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UNIVERSITÉ GASTON BERGER DE SAINT-LOUIS

U.F.R de Sciences Appliquées et Technologie


Laboratoire d’Analyse Numérique et d’Informatique
(LANI)

Cours de Topologie
pour la Licence de Mathématiques Appliquées

Auteurs :

Pr. Mary Teuw NIANE et Dr. Mamadou SY


Enseignants-Chercheurs,
LANI et Section de Mathématiques Appliquées, UFR SAT.

c
Sanar Mars 2004.
A la mémoire du Dr. Ousmane SECK.

A tous ceux qui se sacrifient pour la communauté,


profondes admirations.

”Le disciple n’est pas au-dessus de son maı̂tre,


mais tout disciple bien formé sera comme son maı̂tre.”
Luc, 6, 40
Table des matières

INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Partie I. Préliminaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Chapitre I. Lemme de Zorn et Dénombrabilité . . . . . . . . . 11

Section I.1 Lemme de Zorn . . . . . . . . . . . . . . . . . 11


I.1.1 Relation d’ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
I.1.2 Majorants, Minorants,
Borne supérieure et Borne inférieure . . . . . . . . . . . . 12
I.1.3 Eléments maximaux-Eléments minimaux . . . . . . . . 13
I.1.4 Ensemble inductif . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
I.1.5 Lemme de Zorn . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

Section I.2 Dénombrabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . 15


I.2.6 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
I.2.7 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
I.2.8 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
I.2.9 Exemples d’ensembles dénombrables . . . . . . . . . . 15
Partie II. Topologie Générale . . . . . . . . . . . . . . . . 21

Chapitre II. Espaces topologiques . . . . . . . . . . . . . . 23

Section II.1 Espaces topologiques . . . . . . . . . . . . . . . 23


II.1.10 Définitions et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . 23
II.1.11 Espaces métriques . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
II.1.12 Voisinages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
II.1.13 Caractérisation des ouverts non vides . . . . . . . . . . 27
II.1.14 Points intérieurs - Intérieur d’une partie . . . . . . . . 27
4 Table des matières

Section II.2 Fermés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28


II.2.15 Définitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . 28
II.2.16 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
II.2.17 Valeur d’adhérence . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
II.2.18 Points extérieurs - Frontière . . . . . . . . . . . . . 31
II.2.19 Espaces topologiques séparés . . . . . . . . . . . . . 31

Section II.3 Espaces topologiques séparables . . . . . . . . . . 32


II.3.20 Base d’une topologie . . . . . . . . . . . . . . . . 32
II.3.21 Caractérisation des bases de topologie . . . . . . . . . 33
II.3.22 Système fondamental de voisinages . . . . . . . . . . 34
II.3.23 Caractérisation des espaces métriques séparables . . . . . 36
Chapitre III. Filtres et Ultrafiltres . . . . . . . . . . . . . . 37

Section III.1 Filtres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37


III.1.24 Définitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . 37
III.1.25 Bases de filtre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
III.1.26 Convergence d’un filtre . . . . . . . . . . . . . . . 39
III.1.27 Valeur d’adhérence d’un filtre . . . . . . . . . . . . . 40

Section III.2 Ultrafiltre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40


III.2.28 Caractérisation des ultrafiltres . . . . . . . . . . . . 41
III.2.29 Points adhérents d’un ultrafiltre . . . . . . . . . . . . 42
Chapitre IV. Limites et Continuité . . . . . . . . . . . . . . 43

Section IV.1 Limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43


IV.1.30 Limites dans les espaces topologiques séparés . . . . . . 44
IV.1.31 Application aux espaces métriques . . . . . . . . . . . 44
IV.1.32 Cas particulier des suites dans un espace topologique . . . 45
IV.1.33 Espaces topologiques à systèmes
fondamentaux dénombrables de voisinages . . . . . . . . . 46

Section IV.2 Continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47


IV.2.34 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
IV.2.35 Résultat fondamental . . . . . . . . . . . . . . . . 48
IV.2.36 Homéomorphisme . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Chapitre V. Construction d’espaces topologiques . . . . . . . . 51
Table des matières 5

Section V.1 Topologie initiale et applications . . . . . . . . . . 51


V.1.37 Proprietés et définition . . . . . . . . . . . . . . . 51
V.1.38 Sous-espaces topologiques . . . . . . . . . . . . . . 53
V.1.39 Espaces produits . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

Section V.2 Topologie quotient . . . . . . . . . . . . . . . . 57


Chapitre VI. Connexité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

Section VI.1 Caractérisation des espaces connexes . . . . . . . . 59

Section VI.2 Proprietés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60

Section VI.3 Parties connexes de IR . . . . . . . . . . . . . . 62

Section VI.4 Composante connexe et connexité par arcs . . . . . 63

Section VI.5 Espaces localement connexes . . . . . . . . . . . 64


Chapitre VII. Espaces topologiques compacts . . . . . . . . . 65

Section VII.1 Définitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . 65

Section VII.2 Caractérisation des compacts . . . . . . . . . . . 67

Section VII.3 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

Section VII.4 Compacité et continuité . . . . . . . . . . . . . 69

Section VII.5 Compacité dans les espaces produits . . . . . . . . 70

Section VII.6 Espaces localement compacts . . . . . . . . . . . 72


Partie III. Espaces Métriques . . . . . . . . . . . . . . . . 73

Chapitre VIII. Espaces métriques . . . . . . . . . . . . . . 75

Section VIII.1 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75


VIII.1.40 Diamètre et distance entre deux ensembles . . . . . . . 75
VIII.1.41 Adhérence - valeur d’adhérence . . . . . . . . . . . . 75
VIII.1.42 Continuité uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . 77

Section VIII.2 Espaces métriques complets . . . . . . . . . . . 77


VIII.2.43 Suites de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
VIII.2.44 Espaces complets . . . . . . . . . . . . . . . . . 78

Section VIII.3 Théorème du point fixe . . . . . . . . . . . . . . 79


6 Table des matières

Section VIII.4 Compacité et complétude . . . . . . . . . . . . . 81

Section VIII.5 Topologie produit . . . . . . . . . . . . . . . . 83


Partie IV. Espaces Vectoriels Normés
et Espaces de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

Chapitre IX. Espaces de Banach . . . . . . . . . . . . . . . 87

Section IX.1 Espaces vectoriels normés . . . . . . . . . . . . . 87


IX.1.45 Normes équivalentes . . . . . . . . . . . . . . . . 88
IX.1.46 Boules ouvertes - Boules fermées . . . . . . . . . . . 88

Section IX.2 Espaces de Banach . . . . . . . . . . . . . . . . 89


IX.2.47 Définition et exemples . . . . . . . . . . . . . . . 89
IX.2.48 Séries dans un espace de Banach . . . . . . . . . . . 89

Section IX.3 Applications linéaires continues . . . . . . . . . . 90


IX.3.49 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
IX.3.50 Espace vectoriel normé des applications linéaires continues . 92
IX.3.51 Propriétés topologiques de l’ensemble des isomorphismes . . 95
Partie V. Espaces de Fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . 99

Chapitre X. Espaces fonctionnels . . . . . . . . . . . . . . . 101

Section X.1 Espaces d’applications continues . . . . . . . . . . 101


X.1.52 Distance de la convergence uniforme . . . . . . . . . . 101
X.1.53 Convergence simple et convergence uniforme . . . . . . . 102

Section X.2 Théorème de Dini . . . . . . . . . . . . . . . . 104

Section X.3 Théorème d’Ascoli et de Stone-Weirstrass . . . . . 105


X.3.54 Quelques propriétés d’une partie équicontinue . . . . . . 105
X.3.55 Théorème d’Ascoli . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
X.3.56 Théorème de Stone-Weirstrass . . . . . . . . . . . . 107
X.3.57 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110

Références bibliographiques . . . . . . . . . . . . 111


INTRODUCTION

Pour rompre avec la tradition orale...


Ce manuscrit qui s’adresse aux étudiants de niveau licence, comprend cinq
grandes parties de longueurs inégales :
1- Préliminaire,
2- Topologie générale,
3- Espaces métriques,
4- Espaces vectoriels normés et espaces de Hilbert,
5- Espaces de fonctions.
Les chapitres qui composent ces différentes parties constituent la base du cours
de topologie enseigné à l’Unité de Formation et de Recherche Sciences Appliquées
et Technologie ( U.F.R S.A.T ) de l’Université Gaston BERGER de Saint-Louis.
On introduit dans la première partie les notions de base de la dénombrabilité.
Dans la deuxième partie la topologie générale est abordée: Construction de
topologie, limites et continuité, les filtres et les ultrafiltres, la connexité, la com-
pacité, etc...
Dans la troisième partie on approfondit la topologie des espaces métriques déjà
rencontrés dans les chapitres précédents.
La quatrième partie est consacrée aux espaces de Hilbert, de Banach et aux
applications linéaires continues.
Enfin dans la cinquième partie on étudie les espaces de fonctions.
Nous vous saurons reconnaissants pour toute suggestion allant dans le sens de
l’amélioration du contenu dans le fond et dans la forme de ce document.
Cette seconde version du manuscrit a été entièrement réalisée avec le remar-
quable format eTEX mis gracieusement à la disposition du deuxième auteur par son
concepteur, Monsieur Jacques Simon. Merci Jacques!

Sanar le 29/03/ 2004.


Partie I

Préliminaire
Chapitre I

Lemme de Zorn et
Dénombrabilité

Résumé : L’objet de ce chapitre est d’introduire des outils de base qui sont
indispensables pour la suite.
On introduit d’abord le lemme de Zorn puis la dénombrabilité.

I.1. Lemme de Zorn

I.1.1. Relation d’ordre

Définition I.1.1. Soit E un ensemble et R une relation sur E, on dit que R est
une relation d’ordre sur E si on a :
i) R est réflexive : pour tout x ∈ E xRx,
ii) R est antisymétrique : pour tous x ∈ E, y ∈ E si xRy et si yRx alors x = y,
iii) R est transitive : pour tous x ∈ E, y ∈ E, z ∈ E si xRy et si yRz alors
xRz.

Exemple : (Ensembles munis de relation d’ordre)


- (IR, ≤) où ≤ est la relation d’ordre naturelle sur IR.
- (IRn , ) où si x = (x1 , ..., xn ) ∈ IRn si y = (y1 , ... yn ) ∈ IRn , on a x  y si
et seulement si pour tout i ∈ {1, ..., n} x i ≤ yi .
- E un ensemble, (P(E), ⊂).
Si E est muni de la relation d’ordre R, le couple (E, R) est dit espace ordonné,
on dit encore que E est un ensemble ordonné. La relation d’ordre R est dite totale
sur E si on a pour tous x ∈ E, y ∈ E alors xRy ou yRx.
12 I. Lemme de Zorn et Dénombrabilité

Exemple :
- (IR, ≤) est totalement ordonné.
- (IRn , ) n ≥ 2 n’est pas totalement ordonné car (3, 4) 6 (4, 3), (4, 3) 6
(3, 4).
- (P(E), ⊂) n’est pas totalement ordonné si E a au moins deux éléments dis-
tincts.
En effet soient a, b ∈ E avec a 6= b.
Soit A = {a} alors A 6⊆ CE A car a ∈
/ CE A.
CE A ⊃ {b} donc CE A 6⊆ A car b 6∈ A.
Si la relation d’ordre R sur E n’est pas totale, on dit qu’elle est partielle ou
que (E, R) est partiellement ordonné.

I.1.2. Majorants, Minorants,


Borne supérieure et Borne inférieure
Soit (E, R) un ensemble ordonné.

Majorants-Minorants

Définition I.1.2. Soit A une partie de E, a ∈ E (resp. a ∈ E) est dit majorant


(resp. minorant) de A si on a :
∀a ∈ A aRa ( resp. ∀a ∈ A aRa).
Une partie ayant un minorant (resp. un majorant) est dite minorée (resp. majorée).

Exemple :
- (IR, ≤) 2 est un majorant de ]1, 2[, 1 est un minorant de ]1, 2[.
- (IRn , ≤) A = {(1, 2), (2, 1)} on a (2, 2) est un majorant et (1, 1) est un
minorant de A.
- (P(E), ⊂), on considère la famille (Xi )i∈I telle que Xi ⊂ E.
L’ensemble A = {Xi ; i ∈ I} est majoré par E et est minoré par ∅.

Borne supérieure, Borne inférieure

Définition I.1.3. Soit A une partie de E


- a ∈ A (resp. a ∈ A) est dit plus grand élément de A (resp. plus petit élément
de A) si :
∀a ∈ A aRa (resp. ∀a ∈ A, aRa).
- m ∈ E (resp. M ∈ E) est appelé borne inférieure de A (resp. borne supérieure
de A) si on a :
i) m est un minorant de A (resp. M est un majorant de A),
ii) m est plus grand que tout minorant de A (resp. M est plus petit que tout
majorant de A).
§ I.1. Lemme de Zorn 13

Notation : Si m est la borne inférieure (resp. M est la borne supérieure de A)


on note : m = inf A = inf x (resp.M = sup A = sup x).
x∈A x∈A

Remarque inf A ∈ A si et seulement si inf A est le plus petit élément de A. Dans


ce cas on note inf A = min A = min x.
x∈A

I.1.3. Eléments maximaux-Eléments minimaux


On considère (E, R) un ensemble ordonné.

Définition I.1.4. Soit A une partie de E, un élément a (resp. a) de A est dit


maximal (resp. minimal) si on a :

∀a ∈ A si aRa alors a = a
(resp. ∀a ∈ A si aRa alors a = a).

I.1.4. Ensemble inductif

Définition I.1.5. Un ensemble ordonné (E, R) est dit inductif si toute partie
totalement ordonnée non vide de E est majorée.

Exemple :
1- E un K espace vectoriel, S(E) l’ensemble des sous-espaces vectoriels de E.
(S(E), ⊂) est ordonné inductif.
2- E un K espace vectoriel non réduit à {OE }
LE , l’ensemble des familles libres de E. (LE , ⊂) est ordonné inductif.
LE est non vide car pour a ∈ E et a 6= OE on a {a} est libre.
Soit (Li )i∈I une famille d’éléments de LE . On suppose que {Li / i ∈ I} est
totalement ordonnée pour l’inclusion. On doit démontrer qu’il existe L ∈ LE tel
que :
[
∀i ∈ I Li ⊂ L. Posons L = Li , montrons que L ∈ LE .
i∈I
Soient x1 , x2 , · · · , xn ∈ L, λ1 , λ2 , · · · , λn ∈ K tels que

λ1 x1 + · · · + λn xn = 0.

x1 ∈ Li1 , x2 ∈ Li2 , · · · , xn ∈ Lin pour i1 , · · · , in ∈ I {Li1 , · · ·, Lin } est totalement


ordonné donc admet un plus grand élément Liko .
Donc pour tout k ∈ {1, · · · , n} Lik ⊂ Liko donc {x1 , · · · , xn } ⊂ Liko , comme
Liko libre alors {x1 , · · · , xn } libre donc λ1 = 0 = · · · = λn = 0.
14 I. Lemme de Zorn et Dénombrabilité

I.1.5. Lemme de Zorn

Lemme de Zorn et axiome du Choix

Lemme I.1.6. [ZORN]


Tout ensemble ordonné inductif non vide admet un élément maximal.

Le Lemme de Zorn a de multiples applications. Ainsi on a la propriété que tout


espace vectoriel a une base. En appliquant le lemme de Zorn on a (LE , ⊂) admet
un élément maximal.
Soit B cet élément maximal.
Comme B ∈ LE , B est libre.
Supposons x ∈ E tel que x ∈ / Vect(B) qui est l’espace vectoriel engendré par B;
alors B ∪ {x} est libre.
On a B ⊂ B ∪ {x} comme x ∈ / Vect(B) donc x ∈ / B,
d’où B ⊂ B ∪ {x} et B 6= B ∪ {x},
donc B n’est pas maximal. Ce qui est impossible, donc x ∈ Vect(B), d’où
E = Vect(B).
Donc B est une famille génératrice. B est donc une base de E.
Par conséquent tout K espace vectoriel E admet au moins une base. Le lemme
de Zorn est équivalent à l’axiome du Choix :

Lemme I.1.7. [Axiome du Choix]: Soit (Ai )i∈I une[ famille non vide de parties
Ai non vides alors il existe une application ϕ : I → Ai telle que:
i∈I

∀i ∈ I ϕ(i) ∈ Ai .

Ensembles produits
Soit (Xi )i∈I une famille d’ensembles telle que I 6= ∅, on pose
Q
X= Xi = {(xi )i∈I / ∀i ∈ I xi ∈ Xi }.
i∈I
On a X = ∅ si et seulement si il existe io ∈ I tel que Xio = ∅.
Supposons pour tout i ∈ I Xi 6= ∅ donc (d’après l’Axiome du choix ) il existe
 [ 
ϕ: I → Xi
 
 i∈I 
i 7−→ ϕ(i)
avec pour tout i ∈ I ϕ(i) ∈ Xi , soit xi = ϕ(i) et x = (xi )i∈I ∈ X donc X 6= ∅.
Réciproquement s’il existe io ∈ I tel que Xio = ∅, alors si x ∈ X alors xio ∈ Xio ,
donc Xio 6= ∅ ce qui est impossible, donc X = ∅.
§ I.2. Dénombrabilité 15

I.2. Dénombrabilité

I.2.6. Définitions
1- Ensemble fini : Un ensemble A est dit fini s’il existe n ∈ IN tel que qu’il
existe une bijection de A sur {1, · · · , n} ou s’il est vide.
2- Ensemble dénombrable : Un ensemble est dit dénombrable s’il est en
bijection avec IN.
3- Ensemble infini : Un ensemble est dit infini s’il contient une partie
dénombrable.

I.2.7. Exemples
- ∀n ∈ IN {1, ..., n} est fini,
- IN est dénombrable IdIN : IN → IN,
- IN est infini car IN ⊃ IN,
- IR est infini car IR ⊃ IN.

I.2.8. Propriétés
i) Un ensemble A est fini si et seulement si A = {x1 , · · · , xn } avec xi 6= xj si i 6= j
ϕ : A → {1, · · · , n} bijection
xi = ϕ−1 (i) xi 6= xj si i 6= j A = {x1 , · · · , xn }.
La réciproque est évidente.
ii) A est dénombrable si et seulement si A = {xn / n ∈ IN} avec xn 6= xm si
n 6= m.
En effet A dénombrable entraine l’existence d’une bijection ϕ : IN → A.
Posons xn = ϕ(n) donc pour n 6= m on a xn 6= xm .
ϕ(IN) = A = {xn / n ∈ IN}.
La réciproque : Si A = {xn / n ∈ IN} avec si n 6= m xn 6= xm
On considère
ϕ : IN → A
n 7−→ ϕ(n) = xn .
ϕ est bijective.

I.2.9. Exemples d’ensembles dénombrables

Proposition I.2.8. Un ensemble en bijection avec un ensemble dénombrable est


dénombrable.
16 I. Lemme de Zorn et Dénombrabilité

Proposition I.2.9. Soit A un ensemble, soit B un ensemble dénombrable tel que


A et B sont en bijection (ensembles équipotents).
B dénombrable: ϕ : B → IN bijective.
A et B en bijection : ψ : A → B bijective,
donc ϕ ◦ ψ : A → IN est bijective, d’où A est dénombrable.

Proposition I.2.10. Toute partie infinie de IN est dénombrable.

Démonstration
Soit A une partie infinie de IN.
Soit x0 = min A, x1 = min(A \ {x0 }),
et pour tout n ∈ IN, xn = min(A \ {x0 , · · · , xn−1 }).
On a x0 < x1 < · · · < xn .
A-t-on A = {xn / n ∈ IN} ?
Pour tout n ∈ IN, xn ∈ A entraine que {xn / n ∈ IN} ⊂ A.
Soit a ∈ A.
On considère Ia = {x ∈ A / x < a}, Ia est majoré par a donc Ia est fini.
Si Ia = ∅ alors a = x0 .
Si Ia 6= ∅ Ia = {x0 , · · · xm } avec m ∈ IN
xm+1 ∈
/ Ia , donc xm+1 ≥ a.
Or xm+1 = min(A \ {x0 , ..., xm }) = a,
donc a ∈ {xm / m ∈ IN}.
D’où A = {xm / m ∈ IN} A dénombrable. u
t

Corollaire I.2.11. Toute partie infinie d’un ensemble dénombrable est


dénombrable.

Démonstration
Soit A un ensemble dénombrable, soit B une partie infinie de A.

Soit ϕ : A → IN une bijection


ϕB : B → ϕ(B) ⊂ IN
b 7−→ ϕB (b) = ϕ(b).

ϕB est bijective. B infinie donc B contient un ensemble D dénombrable, donc


ϕ(D) ⊂ ϕ(B).
Or ϕ(D) est dénombrable donc ϕ(B) est une partie infinie de IN donc ϕ(B) est
dénombrable. D’où B dénombrable. u
t
§ I.2. Dénombrabilité 17

Proposition I.2.12. Une partie infinie A est dénombrable si et seulement si il


existe une injection de A à valeurs dans IN (où dans un ensemble dénombrable).

Démonstration Soit ϕ une injection de A à valeurs dans IN

ϕA : A → ϕ(A)
a 7−→ ϕA (a) = ϕ(a).

ϕA est une bijection de A sur ϕ(A). Or ϕ(A) est une partie infinie de N , donc
dénombrable. D’où A est en bijection avec une partie dénombrable, donc A
dénombrable. ut

Corollaire I.2.13. Une partie A est dénombrable ou finie si et seulement si il


existe une injection de A à valeurs dans IN.

Proposition I.2.14. ne partie infinie A est dénombrable si et seulement si il


existe une surjection de IN à valeurs dans A.

Démonstration
Soit s une surjection de IN à valeurs dans A.
Soit ϕ : A → IN définie par :
a∈A s surjective donc s−1 ({a}) 6= ∅.
Soit b un élément de s−1 ({a}) (par exemple le plus petit).
On pose ϕ(a) = b.
0 0
ϕ est injective. En effet soient a et a deux éléments de A avec a 6= a
0 0
on a s−1 ({a}) ∩ s−1 ({a }) = ∅. Sinon soit d ∈ s−1 ({a}) ∩ s−1 ({a }).
0 0
s(d) = a et s(d) = a donc a = a , ce qui est impossible.
0 0
ϕ(a) ∈ s−1 ({a}) et ϕ(a ) ∈ s−1 ({a}) donc ϕ(a) 6= ϕ(a )
d’où ϕ injective. ut

Corollaire I.2.15. Une partie A est dénombrable ou finie si et seulement si il


existe une surjection de IN à valeurs dans A.

Proposition I.2.16. Tout produit fini d’ensembles dénombrables est


dénombrable.

Démonstration Soient D1 , ..., Dn des ensembles dénombrables. Il existe


ϕi : Di → IN bijective.
Posons D = D1 × · · · × Dn et considèrons
ϕ : D → INn
(d1 , · · · , dn ) 7−→ ϕ(d1 , · · · , dn ) = (ϕ1 (d1 ), · · · , ϕn (dn )).
18 I. Lemme de Zorn et Dénombrabilité

ϕ est bijective. Montrons que INn est dénombrable.


Soient p1 , · · · , pn , n nombres premiers deux à deux distincts. On considère

P : INn → IN
(α1 , · · · , αn ) 7−→ pα 1 α2 αn
1 p2 · · · pn .

P est injective (car tout entier a une unique décomposition en facteurs premiers
par le théorème de Gauss). Donc A est dénombrable. D’où D dénombrable. u t

Exemple : L’ensemble Q
l des entiers rationnels est dénombrable. En effet
l’application
Ψ: Ql → IN × ZZ
p
r 6= 0 r = 7−→ (q, p)
q
0 7−→ (0, 0)
p
où q irréductible, est injective.
On a aussi l’application
ZZ → IN
z ≥ 0 7−→ 2z
z < 0 7−→ 2(−z) + 1
est injective donc ZZ est dénombrable. D’où IN × ZZ dénombrable donc Q
l
dénombrable.

Proposition I.2.17. Toute réunion finie ou dénombrable d’ensembles


dénombrables est dénombrable.

Démonstration Soit (Dn )n∈IN une suite d’ensembles dénombrables deux à deux
disjoints.
[
Soit D = Dn . Dn est dénombrable donc il existe ϕn : Dn → IN injective.
n∈IN
L’application
D → IN × IN
d 7−→ (n, ϕn (d)) si d ∈ Dn
0
est injective car si ϕ(d) = ϕ(d ) on a :
0 0
(n, ϕn (d)) = (n , ϕn0 (d ))
0 0 0
Donc n = n d’où ϕn (d) = ϕn (d ). Or ϕn injective donc d = d . Donc D est
dénombrable.
§ I.2. Dénombrabilité 19

Soit maintenant
[ (Bn )n∈IN une suite d’ensembles dénombrables quelconques. On
pose B = Bn .
n∈IN
D0 = B 0
D1 = B 1 \ B 0
D2 = B2 \ (B0 ∪ B1 )
..
. S
n−1
Dn = Bn \ i=1 Bi
[
(Dn )n∈IN est une suite déléments deux à deux disjoints. On a B = Dn .
n∈IN
[
En effet Dn ⊂ Bn donc Dn ⊂ B.
n∈IN
Réciproquement, soit x ∈ B alors il existe m ∈ IN tel que x ∈ Bm . Soit
n−1
n = min{m
[ ∈ IN / x ∈ Bm }. On a x ∈ Bn et x ∈/ ∪i=1 Bn donc x ∈ Dn . Donc
S
B⊂ Dn d’où B = n∈IN Dn . Les Dn étant deux à deux disjoints donc
S n∈IN
n∈IN Dn est dénombrable d’où B est dénombrable. u t

Corollaire I.2.18. Toute réunion dénombrable ou finie d’ensembles


dénombrables ou finis est dénombrable ou finie.
Partie II

Topologie Générale
Chapitre II

Espaces topologiques

Résumé : Dans ce chapitre on définit la notion de topologie. Qu’est ce que c’est


un ouvert, un fermé dans un ensemble E quelconque ?
On s’intéresse par la suite à la notion d’espaces topologiques séparés, séparables
et aux systèmes fondamentaux de voisinages.

II.1. Espaces topologiques

II.1.10. Définitions et propriétés

Définition II.1.19. E un ensemble, une partie T de P(E) est appelée topologie


sur E si on a :
i) ∅ ∈ T , E ∈ T ,
ii) Toute intersection finie déléments de T est un élément de T ,
iii) Toute réunion d’éléments de T est un élément de T .
Les éléments de T sont appelés les ensembles ouverts ou les ouverts. Le couple
(E, T ) est appelé espace topologique.

Remarque On peut remplacer la propriété ii) par


0
(ii) ) l’intersection de deux éléments de T est un élément de T .

Exemple :
1) Topologie grossière : To = ∅, E}.
2) Topologie discrète : T1 = P(E).
3) Toplogie de Sierpinski : On va supposer que E a au moins deux éléments
distincts a, b ∈ E, a 6= b. T2 = ∅, E, {a}}.
24 II. Espaces topologiques

II.1.11. Espaces métriques

Distance et boules ouvertes

Définition II.1.20. E un ensemble non vide.


On appelle distance sur E, une application d : E × E → IR+ telle que
i) ∀x ∈ E, ∀y ∈ E d(x, y) = 0 ⇐⇒ x = y,
ii) ∀x ∈ E, ∀y ∈ E d(x, y) = d(y, x),
iii) ∀x ∈ E, ∀y ∈ E, ∀z ∈ E d(x, y) ≤ d(x, z) + d(z, y) (inégalité triangulaire).

Exemple :
1) Soit E 6= ∅, on considère d : E × E → IR+ définie par
(
d(x, x) = 0∀x ∈ E
d(x, y) = 1∀(x, y) ∈ E × E si x 6= y.

d est une distance sur E, on l’appelle la distance discrète.


2) Sur IR si on pose d(x, y) = |x − y|, d est une distance.
3) (E, k kE ) un K espace vectoriel normé.
d(x, y) = kx − ykE est une distance. On l’appelle distance associée à la norme
k kE sur E.

Définition II.1.21. Le couple (E, d) où d est une distance sur E est appelé
espace métrique.

Propriétés
On a :
∀x ∈ E, ∀y ∈ E, ∀z ∈ E d(x, y) ≥ |d(x, z) − d(y, z)|.
En effet
d(x, z) ≤ d(x, y) + d(y, z).
d(x, z) − d(y, z) ≤ d(x, y).
On échange x et y

d(y, z) − d(x, z) ≤ d(y, x)


− [d(x, z) − d(y, z)] ≤ d(x, y)
− d(x, y) ≤ d(x, z) − d(y, z) ≤ d(x, y)
d’où d(x, y) ≥ |d(x, z) − d(y, z)|.
§ II.1. Espaces topologiques 25

Définition II.1.22. (E, d) un espace métrique.


On appelle boule ouverte de centre x0 ∈ E et de rayon r > 0, l’ensemble noté
Bd (x0 , r) et égal à Bd (x0 , r) = {x ∈ E / d(x, x0 ) < r}. S’il n’y a pas d’ambiguité,
on omet l’indice d.

Exemple :
1) E 6= ∅, on munit E de la distance discrète d

Si r ≤ 1 B(x0 , r) = {y ∈ E / d(x0 , y) < r}


= {y ∈ E / d(x0 , y) = 0} = {x0 }
Si r > 1 B(x0 , r) = {y ∈ E / d(x0 , y) < r}
= {y ∈ E / d(x0 , y) = 0 ou d(x, y) = 1} = E.

2) On considère (E, k kE ) un K espace vectoriel normé. Soient d la distance


associée et r > 0.
Bd (x0 , r) = {x ∈ E / d(x0 , x) < r}
= {x ∈ E / kx − x0 k < r}
= B(x0 , r),
où B(xo , r) est la boule ouverte de centre xo et de rayon r de l’espace vectoriel
normé E.

Topologie associée à un espace métrique


Soit (E, d) un espace métrique. On pose Td : L’ensemble des parties de E qui
sont vides ou réunion de boules ouvertes.

Proposition II.1.23. (E, Td ) est un espace topologique.

Démonstration La preuve consiste à vérifier les critères i), ii) et iii) de la


définition II.1.19.
i) ∅ ∈ Td par définition. E ∈ Td car E = ∪x∈E B(x, 1),
ii) Soit Θ1 , Θ2 ∈ Td .
Supposons que Θ1 = ∪i∈I1 B(x1i , ri1 ) et Θ2 = ∪j∈I2 B(x2j , rj2 )

Θ1 ∩ Θ2 = cupi∈I1 B x1i , ri1 ∩ ∪j∈I2 B x2j , rj2


   

= ∪i∈I1 ∪j∈I2 B x1i , ri1 ∩ B x2j , rj2


  

= ∪(i,j)∈I1 ×I2 B x1i , ri1 ∩ B x2j , rj2 .


  

Il suffit de démontrer que B(x1i , ri1 ) ∩ B(x2j , rj2 ) ∈ Td . Soit


0
x ∈ B x1i , ri1 capB x2j , rj2 . Faisons la preuve pour x ∈ B(a, r) ∪ B(b, r ).
 
26 II. Espaces topologiques
0 0 0
On pose ρ = r − d(a, x) et ρ = r − d(b, x), alors ρ > 0 et ρ > 0 ensuite
0 0
B(x, ρ) ⊂ B(a, r) et B(x, ρ ) ⊂ B(a, r ).
En effet soit y ∈ B(x, ρ) on a

d(a, y) ≤ d(a, x) + d(x, y) < d(a, x) + ρ


donc d(a, y) < d(a, x) + r − d(a, x) = r.
0 0
On prend le minimum entre ρ et ρ . Soit ηx = min(ρ, ρ ).
0
B(x, ηx ) ⊂ B(a, r) ∩ B(b, r ).
0
Θ = B(a, r) ∩ B(b, r ) = ∪x∈Θ B(x, ηx ) ∈ Td .
iii) évident. u
t

Définition II.1.24. Td est appelée la topologie associée à l’espace métrique


(E, d).

II.1.12. Voisinages

Définition II.1.25. Soit (E, T ) un espace topologique.


Une partie V de E est appelée voisinage d’un point x ∈ E, s’il existe un ouvert
Θ ∈ T tel que : x ∈ Θ et Θ ⊂ V .
On note V(x) l’ensemble des voisinages de x.

Exemple :
1) (E, T ) espace topologique. Θ ∈ T et Θ 6= ∅ donc ∀x ∈ Θ Θ ∈ V(x).
2) (E, d) espace métrique; x ∈ E, r > 0 alors B(x, r) ∈ V(x).

Propriétés

Proposition II.1.26. (E, T ) espace topologique non vide.


1) ∀x ∈ E, ∀V ∈ V(x) donc V 6= ∅,
2) ∀V ∈ V(x) x∈V,
0 0
3) Pour tout V ∈ V(x) si V ⊃ V alors V ∈ V(x),
4) Pour tous V1 ∈ V(x), V2 ∈ V(x) alors V1 ∩ V2 ∈ V(x).

Démonstration On fait la preuve de la quatrième proprieté.


Soient V1 , V2 ∈ V(x), il existe Θ1 et Θ2 ∈ T tels que x ∈ Θ1 ⊂ V1 et x ∈ Θ2 ⊂ V2 .
0
Donc x ∈ Θ1 ∩ Θ2 ⊂ V1 ∩ V2 . Or (ii) ) entraine que Θ1 ∩ Θ2 ∈ T , donc
V1 ∩ V2 ∈ V(x). u
t
§ II.2. Fermés 27

II.1.13. Caractérisation des ouverts non vides

Théorème II.1.27. (E, T ) espace topologique non vide.


Une partie Θ de E, non vide, est un ouvert de (E, T ) si et seulement si Θ est
voisinage de chacun de ses points dans (E, T ).

Démonstration Θ étant un ouvert, on a : ∀x ∈ Θ, Θ ∈ V(x).


Pour l’implication réciproque, on suppose que : ∀x ∈ Θ, Θ ∈ V(x).
Soit x ∈ Θ, Θ ∈ V(x) donc il existe ωx ∈ T tel que x ∈ ωx ⊂ Θ.
On a Θ = ∪x∈Θ ωx .
En effet ωx ⊂ Θ pour tout x ∈ Θ donc ∪x∈Θ ωx ⊂ Θ.
Comme {x} ⊂ ωx pour tout x ∈ Θ, donc ∪x∈Θ {x} ⊂ ∪x∈Θ ωx
d’où Θ = ∪x∈Θ {x} ⊂ ∪x∈Θ ωx . u t

II.1.14. Points intérieurs - Intérieur d’une partie

Définition II.1.28. (E, T ) un espace topologique non vide.


Soit A une partie de E, non vide. Un point a ∈ A est dit point intérieur de A
dans l’espace topologique (E, T ) si A ∈ V(a).
L’ensemble des points intérieurs de A est appelé intérieur de A et est noté Å.

Exemple : (E, T ) un espace topologique non vide. ∀Θ ∈ T Θ̊ = Θ.

Remarque Å ⊂ A.

Proposition II.1.29. (E, T ) un espace topologique.


L’intérieur d’une partie A de E est le plus grand ouvert contenu dans A.

Démonstration Il s’agit de montrer que Å est un ouvert et qu’il est le plus


grand ouvert contenu dans A.
Soit a ∈ Å, il existe Θ un ouvert tel que a ∈ Θ et Θ ⊂ A.
0 0 0
Soit a ∈ Θ alors A ∈ V(a ) car a ∈ Θ ⊂ A.
0
a ∈ Å d’où Θ ⊂ Å et a ∈ Θ, Å ∈ V(a).
Soit Θ ∈ T , Θ ⊂ A, montrons que Θ ⊂ Å.
Soit x ∈ Θ, A ∈ V(x) donc x ∈ Å d’où Θ ⊂ Å. u t

Remarque
- Å = ∪Θ∈T , Θ⊂A Θ.
- A est un ouvert si et seulement si A = Å.
28 II. Espaces topologiques

II.2. Fermés

II.2.15. Définitions et exemples

Définition II.2.30. On considère (E, T ) un espace topologique.


Une partie F de E est dite fermée si son complémentaire est un ouvert de (E, T ).

Définition II.2.31. Soit (E, d) espace métrique.


On appelle boule fermée de centre xo ∈ E et de rayon r ≥ 0 l’ensemble noté
0
Bd (xo , r) défini par
0
Bd (xo , r) = {x ∈ E / d(x, xo ) ≤ r}.

Exemple :
1) (E, T ) espace topologique : ∅ et E sont des fermés.
2) Soit (E, d) espace métrique. Les boules fermées sont des fermés.
0
Soit Θ = CE B (xo , r).
Soit a ∈ Θ, on pose ρ = d(xo , a) − r alors ρ > 0.
Soit x ∈ B(a, ρ) on a

d(x, xo ) ≥ |d(xo , a) − d(a, x)|


≥ d(xo , a) − d(a, x) > d(a, xo ) − ρ = r
d’où d(x, xo ) > r.
0
Donc x 6∈ B (xo , r) d’où x ∈ Θ.
Θ est voisinage de chacun de ses points, donc Θ est ouvert.

II.2.16. Propriétés
Soit (E, T ) un espace topologique.

Proposition II.2.32.
1) Toute réunion finie de fermés est un fermé.
2) Toute intersection de fermés est un fermé.

Démonstration La première propriété est évidente.


Pour montrer la deuxième, soit (Fi )i∈I une famille de fermés de (E, T ). Soit
F = ∩i∈I Fi . On a
CE F = CE (∩i∈I Fi ) = ∪i∈I CE Fi .
Une union quelconque d’ouverts est un ouvert, donc F est un fermé. u
t
§ II.2. Fermés 29

AT T EN T ION !! : Toute réunion de fermés n’est pas toujours un fermé.


En effet
1 1
Soit Fn = [ , 1 − ] n ≥ 1 une famille de fermés de IR.
n n
On va montrer que ∪n∈IN∗ Fn =]0, 1[.
1
Soit x ∈]0, 1[, on a x > 0 et comme tend vers 0, il existe un entier
n
1
N1 ∈ IN / n ≥ N1 0 < < x.
n
1
On a aussi x < 1 et comme 1 − tend vers 1, il existe un entier
n
1
N2 ∈ IN / n ≥ N2 x < 1 − < 1.
n
En prenant N = max{N1 , N2 }, on a pour tout n ≥ N
1 1
< x < 1 − donc x ∈ Fn .
n n
D’où ]0, 1[⊂ ∪n∈IN∗ Fn ⊂ [0, 1]
1
0 6∈ ∪n∈IN∗ Fn car pour tout x ∈ Fn ≤ x donc x > 0.
n
1
On a aussi que 1 6∈ ∪n∈IN∗ Fn car pour tout x ∈ Fn x < 1 − < 1 donc x 6= 1
n
∪n∈IN∗ Fn =]0, 1[ / CIR ]0, 1[=] − ∞, 0] ∪ [1, +∞[.
Si ]0, 1[ est un fermé alors CIR ]0, 1[∈ V(0),
donc il existe r > 0 tel que ] − r, r[⊂ CIR ]0, 1[,
ce qui entraine que ]0, r[⊂] − ∞, 0] ∪ [1, +∞[. Impossible.

II.2.17. Valeur d’adhérence


On considère (E, T ) un espace topologique.

Définition II.2.33. Soit A une partie de E. On dit que xo ∈ E est une valeur
d’adhérence de A ( ou un point adhérent à A) si : ∀V ∈ V(xo ) V ∩ A 6= ∅.
On appelle adhérence de A l’ensemble des points adhérents à A. On note cet
ensemble A.

Remarque
- A ⊂ A.
-∅=∅ E = E.

Caractérisation de l’adhérence

Théorème II.2.34. L’adhérence d’une partie A de (E, T ) est le plus petit fermé
contenant A dans (E, T ).
30 II. Espaces topologiques

Démonstration
- A est un fermé.
Soit x ∈ CE A donc x 6∈ A il existe V ∈ V(x) tel que V ∩ A = ∅,
donc il existe Θ ouvert tel que x ∈ Θ ⊂ V , donc Θ ∩ A = ∅,
donc si y ∈ Θ, Θ ∈ V(y) et Θ ∩ A = ∅,
donc y 6∈ A ce qui implique que y ∈ CE A.
CE A est un voisinage de x, CE A ouvert donc A fermé.
- A est le plus petit fermé contenant A.
Soit F un fermé contenant A, soit xo ∈ A et supposons que xo 6∈ F .
xo ∈ CE F qui est un ouvert or CE F ∩ A = ∅ car A ⊂ F .
CE F ∈ V(xo ) et (CE F ) ∩ A = ∅ donc xo 6∈ A, absurde. ut

Remarque Si F = {F fermés / A ⊂ F } A = ∩F ∈F F .

Corollaire II.2.35. Soit (E, T ) espace topologique. Une partie F de E est


fermée si et seulement si F = F .

Points d’accumulation

Définition II.2.36. Si A est une partie de E, un point xo ∈ E est dit point


d’accumulation de A si :

∀V ∈ V(xo ) (V \ {xo }) ∩ A 6= ∅.

Remarque : Un point d’accumulation est un point adhérent à A.

Point isolé

Définition II.2.37. Soit A une partie de E, un point xo ∈ A est dit point isolé
de A s’il existe un voisinage V de xo tel que (V \ {xo }) ∩ A = ∅.

Proposition II.2.38. Si A est une partie de E alors A est la réunion des points
d’accumulation de A et des points isolés de A.

Démonstration
Soit xo ∈ A, on suppose que xo n’est pas un point d’accumulation de A.
Il existe donc V ∈ V(xo ), (V \ {xo }) ∩ A = ∅.
Comme xo ∈ A donc V ∩ A 6= ∅ et on a ((V \ {xo }) ∪ {xo }) ∩ A = {xo } ∩ A 6= ∅,
donc xo ∈ A, d’où xo point isolé de A.
Le reste est évident. u
t
§ II.2. Fermés 31

II.2.18. Points extérieurs - Frontière


On considère (E, T ) un espace topologique.

Définition II.2.39. Soit A une partie de E.


- xo est dit point extérieur à A si xo est un point intérieur de CE A. L’ensemble
des points extérieurs à A est appelé extérieur de A et est noté Ext(A).
- xo est dit point frontière de A si xo 6∈ Å et xo 6∈ Ext(A). L’ensemble des points
frontière est la frontière de A. On la note F r(A).

Remarque : Soit A une partie de E.


- Ext(A) = C˚
E A.
- On a
F r(A) = CE (Å ∪ Ext(A)) = CE (Å ∪ C˚
E A)

= A ∩ CE A = A \ Å.

- xo ∈ F r(A) si et seulement si tout voisinage de xo rencontre A et CE A.


En effet
On suppose que xo ∈ F r(A), soit V ∈ V(xo ).
Comme xo 6∈ Å V 6⊂ A, donc V ∩ CE A 6= ∅ .
Comme xo 6∈ Ext(A) = C˚ E A V 6∈ CE A donc V ∩ A 6= ∅.
Réciproquement : Soit xo tel que tout voisinage de xo rencontre A et CE A.
Objectif : montrer que xo 6∈ Å et xo 6∈ C˚
E A.
Si xo ∈ Å, Å ∈ V(xo ), Å ∩ CE A 6= ∅. Impossible car Å ⊂ A.
Si xo ∈ C˚ ˚ ˚
E A, CE A ∈ V(xo ), A ∩ CE A 6= ∅, impossible.

II.2.19. Espaces topologiques séparés

Définition II.2.40. Un espace toplogique (E, T ) est dit séparé ou séparé au


sens de Hausdorff si pour tous points x, y ∈ E distincts il existe des ouverts Θx et
Θy de (E, T ) tels que
i) x ∈ Θx , y ∈ Θy ,
ii) Θx ∩ Θy = ∅.

Exemple : Soit E 6= ∅.
- E muni de la topologie discrète est séparé.
- E = {a, b} avec a 6= b, T = ∅, {a, b}, {a}} topologie de Sierpinski.
(E, T ) n’est pas séparé. Il suffit de prendre a et b, seul E est un ouvert contenant
b or E contient a. Donc (E, T ) n’est pas séparé.
32 II. Espaces topologiques

- (E, d) espace métrique alors (E, d) séparé.


AT T EN T ION !! : Dans un espace métrique général on n’a pas toujours
0
B(xo , r) = B (xo , r).
0
Ce qui est toujours vrai c’est B(xo , r) ⊂ B (xo , r).
Pour montrer que l’égalité n’est pas toujours vraie on considère E muni de la
distance discrète.
0
On a B(xo , 1) = {xo } B(xo , 1) = {xo } alors que B (xo , 1) = E.

Proposition II.2.41. Si (E, T ) est un espace topologique séparé, alors tout


singleton de E est un fermé de E.

Démonstration Soit x ∈ E, on pose Θ = CE {x}. Soit y ∈ Θ donc y 6= x il existe


Θ1 , Θ2 ouverts de (E, T ) tels que x ∈ Θ1 et y ∈ Θ2 , Θ1 ∩ Θ2 = ∅,
donc y ∈ Θ2 et Θ2 ⊂ CE {x} = Θ, on a donc Θ voisinage de y, d’où Θ est un
ouvert de (E, T ). u
t

Remarque Si (E, T ) est un espace topologique séparé toute partie finie de E est
un fermé.

II.3. Espaces topologiques séparables

II.3.20. Base d’une topologie


Définition II.3.42. Soit (E, T ) un espace topologique. Une partie B de T est
dite base de la topologie T si tout ouvert de (E, T ) est une réunion d’éléments de
B.

Exemple :
i) E = IR
B ={]a, b[ / a, b ∈ IR}
0
B ={]xo − ε, xo + ε[ / xo ∈ IR, ε ∈ IR∗+ }
00
B ={]a, b[ / a, b ∈ Q}
l
000
B ={]xo − ε, xo + ε[ / xo ∈ Q, l ∗+ }.
l ε∈Q
0 00 000
B, B , B et B sont des bases de la topologie naturelle de IR.
ii) (E, d) espace métrique
B ={B(xo , ε) / xo ∈ E, ε ∈ IR∗+ }
0
B ={B(xo , ε) / xo ∈ E, ε ∈ Q l ∗+ }
00 1
B ={B(xo , ) / xo ∈ E, n ∈ IN∗ }.
n
0 00
B, B et B sont des bases de la topologie de (E, d).
§ II.3. Espaces topologiques séparables 33

II.3.21. Caractérisation des bases de topologie

Proposition II.3.43. Une partie B de P(E) est une base de topologie si et


seulement si
i) E = ∪B∈B B,
ii) Pour tous B1 ∈ B, B2 ∈ B, si x ∈ B1 ∩ B2 alors il existe B3 ∈ B tel que x ∈ B3
et B3 ⊂ B1 ∩ B2 .

Démonstration On suppose que B est une base de la topologie T définie sur E.


E ∈ T donc E est réunion d’éléments de B : E = ∪B∈B B. Donc i) vérifié.
Soient B1 et B2 ∈ B et soit x ∈ B1 ∩ B2 . Comme B1 ∩ B2 ∈ T il en résulte que
c’est une réunion d’éléments de B.
Il existe une famille (Bi )i∈I d’éléments de B tels que B1 ∩ B2 = ∪i∈I Bi .
Or x ∈ B1 ∩ B2 , donc il existe ix ∈ I tel que x ∈ Bix , or Bix ⊂ B1 ∩ B2 , Bix ∈ B,
d’où ii) vérifié.
On pose T l’ ensemble des parties de E qui sont réunion d’éléments de B. Il s’agit
de vérifier que T est une topologie.
i) E ∈ T et ∅ ∈ T car ∅ = ∪i∈∅ Bi .
ii) Soient Θ1 et Θ2 ∈ T .

Θ1 = ∪i∈I1 Bi avec Bi ∈ B, ∀i ∈ I1
Θ2 = ∪j∈I2 Bj avec Bj ∈ B, ∀j ∈ I2 .

Θ1 ∩ Θ2 = (∪i∈I1 Bi ) ∩ (∪j∈I2 Bj ) = ∪(i, j)∈I1 ×I2 Bi ∩ Bj .

Il reste à montrer que Bi ∩ Bj est une réunion d’éléments de B.


Soit x ∈ Bi ∩ Bj il existe Bx ∈ B tel que x ∈ Bx ⊂ Bi ∩ Bj .
Bi ∩ Bj = ∪x∈Bi ∩Bj Bx , donc Θ1 ∩ Θ2 ∈ T .
iii) On obtient une réunion d’éléments de B qui est un élément de T par
définition. T est une topologie sur E et B est une base de T par définition de T .
u
t

Espaces topologiques à base dénombrable


Soit (E, T ) un espace topologique.

Définition II.3.44. L’espace topologique (E, T ) est dit à base dénombrable


d’ouverts s’il admet une base B ayant un nombre dénombrable d’éléments.
34 II. Espaces topologiques

Exemple :
- IR est à base dénombrable d’ouverts. En effet en posant X = {]a, b[ / a, b ∈ Q},
l
on a l’application
!
l ×Q
Q l →X
qui est surjective donc X dénombrable.
(a, b) 7−→]a, b[

- IRn est à base dénombrable d’ouverts. On considère

{]a1 , b1 [×]a2 , b2 [× · · · ×]an , bn [ / ai ∈ Q,


l bi ∈ Q}
l

comme base d’ouverts et comme précédemment on montre qu’elle est


dénombrable.

II.3.22. Système fondamental de voisinages


(E, T ) espace topologique.

Définition II.3.45. Soit x ∈ E, la famille W des voisinages de x est appelée


système fondamental de voisinages de x si

∀V ∈ V(x) ∃W ∈ W, W ⊂ V.

Exemple :
- (E, d) espace métrique. Soit xo ∈ E. On définit

W = {B(xo , ε) / ε ∈ IR∗+ },
0 1
W = {B(xo , ) / n ∈ IN∗ }.
n
0
W et W sont des systèmes fondamentaux de voisinage de xo .
- x ∈ E, W = {Θ ∈ T / x ∈ Θ} est un système fondamental de voisinage de x.
- (E, T ) espace topologique, B une base de la topologie de E on a

W = {B ∈ B / x ∈ B} est un système fondamental de voisinage de x.

En effet si B ∈ W, B ∈ V(x). Soit V ∈ V(x) il existe Θ ouvert tel que x ∈ Θ ⊂ V .


Il existe une famille (Bi )i∈I d’éléments de B tels que Θ = ∪i∈I Bi or x ∈ Θ, donc
il existe ix ∈ I / x ∈ Bix ⊂ Θ ⊂ V.

Espaces topologiques à systèmes dénombrables de voisinages


§ II.3. Espaces topologiques séparables 35

Définition II.3.46. Un espace topologique (E, T ) est dit à système


dénombrable de voisinages si chaque point de E admet un système fondamental
dénombrable de voisinages.

Exemple :
1 1
- E = IR, xo ∈ IR. W = {]xo − , xo + [ / n ∈ IN∗ } est un système dénombrable
n n
de voisinages de xo dans IR.
1
- (E, d) espace métrique et soit xo ∈ E. W = {B(xo , ) / n ∈ IN∗ } est un système
n
dénombrable de voisinages de xo dans E.

Proposition II.3.47. Si (E, T ) est un espace topologique à base dénombrable


d’ouverts, c’est un espace topologique à système dénombrable de voisinages.

Démonstration Soit B = {Bn / n ∈ IN} une base dénombrable d’ouverts de


(E, T ). Soit x ∈ E, W = {B ∈ B / x ∈ B}, on a montré dans un exemple
précédent que W est un système dénombrable de voisinages de x. u
t

Remarque Si B est une base de l’espace topologique (E, T ), dire que V ∈ V(x)
équivaut à : il existe B ∈ B tel que x ∈ B et B ⊂ V .

Partie dense d’un espace topologique

Définition II.3.48. Une partie D de E est dite dense dans E (ou partout dense)
si :
∀x ∈ E, ∀V ∈ V(x) ∃d ∈ D / d ∈ V.

Proposition II.3.49. D une partie de E est dense dans E si et seulement si


E = D.

Démonstration La preuve est évidente. u


t

Remarque
- Si B est une base d’ouverts de l’espace topologique (E, T ), D est dense dans E
si et seulement si (∀B ∈ B, B 6= ∅ =⇒ B ∩ D 6= ∅).
- D est dense dans E si et seulement si tout ouvert de (E, T ) contient un élément
de D.

Exemple : On a Q l n est aussi dense dans IRn .


l dense dans IR, Q
36 II. Espaces topologiques

Définition II.3.50. (Espace topologique séparable)


Un espace topologique (E, T ) est dit séparable s’il admet une partie dense D
dénombrable.

Proposition II.3.51. Si (E, T ) est un espace topologique à base dénombrable


d’ouverts alors (E, T ) est séparable.

Démonstration On considère B = {Bn / n ∈ IN} une base dénombrable


d’ouverts de (E, T ). Soit dn ∈ Bn pour tout n ∈ IN et D = {dn / n ∈ IN}.
D est dense dans (E, T ) : En effet, soit x ∈ E, si V ∈ V(x), alors il existe B ∈ B
tel que x ∈ B et B ⊂ V . Or il existe d ∈ D tel que d ∈ B d’où V ∩ D 6= ∅.
Donc x ∈ D, d’où E = D. u t

II.3.23. Caractérisation des espaces métriques séparables

Proposition II.3.52. Un espace métrique est séparable si et seulement si il est à


base dénombrable d’ouverts.

Démonstration On suppose que (E, d) est un espace métrique séparable car


l’autre implication découle de la proposition précédente.
On va considèrer une partie dense et dénombrable D = {dn / n ∈ IN} dans E. On
1
fabrique une base B = {B(dn , ) / n ∈ IN, m ∈ IN∗ }.
m
On sait que B est dénombrable. On va montrer que pour tout xo ∈ E, tout ε > 0
1
il existe no ∈ IN, mo ∈ IN∗ tels que xo ∈ B(dno , ) ⊂ B(xo , ε).
mo
1 1 1
Comme lim = 0, il existe mo tel que < ε, la boule B(xo , 2m ) contient
m→+∞ m mo o

un élément de D soit dno .


1 1 1
Comme dno ∈ B(xo , ) on a d(xo , dno ) < , donc xo ∈ B(dno , ).
2mo 2mo 2mo
1
Soit x ∈ B(dno , ) on a
2mo

d(x, xo ) ≤ d(x, dno ) + d(dno , xo )


1 1 1
< + = < ε,
2mo 2mo mo

donc x ∈ B(xo , ε). u


t
Chapitre III

Filtres et Ultrafiltres

Résumé : Ce chapitre, composé de deux sections, donne les outils nécessaires


pour faire la preuve du théorème de Thikhonov dans le chapitre sur la compacité.
Avec les filtres on définit plus ”proprement” les notions de limites et continuité.

III.1. Filtres

III.1.24. Définitions et exemples

Définition III.1.53. On considère E un ensemble non vide. Une partie F de


P(E) non vide est appelée filtre sur E si elle vérifie :
i) ∀F ∈ F F 6= ∅;
ii) ∀F1 ∈ F, ∀F2 ∈ F F1 ∩ F2 ∈ F;
0 0 0
iii) Pour tous F ∈ F, F ∈ P(E) si F ⊂ F alors F ∈ F.

Remarque
- Si F1 et F2 ∈ F alors F1 ∩ F2 6= ∅.
- E ∈ F.

Exemple : E est non vide.


- A une partie non vide de E. FA = {F ∈ P(E) / A ⊂ F } est un filtre.
- (E, T ) espace topologique.
a) V(xo ), xo ∈ E, V(xo ) est un filtre.
b) A une partie de E non vide et xo ∈ Ā

VA (xo ) = {V ∩ A / V ∈ V(xo )} est un filtre.


38 III. Filtres et Ultrafiltres

III.1.25. Bases de filtre

Définition III.1.54. E ensemble non vide, F un filtre sur E.


Une partie B de F est dite base du filtre F si pour tout F ∈ F il existe B ∈ B tel
que B ⊂ F .

Proposition III.1.55. Si E est un ensemble non vide, une partie non vide B de
P(E) est une base de filtre si et seulement si elle vérifie :
i) ∀B ∈ B B 6= ∅.
ii) ∀B1 ∈ B, ∀B2 ∈ B ∃B3 ∈ B / B3 ⊂ B1 ∩ B2 .

Démonstration On suppose qu’il existe F filtre sur E tel que B en est une
base. Soit B ∈ B alors B ∈ F donc B 6= ∅ (i) vérifiée).
Soient B1 ∈ B, B2 ∈ B alors B1 et B2 ∈ F donc B1 ∩ B2 ∈ F, or B base du filtre
F; donc il existe B3 ∈ B tel que B3 ⊂ B1 ∩ B2 (ii) est vérifée).
On suppose que i) et ii) vraies. On considère
F = {F ∈ P(E) / ∃B ∈ B et B ⊂ F }. Il faut montrer que F est un filtre sur
E.
F est non vide car B ⊂ F et B 6= ∅. F ∈ F, il existe B ∈ B tel que B ⊂ F or
B 6= ∅ donc F 6= ∅.
Soient F1 ∈ F et F2 ∈ F, il existe B1 ∈ B, B2 ∈ B tels que B1 ⊂ F1 et B2 ⊂ F2 , il
existe B3 ∈ B tel que B3 ⊂ B1 ∩ B2 donc B3 ⊂ F1 ∩ F2 , d’où F1 ∩ F2 ∈ F.
0 0 0
Soit F ∈ F, F tel que F ⊂ F . Il existe B ∈ B tel que B ⊂ F , or F ⊂ F , donc
0 0
B ⊂ F , d’où F ∈ F.
F est donc un filtre et par définition B est une base de F. u
t

Définition III.1.56. L’ensemble F est appelé le filtre engendré par B.

Exemple :
- VA (xo ) défini dans l’exemple précédent est une base de filtre.
- xo un point d’accumulation de A partie non vide de E. L’ensemble


VA (xo ) = {(V \ {xo }) ∩ A / V ∈ V(xo )}

est une base de filtre.


- F un filtre sur E, G un ensemble non vide et f : E → G. L’ensemble

f (F) = {f (F ) / F ∈ F}

est une base de filtre.


§ III.1. Filtres 39

- Base du filtre de Frechet. E = IN, on définit

B = {{k ∈ IN, k ≥ n} / n ∈ IN}.

B est une base de filtre sur IN. Le filtre engendré par B est appelé filtre de
Frechet.
- Exemple de base de filtre sur l’ensemble IR.
a) xo ∈ IR, {]xo − ε, xo + ε[ / ε ∈ IR∗+ },
b) {]xo − ε, xo + ε[\{xo } / ε ∈ IR∗+ },
c) {]xo − ε, xo ] / ε ∈ IR∗+ },
d) {]xo − ε, xo [ / ε ∈ IR∗+ },
e) {]A, +∞[ / A ∈ IR+ },
f) {[A, +∞[ / A ∈ IR+ },
g) {[A, +∞] / A ∈ IR+ } base de filtre sur IR.

III.1.26. Convergence d’un filtre

Définition III.1.57. Soit E un ensemble non vide, F un filtre sur E, l ∈ E,


(E, T ) un espace topologique.
On dit que F converge vers l dans l’espace topologique (E, T ) si on a :

pour tout V ∈ V(l), il existe F ∈ F tel que F ⊂ V.

Exemple : Soit xo ∈ E, V(xo ) converge vers xo .


En effet pour V ∈ V(xo ) on prend F = V .

Proposition III.1.58. Soit (E, T ) un espace topologique non vide, F un filtre


sur E et l ∈ E .
F converge vers l sur (E, T ) si et seulement si F est une base du filtre V(l).

Remarque On a ∀V ∈ V(l) ∃B ∈ F / B ⊂ V .

Démonstration On suppose que F converge vers l.


Soit V ∈ V(l) il existe F ∈ F tel que F ⊂ V , or B est une base de F donc il existe
B ∈ B tel que B ⊂ F d’où B ⊂ V .
La réciproque est évidente. u
t

Proposition III.1.59. Soient (E, T ) un espace topologique, F un filtre sur E.


Si l’espace topologique (E, T ) est séparé F converge vers au plus un élément de
E.
40 III. Filtres et Ultrafiltres
0 0
Démonstration Soient l et l ∈ E tels que F converge vers l et l .
0 0 0
On suppose que l 6= l . Comme (E, T ) est séparé il existe V ∈ V(l) et V ∈ V(l )
0
tels que V ∩ V = ∅.
0
F converge vers l, donc il existe F ∈ F tel que F ⊂ V . F converge vers l , donc il
0 0 0
existe F ∈ F tel que F ⊂ V ,
0 0 0
d’où F ∩ F ⊂ V ∩ V , donc F ∩ F = ∅ ∈ F ce qui est absurde.
N otation : On pose l = lim F. u t

III.1.27. Valeur d’adhérence d’un filtre

Définition III.1.60. Soient (E, T ) un espace topologique, F un filtre sur E et


l ∈ E.
On dit que l est adhérent au filtre F si on a :

pour tous V ∈ V(l), F ∈ F alors V ∩ F 6= ∅.

Proposition III.1.61. Si F converge vers l alors l est adhérent à F.

Démonstration Soit V ∈ V(l), il existe Fo ∈ F tel que Fo ⊂ V


Soit F ∈ F F ∩ Fo ⊂ F ∩ V or F ∩ Fo ∈ F donc F ∩ Fo 6= ∅, d’où F ∩ V 6= ∅.
u
t

N otation : L’ensemble des points adhérents au filtre F est appelé adhérence du


filtre F et est noté adh(F).

III.2. Ultrafiltre
On considère toujours E un ensemble non vide.

Définition III.2.62. On appelle ultrafiltre sur E un filtre maximal pour la


relation d’ordre “inclusion” sur l’ensemble des filtres sur E.

Remarque U est un ultrafiltre sur E si et seulement si :


i) U est un filtre;
ii) Tout filtre F sur E tel que U ⊂ F alors F = U.

Exemple : Soit a ∈ E, on définit Ua = {A ∈ P(E) / a ∈ A}. Ua est un ultrafiltre


sur E. On l’appelle l’ultrafiltre trivial sur E. Il est facile de vérifier que Ua est un
filtre.
Maintenant on considère F tel que F ⊃ Ua . Soit F ∈ F comme {a} ∈ Ua on a
{a} ∈ F donc {a} ∩ F 6= ∅, d’où a ∈ F donc F ∈ Ua ce qui entraine que F ⊂ Ua .
D’où F = Ua , donc Ua ultrafiltre.
§ III.2. Ultrafiltre 41

Proposition III.2.63. Tout filtre de E est contenu dans un ultrafiltre de E.

Démonstration Soit F un filtre sur E. On pose G l’ensemble des filtres sur E


qui contiennent F.
On munit G de la relation d’ordre ⊂. G est non vide car F ⊂ G. G est ordonné.
G est inductif. En effet soit (Fi )i∈I une famille totalement ordonnée de G.
0
On pose F = ∪i∈I Fi et on montre que c’est un filtre sur E. On a ∅ 6= F, comme
0 0
F ⊂ F , donc F 6= ∅.
0
Soit F ∈ F , il existe i ∈ I tel que F ∈ Fi or Fi filtre donc F 6= ∅.
0
Soient F1 et F2 ∈ F , il existe i1 , i2 ∈ I tels que F1 ∈ Fi1 et F2 ∈ Fi2 or la famille
0
des Fi est totalement ordonnée, donc par exemple Fi1 ⊂ Fi2 , d’où F1 ∩ F2 ∈ F .
0 0 0
Soit F ∈ F et soit F ⊃ F . Comme F ∈ F il existe i ∈ I tel que F ∈ Fi , donc
0 0 0 0
F ∈ Fi d’où F ∈ F . F est donc un filtre.
0 0 0
Par définition F ⊂ F et pour tout i ∈ I on a Fi ⊂ F , donc F majore la famille
(Fi )i∈I dans G donc (G, ⊂) est inductif.
D’après le lemme de Zorn, G admet un élément maximal soit U. F ⊂ U car
U ∈ G.
Soit F1 un filtre sur E contenant U donc F1 contient F. Ce qui implique que
F1 ∈ G, donc F1 = U car U maximal sur G. U est donc un ultrafiltre. ut

III.2.28. Caractérisation des ultrafiltres

Théorème III.2.64. U est un ultrafiltre sur E si et seulement si U est un filtre


tel que :
Pour tout A ∈ P(E) A ∈ U ou bien CE A ∈ U.

Démonstration On suppose que U est un ultrafiltre sur E.


Soit A ∈ P(E), on suppose que A 6= ∅ car s’il est vide c’est trivial. CE A rencontre
tous les éléments de U ou bien il existe un élément de U qu’il ne rencontre pas.
- CE A rencontre tous les éléments de U.
On va montrer que B = {CE A} ∪ U ∪ {CE A ∩ F / F ∈ U} est une base de filtre
sur E.
U ⊂ B donc B 6= ∅;

Pour F ∈ BF ∈ U donc F 6= ∅
F = CE A ∩ F1 où F1 ∈ U or CE A rencontre tous les éléments de U
donc CE A ∩ F1 6= ∅ donc F 6= ∅.

Soient B1 , B2 ∈ B.
42 III. Filtres et Ultrafiltres

- B1 , B2 ∈ U donc B1 ∩ B2 ∈ U ce qui entraine que B1 ∩ B2 ∈ B. On pose


B3 = B 1 ∩ B 2 .
- B1 = CE A ∩ F1 , B2 = CE A ∩ F2 avec F1 , F2 ∈ U. On a
B1 ∩ B2 = CE A ∩ (F1 ∩ F2 ) ∈ B car F1 ∩ F2 ∈ U. On pose B3 = CE A ∩ (F1 ∩ F2 ).
- B1 ∈ U et B2 = CE A ∩ F avec F ∈ U.
B1 ∩ B2 = B1 ∩ CE A ∩ F = CE A ∩ (B1 ∩ F ) ∈ B car B1 ∩ F ∈ U. On pose
B3 = B 1 ∩ B 2 .
B est donc une base de filtre. Soit F le filtre engendré par B. On a F ⊃ U. Or U
ultrafiltre donc F = U. Or CE A ∈ F donc CE A ∈ U.
- CE A ne rencontre pas tous les éléments de U. Donc il existe Fo ∈ U tel que
CE A ∩ Fo = ∅, d’où Fo ⊂ A. Ce qui entraine que A ∈ U.
Réciproquement : Soit U un filtre sur E tel que :

∀A ∈ P(E) A ∈ U ou bien CE A ∈ U.

Soit F un filtre de E contenant U. Soit F ∈ F si F 6∈ U donc CE F ∈ U, or F ⊃ U


donc CE F ∈ F. Ce qui entraine que F ∩ CE F = ∅ ∈ F. Ce qui est absurde. Donc
F ∈ U d’où F ⊂ U donc F = U. U est donc un ultrafiltre sur E. u t

III.2.29. Points adhérents d’un ultrafiltre

Proposition III.2.65. (E, T ) espace topologique.


l est un point adhérent de l’ultrafiltre U sur E si et seulement si U converge vers
l.

Démonstration Il est clair que si U est un ultrafiltre qui converge vers l, on a l


qui est adhérent U d’après la proposition III.1.61.
Supposons que l est un point adhérent à U. Soit V ∈ V(l) et on suppose que
V 6∈ U donc CE V ∈ U donc en particulier V ∩ CE V 6= ∅, ce qui est impossible.
D’où V ∈ U.
On prend F = V , F ∈ U et F ⊂ V . U converge vers l. u t
Chapitre IV

Limites et Continuité

Résumé : Utilisant les résultats des chapitres précédents, dans ce chapitre on


généralise les notions de limites et continuité vues en première et deuxième année.

IV.1. Limites
0
On considère E un ensemble non vide, (G, T ) un espace topologique et F un
filtre sur E.

Définition IV.1.66. Soit l ∈ G et f : E → G.


On dit que f converge vers l suivant le filtre F, si le filtre engendré par f (F)
converge dans G vers l.

Remarque
- f (F) est une base de filtre dans G.
- f converge vers l est équivalent à : ∀W ∈ V(l) ∃F ∈ F / f (F ) ⊂ W .
- f converge vers l est équivalent à : ∀W ∈ V(l) ∃F ∈ F / ∀x ∈ F f (x) ∈ W .

Exemple :
1) xo ∈ E, T une topologie sur E alors V(xo ) est un filtre sur E.
Soit f : E → G et l ∈ G. On dit que f converge vers l lorsque x tend vers xo si f
0
converge vers l dans (G, T ) suivant le filtre V(xo ).
2) xo ∈ E, xo un point d’accumulation de E. L’ensemble
V ∗ (xo ) = {V \ {xo } / V ∈ V(xo )} est une base de filtre; soit V ∗ (xo ) le filtre
engendré par V ∗ (xo ). On dit que f converge vers l lorsque x tend vers xo avec
x 6= xo si f converge vers l suivant le filtre V ∗ (xo ).
44 IV. Limites et Continuité

IV.1.30. Limites dans les espaces topologiques séparés


0
Soit (G, T ) un espace topologique séparé.
Si f : E → G est convergente vers l ∈ G suivant le filtre F alors l est unique.
Pour la preuve on utilise le résultat de la proposition III.1.59. On note dans ce
cas :
lim f = lim f (x) = l.
F F

l est appelé la limite de f suivant le filtre F. Si (E, T ) est un espace topologique


0
et si (G, T ) est un espace topologique séparé : xo ∈ E si l ∈ G et l = lim f ,
V(xo )
on pose l = lim f = lim f (x).
x→xo x→xo
Si xo n’est pas un point isolé de E et si l = lim f , on pose
∗ V (xo )
l= lim f = lim f (x).
x → xo x → xo
x 6= xo x=6 xo

0
Proposition IV.1.67. Soit E un ensemble non vide, F un filtre sur E, (G, T )
espace topologique, l ∈ G, f : E → G une application.
Soient B une base du filtre F et (Wi )i∈I une base de voisinage de l. f converge
vers l suivant le filtre F si et seulement si
∀i ∈ I ∃B ∈ B / f (B) ⊂ Wi .

Démonstration On suppose que f converge vers l suivant le filtre F.


Si i ∈ I Wi ∈ V(l) ∃F ∈ F / f (F ) ⊂ Wi .
B base de F donc il existe B ∈ B / B ⊂ F donc f (B) ⊂ f (F ) ⊂ Wi .
Réciproquement : Soit W ∈ V(l), il existe i ∈ I tel que Wi ⊂ W , il existe
B ∈ B / f (B) ⊂ Wi , donc f (B) ⊂ W . Or B ∈ F. u t

IV.1.31. Application aux espaces métriques


0
Soit F un filtre sur E dont une base est B. Soient (G, d ) un espace métrique,
f : E → G et l ∈ G.
f a au plus une limite suivant le filtre F car un espace métrique est séparé. Ainsi
l = lim f ⇐⇒ ∀ε > 0, ∃B ∈ B / f (B) ⊂ BG (l, ε)
F
0
⇐⇒ ∀ε > 0, ∃B ∈ B / ∀x ∈ B d (f (x), l) < ε.
Soit (E, d) est un espace métrique, xo ∈ E.
0
lim f = l ⇐⇒ ∀ε > 0, ∃η > 0 / ∀x ∈ E, d(x, xo ) < η =⇒ d (f (x), l) < ε.
x→xo
§ IV.1. Limites 45

IV.1.32. Cas particulier des suites dans un espace topologique

Définition IV.1.68. Soit (E, T ) un espace topologique, l ∈ E.


Soit (xn )n∈IN une suite d’élément de E. On dit que la suite (xn )n∈IN converge
dans E vers l lorsque n tend vers +∞ si l’application
!
xIN → E
n 7−→ xn

converge vers l suivant le filtre de Frechet de IN.

On rappelle que le filtre de Frechet de IN est le filtre engendré par les éléments ou
parties BN = {n ∈ IN / n ≥ N } pour N ∈ IN.

(xn )n∈IN converge vers l ⇐⇒ ∀W ∈ V(l) ∃N ∈ IN / x(BN ) ⊂ W


⇐⇒ ∀W ∈ V(l) ∃N ∈ IN / ∀n ∈ BN =⇒ x(n) ∈ W.
⇐⇒ ∀W ∈ V(l) ∃N ∈ IN / ∀n ∈ IN, n ≥ N =⇒ xn ∈ W.

Si (Vi )i∈I est un système fondamental de voisinage de l,

(xn )n∈IN converge vers l ⇐⇒ ∀i ∈ I, ∃N ∈ IN / ∀n ∈ IN, n ≥ N =⇒ xn ∈ Vi .

Si (E, d) espace métrique on a :

∀ε > 0, ∃N ∈ IN / ∀n ∈ IN, n ≥ N =⇒ d(xn , l) < ε.

Remarque Si (E, T ) est un espace topologique séparé, une suite dans E a au plus
une limite.
Lorsque cette limite existe, on la note lim xn .
n→+∞

On a aussi adh(xn ) = adh(x(F rechet)).

l ∈ adh(xn ) ⇐⇒ ∀V ∈ V(l), ∀F élément du filtre de Frechet de IN, x(F ) ∩ V 6= ∅


⇐⇒ ∀V ∈ V(l), ∀N ∈ IN x(BN ) ∩ V 6= ∅
⇐⇒ ∀V ∈ V(l), ∀N ∈ IN, ∃n ≥ N / xn ∈ V
⇐⇒ ∀V ∈ V(l), ∀N ∈ IN, ∃n ∈ IN / n > N et xn ∈ V.
46 IV. Limites et Continuité

IV.1.33. Espaces topologiques à systèmes


fondamentaux dénombrables de voisinages
Soit (E, T ) un espace topologique à système dénombrable de voisinages.

Proposition IV.1.69. Soit l ∈ E, l admet un système fondamental dénombrable


de voisinages ouverts (Θn )n∈IN tel que :

∀n ∈ IN Θn+1 ⊂ Θn .

Démonstration Soit (Vn )n∈IN un système fondamental dénombrable de


voisinage de l.
0 0 0
Soit n ∈ IN il existe Θn ouvert de E tel que l ∈ Θn et Θn ⊂ Vn . On pose
0 0
Θn = ∩ni=o Θi , Θn est un ouvert de E. On a l ∈ Θn , Θn ∈ V(l) et Θn ⊂ Θn ⊂ Vn .
(Θn )n∈IN est un système fondamental dénombrable de voisinage de l et il est
facile de voir que Θn+1 ⊂ Θn . ut

Théorème IV.1.70. Si (E, T ) est un espace topologique à systèmes


fondamentaux dénombrables de voisinages, une partie A de E est fermée si et
seulement si toute suite (xn ) d’éléments de A convergente vers l ∈ E est telle que
l ∈ A.

Démonstration Soit (xn )n∈IN telle que ∀n ∈ IN, xn ∈ A et xn converge vers


l ∈ E.
Pour tout V ∈ V(l) il existe N ∈ IN tel que pour tout n ∈ IN, n ≥ N entraine que
xn ∈ V , donc xN ∈ V . Or xN ∈ A donc V ∩ A 6= ∅. D’où l ∈ A, or A fermé donc
l ∈ A.
La réciproque : Soit l ∈ A, (E, T ) à systèmes fondamentaux dénombrables de
voisinage.
l admet un système fondamental dénombrable de voisinage, soit (Θn )n∈IN avec
l ∈ Θn et Θn+1 ⊂ Θn . On a pour tout n ∈ IN, Θn ∩ A 6= ∅ donc il existe
xn ∈ Θn ∩ A. (xn ) converge vers l.
En effet pour N ∈ IN n ≥ N alors xn ∈ Θn ⊂ ΘN . D’où :
∀n ∈ IN, n ≥ N =⇒ xn ∈ ΘN , donc (xn ) converge vers l, d’où l ∈ A.
Donc A = A. u
t
§ IV.2. Continuité 47

IV.2. Continuité

0
Définition IV.2.71. Soient (E, T ) et (F, T ) deux espaces topologiques. Soit
f : E → F.
On dit que f est continue au point xo ∈ E si on a :

∀W ∈ V(f (xo )) ∃V ∈ V(xo ) / f (V ) ⊂ W.

Remarque
- f continue au point xo est équivalent à : lim f (x) = f (xo ).
x→xo
- Soit (Wi )i∈I (resp. (Vj )j∈J ) un système fondamental de voisinage de f (xo )(resp.
xo ), alors f continue au point xo est équivalent à

∀i ∈ I, ∃j ∈ J / f (Vj ) ⊂ Wi .
0
- Soient (E, d) et (F, d ) deux espaces métriques, f : E → F et xo ∈ E. La
continuité de f au point xo se traduit par :
0
∀ε > 0, ∃η > 0 / ∀x ∈ E et d(x, xo ) < η =⇒ d (f (xo ), f (x)) < ε.

Définition IV.2.72. Si f est continue en chaque point de E alors on dit que f


est continue sur E.

Exemple : Soit (E, T ) un espace topologique.


L’application identité idE : (E, T ) → (E, T ) est continue.

IV.2.34. Propriétés
0 00
Proposition IV.2.73. On considère (E, T ), (F, T ), (G, T ) trois espaces
topologiques et les applications f : E → F , g : F → G.
Si f converge vers b suivant le filtre F défini sur E et si g est continue au point b
alors g ◦ f converge vers g(b) suivant le filtre F.
00
Démonstration Soit W ∈ VG (g(b)), comme g est continue au point b il existe
0 0 00
W ∈ VF (b) tel que g(W ) ⊂ W .
0
Comme f converge vers b suivant le filtre F il existe F ∈ F tel que f (F ) ⊂ W ,
0 00 00
donc g(f (F )) ⊂ g(W ) ⊂ W d’où (g ◦ f )(F ) ⊂ W . u t

Corollaire IV.2.74. On garde les hypothèses de la proposition IV.2.73.


Si f est continue au point xo ∈ E et g est continue au point f (xo ) ∈ F alors g ◦ f
est continue au point xo .
48 IV. Limites et Continuité

Remarque Si on a :
0
f : (E, T ) → (F, T ) continue ,
0 00
g : (F, T ) → (G, T ) continue ,
00
alors g ◦ f est continue de (E, T ) dans (G, T ).
00
On note C(E, G) l’ensemble des applications continues de (E, T ) dans (G, T ).

0
Proposition IV.2.75. On considère f : (E, T ) → (F, T ) et a ∈ E.
Si f est continue au point a alors pour toute suite (xn )n∈IN de E convergente vers
a, (f (xn ))n∈IN converge vers f (a).

Démonstration Soit W ∈ V(f (a)), comme f est continue au point a, il existe


V ∈ V(a) tel que pour tout x ∈ V , f (x) ∈ W .
Comme xn → a, il existe N ∈ IN tel que

∀n ≥ N xn ∈ V =⇒ f (xn ) ∈ W.

Donc (f (xn ))n∈IN converge vers f (a). u


t

IV.2.35. Résultat fondamental


0
Soit f : (E, T ) → (F, T ).

Théorème IV.2.76. (Important)


Les proprietés suivantes sont équivalentes.
i) f est continue sur E.
ii) L’image réciproque par f de tout ouvert de F est un ouvert de E.
iii) L’image réciproque par f de tout fermé de F est un fermé de E.
iv) ∀A ∈ P(E) f (A) ⊂ f (A).

Démonstration On va faire la preuve par implication “circulaire”.


- (i) =⇒ (iv) Soit A ∈ P(E) et A 6= ∅ car si A = ∅ la propriété est triviale.
Soit a ∈ A, soit W ∈ V(f (a)), f étant continue au point a, donc il existe V ∈ V(a)
tel que f (V ) ⊂ W . Or a ∈ A donc V ∩ A 6= ∅. Soit x ∈ V ∩ A. On a f (x) ∈ W et
f (x) ∈ f (A).
Donc f (x) ∈ W ∩ f (A) d’où W ∩ f (A) 6= ∅ donc f (a) ∈ f (A).
0
- (iv) =⇒ (iii) Soit B un fermé de (F, T ). L’objectif est de montrer que f −1 (B)
est un fermé de (E, T ). f (f −1 (B)) ⊂ f (f −1 (B)), or f (f −1 (B)) ⊂ B, donc
f (f −1 (B)) ⊂ B = B. D’où f −1 (B) ⊂ f −1 (B). On a ainsi f −1 (B) = f −1 (B) car
f −1 (B) ⊂ f −1 (B).
§ IV.2. Continuité 49

Donc f −1 (B) fermé dans E.


0 0 0
- (iii) =⇒ (ii) Soit Θ un ouvert de (F, T ) f −1 (CF Θ ) est fermé dans E car
0
CF Θ est fermé dans F .
0 0 0
f −1 (CF Θ ) = CE f −1 (Θ ) est fermé donc f −1 (Θ ) ouvert dans E d’où
0
f −1 (Θ ) ∈ T .
- (ii) =⇒ (i) Soit xo ∈ E, soit Θ un ouvert de F contenant f (xo ).
Θ ∈ V(f (xo )) donc f −1 (Θ) ouvert de E et xo ∈ f −1 (Θ). Soit V = f −1 (Θ), on a
V ∈ V(xo ) et f (V ) = f (f −1 (Θ)) ⊂ Θ, d’où f est continue au point xo . u
t

Remarque Ce théorème permet d’identifier des ensembles ouverts et des


ensembles fermés. Par exemple si on considère f : IR → IR continue
{x ∈ IR / f (x) < α} = f −1 (] − ∞, α[) ouvert.
{x ∈ IR / f (x) ≤ α} = f −1 (] − ∞, α]) fermé.
IV.2.36. Homéomorphisme
0
Soient (E, T ), (F, T ) deux espaces topologiques.

Définition IV.2.77. Une bijection f : E → F est appelée homéomorphisme de


0 0
E et F si f : (E, T ) → (F, T ) est continue et si f −1 : (F, T ) → (E, T )
continue.
0
Lorsqu’il existe un homéomorphisme de (E, T ) à valeurs dans (F, T ) on dit que
E et F sont homéomorphes.
0 0 0
Si (E, T ) et (F, T ) sont homéomorphes par f , on a f (T ) = T , f −1 (T ) = T .

Théorème IV.2.78. On considère f : E → F une bijection.


Les proprietés suivantes sont équivalentes :
0
i) f homéomorphisme de (E, T ) → (F, T ).
ii) L’image directe de tout ouvert de E est un ouvert de F et l’image réciproque
de tout ouvert de F est un ouvert de E.
iii) L’image directe de tout fermé de E est un fermé de F et l’image réciproque de
tout fermé de F est un fermé de E.

Démonstration
- (i) =⇒ (ii) Soit Θ ∈ T , f (Θ) = (f −1 )−1 (Θ) est un ouvert car f −1 continue.
0 0 0
Θ ∈ T , on a f −1 (Θ ) ouvert car f continue ( théorème IV.2.76).
- (ii) =⇒ (iii) Soit B ⊂ E, B fermé.
f (CE B) = CF f (B), car f est une bijection, est un ouvert donc f (B) fermé.
0 0 0 0
Soit B ⊂ F un fermé, on a f −1 (CF B ) = CE f −1 (B ) est un ouvert donc f −1 (B )
est fermé.
- (iii) =⇒ (i) (iii) donne que f est continue d’après théorème IV.2.76.
Soit B un fermé de E, (f −1 )−1 (B) = f (B) est fermé d’après (iii) donc f −1
continue. u t
Chapitre V

Construction d’espaces
topologiques

Résumé : On introduit dans ce chapitre les notions de topologie initiale et de


topologie quotient.

Soit E un ensemble. On note TE l’ensemble des topologies définies sur E.


0 0
Définition IV.2.79. Si T et T ∈ TE , on dit que “T est moins fine que T ” et
0 0
on note T  T si on a T ⊂ T .
0 0 0
On dit que “ T est plus fine que T ” et on note T  T si on a T ⊃ T .

Remarque
0 0
- On a T  T si et seulement si idE : (E, T ) → (E, T ) est continue.
- On a (TE , ) est un ensemble ordonné.

V.1. Topologie initiale et applications

V.1.37. Proprietés et définition


On considère (Ei , Ti )i∈I une famille d’espaces topologiques, E un ensemble et
(fi )i∈I une famille d’applications telles que fi : E → Ei .
On cherche à munir E d’une topologie T telle que chaque fi soit continue de
(E, T ) → (Ei , Ti ).
Si i ∈ I, Θi ∈ Ti si fi continue alors fi−1 (Θi ) ∈ T ; si J une partie finie de I alors
si chaque fj , j ∈ J, est continue ∩j∈J fj−1 (Θj ) ∈ T .
Soit Pf (I) l’ensemble des parties finies de I.
52 V. Construction d’espaces topologiques

Proposition V.1.80. L’ensemble


B = {∩j∈J fj−1 (Θj ) / J ∈ Pf (I) et ∀j ∈ J, Θj ∈ Tj } est une base de topologie sur
E.

Démonstration On vérifie les proprietés d’une base de topologie.


Soit i ∈ I fi−1 (Ei ) = E donc E ∈ B. Soient J1 , J2 ∈ Pf (I), on pose

0 0
Θ1 = ∩j∈J1 fj−1 (Θj ) où Θj ∈ Tj , ∀j ∈ J1
00 00
Θ2 = ∩j∈J2 fj−1 (Θj ) où Θj ∈ Tj , ∀j ∈ J2 .

On a
0 00
Θ = Θ1 ∩ Θ2 = ∩j∈J1 fj−1 (Θj ) ∩ ∩j∈J2 fj−1 (Θj )
0 00
= ∩j∈J1 \J2 fj−1 (Θj ) ∩ ∩j∈J2 \J1 fj−1 (Θj )∩
0 00
∩j∈J1 ∩J2 [fj−1 (Θj ) ∩ fj−1 (Θj )].

Or fj−1 (Θj ) ∩ fj−1 (Θj ) = fj−1 (Θj ∩ Θj ).


0 00 0 00

On pose
0
j ∈ J 1 \ J 2 Θ j = Θ j ∈ Tj ,
00
j ∈ J 2 \ J 1 Θ j = Θ j ∈ Tj ,
0 00
j ∈ J 1 ∩ J2 Θ j = Θ j ∩ Θ j ∈ Tj ,

donc Θ = ∩j∈J1 ∪J2 fj−1 (Θj ) ∈ B. u


t

Soit Tin la topologie définie par B; Tin ⊂ T .


Par définition de Tin , fi : (E, Tin ) → (Ei , Ti ) est continue pour tout i ∈ I.

Proposition V.1.81. La topologie Tin est la moins fine des topologies sur E qui
rendent continue chacune des applications fi de E à valeurs dans Ei .

Démonstration La preuve est évidente par définition de Tin . u


t

Définition V.1.82. Tin est appelée topologie initiale associée à la famille


d’applications fi : E → (Ei , Ti ).

Proposition V.1.83. On considère f : (X, T ) → (E, Tin ) où (X, T ) espace


topologique.
f est continue si et seulement si pour tout i ∈ I fi ◦ f : (X, T ) → (Ei , Ti ) est
continue.
§ V.1. Topologie initiale et applications 53

Démonstration On suppose que f continue. fi ◦ f est continue car étant la


composition d’applications continues.
On suppose maintenant que pour tout i ∈ I fi ◦ f continue. Soit
Θ∈B Θ = ∩j∈J fj−1 (Θj ) où J fini et pour tout j ∈ J, Θj ∈ Tj .

f −1 (Θ) = f −1 (∩j∈J fj−1 (Θj )) = ∩j∈J f −1 (fj−1 (Θj )) = ∩j∈J (fj ◦ f )−1 (Θj )

puisque fj ◦ f continue, (fj ◦ f )(Θj ) ∈ T , donc f −1 (Θ) ∈ T ,


d’où f est continue. u
t

V.1.38. Sous-espaces topologiques


Soit (E, T ) un espace topologique, A une partie de E.

Définition V.1.84. A muni de la topologie initiale TA définie par


!
i : A → (E, T )
x 7−→ i(x) = x

est appelé sous-espace topologique de E.


TA a pour base B = {i−1 (Θ), Θ ∈ T }.

On a i−1 (A) = {x ∈ A / i(x) ∈ Θ} = A ∩ Θ.

Proposition V.1.85.
TA = B = {A ∩ Θ / Θ ∈ T }.

Démonstration A = A ∩ E, ∅ = A ∩ ∅.
Soient Θ1A , Θ2A ∈ B avec Θ1A = A ∩ Θ1 , Θ2A = A ∩ Θ2 où Θ1 , Θ2 ∈ T .
Θ1A ∩ Θ2A = (A ∩ Θ1 ) ∩ (A ∩ Θ2 ) = A ∩ (Θ1 ∩ Θ2 ), or Θ1 ∩ Θ2 ∈ T donc
Θ1A ∩ Θ2A ∈ B.
Soit (ΘiA )i∈I ∈ B avec ΘiA = A ∩ Θi où Θi ∈ T .
∪i∈I ΘiA = ∪i∈I (A ∩ Θi ) = A ∩ (∪i∈I Θi ) ∈ B car ∪i∈I Θi ∈ T . B est une topologie
sur A et TA = B. u t

0
Remarque Soit f : (X, T ) → (A, TA ).
0
f est continue si et seulement si : i ◦ f : (X, T ) → (E, T ) est continue.

Proposition V.1.86. Les parties fermées de TA sont les parties A ∩ F où F est
un fermé de E.
54 V. Construction d’espaces topologiques

Démonstration Soit FA une partie fermée de TA , A \ FA = CA FA est un ouvert


de A, donc il existe Θ ∈ T tel que CA FA = A ∩ Θ.
CA (CA FA ) = FA = CA (A ∩ Θ) = A ∩ CE Θ, or F = CE Θ fermé et FA = A ∩ F .
Réciproquement : Soit F un fermé de E.
CA (A ∩ F ) = A ∩ CE F qui est un ouvert de TA donc A ∩ F fermé de TA . u
t

Proposition V.1.87.
i) Tout ouvert de A est un ouvert de E si et seulement si A est un ouvert de E.
ii) Tout fermé de A est un fermé de E si et seulement si A est un fermé de E.

Démonstration La preuve est laissée en exercice. u


t

Proposition V.1.88. Si (E, T ) est un espace topologique séparé alors (A, TA )


est séparé.

Démonstration Soient a, b ∈ A et a 6= b. Comme (E, T ) est séparé, il existe


Θ1 ∈ T , Θ2 ∈ T avec a ∈ Θ1 , b ∈ Θ2 et Θ1 ∩ Θ2 = ∅.
On pose Θ1A = A ∩ Θ1 et Θ2A = A ∩ Θ2 qui sont deux ouverts de TA qui
contiennent respectivement a et b. En plus

Θ1A ∩ Θ2A = (A ∩ Θ1 ) ∩ (A ∩ Θ2 ) = A ∩ (Θ1 ∩ Θ2 ) = ∅.

donc (A, TA ) est séparé. u


t

V.1.39. Espaces produits


Q
On considère (Ei , Ti )i∈I une famille d’espaces topologiques. On pose E = Ei .
i∈I
Pour tout x ∈ E, x = (xi )i∈I . On définit

pi : E → E i
x 7−→ xi projection sur Ei .

Définition V.1.89. On appelle topologie produit sur E engendrée par (Ei , Ti ) la


topologie initiale Tp définie par pi : E → (Ei , Ti ).

Proposition V.1.90. Une base de Tp est donnée par


Y
B = {Θ = Θi / ∃J ⊂ I, J fini tel que : ∀j 6∈ J Θj = Ej et si j ∈ J, Θj ∈ Tj }.
i∈I

Démonstration La preuve est laissée au lecteur! u


t
§ V.1. Topologie initiale et applications 55

Remarque On a p−1
Q 0
j (Θj ) = Θi avec
i∈I
( 0
i 6= jΘi = Ei
0
i = jΘi = Θj .

Exemple : (Produit fini d’espaces topologiques)


On considère (E1 , T1 ), · · ·, (En , Tn ) des espaces topologiques. On pose
E = E1 × E2 × · · · × En . Une base de Tp est donnée par

B ={p−1 −1
1 (Θ1 ) ∩ · · · ∩ pn (Θn ) / Θi ∈ Ti }
={Θ1 × Θ2 × · · · × Θn / ∀i ∈ {1, · · · , n} Θi ∈ Ti }.

Remarque On considère
f : (X, T ) → (E, Tp )
x 7−→ f (x) = (fi (x))i∈I .
f est continue si et seulement si chacune de ses composantes est continue.

Proposition V.1.91. On suppose que I est fini.


Chaque (Ei , Ti ) pour i ∈ I est séparé si et seulement si (E, Tp ) est séparé.

Démonstration On considère a, b ∈ E et a 6= b.
Il existe io ∈ I tel que aio 6= bio , or Eio séparé donc il existe deux ouverts

Θ1io , Θ2io ∈ Tio / aio ∈ Θ1io , bio ∈ Θ2io et Θ1io ∩ Θ2io = ∅.

Soit Θ1 = Θi tel que i 6= io , Θi = Ei et i = io , Θio = Θ1io . On a a ∈ Θ1 ∈ Tp .


Q
i∈I
Soit Θ2 = Θi tel que i 6= io , Θi = Ei et i = io , Θio = Θ2io . On a b ∈ Θ2 ∈ Tp .
Q
i∈I
Comme Θ1 ∩ Θ2 = ∅ alors (E, Tp ) séparé.
Réciproquement: Soit j ∈ I tel que xj 6= yj , xj , yj ∈ Ej .
On considère a = (ai )i∈I un point de E tel que aj = xj et b le point de E tel que
bi = ai pour i 6= j et bj = yj . On a a 6= b ( on les a fabriqués pour ça!!)
E étant séparé il existe deux ouverts Θ(a) et Θ(b) de E tels que a ∈ Θ(a) et
b ∈ Θ(b) et Θ(a) ∩ Θ(b) = ∅.
0
Θ(a) (resp. Θ(b)) est le produit d’un ouvert Uj (resp. Uj ) de Ej avec le produit
0 0
d’une famille d’ouverts (Wi )i6=j (resp. (Wi )i6=j ) avec xj ∈ Uj et yj ∈ Uj .
0 0
Nécessairement on a Uj ∩ Uj = ∅. Sinon il existe z = (zi )i∈I avec zj ∈ Uj ∩ Uj et
zi = ai pour i 6= j. On a z ∈ Θ(a) ∩ Θ(b). Ce qui est impossible.
0
Donc Uj et Uj sont des voisinages disjoints de xj et yj respectivement dans Ej .
D’où Ej est séparé. u
t
56 V. Construction d’espaces topologiques

Remarque Dans le cas où I est infini, le résultat reste valable. Pour la preuve on
utilise les projections et on modifie légèrement la preuve ci-dessus.

Définition V.1.92. Soit (E, T ) un espace topologique.


On appelle diagonale de E × E la partie ∆ = {(x, x) / x ∈ E}.

Proposition V.1.93. Si (E, T ) est séparé alors ∆ est fermé dans (E × E, Tp ).

Démonstration On considère (xo , yo ) ∈ CE×E ∆. Ce qui implique que


(xo , yo ) 6∈ ∆, donc xo 6= yo .
Il existe Θ1 un ouvert de E contenant xo et Θ2 un ouvert de E contenant yo tels
que Θ1 ∩ Θ2 = ∅ et (xo , yo ) ∈ Θ1 × Θ2 ∈ Tp . On a (Θ1 × Θ2 ) ∩ ∆ = ∅ car si
(x, y) ∈ Θ1 × Θ2 alors x 6= y donc (x, y) 6∈ ∆.
Θ1 × Θ2 ⊂ CE×E ∆ donc ∆ est fermé. u
t

0
Proposition V.1.94. Soient (E, T ) et (F, T ) des espaces topologiques,
f, g : E → F continues.
0
Si (F, T ) est séparé alors {x ∈ E / f (x) = g(x)} est fermé dans (E, T ).

Démonstration On considère

h : E →F ×F
x 7−→ (f (x), g(x)).

h est continue car chacune de ses composantes est continue.


Aussi {x ∈ E / f (x) = g(x)} = h−1 {(y, y) / y ∈ F }, or {(y, y) / y ∈ F } est fermé
d’après la proposition V.1.93. Comme h est continue donc h−1 ({(y, y) / y ∈ F })
est fermé dans E. u t

0
Proposition V.1.95. Soient (E, T ) et (F, T ) des espaces topologiques,
f, g : E → F continues.
0
On considère D une partie dense de E. Si (F, T ) est séparé et si :
∀x ∈ D f (x) = g(x) alors ∀x ∈ E f (x) = g(x).

Démonstration On sait, d’après proposition V.1.94, que {x ∈ E / f (x) = g(x)}


est fermé. Aussi D ⊂ {x ∈ E / f (x) = g(x)}.

D ⊂ {x ∈ E / f (x) = g(x)} ⊂ E.

Or D = E donc E = {x ∈ E / f (x) = g(x)}. u


t
§ V.2. Topologie quotient 57

V.2. Topologie quotient


On considère E un ensemble non vide, R une relation d’équivalence sur E.
E/R : l’ensemble des classes d’équivalence de E pour la relation R.
C ∈ E/R ⇐⇒ si x ∈ C, C = {y ∈ E / xRy}.
On munit E d’une topologie T et on considère la surjection canonique :
s : E → E/R
x 7−→ s(x).
Où s(x) est la classe d’équivalence de x donc s(x) = {y ∈ E / xRy}.
On définit l’ensemble Tq = {A ∈ E/R / s−1 (A) ∈ T }.

Proposition V.2.96. Tq est une topologie sur E/R et s est continue de (E, T )
dans (E/R, Tq ).

Démonstration
E/R ∈ Tq car s−1 (E/R) = E ∈ T .
∅ ∈ Tq car s−1 (∅) = ∅ ∈ T .
0 0 0 0
Soient A, A ∈ Tq s−1 (A ∩ A ) = s−1 (A) ∩ s−1 (A ) ∈ T , donc A ∩ A ∈ Tq .
Soit (Ai )i∈I une famille d’éléments de Tq ; on a s−1 (∪i∈I Ai ) = ∪i∈I s−1 (Ai ) ∈ T
car s−1 (Ai ) ∈ T pour tout i ∈ I.
s : (E, T ) → (E/R, Tq ) est continue, par construction de Tq . u t

Théorème V.2.97. Tq est la plus fine des topologies définies sur E/R telle que
la surjection canonique s : (E, T ) → (E/R, Tq ) est continue.
0
Démonstration Soit T une topologie sur E/R telle que
0 0
s : (E, T ) → (E/R, T ) continue. On prend A ∈ T , comme s est continue on a
0
s−1 (A) ∈ T , donc A ∈ Tq . D’où T  T . u
t

Définition V.2.98. Tq est appelée topologie quotient associée à (E, T ).


0
Proposition V.2.99. Soit (X, T ) un espace topologique, et
0
f : (E/R, Tq ) → (X, T ) alors f est continue si et seulement si
0
f ◦ s : (E, T ) → (X, T ) est continue.

Démonstration f continue entraine que f ◦ s continue car composition de deux


fonctions continues.
0
On suppose que f ◦ s continue. Soit B ∈ T , (f ◦ s)−1 (B) = s−1 (f −1 (B)) ∈ T ,
donc f −1 (B) ∈ Tq . D’où f continue. u
t
Chapitre VI

Connexité

Résumé : Ce chapitre introduit la connexité, un outil important en topologie.


Après avoir donné une caractérisation des espaces connexes, on donne une
application sur les parties connexes de IR.
On termine le chapitre par des résultats sur la composante connexe, la connexité
par arcs et les espaces topologiques localement connexes.

On considère (E, T ) un espace topologique.

Définition V.2.100.
i) E est dit connexe si pour tous ouverts Θ1 et Θ2 tels que E = Θ1 ∪ Θ2 et
Θ1 ∩ Θ2 = ∅ alors Θ1 = ∅ ou bien Θ2 = ∅.
ii) Une partie A de E est dite connexe si elle est connexe pour la topologie
induite par celle de E.
iii) E est dit connexe par arcs si, pour tout couple (a, b) ∈ E × E, il existe une
application continue f : [0, 1] → E telle que f (0) = a et f (1) = b.

Remarque A ⊂ E, A connexe si et seulement si pour tous ouverts Θ1 , Θ2 de E


tels que
(A ∩ Θ1 ) ∩ (A ∩ Θ2 ) = ∅ et A = (A ∩ Θ1 ) ∪ (A ∩ Θ2 )
alors A ∩ Θ1 = ∅ ou bien A ∩ Θ2 = ∅.

VI.1. Caractérisation des espaces connexes

Théorème VI.1.101. A une partie de (E, T ) est connexe si et seulement si


toute application continue de A à valeurs dans {0, 1} muni de la topologie
discrête est constante.
60 VI. Connexité

Démonstration On suppose que A est connexe. Soit f : A → {0, 1} continue.


Supposons que f n’est pas constante, donc il existe a ∈ A tel que f (a) = 0 et
0 0
a ∈ A tel que f (a ) = 1.
On pose
0
Θ1 = f −1 ({0}) 0 0
0 Θ1 et Θ2 sont des ouverts de A non vides.
−1
Θ2 = f ({1})
0 0 0 0
Θ1 ∩ Θ2 = ∅ et de plus A = Θ1 ∪ Θ2 ce qui est impossible car A est connexe.
0 0
Réciproquement: On suppose que A n’est pas connexe, donc il existe Θ1 , Θ2
0 0 0 0 0 0
ouverts de A tels que Θ1 6= ∅, Θ2 6= ∅, Θ1 ∩ Θ2 = ∅ et A = Θ1 ∪ Θ2 .
On considère
f : A → {0, 1}
 0
 si x ∈ Θ1 f (x) = 0,
x 7−→
 si x ∈ Θ0 f (x) = 1.
2

L’application f : A → {0, 1} muni de la topologie discrête est continue car

f −1 (∅) = ∅ 


f −1 ({0, 1}) = A 


0 sont des ouverts de A.
f −1 ({0}) = Θ1 



0 
−1
f ({1}) = Θ2

Comme f n’est pas constante sur A, c’est impossible, donc A est connexe. u
t

VI.2. Proprietés

Proposition VI.2.102. L’ensemble E est connexe si et seulement si seuls ∅ et E


sont les parties de E à la fois ouvertes et fermées.

Démonstration On suppose que E est connexe.


Soit A ⊂ E tel que A est ouvert et fermé. Donc A ouvert et CE A est ouvert et on
sait que A ∩ CE A = ∅ et E = A ∪ CE A donc A = ∅ ou CE A = ∅, d’où A = ∅ ou
A = E.
Réciproquement : Soient Θ1 et Θ2 des ouverts de E, disjoints tels que
E = Θ 1 ∪ Θ2 .
Θ1 ouvert, on a aussi CE Θ1 = Θ2 qui est un ouvert ce qui entraine que Θ1 fermé,
donc Θ1 = ∅ ou Θ1 = E, d’où E connexe. u t
§ VI.2. Proprietés 61

Proposition VI.2.103. Toute réunion d’ensembles connexes dont l’intersection


deux à deux est non vide est connexe.

Démonstration On considère (Ci )i∈I une famille d’espaces connexes de E.


0
Soit C = ∪i∈I Ci , telle que pour tous i, i ∈ I Ci ∩ Ci0 6= ∅.
Soit f une fonction continue de C à valeurs dans {0, 1} muni de la topologie
discrête. Pour io ∈ I f|Cio est constante car Cio est connexe. Donc si xio ∈ Cio
pour tout x ∈ Cio f (x) = f (xio ). Pour tout i ∈ I f|Ci est constante et
Ci ∩ Cio 6= ∅ donc il existe xi ∈ Ci ∩ Cio et pour tout x ∈ Ci f (x) = f (xi ).
Or xi ∈ Cio donc f (xi ) = f (xio ). D’où f (x) = f (xio ) pour tout x ∈ Ci .
f est constante sur C, donc C connexe. u
t

Proposition VI.2.104. Si C est une partie connexe de E alors si A est une


partie de E telle que C ⊂ A ⊂ C alors A est connexe. En particulier C est
connexe.

Démonstration On considère f : A → ({0, 1}, discret) continue.


f|C est continue donc f est constante sur C.
On suppose que : ∀x ∈ C, f (x) = 0. Supposons qu’il existe a ∈ A tel que
f (a) = 1. {1} est un ouvert de {0, 1} muni de la topologie discrête, donc
f −1 ({1}) est un ouvert de A.
f −1 ({1}) ∩ C 6= ∅ car A ⊂ C. Donc il existe c ∈ C tel que f (c) = 1, ce qui est
impossible. Donc pour tout a ∈ A f (a) = 0, f constante sur A. u t

Proposition VI.2.105. Soit A ⊂ E.


0
Si A est connexe et f : A → (X, T ) est continue alors f (A) est connexe.

0
Démonstration On suppose que f (A) n’est pas connexe dans (X, T ).
0 0 0 0
Il existe Θ1 , Θ2 ouverts non vides de f (A), disjoints, tels que f (A) = Θ1 ∪ Θ2 .
0 0 0
f −1 (Θ1 ) = Θ1 Θ1 = f (A) ∩ ∨1 ∨1 ∈ T ,
0 0 0
f −1 (Θ2 ) = Θ2 Θ2 = f (A) ∩ ∨2 ∨2 ∈ T .

Or
0
f −1 (Θ1 ) = {x ∈ A / f (x) ∈ f (A) ∩ ∨1 } = {x ∈ A / f (x) ∈ ∨1 } = f −1 (∨1 ).
0
On a de même f −1 (Θ2 ) = f −1 (∨2 ). Donc Θ1 , Θ2 ouvets de A, disjoints, non
vides. A = Θ1 ∪ Θ2 impossible. u t
62 VI. Connexité

VI.3. Parties connexes de IR

Théorème VI.3.106. Soient a, b ∈ IR tels que a < b, alors [a, b] est connexe
dans IR.

Démonstration Soient Θ1 , Θ2 deux ouverts de [a, b] tels que Θ1 ∩ Θ2 = ∅ et


[a, b] = Θ1 ∪ Θ2 .
Θ1 = [a, b] ∩ ω1 où ω1 ouvert de IR,
Θ2 = [a, b] ∩ ω2 où ω2 ouvert de IR.
On suppose que a ∈ Θ1 donc a ∈ ω1 .
On considère I = {x ∈ [a, b] / [a, x] ⊂ ω1 }. I 6= ∅ car a ∈ I. I est majoré par b
donc admet une borne supérieure.
Soit c cette borne supérieure on a a ≤ c ≤ b.
- a < c : Comme a ∈ ω1 ∃η1 > 0 tel que ]a − η1 , a + η1 [⊂ ω1 .
Soit γ ∈]a, a + η1 [∩]a, b[. b > γ > a et [a, γ] ⊂]a − η1 , a + η1 [⊂ ω1 , donc γ ∈ I
d’où c ≥ γ > a.
- c = b : On suppose que c < b. Si c ∈ ω1 , il va exister η2 tel que
]c − η2 , c + η2 [⊂ ω1 .
Soit γ ∈]c, c + η2 [∩]c, b[, on a [c, γ] ⊂ [a, b] et [c, γ] ⊂ ω1 . c − η2 < c, il existe
δ ∈ I tel que c − η2 < δ ≤ c donc [a, δ] ⊂ ω1 .
Par ailleurs on a [a, γ] = [a, δ] ∪ [δ, γ].
)
[δ, γ] ⊂ [a, b]
[a, γ] ⊂ ω1 ,
et [δ, γ] ⊂]c − η2 , c + η2 [⊂ ω1
donc γ ∈ I et γ > c, impossible.
Si c ∈ ω2 , il existe η3 > 0 tel que ]c − η3 , c + η3 [⊂ ω2 .
c − η3 < c, il existe ν ∈ I tel que c − η3 < ν ≤ c ce qui entraine que [a, ν] ⊂ ω1
donc ν ∈ ω1 ∩ [a, b]. ν ∈ ω2 ∩ [a, b].
Or (ω1 ∩ [a, b]) ∩ (ω2 ∩ [a, b]) = ∅, il en résulte donc que c ≥ b d’où c = b.
- b ∈ ω2 , il existe η4 > 0 tel que ]b − η4 , b + η4 [⊂ ω2 .
b − η4 < b, il existe ν1 ∈ I tel que b − η4 < ν1 ≤ b.
)
[a, ν1 ] ⊂ ω1 , ν1 ∈ [a, b] ∩ ω1
impossible car les deux ensembles sont disjoints.
ν1 ∈ [a, b] ∩ ω2
Donc b ∈ ω1 .
b ∈ ω1 , il existe η5 > 0 tel que ]b − η5 , b + η5 [⊂≤1 .
b − η5 < b, il existe ν2 ∈ I tel que b − η5 < ν2 ≤ b. [a, γ2 ] ⊂ ω1
[ν2 , b] ⊂]b − η5 , b + η5 [⊂ ω1 , or [a, b] = [a, ν2 ] ∪ [ν2 , b] ⊂ ω1 donc b ∈ I.
D’où Θ1 = [a, b] et Θ2 = ∅, donc [a, b] connexe. u t
§ VI.4. Composante connexe et connexité par arcs 63

Théorème VI.3.107. (Caractérisation des intervalles)


Les parties connexes de IR sont les intervalles.

Démonstration Soit C une partie connexe de IR, non vide. Soient x et y ∈ C


tels que x < y.
On veut montrer que [x, y] ⊂ C. On suppose que [x, y] n’est pas inclus dans C,
donc il existe z ∈]x, y[ tel que z 6∈ C.
C = (] − ∞, z[) ∪ (]z, +∞[), or ] − ∞, z[6= ∅ car contient x et ]z, +∞[ est non
vide car contient y. Ce qui est absurde car C est connexe donc z ∈ C. C est un
intervalle de IR.
On prend a et b tels que a < b.

b−a
[a, b[ = ∪n>1 [a, b − ] est connexe,
n
b−a b−a
]a, b[ = ∪n>1 [a + , b− ] est connexe,
n n
[a, +∞[ = ∪n>1 [a, a + n] est connexe. u
t

Corollaire VI.3.108. On considère f : I → IR continue où I est un intervalle


non vide.
Soient a, b ∈ I, pour tout y compris entre f (a) et f (b), il existe x compris entre a
et b tel que y = f (x).

Démonstration On suppose que a < b. f ([a, b]) est connexe dans IR donc
f ([a, b]) est un intervalle.
f (a) ∈ f ([a, b]), f (b) ∈ f ([a, b]) et y est compris entre f (a) et f (b) alors
y ∈ f ([a, b]). Il existe donc x ∈ [a, b] tel que y = f (x). u t

VI.4. Composante connexe et connexité par arcs

Définition VI.4.109. Deux éléments a et b de E sont dits connectés s’il existe


une partie connexe C ⊂ E qui les contient.
La relation “les points a et b sont connectés” est une relation d’équivalence. La
seule difficulté est la transitivité qu’on démontre par le fait que la réunion de
deux parties connexes d’intersection non vide est connexe. Les classes
d’équivalence pour cette relation sont appelées composantes connexes.

Proposition VI.4.110. La composante connexe d’un point a ∈ E est le plus


grand ensemble connexe contenant a.
64 VI. Connexité

Démonstration La composante connexe de a est la réunion des parties


connexes de E qui contiennent a. Or elle est connnexe d’après la proposition
VI.2.103. Donc c’est la plus grande partie connexe qui contient a. u
t

Remarque La composante connexe est fermée. En effet son adhérence est connexe
donc lui est égale.

Proposition VI.4.111. Un espace topologique connexe par arcs est connexe.

Démonstration Soit a ∈ E. Pour tout x ∈ E il existe une partie Ax qui contien


a et x car se sont deux points connectés. Or E = ∪x∈E Ax donc E est connexe car
réunion d’ensembles connexes d’intersection non vide. u
t

AT T EN T ION !! : Un espace connexe n’est pas forçément connexe par arc.

VI.5. Espaces localement connexes

Définition VI.5.112. L’espace topologique E est dit localement connexe si tout


point admet un système fondamental de voisinages connexes.

Proposition VI.5.113. Dans un espace topologique localement connexe, chaque


composante connexe est à la fois ouverte et fermée.

Démonstration On sait que la composante connexe est fermée. Il reste donc à


montrer qu’elle est ouverte. Comme chaque point admet un système fondamental
de voisinages connexes alors la composante connexe de chaque point est voisnage
de chacun de ses points donc ouverte. ut

Exemple :
- IR est localement connexe car les intervalles ]a − ε, a + ε[, ε > 0 constituent un
système fondamental de voisinages connexes pour a.
- IRn , Cl n sont localement connexes.
- Tout sous espace ouvert d’un espace topologique localement connexe est
localement connexe.
Chapitre VII

Espaces topologiques compacts

Résumé : L’une des finalités du cours de topologie est la compréhension et


l’utilisation des compacts. L’idée étant de les manipuler comme on manipule les
points.
On se sert donc de la notion de filtre et d’ultrafiltre pour démontrer le théorème
de Thikhonov qui est très important.
On donne également quelques résultats sur la compacité locale et sur la compacité
dans IRn , n ≥ 1.

VII.1. Définitions et exemples

Définition VII.1.114.
- (E, T ) un espace topologique est compact si on a :
i) (E, T ) séparé,
ii) de toute famille d’ouverts (Θi )i∈I de E telle que E = ∪i∈I Θi , il existe une
partie finie J de I telle que E = ∪j∈J Θj .
- Si (E, T ) est un espace topologique séparé, une partie K de E est dite
compacte si elle est compacte pour la topologie induite par celle de E.

Remarque Soit (E, T ) un espace topologique séparé, K ⊂ E est compact si et


seulement si de toute famille d’ouverts (Θi )i∈I de E telle que K ⊂ ∪i∈I Θi , il
existe J fini, J ⊂ I telle que K ⊂ ∪j∈J Θj .

Exemple : Soit (E, T ) un espace topologique séparé.


- ∅ n’est pas compact car ∅ n’est pas séparé.
- Si E 6= ∅, pour tout x ∈ E {x} est compact.
66 VII. Espaces topologiques compacts

Théorème VII.1.115. Soit a, b ∈ IR, a < b.


[a, b] est un compact de IR.

Démonstration Soit (Θi )i∈I une famille d’ouverts de IR telle que


[a, b] ⊂ ∪i∈I Θi .
On note Pf (I) l’ensemble des parties finies de I. On considère

J = {x ∈ [a, b] / ∃J ∈ Pf (I) et [a, x] ⊂ ∪j∈J Θj }.

J 6= ∅ car a ∈ J ,
en effet [a, b] ⊂ ∪i∈I Θi il existe io ∈ I tel que a ∈ Θio [a, a] ⊂ ∪j∈{io } Θj .
Soit c = sup J on a a ≤ c ≤ b.
On a : a < c. En effet a ∈ Θio , il existe η1 > 0 tel que ]a − η1 , a + η1 [⊂ Θio .
Soit α ∈]a, a + η1 [∩]a, b[. On a α > a
Aussi [a, α] ⊂ [a, b]
[a, α] ⊂]a − η1 , a + η1 [⊂ Θio = ∪j∈{io } Θj
α ∈ J donc c ≥ α > a.
On suppose que c < b, il existe i1 ∈ I tel que c ∈ Θi1 .
Il existe η2 > 0 tel que ]c − η2 , c + η2 [⊂ Θi1 .
c − η2 < c, il existe β ∈ J tel que c − η2 < β ≤ c.
Soit γ ∈]c, c + η2 [∩]a, b[.
β ∈ J , il existe Jo ∈ Pf (I) tel que [a, β] ⊂ ∪j∈Jo Θj . On a γ ∈ [a, b]
[β, γ] ⊂]c − η2 , c + η2 [⊂ Θi1 .
[a, γ] = [a, β] ∪ [β, γ] ⊂ Θi1 ∪ ∪j∈Jo Θj .
J = Jo ∪ {i1 } ∈ Pf (I) et [a, γ] ⊂ ∪j∈J Θj . Donc γ ∈ J . Impossible.
D’où b = c.
b ∈ ∪j∈I Θj , il existe i2 ∈ I tel que b ∈ Θi2 .
Il existe η3 > 0 tel que ]b − η3 , b + η3 [⊂ Θi2 .
b − η3 < b, il existe δ ∈ J tel que b − η3 < δ < b.
δ ∈ J , il existe J1 ∈ Pf (I) tel que
[a, δ] ⊂ ∪j∈J1 Θj .
[δ, b] ⊂ Θi2
[a, b] = [a, δ] ∪ [δ, b] ⊂ ∪j∈J1 Θj ∪ Θi2 .
On pose J = J1 ∪ {i2 } ∈ Pf (I).
[a, b] ⊂ ∪j∈J Θj donc b ∈ J . endgraf D’où [a, b] est compact. u
t
§ VII.2. Caractérisation des compacts 67

VII.2. Caractérisation des compacts

Théorème VII.2.116. Soit (E, T ) un espace topologique séparé.


(E, T ) est compact si et seulement si pour toute famille (Fi )i∈I de fermés de E
telle que toute sous-famille finie a une intersection non vide alors ∩i∈I Fi 6= ∅.

Remarque (∀J ∈ Pf (I) ∩j∈J Fj 6= ∅ =⇒ ∩i∈I Fi 6= ∅) ⇐⇒ (E, T ) compact .

Démonstration On suppose que (E, T ) est compact.


Soit (Fi )i∈I ) une famille de fermés de E telle que ∀J ∈ Pf (I) ∩j∈J Fj 6= ∅. On
suppose que ∩i∈I Fi = ∅.
Donc CE (∩i∈I Fi ) = ∪i∈I CE Fi = E, soit Θi = CE Fi , Θi est un ouvert de (E, T ).
E = ∪i∈I Θi , E compact donc il existe J ∈ Pf (I) tel que E = ∪j∈J Θj donc
CE ∪j∈J Θj = ∅.
D’où ∩j∈J CE Θj = ∅ ce qui entraine que ∩j∈J Fj = ∅. Absurde.
Réciproquement : On suppose que pour (Fi )i∈I une famille de fermés de E telle
que pour tout J ∈ Pf (I) ∩j∈J Fj 6= ∅ alors ∩i∈I Fi 6= ∅.
Soit (Θi )i∈I une famille d’ouverts de E telle que E = ∪i∈I Θi . Donc
CE ∪i∈I Θi = ∩i∈I CE Θi = ∅. Soit Fi = CE Θi alors Fi est fermé et ∩i∈I Fi = ∅.
Donc il existe J ∈ Pf (I) / ∩j∈J Fj = ∅,
donc E = CE ∩j∈J Fj = ∪j∈J CE Fj = ∪j∈J Θj . D’où E est compact. u t

Théorème VII.2.117. Soit (E, T ) un espace topologique séparé.


(E, T ) est compact si et seulement si tout filtre F de E admet au moins un point
adhérent dans E.

Démonstration On suppose que (E, T ) est compact.


Soit F un filtre de E. adh(F) = ∩F ∈F F .
Soit F1 , · · · , Fn ∈ F ∩ni=1 Fi ⊃ ∩ni=1 Fi ∈ F donc ∩ni=1 Fi 6= ∅, d’où ∩ni=1 Fi 6= ∅.
D’après le théorème VII.2.116, ∩F ∈F F 6= ∅, donc adh(F) 6= ∅.
Réciproquement : On suppose que tout filtre de E a au moins une valeur
d’adhérence.
Soit (Fi )i∈I une famille de fermés de E telle que ∀J ∈ Pf (I) ∩j∈J Fj 6= ∅.
Soit B = {∩j∈J Fj / J ∈ Pf (I)}, B est une base de filtre sur E.
En effet Si B ∈ B B 6= ∅.
Si B1 , B2 ∈ B on a B1 = ∩j∈J1 Fj J1 ∈ Pf (I) et B2 = ∩j∈J2 Fj J2 ∈ Pf (I).
B1 ∩ B2 = ∩j∈J1 Fj ∩ ∩j∈J2 Fj = ∩j∈J1 ∪J2 Fj ∈ B.
Appellons F le filtre engendré par B.
68 VII. Espaces topologiques compacts

adh(F) = ∩B∈B B. Aussi adh(F) = ∩i∈I Fi = ∩i∈I Fi .


En effet ∩i∈I Fi ⊂ ∩B∈B B ⊂ ∩B∈B B = adh(F). adh(F) = ∩B∈B B.
Si B ∈ B on a adh(F) ⊂ B.
Pour i ∈ I on prend B = Fi , donc adh(F) ⊂ Fi = Fi ∀i ∈ I.
Donc adh(F) ⊂ ∩i∈I Fi , d’où adh(F) = ∩i∈I Fi .
Or adh(F) 6= ∅ donc ∩i∈I Fi 6= ∅. D’après théorème VII.2.116, E est compact. u
t

Théorème VII.2.118. Soit (E, T ) un espace topologique séparé alors (E, T )


est compact si et seulement si tout ultrafiltre de parties de E est convergent dans
E.

Démonstration On suppose que (E, T ) est compact et on considère U un


ultrafiltre sur E.
D’après théorème VII.2.117 U admet au moins une valeur d’adhérence donc U
converge vers cette valeur d’adhérence.
Réciproquement : On suppose que tout ultrafiltre sur E converge dans E.
Soit F un filtre sur E, soit U un ultrafiltre contenant F. U converge vers l ∈ E.
l ∈ adh(F).
En effet adh(U) = ∩U ∈U U ⊂ ∩F ∈F F . Donc l ∈ ∩F ∈F F .
Soit V ∈ V(l), il existe Uo ∈ U tel que Uo ⊂ V .
Soit F ∈ F, on a F ∈ U donc F ∩ Uo ∈ U ce qui entraine que F ∩ Uo 6= ∅.
V ∩ F ⊃ F ∩ Uo 6= ∅ soit V ∩ F 6= ∅ donc l est un point adhérent à F. ut

Corollaire VII.2.119. Si (E, T ) est compact toute suite d’éléments de E a une


valeur d’adhérence dans E.

Démonstration Il suffit de considèrer pour une suite (xn )n∈IN la famille des
Xn = {xk / k ≥ n} qui est une base de filtre.
T
Donc adh(xn ) = n∈IN X n 6= ∅. ut

VII.3. Propriétés

Théorème VII.3.120. Soit (E, T ) un espace topologique séparé.


Si K est compact dans (E, T ) alors K est un fermé de E.

Démonstration Soit x ∈ CE K, x 6∈ K.
Soit y ∈ K, E étant séparé il existe Uy ∈ V(x) et Vy ∈ V(y) tels que Uy ∩ Vy = ∅
(On les prend ouverts).
On a K ⊂ ∪y∈K Vy car y ∈ Vy . Comme K est compact, il existe y1 , · · · , yn ∈ K
tels que K ⊂ ∪ni=1 Vyi .
On pose U = ∩ni=1 Uyi ∈ V(x). On a U ∩ ∪ni=1 Vyi = ∅, d’où U ∩ K = ∅
donc U ⊂ CE K qui est un ouvert d’où K est fermé. u t
§ VII.4. Compacité et continuité 69

Théorème VII.3.121. On considère toujours (E, T ) un espace topologique


séparé.
Si E est compact toute partie fermée de E est compacte.

Démonstration Soit K une partie fermée de E.


Soit (Fi )i∈I une famille de fermés de K telle que ∀J ∈ Pf (I) ∩j∈J Fj 6= ∅.
Comme K est fermé dans E alors chaque Fi est fermé dans E donc ∩i∈I Fi 6= ∅
dans E donc K est un compact. u t

Corollaire VII.3.122. Les compacts de IR sont les parties bornées et fermées de


IR.

Démonstration Soit K un compact de IR. On a K est fermé.


K ⊂ ∪n∈IN ] − n, n[, il existe n1 , · · · , nN ∈ IN tels que K ⊂ ∪N
i=1 ] − ni , ni [.
On pose M = max(n1 , · · · , nN ) donc K ⊂] − M, M [. ∀x ∈ K |x| ≤ M donc K
borné.
Réciproquement : Soit K un fermé borné de IR.
Il existe M ∈ IR+ tel que pour tout x ∈ K |x| ≤ M donc K ⊂] − M, M [.
Or [−M, M ] est un compact et K est un fermé, donc K est compact. u
t

VII.4. Compacité et continuité

0
Théorème VII.4.123. On considère (E, T ) et (F, T ) deux espaces
topologiques séparés, f : E → F continue.
Si K est un compact de E alors f (K) est un compact de F .

0
Démonstration Soit K = f (K).
0 0
Soit (Θi )i∈I une famille d’ouverts de (F, T ) telle que K ⊂ ∪i∈I Θi .
0 0 0
f −1 (K ) ⊂ f −1 (∪i∈I Θi ) = ∪i∈I f −1 (Θi ).
0 0
On sait que K ⊂ f −1 (K ). Aussi Θi = f −1 (Θi ) est un ouvert de E car f
continue. Donc K ⊂ ∪i∈I Θi , K étant un compact, il existe J ∈ Pf (I) tel que
K ⊂ ∪j∈J Θj .
Il en résulte que
0
f (K) ⊂ f (∪j∈J Θj ) = ∪j∈J f (Θj ) ⊂ ∪j∈J Θj .
0 0 0
Donc K ⊂ ∪j∈J Θj . D’où K est compact. u
t
70 VII. Espaces topologiques compacts

Corollaire VII.4.124. Soit (E, T ) un espace topologique séparé, f : E → IR


continue.
Si K est une partie compacte de E alors f admet sur K un maximum et un
minimum.

Démonstration Soit K une partie compacte de E.


f (K) est un compact de IR donc un fermé et un borné. On a donc inf f (K) ∈ IR
et sup f (K) ∈ IR.
Or inf f (K) ∈ f (K) = f (K) et sup f (K) ∈ f (K) = f (K). u
t

Corollaire VII.4.125. Soit (E, T ) un espace topologique séparé, f : E → IR


continue.
Si K est un compact de E et si pour tout x ∈ K f (x) > 0 alors il existe α > 0 tel
que ∀x ∈ K f (x) ≥ α > 0.

Démonstration D’après le corollaire VII.4.124 f atteint son maximum et son


minimum sur K. On prend α comme étant égal au minimum qui est strictement
supérieur à zéro d’après l’hypothèse (∀x ∈ K f (x) > 0). u
t

0
Théorème VII.4.126. Soient (E, T ) et (F, T ) deux espaces topologiques
séparés, et f : E → F continue bijective.
0
Si E est compact alors f est un homéomorphisme de (E, T ) sur (F, T ).

Démonstration L’image réciproque par f de tout fermé de F est un fermé de


E.
Soit G un fermé de E, comme E est compact et f étant continue on a f (G) est
un compact de F . Or F est séparé donc f (G) est fermé.
f −1 : F → E est continue. D’où le résultat. u
t

VII.5. Compacité dans les espaces produits

Soit (Ei , Ti )i∈I une famille d’espaces topologiques séparés.


Q
On considère E = Ei , on munit E de la topologie produit Tp . Une base de Tp
i∈I
est
Y
B = {Θ / Θ = Θi , ∃J ∈ Pf (I) tel que ∀j ∈ J Θj ∈ Tj , i 6∈ J Θi = Ei }.
i∈I

Tp est séparé.
§ VII.5. Compacité dans les espaces produits 71

Théorème VII.5.127. [Tikhonov]


Chaque Ei est un compact si et seulement si E est un compact.

Démonstration On considère U un ultrafiltre sur E, pi (U) est une base de filtre


de Ei . Donc il existe un filtre Fi tel que pi (U) en est une base.
Q
Fi est un ultrafiltre. En effet soit A une partie de Ei . On pose X = j∈I Xj où
Xj = Ej si j 6= i et Xj = A si j = i.
X est une partie de E, or U ultrafiltre sur E donc X ∈ U ou bien CE X ∈ U.
- 1er cas : X ∈ U, pi (X) ∈ pi (U) donc pi (X) ∈ Fi . Or pi (X) = A ( par
construction).
- 2ème cas : CE X ∈ U, pi (CE X) ∈ pi (U) d’où pi (CE X) ∈ Fi .

CE X = {x ∈ E / x 6∈ X} = {x ∈ E / xi 6∈ A}.
0 0
On pose Xj = Xj pour j 6= i et Xj = CEi A pour j = i.
Y 0 Y 0 0
CE X = Xj et pi (CE X) = pi ( Xj ) = X i = C Ei A ∈ F i .
j∈I j∈I

Donc Fi est un ultrafiltre sur Ei . Comme Ei est compact alors Fi converge vers
li ∈ E i .
On pose l = (li )i∈I . L’objectif est de montrer que U converge
Q vers l. Soit Θ un
ouvert de E appartenant à la base de Tp contenant l. Θ = i∈I Θi avec J ∈ Pf (I)
tel que si i 6∈ J Θi = Ei et si j ∈ J Θj ∈ Tj .
On a li ∈ Θi ∀i ∈ I. Pour tout j ∈ J Θj ∈ V(lj ), Fj converge vers lj il existe
Fj ∈ Fj tel que Fj ⊂ Θj .
Or pj (U) base de Fj donc il existe Uj ∈ U tel que pj (Uj ) ⊂ Fj donc pj (Uj ) ⊂ Θj .
Posons U = ∩j∈J Uj ∈ U pj (U ) ⊂ Θj ∀j ∈ J.
En plus si j 6∈ J j ∈ I pj (U ) ⊂ θj = Ej donc U ⊂ Θ ( x ∈ U , x = (xi )i∈I
xi = pi (x) xi ∈ pi (U ). Or pi (U ) ⊂ Θi donc xi ∈ Θi ). U converge donc vers l.
(E, Tp ) compact.
La réciproque est triviale, il suffit de considèrer pi (E) = Ei . u
t

Corollaire VII.5.128. Tout produit fini de compacts est un compact.

Démonstration Qui peut le plus peut le moins!!! u


t

Corollaire VII.5.129. Les parties compactes de IRn sont les parties fermées et
bornées.
72 VII. Espaces topologiques compacts

Démonstration Une partie compacte de IRn est fermée et bornée. Il suffit de


considèrer la fonction distance des points du compact à 0IRn qui est une fonction
continue.
considère une partie fermée et bornée F de IR n on sait qu’elle est contenue
Si on Q
dans nk=1 [ak , bk ] qui est un produit d’intervalles fermés et bornés de IR. Ce
produit est compact d’après le théorème de Tikhonov. La partie F est fermée et
est contenue dans un compact donc elle est compacte. u t

VII.6. Espaces localement compacts

Définition VII.6.130. (E, T ) espace topologique est dit localement compact s’il
est séparé et si chacun de ses points admet un voisinage compact.

Exemple :
- Tout espace compact est localement compact.
- IR, IRn , qui ne sont pas compacts, sont localement compacts.
Les autres proprietés liées aux espaces localement compacts vont faire l’objet
d’exercices.
Pour terminer ce chapitre on énonce le théorème important suivant :

Théorème VII.6.131. Soit E un espace localement compact et ω 6∈ E. On pose


0 0
E = E ∪ {ω}. On appelle ouvert de E soit un ouvert de E, soit une partie de la
forme {ω} ∪ V où V est le complémentaire d’un compact de E.
0
Alors E est un espace compact.

Démonstration La preuve se fait en trois étapes :


0
- On montre que les ouvets de E ainsi décrits définissent une topologie.
- Que cette topologie ainsi définie induit sur E la topologie initiale de E.
0
- Et enfin on montre que E est compact. C’est un bon exercice pour le lecteur!?
u
t
Partie III

Espaces Métriques
Chapitre VIII

Espaces métriques

Résumé : Ce chapitre constitue une application des différentes notions vues dans
les chapitres précédents.
Après avoir donné quelques définitions, on complète par des résultats sur la
complètude, la compacité et sur la topologie produit.

On considère (E, d) un espace métrique.


(E, d) est un espace topologique à base dénombrable de voisinage.

VIII.1. Propriétés

VIII.1.40. Diamètre et distance entre deux ensembles


Soient A, B ∈ P(E), A 6= ∅, B 6= ∅.

Définition VIII.1.132. On appelle diamètre de A, Φ(A) = supx∈A, y∈A d(x, y);


Φ(A) ∈ IR+ .

Si Φ(A) fini on dit que A est bornée. Si Φ(A) = +∞ on dit que A est non bornée.

Définition VIII.1.133. On appelle distance entre deux ensembles A et B,


δ(A, B) = inf x∈A, y∈B d(x, y); δ(A, B) ∈ IR+ .
On appelle distance d’un point a ∈ E à A, d(a, A) = d({a}, A) = inf x∈A d(a, x).

VIII.1.41. Adhérence - valeur d’adhérence


76 VIII. Espaces métriques

Proposition VIII.1.134. Soit A ⊂ E.


Un point a ∈ E est adhérent à A si et seulement si il existe une suite (xn )n∈IN de
point de A qui converge vers a.

1 1
Démonstration Soit a ∈ A. On a B(a, n
) ∈ V(a) et B(a, n ) ∩ A 6= ∅.
2 2
1 1
Il existe xn ∈ A ∩ B(a, n ) donc pour tout n ∈ IN xn ∈ A et d(a, xn ) < n . Donc
2 2
xn converge vers a.
On suppose qu’il existe (xn )n∈IN ⊂ A telle que lim xn = a.
n→+∞
Pour toutε > 0, B(a, ε) ∈ V(a) ce qui entraine qu’il existe N ∈ IN tel que ∀n ≥ N
alors xn ∈ B(a, ε) donc B(a, ε) ∩ A 6= ∅. D’où a ∈ A. u
t

Proposition VIII.1.135. Soit (E, d) un espace métrique et A ⊂ E.


A est fermée si et seulement si toute suite convergente de A a sa limite dans A.

Démonstration On suppose que A = A. On sait que toute suite convergente de


A a sa limite dans A = A.
Pour la réciproque il s’agit de montrer que A ⊂ A. Soit a ∈ A, on sait d’après la
proposition précédente qu’il existe une suite d’éléments de A qui converge vers a.
Or notre hypothèse nous dit que a ∈ A. u t

Proposition VIII.1.136. Soit (xn )n∈IN ⊂ E, l ∈ adh(xn ) si et seulement si il


existe une suite extraite (xnk )k∈IN convergente vers l.

Démonstration On suppose qu’il existe une suite extraite (xnk ) convergente


vers l.

∀V ∈ V(l), ∃ko ∈ IN / ∀k ∈ IN, k ≥ ko =⇒ xnk ∈ V.

- Soit N ∈ IN, on prend k = max{ko , 1 + N } et nk ≥ k ≥ ko . xnk ∈ V .


- On pose n = nk > N donc xn ∈ V donc l ∈ adh(xn ).
Maintenant on suppose que l ∈ adh(xn ).
1 1 1
- k = 0 on considère B(l, 0 ) ε = 0 il existe n0 ∈ IN, xn0 ∈ B(l, 0 ).
2 2 2
On suppose avoir construit n0 < n1 < · · · < nk tels que
1
xni ∈ B(l, i ) 0 ≤ i ≤ k.
2
1
On considère B(l, k+1 ) ∈ V(l).
2
1
- N = nk + 1, il existe nk+1 ∈ IN tel que nk+1 > N xnk+1 ∈ B(l, k+1 ).
2
§ VIII.2. Espaces métriques complets 77

1
- nk+1 > nk et xnk+1 ∈ B(l, ).
2k+1
1
- On a pour tout k ∈ IN d(l, xnk ) < donc xnk converge vers l. u
t
2k

VIII.1.42. Continuité uniforme


0
Soient (E, d) et (F, d ) deux espaces métriques et on considère f : E → F .

Définition VIII.1.137. On dit que f est uniformément continue sur E si


0 0 0 0
∀ε > 0, ∃η > 0 / ∀x, x ∈ E d(x, x ) < η =⇒ d (f (x), f (x )) < ε.

Remarque Si f est uniformément continue alors f est continue.

Théorème VIII.1.138. On suppose que E est compact. Toute application


continue de E dans F est uniformément continue.

Démonstration On suppose que f : E → F est continue mais non


uniformément continue.
0
Il existe ε > 0 tel que pour tout n ∈ IN, on puisse trouver (xn , xn ) ∈ E × E qui
vérifie 0 0 0
d(xn , xn ) < 2−n et d (f (xn ), f (xn )) ≥ ε.
Mais E × E étant un espace métrique compact, on peut extraire de la suite
0 0
((xn , xn ))n∈IN une suite (xnk , xnk ) qui converge. Les deux suites (xnk ) et (xn0 )
k
0
convergent vers la même limite x, puisque d(xnk , xnk ) ≤ 2−nk ≤ 2−k .
En prenant la limite, puisque f est continue, on obtient
0 0 0
lim d (f (xnk ), f (xnk )) = d (f (x), f (x)) = 0,
k→+∞

0 0
ce qui est impossible, puisque d (f (xnk ), f (xnk )) ≥ ε. u
t

Définition VIII.1.139. On dit que f est lipschitzienne s’il existe k ∈ IR∗+ tel
que 0 0 0 0
∀x, x ∈ E d (f (x), f (x )) ≤ kd(x, x ).
Si f est lipschitzienne alors f est uniformément continue.
f est dite contractante si k ∈]0, 1[.

VIII.2. Espaces métriques complets


78 VIII. Espaces métriques

VIII.2.43. Suites de Cauchy

Définition VIII.2.140. La suite (xn )n∈IN est une suite de Cauchy de (E, d)
espace métrique si on a

∀ε > 0, ∃N ∈ IN / ∀p ∈ IN, ∀q ∈ IN p ≥ N q ≥ N d(xp , xq ) < ε.

Remarque
- Si (xn )n∈IN est une suite de E convergente dans E alors (xn )n∈IN est une suite
de Cauchy dans E.
- Toute suite de Cauchy de (E, d) est bornée. La vérification est laissée au
lecteur.

VIII.2.44. Espaces complets

Définition VIII.2.141. Un espace métrique (E, d) est dit complet si toute suite
de Cauchy de E converge dans E.
Tout espace de Banach est un espace métrique complet. Cependant tout espace
complet n’est pas de Banach car d ne peut pas toujours être une norme et E n’est
pas forcément un espace vectoriel.

Remarque Si une suite de Cauchy (xn )n∈IN admet une valeur d’adhérence l dans
un espace métrique (E, d) alors xn converge vers l.

Exemple : [Espaces complets]


l Cl n . - a, b ∈ IR, a < b
- Tout espace vectoriel de dimension finie : IR, IRn , C,
(C([a, b], IR), k.k∞ ).
Pour f ∈ (C([a, b], IR)) kf k∞ = sup |f (t)|.
t∈[a, b]
+∞
|xn |2 < +∞} muni de la norme
P
- l2 = {(xn )n∈IN /
n=0
+∞ 1
|xn |2 ) 2 . (l2 , k k2 ) est complet.
P
x = (xn )n∈IN kxn k2 = (
n=0
- Soient E et F deux espaces de Banach.
(L(E, F ), |||.|||) est un Banach donc un espace métrique complet.

Théorème VIII.2.142. [Cantor]


(E, d) est un espace métrique complet si et seulement si pour toute suite
décroissante de fermés non vides, de diamétre qui tend vers zéro, de (E, d) a une
intersection qui contient un point et un seul.
§ VIII.3. Théorème du point fixe 79

Démonstration La condition suffisante : Soit (xn )n∈IN une suite de Cauchy


dans E. On pose ∀n ∈ IN Fn = {xn , xn+1 , · · ·}.
Cette suite de Cauchy admet une valeur d’adhérence donc d’après la remarque
précédente (xn ) converge. Donc E est complet.
La condition nécessaire : On considère (Fn )n∈IN une suite décroissante de fermés
non vides telle que lim diam(Fn ) = 0. On prend un point xn dans chaque Fn .
n→+∞
On obtient ainsi une suite de Cauchy (xn )n∈IN . La limite de cette suite est dans
∩∞
n=0 Fn qui est donc non vide et qui ne comporte pas d’autres éléments car son
diamètre est nul. u
t

Corollaire VIII.2.143. Toute partie fermée F de E est telle que (F, d) est
complet.

Démonstration La preuve est laissée au lecteur. (Elle est immédiate!). u


t

Proposition VIII.2.144. Tout sous-espace complet F d’un espace métrique


(E, d) est fermé.

Démonstration Soit l ∈ F . Donc l est limite dans E d’une suite d’éléments de


F . Cette suite étant convergente, est de Cauchy. Comme F est complet, elle
converge dans F . La limite étant unique car E espace métrique est séparé, ceci
prouve que l ∈ F . Donc F est fermé. u t

VIII.3. Théorème du point fixe

Définition VIII.3.145. Un point fixe d’une application f d’un ensemble E dans


lui-même est un point x ∈ E tel que f (x) = x.

Théorème VIII.3.146. Soit f : (E, d) → (E, d) une application contractante.


Si (E, d) est complet alors f admet un et un seul point fixe l ∈ E.

Démonstration On prouve d’abord l’unicité : Soient a et b deux points fixes de


l’application f . On a f (a) = a et f (b) = b. Donc
d(a, b) = d(f (a), f (b)) ≤ kd(a, b). Ce qui entraine que a = b car 0 ≤ k < 1.
L’existence : Soit x0 un point quelconque de E. On pose xn+1 = f (xn ) ∀n ∈ IN.
On obtient ainsi une suite d’éléments de E. On a

d(xn+1 , xn ) = d(f (xn ), f (xn−1 )) ≤ kd(xn , xn−1 ).

Ainsi en itérant on aboutit à

d(xn+1 , xn ) ≤ k n d(x1 , x0 ).
80 VIII. Espaces métriques

Pour tout couple d’entiers p, et q tel que 1 ≤ q < p on a:

1 − k p−q
d(xp , xq ) ≤ d(xp , xp−1 ) + d(xp−1 , xp−2 ) + · · · + d(xq+1 , xq ) ≤ k q d(x1 , x0 ) .
1−k
Donc la suite (xn ) est de Cauchy, donc elle converge. Soit l sa limite. On prend la
limite dans
xn+1 = f (xn ),
on obtient, comme f est continue, f (l) = l. Donc l est un point fixe. u
t

Théorème VIII.3.147. [Baire] Si (E, d) est un espace métrique complet. Si


(Θn )n∈IN est une famille dénombrable d’ouverts dont chacun est dense dans E
alors Θ = ∩n∈IN Θn est dense dans E.

Démonstration Soit Ω un ouvert non vide de E alors on montre que Ω ∩ Θ 6= ∅.


En effet on a Ω ∩ Θ0 6= ∅ et est un ouvert, donc il existe a0 ∈ Ω ∩ Θ et
δ0 > 0 / B(a0 , δ0 ) ⊂ Ω ∩ Θ0 .
δ0 δ0
B(a0 , ) ∩ Θ1 est aussi non vide, ouvert donc il existe a1 ∈ B(a0 , ) ∩ Θ1 et il
2 2
existe
δ0 δ0
0 < δ1 < / B(a1 , δ1 ) ⊂ B(a0 , ) ∩ Θ1 .
2 2
δn−1
On suppose avoir construit B(an , δn ) ⊂ B(an−1 , ) ∩ Θn , δn < δn−1 .
2
δn δn
B(an , ) ∩ Θn+1 6= ∅ et est ouvert donc il existe an+1 et δn+1 > 0, δn+1 <
2 2
δn
tels que B(an+1 , δn+1 ) ⊂ B(an , ) ∩ Θn+1 .
2
(an )∈IN est une suite d’éléments de E telle que

δn δn−1 δ0
d(an+1 , an ) < ≤ 2 ≤ n+1 ,
2 2 2
donc (an )n∈IN est une suite de Cauchy de E donc il existe a ∈ E tel que
a = lim an .
n→+∞
0 δn
a ∈ ∩n∈IN B (an , ) ⊂ Θn ∀n ∈ IN. B(a0 , δ0 ) ⊂ Ω ∩ Θ0 ⊂ Ω, ce qui entraine que
2
a ∈ ∨. Donc a ∈ Ω ∩ ∩n∈IN Θn .
Soit x ∈ E, V ∈ V(x), il existe Ω un ouvert de E tel que x ∈ Ω et Ω ⊂ V . On sait
que Ω ∩ Θ 6= ∅ donc V ∩ Θ ⊃ Ω ∩ Θ est non vide d’où Θ est dense dans E. u t

Corollaire VIII.3.148. Si (E, d) est un espace métrique complet, si (Fn )n∈IN


est une famille dénombrable de fermés de E telle que E = ∪n∈IN Fn alors l’un au
moins de ces fermés est d’intérieur non vide, (∃n0 ∈ IN / F̊n0 6= ∅).
§ VIII.4. Compacité et complétude 81

Démonstration CE E = ∩n∈IN CE Fn . On pose Θn = CE Fn qui est un ouvert.


∩n∈IN Θn = ∅ donc ∩n∈IN Θn n’est pas dense dans E. Il existe d’après le théorème
précédent n0 ∈ IN tel que Θn0 6= E. Donc il existe x0 ∈ E \ Θn0 qui est un ouvert
donc
∃r0 > 0 / B(x0 , r0 ) ⊂ E \ Θn0 ⊂ E \ Θn0 .

E \ Θn0 = CE (CE Fn0 ) = Fn0 donc F̊n0 6= ∅. u


t

VIII.4. Compacité et complétude

(E, d) est un espace métrique.

Ensemble relativement compact

Définition VIII.4.149. L’espace métrique E est dit relativement compact si,


pour tout ε > 0, il existe un recouvrement fini de E par des ensembles dont le
diamétre est inférieur à ε.
Une partie A de E est relativement compacte si A muni de sa topologie induite
est relativement compacte.

Remarque Il est clair qu’un ensemble dont le diamètre est plus petit que ε est
contenu dans une boule de rayon ε.

Exemple : Tout compact K ⊂ E est relativement compact.

Proposition VIII.4.150. Si U est un ultrafiltre sur un ensemble E et si A et B


sont deux parties de E telles que A ∪ B ∈ U alors on a A ∈ U ou B ∈ U.

Démonstration On suppose que A 6∈ U et B 6∈ U.


L’ensemble F = {M ⊂ E / A ∪ M ∈ U} est un filtre sur E car ∅ 6∈ F (A 6∈ U).
Or B ∈ F et B 6∈ U.
Ce qui est contradictoire avec le fait que U est un ultrafiltre. u
t

Théorème VIII.4.151. Les proprietés suivantes sont équivalentes :


- (E, d) est compact.
- Toute suite (xn )n∈IN ⊂ E admet une valeur d’adhérence dans E.
- E est complet et relativement compact.
82 VIII. Espaces métriques

Démonstration On suppose que E est compact.


On sait d’après le corollaire VII.2.119 que toute suite de E posséde une valeur
d’adhérence. Soit (xn )n∈IN une suite de Cauchy qui admet une valeur
d’adhérence. Donc elle converge. Donc E est complet.
Il reste à montrer que E est relativement compact. On raisonne par absurde.
On suppose qu’il existe un réel ε > 0 tel qu’il n’existe pas de recouvrement fini de
E par des boules de rayon ε. Ceci nous permet de construire une suite
(yn )n∈IN ⊂ E telle que

d(yp , yq ) ≥ ε ∀p, q ∈ IN p 6= q.

Si on suppose avoir construit les points (yj )0≤j≤n , on a d’après l’hypothèse


∪nj=0 B(yj , ε) 6= E.
Donc il existe yn+1 ∈ E tel que

d(yj , yn+1 ) ≥ ε ∀0 ≤ j ≤ n.

Cette suite ainsi construite ne peut admettre de valeur d’adhérence car aucune
sous-suite ne converge. Ce qui contredit notre hypothèse.
On suppose que E est complet et relativement compact. Donc soit ε > 0 et soit
(Ui )i∈I un recouvrement fini de E par des ensembles de diamètre inférieur à ε.
Donc d’après la proposition VIII.4.150 il existe i ∈ I tel que Ui ∈ U, d’où U
converge. Donc E compact. u t

Remarque La vérification des proprietés suivantes est laissée au lecteur.


- Si K est un compact de (E, d) alors K est borné.
- Pour K ⊂ E, K compact alors K est fermé et borné.

AT T EN T ION !! : K fermé borné n’entraine pas K compact.

Théorème VIII.4.152. Soit (E, d) un espace métrique.


K une partie de E, K est compacte si et seulement si
i) K est complet,
ii) pour tout ε > 0 il existe un nombre fini de boules
B(x1 , ε), B(x2 , ε), · · · , B(xn , ε) de E telles que K ⊂ ∪ni=1 B(xi , ε).

Démonstration
On munit K de sa topologie induite et on applique le théorème VIII.4.151. u
t
§ VIII.5. Topologie produit 83

VIII.5. Topologie produit


On considère (Ei , di ) pour i = 1 à n des espaces métriques.
n
Q
Soit E Ei , on le munit de la topologie produit Tp . Tp est la topologie définie
i=1
par l’une quelconque des distances sur E.
Pour x = (x1 , · · · , xn ) et y = (y1 , · · · , yn ) dans E on a
n
X
δ1 (x, y) = di (xi , yi ),
i=1
v
u n
uX
δ2 (x, y) = t d2i (xi , yi ),
i=1

δ3 (x, y) = max di (xi , yi ).


1≤i≤n
Partie IV

Espaces Vectoriels Normés


et Espaces de Hilbert
Chapitre IX

Espaces de Banach

Résumé : Dans ce chapitre on donne quelques résultats sur les espaces vectoriels
normés et sur les espaces de Banach. On termine par des résultats sur les
applications linéaires continues.

E est un K-ev avec K = IR ou C.


l

IX.1. Espaces vectoriels normés

Définition IX.1.153. On appelle norme sur le K-ev E une application


N : E × E → IR+ telle que :
i) ∀x ∈ E N(x) = 0 ⇐⇒ x = 0E ,
ii) ∀x ∈ E, ∀ l ∈ K N( lx) = | l|N(x),
iii) ∀x ∈ E, ∀y ∈ E N(x + y) ≤ N(x) + N(y).
Si E est muni d’une norme N, le couple (E, N) est appelé espace vectoriel normé
(e.v.n).

Exemple : Soit E un espace vectoriel de dimension n ≥ 1. On considère


B = {e1 , · · · , en } une base de E.
On définit pour tout x ∈ E les applications suivantes :
n n
1
X X
N1 (x) = |xi |, N2 (x) = { |xi |2 } 2 , N∞ (x) = max |xi |.
1≤i≤n
i=1 i=1

N1 , N2 et N∞ définissent des normes sur E.

Remarque S’il n’y a pas d’ambiguité, on note (E, N) : (E, k k) ou (E, k kE ).


88 IX. Espaces de Banach

Proposition IX.1.154. On considère l’ e.v.n (E, k k).


On a les propriétés suivantes :
- ∀x ∈ E, ∀y ∈ E |kxk − kyk| ≤ kx − yk.
- ∀x ∈ E, ∀y ∈ E |kxk − kyk| ≤ kx + yk.

Démonstration Encore un autre exercice pour l’application de l’inégalité


triangulaire. u
t

IX.1.45. Normes équivalentes


0
Définition IX.1.155. Soient N, N deux normes définies sur E, on dit que N et
N sont équivalentes s’il existe α ∈ IR∗+ et β ∈ IR∗+ tels que
0

0
∀x ∈ E αN(x) ≤ N (x) ≤ βN(x).

Remarque Cette relation est une relation d’équivalence sur l’ensemble des normes
définies sur E.

Exemple :
- Les normes N1 , N2 et N∞ sont équivalentes sur E espace vectoriel de
dimension n ≥ 1.
- Plus généralement sur E espace vectoriel de dimension finie toutes les normes
sont équivalentes! Notion vue en deuxième année.

IX.1.46. Boules ouvertes - Boules fermées


(E, k kE ) un K-ev.

Définition IX.1.156. On appelle boule ouverte de centre xo ∈ E et de rayon


r ∈ IR∗+ , l’ensemble noté B(xo , r) et tel que

B(xo , r) = {x ∈ E / kx − xo kE < r}.

On appelle boule fermée de centre xo ∈ E et de rayon r ∈ IR+ , l’ensemble noté


0
B (xo , r) et tel que
0
B (xo , r) = {x ∈ E / kx − xo kE ≤ r}.

Les propriétés topologiques de (E, k kE ) sont les mêmes que celles de (E, dk kE ).
Donc on renvoie aux chapitres précédents pour les autres propriétés liées aux
espaces vectoriels normés.
§ IX.2. Espaces de Banach 89

IX.2. Espaces de Banach

IX.2.47. Définition et exemples

Définition IX.2.157. Un K-ev (E, k kE ) est dit espace de Banach si toute suite
de Cauchy de (E, k kE ) converge dans (E, k kE ).
Un espace de Banach est un espace vectoriel normé complet.

Exemple :
- Tout espace vectoriel de dimension finie est un espace de Banach.
- E = C([a, b], IR) muni de la norme k k∞ , kf k∞ = sup |f (t)|.
a≤t≤b
(E, k k∞ ) est un espace de Banach.
s
∞ ∞
2
|xn |2 .
P P
- l2 = {(xn )n∈IN / ∀n ∈ IN xn ∈ Cl et |xn | < ∞}, x = (xn ) kxk2 =
n=0 n=0
(l2 , k k2 ) est un espace de Banach sur C.
l

IX.2.48. Séries dans un espace de Banach


P
Définition IX.2.158. Une série de (E, k kE ) est absolument
un d’éléments P
convergente si la série numérique à termes positifs kun kE est convergente.

Exemple : E = C([a, b], IR) et ∀f ∈ E kf kE = kf k∞ .


P
Soit
P fn une série de fonctions de (E, k k∞ ) absolument convergente donc
kfn k∞ converge.

∀t ∈ [a, b] kfn k∞ = max |f (t)|.


t∈[a, b]

∀n ∈ IN, ∀t ∈ [a, b] kfn k∞ ≥ |fn (t)|,


P
donc fn est normalement convergente.
P
On suppose
P que fn est normalement convergente sur [a, b]. Il existe εn > 0 tel
que εn converge et

∀n ∈ IN, ∀t ∈ [a, b] |fn (t)| ≤ εn ,


P P
donc kfn k∞ = supt∈[a, b] |fn (t)| ≤ εn , d’où kfn k∞ convergente donc fn
absolument convergente dans (E, k k∞ ).

Théorème IX.2.159. On considère (E, k kE ) un espace de Banach.


P
Pour qu’une série un d’éléments de E soit convergente dans (E, k kE ) il suffit
qu’elle soit absolument convergente dans (E, k kE ).
90 IX. Espaces de Banach
Pn 0
n
P
Démonstration Soient Sn = k=0 uk et Sn = kuk kE .
k=0
Soit ε > 0, il existe N ∈ IN tel que :
0 0
∀n ∈ IN, n ≥ N ∀p ∈ IN kSn+p − Sn kE = kun+1 kE + · · · + kun+p kE < ε.

kSn+p − Sn kE = kun+1 + · · · + un+p kE ≤ kun+1 kE + ... + kun+p kE < ε,


P
donc (Sn )n∈IN est une suite de Cauchy donc converge d’où un converge dans
(E, k kE ) espace de Banach. u t

IX.3. Applications linéaires continues

Soient (E, k kE ) et (F, k kF ) deux K-ev.

IX.3.49. Propriétés

Théorème IX.3.160. Une application linéaire u : (E, k kE ) → (F, k kF ) est


continue si et seulement si l’une des propriétés suivantes est vérifiée :
i) u est continue en 0E .
ii) u est continue sur E.
iii) Il existe M ∈ IR+ / ∀x ∈ E ku(x)kF ≤ M kxkE .
iv) u est uniformément continue.

Démonstration (Par implications successives)


- i) =⇒ ii) u est continue en 0E .
Soit ε > 0, ∃η > 0 / ∀x ∈ E kxkE < η =⇒ ku(x)kF < ε.
Soit xo ∈ E on a ku(x) − u(xo )kF = ku(x − xo )kF donc si kx − xo kE < η alors
ku(x − xo )kF < ε, d’où ku(x) − u(xo )kF < ε donc u est continue en xo .
- ii) =⇒ iii) u continue sur E donc u continue en 0E .
Pour ε = 1, η > 0 tel que :

∀x ∈ E, kxkE < η =⇒ ku(x)kF < 1

η x η
∀x ∈ E \ {0E } y = , kykE = < η donc ku(y)kF < 1. Or
2 kxkE 2
η x η 2 2
ku( )kF = ku(x)kF < 1 d’où ku(x)kF < kxkE , M = .
2 kxkE 2kxkE η η
- iii) =⇒ iv) ∀x, y ∈ E ku(x) − u(y)kF ≤ M kx − ykE .
- iv) =⇒ i) Cette implication est triviale. u
t
§ IX.3. Applications linéaires continues 91

Proposition IX.3.161. ( La somme et la composée d’applications linéaires


continues).
- Soient f, g : (E, k kE ) → (F, k kF ) linéaires et continues alors pour tous λ,
µ ∈ K, λf + µg continue.
- Si h : (F, k kF ) → (G, k kG) linéaire et continue alors
h ◦ f : (E, k kE ) → (G, k kG)) est linéaire et continue.

Démonstration
- Il existe M1 ∈ IR+ tel que
∀x ∈ E kf (x)kF ≤ M1 kxkE .

Il existe M2 ∈ IR+ tel que


∀x ∈ E kg(x)kF ≤ M2 kxkE .

k(λf + µg)(x)kF = kλf (x) + µg(x)kF ≤ |λ|kf (x)kF + |µ|kg(x)kF


≤ (|λ|M1 + |µ|M2 )kxkE .
- Il existe M3 ∈ IR+ tel que
∀y ∈ F kh(y)kG ≤ M3 kykF .

kh ◦ f (x)kG = kh(f (x))kG ≤ M3 kf (x)kF ≤ (M3 M1 )kxkE . u


t

Proposition IX.3.162. Soient E est un K-espace vectoriel normé de dimension


finie et F un K-ev normé. Si f : E → F linéaire alors f est continue.

Démonstration Soit B = {e1 , · · · , en } une base de E.


n
xi ei , (x1 , · · · , xn ) ∈ IRn est unique.
P
Soit x ∈ E x =
i=1
kxk∞ = max |xi |.
1≤i≤n

n
X n
X
kf (x)kF = kf ( xi ei )kF = k xi f (ei )kF
i=1 i=1
n
X
≤ kxi f (ei )kF
i=1
Xn
≤ |xi |kf (ei )kF .
i=1

∀i ∈ {1, · · · , n} |xi | ≤ kxk∞ il en résulte donc que kf (x)kF ≤ M kxk∞ avec


n
P
M= kf (ei )kF . u
t
i=1
92 IX. Espaces de Banach

IX.3.50. Espace vectoriel normé des applications linéaires


continues
On note L(E, F ) l’ensemble des applications linéaires continues de (E, k kE ) à
valeurs dans (F, k kF ).

Remarque (L(E, F ), +, .) est un K-ev et (L(E, E), +, ., ◦) est une algèbre.

Norme sur l’espace des applications linéaires continues


Soit f ∈ L(E, F ). On pose
ρ1 (f ) = sup kf (x)kF ,
kxkE ≤1

ρ2 (f ) = sup kf (x)kF ,
kxkE =1

ρ3 (f ) = inf{M ∈ IR+ / kf (x)kF ≤ M kxkE }.

Proposition IX.3.163. ρ1 (f ), ρ2 (f ), ρ3 (f ) sont des réels positifs égaux.

Démonstration f est continue donc il existe M1 ∈ IR+ tel que


∀x ∈ E kf (x)kF ≤ M1 kxkE .

Si kxkE ≤ 1 on en déduit que kf (x)kF ≤ M1 donc ρ1 (f ) ∈ IR+ .


Si kxkE = 1 on a kf (x)kF ≤ M1 donc ρ2 (f ) ∈ IR+ .
M1 ∈ {M ∈ IR+ / kf (x)kF ≤ M kxkE } 6= ∅ et est minoré par 0, donc sa borne
inférieure ρ3 (f ) ∈ IR+ .
On a
ρ2 (f ) ≤ ρ1 (f ). (IX.3.1)
Pour kxkE = 1 on a kf (x)kF ≤ ρ2 (f ).
x
Pour x ∈ E \ {OE } on pose y = , kykE = 1 donc kf (y)kF ≤ ρ2 (f ) d’où
E
kf (x)kF ≤ ρ2 (f )kxkE ∀x ∈ E.
Donc ρ2 (f ) ∈ {M ∈ IR+ / f (x)kF ≤ M kxkE }. Ce qui entraine que
ρ3 (f ) ≤ ρ2 (f ). (IX.3.2)
Les inégalités (IX.3.1) et (IX.3.2) entrainent ρ3 (f ) ≤ ρ2 (f ) ≤ ρ1 (f ).
Montrons que ρ3 (f ) ≥ ρ1 (f ).
Soit ε > 0, il existe M ∈ IR+ tel que
∀x ∈ E kf (x)kF ≤ M kxkE et ρ3 (f ) ≤ M ≤ ρ3 (f ) + ε,
donc ∀x ∈ E, kf (x)kF < (ρ3 (f ) + ε)kxkE en particulier kxkE ≤ 1 alors
kf (x)kF ≤ ρ3 (f ) + ε.
Pour tout ε > 0 ρ1 (f ) < ρ3 (f ) + ε ce qui entraine ρ1 (f ) ≤ ρ3 (f ). u
t
§ IX.3. Applications linéaires continues 93

Remarque D’après la preuve précédente

ρ3 (f ) = min{M ∈ IR+ / kf (x)kF ≤ M kxkE }

car
ρ2 (f ) ∈ {M ∈ IR+ / kf (x)kF ≤ M kxkE }
et ρ3 (f ) = ρ2 (f ).

Définition IX.3.164. On pose |||f ||| l’un des réels ρ1 (f ), ρ2 (f ), ρ3 (f ).

Remarque
- |||f ||| est le plus petit réel M tel que : ∀x ∈ E, kf (x)kF ≤ M kxkE .
- ∀x ∈ E kf (x)kF ≤ |||f |||kxkE .

Proposition IX.3.165. (L(E, F ), ||| |||) est un K-evn.

Démonstration
i) Pour tout f ∈ L(E, F ) |||f ||| ∈ IR+ , ||| ||| : L(E, F ) → IR+ est une application.
ii) Soit f ∈ L(E, F ) telle que |||f ||| = 0.
∀x ∈ E kf (x)kF ≤ |||f |||xkE or |||f ||| = 0 donc ∀x ∈ E kf (x)kF = 0
d’où f (x) = OF . Donc f = OL(E, F ) .
iii) Soit f ∈ L(E, F ), l ∈ K.
k(λf )(x)kF = kλf (x)kF = kf (λx)kF ≤ |||f |||kλxkE = |λ||||f |||kxkE
donc |||λf ||| ≤ |λ||||f |||.
1 1
Pour λ 6= 0 |||f ||| = ||| (λf )||| ≤ | ||||λf ||| d’où |λ||||f ||| ≤ |||λf |||
λ λ
donc |||λf ||| = |λ||||f |||.
iv) Soit f, g ∈ L(E, F ).

k(f + g)(x)kF = kf (x) + g(x)kF


≤ kf (x)kF + kg(x)kF
≤ |||f |||kxkE + |||g|||kxkE = (|||f ||| + |||g|||)kxkE ,

il en résulte que |||f + g||| ≤ |||f ||| + |||g|||. u


t

Proposition IX.3.166. Si f : (E, k kE ) → (F, k kF ) linéaire continue et


h : (F, k kF ) → (G, k kG ) linéaire continue alors h ◦ f : (E, k kE ) → (G, k kG) est
linéaire continue et |||h ◦ f ||| ≤ |||h||||||f |||.

Démonstration Elle est ( encore!) laissée au lecteur. u


t
94 IX. Espaces de Banach

Proposition IX.3.167. Soit (fn )n∈IN une suite d’éléments de L(E, F ); la suite
(fn )n∈IN converge vers f ∈ L(E, F ) dans l’espace vectoriel normé (L(E, F ), ||| |||)
si et seulement si (fn ) converge uniformément vers f ∈ L(E, F ) sur la boule unité
0
BE (OE , 1).

Démonstration
lim |||fn − f ||| = 0 ⇐⇒ lim sup kfn (x) − f (x)kF = 0
n→+∞ n→+∞ kxk ≤1
E

⇐⇒ lim sup kfn (x) − f (x)kF = 0


n→+∞ 0
x∈BE (OE , 1)
0
⇐⇒ fn converge uniformément vers f sur BE (OE , 1). u
t

Théorème IX.3.168. Si E et F sont deux K-evn alors (L(E, F ), ||| |||) est un
espace de Banach.

Démonstration Soit (fn )n∈IN une suite de Cauchy de L(E, F ).

∀ε > 0, ∃N ∈ IN / ∀n ≥ N ∀p ∈ IN =⇒ |||fn+p − fn ||| < ε. (IX.3.3)

- 1ère étape : (fn )n∈IN converge simplement vers une application linéaire f .
Soit x ∈ E, (fn (x))n∈IN est une suite d’éléments de F d’après (IX.3.3)

n≥N kfn+p (x) − fn (x)kF ≤ εkxkE

donc (fn (x))n∈IN est une suite de Cauchy dans F espace de Banach donc (fn (x))
converge vers un élément de F .
On pose f (x) = lim fn (x). On a que f : E → F . On montre que f est linéaire.
n→+∞
Soient x, y ∈ E et λ ∈ K.

lim fn (λx + y) = f (λx + y).


n→+∞

Or fn linéaire et continue ( ce qui entraine l’existence des limites partielles ) donc

lim fn (λx + y) = λ lim fn (x) + lim fn (y),


n→+∞ n→+∞ n→+∞

d’où f (λx + y) = λf (x) + f (y).


- 2ème étape : f ∈ L(E, F ).
Soit x ∈ E kfn (x)kF ≤ |||fn |||kxkE . Comme (fn ) est de Cauchy dans
(L(E, F ), ||| |||) alors {|||fn ||| / n ∈ IN} est borné.
Soit M ∈ IR+ tel que

∀n ∈ IN |||fn ||| ≤ M, donc ∀x ∈ E kfn (x)kF ≤ M kxkE .


§ IX.3. Applications linéaires continues 95

Comme (fn (x)) converge vers f (x) dans (F, k kF ) en passant à la limite on a :
kf (x)kF ≤ M kxkE donc f est continue.
- 3ème étape : (f ) converge vers f dans (L(E, F ), ||| |||).
n

∀ε > 0, ∃N ∈ IN / ∀n ≥ N =⇒ ∀p ∈ IN |||fn+p − fn ||| < ε.

Soit x ∈ E on a kfn+p (x) − fn (x)kF ≤ εkxkE . En faisant tendre p → +∞ dans


l’inégalité précédente on a fn+p → f (x) dans (F, k kF ).
Donc
∀x ∈ E, ∀n ≥ N kf (x) − fn (x)kF ≤ εkxkE .
∀x ∈ E, k(fn − f )(x)kF ≤ εkxkE , ∀n ≥ N |||fn − f ||| ≤ ε,
donc fn → f dans (L(E, F ), ||| |||). u
t

Corollaire IX.3.169. Si E est un espace de Banach alors (L(E, E), ||| |||) est un
espace de Banach.
En général on note L(E, E) = L(E).

Démonstration Prendre dans le théorème IX.3.168 F = E. u


t

IX.3.51. Propriétés topologiques de l’ensemble des


isomorphismes

Il s’agit ici des isomorphismes d’un espace vectoriel normé de Banach à valeurs
dans lui même.

Définition IX.3.170. Soient (E, k kE ) et (F, k kF ) des evn.


f : E → F est dit isomorphisme des evn E et F si f est linéaire, bijective,
continue et f −1 est aussi continue.

Remarque Si f : E → F linéaire bijective alors f −1 de F → E est linéaire.


Encore au lecteur!

Théorème IX.3.171. [Lemme de Von Neumann].


On considère (E, k kE ) un espace de Banach. Si f ∈ L(E) et |||f ||| < 1 alors
idE + f est un isomorphisme de E et en plus
+∞
i) (idE + f )−1 = (−1)k f k f 0 = idE , f k+1 = f k ◦ f .
P
k=0
1
ii) |||(idE + f )−1 ||| ≤ .
1 − |||f |||
96 IX. Espaces de Banach
n
(−1)k f k , uk = (−1)k f k ∈ L(E).
P
Démonstration On pose Sn =
k=0
|||uk ||| ≤ |||f |||k .
|||uk ||| converge donc (−1)k f k converge absolument dans
P P
Si |||f ||| < 1Palors
L(E) d’où (−1)k f k converge dans L(E) carL(E) est un espace de Banach.
Sn converge dans L(E) vers S ∈ L(E).
+∞
X 1 − |||f |||n+1 1
|||Sn ||| ≤ |||f |||k = ≤ .
1 − |||f ||| 1 − |||f |||
k=0

Or Sn → S dans L(E) donc |||Sn ||| → |||S||| dans IR, d’où en passant à la limite
dans l’inégalité précédente
1
|||S||| ≤ .
1 − |||f |||
Montrons que S = (idE + f )−1 . Soit x ∈ E,
n
X
Sn ◦ (idE + f )(x) = ( (−1)k f k ) ◦ (idE + f )(x) = (idE + f ) ◦ Sn (x)
k=0
n
X n
X
= (−1)k f k (x) + (−1)k f k+1 (x)
k=0 k=0
= idE (x) + (−1)n f n+1 (x).

Or k(−1)n f n+1 (x)kE ≤ |||f |||n+1 kxkE .


Donc à la limite, en utilisant la continuité de (idE + f ), on obtient

S((idE + f )(x)) = idE (x),

d’où S ◦ (idE + f ) = idE . u


t

Théorème IX.3.172. (E, k kE ) un espace de Banach.


L’ensemble des isomorphismes de (E, k kE ) à valeurs dans (E, k kE ) est un ouvert
de l’espace (L(E), ||| |||).
On note Isom(E) l’ensemble des isomorphismes de (E, k kE ) à valeurs dans
(E, k kE ).

Démonstration On se donne fo ∈ Isom(E), on cherche r > 0 tel que B(fo , r)


dans (L(E), ||| |||) soit contenue dans Isom(E). Soit h ∈ L(E). On considère
g = fo + h.
g = fo ◦ (idE + fo−1 ◦ h).

g ∈ Isom(E) ⇐⇒ idE + fo−1 ◦ h ∈ Isom(E),


§ IX.3. Applications linéaires continues 97

or d’après le lemme de Von Neumann pour que idE + fo−1 ◦ h ∈ Isom(E) il suffit
que
|||fo−1 ◦ h||| < 1.
1
Pour que |||fo−1 ◦ h||| < 1 il suffit que |||fo−1 ||||||h||| < 1 donc si |||h||| <
|||fo−1 |||
alors |||fo−1 ◦ h||| < 1, donc idE + fo−1 ◦ h ∈ Isom(E) donc g ∈ Isom(E). Si on
1
prend g ∈ B(fo , ) alors g ∈ Isom(E).
|||fo−1 |||
1
B(fo , ) ⊂ Isom(E) donc Isom(E) ouvert de (L(E), ||| |||).
|||fo−1 |||
|||fo ◦ fo−1 ||| = |||idE ||| = 1, donc 1 ≤ |||fo ||||||fo−1 |||, d’où |||fo−1 ||| 6= 0. u
t

Remarque
1
|||fo−1 ||| ≥ .
|||fo |||
Partie V

Espaces de Fonctions
Chapitre X

Espaces fonctionnels

Résumé : Après avoir introduit la notion d’équicontinuité, de convergence simple


et de convergence uniforme on démontre les principaux théorèmes sur les espaces
de fonctions : Théorème de Dini, d’Ascoli et de Stones-Weirstrass.

X.1. Espaces d’applications continues


l Soit (E, T ) un espace topologique.
On considère K = IR ou C.

X.1.52. Distance de la convergence uniforme


Soit X un compact non vide de (E, T ),
C(X, K) = {f : (X, TX ) → K continues }.
Soient f, g ∈ C(X, K) d∞ (f, g) = sup |f (t) − g(t)|.
t∈X

Proposition X.1.173. L’espace (C(X, K), d∞ ) est un espace métrique.

Démonstration d∞ : C(X, K) × C(X, K) → IR+ est une appliaction.


Soient f et g des éléments de C(X, K), on considère

φ : X → IR
t 7−→ φ(t) = |f (t) − g(t)|.

φ est continue sur X qui est un compact; donc φ atteint sur X sa borne
supérieure.
Soit t̄ ∈ X tel que φ(t̄) = sup φ(t).
t∈X
On a
0 ≤ |f (t̄) − g(t̄)| = sup |f (t) − g(t)| = d∞ (f, g),
t∈X
102 X. Espaces fonctionnels

donc d∞ (f, g) = max |f (t) − g(t)|.


t∈X
Soit f, g ∈ C(X, K) telles que d∞ (f, g) = 0. Donc sup |f (t) − g(t)| = 0.
t∈X
0 0
Si t ∈ X |f (t) − g(t)| ≤ sup |f (t ) − g(t )| = 0 alors |f (t) − g(t)| = 0 donc
t0 ∈X
f (t) = g(t) ce qui entraine que f = g sur X.
Soit f, g ∈ C(X, K), d∞ (f, g) = d∞ (g, f ). Soit f, g, h ∈ C(X, K). Soit t ∈ X
on a |f (t) − g(t)| ≤ |f (t) − h(t)| + |h(t) − g(t)|,
donc sup |f (t) − g(t)| ≤ d∞ (f, h) + d∞ (h, g).
t∈X
D’où d∞ (f, g) ≤ d∞ (f, h) + d∞ (h, g). u
t

Remarque ∀f, g ∈ C(X, K) |f (t) − g(t)| ≤ d∞ (f, g).

X.1.53. Convergence simple et convergence uniforme

Définition X.1.174. Soit X un ensemble. Soit (fn )n∈IN une suite d’applications
de X à valeurs dans K et f : X → K, on dit que
i) (fn )n∈IN converge simplement (c.s) vers f sur X si pour tout t ∈ X, la suite
(fn (t))n∈IN converge dans K vers f (t).
ii) (fn )n∈IN converge uniformément (c.u) vers f sur X si
lim sup |fn (t) − f (t)| = 0.
n→+∞ t∈X

Remarque
1) Il est clair que si fn c.u vers f alors fn c.s vers f . Faire en exercice!
2) Si X est compact, (fn )n∈IN ⊂ C(X, K) et f ∈ C(X, K) alors fn c.u vers f est
équivalent à lim d∞ (fn , f ) = 0.
n→+∞
Ce qui est encore équivalent à fn converge vers f dans l’espace métrique
(C(X, K), d∞ ).
3) La convergence simple n’entraine pas toujours la convergence uniforme!
En effet considèrons la suite de fonctions fn définies comme suit :

∀x ∈ IR fn (x) = e−n|x|.

- La convergence simple : Soit x ∈ IR. Si x = 0, fn (0) = 1 donc lim fn (0) = 1.


n→+∞
Si x 6= 0 on a |x| > 0 donc lim fn (x) = 0.
n→+∞
On définit une fonction
f : IR → IR

1 si x = 0
x 7−→

0 sinon.
§ X.1. Espaces d’applications continues 103

La suite de fonctions fn c.s vers f .


Posons
Mn = sup |fn (t) − f (t)|, φn (t) = |fn (t) − f (t)|.
t∈IR

On a φn (0) = |1 − 1| = 0 et pour tout t 6= 0 φn (t) = |e−n|t| − 0| = e−n|t| .


La fonction φn est paire et Mn = sup φn (t). On peut considèrer donc
t∈IR
Mn = sup φn (t).
t∈IR+
0
Donc t > 0, φn (t) = −ne−nt < 0. Ce qui entraine que Mn = 1 = sup φn (t).
t∈IR
D’où lim Mn = 1 6= 0 donc la suite fn ne converge pas uniformément vers f .
n→+∞

Proposition X.1.175. Soit (X, T ) un espace topologique, (fn )n∈IN une suite de
fonctions continues de (X, T ) à valeurs dans K.
Si (fn )n∈IN c.u vers f : X → K alors f : (X, T ) → K est continue.

Démonstration On a pour tout n ∈ IN, fn : X → K continues et la suite fn c.u


vers f .
ε
∀ε > 0, ∃N ∈ IN / ∀n ∈ IN, n ≥ N, ∀t ∈ X =⇒ |fn (t) − f (t)| < . (X.1.4)
3
Soit to ∈ X, fN X → K continue au point to .
Donc
ε ε
∀ > 0, ∃V ∈ V(to ) / ∀ t ∈ V, |fN (t) − fN (to )| < . (X.1.5)
3 3
Soit t ∈ V .
ε ε ε
|f (t) − f (to )| ≤ |f (t) − fN (t)| + |fN (t) − fN (to )| + |fN (to ) − f (to )| ≤ + + = ε.
3 3 3
Ce qui montre que f est continue au point to . u
t

Remarque Deux bons exercices de compréhension.


i) La suite fn c.u vers f si et seulement si il existe une suite (αn )n∈IN de réels
strictement positifs convergente vers 0 et telle que

∀t ∈ X |fn (t) − f (t)| ≤ αn .

ii) S’il existe une suite (xn )n∈IN ⊂ X telle que la suite (|fn (xn ) − f (xn )|)n∈IN ne
tend pas vers 0 alors fn ne converge pas uniformément vers f sur X.

Théorème X.1.176. Si (X, T ) est un espace topologique compact alors


(C(X, K), d∞ ) est un espace métrique complet.
104 X. Espaces fonctionnels

Remarque (fn )n∈IN ⊂ C(X, K) est de Cauchy si et seulement si

∀ε > 0, ∃N ∈ IN / ∀n ∈ IN n ≥ N et ∀k ∈ IN =⇒ sup |fn+k (t) − fn (t)k < ε.


t∈X

Démonstration On considère (fn )n∈IN de Cauchy dans (C(X, K)).


Première étape : (fn )n∈IN c.s sur X.
Soit t ∈ X, d’après la remarque précédente si n ≥ N et k ∈ IN alors
|fn+k (t) − fn (t)| < ε. La suite (fn (t))n∈IN est une suite de Cauchy dans K, donc
elle converge dans K.
On pose f (t) = lim fn (t). D’où fn c.s vers f .
n→+∞
Deuxième étape : (fn )n∈IN c.u vers f sur X.
D’après la remarque précédente on a pour tout t ∈ X, si n ≥ N et k ∈ IN,
|fn+k (t) − fn (t)| < ε.
Si n ≥ N, |f (t) − fn (t)| < ε k → +∞. Donc

∀t ∈ X, n ≥ N, |f (t) − fn (t)| < ε.

D’où
lim sup |fn (t) − f (t)| = 0.
n→+∞ t∈X

Ce qui prouve que fn c.u vers f sur X.


Troisième étape : Conclusion.
f continue car la suite fn c.u vers f et les fn sont continues. Donc f ∈ C(X, K).
fn c.u vers f sur X si et seulement si lim d∞ (fn , f ) = 0. C’est à dire la suite
n→+∞
fn converge vers f dans (C(X, K), d∞ ). D’où (C(X, K), d∞ ) est complet. u
t

X.2. Théorème de Dini

Théorème X.2.177. Soit X un compact.


Si (fn )n∈IN est une suite d’éléments de C(X, IR), si f ∈ C(X, IR) telle que
(fn )n∈IN croissante et convergente simplement vers f sur X alors (fn )n∈IN c.u vers
f sur X.

Démonstration Soit n ∈ IN, on pose gn = f − fn .


Pour tout n ∈ IN on a gn ∈ C(X, IR). Aussi gn ≥ 0 car si x ∈ X,
f (x) = lim fn (x) = sup fn (x). Donc fn (x) ≤ f (x).
n→+∞ n∈IN
La suite (gn )n∈IN est décroissante. Pour le lecteur!
On a (gn )n∈IN c.s vers 0 car lim gn (x) = lim (f (x) − fn (x)) = 0.
n→+∞ n→+∞
§ X.3. Théorème d’Ascoli et de Stone-Weirstrass 105

Soit ε > 0, soit Xn = {x ∈ X / gn (x) ≥ ε}. Xn = gn−1 ([ε, +∞[) fermé.


Xn+1 ⊂ Xn car la suite (gn )n∈IN est décroissante. On a ∩n∈IN Xn = ∅. Sinon il
existe x ∈ ∩n∈IN Xn .
Alors pour tout n ∈ IN, gn (x) ≥ ε. Or lim gn (x) = 0 ≥ ε. Impossible.
n→+∞
∩pi=1 Xni
Il existe donc n1 , · · · , np ∈ IN tels que = ∅. On pose
N = max{ni / 0 ≤ i ≤ p}. Donc ∩pi=1 Xni = XN = ∅.
Soit n ∈ IN tel que n ≥ N , alors Xn ⊂ XN . Donc Xn = {x ∈ X / gn (x) ≥ ε} = ∅.
Ce qui entraine que pour tout x ∈ X, n ≥ N on a gn (x) < ε. C’est à dire la suite
(gn )n∈IN c.u vers 0 sur X.
Donc fn c.u vers f sur X. u
t

X.3. Théorème d’Ascoli et de Stone-Weirstrass


Soit X un espace topologique compact.

Définition X.3.178. Soit A ⊂ C(X, IR).


On dit que A sépare les éléments de X si:
0 0 0
∀x ∈ X, ∀x ∈ X / x 6= x =⇒ ∃f ∈ A / f (x) 6= f (x ).

X.3.54. Quelques propriétés d’une partie équicontinue


- Équicontinuité et continuité : Si A est une famille équicontinue (en un point
a ∈ X), toute application f ∈ A est continue (au point a).
La réciproque n’est pas vraie : pour n ∈ IN, la fonction

x → fn (x) = sin(nx)

est continue ; mais la famille de fonctions {fn ; n ∈ IN} n’est pas équicontinue.
- familles finies : Toute famille finie d’applications continues (en un point a ∈ X)
est équicontinue (au point a).
- Réunion : La réunion de deux familles équicontinues (en un point a ∈ X ) est
équicontinue (au point a). On peut donc ajouter, à une famille équicontinue, un
nombre fini d’applications continues; la nouvelle famille ainsi obtenue est encore
équicontinue.
- Si (fn )n∈IN c.u vers f sur X alors A = {f } ∪ {fn / n ∈ IN} est équicontinue.
106 X. Espaces fonctionnels

X.3.55. Théorème d’Ascoli

Théorème X.3.179. [ASCOLI]


L’adhérence de A est une partie compacte (pour la topologie de la convergence
uniforme sur X) si et seulement si A vérifie les deux conditions suivantes :
i) A équicontinue sur X,
ii) pour tout x ∈ X Ax = {f (x) / f ∈ A} est relativement compact.

Démonstration On suppose que les deux conditions i) et ii) sont vérifiées. On


va montrer que A est relativement compacte. Pour cela on va trouver un
recouvrement de A par un nombre fini de boules de rayon donné.
Soit r > 0. En utilisant l’équicontinuité, on peut choisir pour tout x ∈ X un
voisinage Vx ouvert tel que si y ∈ Vx , alors |f (y) − f (x)| < r pour tout f ∈ A.
Un nombre fini Vx1 , · · · , Vxn de boules recouvre X. Tous les ensembles
Ax1 , · · · , Axn sont relativement compacts, et donc leur union
Ao = Ax1 ∪ · · · ∪ Axn est relativement compacte.
Soient B(a1 , r), · · · , B(am , r) des boules ouvertes de rayon r centrées aux points
a1 , · · · , an et qui recouvrent Ao .
On considère σ : {1, · · · , n} → {1, · · · , m} une application quelconque du premier
ensemble sur le second.
Pour toute application σ de ce type, soit Aσ l’ensemble des f ∈ A telles que, pour
tout i = 1, · · · , n, nous avons |f (xi ) − f (aσ(i) )| < r.
Donc pour tout i = 1, · · · , n f (xi ) ∈ B(aσ(i) , r). L’ensemble fini des Aσ recouvre
A. On montre que le diamétre de Aσ est inférieur à 4r.
En effet si f et g sont dans Aσ et si x ∈ X, alors x ∈ Vxi , et

|f (x)−g(x)| ≤ |f (x)−f (xi )|+|f (xi )−f (aσ(i) )|+|f (aσ(i) )−g(xi )|+|g(xi )−g(x)| < 4r.

Donc Aσ ⊂ B(f, 4ε). D’où A est relativement compact.


On suppose que A est compact. Pour tout x ∈ X on considère l’application
e : X × C(X, K) → K
(x, f ) 7−→ f (x)
est continue pour la topologie de la convergence uniforme.
On sait que {x} × A est compact dans X × C(X, K) donc e({x} × A) est
compacte dans K.
Cependant e({x} × A) contient e({x} × A) = Ax . Donc Ax est une partie
compacte de K.
Soit x ∈ X et ε > 0. Comme A est relativement compact, et A ⊂ C(X, K) qui est
ε
fermé, il existe une famille finie de boules ouvertes B(fi , ) 1 ≤ i ≤ m, centrées
3
sur les fi ∈ C(X, K) dont la réunion contient A.
§ X.3. Théorème d’Ascoli et de Stone-Weirstrass 107

Chaque fi est continue au point x, il existe un voisinage Vi de x tel que, pour


ε
tout y ∈ Vi , on ait |fi (x) − fi (y)| < .
3
Soit V = V1 ∩ · · · ∩ Vm , V ∈ V(x). Tout élément de f ∈ A appartenant à l’une des
ε ε
boules B(fi , ), il existe io ∈ {1, · · · , m} tel que d∞ (f, fio ) < .
3 3
Pour tout y ∈ V

|f (x) − f (y)| ≤ |f (x) − fio (x)| + |fio (x) − fio (y)| + |fio (y) − fio (y)| < ε.

Ce qui prouve que A est équicontinue au point x ∈ X, point quelconque de X,


donc A équicontinue. u
t

Corollaire X.3.180. Si A ⊂ C(X, IR) et vérifie


i) A équicontinue sur X,
ii) Ax = {f (x) / f ∈ A} borné pour tout x ∈ X,
alors toute fonction continue de X à valeurs dans IR est limite uniforme
d’éléments de A.

X.3.56. Théorème de Stone-Weirstrass

Théorème X.3.181. [Stone Weirstrass] Cas réel.


Si A est une partie de C(X, IR) telle que :
i) A contient les constantes,
ii) ∀u ∈ A, ∀v ∈ A =⇒ uv ∈ A et u + v ∈ A,
iii) A sépare les éléments de X, alors A est dense dans C(X, IR) muni de la
distance de la convergence uniforme.

Remarque La densité de A dans C(X, IR) est équivalente à


1)
∀f ∈ C(X, IR), ∀ε > 0, ∃fε ∈ A / d∞ (f, fε ) < ε,
ou bien
2)
∀f ∈ C(X, IR), ∃(fn )n∈IN ⊂ A / lim d∞ (f, fn ) = 0.
n→+∞

Lemme X.3.182. Soit X un compact, A une partie de C(X, IR) telle que :
i) Si u, v ∈ A alors sup(u, v) et inf(u, v) ∈ A,
ii) Si x ∈ X, y ∈ X, α ∈ IR et β ∈ IR alors il existe u ∈ H telle que u(x) = α et
u(y) = β, dans le cas x = y on prend α = β, alors A est dense dans
(C(X, IR), d∞ ).
108 X. Espaces fonctionnels

Démonstration Soit f ∈ C(X, IR), ε > 0. Soit xo ∈ X, y ∈ X. α = f (xo ),


β = f (y).
Il existe uxo y ∈ A telle que uxo y (xo ) = f (xo ), uxo y (y) = f (y).

θy = {x ∈ X / uxo y (x) < f (x) + ε} = (uxo y − f )−1 (] − ∞, ε[) est un ouvert.

y ∈ θy car uxo y (y) = f (y) < f (y) + ε.


On a X = ∪y∈X θy , X compact donc il existe y1 , · · ·, yp tels que X ⊂ ∪pi=1 θyi .
Avec (uxo yi )1≤i≤p ⊂ A.
Soit uxo = inf 1≤i≤p uxo yi . On a pour tout x ∈ X

uxo (x) < f (x) + ε et uxo (xo ) = f (xo ). (X.3.6)

Soit x ∈ X, il existe i ∈ {1, · · · , p} tel que x ∈ θyi donc uxo yi (x) < f (x) + ε.
Or uxo yi (x) ≥ uxo (x) donc uxo (x) < f (x) + ε.
Soit Vxo = {x ∈ X / f (xo ) − ε < uxo (x)} = (uxo − f )−1 (] − ε, +∞[) ouvert.
Pour xo ∈ Vxo on a uxo (xo ) = f (xo ) > f (xo ) − ε.
Donc X = ∪xo ∈X Vxo , X compact donc il existe x1o , · · · , xqo tels que X = ∪qi=1 Vxio .
Soit g = sup{u1xo , · · · , uqxo } ∈ A.
Pour tout x ∈ X, il existe i ∈ {1, · · · , q} tel que x ∈ Vxio . Donc
f (x) − ε < uxio (x) ≤ g(x). D’où pour tout x ∈ X, f (x) − ε < g(x).
Si x ∈ X, il existe io ∈ {1, · · · , q} tel que g(x) = uxioo (x). Or uxioo (x) < f (x) + ε.
Alors pour tout x ∈ X on a f (x) − ε < g(x) < f (x) + ε.
Ce qui équivaut à : pour tout x ∈ X, |f (x) − g(x)| < ε. Donc d∞ (f, g) < ε.
D’où A est dense dans C(X, IR). u t

Lemme X.3.183. Soit


f : [0, 1] → IR

t 7−→ t,
il existe une suite de polynômes (pn )n∈IN à coefficients réels convergente
uniformément vers f sur [0, 1].

Démonstration On définit par récurrence la suite (pn )n∈IN par

1
p0 = 0 et ∀t ∈ [0, 1], pn+1 (t) = pn (t) + (t − (pn (t))2 ).
2
pn est un polynôme pour tout n ∈ IN.
On a √
∀t ∈ [0, 1], p0 (t) = 0 ≤ p1 (t) ≤ · · · ≤ pn (t) ≤ t.
§ X.3. Théorème d’Ascoli et de Stone-Weirstrass 109

La propriété est vraie pour n = 0. On la suppose vraie à l’ordre n.


√ √1 √ √
pn+1 (t) − t = (pn (t) −
t) + ( t − pn (t))( t + pn (t))
2
√ 1 √
= (pn (t) − t)[1 − ( t + pn (t))]. (X.3.7)
2
√ √
Or d’après l’hypothèse de récurrence pn (t) ≤ t. Donc −pn (t) ≥ − t.
On a alors
1 √ 1√ 1√ √
1 − ( t + pn (t)) ≥ 1 − t− t ≥ 1 − t ≥ 0.
2 2 2

Donc le signe dans l’égalité (X.3.7) est celui de pn (t) − t qui est négatif.

Par conséquent pn+1 (t) − t ≤ 0. On a pn+1 ≥ pn par construction de pn+1 . u t

Lemme X.3.184. Si A vérifie les hypothèses du théorème de Stone-Weierstrass


alors on a
∀u ∈ A =⇒ |u| ∈ A.
A désigne l’adhérence de A dans C(X, IR) muni de la distance de la convergence
uniforme.

Démonstration Soit u, v ∈ A. Il existe une suite (un )n∈IN ⊂ A et une suite


(vn )n∈IN ⊂ A telles que

u = lim un v = lim vn .
n→+∞ n→+∞

Les suites (un + vn )n∈IN ⊂ A et (un vn )n∈IN ⊂ A convergent respectivement vers


u + v et uv. Donc u + v et uv sont des éléments de A.
Les fonctions constantes appartiennent à A.
Si α ∈ IR, on a αu ∈ A. Soit n ∈ IN on a un ∈ A et un+1 = un u ∈ A.
Si α0 , · · · , αn ∈ IR alors α0 + α1 u + · · · + αn un ∈ A.
Si q est un polynôme alors q(u) ∈ A. En particulier q(u2 ) ∈ A car u2 ∈ A.

Soit ε > 0, pn c.u vers t,

∃N ∈ IN / n ≥ N =⇒ ∀t ∈ [0, 1] |pn (t) − t| < ε.
u
Soit u ∈ A, u : X → IR, continue. Soit M = max |u(x)|. On pose v = ∈ A.
x∈X M
Pour tout x ∈ X, on a |v(x)| ≤ 1. Donc v(x)2 ≤ 1.
p
Pour tout x ∈ X, on a |pN (v(x)2 ) − v(x)2 | ≤ ε.
Donc pour tout x ∈ X, |pN (v(x)2 ) − |v(x)|| ≤ ε.
On a pN (v 2 ) ∈ A et d∞ (pN (v 2 ), |v|) ≤ ε. Donc |v| ∈ A = A.
u
Or on avait posé v = , donc |u| = M |v| ∈ H. u t
M
110 X. Espaces fonctionnels

Démonstration [Stone Weirstrass cas réel]


On montre que A vérifie les hypothèses du Lemme X.3.182.
u + v + |u − v|
Soit u, v ∈ A. On a sup(u, v) = ∈ A et
2
u + v − |u − v|
inf(u, v) = ∈ A.
2
Soient x1 , x2 ∈ X tel que x1 6= x2 et α, β ∈ IR. Il existe v ∈ A telle que
v(x1 ) 6= v(x2 ).
On définit
v(x) − v(x2 ) v(x) − v(x1 )
u(x) = α +β .
v(x1 ) − v(x2 ) v(x2 ) − v(x1 )
On a u(x1 ) = α, u(x2 ) = β et u ∈ A ⊂ H. D’après le Lemme X.3.182
A = C(X, IR) = A. u t

Théorème X.3.185. [Stone-Weirstrass] Cas complexe.


Soient X un compact et A une partie de C(X, C)
l telle que :
i) A contient les constantes complexes,
ii) Si u, v ∈ A alors u + v, uv et u appartiennent à A,
iii) A sépare les éléments de X,
alors A est dense dans C(X, C)
l muni de la distance de la convergence uniforme.

X.3.57. Applications

Proposition X.3.186. Soient K un compact de IRn et PK l’ensemble des


polynômes à coefficients réels définis sur K.
Alors PK est dense dans C(K, IR).

Démonstration Les constantes appartiennent à PK . Soit u, v ∈ PK , u + v ∈ PK


et uv ∈ PK .
Soit a = (a1 , · · · , an ), b = (b1 , · · · , bn ) tel que a 6= b. Il existe io tel que aio 6= bio .
1
On pose pour tout x ∈ IRn p(x) = (xi − bio ). p(a) = 1 et p(b) = 0.
a io − b io o
Donc p(a) 6= p(b).
Les hypothèses du théorème de Stone-Weirstrass sont vérifiées, donc P K est dense
dans C(K, IR). u t
Références bibliographiques

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Paris, 1965.
[2] G. Christol, Anne Cot et Charles Michel Marle. Topologie, Ellipses,
1997.
[3] J. Dieudonné. Elément d’analyse, tome 1 et tome 2, Gauthier-Villars, Paris
1968.
[4] Jacques Diximier. Topologie générale, Puf, 1981.
[5] Kolmogorov-Fomine. Eléments de la théorie des fonctions et de l’analyse
fonctionnelle, Editions de Moscou, 1977.
[6] Serge Lang. Analyse réelle, Inter Editions, Paris, 1977.
[7] Seymour Lipschutz. Topologie, Série Schaum.
[8] James R. Munkres. Topology, A first Course, Prentice-Hall, New Jersey,
1975.
[9] Mary T. Niane. Cours Oral de Topologie, Licence de mathématiques, U.F.R
M.A.I, UGB, 1993-1994 et 2000-2001.
[10] Mary T. Niane. Cours Oral de Calcul différentiel et méthodes qualitatives,
Licence de mathématiques, U.F.R M.A.I, UGB, 1993-1994.
[11] Walter Rudin. Analyse Réelle et Complexe, Masson, 1992.
[12] Lynn A. Steen, J. Arthur Seebach, Jr. Counterexamples in Topology,
Second edition, Springer-Verlag, 1978.
[13] L. Schwartz. Cours d’analyse à l’école polytechnique, tome 1 et tome 2,
Hermann, Paris, 1981.
[14] C. Wagschal. Topologie, Cours d’Analyse, Chapitre 2, 1976.

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