscience de se diffuser
du v en tre vers la p o itrin e égalem ent.
E xpérim entez la poitrine qui se gonfle à l’inspiration et se rétracte quelque
p e u à l ’expiration.
L orsque vous êtes prêt, co n te n te z -v o u s de laisser cette rég io n s’év anouir
dans la relaxation égalem ent.
D éplacez v o tre atte n tio n vers les extrém ités de vos doigts, p ren an t
conscience des sensations présentes m ain ten an t dans les extrém ités de vos
doigts et dans les paum es.
Soyez ju ste dans vos doigts, à l’intérieu r et sur la partie arrière de vos doigts
puis ressortez p ar les extrém ités laissant le cham p de v o tre conscience se
diffuser ju s q u ’à inclure les paum es de vos m ains, l’arrière de vos m ains
et les poignets, d ev en an t aussi co n scien t des avant-bras et des coudes,
ex p érim en tan t votre corps tel q u ’il est.
Inclu ez m a in te n a n t la partie sup érieu re de vos bras, rem o n te z vers les
aisselles et les épaules.
E xpérim entez vos épaules et s’il y a une tension, respirez juste dans celles-ci
et dans vos bras lors de l ’inspiration e t laissez cette tension s’en aller lors
de l’expiration.
Soyez p résen t à chaque instant, q u itta n t n ’im p o rte quelle partie se
présentant.
M ain ten an t, laissons l’o b je c tif de n o tre a tte n tio n re m o n te r vers le cou, la
colonne vertébrale, puis vers la gorge et ressentez cette région de votre corps
dans son intégralité.
Inspirez vers le bas dans le cou in te n tio n n e lle m en t et lors de l’expiration,
qu ittez-le égalem ent, le laissant se relaxer.
P ren ez alors conscience de v o tre visage et c o n cen trez-v o u s en prem ier
sur la m âchoire et le m e n to n , l’ex p érim en tan t ju ste tel q u ’il est, respirant
avec cette région, et lors de l’expiratio n , laissez-la disparaître, d ev enant
co nscient de vos lèvres et de v o tre b o u c h e, des dents et des gencives, de
la langue et du palais, de l’arrière de la b ouche et de la gorge et lors d ’une
expiration, laissez cette région s’év an o u ir égalem ent.
D ev en ez alors co nscient de v o tre nez ; ressentez de quelle façon l’air
se déplace dans le n ez au niveau des narines, en étan t conscient de
v o u s-m ê m e ainsi q u e de vos y eux, des sourcils, de l’espace en tre les
sourcils e t de to u te la région a u to u r des yeux, des paupières.
S’il y a une tension, laissez-la s’en aller en m êm e tem ps que l’air s’en va lors
de l ’expiration, p erm ettan t à vos tem pes de se relaxer et de s’effacer alors
q u e vous ex p érim en tez les sensations sur le côté de v o tre tête, respirant
vers vos oreilles et expirant à p artir des oreilles.
R esp irez ensuite ju ste avec v o tre front, le laissant se relâcher, et si vous
sentez u n q u elco n q u e m o u v e m e n t associé à de la tension, soyez en juste
conscient et inspirez.
R e sp ire z ensuite avec l’in tégralité de v o tre visage co m m e si vous veniez
d u dessous et de l’in térieu r, q u itta n t v o tre visage dans son intégralité, le
fro n t inclus.
M aintenant, devenez conscient de l’arrière de la tête, du som m et de la tête,
de la rég io n en tière d u crâne, en inspirant dans cette région to u t entière
et expirant en laissant l’air q u itte r v o tre nez.
Lorsque vous êtes prêt, ressentez votre corps com m e un to u t du som m et
de votre tête au bas de vos pieds, étant allongé ici dans un état de quiétude
et de relaxation p ro fo n d e, vous sentant v raim ent tel que vous êtes.
L orsque l’exercice s’arrêtera, ram en ez v o tre conscience à v o tre corps de
n o u v eau et ressentez-le co m m e u n to u t, ren o u ez avec l’activité de votre
vie.
V ous p o u v ez vous féliciter d ’avoir pris le tem ps et l’énergie p o u r vous
relaxer de cette façon e t rappelez-vous que cet état de relaxation et
de clairvoyance vous est accessible en p rêtan t sim plem ent a tten tio n à
l’inspiration et l’expiration q u o i q u ’il se passe, à n ’im p o rte quel m o m e n t
de la jo u rn é e , le laissant être u n e source de force et d ’énergie constante
p o u r vous. »

Le troisième exercice est plus centré sur la méditation en tant que


telle. On parle de méditation assise dans laquelle le patient focalise
son attention sur les mouvements de sa respiration. Très souvent,
l’esprit de ce dernier décroche de cette attention soutenue et des
pensées « parasitaires » se manifestent. A ce moment, le sujet est
invité à refocaliser son attention sur la respiration. Des sensations
physiques liées au corps peuvent aussi accaparer l’attention du
sujet. L’individu doit noter sans jugement ses sensations avec
I acceptation sans entrer dans un processus cognitif d’explication
j ou de discernement. Cet exercice inclut également une période
I d’écoute consciente des sons et de l’environnement autour du sujet
[ sans jugement ou analyse, mais seulement en les observant. Souvent
[ l’esprit se focalise ensuite sur des pensées ou des émotions. A ce
! moment, l’idée est de les observer et de noter les sensations ou
| les pensées associées sans s’y accrocher dans la mesure du possible,
| sachant que la difficulté est grande. L’objectif n’est pas de réussir cet
exercice mais uniquement de le pratiquer.

M éditation assise
Première étape : prendre conscience du souffle

« Asseyez-vous en tailleur (ou sur une chaise) o u sur un coussin au sol dans
un e position confortable (le dos droit).
C o n c e n tre z v o tre a tte n tio n sur le fait q u e vous respirez et devenez
co n scien t d u m o u v e m e n t de l’air lo rsq u ’il p én è tre dans v o tre corps et
lorsqu’il quitte votre corps, sans m anipuler la respiration d ’une quelconque
façon o u en essayant de la changer, en étan t sim plem ent conscient de la
respiration et des sensations qui y sont associées.
R essen tez l’a b d o m en qui se gonfle d o u c e m e n t à l’inspiration et qui se
dégonfle à l’expiration, sans essayer de faire quoi que ce soit, sans essayer
de bouger, ju ste en étant avec v o tre respiration. »

D euxièm e étape : prendre conscience de nos pensées et les observer telles qu 'elles
sont, en ramenant la conscience à la respiration

« V otre esprit s’égarera dans des pensées, des fantasmes mais lorsque vous
le constaterez, votre atten tio n ne sera plus là ; alors, sans vous im poser un
m o m e n t difficile, c o n te n te z -v o u s de re p o rte r in te n tio n n e lle m e n t votre
atten tio n sur la respiration et co n tin u ez, observez sim plem ent.
C o n c e n tre z -v o u s de n o u v eau sur la respiration et m ain ten ez-y votre
atten tio n , p le in e m e n t co n scien t de la d u rée de l’inspiration et de celle
de l’expiration, d ’instant en instant.
N ’essayez pas de réussir, co n ten tez-v o u s de la faire.
A chaque fois que vous tro u v ez que v o tre esprit s’égare de la respiration,
soyez-en sim p lem en t co nscient et ram en ez-le d o u c e m e n t vers votre
ven tre, vers le présent, vers l’observ atio n instant après instant du flux
de votre respiration. »
Troisième étape : prendre conscience des sensations désagréables et les accepter à
travers la méditation
« V en o n s-en m ain te n a n t à la p ratiq u e de la m éd itatio n , utilisant la
conscience de v o tre respiration co m m e u n e ancre vers laquelle vous
portez votre atten tio n p o u r vous ram ener dans le présent à chaque fois que
vous rem arq u ez q u e l’esprit s’évade du p résent o u d ev ien t déséquilibré,
p réo ccu p é ou réactif.
Lorsque vous observez votre respiration, il se p eu t que vous trouviez que
des sensations de v o tre corps envahissent o ccasionnellem ent le cham p de
votre conscience, générant une gêne ou une agitation qui peu t parfois être
intense.
Essayez d ’étendre le cham p de votre conscience au to u r de votre respiration
de sorte q u ’il inclut le ressenti de votre corps com m e un tout, et ressentez
v o tre respiration de la tête aux orteils, alors que vous devenez conscient
de toutes les sensations dans v o tre corps.
D e n o u v eau , à chaque fois q u e vous rem arquez que v o tre esprit est
susceptible de s’égarer, c o n te n te z -v o u s sim plem ent de le ram en er vers
votre respiration et vers le ressenti de votre corps en étant sim plem ent, en
étant co m p lètem en t présent, co m p lètem en t avec vous-m êm e.
Il p e u t y avoir des m om ents o ù les sensations et une partie de votre corps
d e v ie n n e n t accablants et d o m in e n t le cham p de v o tre conscience à un
p o in t tel q u ’il dev ien t très difficile de rester concentré.
Si cela se p ro d u it, d eu x alternatives se p résen ten t à vous, l’une consistant
à ad o p ter u n e p o sitio n plus confortable de sorte à relâcher l’intensité et
l’autre façon est de travailler avec cette intensité, consistant à sim plem ent
essayer de rester là avec elle, sans bouger, et en vous co n centrant, d ép en ­
dant de cette région du corps expérim entée et chevauchant sim plem ent la
sensation à chaque instant, in spirant et ex p irant avec elle, ex p érim en tan t
com plètem ent ce que votre corps est en train de vous dire juste m aintenant
et lui ré p o n d a n t en vous o u v ra n t e t vous d é ten d an t p lu tô t q u ’en vous
crispant et en résistant.
Soyez sim p lem en t conscient de vos réactions, observez-les égalem ent en
les différenciant des sensations et lorsque l’intensité décroît, rétablissez
votre conscience au niveau de v o tre corps en tant que to u t. »

Quatrième étape : prendre conscience des sons qui nous entourent, sans les juger
« M aintenant, autorisez à nouveau le cham p de votre conscience à s’étendre
vers les sons d o n t nous pouvons être conscients dans l’en v iro n n em en t ou
p e u t-ê tre en p ro v en an ce de l’in té rie u r de n o tre corps.
C o n ten tez-v o u s de vous déplacer vers les oreilles à présent et laissez votre
conscience être spécifiquem ent la conscience de l’ouïe.
Soyez sim plem ent récep tif à to u t ce qui pénètre dans votre conscience en
tant que son, avec une pleine conscience de l’ouïe, d ’un instant à l’instant
suivant en respirant.
Si vous en tendez quelque chose, ne le ju g ez pas, résidez sim plem ent dans
le fait d ’être instant après instant avec v o tre o uïe, assis dans le calme,
conscient du son, conscient du silence.
E t si à n o u v e a u vous rem arq u ez que v o tre esprit est distrait à n ’im p o rte
quel instant, contentez-vous de le ram ener, soit vers votre respiration p o u r
vous ancrer, soit d irectem en t vers vos oreilles, ju ste à l’instant présent. »

Cinquièm e étape : considérer les pensées comme des événements observables, des
coupures de notre concentration

« M aintenant, nous allons étendre notre conscience de sorte q u ’elle inclue


le fait de penser, les pensées telles q u ’elles se déplacent à travers n o tre
esprit, rep résen tan t p lu tô t des distractions et des coupures au niveau de
n o tre co n cen tratio n .
N o u s allons sim p lem en t reg ard er chaq u e pensée ém ergeant dans n o tre
esprit c o m m e u n e pensée, u n é v é n e m e n t observable, laissant la pensée
ju ste v en ir et repartir.
Q u elle q u ’elle soit, observez-la co m m e u n év én em en t dans le cham p de
v o tre conscience.
Si vous vous tro u v ez en traîn é dans le flux de la pensée, que vous
rem arquez que vous n ’êtes plus avec elle mais ailleurs, revenez sim plem ent
à l’observation de cet év én em en t et utilisez votre respiration et le ressenti
de v o tre corps p o u r vous ancrer et vous stabiliser dans le présent.
Si en p articu lier les pensées qui arriv en t recèlen t de la peur, alors soyez
ju ste co n scien t de leu r présence, ju ste co nscient de la p e u r et laissez ces
pensées aller et ven ir ; con ten tez-v o u s de les observer com m e des simples
pensées et laissez les sim plem ent être.
M aintenant, éloignez-vous de to u te atten tio n objective : votre respiration,
v o tre corps, éco u ter, observer, penser, et au lieu de vous co n cen trer
sur l ’u n e d ’en tre elles, au torisez-vous sim p lem ent à être assis ici et être
p lein e m e n t conscient de chaque m o m en t.
Si ce so n t des pensées qui arrivent, observez-les co m m e des pensées ;
s’il s’agit de sons, co m m e de sons, de d ouleurs co m m e des douleurs, et
si c ’est le souffle qui est p ré d o m in a n t, alors co n ten tez-v o u s d ’être avec
votre respiration d ’instant en instant, ne cherchant rien et étant récep tif et
présent avec elle en tièrem en t, ju ste telle q u ’elle est.
Lorsque l’exercice s’arrêtera, reconnaissez que vous avez consacré du temps
p o u r v o u s-m ê m e , p o u r être qui vous êtes, et félicitez-vous d ’avoir pris
le tem ps et l’énergie p o u r accom plir cela et vous soigner d ’u n e façon
profonde. »
Des postures de hatha yoga sont également utilisées pour cultiver
la conscience du corps (en mouvement ou en maintenant une
position). Les postures sont faites de manière lente et progressive
afin de les accompagner de façon très attentive et consciente
dans le but d’encourager l’éveil des sensations du corps. Aussi,
les exercices du yoga fournissent une opportunité de pratiquer
l’observation corporelle sans jugement ainsi que de développer
une plus grande conscience du corps afin de l’accepter tel qu’il
se présente. Enfin, il est possible de pratiquer la méditation en
mouvement par l’intermédiaire de la marche permettant aussi de
faire évoluer cette espèce de conscience corporelle et de saisir le
processus de la marche tel qu’il se présente instant après instant.
Nous attirons l’attention du lecteur sur le fait que ces exercices
ne peuvent se substituer à une formation sur cette approche
thérapeutique qui est impérativement nécessaire à son application.
Ces exercices n’ont ici qu’une valeur de sensibilisation.

CONCLUSION

En termes de conclusion, au regard des travaux de Baer (2003),


Bishop (2002), Grossman (2003) et Shapiro (2006) nous allons
présenter les principales pistes de recherches dans le domaine de la
méditation de pleine conscience que nous avons regroupé autour
de trois axes :
• les effets et le fonctionnement de la pleine conscience ;
• le lien entre pleine conscience et psychothérapie ;
• l’observance thérapeutique.
Au niveau du premier axe, se pose la question déjà mentionnée
dans les limites des recherches de l’effet global des programmes de
pleine conscience comme la MBSR ou la MBCT ou de l’effet de
ces composantes, à savoir les différents exercices utilisés dans ces
programmes tels que le Body Scan, la méditation assise, les postures
de hatha yoga. En d’autres termes, dans l’opérationnalisation de la
définition de la pleine conscience qui en soi doit être améliorée,
différents éléments apparaissent. Il serait intéressant après les avoir
explicitement clarifiés, de les isoler afin de voir auels sont leurs
principes actifs en voyant si le processus peut être démantelé ou s’il
est indivisible. En bref, il conviendrait de cloisonner ces composants,
et voir leurs effets individuels en les comparant à l’effet de groupe.
En d’autres termes, est-ce l’ensemble du programme qui entraîne
des effets thérapeutiques ou certaines de ces composantes, ou encore
une interaction entre ces dernières ? Il conviendrait également
de se pencher sur les effets physiologiques et neurologiques à
court et long terme de la pleine conscience afin de savoir si des
processus neurophysiologiques sont activés lors des sessions de
méditation. En termes de changements psychologiques, il serait bon
d’étudier les types de changement qui interviennent aux niveaux
des comportements, des styles cognitifs, des valeurs ainsi que du
rapport de l’individu à soi-même afin de les identifier, de voir s’ils
perdurent et d’analyser leurs effets sur les individus. A ce niveau, et
en termes d’efficacité, il serait également pertinent de comparer
certaines thérapies cognitives qui visent à changer le contenu
des états mentaux (surtout des états mentaux irrationnels) avec la
méditation en pleine conscience qui vise plus à changer la relation
aux états mentaux (Hayes, Baer, Segal, 2002). Autrement dit, la
pleine conscience altère-t-elle la relation aux pensées, sensations et
émotions ? La question de l’effet de groupe peut également être
posée. Il s’agirait de comparer des sujets formés en groupe avec
des sujets formés individuellement à ces pratiques méditatives et de
constater s’il existe des différences.
Dans un deuxième axe, c’est la question de la pratique de la
pleine conscience par le thérapeute qui pourrait être investiguée.
L’implication dans la pratique et l’appropriation personnelle de la
démarche ont-ils des effets sur l’impact thérapeutique ? Y a-t-il des
conséquences positives ou négatives du partage avec les patients
du même système de référence thérapeutique ? Il conviendrait de
comparer les programmes qui sont mis en œuvre par des thérapeutes
« pratiquants » des non pratiquants. En termes de lien entre les
programmes de méditation en pleine conscience et les pathologies,
il serait judicieux de se pencher sur leur adéquation. Autrement
dit, peut-on utiliser n’importe quel programme de méditation pour
toutes les pathologies ou y a-t-il des pathologies qui nécessitent
plus un certain type de programmes ou encore la méditation est-
elle justifiée pour toutes les pathologies ? Une comparaison entre
différentes alternatives psychothérapeutiques telles que l’EMDR,
les techniques de relaxation, le bio-feedback pourrait s’avérer riche
d’information notamment sur le ou les principes actifs agissant.
Enfin, le troisième axe se porte sur l’observance thérapeutique
et la fréquence de méditation. Des comparaisons de fréquences
entre des groupes ayant uniquement suivi le programme et d’autres
sujets qui pratiquent individuellement plusieurs fois par semaines
devraient aussi apporter des éléments de recherche intéressante. La
question de l’observance thérapeutique, cruciale en psychologie
de la santé trouve ici son intérêt et invite à un questionnement
sur l’importance de l’appropriation d’une démarche personnelle
de vie en faisant de la méditation un outil quotidien de gestion
cognitif et émotionnel préventif comme le préconisent des traditions
spirituelles bouddhistes ou hindouistes.
Enfin, en se référant à Mantel (2000), le fait d’avoir décontextua­
lisé la méditation en pleine conscience (ainsi que d’autres formes
de méditation) de sa dimension spirituelle qui en constitue toujours
ses racines historiques et ontologiques ne peut-il pas entraîner des
pertes d’efficacité dans sa pratique et ses effets ? On sait, comme
l’a souligné Kabat-Zinn (1990) à de nombreuses reprises, que des
pratiques de pleine conscience comme la MBSR ou la MBCT se
situent dans un contexte non spirituel et non religieux, toutefois, la
dimension spirituelle qui s’illustre par l’application d’une démarche
de méditation dans certaines cultures est peut-être un soubassement
nécessaire à l’activation plus efficace d’effets thérapeutiques. Il
conviendrait de se pencher sur cette question en comparant des
groupes d’inspiration religieuse ou spirituelle à des groupes qui ne
le sont pas afin de voir s’il existe des différences. Par conséquent,
le champ de recherche de la pleine conscience et de la méditation
dans ce domaine est extrêmement vaste et très prometteur au sein
des prises en charge thérapeutique (Roemer et al., 2003 ; Shapiro,
2006).
Pour conclure, la méditation de pleine conscience constitue donc un
champ de recherche très prometteur en psychologie de la santé, au
niveau des prises en charge thérapeutiques. Dans le cadre de la prise
en charge de la maladie, elle apparaît comme une pratique pouvant
être mise en place dans différents domaines et nécessitant peu de res­
sources si ce n’est le temps requis. Elle peut s’avérer très utile comme
complément à d’autres prises en charge tant psychothérapeutiques
que médicales. On assiste à son arrivée dans le champ de la clinique,
via les services de santé. Elle commence à apparaître également
dans une optique de psychothérapie individuelle complémentaire
ou spécifique à des pathologies comme la dépression. Au regard des
nombreuses études cliniques, on constate que les techniques MBSR,
MBCT appliquées à la pleine conscience s’avèrent pertinentes et
apportent un résultat en termes d’amélioration de la santé en général.
Toutefois, les recherches sur la pleine conscience n’en sont encore
qu’à leur début et vont nécessiter des approches plus rigoureuses
sur le plan méthodologique et des développements conceptuels plus
affinés. En termes de mécanisme d’action agissant sur l’individu,
il y a encore beaucoup de possibilités et de chemins à explorer
pouvant jouer un rôle dans ce processus complexe. Une des étapes
suivante sera de développer des hypothèses testables s’appuyant
sur des données empiriques et de comparer ce domaine à d’autres
alternatives thérapeutiques afin de mettre en lumière des éléments
semblables. Enfin, il convient de ne pas négliger l’impact de la
dimension spirituelle en tant qu’ouverture de l’individu à d’autres
possibilités et champs d’expérience pouvant jouer un rôle dans le
processus de guérison et d’épanouissement de l’individu.
C 'N
C oncepts clés

• M éd itatio n : le term e m éd itatio n désigne u n e pratique m entale


o u spirituelle. C ’est u n processus psycho-p h ysiologique com plexe,
interactif et m ultidim ensionnel faisant intervenir plusieurs élém ents :
l’en g ag em en t dans u n e pratiq u e, l’utilisation de techniques spéci­
fiques basées sur la respiration, le corps, l’activation d ’u n type d ’at­
ten tio n , l’im plication d ’u n e relaxation m usculaire et physiologique,
la mise en pratique d ’u n état a u to -in d u it et l’observation directe ou
ind irecte des états m entaux.
• Pleine conscience (m indfulness) : « u n processus de régulation de
l’atten tio n afin d ’am ener une qualité de conscience n o n élaborative
à l’ex p érience présente et u n e qualité de relation à l’expérience
avec u n e o rie n ta tio n de curiosité, d ’o u v e rtu re à l’expérience et
d ’acceptation sans ju g e m e n t » (Bishop, 2004).
• B o d y Scan : exercice m ental de balayage corporel, basé sur la
co n cen tratio n et la visualisation des différentes parties du corps.
V J
OUVRAGES CLES

MANTEL J.-M. (2000). Méditation et psy­ K A B A T -Z lN N J. (2009), Au cœur de la


chothérapie, Paris, Albin Michel. tourmente la pleine conscience, Bruxelles, De
SEGAL Z. et al. (2006). La Thérapie cogni­
Boeck.
tive basée sur la pleine conscience pour la dépres­ VIGNE J. (1996). Soigner son âme, Paris,
sion, Bruxelles, De Boeck Éditions. Albin Michel, coll. « Espace libre ».
KABAT-ZlNN J. (1994). Wherever you BEAGHMANS C. (2011). Soigner par la
Go, There you Are : Mindfulness Méditation méditation, Paris, Masson (accepté).
in Everyday Life, New York, Hyperion (tra­
duit en français dans la collection «J’ai lu » :
Où tu vas tu es).
L’HYPNOSE

Un allié dans le traitement psychologique des malades

'H Y P N O S E E S T u n e c o m p o sa n te c o u ra n te des th érap eu tiq u e s


complémentaires dans le domaine des pathologies somatiques
et/ou psychosomatiques. En dépit d’une utilisation plus massive
qu’auparavant et d’une reconnaissance scientifique, ses indications et
ses modalités de pratiques restent encore controversées. En tout état
de cause, l’hypnose est toujours sujette à des réactions très diverses,
allant d’une acceptation sans faille à un rejet parfois radical. On doit
le terme « hypnotisme » à Braid (1795-1860). Chirurgien d’origine
écossaise, il utilise cette expression afin de désigner un ensemble
de manifestations psychophysiologiques induites par suggestion et
comparé à tort au sommeil. Il résume et conceptualise le processus
hypnotique en considérant que lorsqu’un patient fixe un point
précis, ses centres nerveux (au niveau de l’encéphale) s’épuisent, ce
qui, par extension, pourrait expliquer les vertus anesthésiantes de
l’hypnose. C ’est néanmoins avec Mesmer (1734-1815) que l’hyp­
nose fera vraiment ses débuts en Europe et prendra son véritable
essor. Très tôt, les dimensions anesthésiques de l’hypnose suscitèrent
un énorme intérêt dans la communauté médicale, notamment chez
James Esdaile (1805-1859), qui alla jusqu’à réaliser la première
opération chirurgicale sous hypnose qui était alors une amputation.
La formalisation actuelle de l’hypnose est très éloignée de ce
que l’on a appelé le mesmérisme1, tout comme les conceptions

1. C a p a c i t é d e t o u t h o m m e à g u é r i r s o n p r o c h a i n g r â c e a u f l u id e n a tu r e l q u e le
m a g n é t i s e u r s e r a it c a p a b le d ’a c c u m u l e r e t d e r e t r a n s m e t t r e g r â c e à d e s « p a sse s »,
de Charcot, Bernheim ou Freud. Ainsi, l’hypothèse de l’existence
d’un « fluide magnétique », qui fonda la pratique de Mesmer, fut
très vite abandonnée, même si l’hypothèse fluidique a toujours ses
adeptes (Ellenberger, 1974 ; Leger et Ouango, 1999). Les pratiques
actuelles ont en commun d’utiliser les propriétés de l’hypnose dans
les différents cadres que sont ceux des psychothérapies cognitives,
comportementales, analytiques ou psychocorporelles. Certaines
techniques telles que la sophrologie, le rêve éveillé dirigé, la
relaxation analytique, la relaxation de Schultz..., utilisent l’état hyp­
notique, nommé différemment selon la conceptualisation. On parle
d’« état sophronique » en sophrologie par exemple (Bonvin, 2007 ;
Etchelecou, 2007). Les définitions de l’hypnose sont nombreuses.
L’état hypnotique serait tout à la fois un état passager de
« conscience modifiée », caractérisé, selon Barber (1996), par
une « réceptivité nettement augmentée pour la suggestion, par la
capacité de modifier les perceptions et la mémoire, ainsi que la
possibilité à contrôler des fonctions physiologiques habituellement
involontaires », c’est cet état d’hyper-concentration qui produirait
un « lâcher-prise » physique et mental, qui rendrait alors possible
l’accès aux ressources du patient en permettant à l’esprit d’agir sur
le corps.
L’hypnose peut également, comme le propose Roustang (1994),
s’envisager comme un état de veille paradoxale, ainsi que comme
un déclencheur d’imagination. C ’est-à-dire :

« [...] un état de veille intense, à l’instar du sommeil profond à partir duquel


nous rêvons. De même que ce sommeil profond conditionne l’éclosion
du pouvoir de rêver, cette veille intense nous fait accéder au pouvoir de
configurer le monde. [...] En hypnose, le sujet ne dort ni ne veille. 11 s’éveille
à une réalité autre, à première vue indéfinie mais “personnelle” . [...] Il se
“dissocie” progressivement de ses perceptions sensorielles, mais également de
ses croyances et de ses peurs. Il est alors libre d’entrer en relation avec tout son
corps, et pas seulement avec l’organe qui souffre, ou de partir ailleurs pour se
protéger d ’une douleur à venir. »

dites « passes mesmériennes », sur tout le corps. Le magnétisme animal est aussi pour
Mesmer une théorie unitaire permettant de décrire l’intrication de l’homme et de
l’univers.
Pour Godin (1992) enfin, c’est une relation « un mode de fonc­
tionnement psychologique dans lequel un sujet, grâce à l’interven­
tion d’une autre personne, parvient à faire abstraction de la réalité
environnante, tout en restant en relation avec l’accompagnateur ».
Postel (1993), quant à lui, propose de définir l’hypnose comme :

« [...] u n é ta t m o d i f i é d e c o n s c i e n c e t r a n s i t o i r e e t a r ti f i c i e l p r o v o q u é p a r
la s u g g e s t i o n d ’u n e a u t r e p e r s o n n e , d i te h y p n o t i s e u r , c a r a c té r is é p a r u n e
s u s c e p t ib i l it é a c c r u e à l ’i n f l u e n c e d e c e d e r n i e r e t u n a m o i n d r i s s e m e n t d e
la r é c e p t i v i t é a u x a u tr e s i n f lu e n c e s . »

Une telle définition se distingue de celle proposée par Erickson


(1980) qui définit l’hypnose comme :

« [...] u n é ta t d e c o n c e n t r a t i o n m e n t a l e , d u r a n t l e q u e l les f a c u lté s d ’e s p r i t d u


p a t i e n t s o n t t e l l e m e n t a c c a p a r é e s p a r u n e s e u le i d é e q u e , p o u r le m o m e n t ,
il d e v i e n t i n d i f f é r e n t à t o u t e a u t r e c o n s i d é r a t i o n o u i n f l u e n c e » (c ité d a n s
M a la re w ic z e t G o d in , 1 9 8 6 ).

Le terme d’hypnose recouvre trois aspects :


• l’état hypnotique (ou transe) dans lequel est plongé le sujet
hypnotisé ;
• la technique utilisée par l’hypnotiseur ;
• le type d’interaction particulière qui s’établit entre un psychothé­
rapeute et un sujet hypnotisé.
La transe hypnotique peut se définir comme un état de conscience
modifié et, contrairement à une idée courante, il s’agit bien d’un
état de veille et non de sommeil.
On peut considérer que l’état d’hypnose le plus léger est un état
naturel, spontané, de la conscience en éveil, qui arrive souvent et
sans sollicitation, au cours de la journée. Différent du sommeil, c’est
un état qui débute comme une rêverie ou qui survient lorsqu’on ne
prête plus attention à l’environnement et que l’on « rêve ». Cette
hypnose naturelle, spontanée, se traduit par un effet de distraction
ou d’absorption plus ou moins approfondi. On peut considérer qu’il
existe un continuum entre ces états particulièrement légers et une
hypnose plus profonde. Les manifestations spécifiques à l’hypnose
apparaissent plus ou moins fortement selon la personnalité du sujet,
le mode d’induction de l’hypnose et la « profondeur » de la transe.
On peut, dans le domaine de l’hypnose, identifier deux grands
courants qui se distinguent non seulement quant aux hypothèses
qui les sous-tendent, mais aussi dans leur usage thérapeutique.
Weitzenhoffer (1989) fait la distinction entre d’une part l’hypnose
traditionnelle, qui s’est développée à la suite de Bernheim, et qui
assimile en grande partie l’hypnose à la suggestion (les hypno­
tiseurs de music-hall sont proches de cette pratique) et d’autre
part l’hypnose non traditionnelle, inspirée à la fois par le courant
cognitivo-comportemental (Barber, 1969 ; Thioly, 2007) et par
l’apport considérable d’Erickson (Erickson, 1980 ; Erickson et Rossi,
1979, 1981). On peut dire néanmoins que la grande majorité des
praticiens se situent à un niveau « semi-traditionnel », utilisant les
apports des deux orientations de l’hypnose pour fonder leur pratique
thérapeutique.
Une autre façon de définir l’hypnose pourrait être de préciser ce
qu’elle n’est pas. En effet, l’hypnose n’est ni magique ni attribuable à
un don du thérapeute, même si les hypnotiseurs de foire exploitent
la catalepsie à son maximum en la rendant la plus spectaculaire
possible ; l’hypnose est une technique qui s’apprend et qui permet
de soulager la souffrance des patients et de modifier leur vécu par
rapport à la maladie par exemple.
L’hypnose ne peut être réduite à de la relaxation. Hypnose et
relaxation diffèrent dans leur aspect théorique. Des similitudes
apparaissent cependant dans leur pratique. En effet, des suggestions
de relaxation (visant une décontraction musculaire et une détente
de l’esprit) peuvent être utilisées en hypnose pour induire un état
de transe ou pour répondre à des objectifs thérapeutiques. L’état
hypnotique n’est cependant pas obligatoirement obtenu après une
phase de relaxation et la perception des sensations corporelles n’est
pas systématiquement envisagée pendant la transe. L’hypnose n’est
pas un état de sommeil. En effet, les sujets en état d’hypnose
présentent un électroencéphalogramme d’éveil, distinct de celui
obtenu à l’état de sommeil. On ne peut pas considérer non plus
que l’hypnose consiste en une prise de pouvoir du thérapeute sur le
patient. Au contraire, il s’agirait plutôt d’une capacité de ce dernier
à potentialiser les ressources personnelles du patient. L’hypnose
n’a rien en commun non plus avec la psychanalyse dont le levier
essentiel reste la recherche du refoulé. Pour reprendre Roustang
(1994),

« [...] l ’h y p n o s e n e se f o n d e p a s c o m m e la p s y c h a n a ly s e , s u r l ’é tu d e d e s n é v ro s e s ,
e lle n e p r e n d a p p u i s u r a u c u n e p s y c h o p a t h o l o g i e [...], e lle n ’é p r o u v e n u l le
n é c e s s ité d e fa ire a p p e l a u p a ssé . T o u s les m o y e n s q u ’e lle u tilis e t e n d e n t à fa ire
s u r g i r d a n s le p r é s e n t d e s p o t e n t i a l i t é s j u s q u ’a lo rs i n s o u p ç o n n é e s [...] »

Sa question n’est pas « pourquoi en est-il ainsi ? » mais « comment


épouser et modifier les mouvements et orientations ? ». On peut
donc dire que si le travail de la psychanalyse, cherche en premier
lieu à éclairer l’origine des problèmes, celui de l’hypnose est de
chercher des solutions dans les ressources propres du sujet.
Les processus que mobilise l’hypnose sont à la fois très spécifiques
et très variés et ont inspiré ou influencé de nombreuses autres
approches psychothérapeutiques. De ce point de vue il faut bien
reconnaître à l’hypnose et à ses pères d’avoir été et d’être prolifiques
et imaginatifs.

MÉCANISMES ET PROCESSUS DE EHYPNOSE

Erickson a appliqué l’hypnose aux maladies physiques et à l’ac­


compagnement aux mourants. Son postulat de base était que
chaque personne dispose, en elle, de capacités ou de ressources
qui lui permettent d’apprendre, de réapprendre ou d’adapter ses
comportements ou ses conduites en fonction de la réalité qui
est la sienne. C ’est la raison pour laquelle on peut considérer
l’hypnose comme une psychothérapie adaptative. Pour Erickson
(1980), l’inconscient est considéré comme une part du psychisme
qui devient accessible pendant l’état hypnotique. Il a toujours une
valeur positive en ce sens que contrairement à la psychanalyse,
ce n’est pas un espace de conflit, mais au contraire, un espace
de ressource, sans pour autant nier les aspects perturbateurs qui
peuvent exister dans le fonctionnement mental. C ’est le lieu de
toutes les solutions à tous les problèmes que rencontrent les patients.
Il suffit de l’activer, de le laisser s’exprimer, non pas pour découvrir
une vérité refoulée, mais plutôt une réponse aux difficultés et aux
problèmes. Erickson fait partager à ses patients l’idée qu’ils possèdent
à leur insu un réservoir de ressources qu’il s’agira « simplement » de
savoir cultiver pour avoir accès à d’autres ressources.
Le principe central de l’hypnothérapie consiste à amplifier certains
mécanismes psychobiologiques propres à l’état de transe, en sollici­
tant à la fois les registres conscients et inconscients du fonctionne­
ment mental. Loin d’être un état passif, la transe hypnotique permet,
par l’imagination, d’anticiper et de transformer les comportements
et les agissements négatifs. Elle favorise une recherche individuelle
de solutions en un dialogue actif du sujet avec lui-même, dans une
sorte d’élaboration du but à atteindre.
Il existe pour Erickson (Erickson et Rossi, 1979) une logique de
la transe, qui s’organise globalement en cinq étapes :
1. fixation de l’attention ;
2. dépotentialisation de la conscience et du système de croyance
(le patient décroche son intérêt de ce qui l’entoure, ainsi que
de son cadre de référence). Pour ce faire, le thérapeute pourra
utiliser différents procédés (confusion, surprise, saturation du
psychisme...) ;
3. mise en route d’une recherche inconsciente (par simple demande
directe ou de façon indirecte par des moyens spécifiques de
communication qui sont en fait des allusions) ;
4. activation de processus inconscient qui, par définition, nous sont
inconnus ;
5. réponse hypnotique (catalepsie, régression en âge, hallucinations
et modifications sensorielles, distorsion du temps), où le sujet
peut aussi répondre à des questions par des signes de tête ou d’un
doigt sans avoir conscience de le faire volontairement, de sorte
que l’on peut parler de « dialogue subliminaire » (Godin, 1987).
Dans ce processus, le thérapeute explore avec le sujet des pos­
sibilités et des ressources qui vont se trouver actualisées. Erickson
utilise le mot « dissociation » dans une acception restreinte, c’est-à-
dire que le sujet pendant l’hypnose va mettre certaines fonctions
psychologiques entre parenthèses, ce qui n’est pas le cas à l’état
habituel. Cette mise entre parenthèses se fera au profit d’autres
fonctions psychiques ou d’un certain travail psychologique. La
fonction critique n’est jamais totalement abandonnée.
LES TECHNIQUES HYPNOTIQUES

En hypnose, les techniques sont nombreuses et utilisent comme


support les voies ou les canaux sensoriels des patients. Il est donc
important de connaître le canal préférentiel du sujet ; autrement
dit, le canal à travers lequel il priorise son rapport au monde
et donc sa perception. La pratique clinique nous montre que
certains sujets sont plus visuels qu’auditifs et que d’autres encore
sont plus kinesthésiques qu’auditifs. C ’est ce que l’on appelle
l’échelle VAKOG du diagnostic sensoriel (V = visuel, A = auditif,
K = kinesthésique ou cénesthésique, O = olfactif, G = gustatif).
r
E ncadré 5.1
V alences sensorielles.
Notre relation avec le monde extérieur passe nécessairement par
au moins l’un de nos cinq sens. Au fil du temps chacun d’entre
nous favorise un ou deux des cinq sens. Nous avons tous un mode
de communication spécifique et notre expression reflète cet état
de fait. Bandler et Gringer (1982) montrent que l’observation de
certains mouvements instinctifs des yeux comme ceux présentés dans la
figure 5.1 serait une bonne indication pour le repérage de ces valences
sensorielles.V

Figure 5 . 1. Valences sensorielles selon les mouvements des yeu x.

V______________________________________________________________________________________________________

Le kinesthésique (K) fait référence au toucher mais aussi à tout


le ressenti que l’on peut avoir par le corps. Dans ce sens l’olfaction
et le goût sont souvent abordés comme du kinesthésique même si
les vocabulaires spécifiques peuvent être très différents (ce sont nos
sens qui nous mettent en relation avec notre environnement). Le
vocabulaire privilégié alors fait référence à ces domaines : « Garder
les pieds sur terre... », «Je me prends la tête... » ou : « Cet exemple
est frappant ! » et encore « C ’est tout bon !» ou : « Il n’est pas en
odeur de sainteté. » Est qualifié de « visuel » (Vc : visuel construit et
Vr : visuel remémoré) quelqu’un qui privilégie la vue pour organiser
son expérience et communiquer. Il retrouve ses souvenirs par
l’impression visuelle qu’il en a et il s’exprime avec un vocabulaire
lié à la vision (par exemple : «J’imagine que... » ou encore «Je
vois bien que... » et enfin « c’est clair »). La position des yeux au
milieu, immobiles, dans le vague indique également une préférence
visuelle. Quelqu’un d’« auditif» (Ac : auditif construit, Ar : Auditif
remémoré et Ai : auditif interne (dialogue intérieur)) privilégiera les
perceptions auditives pour organiser et accéder à son expérience. Il
emploie un vocabulaire de registre auditif (par exemple : «J’entends
bien... » ou encore « Ce que vous me dites fait écho à... »).

Dire qu’il existe un canal dominant, ne doit en rien conduire à


une exclusion des autres.
A cet égard, il est important de noter que le choix du canal n’a
pas toujours été fait en fonction du patient et l’histoire de l’hypnose
indique assez clairement que les voies préférentielles d’inductions
étaient souvent le fait des tenants de la discipline avec Mesmer
qui privilégiait le toucher, Faria l’injonction au sommeil ou encore
Braid la fixation du regard (Godin, 1992).
On peut considérer les techniques d’induction d’une part et la
suggestion de l’autre comme les principales techniques hypnotiques.

L ’in d u c tio n h y p n o tiq u e

L’induction constitue la phase d’entrée dans le processus hypnotique,


c’est ce qui doit permettre d’atteindre un état de conscience modifié
et donc l’accès à l’inconscient. Lors d’une séance d’hypnose, on
place le patient dans un isolement sensoriel maximum (bruits
ambiants, luminosité...), confortablement installé (fauteuil de relaxa­
tion par exemple), puis on commence l’induction proprement dite.
Il s’agit de façons de communiquer qui provoquent et entretiennent
l’état hypnotique chez le patient.
Les méthodes d’induction sont nombreuses et vont donc utiliser
une ou plusieurs voies sensorielles. Au temps de l’hypnose classique
(Braid ou Bernheim), l’induction se voulait directe et impérative
(par exemple : « Fixez mon regard ! »). L’hypnose éricksonienne,
plus technique, se sert principalement des inductions de types
formelles, notamment de la confusion (mélangeant les perceptions
conscientes en vue d’ouvrir une voie d’accès à l’inconscient). À
l’inverse de ces inductions formelles, on repère les inductions
conversationnelles, plus discrètes, voir totalement invisibles pour le
novice. Opérer une induction consiste donc à faciliter la survenue
d’un état modifié de conscience en influençant la vigilance du sujet.
Par exemple, dans l’induction visuelle, on demande au sujet de fixer
du regard un point quelconque, situé au-dessus de la ligne d’ho­
rizon des yeux (consigne de focalisation). En outre, cette fixation
assure — chose essentielle en toute induction — la monotonie du
stimulus (l’objet est inerte ou bien se déplace de façon rythmique).
Toute perception sensorielle étant fondée sur des variations du
stimulus, il s’ensuit que la monotonie du stimulus joue un rôle
capital dans la modification de l’état de vigilance. Du fait de cette
stimulation constante et monotone, il se produit un phénomène
d’adaptation sensorielle, qui progressivement, va conduire à une
baisse de l’attention au monde environnant et va ouvrir en quelque
sorte le « paysage intérieur » du sujet. Une induction consiste à
déconnecter progressivement le sujet de ses relations avec le monde
extérieur. Ceci a pour effet de diminuer (en apparence) son état
de vigilance et de provoquer cet état qui ressemble au sommeil
(la transe), mais qui conserve un circuit sensori-moteur ouvert sur
l’extérieur uniquement par la voie de stimulations maniées par
l’hypnotiseur. On obtient ainsi un « état modifié de conscience ».
Toutefois, la réponse à une induction standard n’est pas univoque et
dépend de nombreux paramètres, comme la personnalité du patient
(pathologie, capacité d’insight...), la représentation consciente et
inconsciente qu’ont le thérapeute et le patient de l’hypnose, le
degré d’attente du patient, l’attente inconsciente du thérapeute;
l’effet Rosenthal ou phénomène de « prédiction autoréalisante » qui
peut conduire un patient à se conformer à l’attente du thérapeute,
attente qui peut le conduire dans une forme d’hypnose, enfin les
circonstances et l’environnement (le cadre) dans lesquels a lieu
l’hypnose.
Les procédures d’induction sont très variables. Les inductions clas­
siques se fondent sur la fixation d’un objet (pendule par exemple),
alors que dans les approches semi-traditionnelles ou non tradition­
nelles, l’induction est initiée à partir d’une relaxation, associée ou
non à la mobilisation d’images mentales. On trouvera ainsi plusieurs
types d’induction.

L ’in d u ctio n p a r le toucher

Elle est peu usitée et à vrai dire sans véritable usage clinique, consiste
à frôler le corps du patient, en général de haut en bas, en position
debout. La catalepsie est alors induite par des suggestions de rigidité
musculaire et, le sujet est ensuite placé en position allongée. La
procédure est ensuite complétée par le toucher du front et le
frôlement du visage, qui contribuent à provoquer la fermeture des
paupières. Plusieurs suggestions de lourdeur et de pesanteur peuvent
également compléter ces manipulations.

L ’in d u ctio n visu elle

Elle utilise toutes sortes de supports (fixation du regard sur un objet,


sur le doigt de l’opérateur). Cela aboutit à créer un « rétrécissement »
du champ de vigilance sur l’objet fixé. Il s’ensuit une dissociation,
une partie de la conscience du sujet est rivée sur l’objet fixé tandis
qu’une autre partie est accessible à des suggestions diverses, sommeil,
détente par exemple, selon le projet thérapeutique.

E xem ple d ’induction visuelle


« C o m m e n c e z par vous installer le plus co n fo rtab lem en t possible, en
p re n a n t le tem ps et le soin de tro u v e r la p o sitio n qui vous co n v ien t
le m ieu x ... B ien, m aintenant, choisissez u n p o in t devant vous au-delà de
la ligne d ’h o riz o n de vos y eu x ... D ite s-m o i qu an d vous y êtes ? Je vous
dem ande m ain ten an t de fixer ce p o in t to u t sim plem ent... tranquillem ent
et d ’atten d re u n p eu. P e u t-ê tre allez-vous vous ren d re co m p te que ce
p o in t se m odifie quelque peu, q u ’il devient plus flou ou plus net d ’ailleurs,
qu e sa te x tu re se m odifie, que son intensité lum ineuse change, q u ’il se
déd o u b le... P e u t-ê tre sentez-v o u s des p ico tem en ts dans vos yeux, voire
m ê m e des larm es dans vos y eu x ... C ’est çà, c ’est bien... O bservez en
m êm e tem ps c o m m e n t à chaque expiratio n , vous po u v ez sentir vos bras
et to u t votre corps qui s’en gourdit u n peu et devient p eu t-être m êm e plus
lourd et plus détendu... Laissez faire votre corps et restez concentré sur ce
p o in t que vous avez choisi... P e u t-ê tre que ce p o in t se m odifie encore,
de plus en plus, q u e vos y e u x p ic o te n t de plus en plus et que vos bras et
votre corps dev ien n en t de plus en plus lourds, engourdis et confortables...
C ’est u n e sorte de fatigue qui s’em pare de v o tre corps, mais une fatigue
inhabituelle et p lu tô t agréable... T o u t en sentant ces picotem ents dans vos
yeux, il se p e u t q u e vos paupières d e v ie n n e n t plus lourdes et q u ’elles se
m e tte n t à cligner... b ien c ’est ça... P e u t-ê tre avez-vous envie de ferm er
vos yeux, si ce n ’est pas le cas ce n ’est pas im p o rtan t... N e décidez rien...
Laissez faire v o tre corps, il sait ce q u ’il lui faut, il sait ce q u ’il vous faut
en ce m o m e n t... c’est ça... Soyez a tte n tif à v o tre respiration, à ce q u ’elle
p ro v o q u e à chaque fois q u e vous rejetez de l’air... p en d an t que vos yeux
co n tin u e n t à fixer ce p o in t... vos muscles se d éten d en t encore p eu t-être...
en to u t cas laissez-les faire... c’est ça et p e u t-ê tre que vous ressentez de
nouvelles choses dans v o tre corps... p e u t-ê tre q ue v o tre corps a envie de
bou g er un peu ou p e u t-ê tre a-t-il envie de se laisser aller encore un peu de
devenir plus lourd, plus engourdi... laissez-le faire... oui c ’est ça... Vos yeux
sont m ain te n a n t ferm és... p rofitez de ce m o m e n t... sentez v o tre corps...
soyez a tte n tif à ce que vous ressentez... O bservez co m m en t les parties de
votre corps p e u v e n t vous d o n n e r l’im pression d ’être plus lourdes ou plus
légères, p e u t-ê tre de m odifier leur volum e et leur form e. Soyez atte n tif à
ces changem ents et si vos y eux so u h aiten t s’ouvrir, laisser-les faire !

L’induction par l’attention et l’imagination.


Elle consiste à « emmener » et « accompagner » la personne dans un
univers virtuel qui fait sens pour elle. Ce peut être un lieu favori de
son enfance (ce qui aide à la régression) ou toute autre construction
fantasmatique reposant sur la réalisation de désirs, lieux de loisirs, de
plaisirs, de vacances... Le sujet se projette dans un univers artificiel
qu’il partage avec le thérapeute et auquel il peut accorder une valeur
de quasi-réalité... ce qui provoque et accentue l’effet de régression
et de dissociation. Après quelques minutes, le sujet est entièrement
absorbé dans son rêve toutefois « lucide ». Il devient alors possible
de mettre en œuvre des métaphores invitant au changement.
( E ncad ré 5.2
’N

La tech n iq u e de la safe place


C ’est u n e tech n iq u e q u e l’o n retro u v e sous des nom s différents (lieu
sûr, ja rd in m agique) dans bien des approches (sophrologie, E M D R ...).
La safe place désigne en fait u n « lieu » o u u n e « scène » réels ou
im aginaires qui a p o u r fonction de créer ou de renforcer u n sentim ent
perso n n el de sécurité. C e tte ap p ro ch e p e rm et égalem ent de faire
appel à certains personnages de l’enfance (héros de bande dessinée, de
rom an , de ciném a) o u de l’im aginaire co llectif susceptibles par leur
évocation de p ro c u re r tranquillité et réco n fo rt chez le patient. Il est
d ’usage en hypnose o u dans les autres approches de faire appel à la
us- safe place soit lorsque le p atien t est co n fro n té à un m o m e n t difficile
o u ép ro u v an t de sa thérapie gén éralem en t accom pagné d ’abréactions
intenses, soit lors de confrontations effectives à des situations stressantes
et traum atisantes. O n p e u t utiliser l’év o cation de la safe place co m m e
tech n iq u e d ’in d u ctio n . L orsque le p ro to co le est mis en œ uvre et que
la safe place ém erge dans l’univers psychique du patient, le thérapeute
lui dem andera de décrire ses caractéristiques le plus fidèlem ent possible.
Le p atien t p o u rra s’y voir, s’y sentir, et accédera à u n état que l’on
p e u t qualifier de dissociation h y p n o tiq u e. D es exem ples de safe place
p e u v e n t être des scènes extérieures (un souvenir vécu au b o rd d ’une
rivière, u n c o u c h e r de soleil...), des m o m en ts du q u o tid ien passés
o u présents (la cuisine d ’u n e g ra n d -m è re avec les odeurs du repas
qui se p rép aren t, les caresses d ’u n e m ère, être sur les g en o u x d ’u n
père, les histoires racontées avant d ’aller se co u ch er lorsque l’on était
petit, reg ard er son enfant d o rm ir...), des personnages im aginaires ou
de fiction (la fée clochette...).

Exemple de consigne d ’induction de la safe place


« V ous vous laissez im p rég n er par le calm e am biant de ce cabinet, et
progressivem ent, ce calme va diffuser en vous et détendre votre corps
au ry th m e de v o tre respiration... A u fur et à m esure que v o tre corps
se d éten d , il se fait de plus en plus lo u rd ... Le calm e et la d éten te
v o n t vous a m en er au b ie n -ê tre : b ien dans v o tre corps, et bien dans
v o tre tête et v o tre esprit... V otre corps et v o tre esprit sont co m m e
en h arm o n ie... respirer le n te m e n t et ré g u lièrem en t et au fur et à
m esure que votre corps se d éten d et se fait de plus en plus lourd, il va
c o m m e n c e r à s’e n g o u rd ir agréablem ent et au fur et à m esure vous le
sentirez de m oins en m oins. Vous sentirez à la place du b ien -être, du
calm e... de plus en plus de calme et de détente. R espirez lentem ent et
de façon régulière. T o u t est tranquille et paisible dans v o tre corps et
dans v o tre esprit et rien de désagréable ne p e u t v e n ir p e rtu rb e r cette
sensation. V ous êtes b ien. A chaq u e respiration, v o tre corps et v o tre
esprit se libèrent u n peu plus de to u t le poids négatif du présent et du
passé. C e poids disparaît com m e p e u t disparaître une brum e épaisse et
laisse place à u n état de b ien -être de plus en plus profond et agréable...
Plus rien n e c o m p te m a in te n a n t q u e ce calm e et cette sensation de
b ien -être... C alm e... de plus en plus calme, et progressivem ent laissez
vous glisser vers u n état de plus en plus pro che de celui du som m eil et
du rêve. »
V____________________________________________________ J

L’induction conversationnelle a été développée et systématisée


par Erickson. Ces inductions visent à engendrer une confusion
par un effet du discours. Il s’ensuit une perte relative des repères
logiques, qui est alors utilisée pour placer des suggestions, directes ou
indirectes, construire des métaphores propices à une modification
des perceptions que le patient a de sa situation. On trouve différentes
formes d’induction conversationnelle qui font référence à une
expérience hypnotique antérieure (évocation d’une expérience déjà
éprouvée de l’état hypnotique afin de réactiver cet état), à une
progression de l’extérieur vers l’intérieur (le thérapeute stimule
l’attention actuelle du patient vers l’environnement immédiat en le
conduisant peu à peu à orienter son attention vers ses perceptions
intérieures), à l’induction par les techniques de confusion (intensifi­
cation de la dissociation hypnotique en brouillant le système logique
habituel du patient).

Illustration d ’induction conversationnelle avec référence


à une expérience hypnotique antérieure
— Q u e faites-vous p o u r vous d éten d re lorsque vous avez du tem ps ?
— Je fais la sieste d evant la télévision.
— E t q u an d vous êtes en vacances p ar exem ple et q u ’il n ’y a pas de
télévision ?
— Alors je lis. Je lis beau co u p en vacances.
— E t que ressentez-vous lorsque vous lisez ?
— Je suis ailleurs, je suis absorbé, com m e cou p é du m o n d e en fait.
— B ien... recherchez dans votre m ém oire u n souvenir où vous avez ressenti
ce sen tim en t d ’absorption, et de co u p u re en lisant. En lisant une intrigue
captivante... qui vous a c o n d u it à o u b lier to u t le reste, to u t ce qui vous
e n to u re ... en étan t ju ste a tte n tif au fait q u ’à ce m o m en t-là vous êtes
d é te n d u et q u e vous vous sentez bien. V otre esprit est co m m e absorbé
en p lein e ébullitio n dans cette lecture si passionnante et v o tre corps lui
est d éten d u ... C o m m e en ce m o m e n t p e u t-ê tre, dans ce cabinet, dans ce
fauteuil, alors que votre respiration devient de plus en plus lente... T o u t en
étant absorbé par cette expérience que vous avez avec la lecture, vous avez
pu ici ressentir que vos y e u x se ferm aien t co m m e p o u r m ieu x ressentir
en co re le plaisir et les sensations positives de cette expérience.

L’induction motrice
Comme la lévitation du bras par exemple où il est demandé au sujet
d’imaginer que le vent soulève son bras ou que celui-ci est tiré vers
le haut par des ballons... L’opérateur maintient le bras puis le lâche
progressivement en formulant des suggestions de légèreté. Le bras
en lévitation signe la dissociation. Un travail thérapeutique peut
alors être entrepris.

A u tr e s in d u ctio n s

Elles utilisent la dynamique du souffle, inspirées du rebirth. L’hyper­


ventilation et les différentes techniques respiratoires permettent de
déconcentrer l’attention et de proposer de nombreuses formes de
travail psychocorporel.
Nombre d’études ont cherché, non seulement à décrire les diffé­
rentes méthodes d’inductions, mais aussi à comparer leurs efficacités.
En ce qui concerne la qualité des réponses sous hypnose Page et
Handley (1991), ne relèvent pas de différences fondamentales dans le
choix de la technique inductive. Les efforts pour distinguer cet état,
de l’état de veille et identifier certains secteurs d’activation cérébrale
particuliers ont entraîné de nombreuses recherches, offrant des
résultats contradictoires et qui restent à ce jour toujours controversés
(Rainville et al., 1999 ; Wagstaff, 2002).

L a s u g g e s tio n h y p n o tiq u e

La suggestion hypnotique est le deuxième type de technique hyp­


notique. Il s’agit dans les faits d’un message dont la finalité est d’in­
fluencer le patient, dans sa pensée, ses émotions, ses motivations, ses
comportements. « Une suggestion est une forme de communication
qui a pour effet de faire apparaître des comportements visibles ou
des réponses invisibles chez une personne ; ces comportements ou
réponses étant involontaires et souvent inconscients » (Salem, 2007).
Il s’agit tout d’abord d’utiliser des suggestions simples, faciles à suivre,
de préférence en s’adaptant au langage et au rythme du patient.
La suggestion peut se définir comme une communication dont la
finalité est de produire des effets involontaires en termes d’attente
d’actions observables ou/et non observables (Weitzenhoffer, 1989).
La production de ses réponses se fait sans que le sujet en soit
conscient et de ce fait la réponse évoquée doit être considérée
comme reflétant l’idée centrale contenue dans la communication
émise à l’endroit du patient, qui réalise de façon manifeste la
demande qui lui est adressée. Laurence et Perry (1981) décrivent
l’effet de la suggestion en termes d’automaticité perceptuelle,
comparable à un processus involontaire qui se déroule au fil de
la suggestion sans que le sujet ait conscience de faire quoi que ce
soit pour qu’il s’opère. Pour Weitzenhoffer (2000), la suggestion
doit être différenciée des formes de communication classiques, tels
que les ordres, les demandes, ou encore les instructions, qui se
situent toutes dans le cadre d’une réponse sociale, plutôt volontaire
et généralement consciente. Même s’ils contiennent des effets
suggérés, les comportements initiés ne peuvent être assimilés à des
automatismes.
On peut classer les suggestions en différentes catégories repérables
qui sont qualifiées de suggestions directes versus indirectes, cachées
versus ouvertes, métaphoriques ou encore posthypnotiques (Godin,
1992 ; Weitzenhoffer, 1989).
La suggestion directe reste la forme de base, elle exprime assez
clairement les intentions du thérapeute par ses dimensions directives,
voire même autoritaires. Le thérapeute exprime directement au
patient ce qu’il souhaite obtenir de lui ou voir se produire. Cela
/
correspond à l’image d’Epinal de l’hypnotiseur: «Je compterai
jusqu’à 10 et à 10 vos yeux seront fermés », « Levez le bras gauche,
je le veux ! » ou encore : « Fermez les yeux ! » La suggestion post­
hypnotique est une modalité d’expression de la suggestion directe
comme de la suggestion indirecte d’ailleurs. Elle consiste durant la
transe à programmer ou à implémenter dans la tête du patient une
tâche à réaliser ou un comportement à manifester tout de suite après
la transe ou dans les jours à venir : « La prochaine fois que vous
prendrez l’autoroute, tout cela vous semblera risible ! » ou encore :
« En sortant de la transe tout à l’heure vous pourrez garder en vous
cette sensation de bien-être. »
En ce qui concerne la suggestion indirecte, cette dernière n’est
pas formulée explicitement et est censée échapper au contrôle
conscient du patient. La suggestion peut être présentée sous forme
de questions, d’alternatives, d’allusions ou de métaphores. Ces
techniques presque instinctives pour le thérapeute, n’ont pour
finalité que de faciliter l’entendement du message que l’on souhaite
faire passer au patient. Erickson par exemple racontait beaucoup
d’histoires parfois vraies, souvent inventées à ses patients. Il s’agissait
d’anecdotes qu’un de ses amis, un de ses patients ou lui-même
avait vécues. La manière de raconter l’histoire, de la dire, les mots
utilisés étaient bien sûr adaptés aux patients. Il insistait sur certaines
expressions ou les « ancrait » en les accompagnant d’une expression
faciale ou un geste particulier (ce qui nécessite parfois de la part du
thérapeute, de mobiliser un véritable jeu d’acteur !).
La suggestion indirecte peut également s’appuyer sur la métaphore
ou le dessin qui sont souvent plus efficaces qu’un long discours
explicatif. Le questionnement, souvent utilisé, est une forme de
langage utile pour faire préciser le message du patient aussi bien que
pour faire passer des suggestions.
Les méthodes non verbales appartiennent aussi à cette catégorie
des méthodes indirectes et concernent alors aussi bien les attitudes,
les gestes, que le ton de voix et les mimiques.
Il existe certains signes cliniques attestant la présence d’un état
d’hypnose comme la fixité du regard, l’immobilité, la flexibilité
cireuse (catalepsie d’un membre), le ralentissement psychomoteur,
l’absence d’initiative, la logique de transe (la personne hypnotisée est
capable de tolérer des incompatibilités logiques dans la perception,
la cognition, la physiologie et la sensation), anesthésies spontanées,
le rapport (les sujets présentent une attention sélective focalisée sur
la voix de l’opérateur et semblent insensibles à leur environnement),
l’amnésie spontanée. Ces signes cliniques sont couramment admis,
faciles à observer, et sont susceptibles de se présenter dans leur
ensemble ou partiellement et à des degrés divers. Ils apparaissent
spontanément à l’issue de l’induction sans avoir fait l’objet de sug­
gestions préalables, même s’ils peuvent être l’objet de suggestions.

INDICATIONS ET APPLICATION DE LHYPNOSE


EN PSYCHOLOGIE DE LA SANTÉ

L’hypnose ne devrait plus se trouver dans la tourmente quant à


sa pertinence thérapeutique. Il est stupéfiant d’entendre encore de
nos jours des thérapeutes, voire des universitaires dire qu’ils ne
croient pas à son efficacité. La problématique ne se pose pas en
termes de croyance, mais en termes de présence ou non de preuves
scientifiques. Grâce à l’imagerie cérébrale, on sait aujourd’hui que
l’hypnose induit une augmentation de l’activité métabolique dans
certaines régions du cerveau (lobe occipital, frontal, préfrontal et
gyrus cingulaire) et une baisse de l’activité dans d’autres (lobes
temporaux et pariétaux). On sait aussi que la relaxation induite par
l’hypnose (Halsband, 2006 ; Rainville et al., 2002) chez des sujets
sains peut être mise en lien avec une baisse de l’activité des neurones
cholinergiques, notamment ceux situés dans le tronc cérébral et qui,
on le sait, sont directement impliqués dans le processus d’éveil.
On note également une diminution de l’activité. Cette région du
gyrus cingulaire est connue pour son appartenance, entre autre, à
la matrice de la douleur, un ensemble de régions du cerveau dont
l’activité augmente lors d’une expérience douloureuse.
De façon plus spécifique Derbyshire et al. (2004) ont, par exemple,
utilisé une suggestion hypnotique d’hyperalgésie afin de contraster
les activités cérébrales évoquées par une douleur imaginée et celles
d’une douleur induite sous hypnose. Dans cette expérience une
sonde thermique était placée sur la paume de la main des sujets.
Ils étaient alors informés qu’un stimulus douloureux (sonde à 48,5
degrés Celsius) leur serait administré toutes les trente secondes.
Si tous les sujets recevaient cette information, dans les faits c’est
seulement la moitié des sujets qui était véritablement soumis aux
augmentations de température, alors que pour l’autre moitié des
sujets la sonde restait froide. Les résultats montrent pourtant que
tous les sujets ont d’une part ressenti la douleur et d’autre part ont
mobilisé des schémas d’activation neuronale, comme si la sonde était
chaude. Tout se passe comme si en modifiant l’expérience subjective
du patient, on était en mesure de modifier la physiologie du corps.
Un tel résultat va dans le sens des propos de Chertok (2006),
lorsqu’il affirme que l’on peut provoquer un changement corporel
au niveau cellulaire par des moyens purement psychologiques. Sous
hypnose, tout semble se passer comme si, lorsqu’un sujet pense à
un stimulus, il devient alors persuadé d’avoir perçu le stimulus réel.
Dans ce cas, l’image cérébrale ressemble à la perception réelle. Pour
le cerveau, c’est comme si le stimulus était effectivement là.
Les .indications de l’hypnose dans le domaine de la santé sont
nombreuses qu’il s’agisse de la médecine psychosomatique (asthme,
douleur chronique, céphalées, ulcères gastroduodénaux, certaines
affections dermatologiques), de la médecine interne (pathologies du
stress et de la douleur, certains troubles allergiques), de l’oncologie
(contrôle de la douleur, contrôle des effets secondaires des radio­
thérapies et chimiothérapies, accompagnement psychologique du
malade et soins palliatifs), de la rhumatologie (contrôle de la douleur,
travail sur le processus inflammatoire, diminution de la médication),
de la chirurgie (contrôle post-opératoire de la douleur, vitesse de
cicatrisation, facilité dans les soins, changement de pansement), les
soins en urgences (réduction de fracture, luxation, sutures, débride-
ment, endoscopie, bronchoscopie, colonoscopie, prélèvement...),
anesthésiologie (préparation préopératoire, anesthésie locale ou loco­
régionale), médecine dentaire (contrôle de la douleur, contrôle de la
peur des soins), la tolérance aux prothèses, la sexologie (impuissance,
vaginisme, frigidité, éjaculation précoce), gynéco-obstétrique (pré­
paration à l’accouchement), psychopathologie (dépression, phobies,
PTSD, toxicomanie, alcoolisme, tabagisme et cessation de dépen­
dance, trouble du sommeil, trouble du comportement alimentaire,
trouble de la mémoire et de la concentration, complément à une
psychothérapie, troubles névrotiques d’angoisses).
La technique hypnotique se révèle être un complément pertinent
à n’importe quelle autre approche, de la même manière qu’elle
peut être utilisée en tant que thérapie exclusive. Mais on évitera
de la pratiquer chez les patients borderlines, chez qui l’expérience
de dissociation reste la plupart du temps source d’angoisse et peut
être mal vécue (réaction impulsive possible). Proche de ce registre,
les sujets dissociés (au sens large « schizophrènes ») ne sont pas des
candidats à la pratique de l’hypnose. C ’est avant tout l’angoisse
propre au psychotique, plus que la maladie en elle-même, qui
est source de contre-indication (angoisse de morcellement, de
néantisation, pouvant être revécues durant la séance). Dans tous
les cas plus que dans les autres approches psychothérapeutiques il
est important de ne pas rechercher des souvenirs qui n’ont jamais
existé, comme un inceste ou un abus par exemple. L’élaboration de
faux souvenirs — souvenirs d’événements n’ayant jamais existé
ou souvenirs correspondant à des modifications d’événements
antérieurs (Brédart et Van der Linden, 2004 ; Loftus et Ketcham,
1997 ; Schacter, 2003) que le sujet tient pour vrais — a fait beaucoup
de tort à l’hypnose.
Nous avons fait le choix de présenter brièvement certains
domaines d’intervention de l’hypnose parmi les plus documentés.
Ce choix n’est bien entendu pas exhaustif, mais il rend assez bien
compte de l’intérêt que peut constituer cette approche pour la
psychologie de la santé.

Hypnose et prise en charge de la douleur


En matière de prise en charge de la douleur aiguë, afin d’éviter
une trop grande concentration du patient sur la douleur, la stratégie
thérapeutique consiste à détourner son attention. On « dépotentia­
lise » la conscience, on crée un choc, un état de surprise, en faisant
par exemple des remarques sans rapport avec la situation : « Où
avez-vous passé vos vacances de Noël ? Préférez-vous la cuisine
italienne ou chinoise ? » On sature la conscience avec une histoire
longue, compliquée et souvent sans intérêt. On peut également
évoquer le souvenir d’une anesthésie déjà ressentie dans le passé.
Il convient également de pratiquer des substitutions de sensations,
en évoquant l’idée de fraîcheur chez les patients qui souffrent de
brûlures, saupoudrer la conversation de suggestions de confort, créer
une relaxation, ou une dissociation, le corps restant ici et l’esprit
s’évadant vers des lieux de bien-être, de vacances, de délassement,
comme dans un rêve éveillé vivace (par exemple : safe place). Il
est également possible de créer par suggestion d’engourdissement
des formes d’analgésie ou anesthésie. Dans tous les cas de figure
la règle est d’être en mesure d’adapter les techniques de l’hypnose
| à la situation du patient, ce qui nécessite de la part du thérapeute
?§ compétence et imagination, afin de permettre au patient d’explorer
f'® ses potentialités corporelles.

Exem ple d ’auto-hypnose pou r les migraines (C elestin-Lhopiteau, 2007)


« C h a q u e fois que vous ressentirez ces petits signes d ’alerte que vous
connaissez bien... ces picotem ents dans les yeux... spontaném ent, profondé­
m ent... vous pourrez retro u v er cette harm onie intérieure... cet apaisem ent
que vous vivez en ce m o m en t... cet équilibre naturel que vous avec vécu
à diverses reprises... c o m m e lorsque vous vous p ro m en ez à la cam pagne
avec votre chien... vous pourrez... confortablem ent retrouver cet équilibre
de tous vos m uscles... y com pris ces petits m uscles intérieurs que l’on ne
co m m an d e pas d irectem en t... mais qui réagissent à nos ém otions... ces
petits muscles qui règlent le fo n c tio n n e m e n t de n o m b reu x organes... qui
se tro u v e n t dans les petits vaisseaux sanguins, n o ta m m e n t les vaisseaux
sanguins de la tête... co m m e de petites bagues, ils fo n t varier le débit
sanguin... s’ils se relâchent, le débit augm ente... s’ils se contractent le débit
dim inue... cette détente pourra s’installer en vous et perm ettra à ces petits
m uscles de tro u v e r ju ste le b o n niveau, n aturel, qui corresp o n d à vos
besoins... qui vous p e rm e ttro n t de vous sentir confortable... ; M ais aussi,
à chaque fois q u e vous ressentirez ces p ico tem ents, vous p o u rrez vous
rappeler... consciem m ent que vous êtes capable de retrouver... volontaire­
m en t... u n fo n ctio n n em en t naturel, équilibré, confortable y com pris dans
tous vos muscles... y com pris dans les petits muscles des vaisseaux sanguins
de la tête... vous savez co m m en t retrouver rapidem ent, efficacem ent cette
h arm o n ie... en revivant m êm e u n e fraction de secondes... cette ballade à
la cam pagne, avec v o tre chien. »

( \
E ncad ré 5.3
A u m ilieu de nulle p a rt
Il s’agit là d ’u n e stratégie in d irecte de dissociation que l’o n d o it à
Erickson lu i-m êm e et d o n t l’o b je c tif est d ’am en er un p atien t vers un
lieu appelé « le m ilieu de nulle p art ». C ela consiste à faire dissocier
le p atien t, en le situant « ici » et « nulle p art » en m êm e tem ps et
ainsi de lui p e rm e ttre d ’e x p é rim e n te r au tre chose que ce q u ’il vit
habituellem ent, en se libérant ou en se débarrassant des contraintes, des
lourdeurs ou des difficultés qui font son quotidien (exemple : douleurs
physiques, sym ptôm es psychologiques...). La finalité de cet exercice
est de d o n n e r la possibilité au p atien t d ’accéder à son inconscient qui
chez E rickson, rappelons-le, est u n espace de ressources.
« Ferm ez les y eu x ... et je vous d em an d e de vous laisser aller, de
laisser aller u n e partie de v o u s-m ê m e ailleurs que dans ce fauteuil
o ù vous êtes assis... que quelq u e chose de vous... de v o tre esprit s’en
aille, dérive ag réablem ent... sans fo rcém en t savoir où vous allez... en
planant... co m m e au-dessus de nulle part... sans en d ro it précis où
aller... ju ste m a v o ix est là... ju ste m a v o ix résonne enco re un peu...
et vos pensées... et le plaisir d ’être ailleurs... sans être p o u r autant
q u elq u e part... c ’est agréable d ’être nulle part, n ’est-ce pas... ? c’est
inhabituel... vous devez tellem ent souvent être quelque part... mais pas
m ain ten an t... là vous êtes ailleurs sans savoir où exactem ent... prenez
d u plaisir, g o û tez le plaisir d ’être au m ilieu de nulle part... de la où
vous êtes regardez votre situation actuelle... Laissez venir les idées, les
pensées q u e vous suggèrent de là où vous êtes v o tre situation, v o tre
état... Laissez v e n ir d ’autres idées différentes p e u t-ê tre que celle que
vous avez hab itu ellem en t... des idées qui p e u t-ê tre sont de nouvelles
aides, de nouvelles m anières de v o ir les choses que ju sq u e-là vous
n ’aviez pas envisagées... auquelles vous n ’aviez pas pensé. >>
Miller et al. (1991) ont comparé deux inductions hypnotiques
avec ou sans relaxation et avec ou sans suggestion d’analgésie à
la douleur expérimentale. Les résultats obtenus indiquent que la
relaxation n ’est pas nécessaire pour obtenir l’analgésie hypnotique
et que l’hypnose est plus efficace si elle comprend des suggestions
d’analgésie. Edelson et Fitzpatrick (1989) ont comparé hypnose,
thérapie cognitivo-comportementale et groupe contrôle dans une
étude dont la finalité était de réduire la douleur chronique. Les
auteurs concluent que les groupes ayant bénéficié d’une prise en
charge cognitivo-comportementale et hypnotique présentent une
réduction significativement supérieure de la douleur perçue à ceux
du groupe contrôle. En revanche aucune différence n’est relevée
entre les deux groupes thérapeutiques. L’analyse du protocole a
montré que pour ces deux groupes la stratégie employée était
dans les faits quasiment identiques. Le procédé d’instruction com­
portementale pouvant être assimilé à une suggestion hypnotique
directe. D ’ailleurs, lorsque dans la littérature, on tente de comparer
l’hypnose et les différents types de relaxation, les résultats obtenus
montrent soit que l’hypnose se montre plus efficace, comme c’est
le cas dans l’étude randomisée de Faymonville et al. (1997), soit les
deux méthodes thérapeutiques obtiennent des résultats comparables.
La pratique de l’hypnose dans le domaine dentaire est des plus
prolifiques. La plupart du temps il s’agit de réduire soit la douleur
aiguë de la chirurgie, soit le stress, soit encore la fameuse « peur
du dentiste ». Stam et al. (1984) ont par exemple mené une étude
contrôlée sur la prise en charge de la douleur consécutive à des
dysfonctionnements temporomandibulaires. Pour ce faire ils ont
comparé trois groupes (hypnose et relaxation avec enseignement
de stratégies de coping pour les deux premiers groupes et un groupe
contrôle). Il s’agissait ici encore de mettre en évidence les effets
spécifiques de l’hypnose, ce qui a été partiellement validé car les
deux groupes thérapeutiques ont montré une efficacité similaire
(mais bien entendu supérieure à celle du groupe contrôle) dans la
prise en charge de la douleur, ainsi que dans l’amélioration de la
mobilité des maxillaires.
Crawford et al. (1998) ont utilisé l’hypnose pour apprendre
à quinze lombalgiques chroniques à calmer une douleur aiguë
expérimentale (pression au froid). L’analgésie sous hypnose a permis
de diminuer la sensation douloureuse et l’anxiété. Puis les auteurs
ont proposé aux patients de transférer cet apprentissage à leur
propre douleur chronique lombaire. Il a été observé une réduction
de la douleur, une amélioration de l’humeur et de la qualité du
sommeil. De tels résultats, suggèrent d’utiliser ces techniques à
titre préventif, afin d’éviter le passage à la chronicité. Chez des
patients souffrants de fibromyalgie sévère, Haanen et al. (1991) ont
montré que l’hypnose se révélait plus efficace que la kinésithérapie
en permettant un meilleur contrôle de la douleur, une plus grande
réduction de la fatigue au réveil et une amélioration du sommeil.
Le score myalgique restait inchangé, comme si l’hypnose permettait
de reconsidérer la douleur, non pas en termes d’intensité mais de
« supportabilité ». De plus, l’hypnose a permis de réduire la prise
de paracétamol chez 80 % des sujets, alors qu’elle ne concerne que
35 % des patients dans le groupe de contrôle.

E ncad ré 5.4
H ypnose et d o u leu r du m e m b re fan tô m e

1987 1988 1989 1990


Août Juin Avril Mars

Premier stade Deuxième stade Troisième stade

8/10 5/10 4/10 2/10 1/10 0/10


Évaluation de la douleur sur échelle de 0 à 10

Figure 5.2. Représentation mentale du membre fantôme


et évaluation de la douleur.

Il n ’existe pas d ’études contrôlées sur la dou leu r des m em bres fantômes,
mais M u rao k a et al. (1996) ra p p o rte n t le cas clinique d ’u n h o m m e
de 58 ans diagnostiqué avec u n état de stress p o sttraum atique et une
d o u le u r fan tô m e à la ja m b e . D u ra n t ses séances d ’hypnose à raison
d ’u n e séance de tre n te m in u tes par sem aine, il lui était dem andé
us- d ’o rie n te r sa pensée, sa conscience et son discours sur l’im age de son
m em b re fantôm e.
V__________________________________________________________________________________________ /

La première étape fut de créer une image mentale du membre


fantôme de la même taille que la jambe en bonne santé. Il était
dit au patient que le but de cet exercice était de l’aider à se
détendre et de l’aider à déplacer mentalement ce membre et que
par cet apprentissage il était possible de réduire sa douleur. La figure
5.2 montre l’évolution de la représentation mentale du membre
fantôme au fil du temps allant d’un membre replié avec l’orteil
dressé, en août 1987 à l’image d’un membre plus détendue en
1988. Dans l’espoir que la douleur pourrait être réduite et qu’une
prothèse pourrait être utilisée, le patient a été invité à créer une
image du membre de fantôme qui soit de la même longueur que le
membre sain. Avant avril 1989, le patient était capable mentalement
de déplacer le membre fantôme et son image mentale était de même
taille que le membre sain. La prothèse pour des raisons médicales
n’a pas pu être envisagée. C’est alors que la stratégie thérapeutique a
évolué et a consisté cette fois à faire en sorte que la taille du membre
fantôme se réduise le plus possible. Au bout de trois mois l’image
de la jambe avait été presque totalement réduite, comme on peut
l’observer dans la figure. Il est important de noter que de façon
proportionnelle à la réduction du membre fantôme les chercheurs
ont observé une diminution de la douleur perçue (échelle entre 0
et 10), ainsi qu’à une réduction de la médication antalgique. Cette
recherche montre tout l’intérêt de l’hypnose dans la prise en charge
de ce type de trouble et cette recherche en particulier est une piste
à suivre et à compléter particulièrement riche.

Hypnose et pédiatrie
L’hypnose fait très largement appel aux capacités imaginatives et
de visualisation, particulièrement développées chez les enfants qui
ne souffrent pas des inhibitions fréquentes chez leurs aînés. Dans
la pratique, il est étonnant de constater comment l’utilisation de
métaphores produit des effets quasi instantanés chez les enfants qui
vivent l’image et la sensation évoquée en « temps réel ». Ils sont
plongés dans une histoire ou un conte raconté par l’hypnotiseur en
s’abandonnant totalement et librement aux aventures que consti­
tuent les suggestions thérapeutiques.
Zeltzer et al. (1989) ont montré que l’hypnose permettait à des
enfants de 6 à 12 ans de réduire significativement une douleur
expérimentale : la pression au froid par immersion d’un bras dans
de l’eau à 12 degrés et 15 degrés. Olness et al. (1987) ont comparé
l’action de l’auto-hypnose versus placebo versus Propranolol1 chez
des enfants âgés de 6 à 12 ans, souffrant de migraine classique.
Le nombre de crises (mais pas l’intensité) fut réduit de plus de la
moitié avec l’auto-hypnose comparé aux autres approches. Cette
approche non pharmacologique, permet en outre un apprentissage
face à la douleur utilisable ensuite tout au long de la vie. Zeltzer et
Le Baron (1982) ont utilisé l’hypnose dans un service d’oncologie
pédiatrique pour réduire la douleur et l’anxiété qui accompagnent
les ponctions de moelle et les ponctions lombaires. L’hypnose s’est
révélée plus efficace que des techniques incluant la distraction, les
encouragements ou les jeux. S’inspirant de ce travail, Katz et al.
(1987) ont mené une étude comparative sur trente-six enfants souf­
frant de leucémie aiguë lymphoblastique nécessitant des ponctions
de moelle. Les séances d’hypnose (relaxation, imagerie, recherche
d’analgésie, contrôle des émotions, suggestions post-hypnotiques et
auto-hypnose) et les sessions de jeu non directives se sont révélées
d’une efficacité comparable sur la peur et la douleur. Le jeu aussi
bien que l’hypnose ont ainsi permis de réduire le stress et la
perception de la douleur. Ellis et Spanos (1994) ont passé en revue
différentes études dont celle de Katz et al. (1987) et remarquent
que là encore, il est difficile de mettre en évidence des éléments
spécifiques à l’hypnose. Le groupe hypnose abonde en suggestions
directes dans le but d’affronter les ponctions et la maladie, tandis
que le groupe de contrôle est parasité par les suggestions indirectes
où le jeu permet lui aussi la diversion et la dédramatisation des actes
parfois invasifs.

1. Le Propanol est utilisé pour traiter l’hypertension artérielle, certaines crises


d’angine de poitrine, l’infarctus du myocarde ou certains troubles du rythme
cardiaque. Il est parfois employé pour traiter la migraine (traitement de fond), les
manifestations de l’hyperthyroïdie et certaines insuffisances cardiaques.
Les enfants, comme nous l’évoquions précédemment sont une
population de choix dans le recours à l’hypnose parce que disposant
le plus souvent d’un fort potentiel imaginatif, ce qui a conduit
les auteurs à utiliser cette méthode dans de nombreuses affections
telles que l’énurésie, les douleurs, l’asthme, l’obésité, la migraine,
l’encoprésie et l’anxiété. Kohen et al. (1984) ont par exemple
suivi pendant deux années cinq cent cinq enfants et adolescents
qui étaient pris en charge par l’hypnose et qui souffraient de ces
différentes affections. Au total, 51 % d’entre eux ont été considérés
comme guéris, 32 % ont obtenu une amélioration significative, 9 %
ont eu une amélioration initiale et 7 % n’ont pas vu de changement.
Grâce à l’hypnose, l’enfant parvient à faire abstraction de la réalité
environnante et développe des capacités d’action de l’esprit sur
le corps. Son monde imaginaire va le guider vers la diminution
de l’anxiété et la modification de son seuil douloureux. Dans le
service de chirurgie pédiatrique de Lucas-Polomeni et al. (2008) au
CHU de Rennes, les indications de chirurgie sous hypnosédation
sont multiples (hernie inguinale, ombilicale, ectopie testiculaire,
phimosis, naevus, otoplasties, ablation de broches, ongles incarnés)
et intégrées dans la pratique médicale. Trois techniques (Wood et
Ignace, 2007) particulièrement adaptées peuvent être utilisées pour
la prise en charge de la douleur chez les enfants :
• la distraction d’une part, qui cherche à capter le sujet loin du geste
douloureux (par exemple, proposer de souffler des bulles de savon,
de regarder dans un kaléidoscope, de dessiner un dessin imaginaire
que maman ou papa doivent deviner...). Chez les enfants plus
petits l’association à une participation active, physique peut aider
à les garder captés sur autre chose : jouer avec les doigts, serrer
une main ou appuyer sur les doigts avec des pressions différentes ;
• la dissociation de la douleur (par exemple : « Tu peux laisser ta
main blessée ici... et partir ailleurs... écouter le bruit des arbres...
le souffle du vent... ») ;
• la modification de la douleur où le thérapeute peut suggérer de
l’analgésie, notamment en modifiant la nature de la perception
qui sera transformée en quelque chose de moins déplaisant, ou
la substitution de la douleur par une autre sensation (douleur en
douce chaleur, ou la sensation d’un petit vent de montagne sur
la main), le déplacement de la douleur dans une autre partie du
corps.

Hypnose et cancérologie
Les effets analgésiques de l’hypnose associés à certains exercices tels
que l’imagerie, l’auto-hypnose, la réinterprétation d’un traumatisme
ou la dédramatisation constituent l’ensemble de ce qui peut être
proposé à des patients malades du cancer. En 1981, Olness a traité
vingt-cinq enfants malades du cancer et a mis en évidence la capacité
de l’hypnose à réduire la douleur et certains effets secondaires de
la chimiothérapie (nausées et vomissements). La douleur et le stress
chez des femmes souffrant de cancer du sein métastatique ont
été abordés dans une l’étude comparative de Spiegel et Bloom
(1983) comprenant psychothérapie avec ou sans hypnose. Si les
deux groupes pris en charge ont montré des résultats comparables
en ce qui concerne la perception de la douleur, de la souffrance et
du stress, l’amélioration était en revanche pour chacun des groupes
significativement supérieure aux résultats obtenus avec le groupe
contrôle.
Dans une autre étude de Syrjala (1992), l’hypnose s’est
en revanche montrée plus efficace que la thérapie cognitive-
comportementale pour réduire les douleurs liées à la transplantation
de moelle osseuse. En revanche, aucune des deux approches n’a
apporté de résultat satisfaisant en ce qui concerne la réduction
de symptômes comme les nausées, les vomissements et la
consommation d’antalgiques. L’imagerie qui était un des exercices
caractéristiques du groupe hypnose est apparue au cours de l’étude
comme déterminant dans l’obtention de l’effet antalgique.

Hypnose et problèmes de santé divers


La palette des troubles cliniques pouvant bénéficier de l’hypnose est
plutôt large, allant des troubles du sommeil à la verrue, en passant
par le stress, les troubles anxieux ou phobiques, la dépression, les
obsessions, les syndromes post-traumatiques (PTSD), les troubles
psychosomatiques, les douleurs, les perturbations du comportement
alimentaire, etc. De fait, l’hypnose peut facilement trouver sa place
dans n’importe quelle condition où une intervention psychologique
est requise.
Le recours à l’hypnose — et plus particulièrement à l’auto-
hypnose — est recommandé pour permettre au sujet d’avoir une
action positive sur sa santé et pour apprendre à se relaxer en se
sentant en pleine possession de ses moyens physiques.
L’hypnose peut aider un certain nombre de personnes à vaincre
leur dépendance (alcoolisme, drogues, tabagisme) (Salem et Bonvin,
2007). On a également constaté que l’hypnose peut faciliter la
maîtrise de certains troubles fonctionnels comme la tendance
pathologique à rougir, les troubles du rythme cardiaque, la perte
d’appétit, la boulimie, les sudations excessives, les envies fréquentes
de déféquer et d’uriner sans cause pathologique identifiable. L’une
des applications les plus importantes de l’hypnose est sa contribution
au traitement des troubles psychosomatiques comme l’asthme, les
migraines, certaines affections dermatologiques, les ulcères, ou
encore l’hypertension artérielle, etc. Cette approche se révèle
particulièrement efficace en ce qui concerne l’amélioration de la
qualité de vie, la régulation du stress et de l’anxiété des malades.
L’hypnose peut également trouver une place de choix dans
les soins palliatifs, qu’il s’agisse de traiter la douleur ou les états
psychologiques associés à la fin de vie. L’hypnose peut également
jouer un rôle majeur en ce qui concerne l’accompagnement des
malades. Il s’agit souvent de séance courte en raison de la fatigabilité
des patients et d’un point de vue technique, il s’agit, au mieux, de
permettre au malade de développer des compétences nouvelles en
matière d’auto-hypnose.
f \
E ncad ré 5.5
E xem ple de tra ite m e n t des nausées e t vom issem ents
(D esdam es et M archand, 2002).
Les auteurs rap p o rte n t le cas d ’u n e dam e de 76 ans hospitalisée p o u r
vom issem ents depuis q u e de la m o rp h in e per os lui a été prescrite
p en d a n t quelques jo u rs p o u r p o ly arth rite lu p ique. Après d ’autres
tentatives d ’in terv en tio n s m édicales l’h y pnose a été envisagée. La
prem ière séance était c o n d u ite avec u n e in d u ctio n sur une dizaine
de m inutes, utilisant la m étap h o re d ’u n e p ro m en ad e en barque sur
u n e rivière calm e, en insistant avec la p atiente sur la p ercep tio n
des m o u v em en ts de la barq u e poussée par le co u ran t len t et calme.
ns» L’in d u c tio n d evait ensuite co n d u ire la patiente à une vision plus
globale du trajet qui co n d u it l’eau de la source à la sortie en m er.
Le travail de m étaphore prenait une quinzaine de m inutes et le reto u r
à u n état de conscience h abituel quelques m inutes. D ès la prem ière
séance, la p atiente ne vom issait plus et pu reprendre progressivem ent
u n e alim en tatio n n o rm ale sans incidents dans les jo u rs qui o n t suivi.
T rois autres séances de consolidation, utilisant les m êm es m étaphores,
étaient effectuées lors des quinze jo u rs suivants, sans vomissements. La
reprise des nausées lors d u re to u r au dom icile justifiait u n e nouvelle
séance d ’hypnose. Les nausées o n t cessé à la suite de cette d ernière
séance et l’état de la patiente est resté stable les trois mois suivants (pas
plus en raison de com plications dues à un accident vasculaire cérébral
assez grave).
L’hypnose est co n n u e p o u r être un m oyen de traiter e t/o u de prévenir
les nausées et vom issem ents dans les situations où leurs incidences sont
élevées. Dans le cas clinique présenté, la m étaphore perm et un parallèle
entre le transit intestinal de la patiente et le parcours de la rivière. R ie n
n ’est év o q u é, mais les auteurs suggèrent u n transit calm e, le trajet en
barq u e a p o u r b u t d ’é v o q u e r la d o u c e u r de la p ro m en ad e. L’in térêt
de la tec h n iq u e a fait l’o b jet de p u b licatio n dans le dom aine de la
grossesse (Sim on et Schw artz, 1999), de la chim iothérapie ém étisante
(M arch io ro et al., 2000), de la p ério d e p o sto p érato ire (Enqvist et a i,
1997), ainsi que dans certaines pathologies digestives.
V _________________________________________________________________________________________________________ J

Selon Zarouk (2005), en matière de sexologie, les troubles


sexuels sont les plus accessibles à l’hypnose. Le travail en hypnose
semble en effet permettre une meilleure intégration des exercices de
sexothérapie (Arnaud, 2007). Dans l’état d’hypnose, le sujet porte
une attention sélective à ce qui se passe en lui, il est particulièrement
attentif à ses sensations. Il est donc plus facile de lui apprendre à
percevoir par exemple l’apparition de ses sensations pré-éjaculatoires
et l’intensité de son excitation. Travailler le stop and go en hypnose
facilite sa pratique par la suite, règle globalement valable pour tous
les exercices de sexothérapie. La relative désinhibition induite par
l’état hypnotique permet aussi au patient de s’autoriser à ressentir
des sensations qu’il censure peut-être en conscience claire, d’aller
explorer des zones de son corps taboues ou inconnues (Tordjemann,
2001 ).
CONCLUSION

L’usage de l’hypnose est aujourd’hui des plus courant, surtout dans


le domaine médical, ce qui n’est pas sans poser de problème. Un
psychiatre peut utiliser l’hypnose, un dentiste aussi, un neurologue,
un kinésithérapeute, un sexologue, un dermatologue, et dans tous
les cas l’hypnose est une technique qui peut aider à atteindre le but
recherché. De ce fait, l’hypnose est une curiosité qui en fait un
objet utilisable par de nombreux praticiens, qui souvent ne sont ni
psychologues, ni psychiatres, ni psychothérapeutes. En fait, on met
entre les mains de non-spécialistes du psychisme un outil redoutable.
Mais cette curiosité fait aussi la force de la démarche car elle montre
son ouverture et son adaptabilité aux pratiques et aux contextes
différents dans lesquels manifestement elle montre son efficacité.
Comme nous l’avons montré, l’éventail des applications possibles
est très large et potentiellement illimité. Si l’hypnose est très utilisée
en médecine, c’est nettement moins le cas en psychologie où elle
est encore l’objet de méfiance. Il est curieux d’observer que dès la
première année du cursus de formation des psychologues, lorsque les
étudiants apprennent que Freud y a renoncé, ces derniers adoptent
une attitude critique vis-à-vis de cette approche sans même en
connaître les moindres fondements. C’est là une erreur pédagogique
et scientifique qui prive de nombreux professionnels d’un outil qui,
notamment dans le domaine de la santé et de la maladie, pourrait
leur être d’une grande utilité. L’hypnose, comme d’autres méthodes
présentées dans cet ouvrage, offre de nouvelles perspectives à la
psychologie de la santé et à ses praticiens qui, il faut bien le dire, sont
souvent démunis face aux demandes de plus en plus importantes de
réponses psychothérapeutiques de patients souffrants de pathologies
physiques (cancer, douleurs chroniques...). Avec l’hypnose, certes
la douleur paraît réduite, atténuée et supportable, mais surtout, la
pratique de l’hypnose modifie considérablement le vécu opératoire
et permet aux patients de « bien vivre » les soins, de mieux aborder
l’acte chirurgical éventuel et de garder un souvenir non traumatique
du milieu médical ou chirurgical auquel ils ont été confrontés.
Cette approche donne des résultats remarquables notamment
lors des phases aiguës des pathologies somatiques, permettant une
baisse des affects anxieux et des ressentis douloureux. Les actes
médico-chirurgicaux à forte charge émotionnelle représentent
également une cible de choix dans le cadre notamment de l’hypno-
thérapie Cette insertion de l’hypnose dans la pratique quotidienne
hospitalière est un défi à la fois pour l’hypnose, mais aussi pour les
psychologues de la santé qui devront de plus en plus être en mesure
d’apporter des réponses concrètes et efficaces. Il existe plusieurs
domaines dans lesquels l’hypnose pourrait aisément se développer,
notamment en milieu hospitalier (consultation douleur, stress, soins
palliatifs...). Les patients qui le souhaitent pourraient bénéficier
d’une anesthésie locale traditionnelle complétée de séances d’hyp­
nose, au lieu d’une anesthésie générale.
Sur le plan scientifique, les études randomisées/contrôlées (RCT,
Randomized Controled Trials) qui existent apportent des preuves
scientifiques évidentes. Et pourtant, cette approche ne pénètre
pas ou peu le cadre de nos formations universitaires. L’évolution
et l’avenir de l’hypnose dans le champ de la psychologie de la
santé dépendront sans doute davantage de notre capacité à faire
évoluer notre conception des soins psychologiques. Ceux-ci doivent
évoluer, ce qui nous oblige à sortir de l’esprit de chapelle pour
adopter un esprit pragmatique tout en ne cédant rien à l’exigence
d’un esprit scientifique.
( Concepts clés
] "N

• L’hypnose : d ém arch e th éra p e u tiq u e consistant, à p artir de l’état


de transe (état de conscience m odifié), à solliciter à la fois les
registres conscients et inconscients du fo n ctio n n em en t m ental, afin
de transform er les com portem ents, les agissements ou les sym ptôm es
négatifs. C e tte fo rm e de th érap ie s’appuie sur trois types de p h é ­
n o m èn es : l’état h y p n o tiq u e (ou transe) dans lequel est p longé le
sujet h ypnotisé ; la tech n iq u e utilisée par l’h y p n o tiseu r et le type
d ’in teractio n particulière qui s’établit en tre u n h y p n o th érap eu te et
u n sujet hypnotisé.
• L’in co n sc ien t en h ypnose é rick so n n ien n e : c ’est une part du
psychism e qui d ev ien t accessible p e n d a n t l’état h y p n o tiq u e. Il a
toujo u rs u n e valeur positive en ce sens que co n trairem en t à la
psychanalyse, ce n ’est pas un espace de conflit, mais au contraire, un
espace de ressource. C ’est le lieu de to u tes les solutions à tous les
problèm es q u e re n c o n tre n t les patients. Il suffit de l’activer, de le
laisser s’exprim er, n o n pas p o u r déco u v rir une vérité refoulée, mais
p lu tô t u n e réponse aux difficultés et aux problèm es. E rickson fait
es" partager à ses patients l’idée q u ’ils possèdent à leur insu u n réservoir
de ressources q u ’il s’agira « sim p lem en t » de savoir cu ltiver p o u r
avoir accès à d ’autres ressources.
• Ind u ctio n hypn o tiq u e : c’est ce qui d o it p erm ettre d ’atteindre un
état de conscience m odifié et donc l’accès à l’inconscient. Lors d ’une
séance d ’hypnose, o n place le p atien t dans u n isolem ent sensoriel
m ax im u m (bruits am biants, lum inosité...), co n fo rtablem ent installé
(fauteuil de relaxation par exem ple), puis on com m ence l’induction
p ro p rem en t dite. Il s’agit de façons de co m m u n iquer qui pro v o q u en t
et e n tre tie n n e n t l’état h y p n o tiq u e chez le patient. Les m éthodes
d ’in d u ctio n sont nom breuses et v o n t d onc utiliser une ou plusieurs
voies sensorielles.
V______________________________________________________________________

OUVRAGES CLES

ERICKSON M. (1986). L’Hypnose théra­ SALEM G., B o n v in E. (2007). Soigner


peutique, Paris, ESF par l’hypnose, Paris, Masson.
ROUSTANG F. (1994). Q u’est-ce que
l’hypnose ?, Paris, Éditions de Minuit.
L’EMDR

Une psychothérapie pour la psychologie de la santé

’E S T
u n P E U par hasard que Francine Shapiro1 a découvert,

C en 1987, l’EMDR alors qu’elle se promenait dans un parc. Elle


opérait des mouvements avec ses yeux (Shapiro, 1989) et observa
que ses pensées négatives semblaient évoluer et se transformer.
Ce n’était bien entendu pas les souvenirs ou les pensées qui
disparaissaient de la conscience, mais leur charge négative qui
commençait à s’atténuer jusqu’à disparaître totalement. Shapiro
(1989) poursuivit cette expérience en réactivant en mémoire
certains mauvais souvenirs tout en s’imposant en contingence des
mouvements rapides des yeux de la droite vers la gauche ou en
diagonal. Elle proposa par la suite à des amis et autres collègues
de faire la même expérience afin de confirmer ce qu’elle-même
avait ressenti. Elle demandait ainsi aux volontaires sur quel aspect
de leur vie passé ils souhaitaient travailler. Il ne s’agissait pas alors
de souvenirs pathologiques, mais plutôt d’événements du passé
(brimades, humiliations...) qui pouvaient les perturber dans leur vie
d’adulte sans constituer pour autant un handicap.
Afin de « contrôler » la démarche, elle proposa aux sujets de se
souvenir d’un événement négatif tout en concentrant leur attention

1. A u j o u r d ’h u i c h e r c h e u s e a u M e n t a l R e s e a r c h I n s t i t u t e d e P a l o A l t o , S h a p i r o a
r e ç u e n 2 0 0 2 le p r i x S i g m u n d - F r e u d , q u i e s t la p lu s h a u t e d i s t i n c t i o n m o n d i a l e e n
p s y c h o t h é r a p i e . E n t r e - t e m p s , s o i x a n te m ille p r a ti c i e n s o n t é té f o r m é s à l’E M D R
d a n s p lu s d e q u a t r e - v i n g t s p a y s , u n e a s s o c ia tio n h u m a n i t a i r e e st n é e p o u r i n t e r v e n i r
a p r è s les g r a n d e s c a t a s tr o p h e s ( E M D R H u m a n i t a r i a n A s s is ta n c e P r o g r a m s ) .
visuelle sur le mouvement de va-et-vient de droite à gauche
que Francine Shapiro opérait avec ses doigts en prenant soin de
« répliquer » ce qu’elle-même avait fait dans ce parc quelque temps
auparavant. Six mois après ses premières observations empiriques,
F. Shapiro a fait évoluer sa démarche, en essayant différents types
de mouvements (plus ou moins rapides, plus ou moins amples,
horizontaux et obliques), et en demandant aux sujets de se focaliser
sur différents aspects des traces mnésiques du souvenir négatif.
Les résultats de ces exercices ont été, pour tous les sujets, une
réduction de la charge négative du souvenir et surtout à une diminu­
tion sensible du niveau d’anxiété provoqué par ces mêmes souvenirs.
Elle baptisa la méthode Eye Movement Desensitization (EMD). Le
changement de dénomination d’EMD à EMDR (Eye Movement
Desentization and Reprocessing) est intervenu en 1990 après que la
démarche a pu mettre en évidence des effets de restructuration
de la mémoire, d’augmentation du sentiment d’efficacité et de
contrôle des victimes, ainsi que d’un traitement plus adapté des
événements traumatiques en mémoire. Depuis 1989, de nombreuses
publications ont mis en évidence l’efficacité de la méthode EMDR
et, en moins de dix ans, la thérapie est devenue un mode de
traitement psychothérapeutique de l’état de stress post-traumatique
(ESPT) qui a donné lieu à un grand nombre d’études (Tarquinio,
2007). Il y a en effet aujourd’hui plus de publications d’études
contrôlées sur le traitement de l’ESPT par la thérapie EMDR que
tout autre type d’interventions cliniques, y compris les traitements
médicamenteux (cj. National-Center-for-PTSD). On peut considérer
la thérapie EM DR comme une approche intégrative, dialectique
et comportementale qui utilise simultanément image, cognition
et sensation corporelle. Son usage dépasse aujourd’hui le seul
traitement de l’état de stress post-traumatique (ESPT), avec des
résultats plus qu’encourageants dans la prise en charge des deuils,
des situations conflictuelles, des phobies, de certaines formes de
dépression ou encore dans la gestion de la douleur.
L’objectif de ce chapitre sera de permettre une meilleure connais­
sance de la thérapie EMDR en proposant, dans un premier temps,
un cadrage théorique de la démarche. Dans un second temps, nous
présenterons certains éléments du protocole de base de la thérapie
EMDR. Enfin, nous envisagerons, dans une dernière partie, les
champs d’application de cette approche dans le domaine de la
maladie.

FONDEMENTS THÉORIQUES DE LA THÉRAPIE EMDR

Nous avons fait le choix d’orienter cette présentation autour de


trois aspects qui restent selon nous les plus documentés et qui sont
à mettre en lien avec les effets de l’EMDR. Le premier concernera
la conception du système de traitement de l’information orienté
vers l’adaptation, proposé par Shapiro. Le deuxième traitera plus
particulièrement de la fonction et du rôle des mouvements ocu­
laires, que nous mettrons en lien avec les aspects neurobiologiques
supposés intervenir pendant la thérapie (la thérapie EMDR, faisant
en plus des mouvements oculaires, appel aux stimulations tactiles
et auditives, c’est le processus dit de « la double stimulation » qui
attirera aussi notre attention). Enfin, nous envisagerons quelques
études qui ont permis de mettre en lien certains effets de la thérapie
EMDR en termes d’indicateurs psychobiologiques.

EM DR, cognition et adaptation

L’un des supports théorique de l’EM DR est de considérer que


le psychisme a la faculté de métaboliser la majorité des vécus
traumatiques. Certains vécus vont se figer en souvenirs trauma­
tiques qui, réactivés, déterminent des pensées, des émotions et
des sensations pathologiques. Ils s’impriment sur des sites virtuels
organisés en réseau de mémoire. La première hypothèse de Shapiro
et Forrest (1997) se fondait en fait sur les travaux de Pavlov (1927),
qui présupposait l’existence dans le cerveau d’un équilibre entre
excitation et inhibition, responsable de son fonctionnement normal.
Si quelque chose venait provoquer un quelconque déséquilibre, il
en résultait une « pathologie neuronale », comme un « nœud dans
le câblage ».
Selon Pavlov, pour revenir à l’état d’équilibre et le traiter, il faut
restaurer l’équilibre entre excitation et inhibition. Sur ces bases,
Shapiro a fait l’hypothèse que le traumatisme pouvait causer une
sorte de surexcitation du système nerveux et que les mouvements
oculaires allaient engendrer un effet inhibiteur (ou relaxant) pour la
contrebalancer. C ’est l’idée d’un traitement adaptatif de l’informa­
tion conduisant l’organisme à une résolution adaptée, c’est-à-dire
à des associations appropriées qui vont permettre au patient de
faire quelque chose de ce qui lui est arrivé en transformant et
en intégrant dans un nouveau schéma positif et constructif ses
cognitions et ses émotions qui guide toute la démarche EMDR
(Adaptative Information Processing Modeî). Par exemple, un enfant
victime de moqueries ou de comportements blessants sera touché
dans son quotidien. Si, dans un premier temps, il ne cesse d’y
penser, cette expérience est le plus souvent « digérée » et servira
de guide pour ses comportements à venir. Cette expérience une
fois élaborée et traitée permet à l’enfant de mieux se connaître et
de mieux connaître son environnement social, ce qui le conduit
à se comporter de manière plus adaptée. Ainsi, confronté à une
expérience traumatique, le sujet pourra être perturbé jusque dans
le fonctionnement de son système nerveux et de ses cognitions.
En revanche, si l’événement traumatique ne peut être élaboré, il
persistera en l’état avec son cortège de symptômes (idées intrusives,
cauchemars, sensations physiques...). Cette approche est consistante
avec le modèle de traitement de l’information d’Horowitz (1979,
1986) qui conçoit les symptômes post-traumatiques comme une
réaction au nombre excessif de données que constitue l’expérience
traumatique. L’ESPT découlerait de l’incapacité de la victime à
intégrer adéquatement ces nouvelles informations au sein de ses
schémas cognitifs antérieurs. Cette conception du fonctionnement
du psychisme (Shapiro, 2001) reste la trame majeure de la thérapie
EMDR. Globalement cette approche considère que les réseaux
mnésiques sont à l’origine de nos perceptions, de nos attitudes
et de nos comportements et que le système de traitement de
l’information conduit le matériel dysfonctionnel (qui peut être de
nature traumatique) vers une solution.
De nombreux éléments contribuent aux effets positifs de ce
traitement. Si de nombreuses études ont validé la méthodologie
de la thérapie EMDR, il subsiste des questions concernant son
mécanisme d’action, notamment en ce qui concerne le rôle des
mouvements oculaires et de la double stimulation tactile ou auditive
souvent utilisée.
Mouvements oculaires, double stimulations et fonctionnement
cérébral
L’attention des chercheurs s’est surtout portée sur les mouvements
oculaires (et d’autres formes de stimulation bilatérale) susceptibles
de constituer l’un des principes actifs de la démarche. Un parallèle a
été fait avec ce qui se passe dans le sommeil à mouvements oculaires
rapides (Rapid Eyes Movement — REM). En effet, les mouvements
oculaires rapides surviennent au cours des états de rêve et il existe de
plus en plus de preuves montrant que le rôle des rêves est d’élaborer
et de digérer psychiquement les vécus de la vie réelle (Carskadon,
1993). Il semble que lorsque des souvenirs pénibles apparaissent dans
les rêves, les mouvements oculaires rapides induisent un effet de
détente qui permet le traitement psychique de ces expériences. Un
parallèle a été fait avec la théorie de « l’inhibition réciproque » de
Wolpe (1990, 1991), que ce dernier considérait comme responsable
du soulagement de l’anxiété dans son traitement systématique de
désensibilisation. Pour Wolpe (1990), l’état de non-anxiété est
comparable à un état de relaxation et il est possible selon lui pour
inhiber l’état d’anxiété d’introduire un état alternatif qui est la
relaxation durant le temps d’exposition à la situation anxiogène.
Bien entendu Wolpe s’est largement inspiré de Jacobson (1938)
avec sa méthode de relaxation progressive. Citant Jacobson, Wolpe
note que dans son ouvrage de 1938, celui-ci disait déjà que les yeux
avaient un extraordinaire effet de relaxation. La désensibilisation
systématique consiste à déconditionner une personne de la peur
qu’elle ressent lorsqu’elle est confrontée à un événement ou une
réalité anxiogène (la peur de l’avion, par exemple) en lui apprenant
à se détendre dans un premier temps, en présence d’une version
adoucie de l’objet qui lui fait peur (un dessin d’avion, par exemple),
puis dans un second temps, en passant progressivement à des versions
plus réalistes (en s’imaginant arriver à l’aéroport) jusqu’à la version
grandeur nature (s’imaginer à bord d’un avion). Selon cette théorie,
la relaxation musculaire profonde inhibe les bas niveaux d’anxiété
et, ceux-ci étant traités, toute la hiérarchie des peurs voit son
intensité décroître. Après un traitement suffisant, on peut s’imaginer
à bord d’un avion en ne ressentant qu’une faible anxiété, qu’on peut
désensibiliser à son tour.
L’hypothèse de Shapiro était de penser que les mouvements
oculaires pendant le rêve, inhibaient la détresse et qu’ils jouaient
un rôle de désensibilisation. La découverte du sommeil-REM a été
réalisée par Aserinsky et Kleitman (1953). Ils ont découvert que
dans 80 % à 85 % des cas les sujets qui s’éveillaient de ce sommeil
étaient capables de fournir un récit clair et détaillé de leurs rêves,
alors qu’en dehors de cette phase du sommeil ils n’étaient plus en
mesure de la faire (Dement et Kleitman, 1957). D’autres recherches
ont suggéré que les phases non-REM comprenaient peut-être
davantage d’activité onirique qu’on l’avait cru, sans donner les
récits riches et précis que l’on a dans la phase de sommeil-REM
(Foulkes, 1962). En fait, deux sortes de mouvements oculaires
surviennent pendant le sommeil onirique : des mouvements simples
et isolés et des mouvements groupés. Les aveugles ne possèdent
pas les mouvements groupés, mais on peut observer des mouve­
ments simples pendant qu’ils rêvent. L’hypothèse de Lavie (1996)
serait que les deux sortes de mouvements oculaires pendant le
sommeil onirique pourraient jouer des rôles différents. Tandis
que les mouvements qui se manifestent en groupe sont liés aux
images visuelles du rêve, les mouvements oculaires simples seraient
quant à eux liés au processus de recouvrement de l’information à
partir du stockage des données dans le cerveau, afin de construire
l’histoire du rêve. A cet égard le lien qui existe entre le processus
de remémoration et les mouvements oculaires peut être prouvé
par une expérience simple. Il suffit pour cela d’observer les yeux
d’un sujet à qui on a posé une question qui exige de lui qu’il
se remémore une image. Nous pouvons alors apercevoir que le
processus de remémoration est lié à ces mouvements oculaires.
Le sujet bouge les yeux comme s’il était en train de chercher
quelque part autour de lui l’information que l’on sollicite de sa
part. Il est par conséquent probable qu’au moins quelques-uns des
mouvements oculaires pendant le sommeil-REM soient en rapport
avec le processus de recouvrement de l’information ou le traitement
de cette information en vue de construire le rêve.
Certaines études ont également montré que les mouvements
oculaires saccadés dus au mésencéphale et le relâchement muscu­
laire causé par la formation réticulée se produisent simultanément
lors du s o m m e il-R E M . C ’est sans doute ce qui explique l’effet
déconditionnant du sommeil-REM (Perlis et Nielsen, 1993).
De nombreux travaux indiquent également que la consolidation
des traces mnémoniques dans la mémoire à long terme est associée à
une période d’intense activité neurologique de certaines parties
du cerveau, dont la plus étudiée est l’hippocampe et qu’elle
s’accompagne à la fois de processus biochimiques supplémentaires et
de changements moléculaires structurels dans différentes parties du
cerveau (Lavie, 1996 ; Winson, 1990). Bloch, Hennevin et Leconte
(1979) ont ainsi pu établir que le sommeil paradoxal augmentait
chez les souris et les rats après différentes procédures d’apprentissage.
« Il apparaissait que l’un des éléments essentiel pour la fixation de
la mémoire était la présence de sommeil paradoxal en quantité
suffisante, survenant rapidement après l’apprentissage. » D ’autres
études, enfin, ont montré que la privation de sommeil-REM après
l’apprentissage d’une compétence avait pour conséquence la perte
de la compétence ou le retard dans l’apprentissage (Kami et al.
1992). Ainsi, de nombreux éléments semblent converger vers le
fait que c’est une élaboration cognitive et affective similaire qui a
lieu pendant le protocole EMDR, comme c’est vraisemblablement
le cas avec le sommeil-REM. La personne intègre l’information
provenant de l’événement traumatique en l’élaborant, puis en la
stockant avec une émotion plus adaptée et plus positive.
Q u’il s’agisse de représentations perceptives ou sémantiques, il
faut tout d’abord acquérir les données à « enregistrer ». C’est chaque
zone spécifique qui va s’en charger, en fonction de la nature de
l’information (image, son, odeur...). L’information devant être
stockée arrive de sa zone respective et est envoyée au système
limbique, passe par la mémoire à court terme, et, si selon l’hippo­
campe, elle s’avère être suffisamment importante, elle est envoyée
vers le cerveau ventral puis est retournée à sa zone respective
dans le néocortex pour y être enregistrée à long terme grâce à
la libération d’acétylcholine. La mémoire de l’événement1 se trouve
donc éparpillée dans l’ensemble du cerveau. Le fait de se rappeler

1. B ie n e n t e n d u n o u s fa iso n s r é f é r e n c e ici à la m é m o i r e é p i s o d iq u e q u i c o n c e r n e les


é p is o d e s d e v ie e t q u i d is p o s e d e p r o p r i é t é s d i f f é r e n t e s d e la m é m o i r e s é m a n t iq u e .
d’un simple souvenir comme celui de la madeleine de Proust1
par exemple, active plusieurs zones du cerveau simultanément :
les zones gustative, olfactive, visuelle, tactile..., etc. La mémoire
est donc un tout au niveau du cerveau. L’hippocampe fait donc
le lien entre un ensemble d’informations stockées non seulement
dans différents systèmes de stockage mnésique, mais aussi venant de
différents moments de la vie. Sans l’hippocampe, cette intégration
contextuelle ne serait pas opérante (Nadel et Moscovitch, 1998) et
le rappel des souvenirs impossible.
En prenant appui sur l’article de Stickgold (2002), on peut
ainsi compléter le raisonnement et supposer que le processus en
jeu est le suivant. L’intégration des souvenirs dans la mémoire
épisodique s’opérerait comme nous l’évoquions précédemment,
de manière privilégiée pendant le sommeil-REM. C ’est la région
limbique d’une part et les aires sensorielles d’autre part qui semblent
préférentiellement activées pendant cette phase de sommeil (Hob-
son, Stickgold, et Pace-Schott, 1998), ce qui est également le cas
des noyaux cholinergiques de la jonction ponto-mésencephalique
(suprématie de neurotransmetteurs de type acétylcholinergique
pendant le sommeil-REM, alors des phases non-REM en revanche
font plutôt l’objet d’un contrôle noradrénergique notamment en

1. Extrait Du côté de chez Swann de Proust : « Elle envoya chercher un de ces gâteaux
courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la
valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé
par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une
cuillerée du thé où j ’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant
même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis,
attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. U n plaisir délicieux m ’avait
envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m ’avait aussitôt rendu les vicissitudes de
la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon
qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse : ou plutôt cette essence
n ’était pas en moi, elle était moi. J ’avais cessé de me sentir médiocre, contingent,
mortel. D ’où avait pu me venir cette puissante joie ?Je sentais qu’elle était liée au
goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de
même nature. D ’où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l’appréhender ? Je bois une
seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui
m ’apporte un peu moins que la seconde. 11 est temps que je m ’arrête, la vertu du
breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n ’est pas en lui,
mais en moi. »
raison d’une activation du locus coerulus1). On peut considérer que
l’apparition de l’ESPT (et de façon plus large des événements
traumatiques) est la conséquence pour une part au moins de
l’incapacité du cerveau à inhiber la libération de noradrénaline
pendant le sommeil. Et il existe des travaux qui montrent un
taux élevé de ce neurotransmetteur chez les patients souffrants
d’ESPT pendants les phases d’éveil et de sommeil. Ce processus à en
croire Stickgold (2002) inhiberait le processus associatif nécessaire
à l’intégration des souvenirs (notamment les souvenirs douloureux)
dans les réseaux de mémoire. On sait aussi que ce qui caractérise une
victime est une hypervigilance caractéristique à l’état de veille, mais
aussi durant le sommeil, conduisant à une dégradation du sommeil et
par effet induit à une réduction de la quantité de sommeil-REM. Là,
sous dominance acétylcholinergique, la suprématie noradrénergique
et la perte de sommeil seraient alors des éléments suffisants pour
bloquer le passage des événements traumatiques vers le cortex et
les réseaux de mémoire qui d’une certaine manière resteraient
en suspens, en attente d’intégration, d’où cette re-présentation
récurrente à la conscience du sujet sous forme d’idées intrusives.
Si l’état physiologique particulier rencontré pendant le sommeil-
REM est le support de l’intégration mnésique nécessaire à la
guérison, alors il n’est pas déraisonnable de conclure que les inter­
ventions qui amènent à nouveau le cerveau vers cet état pourraient
avoir une vertu correctrice. On peut alors avec Stickgold (2002)
faire l’hypothèse que les mouvements saccadés répétés des yeux
pourraient « enclencher » les mécanismes du tronc cérébral (noyaux
cholinergiques de la jonction ponto-mésencephalique versus locus
coerulus) identifiés pendant le sommeil-REM (Nelson, McCarley et
Hobson, 1983). Ce qui expliquerait les effets de la thérapie EMDR,
en ceci qu’elle reproduirait ou remettrait en œuvre un ensemble
de processus neurobiologiques présents naturellement, mais rendus
déficitaires par la survenue dans l’univers psychique et cognitif du
sujet d’un événement perturbant.

1. P e t i t n o y a u a d r é n e r g i q u e d u t r o n c c é r é b r a l p r o j e t a n t d e f a ç o n d iffu s e s u r le c o r t e x
e t la m o e lle é p i n i è r e e t q u i j o u e u n r ô le i m p o r t a n t d a n s le c o n t r ô l e d e la v e ille e t d u
so m m e il.
Mais l’explication n’est cependant pas suffisante dès lors que l’on
sait d’une part que les mouvements utilisés pendant la thérapie
EMDR sont généralement plus lents que ceux présents pendant le
sommeil REM et d’autre part que des effets thérapeutiques sont
également obtenus en utilisant des stimulations bilatérales auditives
et tactiles (taping). Ce que toutes ces techniques ont en commun,
même celles qui utilisent les mouvements saccadés des yeux, c’est un
modèle de stimulation alternée, bilatérale comparable à une réponse
orientée de l’attention (Sokolov, 1990) qui peut induire un état
similaire à celui du sommeil-REM.
Sur le plan neurologique, si l’on considère le circuit de l’attention,
celui-ci se compose d’une part du lobe pariétal postérieur qui
joue un grand rôle dans le système attentionnel (dont la lésion
conduit à une incapacité à se dégager d’un foyer d’attention vers
une cible du côté opposé) et d’autre part du colliculus supérieur1
(ou tubercules quadrijumeaux supérieurs qui déplacent l’attention,
précédemment désengagée, sur une cible ; de très nombreuses
informations sensorielles visuelles, auditives et somatosensorielles
proviennent de l’environnement et convergent vers cette zone) et
du pulvinar12 (qui intervient dans le processus d’attention sélective.
Les réseaux exécutifs de concentration, de fixation de l’attention
se situent essentiellement dans le lobe frontal lui-même impliqué
dans la génération des saccades oculaires endogènes), notamment
dans le gyrus cingulaire antérieur particulièrement activé, comme
le prouve l’augmentation du débit sanguin local, lors des opérations
de détection de cible et de choix visuel. Le modèle de LaBerge
(1995) permet de soutenir une telle argumentation en faisant appel
à ces mêmes structures que sont les tubercules quadrijumeaux
et le thalamus (notamment le pulvinar) qui seraient responsables
de l’orientation de l’attention. Le thalamus, par l’intermédiaire

1. Les colliculus forment deux paires d’éminences à la surface du mésencéphale ; les


colliculus supérieurs sont des centres principalement visuels, les colliculus inférieurs
des centres principalement auditifs. Les colliculus supérieurs jouent un rôle important
dans la motricité de la tête et des yeux (synonyme de tubercules quadrijumeaux
antérieurs).
2. Noyau thalamique recevant la majorité de ses afférences des aires corticales senso­
rielle ou d’association et projetant en retour sur les cortex associatifs, particulièrement
sur le lobe pariétal.
de nombreuses boucles cortico-thalamo-corticales, permettrait le
maintien des traitements en cours et la modulation de signaux, sous
contrôle des influences préfrontales. Les projections corticales vers
le cortex pariétal permettraient d’exprimer de manière sélective
l’attention dans les régions concernées par l’identification des
cibles. Ainsi, ce modèle de réseau reconnaît trois grands sites
indépendants : les sites corticaux qui expriment l’attention (cortex
pariétal postérieur) ; les sites qui modulent l’attention (tubercules
quadrijumeaux et thalamus) ; les sites qui contrôlent la réalisation
attentionnelle (cortex préfrontal). En outre, toujours selon Stickgold
(2002) il semble que l’augmentation cholinergique ou la diminution
noradrénergique facilite le relâchement de l’attention avant son
changement de localisation (Clark et al., 1987 ; Davidson et al.,
1999). Ainsi, la réorientation répétitive par un sujet de son attention
d’une localisation à une autre pourrait produire des changements
dans l’activation de ses aires cérébrales et une neuromodulation
similaire à celle du sommeil-REM et dans l’usage des stimulations
oculaires, tactiles ou auditives dans le protocole EMDR.

EM DR, m ouvem ent oculaire et activité physiologique

Plusieurs travaux de recherche (cf. tableau 6.1) ont montré que


les mouvements oculaires avaient un effet sur certains paramètres
physiologiques (Aubert-Khalfa et al., 2008 ; Sack et al., 2004, 2007).
C ’est ce qu’ont montré Sack et al. (2008) auprès de dix patients
souffrants d’état de stress post-traumatique. La figure 6.1 par
exemple tirée de cette étude (Sack et al., 2008) montre le niveau de
variation du rythme cardiaque selon les phases d’expérimentation
du protocole. Les auteurs ont suivi le protocole de base préconisé
par Shapiro (1995) avec des périodes de stimulation oculaire de 60
secondes découpées pour l’analyse en quatre phases distinctes notées
A (niveau de départ de 30 secondes avant stimulation oculaire), B
(10 premières secondes de la stimulation oculaire), C (20 secondes
de stimulation après B) et D (30 secondes de stimulation après C).
Il apparaît ainsi clairement que les mouvements oculaires agissent
en diminuant la fréquence cardiaque, ce qui est un résultat retrouvé
avec un protocole similaire par Olofsson et al. (2008). Les résultats
de Sack et al. (2008) montrent également que pendant les phases de
Tableau 6.1. Résumé des principales études ayant intégré des mesures de biofeedback.

Auteurs P articipants P rincipaux résultats

• Faible réduction de la consommation


d'oxygène lors et augmentation de la
13 patients avec ESPT
Elofsson libération de C02
- plus de 10 sessions
et al., • Augmentation de la fréquence respiratoire
avec le protocole
2008 et de la température de la peau
standard.
• Baisse du rythme cardiaque, de la conductance
de la peau et du ratio BF/HF

16 patients avec ESPT


Le niveau du RSA (mesure de l’activité du
Sack et - de 1 à B sessions
système nerveux parasympathique) est
al., 2007 avec le protocole
augmenté.
standard.

10 patients avec ESPT Pendant les sets de mouvements oculaires,


Sack et - de 3 à 19 sessions baisse du rythme cardiaque, baisse de la
al., 2008a avec le protocole fréquence respiratoire et augmentation du
standard. . RMSSD.

10 patients avec ESPT


Sack et - de 1 à 4 sessions Baisse du rythme cardiaque et
al., 2008b avec le protocole augmentation du RMSSD
standard.

Augmentation de la température de la peau


au doigt, baisse du rythme cardiaque et de
la pression artérielle. • Durant les phases
18 patients avec ESPT
Wilson et de stimulation par mouvements oculaires
assignés de façon
al., 1996 augmentation de la réponse
randomisée
électrodermale durant les 10 premières
secondes de stimulations suivies d’une
diminution. Baisse du rythme cardiaque.

Aubert- 6 patients avec ESPT -


Baisse de la réponse électrodermale et du
Khalifa et 1 session avec le
rythme cardiaque.
al., 2008 protocole standard.

28 étudiants « non
cliniques » la moitié
Pas de différence sur la conductance et la
soumis au protocole
Dunn et t°. Sauf pour la fréquence cardiaque qui est
standard et l’autre à un
al., 1996 diminuée (mais résultats valables pour les
protocole placébo
deux groupes EMDR vs placébo).
sans mouvements
oculaires.

traitement oculaire on assiste à une augmentation de la variabilité


sinusale (cf. chap. 2) et une augmentation de la fréquence respiratoire
(mesurée en battement par minute) (fig. 6.1).
L’étude d’Eloffson et al. (2008) va plus loin en faisant appel à des
paramètres supplémentaires comme, la température de la peau, la
Temps (s)

Figure 6.1. Mesure moyenne du rythme cardiaque selon les différentes phases de
stimulation oculaire (tiré de Sack et al., 2008).

conductance de la peau, le taux de dioxyde de carbone (CO 2) rejeté


ou encore la consommation d’oxygène (SpC^)1. Si les résultats
indiquent une faible réduction de la consommation d’oxygène lors
des phases de stimulation oculaire, on assiste en revanche à une
augmentation de la libération de C 02, à une augmentation de
la température de la peau et à une baisse du rythme cardiaque et
de la conductance de la peau qui est indicateur physiologique du
niveau de stress, à mettre en lien avec une réduction de l’activité
du système nerveux sympathique. La figure 6.2 montre que dans
cette expérience la température corporelle semble également subir
quelques variations durant la mise en œuvre du protocole.
Les zones grisées de la figure 6.2 correspondent aux périodes de
stimulations oculaires. Les changements de température du doigt
peuvent être utilisés pour indexer les réponses des vasoconstricteurs
modulées par le système sympathique (Kistler et al., 1998).
Dans l’étude de Sack et al. (2008b), la procédure était diffé­
rente, puisqu’on proposait aux sujets de recueillir le contenu de
l’événement traumatique qu’ils avaient vécu, celui-ci était ensuite

1. Il s’agit en fait de la saturation de l’hém oglobine en oxygène par oxym étrie de


pouls.
Estimation Désensibilisation Installation

Figure 6.2. Mesure moyenne de la température (en degrés Celsius) du doigt selon les
différentes phases du protocole de base et périodes de stimulation oculaire (tiré de Elofsson
et al., 2008).

retranscrit par les auteurs (par exemple scène d’agression !), après
validation par le patient cette scène servait de support pour réexposer
les patients à l’événement traumatique et ainsi évaluer les évolutions
au fur et à mesure du travail thérapeutique. Ici encore, les auteurs
notent une baisse du rythme cardiaque et une augmentation du
RMSSD.
Même si des recherches doivent encore être menées, force est de
constater que les arguments neuropsychologiques et neurophysio­
logiques s’accumulent, même s’ils restent encore hypothétiques.
Le fait que les constats cliniques aient devancé les explications
théoriques n’ampute en rien l’intérêt de cette nouvelle approche
thérapeutique. Bien au contraire, ses zones d’incertitudes en font un
objet de recherche passionnant à l’interface de la psychologie, des
neurosciences et de la psychothérapie. Que demander de plus ? On
peut néanmoins s’interroger sur les attitudes des éternels insatisfaits
vis-à-vis de cette approche, qui le plus souvent se situent dans
une posture idéologique plutôt que dialectique et scientifique. La
thérapie EMDR active de véritables principes actifs qui favorisent
la guérison de certains patients. L’évolution de nos connaissances
nous fera très vite et encore mieux comprendre ce qui est enjeu
et les conséquences de ces recherches auront à n’en pas douter
des effets considérables sur notre manière de penser le processus
psychothérapeutique dans sa globalité.
La thérapie EM DR est structurée autour de protocoles et de
procédures qu’il convient de suivre car depuis vingt ans maintenant
ils ont fait leur preuve. Mais comme pour l’hypnose, la thérapie
EM DR permet au psychologue de faire preuve d’imagination et
d’inventivité afin de s’adapter au mieux à la réalité clinique du
malade.

LE PROTOCOLE DE BASE DE LA THÉRAPIE EMDR

La thérapie EMDR s’appuie sur de nombreux facteurs déjà utilisés


par d’autres approches, comme les TCC, les approches psychody­
namiques ou encore l’hypnose éricksonienne.
/ \
E ncad ré 6.1
P ré se n ta tio n du p ro to c o le E M D R de base
(extrait de S hapiro, 2007)
Introduction
• C o n stru ire u n ra p p o rt de confiance c o m m e dans to u t cadre th éra­
peutique.
• E x p liq u er la thérapie E M D R (exem ple p ro poser sur le site officiel
www. emdr-fiance. org).
• Positionner la d ém arch e et la tec h n iq u e (signal stop, distance des
doigts p ar rap p o rt aux yeux, rapidité des m o u v em en ts, installation
d ’u n lieu sûr — cf. encadré 6.2).

Détermination de la cible ou du souvenir traumatique qui sera traité


« Sur quelle situation v oulez vous travailler au jo u rd ’hui ? »
« Q u elle im age représente la partie la plus difficile de cet in cid en t ou
év én em en t ? »
C ognition négative ( C N J : « Q u a n d vous regardez cette im age, quels
sont les m ots qui vous v ien n en t à l’esprit qui disent quelque chose de
n ég atif sur vous et qui réso n n en t co m m e vrai m ain ten an t ? »
Cognition positive et évaluation de la cognition
« P lu tô t que (reprendre la co g n itio n négative), qu an d vous regardez
cette im age (ou situation) q u ’est-ce q u e vous préféreriez penser de
v o u s-m êm e m ain ten an t ? »
Validité ou crédibilité de la cognition p o sitive (notée V O C sur une
échelle de 1 à 7). « Q u a n d vous pensez à cette im age (ou situation)
us- dans quelle m esure ressentez-vous com m e vrais ces mots (répétez la
cognition positive), m aintenant ? Sur une échelle de 1 à 7, avec 1 étant
le niveau le plus bas (tout à fait faux) et 7 le niveau le plus haut (tout à
fait vrai), quelle valeur lui donneriez-vous ? »
Em otion, tension et localisation
D éterm ination de l’ém otion (ou des émotions) associée(s) : « Q uand
vous pensez à cette image (ou situation) et à ces mots (répétez la
cognition négative) quelle(s) émotion(s) éprouvez-vous m aintenant ? »
Tension ou mesure du S U D 1. « Sur une échelle de 0 à 10, où 0 signi­
fierait aucune perturbation et 10 le plus haut niveau de perturbation
que vous puissiez imaginer, à com bien évaluez-vous la perturbation
que vous ressentez m aintenant ? »
Localisation de la sensation corporelle : « O ù ressentez-vous cette
tension dans votre corps ? »
Désensibilisation et réévaluation du S U D
Mise en œuvre des séries de m ouvem ents oculaires : «Je voudrais
que vous laissiez revenir cette image, ces mots (répétez la cognition
négative) et cette sensation dans votre corps. M aintenant suivez le
m ouvem ent de mes doigts avec vos yeux... ».
Réévaluation du S U D : « R etournez à l’incident initial. Q u ’obtenez-
vous m aintenant ? » R épéter la procédure jusqu’à ce que le S U D soit
égal à 0.
Installation
M ise en lien de la cognition positive avec la cible : « Les mots (répétez
la cognition positive) sont-ils toujours les plus adaptés ou y a-t-il une
autre formulation qui correspondrait mieux m aintenant à ce que vous
souhaitez ? »
« Pensez à la situation initiale et à ces mots (énoncer la cognition
positive choisie). » « D ites-m oi à quel point vous ressentez ces mots
com m e vrais m aintenant ? »
« Gardez-les ensemble ! » Reprendre les mouvements oculaires et après
chaque série vérifier la V O C (validity o f cognition).
C ontinuez l’installation aussi longtemps que le matériel se modifie et
devient plus adapté.
Body Scan ou scanner du corps : « F e r m e z le s y e u x . C o n c e n t r e z - v o u s
s u r la s i t u a t i o n e t l e s m o t s ( é n o n c e r la c o g n i t i o n p o s i t i v e ) e t p a s s e z
en re v u e m e n ta le m e n t v o tre c o rp s e n e n tie r. D ite s - m o i o ù vous
r e s s e n te z q u e lq u e c h o s e ? » S i u n e s e n s a tio n e s t m e n t i o n n é e , fa ire d e s
m o u v e m e n t s o c u la ir e s ( s p é c if iq u e s s e lo n q u e la s e n s a t io n e t p o s i t iv e
o u n é g a tiv e ).
V__________________________________________________________________________y 1

1. Il s’a g it d ’u n e m e s u r e s u b j e c t i v e d e l ’i n t e n s i t é d e la d é tr e s s e ( cf. p lu s l o in ) .
U n e é ta p e im p o r t a n t e : l ’in s t a l l a t i o n d u lie u s û r

Avant toute mise en œuvre du protocole, le thérapeute aura pris le


soin de donner des outils aux patients qui permettront de l’apaiser
sur le plan affectif si ses abréactions sont trop fortes, ce qui est
souvent le cas. Dans le protocole EMDR, il est possible entre
autre chose de faire appel « au lieu sûr ». Créée en 1994, intégrée
dans le protocole EMDR depuis 1995, cette technique est utilisée
chaque jour par des milliers de thérapeutes EMDR sans qu’aucun
ait interrogé la méthode. La fonction de cette technique est d’être
une soupape de sécurité. Considérée comme un outil d’urgence
dans le protocole EMDR, Francine Shapiro le place dans la phase 2
de son protocole (Shapiro, 2007), à savoir la phase de préparation :

«Un e x e r c i c e p a r t i c u l i è r e m e n t u t i l e p o u r m o n t r e r a u p a t i e n t q u ’il p e u t
r a p i d e m e n t r e c o u v r e r sa s ta b ilité é m o t i o n n e l l e s’il se s e n t p e r t u r b é . C e t e x e r c ic e
e st s p é c ia le m e n t u tile p o u r u n p a ti e n t q u i n e p e u t se d é t e n d r e p a r c e q u ’il re s s e n t
le b e s o i n d e r e s t e r v ig ila n t, u n b e s o i n q u i p e u t a v o ir é té c o n d i t i o n n é p e n d a n t
d e s é p is o d e s d ’a b u s s e x u e l o u a u c o m b a t . »

Une étude de Wilson et al. (1995), portant sur l’efficacité de la


technique EMDR, a montré que l’exercice du « lieu sûr » a été
particulièrement favorable pour le déroulement de la thérapie chez
des sujets souffrant d’ESPT. C ’est depuis lors, d’ailleurs, que le
lieu sûr a été pleinement intégré au protocole et à la formation de
l’EMDR. Le lieu sûr pourrait s’inscrire dans la famille des techniques
de relaxation par visualisation mentale. Roques (2007) décrit ainsi
le lieu sûr comme « une technique utilisée notamment en hypnose.
La thérapie EMDR la reprend à sa manière. Le but est de créer un
conditionnement à partir d’une situation et d’un mot inducteur afin
que la personne puisse se sentir instantanément bien en l’invoquant.
C ’est généralement très efficace ».

( ^
E ncad ré 6.2
La m é th o d e du lieu sûr
Etape 1 : l ’image
Le patient et le clinicien choisissent un lieu sûr : le lieu sûr peut être réel ou
imaginaire, actuel ou passé. Ce lieu doit provoquer calme et sécurité
chez le patient et c’est un lieu dans lequel il peut revenir en cas de
besoin.
is> Étape 2 : émotions et sensations
O n dem ande au patient de se focaliser sur l’image et de sentir les
émotions liées/identifiées et les sensations corporelles agréables (utiliser
les éléments de contexte, extérieurs et intérieurs, le sujet peut avoir les
yeux fermés ou non, si un souvenir négatif émerge, il faut changer).
« Y a-t-il un souvenir négatif qui vous vient ? » Si oui on recherche un
nouveau lieu sûr. « O ù ressentez-vous le plus de choses ? » Demandez
au sujet dans quelle partie du corps il localise la sensation en demandant
au sujet de faire un scanner mental de son corps. Si c’est négatif, on
va changer de lieu sûr. Parfois le lieu sûr est difficile à trouver, et on
peut m ettre une séance à le trouver.
Etapg 3 : étape de mise en valeur
Toujours avoir une voix apaisante accentuer l’imagerie et les affects.
Transm ettre une impression de protection et sécurité au patient qui
doit rendre com pte des ém otions q u ’il ressent.
Etape 4 : étape des mouvements oculaires
Ici le patient est dans un certain état m ental et les m ouvem ents
oculaires (M O) ont pour fonction de renforcer cette sensation de
bien-être. Ce sont des séquences courtes et lentes (6 à 12 mouvements).
Il s’agit de renforcer le sentim ent de bien-être : « Laissez venir cette
image de ce lieu calme. C oncentrez-vous sur cette sensation agréable,
sur cette sensation dans votre corps. Perm ettez-vous de rentrer dans
cet espace, d’en profiter. Concentrez-vous sur ces sensations et suivez
mes doigts avec vos yeux. » Après la série de m ouvem ents oculaires.
Le thérapeute dem ande au patient de ferm er les yeux. « C om m ent
vous sentez vous m aintenant ? » Si le patient se sent bien, on fait
encore une série. « Très bien. R egardez mes doigts, très bien, laissez
la sensation vous envahir, prenez-la tout entière... » Si la sensation
n ’est pas accentuée, on essaie de faire des m ouvem ents oculaires dans
une autre direction. Si la sensation n ’est pas potentialisée, il faut alors
considérer que le lieu sûr n ’est pas de bonne qualité et en chercher un
autre.
Étape 5 : étape du mot-clé
O n dem ande au sujet de trouver un m ot qui illustrerait l’image (par
exem ple : forêt, m ontagne, paix...). « Q uel est le m ot qui illustrerait
le plus ce lieu ? » U ne fois le m ot identifié on dem ande au patient
de le répéter m entalem ent en repérant, en étant attentif aux sensa­
tions agréables. C ette procédure est renforcée avec les m ouvem ents
oculaires avec le m êm e rythm e que précédem m ent.
Étape 6 : étape dite d ’auto-réplique
O n demande au patient de répéter seul le processus en faisant revenir
l’image avec le m ot qualifiant cette image.
us- Q uand le patient a term iné et réussi cette étape, on lui indique
com m ent la répéter seul, en situation de stress.
Etape 7 : étape de la perturbation
Le thérapeute demande au patient de laisser entrer une pensée pertur­
batrice (pas traum atique = tension à la maison, stress au travail...).
Etape 8 : Etape d ’auto-réplique face à une perturbation
O n dem ande au patient de réactiver toutes les étapes ju sq u ’à ce qu’il
se sente détendu et qu’il a pu dissiper cette tension.
V___________________________________________________________________

L’utilisation du lieu sûr sera conseillée en cas d’urgence. Face à


une émotion envahissante, le sujet pourra faire appel à ses ressources
conditionnées pour apaiser son esprit. Il ne lui faudra que quelques
instants pour y accéder, et les résultats sont immédiats. Cependant,
l’émotion envahissante pourra revenir s’il reste en contact avec
l’élément stresseur. Cette technique est donc enseignée dans le
protocole EMDR comme un outil de sécurité permettant, au cours
des séances ou à l’extérieur, de contrôler son stress et ses émotions,
même si cela n’est que temporaire. Ces mouvements des yeux n’ont
pas la visée curative de l’EMDR, beaucoup plus lents, ils semblent
permettre une meilleure intégration de l’image mentale du lieu.

L a m is e en œ u v re d u p r o to c o le d e b a se

Pendant une séance de thérapie EMDR, il est demandé au patient


de bouger les yeux de gauche à droite, à un rythme régulier, tout
en pensant à des éléments d’un souvenir traumatique.

Exem ple
M m e B. vient de term iner sa chim iothérapie consécutive à un cancer du
sein droit qui a été amputé. Le souvenir choisi est l’annonce du cancer
dans le bureau de l’oncologue. «J’étais assise en face de lui et j ’ai bien
senti q u ’il était gêné de m ’annoncer la chose. C e qui est difficile c’est la
manière dont cela s’est fait, il m ’a refilé le bébé sans compassion. Il m ’a
dit voilà M. B. c’est grave on n ’a pas de temps à perdre, il faut couper,
c’est un cancer et on verra après pour la suite. » La situation définie avec
la patiente est la suivante : «Je suis dans le bureau du m édecin en face de
lui et je regarde son visage et je l’écoute prononcer les mots « couper » et
« cancer » qui résonnent dans ma tête. »
Le patient doit spécifiquement évoquer dans son esprit l’image
d’un des aspects pénible de l’événement passé (pour le cas de M.B. :
le visage distant et mal à l’aise du médecin lorsqu’il me parle). Le
thérapeute l’aide à focaliser son attention sur la dimension visuelle
de la représentation traumatique qui est la plus intensément associée
avec l’affect. Le patient énonce alors une conviction (cognition)
négative qu’il a de lui-même et qui résulte de cet événement
(Par exemple dans ce cas : Je vais mourir). Cette cognition est
négative parce que le sentiment d’impuissance est inapproprié ; elle
est enkystée dans le système nerveux alors que le danger est dans le
passé et qu’elle est dans le cabinet du psychologue et que l’épreuve
est derrière elle. Le thérapeute et le patient définissent ensemble
une direction pour la thérapie en identifiant aussi une cognition
positive. Cette phrase doit contenir un sentiment interne de maîtrise.
Cette cognition répond à la question : « Quand vous vous voyez
dans cette situation, que préféreriez-vous penser de vous-même à
la place de la croyance négative que vous venez d’énoncer ? » Le
patient doit alors évaluer le degré de conviction qu’il associe à cette
pensée positive : à quel point il la ressent comme vraie (par exemple
ici : je suis vivante). C’est l’évaluation de la validité de la cognition
positive (validity of cognition — VOC — qui va de 1 à 7 et qui pour
M.B. fut de 1).
L’émotion, ainsi que le SUD (subjective unit of distress : unité de
détresse ressentie), permettent au thérapeute d’estimer le degré
atteint dans la résolution du trauma et la progression au cours du
traitement vers une interprétation plus « adaptative » de l’événement
traumatique. Le patient identifie également l’affect ou l’émotion
précisément relié à la cible (par exemple ici : la peur). Il est ensuite
demandé à la patiente d’évaluer son intensité sur une échelle de
0 à 10 appelée le SUD. En même temps le thérapeute l’aide à
identifier les sensations physiques se manifestant dans son corps (par
exemple ici : oppression dans la poitrine) et qui accompagnent ces
images, pensées et émotions.
Après cette phase initiale, le patient va se centrer sur les émotions
et les sensations perturbantes du patient (c’est la phase de désensi­
bilisation). Il va alors suivre des yeux le déplacement bilatéral de
la main du thérapeute entre la gauche et la droite. Ces séries de
mouvements latéraux durent de 20 secondes à quelques minutes,
en fonction de la réaction émotionnelle du patient. Lors de cette
phase on trouve toutes les réactions de la personne. Il peut s’agir de
souvenirs, de prises de conscience, ou d’associations diverses. C’est à
chaque pause, entre chaque série de mouvements bilatéraux, que le
patient rapporte « ce qui lui est venu » pendant la période d’attention
flottante qui accompagne les mouvements oculaires. Le patient
porte alors son attention sur la nouvelle information, sensation ou
prise de conscience et le thérapeute recommence une autre série de
mouvements. Le thérapeute se retient de demander des clarifications
ou des précisions sur ce que le patient rapporte. De même, il n’en
donne aucune interprétation. Il continue simplement de ramener
l’attention du patient sur le matériel révélé par la stimulation et
amorce une nouvelle série de mouvements jusqu’à ce que les
associations ne suscitent plus de changements ou jusqu’à ce que
seulement des associations et sensations positives soient rapportées.
Entre les séries de mouvements oculaires, le patient parle nor­
malement au thérapeute, décrivant généralement ce qui s’est passé
pour lui pendant la stimulation. Le patient décrit ce qu’il a vu ou
ressenti pendant la stimulation un peu comme s’il s’agissait d’une
rêverie concentrée. Le travail est amorcé par un événement précis
ou un affect particulier, mais au fur et à mesure des mouvements
oculaires, d’autres associations à d’autres événements surgissent,
des pensées sur soi ou même des scénarios imaginaires. L’état
émotionnel se modifie rapidement, au rythme des changements
d’associations cognitives. En fonction de l’évolution du niveau
de SUD et de VOC donnés par le patient, le thérapeute peut
ensuite décider de pousser plus loin le traitement de l’événement
initial ou de commencer à traiter d’autres aspects du traumatisme.
La succession des séries de stimulations tend à désamorcer les
ruminations obsédantes couramment constatées chez les patients.
On appelle installation la phase suivante de la thérapie EMDR,
parce qu’elle a pour but d’installer l’opinion ou la cognition
positive (par exemple : je suis capable de reprendre ma vie en main)
identifiée par la personne afin de remplacer son opinion négative
(par exemple : je me sens impuissant) de départ. Pendant la phase
de désensibilisation le patient réélabore la terreur de l’événement
qui l’a traumatisé et il prend conscience que maintenant les choses
ont changé et qu’il dispose de forces et de ressources nouvelles qu’il
n’avait pas alors en sa possession : «Je suis capable de reprendre ma
vie en main. » On mesure alors avec le VOC, le degré d’adhésion
de la personne à cette opinion positive (sur une échelle de 0 à 7).
La phase suivante est le « scanner du corps ». Quand la cognition
positive a été renforcée et installée, le thérapeute demande à la
personne de garder à l’esprit l’événement-cible d’origine et de
vérifier si elle ressent des tensions résiduelles dans le corps. Si c’est
le cas, on se concentre sur ces sensations physiques (tensions dans
le ventre, nœud dans la gorge, oppressions de la poitrine...) pour
les retravailler. Van der Kolk (1994) a montré que la plupart du
temps les pensées traumatiques s’accompagnaient d’une véritable
résonance physique. Le traumatisme serait comme emmagasiné
dans la mémoire motrice et non dans la mémoire narrative et
que la personne conserve les émotions et les sensations physiques
négatives de l’événement d’origine. Ce n’est qu’une fois traitées
qu’elles peuvent migrer vers la mémoire narrative et donc être
verbalisées. Les sensations corporelles et les émotions négatives qui
leur étaient associées disparaissent. C’est la raison pour laquelle une
séance d’EMDR n’est véritablement terminée que si le patient peut
évoquer l’image-cible sans ressentir la moindre tension corporelle.
La thérapie EMDR accorde donc une place importante à la
résonance physique/somatique de la souffrance psychique. Les
aspects somatiques de souvenirs traumatiques sont non seulement
systématiquement explorés, mais les sensations qui leur sont asso­
ciées peuvent également être des cibles privilégiées des séquences de
mouvements oculaires. La capacité associative des sensations avec
d’autres aspects importants de l’univers cognitif et émotionnel du
patient fait de celles-ci des vecteurs cruciaux de soulagement de la
souffrance psychique.
N
E n cad ré 6.3
R e tra n sc rip tio n d ’une prise en charge d ’un é ta t de stress
p o s t-tra u m a tiq u e avec la th érap ie E M D R
La transcription partielle d ’une séance d ’E M D R illustrera le processus
présenté plus haut. Paul est un hom m e de 68 ans m aintenant à la
retraite et qui a sollicité notre aide parce que depuis sa cessation
d ’activité il se sent de plus en plus mal et q u ’il ne com prend pas
pourquoi certains souvenirs de la guerre d’Algérie lui reviennent avec
tant d ’acuité et de violence. Ces idées deviennent obsédantes. Idées
us" intrusives, cauchem ars, irritabilité étaien t les sym ptôm es récurrents
que Paul m anifestait lors de n o tre p rem ière ren co n tre. L’ensem ble
s’accom pagnait d ’u n état dépressif en c o re p e u p ro n o n c é , mais qui
avait décidé son m éd e c in généraliste à le m e ttre sous antidépresseurs
depuis quatre jo u rs. D ep u is son re to u r de la guerre en 1961, il
n ’avait plus parlé de ce q u ’il avait vécu, sau f avec les anciens q u ’il
avait fréquentés la p rem ière année de son re to u r en France. M arié
et inséré p rofessionnellem ent, il n ’avait plus ju g é utile de rappeler
certains souvenirs p articu lièrem en t pénibles. U n en particulier le
hante. Il se sou v ien t q u ’u n e de ses m issions avait été d ’o p érer avec
quelques hom m es une patrouille dans une zone m ontagneuse réputée
dangereuse. Lui e t ses h o m m es avaient été déposés en cam ion à u n
e n d ro it b ie n précis et dev aien t p a rc o u rir u n itinéraire p o u r ensuite
être récupérés et ren trer au cam p. Mais personne n ’est jam ais venu les
c h e rc h e r à l’e n d ro it p révu. O u b liée, la p atrouille a dû ren trer à pied
dans la n u it avec p eu d ’a rm e m e n t p o u r se défendre. « C e jo u r-là j ’ai
cru que je ne rentrerais plus, mais je ne pouvais rien dire p o u r ne pas
affoler mes h om m es déjà suffisam m ent angoissés. »

Eléments de la thérapie E M D R pour le cas Paul


Souvenir cible : Je m e revois dans ces gorges avec m es soldats, on
en ten d ait des bruits ici o u là, mais o n ne voy ait rien car la n u it était
tom b ée. Je m archais d ev an t et je m e disais à chaque pas que je faisais
que c ’était p e u t-ê tre le dern ier et que je pouvais d ’un instant à l’autre
m e faire égorger.
Image la plus difficile : Les bruits que j ’entendais a u to u r de m oi et qui
p ro v en aien t des arbres o u des buissons.
Cognition négative : Je m e sens en danger, je vais m o u rir
Cognition positive : C ’est fini, c’est derrière m o i je m ’en suis sorti.
VOC : 2
Em otions ressenties : J ’ai la trouille, je suis terrorisé, j ’ai peur.
S U D : 10
Localisation de la sensation corporelle : Je ressens ça dans m o n v entre, ça
m e serre les boyaux.
R etran scrip tio n de quelques interactions verbales rendant co m p te du
d éro u lem en t de la thérapie.
L e T H É R A PE U T E . — C o m m e n ç o n s p ar visualiser la situation d o n t
nous avons parlé to u t à l’h eu re ; celle o ù vous êtes avec vos hom m es
dans ces gorges en A lgérie alors q u ’il fait nuit.
P A U L . — O u i, Je m e revois dans ces gorges avec m es soldats, o n
en ten d ait des bruits ici o u là, mais o n ne voyait rien car la n u it était
tom b ée. J e m archais d ev an t et j e m e disais à chaque pas que je faisais
que c’était p e u t-ê tre le d ern ier et que je pouvais d ’un instant à l’autre
m e faire égorger.
us» L e T H ÉR A PE U T E. — Pensez à ces bruits que vous entendiez au to u r
de vous et qui p ro v e n a ie n t des arbres o u des buissons. G ardez en
m êm e tem ps à l’esprit cette pensée : «Je m e sens en danger, je vais
m ou rir. »
PAUL. — O u i, je m e sens en danger... je le sens
L e T H É R A PE U T E . — Q u e ressentez-vous ?
PAUL. — J ’ai peur, je ressens la p e u r co m m e si c ’était là. Je la sens
dans m o n « b ide ».
L e THÉRA PEU TE. — C oncen trez-v o u s sur cette image, sur ce q u ’elle
provoque chez vous, sur ce que vous ressentez et suivez m on doigt du
regard.
A ce m o m e n t, nous co m m en ço n s u n e séq uence de m o u v em en ts
d ’yeux. P en d an t cette séquence, Paul ne dit rien.
LE THÉRA PEU TE. — B ien. Prenez une grande respiration. Q u ’est-ce
qui vous v ien t à l’esprit m ain ten an t ?
PAUL. — O n a failli y passer, je suis sûr q u ’il y avait q u elqu’un... C ’est
parce q u ’o n n ’était pas des paras q u ’o n n ’est pas m o rt. Ils savaient
q u ’o n était des pauvres types et q u ’avec nos pétards on n ’était pas des
tueurs. Je n ’ai jam ais fait de mal à personne.
L e TH ÉR A PEU TE. — G ardez bien ça à l’esprit. (Nous commençons une
autre séquence de mouvements d ’yeux). B ien.
PAUL. — Putain, mais co m m en t o n p eu t oublier des hom m es dans la
« pam pa », com m e ça. C o m m e n t c’est possible, je n ’ai jam ais com pris...
L e T H ÉR A PE U T E. — C o n tin u e r avec ça. (Nous commençons une autre
séquence de mouvements d ’yeux.)
Paul a les y eu x pleins de larm es et il s’effondre...

Tableau 6.2. - Évaluations cliniques quantitatives du cas Paul.

Début de la deuxième Fin de la troisième et


Début de la session
séance3 dernière séance
S U D = 10 SUD = 5 SUD = 0
VOC = 2 VOC = 4 VOC = 6
BDI (dépression) = 22 BDI (dépression) = non BDI (dépression) = 7
mesuré
lES-Total (ESPT) = 39 lES-Total (PTSD) lES-Total (ESPT) = 25
= non mesuré
lES-Intrusion = 19 lES-Intrusion = non IES- Intrusion = 12
mesuré
lES-Évitement = 20 lES-Évitement = non lES-Évitement = 1 3
mesuré

a. Ce cas n’étant pas inclus dans un protocole de recherche, il était difficile d’imposer au
patient une répétition des mesures. C ’est la raison pour laquelle V IE S et le B D I n’ont pas
été proposés lors de cette phase.

N o u s a v o n s r é s u m é d a n s l e t a b l e a u 6 . 2 u n c e r t a i n n o m b r e d ’i n d i c a t e u r s
c l i n i q u e s m e s u r é s a u d é b u t e t à la f i n d e la t h é r a p i e q u i s u r l e p o i n t
es- évoqu é s’est d éroulée sur trois séances de 60 m inutes. O n p e u t n o ter
une d im in u tio n im p o rtan te des scores à l’IES et au B D I, de la m êm e
m anière le S U D (évaluation de la co g n itio n négative) d im in u e alors
que le V O C au gm ente p o u r atteindre son seuil m axim um à la fin de
la troisièm e séance.
L e THÉRA PEU TE. — Q u ’e s t - c e q u e v o u s r e s s e n t e z m a i n t e n a n t ?
P A U L . — J e m e se n s tr is te q u e ç a m e s o it a r riv é . P le u r s ...
L e T H É R A P E U T E . — C o n tin u e r avec ça. (Nous commençons une autre
séquence de mouvements d ’yeux.)
[...]
L e THÉRA PEU TE. — À q u o i v o u s pensez ?
PA U L. — Je pense à rien, disons que je suis tou jo urs triste et que j ’ai
toujours cette p eu r au ventre, mais c’est m oins fort ; j ’arrive à m e dire
que fin alem en t si je suis là en face de vous c ’est q ue je suis vivant et
que le pire n ’est pas arrivé... sauf dans m a tête.
LE TH ÉR A PEU TE. — Q u ’e s t - c e q u e v o u s r e s s e n t e z m a i n t e n a n t ?
P A U L . — J e m e se n s tr is te q u e ç a m e s o it a r riv é . P le u r s ...
L E T H É R A P E U T E . — C o n tin u e r avec ça. (Nous commençons une autre
séquence de mouvements d ’yeux.)
[•••]
PA U L. — C ’est derrière m oi to u t ça. C ’est m arrant ce souvenir dans
les gorges m e paraît loin, u n peu flou m êm e... C e qui com pte c’est ce
que je suis en vie m aintenant. J ’ai eu p e u r de m ourir.
L e THÉRAPEUTE. — C o n n a is s e z - v o u s d e s g e n s q u i à v o tr e p la c e
n ’a u r a i e n t p a s e u p e u r ?
P A U L . — N o n , tous les h o m m es q u e j ’ai connus à la guerre m êm e
s’ils cô to y aien t la m o rt parfois de près en avaient tous peur.
L e T H É R A P E U T E . — G ardez bien ça à l’esprit. (Nous commençons une
autre séquence de mouvements d ’yeux).
[■••]
PA UL. — Je sens q ue c ’est plus là... le so u v en ir est là mais ça n e m e
fait plus rien... je tro u v e ça norm al et finalem ent j ’ai bien réagi...
L E T H É R A P E U T E . — G ardez b ien ça à l’esprit. (Nous commençons une
autre séquence de mouvements d ’yeux).
P A U L . — C ’est drôle c ’est co m m e si c ’était loin... je ne ressens plus
rien qu an d j ’y pense...
Sur des traum as simples (type 1 o u E S P T ), l’E M D R ap p o rte des
réponses parfois déco n certan tes q u an t à son efficacité. Sur la cible
présentée ici le cas de Paul s’inscrit dans la c o n tin u ité de ces patients
qui se m etten t à élaborer devant u n thérapeute toujours intrigué. C ar il
s’agit bien d ’élaboration et de reconsidération de ce qui faisait traum a
et qui dès la d eu x ièm e et la troisièm e séance est rangé au rang des
autres souvenirs. Le patient s’éloigne de ce qui faisait souffrance, de ce
qui p e n d a n t des m ois o u des années lui collait à la peau co m m e une
maladie d o n t on ne peut se défaire. La retranscription fidèle du cas de
Paul est la parfaite illustration de ce processus q u ’il ne faut pas hésiter
à qualifier de guérison.
V____________________________________________________

INDICATION ET APPLICATION DE LA THÉRAPIE EMDR


DANS LE DOMAINE DE LA SANTÉ

La psychologie de la santé, qui s’est beaucoup développée ces


dernières années, bien que dynamique dans le développement de
ces approches heuristiques, n’a pas été en mesure de proposer ou
de trouver une réponse opérationnelle aux demandes de prise en
charge des sujets malades qu’impose le terrain. La prise en charge
psychologique se réduit souvent à un ensemble de démarches plus
ou moins proches de l’éducation à la santé, où il s’agit d’éduquer
les patients à avoir des comportements plus adaptés à leur nouvelle
situation de malade. Or les psychothérapies constituent un autre
versant de cette prise en charge psychologique. Même si en France
(voire même outre-Atlantique) les tenants de la psychologie ne
l’évoquent que très rarement, dans la pratique, les psychothérapies
restent un mode d’intervention majeur auprès des malades (Fischer
et Tarquinio, 2006). Elles obligent les praticiens à aller puiser dans
les classiques de la psychanalyse ou de la psychologie clinique
traditionnelle une réponse en termes de prise en charge souvent
déconnectée de leur ancrage théorique initial. L’EMDR constitue
de ce point de vue un trait d’union incontestable entre la demande
d’aide exprimée par les patients et le manque de moyens à la
disposition des psychologues, psychothérapeutes ou des psychiatres
intervenants dans le domaine de la santé et de la maladie. Ces
demandes de patients sont vastes, elles peuvent concerner les patients
en bonne santé afin de les aider à vaincre les situations de stress
qu’impliquent certaines situations de la vie personnelle (situation
de la vie quotidienne, examens, recrutement, perte d’un proche,
divorce...) ou de la vie professionnelle (stress au travail, violences
au travail, reconversion, licenciement...) dont on sait aujourd’hui
qu’elles ont des effets souvent graves sur la santé physique et/ou
psychique. Ces demandes peuvent aussi concerner des personnes
confrontées à l’annonce de maladie comme le cancer ou le VIH.
qui raisonnent souvent pour le patient comme une sentence de
mort et qui nécessitent une prise en charge rapide et efficace afin
de potentialiser les ressources adaptatrices du sujet et lui donner les
moyens nécessaires pour se battre et faire face à la maladie.
La littérature montre depuis longtemps que les malades cardiaques,
les diabétiques, les asthmatiques sont aux prises avec de nombreux
symptômes anxieux, dépressifs, voire traumatiques, qui altèrent leur
qualité de vie et les rendent plus vulnérables. Il en va de même, des
personnes qui vont subir une intervention chirurgicale, des femmes
qui doivent se faire avorter, des malades en phase terminale ou tout
simplement des familles qui doivent accompagner un proche dans
la maladie quand ce n’est pas dans la mort.
Même si l’inscription de la thérapie EMDR dans le champ
de la santé et de la maladie doit se développer, une littérature
émergente et une pratique clinique importante vont nous permettre
de proposer quelques ouvertures dans des champs particulièrement
importants que sont le cancer, la douleur et le deuil.

EM DR et cancer

En oncologie, la prise en charge psychothérapeutique a pour objectif


d’aider les malades à préserver au mieux leur intégrité physique
et psychique. Elles visent également à aider toutes les personnes
concernées, qu’il s’agisse des patients, des familles, des soignants,
à faire face du mieux possible à la situation. Les conséquences
psychologiques de la confrontation à la maladie cancéreuse sont
le plus souvent de type réactionnel, mais elles constituent parfois
une pathologie psychiatrique.
Dans sa quatrième édition, le DSM reconnaît, pour la première
fois, « le fait de recevoir le diagnostic d’une maladie mettant enjeu
le pronostic vital » comme un événement traumatique extrême,
susceptible de conduire au développement d’un état de stress
post-traumatique. Les études épidémiologiques réalisées depuis lors
(Smith et al., 1999) montrent qu’un diagnostic d’ESPT peut être
posé chez 5 % à 20 % des patients atteints de cancer. Ce pourcentage
n’inclut pas les cas subsyndromaux. Le fait que des patients affichent
un tableau clinique de détresse émotionnelle compatible avec le
diagnostic de l’ESPT confirme d’abord et avant tout le caractère
traumatique de l’événement extrême que constitue le diagnostic de
cancer. Compte tenu du haut degré de comorbidité entre ESPT
et dépression, il est permis de formuler l’hypothèse selon laquelle
l’ensemble des processus psychiques qui prennent place à la suite
d’un diagnostic de cancer sont d’essence post-traumatique. A cet
égard des structures cérébrales telles que l’amygdale, l’hippocampe
et le cortex préfrontal déjà impliqués dans la physiopathologie du
stress post-traumatique (Hull, 2002), se sont retrouvées au cœur
d’une étude volumétrique qui a notamment mis en évidence
une réduction significative du volume de l’amygdale chez des
patientes atteintes de cancer du sein et présentant des phénomènes
de souvenirs intrusifs (Matsuoka et al.)
C 'N
E ncad ré 6.4
C ancer et prise en charge p a r la th érap ie E M D R .
A vec u n e m aladie co m m e le cancer (com m e avec un E S P T ), il
c o n v ien t de re c h e rch e r des cibles adaptées et pertin en tes ce qui est
loin d ’être évident. C ’est ce que m o n tre une recherche de T arquinio
et al. (2009) d o n t le b u t était de p re n d re en charge v ingt patientes
atteintes par u n cancer du sein. Le tableau 6.3 m o n tre la variabilité
des cibles et le fait q u e dans la prise en charge des patientes plusieurs
cibles o n t parfois dû être traitées les unes après les autres en fonction
de l’év o lu tio n et de la progression de la patiente.

Tableau 6.3. - Typologie des cibles

Exemples de cibles identifiées n


Annonce de la maladie (ou diagnostic) 12
Fantasmes de mort 10
Peur de la souffrance 7
Laisser ses enfants, son mari 6
La peur du traitement ou de l’intervention chirurgicale 9
Latteinte à la féminité 4
La crainte du futur 3

\ _________________________________________________________/

M m e U , 36 ans, m ariée et m ère de deux enfants, vient d ’apprendre q u ’elle


a u n cancer du sein gauche. Le diagnostic est sans appel ! Il faut p rocéder
à u n e ablation du sein dans les m eilleurs délais puis ensuite envisager une
ch im io th érap ie qui s’avère difficile. Q u a n d M m e U v ien t nous v o ir elle
est au m ilieu de sa chim iothérapie et c ’est sur les conseils de son m édecin
généraliste q u ’elle s’adresse à nous. D épressive, son m édecin lui a prescrit
u n antidépresseur. A l’issue du p re m ie r en tretien , l’état an xio-dépressif
est m anifeste accom pagné d ’idées intrusives, de cauchem ars, d ’attitudes
d ’év item en t, de troubles du som m eil, d ’irritabilité. M m e U dit ne plus
supporter son entourage et en m êm e tem ps avoir p eu r de les perdre. U ne
des phases de la thérapie fut de faire appel à l’E M D R avec les élém ents
suivants du p ro to co le de base.
Cible : Je vais m ourir.
Image la plus difficile : Laisser mes enfants seuls.
Cognition négative : Je ne suis pas p rête à m ourir.
Cognition positive :J e v eu x vivre.
VOC : 2
Émotions ressenties : J ’ai peur.
S U D : 10
Localisation de la sensation corporelle : Je suis oppressée dans m a poitrine, ça
m e serre.

Si le déni de la maladie est parfois apparu comme un facteur de


bon pronostic pour la survie, parce qu’une telle attitude permet
d’amoindrir l’impact de l’annonce et donc le stress induit. A
posteriori, les approches comme la thérapie EMDR peuvent être
recommandées pour permettre au patient de réajuster son point de
vue sur sa pathologie et ainsi de promouvoir des comportements
plus adaptés, ou mobiliser des ressources pour faire face et préparer
des phases importantes pour lui comme l’intervention chirurgicale,
la chimiothérapie ou la radiothérapie. Il est important de noter que
la thérapie EM DR dans ce type de problématique (et sans doute
dans d’autres) est rarement utilisée dans le cadre d’une application
stricte et limitée du protocole de base ou d’un autre protocole. La
plupart du temps l’usage de l’EMDR se fait à l’intérieur d’une prise
en charge globale, où la psychothérapie de soutien tient une place
importante.
L’EMDR devient alors un outil complémentaire, permettant de
surmonter certaines phases difficiles et de potentialiser les ressources
du malade. C ’est une différence majeure qui distingue la prise en
charge des patients souffrants de pathologies chroniques plus ou
moins graves de patients ayant été confrontés à un événement
traumatique qu’ils ne côtoient plus. La maladie où le spectre de
la mort accompagne les pas des malades et c’est là une autre réalité
qu’il faut aussi prendre en compte afin d’aménager la prise en charge.
L’EM DR peut se révéler très utile pour accompagner les patients
dans certaines étapes de la maladie, notamment en ce qui concerne,
l’annonce ou encore la préparation aux soins ou à l’intervention
chirurgicale si elle doit avoir lieu.

D es ressources pou r fa ire face à la maladie : le cas de M m e J ]...


C e protocole E M D R p o u r le développem ent et l’installation des ressources
p re n d appui sur le travail de K o rn et Leeds (2002).
1. Identifier les ressources que le patient peut mobiliser maintenant
— Pensez à v o tre situation, à cette m aladie à laquelle vous devez vous
m esurer... Vous y êtes ? B ien. Lorsque vous pensez à v o tre situation, à
cette maladie, aux traitem ents d o n t nous avons déjà parlé quelles seraient
les qualités, les ressources ou les forces d o n t vous auriez besoin p o u r lu tter ?
— J ’aimerais être plus forte, plus courageuse. J ’aimerais p o u v o ir gérer ma
p e u r et p o u v o ir m e battre co n tre lui (le cancer). 1

1. Une telle identification de la ressource a été possible chez cette patiente âgée de
37 ans et atteinte d’un cancer du colon grâce au travail d’anamnèse qui a permis
de repérer dans son histoire les personnes ayant joué pour elle un rôle crucial. Ce
fut le cas de la grand-mère de M me J. qui s’est occupée d’elle alors que ses parents
travaillaient. D ’origine italienne celle-ci lui a transmis de nombreuses compétences
(linguistiques, culinaires...). Selon les propos de la patiente c’était une personne
dont le courage était reconnu par tous. Veuve très jeune, elle a dû assumer seule
sa famille et les difficultés qui incombaient aux immigrés italiens à la fin de la
Seconde Guerre mondiale. Sous dialyse pour cause d’insuffisance rénale elle ne s’est
jamais plainte et à toujours vécu pour reprendre les propos de Mme J « avec dignité,
courage et combativité ce qui à mes yeux fait d ’elle une femme d’exception ». La
grand-mère de Mme J est décédée quinze ans auparavant, mais sa disparition n’était
pas problématique pour la patiente.
2. Développement des ressources et tuteur de résilience1
— Y a -t-il u n e p erso n n e dans v o tre vie actuelle ou dans v o tre passé, qui
dispose de ces qualités o u qui les rep résen ten t ? Pensez à la p ersonne
que vous aim eriez avoir près de vous dans u n co in de v o tre tête et
qui p o u rra it vous en co u rag er et vous aider à vous sentir plus forte, plus
courageuse et vous d o n n e r la force de vous batte co n tre cette m aladie. A
qui pensez-vous ?
— A m a g ran d -m ère ! C ’est évid en t c ’est elle qui m e vient to u t de suite.

3. Potentialisation des ressources

— C o n c e n tre z -v o u s sur v o tre g ran d -m ère... Lorsque vous pensez à elle,


q u ’est-ce qui vous v ien t ?
— J ’ai son visage qui vient... elle m e sourit, o n est dans sa cuisine
— Q u ’en ten d ez-v o u s ?
— Elle m e parle en italien, elle m e dit des choses q u ’elle m ’a souvent dites.
Il faut se battre, que je suis capable, q u ’elle l’a toujours su. C ’est m arrant
cette scène est arrivée... elle m ’app ren ait u n e recette italienne et j ’avais
du m al... J ’ai l’im pression q u ’elle voulait m ’apprendre plus que la cuisine
italienne. C ’est drôle j ’y avais pas pensé
— Q u e sentez-vous ?
— D e la chaleur, plein de chaleur, je sens sa m ain sur la m ien n e co m m e
q u an d elle m ’ap prenait les gestes en cuisine... c’est b o n ... elle est là... ça
sent b o n . T o u t est bon.
— Q uels sentim ents vous v ien n en t lorsque vous vous concentrez sur votre
gran d -m ère ?
— Je ressens de l’am our et çà m e chauffe à l’intérieur. En fait c’est drôle je
crois que j ’ai oublié m a g ran d -m ère... je crois que j ’ai oublié ce q u ’elle a
vou lu m e dire.

1. D e s é lé m e n t s c o n s titu tif s d e la r é s ilie n c e s o n t la c o n f ia n c e d e b a se , l ’e s tim e d e so i,


le s e n t i m e n t d ’i d e n t i t é e t c e lu i d e ses p r o p r e s q u a lité s o p é r a t io n n e l le s . C e s é lé m e n t s
s’i n i t i e n t e t se d é v e l o p p e n t d o n c a u s e in d e la f a m ille . S e l o n C y r u l n i k ( 1 9 9 8 , 1 9 9 9 ,
2 0 0 1 ) , le r é s i li e n t, s e u l, sa n s u n e r e n c o n t r e p o u r r e b o n d i r , n e p e u t e f f e c t u e r u n
« r e t r i c o t a g e » a ffe c tif. C e t t e r e n c o n t r e p e u t ê t r e in tr a f a m i li a le o u n o n , s c o la ir e o u
p s y c h o t h é r a p iq u e . L es t u t e u r s d e r é s ilie n c e s o n t d e s p e r s o n n e s m a n i f e s t a n t e m p a t h ie
e t a f f e c ti o n , s’i n té r e s s a n t p r i o r i t a i r e m e n t a u x c ô té s p o s itif s d e l ’i n d i v i d u , la is s a n t à
l ’a u t r e la l i b e r t é d e p a r le r o u d e se t a i r e , n e se d é c o u r a g e a n t p a s fa c e a u x é c h e c s
a p p a r e n ts , r e s p e c t a n t le p a r c o u r s d e r é s i li e n c e d ’a u t r u i e t f a c i li t a n t l ’e s t im e d e soi
d ’a u tr u i .
4. Contrôler la ressource
— Lorsque vous vous concentrez sur votre grand-m ère et sur son sourire,
ses m ots en italien p o u r vous dire de vous b attre, vous disant que vous
capable, cette chaleur, la sensation de sa m ain sur la vôtre, cette o d eur dans
cette cuisine, c o m m e n t vous sentez-vous ?
— B ien... très bien.
— Lorsque vous revenez sur la situation qui est la vôtre, sur la maladie qui
est la vôtre au jo u rd ’hui, à com bien estim ez-vous m aintenant com m e vrai,
com m e étant quelque chose de p o sitif le fait de penser à votre grand-m ère
et à son sourire, à ses m ots en italien p o u r vous battre, vous disant que
vous capable, cette chaleur, la sensation de sa m ain sur la vôtre, cette odeur
dans cette cuisine, sur une échelle de 1 com plém ent faux et 7 com plém ent
vrai ?
— 5.

5. Ressentir la ressource
— A rrêtez-vous u n instant sur cette image de votre grand-m ère et observez
son sourire, écoutez ses m ots en italien qui vous disent de vous battre, que
vous êtes capable, sentez cette chaleur, la sensation de sa m ain sur la vôtre,
cette o d e u r dans cette cuisine.
— C ’est b o n , je suis b ien, je suis détendue.

6. Installation de ressource
« P en d an t que vous co n tin u ez à vous co n cen trer sur v o tre g rand-m ère et
observez son sourire, éco u tez ses m ots en italien qui vous disent de vous
battre, que vous êtes capable, sentez cette chaleur, la sensation de sa m ain
sur la vôtre, cette o d e u r dans cette cuisine, suivez mes doigts. »
Plusieurs sets de m ouvem ents oculaires (6 à 12), suivi de : « Q u e ressentez-
vous m ain ten an t ? »

7. Renforcement de la ressource et association avec des repères verbaux ou sensoriels


— Allons u n peu plus loin si vous le voulez bien. Lorsque vous faites venir
dans v o tre tête ce so u v en ir de v o tre g ra n d -m ère avec tous les élém ents
que nous avons évoqués ensem ble, quels sont les m ots les plus positifs que
vous p o u rriez tro u v e r p o u r vous décrire m aintenant.
— Je suis capable, oui c ’est ç à je suis capable, je m e sens capable.
— Im aginez que votre gran d -m ère soit à vos côtés et vous d o n n e ce dont
vous avez besoin. Je crois q u ’elle vous connaissait suffisam m ent p o u r
savoir très vite ce d o n t vous avez besoin. Im aginez-vous fusionner avec
elle c o m m e s’il était possible de la faire e n trer en vous o u alors im aginez
q u ’elle vous e n to u re co m m e u n halo. Im aginez ce qui vous co n v ien t le
m ieu x , ce qui est le m ieu x p o u r vous. C ’est co m m e si cette force d o n t
vous avez besoin, ce courage d o n t vous dites q u ’il vous m an q u e était à
votre disposition c’est com m e si elle vous donnait cela com m e u n cadeau.
Sentez cela venir en vous com m e si cela remplissait votre cœ ur, votre âme
et v o tre corps. Sentez cette force e n tre r en vous. O ù dans v o tre corps
sentez-vous cette force en vous m ain ten an t ?
— D ans m o n ventre.
Plusieurs sets de m ouvem ents oculaires (6 à 12), suivi de : « Q u e ressentez-
vous m ain ten an t ? »

Travailler la projection dans le fu tu r

— Im aginez-vous avec cette ressource. Im aginez-vous, co n fro n tée aux


traitem ents q u ’im pose ce cancer. Im aginez-vous disposer de cette force
p o u r faire face de m an ière efficace. Im aginez-vous liée et pro tég ée par
v o tre g ran d -m ère. C o m m e n t cela sera alors p o u r vous ? É co u tez votre
grand-m ère qui vous parle et vous dit ce que vous avez besoin d ’entendre
p o u r vous rassurer co m m e elle a toujours su le faire. Sentez le contact de
sa m ain sur la v ô tre co m m e p o u r vous guider. Prenez conscience de to u t
cela.
(Plusieurs sets de m ouvem ents oculaires (6 à 12), suivi de : « Q u e ressentez-
vous m ain ten an t ? »)
M a in te n a n t lorsque vous rev en ez sur la situation qui est la v ôtre, sur la
m aladie qui est la vôtre a u jo u rd ’hui, à co m b ien estim ez-vous m aintenant
co m m e vrai, c o m m e éta n t quelq u e chose de p o sitif le fait de penser à
v ô tre g ra n d -m è re et à son sourire, à ses m ots en italien p o u r vous battre,
vous disant que vous capable, cette chaleur, la sensation de sa m ain sur la
v ô tre, cette o d e u r dans cette cuisine, sur u n e échelle de 1 co m p lém en t
faux et 7 co m p lém en t vrai ?
— 7.Il

Il est possible d’utiliser l’EMDR pour se débarrasser du sentiment


d’impuissance souvent concomitant avec ce type de maladie qui non
seulement conduit à une altération de la qualité de vie, mais aussi, et
c’est plus grave à une altération de l’action du système immunitaire.
Ici, la maladie est un traumatisme continu pour laquelle l’EMDR
peut aider avec d’autres approches à panser les plaies au fur et à
mesure du cheminement du patient.
EM DR et prise en charge de la douleur

Il existe différentes typologies de douleurs, par excès de noci-


ception1, les douleurs neuropathiques12 (ou de désafférentation ou
neurogènes) et les douleurs idiopathiques3. Il n’y a pas à proprement
parler d’études contrôlées en ce qui concerne la prise en charge de
la douleur et des plaintes somatiques par la thérapie EMDR. Dans
le meilleur des cas (qui n’est pas négligeable pour autant !), il est
possible d’identifier un certain nombre d’études de cas. Cependant,
les études contrôlées qui avaient pour objectif la prise en charge de
patients souffrant d’état de stress posttraumatique ont très souvent
mis en évidence des changements au niveau de la perception
somato-sensorielle (Carlson et al, 1998 ; Chemtob et al, 2002 ;
Wilson, Becker et Tinker, 1997 ; van der Kolk et al, 2007).
Grant et Threlfo (2002) rappellent le protocole pour la prise en
charge de la douleur avec la thérapie EMDR en insistant sur le fait
que le préalable à toute procédure de traitement de la douleur sera
de s’être assuré que les troubles psychotraumatiques auront pu être
réduits avec le protocole de base.
Cinq étapes assez globales sont ainsi proposées :
• Étape 1 : évaluation du niveau de douleur et du seuil de tolérance
du patient (des patients pour lesquels la douleur est trop violente
ne pourront que difficilement être disponibles pour un travail de
psychothérapie dont l’objet est justement cette douleur) ;
• Étape 2 : discuter le diagnostic médical et l’attitude du patient
vis-à-vis de ce diagnostic afin d’évaluer d’une part le niveau
d’acceptation par le patient et d’autre part de quelle typologie
de douleur il est question ;

1. Douleur aiguë notam m ent lors de contusions, de fractures, d’infections ou


d ’inflammations.
2. Douleurs ressenties sous la forme de fourmillements, de brûlures, et de décharges
électriques, caractérisées par leur chronicité. Il s’agira notamment des douleurs
post-zostériennes, des polynévrites, des douleurs du membre fantôme (Phantom
Limb Pain), des douleurs découlant d’arrachements ou d’un envahissement tumoral
du plexus brachial, ainsi que de certaines douleurs provenant de cicatrices ou
d’opérations chirurgicales.
3. Souvent médicalement inexpliquées, il s’agit des lombalgies, des névralgies faciales,
des colopathies fonctionnelles ou encore ses fibromyalgies.
• Étape 3 : identifier et donner la priorité aux cibles (objectifs) pour
le retraitement EMDR ;
• Étape 4 : faciliter la relaxation et le changement de sensations de
douleur dans le cadre de la prise en charge à partir du protocole
EMDR qui conduit généralement à un sentiment de relaxation et
à un changement dans la perception de la sensation douloureuse ;
• Étape 5 : développer des ressources psychologiques qui permet­
tront aux patients de mieux gérer sa douleur.

E ncad ré 6.5
E xem ple de p ro to c o le E M D R in tég ré p o u r la prise en charge
de la m ig ra in e 1

Figure 6.3. Mesure subjective de la douleur (SPL) avec la thérapie E M D R


versus prise en charge médicale.
uw

1. C ’e st u n e d o u l e u r d e la m o i t i é d u c r â n e , p u ls a tile , c ’e s t - à - d i r e q u e l ’o n re s s e n t le
r y t h m e d u b a t t e m e n t c a r d i a q u e d a n s sa t ê t e . E lle e s t p a r fo is p r é c é d é e d e p r o d r o m e s
(sig n e s a v a n t c o u r e u r s ) d u t y p e s c o t o m e v is u e l s c in tilla n t. E lle s’a c c o m p a g n e s o u v e n t
d e n a u s é e s v o i r e d e v o m is s e m e n t s , e t d e p h o t o p h o b i e (la l u m i è r e e st u n f a c t e u r d e
m a j o r a t i o n d e la d o u l e u r ) .
L a c ris e d e m ig r a i n e p e u t ê tr e a lt e r n a t i v e m e n t d e s d e u x c ô té s , d e f r é q u e n c e v a ria b le ,
m a is p a r f o is p l u s i e u r s fo is p a r m o is . O n r e t r o u v e s o u v e n t u n e c o r r é l a t i o n e n t r e
l ’o v u l a t i o n o u les rè g le s e t le d é c l e n c h e m e n t d e la c ris e . L a c a u s e ré e lle d e la m ig r a in e
e st r e la ti v e m e n t i n c o n n u e m a is o n s u p p o s e q u ’u n f a c te u r h o r m o n a l e st e n j e u . E lle se
d é r o u le e n d e u x p h a se s : u n e p h a s e d e v a s o c o n s t r ic ti o n (a v e c p a rfo is d e s p r o d r o m e s ) ,
s u iv ie d ’u n e p h a s e d e v a s o d i la t a t io n q u i e st d o u l o u r e u s e .
es" C e p ro to c o le a été d év elo p p é p ar M arcus (2008) dans u n e étude
co m p aran t u n p ro to c o le in tég ré qui co m b in e la thérapie E M D R , la
respiration d iap h rag m atiq u e1 et la com pression crân ien n e (n = 21) à
u n e prise en charge m édicam enteuse (n = 22).
Le p ro to c o le de traitem en t des m au x de tête avec l’E M D R intégrée
(E M D R -I) consiste dans u n p re m ie r tem ps à in viter les patients à
o pérer une respiration de type diaphragm atique, qui sera couplée avec
d ’u n e part u n e com pression des points de douleurs et d ’autre part un
ensem ble de stim ulations oculaires.
La p ro céd u re est g én éralem en t rép étée p en d an t en v iron 12 à
30 m in u tes (séances d ’u n e heure) o u ju s q u ’à ce que la m igraine soit
attén u ée :
• Etape 1 : interroger le patient sur l’estim ation q u ’il fait de sa douleur
grâce au Subjective Pain Level (SPL) qui est un équivalent du S U D
m esuré sur échelle de 0 à 10, en in d iq u an t la localisation de la
d o u leu r ;
• Etape 2 : o n invite le p atien t à se m ettre en situation de respiration
diaphragm atique ;
• Étape 3 : le th érap eu te d u ra n t u n e p ério d e de 10 à 20 secondes,
applique ferm em en t des com pressions avec les m ains sur les zones
frontales et occipitales du crâne, ainsi que sur les zones tem porales
gauche et dro ite. Il s’agit ég alem ent de te n ir la tête du p atient en
o p éran t en v iro n au m in im u m 5 à 6 rotations des m ains allant du
fronto-occipital aux secteurs tem poraux (gauche et droite) en restant
p o sitio n n er d u ran t u n e p ério d e de 10 à 20 secondes ;
• Étape 4 : le p atien t p o u rsu iv an t la respiration diaphragm atique, le
thérapeute cesse la com pression de la tête et soum et ce dernier à un
ensem ble de m ouv em en ts oculaires p lu tô t lents p en d an t une durée
de 30 à 90 secondes.

C e protocole utilisé par M arcus (2008) a perm is de m ettre en évidence


les résultats présentés dans la figure 6.3.
V__________________________________________________________ J
La douleur du membre fantôme est une autre douleur souvent
rencontrée. Sa prévalence douleur est évaluée à 72 % à court terme

1. Il e x is te d e u x t y p e s d e r e s p i r a t i o n : la r e s p i r a t i o n t h o r a c i q u e , e t la r e s p i r a t i o n
d ia p h r a g m a t iq u e . D a n s la p r e m i è r e , d u r a n t la p h a s e d ’in s p i r a t i o n , la c a g e t h o r a c i q u e
se g o n f le e t les é p a u le s se r e lè v e n t . C ’e st c e lle q u e la p l u p a r t d ’e n tr e n o u s p r a ti q u e n t .
L a s e c o n d e a u c o n t r a i r e ( d i a p h r a g m a t i q u e ) , p e r m e t d e r e m p l i r d ’a ir la t o t a l i t é d e s
p o u m o n s . L o rs d e l ’i n s p i r a t i o n , c ’e st le b a s d u v e n t r e q u i se g o n f le e t le d ia p h r a g m e
q u i s ’a b a is s e . E lle p e r m e t d e d i m i n u e r le s t e n s io n s m u s c u la i r e s e t d e m a î t r is e r les
e ffe ts d u stre ss. C ’e st c e lle q u i e st u tilis é e s p o n t a n é m e n t p a r t o u s les b é b é s .
et 67 % six mois plus tard. Il y a nécessité de bien différencier la
douleur du membre fantôme, de la sensation de membre fantôme,
et de la douleur du moignon. La prise en charge est souvent difficile
et les études peu fiables du fait d’une méthodologie trop souvent
médiocre (petite taille des échantillons, peu de randomisation,
etc.). Cependant, il est possible d’envisager une prise en charge
psychologique de cette forme particulière de douleur (Tinker et
Wilson, 2005). Les publications sur le domaine s’attachent le plus
souvent au traitement du trauma consécutif à la perte du membre,
or, il est possible d’envisager un traitement spécifique de la douleur
perçue, même si les recherches et les travaux sur le domaine doivent
être poursuivis.

Exem ple de protocole dans la prise en charge du membre fan tôm e

M arc a été victim e en 2000 d ’u n accid en t de m o to assez grave qui a


nécessité une am putation de sa m ain droite (M arc est gaucher). Il consulte
au cabinet, en v o y é p ar son m éd ecin généraliste car la dépression va
en s’am plifiant et que les sym ptôm es d ’état de stress p o st-trau m atiq u e
diagnostiqués sont de plus en plus handicapants. M arc se plaint égalem ent
de douleurs dans la m ain fantôm e et dit ressentir le bracelet de sa m o n tre
ainsi q u ’u n e bague q u ’il avait à l’annulaire et qui lui fait mal. Après
avoir pris en charge le p atien t en ce qui c o n cern e son état de stress post­
traum atique, nous proposons dans u n second tem ps au patient d ’envisager
un travail sur sa m ain fantôm e, d o n t les douleurs o n t u n p eu dim inué.
Mais ces dernières restent aiguës et le font souffrir. Sur une échelle de 0 à
10 o ù la n o te 0 co rresp o n d à « pas de d o u le u r » et la n o te 10 corresp o n d
à la « d o u le u r m axim ale im aginable », le p atien t est passé de 10 à 8 après
l’application de p ro to c o le de base p o u r la prise en charge de l’ESPT. E n
plus d u p ro to co le standard et en nous inspirant de M u raoka et al. (1996),
nous avons dem an d é au sujet de se créer u n e im age m entale du m em bre
fantôm e que nous lui dem andons de dessiner rapidem ent sur un d o cum ent
qui com portait la p h o to d ’u n e m ain droite (tableau 6.4). C e t exercice non
p ro to co laire était réalisé au d é b u t et la fin de ch acune des six séances de
60 m in u tes qui fu ren t nécessaires p o u r p arv en ir à une résorption de la
d ou leu r. Il était dit au p a tie n t q u e le b u t de cet exercice était de l’aider
à se d éten d re et de l’aider à déplacer m e n ta lem en t ce m em b re et que
par cet apprentissage il était possible de réd u ire sa d o uleur. La figure 6.3
m o n tre l’év o lu tio n de la rep résen tatio n m en tale du m em b re fantôm e au
fil du tem ps allant d ’un m em bre replié avec l’orteil dressé, en août 2007 à
l’im age d ’u n m em b re plus d éten d u e en 2008.
L e T H É R A P E U T E indu isa n t la cible. — Ferm ez les yeux et im aginez votre
m ain, celle q u e l’o n a am putée. C onstruisez-vous u n e im age m entale de
cette m ain, co m m e si vous p o u v iez redessiner ses co n to u rs, lui d o n n er
par l’im agination une texture, p e u t-ê tre m êm e une couleur. Laissez venir,
entrez en contact m êm e si c’est difficile avec les sensations physiques que
vous ressentez.
L e P A T I E N T . — Je revois m a m ain, elle est gonflée et dure... elle est bleue,
j ’ai m al v raim en t c ’est très d o u lo u re u x et je sens que cette d o u leu r va en
augm entant.
L e T H É R A P E U T E localisant la sensation la p lu s douloureuse. — Y a-t-il un
en d ro it plus d o u lo u re u x q u ’u n autre dans cette m ain ?
L e P A T I E N T . — O u i c ’est là o ù j ’ai m a bague, c ’est co m m e si elle m e
serrait encore plus et çà m e tire.
C ognition négative : «Je m e sens im puissant face à cette douleur. »
C ognition positive : «Je suis plus fo rt que la douleur. »
V O C : 2.
E m o tio n s ressenties : J ’ai de la colère.
S U D : 10.
N ivea u de douleur ressentie : 10.

Tableau 6 .4 . - Évaluations cliniques quantitatives du cas Marc

Fin de la troisième Fin de la sixième


Début de la session
séance* et dernière séance

Niveau de douleur 7 2
ressentie =10

SUD =10 SUD = 5 SUD = 0

VOC = 2 VOC = 2 VOC = 6

* Ce cas n'étant pas inclus dans un protocole de recherche, il était difficile d'imposer au patient une
répétition des mesures. C'est la raison pour laquelle l'IES et le BDI n'ont pas été proposés lors de cette
phase.
EM DR et deuil

L’EMDR peut se révéler particulièrement utile pour atténuer la


souffrance des personnes endeuillées. Comme le rappelle Hanus
(1998), «le travail de deuil est consécutif à la perte — et pas
uniquement lorsqu’elle est provoquée par la mort — à toute perte,
en particulier d’une valeur, dès lors que ce qui est perdu avait une
grande importance pour celui qui a été frappé ». Chaque expérience
liée au deuil est unique pour l’individu, que ce soit de l’ordre
du ressenti ou des réactions qu’elle provoque. Quoi qu’il en soit,
les étapes constituant le travail de deuil se déroulent de manière
identique, la durée d’un deuil « normal » n’excédant pas une période
d’un an (Hanus, 1998).
Reconnu en tant que phénomène normal, le début du deuil,
par certains aspects, est néanmoins assimilable à une affection
pathologique. Les recherches sur le deuil se sont alors tournées
vers une explication de la symptomatologie des réactions du deuil,
résumée sous forme de stades chronologiques. Cela leur a permis
d’expliquer les manifestations impliquées dans le processus du deuil
normal, et de se diriger vers la résolution du deuil. De ce fait, de
nombreuses conceptualisations de ces stades ont vu le jour et varient
d’un auteur à un autre.
Quand la guérison est bloquée, quand le temps ne suffit pas à
panser les plaies, l’EMDR peut contribuer à l’avancé du processus.
Selon l’enquête de Détroit (Breslau, 1998), le décès soudain et
InterEdirions-D unod —La photocopie n o n autorisée est un délit

inattendu d’un proche est le « stresseur » le plus sévère de la vie


adulte. Le processus de deuil, en réaction à la perte du proche, s’ac­
compagne d’un certain nombre de symptômes spécifiques, proches
de la dépression, qui disparaissent avec la résolution du travail
de deuil. Vingt pour cent des personnes endeuillées présentent
cependant un deuil compliqué ou « traumatique » (Crocq, 1997).
Certains auteurs ont mis en exergue que des complications
spécifiques, distinctes de la dépression majeure, d’un désordre
d’ajustement ou de l’état de stress post-traumatique (Horowitz et al.,
1993 ; Horowitz et al, 1997), pouvaient survenir à la suite de la perte
brutale d’un proche. Ainsi, dès 1995 est apparu le concept de « deuil
compliqué », avancé par Prigerson et son équipe de l’université de
Pittsburg, dont le but était de militer pour la reconnaissance de cette
nouvelle entité clinique, liée à la non-résolution des symptômes du
deuil et à leur association avec une altération du fonctionnement
quotidien. Rapidement, Prigerson et ses collaborateurs (1997a,
19976, 1999) vont transformer ce concept de « deuil compliqué » en
« deuil traumatique » (Prigerson et Jacobs, 2001). Les critères sont
au nombre de quatre notés de A à D.
Avec le critère A, la personne a fait l’expérience du décès d’un
« autre significatif » (Al), la réponse ou la réaction comporte trois
des quatre symptômes présentés ci-dessous au moins quelques fois
(A2) — pensées intrusives concernant le défunt, manque et désir de
présence du défunt, recherche du défunt et sentiment de solitude
résultant de la mort.
Le critère B, concerne la réponse au décès (avec quatre des huit
symptômes suivant) que sont l’absence de but ou le sentiment
de futilité du futur, les sentiments subjectifs d’obscurcissement,
détachement ou absence de réactivité émotionnelle, la difficulté à
reconnaître le décès (e.g. incrédulité), le sentiment que la vie est vide
et sans signification, le sentiment qu’une part de soi-même est morte,
que le monde est conçu comme brisé (e.g. perte de la sécurité, de
la confiance, du contrôle), le fait de présenter les symptômes ou les
comportements dangereux de la personne décédée ou en rapport
avec elle et l’irritabilité, amertume ou colère excessives liées au
décès.
Le critère C concerne la durée de ces perturbations (liste de
symptômes) qui doit être de deux mois au moins.
Enfin, en ce qui concerne le critère D, il faut que ces troubles
causent une altération significative du fonctionnement social, pro­
fessionnel, et d’autres domaines importants. Ainsi, les critères
diagnostiques développés par Prigerson comportent deux catégories
de symptômes, lesquelles sont relatives à la détresse traumatique
(sentiment d’incrédulité, irritabilité, amertume, colère...), et à la
détresse de séparation (pensées intrusives concernant le défunt,
comportement de recherche du défunt, sentiment de solitude...).
De plus, le tableau clinique établi doit être complété par un
affaiblissement physique et psychique découlant des perturbations
liées à la perte.
( 'j
E ncadré 6.6
Prise en charge du deuil tra u m a tiq u e et E M D R
C e tte étu d e exploratoire (T arquinio et al., sous presse) avait p o u r
o b je c tif de tester l’application de la thérapie E M D R dans le cadre de
la prise en charge du deuil traum atique. Le deuil traum atique, qui
co rresp o n d à la p erte brutale d ’u n « autre significatif», rép o n d à un
tableau clinique précis d o n t les principales caractéristiques sont les
pensées intrusives co n cern an t le d éfunt et des difficultés d ’ajustem ent
face à la p erte (sentim ent de vide, difficultés à reco n n aître le décès,
irritabilité, absence de réactivité, etc.). Les h u it participants de l’étude
sont tous des m em bres de la fam ille des victim es d ’u n e collision
de train. Les sujets, âgés en m o y e n n e de 35.2 ans (SD = 11.1) et
co m p re n a n t 75 % de fem m es, o n t suivi en tre h u it à quinze séances
(m = 10.75, SD = 2.21) ré p o n d a n t au p ro to co le E M D R . L’efficacité
de la thérapie a été évaluée à partir de plusieurs critères co m p ren an t
la m esure du deuil trau m atiq u e, de l’anxiété, de la dépression et de
la détresse psychologique. C in q évaluations o n t été réalisées : avant
la prise en charge (T0), après six séances ( T l), à la fin de la prise en
charge (T2), puis à trois m ois (T3) et dou ze m ois (T4) après la fin de
la thérapie.

Graphique 4 : Score moyen à l'HAD dépression et anxiété


selon les phases d'évaluation

S
O-
E

Avant prise Après six Fin prise en Suivi à 3 Suivi à 12


en charge séances charge mois (T3) mois (T4)
EMDR (T0) EMDR (T1) EMDR (T2)

Figure 6 .4 . Score moyen à l ’H A D dépression et anxiété


selon les phases d ’évaluation
Graphique 5 : Score moyen à l'tnventory o f Traumatique Grief (ITG)
-Total [33 -175] -

en charge séances en charge mois (T3) mois (T4)


EMDR(TO) EMDR (T1) EMDR (T2)

Figure 6.5. Score m oyen à YInventory of Traumatique Grief (ITG) -


Total [33-175]

V__________________________________________________________________________________________ )
Les principaux résultats semblent indiquer une efficacité de la
prise en charge EMDR. En effet, on note une diminution de tous
les indicateurs entre le début (TO) et la fin de la prise en charge (T2).
En outre, lorsque cette diminution ne se poursuit pas à trois et à
douze mois, elle reste, au minimum, stable à un an. Ces premières
observations sont d’autant plus encourageantes que 10 % à 15 % des
patients endeuillés peuvent développer une dépression chronique.

CONCLUSION

La thérapie EM DR est un protocole de psychothérapie structuré


et relativement facile à enseigner. Ce protocole regroupe les
principaux éléments de la nouvelle médecine humaniste centrée
sur la personne, dont l’influence s’étend rapidement dans les pays
anglo-saxons depuis quinze ans, et qui commence à faire ses
premiers pas en France.
Il ne fait aucun doute que la thérapie EMDR doit occuper toute
sa place dans le domaine de la santé et de la maladie. Cette thérapie
bénéficie de résultats convaincants dans certains domaines et encore
pas assez dans d’autres notamment en ce qui concerne la prise en
charge des malades. Si l’EMDR est une thérapie intéressante, ce
n’est pas seulement parce qu’elle permet de traiter efficacement
l’ESPT et d’autres états symptomatiques, mais aussi parce qu’elle
oblige à la confrontation des modèles théoriques au-delà des
frontières de la psychologie et de la psychiatrie. Elle n’est pas
seulement un enjeu thérapeutique, elle est aussi et surtout un enjeu
épistémologique dans lequel notre conscience de chercheur et de
praticien ne peut que nous encourager à nous y engager afin de
comprendre les processus en jeux, repérer les principes actifs s’ils
existent et contribuer non seulement à l’avancer des connaissances,
mais aussi au bien de tous.
Les spécialistes de la santé et plus que les autres encore les
psychologues de ce domaine ne peuvent regarder avec mépris ce
qu’apporte l’EMDR qui met à leur disposition un outil riche pour
répondre aux besoins des malades là où le plus souvent ils étaient
démunis. Mais il est vrai que cette méthode se développe vite et
l’usage que certains en font reste parfois discutable surtout lorsque
par ailleurs ils ne sont ni psychologues, ni psychiatres, ni reconnus
par les organismes légitimes pour enseigner l’EMDR qui nécessite
une formation continue permanente tant le champ des connaissances
avance et évolue très vite.
v
A n’en pas douter les praticiens et les chercheurs trouveront
dans cette nouvelle forme de thérapie un intérêt clinique et
un questionnement théorique qui ne pourra que les enrichir, à
condition de ne pas réduire cette approche thérapeutique à une
simple technique qu’il suffit d’appliquer naïvement. Certes, quand
la maladie est là il est urgent d’intervenir (et surtout pas d’attendre
comme on peut l’entendre parfois), mais il est impératif pour les
praticiens de mener une réflexion sur l’intégration de cette approche
dans une prise en charge globale. La thérapie EMDR ne doit pas
devenir le nouveau mythe psychologique du X X I e siècle ! Ce serait
là la pire des choses qu’il pourrait lui arriver.

C \
Concepts clés
• E M D R : F rancine Shapiro a d ’abord baptisé sa m é th o d e E ye
M ovem ent D esensitization (E M D ). Le ch an g em ent de dén o m in atio n
d ’E M D à E M D R (E ye M ovem ent D esentization and Reprocessing) est
in terv en u en 1990 après q u e la d ém arche a pu m ettre en évidence
des effets de restru ctu ratio n de la m ém o ire, d ’aug m en tatio n du
sen tim en t d ’efficacité et de co n trô le des victim es, ainsi que d ’un
traitem en t plus adapté des év én em en ts traum atiques en m ém oire.
C e p e n d a n t étan t d o n n é que les m o u v em en ts oculaires ne sont
plus les seules stim ulations utilisées lors de la thérapie, o n p eu t
se d em an d er si l’in titu lé d ’E M D R est en co re correct. C ’est la
raison p o u r laquelle o n v o it de plus en plus sou v en t apparaître
la term inologie de « m éth o d e d ’intégration neu ro -ém o tio n n elle par
les m o u v em en ts oculaires ».
• T h é o rie d u so m m e il R E M e t E M D R : u n e des explications
th éo riq u es des effets de la th érap ie E M D R est de p ren d re appui
sur ce qui se passe d u ran t la phase so m m e il-R E M où le sujet rêve
et o ù o n observe des m o u v e m e n ts intenses des yeux. Il existe de
plus en plus de preuves m o n tran t que le rôle des rêves est d ’élaborer
et de dig érer p sy ch iq u em en t les vécus de la vie réelle. Il sem ble
q u e lorsque des souvenirs pénibles apparaissent dans les rêves, les
m o u v em en ts oculaires rapides in d u isen t u n effet de d éten te qui
p e rm e t le traitem en t psychique de ces expériences.
• M odèle du tra ite m e n t a d a p ta tif de l’in fo rm a tio n : principe
selon lequel to u t l’organism e y com pris le psychism e du sujet sont
guidés vers u n seul b u t la survie et que de ce fait les pensées o u les
cognitions du sujet sont orientées vers une résolution adaptée et p er­
tin en te des problèm es auquel u n individu est confronté. Sur le plan
psychologique il p e u t s’agir de pensées ou d ’associations appropriées
qui v o n t p e rm e ttre à ce d e rn ie r de faire q u elque chose de ce qui
lui est arrivé en transform ant et en in tég ran t l’é v én em en t dans un
nouveau schém a p o sitif et constructif. U n tel traitem ent perm et une
mise à distance, une prise de perspective conduisant à une réduction
de la souffrance. Le prism e à travers lequel l’é v én em en t est alors
considéré n ’est plus p o rte u r de peu r, d ’angoisse ou de souffrance.
Le traum atism e psychique est en fait considéré co m m e u n blocage
de ce tra ite m e n t adapté de l’in fo rm atio n qui p e u t n o ta m m e n t se
résoudre par le biais de la thérapie E M D R .
V__________________________________________________________________________

OUVRAGES CLÉS

ROQUES J. (2007). Guérir avec /’EMDR. SHAPIRO F. et SlLK FORREST M.


Traitement, théorie, témoignages. Paris, Le (2005). Des yeux pour guérir. EM DR : la thé­
Seuil. rapie pour surmonter l’angoisse, le stress et les
traumatismes. Paris, Le Seuil.
SHAPIRO F. (2001). Eye Movement
SHAPIRO F. (2007). Manuel d’EMDR. Descnsitization and Reprocessing. Basic Prin-
Principes, protocoles, procédures. Paris, InterEdi- ciples, Protocols, and Procedures (2' éd.) New
tion. York, Guilford Press.
S T I C K O L D R . (2002). « EM DR : A T A R Q U I N I O C. (2010), Vaincre la mala­
putative neurobiological mechanism o f die avec la thérapie E M D R , Bruxelles, De
action ». Journal o f Clinical Psychology, 58, Boeck.
61-75.
TAI CHI CHUAN ET QI GONG

De nouveaux supports psychothérapeutiques pour la santé ?

L N ’E S T P L U S R A R Eaujourd’hui de croiser au détour d’un


I chemin, dans les parcs, dans la nature, voire sur les balcons, des
personnes de tout âge qui s’adonnent à ces gymnastiques chinoises et
ancestrales que sont le tai chi chuan et le qi gong. La pratique de ces
différents arts martiaux, semble apporter à ceux qui s’y adonnent,
forme physique, bien-être psychologique et apaisement. Devant
l’engouement de ces milliers de personnes à travers le monde pour
ces pratiques orientales et la promotion des bienfaits de ces philo­
sophies venues d’Orient, il est légitime pour celui qui s’intéresse
à la préservation de la santé et à la prise en charge de la maladie,
de savoir, si de telles approches peuvent ou non être un support
complémentaire et pertinent à la prise en charge psychologique des
personnes touchées par la maladie. Ce sont ces deux approches, le
tai chi chuan et le qi gong, qui restent parmi les plus documentées
dans la littérature scientifique que nous consacrerons ce dernier
chapitre. Il faut cependant, préciser que ces gymnastiques un peu
particulières ne doivent en aucune manière être considérées comme
des psychothérapies. En effet, de telles ouvertures se distinguent
assez clairement de ce que la culture occidentale considère comme
une psychothérapie, pour au moins deux raisons. D ’abord parce
qu’à l’origine, ces arts martiaux n’avaient pas pour finalité immédiate
de guérir ou de soigner les maux de l’esprit et de la psyché (au
même titre que l’hypnose, l’EMDR, les thérapies de la pleine
conscience, les TCC ou la psychanalyse le font pour l’homme
moderne), ensuite, parce que le rapport au maître ou à l’enseignant,
n’est en rien comparable à ce qui se joue entre un patient et son
psychothérapeute. Il ne s’agit jamais, ni avec le tai chi chuan, ni
avec le qi gong, d’évoquer sa vie, son histoire, son passé, voire tout
simplement sa souffrance. La question du transfert, support essentiel
à tout processus curatif n’a pas cours dans ces démarches, sauf
peut-être dans le cadre de processus d’identification propre à toute
relation sociale un peu approfondie. Il s’agit plutôt d’apprendre des
gestes et des enchaînements de postures susceptibles d’apporter un
certain bien-être, ainsi qu’un équilibre, dans l’espoir peut-être d’être
soulagé et de trouver paix et sérénité. Réduire la manifestation de
symptômes tels que le stress, l’anxiété ou la dépression, pourrait
déjà être une finalité honorable, mais comme nous le verrons le
champ d’intervention est un peu plus vaste, car il concerne aussi
bien la prise en charge de la douleur physique, de la maladie
chronique, en passant par l’optimisation des déplacements chez
les personnes âgées ou tout simplement le maintien de l’état de
bien-être. Mais ici encore il convient de faire preuve de vigilance !
Laisser penser que ces pratiques seraient des réponses univoques et
suffisantes pour la prise en charge de la souffrance psychologique
serait une contre-vérité. Tout au plus il pourra s’agir de techniques,
qui pourront compléter l’arsenal des psychothérapies à la disposition
des psychologues dans le cadre d’une prise en charge des malades.
Le « tout au plus » reste d’un poids considérable, car la recherche
a montré toute la richesse de ces approches qui se situent entre
le spirituel et le corporel, entre l’âme et le psychisme, entre la
méditation et l’introspection. En fait, il serait vain de tenter de faire
des parallèles entre les concepts qui sous-tendent le tai chi chuan et
le qi gong et ceux qui structurent notre discipline. Comme pour
la méditation, la rupture épistémologique est considérable ! Mais
est-elle suffisante pour fermer la porte à des orientations qui sont
loin d’être ésotériques et dont de nombreux chercheurs partout
dans le monde s’évertuent à évaluer les effets et à en publier les
résultats dans des supports plus qu’honorables ? Contrairement aux
autres chapitres, il ne s’agira pas de proposer des exercices ou autres
protocoles, qui n’auraient ici aucun sens. Il s’agira au contraire de
faire un état des lieux des études les plus intéressantes et les plus
canoniques ayant été réalisées dans le domaine de la santé et de la
maladie.
Chacun sera en droit d’apprécier ces techniques, soit dans une
perspective traditionnelle, soit dans une approche psychologique.
Traditionnellement, le tai chi chuan et le qi gong sont considérés
comme faisant partie intégrante de la médecine traditionnelle
chinoise, avec l’acupuncture, la diététique, la médecine par les
plantes et le massage. Ces approches sont reconnues comme étant
des disciplines de santé et de longévité, facilitant la circulation du
qi, énergie corporelle circulante dans le corps et indispensable à son
bien-être. Dans une approche plus psychologique, le tai chi chuan
et le qi gong sont envisagés comme permettant aux pratiquants de
faire le lien entre leur corps et leur esprit dans une quête d’harmonie
et d’équilibre. C ’est là une optique intéressante qui introduit
la question de la corporéité dans un univers (la psychothérapie
occidentale) préoccupée le plus souvent par les cognitions ou les
émotions. De ce point de vue, des méthodes qui prennent en
compte le corps, le mouvement et le lien entre le corps et l’esprit
méritent par ce simple ancrage d’être prises en considération. Tai
chi chuan et qi gong pourront dans cette perspective être tout
simplement considérés et utilisées comme des gymnastiques, qui
au même titre que d’autres activités sportives seront susceptibles
d’apporter mieux-être physique et psychologique, avec un avantage
de taille : la douceur de ces méthodes les rend accessibles à presque
tous les publics.
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LE TAI CHI CHUAN

Présentation générale
L’histoire du tai chi chuan remonte à environ 5 000 ans, et au fil
des décennies, de nombreuses graphies se sont développées pour le
définir : taiji quan en est la transcription pinyin (système de transcrip­
tion phonétique chinoise), T ’ai Chi Ch’uan en est la transcription
Wade-Giles et tai chi chuan en est la transcription la plus courante
(version Larousse).
Le terme tai chi chuan se compose de trois sinogrammes :
• tai signifie « grand, suprême, extrême » ;
• chi signifie « poutre faîtière, faîte d’une maison » ;
• chuan signifie « poing, serrer, boxer », et qui comprend la dimen­
sion des arts martiaux.
En résumé, la traduction française donne littéralement : « boxe
du grand faîte ou boxe de la polarité suprême1 ».
On trouve dans l’art du tai chi chuan une infinité de liens avec
l’histoire et la tradition chinoise, y compris les autres arts martiaux
chinois et la médecine traditionnelle chinoise. Son histoire repose
sur la philosophie taoïste et ses principes fondamentaux, comme le
yin et le yang12. Ce concept met en relief la dualité qui intervient
dans le tai chi chuan, sous la forme de mouvements représentant
un combat fictif contre un adversaire. Le tai chi chuan est un art
martial dont la réalisation pleine et entière est obtenue par diverses
techniques. Il représente un entraînement au combat par l’utilisation
de pratiques d’autodéfense, la force de l’adversaire étant utilisée afin
de le maîtriser.
Le tai chi chuan est une discipline corporelle d’origine chinoise
comportant un ensemble de mouvements continus et circulaires,
exécutés avec lenteur et précision dans un ordre préétabli. De
manière générale, le tai chi chuan est considéré comme un art
martial « basé sur une philosophie nécessitant l’équilibre de l’énergie
par le biais de sa circulation dans le corps » (Hilleï al,2006).
De nos jours, il est plutôt considéré par les Occidentaux comme
une sorte de « gymnastique énergétique de santé ». Néanmoins, sa
pratique actuelle s’inspire tout de même de mouvements d’arts
martiaux, tels que les parades et les esquives. En outre, certains de
ses enchaînements s’effectuent à deux et ressemblent à des combats.
Le tai chi chuan est reconnu comme « un exercice physique
d’intensité modéré ». Construit sur l’association de la théorie du Tao
et de la pratique de la boxe « chuan », c’est une activité qui insiste

1. I n s t i tu t s R i c c i ( 1 9 9 9 ) , Dictionnaire de caractère chinois, P a r i s - B r u x e ll e s , Q e s c l é e D e


B ro u w e r.
2 . D a n s la p h i l o s o p h i e c h in o i s e , le y i n e t le y a n g s o n t d e u x c a té g o r ie s s y m b io tiq u e s
e t c o m p l é m e n t a i r e s , q u e l ’o n p e u t r e t r o u v e r d a n s to u s les a s p e c ts d e la v ie e t d e
l ’u n i v e r s . C e t t e n o t i o n d e c o m p l é m e n t a r i t é e st p r o p r e à la p e n s é e o r i e n t a l e q u i
e n v is a g e p lu s v o l o n ti e r s le d u a lis m e s o u s f o r m e d e c o m p l é m e n t a r i t é .
sur l’équilibre, par le déplacement du poids, la lenteur des actions,
l’alignement du tronc, la rondeur, la souplesse des mouvements et
une synchronisation multisegmentaire avec la ventilation (Wolfe et
al., 2003).
Faisant le lien entre l’action et la cognition, le tai chi chuan est
également considéré comme « une méditation en mouvements qui,
composés de gestes lents, souples et continus, fortifie le corps et rend
l’esprit serein » (Ospina et al., 2006). L’apprentissage des techniques,
pratiquées lentement et en harmonie avec la respiration, favorise une
prise de conscience de soi et de son environnement. Il permet une
amélioration de la souplesse, de la coordination, de la concentration
et une prise de conscience de son espace. La maîtrise de la technique
justifie une amélioration de la circulation sanguine et des postures
corporelles. L’harmonie créée entre le corps et l’esprit, par le biais
de la respiration, encourage la circulation du qi (dans une optique
traditionnelle) et, de ce fait, génère le maintien de la santé physique,
mentale et spirituelle.
Au cours des siècles, la société chinoise, régulièrement menacée
par les guerres, a développé une solide tradition martiale. Les
techniques du tai chi chuan se sont transmises oralement de maître
à élève, ce qui a rendu difficile la reconstitution de son histoire,
relativement confuse en raison du secret qui l’entourait. Selon des
documents d’archives, datés de 122 avant Jésus-Christ, des moines
taoïstes auraient été initiés au tai chi chuan. Six siècles plus tard,
Bodihdharma, maître taoïste, s’est rendu dans un monastère shaolin
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et, témoin de la fatigue physique et morale des moines, leur aurait


enseigné huit mouvements de la forme Lohan. Il aurait été un
précurseur du tai chi chuan. Il y a lieu de relever que, s’agissant de
la suite des événements, des experts sont en désaccord et plusieurs
hypothèses font leur apparition.
La première hypothèse, traditionnelle et communément admise par
de nombreux experts, accrédite que la création du tai chi chuan
serait l’œuvre d’un maître taoïste nommé Zhang Sanfeng qui aurait
vécu sous la dynastie Song (960-1279) et se serait inspiré d’un
combat entre un serpent et un oiseau pour en concevoir les enchaî­
nements. Le serpent aurait triomphé grâce à des « mouvements lents,
souples et arrondis qui donnèrent peu d’emprise à son adversaire ».
Suite à cette observation, treize postures furent créées. On lui aurait
décerné le titre de Chen-jen ou « l’homme spirituel qui a atteint
le Tao et qui n’est plus régi par ce qu’il voit, entend ou ressent ».
En outre, la pensée taoïste est très importante dans la pratique
du tai chi chuan et certains noms donnés à des mouvements font
référence à la philosophie taoïste en termes d’équilibre, de souplesse,
d’enracinement, de satisfaction et de contemplation.
La seconde hypothèse reconnaît un rôle primordial à Wang Zon-
gyue, sous la dynastie des Qing (1644-1911). Par la publication de
son livre A propos du tai chi chuan, il a permis la propagation de cette
discipline et est également le premier à en exposer les bases et les
postures. D’après certains experts et selon des recherches d’archives,
il aurait transmis le tai chi chuan à Jiang Fa, qui l’aurait, à son tour,
transmis à Chen Changxing, originaire de Chenjiagou. Ce village
est à l’origine de la dernière hypothèse. Apparemment, le terme
tai chi chuan serait apparu sous la dynastie Ming (1368-1644), avec
Chen Wangting. Il aurait été l’un des maîtres du tai chi chuan de
style Chen.
En termes de pratiques, les principes élémentaires de la pratique
du tai chi chuan sont un ensemble de mouvements lents et constants,
ainsi qu’une grande concentration sur le moment présent. Ils sont à
l’origine de « l’orientation des mouvements de flux de l’organisme »
(Ospina et ai, 2006). Pendant l’entraînement, le sujet est centré sur
l’exécution continue des mouvements et sur le flux de l’énergie se
diffusant dans le corps.
Le tai chi chuan a pour objectif :
• d’équilibrer et de renforcer le Qi (dans une perspective tradition­
nelle) ;
• de rechercher l’harmonie pouvant exister entre le corps et l’esprit.
Considérée comme une forme de méditation en mouvement,
sa pratique dans le temps et le perfectionnement des exercices
permettent une prise de conscience corporelle en relation avec
la respiration. Néanmoins, des techniques différentes sont utilisées
dont la principale est la « respiration naturelle ». Elle consiste en des
exercices d’inspiration et d’expiration, les yeux et la bouche fermés,
la pointe de la langue faisant pression contre le palais. Comme l’air
provient de la partie basse de l’abdomen, les poumons se remplissent
de manière adéquate et l’abdomen se contracte ». Ainsi, « le souffle
est constant et continu ». De plus, la respiration étant liée aux
mouvements, elle est sous contrôle, c’est-à-dire que le sujet inspire
lorsqu’il est en mouvement vers le haut, ou vers l’extérieur, et
expire lorsqu’il est en mouvement vers le bas (Ospina et al, 2006).
Le tai chi chuan permet un « apaisement du psychisme ainsi
qu’une amélioration de la concentration, de la vivacité d’esprit et
de la mémoire. Il favorise la posture, la flexibilité, la relaxation, le
bien-être et la concentration » (Ospina et al, 2006).
S’adonner au tai chi chuan encourage à l’autonomie en raison du
fait que l’on peut le pratiquer seul ou en groupe. Il est néanmoins
conseillé de s’y consacrer quotidiennement afin d’en absorber
tous les bénéfices. Généralement personnalisé, le tai chi chuan est
accessible à tous et à tous les âges. Au fil des années, les techniques
du tai chi chuan ont évolué par le biais des différents maîtres, ce
qui a engendré la création de styles divers, composés eux-mêmes de
plusieurs variations dans les mouvements. Dans la pratique du tai chi
chuan, chaque style met en œuvre des techniques différentes. Les
positions par rapport au centre de gravité, l’apparition des formes,
le rythme et le niveau de difficulté peuvent différer d’une école à
une autre. Toutefois, elles se rejoignent dans l’esprit de la pratique,
ayant toutes pour but la relaxation, la méditation et la coordination
des mouvements.
Un enchaînement complet est constitué de vingt-quatre à
quarante-huit mouvements, et peut même aller jusqu’à cent
jgj huit mouvements, et correspond à la forme originelle. Il existe
§ plusieurs façons de classifier les mouvements en séquences. Pour

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certains, le fait d’effectuer le même mouvement, mais exécuté
f à gauche ou à droite, revient à faire une seule séquence (les
b deux actions ne formant que les composantes d’un seul et même
.S mouvement précédant l’exécution directive). Tandis que pour

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•S.
d’autres, le fait d’indiquer une direction revient à exécuter un
nouveau mouvement, étant donné qu’il est distinct de celui
précédemment exécuté. De ce fait, un même style pourra compter
un nombre d’enchaînements différents.
s De génération en génération, la pratique du tai chi chuan a évolué
et de nouvelles techniques voient le jour encore aujourd’hui.
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Le tai chi chuan est communément constitué de cinq styles1 : le
tai chi chuan style Chen, le tai chi chuan style Yang, le tai chi chuan
style Wu (divisé en deux grandes écoles : le style Wu Wu Yu et le
style Chien), le tai chi chuan style Sun et le tai chi chuan de style
Lee.

Le style Chen
Le style Chen est apparu le premier et, de ce fait, il est la base
des autres styles. Plus communément appelé lao chia, qui signifie
« vieille charpente », l’origine de la création de ce style se trouve à
Chenjiagou, village où a vécu le maître Chen Wangting. Ce style
est celui qui se rapproche le plus de la forme originale du tai chi
chuan par la prise de conscience du yin et du yang, « l’harmonie, la
rapidité, la lenteur, la capacité du corps à se mouvoir en un seul
ensemble, l’explosion de la force et la force en spirale ».
La méthode du style Chen est basée principalement sur deux
taolu (« enchaînements ») : le premier constitué de soixante-quatorze
mouvements est le di yi lu et le second est le er lu. La différence
existant entre ces enchaînements est que dans le premier, c’est « le
corps qui emmène la main » et dans le second c’est le contraire.
Cela signifie que « l’étude du premier enchaînement est une écoute
(intention) portée vers l’intérieur (travail proprioceptif), tandis que
le second enchaînement est conçu pour porter l’intention vers
l’extérieur (l’application martiale) ».
Le di yi lu constitue le fondement de ce travail en ce sens que « les
quinze premiers mouvements sont formés de tous les principes et les
changements (directions) qui se déclinent dans la suite de la forme ».
Dès lors que l’élève aura acquis les bases du di yi lu, il pourra se
tourner vers l’apprentissage du « Er lu, du Tuishou et des armes ».
Ce second enchaînement, quant à lui, est particulier du style Chen,
car il met en relief l’origine et le travail martial. Le troisième taolu,
nommé le tuishou constitue une étape du travail martial qui amène
à la pratique du sanshou (« combat libre »).
Le style Chen est à double face : d’un côté, il favorise la santé
et, de l’autre côté, il est le plus caractéristique dans le domaine

1. Le lecteur ne désirant pas approfondir l’aspect historique du tai chi chuan peut
passer directement à la page 242.
du combat. En effet, le style Chen est, au départ, le plus difficile
à effectuer du fait des qualités exigées telles que la précision, la
synchronisation du corps et une grande énergie interne. De plus, il
requiert plus d’endurance sur le plan physique.

Le style Yang
Le style Yang du tai chi chuan a vu le jour au X I X e siècle. Il a été
nommé ta chia (grande charpente), qui est la forme la plus répandue
en Occident.
On doit sa conception à Yang Luchan (1799-1872), surnommé
« Yang l’invincible ». Il a saisi l’opportunité de suivre l’enseignement
de Chen Chang-Hsing, maître de tai chi chuan de style Chen, style
qu’il a pratiqué pendant dix-huit ans. Le tai chi chuan s’est alors
développé et transmis de génération en génération, et c’est à Yang
Chen Fu (1883-1936), petit-fils de Yang Luthang, que l’on doit sa
propagation sous sa forme standardisée. Il a enseigné son formulaire,
composé de cent huit mouvements, dans les années 1930, formulaire
utilisé encore aujourd’hui, appelé la « forme longue » et qui consiste
en des mouvements lents et circulaires.
L’aspect « art martial » est moins présent en apparence dans le
style Yang, mais il existe tout de même des formes qui ont gardé
la philosophie martiale, certaines d’entre elles utilisant encore des
armes (sabre, épée, bâton).
Une forme courte de tai chi chuan de style Yang a été conservée.
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Elle a été développée dans les années 1940 par Zhen Manging
et est constituée de trente-sept pas. Le formulaire de Pékin et les
formulaires de compétitions sont également des formes courtes. Le
tai chi chuan de style Yang se caractérise par une harmonie entre
la respiration et les mouvements, accompagnée d’une coordination
entre les membres supérieurs et inférieurs. Les mouvements initiés
par les hanches nécessitent souplesse et puissance.

Le style Wu
Ce style de tai chi chuan (tai chi chuan style Wu Yu), de Wu
Yuxiang est l’un des plus populaires. Il est appelé hsiao chia, qui
signifie « petite charpente ». Il a été conçu par Wu Yu-hsiang qui,
avec ses deux frères, Wu Ch’eng-ch’ing et Wu Ju-ch’ing, ont eu la
possibilité d’apprendre avec Yang Luchan.
Wu Yuxiang a également été formé pendant une courte période
par un disciple de la famille Chen, Chen Ching Ping, qui à son
tour, l’a enseigné à son neveu Li I-Yu. Ce dernier fut le maître de
Hao Wei-chen (1842-1920), qui l’enseigna à son fils qui, à son tour,
l’enseigna à son fils Wu Yu-hsiang.
Cette discipline s’est ensuite répandue de génération en généra­
tion dans la famille Hao, c’est la raison pour laquelle on la surnomme
parfois le style Hao. A la fin de sa vie, Hao Wei-chen a également
pratiqué le tai chi chuan de style Sun. Il s’est servi de son expérience
pour le rendre accessible aux novices. Le style Wu met en œuvre de
petits mouvements dont les principes fondamentaux sont l’équilibre
et le développement interne du Qi.
Le style Wu est proche du style Yang du fait de leur histoire simi­
laire. En effet, Wu Chien Yau (1834-1902) a suivi un enseignement
de tai chi chuan de style Yang, auprès de Yang Lu-Chan, alors qu’il
faisait partie de la garde impériale. Par la suite, celui-ci l’enseigna
à son fils, Wu Chien Chuan (1870-1942), qui le modifia et créa
ainsi son propre mouvement, le style Wu. Plus tard, il fonde sa
propre école d’arts martiaux. Dans les années 1920, il a déménagé
dans la ville de Shanghai où sa renommée n’a fait que croître.
Les générations suivantes ayant repris le flambeau de l’entreprise
familiale, la pratique du style Wu s’est propagée à travers le monde.
Ce style est celui qui a gardé le plus de caractéristiques de l’aspect
art martial du tai chi chuan, car il peut se pratiquer à deux, de qui
permet d’être en harmonie avec l’autre.

Le style Sun
Le style Sun est appelé huo pu chia qui signifie « charpente aux pas
vifs ». Sun Lutang (1861-1932) a conçu les enchaînements de style
Sun dans les années 1900. Ainsi, ce style est l’un des plus récents.
Sun Lutang est un grand maître taoïste. Par sa grande expérience
des arts martiaux, il a créé son propre style. Tout d’abord, il a
commencé son apprentissage par le Kung fu, ensuite, il s’est adonné
au Xing Yi (art martial interne) et, enfin, il s’est consacré au
Xingyiquan. Suite à ces apprentissages, il a, pendant trois ans, étudié
le bagua (art interne). En outre, sa rencontre avec Hao Weichen, qui
lui a enseigné le style Wu, lui a permis de concevoir son propre style.
Suite à ses expériences dans des disciplines différentes, il combine le
Xingyiquan, Baguazhang et le tai chi chuan. Le style Sun a traversé
les générations, d’abord par ses deux enfants, Sun Cunzhou et Sun
Jianyun, et ensuite par le biais de sa petite fille, Sun Shurong, qui a
enseigné le tai chi chuan de style Sun jusqu’à son décès.
Caractérisé par une démarche active d’ouverture et de clôture, le
style Sun est composé de mouvements courts et rapides, les mains
étant suivies par les jambes, s’ouvrant et se fermant en suivant un
ordre préétabli. La position du corps est élevée et celle des pieds ne
dépasse pas la largeur des épaules. De façon générale, une fluidité
des mouvements est recommandée et l’esprit doit être serein et
ouvert afin que le corps se régénère. Il est nécessaire de prendre
conscience des concepts du Tao.
Sun Lutang fait valoir trois étapes dans le tai chi chuan :

« La première étape fait ressentir une impression de marcher sur le seuil de


l’océan. On perçoit une lourdeur dans les mouvements comme si toute l’eau
immergeait le corps. Dans la seconde, on ressent une impression de légèreté
comme si les pieds n’étaient plus en contact avec l’océan, le corps flottant dans
l’eau. Les mouvements de Taijiquan se sentent plus naturels à ce stade. Le
corps léger et agile forme la troisième étape comme si on avait le pouvoir de
marcher sur la surface des océans. A ce stade de réalisation, les principes de
Taijiquan ont été obtenus. »

Il convient de noter que le style Sun est une forme de tai chi
chuan qui est accessible aux individus de tous âges.
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Le style Lee
Le style Lee a été créé il y a un siècle par Hsieh-Ho Lee. Par la
suite, dans les années 1930, Chan Kam Mee l’a enseigné à Londres.
A sa mort, ses étudiants ont continué à enseigner le style Lee, ce
qui a permis sa propagation.
Ce style de tai chi chuan est le plus enraciné dans la pensée
taoïste. Le formulaire des « huit pièces de brocart », qui est en lien
avec l’équilibre du yin et du yang, est profondément ancré dans
le style Lee. De fait on retrouve, par des mouvements pratiqués
lentement, harmonie et équilibre, accompagnés de la maîtrise du
souffle.
La forme originelle du style Lee est composée de quatorze
positions : la « position de l’aigle, la position de l’ours, la position
du dragon, la position du canard, la position du singe, la position
du chat, la position du léopard, la position du cavalier, la position
du serpent, la position du lion, la position de la grue, la position du
chien, la position du ciseau et la position des jambes croisées ».

Perspectives cliniques et thérapeutiques


Dans le cadre d’une revue de littérature de Berghmans et al. (2009)
nous avons mis en évidence les effets positifs que pouvait avoir
la pratique du tai chi chuan sur la santé et la maladie. Afin de
rendre compte de cette littérature, nous avons choisi de proposer
une analyse de certaines des études les plus significatives publiées
(Medline, Psyinfo, Psyarticle). Nous avons fait le choix de présenter
deux domaines parmi ceux ayant expérimenté les effets du tai chi
chuan. Le premier concernera les effets de la méthode sur la mobilité
et la douleur et le second traitera des effets sur l’amélioration de la
situation psychologique de patients atteints par la maladie chronique.
A titre indicatif, nous avons retenu et détaillé pour chacun des
domaines trois recherches, l’objectif étant de donner un aperçu
des résultats souvent bénéfiques obtenus lorsque l’on propose à des
patients de s’initier à la pratique du tai chi chuan.

Mobilités et douleur /'


On se doit de constater (cf. tableau 7.1), que le tai chi chuan bien
qu’étant considéré comme un art martial ou une gymnastique a
des effets bénéfiques sur la santé, même si l’étude de Fransen et al.
(2007) doit nous inviter à la vigilance. Après quelques semaines de
pratique du tai chi chuan, on assiste très souvent dans la littérature
à une baisse de la douleur chez les patients. C ’est le cas dans
l’étude d’Adler et al. (2000) auprès de patients souffrant d’arthrite,
confirmée ici par le travail de Wang et al. (2005). Chez les patients
atteints d’arthrose des genoux et des hanches (Fransen et al., 2007)
ou de spondylarthrite ankylosante (Lee et al., 2001, 2007), le tai chi
chuan apporte une véritable plus-value tant sur le plan physique
(motricité, douleur) que sur le plan psychologique. Ces effets sur la
motricité ont été retrouvés dans une autre étude auprès de patients
souffrant d’ostéoporose par Song et al. (2003) qui ont montré que
la pratique du tai chi chuan sur douze semaines avait pour effet de
ralentir la dégradation naturelle de la motricité propre à ce type de
pathologie, ce qui est loin d’être négligeable.
Dans cette même étude les résultats ont montré une diminution
de l’intensité de la douleur, ainsi qu’une baisse de la rigidité des
muscles.
Dans une étude portant sur la mobilité de patients souffrant de
diabète de type 2 (Orr et al., 2006), les auteurs ont également mis
en évidence, que malgré les problèmes de poids des patients, la
pratique du tai chi chuan était un moyen efficace pour inviter ces
derniers à la motricité, ce qui au bout de plusieurs semaines avait des
répercussions positives importantes sur leur santé physique et leur
état psychologique. On sait à quel point le style de vie sédentaire est
un problème majeur de santé publique souvent associé à un risque
de pathologies coronariennes ou d’apparition du diabète (Type 2
non insulinodépendant). De ce point de vue, la pratique du tai
chi chuan par une population non active, comme c’est souvent le
cas chez ce type de patients ne peut avoir que des conséquences
positives.
La douleur est une autre composante importante dans de nom­
breuses pathologies physiques contre laquelle on va, le plus souvent,
mobiliser la solution médicamenteuse. Si une telle stratégie n’est
pas contestable, elle pourrait s’accompagner d’une prise en charge
de type tai chi chuan, qui semble contribuer à une réduction de la
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douleur. C ’est en tout cas ce que nous invitent à penser certaines


des études (Adler et al., 2000 ; Fransen et al., 2007 ; Wang et al.,
2005).

T a i chi chuan e t m a la d ies chroniques.

Les résultats du tableau 7.2 soulignent tout l’intérêt de la pratique


du tai chi chuan, dans l’accompagnement des patients atteints par
une maladie chronique. C ’est ce que montre l’étude Yeh et al.
(2007), qui à partir de mesures objectives met en évidence les
effets de la méthode sur le sommeil, mais également sur des indices
physiologiques comme le rythme cardiaque ou la variabilité sinusale
qui se trouvent être positivement modifiés. En termes de qualité
de vie, Abott et al. (2007), Mustian et al. (2004), mais aussi Yeh
a. C’est une maladie inflammatoire chronique qui touche le rachis et les articulations sacro-iliaques. Deuxième des grands rhumatismes inflammatoires chroniques par sa fréquence
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victimes d’un accident cardiaque, avaient déjà mis en évidence les
effets positifs du tai chi chuan sur l’amélioration perçue de la qualité
de vie. Les sujets VIH de Robins et al. (2006), interviewés après
l’étude, disaient ressentir un réel mieux-être et être plus calmes,
notamment après les exercices, effet qui perdure dans le temps si la
pratique est maintenue.
Dans cette même étude, les résultats quantitatifs vont dans le
même sens, indiquant ainsi qu’un programme de tai chi chuan
auprès de patients VIH est en mesure d’améliorer leur qualité de vie,
mais aussi d’abaisser le niveau de détresse psychologique. Les auteurs
font même l’hypothèse que la pratique du tai chi chuan pourrait être
envisagée comme une forme de coping dynamique invitant l’esprit
des sujets à se positionner différemment sur le corps, en l’observant
et en acceptant d’une certaine manière ses dysfonctionnements
physiques.
A notre connaissance, une des rares recherches françaises réalisées
sur les effets du tai chi chuan est celle de Dechamps, Quintard
et Lafont (2007). Les résultats ont ainsi montré qu’une pratique
régulière du tai chi chuan avait un effet significativement positif
sur les troubles émotionnels, en améliorant l’humeur, en faisant
baisser le niveau d’anxiété et en augmentant le sentiment d’efficacité
personnelle (cf. encadré 7.1).
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E n cad ré 7.1
InterEditions-Dunod —La photocopie non autorisée est un délit

Tai chi ch u an , se n tim e n t d ’efficacité, anxiété et troubles


ém o tio n n els
(D echam ps, Q u in ta rd e t L afont, 2007)
C e tte rech erch e avait1p o u r o b je c tif d ’étu d ier les effets d ’une in te r­
ven tio n cou rte en tai chi chuan sur le sentim ent d ’efficacité, l’anxiété
et sur les troubles ém o tio n n els chez des étudiants ayant u n style de
vie sédentaire. E n term es de santé p ublique, le style de vie sédentaire
est u n risque de m o rb id ité im p o rtan t. L’exercice physique am éliore
la qualité de vie et p e rm e t de réd u ire de façon durable l’anxiété, les
troubles de l’h u m e u r et la dépression q u e les sujets soient ou non
malades. P arm i les activités physiques considérées co m m e d ’intensité
m odérée et par définition facilem ent accessible, le tai chi chuan a été la
m odalité sur laquelle les auteurs o n t souhaité s’arrêter afin d ’en étudier
les effets sur les affects. L’hyp o th èse des auteurs était que la pratique
du tai chi ch u an devait co n d u ire à u n e am élioration du sentim ent
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Tableau 1.2. Tai chi chuan et maladies chroniques

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us- d ’efficacité, à u n e réd u ctio n de l’anxiété et des troubles ém otionnels.
V ingt-six étudiants âgés en tre 19 et 28 ans (n = 11 dans le groupe
expérim ental et n = 12 dans le g ro u p e contrôle) o n t participé à cette
recherche. Les sujets o n t suivi dix séances de tai chi chuan style C h en
à raison d ’u n e h eu re par séance.
Les séances étaien t construites selon la séq uence suivante : échauffe-
m e n t, éd u catio n à la pratiq u e (5 à 10 m n), réalisation des form es de
m o u v e m e n t (45 m n), et re to u r au calm e (5 à 10 m n). Les sujets du
groupe tém oins n ’o n t fait l’objet d ’aucune in tervention. Les variables
m esurée étaient le sentim ent d ’efficacité (à partir du questionnaire de
Schwarzer, 2 0 0 3 1), l’anxiété état (c’est-à-dire la tension, la nervosité et
l’in q u ié tu d e q u e le sujet ressent « à l’instant, ju ste en ce m o m e n t »
m esurée avec l ’échelle d ’anxiété STAI Y de Spielberger et Vagg,
198412) et l’h u m e u r (avec la P O M S SF de Sacham , 19833) qui
m esure en o u tre différente sous-dim ensions que sont la dépression,
l’an x iété-ten sio n , la confusion...). T outes les m esures étaient réalisées
avant et après l’initiatio n au tai chi chuan.
N o u s avons fait le ch o ix de ne p résen ter q u e certains des résultats
obtenus après les dix semaines nécessaires à la finalisation du protocole
d ’étude, en com parant les scores obtenus par le groupe tai chi chuan à
ceux obtenus par le groupe tém oin. T outes les évaluations (VD) n ’ont
pas été rapportées.
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Globalement les résultats montrent que la pratique du tai chi
chuan a des effets positifs chez les sujets, en contribuant notamment
à améliorer le sentiment d’efficacité (ce qui n’avait jamais été fait
jusque-là !), en diminuant le score d’anxiété et les scores relatifs à
© InterEdirions-Dunod —La photocopie non autorisée est un défit

la POMS, dont notamment le score de dépression. De tels résultats


sont consistants avec d’autres dans la littérature qui montrent à quel
point l’activité physique peut avoir des effets positifs considérables
sur la santé psychologique des individus. Une activité physique
courte et douce peut donc a minima avoir des effets remarquables

1. S c h w a r z e r R. (2 0 0 3 ). « G e n era l S e lf - E f f ic a c y V a lid ity and T - n o r m e »,


issu de h ttp :// w e b .f u b e r lin .d e /g e s u n d /s k a le n / L a n g u a g e _ S e le c tio n /
T u r k is h /G e n e ra l_ P e rc e iv e d _ S e lf-E ffic a c / V a lid ity _ a n d _ T -N o rm s _ o f_ th e _ G e /
v a lid ity _ a n d _ t-n o rm s _ o f_ th e _ g e .h tm .
2. S p ie lb e rg e r C .D ., V a g g P .R . (1 9 8 4 ). « P s y c h o m e tric p ro p e rtie s o f th e S T A I : a
r e p ly t o R a m a n a i a h , F r a n z e n , a n d S c h ill », Journal o f Personality Assessment, 4 8 (1 ),
9 5 -9 7 .
3 . S a c h a m S. ( 1 9 8 3 ) . « A s h o r t e n e d v e r s io n o f t h e P r o f ile o f M o o d S ta te s », Journal
o f Personality Assessment, 4 7 , 3 0 5 - 3 0 6 .
Tableau 7.3. - Comparaison post-test des moyennes des groupes
tai chi chuan versus témoin sur certaines variables
Groupe tai chi Groupe témoin
Variables Significativité3
chuan m (< y )

Sentiment général
33.09 (3.6) 27.58 (4.85) p < .001
d’efficacité
STAI-V Anxiété
20.27 (5.71) 40.83(12.08) p < .01
État
Score global du
35.09 (11.5) 46.33 (23.12) p < .05
POMS
POMS sous
2.9 (2.87) 6.25 (7.25) p < .01
échelle dépression
POMS sous
échelle 5.01 (3.42) 0.03 (4.76) ns
anxiété-tension
POMS sous
échelle 3.36 (1.02) 6.33 (3.25) p < .001
fatigue-inertie

a. Les résultats ont été traités par M A V O V A . Nous n ’avons pas souhaité présenter ici toutes les
analyses statistiques d’où notre choix d’indiquer seulement le seuil de la comparaison multiple.

sur l’amélioration de l’état émotionnel de sujets qui ont un style de


vie sédentaire. Un tel effet va dans le sens des recommandations
internationales relatives à la nécessité de pratiquer une activité
physique hebdomadaire d’intensité modérée. Le tai chi chuan
s’avère donc être une méthode de choix à promouvoir dans les
dispositifs de promotion de la santé ou d’éducation à la maladie,
notamment pour les populations à risque.

D es lim ites certes, mais beaucoup d’espoir !

L’ouverture à cette ancienne approche qu’est le tai chi chuan,


nous apparaît comme pleine d’espoir pour l’accompagnement des
malades. Le tai chi chuan dispose d’un potentiel réel susceptible
d’apporter une plus-value importante aux interventions qui pour­
raient être menées dans le champ de la santé et de la maladie. Les
résultats dans la littérature sont encourageants, même si d’autres
études doivent être menées.
Il convient de rester prudent quant aux résultats obtenus, car
ces études connaissent aussi un certain nombre de limites du point
de vue méthodologique, notamment en ce qui concerne la taille
des échantillons souvent réduits, ou encore le rôle de l’enseignant
dans sa capacité ou non à transmettre les techniques. Cette dernière
variable reste un élément généralement non maîtrisé et qui pourrait
avoir un effet considérable sur les résultats obtenus. En outre, les
professeurs de tai chi chuan ne sont pas forcément disponibles
pour s’insérer dans des dispositifs de prévention ou de prise en
charge de la maladie, ce qui, en France pourrait être un frein à son
développement dans le domaine de la santé. Enfin, il est deux autres
limites qui méritent d’être prise en compte : le taux d’abandon
(plutôt élevé !) et le niveau d’observance des patients (dont on ne
dit jamais rien !). Ce sont là des points importants qu’il conviendra
de prendre en compte afin d’ajuster au mieux les interventions et
éviter ainsi de produire des effets inverses à ceux attendus. Car si ce
type d’exercice est une bonne introduction à l’activité physique, il
n’en demeure pas moins, que le tai chi chuan est issu d’une culture
encore éloignée, ce qui en soi peut être pour certains une barrière
difficilement franchissable.
Enfin, ces recherches ont utilisé différents styles de tai chi chuan.
Il y aurait un intérêt à comparer les bienfaits sur la santé résultant
des méthodes d’intervention utilisées. Cependant, la majorité de
nos études ont été basées sur le style Yang puisque seulement une
minorité d’études se sont intéressées aux styles Chen, Sun et Wu.
Le style Lee, quant à lui, n’a pas fait l’objet d’intervention. Ceci
peut s’expliquer par le fait que le style Yang, de par son évolution
historique, est le plus répandu et le plus pratiqué dans le monde.
Pour ces raisons, nous n’avons pas pu opérer de comparaison sur
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les bienfaits de chaque style, ni en évaluer la portée sur chaque


domaine thérapeutique.

LE QI GONG

Présentation générale
Art chinois apparu il y a environ 5 000 ans sous la dynastie
Shang, le qi gong désigne de manière générale « toutes les pra­
tiques énergétiques traditionnelles ». Il fait partie, comme le tai chi
chuan et l’acupuncture de la médecine traditionnelle chinoise. Il
est également connu sous son appellation traditionnelle com m e
« l’énergie de guérison ». Il y a peu de temps encore, le term e qi
gong était souvent lié à d’autres mots comme par exemple taijiqi
g o n g 1. L’exportation de ces pratiques vers les États-Unis a permis au
terme qi gong de devenir indépendant, facilitant ainsi la désignation
des différentes sous-pratiques connues.
Le terme qi gong est formé de plusieurs graphies : ch i-ku n g
(école anglo-saxonne Wade), k i ko n g (école française EFFEO),
k ik o (adaptation phonétique du japonais) et qi g o n g qui en est
la transcription p in y in 12 . Le terme qi gong est constitué de deux
sinogrammes : « qi et g o n g ».
Le sinogramme qi signifie « souffle, énergie ». Il se définit selon la
tradition chinoise, comme « l’énergie vitale » qui se trouve en toutes
choses. Hiria Otto désigne le qi comme « la substance matérielle
primordiale ou, tout simplement, l’essence qui, par l’impulsion de
son énergie, permet aux “choses” animées ou inanimées et aux
organismes vivants du monde d’exister et de se développer sous les
formes dans lesquelles ils se matérialisent3 ». En outre, il correspond
dans une optique spiritualiste au p n e u m a des Grecs, à l ’a n im a des
Latins, ainsi qu’au prana des Indiens. Quant au sinogramme qong, il
signifie « travail, labeur, effort4 ».
Le qi gong est alors un « travail du souffle ou un travail énergé­
tique », basé sur des principes taoïstes. Il représente ainsi l’énergie
vitale qui se propage le long des méridiens utilisés dans l’acuponc­
ture. D’une manière moins traditionnelle, notre époque assied le qi
gong comme une « gymnastique » dont certains principes découlent
de la pensée taoïste. Cette dernière a pour précepte « l’harmonie
avec la nature et dans cette vision, l’univers est perçu comme un
flux continu et en constant changement » (Ospina et a l , 2006).
Les écoles de qi gong s’appuient toutes sur ces concepts fonda­
mentaux, toutefois des différences existent. Certaines fondent leur
enseignement sur l’aspect spirituel, alors que d’autres cautionnent
l’aspect médical. D ’autres encore prônent l’aspect martial et, dans

1. Alain van Leckwyck (1995-1996), texte écrit pour le Guide du mieux être,
Bruxelles, Editions Parcours.
2. Institut Ricci (1990), Dictionnaire français de la langue chinoise : sinogrammes 485 et
2879.
3. Dictionnaire de la langue chinoise, Editions Larousse.
4. Institut Ricci (1999), Dictionnaire de caractères chinois, Paris-Bruxelles, Desclée De
Brouwer, 1999.
ce cas, les pratiques sont voisines du tai chi chuan. Le qi gong
se révélant une discipline de préservation de la santé, qui a pour
principe d’en assurer la longévité, il se base sur la méditation afin
de créer une harmonie entre le corps et l’esprit. Une respiration
profonde, alliée à des mouvements lents, contrôlés et coordonnés,
permet un retour au calme physique et psychique.
En outre, et dans une perspective traditionnelle, le travail avec
le Qi, par une chorégraphie précise de postures, favorise le rétablis­
sement de la circulation des énergies dans le corps en suivant les
méridiens d’acupuncture, ceci en lien avec le paradigme de soin de
la médecine chinoise.
La société chinoise a vu, au cours des siècles, se développer de
nombreuses techniques. En effet, des fouilles archéologiques ont
permis de mettre à jour un document daté de 206 avant Jésus-Christ,
représentant quarante-quatre personnages dans diverses postures du
dao yin (pratique d’entretien de la voie), qui, encore aujourd’hui, est
une gymnastique corporelle chinoise. C ’est sous cette dynastie que
les mouvements connus sous le nom « du jeu des cinq animaux »
furent développés par Hua Tuo (médecin chinois) ; ces mouvements
imitant le langage corporel d’animaux sauvages tels que l’ours, le
tigre, le cerf, le singe et la grue.
De nombreux écrits, et plus particulièrement le Yang Sheng Lu
de Xi Kang (223-262 après J.-C.) font apparaître que ce dernier
aurait développé un concept combinant l’hygiène, la gymnastique,
le massage, les techniques de respiration, la diététique et les règles
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de vie. Le qi gong moderne s’inspire <Jes bases de ce concept. Entre


le Ve siècle et le Xe siècle, avec l’arrivée du bouddhisme, le Yi
Jin Jing fut développé par Bodhidharma. Ces exercices, composés
d’étirements des muscles et des tendons, étaient pratiqués par des
moines afin de garder une bonne condition physique. C ’est sous
la dynastie des Tang (618-907) qu’apparaît pour la première fois le
terme de qi gong dans un texte taoïste. Par la suite, sous la dynastie
Song (960-1279), le général Yue Fei développa le Ba Duan Jin
(« huit pièces de brocart ») afin d’améliorer la condition physique
de ses soldats. C ’est sous la dynastie des Qing (1644-1911), que le
père jésuite Jean-Joseph Amiot (1718-1793) exporta les pratiques
taoïstes en France. Avec l’arrivée au pouvoir du parti communiste
en Chine, le qi gong moderne fait son apparition. Il est utilisé et
développé tout d’abord par le pouvoir gouvernemental, ensuite
dans d’autres institutions comme les sanatoriums et les cliniques. Le
qi gong est alors adapté et proposé pour soigner les malades. C ’est
à cette époque qu’il a connu son apogée par les échanges entre les
experts populaires, les hôpitaux et les facultés de médecine.
En 1949, le terme qi gong est adopté officiellement. Cepen­
dant, lors de la révolution culturelle (1964-1970), les pratiques
traditionnelles sont bannies et reléguées dans la clandestinité. En
1970, une artiste peintre nommée Guo Lin pratique et enseigne
le qi gong dans des parcs publics. Elle est arrêtée plusieurs fois
par les autorités chinoises. Néanmoins, en 1977, elle promulgue
sa « nouvelle méthode thérapeutique de qi gong » et envoie un
rapport au ministère de la Santé. Grâce à son enseignement, de
nombreux groupes se forment et le qi gong devient populaire.
L’Etat chinois essaye de contrôler ce phénomène mais certaines
manifestations vont trop loin. En 1999, il décide de réglementer
son propre système d’enseignement du qi gong.
Le qi gong peut se pratiquer de deux manières : soit par une
« pratique active », dans laquelle les exercices sont définis par des
mouvements lents et dans une position stationnaire, soit par une
pratique « méditative ou passive » et, dans ce cas, les positions sont
ralliées à une grande concentration.
Dans certains cas, la pratique du qi gong peut être représentée par
un exercice mettant enjeu la langue qui exerce une pression contre
le palais, cet exercice devant s’effectuer les yeux fermés (Ospina
et al., 2006). Dans d’autres cas, les techniques d’enracinement,
c’est-à-dire l’immobilité de la position dans la durée, ont montré
leur efficacité s’agissant de fortifier les muscles et les ligaments et
une concentration des activités mentales. D ’autres postures encore
se fondent sur la visualisation, dans laquelle l’individu se concentre
plus particulièrement sur un objet.
Un des objectifs du qi gong est de détenir un contrôle sur « le
corps, le souffle et la pensée », son but étant de « supprimer les
pensées et de se concentrer sur une région du corps connue sous
le nom de dantian (l’élixir terrain) ». Au cours de ce processus, « la
respiration diminue progressivement en fréquence ». Ce contrôle
permet à l’individu de prendre conscience de ses « fonctions tra­
ditionnellement considérées involontaires de la pression artérielle,
de la fréquence respiratoire, et même de la circulation du sang »
(Ospina et ai, 2006).
La respiration formant l’un des paramètres importants, elle se
caractérise par une concentration de l’attention sur le « dantian »
par le biais d’inspirations, d’expirations, et de la tenue de l’air afin
de stimuler le Qi et le sang, et de renforcer le corps. Dans sa
pratique, le qi gong fait appel à différentes techniques de respiration :
la respiration naturelle, la respiration thoracique, la respiration
abdominale et celle de l’inversion de la respiration abdominale, la
tenue du souffle, et une technique d’alternance des narines (Ospina
et al, 2006).
Par ailleurs, il convient de noter que « la pratique régulière
du qi gong développe, en plus, l’imagination, la visualisation, les
capacités créatrices et la globalisation : c’est-à-dire, savoir prendre
de la distance par rapport aux problèmes pour tenter d’obtenir des
réponses rapides, quasi intuitives et efficaces » (Ospina et ai, 2006).
Enfin, le qi gong peut être pratiqué par tous et à tous les âges.
Les techniques les plus anciennes de qi gong sont le tu na qui
signifie « expirer inspirer » (le qî), le dao yin qui signifie « diriger » et
le yang sheng qui signifie « nourrir la vie ou préserver la santé »*. Dans
la philosophie taoïste, l’entretien de la santé est un but personnel
que chacun doit mettre en pratique afin de préserver sa vie le plus
longtemps possible. Aujourd’hui, le qi gong regroupe sous son nom
un nombre considérable de pratiques énergétiques, c’est la raison
pour laquelle des groupes de styles et variantes font partie de cette
IncerEditions-Dunod - La photocopie non autorisée est un délit

discipline. En outre, la pratique du qi gong au fil des siècles, comme


celle le tai chi chuan, s’est enrichie au contact des maîtres qui l’ont
enseignée.
Il y a lieu de distinguer deux groupes de styles : le usai dan et le
nei dan. Le premier se définit comme « la stimulation d’une partie
du corps accompagnée d’une grande concentration » et, le second
concerne « la circulation du qi dans le corps à travers les différents
méridiens ».
Une classification différente regroupe les écoles selon que le
qi gong est « statique » ou « en mouvement ». Le premier groupe1

1. Leckwyck A. van (1995-1996), texte écrit pour le Guide du mieux être, Bruxelles,
Éditions Parcours.
d’exercices se pratique en position debout, assise ou couchée,
et se définit comme par exemple la méditation ou la « position
des six sons ». Le deuxième correspond aux exercices relatifs aux
mouvements des membres et du corps et fusionne l’automassage, les
exercices de déplacements corporels et les « huit pièces de brocart ».
On peut distinguer cinq formes distinctes de qi gong :
• le qi gong d’origine bouddhiste se divise en deux pratiques : une
pratique active, le zhan zhan et une pratique assise, le zuo chan.
Ce style est également constitué de mouvements nommés « le jeu
des cinq animaux » et « les huit pièces de brocart ». Ce type de qi
gong était pratiqué par les moines bouddhistes ;
• le qi gong d’origine confucianiste se définit surtout par des rites
familiaux et sociaux ;
• le qi gong martial vise au renforcement des muscles afin d’exécuter
au mieux les pratiques martiales ;
• le qi gong médical est en rapport avec les soins, c’est-à-dire qu’il
demande un diagnostic et un traitement. Il fait partie intégrante
de la médecine traditionnelle chinoise. En outre, il est constitué
de deux formes : la « première est celle que l’individu pratique
lui-même (qi gong yang sheng) et la seconde est celle que le
guérisseur applique sur un malade ».
• quant au dernier qi gong, il est basé sur des techniques tradition­
nelles adoucies afin de permettre une pratique plus simple.
On distingue quatre types d’exercices se rapportant au qi gong1 :
• les exercices de types zhang zhang gong sont formés de postures de
méditation, qui par la régularisation de la respiration, permettent
d’harmoniser le corps et l’esprit.
Ces exercices débutent par la posture de l’arbre. Ensuite, « l’im­
mobilité (y in) se complète par les mouvements (yang) ». Les trois
postures utilisées pour le qi gong sont « la posture des trois
essentiels (wujî), tenir le ballon au niveau du bas-ventre et tenir la
planche sous l’eau » ;1

1. H u a r d e t W o n g ( 2 0 0 8 ) , « P r é s e n t a t i o n d ’u n d o c u m e n t d u X V I I I e s iè c le d ’a p r è s
u n o u v r a g e a n o n y m e p r é s e n t é p a r W . G W a n g (1 9 2 2 ) e t G u n s u n H o h ( S h a n g h a i
1 9 2 6 ) » : www.yiquan78 .org/baduanjin.htm
• les ondulations qui permettent de rendre les treize points essentiels
détendus. Le mouvement débute par le bas du corps et remonte
lentement vers les hanches ;
• les « mouvements lents et élastiques » que l’on appelle shi li et qui
se définissent comme « la force vivante engendrée par la globalité
du corps ». Ces shi li dépendent de la direction des mains. Il
existe quatre shi li de base, lorsque « les mains vont dans la même
direction (pousser l’océan, pousser la planche sur l’eau, tirer le
ballon sur l’eau, monter et descendre la planche sur l’eau), et trois
shi li lorsque les mains sont opposées (cercle vertical centré et
cercle horizontal alterné) » ;
• les étirements permettant, quant à eux, « d’activer les méridiens afin
de faciliter la circulation du qi » dans une optique traditionnelle.
La définition et les pratiques du qi gong ainsi que son mode
opératoire est intimement lié à ses aspects traditionnels qui font
référence à des notions telles que le qi, propre à la médecine chinoise,
mais non encore exploitable d’un point de vue biomédical classique.
Notre propos n’est pas de discourir sur la pertinence et l’existence
de cette notion, mais il est toutefois indispensable de ne pas l’écarter
car elle fait partie intégrante de la définition du qi gong. En termes
thérapeutiques, nous allons mettre en lumière les effets bénéfiques
de cette approche sur la santé physique et psychique en ayant une
analyse objective se basant sur la mesure de changements physiques
et physiologiques avant et après des interventions de qi gong.
InterEditions-Dunod - La photocopie non autorisée est un délit

P e r s p e c tiv e s c lin iq u e s e t th é r a p e u tiq u e s

Comme le tai chi chuan, la pratique du qi gong entraîne des effets


positifs sur la santé. En se référant à la médecine chinoise, sa pratique
régulière peut être préventive dans le maintien de la bonne santé
et curative dans la lutte contre la maladie. Un des principes du qi
gong est le prolongement de la vie par l’amélioration de la qualité
de la vie. A cet égard, de nombreuses études se sont intéressées
aux effets du qi gong sur la santé. Il nous a semblé utile, comme
nous l’avons fait pour le tai chi chuan de présenter certaines d’entre
elles, qui concerneront dans un premier temps l’hypertension et
les maladies cardio-vasculaires, puis, dans un second temps, deux
maladies chroniques que sont la fibromyalgie et la maladie de
Parkinson.

Qt g o n g , h y p e rte n sio n et m a la d ies cardio -va scu laires

Les deux études du tableau 7.4 mettent en évidence, que dix


semaines de pratique du qi gong, conduisent à une diminution
de la pression artérielle systolique et diastolique chez des patients
hypertendus. Tout se passe comme si, les exercices proposés entraî­
naient un effet apaisant sur les sujets, contribuant ainsi à diminuer
le stress perçu.
Même si ces résultats méritent d’être approfondis, afin que l’on
puisse identifier ce qui est à l’origine de ce processus de changement
physiologique, il apparaît que l’association entre les mouvements
lents, la focalisation de l’attention dans l’instant présent et la gestion
du souffle sont des facteurs susceptibles de potentialiser la santé et
peut-être de réduire ou de limiter le poids de certains facteurs de
morbidité comme le taux de cholestérol et les triglycérides.

/-------------------------------------------------------------------------------- N
E n cad ré 7.2
Q i g o n g et neurophysiologie.
U n e étu d e de Soo et al. (2004) suggère en term es épidém iologiques
q u ’u n e activité p ro lo n g ée de qi gong, sur plusieurs m ois, p ro d u it
des effets positifs et significatifs sur les systèmes n eu ro en d o crin ien s
et im m unitaires, ainsi q u e sur des variables psychologiques telles que
l’anxiété, résultats qui avaient déjà été mis en évidence par Lee, R y u
et C h u n g (2000) et Lee et R y u (2004). C es études suggèrent que
l’e n tra în e m e n t au qi g o n g réd u it l’anxiété et le niveau de stress. Les
taux d ’A C T H , de cortisol et d ’aldostérone d im in u e n t de m anière
significative chez les sujets p ratiq u an t le qi g o n g par opposition
aux sujets tém oins qui ne font rien. D es résultats similaires o n t
été mis en év idence avec d ’autres pratiques co m m e la m éd itatio n
transcendantale, le yoga o u le tai chi ch u an (Jin, 1992 ; K am ei et
a i, 2000 ; W alton, P ugh, G elderloos et M acrae, 1995). L’aldostérone
(dont l’augm entation trop im portante se traduit par une hypertension
artérielle) est ré d u ite avec la p ratiq u e du qi g o n g (Lee, Lee, K im et
M o o n , 2003), mais si le constat est validé l’explication du processus
e n je u reste encore très floue et nécessitera à l’avenir des investigations
com plém entaires.
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Tableau 7.4. - Effets du Gi gong sur les troubles de l’hypertension et des maladies cardio-vasculaires

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Les sujets s’inscrivent volontairement dans une pratique qui leur
permet de mieux réguler leurs troubles. Ils s’obligent à prendre du
temps pour leur santé en s’inscrivant dans un processus de lâcher
prise et de prise de distance par rapport aux exigences et aux tensions
de la vie quotidienne. Le lâcher-prise et l’inscription dans l’instant
présent agissent également contre la mise en place constante des
pensées ruminatives. Le mental étant en constant mouvement, le qi
gong offre un effet stabilisateur qui apaise l’individu.

Q i g o n g et m a la d ie s chroniques

Au niveau des maladies chroniques, les recherches dans ce domaine


mettent en évidence les effets du qi gong sur la gestion de la douleur,
la qualité de vie, mais aussi la dépression et l’anxiété chez les malades
atteints de fibromyalgie ou par la maladie de Parkinson.
Dans l’étude de Schmitz-Hubsch et al. (2005), la comparaison des
symptômes moteurs liés à la maladie de Parkinson a été analysée
entre le groupe expérimental pratiquant le qi gong et un groupe
contrôle. Des mesures à trois mois, six mois, douze mois ont été
effectuées. Les résultats mettent en évidence les effets thérapeutiques
de cette pratique. Un effet stabilisateur du qi gong sur les symptômes
moteurs en lien avec la maladie de Parkinson apparaît. Le qi gong
peut être vu comme une approche thérapeutique prometteuse dans
cette pathologie.
En ce qui concerne la fibromyalgie (Mannerkopi, 2004 ; Hak,
2008), la pratique du qi gong est une aide au niveau de la gestion
de la douleur. Au même titre que les études sur le tai chi chuan et la
méditation, les sujets mettent en place un processus de décentration
et d’acceptation de la douleur en se focalisant sur la lenteur des
mouvements de leur corps. L’aspect méditationnel en mouvement
apparaît ici et invite le sujet à prendre de la distance face à ses
symptômes.
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E ncad ré 7.3
Effets du qi g o n g sur la dépression chez des personnes âgées
C e tte étu d e de T sang et al. (2006) avait p o u r o b je c tif d ’évaluer les
effets du qi gong sur une popu latio n de sujets âgés dépressifs. Q u atre-
v in g t-d e u x initiés au qi g o n g versus n = 34 p o u r le gro u p e contrôle).
Les sujets o n t p ratiq u é les exercices de qi g o n g (baduanjin) à raison
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ks- de 30 à 45 m inutes, trois fois p ar sem aine p e n d an t seize semaines.
D es m esures relatives à la dépression, l’auto-efficacité, le bien -être, la
santé en général et l’estim e de soi sur différentes dim ensions (famille,
social, physique...) o n t été effectuées avant (T0), pendant (T2) et après
(T3) la fin du protocole d ’interv en tio n , puis une sem aine (T4) et huit
sem aines (T5) après. N o u s avons choisi de ne p résen ter que certains
des résultats relatifs à la dépression (m esurée avec la Gériatrie Dépréssion
Scale de Yesavage et al., 1983) et au b ien -être (m esurée avec Personnal
W ell Being Index de Lau et a i, 2005).
N ous avons fait le choix de ne présenter que les résultats obtenus lors
du p ré-test (T0), d u p o st-test (T3) à ju ste à la fin de l’in terv en tio n ,
puis, h u it semaines après (T4) p o u r le score de dépression (figure 7.1)
et le score de b ie n -être (figure 7.2).

Qigong ■T é m o in

Figure 7 . 1. Score moyen de dépression pour les deux groupes qt gong versus
témoin.

O n ne p e u t q u e co nstater la différence en tre les deu x groupes, ju ste


après les seize sem aines de p ratiq u e du qi gong. C e tte différence,
qui va dans le sens d ’u n e baisse du score de dépression se m ain tien t
h u it sem aines après la fin du pro g ram m e d ’e n traîn em en t ce qui laisse
entrev o ir u n e p erm an en ce des effets.
D es résultats similaires o n t été o b ten u s avec la m esure du b ien -être.
Si initialem en t il n ’existe pas de différences en tre les deu x groupes,
cette dern ière s’accentue avec le tem ps au p ro fit d ’une augm entation
du score après la session de fo rm atio n et u n e stabilisation après h u it
Qigong «Tém oin

Figure 1.2. Score moyen de bien-être pour les deux groupes qi gong versus témoin.

sem aines. Il est im p o rta n t de n o te r que les auteurs o n t recueilli des


résultats sim ilaires en ce qui c o n cern e le sen tim en t d ’efficacité, ainsi
que sur l’estim e de soi relative aux dim ensions sociale et physique.
Ainsi, la p ratiq u e du qi g o n g avec u n e p o p u la tio n de sujets âgés et
dépressifs est en m esure d ’am élio rer certains param ètres psycholo­
giques, ce qui laisse e n tre v o ir le p o te n tie l d ’u n e telle approche p o u r
v en ir en aide aux populations les plus fragilisées.
v_________________________ !__________________________

DES LIMITES, MAIS TOUJOURS DE EESPOIR

Les critiques et limites adressées au tai chi chuan peuvent être faites
au qi gong. En effet, bien que cette approche laisse entrevoir une
certaine efficacité, il faut rester prudent quant aux conclusions que
l’on pourrait tirer en termes d’impact sur la santé. Il est important
de noter que comme pour le tai chi chuan la plupart des études
connaissent un taux élevé d’abandon des participants avant la fin du
traitement, ce qui a pour effet d’affaiblir la puissance des résultats,
en raison notamment de tailles d’échantillons assez réduites. En
outre, il est parfois difficile de comparer les approches proposées
par les auteurs, ce qui introduit une variabilité dans les protocoles
expérimentaux qui est loin d’être négligeable. De plus, certaines
études n’énoncent pas tous les détails des interventions et, dans
certains cas, le choix du style de qi gong en tant qu’intervention
n’est pas explicité.
Cependant, la pratique du qi gong en tant que complément
psychothérapeutique à une prise en charge plus conventionnelle
reste prometteuse !

CONCLUSION

Issues de la tradition orientale, le tai chi chuan comme le qi


gong offrent des perspectives de recherches et d’intervention d’une
grande richesse pour la préservation de la santé et la prise en charge
de la maladie. Faisant partie intégrante de la médecine chinoise, ces
approches ont toujours été utilisées comme outils de prévention et
de guérison en se fondant sur des concepts métaphysiques comme
le qi. Aujourd’hui, il convient dans une optique d’ouverture de
constater que ces approches apportent un bien-être physique et
psychique même si leur principe actif n’est pas encore clairement
identifié. Sans doute d’ailleurs n’est-il pas très éloigné de ce qui se
passe dans le domaine de la méditation, des techniques de relaxation,
voire même de l’hypnose. Mais pour le savoir, des recherches sont
à mener ! En fait, un courant de recherche les associe à des formes
de méditation en mouvement qui se fonde à la fois sur un contrôle
de l’attention, une observation et une correspondance avec le
corps, bref une approche psychocorporelle. Ces pratiques s’appuient
sur la relaxation, la concentration, la pratique de mouvements, la
respiration et la méditation. En effet, l’attention du pratiquant est
fixée sur l’enchaînement des mouvements et sur les sensations cor­
porelles, le but étant de se focaliser sur le « moment présent » et de
« vider son esprit de toutes pensées ». De plus, la pratique nécessite,
au niveau énergétique, une force musculaire de faible intensité,
laissant de ce fait le corps et l’esprit en éveil. Ces pratiques se
définissent comme « des techniques d’auto-régulation, c’est-à-dire
que les processus mentaux restent sous le contrôle de la volonté,
tout en étant dirigés sur l’attention et la sensibilisation » (Ospina et
ai, 2006). Il est également possible de parler « d’un état modifié de
la conscience, d’une suspension du processus de pensée logique et
d’une auto-observation des attitudes comportementales » (Ospina
et al., 2006). Par ailleurs, ces disciplines utilisent des techniques
« d’enracinement » qui permettent, par le biais de la relaxation et des
mouvements, « d’abaisser le centre de gravité du corps améliorant
l’équilibre et la stabilité1 ».
C ’est dans cette optique que ces deux courants devraient être
pris en considération dans le champ de la psychologie de la santé
au même titre que des approches de relaxation ou de médita­
tion. Les institutions médicales auraient beaucoup à gagner en
introduisant ces pratiques dans le cadre d’une prise en charge et
d’un accompagnement global des patients. D ’abord, parce que la
littérature nous montre que ces méthodes permettent d’apporter
une réelle plus-value en matière de santé. Dans le cadre d’une
démarche de prévention ou de soin elles ne pourront qu’améliorer la
situation des personnes qui en bénéficieront. Ensuite, ces méthodes
peuvent faire l’objet d’une pratique de groupe, ce qui sur le plan
économique reste infine peu coûteux (c’est un argument loin d’être
négligeable !). Enfin, parce qu’une fois enseigner ces techniques
deviennent des compétences personnelles que le patient ou le
malade pourra mobiliser lorsqu’il le jugera nécessaire. Cette marche
vers l’autonomie est centrale, car on sait à quel point elle est en lien
avec une meilleure santé.
De tels dispositifs peuvent concerner les maisons de retraite,
mais aussi les services hospitaliers en cardiologie, diabétologie
InterEditions-Dunod —La photocopie non autorisée est un délit

ou oncologie. La douceur de ces gymnastiques en fait des outils


accessibles à tous quelles que soient les compétences intellectuelles
et physiques des sujets qui s’y adonneraient. Dans les faits, le frein est
celui des médecins ou des psychologues qui sont ou non convaincus
de la pertinence de ces approches et qui sauront ou non les adopter,
ce qui ne signifie pas les maîtriser forcément, car il suffit pour cela
de faire appel à des spécialistes qui pourront adapter leur pratique
en fonction du contexte de la maladie et des institutions où elles
pourront être pratiquées.
Tai chi chuan et qi gong sont des pratiques ancestrales ! Ce qui
est nouveau c’est leur inscription dans le champ de la santé et de la

© 1. Institut QiShen, http://wuw.qishen.orj’/docs/Swi73Bi.pdf.


maladie moderne en Occident. Il est sans doute temps de développer
et de redécouvir ces anciennes techniques, en les adaptant aux
patients, à la psychologie de la santé et à la médecine actuelles.
Mais les psychologues et les psychothérapeutes libéraux pour­
raient eux aussi, en parallèle à leur prise en charge, inviter leurs
patients à rejoindre tel ou tel club ou groupe susceptibles de les
sensibiliser à ces approches. L’efficacité de la prise en charge ne
pourra être que plus efficace et plus satisfaisante.

/ N
Concepts clés
• Tai chi chuan : discipline corporelle d’origine chinoise comportant
un ensemble de m ouvem ents continus et circulaires, exécutés avec
lenteur et précision dans un ordre préétabli. D e m anière générale,
le tai chi chuan est considéré com m e un art martial « basé sur une
philosophie nécessitant l’équilibre de l’énergie par le biais de sa
circulation dans le corps » et consiste en une série de m ouvem ents
lents et continus. C ette discipline peut être considérée com m e une
form e de m éditation en m ouvem ent (Ospina, 2006).
• Gi g o n g : discipline corporelle d’inspiration taoïste com portant un
certain nom bre d ’enchaînements indépendant et simple. Le qi gong
peut être défini com m e une gymnastique lente de détente basée sur
un « travail du souffle ou un travail énergétique », reposant sur des
principes taoïstes. Cette discipline peut être considérée com m e une
forme de m éditation en m ouvem ent (Ospina, 2006).
• M é d ita tio n en m o u v e m e n t : le term e m éditation désigne
une pratique m entale ou spirituelle. C ’est un processus
psycho-physiologique com plexe, interactif et m ultidim ensionnel
faisant intervenir plusieurs éléments : l’engagem ent dans une
pratique, l’utilisation de techniques spécifiques basées sur la
respiration, le corps, l’activation d ’un type d ’attention, l’implication
d ’une relaxation musculaire et physiologique, la mise en pratique
d ’un état auto-induit et l’observation directe ou indirecte des états
m entaux. A la différence de la m éditation im m obile, dans une
position assise ou couchée, la m éditation en m ouvem ent s’effectue
par des gestes lents et souples.
V. J
OUVRAGES CLÉS

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Grancher.
CONCLUSION

E NOM BRE de psychothérapies et d’approches susceptibles de


L l’être est de nos jours considérable. Mais cette pluralité n’est
pas nouvelle, car elle avait déjà été signalée par Jung en 1934 :

« Un regard jeté sur la littérature psychothérapeutique, considérable et confuse,


suffit à corroborer ce fait, non seulement on compte diverses écoles qui
récemment encore évitaient anxieusement de se concerter sur le fond, mais il
existe également des groupes ou associations, qui tels des cellules, se ferment à
tout ce qui n ’est pas leur croyance. Il est hors de doute que cet état de choses
est un signe indéniable de vitalité [...]. Mais pour instructif qu’il soit cet état de
choses est peu réjouissant ; et d’autre part, il est peu compatible avec la dignité
de la science que la discussion, si nécessaire à son développement, soit entravée
par un dogmatisme borné ou par des susceptibilités personnelles. »

Le propos de Jung est toujours d’actualité, et c’est pour sortir


de ce dogmatisme que nous avons souhaité cet ouvrage afin de
mettre en discussion d’autres approches thérapeutiques, parfois
d’une grande solidité théorique et clinique comme c’est le cas
avec l’EMDR, parfois moins comme c’est le cas pour le tai chi
chuan ou le qi gong. Ce livre était aussi l’occasion de souligner
aujourd’hui plus que jamais l’accélération de la diversification du
champ psychothérapeutique, pour au moins deux raisons selon
nous : la remise en cause de la pensée (et donc de la pratique)
unique et la psychologisation du social.
Depuis les années soixante, la remise en question des valeurs
morales, existentielles et des croyances religieuses ou spirituelles,
nous a fait basculer dans un univers où beaucoup d’individus ont
perdu leurs certitudes. On parle de crise des valeurs et de crise
des croyances auxquelles succède aujourd’hui une crise sociale
et économique. Il est plus difficile, pour beaucoup, et pour les
jeunes générations en particulier, de se raccrocher à une quelconque
idéologie ou philosophie pour avancer dans la vie. On fait comme
on peut, avec un sentiment de vulnérabilité à peine masqué. Le rejet,
en Occident, de toutes les formes d’autorité morales, religieuses,
sociales, idéologiques, n’a pourtant pas conduit au vide, mais à
une plus grande tolérance et une plus meilleure acceptation de
pensées venues d’ailleurs, comme si l’Occident n’était plus le seul
pourvoyeur de modèles pour penser le monde. Chacun peut ainsi
faire valoir son droit à l’existence au sein de la société. Dans ce
contexte, une pratique psychothérapeutique qui se voudrait unique
ou totalitaire devient inconcevable et se trouve rejetée. D ’une
certaine manière, la pluralité des modèles dans le champ de la
psychothérapie, l’ouverture à des approches issues d’autres cultures
contribue à un idéal postmoderne. Dans cette optique, on voit
d’ailleurs le rapprochement entre la science et d’autres cultures,
qui ont des approches différentes mais parfois complémentaires de
la psyché humaine et de la lutte contre la maladie ; par exemple,
les neurosciences affectives et le bouddhisme tibétain, avec des
initiatives de grande envergure comme la création de l’institut Mind
and Life1 en 1985 et formellement, en 1990, sous l’initiative de
Fransciso Varella et Adam Engle. Ce rapprochement est l’exemple
même de la richesse interculturelle et interdisciplinaire, voire
intégrative qui a permis de faire des avancées pertinentes dans
le champ de la gestion des émotions notamment sous l’éclairage
neurologique (Davidson et al., 2003).
Une autre raison qui explique l’importance donnée aux soins
psychothérapeutiques est directement liée aux exigences de notre
système social qui hyper-sollicite chacun d’entre nous. Finalement,
c’est la fonction sociale des psychothérapies qui a changé. Il ne s’agit
plus seulement de soigner la pathologie mentale d’une certaine
classe sociale, mais bien au contraire de soigner chez tous les effets
dévastateurs d’une société qui va vite et qui fait des dégâts, peut-être
en raison de ce qu’est devenue la vie familiale, la vie sociale et le

1. Mind and Life Institute : uww.mindandlife.org.


travail. Les psychothérapeutes et les psychologues sont devenus ces
nouveaux agents sociaux susceptibles de soulager ceux qui sont les
plus atteints et les plus abîmés par le modèle ambiant. Le système de
production/consomation est aujourd’hui à son apogée. Face aux dif­
ficultés, aux pathologies ou à la vulnérabilité, l’individu consomme
différents produits (culturels, bien de consommation, médicaments)
qui nourrissent le vide qu’il ressent et qui lui permettent de faire face
à cette réalité et à cette crise intérieure. L’individu comble ce vide
intérieur par une consommation excessive que ne fait qu’encourager
le système de production. La redécouverte de fondements spirituels
et l’inscription de l’individu dans un engagement qui lui donnerait
du sens sont peut-être une réponse que le psychologue pourrait
initier, si lui-même s’autorise à regarder ailleurs. On peut se
demander si cette diversité, consécutive à l’évolution de notre
société, n’est pas finalement une opportunité pour chacun d’entre
nous. Pour les patients d’abord qui ont à leur disposition pléthore
de dispositifs des plus soft aux plus engageants, et qui pourront (à
condition d’être guidés) faire un choix en fonction de ce qui leur
ai proposé, mais aussi de ce qu’ils sont. Pour les psychothérapeutes
ensuite, qui se doivent de diversifier leurs approches d’abord parce
que les paradigmes évoluent et qu’il est essentiel de les connaître
pour au moins les discuter, ensuite, parce que la demande sociale est
présente et que c’est un paramètre à prendre en compte, sous peine
de rendre le métier obsolète. Il ne s’agit pas forcément d’y répondre
mais au moins de savoir faire la part des choses entre ce qui est
InterEditions-Dunod —La photocopie non autorisée est un délit

sérieux ou non, acceptable ou pas, pour guider les patients et les


informer objectivement et honnêtement ; ce qui dans ce domaine
est loin d’être une règle, si on s’appuie sur les publications du
rapport de l’Inserm (2004) et du Livre noir de la psychanalyse (2005)
révélateurs des enjeux idéologiques qui structurent le domaine de
la psychothérapie !
La psychologie de la santé ne peut faire l’économie de ce
questionnement et ce n’est sans doute pas par hasard si la prise
en charge psychologique des personnes touchées par la maladie
se développe et s’impose. Le mouvement est vraisemblablement
de même nature. Sans doute d’ailleurs parce que la maladie nous
force à un questionnement de fond sur ce que nous sommes et sur
© le sens de son apparition, qui nous invite souvent à redéfinir nos
buts et nos valeurs existentielles (Janssen, 2008). Ainsi, l’éventail
des approches thérapeutiques à la disposition du psychologue de
la santé est important. Il appartient à chaque professionnel de
faire un choix théorique et technique afin d’assurer une prise
en charge efficiente des malades et de répondre au mieux à leur
demande d’accompagnement, de bien-être et d’apaisement de leurs
symptômes anxieux et dépressifs causés par la maladie. Cependant,
on ne peut que constater et regretter l’écart qui existe aujourd’hui
entre l’évolution des modèles et des théories en psychologie de
la santé et la prise en charge thérapeutique des personnes malades.
Une telle articulation constitue une perspective de développement
indispensable pour la pratique du métier de psychologue de la santé
qui, sans cela, restera pour le moins démuni.
Si en psychologie de la santé, la maladie nous a conduits à pro­
poser des modèles spécifiques que la psychologie conventionnelle
n’avait pas mis au jour, il est légitime de penser que les modes
d’accompagnements et de prise en charge psychothérapeutiques se
doivent aussi d’être spécifiquesj parce qu’ils circonscrivent l’individu
dans un contexte particulier qui est celui de la maladie. Les
conséquences souvent diverses de la maladie, les prises en charge
à titre préventif ou curatif doivent nous obliger à réfléchir aux
approches les plus indiquées en prenant le risque parfois de sortir
des sentiers battus tout en se garantissant sur le plan scientifique
et éthique. Ce qui est aujourd’hui possible ! Nous l’avons montré
pour certaines des approches présentées, mais sans doute ce travail
est-il à poursuivre pour ouvrir le champ de la prise en charge
psychothérapeutique. Le contexte de la psychologie de la santé est
peut-être des plus propice pour cela, parce qu’il est nettement moins
pollué par les luttes idéologiques. Peut-être aussi parce que cette
discipline est un espace permanent de discussion entre les différentes
orientations théoriques de la psychologie.
Si le psychologue ne prend pas cela sérieusement en compte,
les patients s’orienteront par eux-mêmes vers d’autres alternatives
thérapeutiques qui s’intéressent au lien entre le corps et l’esprit sans
guide et dans des conditions particulières. Les patients veulent des
réponses et cherchent de nouveaux moyens pour lutter contre leur
maladie et guérir, et si les psychologues ou les personnes ayant en
charge la santé, négligent ces approches, les patients iront chercher
par eux-mêmes au risque d’être mal guidés et d’obtenir les résultats
inverses à ceux attendus. Q u’on le veuille ou non, le paradigme
corps/esprit existe bien et bon nombre de recherches en attestent
(Moss et al., 2002). Ce paradigme met en lumière une prise en
compte holistique et intégrative (corps, cognition, cerveau) de
l’individu, en traitant le patient dans sa globalité et en ne le réduisant
pas en un ensemble de symptômes plus ou moins pathologiques.
Harold Koenig faisait remarquer :

« [...] les patients veulent être vus et traités comme des personnes entières et non
pas des malades. Ces personnes se caractérisent par l’interaction de dimensions
physiques, psychiques et spirituelles. Ignorer ces aspects fondamentaux des
individus dans le processus de guérison, c’est traiter la personne d’une manière
incomplète et fractionner. Cette attitude peut interférer avec le processus de
guérison » (Koenig, 2000).

La porte est maintenant humblement ouverte, espérons simple­


ment que les initiatives se multiplieront que les patients pourront
ainsi trouver de nouvelles pistes de prise en charge et que les
psychologues de la santé (et les autres) s’engageront sur de nouvelles
voies riches et instructives !
REMERCIEMENTS

Les auteurs tiennent à remercier les personnes suivantes pour leur


contribution à l’ouvrage :
Pierre Olivier Houppe, Stéphanie Branchi, Sabrina Lisiak, Frédé­
rique Peter, Trann Ngoc Anh,
Dr Jean-Pierre Houppe, Dr Marie-Paul Houppe, Dr Aude
Harich, Martine Laizeau, Annie Fayard,
Catherine Hausherr, Dominique Dalmese, Dr Virginie Dodeler,
Dr Aurélie Duveau, Dr Michel Tragno, Alicia Schmitt, Caroline
Muller, Nathalie Schilles.
Nous remercions particulièrement les personnes suivantes :
Marina Kretsch, Pascale Tarquinio.
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