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2021 / 1442 H
© Éditions Erkam - Istanbul: 1442 / 2021
ÉDITIONS
ERKAM
À LA LUMIÈRE DU SAINT CORAN LA CHAÎNE DES PROPHÈTES
ÉDITIONS
ERKAM
Dieu dit dans le Coran à propos du Saint Prophète r :
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« Et tu es certes d’une moralité éminente. » (al-Qalam, 68 :4)
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« En effet, vous avez dans le Messager d’Allah un excellent modèle
[à suivre], pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et
invoque Allah fréquemment. » (al-Azhab, 33 : 21)
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« (…) Prenez ce que le Messager vous donne ; et ce qu’il vous
interdit, absentez-vous en ; et craignez Allah car Allah est dur en puni-
tion. » (al-Hashr, 59 : 7)
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Dis : ‹ Obéissez à Allah et au Messager. Et si vous tournez le dos...
alors Allah n’aime pas les infidèles ! » (Al-Imran, 3 : 32).
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« Et ceux qui ont cru et accompli de bonnes œuvres et ont cru en
ce qui a été descendu sur Muhammad - et c’est la vérité venant de leur
Seigneur - Il leur efface leurs méfaits et améliore leur condition. » (Mu-
hammad, 47 : 2).
Le Messager de Dieu r a dit :
« Je vous laisse deux choses si vous vous y tenez vous ne vous égarerez
jamais, le Livre de Dieu (le Saint Coran) et la Sunna (la Tradition) de Son
Prophète. » (Muttawa’, Qadar, 3)
« Je serai le premier d’entre vous à atteindre le Bassin d’al Kawthar et
c’est là que je vous rencontrerai ! Notre lieu de rencontre sera le Bassin. Je le
vois en ce moment même ! Je témoignerai en votre faveur ! On m’a donné à
cet instant les trésors de la terre ainsi que leurs clés. Par Allah, je ne crains
point que vous retourniez après moi à l’idolâtrie, mais je crains que vous
vous laissiez emporter par la cupidité de ce monde et que vous deveniez
jaloux les uns des autres, vous entretuant et périssant tout comme ceux qui
ont péri avant vous ! » (Al Boukhari, Janaiz, 73 ; Muslim, Fadail, 31).
« Soyez assurés que je vous précéderai et que je vous attendrai ! Soyez
conscients que (dans l’Au-delà) notre lieu de rencontre sera le haut du Bas-
sin d’al-Kawthar. Celui qui demain veut me rencontrer doit tenir ses mains
et sa langue éloignées du péché. » (Al Boukhari, Salât, 80 ; Ibn Sa’d, II, 227).
Et de Mawlânâ Rumî ç :
AVANT-PROPOS
Considérant le fait que toute chose venue à l’existence, sur le plan de la raison,
provient de la Lumière de Muhammad, il est impossible de rendre justice par ces
mots humbles, à la vie, si unique et sans tache, d’un homme honoré comme étant
le « Bien-aimé » par le Créateur. Pourtant, d’innombrables avantages attendent
chaque personne, selon l’aptitude de chacune, quand on tente de raconter la vie du
Saint Prophète r et de transmettre ses caractéristiques aux générations nouvelles.
Ainsi, nous nous considérerons honorés si par ce travail nous pouvons recevoir un
tant soit peu un aperçu du caractère exceptionnel du Saint Prophète r et imiter sa
grande moralité. Que l’on sache que nous sommes loin d’avoir tout compris et tout
expliqué sur la personnalité du Saint Prophète r comme il fut. En respect pour la
magnificence du Messager de Dieu r, nos paroles devraient plutôt être considérées
comme un mince rayon de lumière qui perce à travers le feutre d’une lampe. Dieu
déclare en effet :
Chers lecteurs !
Le travail que nous présentons ici est la version enrichie du quatrième volume
de Nebiler Silsilesi (la Chaîne des Prophètes), d’abord publiée en langue turque.
Les trois premiers volumes ont porté sur la vie des prophètes antérieurs.
Le quatrième volume, un aperçu de la vie et de l’époque du Prophète Muham-
mad r, a été dans cette nouvelle édition regroupée dans un seul volume, composé
de trois parties : la première traitant de l’existence de la Lumière des Mondes avant
l’apostolat prohétique, la deuxième traitant de la période mecquoise.
Je remercie sincèrement Murat Kaya pour son aide à trouver les sources des
hadiths relatifs à la vie du Saint Prophète r.
Mes remerciements vont également aux traducteurs, MM Adem Dereli et Musa
Belfort, qui ont accompli un excellent travail en proposant ce texte en langue fran-
çaise.
Je veux mentionner aussi avec respect les noms des auteurs précédents ayant un
rapport avec la vie du Saint Prophète r et son époque.
Je demande le pardon et la miséricorde de Dieu en leur nom.
Le succès vient de Dieu Seul !
INTRODUCTION
De là, l’homme a besoin de guides qui possèdent une finesse d’âme, de la grâce
et un cœur rempli de délicatesse. C’est aussi pour cette raison que l’homme suit les
traces de ceux qui les captivent –bons ou mauvais- et sur lesquelles il se modèle.
Il est tragique de constater qu’aujourd’hui des personnes se mettent, eux-
mêmes et leur bonheur éternel, en danger pour tenter de ressembler à ces individus
qu’elles prennent en exemple, alors que ces individus sont sous l’emprise constante
d’un désir de libertinage et soumis à une pauvreté morale. Cette tromperie atroce
est due, en fait au vide laissé dans les cœurs. Au final, ces personnes finissent par
s’abuser elles-mêmes.
4. Quddis Allah sirruhu formule en langue Arabe de révérence pour les Saints maîtres soufis. Cela
signifie Qu’Allah sanctifie son secret.
5. Formule de révérence pour tous les Compagnons du Noble Prophète r qui en Arabe signifie Radhi
Allah Anh (Que Dieu soit satisfait de lui).
Introduction 13
Les croyants, de les toutes façons qui ne peuvent pas avoir la force nécessaire
pour le suivre dans ce domaine, ni faire ce qu’il a fait tant sur le plan matériel que
moral, ne pouvent rien résoudre de par leur état. Ces actes ne sont donc applicables
que par lui, les disciples n’étant pas autorisés à le suivre de la même manière.
2. Ceux qui concernent tout le monde
Ces actes qui doivent être universellement imités, sont la Sunna du Saint Pro-
phète r qui est, pour tous les êtres humains de toute classe, applicable en fonction de
leurs capacités. Nous ne sommes donc pas obligés d’imiter les vertus du Saint Pro-
phète r décrites dans la première section car elles sont aussi élevées que les cieux et
nous sommes incapables de suivre. Mais quant aux comportements, agissements et
paroles rentrant dans la seconde catégorie, nous en sommes responsables et devons
16 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
nous les appliquer selon la mesure de notre pouvoir tout au long de notre vie, en
les imitant et en les appliquant en marchant selon la trace lumineuse qu’il a laissée.
Cela signifie que le Saint Prophète r est en tous points un modèle même celui de
l’organisation militaire. Mais il faut attirer l’attention sur le fait que certains actes
de la Sunna et d’autres, ne sont que des permissions. Notre peuple Turc, qui montre
une grande volonté dans l’application de cet esprit en appelant ses membres « Meh-
metçik » (petit Muhammad) a ainsi voulu les orienter vers ce modèle. Il est égale-
ment très important d’assimiler la vie du Saint Prophète r pour saisir la sagesse et la
philosophie du Coran qui enseigne :
ƅ ƈ ƈ ƈ Ɔ ġƇ ÝĤƈ ğƈ ƈ ƈ
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Ƈ ĵƈž ƅ ÖóƆ Đ Ɔ ƈòñĭŽ ĩƇ ĤŽ ÒīƆ ĨĪij
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« Et l’Esprit fidèle est descendu avec cela sur ton cœur, pour que tu sois du
nombre des avertisseurs, en une langue arabe très claire. » (ash-Shuarâ, 26 : 193-195)
Et notre Saint Prophète r durant les vingt-trois années de sa mission prophé-
tique, l’a pratiqué de la plus belle des façons. au point que notre mère Aïcha c a dit
de lui : « Sa moralité était le Coran. » (Muslim, Musafirîn, 139). C’est pour cela qu’un
musulman ne peut bien comprendre le Coran sans connaître les hadiths sacrés de
notre Saint Prophète r et sa vie emprunte de vertu.7
En fait pour comprendre la culture islamique et la réaliser spirituellement
requiert inévitablement une grande source d’inspiration venant de ses vingt-trois
années de vie prophétique.
La vie spirituelle ne peut être parfaite que par l’énergie positive que dégage le
Messager de Dieu r.
Sa vie chaste est comme une peinture dans laquelle les beautés de l’islam sont
pleinement exposées.
Ni ceux qui appellent les gens à l’islam, ni ceux qui l’enseignent ne peuvent ac-
complir leur tâche sans connaître la vie bénie de leur Saint Prophète r, car il donne
les exemples les plus concrets autant en matière d’enseignement que d’appel à l’islam.
7. Si les paroles ne sont pas illustrées par des actes, on tombe dans l’erreur de pratique on a toujours
tendance à comprendre les choses abstraites par rapport à nos expériences et en fonction de notre
niveau de compréhension. Des exemples concrets portent sur la forme selon laquelle une vérité
abstraite donnée est censée se réaliser, ne laissant aucune place pour d’autres arguments. Ainsi donc
toutes les opinions proposées pour le bien de l’humanité conduisent à des différences variées dans
la pratique, du fait de leur manque de critères physiques et concrets. La pensée islamique, dans ce
sens, contient une richesse et une perfection incomparables et cela n’est possible que par le fait du
Saint Prophète r qui a solidifié l’ensemble du corps des vérités abstraites par son comportement
tout au long de sa vie et de son application immédiate, dans sa totalité, par les Compagnons y qui
providentiellement nous l’ont transmis.
Introduction 17
Les Arabes, d’autre part, vivaient dans des sociétés très soudées, entourés par de
vastes déserts, et étaient éloignés de la menace des invasions militaires et culturelles.
Comme ils n’avaient jamais été colonisés ils étaient comme des matières premières
non corrompues par une culture étrangère. Des vertus comme l’honneur, la parole
donnée, la générosité, la reconnaissance, le courage et la patience, entre autres,
étaient encore très vivaces. Cependant ces caractéristiques qui tantôt régressaient,
tantôt évoluaient avaient malgré tout glissé de leur base naturelle. En l’absence d’un
guide apte à leur montrer le vrai chemin, ils vivaient dans les ténèbres de l’ignorance.
Leur ignorance et leur ego soumis à l’esclavage avaient voilé leurs bonnes parti-
cularités cachées sous leur nature humaine. Par peur d’être contraints à la prostitu-
tion dans le cas où ils seraient capturés comme esclaves lors des batailles, les Arabes
païens tuaient leurs filles en les enterrant vivantes, à la grande consternation de leurs
mères ; ou bien gaspillaient leurs plus élémentaires besoins pour protéger leur répu-
tation de générosité. Leur bravoure et leur intrépidité les incitaient à s’engager dans
des batailles incessantes. Le lendemain était toujours synonyme d’effusion de sang.
Avec l’avènement de l’islam et l’émergence du Noble Prophète r, l’ignorance
subit des modifications patentes et à la place des caractéristiques morales prirent
forme et trouvèrent un état de perfection, une direction positive, ce qui avait pour
résultat d’éliminer les mauvais penchants qu’ils avaient à l’intérieur.
Une autre raison pour expliquer pourquoi l’Arabie a été choisie comme le ber-
ceau du dernier Prophète r était de dissiper tout doute qui aurait découlé quant
à l’authenticité du Prophétat (ou Apostolat prophétique) du Messager de Dieu r.
Les Arabes, puisqu’ils étaient un peuple analphabètes, ne furent pas affectés par les
cultures et les philosophies des nations qui les entouraient. Si le Saint Prophète r
avait été un lettré bien au fait de la culture, de la connaissance des civilisations voi-
sines et du contenu de leurs textes sacrés, il aurait été évident que le doute se serait
installé quant à sa mission divine en l’ayant appris des autres. De la même façon, si
l’islam était apparu dans une culture ou civilisation ayant atteint un niveau détermi-
né comme la civilisation perse ou byzantine, il est évident que les hommes auraient
eu beaucoup de mal à accepter les obligations et principes de l’islam. En outre, cela
aurait conduit d’autres à penser que l’islam ne fût que le produit d’un environne-
ment donné et non le fruit d’une révélation du Tout-Puissant. Pour éviter ces doutes,
l’islam a donc été envoyé à une société analphabète par le biais d’un prophète illettré,
ne laissant aucune place pour valider l’affirmation selon laquelle l’islam a été le pro-
duit d’un prophète lettré et de gens cultivés.
L’Arabie avait aussi l’avantage d’occuper une place centrale dans la carte du
monde entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique, facilitant par conséquent la propagation et
l’accessibilité de l’islam.9
9. Voir Muhammad Ilyas Abdulghanî, Târihu Makka, p. 12-13.
Introduction 19
La grande région de La Mecque est entourée par le Yémen au sud, la Mer Méditer-
ranée au nord, le Golfe Persique à l’est et la Mer Rouge à l’ouest. Elle est à la croi-
sée des chemins de toutes les liaisons intercontinentales, en particulier l’Afrique, où
Djeddah, a joué un rôle important en reliant la Mecque aux routes maritimes. À La
Mecque, la zone où la Ka’ba est située était appelée al-Batha, et le centre de la cité
était appelé Batn’u Mecca.
La Mecque fut établie par Abraham u,12 le père des prophètes.
Abraham u avait une épouse nommée Sarah qui n’avait eu aucun enfant de
lui. Sarah donna à Abraham u sa servante Hajjar et tous deux se marièrent après
l’émancipation de cette dernière. De cette union naquit Ismaël u, à qui la Lumière
muhammadienne fut transmise, à la grande déception de Sarah qui eut espéré que la
lumière passât par elle. Réaliser que la lumière avait été transmise à Ismaël u plutôt
qu’à son ancienne servante Hajjar la rendit très triste. Elle demanda à Abraham u
de prendre Hajjar et Ismaël u et de les emmener ailleurs.
Ce fut bien sûr la raison apparente de celle qui est cachée et se trouve la plus
grande, à savoir la Volonté Divine. Par conséquent, en vertu de l’ordre de Dieu,
Abraham u les emmena à La Mecque, guidé sur le chemin par l’Ange Jibril u13 .
Parvenus à La Mecque, l’Ange u dit à Abraham u d’y établir sa famille.
Mais Abraham u dit en désaccord :
« Ce lieu n’est ni bon pour l’agriculture, ni pour l’élevage des bêtes. »
Gabriel u cependant le calma :
« En effet… mais de la descendance de tes fils, le Prophète illettré apparaîtra. Et
avec lui s’achèvera la Parole Divine, les mots de l’unicité (tawhid). » (Ibn Sa’d, I, 164)
Abdullah ibn Abbâs14 t raconte :
12 Formule de révérence en Arabe qui signifie Que la Paix soit sur lui (Aleyhi Salam) et qui est em-
ployée pour un prophète ou un ange.
13 Jibril u est le nom arabe de l’Ange Gabriel. Pour plus d’homogénéité nous avons choisi de ne faire
figurer dans le texte que le nom en Français tel que les savants interprètes du Saint Coran l’ont fait.
14. Abdullah ibn Abbâs t est le fils d’Abbâs t et le cousin du Saint Prophète r. Sa mère, Ummu’l Fadl
Lubaba, fut la femme qui accepta l’islam tout de suite après Khadîdja c. Quelques instants après sa
naissance, trois ans avant l’Hégire, on le remit au Saint Prophète r qui prit le bambin dans ses bras
et mit sur son palais une datte qu’il avait mâchée. En raison de cet incident, connu sous le nom de
tahnik, Ibn Abbâs t se distingua plus tard parmi les Compagnons y. Puis le Messager de Dieu r
pria personnellement pour lui à deux reprises, disant notamment : « Dieu, accorde-lui de profondes
connaissances en matière de religion et enseigne-lui le Coran ! » Ainsi il devint le Compagnon qui savait
le mieux le Coran, ce qui lui valut le surnom de « at-Tarjuman », l’interprète, le traducteur. Il était
aussi connu sous l’appellation de Hibr’ul-Umma, signifiant le plus connaissant parmi les croyants.
Incluant les répétitions, il rapporta au total 1600 hadiths. Devenu aveugle à la fin de sa vie, il décéda à
Ta’if en 687 (68H) à l’âge de 71 ans.
Introduction 21
Laissant son fils unique et son épouse au sein de cette terre aride Abraham u
invoqua Dieu de la manière suivante :
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ÚÒ īĨƈ įĥİƆÈĚôòÒIJÓĭĨÆÒƈ ïĥÖÒñİģđäÒÔƈ ò
Ɔ Ɔƪ Ɔ ƇƆ Ž Ž Ƈ Ž Ɔ ƃ ƃƆƆ Ɔ ŽƆ Ž ž Ɔ
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Ɔ īŽ ĨƆ
« Ô mon Seigneur, fais de cette cité un lieu de sécurité, et fais attribution des
fruits à ceux qui parmi ses habitants auront cru en Allah et au Jour dernier (…) »
(al-Baqara, 2 : 126)
Le commerce caravanier
n’était pas aisé dans la Péninsule
Arabique en raison des turbu-
lences tribales et de l’absence d’un
pouvoir politique central.
Un commerçant ne se sentait
en sécurité que pendant les mois
sacrés, qui interdisent l’engage-
ment dans tout type de conflit ou
de banditisme.
Même à cet égard, La Mecque
avait la supériorité sur d’autres
endroits.
Alors que l’interdiction générale de la violence et la transgression ne couvraient
que le mois de Rajab, La Mecque connut une longue période de non-violence qui
s’étendit sur quatre mois appelée al-Ashuru’l-Hurum.
Les huit autres mois l’institution Basl protégeait les biens des nombreuses fa-
milles susceptibles d’être la proie de pilleurs. (Voir Hamidullâh, I, 24-25).
La Mecque tenait trois foires commerciales dans son voisinage : Ukâz, Majanna
et Dhu’l-Majâz. Tenues en temps de pèlerinage selon le calendrier Jalihiyya, les foires
attiraient une foule importante, faisant faire d’énormes bénéfices aux commerçants
mecquois. Étant la plus importance enceinte pour la Maison de Dieu, La Mecque a
toujours attiré l’attention des puissances voisines. En dépit de nombreuses tentatives
d’invasion à travers l’histoire, La Mecque a toujours été en mesure de conserver son
indépendance. Même les Byzantins, en dépit de leur désir d’étendre leur influence
sur la Péninsule, ont finalement échoué.
Introduction 25
īĻ ƈ ƈ ƈ ƈ ƈ ƈ Ûƅ ĻÖĢƆ IJƆÒĪƪ Òƈ
Ɔ ĩĤƆ ÓđƆ ĥŽ ĤĴïƃ İƇ IJÓ
Ɔ Ġƃ òÓ
Ɔ ×Ɔ Ĩ
Ƈ ÙƆ ġƪ ×ƈƆ ÖĴñĥƪ ĤƆ öÓĭĥƪ ĤďƆ ĄIJ
Ƈ ŽƆ ƪ
« La première Maison qui a été édifiée pour les gens, c’est bien celle de Bakka
(La Mecque) bénie et une bonne direction pour l’univers. » (al-Imrân, 3 : 96)
15. La Ka’ba a été érigée sur des colonnes d’environ 1,5 m de large. Ses murs contiennent un total de 1614
pierres de basalte de différentes dimensions apportées des environs de La Mecque.
Du côté Est se trouve la Pierre Noire, Hajar’ul-Aswad qui est conservée dans une enveloppe argentée.
Elle marque le début et la fin de la circumambulation
Le coin Est de la Ka’ba se nomme Rukn’ul-Hajar’ul-Aswad ou Rukn’us-Sharqi, son coin Nord
Ruknu’l-Iraqi, son coin Ouest Ruknu’l-Shami, et son coin Sud Rukn’ul-Yamani.
La gouttière qui canalise l’eau de pluie sur le toit de la Ka’ba (Mizab’ul Ka’ba) est appelée la Gouttière
d’Or.
Partant de la Ka’ba, les trois premiers mètres de la zone délimitée par un mur semi-circulaire, se
dressant à une hauteur de 1,32 m et à une largeur de 1,55 m, s’élevant en face de l’angle nord-ouest de
la Maison Sacrée entre Rukn’ul-Iraqi et Rukn’ul-Shami, se nomme Hatim. Cette section a été incluse
dans le bâtiment principal de la Ka’ba érigé par Abraham u.
Restreint par le manque de matériaux, toutefois, Quraysh, au cours des restaurations qu’il entreprit,
n’avait pas d’autre choix que de laisser cette partie en dehors. Le reste des 5,46 m de la zone appelée
Hijru’l-Ka’ba, Hijru Ismaël ou Hatira, est l’endroit où Abraham u avait fait de l’ombre pour Hajjar
et son fils Ismaël u à partir d’un arbre nommé Arak. Selon la tradition, Hajjar et Ismaël L seraient
enterrés dans la région de Hijr. Il a donc été décrété obligatoire d’effectuer la circumambulation à
l’extérieur de Hijr. La porte de la Ka’ba, au nord-est de la Maison, est à 2,25 m du sol. La section de la
paroi située entre la porte et le Hajar’ul-Aswad est nommée Multazam.
La hauteur exacte de la Ka’ba est de 14 m. la longueur de Multazam est de 12,84 m tandis que celle de
Hatim est de 11,28 m.
Hatim et Rukn’ul-Yamani sont séparés par une distance de 12,11 m et la distance entre Ruknu’l-
Yamani et Hajar’ul-Aswad est de (la Pierre Noire) est de 11,52 m.
À l’intérieur de la Maison Sacrée se trouvent trois piliers qui soutiennent le plafond, du mur sud
jusqu’à Hatim. En rentrant de la porte, il y a un escalier à droite. À l’entrée de l’escalier il y a une porte
dont le nom est Bab’ut Tawba, la Porte de la Repentance. Les murs intérieurs de la Ka’ba et son
toit sont recouverts d’un tissu de soie verte. (Muhammad Ilyâs Abdulghanî, p. 33-66 ; Kâmil Mîrâs,
Traduction de Tajrid, VI, 17-20)
26 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
ĵĥƬ āƆ Ĩ
Ƈ ħĻ İƀ óÖÒƈ ĦÓƈ ĝĨīĨÒIJ
ƈ ñƇ íƈ ÜÒƪ IJÓĭƃ ĨƆÒIJöÓ
ƈ ĭĥĤƈ Ùƃ ÖÓáƆ ĨÛƆ Ļ×ĤŽ ÒÓĭƆ ĥŽ đäðŽ Òƈ IJ
Ɔ ſŽ Ɔ Ɔ Ž Ɔ Ž Ɔ ƪ Ɔ Ɔ ŽƆ Ɔ Ɔ Ɔ
« Et rappelle-toi], quand nous fîmes de la Maison un lieu de visite et un asile pour les gens -
Adoptez donc pour lieu de prière, ce lieu où Abraham se tint debout. » (al-Baqara, 2 : 125)
Introduction 27
blanche que le lait et la neige quand elle descendit et devint noire à cause des péchés
humains. (At Tirmidhi Hajj 49/877 ; Ahmad, I, 307)18
Il est aussi rapporté que les feux qui eurent lieu avant et après l’islam ont à voir
en partie avec l’obscurcissement de la Pierre. Mais il reste néanmoins des endroits
de la Pierre qui sont restés très blancs ; ce sont ceux qui font face au mur de la Ka’ba.
Mujahid raconte qu’Abdullah ibn Zubayr t vit en démolissant le mur de la
Ka’ba pour le rénover que le côté intérieur de la Pierre Noire était blanc. Qarmatîs,
Muhammad ibn Nafî al-Khuzâî qui, après avoir été emmenée par les schismatiques
assista à la réintégration de la Pierre la 339ème année de l’Hégire témoigna plus tard :
« J’étais là pour inspecter la Pierre Noire quand elle a été remise à sa place et j’ai
vu que d’un seul côté la face visible de la Pierre était noire, tandis que les trois autres
côtés étaient blancs. »
Durant l’année 1039 de l’Hégire, la Ka’ba fut détruite par une forte inondation
qui avaient balayé La Mecque. Pendant la reconstruction, l’Imam Allân al-Makkî
inspecta la Pierre Noire, ajoutant que « les parties de la Pierre Noire installées face
aux murs de la Ka’ba étaient aussi blanches que la pièce du marbre où Abraham avait
prié (Maqâmu Ibrahîm) » (Voir Said Bektash, p. 36-38; Dr Muhammad Ilyâs Abdulghanî, p. 43).
Le Coran raconte qu’une fois la construction de la Ka’ba achevée, le prophète
Abraham u et son fils invoquèrent Dieu ainsi :
ƈ Ɔ ğƆ ĤƆ Ùƃ ĩĥƈ ùĨÙƃ ĨƇÈÓĭƆ Ýƈ ĺòƈ ðƇ īŽ Ĩƈ IJğƆ ĤƆ īƈ Ļĩĥƈ ùĨÓĭƆ ĥŽ đäÒ
ÕŽ ÜƇ IJÓ Ɔ ĬƆ ƈòÈIJ
Ɔ ĭƆ ġƆ øÓĭƆ ĨÓ Ɔ Ɔ ŽƇ ƪ ƪž Ɔ Ž Ɔ Ž Ƈ Ɔ Ž Ɔ Ɔƪ Ɔ
IJÓĭÖò
ħ ƈıĻĥƆ ĐÒij ĥÝĺħıĭĨ ƈ źijøòħ ƈıĻĘ ƈ ߎ đÖÒIJÓĭƆ ÖòħĻèƈ óĤÒÔÒijÝĤÒÛƆ ĬŽ ƆÈğƆ Ĭƈƪ ÌÓĭƆ ĻĥƆ Đ
Ž Ž Ɔ Ƈ ŽƆ Ž Ƈ Ž ƃ Ƈ Ɔ Ž ƆŽ Ɔ ƪƆ Ƈ ƪ Ƈ ƪƪ Ž Ɔ
ħĻġƈ éĤÒ õĺ ƈõđĤÒÛĬƆÈğĬƈÌħ ƈıĻĠƈ õĺIJÙĩġéƈ ĤÒIJÔÓÝġƈ ĤÒħıĩĥƈ đĺIJğÜÓƈ ĺÆ
Ƈ Ɔ Ƈ Ɔ Ɔ Ž Ɔ ƪ Ž ž ƆƇ Ɔ Ɔ Ɔ Ž Ž Ɔ Ɔ Ɔ Ž Ƈ Ƈ Ƈ ž ƆƇ Ɔ Ɔ Ɔ
« Notre Seigneur ! Fais de nous Tes Soumis, et de notre descendance une
communauté soumise à Toi. Et montre-nous nos rites et accepte de nous le
repentir. Car c’est Toi certes l’Accueillant au repentir, le Miséricordieux. Notre
Seigneur ! Envoie l’un des leurs comme messager parmi eux, pour leur réciter Tes
versets, leur enseigner le Livre et la Sagesse, et les purifier. Car c’est Toi certes le
Puissant, le Sage ! » (al-Baqara, 2 : 128-129)
La Ka’ba achevée, le Tout-Puissant ordonna à Abraham u d’inviter les gens
au Pèlerinage (Hajj):
18. Les savants commentent que si les péchés peuvent avoir sur une pierre un tel effet jusqu’à la rendre
noire, quelle pourrait être l’intensité de la ternissure sur les cœurs. S’abstenir au maximum des péchés
est par conséquent un devoir.
28 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
ƈ ĪŽ ðž ƈ ÒƆ IJ
ƈ ĭĤÒĵĘ
ƃźÓäƆ ƈòĞƆ ijÜƇ ÉŽ ĺƆ ãƈž éƆ ĤŽ ÓƈÖöÓ ƪ Ɔ
ěĻƅ ĩƈ Đ ƈ īĻÜƈ ÉŽ ĺ ƅóĨÓƈ Ą
Ɔ ãƅž ĘƆ ģƈ ž Ġ
Ƈ īŽ Ĩ Ɔ Ɔ Ɔ ģƈ ž Ġĵ
Ƈ ĥƆ ĐƆ IJƆ
« Et fais aux gens une annonce pour le Hajj. Ils viendront vers toi, à pied, et
aussi sur toute monture, venant de tout chemin éloigné (…). » (al-Hajj, 22 : 27)
N’écoutant que cet ordre divin, Abraham u gravit la Montagne d’Abû Qubays
qui était à proximité et appela dans les quatre directions avec une voix audible,
informant les gens de leur obligation à se rendre à la Ka’ba. (Voir Kâmil Mîrâs, Traduction
de Tajrid, VI, 20-21; Said Bektash, p. 111).
qui commencèrent à bombarder l’armée avec de petites pierres d’argile cuite qu’ils
tenaient dans leurs griffes.
Les pierres tombèrent sur l’armée comme de la grêle, détruisant tout ce qu’elles
touchaient.
Les petits oiseaux étaient en train de pulvériser les éléphants apparemment
invincibles et qui pesaient des tonnes. L’année où cet évènement miraculeux a eu
lieu a été nommée ensuite par les Arabes « l’Année de l’Eléphant ».
Le Tout-Puissant raconte ainsi cette histoire dans le Coran :
ģƆ øƆ òŽ ƆÈIJ
Ɔ ģĻ ƅ ĥƈ ąŽ ÜĹ
Ɔ Ęƈ ħİïƆ ĻĠ ģđåĺħĤƆÈģĻęƈ ĤÒÔÓ
Ž Ƈ ŽƆ Ž Ɔ Ž Ɔ Ž Ɔ ƈ Ž
ƈ éƆ ĀŽ ƆÉÖƈ ğƆ Öƫ ò Ɔ óƆ ÜƆ ħŽ ĤƆ ƆÈ
Ɔ ģƆ đƆ ĘƆ ėƆ ĻŽ Ġ
ƅ ĠƇ ÉŽ Ĩėƅ āđĠ
Ģij ƅ åž ƈ ø ƈ ƅ åéƈƈ Öħ ƈıĻĨƈ óÜ
ƈ īĨ ģĻƈÖÓÖƆÈÒóĻĈħ ƈıĻĥĐ
Ɔ Ž Ɔ Ɔ ħŽ ıƇ ĥƆ đƆ åƆ ĘƆ ģĻ Ž ØòÓ
Ɔ Ɔ Ž Ž Ɔ Ɔ Ɔ ƃ ŽƆ Ž ŽƆ Ɔ
« N’as-tu pas vu comment ton Seigneur a agi envers les gens de l’Eléphant.
N’a-t-Il pas rendu leur ruse complètement vaine ? Et envoyé sur eux des oiseaux
par volées qui leur lançaient des pierres d’argile ? Et Il les a rendus semblables à
une paille mâchée. » (al-Fil, 105 : 1-5)
La Ka’ba, la Maison de la Bienveillance servant de lieu de culte au Dieu unique,
a été de tout temps bénie par Dieu et maintenue sous Sa protection. Le châtiment
exigé d’Abraha pour son manque de respect envers la Ka’ba demeure en termes non
équivoque un avertissement jusqu’à l’Heure finale pour tous ceux qui abritent de
telles malveillances à l’encontre de la Maison Sacrée. Le Coran étend similairement
cette dimension à toutes les mosquées de Dieu :
ƈ ƈ Ʃ ïƆ äÓ ƈ
įƇ ĩƇ øÒÓ Ɔ ĘóƆ ĠƆ ñŽ ƇĺĪŽ ƆÈųÒ
Ž ıĻ
ƈ ùĨ
Ɔ Ɔ ďƆ ĭƆ Ĩ
Ɔ
Ɔ īŽ ĩƪ ĨħƇ ĥƆ ČŽ ÈīŽ ĨƆ IJƆ
ħıƇ ĤƆ īĻ ęƈ ÐÓƈ ì Ɔ ĥƇ ìƇ ïŽ ĺƆ ĪŽ ƆÈħŽ ıƇ ĤƆ ĪÓ
Ɔ ƪ źÌƈ Óİij Ɔ ĠÓƆ Ĩ ƈ
Ɔ ğƆ ÑĤſ IJƇÈÓıƈƆ ÖÒóƆ ìĹ
Ɔ Ęĵ ƈ đøIJ
Ž Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ
ħĻčƈ Đ ÔÒñĐØƈ óìŴ ƈ ÒĹĘ ƈ ħıĤƆ IJĸõìÓ ƈ ĻĬïĤÒĹĘƈ
Ƅ Ɔ Ƅ Ɔ Ɔ Ɔ Ž Ž Ƈ Ɔ Ƅ Ž ƆŽ ƫ
« Qui est plus injuste que celui qui empêche que dans les mosquées d’Allah,
on mentionne Son Nom, et qui s’efforce à les détruire ? De tels gens ne devraient
y entrer qu’apeurés. Pour eux, ignominie ici-bas, et dans l’au-delà un énorme
châtiment. » (al-Baqara, 2 : 114)
Aveuglé par son arrogance sans bornes, Abraha était convaincu de détenir un
grand pouvoir et le châtiment qui lui a été imposé fut à la mesure de cette arrogance.
32 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Il n’a pas été frappé par des bêtes connues pour leur force comme des lions ou
des tigres, ou même des serpents venimeux, mais par de faibles oiseaux transportant
des pierres plus petites que des pois chiches.
Le Tout-Puissant avait déjà anéanti dans le passé de tels impies arrogants
comme Pharaon, Nemrod ou bien Goliath en utilisant des créatures apparemment
impuissantes, dans le but de montrer combien en réalité ils sont faibles.
Abraha retourna au Yémen, la terre d’où il était sorti plein d’honneur et de
majesté, emprunt d’une allure méprisable.
Avec son corps parsemé de plaies et ses vêtements en lambeaux, il retourna
dans sa ville en rampant.
Son état est une leçon saisissante sur la manière dont la disgrâce fait suite à
l’arrogance, même ici-bas.
Nommée par les Qurayshites « l’Année de l’Eléphant », cette année marqua le
point de départ de leur calendrier.
Qubash ibn Ushaym t, un des peiux Compagnon du Saint Prophète r avait
coutume de citer l’Année de l’Eléphant pour raconter aux autres comment lui et le
Saint Prophète r étaient nés la même année :
« Le Prophète et moi, dit-il, sommes nés au cours de l’Année de l’Eléphant. »
Othman ibn Affân u lui demanda :
« Etais-tu le plus âgé ou bien était-ce le Prophète le plus âgé ? ».
Qubash ibn Ushaym t lui répondit de la plus respectueuse et délicate façon :
« Le Prophète était beaucoup plus grand que moi. Mais ceci dit, j’étais plus âgé
que lui22, je me souviens que les excréments appartenant aux éléphants d’Abraha
étaient encore verts et peu altérés. » (At Tirmidhi, Manâqîb, 2).
ĪÓ Ɔ īŽ ġƈ ĤƆ IJÓ
Ɔ Ġ ƈ
Ɔ ĻƬ ĬÒóƆ āŽ ĬƆ ƆźIJÓ
ƈ
Ɔ ĺƬ îijıƇ ĺƆ ħĻ İƈ óÖÒƈ ĪÓĠÓĨ
Ƈ ƆŽ Ɔ Ɔ Ɔ
īĻ ƈ ƈ Ɔ ĠÓ ƈ ƈ
Ɔ Ġ ƈóýŽ ĩƇ ĤŽ ÒīƆ ĨĪÓ Ɔ ĨƆ IJÓƆ ĩƃ ĥùŽ ĨÓ
Ƈ ęƃ ĻĭèƆ
« Abraham n’était ni Juif ni Chrétien. Il était entièrement soumis à Allah
(Musulman). Et il n’était point du nombre des Associateurs. » (al-Imrân, 3 : 67)
Durant l’Ère de l’Ignorance (Jahiliyyâh), le terme hanîf fut utilisé pour désigner
celui qui rejetait le culte des idoles, épousait la croyance en un seul Dieu et suivait la
religion d’Abraham u. On trouvait parmi les hanîf des personnes comme Waraqa
ibn Nawfal, Abdullâh ibn Jasht, Othman ibn Huwayrith, Zayd ibn Amr et Quss ibn
34 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Sâida y restèrent pendant toute leur vie inflexibles en refusant d’invoquer les idoles
ou de se prosterner devant elles.
Ibn Omar t23 raconte :
Le Saint Prophète r, avant que la révélation divine lui parvienne fut invité à un
repas près de la vallée de Baldah. (vallée près de La Mecque).
Zayd ibn Amr ibn Nufayl t assistait lui aussi à ce repas. Comme le Saint Pro-
phète r refusa de manger la viande qui lui était offerte Zayd t agit de même et dit :
- Je ne mangerai rien de ce qui provient de l’abattage accompli au nom de vos
idoles de pierre. Je ne mange que ce qui est abattu au nom de Dieu.
Zayd ibn Amr t était connu pour critiquer la façon dont les Qurayshites abat-
taient leurs animaux, ce qu’il considérait comme une chose abominable en disant :
- Dieu a créé la brebis, a envoyé pour elle de l’eau du ciel et l’a parfait en lui
octroyant de l’herbe pour se nourrir, et pourtant vous l’abattez au nom d’un autre
que Dieu. » (Al Boukhari, Manâqibu’l-Ansâr, 24 ; Dhabâih, 16)
Selon un autre récit d’Ibn Omar t :
« Zayd ibn Amr ibn Nufayl t s’était rendu à Damas afin d’en savoir davantage
sur la vraie religion à suivre. Il y rencontra un savant religieux juif à qui il demanda :
- Je pense embrasser votre religion, alors dites-moi quelque chose à son sujet.
23. Abdullah ibn Omar t est né l'an trois de l’Apostolat prophétique. Il fit l’hégire avec son père Omar t
et fut avec Abû Ayyûb al-Ansarî t membre de l’armée qui devait mettre le siège sur Istanbul. Comme
sa sœur ainée Hafsa c était l’épouse du Noble Messager r, il eut le privilège de vivre en sa proche
compagnie. Il rapporta 2.630 hadiths et fut ainsi un des 7 compagnons y mukthirun (rapporteur de
plus de 1.000 hadiths) et un de ceux qui qui apporta le plus grand nombre de fatwas (Sentences de
jurisprudence). Il était sans égal, cependant, suivait à la lettre le mode de vie du Messager de Dieu r et
appliquait scrupuleusement ses recommandations. Après le décès du Saint Prophète r, en raison de
son extrême affection pour lui, Ibn Omar t n’offrait sa prière que dans les endroits précis où le Saint
Prophète r les offrait ; il marchait sur les chemins qu’il avait coutume d’emprunter, s’asseyait à l’ombre
des arbres sous lesquels le Messager de Dieu r avait l’habitude de s’asseoir, à dessein de les arroser
afin qu’ils ne se desséchassent point. (Al Boukhari, Salât, 89 ; Hajar ibn al-Isaba, II, 349). Alors qu’il
souffrait d’une crampe majeure au pied, Abdurrahman ibn Sa’d t, qui était à ses côtés, lui conseilla de
prononcer le nom de la personne qu’il aimait le plus. Ibn Omar t s’écriant « Muhammad » vit alors
son pied immédiatement soulagé de la douleur. (Ibn Sa’d, IV, 154). Bien qu’il fut aussi un des plus
riches Compagnons, il ne permit pas que sa fortune s’accumule et la distribua aux pauvres nécessiteux
dès qu’il en eut l’occasion. Il avait l’habitude d’épargner ses biens les plus précieux pour en faire don
ensuite, œuvrant ainsi en toute charité dans la voie du Tout-Puissant. Il commença aussi à affranchir
un par un tous ses esclaves, développant ainsi un comportement digne d’éloges, en particulier envers
ceux qui avaient commencé à effectuer la prière. À ce sujet Ibn Omar t fut une fois averti par l’un
de ses amis qu’un de ses esclaves ne fréquentait la mosquée que pour être affranchi. La réponse d’Ibn
Omar t, montre la splendide profondeur de l’amour divin dans son cœur : « Nous sommes prêts à
être trompés par ceux qui souhaitent nous tromper avec Dieu ! » Il a affranchi plus de mille esclaves.
Il décéda à La Mecque en l’an 692 (73 de l’Hégire) à l’âge de 85 ans.
Introduction 35
Asma bint Abû Bakr c24 rapporte avoir entendu Zayd ibn Amr ibn Nufayl t,
déclarer en étant debout le dos contre la Ka’ba :
« Gens de Quraysh ! Par Dieu ! Nul parmi vous n’appartient à la religion
d’Abraham, excepté moi. »
Elle ajouta que Zayd t prit grand soin de préserver la vie des petites filles, les
sauvant ainsi d’une mort atroce.
Voyant un homme voulait tuer sa fille, il intervint et dit :
24. Radhi Allah anha expression qui signifie qu’Allah soit satisfait d’elle formule de révérence employée
pour les saintes femmes, filles et les femmes compagnons féminin du Prophète r.
36 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
PREMIÈRE PARTIE
39
LA NAISSANCE ET L’ENFANCE
DU SAINT PROPHÈTE r
La Lumière Muhammadienne
Lorsqu’on pense à Dieu, nous ne pouvons le faire sous le rapport du temps et
de l’espace parce qu’Il est Celui qui transcende toutes les dimensions.25 Existant de
toute éternité, Son existence provient de Lui-même sans besoin de tout autre. Cela
étant, le Tout-Puissant a voulu être connu et a donc créé l’existence, le monde de la
pluralité (âlam’ul-kastrat), qui est également appelé mâ siwallâh, désignant toute
chose autre que Dieu.26
Dans le processus de la création, Il créa d’abord la lumière qui est l’essence de
Haqîqa’tul-Muhammadiya, la Réalité muhammadienne.
Une pierre précieuse se conserve dans une boîte ornementale et non dans une
boîte rudimentaire. En parallèle la Lumière muhammadienne est le bijou précieux
caché dans le reste de la création, la boîte ornementale servant à le préserver. Les
créatures n’ont été créées que pour l’amour de Sa grandeur. On pourrait donc dire
que Dieu a créé l’existence dans le but d’orner la Lumière muhammadienne. Dans le
langage divin, le Tout-Puissant, origine de la création, est libre de faire tout ce qu’Il
veut, tandis que la cause est la Lumière muhammadienne, la première création.
Contrairement aux affirmations des philosophes, l’univers n’est ni éternel ni
incréé ; au contraire, il a été façonné par Dieu. Seul le Tout-Puissant est incréé et
intemporel. La Lumière muhammadienne fut créée en premier, comme le met en
lumière ce hadith :
« J’étais déjà un Prophète alors qu’Adam n’était qu’entre âme et corps (quand la
création d’Adam u était dans sa phase proême). » (Tabaranî Al-Mu’jam al-Kabir; Al Kha-
sa’is al-Kubra, v.1, p.4; Tirmidhi, Manâqib, 1)
25. L’esprit humain est d’une nature qui ne peut penser que dans les limites de l’espace et du temps. Avec
les impressions qu’il reçoit du monde physique, il peut, dans une certaine mesure, atteindre la Vérité.
Lié par les impressions reçues du monde de l’observation de se référer à des vérités qui transcendent
le domaine observationnel, tant en termes de désignation que d’insinuation du contenu des vérités
métaphysiques, l’homme est donc pratiquement obligé d’avoir recours à la métaphore.
26. Mâ siwallâh désigne tout ce qui est en dehors de Dieu et qui maintient une distance vis-à-vis de Lui.
40 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
En d’autres termes, le Saint Prophète r fut créé et se vit confier son Aposto-
lat prophétique bien avant la création d’Adam u. Sa manifestation corporelle sur
Terre, cependant, marque la dernière page du livre de l’histoire prophétique, ce qui
signifie en d’autres termes que c’est la Lumière muhammadienne qui tourna la pre-
mière page de ce livre dont la dernière prit fin avec l’avènement de Muhammad r en
tant que prophète venu physiquement.
Le Prophète Muhammad r est donc la Lumière de la Création auprès de qui
tous les êtres empruntent leur valeur, un fait élaboré dans le hadith suivant :
« Quand Adam fut expulsé du Paradis à cause de son péché, il demanda par-
don à Dieu en prononçant ces mots : « Pardonne-moi, mon Seigneur, pour l’amour de
Muhammad ! »
« Comment connais-tu le nom de Muhammad alors que Je ne l’ai pas encore
créé ? demanda le Tout-Puissant. »
Adam u répondit :
« Lorsque Tu m’as créé, mon Seigneur, et insufflé en moi Ton esprit, j’ai levé la
tête et vu inscrit les mots Lâ ilâha ilallâh, Muhammad Rasûlullâh au-dessus des piliers
du Trône. J’ai donc pensé que Tu voulais mentionner Ton nom à côté de celui du Plus
Aimé de la Création. »
« Je te pardonne, déclara le Tout-Puissant. Certes Il m’est le plus aimé de la créa-
ture. Implore-moi par son intermédiaire. (Puis chose faite) Je te pardonne. Mais sache
que si Muhammad n’avait point existé, je ne t’aurai guère créé. » (Hâkim, II, 672)
Selon le rapport d’Ibn Abbâs t, Dieu inspira à Jésus (Issa u) de « croire en
Muhammad r et d’ordonner aux gens de son époque de croire en lui. Car si ce n’était
pas à cause de Muhammad r Je n’aurais créé ni Adam u ni le Paradis ni l’Enfer.
Quand J’ai créé le Trône (Arsh) sur l’eau, il a commencé à remuer, en s’arrêtant seu-
lement après que J’eus écrit Lâ ilâha ilallâh, Muhammad Rasûlullâh. » (Hâkim, II, 672)
Jabir t aurait un jour demandé au Saint Prophète r :
« Que mon père et ma mère te servent de rançon ô Messager de Dieu ! Peux-tu
me dire quelle est la première chose que Dieu créa ?
Le Prophète r répondit :
« La première chose créée par Dieu fut la Lumière de Son Messager (issue) de Sa
Propre Lumière. » (Voir Ajlunî, I, 265).
Ibn ‘Arabî g, quant à lui, avance le commentaire suivant :
« Quand Dieu annonça à Muhammad r sa mission prophétique, Adam u qui
n’avait pas été entièrement créé était dans un état intermédiaire entre l’eau et la boue.
La Naissance et l’enfance du Saint Prophète 41
Dès lors le Messager de Dieu r devint effectivement le cœur principal de toutes les
lois divines (charia) pour apparaître ensuite à travers les prophètes L. Même si,
comme le Saint Prophète r l’a indiqué selon le hadith qui explique qu’il était un
Messager r lorsqu’Adam u était toujours dans un état intermédiaire entre l’esprit
et le corps, il avait une charia. Il ne dit pas qu’il était un « homme » ou qu’il existait
car l’Apostolat prophétique ne peut se faire que par une loi, une charia, donnée par
le Tout-Puissant. » (Ibn ‘Arabî, al-Futuhat, II, 171 ; IV, 66-67)
Dans un autre ouvrage célèbre Ibn ‘Arabî g dit :
« Étant la plus parfaite de toutes les particularités humaines, l’Apostolat pro-
phétique a ainsi débuté et s’est achevé avec le Messager de Dieu r. » (Ibn ‘Arabî, Fusûs
al-Hikam, IV, 319)
27. Les autres distiques présents dans le Mawlid de Sulayman Chelebi g apportent en outre un hommage
lyrique au Noble Prophète r en tant que Lumière de l’Existence et raison pour laquelle l’univers a été
créé en l’honneur de la Lumière muhammadienne.
42 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Mustafâ, qui est un autre noble nom du Saint Prophète r, signifie « celui qui a
été délicatement élu ».
Chaque fois qu’il y eut scission dans la lignée, les ancêtres du Noble Prophète r
réussirent à maintenir le lien le plus pur.
En conséquence, depuis Adam u et Eve(Hawwa), la Lumière Prophétique fut
transmise de génération en génération par l’entremise des plus purs des mères et des
pères. (voir Ahmad, I, 210).
Le Coran décrète:
« Et place ta confiance dans le Tout-Puissant, le Très- Miséricordieux, qui
te voit quand tu te lèves, et (voit) tes gestes parmi ceux qui se prosternent » (al-
Shu’ara, 26 : 217-219)
« Dieu a choisi Ismaël parmi les fis d’Abraham ; le clan de Kinana parmi les
descendants d’Ismaël, Quraysh parmi les fils de Kinana, les fils de Hashim parmi
Quraysh, et les fils d’Abd al-Muttalib parmi Hashim ; et moi parmi les fils d’Abd al-
Muttalib. » (Muslim, Fadâil, 1 ; At Tirmidhi, Manâqib, 1)
En ce qui concerne la pureté bien connue relative à la généalogie du Noble
Prophète r et de ses éminents ancêtres, le grand érudit musulman Ibn Khaldun
apporte ces remarques :
« Nul autre que le Prophète Muhammad r peut se targuer d’avoir une lignée
attestée et bénie par une pureté et une noblesse ininterrompues depuis Adam u.
C’est un cadeau spécial que le Tout-Puissant a offert à Son Bien-aimé. » (Ibn Khaldun,
I, 115).
Dans la Loi islamique aujourd’hui, le prix du sang pour une personne tuée
s’élève à une centaine de chameaux ou bien l’équivalence, une juridiction qui est
issue de cet épisode cité précédemment.
À la mémoire du sacrifice de son père et de son aïeul Ismaël u le Noble Pro-
phète r a déclaré :
La Naissance et l’enfance du Saint Prophète 45
Lorsque le Noble Prophète r fut conçu, la lumière sur le front d’Abdallah passa
à Amina. (Voir Ibn Hishâm, I, 170).
Décès d’Abdallah
Peu de temps après le mariage, Abdallah fit un voyage commercial à Damas.
Sur le chemin du retour, il tomba malade. Parvenu à Médine, il dit à ses amis qu’il
serait mieux pour lui de rester quelques temps en ville auprès de ses oncles maternels
jusqu’à ce qu’il récupère. Bien qu’il restât un mois à Médine il ne put récupérer et
rendit finalement le dernier soupir dans la ville où il devait être enterré à l’âge de
vingt-cinq ans. (Voir Ibn Saad, I, 99). Amina versa des larmes de douleur pendant des
jours pour son défunt mari, prononça des oraisons, fit des éloges sur celui qui fut
aimé de tous, et célébra sa générosité et sa miséricorde inégalables. (Cf. Ibn Saad, I, 100).
Les engagements du Tout-Puissant pris par le biais des prophètes L antérieurs qui
ont reconnu Muhammad r comme Prophète et l’ont aidé à le manifester pendant
leur mission prophétique peuvent être considérés comme le plus grand signe attes-
tant son avènement.
Le verset coranique suivant confirme que :
ƅ ƈ ÔÓ ƈ ƈ ƈ ųÒ Ɔ
ĢijƄ øƇ ò
Ɔ ħŽ ĠƇ ÅÓƆ ä
Ɔ ħƪ ƇàÙĩƆ ġŽ èIJ Ɔ ƅ ÝƆ ĠīŽ ĨħŽ ġƇ ÝƇ ĻŽ ÜÆÓ
Ɔ ĩƆ ĤƆ īĻƈ
Ɔ Ļƈž ×ĭĤÒ
ƪ ĚÓ Ɔ áƆ ĻĨ Ƈ Ʃ ñƆ ìƆ ÈðŽ Ìƈ IJƆ
ƈ ĥƆ ĐħÜƇ ñŽ ìƆ ƆÈIJħÜƇ òóĜŽ ƆÈƆÈĢÓƆ ĜƆ įĬƪ óāĭŽ ÝĤƆ IJįƈƈ ÖīƇĭĨƈ ËŽ ÝĤƆ ħġƇ đĨÓĩĤƈ ĚƄ ïžƈ āĨ
ĸ ƈóĀƈŽ ÌħġƇ Ĥðĵ
Ž Ɔ Ž Ɔ Ž ŽƆ Ƈ Ƈ Ƈ Ɔ Ɔ ƪ Ƈ Ž Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ Ƈ
īĺ ƈ ƈ ƪ īĨ ƈ Ɔ Ž ĘƆ ĢÓƆ ĜƆ ÓĬƆ òŽ óƆ ĜŽ ƆÈÒijƇĤÓĜƆ
Ɔ ïİÓýĤÒ Ɔ ħŽ ġƇ đƆ ĨÓ
Ɔ ĬƆ ÈIJÒIJ
Ɔ ïƇ ıƆ üÓ
« Et lorsqu’Allah prit cet engagement des prophètes : ‹Chaque fois que Je
vous accorderai un Livre et de la Sagesse, et qu’ensuite un messager vous viendra
confirmer ce qui est avec vous, vous devez croire en lui, et vous devrez lui porter
secours.› Il leur dit : ‹Consentez-vous et acceptez-vous Mon pacte à cette condi-
tion ? › - ‹Nous consentons›, dirent-ils. ‹Soyez-en donc témoins, dit Allah. Et Me
voici, avec vous, parmi les témoins. » (al-Imrân, 3 : 81)
Après avoir fini la construction de la Ka’ba les prophètes Abraham et Ismaël L
prièrent en levant leurs mains vers les cieux pour l’avènement du Saint Prophète r :
à travers cela, permettra aux yeux des aveugles, aux oreilles des sourds et aux cœurs
de pierre de s’ouvrir à la vérité.» » (Al Boukhari, Buyû, 50 ; Tafsîr, 48 :3)
Conscients des caractéristiques du Saint Prophète r, les juifs attendaient
anxieusement son avènement. Si bien qu’à chaque fois qu’ils se querellaient avec les
tribus médinoises des Aws et des Khazraj, ils ne cessaient de les menacer, disant que
leurs jours étaient comptés depuis la promesse du Prophète attendu, dont l’arrivée
était imminente et que tous les juifs devraient suivre, ce qui signifierait l’éradication
de ces deux tribus, comme le furent les Ad et de Iram. (Ibn Asîr, al-Kâmil, II, 95-96).
Mais comme le Saint Prophète r n’avait pas de sang juif, ils ne l’acceptèrent
jamais en tant que tel.
L’histoire suivante racontée par Safiya bint Huyay c, l’épouse du Saint Pro-
phète r et juive avant son entrée en islam est vraiment frappante:
« Quand le Messager de Dieu r atteignit le village de Quba lors de la migration
à Médine, mon père et mon oncle se précipitèrent pour le voir. Ils revinrent tristes et
abattus vers le coucher du soleil.
J’entendis mon père demander à mon oncle :
« Donc tu penses qu’il est le Prophète attendu ? »
Mon oncle Abû Yâsir répondit :
« Par Dieu il l’est ! »
Mon père demanda une fois de plus :
« Mais en es-tu sûr ? Confirmes-tu ceci par d’autres preuves ?»
La réponse fut : «Oui ! »
Après une courte pause Abû Yasir demanda :
« Alors comment te sens-tu maintenant vis-à-vis de lui ? »
Mon père répondit :
« Par Dieu aussi longtemps que je serai vivant, je développerai dans mon cœur
de l’hostilité à son égard. » (Abû Nu’aym, Dalâil, I, 77-78)
Les juifs étaient jaloux des Arabes car le dernier Prophète r avait émergé de
ces derniers, et non d’une souche juive. Ils avaient attendu impatiemment depuis le
début à ce qu’il fut ressuscité d’entre eux. C’est pour cela qu’ils rejetèrent son Apos-
tolat prophétique. (Voir Ibn Saad, I, 155).
Ibn ‘Abbâs t fit ce récit concernant l’attitude hostile des juifs :
La Naissance et l’enfance du Saint Prophète 51
« Lève la tête. Que ton cœur soit en paix, que ta vie soit longue et ton nom
exalté ! Dis-moi… Y a-t-il quelque chose, parmi les signes que je t’ai révélés, dont tu
es conscient ? ».
« Oui… j’ai eu un fils que j’aimais tendrement, tel un trésor. Je l’ai marié à Ami-
na, fille de l’une des personnes les plus honorables de mon peuple. Elle donna nais-
sance à un enfant. Je l’ai appelé Muhammad. Il a un grain de beauté situé entre ses
omoplates. Il porte en outre tous les signes que tu as mentionnés. Ses deux parents
sont décédés. Son oncle et moi avons pris soin de lui », expliqua Abd al-Muttalib.
« Protège bien l’enfant, informa le roi. Méfie-toi des juifs parce qu’ils ont de
l’inimitié à son encontre. Mais le Tout-Puissant ne leur donnera pas l’occasion. Ne
mentionne pas à tes amis ce que je t’ai dit, car je crains qu’ils ne soient jaloux de la
précellence qui t’a été accordée en infligeant des ennuis à ton petit-fils. Si seulement
je savais que je survivrais pour voir le jour où il deviendra prophète, je marcherais
sur Yathrib (Médine) avec ma cavalerie et mon infanterie et en ferais la capitale de
mon royaume, préparant ainsi la voie pour son émigration. Si seulement je pouvais
être celui qui le protège des troubles et des adversaires ! Donne-moi de ses nouvelles
dans un an ! »
Malheureusement, Sayf ibn Zi-Yazan fut tué pendant l’année en cours.33 (Ibn
Kathir, al-Bidaya, III, 26-28; Diyarbakri, I, 239-241)
Concernant son petit-fils Abd al-Muttalib reçut cette autre bonne nouvelle:
33. Le fait que l’avènement du Noble Prophète r et de certains de ses attributs aient été exprimés tant
dans la Torah que dans l’Evangile indique que ces livres étaient bien à l’origine d’inspiration divine et
qu’en dépit de leur distorsion ils conservent toujours une nuance d’authenticité. Par conséquent les
musulmans, même s’ils considèrent ces livres comme caducs, ne montrent en aucun cas d’irrespect à
leur égard. Comme dans la Torah et l’Evangile, la venue du Saint Prophète r a également été annoncée
dans les Écritures considérées comme sacrées par les religions de l’Orient, comme le Zoroastrisme,
l’Hindouisme et le Bouddhisme. Dans l’Avesta, le livre sacré du Zoroastrisme, où il y est mentionné
comme étant le Prophète de toute l’humanité, en plus du grand nombre de ses attributs, le Noble
Messager r est appelé Saoshyant, un terme qui signifie « miséricorde pour les mondes ». Les Védas,
Upanishads et Puranas de la tradition hindoue, entre autres, parlent de la façon dont le Sceau des
Prophètes proclamera le port de la barbe comme sunna et prohibera la consommation de viande de
porc. Des textes bouddhiques contiennent aussi beaucoup de sections s’arrêtant sur les attributs du
Saint Prophète r, célébrant sa venue future. (Voir Remzi Kaya, İlâhî Kitaplarda Hazret-i Muhammed,
p. 221-239; A. H. Viyarthi - U. Ali, Doğu Kutsal Metinlerinde Hazret-i Muhammed, İstanbul, 1997;
İbrâhim Cânan, XIV, 79-81). Considérant que la première religion de la Terre ait été la vraie religion
et que des milliers de prophètes aient été envoyés pour guider l’humanité, par intermittence, à chaque
fois qu’elle s’est écartée du vrai chemin, il n’est pas vraiment surprenant de tomber sur des vérités,
comme l’annonce du Prophète Ultime, qui existent encore dans les croyances erronées telles que le
Zoroastrisme, l’Hindouisme, le Bouddhisme et bien d’autres.
54 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Un jour, alors qu’il jouait avec d’autres enfants, le jeune Muhammad r s’éloigna
jusqu’au quartier de Radm. Là, des gens appartenant au clan des Mudlij le hélèrent et
inspectèrent les pieds et les empreintes de l’enfant.
Sur ces entrefaites, Abd al-Muttalib arriva. Ils l’étreignirent et lui demandèrent :
« Est-ce là ton enfant ?»
Il leur répondit : « C’est mon fils ! ».
Ils lui conseillèrent :
«Protège-le étroitement car nous n’avons jamais vu auparavant d’empreintes,
près de la Ka’ba, qui ressemblent autant à celles d’Abraham que celles-ci! »
Abd al-Muttalib exhorta son fils Abû Talib qui était à côté de lui à prêter l’oreille
à leurs paroles. C’est grâce à de telles préoccupations qu’Abû Talib devint si protec-
teur à l’égard de son neveu. (Voir Nuaym, Dalâil, I, 165; Ibn Saad, I, 11).
Avant même que le Noble Messager r n’ait honoré le monde par sa présence,
le monde entier était plongé dans les ténèbres spirituelles. Les gens se noyaient dans
les marécages de l’ignorance crasse. Mêmes les bêtes en avaient assez des atrocités
humaines. L’humanité avait presque perdu sa dignité.
La vie était devenue insupportable, les êtres humains étaient dans la misère et les
cœurs étaient endoloris. Le faible avait oublié depuis longtemps comment sourire.
Seul le fort exerçait le droit de vivre.
Avec ces vers Mehmet Akif relate la situation :
L’humanité a dépassé en férocité les hyènes,
Faible, dévoré par ses frères chacun demeurait.
Le Coran en fait ainsi la description :
pur amour, tourne autour du Saint Prophète r, à l’instar du papillon de nuit autour
d’une flamme :
J’ai vu, dit la mère du Bien-aimé,
Une lumière si singulière, le soleil son papillon de nuit,
Les anges descendant du ciel en ligne,
Et comme la Ka’ba, en orbite autour de chez moi,
Nul autre que ton fils, dirent-ils,
N’est venu depuis que le monde a été formé,
Il est le Roi de la connaissance divine,
Arborant les secrets de la sagesse et de l’unité distinguée…
considèrent la nuit la plus précieuse après la nuit d’al-Qadr, celle durant laquelle le
Saint Prophète r honora la terre.
Un poète a dit :
Ne laissez pas le jardinier se fatiguer à arroser le jardin de roses,
car même arroser un millier de jardins ne ferait fleurir un visage comme le tien !
L’avènement sublime de la Rose des roses changea le cours de toutes choses.
Comme les perles des perles, les manifestations de la Miséricorde Divine furent dis-
persées tout l’univers, plongeant dans les cœurs heureux qui aspiraient à la Lumière.
Ibn Abbâs relate : « Le Messager de Dieu r, est né un lundi, s’est vu confier
sa mission prophétique un lundi, a quitté La Mecque pour Médine un lundi, y est
parvenu un lundi et a rendu son dernier soupir un lundi. Il arbitra près de la Ka’ba,
un différend quant au remplacement de la Pierre Noire un lundi. Il triompha à Badr
ƈ ħġƇ ĤƆ Û
un lundi ; et ce verset : ħġƇ ĭĺƆ î Ƈ ĥŽ ĩƆ ĠŽ ƆÒĦƆ ijŽ ĻƆ ĤŽ Ò « Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous
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votre religion » (al-Maida, 5 : 3) été révélé un un lundi. » (Ahmad, I, 277 ; Haythamî, I, 196).
Sa naissance, son Apostolat prophétique, son hégire et sa mort le jour du lundi,
tout coïncidant dans le cadre de la manifestation divine, sont des signes attestant de
l’importance de ce jour où l’excitation joyeuse et la tristesse douloureuse, la jubila-
tion et la peine ont été vécues simultanément.
Certains évènements extraordinaires survinrent durant la nuit sacrée où le Saint
Prophète r honora l’univers. En voici quelques-uns :
Selon ses propres dires, Amina n’eut aucune difficulté ni pendant sa grossesse,
ni pendant le travail. Alors que le Messager Béni r pénétrait dans ce monde, elle vit
une lumière sortit d’elle qui illumina l’Est et l’Ouest. Le Noble Enfant est né aussi pur
qu’on peut l’être, les mains posées sur le sol et la tête tournée vers le ciel.(Ibn Saad, I,
102, 150).
Iblis poussa un cri plus fort qu’il ne l’avait jamais fait. (Ibn Kathir, al-Bidaya, II, 271).
Mubazan, le grand-prêtre de la Perse, rêva qu’un troupeau de chameaux sau-
vages, conduisant un groupe de chevaux dans leur sillage, en train de traverser le
Tigre et de se répandre dans toute la contrée.
La vallée de Samawa fut inondée.35
Quatorze piliers du palais de Khosrô de Perse s’effondrèrent. Le feu qui brûlait
sans cesse depuis mille ans dans le Temple persan s’éteignit.(Ibn Kathir, al-Bidaya, II, 273).
35. Samawa est un désert de sable situé à 235 km au sud-est de Bagdad, près de Kalb, qui est à peu près
entre Koufa et Damas.
La Naissance et l’enfance du Saint Prophète 57
Je lui demandai :
« Quelle est ta condition ? »
Il me répondit :
« Ma peine est allégée chaque lundi parce que j’ai affranchi Suwayba en raison
de la joie qui fut mienne lorsque j’appris la naissance de Muhammad. Ce jour-là,
on me rafraîchit avec de l’eau qui coule du petit trou situé entre mon pouce et mon
index. » (Ibn Kathir, al-Bidaya, II, 277; Ibn Saad, I, 108, 125)
ĴIJÇƆ ĘƆ ÓĩĻ ƈ ƈ Ɔ
ƃ ÝĺƆ ĞƆ ïŽ åĺƆ ħŽ ĤƆ È
« Ne t’a-t-Il pas trouvé orphelin? Alors Il t’a accueilli ! » (ad-Duha, 93 : 6)
Les premiers jours, L’Enfant Béni fut allaité par sa mère Amina.
Puis, brièvement, ce fut le tour de Suwaybah de l’allaiter en même temps que
son propre enfant Masruh.37
Pilier en matière de fidélité, le Messager de Dieu r a toujours pris soin des
besoins de Suwayba, sa mère nourricière, tout au long de sa vie. Lui et Khadîdja c
traitèrent Suwayba avec gentillesse et honneur au cours des années qu’ils passèrent
à La Mecque. Même après leur migration à Médine, la Lumière de l’Existence r
assura ses besoins en lui envoyant régulièrement des provisions. Après avoir appris
la nouvelle de sa mort alors qu’il revenait de l’expédition de Khaybar au cours de la
septième année de l’Hégire, le Messager de Dieu r s’enquit du bien-être de son fils
Masruh et lui envoya son soutien, non seulement pour se renseigner au sujet de sa
mort, mais aussi concernant la perte de tous les proches de Suwayba bien avant la
sienne. (Ibn Saad, I, 108,109).
Le respect et l’honneur qu’a mis en évidence le Noble Prophète r à l’égard de
Suwayba fournit un exemple parfait de fidélité reconnaissante.
Halima reçut après Suwayba l’honneur de devenir la nourrice de l’Enfant Béni.
Les Arabes avaient pour coutume d’envoyer temporairement leurs nouveau-
nés aux soins des tribus du désert afin d’être allaités. Non seulement le climat du
désert rendait les enfants plus sains et courageux, mais aussi les divers dialectes
parlés par les Arabes nomades étaient plus clairs et plus éloquents, ce qui permettait
aux enfants de mieux s’exprimer.
Dans le cadre de ladite mesure, l’Enfant Béni fut confié aux bons soins de la
très chanceuse Halima de la tribu des Bani Saad, réputée pour être la plus éloquente
parmi les tribus arabes. Le plus éloquent et le plus expressif de tous les hommes, le
Messager de Dieu r fut ainsi préparé, depuis un âge précoce, au devoir de trans-
mettre les paroles divines qui, elles-mêmes, marquèrent le summum de l’éloquence.
37. Suwayba était aussi la nourrice de Hamza et d’Abû Salama, ce qui leur permit de devenir les frères de
lait du Saint Prophète r. (Ibn Saad, I, 108-110)
60 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Ce qui repose sur cette affirmation, c’est la réponse que fit le Saint Prophète r
à Abû Bakr t lorsque celui-ci lui fit remarquer qu’il n’avait jamais vu et entendu
d’orateur plus éloquent que lui :
« Ce n’est pas étonnant ! Je suis un homme de Quraysh qui a été allaité par une
nourrice appartenant aux Bani Saad. » (Ali al-Muttaqî, VI, 174 /15247)
Halima bint Haritha raconte comment elle a fini par devenir la nourrice de
l’Enfant Béni :
« C’était une année dévastée par la famine. À califourchon sur un âne blanc et
en compagnie d’autres femmes de Bani Saad, nous allions vers La Mecque avec l’es-
poir d’y trouver des nourrissons à allaiter. Nous n’avions plus rien à manger. Nous
avions une vieille chamelle incapable de nous donner la moindre goutte de lait.
Nous avions aussi avec nous un petit enfant. Étant donné que ni moi ni la chamelle
ne pouvait lui fournir suffisamment de lait pour le nourrir, nous ne pûmes dormir
à cause de ses pleurs incessants. Finalement nous atteignîmes La Mecque. Pas une
femme de libre ne voulait s’occuper du petit Muhammad. Toutes refusèrent de le
prendre car elles étaient plutôt à la recherche d’un enfant dont le père était encore
vivant. Mais celui-ci était orphelin. Ensuite, chaque femme, sauf moi, finit par trou-
ver un enfant et repartit. Je ne voulais pas revenir les mains vides, aussi je dis à mon
mari : - Je vais quand même accepter de prendre cet orphelin.
Alors je fis comme j’avais dit et je revins à la tente avec l’enfant dans mes bras.
« Tu as fait un bon choix, me dit mon mari. Qui sait, le Tout-Puissant pourrait
nous bénir grâce à lui. »
Et chose étonnante, dès le moment où je l’ai eu dans mes bras, j’ai commencé
à avoir du lait en abondance et je pus le nourrir copieusement lui et mon propre
enfant. La nuit venue, mon mari alla inspecter notre vieille chamelle et, à notre
grand étonnement, elle commença aussi à avoir du lait en abondance. Après l’avoir
trait, nous bûmes de son lait le cœur content, supprimant ainsi toute trace de soif et
de faim. Les enfants dormirent paisiblement.
« Par Dieu, il semble que tu aies entre tes mains un enfant vraiment béni, ne put
s’empêcher de dire mon mari. »
Mais notre sort ne s’arrêta pas là. Notre âne, toujours connu pour demeurer à
la traîne lors de voyages en groupe, commença à dépasser tout le monde. Je pouvais
à peine le contenir. Des gens demandèrent :
« N’est-ce pas l’âne que tu montais pour aller à La Mecque ? »
- Oui, répondis-je.
La Naissance et l’enfance du Saint Prophète 61
De retour à la maison, et bien que la zone où nous habitions fût aride, nos bre-
bis revinrent le soir pleines de lait du lieu où elles paissaient. Les autres brebis, entre-
temps, revinrent fatiguées et usées, assoiffées et affamées. Nous étions en mesure de
traire nos brebis en totalité à un moment où les autres brebis ne pouvaient offrir une
seule goutte de lait. Les propriétaires des brebis blâmèrent ainsi les bergers :
« Honte à vous ! Ne faites-vous pas paître nos brebis alors que le berger de
Halima fait paître les siennes ? »
En effet, les bergers faisaient paître les brebis dans le même secteur. Certaines
rentraient saturées de lait tandis que d’autres rentraient sans une goutte.
Alors que d’autres enfants mettaient un mois à grandir, le petit Muhammad r
se développait en une seule journée et en un mois, il avait fleuri comme un enfant
d’un an. Quand il eut un an, c’était déjà un bambin tout à fait frappant. Après être
resté avec nous quelques années, nous le renvoyâmes finalement chez sa mère.
Mais mon mari ne supportant pas son départ (litt. cette perte) insista :
« Gardons-le encore au moins jusqu’à ce que la peste s’éloigne de La Mecque! »
Séparés de lui, effectivement, nous serions privés de ses bénédictions. Nous
insistâmes tellement auprès d’Amina que celle-ci finit par céder à notre requête,
permettant ainsi que la bénédiction de l’enfant demeurât avec nous un peu plus
longtemps. » (Haythamî, VIII, 221; Ibn Kathir, al-Bidaya, II, 278-279)
Un jour, l’Enfant Béni était parti du côté des agneaux en compagnie de Shayma,
sa sœur de lait, sous la chaleur torride de midi. Quand ils revinrent, Halima répri-
manda sa fille pour s’être aventuré à l’extérieur sous une telle chaleur, ce à quoi la
petite Shayma répondit :
« Nous n’avons jamais senti la chaleur du soleil, même pas un seul instant.
Il y avait toujours un nuage qui planait au-dessus de mon frère, nous faisant de
l’ombre. » (Ibn Kathir, al-Bidaya, II, 279; Ibn Saad, I, 112).
Halima poursuit en expliquant :
« Alors il demeura avec nous quelques temps encore. Mais ayant été témoin de
beaucoup de choses extraordinaires le concernant, nous fûmes tous saisis par une
peur soudaine que quelque chose de fâcheux puisse lui arriver. Nous nous rendîmes
donc à La Mecque pour le ramener. Nous parvînmes dans les hauts de La Mecque
lorsque soudain nous le perdîmes. » (Ibn Hishâm, I, 179; Ibn Saad, I, 112).
On raconte que les Mecquois commencèrent à rechercher frénétiquement
l’enfant perdu, mais en vain. Abd al-Muttalib était près de la Ka’ba, priant pour son
bien-être, quand on entendit une voix dire d’en haut :
62 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
ĴïƆ ıƆ ĘƆ ƬźÓĄ
Ɔ ĞƆ ïƆ äƆ IJƆ IJƆ
« Ne t’a-t-Il pas trouvé orphelin ? Alors Il t’a guidé ! » (ad-Duha, 93, 7).
Halima continue de raconter le déroulement des évènements :
« Amina visiblement surprise lorsque nous arrivâmes près d’elle nous demanda:
- Pourquoi le ramenez-vous alors que vous avez tellement insisté pour l’emme-
ner en premier lieu ?
- Le Tout-Puissant est témoin que nous avons pris soin de lui, répondis-je.
- De grâce, dites ce que vous avez vu et qui vous a fait si peur, demanda-t-elle.
Bien que nous ne voulions pas lui dire au premier abord, elle insista tellement
que nous avons finalement dû céder. Mais elle fut peu surprise des explications que
nous lui apportâmes.
- Mon fils a déjà manifesté beaucoup de choses assez extraordinaires pour lais-
ser plus d’un dans la crainte. Maintenant, laissez-moi vous expliquer ce dont j’ai été
témoin auparavant, dit-elle, avant d’expliquer les expériences étonnantes qui ont eu
lieu au cours de son accouchement.
- Vous pouvez maintenant me le laisser et rentrer chez vous en paix, furent les
dernières paroles que nous entendîmes d’elle. » (Haythamî, VIII, Ibn Kathir, al-Bidayah, II,
278-279)
Halima rajouta :
« Abd al-Muttalib nous renvoya avec des dons généreux. Je retournai donc à la
maison avec une quantité inénarrable de biens précieux. Je lui dis également ce que
j’avais déjà dit à la mère de l’enfant. Abd al-Muttalib embrassa celui-ci alors qu’il
commençait à pleurer.
La Naissance et l’enfance du Saint Prophète 63
- Nul doute, Halima, que mon fils portera un grand nom. Comme je désirerais
voir déjà ces jours-là quand cela arrivera. » (Bayhaqî, Dalail, I, 145)
Le Noble Prophète r montra une loyauté absolue envers ses proches tout au
long de sa vie. Il continua d’appeler Halima « ma chère mère » et montra à son
égard un fort sentiment d’affection et de respect, jusqu’à même lui étendre son
manteau afin qu’elle puisse s’asseoir. Quel que soit le besoin qui lui était nécessaire,
le Prophète Béni r s’en occupait. (Ibn Saad, I, 113, 114).
Halima se rendit un jour à La Mecque pour y rencontrer le Saint Prophète r,
qui à l’époque était marié à Khadîdja c. Tous deux l’invitèrent à rester chez eux
quelques temps et l’accueillirent gentiment.
Halima déplora la famine et la sécheresse qui sévissaient dans sa région, dévas-
tant le bétail. Quand elle retourna chez elle Halima avait avec elle quarante moutons
et un chameau apprêté à porter sa charge.(Ibn Saad, I, 114).
Lors de la conquête de La Mecque, la sœur de Halima était venue rendre visite
au Noble Prophète r qui était stationné en ce temps-là près d’Abtah. Elle avait
apporté avec elle comme cadeau un peu de fromage et de beurre qu’elle avait placé
dans un étui en cuir.
D’emblée le Messager de Dieu r lui demanda des nouvelles de sa mère adop-
tive. Quand elle lui apprit qu’elle venait de décéder, ses yeux se remplirent de larmes.
Puis il ordonna qu’on lui remette des vêtements, un chameau et deux cents dirhams
en argent.
Avant de retourner contente dans son village, elle lui fit cette remarque : « Tu
es loyal aujourd’hui comme tu l’as été à l’époque. » (Waqidi, II, 869; Balazuri, I, 95).
Ainsi elle partit et moi je restai seul avec les animaux. Peu de temps après, deux
anges apparurent, vêtus de blanc.
- Est-ce lui ? dit le premier à l’autre.
- Oui ? répondit ce dernier.
Puis ils vinrent rapidement près de moi. M’ayant couché sur le dos, ils fendirent
ma poitrine. Ils prirent ensuite mon cœur et en ôtèrent une tache noire.
-Va et apporte-moi de l’eau en forme de neige, entendis-je l’un dire à l’autre.
De l’eau fut apportée et avec elle ils lavèrent mon intérieur.
- Maintenant, apporte-moi un peu d’eau en forme de grêle, dit une nouvelle fois
l’un des anges à l’autre. Et avec elle ils lavèrent mon cœur.
- Maintenant apporte-moi la paix et la sérénité, commanda encore l’un d’entre
eux. Et ils les déposèrent tous deux dans mon cœur.
- Maintenant, ferme-le et apposes-y le sceau de la prophétie, dit un des anges.
Ils fermèrent et scellèrent mon cœur et par la suite ma poitrine. Puis ils cousirent
immédiatement ma poitrine. Je fus vraiment effrayé. M’étant précipité à la maison,
j’informai ma mère adoptive de l’incident… » (Ahmad, IV, 184-185; Ibn Kathir, al-Bidayah,
II, 280; Haythamî, VIII, 222)
La Mecque fut une fois frappée par une grave sécheresse qui laissa ses habitants
dans la détresse. Impuissants, les Mecquois escaladèrent la montagne Abû Qubays
pour prier le Tout-Puissant de faire tomber la pluie.
Abd al-Muttalib portant Muhammad r sur ses épaules était de ceux qui
escaladèrent la montagne. Après avoir atteint le sommet il commença avec des
gens alignés près de lui à supplier le Tout-Puissant en faveur de la pluie, en levant
les mains au ciel dans l’espoir qu’une averse survienne, avec l’Enfant Béni sur ses
épaules. Il ne fallut pas longtemps pour que les portes de ciel s’ouvrent. Des nuages
jaillirent immédiatement après qu’ils eurent commencé à descendre de la montagne
et arrosèrent généreusement le sol aride de La Mecque. (Voir Ibn Saad, I, 90; Ibn Asîr,
Usdu’l-Ghaba, VII, 112; Diyarbakrî, I, 239).
Ces beaux jours passèrent comme un éclair, et quand le Saint Prophète r eut
atteint l’âge de huit ans, son grand-père Abd al-Muttalib décéda. Tous ses appuis
sur terre semblaient avoir pris fin. Son seul protecteur, ami et éducateur était à
présent son Seigneur Dieu. Le fait que le Saint Prophète r vécut sa prime enfance
sans parents et grands-parents relève d’une immense sagesse. Ainsi les incroyants
étaient sans excuse pour refuser sa future mission prophétique. Ils ne pouvaient plus
La Naissance et l’enfance du Saint Prophète 67
prétendre qu’il put avoir été formé par ses parents ou son grand-père. Être orphelin,
en outre, signifiait être protégé des habitudes corrompues de sa société, transmises
le plus souvent de père en fils ; cela signifie qu’il fut éduqué et formé exclusivement
par le Tout-Puissant.
C’est ce que confirme le hadith suivant :
« Mon Seigneur m’a formé, et m’a parfaitement formé en effet. » (Suyûtî, I, 12).
Le fait qu’il ait atteint, au cours de son développement, le plus haut niveau de
moralité, en dépit d’avoir grandi sans avoir eu le privilège de recevoir une éducation
et un soutien venant de parents, est une autre preuve significative de la véracité de
l’Apostolat prophétique du Noble Messager r.
Le Messager de Dieu r qui grandit comme un orphelin soutenu put développer
un cœur raffiné et miséricordieux, apprenant à faire pleinement confiance au Tout-
Puissant. Endurer une variété de difficultés provenant de son statut d’orphelin et du
manque de soutien familial a permis au Saint Prophète r de devenir le protecteur
des orphelins et des autres groupes vulnérables issus de tous les niveaux de la société.
Ainsi il déclara :
« Quiconque protège un orphelin de ses proches ou de qui que ce soit d’autre
sera avec moi au Paradis aussi proches que ces deux là. (Et il montra ses deux doigts :
l’index et le majeur). » (Muslim, Zuhd, 42 ; Al Boukhari, Adab, 24 ; Talâq, 14).
Une autre raison subtile liée au statut d’orphelin de l’Enfant Béni r est que
pour l’humanité il fallait qu’il représentât dans sa vie toutes sortes d’exemples de
statuts sociaux, du plus bas, le statut d’orphelin, au plus élevé celui de chef d’État.
L’amour et les soins qu’Abû Talib prodigua à Muhammad r son neveu bien-
aimé furent comme ceux d’un père pour son fils. Ils étaient à bien des égards supé-
rieurs à ceux qu’il avait pour ses propres enfants, il ne s’endormait pas sans avoir
Muhammad r à ses côtés et il l’emmenait avec lui quand il allait quelque part. Il n’y
eut pas un seul morceau de nourriture sur la table sans que le jeune Muhammad ne
fût pas le premier à être assuré de sa part.
Abû Talib remarqua rapidement que quand Muhammad mangeait avec eux la
nourriture abondait sur la table et que tout le monde mangeait à satiété.
Il nota aussi que quand l’enfant béni était absent la nourriture était insuffisante.
Par exemple s’il ne restait qu’une quantité suffisante de lait pour une seule per-
sonne, c’était d’abord l’orphelin qui en bénéficiait et s’il en restait encore les autres
le buvaient.
Avant chaque repas, Abû Talib disait à ses enfants :
« Attendez jusqu’à ce que mon fils arrive. » (Ibn Saad, I, 119-120, 168).
Fatima bint Assad, l’épouse d’Abû Talib, qui était une femme très vertueuse et
au cœur doux, approchait le jeune orphelin avec une grande affection à son égard.
Elle fut de ceux qui émigrèrent des années plus tard à Médine avec lui r.
Durant toute sa vie, le Noble Messager r la visitait souvent et faisait même la
sieste chez elle les après-midis. (Ibn Saad, VIII, 222).
Son décès provoqua chez le Messager de Dieu r des larmes semblables à des
perles coulant de ses yeux, le jour où il déclara que ce jour était celui où « sa mère
était morte ».
Sous son linceul, le Saint Prophète r commanda qu’on la vêtisse de sa chemise,
et avant de diriger la salât janaza, il s’étendit quelques instants sur sa tombe en fai-
sant des invocations. En réponse à ceux qui lui en demandaient la raison il répondit :
« Après Abû Talib, personne ne m’a offert son aide comme elle l’a fait. Je lui ai
donné ma chemise pour que Dieu lui donne la robe du Paradis dans la vie future. »
Certains Compagnons furent étonnés du degré de tristesse et de chagrin que
ressentait le Saint Prophète r. Il s’en expliqua comme suit :
« Elle était une seconde mère pour moi. Elle était la première qui me nourrissait
quand bien même ses propres enfants étaient affamés et revêches. Elle me peignait les
cheveux et me parfumait ; elle était en effet une mère. »
Puis il fit cette invocation :
La Naissance et l’enfance du Saint Prophète 69
38. Abû Hurayra t, que l’on nomma Abd’us-Shams à sa naissance, prit le nom d’Abdurrahman après son
entrée en islam. Un jour alors qu’il portait un chat dans sa chemise, il rencontra le Saint Prophète r
qui lui demanda ce qu’il portait. Lui répondant : « Un chat » le Messager de Dieu r le surnomma en
plaisantant Abû Hurayra, ce qui signifie le « père des chats ». Ce nom lui colla si bien que son véritable
nom ne fut plus jamais utilisé. Abû Hurayra t arriva à Médine pendant la 7ème année de l’Hégire. Il
fut parmi les musulmans y défavorisés de la Suffa, appelée le foyer de la Masdjid al-Nabawi. Restant
jour et nuit auprès du Saint Prophète r il avait une passion insatiable pour l’apprentissage des propos
(hadiths) directement sortis de la bouche du Noble Messager r. Ainsi, outre les répétitions entendues
de la part des Compagnons y de la première heure il recensa un total de 5374 hadiths du Prophète r,
plus que tout les autres Compagnons y. Il t décéda à Médine en l’an 58 de l’Hégire, à l’âge de 78 ans.
70 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
On demanda une fois au Messager de Dieu r s’il n’avait jamais adoré d’idoles
ou bu du vin avant d’être investi de sa mission prophétique.
Le Saint Prophète r répondit à ces deux questions par la négative puis affirma :
« Même si je ne savais rien du Livre et de la Foi, je savais d’une manière ou d’une
autre que les Mecquois désobéissaient à Dieu. » (Diyarbakrî, I, 254-255)
Le Saint Prophète r raconte un autre moment de son enfance où il expérimenta
la protection du Tout-Puissant :
« Encore jeune garçon, je jouais avec les autres garçons de Quraysh à transporter
des pierres d’un endroit à l’autre. Afin de porter les pierres plus facilement, les autres
garçons enlevaient leurs vêtements et les plaçaient sur leurs épaules de façon à ce qu’ils
aient la possibilité d’y installer les pierres. Un jour, tout comme je me proposais de faire
la même chose, je ressentis un violent coup de poing venant je ne sais d’où.
« Garde ton vêtement » est tout ce que j’ai entendu.
Je laissai donc mon vêtement et continuai à transporter des pierres. Je fus le seul
parmi mes amis à être dans ce cas. » (Ibn Hishâm, I, 197)
Avant le début de l’Apostolat prophétique un autre évènement similaire se pro-
duisit lors de la reconstruction de la Ka’ba.
72 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Ce fut la dernière fois que Muhammad r fut contraint d’assister à des festivités
idolâtres. (Ibn Saad, I, 158).
Le récit suivant, fourni par le Saint Prophète r, est rapporté par son cousin Ali
ibn Abû Taleb t :
« Jamais je n’ai pensé prendre part aux festivités organisées durant l’Âge de
l’Ignorance, sauf à deux reprises. Mais lors de ces deux occasions, je fus protégé par
Dieu contre ces maux. Alors qu’un soir je gardais des moutons, je me souviens avoir
demandé à l’un de mes camarades bergers :
- Pourrais-tu s’il te plaît prendre soin de mes moutons de sorte que je puisse avoir
une chance de descendre à La Mecque et d’assister à ces réjouissances comme les autres
garçons ?
- Bien sûr, répondit-il, fais ce que tu veux.
Je me rendis donc à La Mecque. Au moment où j’entrai dans la ville, j’entendis de
la musique et des chants provenant de la première maison. Me renseignant à ce sujet,
on me fit part qu’untel était sur le point de se marier. Je décidai donc de m’asseoir et
d’observer. Mais presque immédiatement une immense torpeur prit possession de moi
et me conduisit dans un sommeil profond. Je ne fus réveillé que le lendemain matin
par la chaleur du soleil. Je retournai vite auprès de mon ami. Dès qu’il me vit, il me
demanda de lui dire ce que j’avais fait.
- Je n’ai rien fait, lui répondis-je.
Il m’est arrivé la même chose une autre nuit lorsque je suis allé à La Mecque
pour participer à un événement dans l’unique but de surmonter la fatigue. Je n’ai plus
jamais pensé ou fait quelque chose de ce genre jusqu’au moment où Dieu m’a honoré
de l’Apostolat prophétique. » (Ibn Ishâq, p. 58-59 ; Ibn Kathir, al-Bidâyah, II, 292)
Surveiller les moutons et les protéger des animaux sauvages apportent au ber-
ger des sentiments de miséricorde et d’assistance, favorables à l’épanouissement des
vertus qu’un prophète doit posséder, comme la patience face au possible irrespect et
ignorance de son peuple et la compassion à l’égard de toutes les créatures de Dieu.
Bahira fut étonné de voir qu’un nuage planait autour de la caravane et faisait de
l’ombre à quelqu’un en particulier. C’était comme si les branches des arbres s’incli-
naient vers cette même personne pour la protéger du soleil là où la caravane était
implantée. Piqué par la curiosité Bahira décida d’élucider cette question intrigante
en invitant les Mecquois à dîner à l’intérieur du monastère :
« J’ai préparé un repas à votre intention. J’invite chaque membre de la caravane
à s’y joindre, jeunes et vieux, libres et esclaves. »
Les Mecquois furent surpris par l’invitation de Bahira, car il n’avait jamais
montré beaucoup d’intérêt à les inviter alors qu’ils empruntaient régulièrement cette
route menant vers la Syrie. Mais tous répondirent à l’invitation. Observant curieuse-
ment les différents visages de ses invités qui entraient, Bahira sentit qu’il n’avait pas
trouvé ce qu’il cherchait, un certain signe qu’il désirait apercevoir.
Aussi il leur demanda : « Avez-vous laissé quelqu’un en retrait ? »
Ils répondirent : « Personne sauf un enfant qu’on a laissé pour garder un œil
sur la caravane et la marchandise. Nous l’avons assigné à ce poste car il est le plus
jeune d’entre nous. »
Mais Bahira insista pour qu’il vienne lui aussi manger avec eux. Une fois à table,
Bahira reconnut tout de suite Muhammad. Le prenant par la main, il murmura :
« Voici le Maître des Deux Mondes… Le Messager du Tout-Puissant, la
Miséricorde des Mondes ! »
Les anciens parmi les Mecquois lui demandèrent la provenance d’une telle idée.
Bahira répondit : « J’ai découvert ses signes dans nos Saintes Écritures. Alors
que vous approchiez, j’ai remarqué que tous les arbres et les rochers s’inclinaient
devant lui par respect. Certes les objets inanimés ne se prosternent que devant
les prophètes. Je suis ensuite devenu d’autant plus convaincu une fois que j’eusse
regardé plus loin et remarqué le Sceau de la Prophétie placé entre ses omoplates. »
Puis Bahira continua à interroger Abû Talib au sujet de son jeune neveu et
chaque réponse qu’il reçut permit à son cœur de corroborer avec la plus grande
facilité la prémonition qui était sienne à ce sujet. Bahira était désormais certain de
l’Apostolat prophétique de l’enfant. Aussi il dit à Abû Talib en l’exortant :
« Ramène ton neveu chez toi, parmi ton peuple ! Méfie-toi des méfaits pouvant
provenir des juifs, car s’ils reconnaissent ton neveu, ils tenteront très certainement
de le tuer. Les juifs désirent que le prochain prophète émerge de leur peuple, les
enfants d’Israël, et pourtant cet enfant est un Arabe. Ramène-le… L’attendre est
synonyme de grand avenir. »
Les Années de Jeunesse 77
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Ɔ ƆźIJƆ
« Certes, ceux qui ont cru, ceux qui se sont judaïsés, les Nazaréens, et les
Sabéens, quiconque d’entre eux a cru en Allah, au Jour dernier et accompli de
bonnes œuvres, sera récompensé par son Seigneur; il n’éprouvera aucune crainte
et il ne sera jamais affligé. » (al-Baqara, 2 : 62).
L’Apostolat prophétique de Muhammad r, qui est le dernier Prophète r,
englobe toutes les époques et tous les lieux et abroge par voie de conséquence toutes
les religions antérieures et leur validité. Refuser de professer la foi en Dieu et en Son
Prophète Muhammad r équivaut à de la mécréance.
78 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Même les adeptes fervents qui appartiennent aujourd’hui aux Gens du Livre
sont en conséquence exclus de la catégorie des personnes citées dans le verset cora-
nique susmentionné.
Consécutivement à la profession de foi viennent la vie d’adoration et les règles
de conduites qui lui sont inhérentes. L’islam a mis en place une vie d’adoration en
alignant la vie sociale avec la justice, la moralité avec la droiture, desquelles il décrète
des sanctions pour ceux qui violent la loi.
D’autre part, les aspects liés aux actes cultuels d’adoration dans la religion que
pratiquait Bahira à cette époque avaient déjà été falsifiés et dépourvus de lois qui
réglementent la conduite sociale à adopter.
Par ailleurs, le Prophète Muhammad r était aussi illettré. Comme cela est clai-
rement mentionné dans le Saint Coran, il ne savait ni lire ni écrire :
La société de Hilfu’l-Fudûl
Les affrontements qui eurent lieu à plusieurs reprises entre les tribus arabes au
cours des mois sacrés étaient appelées « batailles de Fijar ».
Quatre batailles connues comme telles eurent lieu durant l’Âge de l’Ignorance,
la dernière d’entre elle fut se déroula entre les tribus Quraysh des Kinanah et la
tribu Hawazin au sein de laquelle le futur Prophète r, alors âgé de vingt ans, avait
pris part, mais sans qu’il ne fasse couler de sang, il recueillit les flèches lancées par
l’ennemi et les remit à ses oncles. (Ibn Hishâm, I, 198; Ibn Saad, I, 126-128).
80 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
La bataille prit fin au mois de Zilqadah, l’un des mois jugé sacré par les
Arabes.
Peu de temps après, un commerçant yéménite de la tribu Zubayd vint à La
Mecque pour vendre ses marchandises. Le Mecquois Âs ibn Wâil, un des plus riches
commerçants de la ville, acheta les marchandises de l’homme, mais il ne lui offrit
pas le prix escompté.
Impuissant, le pauvre homme sollicita l’aide des fortes tribus de Mahzûm,
Abd’ud-Dâr, Jumâh, Sahm et Adiyy ibn Kâ’b, mais en vain. Ils le réprimandèrent
même pour avoir sollicité ses droits !
Incapable de trouver l’aide et particulièrement aigri, le commerçant yéménite
gravit la colline d’Abû Qubays situé près de la Ka’ba et récita un poème qui com-
mença avec les mots « O Fils de Fihr », se référant au célèbre ancêtre des Mecquois,
faisant mention de l’injustice qu’il venait de subir de la part d’Âs ibn Wâil et solli-
citant le soutien des Mecquois qui s’étaient rassemblés à cette époque autour de la
Ka’ba. Ce qui eut comme conséquence que le premier homme qui fit un geste en
sa faveur fut Zubayr, l’oncle du Saint Prophète r, qui organisa une réunion dans la
maison d’Abdullah ibn Jud’an, en présence de nombreux notables de La Mecque.
En ce lieu, ils firent la promesse solennelle de défendre et de restaurer les droits
d’autrui, en commençant par le Yéménite, qui était victime d’injustice au sein des
frontières de La Mecque et de lutter contre les tyrans au nom des faibles, « tant que
les Monts Hira et Sabir se maintiennent à leur place et qu’il reste assez d’eau dans
les mers pour humidifier une seule mèche de cheveux ».
La société nouvellement créée demeura forte même après qu’ils eurent rendu
les droits du Yéménite et resta d’aplomb pour aider les victimes des injustices com-
mises, faisant de son mieux pour rétablir la justice entre les gens. (Ibn Kathir, al-Bidâya,
II, 295-296; Ibn Saad, I, 128-129).
Enracinée dans la justice et basée sur l’aide aux faibles, la société de Hilfu’l-
Fudûl a été la seule que le Saint Prophète r ait soutenue durant l’Âge de l’Ignorance,
se souvenant d’elle avec sympathie longtemps après son Apostolat prophétique :
« J’étais présent avec mes oncles dans la maison d’Abdullah ibn Jud’ân lorsque
la société de Hilfu’l-Fudûl fut créée. Ma satisfaction fut telle qu’offrir des chamelles
rouges (ce qui était le bien le plus prisé dans la société arabe de l’époque) à sa place ne
m’aurait pas autant satisfait. Si j’étais invité à participer à une telle société aujourd’hui
encore, je serais à même d’accepter l’offre sans hésitation.» (Ibn Kathir, al-Bidâya, II, 295)
Les Années de Jeunesse 81
- Tu m’as placé dans une situation très fâcheuse, jeune homme, me forçant à
attendre ici depuis trois jours. » (Abû Dâwûd, Adab, 82/4996).
Un tel comportement splendide est évocateur d’une grande sagesse qui n’aurait
pu seulement être incarnée par un futur prophète r.
Si le Tout-Puissant l’avait voulu, Il aurait pu permettre à Son Bien-aimé
Prophète r de mener dès l’enfance une vie confortable mais la Divine Sagesse a
voulu qu’il gagne sa vie de ses mains pour donner aux autres un exemple à imiter.
L’action du Noble Prophète r est corroborée par ses propres paroles :
« Nul ne mange de meilleure subsistance que celle qu’il a gagné de ses propres
mains. » (Al Boukhari, Buyû’, 15 ; Anbiyâ, 37).
Toute origine attribuée diminuera nécessairement aux yeux des gens en termes
de valeur dans la mesure où son chef de file conforme sa vie qu’à travers les dons de
ses suiveurs. Un tel chef ne sera pas pris au sérieux par les autres. C’est l’essentiel qui
sous-tend le commandement du Tout-Puissant à Ses prophètes :
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Ɔ ĥƆ Đ Ɔ Ž Ž Ɔ Ɔ
« Je ne vous demande aucun salaire, ma rétribution n’incombant qu’au
Seigneur des mondes. » (al-Shuarâ, 109, 127, 145, 164, 180 ; Yûnus, 72 ; Hûd, 29)
Le couplet suivant fait aussi écho à cette vérité :
Ne convoite pas l’avantage d’un autre,
Car son prix est le joyau de la liberté.
En s’appuyant sur ses propres revenus, le Saint Prophète r était dans ce sens la
plus indépendante des personnes.
- Oui, en effet.
- Alors c’est lui le dernier prophète ! s’exclama Nestor. Si seulement je pouvais
suffisamment vivre pour voir l’avènement de son Apostolat prophétique et l’assister.
(Ibn Saad, I, 130-156 ; Ibn Kathir, al-Bidâya, II, 297-298).
Peu après, la caravane quitta Busra pour La Mecque. Sur le chemin du retour,
Maysara fut témoin d’une scène incroyable : deux anges faisaient de l’ombre à
Muhammad alors que la chaleur du désert grimpait à des pics insupportables. Le
voyage s’avéra être un investissement profitable pour toute la caravane. (Ibn Saad, I,
130, 156-157).
Le choix du futur Prophète en matière de mariage montre qu’il n’a jamais été
un homme motivé par des désirs égoïstes. Il aurait pu très certainement épouser une
dame jeune et plus belle et non pas une veuve possédant déjà des enfants.
86 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
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« En effet, vous avez dans le Messager d’Allah un excellent modèle (à suivre)
pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquem-
ment. » (al-Ahzab, 33 : 21).
Le Saint Prophète r est un modèle au-delà même de toute comparaison dans
toutes les affaires, en particulier dans les relations familiales.
Même si nous ne pouvons pas donner ici tous les détails concernant les épouses
vertueuses du Prophète Muhammad r et de ses mariages, une tâche qui surpasse-
rait le cadre de cet ouvrage, nous pouvons néanmoins toucher à certaines de leurs
caractéristiques.
Il va sans dire que c’est pendant le temps de la jeunesse que l’on ressent la plus
forte attirance pour le sexe opposé. Sur cet aspect, un regard sur la prime jeunesse
du Saint Prophète r présente de toute évidence un impeccable, chaste et honnête
jeune homme. Cela corrobore facilement le surnom que lui ont donné les Mecquois,
à savoir al-Amîn, le Digne de confiance, sans exiger que l’on regarde ailleurs. Son
intégrité est également établie par le fait qu’aucun Mecquois n’a jamais fait d’alléga-
tion au sujet de sa vie conjugale.
Le Saint Prophète r ne se maria qu’une seule fois pendant la période mec-
quoise, quand il avait 25 ans, à Khadîdja c, une veuve âgée de 40 ans.
Tout au long de leur union qui dura 25 ans et qui se termina par le décès de
Khadîdja c, le Prophète Muhammad r n’épousa aucune autre femme.
Les Années de Jeunesse 87
paroles et les actions du Saint Prophète r, 2210 pour être exact. 194 d’entre eux sont
des narrations agréées (muttafaqun alayh) à la fois par Al Boukhari et Muslim, les
savants spécialistes du Hadith.
Aïcha c, la mère des croyants, était une femme ancrée dans la connaissance,
douée d’une perspicacité relative au Saint Coran et notamment dans les domaines
liés aux obligations et aux interdits, sans mentionner ses connaissances de la méde-
cine, de la poésie, de l’histoire arabe et de la lignée des familles arabes. Chaque fois
que les Compagnons y avaient des difficultés à résoudre leurs désaccords sur une
question donnée, ils venaient toujours auprès d’Aïcha c pour trouver une solu-
tion. Comme l’a confirmé Abû Mûsâ t cela s’appliquait même aux plus éminents
Compagnons du Prophète r.(Voir Ibn Hajar, al-Isâba, IV, 360).
« Chaque fois que nous rencontrions une difficulté à comprendre une parole du
Messager de Dieu r, nous demandions l’aide d’Aïcha c qui éclaircissait toute nos
incompréhensions. » (At Tirmidhi, Manâqib, 62).
En épousant sa fille et en établissant un lien de parenté, le Messager de Dieu r
renforça également son amitié déjà solide avec Abû Bakr t, son plus proche ami et
son plus fidèle partisan.
Le Messager de Dieu r eut dans son esprit une idée similaire, c’est-à-dire éta-
blir un lien de parenté avec l’exceptionnel Omar t par le biais de son mariage avec
Hafsa c. Hafsa t était en deuil car son mari avait été tué à la bataille de Badr.
Omar t souhaita d’abord qu’Abû Bakr t épouse sa fille, mais après que ce der-
nier ait décliné l’offre, Othman t, à qui la demande fut faite, la déclina également.
Omar t fut extrêmement attristé par leur refus.
Ainsi donc, en épousant Hafsa, le Saint Prophète r apaisa Omar t efficace-
ment et dans le même temps reconsolida les relations altérées qui existaient entre
Abû Bakr, Omar et Othman y.
Le très débattu mariage du Saint Prophète r avec Zaynab c, de nature hési-
tante, est en fait chargé d’une profonde sagesse. En premier lieu, le Messager de
Dieu r, en arrangeant le mariage entre Zaynab c, la fille de sa tante, et Zayd t son
esclave émancipé, aida à éradiquer certaines notions erronées et répandues parmi les
Arabes et quelques personnes proches de lui en montrant d’une part la manière de
mettre un terme à la discrimination entre le riche et le pauvre, le noble et l’esclave
et d’autre part en envoyant un message stipulant que tous sont égaux aux yeux de
Dieu, comme les dents d’un peigne.
Pourtant la réticence de Zaynab t et la pression persistante de ses proches
signifiait que le mariage était devenu insupportable pour les deux parties.
Les Années de Jeunesse 89
Le Saint Prophète r, bien que Zayd t l’ai consulté et requis sa permission pour
divorcer de Zaynab c, lui conseilla plutôt de rester patient. Une fois que le mariage
atteignit un niveau insupportable, Zayd t n’eut pas d’autre choix que de divorcer.
Révélé peu de temps après le divorce, un verset coranique commanda au Saint
Prophète r d’épouser Zaynab. (Voir al-Ahzâb, 37).
Par ce verset Dieu a voulu abolir la notion arabe quant au mariage avec l’ex-
épouse d’un fils adoptif comme étant quelque chose d’illicite.
Ce genre de mariage a donc été destiné à attirer l’attention, une fois pour toutes,
sur la différence existant entre un enfant adopté et le sien propre, soulignant la dis-
tinction entre les deux.
Ainsi l’affirmation que le Saint Prophète r épousa Zaynab c pour sa beauté
provient d’une ignorance des faits suivants :
1. Zaynab c, étant la cousine du Saint Prophète r, la fille de sa tante, il la
connaissait donc depuis l’enfance et l’avait vue à plusieurs occasions.
2. Si le Saint Prophète r avait voulu faire une proposition préalable, elle
l’aurait acceptée sans réserve et il n’y avait aucun obstacle pour entraver la perspec-
tive de ce mariage. Mais non seulement le Noble Prophète r lui demanda d’épouser
Zayd c, mais en plus il rejeta à de nombreuses reprises leur intention de divorcer.
En bref, de tels évènements devaient avoir lieu pour faciliter la mise en place
de nombreux principes de la Loi islamique à travers eux, s’incarnant dans la vie du
Saint Prophète r et fournit des outils de jurisprudence pour les pratiques futures.
Le mariage du Saint Prophète avec Safiyya c, la fille du leader juif de Khaybar,
avait été motivé par le désir de renforcer les relations avec les juifs, propice donc à
un objectif politique.
Le mariage avec Juwariyya c avait aussi des buts similaires. Se marier avec
Juwariyy c, la fille d’un chef, signifiait la libération de centaines de prisonniers de
guerre séduits par l’idée de recouvrer la liberté et d’entrer totalement dans l’islam.
L’union entre le Saint Prophète r et Juwariyyah c provoqua cette bonne destinée.
Le mariage du Noble Prophète r était motivé par l’intention de la protéger. En
effet, parmi les premiers musulmans qui émigrèrent avec son mari en Abyssinie,
Umm Habîba c fut laissée seule et sans protection quand son mari abjura l’islam.
Mais, elle conserva courageusement sa foi dans des circonstances extrêmement dif-
ficiles. Bien que son père Abû Sufyan fût à l’époque le chef de La Mecque, la foi et
l’honneur d’Umm Habîba c l’empêcha de lui demander son appui. Par conséquent,
en l’épousant, le Noble Prophète r la prit sous sa protection. Ce mariage ne pouvait
qu’aider à réduire l’hostilité existant entre les idolâtres mecquois et les musulmans.
90 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
S’il avait été motivé par un désir sexuel quand il voulut se marier le Saint
Prophète r n’aurait eu que l’embarras du choix parmi les nombreuses et belles
jeunes filles des Ansars, les musulmanes médinoises. Sans doute ces dernières
auraient été plus que disposées à épouser le Saint Prophète r et donc à atteindre
l’honneur de devenir l’épouse du dernier Messager et, par conséquent, de porter le
titre de « Mère des Croyants ». Le Saint Prophète r, néanmoins, n’a jamais choisi de
se diriger vers cette voie.
On doit donc réaliser que le Saint Prophète r n’a contracté de multiples
mariages que par la permission et l’ordre de Dieu, pour des raisons sociales, morales
et religieuses, et surtout pour avoir un certain nombre de femmes formées dans le
but de transmettre à d’autres femmes des avis juridiques qui leur sont spécifiques.
Considérant que l’islam est une religion universelle qui vise à couvrir toutes les
époques et les lieux, il serait difficile de penser que le devoir d’enseigner le vaste
corpus de la connaissance islamique puisse se reposer sur une seule femme, et si
tel eut été le cas, la religion n’aurait pas pu être transmise correctement aux géné-
rations futures. D’ailleurs, cette « seule »femme aurait bien pu décéder avant le
Saint Prophète r, ce qui aurait interrompu pour toujours l’établissement de la Loi
islamique.
IBeaucoup de questions privées relatives à la Loi islamique mettraient mal à
l’aise les femmes si elles étaient amenées à questionner les hommes à ce sujet. Mais
étant donné qu’elles ont des instructrices spécialisées dans ce domaine, elles sont
par conséquent capables d’apprendre avec aisance et à l’abri de tout malaise toutes
sortes de choses qui y sont liées. Les sociétés musulmanes ont donc toujours besoin
de femmes instruites et bien informées pour assurer la pratique pure et simple de
l’islam. Qui de mieux, en conséquence, auraient pu s’acquitter de ce devoir si ce
n’est ces « femmes bénies » qui ont respiré le même air que le Saint Prophète r et
tout appris directement de lui ? Au-delà de tout, la voie qu’elles ont menée ainsi que
leur vie empreinte de piété ont permis de les considérer toutes comme des brillants
exemples pour les futures générations de croyants.
Si on se demande dans quelle mesure les multiples mariages du Messager de
Dieu r ont pu constituer un exemple pour les gens de cette époque, les considéra-
tions suivantes pourraient être prises en compte :
Tout d’abord, nous devons nous rappeler que toutes les pratiques du Messager
de Dieu r ne sont pas destinées à être imitées. Étant le premier représentant d’une
religion, son fondateur aussi bien que son exécuteur, sa position était unique. Le
Saint Prophète r fut par conséquent obligé de mener à bien certaines pratiques
propres à lui seul comme la prière de tahajjud, le jeûne continu sans rupture (sawm
al-wisâl) et l’interdiction pour lui et sa famille de recevoir la charité même si leurs
besoins étaient grands. Les mariages qu’il a contractés pour diverses raisons, reli-
Les Années de Jeunesse 91
Deuxièmement, contracter plus d’un seul mariage n’est pas un ordre, mais une
autorisation spéciale donnée dans des circonstances particulières et motivée par
l’objectif de maintenir et de préserver l’institution matrimoniale.40
En temps de guerre et d’épidémie, par exemple, le nombre d’hommes peut
avoir tendance à diminuer, ce qui laisserait de nombreuses femmes sans époux.
Par ailleurs, si on est marié à une femme amoindrie et de mauvaise santé, vic-
time d’un trouble d’ordre physique ou d’une incapacité de procréer, cela peut sus-
citer l’occasion d’un autre mariage sans recourir au divorce dont les conséquences
nuiraient fortement à la cellule familiale déjà protégée. Indépendamment de la
circonstance, la limite maximum autorisée est de quatre épouses, quel que soit le
motif qu’il y a derrière.
En effet, lorsque la guerre frappe, le nombre de victimes peut atténuer la popu-
lation, et, dans ce cas, encourager les mariages multiples peut être le seul remède
pour augmenter la population et anticiper la prostitution. De nombreux exemples
de ce genre de circonstances ont traversé l’histoire de l’humanité.
Dans le but de surmonter ces grands défis, l’islam propose toujours des solu-
tions grâce à une marge d’une telle nature qu’elle sert à rendre la vie plus facile à
tous et à la préserver permanemment dans son cours naturel. Cela montre aussi la
vitalité de l’islam puisqu’il présente une capacité à résoudre toutes sortes de pro-
blèmes potentiels qui peuvent faire surface à différents moments et endroits, sous
diverses conditions.
40. Elmalılı Muhammed Hamdi Yazır élucide ainsi la question : « … Quant à la question des mariages
multiples : on ne peut contester qu’il ne s’agit que d’une permission rendant admissible (mubah)
quelque chose qui peut aussi devenir inadmissible (makruh) s’il y a une crainte de commettre une
injustice envers un de ses conjoints. Cela dit, on peut voir dans la construction du verset en question (
An-Nisâ, 3) la suggestion que contracter des mariages multiples peut être recommandable (mandub)
et même nécessaire (wajib) dans certaines cas, définis par une augmentation du risque, tant pour les
hommes que pour les femmes, de tomber dans l’iniquité. » (Hak Dîni Kur’ân Dili, II, 1290).
92 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Les versets coraniques qui suivent montrent clairement que celui qui a l’inten-
tion de contracter plus d’un mariage doit être conscient de ses responsabilités et
chercher à établir la justice entre ses épouses, de peur que l’injustice qu’il est suscep-
tible de commettre ne l’entraîne à appeler sur lui le châtiment de Dieu :
ħġƇ ĤƆ ÔÓ ƈ ƈ ƈ ƈ ƈ
Ž Ɔ ĈƆ ÓĨÒij
Ɔ éƇ ġĬŽ ÓĘƆ ĵĨÓƆ ÝƆ ĻƆ ĤŽ ÒĵĘÒijĉƇ ùĝŽ ÜƇ ƪ źÒƆ ħŽ ÝƇ ęŽ ìĪŽ ÒIJƆ
Øƃ ïƆ èÒ ƈ ĪŽ Óƈ ĘƆ ĎÓÖòIJÞ
ƈ ijĘƆ ÒijƇĤïƈ đÜƆ ƪ źÒƆ ħÝęŽ ì ƈ ƈ ƈ
Ɔ Ž ŽƇ Ɔ Ɔ Ƈ Ɔ Ɔ ƆŻƇàIJĵ
Ɔ ĭƆ ᎠĨ Ɔ ÅÓùƆ žĭĤÒīƆ Ĩ
ÒijƇĤijđƇ ÜƆ ƪ źÒƆ ĵĬƆ îŽ ÒƆ ğƆ Ĥƈ ðƆ ħġƇ ƇĬÓĩƆ ĺŽ ÒƆ ÛŽ ġƆ ĥƆ ĨÓ
Ɔ ĨƆ IJŽ ÒƆ
Ž
« Et si vous craignez de ne pas être justes envers les orphelins,...Il est permis
d’épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent, mais, si vous
craignez de ne pas être juste avec celles-ci, alors une seule, ou des esclaves que
vous possédez. Cela afin de ne pas faire d’injustice (ou afin de ne pas aggraver
votre charge de famille). » (an-Nisâ, 4 : 3).
« Ô mon peuple ! Soyez témoins que Zayd est maintenant mon fils, qu’il héritera
de moi et que j’hériterai de lui. »41
Zayd t fut donc officiellement adopté par le Saint Prophète r.
L’honneur conféré au jeune Zayd t fut un motif de soulagement et de bonheur
pour son père et son oncle qui retournèrent chez eux le cœur soulagé. (Ibn Hishâm, I,
267; Ibn-i Sa’d, III, 42)
Jabala ibn Hâritha, le frère de Zayd t, raconte une autre version de l’histoire :
« Je me rendis auprès du Messager de Dieu pour lui demander que Zayd t
puisse m’accompagner.
- Il est ici, me répondit-il, s’il veut venir avec toi, je ne l’empêcherai pas.
Mais Zayd t n’accepta pas ma demande, disant :
- Je ne préfèrerai personne d’autre que toi.
Beaucoup plus tard, je compris que mon frère Zayd t avait une plus grande
sagesse que moi. » (At Tirmidhi, Manâqib, 39/3815)
Abû Talib avait des difficultés financières, étant à la tête d’une importante
maisonnée. C’est à cause de cela que le Saint Prophète r vint auprès de son oncle
Abbâs et lui suggéra :
« Comme tu le sais mon oncle, ton frère Abû Talib gère une grande famille et la
sécheresse ainsi que la famine l’ont laissé dans le besoin comme la plupart des gens.
Pourquoi ne pas nous rendre auprès de lui et lui demander de confier à notre garde
deux de ses petits pour le décharger de quelques-unes de ses responsabilités ? »
Abbâs accepta la bienveillante suggestion et ensemble ils se rendirent auprès
d’Abû Talib qui, avoir entendu la proposition, déclara :
« Hormis Aqîl, vous pouvez prendre l’enfant que vous désirez. »
Muhammad r prit finalement Ali t tandis qu’Abbâs t prit son frère Jafar t.
Ali t fut élevé par son généreux gardien jusqu’au début de l’Apostolat prophétique.
(Ibn Hishâm, I, 264)
Comme la coutume arabe désignait le nom en rapport avec le nom d’un enfant
premier-né de sexe masculin, le Saint Prophète r se vit appeler Abu’l Qasim, du
nom de son fils premier-né.
Qasim ne vécut pas longtemps néanmoins, décédant à l’âge de deux ans. Abdal-
lah, son second fils, naquit au cours de son Apostolat prophétique.
Mais Abdallah, comme son frère avant lui, ne survécut pas et rendit son dernier
souffle très tôt. (Ibn Saad, I, 133).
Âs ibn Wâ’i, un idolâtre notoire de Quraysh, exploitant la richesse du moment,
commença à insulter le Saint Prophète r et à colporter les paroles suivantes :
« C’est un homme stérile incapable d’assurer à un fils une lignée qui porte son
nom. Nous n’avons donc besoin que d’attendre sa mort. Vous serez alors préservés
de lui à tout jamais. »
Cela provoqua la révélation de la sourate al-Kawthar :
óÝƆ ÖŽ ƆźÒŽ ijƆ İ ƈ óéĬŽ ÒIJğƈƆ ÖóĤƈ ģƈ ž āĘƆ óàƆ ijġƆ ĤŽ ÒĞƆ ÓĭƆ ĻĉƆ ĐƆÒÓĬƪ Òƈ
ƈ Ɔ Īƪ Ò
Ƈ Ƈ ğƆ ÑƆ ĬÓü ŽƆ Ɔ žƆ Ɔ Ɔ Ž Ž Ž
« Nous t’avons certes accordé l’Abondance (Kawthar).42 Accomplis la Salât
pour ton Seigneur et sacrifie. Celui qui te hait sera certes sans postérité. » (Coran,
al-Kawthar, 108, 1-3) ; (Ibn Saad, III, 7; Wâhidî, p. 494)
Zaynab c l’aînée des filles du Noble Messager r est née alors qu’il était âgé
d’environ trente ans. Ruqayya c naquit après elle. (Diyarbakrî, I, 273-274).
Après la naissance de Ruqayya c vint au monde Umm Khultum c, suivie de
Fatima c, née l’année de la reconstruction de la Ka’ba, au moment où le Messager
de Dieu r atteignit l’âge de trente-cinq ans. ( Ibn Saad, VIII, 19-26).
Le dernier enfant du Noble Prophète r fut Ibrahim, né à Médine, durant la
huitième année de l’hégire. Sa mère se nommait Mâriya.
L’enfant fut soigné par Umm Rafi dont le mari, Abû Rafi, est celui qui délivra la
bonne nouvelle de la naissance d’Ibrahim au Messager de Dieu r qui, tout heureux,
dit à ceux qui était autour de lui :
« Ce soir j’ai eu un petit garçon que je prénommerai Ibrahim, comme mon
ancêtre. » (Muslim, Fadâil, 62)
Ibrahim tomba lui aussi malade à l’âge de dix-sept mois et décéda peu après.
(Voir Asri Çubukçu, DİA, « Ibrahîm », Introduction, XXI, 273-274).
L’arbitrage à la Ka’ba
Une inondation frappa La Mecque et provoqua une destruction partielle de la
Sainte Ka’ba et les clans de La Mecque décidèrent de la reconstruire en commen-
çant par la démolir depuis ses fondations. Par inadvertance, dans le même temps,
on apporta la nouvelle qu’un navire chargé de fer, de planches, de bois et d’autres
matériaux de construction s’était échoué à Shuaiba, à proximité de La Mecque. Sans
perdre de temps, les Mecquois s’y rendirent et achetèrent le matériel nécessaire à la
réparation de la Maison Sacrée.
Bientôt, la reconstruction débuta. Les Mecquois tirèrent au sort pour détermi-
ner les travaux auxquels chaque clan devait s’engager. Ils partagèrent le travail de
démolition et de reconstruction en tirant également au sort. Avant le lancement des
travaux, un homme avisé parmi eux dit :
« Gens de Quraysh ! Ne mélangez pas l’argent dans la reconstruction de la
Maison Sacrée. Ne laissez pas l’argent acquis par des intérêts ou usurpé à d’autres
contre leur volonté être utilisé pour financer la réparation. » (Ibn Hishâm, II, 210 ; Ibn
Kathir, al-Bidâyah, II, 305).
Mais craignant la colère qui pouvait survenir s’ils se précipitaient trop vite et
détruisaient la Ka’ba, les Mecquois restèrent indécis. Parmi les Arabes le respect
pour la Ka’ba était un devoir sacré confirmé depuis la Loi d’Abraham u.
Walid ibn Mughira, un notable de Quraysh, coupa le nœud et demanda :
« Que visez-vous en voulant détruire la Ka’ba : le bien ou le mal ? »
98 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
De nombreuses leçons attendent d’être prises de ceux qui sont venus pour passer.
Ô Gens d’Iyad ! Où sont vos pères et vos aïeux ! Où sont les gens de ‘Ad et de
Thamud qui bâtirent des châteaux exquis et des demeures en pierre ? Où sont Nemrod
et Pharaon qui, se vautrant dans les richesses mondaines, dirent à leur peuple : « Ne
suis-je pas votre plus grand seigneur ? »
La terre a fini par les moudre tous dans son moulin ! Même leurs os sont main-
tenant pourris là, dispersés. Leurs demeures restent désertées, habitées maintenant
par des chiens. Ne devenez jamais insouciants comme eux ! N’empruntez pas leur
chemin ! Tout est périssable, hormis le Tout-Puissant qui ne l’est pas.
Il y a de nombreux moyens d’emprunter le fleuve de la mort, mais hélas, pas de
moyens d’en sortir ! Toute chose, grande ou petite, émigre. Tout ce qui arrive vous
arrivera aussi. » (Bayhaqî, Kitabu’z-Zuhd, II, 264 ; Ibn Kathir, al-Bidaya, II, 234-241; Haythamî,
IX, 418)
43. Hira, une grotte située sur la montagne appelée Jabal al-Nur, ou Montagne de Lumière, où le Saint
Prophète r reçut sa première révélation. Située au nord de La Mecque à une distance d’environ cinq
kilomètres, la grotte de Hira tient une place importante dans la vie du Noble Prophète r. Cette grotte,
située à quelques mètres en dessous du sommet de la montagne, est en fait constituée d’un tunnel-
passage coincé au milieu de dalles de pierre naturelle empilées les unes sur les autres, la Ka’ba se
trouve en plein champ de vision depuis l’entrée de la grotte. Aussi grande que puisse être la personne,
la largeur de la grotte permet à peine la position couchée. Surplombant les régions environnantes, y
compris la Ka’ba, elle est un refuge idéal et propice à la contemplation. Avant le Saint Prophète r,
les Hanifs de La Mecque saisirent l’opportunité qu’offrit la grotte en matière de contemplation. L’un
d’entre eux était Abd al-Muttalib, le grand-père du Saint Prophète r qui, ayant une foi ferme en Dieu
et en l’au-delà en tant que demeure de la récompense et du châtiment, se réfugiait à l’intérieur de la
grotte et s’abîmait dans des actes d’adoration. (Fuat Günel, DİA, “Hira”, Introd., XVIII, 121-122)
102 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
consistait pour lui à contempler la création des cieux et de la terre, comme son
ancêtre Abraham u et la Ka’ba depuis la grotte surplombante. (Ibid, I, 61; XXIV, 128).
Muhammad r avait l’habitude de prendre avec lui un peu de provisions,
retournant auprès de Khadîdja c quand il en manquait, et retournait aussitôt à la
grotte. (Muslim, Iman, 252).
À l’occasion, il prenait aussi Khadîdja c avec lui. (Ibn Hishâm, I, 254).
Méditant reclus dans la grotte de Hira, la Lumière de l’Être r voyait fréquem-
ment des lumières et entendait des voix, ce qui l’avait conduit à craindre que ces
expériences pouvaient être liées à des prémonitions divinatoires ou à de la sorcelle-
rie. Inquiet, il partagea son anxiété à Khadîdja c:
« J’ai peur, Khadîdja, d’être un devin, alors que, par le Tout-Puissant, il n’y a
rien que je déteste de plus que la divination et les idoles ! »
Mais Khadîdja c n’avait pour lui que des paroles consolatrices :
« Ne dis pas çà, cousin.44 Dieu ne fera jamais de toi un devin. » (Ibn Saad, I, 195)
Cette période d’isolement vécue avant la mission est considérée comme un
stage préparatoire pour le Saint Prophète r, à l’instar d’une graine qui pousse et
qui germe du sol. La nature exacte de cette période préliminaire de préparation
restera cependant et à jamais un secret pour nous. Mais ce fut là précisément que les
graines de la foi furent déposées, que le feu de la béatitude éternelle s’enflamma et
que débuta la révélation du Coran, guidance pour toute l’humanité.
En cela, la retraite du Saint Prophète r dans la grotte a été incitée par l’égare-
ment général de son peuple et par sa tristesse indicible devant les injustices com-
mises par les Mecquois corrompus.
Pourtant, en réalité, la retraite signifiait tout simplement l’acte de préparer le
cœur du Noble Messager r à la purification immaculée, après quoi le Saint Coran
pouvait être parfaitement communiqué à la perception de l’humanité tout entière.
C’était comme une étincelle spirituelle agitée par la base d’une haute tension
électrique, un secret intime entre le Tout-Puissant et Son Bien-aimé, à l’intérieur
d’une grotte isolée et à distance des regards indiscrets.
Tout comme le fer brut devient de l’acier grâce à une propension intérieure, le
temps à Hira était l’antichambre nécessaire pour que le Saint Prophète r devienne
le destinataire de la Révélation divine et assume un fardeau trop lourd à transporter
pour un être humain ordinaire.
44. Des termes familiers, tels que cousin ou neveu, sont couramment utilisés par les Arabes quand ils
s’adressent entre eux. Ils n’impliquent pas nécessairement une relation de sang.
Les Années de Jeunesse 103
Pour se rendre compte de ces états, au sens propre du terme, il faut savoir que
ces aspects ne peuvent être réalisés qu’en protégeant le cœur des fastes et des préoc-
cupations de ce monde et en se retirant dans l’isolement.
On doit préciser ici que la khalwat, ou le fait de s’isoler, n’est pas synonyme
de fuite et de prise de refuge permanente dans des grottes, des montagnes ou des
habitations isolées.
Un tel mouvement irait à l’encontre de la pratique du Saint Prophète r et de
ses Compagnons y.
Il suffit de se rappeler de ces paroles du Saint Prophète r :
« Un musulman qui vit dans la communauté et supporte les tourments qui
l’accompagnent est de plus grande vertu que celui qui s’éloigne d’elle et de sa détresse. »
(At Tirmidhi, Qiyamat, 55).
Dieu a ainsi présenté à l’humanité Son Prophète Bien-aimé r, avec tous ses
signes, facilitant de la sorte le chemin pour Ses serviteurs bien-pensants qui eux-
mêmes verront leur foi s’affirmer une fois le Prophète r apparu.
En le laissant orphelin sans parents, le Tout-Puissant prit en charge la formation
exclusive de l’âme gracieuse, Il lui inculqua le meilleur comportement, lui donna le
goût amer de la plus grande vulnérabilité et impuissance que l’on peut supporter.
Il lui permit d’atteindre le sommet de la miséricorde, de la compassion et de
l’altruisme à l’égard de toutes les personnes qui lui feraient désormais confiance dans
un avenir proche.
Protégeant Son bien-aimé de la répugnance causée par l’Âge de l’Ignorance, Il
n’autorisa pas que la moindre tache de vice abimât la feuille blanche que fut sa vie,
assurant ainsi la manifestation de l’apogée de la vertu dans sa conduite.
Les gens le connaissaient pour ses vertus d’honnêteté, de fiabilité, de sincérité,
de générosité, de noblesse et de loyauté, ainsi que pour ses caractéristiques prédo-
minantes telles que l’intelligence et la prudence, plaçant leur confiance en lui dans
toutes leurs affaires.
Le Tout-Puissant combina en lui toutes les belles choses et les plus exemplaires
attributs, réalités admises même par ses ennemis, eux qui le surnommèrent al-Amin,
le Digne de confiance, bien avant le temps de l’Apostolat prophétique.
L’arbitrage à la Ka’ba du Saint Prophète r témoigne de sa position inimitable
aux yeux des notables mecquois dont l’esprit n’avait même pas été traversé par le fait
qu’il aurait pu y avoir une quelconque contre-vérité dans ses paroles ou bien que sa
fibre morale puisse nourrir le doute.
Ils ne doutèrent jamais du niveau sublime de sa sincérité quand son aide était
sollicitée et que des choses dépendaient de lui.
Sage de caractère, le Tout-Puissant a formé le Saint Prophète r de la plus ex-
cellente manière et a assuré qu’il allait vivre en conséquence, puisqu’il allait devoir
constituer le meilleur modèle pour le reste de l’humanité, dans le but de l’orienter sur
le chemin de la guidance.
En substance, l’homme est attiré par les figures de caractère exceptionnel et non
par des individus qui possèdent des biens terrestres.
Cependant, aussi dignes d’éloges que puissent être ces génies, les gens ne suivent
que ceux qui montrent une disposition exemplaire.
Les Années de Jeunesse 107
La Période Mecquoise De
La Prophétie
DEUXIÈME PARTIE
109
Il convient de garder à l’esprit que même si les yeux des prophètes peuvent
sommeiller (littéralement dormir), leur cœur, en revanche, ne dort pas. (Al Boukhari,
Manâqib, 24).
Par conséquent, nulle barrière ne peut les empêcher de recevoir des révélations,
même dans leurs rêves.
À propos du rêve véridique le Saint Prophète r a dit à la fin de sa vie :
« Le rêve véridique est un quarante-sixième de la prophétie. » (Al Boukhari, Tâbir,
26; Muslim, Ru’yâ, 6).
Il est intéressant de noter que cette période de six mois correspond exactement
à un quarante-sixième de ses vingt-trois années de mission prophétique.
111
- Lis !
Alors l’Ange u le saisit et le serra contre lui de sorte que le Saint Prophète r
ne pouvait presque plus respirer.
- Lis !
C’était comme s’il exhortait l’Ange u à lui révéler ce qu’il voulait exactement
qu’il lise.
ƈ ÒŽ ƪźÒƈ ĪÓ
ĪƇ ÓùƆ èŽ ź ƈ ùèź ƈ
Ɔ Ž ÒŽ ÅÒƇ õƆ ä
Ɔ ģŽ İƆ
« Y a-t-il d’autre récompense pour le bien, que le bien ? » (ar-Rahmân, 55 : 60).
Khadîdja c emmena ensuite le Saint Prophète r auprès de son cousin (pater-
nel) Waraqa ibn Nawfal, qui était l’une des personnes exceptionnellement rares qui
n’avaient jamais adoré d’idoles durant l’Âge de l’Ignorance.
Grâce à sa maîtrise de l’hébreu, Waraqa connaissait bien la Bible.
Maintenant, qu’il était devenu âgé, il n’était plus capable de voir.
Khadîdja c dit en arrivant :
- Écoute, cousin, ce que va te dire ton neveu.
Alors Waraqa curieux demanda :
- De quoi s’agit-il mon neveu ?
Et le Saint Prophète r commença à raconter ce qu’il avait vu et vécu.
Reconnaissant la grande réalité de toutes les explications rapportées, le visage
de Waraqa s’illumina d’un sourire radieux avant d’être absorbé dans une brève mais
profonde méditation.
- Ce que tu as vu n’était rien d’autre que le Grand Namus (Gabriel u), que le
Tout-Puissant a envoyé autrefois à Moïse u. Plût à Dieu que je fusse jeune en ce
moment ! Comme je voudrais être encore vivant à l’époque où tes concitoyens te
banniront !
- Ils m’exileront donc ? s’écria le Saint Prophète r.
- Oui, reprit Waraqa, jamais homme n’a apporté ce que tu apportes sans être
persécuté ! Si je vis encore en ce jour-là, je t’aiderai de toutes mes forces. »
Mais après quelques jours, Waraqa mourut, et la Révélation Divine s’arrêta
également pendant un certain temps (fatrah). (Al Boukhari, Bad’ul-Wahy, 1; Anbiya, 21;
Tafsir, 96 ; Muslim, Iman, 252).
Dans les versets révélés par la suite, Dieu s’adressera ainsi à Son Prophète r :
ƈ Ɔ ƈ èIJ Ɔ ƈ
ÔÓ Ɔ ƈòïŽ ÜƆ ÛƆ ĭŽ ĠÓ
Ƈ ÝƆ ġĤŽ ÒÓĨĸ Ƈ ĨÓ
Ɔ ĬƆ ƈóĨŽ ÈīŽ ĨÓ
ž ƃ ò Ƈ ğƆ ĻŽ ĤƆ Ìƈ ÇĭƆ ĻŽ èƆ IJŽ ÈğƆ Ĥñſ ĠƆ IJƆ
Ó ĬƆ îÓƈ ×Đƈ īĨ
ƈ ÅÓýĬīĨįƈƈ Öĸïƈ ıĬÒ ƈ ĪƇ ÓĩĺŸÒ
Ɔ Ž Ƈ Ɔƪ Ž Ɔ Ž ƪ òijƃ ƇĬĮÓƇ ĭƆ ĥŽ đƆ ä
Ɔ īŽ ġĤƆ IJ Ɔ Ɔ ƈ Ž źƆ IJƆ
ƅ ĝƈ ÝƆ ùĨĆÒ ƅ ƈ ƈ
ħĻ Ž Ƈ óƆ ĀĵĤƆ Ìƈ ĸïıŽ ÝƆ ĤƆ ğƆ Ĭƈƪ ÌIJƆ
114 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« Et c’est ainsi que Nous t’avons révélé un esprit [le Coran] provenant de
Notre ordre. Tu n’avais aucune connaissance du Livre ni de la foi ; mais Nous en
avons fait une lumière par laquelle Nous guidons qui Nous voulons parmi Nos
serviteurs. Et en vérité tu guides vers un chemin droit. » (Achoura, 42 : 52).
Įƈ ïƈ đŽ Öī ƈ Ļƈ×ĭĤÒIJæij
Ɔ ž ƪ Ɔ ƅ ƇĬĵĤƆ Ìƈ ÓĭƆ ĻŽ èƆ IJŽ ƆÈÓĩƆ Ġ
Ɔ ĨīĻƈ Ɔ ğƆ ĻŽ ĤƆ Ìƈ ÓĭƆ ĻŽ èƆ IJŽ ƆÈÓĬƈƪ Ì
« Nous t’avons fait une révélation comme Nous fîmes à Noé et aux prophètes
après lui… » (an-Nisa, 4 : 163).
Concernant le fait que le tout premier mot révélé au Messager de Dieu r ait été
« Lis », les hommes sages de cœur ont fait l’interprétation suivante :
« Lis ! Lis tout ! Lis le Livre de Dieu ! Lis Ses signes ! Lis le Livre qui est l’uni-
vers ! Lis en vue d’atteindre la guidance et de t’éloigner de la déviance ! Lis pour
compléter ta foi ! Lis au nom de Dieu ! Lis au nom de ton Seigneur qui t’a créé ! Lis
au nom de Celui qui, même s’Il a créé l’homme d’un caillot de sang, Il lui donne
encore l’occasion de lire, de comprendre afin de devenir éclairé et mettre en pratique
ce qui a été compris ! Lis au nom de Dieu qui a béni l’homme en lui donnant la capa-
cité de lire, ce qui est la grande grâce accordée parmi toutes ! Lis afin d’apprendre !
Lis au nom de Dieu qui a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas… »
S’étant lui-même classifié au cours des étapes spirituelles qui le firent progres-
ser, Mawlana Rumî ç utilisa le terme cru pour désigner le temps qu’il passa à lire des
ouvrages à contenu exotérique, cuit pour désigner la phase de lecture des mystères
de l’univers et brûlé pour désigner la phase de lecture des mystères divins, ce qui
l’avait quasiment réduit en cendres.
Le commandement « Lis », véhiculé par le verset (ayat), est d’une grande
importance qui va de pair avec la condition que cette lecture soit entreprise au nom
de Dieu.
Elle montre en outre la manière dont cette lecture doit être entreprise.
La « lecture » n’est pas tant une activité extérieure qu’un processus de raffinage
et de purification spirituelle du cœur au point de devenir réceptif au Livre et à la
Sagesse.
La capacité de lire avec le cœur, qui est le point focal des manifestations, est par
conséquent suggérée par le commandement. Plus clairement, cela exige que l’uni-
vers soit perçu comme un livre, les pages vers lesquelles le cœur se tourne pour lire
les sagesses et les mystères divins ; l’essentiel de tout cela étant que les êtres humains
soient appelés à lire, à comprendre et à vivre le Saint Coran.
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 115
Le Saint Prophète r, après la première phase des rêves véridiques, fut accablé
d’anxiété lorsque l’Ange de la Révélation u lui fit soudainement face. Il faut dire
que les paroles réconfortantes de Khadîdja c et la confirmation de Waraqa firent
que son cœur restât à l’aise. À présent, enthousiaste, il désirait ardemment que la
Révélation reprenne, faisant même preuve d’impatience à cet égard.
Maintes et maintes fois, il se rendit au Mont Hira où il reçut la Révélation pour
la première fois, et attendait dans l’espoir qu’elle vienne encore une fois.
Son plus grand soutien durant cette interruption fut sans conteste l’honorable
Khadîdja c, dotée d’une profondeur d’esprit, d’une élégance et d’une grâce que le
Noble Prophète r n’était pas prêt d’oublier.
Après la mort de Khadîdja c, à chaque fois qu’il sacrifiait des animaux pro-
venant de son cheptel, il rendait hommage à sa défunte épouse en envoyant à ses
proches une part de la viande obtenue.
116 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
7 : 143). Il lui apparut sous la forme de ĵĬîŽ ƆÒIJƆÒīƈ ĻøijĜƆ ÔÓĜƆ « Qaba qawsayni aw adna ».48
Ž ŽƆ Ž Ɔ
La prière (as-salât), moment d’union avec la Réalité, est présentée à tous les
croyants à venir comme une reconstitution de l’Ascension.
Ordonné, au départ, pour être effectué cinquante fois par jour par l’Oumma, le
nombre de prières fut finalement réduit à cinq après des appels répétés du Messager
de Dieu r.
47. Le secret de « len terâni » se résume ainsi : Moïse u avait été préparé pour s’entretenir avec Dieu. Il
lui fut commandé de jeûner trente jours, période qui plus tard fut prolongée à quarante jours. Cette
période fut une phase préparatoire de l’entretien avec Dieu et de nettoyage de ces désirs charnels.
Moïse u parla avec Dieu non par l’intermédiaire de moyens matériels, comme la langue, mais à
travers l’éternel attribut divin qu’est le «Kalam», la Parole. Personne n’entendit ou ne ressentit ce
dialogue pour ne pas égaliser l’Ange Gabriel u ou les soixante-dix témoins qui étaient venus avec
Moïse u. Mais Moïse u s’évanouit sous l’influence de cette manifestation divine. Il devint ainsi
ignorant comme s’il était en ce monde ou dans la Vie future, se sentant hors de l’espace et du temps.
Noyé dans l’amour et dans l’extase, une passion forte s’éveilla en lui afin de percevoir la Vérité finale :
al-Haqq.
La réponse divine vint : « len terâni » («Tu ne me verras pas!»).
Pendant que Moïse u dans cet état semi-conscient, persévéra inconsciemment dans ses exigences,
Dieu lui indiqua la direction de la montagne et déclara que si la montagne pouvait supporter la
manifestation divine, alors lui aussi pourrait la supporter.
Le récit dit ensuite qu’une petite lumière divine venant des voiles infinis brilla sur la montagne qui
se brisa en morceaux.
Moïse u s’évanouit en raison de ce terrifiant évènement.
Il loua Dieu en se réveillant et se repentit d’avoir voulu essayer de franchir ses limites.
48. Sourate An Najm (53) verset 9. Le verset dit :
ĵĬƆ îŽ ƆÈIJŽ ƆÈīƈ ĻøƆ ijŽ ĜƆ ÔÓ
Ɔ ĜƆ ĪÓ
Ɔ ġƆ ĘƆ ðĵĤƪ ïƆ ÝƆ ĘƆ ÓĬƆ î
Ɔ ħƪ Ƈà
Ž
Thuma dana fatadalla - Fakaa qaba qawsayni aw adna
... et fut à deux portées d’arc, ou plus près encore...
Ce verset, explique qu’une union intime, inimaginable pour la pensée humaine, eut lieu entre le
serviteur et Son Seigneur. Ces exemples des deux grandes manifestations qui eurent lieu face aux
Prophètes Moïse et Muhammed L sont subordonnées à notre niveau de compréhension.
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 117
« Il n’a pas été donné à un mortel qu’Allah lui parle autrement que par révé-
lation, ou de derrière un voile, ou qu’Il [lui] envoie un messager (Ange) qui révèle,
par Sa permission, ce qu’Il [Allah] veut. Il est Sublime et Sage. » (Achoura, 42 : 51).
Selon un récit rapporté par Aïcha c on interrogea une fois le Saint Prophète r à
propos de la manière dont il a reçu la Révélation divine et il r répondit :
« Parfois il s’agit d’un son retentissant, ce qui est pour moi la manière la plus
contraignante quand je la reçois. Une fois que je comprends et mémorise ce que Dieu
a déclaré, l’Ange me quitte ensuite. Et parfois l’Ange apparaît sous forme humaine.
Il me parle et je le comprends instantanément. » (Al Boukhari, Bad’ul-Wahy, 1-2 ; Muslim,
Fadail, 87).
Les savants Musulmans considérant les nombreux récits sur ce sujet ont
conclu ce qui suit :
1) La Révélation venait parfois sous forme de rêves véridiques pendant le som-
meil et qui plus tard se manifestaient de la façon exacte qu’ils ont été vus.
2) Des paroles étaient parfois révélées dans le cœur du Noble Prophète r sans
l’apparition physique de l’Ange.
3) Comme ce fut le cas dans le hadith de Gabriel49, l’Ange de la Révélation pren-
drait la forme d’un être humain et transmettrait la Révélation.
Rapporté par Ibn Abbâs t , l’incident relaté ci-dessous fournit un splendide
exemple de révélation dans son sens dernier :
« J’étais avec mon père Abbâs à côté du Messager de Dieu r à côté de lui r se
trouvait également un homme et tous deux parlaient à voix basse. C’est pour cela que
le Messager de Dieu r ne fit pas beaucoup attention à mon père.
Lorsque nous partîmes, mon père me demanda :
« As-tu vu que le Messager de Dieu n’a pas fait beaucoup attention à moi ? »
Je lui répondis :
« Oui père. Mais il parlait avec un autre homme à ses côtés. »
Là-dessus nous retournâmes immédiatement auprès du Messager de Dieu r et
mon père lui expliqua :
49. Un jour, alors que le Saint Prophète r était à la mosquée, Gabriel u vint à lui sous la forme d’un
homme et le questionna sur l’islâm, l’îman et l’ihsân ainsi que sur les signes du Jour du Jugement, ceci
dans le but d’aider les Compagnons y à s’instruire en matière de religion.
Le hadith qui évoque cet incident a été nommé ultérieurement « Hadith de Gabriel ». (Voir Al
Boukhari, Iman, 37 ; Muslim, Iman, 1, 5).
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 119
« Ô Messager de Dieu ! Abdallah m’a dit que tu t’entretenais à voix basse avec
un homme qui était à tes côtés. Y avait-il vraiment quelqu’un à tes côtés ? »
Alors le Messager de Dieu r me demanda :
« L’as-tu vu en réalité, Abdallah ? »
-Je répondis :
« Oui »
-Il dit alors :
« Eh bien, c’était Gabriel u. »
Puis il dit : « C’est pour cela que je n’ai pas fait attention à vous. » (Ahmad I 293;
Haythamî IX 276)
Zayd ibn Thâbit50, scribe chargé de recueillir par écrit la Révélation, a déclaré
que l’intensité d’une révélation donnée correspondait au poids de son contenu.
Si la révélation concernait une promesse ou une assurance divine, Gabriel u
apparaissait alors sous forme humaine, ce qui ne causait pas trop de difficultés pour
le Noble Messager r.
En revanche, si des avertissements divins et des menaces de punition descen-
daient, la révélation arrivait au milieu d’un bruit assourdissant des plus terrifiants.
Si le Messager de Dieu r était monté sur un chameau quand la révélation arri-
vait, incapables de résister à son poids, les pattes de l’animal se dérobaient et se met-
taient à fléchir.
En effet, selon le troisième verset de la sourate al-Maida, c’était comme si les
pattes de sa chamelle ‘Adba étaient sur le point de se rompre, forçant le Messager de
Dieu r à descendre. (Ahmed, II, 176; VI, 445; Ibn Saad, I, 197; Tabarî, Tafsîr, VI, 106.).
Zayd ibn Thâbitt raconte :
« J’étais assis à même le sol à côté du Messager de Dieu r, son genou posé sur
le mien. Juste à cet instant il commença à recevoir une révélation. Et soudainement
c’était comme s’il n’y avait rien d’autre sur terre plus lourd que son genou. Ce n’était
qu’une question de temps, pensai-je, avant que le mien ne soit écrasé. » (Ahmad, V,
190-191).
Dans leur refus de croire que le Saint Coran soit la Parole du Tout-Puissant,
certains orientalistes ont prétendu que la Révélation n’était rien de plus que des ins-
pirations intérieures ressenties par le Saint Prophète r relativement à sa capacité de
profonde méditation. De telles allégations trahissent la profonde ignorance qui est
dans leur cœur, leur faiblesse en matière de jugement et leur zèle emprunt d’inimitié.
La crainte ressentie par le Messager de Dieu r en voyant l’Ange pour la pre-
mière fois lors de la première Révélation réfute clairement la possibilité que cela
eusse pu être un cas intérieur et personnel d’hallucination.51
50. Zayd ibn Thâbit u était un des scribes du Saint Prophète r. Quand le Messager r émigra à Médine,
Zayd t, qui était un orphelin âgé de onze ans et alors qu’il n’était qu’un enfant, s’engagea à mémoriser
dix-sept chapitres du Coran. Le Messager de Dieu r lui conseilla d’apprendre l’hébreu et l’assyrien,
langues auxquelles il devint familier en l’espace de quarante jours, supervisant par la suite les relations
du Saint Prophète r avec des personnes parlant ces langues. Mais l’une de ses plus admirables œuvres
fut l’assemblage du Coran qu’il accomplit avec l’aide de deux autres Compagnons y. Il t décéda à
Médine au cours de la 45ème année de l’Hégire après avoir rapporté 92 hadiths.
51. Hallucination : mot d’origine française. En psychologie, le terme désigne des sensations plus
couramment observées dans les cas de schizophrénie ou de paranoïa où la personne subit des
expériences sans la stimulation de ses sens et imagine des choses qui n’ont aucune réalité propre.
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 121
ƈ Ɔ
Ƈ ÝƆ ġĤŽ ÒğƆ ĻŽ ĤƆ Ìƈ ĵĝƆ ĥŽ ƇĺĪÈijäƇ óŽ ÜƆ Ûĭ
źƈƪ ÌÔÓ Ɔ ĠÓ
Ƈ ĨƆ IJƆ
īĺ ƈ ƈ ƈ
Ɔ ƈóĘÓġƆ ĥŽ žĤÒóĻƃ ƈıČ
Ɔ īƪ ĬƆ ijġƇ ÜƆ ŻƆ ĘƆ ğƈƆ Öž ò
ƪ īŽ Ĩ
ž Ùƃ ĩƆ èŽ òƆ
« Tu n’espérais nullement que le Livre te serait révélé. Ceci n’a été que par
une miséricorde de ton Seigneur. Ne sois donc jamais un soutien pour les infi-
dèles. » (al-Qassas, 28 : 86)
Il suffit d’observer la différence de style entre le Coran et les hadiths pour être
convaincu de la source révélatrice du premier. De tels incidents se produisirent de
temps en temps : quand le Saint Prophète r avait besoin d’une réponse urgente,
la révélation était retardée, comme pour l’affaire dite du « ifk » (la calomnie), ou
les nombreuses questions récurrentes posées par les Israélites. Si le Coran avait été,
comme on l’a soutenu, un fruit de la méditation du Saint Prophète r, il eut été pré-
férable qu’une réponse immédiate lui soit fournie au lieu de le placer dans une fâ-
cheuse position en attente d’une autre révélation.
De plus la Révélation informait parfois le Saint Prophète r de son attitude erro-
née sur certaines questions ou ordres selon sa tendance préférée. Même le fait d’avoir
tardé à communiquer certaines choses le plaçait ouvertement sous le feu de la cri-
tique divine. Tout cela expose l’illogisme des accusations tenant le Coran pour n’être
qu’un produit des méditations personnelles du Noble Prophète r.
Pour relater un fait s’y référant, lorsque le Saint Prophète r communiquait
l’islam à des notables Quraysh, Abdullah ibn Umm Maktum t, un Compagnon
aveugle qui avait embrassé l’islam à la première heure, s’approcha de lui r et insista
pour qu’il lui apprenne quelques vérités révélées par le Tout-Puissant. Préoccupé de
122 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
vouloir convaincre ces notables, le Messager de Dieu r fit peu cas de lui et fronça
même les sourcils en face de l’attitude insistante d’Ibn Maktum t. Pour cela il fut
ainsi réprimandé par Dieu :
52. Mujmal sont des expressions qui contiennent des significations succinctes et qui, jusqu’à nouvel ordre
de clarification, demeurent obscures.
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 123
Ùƃ ĺÆ
Ɔ ğƆ ęƆ ĥŽ ìƆ īŽ ĩƆ Ĥƈ Īij Ɔ ġƇ ÝƆ Ĥƈ ğƆ Ĭƈ ïƆ ×ƈƆ ÖğĻ
Ɔ åž ƈ ĭƆ ƇĬĦƆ ijŽ ĻƆ ĤŽ ÓĘƆ
Ɔ ĥƇ ĘÓƈ ĕƆ ĤƆ ÓĭƆ ÜÓƈ ĺÆ
Īij Ɔ īŽ Đ
Ɔ öÓĭĤÒ
ƈ īĨ
ƪ Ɔ ž ƃÒóĻáĠ
ƈ ƈ Ɔ Īƈƪ ÌIJ
Ɔ
« Nous allons aujourd’hui épargner ton corps, afin que tu deviennes un signe
à tes successeurs. Cependant beaucoup de gens ne prêtent aucune attention à Nos
signes (d’avertissement). » (Yunus, 10 : 92).
Zamakhshari interprète ainsi ce verset :
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 125
« Nous allons jeter ton corps nu dans un coin près du rivage et le protéger, dans
sa globalité, l’empêchant de se décomposer, en guise de leçon pour ceux qui vien-
dront après toi dans les siècles à venir. » (Zamakhshari, III, 24).
Des découvertes récentes ont permis de retrouver le cadavre de Pharaon échoué
sur le rivage, prostré. Il s’agissait de son état final avant son trépas. Redoutant les
scènes horribles dont il a été finalement témoin lors de ses derniers instants, il a vou-
lu se joindre à la foi, mais sa prise de position l’a été en désespoir de cause puisqu’elle
n’a pas été acceptée.
Ainsi donc, trois mille ans environ après ces faits et ayant survécu à la décom-
position, son cadavre a émergé, et, comme cela l’a été proclamé par le Coran, exhibé
à l’humanité tel un avertissement. À l’heure où nous parlons, son cadavre est exposé
au British Museum ; un seul parmi les nombreux cas de miracles du Coran appelés
à subsister jusqu’à la Dernière Heure. Mais comme l’objectif principal du Coran est
de communiquer l’unicité divine (tawhid) et appeler l’humanité à la guidée, de tels
miracles de nature scientifique ou historique ne sont que secondaires. On ne doit pas
oublier que dans le Coran tout y est consigné et que toutes les vérités appartenant à
une simple chose y sont cachées :
īĻƈ
ƅ ×Ĩ ƈ Ęƈ ƪ źÌƈ ÷ƈƅ ÖÓĺƆźIJÕƅ ĈŽ òƆźIJ
ƫ ÔÓ
ƅ ÝƆ ĠĹ Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ
« … qui ne soit consigné dans un livre explicite. » (al-An’am, 6 : 59).
En conséquence, le Coran est un récit parfait de toutes les réalités gravées à
travers l’univers, comprenant le noyau de toutes les vérités qui s’y trouvent. Cette
caractéristique du Coran, nécessitée par son statut de miracle, est mieux à même
d’être appréciée à travers le déroulement des évènements et en proportion avec les
progrès de la connaissance humaine.
Toutes les bibliothèques du monde entier ne seraient pas assez spacieuses pour
accueillir une telle connaissance, cachée dans les profondeurs de l’univers et mani-
festée dans le Coran, en raison de sa taille volumineuse. En outre puisque les hu-
mains sont enclins à rejeter toute réclamation injustifiée par l’expertise du temps la
foi dans la véracité du Coran n’aurait pas été préservée jusqu’à la Dernière Heure.
Donnons un simple exemple :
Si la réalité de la télévision avait été exposée jadis comme nous la connaissons
maintenant, les gens de l’époque auraient hésité à croire jusqu’à ce qu’ils la voient
de leurs propres yeux, ce qui leur aurait donné une raison de rejeter le Coran et par
conséquent le motif pour lequel le Coran, tout en incarnant toute vérité unique,
exprime la plupart d’entre elles d’une manière non détaillée.
126 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Toutes les questions traitées par le Coran ont pour but de mener à la connais-
sance du tawhid, l’impulsion derrière tout ce qui touche les faits scientifiques. Le
miracle distinctif du Coran, c’est qu’il survit en tout temps et en tous lieux jusqu’à
l’Heure Ultime.
Ceci étant un autre témoignage d’une splendeur révélée d’autant plus à chaque
moment et lors de chaque découverte.53
Certains orientalistes, incapables qu’ils étaient de digérer la splendeur du Saint
Coran et du Saint Prophète r, établirent une description absurde et illogique du
statut du Saint Prophète r.
Ils affirmèrent qu’il était sous l’emprise d’une « crise d’épilepsie » au moment où
il recevait une révélation.54
Pour toute réponse il nous suffit de mentionner les éléments suivants:
La personne qui a subi une crise d’épilepsie, est vaincu après la crise par l’épui-
sement et la douleur, laissant en arrière une grande affliction et un état d’esprit per-
turbé.
Pourtant, le Messager de Dieu r ne subit aucune de ces souffrances et au
contraire, il considéra les pauses dans le processus de révélation comme faisant par-
tie de la « procédure », attendant avec nostalgie sa manifestation et devenant profon-
dément heureux lorsque cela survenait.
Au cours d’une crise d’épilepsie, fait connu par la médecine, on perd toute capa-
cité de penser et toute conscience, demeurant inconscient de ce qui se passe autour.
Pourtant la Révélation que le Noble Prophète r a reçue a permis de transmettre
à l’humanité les magnifiques versets du Coran, vantant les plans les plus parfaits de
la loi, de la morale, de la piété et des plus splendides récits de l’Histoire.
Le violent tremblement connu qui s’empare d’un épileptique lors d’une crise n’a
jamais fait l’objet de témoins durant la venue de la Révélation. Les épileptiques, au
cours d’une crise, ont tendance à prononcer des paroles insensées, voire absurdes.
53. Pour des exemples appropriés, voir Osman Nûri Topbaş, Rahmet Esintileri, Istanbul 2001, p. 184-239
(Version en langue turque).
54. Les changements observables subis par le Saint Prophète r durant le temps que dura la Révélation, ,
ont conduit des orientalistes à concevoir toute expérience de révélation comme une crise d’épilepsie,
centre sur lequel ils évoquèrent d’autres arguments (ou polémiques), allant très loin dans leurs
allégations ineffables jusqu’à considérer le Saint Prophète r comme un aliéné mental. Ils ont même
été capables de convaincre l’Académie Nationale Française de Médecine à, au minimum, considérer
la valeur scientifique de l’affaire, espérant la confirmation éventuelle de leurs revendications. En 1842,
un comité composé de médecins parmi les plus remarquables évalua ces revendications, puis soumit
un long et complexe rapport dans lequel elles furent jugées médicalement inacceptables.
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 127
Le Saint Prophète r n’eut jamais de tels comportements ; les mots qui sortaient
de sa bouche furent les plus éloquents et significatifs que l’humanité puisse imaginer.
Ces allégations qui n’ont aucun sens sont donc le résultat d’une incapacité à
parvenir à un accord avec la vérité du Saint Prophète r.
ƪ ĝƃ ĺïžƈ Ā
ÓĻƈƬ ×ĬÓ ƈ ĪÓ
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Ɔ įƇ Ĭƈƪ ÌħĻ ƈ óÖƈÌÔÓ
İÒ
Ɔ ƆŽ
ƈ ÝƆ ġƈ ĤŽ ÒĹĘ
ƈ óĠƇ ðŽ ÒIJ
Ž Ɔ
« Et mentionne dans le Livre, Abraham C’était un très véridique et un
Prophète. » (Maryam, 41; voir aussi Maryam, 54, 56; Yûsuf, 46).
Dieu, en mettant l’accent sur l’impossibilité qu’ont les prophètes L de s’écar-
ter du sidq, ne serait-ce que d’une fraction de seconde dit :
Leur fiabilité est d’une splendeur même attestée par leurs ennemis. Voici
quelques exemples parmi d’autres :
Pendant les premiers jours durant lesquels le Messager de Dieu r annonça
publiquement l’Appel, debout sur un rocher situé sur la colline de Safa, il déclara
aux gens de Quraysh qui étaient présents :
130 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Une des questions posées par Héraclius, empereur des Byzantins, à Abû Sufyan,
encore incroyant pour avoir plus d’informations sur le Saint Prophète r, fut :
« Y a-t-il eu un seul instant où il n’a guère réussi à garder sa parole ? »
En dépit de son mépris envers le Noble Messager r à l’époque, Abû Sufyan
répondit fermement :
« Non… Quelle que soit la promesse qu’il fait, il la garde toujours. » (Al Boukhari,
Bad’ul-Wahy, 1, 5-6 ; Muslim, Jihad, 74)
Ubayy ibn Khalaf, un Mecquois idolâtre, fut parmi les plus farouches ennemis
de l’islam. Avant l’Hégire, il dit au Saint Prophète r :
« Je suis présentement en train d’élever un cheval et je le nourris en lui offrant le
meilleur fourrage. Viendra un jour où je le monterai et te tuerai ! »
Une fois, pourtant, le Messager de Dieu r brisa le silence et lui dit :
« Si Dieu le veut, je serai celui qui finira par te tuer. »
Au cours de la bataille d’Ohoud, ce stupide idolâtre chercha partout le Noble
Messager r en hurlant :
« S’il survit aujourd’hui, cela signifiera que je suis définitivement parti ! »
Avec cette pensée dans son esprit, il réussit à se rapprocher à une courte distance
du Saint Prophète r et fut prêt à fondre sur lui. L’ayant aperçu quelques instants
auparavant, les Compagnons y voulurent en finir avec lui, mais ils furent empêchés
par le Messager de Dieu r qui leur dit : « Qu’il vienne ! »
Comme Ibn Khalaf se rapprochait, le Saint Prophète r prit une lance des mains
d’un Compagnon. Quand Ibn Khalaf chargea, monté sur son cheval, le Messager de
Dieu r dirigea sa lance qui effleura légèrement le cou d’Ibn Khalaf. Mais même avec
ce petit choc, il tomba de son cheval et roula par terre un certain temps avant de se
redresser sur ses pieds, horrifié, et de s’enfuir dans ses rangs, hurlant, les yeux sur le
point de sortir de ses orbites à cause de l’effroi : « Je jure que Muhammad m’a tué ! »
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 131
Les idolâtres se précipitèrent à côté de lui pour inspecter sa blessure puis le ras-
surèrent en disant : « Ce n’est qu’une légère blessure… »
Mais, insatisfait, il continua d’objecter :
« À La Mecque, Muhammad m’a dit qu’il allait me tuer. Alors je vous le jure,
même s’il crachait sur moi, ce serait suffisant pour prendre ma vie ! »
Il continua à brailler et alors Abû Sufyan finit par lui dire:
« Comment peux-tu autant te lamenter pour une aussi petite éraflure ? »
Alors il répondit : « Savez-vous qui m’a fait çà ? Cette blessure m’a été provo-
quée par Muhammad. Je jure par Lat et Uzza que si elle avait été infligée à tous les
gens du Hedjaz, toute la douleur que je ressens à cause de cette blessure serait suffi-
sante pour les faire périr tous. De retour à La Mecque, Muhammad m’a dit qu’il allait
finir par me tuer. Je savais qu’il allait être la cause de la mort… Je savais que je n’avais
aucun moyen de me sauver. »
Ubayy, ardent ennemi du Saint Prophète r, mourut sur le chemin du retour,
peu de jours avant d’atteindre La Mecque. (Ibn Ishâq, p. 89 ; Ibn Saad, II, 46 ; Hakim, II, 357).
Même un idolâtre qui avait une connaissance proche du Saint Prophète r
croyait fermement dans la véracité de ses paroles.
Abû Maysara explique :
« Le Messager de Dieu se trouva une fois à côté d’Abû Jahl et compagnie. En le
voyant, ceux-ci déclarèrent :
- Nous jurons, Muhammad, que nous te dénions pas car nous savons que tu es
homme honnête et véridique. Ce n’est que ce que tu as apporté que nous réfutons !
Puis le verset suivant fut révélé :
« Un tel visage ne peut jamais mentir ». (At Tirmidhi, Qiyamah, 43 ; Ahmad, V, 451).
Proférer un mensonge au nom du Tout-Puissant est impossible pour un homme
qui n’a jamais menti, même en plaisantant, durant toute son existence précédant
son Apostolat prophétique. En effet, le Noble Messager r considérait le mensonge
comme un signe d’hypocrisie et interdit catégoriquement à sa communauté (Oum-
ma) de proférer le moindre mensonge. (Al Boukhari, Iman, 24; Muslim, Iman, 107).
Il déclare en effet dans un hadith :
« Tant que l’on continue à mentir et à nourrir l’intention d’agir toujours ainsi,
le cœur est marqué d’un point noir. Puis le point grandit et rend le cœur tout noir,
jusqu’au point où l’on est inscrit parmi les menteurs au regard de Dieu. » (Muwatta’,
Kalam, 18).
ƈ ƈ ƈ ƈ
Ƅ ĨƆÈçƄ ĀÓĬƆ ħŽ ġƇ ĤƆ ÓŽ ĬƆ ƆÈIJĹƈ
īĻ Ɔ ÚƆźÓøƆ ƈòħŽ ġƇ ĕƇ ĥž ÖƆ ƇÈ
Ɔ Öž ò
« Je vous communique les messages de mon Seigneur, et je suis pour vous un
conseiller digne de confiance. » (al-Araf, 6 : 68).
ƈ Ƅ øòħġƇ ĤƆ ĹžĬƈ Ìƈ
Ƅ ĨƆÈĢij
īĻ Ƈ Ɔ Ž
« Je suis pour vous un messager digne de confiance. » (as-Shuara, 26 : 107;voir aussi,
as-Shuara, 125, 143, 162, 178; ad-Dukhân, 18).
Savoir dire ce qui doit être dit, où et quand le dire, et quel que soit le compor-
tement à adopter en le disant, est quelque chose d’absolument essentiel.
L’approche adoptée par Jafar Tayyar t, par exemple, en informant le Négus
d’Abyssinie au sujet de l’islam, est d’une énorme importance en termes d’exposition
de prudence idéale que doit revêtir un croyant. Quand le Négus, de confession chré-
tienne, insista pour qu’il t lui récite quelques versets du Coran, au lieu de réciter,
par exemple, la sourate al-Kafiroun qui défie en pleine force les infidèles, Jafar t
choisit de réciter la sourate Maryam qui évoque maintes fois Jésus u et sa mère.
Captivé par ces versets récités à voix haute par Jafar t, le Négus en larmes, s’écria :
« Il ne fait aucun doute que ce que je viens d’entendre provient de la même
source de lumière que celle apportée par Jésus. » Et il embrassa l’islam peu de temps
après. (Ibn Hishâm, I, 358-360).
Le Tabligh se réfère à la manière dont les prophètes L informent sincèrement
les gens quant à la Parole Divine, comme cela leur fut commandé. Leur invitation ne
contient ni addition ni soustraction. Parmi les attributs communs des prophètes, le
tabligh est un des plus importants devoirs, tel que stipulé dans ce verset coranique :
Ainsi, tous les croyants se doivent de respecter aussi les méthodes de tabligh
illustrées par le Messager de Dieu r, au mieux de leur capacité, car l’appel à l’islam
est une obligation pour tout musulman. (Voir al- Imrân, 3 : 104, 110).
Le Saint Prophète r a dit :
« Celui d’entre vous qui voit une chose répréhensible doit l’empêcher avec sa
main ; s’il ne le peut, avec sa langue, et, si cela ne lui est toujours pas possible, que ce
soit en son for intérieur. C’est là le minimum exigé par la foi. » (Muslim, Iman, 78).
L’absence, dans la société, de gens qui ordonnent le bien et interdisent le blâ-
mable conduira tôt ou tard à ce que les mauvaises habitudes deviennent quelque
chose de normal et acceptées comme telle. Un mal non éradiqué à temps devient
indéracinable. Le bien et le mal se confondent, et comme la vérité s’est envolée, les
gens oublient leur Seigneur. Après cela survient la destruction totale de cette société.
Éviter une telle dévastation nécessite qu’une importance particulière soit accordée
au tabligh.
Ismah indique que les prophètes L sont à l’abri de tomber dans le péché,
qu’il soit grand ou petit. Grâce à cette qualité, ils ont été préservés de l’enlisement
dans le bourbier de l’associationnisme (shirk), à la fois avant et après leur mission
prophétique.
De la même manière, il est impossible pour eux d’avoir un trou de mémoire ou
de faire une erreur dans l’action de transmettre aux individus la Révélation qu’ils
reçoivent du Tout-Puissant.
Si les prophètes L n’avaient pas été dotés de l’attribut d’ismah, alors la véracité
de que ce qu’ils avaient communiqué serait restée douteuse, une lacune qui aurait
mis en doute qu’ils étaient la preuve et le témoignage du Tout-Puissant sur terre.
D’après les Ahl as-Sunna les prophètes L n’ont jamais commis de péchés
majeurs. Bien qu’il se peut qu’ils eussent commis certaines bévues, sans le vouloir
et en conformité avec de nombreuses raisons sous-jacentes, ils ne sont jamais restés
dans cet état, mais se sont amendés et ont été avertis par le biais de la Révélation.
La commission de ces erreurs involontaires, nommée Zalla, est motivée par
la sagesse sous-jacente de donner aux prophètes un petit goût d’insuffisance en
comparaison avec le Tout-Puissant et le fait de prévenir les individus de l’idolâtrie à
travers le rappel qu’ils sont, après tout, humains.
Le comportement des prophètes L doit être d’une nature propice à l’exempla-
rité. Autrement les individus seraient enclins à rejeter les commandements divins
avec l’excuse que ce que les prophètes enjoignent est au-delà de la capacité humaine.
Dans un mépris total de ce fait, il y eut même des gens assez ignorants pour croire
que les prophètes avaient été ressuscités au milieu des anges.
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 137
īĻ ƈƈ ƈ ĨĂƈ òƆŶÒĹ ƈ Ɔ Ġ
Ɔ žĭÑĩƆ ĉŽ Ĩ
Ƈ Īij
Ɔ ýƇ ĩŽ ĺƆ ÙƄ ġƆ Ðŵ Ɔ Ž Ž ĘĪÓ Ɔ ijŽ ĤƆ ģŽ ĜƇ
ƃźijøƇ òÓ ƈ
ƪ ġƃ ĥƆ ĨÅÇ
Ɔ ĩƆ ùĤÒ
ƪ īƆ ĨħŽ ƈıĻŽ ĥƆ ĐÓ
Ɔ ĭƆ ĤŽ õƪ ĭƆ ĤƆ
« Dis : ‹S’il y avait sur terre des Anges marchant tranquillement, Nous
aurions certes fait descendre sur eux du ciel un Ange-Messager›. » (al-Isra, 17 : 95)
ƈ ĭƈ ÖÒĪƈƪ ÌÔƈ ò
Ĺĥƈ İŽ ƆÈīŽ ĨĹ Ƈ ž Ɔ
« Ô mon Seigneur, certes mon fils est de ma famille ! » (Houd, 11 : 45).
Pourtant, pour avoir désiré que son fils soit sauvé alors que la destruction de
son peuple était effective, Dieu lui envoya l’avertissement suivant :
Il est impossible pour les mortels d’éviter les erreurs. Quoi qu’il en soit, un
musulman doit s’efforcer de minimiser ses erreurs, d’assurer ce que le Coran, à
plusieurs reprises, conseille, en d’autres termes le dhikr, c’est-à-dire la convivialité
du cœur avec Dieu, car il est impossible de faire une injustice ou de commettre une
erreur quand le cœur dit « Allah ».
Ainsi parle le Tout-Puissant :
īĻƈ
ƅ ×Ĩ ƅ Ɔ Ę ƈ
ƈ ğƆ Ñƈ ĤƆ IJƇÈųÒ ƈ ƈ ıÖijĥƇ ĜƇ Ùƈ ĻøÓ
ƈ ĝĥĤƈ ģĺijĘ
Ƈ ĢŻƆ ĄĹ Ž Ʃ ƈóĠŽ ðīĨħ
ž ƇƇ Ɔ Ɔ Žž Ƅ Ž Ɔ Ɔ
« … Malheur donc à ceux dont les cœurs sont endurcis contre le rappel
d’Allah. Ceux-là sont dans un égarement évident. » (az-Zumar, 39 : 22).
Outre les cinq attributs prophétiques mentionnés, à savoir sidq, amanah,
fatanah, tabligh et ismah, il en existe trois autres réservés exclusivement au Noble
Messager r qui sont :
1. Le Prophète Choisi r est le Bien-aimé de Dieu, le plus grand de tous les
prophètes L, le plus noble des hommes.
Le poète Necip Fazil le dépeint de façon concise comme suit :
L’éternité a épuré ton parfum,
Tu es le miel, l’Être est ton peigne !
2. En tant que rasoul’us-thaqalayn, le Saint Prophète r a été envoyé à tous les
hommes et les djinns. La religion qu’il a apportée est valable jusqu’à la fin des temps.
D’autres prophètes L furent envoyés pour une période temporaire, quelques-uns
d’entre eux ayant été envoyés pour un certain groupe de personnes en particulier.
À cet égard alors que les miracles accomplis par les autres prophètes L sont res-
tés exclusifs à leur époque, les miracles du Prophète de Dieu r s’étendent en tout
temps. Le Saint Coran, en particulier, en tant que plus grand miracle lui ayant été
attribué, est déterminé à demeurer intact jusqu’à l’Heure Ultime, imperméable à
toute falsification.
3. Il est Khatam’ul-Anbiya, le Sceau des Prophètes. Qui plus est, le Jour du
Jugement, Le Messager de Dieu r aura le privilège de mener la Grande Intercession,
shafaat’ul-uzma et d’atteindre la Station de la Louange, maqam’ul-mahmud.
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 139
Son cœur, embelli de piété, fut comme un puits de science en matière de perfection
comportementale.
La vie de Dawûd u fut remplie d’une excellence de sentiments à l’égard de la
Majesté Divine. Plein de crainte et de respect envers Lui, ses invocations et glorifica-
tions plaintives à Son adresse, sa façon de se tourner vers Lui, sérieuse et suppliante,
fournissent de grandes leçons.
La vie de Yaqûb u demeure l’essence même de la nécessité d’éviter tout déses-
poir, même dans les heures les plus sombres, liant avec une patience constante tous
ses espoirs vers le Tout-Puissant et ne désespérant jamais de Sa miséricorde.
Muhammad Mustafâ r, le Sceau des Prophètes, quant à lui, incarne tous les
attributs distingués, connus et inconnus, de la totalité des prophètes L venus avant
lui - soit 124000 - et représente le sommet de la vertu et du bon comportement. Sa
vie est un vaste océan duquel la vie de tous les autres prophètes n’est qu’un ensemble
de rivières tributaires qui se déversent en lui.
öÓ Ɔ ĭĤÒ
ƪ ďƆ ĭƆ ĨÓ
Ɔ ĨƆ IJ
Ɔ ƃźijøƇ òÒ ƪ óƃ ýƆ ÖƆ ƪ źƆÌÛĭ Ƈ ĠƇ ģŽ İĹƈ
Ɔ Öž ò
Ɔ ĪÓƆ éƆ ׎ øƇ ģŽ ĜƇ
ƈ ĪÓ Ɔ đƆ ÖƆ ƆÈÒŽ ijƇĤÓĜƆ ĪƆÈƪźÌƈ ĴïƆ ıƇ ĤŽ ÒħƇ İÅÓ ƈ
ĹĘ Ɔ Ġ
Ɔ ijŽ Ĥƪ ģĜƇ ƃźijøƇ òÒ
ƪ óƃ ýƆ ÖƆ ƇųÒ
Ʃ ß Ƈ ä Ɔ ðŽ Ìƈ ÒŽ ijƇĭĨËŽ ƇĺĪƆÈ
ƃźijøƇ òÓ ƈ ƈƈ ƈ ĨĂƈ òƆŶÒ
ƪ ġƃ ĥƆ ĨÅÓ
Ɔ ĩƆ ùĤÒƪ īƆ ĨħŽ ƈıĻŽ ĥƆ ĐÓ
Ɔ ĭƆ ĤŽ õƪ ĭƆ ĤƆ īĻ
Ɔ žĭÑĩƆ ĉŽ Ĩ
Ƈ Īij
Ɔ ýƇ ĩŽ ĺƆ ÙƄ ġƆ Ðŵ Ɔ Ž
« …ou que tu aies une maison [garnie] d’ornements ; ou que tu sois monté
au ciel. Encore ne croirons-nous pas à ta montée au ciel, jusqu’à ce que tu fasses
descendre sur nous un Livre que nous puissions lire›. Dis-[leur]: ‹Gloire à mon
Seigneur ! Ne suis-je qu’un être humain-Messager ? Et rien n’empêcha les gens de
croire, quand le guide leur est parvenu, si ce n’est qu’ils disaient : ‹Allah envoie-
t-Il un être humain-Messager ? Dis : ‹S’il y avait sur terre des Anges marchant
tranquillement, Nous aurions certes fait descendre sur eux du ciel un Ange-Mes-
sager›. » (al-Isra, 17 : 93-95).
Le Messager de Dieu r rappelle son incapacité à produire le moindre miracle,
sauf par le biais et la permission du Tout-Puissant, et la réalité qu’il n’est, après tout,
qu’un être humain. Le Coran réitère ce fait à de nombreuses reprises, comme par
exemple :
55. Pour d’autres versets coraniques voir Fussilat, 6 ; al-Muminûn, 33, 24 ; al-Anbiyâ, 2-3 ; Ibrâhîm, 11.
142 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Les prophètes L ont été envoyés non seulement pour communiquer la Révéla-
tion, mais aussi pour concevoir un style de vie conforme à la voie divine, manifester
un caractère exemplaire en toutes circonstances et fournir un exemple concret qui
soit au point. Puisque cela ne pouvait être réalisé que dans une société composée
d’humains, seul un être humain pouvait accomplir cette tâche. Si des anges avaient
été envoyés à leur place, la communication orale de la Révélation divine aurait été la
seule chose qu’ils auraient été pu faire. Étant incapables de mener une vie en société
et par conséquent incapables de se rattacher aux problèmes humains, ils auraient
échoué dans leur tentative de traiter la condition humaine. Les êtres humains
auraient inventé l’excuse de ne pas être des anges, il est naturellement au-delà de leur
pouvoir d’obéir aux commandements et aux interdictions qu’ils communiquent.
À cet égard, étant dans l’obligation de fournit un exemple pour sa commu-
nauté, le Messager de Dieu r n’a pas mené la vie extraordinaire, l’autorité d’être
un prophète au-delà de ce qui lui avait été accordé. Ses exploits merveilleux sont en
effet très rares et seulement effectifs à l’échelle individuelle. La majorité des activités
qui ont rempli sa vie évoluèrent autour des nécessités de la société, conformément à
leurs capacités. C’est pour cela qur quiconque a l’intention de devenir un commer-
çant idéal, un chef de famille parfait, un commandant superbe, un administrateur…
peut très bien tirer des principes de la vie du Saint Prophète r qui lui permettront
d’être ce qu’il désire être.
La société, à travers l’histoire, s’est tenue dans l’illusion que l’être humain ne
peut pas être un Messager du Tout-Puissant. Le fait que ces prophètes aient été
comme eux des êtres humains, qu’ils aient eu des femmes et des enfants, et subi-
viennent à leurs besoins, cela fut considéré comme étant un défaut et par extension,
cela fini attribuer une erreur sur le décret divin. Plus d’un prophète a été confronté
à une telle objection par les mêmes gens vers qui il a été envoyé.
À l’inverse de cette objection l’amour et la dévotion excessive des disciples de
certains prophètes L aboutit, au fil du temps, à une croyance selon laquelle ils
devaient être surhumains. Les glorifiant avec une intensité extrême, beaucoup ont
jugé bon d’attribuer à leur prophète L un statut divin, tombant ainsi dans l’idolâ-
trie. Certains confondirent leur prophète avec Dieu, d’autres choisirent de l’appeler
Fils de Dieu, voire Dieu incarné, aboutissant à une corruption du monothéisme et
à une promotion de l’anthropomorphisme comme c’est le cas avec le christianisme.
Le but de l’accent mis sur l’humanité du Saint Prophète r dans le Coran et le
Hadith est de dissuader les croyants de tomber dans l’erreur qui a tourmenté les
gens avant eux.
Omar t rapporte que le Noble Messager r a dit :
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 143
ŻĻƃ Āƈ ƆÈIJ ƈ
Ɔ Øƃ óƆ ġŽ ÖƇ įĻŽ ĥƆ Đĵ
Ɔ ĥƆ ĩŽ ÜƇ ĹƆ ƈıĘƆ ÓıƆ ×Ɔ ÝƆ ÝƆ ĠÒ
Ž īĻ ƈ Ž óĻĈÓ
Ɔ ĤIJƪ ƆŶÒ
ƈ øƆÈÒijĤÓĜIJ
Ƈ Ɔ Ƈ Ɔ Ɔ
« Et ils disent : ‹Ce sont des contes d’anciens qu’il se fait écrire ! On les lui
dicte matin et soir !› » (al-Furqan, 25 : 5).
Les raisons pour lesquelles le Saint Prophète r a été appelé ummi ou illettré
peuvent être énumérées comme suit :
1. Il est resté aussi pur que le jour où il est né, une pureté prédispositionnelle
à travers laquelle il a été préservé de toute salissure provenant de connaissances
externes, formé et éduqué personnellement par le Tout-puissant en lieu et place.
Le Coran stipule dignement :
ŻĻƃ Āƈ ƆÈIJ ƈ
Ɔ Øƃ óƆ ġŽ ÖƇ įĻŽ ĥƆ Đĵ
Ɔ ĥƆ ĩŽ ÜƇ ĹƆ ƈıĘƆ ÓıƆ ×Ɔ ÝƆ ÝƆ ĠÒ
Ž īĻ ƈ Ž óĻĈÓ
Ɔ ĤIJƪ ƆŶÒ
ƈ øƆÈÒijĤÓĜIJ
Ƈ Ɔ Ƈ Ɔ Ɔ
« Nous te ferons réciter (le Coran) de sorte que tu n’oublieras. » (Al A’la 87: 6).
Comme l’a également professé le Saint Prophète r :
« Mon Seigneur m’a formé et m’a donné une belle éducation. » (Suyutî, I, 12).
Fendant sa poitrine à trois reprises (sharh’us-sadr), le Tout-Puissant nettoya
toutes les négativités présentes dans le cœur du Saint Prophète r et les remplaça par
des sentiments sublimes de paix, de sérénité, de miséricorde, de compassion, de foi
et de sagesse.
2. Son illettrisme rappelle que le Saint Prophète r était un Arabe et n’appar-
tenait pas aux Gens du Livre.
3. L’accent est mis sur le fait que le Saint Prophète r est né à La Mecque,
connue aussi sous le nom d’Ummu’l Qura. Qaryah, dont le pluriel est Qura, est un
mot arabe qui désigne des villages ou des petites cités. Ummu’l Qura signifie donc
la mère des cités, c’est-à-dire le tout premier milieu où les hommes se sont installés.
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 145
Les Arabes étaient la plupart illettrés ; c’était un peuple éloigné de toute culture,
qui ne savait ni lire ni écrire. Dieu leur envoya un prophète issu de leur peuple ; un
prophète typique dont le mélange de pureté intérieure est resté intacte.
Un verset coranique nous apporte la description suivante :
ij ƈ źijøòīĻƈĻĨƈ ƇŶÒĹĘ
ĥƇ ÝŽ ĺƆ ħıƇ ĭŽ Ĩ ƈ ß Ɔ đƆ Öĸ ƈ
Ž ž ƃ Ƈ Ɔ Ɔ žž Ž Ɔ ñĤƪ ÒijƆ İƇ
ÙƆ ĩƆ ġŽ éƈ ĤŽ ÒIJƆ ÔÓ
ƈ ƈ
Ɔ ÝƆ ġĤŽ ÒħƇ ıƇ ĩƇ ĥž đƆ ƇĺIJ
ƈ
Ɔ ħŽ ƈıĻĠž õƆ ƇĺIJ
ƈ ƈ ħ ƈıĻĥƆ Đ
Ɔ įÜÓĺÆ
Ɔ Ž Ž Ɔ
īĻƈ
ƅ ×Ĩ ƅ Ɔ ęƈ ĤƆ ģƇ ×ĜƆ īĨÒij ƈ ƇĬÓĠĪƈ
ƫ ĢŻƆ ĄĹ Ž Ɔ ÌIJƆ
« C’est Lui qui a envoyé à des gens sans Livre (les Arabes) un Messager des
leurs qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse,
bien qu’ils étaient auparavant dans un égarement évident… » (al-Jumu’a, 62 : 2).
Le Saint Prophète r jette plus de lumière sur la question :
« Nous sommes un peuple d’illettrés. Nous ne savons ni écrire, ni calculer. »
(Muslim, Siyam, 15).
įƫƇ ĉí
Ƈ ÜƆ źƆ IJ ƈ Ĩ ƈ įƈ ĥƈ ×ĜƆ īĨij ƈ ĥƇ ÝÜƆ Ûĭ
Ɔ ÔÓ ƅ ÝƆ Ġī
Ž Ž Ɔ ĠÓ Ƈ ĨƆ IJƆ
Ɔ ĥƇ ĉƈ ׎ ĩƇ ĤŽ ÒÔÓ
Īij Ɔ ÜƆ òŽ źÒ ƪ ðƃ Ìƈ ğƆ ĭĻƈ ĩƈ ĻƈƆ Ö
« Et avant cela, tu ne récitais aucun livre et tu n’en écrivais aucun de ta main
droite. Sinon, ceux qui nient la vérité auraient eu des doutes. » (al-Ankabut, 29 : 48).
Hormis par la Révélation divine, il n’y a aucun moyen connu pour qu’un
ummi, grâce à son inspiration intérieure, puisse reconstituer le Saint Coran, un
miracle qui laisse impuissants tous les hommes et les djinns, et donner un aperçu
de faits historiques tels que les récits relatifs à Pharaon, la mère de Moïse u et
Joseph u.
146 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Hilyat’us-Saadah
Le mot hilyah signifie ornements, bijoux, ainsi que la beauté de l’esprit et de
l’expression. Par convention, le terme désigne aussi une description verbale de
l’apparence du Saint Prophète r dans la mesure où le permet la capacité des mots
prononcés par les mortels.
Nahifi admet :
« Quiconque rédige la hilyah du Messager de Dieu r et prend un certain temps
pour la contempler, sera assurément protégé par Dieu contre toute maladie, trouble
et mort subite.
Celui qui prend la hilyah avec lui en voyage sera tout au long de ce voyage sous
la protection divine. »
Beaucoup de savants musulmans ont mis en avant leurs points de vue en ce qui
concerne les nombreuses bénédictions de la hilyah du Noble Messager r. La tradi-
tion liée à sa mémorisation, elle-même motivée par l’espoir de voir en rêve le Saint
Prophète r, survit à ce jour dans de nombreux pays musulmans.
Ceci dit, comparable à l’inadéquation de toute description orale de l’apparence
du Saint Prophète r, une beauté décrite comme « lumière sur lumière », il est aussi
nécessaire de considérer l’absolue inadéquation de tout visage humain quand on
le regarde fixement en essayant de comprendre sa réalité. Une articulation parfaite
56. De plus certains des récits historiques fournis par la Bible s’opposent aux résultats de l’historiographie
moderne et de la science. La création de l’univers et de ses étapes, la date de l’arrivée de l’homme sur
terre et le Déluge sont quelques-uns de ses récits contradictoires. (Voir Maurice Bucaille, la Bible, le
Coran et la Science, p.53-82, 157-175).
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 147
des beautés de cet être exceptionnel, en qui le Tout-Puissant a rassemblé toutes les
finesses qu’Il n’a jamais accordées à l’humanité, reste impossible.
Comme l’a dit Haqqanî :
Aucun de ceux qui savent cela n’a démenti,
Parmi la création, qu’il n’a pas son pareil.
Ces descriptions tentées du Saint Prophète r, Beauté de toutes les Beautés, ne
servent simplement qu’à consoler et apaiser les cœurs qui n’ont pas eu l’opportu-
nité de vivre pendant l’Âge du Bonheur, toujours brûlants de son désir. Ceux qui
véhiculent les descriptions précieuses du Saint Prophète r risquent de ne nous
présenter qu’une simple goutte tirée d’un vaste océan. Les croyants, qui ont tenté de
voir l’océan à travers les cristaux de cette goutte, se sont efforcés de profiter de son
exemple quintessentiel, et en raison de l’intensification de leur amour pour lui, pour
essayer d’être conforme à sa conduite et à sa moralité.
Sans aucun doute, puisque contraints par leur prédisposition, les cœurs s’in-
clinent toujours vers le beau, avec le désir de faire un avec lui. L’attraction s’empare
de l’esprit puisqu’il devient exclusivement préoccupé par elle. Le désir de devenir
comme le bien-aimé est greffé dans le cœur, en termes d’esprit et de moralité.
Consécutivement au désir de prendre le bien-aimé comme exemple, on finit par
devenir un avec lui. Et en raison d’une tendance à la prédisposition, il ne fait aucun
doute que ces descriptions du Saint Prophète r ont la capacité d’augmenter l’amour
et l’enthousiasme à son encontre.
À vrai dire, Hasan utilisa les mots suivants pour décrire son état émotionnel
tandis qu’il demandait à son oncle d’accueil Hind ibn Abi Hala de lui faire une des-
cription du Saint Prophète r :
« Mon oncle Hind ibn Abi Hala avait coutume de décrire le Messager de Dieu
dans le plus beau style. J’aimais quand mon oncle le décrivait, car mon cœur conti-
nuait à lui être attaché et à rester ferme sur son chemin. » (At Tirmidhi, Shamail, p.10)
Hasan et Husayn y qui ne se lassaient jamais d’entendre les autres décrire le
Saint Prophète r ont entendu à maintes reprises leur père Ali t décrire en détail son
apparence gracieuse, une description qu’ils ont transmise aux générations futures.
Pourtant, cela donne le droit de s’interroger sur la portion de la réalité du Saint
Prophète r qui est vraiment véhiculée par ces représentations. De même, on ne peut
comprendre la hilyah conformément à l’intensité de l’amour qu’il y a en son sein et
en rapport avec les mots malgré tout limités qui peuvent être transmis.
Ainsi, malgré notre insuffisance flagrante à cet égard, ce que nous confessons
humblement, nous souhaitons néanmoins présenter ici une simple goutte des récits
qui dépeignent l’aspect gracieux du Saint Prophète r et qui ont coulé jusqu’à nous.
148 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
tait toutes les phrases qu’il commençait, véhiculant leur sens profond en utilisant le
moins de mots possible. Ses paroles sortaient distinctement, comme les perles d’un
collier. Bien qu’il soit né avec une prédisposition à la douceur, sa stature fut néan-
moins somptueusement imposante.
Il ne se levait jamais de son siège quand il se mettait en colère. En outre, il n’était
pas colérique sauf lorsqu’il y avait une violation de droit et ne punissait personne
sans qu’il ne l’avertisse préalablement, sa colère ne diminuait pas tant que le droit
n’était pas rétabli. Il ne se fâchait jamais, ne développait aucune sorte de vendetta ou
querelle à des fins personnelles.
Il n’entrait jamais chez quelqu’un sans autorisation. Une fois revenu chez lui, il
divisait son temps en trois parties : la première était consacrée à Dieu, la seconde à
sa famille et la troisième à lui-même, désireux par là d’aménager ces moments pour
toutes sortes de gens, tant communs qu’éminents, ne privant jamais personne de son
temps précieux, ne laissant jamais un seul cœur perdu.
Chacun de ses états, chacune de ses actions était une expression du Rappel
Divin.
À la mosquée, il considérait différents endroits avant de s’asseoir, empêchait les
autres de prendre l’habitude de s’asseoir à un endroit particulier et se méfiait de la
consécration de certains endroits et sites. Il n’aimait pas que l’on adopte un compor-
tement vaniteux en public. En entrant dans une assemblée, il s’asseyait là où c’était
disponible, insistant pour que l’on fasse de même.
Chaque fois qu’on le sollicitait pour gérer un problème particulier, quelle que
soit l’importance de la faveur, le Saint Prophète r ne se sentait jamais à l’aise jusqu’à
ce que ce besoin ait été pris en charge.
Quand le problème était impossible à gérer, le Prophète r ne répugnait pas
à consoler les gens avec quelques paroles réconfortantes et encourageantes. Peu
importe la classe sociale à laquelle ils appartenaient, qu’ils fussent riches ou pauvres,
sages ou ignorants, les gens recevaient auprès de lui le même traitement, simplement
pour le fait qu’ils sont des êtres humains. Tous ses rassemblements étaient remplis
de bonté, de sagesse, de bonnes manières, de patience et de confiance, d’abord et
avant tout en Dieu, puis les uns envers les autres. Jamais il ne condamnait explicite-
ment quelqu’un pour ses lacunes. Quand il devait avertir quelqu’un en particulier,
le Noble Messager r faisait subtilement et délicatement allusion à lui, sans lui briser
le cœur et disait :
« Ne vous réjouissez pas quand une catastrophe s’abat sur votre frère musulman
car par Sa miséricorde, Dieu peut l’en délivrer et vous tester » (At Tirmidhi, Qiyamat, 54).
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 151
Non seulement il était toujours préoccupé sur le fait que l’on puisse enquêter
sur les défauts cachés des autres, mais il usait également de sévérité envers ceux qui
étaient occupés à de telles ignominies, car le décret divin a interdit de soupçonner
les autres et de s’interroger sur leurs défauts cachés.
Il ne parlait que rarement, sauf avec le but de récolter le plaisir divin. L’extase
saisissait les assemblées où il parlait. Et quand il parlait, les auditeurs, les oreilles
attentivement tendues, devenaient si passionnés que, selon les mots d’Omar t, s’il y
avait un oiseau perché sur leur tête, il aurait pu y rester des heures sans être perturbé.
Toute sa personne, reflétant sur ses Compagnons y, avait une telle force que,
le plus souvent, le simple fait de lui poser des questions était jugé comme quelque
chose d’inopportun. Ainsi ils attendaient un Arabe du désert qui, peut-être, arrive-
rait et qui, par inadvertance, poserait des questions au Noble prophète r dans le but
de susciter une conversation à partir de laquelle ils pourraient bénéficier de certaines
grâces et bénédictions. (Ibn Saad, I, 121, 365, 422-425; Haythamî, IX, 13).
Timides en sa présence, d’autres avaient attendu pendant deux ans avant
d’avoir trouvé le courage de poser leurs questions.
En raison de sa présence imposante, ils ne pouvaient pas le regarder en face.
Amr ibn Âs t confessa :
Bien que j’aie passé beaucoup de temps auprès du Messager de Dieu r, la
timidité que je montrais en sa présence et l’immense sentiment de respect dû à son
égard m’ont toujours empêché de soulever la tête pour que mon cœur trouve son
plaisir dans la contemplation de son visage sacré et admirable. Si on me demandait
maintenant de décrire l’apparence du Messager de Dieu r, croyez-moi bien que je
ne le pourrais pas. » (Muslim, Iman, 192; Ahmad, IV, 199).
Celui qui souhaite décrire ses traits singuliers ne peut qu’affirmer « ne jamais
avoir vu quelqu’un comme lui avant ou après. » (Ahmed, I, 96).
Alors qu’il visitait une certaine tribu arabe, Khalid ibn Walid t fut sommé par
le chef de décrire le Saint Prophète r :
- C’est impossible, répondit Khalid t, les mots ne peuvent suffire !
- Décris-nous au moins la meilleure de ses qualités, dit le chef, incitant Khalid
à lui fournir cette magnifique réponse :
- Laisse-moi te dire ceci : l’Envoyé reflète l’honneur de l’Envoyeur. L’Envoyeur
étant le Seigneur de l’univers, le Créateur de l’univers, alors imagine ce que peut être
l’honneur de l’Envoyé ! (Munawi, V, 92; Qastallani, Mevâhib-i Ledünniyye Tercü- mesi, p. 417).
152 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Doté d’une immense beauté, d’une majesté à couper le souffle et d’une élégance
éblouissante, nul besoin d’extra-preuve ou de miracle pour prouver qu’il était le
Prophète du Tout-Puissant.
Sa moralité était le Coran, quelque chose gracieusement décrite en détail par
Muallim Naji :
Incarnée en toi est la beauté du Coran, l’éloge de toutes les choses existantes,
Le Coran est ta hilyah écrite de la Main de la Force.
Un ton similaire émane des mots de Mawlana Khalid Baghdadî g, expriman
comment les vertus suprêmes du Noble Messager r vivifient la création tout entière:
« Combien magnifiquement salutaire est le fait que grâce à son existence bien-
veillante, les perles émergent des mers, les émeraudes des pierres dures et les roses des
épines. Vous ne voudriez pas voir le bourgeon ne pas sourire de joie, ainsi que la fleur,
dans un jardin où son comportement admirable est mentionné. » (Diwan, p. 65-66).
Toutes les beautés se sont unies dans le Messager de Dieu r, rayonnant prati-
quement tout son corps. Pourtant, personne n’a été capable de percevoir les beautés
du Saint Prophète r dans leur intégralité.
En témoigne les mots de l’Imam Qurtubi g :
« La beauté de l’apparence du Messager de Dieu n’est jamais complètement
apparue. Si la totalité de ses beautés avait été manifestée dans toute leur réa-
lité, les Compagnons n’auraient pas pu poser leurs regards sur lui. » (Ali Yardım,
Peygamberimiz’in Şemâili p. 49).
Reprise de la Révélation
La Révélation cessa six mois. Sa reprise est ainsi relatée par le Saint Prophète r :
« Alors que je me promenais un jour, j’entendis une voix venant du ciel. Je levai
la tête et je le vis, l’ange qui était venu à moi à Hira, assis sur un trône suspendu à
l’horizon. J’étais terrifié. Je retournai alors chez moi, appelant : - Couvrez-moi… cou-
vrez-moi !
(Et comme on me couvrait, Gabriel u revint et à travers lui Dieu révéla :
óƈ×ġƆ ĘƆ ğƆ Öƪ òƆ IJ ƈ Ɔ ƈ Ɔ
Žž Ɔ òŽ ñĬÉĘƆ ħŽ ĜƇ óƇ žàïƪ ĩƇ ĤŽ ÒÓıƆ ĺƫ ÈÇĺƆ
óåƇ İÓ ĘõäóĤÒIJóıƈ ĉĘğÖÓĻàƈ IJ
Ž Ž Ɔ Ɔ Ž ƫ Ɔ Žž Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ
« Ô, toi (Muhammad) ! Le revêtu d’un manteau ! Lève-toi et avertis. Et de
ton Seigneur, célèbre la grandeur. Et tes vêtements, purifie-les. Et de tout péché,
écarte-toi. » (al-Muddattir, 74 : 1-5).
Et, par la suite, la Révélation se poursuivit sans interruption. » (Al Boukhari, Tafsir,
74/4, 5; Muslim, Iman, 255-258).
Le Tout-Puissant déclare :
ĪIJ
Ɔ óƇ Ġƪ ñƆ ÝƆ ĺƆ ħŽ ıƇ ĥƪ đƆ ĤƆ ĢƆ ijŽ ĝƆ ĤŽ ÒħƇ ıƇ ĤƆ ÓĭƆ ĥŽ Āƪ IJ
Ɔ ïŽ ĝƆ ĤƆ IJƆ
« Nous leur avons déjà exposé la Parole (le Coran) afin qu’ils se sou-
viennent. » (al-Qasas, 28 : 51).
La poursuite ininterrompue de la Révélation doit aussi être comptée parmi les
miracles du Coran.
La révélation successive au Messager de Dieu r de versets d’une telle magnifi-
cence, défiant toute imitation, même s’il y eut tentative humaine en la matière, ne
peut que confirmer sans l’ombre d’un doute la source divine du Coran, offrant ainsi
une des plus évidentes preuves de l’imperméabilité à toute intervention humaine.
Par ailleurs on admet aisément que même un simple exemplaire de poèmes
nécessite un grand labeur pour le compiler.
Toutefois indépendamment du niveau de soin apporté, il est impossible de
prétendre que n’importe laquelle de ces œuvres humaines soit exempte d’erreur.
Ces préoccupations sont inapplicables à la Révélation divine, éternellement
survivante dans sa forme originelle, riche de nombreux miracles. Cela seul suffit à
manifester la splendeur du Saint Coran.
154 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Ɔ ƇĭĨƈ ËŽ ĩƇ ĤŽ ÒIJ
Īij ƈ
Ɔ įƈÖž òī
ƈ ƈ Ƈ
ƪ ĨįĻŽ ĤƆ Ìƈ ĢƆ ƈõĬÈÓĩƈƆ ÖĢij
Ƈ øƇ óĤÒīƆ ĨÆ
ƪ Ɔ
« Le Messager a cru en ce qu’on a fait descendre vers lui venant de son
Seigneur… » (al-Baqara, 2 : 285).
īĺ žƈ įƇ Ĥƪ Óāƃ ĥƈ íŽ Ĩ
Ɔ ïĤÒ Ƈ ųÒ
Ɔ Ɔ Ƈ óĨƈ ƇÈĹžĬƈ Ìƈ ģŽ ĜƇ
Ɔ Ʃ ïƆ ×Ƈ ĐŽ ÈĪŽ ÈÚ Ž
ƈƈ ƈ ÚóĨƈ ƇÈIJ
Ɔ ĩĥùŽ ĩƇ ĤŽ ÒĢƆ IJƪ ƆÈĪij
īĻ Ɔ ĠƇ ƆÈĪŽ ƆŶ Ƈ Ž Ɔ
« Dis : ‹Il m’a été ordonné d’adorer Allah en Lui vouant exclusivement le
culte, et il m’a été ordonné d’être le premier des Musulmans. » (az-Zumar, 39 : 11-12).
La personne qui accepta l’islam tout de suite après le Saint Prophète r fut son
honorable épouse Khadîdja c.
Chaque fois que le Noble Prophète r retournait chez lui abattu et déprimé
après avoir essuyé toutes sortes d’insultes, de moqueries et de mauvais traitements
de sa tribu, le Tout-Puissant apaisait sa douleur par la nature et les paroles réconfor-
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 155
« Il ne t’invite qu’à la bonté et à l’intégrité. Reste ferme sur son chemin, mon
fils ; ne le quitte jamais ! » (Ibn Hishâm, I, 265).
Au cours d’une visite commerciale à La Mecque, Abdullah ibn Mas’ud t57 vit
le Saint Prophète r, Khadîdja c et Ali t effectuer des circumambulations autour de
la Ka’ba. En outre, il remarqua que Khadîdja c avait mis une attention particulière
à se couvrir d’un voile (hijab). (Zahabi, Siyer, I, 463)
Ufayf al-Kindi t, qui était également en visite d’affaires à La Mecque, remar-
qua que le Saint prophète r, Khadîdja c et Ali t faisaient la salât près de la Ka’ba.
Intéressé il se renseigna auprès dAbbâs qui après les avoir décrits en détail ajouta :
« Par Dieu, je ne connais pas d’autres personnes qui croient en cette religion en
dehors de ces trois ! »
Longtemps après avoir embrassé l’islam, Ufayf t exprima comme suit le regret
qu’il eût de cette journée :
« Si seulement j’avais accepté l’islam ce jour-là et ainsi être devenu le second
homme musulman ! Comme je souhaiterais maintenant avoir été le quatrième
d’entre eux ! » (Ibn Saad, VIII, 18; Ibn Hajar, al-Isaba, II, 487).
Juste après Ali t, Zayd ibn Haritha t, l’esclave affranchi du Saint Prophète r,
accepta aussi l’islam et effectua la salât, ne quittant plus par la suite la compagnie
et le service du Saint Prophète r. Sa dévotion envers le Saint Prophète r était si
sincère que lorsque les vagabonds de Ta’if commencèrent à le lapider, il le protégea
tel un blindage à l’aide de son propre corps jusqu’à ce qu’il soit laissé sanglant et
meurtri, acte pour lequel il reçut l’affection personnelle et les compliments du Saint
Prophète r.
À cet égard, le compte rendu d’Omar t témoigne de la profonde affection que
le Saint Prophète r avait pour Zayd t.
57. Abdullah Ibn Mas’ud t, appelé aussi Abû Abdurrahman, fit partie des premiers musulmans.
Après avoir accepté l’islam, il ne quitta jamais la proximité du Saint Prophète r et prenait plaisir à
le servir. Ibn Mas’ud t était un homme mince, délicat, doté d’une voix douce et d’une apparence
aimable. Les musulmans étaient encore très peu nombreux quand il embrassa l’islam.
Les idolâtres de la Mecque ne cessèrent pas de le harceler et le forcèrent à émigrer à Médine, où Muadh
ibn Jabal t le recueillit. Après l’hégire du Noble Messager r, il résida en permanence à Médine et prit
activement part à toutes les batailles qui devaient avoir lieu par la suite.
Le Messager de Dieu r avait beaucoup de plaisir à l’entendre réciter le Coran.
En raison de sa connaissance profonde, Ibn Mas’ud t finit par former de nombreux savants
spécialistes en tafsir, hadith et jurisprudence islamique.
Les savants de Kufa, en particulier, sont connus pour avoir apporté des verdicts en matière de
jurisprudence en conformité avec ses narrations et opinions.
Il est réputé pour avoir transmis un total de 848 hadiths.
Après avoir servi en tant que juge à Kufa, Abdullah Ibn Mas’ud t retourna à Médine durant le califat
d’Othman t, et décéda peu de temps après, à l’âge de soixante ans passés.
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 157
Ayant payé le prix de leur rançon, Abû Bakr t libéra Bilal et sa mère. (Ibn Saad, III,
232; Hâkim, III, 319).
Il reçut les louanges du Saint Prophète r non seulement pour cet acte mais
aussi pour être devenu un parfait modèle de compassion et de générosité.
Utilisant le langage du cœur, Mawlana Rumî ç raconte ainsi cet exemple :
Ayant entendu parler des tortures horribles qu’avait subies Bilal al-Habashi t,
le Siddiq t parut en présence du Noble Prophète r et l’informa des problèmes qu’il
rencontrait :
« Cette âme sacrée, qui étreint les cieux, est tombé amoureux de toi. Il est captivé
par ton amour. C’est pour cette seule raison que les oppresseurs harcèlent cet homme
angélique. En dépit de son innocence, ils arrachent ses ailes. Ils veulent enterrer ce
trésor dans la saleté de l’idolâtrie et de la rébellion…
Ils l’ont placé sur le sable brûlant sous un soleil torride, raclé son corps nu avec
des branches épineuses…
Mais bien que le sang eût jailli de sa chair telle une fontaine, il dit encore : « Dieu
est Un, Dieu est Un » ; il ne renonce pas à se prosterner devant son Seigneur…
La compassion et la miséricorde avaient transformé chaque partie du corps
d’Abû Bakr t en une langue endolorie de tristesse et de souffrance qui expliqua lon-
guement au Noble Prophète r les tourments endurés par Bilal t.
Enfin, il dévoila l’intention de son cœur et dit : « Je désire le racheter, ô Messager
de Dieu, je suis prêt à y laisser toute ma fortune. Je ne serai jamais à l’aise dans ce
monde tant que je ne sauverai pas cette âme sacrée qui a encouru la colère des ennemis
de Dieu et leurs tortures simplement pour avoir aimé Dieu et être devenu son esclave,
ainsi qu’en croyant en Son Messager. »
Le Noble Prophète r devint immensément heureux et répondit : « Je suis ton
partenaire dans cette aventure… tu es un ami compatissant de Dieu et de Son
Messager ! »
Abû Bakr se dirigea immédiatement chez le maître de Bilal t. Ce dernier avait
entre-temps perdu connaissance à cause de la douleur occasionnée par la torture.
Abû Bakr t n’avait que des mots amers à dire à son maître, l’homme privé de
la moindre miséricorde.
Toi, âme mauvaise et impitoyable ! Comment peux-tu torturer un ami de Dieu ?
Toi, homme sans cœur ! De quelle sorte de haine et de méchanceté es-tu rempli ?
Tu es une bête sans pitié ! Penses-tu être un homme ? Tu n’es qu’un méchant
privé de miséricorde, une âme répugnante vêtue comme un être humain !
160 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Par ces paroles, Abû Bakr t assouvit l’avidité du maître de Bilal t avec autant
de biens de ce monde que cela laissa l’homme dans la crainte quand il le vit verser la
rançon.
Réalisant l’étonnement de l’homme désormais dépouillé, Abû Bakr t dit : Tu
es fou ! Petit sois-tu, toi comme un enfant, tu m’as offert une perle en échange d’une
noix. Mais tu ne sais pas que Bilal vaut deux mondes. La différence est que tu regardes
la couleur de sa peau alors que moi je regarde son âme. Si tu avais insisté pour que
je paie plus lors de la transaction, j’aurais certainement offert plus pour le sécuriser.
Aurais-tu insisté plus, je t’aurais abandonné tout ce que je possède, et je me serais
même endetté si nécessaire. Tu n’es qu’un simple fou ! Souviens-toi que seul le bijou-
tier connaît la valeur d’un joyau. »
Donnant voix à une compassion et miséricorde parfaites, la représentation
de Rumî ç frappe également nos cœurs sur le fait authentique que la valeur d’un
être humain mature est au-delà de toute estimation et que toutes les richesses de
ce monde ne valent rien en comparaison avec la fibre spirituelle d’un être humain.
Par le biais de cet acte somme toute profondément humain, Abû Bakr t appor-
ta une nouvelle fois la preuve du grand amour qu’il avait pour le Saint Prophète r.
D’autres signes de son amour infini envers le Saint Prophète r pourraient se résu-
mer comme suit :
- Agir en conformité avec le Coran et les principes de l’islam apportés par le
Saint Prophète r, les aimer de tout son cœur.
- Manifester de la compassion envers tous les autres musulmans et persévérer
dans tout ce qui peut les avantager.
- Ne pas valoriser le monde et se préparer volontairement à la pauvreté si
besoin est.
- Désirer s’unir à Lui.
- Se souvenir fréquemment de Lui.
Sous un autre angle, ce fut à travers un rêve troublant que l’orientation de
Khalid ibn Said t lui est venue. Une nuit, il se vit au bord d’une gigantesque fosse
enflammée en compagnie de son père qui tentait de le pousser à l’intérieur, juste au
moment où le Saint Prophète r le saisit par la taille, l’épargnant ainsi d’être plongé
dans les flammes.
Quand il se réveilla, rempli de crainte, il se dit à lui-même : « Cela doit sûre-
ment être un message ! »
Puis, suite aux conseils d’Abû Bakr t, il se rendit auprès du Saint Prophète r
et embrassa l’islam.
Les Trois Premières Années de la Prophétie : L’appel en Secret 161
Après avoir entendu dire que son fils avait changé de croyance, le père de Khalid
commença à le persécuter, lui disant : « Va t-en ! Plus jamais je te nourrirai ! »
« Refuse autant que tu le peux… certainement c’est Dieu qui me nourrira »,
répondit Khalid t de manière résolue.
Khalid t demeura auprès du Saint Prophète r jusqu’à l’émigration en
Abyssinie. (Hakim, III, 277-280).
D’autres embrassèrent l’islam par la suite dont notamment Umayna c, l’épouse
de Khalid t, son frère Amr et son épouse Fatima c.
Grâce aux encouragements et aux conseils d’Abû Bakr t, les jours de l’appel
secret virent également l’arrivée d’Abû Fuqayha, Othman, Zubayr ibn Awwam,
Abdurrahman ibn Awf, Sa’d ibn Abi Waqqas et Talha ibn Ubaydullah y qui goû-
tèrent tous les délices de l’islam. (Ibn Hishâm, I, 268).
Othman t dit une fois au Saint Prophète r :
« Alors que Damas était à moitié endormie, ô Messager de Dieu r, nous enten-
dîmes soudainement une voix, disant : « Dormeurs, réveillez-vous ! Ahmed est
apparu à La Mecque ! » Une fois revenus à La Mecque, nous nous renseignâmes au
sujet de ta mission prophétique. » (Ibn Saad, III, 255).
Talha ibn Ubaydullah t raconte ce qui suit :
« J’étais à la foire de Busra quand j’entendis un prêtre qui cherchait des gens
originaires de La Mecque. Je m’approchai de lui et lui dit que j’en étais originaire.
- Ahmed est-il apparu ? demanda le prêtre.
- Quel Ahmed ? répondis-je.
Le prêtre dit :
- Ahmed ibn Abdallah ibn Abd al-Muttalib!
Le dernier Prophète r qui doit apparaître à La Mecque ! Il est censé quitter La
Mecque et émigrer vers un lieu pierreux et aride qui dispose de palmeraies-dattiers.
Je vous conseille de le poursuivre !
Les paroles du prêtre trouvèrent un chemin dans mon cœur.
Quittant aussitôt la foire, je rentrai à La Mecque et demandais :
- Y a-t-il des nouvelles tardives ?
- Oui, me répondit-on, Muhammad r, le Digne de confiance, fils d’Abdallah,
prétend être un prophète. Abû Bakr t l’a suivi aussi. » (Ibn Saad, III, 215).
162 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
D’autres encore connurent l’honneur d’embrasser l’islam très tôt dont Abû
Ubayda ibn Jarrah, Abû Salama, Al-Arqam ibn Abi Arqam, Othman ibn Mazun,
Asma bint Abû Bakr, Khabbab ibn Arat, Abdullah ibn Ma’sud, Abdullah ibn Jahsh,
Abu Huzayfa, Amir ibn Fuhayrai, Jafar ibn Abû Talib y et son épouse Asma bint
Umays c.
ƈ ƈ
īĻ
Ɔ Ð ƈõıŽ ÝƆ ùŽ ĩƇ ĤŽ ÒĞƆ ÓĭƆ ĻŽ ęƆ ĠÓ
Ɔ Ĭƈƪ ÌīĻ Ɔ ĂŽ ƈóĐŽ ƆÈIJ
Ɔ Ġ ƈóýŽ ĩƇ ĤŽ Òīƈ Đ Ɔ óƇ ĨƆ ËŽ ÜÓ
Ƈ ĩƈƆ ÖĎŽ ïƆ ĀÓ
Ž ĘƆ
« Expose donc clairement ce qu’on t’a commandé et détourne-toi des asso-
ciateurs. Nous t’avons effectivement défendu vis-à-vis des railleurs ! » (al-Hijr, 15 :
94-95)
Ce glorieux verset ordonna que dorénavant l’appel à l’islam doive se faire ouver-
tement et en public. Un autre verset coranique exprime cela d’une façon plus claire :
ÚÒ ƈ ijĩùĤÒğƇ ĥŽ ĨįĤƆ Ĵñƈ Ĥƪ ÒÓđĻĩƈ äħġƇ ĻĤƆ Òƈ ųÒ ƈ Ƈ øòĵžĬƈ Òƈ öÓĭĤÒÓıĺƆÒÇĺģŽ ĜƇ
ƆƆ ƪ Ƈ Ƈ ƃ Ɔ Ž Ž Ʃ Ģij Ƈ Ɔ Ƈ ƪ Ɔƫ
Ĵñƈ Ĥƪ Òĵƈ Ĩžƈ Ƈ źÒŽ ĵƈƈ ×ĭĤÒ įƈ Ĥij
ƈ øòIJųÓƈ ƈ ƈ ƈ ĵĻƈ éĺijİƪźÒƈ įĤſ ÒƆƈ ŴĂƈ òƆźÒŽ IJ
ž ž ƪ Ƈ Ɔ Ɔ Ʃ ÖÒijƇĭĨÓſ ĘƆ ÛĻ Ƈ ĩƇĺIJƆ Ž Ƈ ƆƇ Ɔ Ž Ɔ
ĪIJ
Ɔ ïƇ ÝƆ ıŽ ÜƆ ħŽ ġƇ ĥƪ đƆ ĤƆ Įij ƈ ƈ ƈ ųÓƈ ƈ ƈ
Ƈ đƈƇ ×ÜÒƪ IJ Ɔ Ʃ ÖīƇ ĨËŽ Ƈĺ
Ɔ įÜÓĩƆ ĥĠƆ IJ
« Dis : «Ô hommes ! Je suis pour vous tous le Messager d’Allah, à Qui appar-
tient la royauté des cieux et de la terre. Pas de divinité à part Lui. Il donne la vie
et Il donne la mort. Croyez donc en Allah, en Son Messager, le Prophète illettré
qui croit en Allah et en Ses paroles. Et suivez-le afin que vous soyez bien guidés! »
(al-Araf, 7 : 158).
La Quatrième Année de la Prophétie 165
Même si dans un premier temps ses proches ne crurent pas en lui, la détermina-
tion du Messager de Dieu r n’en fut pas pour autant brisée car Dieu le Tout-Puissant
lui commanda :
ƅ ĝƈ ÝƆ ùĨĆÒ
ħĻ ƅ ƈ ƈ ƈ ƈ ƈ ġƈ éĤŽ ÒĪƈ ÒƆ óĝƇ ĤŽ ÒIJ÷ĺ
Ž Ƈ óƆ ĀĵĥƆ Đ
Ɔ īĻ
Ɔ ĥøƆ óŽ ĩƇ ĤŽ ÒīƆ ĩĤƆ ğƆ Ĭƪ ÒħĻ Ɔ Ž Ɔ ſ
« Ya-Sin. Par le Coran plein de sagesse. Tu (Muhammad) es certes du nombre
des Messagers. Sur un chemin droit ! » (Ya-Sin, 36 : 1-4).
166 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
ÒïĻ
ƃ ƈıü ƈ Ʃ ÖĵęƆ ĠƆ IJƃźijøòöÓ
Ɔ ųÓƈ ƈ ĭĥĤƈ ĞƆ ÓĭƆ ĥŽ øòƆÈIJ
Ɔ Ƈ Ɔ ƪ Ɔ Ž Ɔ
« … Et Nous t’avons envoyé aux gens comme Messager. Et Allah suffit
comme témoin ! » (an-Nisa, 4 : 79).
En général, les membres d’une même famille acceptent plus facilement les pa-
roles transmises par un proche que par une personne étrangère. Il est évident que
s’ils avaient accepté en premier le message de l’islam, les gens auraient embrassé la
religion véridique plus rapidement. Effectivement, l’obstination de la famille proche
à croire en un membre de sa propre famille rend plus difficile la crédibilité de celui-
ci vis-à-vis des personnes étrangères. Ainsi, le Saint Prophète r, en se soumettant à
l’ordre divin, a commencé par inviter ses proches.
En outre, au plan de la mission religieuse des prophètes, le soutien et l’aide des
proches sont deux réalités certes importantes.
Ainsi donc, avec les exemples des prophètes du passé, cette vérité est rapportée
comme suit dans le Coran :
Ô peuple de Quraysh ! Vous allez mourir comme quand vous vous endormez.
Vous allez être ressuscités comme quand vous vous réveillez. Certes vous allez sortir de
votre tombe pour rendre compte à Dieu de tous vos comportements. Enfin, vous allez
recevoir le bénéfice de vos bonnes actions et de votre foi et être punis sévèrement pour
vos mauvaises actions ! La récompense est le paradis éternel : la sanction est l’enfer. »
(Al Boukhari, Tafsir, 26 ; Muslim, Iman, 348-355 ; Ahmed, I, 281-307 ; Ibn Saad, I, 74, 200 ; Balazuri, I,
119 ; Samira az-Zayid, I, 357-359).
ÒòÓ
ƃ ĬƆ ĵĥƆ āŽ ĻƆ ø Ɔ ÕƆ ùƆ ĠÓ
Ɔ ĨƆ IJ
Ɔ įƇ ƇĤÓĨ Ɔ ĭƆ ĔŽ ƆÈÓĨ
Ɔ įƇ ĭŽ Đĵ Ɔ Õƪ ÜƆ IJ
Ɔ
Ɔ Õƅ ıƆ ĤƆ ĹƈÖÈÒïƆ ĺƆ ÛŽ ×ƪ ÜƆ
ïƅ ùƆ Ĩī
ƪ Ĩ
ƈ
ž ģƄ ׎ èÓ
ƈ ƈ Ę
Ɔ İƆ ïĻäĹ
ƈ Õƈ ĉƆ éĤŽ ÒÙƆ ĤƆ ÓĩèįÜƇ ƆÈóĨÒIJÕƅ ıĤƆ ÚÒ
Ɔ ƪ Ɔ Ƈ Ɔ Ž Ɔ Ɔ Ɔ ðƆ
« Que périssent les deux mains d’Abû Lahab et que lui-même périsse. Sa
fortune ne lui sert à rien, ni ce qu’il a acquis. Il sera brûlé dans un Feu plein
de flammes. De même sa femme, la porteuse de bois, à son cou, une corde de
fibres. » (al-Masad, 111 : 1-5; voir aussi Al Boukhari, Tafsir 26/2, 34/2, 111/1-2 ; Muslim, Iman 355).
Dans ces versets, la femme d’Abû Lahab est évoquée, car comme son mari,
elle causait beaucoup de peine au Messager de Dieu r en jetant des épines sur les
chemins qu’il empruntait. Cette sourate exprime aussi en termes de signification
absolue que le lien de sang et de filiation n’a guère d’importance. Les liens spirituels
et fraternels priment sur le reste. L’esprit n’a pas de filiation. Le corps, quant à lui, se
dissoudra dans la terre. L’homme gagne de l’estime selon la splendeur de son esprit.
Le corps est chez l’homme un moule ou un vêtement dans lequel il est enveloppé.
Certes l’homme ne gagne pas plus de valeurs en changeant le tissu de son vêtement !
Le Saint Prophète r invita tous les hommes à rejoindre l’islam. Pendant les
mois de pèlerinage effectués pendant les foires d’Ukaz, de Majanna, de Dhul-Majaz
ainsi que d’autres, là où il y avait un attroupement d’hommes, il diffusait le message
de l’islam à tous ceux qu’il rencontrait, qu’ils soient libres ou esclaves, faibles ou
puissants, riches ou pauvres ; il les invitait à la croyance en l’unicité de Dieu. (Voir Ibn
Saad, I, 216-217).
60. Les Mecquois appelaient les musulmans « sabiîtes », ce qui signifie « ceux qui sortent de la religion ».
La Quatrième Année de la Prophétie 173
Ò òƃ ijŽ Ĩ ƈ ƈ ƈ
Ɔ ÅÓƇ ĩƆ ùĤÒ
ƪ òij Ƈ ĩƇ ÜƆ ĦƆ ijŽ ĺƆ ďƅ ĘÒîī
Ɔ ĨįƇ ĤƆ ÓĨ
Ɔ ďƄ ĜÒijƆ ĤƆ ğƈƆ Öž ò
Ɔ ÔÒ
Ɔ ñƆ Đ
Ɔ Īƈƪ Ì
Ɔ ×Ƈ đƆ ĥŽ ĺƆ Ăƅ ijŽ ìĹ
ĦƆ ijŽ ĺƆ Īij Ɔ Ę ƈ ħİīĺñƈ Ĥƪ ÒīĻƈÖñž ƈ ġƆ ĩĥŽ Ĥƈ ñƅ Ñƈ ĨijĺģƄ ĺijĘƆ ÒóĻøĢÓ
ŽƇ Ɔ Ɔ Ƈ
ƈ
Ɔ Ž Ɔ Ž Ɔ ƃ Ž Ɔ Ƈ ×Ɔ åƈ ĤŽ ÒóĻƇ ùÜƆ IJƆ
Ɔ ÖƇ ñž ƈ ġƆ ÜÓ
Īij Ƈ Ýƈ Ĥƪ ÒòÓ
Ƈ ıƈƆ ÖħÝĭƇ ĠĹ ƈ ƈ Ɔ Đîħĭıä ƈòÓĬƆ ĵĤƆ Ìƈ Īij
Ƈ ĭĤÒ
ƪ ĮñİÓ Ƭ Ɔ ƆƪƆ Ɔ Ɔ Đƫ ïƆ Ƈĺ
« Le châtiment de ton Seigneur aura lieu inévitablement. Nul ne pourra le
repousser. Le jour où le ciel sera agité d’un tourbillonnement, et les montagnes
se mettront en marche. Ce jour-là, malheur à ceux qui traitent (les signes d’Allah)
de mensonges, ceux qui s’ébattent dans des discours frivoles le jour où ils seront
brutalement poussés au feu de l’Enfer : Voilà le feu que vous traitiez de men-
songe. » (at-Tur, 52 : 7-14).
Alors que le Messager du Dieu r déclara ouvertement son Apostolat prophé-
tique et commença à inviter publiquement à la religion véridique, des versets allant à
l’encontre des idolâtres et de leurs idoles commencèrent à être révélés :
Ɔ îƇ ƈòÒIJÓ
ĪIJ Ɔ ƈ Ʃ ĪIJ
ƈ îī ƈ Ɔ ïƇ ×đÜÓ
Ɔ ıƆ ĤƆ ħŽ ÝĬƇ ÈħƆ ĭƪ ıƆ ä
Ɔ ÕƇ āƆ è
Ɔ ųÒ Ƈ ĨĪIJ ĨIJħġĬƈÌ
ƇŽƆ Ɔ Ɔ ŽƇ ƪ
« Vous serez, vous et ce que vous adoriez en dehors d’Allah, le combustible de
l’Enfer, vous vous y rendrez tous. » (al-Anbiya, 21 : 98).
įĤ ƈ ƈ ƈ ƈ ƈ
Ƅ ÒħŽ ġƇ ıƇ ĤƆ ÒÓĩƆ Ĭƪ ÒƆ ĵƪ ĤƆ Òĵèij Ɔ ƇĺħŽ ġƇ ĥƇ ᎠĨóƄ ýƆ ÖÓ
Ɔ ĬƆ ÒƆ ÓĩƆ Ĭƪ ÒģŽ ĜƇ
īĻ ƈ ƈ ƈ ƈ ƈ ƈ ĘƆ ïƄ èÒ ƈ IJ
Ɔ Ġ ƈóýŽ ĩƇ ĥŽ ĤģƄ ĺŽ IJƆ IJ Ɔ ĮIJ Ƈ óƇ ęĕŽ ÝƆ øÒ
Ž IJ
Ɔ įĻŽ ĤƆ ÒÒijĩĻ Ƈ ĝÝƆ øÓ Ž Ɔ
« Dis : ‹Je ne suis qu’un homme comme vous. Il m’a été révélé que votre Dieu
est un Dieu unique. Cherchez le droit chemin vers Lui et implorez Son pardon›.
Et malheur aux associateurs… » (Fussilat, 41 : 6).
Quand le Messager de Dieu r commença à dénigrer les idoles qu’adoraient les
mécréants, les idolâtres de Quraysh démentirent immédiatement et renièrent notre
Saint Prophète r. Ils se réunirent pour lui manifester leur haine et animosité. Mais
Abû Talib l’ayant pris sous sa protection, ils ne purent aller plus loin. (Ibn Saad, I, 199).
Des mécréants comme Abû Jahl, Abû Lahab, Walid ibn Mughira, Ummaya ibn
Halef, Uqba ibn Abi Muayt et Utba ibn Rabia étaient parmi les malchanceux qui
furent condamnés à la souffrance éternelle en raison de leur animosité excessive à
l’égard de la Fierté de l’humanité r.
174 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
ƈ óđĩĤŽ ÓƈÖĪIJ
ĖIJ óĨÉŽ ĺIJ ƈóĻíĤÒĵĤÌƈ ĪijĐïĺÙĨƇÈħġĭĨī ƈ ġÝĤIJ
Ƈ Ž Ɔ Ɔ Ƈ Ƈ Ɔ Ɔ ŽƆ Ž Ɔ Ɔ Ƈ ŽƆ Ƅ ƪ Ž Ƈ ž Ƈ ƆŽ Ɔ
Ɔ éƇ ĥƈ ęŽ ĩƇ ĤŽ ÒħƇ İ
Īij Ƈ ğƆ ÑÃƈ ĤƆ IJŽ ƇÈIJ Ɔ ĩƇ ĤŽ Òīƈ Đ
Ɔ ƈóġĭ Ɔ ĪƆ ijŽ ıƆ ĭŽ ĺƆ IJƆ
« Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le
convenable, et interdit le blâmable. Car ce seront eux qui réussiront. » (al-Imran,
3 : 104).
ƈóġĭ
Ɔ ĩƇ ĤŽ Òīƈ Đ ƈ ƈ ĭĥĤƈ ÛŽ ä ƈóìŽ ƇÈÙƅ ĨƇÈóĻì
Ɔ óƇ ĨƇ ÉŽ ÜƆ öÓ
Ɔ ĪƆ ijŽ ıƆ ĭŽ ÜƆ IJ
Ɔ ĖIJóƇ đŽ ĩƆ ĤŽ ÓƈÖĪIJ ƪ Ɔ ƪ Ɔ Ž Ɔ ħŽ ÝƇ ĭŽ ĠƇ
« Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes,
vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable… » (al-Imran, 3 : 110).
Dans quelques fameux hadiths, notre Saint Prophète r évoque l’importance
que revêt la prédication :
« Que Dieu rende le visage illuminé de celui qui entend notre parole et la commu-
nique telle quelle ! Il existe tellement de personnes qui comprennent et pratiquent la
prédication alors qu’ils ne l’ont pas entendue d’eux-mêmes. » (At Tirmidhi, Ilm, 7).
« Je le jure par Dieu ! Qu’une seule personne adopte l’islam grâce à toi, cela sera
meilleur pour toi que d’être en possession de chamelles rousses (les plus précieuses). »
(Al Boukhari, Ashabu’n-Nabi, 9).
« À celui qui invite les gens à l’islam, il lui sera attribué autant de récompenses
que les invités auront eux-mêmes reçues. Si bien que de leur bienfait rien ne sera perdu
ni soustrait. » (Muslim, Ilm, 16).
Anas t rapporte dans le hadith suivant le niveau éminent qu’atteindront dans
l’au-delà les personnes qui ont pratiqué l’appel à l’islam :
« Un jour, le Messager de Dieu r déclara :
La Quatrième Année de la Prophétie 175
61. Il est important de ne pas conclure que ces gens sont supérieurs aux prophètes et aux martyrs car ces
derniers ont sacrifié leur vie pour cette cause.
176 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
îIJ ƈ ùĤĵƈ ƈ ƈ ƈ ƈ ƈ
Ɔ IJÒƇ î
Ɔ ĪÓ Ɔ ĥƆ ĐƆ ģĻƆ ÐÒóƆ øƈŽ ÌĹĭÖƆ īŽ ĨÒIJóƇ ęƆ Ġ
Ɔ īĺ
Ɔ ñĤƪ ÒīƆ đƇĤ
ĪIJ
Ɔ ïƇ ÝƆ đŽ ĺÒij ƈ ƈ
Ɔ ƇĬÓĠƆ IJÒ Ɔ ĩƈƆ ÖğƆ ĤðħƆ ĺƆ óŽ Ĩ
Ɔ ijŽ āƆ ĐÓ Ɔ īƈ ÖÒĵ
Ž ùĻ Ɔ ĐIJƆ
Īij
Ɔ ĥƇ đƆ ęŽ ĺÒij
Ɔ ƇĬÓĠÓ
Ɔ Ĩ Ƈ ĥƇ đƆ ĘƆ ƅóġƆ ĭŽ Ĩ
Ɔ ÷Ɔ ÑƈŽ ×ĤƆ Įij Ƈ īŽ Đ
Ɔ ĪƆ ijŽ İÓ
Ɔ ĭƆ ÝƆ ĺƆ ƆźÒijƇĬÓĠƆ
« Ceux des Enfants d’Israël qui n’avaient pas cru ont été maudits par la
bouche de David et de Jésus fils de Marie, parce qu’ils désobéissaient et transgres-
saient. Ils ne s’interdisaient pas les uns aux autres ce qu’ils faisaient de blâmable.
Comme est mauvais, certes, ce qu’ils faisaient ! » (al-Maida, 5 : 78-79) ; (Voir aussi Hay-
thami, I, 164 ; Ali al-Muttaqi, III, 684/8457).
De même, lors du voyage pénible qui dura une dizaine de jours jusqu’à Tâ’if, il
invita un esclave chrétien, nommé Addâs, à la religion. Enchanté des réponses qu’il
reçut, il embrassa l’islam. Cet évènement fit oublier toutes les peines qu’il avait subies
à Tâ’if.
Le Messager de Dieu r dépensait toutes ses forces pour illuminer les hommes
de la lumière de l’islam et il ne s’en lassait pas. Son extrême conviction dans la prédi-
cation est rapportée comme suit par Abû Rifâa :
« Alors que le Messager de Dieu r était en train de délivrer un sermon, je m’ap-
prochai de lui pour lui dire :
- Ô Messager de Dieu ! Il y a un homme pauvre qui ne sait rien à propos de la
religion et qui est venu te questionner à son sujet.
Le Messager de Dieu r se retourna vers moi et me regarda. Il arrêta son sermon
et vint à moi. Afin qu’il puisse s’asseoir, on lui ramena une chaise dont les pieds
178 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
- Demandez davantage !
- Que pouvons-nous demander de plus à Dieu le Tout-Puissant ? lui deman-
dèrent-ils.
Omar t leur répondit :
- Moi je demanderai à Dieu que la maison dans laquelle nous sommes soit rem-
plie de gens comme Abû Ubayda ibn Jarrâh, Muadh ibn Jabal, Houdhayfa’tul-Ya-
manî (tous des gens exceptionnels et distingués, et sublimes dans tous les sens) et je
voudrais les désigner dans le travail d’appel à la foi en Dieu et à la prédication aux
gens… » (Al Boukhari, Tarikh’us-Saghir, I, 54).
ƈ Ýƈ Ĥƪ ÓƈÖħıĤŽ îÓƈ äIJÙƈ ĭƆ ùéĤŽ ÒÙƈ čƆ Đƈ ijĩĤŽ ÒIJÙƈ ĩġŽ éƈ ĤŽ ÓƈÖğƈƆ ÖòģĻƈ
īƇ ùƆ èŽ ƆÒĵİĵ ƈ
Ɔ ŽƇ Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ ŽƆ Ɔ Ɔ ž Ɔ ƈ ×øĵ
Ɔ ĤƆ ÒĎƇ îŽ ƇÒ
« Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton
Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c’est ton Seigneur qui
connaît le mieux celui qui s’égare de Son sentier et c’est Lui qui connaît le mieux
ceux qui sont bien guidés. » (an-Nahl, 16 : 125).
« Et qui profère plus belles paroles que celui qui appelle à Allah, fait bonne
œuvre et dit : ‹Je suis du nombre des Musulmans›? La bonne action et la mauvaise
ne sont pas pareilles. Repousse (le mal) par ce qui est meilleur62 ; et voilà que celui
avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux. » (Fussilat, 41 : 33-34).
ĭƈ đƆ ×ÜÒ
Ĺ īĨIJÓĬƆÈØƅ óĻāƈ ÖĵĥĐųÒĵ ƈ ĤÌƈ ijĐîƆÈĹĥĻƈ ƈ ×øĮƈ ñÃƈ İ
Ɔƪ ƈ Ɔ Ɔ ŽƆ Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ Ʃ Ɔ Ƈ Ž Ɔ Ɔ ģŽ ĜƇ
ƈ ƈ ƈ Ʃ ĪÓ
Ɔ Ġ ƈóýŽ ĩƇ ĤŽ ÒīƆ ĨÓŽ ĬƆ ƆÈÓĨƆ IJ
īĻ Ɔ ųÒ Ɔ éƆ ׎ øƇ IJƆ
« Dis: ‹Voici ma voie, j’appelle les gens [à la religion] d’Allah, moi et ceux qui
me suivent, nous basant sur une preuve évidente. Gloire à Allah ! Et je ne suis
point du nombre des associateurs. » (Yûsuf, 12 : 108).
Ainsi, dans l’histoire, ceux qui ont suivi cette méthode conseillée par Dieu le
Très-Haut ne furent jamais déçus et transformèrent les cœurs noircis en cœurs
épanouis.
Dieu le Tout-Puissant conseilla aux prophètes Moïse u et Aaron u d’em-
ployer un langage doux lorsqu’Il les envoya les auprès du Pharaon égaré :
62. L’attitude de Yûsuf u est un exemple caractérisant au mieux ce verset. Il ne rappela pas à ses frères
leur faute mais il continua à les servir avec hospitalité tout en dissimulant sa véritable identité. Pour
finir, ses frères le reconnurent et dirent : ÓĭƆ ĻĥƆ Đ ƈ Ü « Par Allah ! Vraiment Allah t’a préféré à
ųÒĞóàÒïĝĤųÓ
Ž Ɔ ƇƩ Ɔ ƆƆſ Ž ƆƆ Ʃ Ɔ
nous … » (Yûsuf, 12 : 91) En reconnaissant sa supériorité et en l’acceptant ils demandèrent pardon.
Cette situation montre à quel point l’attitude et la prédication sont une méthode active. (Osman Nûri
Topbaş, la chaîne des prophètes 2, p.129-130, Istanbul 2004).
La Quatrième Année de la Prophétie 181
ÛƆ ĭŽ Ġ
Ƈ ijŽ ĤƆ IJ ƈ ƈ Ʃ īĨ
ƈ ƅ
Ɔ ħŽ ıƇ ĤƆ ÛƆ ĭŽ ĤųÒ Ɔ ÙĩƆ èŽ òÓ Ɔ ĩƈƆ ×ĘƆ
ğƆ Ĥƈ ijŽ è ƈ Ɔ ĥƈ ĔƆ ÓƬčĘƆ
Ɔ īŽ ĨÒijąƫ ęƆ ĬŽ ƆźÕƈ ĥŽ ĝƆ ĤŽ ÒċĻ
« C’est par quelque miséricorde de la part d’Allah que tu (Muhammad) as
été si doux envers eux ! Mais si tu étais rude, au cœur dur, ils se seraient enfuis de
ton entourage. Pardonne-leur donc, et implore pour eux le pardon (d’Allah)… »
(al-Imran, 3 : 159).
63. Lors de la 7ème année de l’Hégire, après la prise de Khaybar, le Messager de Dieu r envoya à la
population de La Mecque, victime de la sécheresse et de la famine, de l’or, de l’argent et des graines
de dattes. Abû Sufyan prit toutes ces offrandes afin de les distribuer aux nécessiteux de Quraysh et
s’exclama : « Que Dieu récompense les bienfaits de mon neveu, car il a respecté le droit de la famille ! »
En affirmant cela, il montra sa satisfaction. (Yaqûbî, II, 56). Le comportement digne du Messager de
Dieu r avait adouci le cœur des Mecquois et après la conquête de La Mecque, les idolâtres acceptèrent
sans réserve la religion véridique.
182 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Ž ğƆ ÜƆ óĻýƈ Đ
Ɔ ÖóƆ ĜŽ ƆŶÒ
īĻƈ òñƈ ĬƆÈIJ
Ɔ Ɔ Ž Ž Ɔ
« Et avertis les gens qui te sont les plus proches. » (Ash-Shuara, 26 : 214).
ƈ ƆÉĘƆ ħĜƇ
Puis Il octroya à notre Saint Prophète r l’Apostolat prophétique : òŽ ñĬ
Ž
« Lève-toi et avertis ». (al-Muddathir, 74 : 2).
Puis vint l’injonction :
Ž ğƆ ÜƆ óĻýƈ Đ
Ɔ ÖóƆ ĜŽ ƆŶÒ
īĻƈ ƈ ƆÈIJ
òñĬ
Ɔ Ɔ Ž Ɔ
« Et avertis les gens qui te sont les plus proches. » (ash-Shuara, 26 : 214).
Puis les limites de cette fonction s’élargirent à toute la ville :
īĻ ƈ ƈ ƈ
Ɔ ĩĤƆ ÓđƆ ĥŽ ĤÙƃ ĩƆ èŽ ò
Ɔ ƪ źÒĞƆ ÓĭƆ ĥŽ øƆ òŽ ƆÒÓĨƆ IJƆ
« Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers. » (al-Anbiya, 21 :
107).
Le Messager de Dieu r répondit aux questions que lui posèrent ses invités selon
la situation de chacun et suivait une méthode appropriée à chaque personne.
À ceux qui lui demandaient :
« Quel est l’acte le plus vertueux ? »
L’Envoyé de Dieu r répondait différemment selon leur état :
« L’activité la plus vertueuse, c’est la croyance en Dieu, c’est combattre sur Son
sentier et c’est le pèlerinage agréé ! » (Al Boukhari, Hajj, 4).
« La prière accomplie à son heure ! » (Al Boukhari, Mawaqit, 5).
« Le rappel de Dieu ! » (Muwatta’, Quran, 24).
« Aimer pour l’amour de Dieu ! » (Abû Dawûd, Sunnah, 2).
« L’émigration ! » (Nasa’i, Bay’ah, 14).
« Servir ses parents ! » (Ibn Athir, Usdu’l-Ghaba, IV, 330).
4. Notre Saint Prophète r prenait comme devise la facilité dans chaque chose
et annonçait la bonne nouvelle. Il respectait strictement ces principes en matière de
prédication.
L’Envoyé de Dieu r dit dans un hadith :
« Facilitez la voie, ne la rendez pas difficile. Annoncez ce qui est agréable et ne
jetez pas l’épouvante dans votre auditoire. » (Al Boukhari, Ilm 11, Adab, 80).
Dieu le Tout-Puissant dit aussi :
« Nous entendîmes dire que le Jour dernier un homme viendra saisir le col de
la chemise d’un autre en se plaignant.
Ce dernier lui dira :
- Que veux-tu de moi ? Nous ne nous connaissons même pas !
Et l’autre lui répondra :
- Tu me voyais dans la vie ici-bas commettre des mauvaises actions sans jamais
m’avertir. » (Rudanî, Jam’ul-Fawaid, V, 384).
D’autre part, c’est un fait bien connu que les activités des missionnaires sont
étroitement liées à l’impérialisme, et leur motivation est bien plus religieuse que
politique. Dans l’objectif de s’installer dans ces pays ciblés et christianiser les habi-
tants, ils construisent des écoles et proposent des cours de langues étrangères pour
attirer une plus grande masse de gens.
Aujourd’hui, les missionnaires qui suivent toujours la méthode de Paul
prennent soin de cacher leur identité et leur vrai but ; ainsi ils apparaissent sous un
aspect respectable dans et pour le milieu où ils se trouvent. Pour sympathiser avec
les musulmans qu’ils ont pris comme cible, ils apprennent des versets coraniques,
s’habillent comme les musulmans, utilisent des termes comme « Hodja » et « mas-
djid » au lieu de « prêtre » et « église ». Encore une fois, pour détourner les gens de
leur religion et les amadouer, ils renoncent à beaucoup de principes du christia-
nisme. (Voir Şinâsi Gündüz, p. 5-28).
Face à ce travail intense des missionnaires, les musulmans doivent accorder de
l’importance à leur éducation et à celle de leurs enfants. Ils doivent pratiquer l’islam
de la meilleure manière et la communiquer aux autres. Les musulmans doivent
prendre leçon des efforts déployés par les missionnaires pour propager une reli-
gion altérée ; les musulmans, héritiers de la dernière religion véridique, se doivent
d’accomplir les efforts en conséquence. En effet, il ne faut pas oublier la responsabi-
lité que nous avons de prêcher l’islam, car cette religion est une grâce dont nous ne
pourrons jamais remercier notre Seigneur.
Le poète Mehmet Akif exprime dans ces vers la carence des musulmans sur ce
sujet :
Alors que les missionnaires sillonnent la terre, nuit et jour ;
Qu’attendent nos savants ? Une nouvelle Révélation peut-être ?!
Oumm Jamil, la femme d’Abû Lahab, elle non plus ne se privait pas de tour-
menter le Messager de Dieu r. Chaque soir, elle préparait et accrochait à son cou
des branches épineuses ; la nuit tombée, elle jetait les épines sur la route que le Saint
Prophète r empruntait pour qu’il se blessât. Mais le Messager de Dieu r marchait
par miracle sur elles comme s’il marchait sur de la soie. (Voir Ibn Hishâm, I, 376; Qurtubî,
XX, 240).
de renoncer à ce qu’il fait, soit tu lèves ta protection à son égard afin que l’on puisse
préparer le sort qu’il mérite… »
Face à ces menaces, Abû Talib expliqua poliment au Saint Prophète r l’attitude
des idolâtres. Bien qu’il ait refusé de lever sa protection à son encontre, il lui fit com-
prendre sa réticence à défier les idolâtres, disant : « Protège-nous toi et moi ! »
Le Messager de Dieu r était profondément bouleversé, car les paroles de son
oncle signifiaient qu’en cas de nécessité, il pourrait renoncer à sa protection. Ses yeux
gracieux se remplirent de larmes.
Après tout, les musulmans étaient encore faibles. Ils n’avaient pas la force de
lutter contre les idolâtres de La Mecque qui possédaient force et richesse.
C’est à ce moment-là que Dieu le Tout-Puissant lui fit la révélation suivante afin
de surmonter sa difficulté :
Selon le récit d’Ibn Abbâs t après cet évènement, les notables de Quraysh se
recueillirent sur le site de Hijr près de la Ka’ba et jurèrent sur les idoles nommées Lat,
Menât, Uzza, Nâila et Isâf que dès qu’ils verraient le Saint Prophète r, ils le tueraient.
Et tous s’engagèrent à payer le prix du sang lui revenant.
La Quatrième Année de la Prophétie 193
Réalisant que les sollicitations faites auprès d’Abû Talib n’aboutissaient à rien,
les idolâtres allèrent voir directement le Messager de Dieu r et lui dirent :
« Tu appartiens à une lignée noble et très respectée ! Mais tu fais et tu dis ce
qu’aucun Arabe n’a dit jusqu’à maintenant. Tu as mis une scission entre nous. Tu as
fait de nous des ennemis. Quel est ton but en agissant ainsi ? Si c’est pour être riche
nous ne te donnerons tout ce que tu souhaiteras. Il n’y aura pas de plus riche que toi
dans aucune tribu. Si tu veux devenir chef, nous te mettrons à notre tête et tu seras
le chef de La Mecque ! Si ton désir est de te marier avec une femme noble, nous te
donnerons la plus belle femme de Quraysh que tu choisiras ! Si tu es sous l’influence
de djinns et de démons, nous t’amènerons voir des sorciers. Nous ferons tout pour
te guérir. Quoi que tu demandes nous sommes prêts à le réaliser. Renonce juste à
cette action. »
Les pauvres idolâtres pensaient faire renoncer au Saint Prophète r sa mission
en le soudoyant par la richesse, le rang social et les femmes, pensant qu’il ne pourrait
jamais dire non aux trois appâts toujours efficaces pour tromper les hommes. Ils
pensaient que le Saint Prophète r ne pouvait pas dire non à ces trois instruments
de chasse. La richesse, la célébrité et la sensualité sont les trois pièges qui usent la
194 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
volonté de l’homme. Comment se fait-il que les idolâtres n’ont guère compris que
ces choses n’ont jamais pris place dans la vie pure de l’Être de lumière r ?
En guise de réponse claire et nette le Messager de Dieu r leur cria cette vérité :
« Je ne veux rien de vous. Ni biens, ni richesse, ni leadership ! La seule chose
que je veuille est que vous cessiez d’adorer des idoles et que vous n’adoriez que Dieu
l’Unique ! » (Ibn Kathir, al-Bidayah, III, 99-100).
Mais les idolâtres, étant sous l’emprise de leur ego, furent incapables de saisir
le sens de la mission du Saint Prophète r. Ils allèrent même jusqu’à lui demander
d’adorer leurs propres idoles !
La réaction du Saint Prophète r devant un tel cas fut en conséquence conforme
à l’avis du Coran :
ƈ Ʃ ĪIJ
Ó ĩƪ ĤƆ ųÒ ƈ î ƈ Ɔ ĐïŽ ÜƆ īĺñƈ Ĥƪ ÒïƆ ×ĐƆÒĪŽ ƆÒÛĻ ƈıƇĬĵžĬƈ Òƈ ģŽ ĜƇ
Ƈ īŽ ĨĪij Ƈ Ɔ ƇŽ Ƈ
īĻ ƈ ƈ ƈ Ƈ óŽ Ĩƈ ƇÒIJĵƈ ƈ Ƈ ĭƈƆ Ļ×ĤŽ ÒĵĬƈ ÅÓä
Ɔ ĩĤƆ ÓđƆ ĤŽ ÒÔžƈ óƆ ĤħƆ ĥøŽ ƇÒĪŽ ƆÒÚ Ɔ Öž ò
Ɔ īŽ ĨÚÓ žƆ Ɔ Ɔ Ɔ
« Dis : ‹Il m’a été interdit, une fois que les preuves me sont venues de mon
Seigneur, d’adorer ceux que vous invoquez en dehors d’Allah, et il m’a été ordon-
né de me soumettre au Seigneur de l’univers›. » (Gafir, 40 : 66).
ģƫ Ġ
Ƈ įƇ ĤƆ IJÓ ƈ ƈ ƈƈ ƈ
Ƈ óŽ Ĩƈ ƇÒÓĩƆ Ĭƪ Ò
Ɔ ıƆ ĨƆ óƪ èĴ Ɔ ñĤƪ ÒØïƆ ĥŽ ×Ɔ ĤŽ ÒĮñİÔƪ ò Ɔ ïƆ ×Ƈ ĐŽ ÒƆ ĪŽ ÒƆ Ú
ƈƈ ƈ Ɔ ĠƇ ÒƆ ĪŽ ÒƆ Ú ƅ Ɔ
Ž īƈ ĩƆ ĘƆ ĪƆ ÒƆ óŽ ĝƇ ĤŽ ÒijƆ ĥƇ ÜŽ ÒƆ ĪŽ ÒƆ IJ
ĴïƆ ÝƆ İÒ Ɔ īĻ
Ɔ ĩĥùŽ ĩƇ ĤŽ ÒīƆ ĨĪij Ƈ óŽ Ĩƈ ƇÒIJ Ɔ ÅĵŽ ü
ƈ ƈ ƈ ƈ ƈ ƈ ƈ ƈ
Ɔ ƈòñĭŽ ĩƇ ĤŽ ÒīƆ ĨÓĬƆ ÒƆ ÓĩƆ Ĭƪ ÒģŽ ĝƇ ĘƆ ģƪ Ą
īĺ Ɔ īŽ ĨƆ IJ Ɔ įùęŽ ĭƆ ĤĴïÝƆ ıŽ ĺÓ Ɔ ĩƆ Ĭƪ ÓĘƆ
« ‹Il m’a été seulement commandé d’adorer le Seigneur de cette Ville (la
Mecque) qu’Il a sanctifiée, - et à Lui toute chose - et il m’a été commandé d’être
du nombre des Musulmans, et de réciter le Coran›. Quiconque se guide, c’est
pour Lui- même en effet qu’il se guide. Et quiconque s’égare..., alors dis : ‹Je ne
suis que l’un des avertisseurs›. » (an-Naml, 27 : 91-92).
La Quatrième Année de la Prophétie 195
ƈƈ ƈ Ɔ ƈ ƈ Ɔ ħġƇ ƇĤƆÉøƆÈÇĨģŽ ĜƇ
Ɔ ęĥž ġƆ ÝƆ ĩƇ ĤŽ ÒīƆ ĨÓĬƆ ƆÈÇĨƆ IJ
īĻ Ɔ ƅóäŽ ÈīŽ ĨįĻŽ ĥƆ Đ Ž Ž Ɔ
« Dis : Pour cela, je ne vous demande aucun salaire; et je ne suis pas
un imposteur. » (Sad, 38 : 86).
Les idolâtres, faisant face à cette attitude décidée du Messager de Dieu r, lui
demandèrent, au minimum, de ne pas dénigrer les idoles. Suite à cela, Dieu dit :
Ó ĬƆ ƆÒƆźIJ
Ɔ ïƇ ×Ƈ ĐŽ ƆÒÓĨ
Ɔ ĪIJ
Ɔ ïƈƇ ÖÓĐ
Ɔ ħŽ ÝƇ ĬŽ ƆÒƆźIJ
Ɔ ĪIJ
Ɔ ïƇ ×Ƈ đŽ ÜÓ
Ɔ Ĩ Ɔ óƇ ĘÓƈ ġƆ ĤŽ ÒÓıƆ ĺƫ ƆÒÓĺƆ ģŽ ĜƇ
Ɔ ïƇ ×Ƈ ĐŽ ƆÒƆźĪIJ
īĺ
ƈ îƈ ĵĤƈ IJħġƇ Ƈĭĺî ƈ ħġƇ ĤƆ ïƇ ×ĐƆÒÓĨĪIJ ïƈÖÓĐħÝĬÒźIJħÜï×ĐÓĨïƈÖÓĐ
Ɔ Ɔ Ž Ž Ƈ Ž Ɔ Ɔ Ƈ Ɔ Ž Ƈ ŽƆ Ɔ Ɔ Ž ƫ Ɔ Ɔ Ɔ Ƅ Ɔ
« Dis : ‹Ô vous les infidèles ! Je n’adore pas ce que vous adorez. Et vous n’êtes
pas adorateurs de ce que j’adore. Je ne suis pas adorateur de ce que vous adorez.
Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. A vous votre religion, et à moi ma
religion›. » (Al Kafiroun, 109 : 1-6; Voir Ibn Hishâm, I, 386).
Au début, les pauvres, les faibles et les esclaves furent les premiers à adhérer à
la religion de l’Envoyé de Dieu r. Bien que des riches, tel Abû Bakr t qui accepta
l’islam, les notables furent rares.
Que le Messager de Dieu r ait refusé d’un revers de main toutes sortes de
propositions faites par les idolâtres, telles la richesse et le statut, prouve clairement
qu’il n’avait pas l’intention d’obtenir la richesse ou le pouvoir, contrairement aux
allégations de certains. Par ailleurs, même en période d’aisance, la vie du Prophète
de compassion r n’était pas différente de celle d’un pauvre. Ce comportement
d’abstinence, d’humilité et de contentement n’était rien d’autre que la manifestation
de la morale prophétique.
La Quatrième Année de la Prophétie 197
ĪÓ
Ɔ ĻƆ ×Ɔ ĤŽ ÒįƇ ĩƆ ĥƪ Đ ƈ ÒŽ ěƆ ĥƆ ì
Ɔ ĪÓƆ ùƆ ĬŽ ź Ɔ ĪÆƆ óŽ ĝƇ ĤŽ ÒħƆ ĥƪ Đ
Ɔ īĩƇ èŽ óĤƪ ÒƆ
« Le Tout-Miséricordieux. Il a enseigné le Coran. Il a créé l’homme. Il lui a
appris à s’exprimer clairement. » (ar-Rahman, 55 : 1-4).
Beaucoup de livres ont été écrits par des intellectuels qui y ont notifié de nom-
breuses observations précises concernant l’i’jaz insondable du Coran.
198 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
įƈƈ Öž òī
ƪ Ĩ
ƈ Ƅ ĺÆįƈ ĻĥƆ ĐĢƆ ƈõĬƇÈźƆ ijĤƆ ÒijƇĤÓĜƆ IJ
ž ÚÓ Ɔ Ž Ɔ Ž Ɔ
« Pourquoi n’a-t-on pas fait descendre sur lui des prodiges de la part de son
Seigneur ? »
Ce à quoi le Tout-Puissant répondit :
Ces erreurs ont été prises en main dans les recueils nommés zhallat’ul-qari
(erreurs de récitation) pour décider de la validité ou non de la prière lors d’erreurs
involontaires de prononciation ou de changement de mot. En considérant tout cela,
à quel point il serait absurde de réciter le Coran à partir d’une traduction durant
l’accomplissement de la prière ce qui l’invaliderait immédiatement.
Le style du Coran observe un équilibre parfait entre le sens et les termes
employés. Lorsqu’un sens doit être exprimé, les mots les plus justes et les plus forts
sont alors employés. Ainsi, l’équilibre entre le mot et la signification est entretenu
par le style du Possesseur de la Parole Absolue (al-Qalam). À ce sujet, même les
littéraires les plus illustres n’ont jamais pu cacher leur stupéfaction.
Le célèbre exégète andalou Ibn Atiyya déclara : « Le Coran est un livre tel que
si l’on devait remplacer un mot, il serait impossible de trouver une solution de
rechange et cela même en dépouillant toute la langue arabe. » (Zarqânî, Manâhilü’l-İrfân,
II, 325; Muhammad Abdullâh Dırâz, an-Nabau’l-Azîm, s. 112; Atâ, Azamatu’l-Kur’ân, p. 85).
française « Larousse ». Mais chaque année, ces gens doivent faire des modifications
ou des rajouts et publier en conséquence de nouvelles éditions.
Les nouvelles découvertes obligent à y insérer des ajouts et à corriger de précé-
dentes informations. Même à notre époque marquée par une incroyable vigueur de
la découverte scientifique, les encyclopédies produites par des commissions compo-
sées de savants exceptionnels sont dépassées et nécessitent des corrections.
Or, durant des siècles, le Saint Coran n’a jamais nécessité la moindre correction
des affirmations scientifiques qu’il contient. Cet exemple ne fait que réaffirmer la
preuve de son origine divine et qu’il est la Parole du Tout-Puissant.
Un hadith mettant l’accent sur le fait que le miracle du Saint Coran durera
éternellement rapporte que le Saint Prophète r a dit :
« Le Coran est une Parole divine qui apporte à l’homme la sérénité contre toutes
les tribulations à venir, qui informe au sujet des peuples du passé, des signes précur-
seurs des peuples à venir et des pensées de toutes les controverses qui auront lieu entre
eux. Il distingue le bien du mal. Dieu détruira le contrevenant qui s’en détourne, et
quiconque cherche une recommandation en dehors d’elle s’égare manifestement. Cette
Parole est la corde solide de Dieu, elle est invocation et guidance. Nul ne sera égaré
tant qu’il se cramponne à ses ordres, les langues qui la prononceront ne se tromperont
jamais, les savants n’en seront jamais rassasiés, sa fraîcheur ne perdra en rien à cause
de sa répétition continuelle, ses miracles continueront d’étonner les hommes à jamais.
Quand ils entendirent la Parole divine du Coran, les djinns ne purent s’empêcher
de dire : Ó×å ĐÓĬÆóĜ Óĭđĩƈ øÓĬƈÌ « … Nous avons certes entendu une Lecture [le Coran]
ƃ Ɔ Ɔ ƃ ŽƇ Ɔ Ž Ɔ ƪ
merveilleuse. » (al-Djinn, 72 : 1).
Ceux qui parlent avec elle disent la vérité, ceux qui rendent leur décision avec
elle jugent avec équité, ceux qui la pratiquent sont récompensés, ceux qui font appel à
elle certes sont les bien-guidés. » (At Tirmidhi, Fadail’ul-Quran, 14 ; Darimi, Fadail’ul-Quran, 1).
Le Coran est un grand miracle dans tous ces aspects.
À cet égard, le Saint Coran demande depuis des siècles à ceux qui, à l’époque
de la révélation avaient atteint les sommets en matière d’éloquence et de rhétorique,
les arabes, mais aussi aux génies et aux humains qui viendraient jusqu’à la fin du
monde, de produire des paroles similaires mais il leur fut impossible de répondre à
ce défi. Cela nous rappelle le verset 34 de la sourate al-Tur :
īĻ ƈƈ ƈ ƅ ƈ
Ɔ Ìįƈ ĥƈ ᎠĨ Ž
Ɔ ĜîÓĀÒij
Ɔ ƇĬÓĠĪƈ ž ßĺïéƈƆ ÖÒijÜƇ ÉĻƆ ĥŽ ĘƆ
« Eh bien, qu’ils produisent un récit pareil à lui (le Coran), s’ils sont véri-
diques ! »
La Quatrième Année de la Prophétie 201
Ces versets ont peu à peu accentué l’impuissance des idolâtres, garanti leur
faiblesse et scellé leur langue. Comme ils ne pouvaient guère répondre à ces défis
divins, ils prirent une attitude déplacée, mensongère, rebelle et violente :
ƈ źƈƪ ÌÒñƆ İ
óàƆ ËŽ ƇĺóéŽ ø Ɔ ĪƈŽ Ì
Ƈ Ƅ
«… Puis il a dit : ‹ (le Coran) n’est que magie apprise›. » (al-Muddattir, 74 : 24).
óƭ ĩƈ ÝƆ ùŽ Ĩ
ƫ óƄ éŽ ø
ƈ
« …Une magie persistante. » (al-Qamar, 54 : 2).
202 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
īĻ ƈ ƈ ƈ Ɔ ĪŽ Ò
ƈ
Ɔ ĤIJƪ ƆźÒŽ óĻƇ ĈÓøƆ ÒƆ ƪźÒÒñİ
« … Ce ne sont que des légendes des anciens. » (al-An’am, 6 : 25) .
Jusqu’à présent, le défi lancé par le Coran à ses détracteurs quant au fait de for-
muler un chapitre similaire les conduisit à une défaite et à une impuissance totales.
Et ceci continuera jusqu’au Jour du Jugement dernier.
Au fil des années, les chrétiens ont été capables de former des prêtres suffi-
samment compétents pour enseigner la langue arabe aux Arabes eux-mêmes. Mais
aucun d’entre eux n’a jamais pu répondre au défi lancé par le Coran. N’aurait-il pas
été judicieux pour ces non-musulmans qui ont enduré ces depuis des siècles toutes
sortes de difficultés pour éteindre la lumière de l’islam, de relever ce défi ? Ce simple
fait historique, ne suffit-il pas pour prouver la grandeur du défi coranique, l’impuis-
sance de ses détracteurs et l’impossibilité de réfuter la Parole divine ?
Beaucoup de figures célèbres ont travaillé leur éloquence pendant des mois
à huit-clos sans pouvoir produire à la fin un seul verset. Musaylama et beaucoup
d’autres qui ont essayé d’écrire des versets similaires à ceux du Coran se sont ridi-
culisés. Leurs écrits n’ont servi qu’à mettre en valeur leur propre ineptie. C’est parce
que le Coran n’est pas seulement un miracle d’éloquence, mais il est aussi un livre
qui regroupe en son sein tous les siècles avec toutes leurs vérités. En effet, il est
impossible pour un être humain vulnérable, qui ne sait même pas quand il mourra,
de produire des versets dont la substance relève du miracle et des réalités divines.
Le sort actuel du contenu de la Torah et des Évangiles qui ont connu des altérations
est un fait avéré. Après avoir été soumis à l’intervention humaine, ces livres sont
aujourd’hui loins de leur essence et sont une sorte de compilation de contradictions.
Le fait que le Coran soit maintenu jusqu’à aujourd’hui sans perdre de son
influence est la preuve incontestable de sa majestueuse éloquence. Depuis la pre-
mière révélation jusqu’à aujourd’hui, et depuis près de quinze siècles, pas un indi-
vidu n’a pu défier et contester l’essence divine de ce Livre sacré. Et ceux qui ont tenté
de s’y mesurer se firent humilier à jamais. (Bûtî, Min Rawâii’l-Kur’ân, p. 126, 129, 130).
La Quatrième Année de la Prophétie 203
ƈ ƈ ƈ Ž Ʃ Īƈƪ Ì
ĵ
ıƆ ĭŽ ĺƆ IJĵ
Ɔ ÖƆ óŽ ĝƇ ĤŽ ÒĸðÅÓÝĺƈƆ ÌIJ Ɔ ĪÓùƆ èŽ Ÿƈ ÒIJ Ɔ ĢïŽ đƆ ĤŽ ÓƈÖóƇ ĨƇ ÉĺƆ ųÒ
Ɔ
Ɔ óƇ Ġƪ ñƆ ÜƆ ħŽ ġƇ ĥƪ đƆ ĤƆ ħŽ ġƇ Ƈčđƈ ĺƆ Ĺƈ ĕŽ ×Ɔ ĤŽ ÒIJ
ĪIJ Ɔ ƈóġĭ
Ɔ ĩƇ ĤŽ ÒIJÅÓ
Ɔ ýƆ éŽ ęƆ ĤŽ Òīƈ ĐƆ
« Certes, Allah commande l’équité, la bienfaisance et l’assistance aux
proches. Et Il interdit la turpitude, l’acte répréhensible et la rébellion. Il vous
exhorte afin que vous vous souveniez. » (an-Nahl, 16 : 90).
Walid demanda au Saint Prophète r de réciter ce verset à nouveau, après quoi
il ne put s’empêcher de s’exclamer :
« Par Dieu, il y a dans ces paroles une telle douceur, une telle beauté et une telle
luminosité qu’elles ressemblent à un arbre verdoyant rempli de figues et enraciné
dans l’eau. Ces paroles ne peuvent être celles d’un homme. Rien ne pourra s’opposer
à cette Parole et cette religion dominera toujours ses opposants. »
Stupéfait, Walid se leva et alla poser Abû Bakr t quelques questions sur le Livre
saint.
204 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Des idolâtres comme Abû Sufyan, Abû Jahl et Ahnath ibn Shariq, qui empê-
chaient le public d’écouter le Coran, vinrent discrètement trois nuits de suite à la
Ka’ba pour écouter avec grand plaisir le Messager de Dieu r réciter le Coran.
Comme ils étaient venus en cachette, ils furent surpris et devinrent rouge de
honte en se voyant les uns les autres, si bien qu’ils se réprimandèrent mutuellement,
disant :
« Quoi qu’il arrive, personne ne doit savoir cela ! Nous serions déshonorés si les
gens apprenaient notre comportement, et nos paroles n’auraient aucun effet sur eux
lorsqu’on leur défendra d’écouter le Coran ! » Et ils se séparèrent en s’engageant à ne
pas réitérer ce genre de comportement. » (Ibn Hishâm, I, 337-338).
Beaucoup de gens acceptèrent l’islam en raison de cette beauté substantielle.
À l’instar d’Omar t qui se rendit chez son beau-frère dans le but de les assas-
siner.
Quand il arriva devant la porte et entendit la lecture des versets, aussitôt son
cœur fondit, ainsi que sa colère, au son agréable du Coran.
Une autre figure accepta l’islam après avoir été séduit par le Coran ce fut Jubayr
ibn Mutim t, dont le coeur tressaillit quand il entendit le Saint Prophète r réciter la
sourate at-Tur, et qui déclara après cela :
« Je pensais que mon cœur allait craquer ! » (Ahmad, IV, 83, 85).
Jubayr t rapporte lui-même cet évènement :
« J’ai été tellement ému que ce fut comme si mon cœur s’arrachait et allait sortir
de sa cage lorsque j’entendis le Messager de Dieu r réciter pendant la prière du soir
ces versets de la sourate At Tur :
206 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
ƈ Ɔ ĝƇ ĤÓƈ íƆ ĤŽ ÒħƇ İ
Ɔ ĦŽ ƆÈĪij ƅ Ɔ ƈóĻĔƆ īĨÒij
ƈ ĝƇ ĥƈ ì
ĂƆ òŽ ƆŶÒŽ IJ
Ɔ ÚÒIJÓƆ ĩƆ ùĤÒÒij
ƪ ĝƇ ĥƆ ì Ƈ ĦŽ ƆÈÅĹŽ ü Ž Ž Ƈ ĦŽ ƆÈ
Ɔ óƇ ĉƈ ĻŽ āƆ ĩƇ ĤŽ ÒħƇ İ
ĪIJ Ƈ ĦŽ ƆÈğƈƆ Öž ò
ƈ Ɔ ħİïĭ
Ɔ īƇ ÐÒõƆ ì Đƈ ĦƆÈĪijĭĜij
ŽƇ Ɔ Ž Ɔ Ƈ Ƈ ƪ Ɔ
ƈ ĺźģÖ
« Ont-ils été créés à partir de rien ou sont-ils eux les créateurs ? Ou ont-ils
créé les cieux et la terre ? Mais ils n’ont plutôt aucune conviction. Possèdent-ils
les trésors de ton Seigneur ? Ou sont-ils eux les maîtres souverains ? » (at-Tur, 52 :
35-37; Al Boukhari, Tafsir, 52).
įƇ ĭƆ ĨƆ ÉŽ Ĩ ƈ Ɔ ƈ Ʃ ĦƆŻĠ ƈ ƈ
Ɔ įƇ ĕŽ ĥÖŽ Èħƪ ƇàųÒ Ɔ Ɔ ďƆ ĩƆ ùŽ ĺĵ Ɔ ĮƇ óŽ äƈ ƆÉĘƆ ĞƆ òÓ
Ɔ Ýƪ è Ɔ åƆ ÝƆ øÒ
Ž īĻƆ Ġ ƈóýŽ ĩƇ ĤŽ ÒīƆ Ĩ Ɔ
ž ïƄ èƆ ÈĪƈŽ ÌIJƆ
« Et si l’un des associateurs te demande asile, accorde-le lui, afin qu’il
entende la parole d’Allah, puis fais-le parvenir à son lieu de sécurité… » (at-Tawba,
9 : 6).
Ainsi, faire entendre la Parole divine aux gens permet à la lumière de la foi de
s’enraciner dans leurs cœurs.
La mélodie du Coran qui captive l’âme naît de l’harmonie du son, de l’agence-
ment impeccable des mots, syllabes longues et courtes et voyelles brèves ou allon-
gées. Les cœurs frémissent lors d’un passage d’un son à un autre avec une harmonie
exceptionnelle. Même ceux qui ne comprennent pas son sens peuvent prendre beau-
coup de plaisir à condition que les règles de récitation soient respectées.67
67. La récitation du Coran constitue elle-même une branche distincte de la science islamique. Celle-
ci se compose de dix styles différents de récitation (ou qiraat) connus sous le nom des dix lectures
canoniques appelées « qiraat-ul-ashara ». Tout comme les imams des différentes écoles de
jurisprudence, chaque style de récitation a son propre initiateur, connu sous le nom d’imam de qiraat.
En Turquie, celle la plus répandue est la qiraat d’Asim.
La Quatrième Année de la Prophétie 207
Ɔ ęƇ ĥƈ ÝƆ íŽ Ĩ
Īij ƈ ƈ
Ƈ ñƈ Ĥƪ ÒƆ ħĻ
Ƈ įĻĘħŽ İĸ
ƈ čƈ đĤŽ ÒƈÍ×ĭĤÒ
Ɔ Ɔ ƪ īƈ Đ Ɔ Īij
Ɔ ƇĤÅÓùƆ ÝƆ ĺƆ ħƪ ĐƆ
« Sur quoi s’interrogent-ils mutuellement ? Sur la grande nouvelle, à propos
de laquelle ils divergent. » (an-Naba, 78 : 1-3).
Vu que les êtres humains sont naturellement prédisposés à la vérité, les cœurs
ne se satisfont jamais de l’inconnu. C’est pour cela qu’ils courent toujours vers le
connu, car leur angoisse majeure a toujours été ce à quoi ils n’ont jamais eu connais-
sance. Depuis longtemps, et bien que des prophètes apportent maintes informations
à ce sujet, la mort est la principale préoccupation de l’homme. Le mystère de la mort
terrifie l’esprit de l’homme, semblable à l’angoisse causée par un serpent venimeux.
C’est pour cela que l’homme tente vainement de rejeter et d’emprisonner cette
fatalité dans son subconscient. Puisque la mort finira un jour ou un autre par nous
surprendre par sa force prodigieuse, il devient prioritaire à l’humanité de se poser
les bonnes questions au sujet de cette vérité.
Cette énigme éternelle, hors de portée de la pensée humaine, ne peut être
résolue que par la force de la Révélation. Alors que toutes ces nouvelles concer-
nant l’avenir apportées par le Prophète Muhammad r et tous les autres prophètes
auraient dû être accueillies avec reconnaissance, elles firent pourtant l’objet de rail-
leries, d’injures, d’insultes et d’indifférence de la part de gens indignes. Les idolâtres
et mécréants de toutes sortes qui menaient une vie contraire à la volonté divine
accueillirent avec perplexité les nouvelles qu’avait apportées l’Envoyé de Dieu r
concernant la vie d’outre-tombe. Entêtés et égoïstes, ils tournèrent le dos à l’invita-
tion au salut éternel.
Le Coran parle de l’au-delà comme une « grande nouvelle ». La raison en est
claire. Peu importe leurs conditions de vie, les êtres humains éprouvent une souf-
france face à la mort. Que tous les chemins de la vie finiront par converger vers la
mort fait frémir les cœurs et surtout ceux des non-croyants.
208 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Pour les vivants, il n’y a pas d’évènement qui ne soit plus important que la
mort ; c’est pour cela qu’il faut bien considérer la grandeur des nouvelles qui lui sont
relatives. Par conséquent, les personnes qui ont compris cette réalité abandonnent
les richesses éphémères pour se tourner vers celles de la vérité et de l’éternel. Une
existence vécue sans prendre de leçon de la mort est semblable à une existence
plongée dans les ténèbres. L’étoile du bonheur ne naît qu’avec la mort précédée
d’une existence exemplaire. C’est la raison pour laquelle l’islam conseille le souvenir
constant de la mort et de sa préparation.
Les idolâtres, dérangés par les diverses déclarations du Coran relatives à la vie
éternelle et à la mort, demandèrent au Saint Prophète r de changer de discours :
« Apporte-nous un Coran qui ne nous demande pas de quitter Lat et Uzza. Si
Dieu ne révèle pas un tel Coran, conçois-en un nouveau ou bien altère ce que Dieu
t’a révélé, place le mot »miséricorde » au lieu de « châtiment » et « licite » au lieu de
« illicite » et vice-versa ! »
Concernant ce genre de personnages, le Coran stipule :
Avec Ibn Daghinah près de lui, Abû Bakr t rentra à La Mecque. Quand ils
entrèrent dans la ville, Ibn Daghinah déclara ouvertement sa tutelle aux Qurayshites.
Ceux-ci posèrent certaines conditions :
« Dis à Abû Bakr d’adorer son Seigneur uniquement dans l’enceinte de sa
demeure ! Et qu’il accomplisse la prière et récite le Coran autant qu’il le désire
là-bas ; qu’il ne nous dérange pas en faisant tout cela, car nous craindrions qu’il
enchante nos femmes et nos enfants. »
Ibn Daghinah rapporta à Abû Bakr t les sollicitations des Mecquois. Ce der-
nier les accepta, puis aménagea une petite place pour prier devant sa maison. Là, il
continua à prier et à réciter le Coran. Possédant un cœur tendre et sensible, il ne
pouvait retenir ses larmes lorsqu’il lisait la Parole de Dieu. Ainsi, les femmes et les
enfants des idolâtres se rassemblaient autour de lui et le regardaient avec admira-
tion. Cette situation inquiéta les idolâtres. Sur ces entrefaites, ils firent appel à Ibn
Daghinah pour que celui-ci empêche Abû Bakr t de se comporter ainsi ou bien
qu’il enlève sa protection. En conséquence, il se rendit chez lui et déclara :
« Ô Abû Bakr ! Sois tu restes chez toi et gardes le silence, sois tu déclares quitter
la protection. »
Complètlement soumis à la volonté du Tout-Puissant, Abû Bakr t répondit :
« Je te rends ta protection. La protection de Dieu me suffit. » (Al Boukhari, Mana-
qib’ul-Ansar, 45 ; Ibn Hishâm, I, 395-396).
Comme les populations arabes avaient un grand intérêt pour la littérature, elles
admiraient et étaient fortement touchées par les paroles éloquentes. Si bien que
parfois le moindre vers pouvait les élever aux cieux ou rabaisser d’autres au plus
bas. Conscients de l’énorme influence suscitée par le Coran, les idolâtres prirent cer-
taines dispositions pour le contrecarrer. En effet, eux-mêmes tombaient parfois sous
son emprise. Outre le fait que les idolâtres avaient interdit la lecture et l’audition du
Coran, et, d’une manière ou d’une autre, lorsqu’ils entendaient une récitation, ils
faisaient du bruit pour que la spiritualité du Coran ne puisse pas atteindre les cœurs
et les rapprocher de l’islam. Le Tout-Puissant les mentionne ainsi :
Bien qu’ayant adopté une attitude négative envers le Coran, les idolâtres,
lorsqu’ils étaient seuls avec leur conscience, acceptaient la vérité et ne pouvaient
s’empêcher d’écouter discrètement le Coran. Cependant ils finirent par trouver une
autre excuse :
ƅ čƈ Đ
ħĻ ƈ
Ɔ īƈ ĻŽ ÝƆ ĺƆ óŽ ĝƆ ĤŽ ÒīƆ Ĩ
ž ģƅ äƇ òĵ
Ɔ ĥƆ Đ
Ɔ ĪƇ ÆóŽ ĝƇ ĤŽ ÒÒñƆ İ
Ɔ ĢƆ õžƈ ƇĬźƆ ijŽ ĤƆ ÒijƇĤÓĜƆ IJƆ
« Et ils dirent : ‹Pourquoi n’a-t-on pas fait descendre ce Coran sur un haut
personnage de l’une des deux cités ?› (La Mecque et Ta’if) » (az-Zukhruf, 43 : 31).
Même s’ils reconnaissaient dans leur conscience l’authenticité du Saint Pro-
phète r, leur ego les empêchait d’affirmer cette croyance. Ils savaient que le Coran
était révélé par Dieu, mais ils attribuaient l’erreur à Sa volonté. Selon leur réflexion
voilée par leur propre égoïsme, le Coran ne pas être envoyé à un orphelin mais à l’un
des riches personnages originaire de Ta’if comme Amr ibn Umayr ou de La Mecque
comme Walid ibn Mughirah qui déclara :
« Pourquoi le Coran devrait-il être révélé à Muhammad alors qu’il y a moi,
l’aîné et le seigneur de Quraysh, ou Amr ibn Umayr, le notable de Ta’if ? » (Ibn
Hishâm, I, 385).
ĸñƈ Ĥƪ ÒĪƇ ÓùƆ žĤƈ óýƆ ÖƆ įƇ ĩƇ ĥžƈ đƆ ƇĺÓĩƆ Ĭƈƪ ÌĪij
Ɔ ƇĤijĝƇ ĺƆ ħŽ ıƇ Ĭƪ ƆÈħƇ ĥƆ đŽ ĬƆ ïŽ ĝƆ ĤƆ IJƆ
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« Et Nous savons parfaitement qu’ils disent : ‹Ce n’est qu’un être humain qui
lui enseigne (le Coran) ›. Or, la langue de celui auquel ils font allusion est étran-
gère [non arabe], et celle-ci est une langue arabe bien claire. » (an-Nahl, 16 : 103).
Ɔ ĥƇ ĉƈ ׎ ĩƇ ĤŽ ÒÔÓ
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Ɔ ÔÓ
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Ž Ɔ ĠÓ Ƈ ĨƆ IJƆ
« Et avant cela, tu ne récitais aucun livre et tu n’en écrivais aucun de ta main
droite. Sinon, ceux qui nient la vérité auraient eu des doutes. » (al-Ankabut, 29 : 48).
Par ailleurs, le Tout-Puissant avisa Son Messager r pour qu’il ne soit pas atteint
par les accusations des idolâtres :
ƈ üĪijĤijĝĺĦÒĪij
ÿƇ Öƪ óÝƆ ĬƆ óĐÓ ƅ ĭåĨźIJīƅ İÓ ƈ ġƈƆ ÖğƈƆ ÖòÙƈ ĩđĭƈƈ ÖÛƆ ĬŽ ƆÒÓĩĘƆ óĠžƈ ñƆ ĘƆ
Ɔ Ƅ Ɔ Ɔ Ƈ ƇƆ ŽƆ Ƈ Ž Ɔ Ɔ Ɔ žƆ Ɔ Ž Ɔ Ž
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Ɔ āƈÖž óƆ ÝƆ ĩƇ ĤŽ ÒīƆ ĨħŽ ġƇ đƆ Ĩĵ
Ɔ žĬÓĘƆ ÒijāƇ Öƪ óƆ ÜƆ ģŽ ĜƇ ĪijƇĭĩƆ ĤŽ ÒÕƆ ĺŽ ò
Ɔ įƈÖ
« Rappelle donc et par la grâce de ton Seigneur tu n’es ni un devin ni un pos-
sédé ; ou bien ils disent : ‹C’est un poète ! Attendons pour lui le coup de la mort›.
Dis : ‹Attendez ! Je suis avec vous parmi ceux qui attendent ›. » (at-Tur, 52 : 29- 31).
ils disent : ‹Il l’a inventé !› Dis : ‹Si je l’ai inventé, alors vous ne pourrez rien pour
moi contre [la punition] d’Allah. Il sait parfaitement ce que vous propagez (en
calomnies contre le Coran): Allah est suffisant comme témoin entre moi et vous.
Et c’est Lui le Pardonneur, le Très-Miséricordieux›. » (al-Ahqaf, 46 : 7-8).
Les idolâtres ne souhaitant pas prendre la voie du droit chemin ne se privèrent
pas de porter toutes sortes d’allégations et d’accusations à l’encontre du Messager
de Dieu r et du Coran. Mais, au fond d’eux, ils connaissaient la vérité. Craignant
la propagation de l’islam en dehors des frontières de La Mecque, les notables de
Quraysh se rassemblèrent autour de Walid ibn Mugharah afin de se concerter. Ils
se demandèrent :
« Que devrions-nous dire aux gens venant à La Mecque pour rencontrer
Muhammad ? »
Walid, qui s’était déjà entretenu avec le Saint Prophète r et avait écouté le
Coran personnellement de sa propre bouche, fit la suggestion suivante :
« Je connais tous les genres de poésie. Ce que j’ai pu écouter de lui n’était ni
de la poésie ni de la prose ; c’était bien supérieur à tout ceci. Je n’ai jamais entendu
venant de qui que ce soit d’autre une telle harmonie ornée d’une éloquence excep-
tionnelle. Cela ne ressemblait pas aux paroles d’un sorcier, ni à celles d’un fou. Je
n’ai vu d’ailleurs aucune trace de folie chez lui. Nous ne pouvons guère le traiter de
sorcier, car il ne pratique aucune de ses activités ! »
Après avoir prononcé ces paroles, Walid s’obligea à apporter une solution pour
appuyer les mauvaises intentions des idolâtres, disant :
« Mais ils séparent les frères entre eux. Il sème les graines du conflit entre les
parents. Par conséquent, sa parole ne peut être que magie et sorcellerie ! » (Ibn Jawzi,
VII, 403-404 ; Hakim, II, 550 ; Wahidi, p. 468).
óÝƆ ÖŽ ƆŶÒ
Ž ijƆ İ ƈ Ɔ Īƪ Ìƈ óéĬŽ ÒIJğƈƆ ÖóĤƈ ģƈ ž āĘƆ óàƆ ijġƆ ĤŽ ÒĞƆ ÓĭƆ ĻĉƆ ĐƆÈÓĬƈƪ Ì
Ƈ Ƈ ğƆ ÑƆ ĬÓü ŽƆ Ɔ žƆ Ɔ Ɔ Ž Ž Ž
« Nous t’avons certes, accordé l’Abondance. Accomplis la Salât pour ton Sei-
gneur et sacrifie. Celui qui te hait sera certes, sans postérité. » (al-Kawthar, 108, 1-3)
Ces versets montrent que quiconque se porte à haïr le Messager de Dieu r,
quel que soit le moment ou le lieu, a pour point commun l’absence de descendance.
Cela vaut aussi pour les vulgaires qui ont l’audace de traiter le Messager de Dieu r
d’arriéré, pour les idiots qui tentent de projeter leur indignité sur la meilleure créa-
ture qui soit et pour les imbéciles qui voient la religion de vérité comme une « loi du
désert ». De tels individus sont perdus à tout jamais.
Comme l’a si magnifiquement exprimé le poète :
Du soleil de ton visage,
Les deux mondes sont faits de lumière,
Qui ne porte pas d’affection à ton enfant,
Verra le Jour du Jugement sa descendance rompue comme Satan !
Tous comme ceux qui avaient renié les prophètes antérieurs, ceux qui ne pou-
vaient pas supporter le Messager de Dieu r étaient dominés par l’arrogance, l’orgueil
et l’argent.
Dieu le Tout-Puissant dit :
ƅ ýƪ Ĩ ƅôÓĩİīĻ
ƅ ĩƈ ĭƈƆ ÖÅÓ
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Ɔ ƪ Ɔ ƅ ƈıĨƆ ĖƪŻè
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Ɔ ğƆ Ĥƈ ðƆ ïƆ đŽ ÖƆ ģƅ ž ÝƇ Đ ƅ àƈ ƆÒïƅ ÝƆ đĨ ƈóĻíƆ ĥŽ Ĥƈ Ďƅ Óĭƪ Ĩ
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Ɔ Ɔ Ġ Ɔ ĪŽ ƆÒħĻ ŽƇ Ž Ɔ
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Ɔ ĤIJƪ ƆźÒŽ óĻƇ ĈÓøƆ ƆÒĢÓƆ ĜƆ ÓĭƆ ÜÓƇ ĺƆ ƆÒįĻŽ ĥƆ Đĵ Ƈ ðƆ Òƈ īĻ
Ɔ ĥƆ ÝŽ ÜÒ
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Ɔ ĭÖƆ IJƆ
La Quatrième Année de la Prophétie 215
Ainsi le plus féroce ennemi du Messager de Dieu r et de l’islam Abû Lahab dit :
« Nous savons que Muhammad dit vrai ! Jusqu’à présent nous avons toujours
fait ce que sa tribu a fait et avons toujours été à sa hauteur. Et maintenant tous se
réjouissent d’avoir un prophète parmi eux. Comment pouvons-nous faire sortir de
notre sein un prophète comme lui ? C’est impossible ! Cest pour cela que je n’accep-
terais jamais l’Apostolat prophétique de Muhammad ! » (Ibn Kathir al-Bidayah III, 113).
Aigri par sa haine, sa jalousie et son animosité, Abû Jahl disait à chaque fois :
« Si jamais je l’aperçois en train de prier, je lui poserai mon pied sur la tête ! »
Plus tard, il se trouva dans la Ka’ba alors que le Messager de Dieu r était en
train d’y prier.
C’était donc pour lui le moment propice pour qu’il mette en œuvre ce qu’il avait
prémédité.
Mais soudain il devint pâle et fut submergé par la peur, si bien qu’il ne pouvait
même plus tenir la pierre qu’il avait saisie. Il tourna le dos et s’enfuit rapidement.
Ceux qui l’observaient lui demandèrent ce qui s’était passé.
Apeuré, Abû Jahl commença à raconter :
« Quand je me suis approché de lui, un chameau en furie sortit devant moi. Je
jure que je n’ai jamais vu de bête aussi terrifiante ! Encore un peu, il allait me dévo-
rer ! » (Ibn Hishâm, I, 318; Ibn Kathir, al-Bidayah, III, 92-93)
Assurément, Dieu le Tout-Puissant protégeait et glorifiait Son serviteur et
Messager, Muhammad Mustafâ r, ainsi que la religion qu’il avait envoyée avec lui.
Ainsi donc, les idolâtres n’avaient toujours pas pu digérer la présence du
Messager de Dieu r et s’obstinaient à réfuter les vérités du Coran.
Ils fuyaient tout simplement la réalité divine.
Dieu le Très-Haut dit :
Øƅ òƆ ijƆ ùŽ ĜƆ īŽ Ĩ
ƈ ÚŽ óĘƆ ØƄ óęƈ ĭŽ ÝùĨóĩèħıĬƪ ÓƆ Ġ īĻĄƈ ƈóđŽ Ĩ ƈ ƈ
Ƈ ØóƆ ĠñŽ ÝĤÒ
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Ɔ ħŽ ıƇ ĤƆ ÓƆ ĩĘƆ
ƪ Ɔ Ɔ ŽƇ ƄƇ Ƈ ŽƇ Ɔ Ɔ
« Qu’ont-ils à se détourner du Rappel ? Ils sont comme des onagres épou-
vantés, s’enfuyant devant un lion. » (al-Muddattir, 74 : 49-51).
216 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Un poète exprime si bien le refus de l’islam par les idolâtres alors qu’ils connais-
saient la vérité et que la guidance vers le droit chemin est de l’ordre de Dieu :
Que faire de l’intelligence si elle est absente de la guidance, ô Seigneur !
Que peut faire le verset même si Abû Jahl connaît l’arabe, ô Seigneur !
Par moment, dans le cadre de l’épreuve divine, l’obstination et la dénégation des
idolâtres se transformaient en tortures et oppressions insupportables à l’encontre du
Messager de Dieu r et de l’ensemble des croyants.
Et je lui répondis :
- Je ne renierai jamais Muhammad, ni jusqu’au jour où tu mourras ni jusqu’au
jour où tu seras ressuscité.
Il me dit alors :
- Je vais mourir et être ressuscité, c’est çà ?
Je lui répondis : - Oui !
As ibn Wail dit alors :
- Dans ce cas, lorsque je serai ressuscité, je posséderai des biens, et à ce
moment-là je te rembourserai ma dette. »
Cette réplique, provoqua la révélation des versets subséquents :
Oumm Ammar, la maîtresse de Khabbab, lui infligeait aussi des tortures. Elle
laissait le fer rougir sur le feu et le posait sur la tête de Khabbab t.
Un jour, ce dernier, n’en pouvant plus, se rendit auprès du Saint Prophète r
pour se plaindre d’elle.
Le Messager de Dieu r leva ses mains au ciel et fit ce doua :
« Ô Dieu ! Prête secours à Khabbab ! »
Sur ce, Dieu le Tout-Puissant fit tomber une sanction exemplaire sur Oumm
Ammar :
Elle fut prise d’une démence subite qui la poussa à aboyer comme les chiens
et son traitement consista à ce que Khabbab t, son serviteur, lui cautérisât la tête
matin et soir avec du fer. (Voir Ibn Asîr, Usdu’l-Ghaba, II, 115).
218 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Bilal t70 avait, quant à lui, été soumis à des formes de tortures les plus impi-
toyables. Son maître, Umayya ibn Khalef lui infligeait des souffrances inimaginables.
Il l’allongeait sur le sable brûlant et lui attachait d’énormes rochers sur la poi-
trine ; et parfois il le traînait dans les rues de La Mecque.
Après avoir laissé Bilal t sans eau durant une journée, il lui faisait porter une
armure en fer et le maintenait sur le sable brûlant jusqu’à ce que les graisses de son
corps commencent à fondre.
Malgré tous ces sévices, les idolâtres ne purent obtenir ce qu’ils voulaient de lui.
En effet, il répétait sans cesse :
« Dieu est Un, Dieu est Un, Dieu est Un ! » (Voir Ahmed, I, 404; Ibn Saad, III, 233;
Balâzurî, I, 186).
Les supplices infligés aux musulmans n’étaient pas seulement que de la torture.
Yassir71, le père d’Ammar t mourut martyr sous les tortures des idolâtres car il
refusait de répondre à ce qu’ils lui demandaient.
Pareillement, Sumaya c, la mère d’Ammar, fut cruellement torturée. Elle rendit
l’âme en ayant eu les deux jambes écartelées.
De ce fait, les membres de la famille de Yassir devinrent les premiers martyrs
de l’islam. (Voir Ibn Hajar, al-Isâba, III, 648; Zamakhsharî, III, 164).
70. Bilal ibn Rabah t, plus connu sous le nom de Bilal al-Habashi en référence à ses origines (Habashi :
Abyssinie), fut parmi les sept premiers à déclarer sa foi à La Mecque. Sa mère Hamama c était aussi
musulmane. Tous deux souffrirent d’énormes tourments que leur infligeaient les idolâtres durant les
premières années de la révélation islamique. Il fut le premier muezzin à faire l’appel à la prière la
première année de l’Hégire, en temps de guerre comme en temps de paix. Il participa à toutes les
batailles à côté du Messager de Dieu r. Le jour de la conquête de La Mecque, il monta sur le toit de
la Ka’ba pour l’appel de la victoire. Il préparait l’eau pour les ablutions de l’Envoyé de Dieu r, l’aidait
dans ses tâches, veillait sur lui la nuit en temps de guerre et l’assistait dans ses affaires administratives.
Après le décès du Messager de Dieu r, il ne put plus appeler à la prière à cause de son immense
chagrin. Quand Omar t devint calife, il prit part à certaines batailles en Syrie. Là-bas, les gens
insistèrent auprès d’Omar t pour que Bilal recommence à appeler à la prière. Ainsi donc, suite à la
demande d’Omar t il ne fit qu’une seule fois l’appel à la prière. (Dhahabi, Siyar, I, 357). À cet instant,
les personnes se rappelant l’époque du Messager de Dieu r fondirent en larmes. Bilal al-Habashi t
rapporta 44 hadiths de l’Envoyé de Dieu r.
Cet amoureux de l’Envoyé de Dieu r s’éteignit à Damas, âgé d’une soixantaine d’années. Au moment
de rendre l’âme, il dit joyeusement : « Mes chers amis, j’espère rejoindre demain mes chers amis :
l’Envoyé de Dieu r et ses Compagnons ! ». Alors que sa femme pleurait sa mort imminente, Bilal t
exprimait sa joie de pouvoir enfin retrouver le Saint Prophète r, disant : « Ah que c’est beau, combien
cela est merveilleux ! » (Dhahabi, Siyar, I, 359).
71. Originaire du Yémen, Yassir ibn Amir t s’était installé à La Mecque et avait épousé la servante d’Abû
Houdayfa. Ensemble, ils eurent deux fils : Ammar et Abdullah. (Ibn Saad, IV, 136, VIII, 264) La famille
de Yassir accepta collectivement l’islam et fut pour cela soumis à toutes sortes de tortures.
La Quatrième Année de la Prophétie 219
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Ƅ Ɔ Ƅ Ɔ Ɔ Ž Ƈ Ɔ Ɔ Ʃ Ɔ Ƅ Ɔ Ɔ Ž ŽƆ Ɔ Ɔ ƃ Ž Ɔ ŽƇ Ž Ɔ Ɔ Ɔ Ž Ɔ
72. Les vertus d’Ammar t ont été mises en évidence par le Messager de Dieu r dans les hadiths : « Le
paradis désire rencontrer trois personnes : Ali, Ammar et Salman. » - « Ammar fait toujours le meilleur
choix dans ce qui lui est soumis. » (At Tirmidhi, Manâqib, 32, 34; Ibn Mâja, Muqaddima, 11).
220 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« Quiconque a renié Allah après avoir cru... - sauf celui qui y a été contraint
alors que son cœur demeure plein de la sérénité de la foi - mais ceux qui ouvrent
délibérément leur cœur à la mécréance, ceux-là ont sur eux une colère d’Allah et
ils ont un châtiment terrible. » (an-Nahl, 16: 106); (Ibn Saad, III, 249; Ibn Athir, al-Kamil, II,
67; Haythami, IX, 295; Wahidi, p. 288-289).
Cet incident donne une preuve légale que formuler une expression contraire
à la foi islamique n’est permise qu’en cas de danger de mort, autrement cela est
interdit.
Les ennemis de l’islam avaient l’habitude de frapper Suhayb t73 jusqu’à ce qu’il
perde connaissance.
Zinnîra c était une esclave qui subit toutes sortes de tourments de la part des
idolâtres. Elle avait même perdu la vue en raison des tortures infligées par Abû Jahl.
Les idolâtres lui dirent en se moquant d’elle :
« Lat et Uzza t’ont rendu aveugle ! »
Zinnîra lui répondit :
« Non ! Par Dieu, ce n’est pas eux qui m’ont aveuglé. Lat et Uzza ne peuvent
me causer ni tort ni dommage. Certes, mon Seigneur a la capacité de me rendre la
vue ! »
Au matin, tous s’aperçurent qu’effectivement Dieu lui avait rendu la vue. (Ibn
Hishâm, I, 340-341; Ibn Athir, al-Kamil, II, 69; Usdu’l-Ghabah, VII, 123).
naient dans le désert, posaient sur eux des rochers et leur infligeaient toutes sortes
de tortures jusqu’à ce qu’ils perdent connaissance et agonisent. Ils les étranglaient et
ne les lâchaient que lorsqu’ils pensaient qu’ils étaient morts. (Voir Ibn Maja, Muqaddima,
11; Ahmed, I, 404).
Si j’avais eu quelqu’un pour me protéger, j’aurais retiré les entrailles de dessus ses
épaules et les aurais jetées au loin. Le Messager de Dieu r ne leva pas la tête.
Quelqu’un prévint alors Fatima c qui n’était alors qu’une enfant. Elle prit les
entrailles et les ôta des épaules de son père. Puis elle se tourna vers eux et fit des
imprécations à leur encontre. Ce qui eut comme conséquence que les idolâtres
furent incapables de répondre à Fatima c.
Quand l’Être de lumière r termina sa prière, il éleva la voix, disant :
« Ô Dieu ! Je m’en remets à Toi au sujet de ces Qurayshites ! »
Et il répéta cette invocation à trois reprises. Quand les idolâtres entendirent
cette invocation du Saint Prophète r, leurs moqueries se transformèrent en inquié-
tude, puis en peur. Par expérience, ils savaient que ses invocations étaient toujours
exaucées. Puis le Messager de Dieu r mentionna un à un les ennemis de l’islam :
« Ô Dieu ! Je m’en remets à toi à propos d’Abû Jahl, Utba, Shayba, Walid,
Umayya ibn Khalef et Uqba ibn Abi Muayt ! »
Par celui qui a envoyé Son Messager avec la Vérité, chacun des hommes cités
par l’Envoyé de Dieu r fut tué ultérieurement et étendu sur-le-champ de bataille de
Badr. Tous furent ensuite traînés et jetés dans la fosse de Badr. (Al Boukhari, Salât 109,
Jihad 98, Jizya 21; Muslim, Jihad 107).
que nous n’allons accepterons jamais ta pensée et ferons tout pour l’anéantir et nuire
ainsi à ta respectabilité. »
Si la personne en question était commerçante, il la menaçait ainsi :
« Nous allons ruiner ton commerce et te contraindre à la faillite. »
Si le néophyte musulman était pauvre et faible, il le battait et essayait de le trom-
per avec de faux espoirs dans le but de le détourner de l’islam.
Un jour, on questionna Ibn Abbâs t à propos des tortures :
« Est-ce que le Messager de Dieu r et Ses Compagnons y ont été soumis à de
tels traitements au point de renier leur religion ? »
« Oui ! répondit-il, par Dieu, les idolâtres se saisissaient de l’un d’eux, le bat-
taient, le laissaient sans vivres ni eau au point qu’il ne pouvait même plus s’asseoir.
De la sorte ils pouvaient lui faire dire ce qu’ils voulaient, comme par exemple :
« A part Allah, Lat et Uzza sont-ils des dieux ? »
Et lui répondait : «Oui ! »
Ensuite, en lui montrant un insecte qui rampait à proximité, ils lui demandaient
aussi si celui-ci était un dieu. Et juste pour échapper aux tortures insupportables qui
s’annonçaient, il s’obligeait à confirmer ces propos. Quand il reprenait conscience, il
regagnait sa foi. (Ibn Hishâm, I, 339-343; Ibn Saad, III, 233; Ibn Kathir, al-Bidaya, III, 108).
En considérant tous ces supplices cités ici, nous devons bien comprendre la
valeur et la richesse de notre religion ainsi que tous les efforts déployés par nos
pieux prédécesseurs qui n’ont jamais abandonné les fondements de l’islam. Ainsi, la
religion véridique nous est parvenue dans toute son authenticité et sa clarté la plus
lumineuse.
ïŽ ĝƆ ĤƆ IJ ƈ
Ɔ Īij
Ɔ ƇĭÝƆ ęŽ ƇĺƆźħŽ İƇ IJÓ
Ɔ ĭƪ ĨƆ ÒƆ ÒijƇĤijĝƇ ĺƆ ĪŽ ÒƆ ÒijĠƇ óƆ ÝŽ ƇĺĪŽ ÒƆ öÓ
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Ɔ ÖðÓġƆ ĤŽ Òīƪ ĩƆ ĥƆ đŽ ĻƆ ĤƆ IJÒij
Ɔ ĜƇ ïƆ Ā Ɔ īĺ Ɔ ñĤƪ ÒƇųÒ ƪ Ɔ Ž Ɔ Ž Ž Ž īĺ Ɔ ƪƆ
224 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« Alif, Lam, Mim. Est-ce que les gens pensent qu’on les laissera dire : ‹Nous
croyons !› sans les éprouver ? Certes, Nous avons éprouvé ceux qui ont vécu
avant eux ; [Ainsi] Allah connaît ceux qui disent la vérité et ceux qui mentent. »
(al-Ankabut, 29 : 1-3).
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« Comptez-vous entrer au Paradis sans qu’Allah ne distingue parmi vous
ceux qui luttent et qui sont endurants ? » (al-Imran, 3 : 142).
ÒijŽ ĥƆ ì
Ɔ īĺ ƈ ƈ Ž ĩĤƆ IJÙƆ ĭåĤŽ ÒÒijĥƇ ìƇ ïŽ ÜƆ ĪŽ ƆÒħÝ×ùƈ èĦƆÒ
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Ɔ ƇĤ ƈõĤŽ ôƇ IJ ƪ IJ
Ɔ ÅÓƇ øƆ É×Ɔ ĤŽ ÒħƇ ıƇ ÝŽ ùƪ Ĩ
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Ƅ ƈóĜƆ ųÒ Ɔ Ž Ƈ Ž ƆƆ ƇƆ Ɔ ƇƆ Ɔ Ɔ
« Pensez-vous entrer au Paradis alors que vous n’avez pas encore subi des
épreuves semblables à celles que subirent ceux qui vécurent avant vous ? Misère
et maladie les avaient touchés ; et ils furent secoués jusqu’à ce que le Messager,
et avec lui, ceux qui avaient cru, se fussent écriés : ‹Quand viendra le secours
d’Allah?› - Quoi ! Le secours d’Allah est sûrement proche. » (al-Baqara, 2 : 214).
La voie de la vérité est semée d’embuches selon la volonté du Tout-Puissant.
Tous les prophètes L et leurs sujets vertueux subirent la souffrance, certains
d’entre eux y sont même morts martyrs. C’est pour cela qu’au lieu de tomber dans le
désespoir faces aux embuches le croyant doit savoir que sa récompense et l’agrément
qu’il aura le Jour du Jugement seront relatives aux difficultés et peines qu’il aura
éprouvées pour accomplir les commandements de Dieu.
ƃÒóĻ ƀ×Ġ
Ɔ ğƆ ĻŽ ĥƆ Đ
Ɔ ĪÓ Ɔ įƇ ĥƆ ąŽ ĘƆ Īƪ Òƈ ğƈƆ Öž ò
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Ɔ īŽ ĨÙƃ ĩƆ èŽ ò
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Ɔ źƪ Ò
« Si ce n’est par une miséricorde de ton Seigneur, car en vérité Sa grâce sur
toi est grande. » (al-Isra, 17 : 87).
La Quatrième Année de la Prophétie 225
ÔIJ
ƈ óĕƇ ĤŽ ÒģƆ ׎ ĜƆ IJ ƈ ƪ Ďƈ ijĥƇ ƇĈģƆ ×ĜƆ ğƈƆ Öòïƈ ĩéƈÖçƈ×øIJĪij
Ƈ Ɔ ÷ĩŽ ýĤÒ ĤijĝĺÓĨĵĥĐóƈ×ĀÓĘ
Ž žƆ Ž Ɔ Ž ž Ɔ Ɔ Ɔ Ƈ ƇƆ Ɔ ƆƆ Ž Ž Ɔ
« Endure donc ce qu’ils disent : et célèbre la louange de ton Seigneur avant
le lever du soleil et avant [son] coucher ! » (Qaf, 50 : 39).
Ainsi donc, ces versets sacrés renforcèrent la détermination du Messager de
Dieu r et de ses Compagnons ; leurs cœurs brisés purent se réjouir de nouveau.
Khabbab t explique :
« Un jour, alors que le Messager de Dieu r se trouvait à l’ombre de la Ka’ba,
nous nous rendîmes auprès de lui pour nous plaindre des tourments causés par les
idolâtres. Ce à quoi il répondit :
« Parmi vos prédécesseurs, commença t-il à expliquer, il y eut des croyants qui
furent capturés et placés dans des fosses et qui ensuite furent sciés en deux de la
tête aux pieds, d’autres eurent la chair écorchée par des râteaux en acier ; malgré
tout cela, ils ne renièrent pas leur foi. Par Dieu, le Tout-Puissant va parfaire cette
religion et lui accorder la suprématie. Tant et si bien qu’une personne voyageant
de Sana jusqu’à Hadramout sera en sécurité en dehors du fait de craindre les loups
pour ses moutons. Mais malheureusement, vous êtes impatients ! » (Al Boukhari, Mana-
qib’ul-Ansar, 29).
ħĭƪ ıƆ ä ħıĺIJÉŽ ĨħàģĻĥƈ ĜĎÓÝĨîƈ Ż×ƈ ĤÒĵĘÒIJ ƈ óęƆ Ġ īĺñƈ ĤÒÕĥƫ ĝÜğĬóĕĺź
Ƈ Ɔ ŽƇ Ɔ Ɔ ƪƇ Ƅ Ɔ Ƅ ƆƆ Ɔ Ž Ƈ Ɔ Ɔ ƪ Ƈ ƆƆ Ɔ ƪƪƇ Ɔ Ɔ
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Ɔ Ƅ ŽƆ Ʃ Ɔ Ž Ɔ Ɔ Ʃ Ž Ž ƃ ƇƇ Ɔ Ɔ Ƈ ıƆ ĬŽ ƆźÒŽ
« Que ne t’abuse point la versatilité [pour la prospérité] dans le pays, de
ceux qui sont infidèles. Piètre jouissance ! Puis leur refuge sera l’Enfer. Et quelle
détestable couche ! Mais quant à ceux qui craignent leur Seigneur, ils auront des
Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement, un
lieu d’accueil de la part d’Allah. Et ce qu’il y a auprès d’Allah est meilleur, pour
les pieux. » (al-Imran, 3 : 196-198).
Ces versets consolidèrent le cœur des croyants qui étaient persécutés de plus en
plus par les idolâtres.
En ce sens, les peines et les souffrances étaient des épreuves qui rapprochaient
les serviteurs de Dieu, aussi mesuraient-elles leur foi et leur soumission à Dieu.
La plus convenable attitude que doivent adopter les musulmans dans de tels
moments est mentionnée comme suit dans le Coran :
Bien que la prière nocturne (tahajjud) eût été exclusive au Saint Prophète r,
elle demeure néanmoins méritoire dans la mesure où sa communauté la pratique
selon sa disposition. Il en va de même pour le reste des autres formes surérogatoires
d’adoration qui ont été conseillées à l’intention des pieux, dans la mesure où elles
augmentent la force spirituelle.
Dieu le Très-Haut, qui a béni les croyants en leur octroyant la voie du bonheur,
déclare en outre :
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Ɔ ĪÓ
Ɔ Ġ ƈ ×ĤŽ ÒĪƪ Ìƈ ģƇ ĈÓ
Ɔ ģƆ ĈÓ ƈ ×ĤŽ ÒěƆ İƆ ôƆ IJěƫ éĤŽ ÒÅÓäģŽ ĜƇ IJ
Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ
« Et dis : ‹La Vérité (l’Islam) est venue et l’Erreur a disparu. Car l’Erreur est
destinée à disparaître›. » (al-Isra, 17 : 81).
Toutefois, ceux qui ont mission d’assurer la justice sont tenus de faire le néces-
saire. L’homme étant éprouvé dans ce bas monde, il est sans cesse confronté à de
multiples épreuves et ne pourra jamais atteindre la fin désirée sans lutter.
Dieu le Très-Haut indique dans le verset suivant que cette réalité reste égale-
ment valable pour les prophètes :
ƈ Ƈ ïŽ ĜƆ ħıĬƪ ƆÒÒijĭƫ Č ƈ
ÅÓ Ɔ ĵƆ åž ƈ ƇĭĘƆ ÓĬƆ óƇ āŽ ĬƆ ħŽ İ
Ƈ ýƆ ĬƆ īŽ Ĩ Ƈ ÅÓƆ äÒij
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īĻ Ɔ ĭƆ øƇ ÉŽ ÖƆ îƫ óƆ ƇĺƆźIJƆ
Ɔ Ĩ ƈóåŽ ĩƇ ĤŽ ÒĦijŽ ĝƆ ĤŽ Òīƈ ĐÓ
« Quand les messagers faillirent perdre espoir (et que leurs adeptes) eurent
pensé qu’ils étaient dupés voilà que vint à eux Notre secours. Et furent sauvés
ceux que Nous voulûmes. Mais Notre rigueur ne saurait être détournée des gens
criminels. » (Yusûf, 12 : 110).
Tandis que le cœur des croyants se soulageait et que les efforts déployés aug-
mentaient, la haine et l’animosité s’amplifiaient. Loin de s’arrêter d’infliger des
peines au Noble Messager de Dieu r, ils inventaient chaque jour de nouvelles
méthodes de tortures. De jour en jour, les difficultés et les peines infligées aux
croyants devenaient incessantes et insupportables.
On en vint à un tel niveau d’hostilité que les idolâtres songèrent même à anéan-
tir la source de la Révélation. Le Saint Prophète r, quant à lui, se réfugiait en Dieu
le Tout-Puissant.
228 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Ne désirant pas que Son Messager soit affligé par la douleur et la souffrance, le
Seigneur le mit en garde :
L’émigration en Abyssinie
En raison de la persécution impitoyable des idolâtres, le Messager de Dieu r
conseilla aux croyants d’émigrer. En effet, ils ne pouvaient ni librement exercer leurs
fonctions religieuses, ni s’acquitter de leur obligation de transmettre le messager
divin.
Lorsque les Compagnons y demandèrent où ils pouvaient éventuellement émi-
grer, le Saint Prophète r leur répondit :
« En Abyssinie ! Car là-bas se trouve un roi qui n’opprime pas son peuple. De
plus, c’est une terre d’hommes intègres. Demeurez-y jusqu’à ce que Dieu le Tout-
Puissant vous ouvre une voie qui mettra fin à vos souffrances ! » (Ibn Hishâm, I, 343; Ibn
Saad, I, 203-204).
Mais, les idolâtres ne s’étaient pas en fait prosternés devant le Dieu unique,
mais devant leurs idoles Lat, Uzza et Manat qui furent mentionnés péjorativement
dans le chapitre en question.
À la suite de cet évènement, l’affaire dite des Gharânîq (Déesses) fut créée et
montée de toutes pièces. La rumeur disant que les Mecquois avaient adhéré à l’islam
étaient due à cette double prosternation qui avait eu lieu en même temps, mais dont
une seule appartenait aux musulmans. La réalité de l’affaire se limitant seulement
à ce fait susmentionné, l’allégation dite « l’affaire des Garânîq » fut échafaudée par
la suite. On assura en effet que Satan aurait insufflé un passage exprimant l’inter-
cession des idoles alors que le Saint Prophète r récitait le Coran ; réjouis par ces
paroles, les idolâtres se seraient prosternés, mais seulement plus tard, l’erreur aurait
été réalisée.
Cette thèse ne fut affirmée que par quelques associateurs dont l’hostilité envers
l’islam était connue. De grands savants spécialistes du tafsir, des hadiths et de
l’histoire islamique examinèrent les deux chaînes narratives et le contenu de cette
rumeur sur le plan de la chaîne de transmission de hadiths et du dogme et affir-
mèrent unanimement que le récit cité ne possède aucune preuve d’authenticité.
Certes la mission du Messager de Dieu r consistant à transmettre la Révélation
divine à l’humanité a été assurée de toute erreur ou absence. En aucun cas Satan n’a
pu interférer dans la mission prophétique du Saint Prophète r. Considérant que
le Tout-Puissant affirme que Satan ne peut exercer un contrôle sur les croyants, il
est inconcevable de supposer qu’il pût interférer dans la mission d’appel du Saint
Prophète r. (Voir al-Hijr, 42).
En plus d’avoir été protégé contre toutes sortes d’erreurs et de péchés dans sa
mission prophétique, le Coran transmis par le Messager de Dieu r demeura (et
demeure) toujours sous protection divine.
Le fait que cet évènement n’ait pas été relatée par une chaîne ininterrompue et
qu’une personne ait authentifiée cette histoire suffit pour affirmer que cette affaire
fut inventée. (Qâdî Iyâd, II, 132).
Aucune personne raisonnable ne peut revendiquer l’exactitude de Gharânîq.
En effet cette allégation relève il de l’associationnisme, alors que l’islam, dès le début,
a affirmé avec force et conviction l’unicité divine. Encore une fois, dès le début de la
prédication islamique, la croyance en l’unicité divine fut prééminente. En référence
à la sourate an-Najm, Dieu le Très-Haut condamne l’idolâtrie et souligne que les
idoles ne sont que de simples étiquettes et que les idolâtres ne font que suivre les
désirs de leur ego. Il est tout à fait inimaginable que les idolâtres aient pu se proster-
ner à la lecture d’une telle sourate, même si ledit énoncé ait pu s’avérer véridique. De
même, considérant tous les versets qui répugnaient les idolâtres, il est impensable
qu’ils aient pu se prosterner juste pour une paire de phrases prétendument mélan-
gées par Satan. Le début de la sourate fut la meilleure réponse à ces allégations :
Lorsque vint mon mari, je lui fis part de l’attitude aimable qu’avait eue Omar
ibn al-Khattab t. Il me répondit :
- Je crois que tu as de l’espoir que Khattab reçoive la guidée. Par Dieu ! Il y a
plus d’espoir que son âne devienne musulman qu’il ne le devienne !
Telle était la dureté du cœur d’Omar t jusque-là et personne ne pouvait pré-
voir qu’un jour il croirait. » (Haythami, VI, 23-24).
Umm Salama c, la future épouse du Saint Prophète r raconte :
« Dès que nous mîmes pied en Abyssinie, le Négus nous traita avec honneur et
respect. Ainsi nous pûmes accomplir nos devoirs envers le Tout-Puissant en paix et
en sécurité. » (Ahmad, I, 201-202).
Notre mère, Umm Habiba c, relate l’affection intense qui unissait les nouveaux
croyants au Messager de Dieu r alors qu’ils ne l’avaient pas encore rencontré :
« Le Négus avait une esclave nommée Abrahah. Étant fiancée au Messager de
Dieu r je me préparais à rentrer de l’Abyssinie à Médine. Abrahah s’approcha de
moi et me dit :
- Je voudrais te demander une chose : transmets mes salutations au Messager de
Dieu r et dis-lui que j’ai adhéré à sa religion.
Abrahah c fut tout au long du temps très gentille envers moi. Elle prépara
même tout pour le voyage et me disait à chaque fois qu’elle me voyait :
- N’oublie surtout pas ma demande ! Transmets mes salutations au Messager
de Dieu r !
Parvenue à Médine, je fis part à l’Envoyé de Dieu r de la foi d’Abrahah durant
mes noces et lui transmis ses sincères salutations.
Le Messager de Dieu r sourit et répondit à son salut :
- Wa alayhassalam wa rahmatullahi wa barakatu. » (Ibn Saad, VIII, 98).
235
Lorsque ceux-ci arrivèrent, le Négus mit face à face les deux parties. On assistait
à un moment historique.
Le porte-parole des musulmans étant Jafar t, le roi se tourna vers lui et lui dit :
- Les Qurayshites ont envoyé des émissaires et veulent que vous retourniez à
La Mecque.
Jafar répondit :
- Demandez-leur, ô Majesté. Sommes-nous des esclaves pour qu’ils veuillent
nous ramener ?
Le Négus regarda Amr ibn As qui répondit :
- En effet, ils sont tous libres !
La discussion se poursuivit ainsi :
- Demandez-leur ! Avons-nous des dettes à rembourser pour qu’ils nous
veuillent ? »
- Non, aucun d’entre eux n’a de dette envers qui que ce soit !
- Demandez-leur ! Somme-nous des criminels en vue d’être jugés ?
- Non, ce n’est pas le cas !
- Alors pourquoi désirent-ils notre extradition ?
Amr répondit :
- … Car ils ont abandonné la religion de leurs ancêtres ! Ils insultent nos
idoles ! Ils ont corrompu la foi de notre jeunesse ! Ils ont semé la discorde dans notre
population ! Toute la communauté de La Mecque est divisée en deux à présent !
Le Négus l’interrompit pour questionner Jafar t à ce sujet :
- Étant donné que vous n’acceptez ni la religion de vos ancêtres ni la mienne,
dites-moi quels sont les principes de votre religion !
Jafar at-Tayyar t prit la parole et dit :
- Ô Roi, nous étions un peuple vivant dans l’ignorance et l’immoralité, adorant
des idoles et mangeant la chair des cadavres d’animaux, commettant toutes sortes
d’atrocités et de pratiques honteuses, brisant les liens de parenté, manquant aux
règles de l’hospitalité, le plus fort d’entre nous exploitait le plus faible. Nous demeu-
râmes ainsi jusqu’a ce que Dieu le Très-Haut nous envoie un Prophète r de notre
peuple dont la lignée, la sincérité, le respect du dépôt et l’intégrité étaient connues
de nous tous.
La Sixième Année de la Prophétie 237
Il nous appela à adorer Dieu, l’Unique et à abjurer les pierres et les idoles que
nos ancêtres et nous-mêmes adorions, en dehors de Dieu.
Il nous a enjoignit de dire la vérité, d’honorer notre parole, d’être aimables
envers nos proches, d’aider nos voisins, de cesser tout acte illicite, de s’abstenir de
verser le sang, d’éviter l’indécence et le faux témoignage, de ne pas s’approprier les
biens des orphelins ni de calomnier les femmes honnêtes.
Il nous ordonna d’adorer Dieu seul, sans rien lui associer, d’accomplir la Salât
(prière), de s’acquitter de la Zakât (aumône légale) et de jeûner le mois de Ramadan.
Nous avons cru en lui et au message de Dieu qu’il nous a apporté, nous observons
tout ce qu’il nous demande de faire, et rejetons ce qu’il nous a interdit de commettre.
Suite à cela, ô Roi, notre peuple nous a attaqué et infligé le plus sévère des châtiments
pour nous faire renoncer à notre religion et nous ramener aux anciennes pratiques
immorales et à l’adoration des idoles. Ils nous ont opprimés, rendu notre vie impos-
sible, et nous ont empêchés d’appliquer notre religion. C’est alors que nous sommes
venus dans ton pays, et que nous t’avons choisi parmi tant d’autres, avec le désir de
gagner ta protection et dans l’espoir de vivre dans la justice et la paix, parmi vous.
Le Négus écouta attentivement les paroles de Jafar t et lui demanda :
- As-tu en mémoire quelques révélations que Dieu aurait envoyées à votre
Prophète ?
- Oui, répondit Jafar t, et il commença à réciter les premiers versets de la
sourate Maryam (Marie). Parvenu dans sa récitation au passage concernant Yahya
(Jean-Baptiste) et ‘Issa (Jésus), le Négus et les hommes de sa cour commencèrent à
pleurer d’émotion.
Se tournant du côté des émissaires, le Négus leur dit :
- Je jure au nom de Dieu que ces paroles sont issues de la même source que ce
qui a été révélé à Moïse u et à Jésus-Christ u.
Puis il rajouta :
- Pour rien au monde je ne vous livrerai ces réfugiés ! Rejetant ainsi leur
demande.
Lorsque les émissaires s’éloignèrent, Amr dit alors :
- Je vais dire au Négus qu’ils croient que Jésus, le fils de Maryam, n’est seule-
ment qu’un homme. Je serai certain alors qu’ils seront bannis !
Le lendemain, Amr se rendit de nouveau à la cour du Négus et lui déclara :
- Ô Majesté ! Ceux-là ont des pensées très singulières sur Jésus ! Appelle-les si
tu le souhaites et entends de tes propres oreilles !
238 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Le Négus les fit appeler et leur demanda ce qu’ils pensaient de Jésus fils de
Marie.
Jafar t répondit au roi :
- Nous le connaissons tel que nous l’a appris notre Prophète r.
Le Messager de Dieu r a dit à son sujet :
« Jésus est le serviteur de Dieu, Son Messager, Son esprit, Sa parole, né de Marie
qui a voué toute son existence à Dieu. »
C’est alors que le Négus ramassa une brindille à terre et dit :
- Par Dieu ! Ce que tu viens de dire ne dépasse pas la vérité sur Jésus d’une
longueur plus grande que cette brindille !
Voyant ses commandants grommeler, il leur dit :
- Ne vous en déplaise !
Il dit ensuite aux musulmans :
- Allez ! Vous êtes en sécurité dans mon pays, quiconque vous insulte paiera
une amende. Je n’aimerais pas avoir une montagne d’or si je devais l’obtenir en
portant préjudice à l’un d’entre vous.
Puis se tournant vers ses hommes :
- Restituez à ces deux hommes les présents qu’ils ont amenés ! Je n’en ai nul
besoin ! Si j’étais en ce moment à côté du Messager de Dieu r, je lui laverais les pieds
et le servirais ! (Ibn Hishâm, I, 356-361; Ahmad, I, 202-203, V, 290-291; Haythami, VI, 25-27).
Selon une autre version, le Négus aurait déclaré :
« Je témoigne que Muhammad est le Messager de Dieu r. Il est l’homme indi-
qué par Jésus-Christ u. Si je n’avais pas été sur le trône de ce royaume et respon-
sable de mon peuple, je lui aurais porté ses sandales. » (Abû Dawûd, Janaiz, 55-57/3205).
En disant à son oncle qu’il ne pouvait être à l’aise tant qu’il n’accepterait pas
l’islam, le Messager de Dieu r exprima l’importance de la foi et non de la vengeance
vis-à-vis de la vie éternelle.
Cet évènement nous apprend que le croyant doit toujours privilégier le bénéfice
de l’islam et non ses intérêts personnels. En effet, il doit chercher le bonheur dans la
réussite de la religion et non dans les réalisations individuelles. C’est seulement ainsi
que les efforts employés seront gratifiés.
Abû Bakr t envoya sa mère à Umm Jamil c76, une femme croyante pour avoir
des informations sur le Saint Prophète r. Quand Umm Jamil c arriva et vit l’état
d’Abû Bakr t, elle ne peut s’empêcher de s’écrier :
« Par Dieu ! Ceux qui ont agi de la sorte ne peuvent être que des idolâtres et des
égarés ! Puisse Dieu les punir de leur geste ! »
Aux interrogations d’Abû Bakr t, elle répondit que le Messager de Dieu r était
en sécurité dans la maison d’al-Arqam.
Abû Bakr t s’exclama alors :
« Par Dieu ! Je ne mangerais ni ne boirais quoi que ce soit tant que je ne l’aurais
pas vu de mes propres yeux ! »
Une fois la situation devenue calme et que tout le monde était rentré chez soi, la
mère d’Abû Bakr et Umm Jamil c le prirent par le bras et l’emmenèrent auprès de
l’Être de lumière r. Quand il vit le Saint Prophète r, il se jeta à ses pieds. L’état de
son cher ami affecta le cœur tendre du Messager de Dieu r. Abû Bakr t dit :
« Que mon père et ma mère te soient sacrifiés, ô Messager de Dieu ! Je vais bien.
Cet homme sordide m’a un peu secoué, c’est tout ! » Et il demanda au Messager de
Dieu r de prier pour sa mère afin qu’elle rejoigne la Religion de Vérité.
Avec la bénédiction du Noble Prophète r, l’honorable mère d’Abû Bakr t
rejoignit également le cercle des croyants. (Cf. Ibn Asîr, Usdu’l-Ghâba, VII, 326; Ibn Kathir,
al-Bidaya, III, 81).
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Ɔ ĩƇ àƆ IJ Ɔ Ɔ ž Ùƃ ĝƆ ĐÓĀ
Ɔ ħŽ ġƇ ÜƇ òŽ ñĬ
« S’ils s’en détournent, alors dis-leur ; ‹Je vous ai averti d’une foudre sem-
blable à celle qui frappa les Aad et les Tamud›… » (Fusillat, 41 : 13)
J’ai alors mis mes mains devant sa bouche pour l’empêcher de continuer, car je
savais que tout ce que Muhammad dit se réalise et j’ai craint que la colère divine ne
tombât sur nous !
Maintenant, écoutez-moi ô Quraysh !
Laissez-le seul avec ses affaires et ne vous mettez pas en travers.
Si les Arabes parviennent à le tuer, vous seriez sauvés de lui par d’autres.
Mais s’il devient le souverain des Arabes, sa souveraineté deviendra la vôtre,
son avenir et son honneur seront votre avenir et votre honneur. De la sorte, grâce à
Muhammad, vous deviendrez les plus heureux des hommes ! »
Les Qurayshites rétorquèrent :
« Ô Abû Walid ! Nous croyons qu’il a ensorcelé ta langue ! »
Utba leur répondit alors :
« Je dis simplement ce que je pense ! Vous êtes libres de faire ce que bon vous
semble ! » (Ibn Hishâm, I, 313-314; Ibn Kathir, al-Bidayah, III, 111-112).
La Sixième Année de la Prophétie 243
« Vraiment ! Alors pourquoi ai-je entendu que vous avez adhéré tous deux à la
religion de Muhammad ? »
Et il t commença à le bousculer. En essayant de s’interposer Fatima c reçut
une gifle en plein visage. Elle c dit à son frère : « Ô Omar t ! Fais ce que tu veux !
Tue-nous si tu le désires, mais sache que nous ne renoncerons jamais à l’islam ! »
Alors qu’elle manifestait avec force sa conviction, un filet de sang coulait le long
de son visage. Ne s’attendant pas à une telle réaction venue de sa sœur Omar t fut
abasourdi. À la vue du sang qui coulait de son visage, il fut pris de remords et regretta
ce qu’il venait de faire et avec compassion, comme pour s’excuser il les pria :
« Faites-moi voir ce que vous lisiez ! ».
Sa sœur c déclara : « Promets-nous de ne rien attenter contre la page. »
Omar t jura sur ses idoles qu’il la rendrait une fois lue.
Alors, espérant qu’il fût guidé vers la lumière, Fatima c lui dit :
« Ô mon frère ! Les adorateurs d’idoles sont impurs et ne peuvent pas toucher
les pages du Coran ! »
Omar t se fit remettre les pages en question qu’après avoir accompli la grande
ablution. Puis il commença à lire le verset glorieux. (On rapporte que les versets lus
par Omar t furent les premiers de la sourate al-Hadid). (Bayhaqî, Dalail, II, 217).
« Ta-Ha. Nous n’avons point fait descendre sur toi le Coran pour que tu sois
malheureux, si ce n’est qu’un Rappel pour celui qui redoute (Allah), (et comme)
une révélation émanant de Celui qui a créé la terre et les cieux sublimes. Le Tout-
Miséricordieux S’est établi « Istawa » sur le Trône. A Lui appartient ce qui est
dans les cieux, sur la terre, ce qui est entre eux et ce qui est sous le sol humide.
Et si tu élèves la voix, Il connaît certes les secrets, mêmes les plus cachés. Allah !
Point de divinité que Lui ! Il possède les noms les plus beaux. Le récit de Moïse
t’est-il parvenu ? Lorsqu’il vit du feu, il dit à sa famille : ‹Restez ici ! Je vois du feu
de loin ; peut-être vous en apporterai-je un tison, ou trouverai-je auprès du feu
de quoi me guider›. Puis, lorsqu’il y arriva, il fut interpellé : ‹Moïse ! Je suis ton
Seigneur. Enlève tes sandales : car tu es dans la vallée sacrée Tuwa. Moi, Je t’ai
choisi. Ecoute donc ce qui va être révélé. Certes, c’est Moi Allah : point de divinité
que Moi. Adore-Moi donc et accomplis la Salât pour le souvenir de Moi. L’Heure
va certes arriver. Je la cache à peine, pour que chaque âme soit rétribuée selon ses
efforts. Que celui qui n’y croit pas et qui suit sa propre passion ne t’en détourne
pas. Sinon tu périras. » (Ta-Ha, 20 : 1-16).
Omar t lut ces versets, et demeurant pétrifié et ne put s’empêcher de clamer :
« Que ces paroles sont belles et précieuses ! »
Il fut séduit par l’éloquence du Coran, par les mots chargés de sens et de sagesse.
Il était évident que ces paroles ne pouvaient être celles d’un homme. Alors qu’il
méditait profondément à tout ceci, Khabbab t sortit de là où il se cachait et déclara :
« Ô Omar t ! Par Dieu, j’ai le sentiment que la prière du Prophète r est sur le
point de se réaliser. En effet, hier encore il pria :
“ Ô Seigneur ! Puisses-Tu renforcer l’islam par le bais d’Abû’l-Hakem ibn Hishâm
ou d’Omar ibn al-Khattab ! Ô Omar ! Le moment est venu de craindre Dieu ! ”»
Omar t dit à Khabbab t:
« Ô Khabbab t ! Mène-moi à Muhammad, car je désire embrasser l’islam ! »
Ils se mirent immédiatement en chemin. Les pas d’Omar t, cette fois-ci, se
situaient sur le chemin de l’amour et de la foi en Dieu. À présent, son cœur était
rempli d’enthousiasme à la pensée de rencontrer le Messager de Dieu r.
Lorsqu’ils atteignirent la maison d’al-Arqam, Hamza t les attendait épée en
main car Nuaym t les avait prévenus de l’intention d’ibn al-Khattab t. Mais per-
sonne ne pouvait être au courant du changement de situation.
Le Messager de Dieu r se leva pour accueillir Omar t dans la cour et lui
demanda la raison de sa venue.
Les mots suivants sortirent des lèvres d’Omar t :
246 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Puis Omar t partit annoncer la nouvelle à l’un des plus éminents idolâtres de
Quraysh, son oncle Walid ibn Mughira, ainsi qu’à deux autres idolâtres qui, man-
quant de courage en face d’Omar t, ne purent que refermer leur porte devant lui
et se replier chez eux.
Abdullah ibn Mas’ud t disait :
« L’entrée d’Omar t en islam fut un triomphe, son émigration vers Médine
une aide et son califat une miséricorde. Jusqu’à ce qu’Omar t embrassât l’islam,
nous ne pouvions ouvertement accomplir la salât à la Ka’ba. Quand il devint musul-
man, il lutta contre les idolâtres ; en conséquence, ceux-ci nous laissèrent en paix et
nous pûmes prier librement. » (Haythami, IX, 62-63).
248
Préparé au pire, Abû Talib prit les mesures nécessaires pour éviter un éventuel
assassinat. Par exemple, chaque nuit quand tout le monde allait se coucher, il envoya
un de ses fils dormir à la place du Saint Prophète r. (Ibn Kathir, al-Bidaya, III, 132).
Pour les musulmans, une période d’énormes difficultés commençait. Abû
Jahl et ses hommes se relayaient jour et nuit pour empêcher le transit de nourri-
ture même fait en toute discrétion. Toutes les routes qui pouvaient conduire les
musulmans vers les marchés furent bloquées, et les marchandises qui arrivaient à La
Mecque étaient achetées par les idolâtres avant qu’elles ne parvinssent aux musul-
mans. Les croyants ne pouvaient sortir du quartier d’Abû Talib que durant la saison
du pèlerinage.
Chaque fois qu’un musulman s’approchait d’un vendeur pour acheter de la
nourriture pour sa famille, Abû Lahab venait et criait :
« Ô commerçants ! Augmentez vos prix quand vous avez affaire à Muhammad
et ses compagnons pour qu’ils soient incapables d’acheter quoi que ce soit ! Ne vous
inquiétez pas ! Je suis un homme de parole. Je compenserai vos pertes ! »
Les croyants revenaient la plupart du temps les mains vides, incapables de cal-
mer les pleurs de leurs enfants affamés. Et le lendemain, Abû Lahab allait chez les
commerçants pour acheter le restant de leurs marchandises à un prix élevé. (Suhaylî,
II, 127-128).
Malgré toutes les mesures prises par les idolâtres de bloquer les routes menant
aux quartiers musulmans, certains Mecquois apportaient de l’aide à leurs parents.
Hakim ibn Hizâm amena un jour une caravane de blé en provenance de Damas. Le
blé fut chargé sur un chameau et amené secrètement dans le quartier des musul-
mans. Une autre nuit ainsi il envoya un chameau chargé de farine.
Une autre figure ayant apporté son aide aux croyants est Hishâm ibn Amr.
Quand les idolâtres apprirent que Hishâm avait envoyé aux musulmans des mar-
chandises à dos de chameau, ils le menacèrent sévèrement. Malgré leurs avertis-
sements, Hishâm continua à aider ses proches parents ; les idolâtres finirent par
employer la force et le frappèrent.
Il fut sauvé de la mort grâce à l’intervention d’Abû Sufyan qui avait pris sa
défense :
« Laissez cet homme tranquille ! Il ne fait qu’aider ses proches ! Si seulement
nous étions capables de faire de même ! »
250 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
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« Et bien, attends le jour où le ciel apportera une fumée visible qui couvrira
les gens. Ce sera un châtiment douloureux. » (ad-Dukhan, 44 : 10-11).
Quand la sécheresse devint insoutenable, Abû Sufyan vint demander au sei-
gneur des mondes r :
« Ô Muhammad ! Tu dis être envoyé comme miséricorde pour les mondes ! Tu
nous ordonnes d’obéir à Dieu et d’aider les proches parents. Ton peuple est sur le
point de périr à cause de la famine ! Demande donc à Dieu de les soulager de ce sup-
plice ! Si ta prière éloigne ceci de nous, je te jure que nous croirons en ton Dieu ! »
Le Noble Messager r se mit alors à prier et la pluie commença à tomber. Mais
bien que la famine prît fin, les associateurs demeurèrent dans leur idolâtrie. (Al
Boukhari, Tafsir, 30, 44; Muslim, Munâfiqîn, 40; Ahmed, I, 431, 441).
La fin de l’embargo
Après ces trois années de souffrance, Dieu le Tout-Puissant suscita un asti-
cot qui rongea le pacte affiché sur le mur de la Ka’ba. Excepté la formule Bismik
Allahumma (en Ton nom ô Allah), tous les décrets qui exprimaient la cruauté et
l’oppression furent supprimés. Prévenu par le biais de la Révélation, le Messager
de Dieu r informa à son tour Abû Talib de la situation qui, à son tour, informa ses
frères en leur disant : « Parez-vous de vos plus beaux vêtements et allez auprès de
Quraysh ! Parlez-leur du sort du pacte avant qu’ils s’en aperçoivent eux-mêmes ! »
Tout de suite après avoir été informés par Abû Talib et ses frères, les idolâtres
envoyèrent une personne pour quérir le pacte. Tous furent frustrés quand ils virent
que l’état du pacte était tel que l’avait décrit le Saint Prophète r.
Encouragé, Abû Talib déclara :
« Avez-vous compris maintenant que vous avez fait du tort à votre peuple et
que vous les avez opprimés ? »
Aucun des idolâtres ne put répondre à Abû Talib.
Certains commencèrent à marmonner :
« Ceci n’est que de la magie ! »
Une fois de plus ils tournèrent le dos à la vérité et continuèrent leur oppression.
Certains notables de Quraysh éprouvèrent néanmoins des remords et se blâ-
mèrent pour ce qu’ils avaient fait endurer aux Bani Hashim.
Alors que la dixième année de l’Apostolat prophétique survint, certains Qurays-
hites entamèrent des actions pour lever l’embargo.
Hishâm ibn Amr dit à Zuhayr ibn Abi Umayya :
« Ô Zuhayr ! Comment peux-tu être à l’aise alors que tes oncles luttent contre la
pauvreté et sont privés de tout droit d’échange et de mariage ? Je jure que si tu avais
appelé Abû Jahl à établir un pacte contre ses oncles, il ne l’aurait jamais accepté ! »
Alors que Hishâm avait convaincu Zuhayr, il gagna aussi un par un Mu’tim
ibn Adiyy, Abû’l-Bakhtarî et Zam’a ibn Aswad. Durant la nuit, cinq personnes se
réunirent au Mont Hajun, sur les hauteurs de La Mecque, pour discuter des mesures
nécessaires et jurèrent de lutter jusqu’à ce que l’embargo soit levé.
252 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Ɔ ×Ƈ ĥƈ ĕŽ ĻƆ ø
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Ɔ ƇĭĨƈ ËŽ ĩƇ ĤŽ ÒæƇ óƆ ęŽ ĺƆ ñƅ Ñƈ ĨƆ ijŽ ĺƆ IJ
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Ɔ ïƇ đŽ ÖƆ īŽ ĨIJ Ɔ Ž Ž óƇ ĨŽ ƆźÒŽ ų Ʃ īĻƆ ĭøďƈ ąƈŽ ÖĵĘ
ħĻèƈ óĤÒõĺƇ ƈõđƆ ĤŽ ÒijƆ İƇ IJ ƈ Ʃ ƈóāĭƈÖ
Ƈ ƪ Ɔ ÅÓƇ ýƆ ĺƆ īŽ Ĩ
Ɔ óƇ āƇ ĭŽ ĺƆ ųÒ Ž Ɔ
« Alif, Lam, Mim. Les Byzantins ont été vaincus, dans le pays voisin, et après
leur défaite ils seront les vainqueurs, dans quelques années. À Allah appartient
le commandement, au début et à la fin, et ce jour-là les Croyants se réjouiront du
secours d’Allah. Il secourt qui Il veut et Il est le Tout-Puissant, le Tout- Miséri-
cordieux. » (ar-Rum, 30 : 1-5).
De la Septième à la Neuvième Année de la Prophétie 253
79. Cette expression apparaît exactement dans vingt-six versets coraniques, comme par exemple :
īĻ ƈƈ ƈ
Ɔ ĩĤÓčƪ ĤÒĦƆ ijŽ ĝƆ ĤŽ ÒĸïıŽ ĺƆ ƆźƇųÒ
Ʃ IJƆ
- « Allah ne guide pas les gens injustes. » (al-Baqara, 2 : 258).
īĺ ƈ ƈ
Ɔ ƈóĘÓġƆ ĤŽ ÒĦƆ ijŽ ĝƆ ĤŽ ÒĸïıŽ ĺƆ ƆźƇųÒ
Ʃ IJƆ
- « Allah ne guide pas les gens infidèles. » (al-Baqara, 2 : 264).
īĻ ƈ ƈ ƈ
Ɔ ĝøÓęƆ ĤŽ ÒĦƆ ijŽ ĝƆ ĤŽ ÒĸïıŽ ĺƆ ƆźƇųÒ
Ʃ IJƆ
- « Allah ne guide pas les gens pervers. » (al-Maida, 5 : 108).
256 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Dimad ibn Thalaba, de la tribu Azd Shanua, vint à La Mecque pour cause de
pèlerinage.
Ayant un grand intérêt pour la médecine et étant connu pour ses traitements
sur les malades mentaux, il avait entendu le bruit que les idolâtres traitaient de
« fou » le Messager de Dieu r.
Il se dit à lui-même :
« Je dois rendre visite à cet homme ! Peut-être trouverai-je un moyen de le
guérir ! »
En conséquence, il se leva et se rendit auprès du Messager de Dieu r et lui dit :
« Ô Muhammad ! Sais-tu que je peux guérir de la folie. Si tu le veux, je peux
tenter de te soigner, peut-être même que Dieu t’octroiera un remède ! »
Le Messager de Dieu r, en guise de réponse, lui dit alors :
« Louange à Dieu ! À Lui seul reviennent nos remerciements et à Lui seul sont
adressées nos demandes de secours et de miséricorde. C’est à Lui que nous demandons
refuge des maux de nos âmes. Nul ne peut guider ceux que Dieu a égarés. Et nul ne
peut égarer ceux que Dieu a guidés. Je témoigne qu’il n’y a pas de divinité si ce n’est
Dieu. Il est unique. Il n’a ni égal ni associé. Et je témoigne que Muhammad est Son
serviteur et Messager. »
Les paroles prononcées par le Saint Prophète r enchantèrent Damad t qui
finit par déclarer :
« De toute ma vie je n’ai jamais entendu de plus belles paroles que celles-ci.
Peux-tu me les répéter ? »
Le Saint Prophète r s’empressa de les lui répéter.
Suite à cela, Dimad t lui fit encore répéter deux fois, puis il dit :
« Par Dieu, j’ai déjà entendu des paroles de voyants, de magiciens, de poètes
et de toutes sortes de gens, mais je n’ai rien jamais entendu de tel. Ces paroles sont
comme les perles les plus précieuses de l’océan de l’éloquence. Donne-moi ta main
afin que je puisse prêter serment d’allégeance. »
C’est ainsi que Dimad t devint musulman.
Le Messager de Dieu r lui demanda ensuite :
« Peux-tu également prêter serment d’allégeance au nom de ta tribu ? »
258 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Dimad t répondit :
« Certes je jure fidélité en leur nom également ! » (Muslim, Juma, 46; Ahmed, I, 302;
Ibn Saad, IV, 241).
La guidée est une lumière divine qui mène l’homme au Créateur et qui n’atteint
que ceux dont les cœurs sont enclins à la Vérité :
ÔÓ ƈ ƈ ƈ
Ɔ ĬƆ ƆÒīŽ Ĩ
Ɔ įĻŽ ĤƆ ÒĴïıŽ ĺƆ
«… En vérité, Allah égare qui Il veut et Il guide vers Lui celui qui se repent. »
(ar-Rad, 13 : 27).
Le Déploiement d’effort n’est qu’un moyen et la guidance n’est pas le résultat des
efforts de la personne, fut-elle prophète. Malgré tous les efforts du Saint Prophète r,
Abû Talib, qui savait la vérité mais succomba à son ego, ne fut pas guidé.
La mort d’Abû Talib plongea le Saint Prophète r dans une tristesse profonde.
Trois jours après cet évènement tragique, la mère des croyants, Khadîdjat’ul-
Qubra c, rendit elle aussi l’âme. Ainsi une nouvelle tristesse s’ajouta dans le cœur
du Saint Prophète r et des croyants.
Triste et en larmes, le Messager de Dieu r déposa sa chère épouse tant aimée
dans sa demeure éternelle.
Tout au long de sa vie, Khadîdja c avait été une conseillère fiable et une source
de réconfort pour le Messager de Dieu r dans la voie de l’islam.
Son décès le toucha tellement qu’il s’écria :
« Je ne sais pas sur laquelle de ces deux catastrophes touchant l’Oumma (la mort
de son oncle ou de son épouse) je dois m’apitoyer le plus. » (Yakubi, II, 35; Tabari, Tarih,
II, 229).
En raison de ces deux pertes ô combien douloureuses pour lui, la dixième année
de l’Apostolat prophétique fut nommée « l’année de la tristesse ».
Avec la mort de son oncle et de sa bien aimée épouse, le Saint Prophète r n’eut
plus aucun soutien ni refuge.
Son monde spirituel n’était désormais réservé qu’à son Seigneur.
Après tout, dans l’absolu, ce n’est que sur Dieu le Très-Haut que l’on peut
compter et faire confiance.
Par ailleurs, en perdant son père, sa mère et son grand-père à un âge précoce, le
Saint Prophète r avait déjà été en quelque sorte nourri par le Tout-Puissant.
La Dixième Année de la Prophétie 261
« Non, Dieu ne m’a pas donné mieux. Elle m’a cru quand les autres ont mécru,
elle m’a fait confiance quand tout le monde m’appelait menteur, elle m’a accordé ses
biens quand les gens m’en ont privé. De plus, Dieu m’a accordé une descendance par
son intermédiaire. »
Voyage à Ta’if
Après la mort de son oncle et de son épouse, les mauvais traitements envers le
Saint Prophète r augmentèrent. Les attaques perpétrées contre le Sultan des pro-
phètes r atteignirent un degré extrême de sauvagerie.
Cherchant quelque répit, le Messager de Dieu r décida de partir à Ta’if, une
ville située à environ 120km de La Mecque, accompagné de Zayd, et y demeurèrent
dix jours.
L’Envoyé de Dieu r y expliqua l’islam aux gens du pays et les invita à l’Unicité.
En rencontrant les dirigeants, il leur demanda d’abandonner les idoles et leur rap-
pela qu’ils étaient tous les serviteurs de Dieu. Nul, à ce moment, ne fut ignorant de
son message. Mais cet appel provoqua un violent orage au sein du peuple de Ta’if
qui était aussi idolâtre que les Qurayshites. Enfoncés dans leur train de vie égoïste,
pas même une personne ne répondit à son invitation.
Les harcèlements commencèrent d’abord par des moqueries et continuèrent
par de multiples insultes. Puis, un jour, ils alignèrent leurs esclaves des deux côtés
de la voie où le Messager de Dieu r était en train de marcher et commencèrent à
lui lancer des pierres. Cette lapidation continua jusqu’à la sortie de la ville. Et même
en dehors de la ville, certains esclaves continuèrent à le lapider. Les pieds de la
meilleure créature du monde baignèrent dans une mare de sang. Et Zayd c, bien
que grièvement blessé, tenta de le protéger avec son propre corps tout en s’écriant :
« Ô peuple de Ta’if ! Savez-vous que l’homme que vous êtes en train de lapider
est un Prophète ?! »
Avec beaucoup de difficultés, ils parvinrent à se réfugier dans un jardin qui
appartenait à un habitant de La Mecque. La terre et les cieux étaient tristes, les anges
étaient tristes, Gabriel, Michael et Israfil aussi.
Gabriel et les autres anges demandèrent au Tout-Puissant la permission de se
rendre auprès du Messager de Dieu r et lui dirent :
« Ô Messager de Dieu ! Ordonne et nous exterminerons ce peuple ! »
Mais au lieu de maudire ces gens, le Prophète de compassion et source de misé-
ricorde ouvrit ses mains et implora ainsi le Seigneur :
La Dixième Année de la Prophétie 263
Quand ses maîtres commencèrent à le blâmer pour son choix, Addâs défendit
sa décision : « De toute ma vie je n’ai jamais rencontré un homme comme lui. Il
m’a dit des paroles que seul un prophète pouvait communiquer. » (Ibn Hishâm, II, 31).
Quel bonheur pour Addâs d’avoir entendu l’appel du Saint Prophète r au
moment où celui-ci traversait les moments les plus difficiles de sa vie et d’avoir saisi
l’occasion d’embrasser l’islam pour le réconforter. Le Messager de Dieu r devint si
heureux qu’il en oublia toutes les peines et souffrances subies. Là où Addâs embras-
sa l’islam, s’élève une mosquée qui porte son nom, et le jardin où il offrit du raisin
au Messager de Dieu r a été laissé tel quel.
ƈ Ĩ
ïƆ İƇ ïŽ ıƇ ĤŽ ÒĴòƆ ƆÈźƆ ĹĤÓ
Ɔ Ɔ
«…Puis il passa en revue les oiseaux et dit : ‹Pourquoi ne vois-je pas la
huppe? Est-elle parmi les absents ? » (an-Naml, 27 : 20).
4. Lors du voyage à Ta’if, l’adhésion d’Addâs à l’islam est très importante.
En effet, il fut un très grand réconfort pour le Messager de Dieu r. Cet évènement
nous apprend que quel que soit l’ampleur des tourments dans lesquels nous nous
trouvons, la guidance de tout individu doit nous réconforter.
5. Le prédicateur doit être un exemple par son comportement.
6. Celui qui prêche l’islam doit connaître les moyens d’interpeller les gens et
être cultivé. Comme ce fut le cas dans le cas de la conversation entre le Saint Pro-
phète r et Addâs, il doit savoir que dire au bon moment.
266 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
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×åƆ ĐÓĬÒóĜÓĭđĩƈ øÓĬÒÒij ƈ ĤÓĝĘīåƈ ĤÒīĨ ƈ óęĬďĩÝøÒįĬÒĵĤÒƈ ĵèIJ ƈ ÒģĜ
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Òïƃ èƆ ÒƆ ÓĭƈƆ Öž óƈÖĞƆ ƈóýŽ ƇĬīŽ ĤƆ IJ ƈ ƈ ƈ ïƈ ıĺ
Ɔ Ɔ įƈÖÓĭƪ ĨƆ ÓƆ ĘƆ ïüŽ óĤÒĵ
ƫ ĤƆ ÒĴ ŽƆ
« Dis : ‹Il m’a été révélé qu’un groupe de djinns prêtèrent l’oreille, puis
dirent : ‹Nous avons certes entendu une Lecture [le Coran] merveilleuse, qui
guide vers la droiture. Nous y avons cru, et nous n’associerons jamais personne
à notre Seigneur. » (al-Djinn, 72 : 1-2) ; (Al Boukhari, Tafsir, 72; Adhan, 105; Muslim, Salât, 149;
At Tirmidhi, Tafsir, 72/3324).
Le Saint Coran mentionne aussi l’interdiction faite aux djinns d’écouter ce qui
se dit dans les cieux :
268 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Des années plus tard, Mutim fut tué lors de la bataille de Badr, sans avoir pu
embrasser l’islam. Après la bataille, au milieu des discussions concernant le sort des
prisonniers mecquois, le Saint Prophète r exprima sa gratitude envers Jubayr, le fils
de Mutim :
« Si ton père était encore en vie et qu’il aurait demandé que les prisonniers
fussent libérés, je les aurais tous libérés sans demander la moindre rançon. » (Al
Boukhari, Khumus, 16, Ibn Hishâm, I, 404-406).
Jabir84 rapporte :
« Dis : ‹Venez, je vais réciter ce que votre Seigneur vous a interdit: ne Lui
associez rien ; et soyez bienfaisants envers vos père et mère. Ne tuez pas vos
enfants pour cause de pauvreté. Nous vous nourrissons tout comme eux. N’ap-
prochez pas des turpitudes ouvertement, ou en cachette. Ne tuez qu’en toute jus-
tice la vie qu’Allah a faite sacrée. Voilà ce qu’ [Allah] vous a recommandé de faire
; peut-être comprendrez-vous. Et ne vous approchez des biens de l’orphelin que
de la plus belle manière, jusqu’à ce qu’il ait atteint sa majorité. Et donnez la juste
mesure et le bon poids, en toute justice. Nous n’imposons à une âme que selon
sa capacité. Et quand vous parlez, soyez équitables même s’il s’agit d’un proche
parent. Et remplissez votre engagement envers Allah. Voilà ce qu’Il vous enjoint.
Peut-être vous rappellerez-vous. ‹Et voilà Mon chemin dans toute sa rectitude,
suivez-le donc ; et ne suivez pas les sentiers qui vous écartent de Sa voie.› Voilà ce
qu’Il vous enjoint. Ainsi atteindrez-vous la piété. » (al-An’am, 6 : 151-153).
Mafruq demanda encore :
« Ô frère de Quraysh ! À quoi d’autre invites-tu ? Je jure que ces paroles ne sont
pas issues de la plume d’un homme ! Si c’était le cas, certes nous l’aurions reconnu. »
Le Saint Prophète r récita alors les versets suivants :
« Alors tu nous demandes de mettre notre vie en jeu pour toi contre tous les
Arabes et nous ne devrions pas recevoir la royauté pour cela ?! C’est une affaire
inconcevable ! »
Puis Bayhara s’adressa à sa tribu en vociférant :
« De toute cette foire, je n’ai jamais connu une affaire pire que la vôtre. Allez-y
donc et attirez-vous l’hostilité de tous les Arabes ! Mais sachez que c’est sa tribu qui
est mieux à même de le connaître, et si elle avait aperçu quelque bénéfice en lui,
certes elle l’aurait tiré avant tout le monde. ».
Puis il dit à l’Envoyé de Dieu r :
« Va-t-en immédiatement d’ici ! »
Au moment où le Messager de Dieu r s’apprêtait à monter sur son chameau,
le malheureux Bayhara frappa la poitrine de l’animal, ce qui provoqua la chute du
Saint Prophète r.
Témoin de cet horrible traitement qu’on lui faisait subir, Dubaa bint Amir c,
une femme musulmane, cria remplie d’amertume :
« Pour l’amour du ciel, ô fils d’Amir ! Comment pouvez-vous supporter de voir
le Messager de Dieu r ainsi abusé devant vos yeux sans bouger le petit doigt. »
Trois des fils de son oncle finirent par se lever et corriger Bayhara.
Suite à cet évènement, le Messager de Dieu r fit une invocation en leur faveur :
« Seigneur Dieu ! Accorde-leur Tes bénédictions ! »
Les bénédictions consécutives à cette invocation furent si grandes que non seu-
lement ces trois hommes embrassèrent l’islam, mais ils moururent martyrs.
La tribu avait un chef de file, empêché par la vieillesse de se rendre à La Mecque
à l’occasion du pèlerinage.
Quand il apprit ce qui s’était passé, il mit ses mains sur la tête et dit avec déses-
poir aux membres de sa tribu :
« Ô fils d’Amir ! Comment avez-vous laissé passer une telle occasion ? Par les
fils d’Ismaël, je jure qu’un homme qui se prétend prophète ne peut avoir tort ! Où
aviez-vous la tête à ce moment ? » (Ibn Hishâm, II, 33-34; Ibn Kathir, al-Bidaya, III, 184; Ibn
Hajar, al-Isâba, IV, 353).
En dépit de tous les abus auxquels il devait faire face, le Messager de Dieu r
continua à inviter à la voie de la Vérité le restant des tribus présentes à la foire.
276 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
C’est ainsi que leur mariage fut célébré la dixième année de l’Apostolat prophé-
tique, pendant le mois de Ramadan.
Sawda c fit preuve d’un infini respect envers l’Être de lumière r et le servit
avec soin.
Elle devint son autre moitié, toujours présente à ses côtés dans les moments où
il en avait le plus besoin, et prit tendrement soin de ses filles qui avaient elles aussi
besoin d’affection maternelle.
277
La réunion d’Aqaba
Il faisait nuit. Six hommes venus de Médine pour visiter la Ka’ba rencontrèrent
le Messager de Dieu r à Aqaba. Ils furent tout de suite frappés par l’éclat céleste qui
se dégageait de son visage et ne purent s’empêcher de s’exclamer : « Quel homme
admirable ! » Leurs cœurs se remplirent d’amour à son égard et leur joie prit une
dimension indescriptible. À ce moment, l’Être de lumière r se rapprocha d’eux afin
de les inviter à l’islam, conformément à sa mission prophétique. Il leur dit :
« Pouvez-vous vous asseoir un instant pour discuter ? »
Ces six chanceux Médinois affichèrent leur profond désir de converser avec un
homme aussi impressionnant. Ils formèrent un cercle autour du Noble Prophète r
comme des papillons attirés par une quelconque lumière. Le Messager de Dieu r
les appela à l’islam, leur récita quelques versets du Coran et les exhorta à accepter
le bonheur des deux mondes. Les Médinois avaient entendu de leurs ancêtres et de
leurs voisins juifs la venue d’un nouveau prophète. De ce fait, considérant l’invita-
tion du Saint Prophète r, ils se dirent entre eux :
« Camarades ! Par Dieu, Muhammad est le prophète dont les juifs nous mena-
çaient de sa venue ! Nous ne pouvons pas les laisser croire en lui avant nous ! »
Un seul regard sur le visage rayonnant du Saint Prophète r avait suffit aux
Médinois pour embrasser l’islam sans réserve et c’est ainsi que tous entrèrent dans
son cercle en prononçant la chahada.
Puis le Saint Prophète r leur demanda s’ils étaient en mesure de l’aider dans
le cas où la nécessité d’émigrer à Médine avec les croyants devait s’imposer. Les
premiers musulmans de Médine demandèrent un délai d’un an car l’hostilité entre
les tribus d’Aws et de Hazraj était au paroxysme. De ce fait, ils ne pouvaient pas
être d’un grand secours si les musulmans étaient amenés à émigrer cette année. En
promettant d’inviter les Médinois et de revenir en pèlerinage l’année d’après, ils
rentrèrent chez eux remplis de joie.
Nettoyés de la saleté de l’ignorance, ils étaient maintenant soulagés d’un far-
deau qui pesait sur leurs épaules et se sentaient aussi légers que des oiseaux. Dès leur
arrivée à Médine, ils commencèrent à inviter à l’islam et à expliquer à la population
locale la cause bénie du Saint Prophète r, si bien qu’il ne restait plus une habitation
dans laquelle il ne fut pas évoqué. (Voir Ibn Hishâm, II, 38; Ibn Saad, I, 219; Haythamî, VI, 40).
278 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
85. Le fait que l’islam soit une religion liée à la prédisposition naturelle a été confirmé par ces événements
que sont al-Isra et al-Mi’raj, témoignant ainsi que les livres célestes ne sont jamais divulgués aux gens
spirituellement corrompus et atteints de diverses maladies du cœur.
280 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
ĴijƆ ıƆ ĤŽ Òīƈ Đ ƈ ĨIJ
Ɔ ěƇ ĉĭŽ ĺÓ
Ɔ Ɔ Ɔ
« …. et il ne prononce rien sous l’effet de la passion… » (an-Najm, 53 : 3).
Par ce verset le Tout-Puissant nous informe qu’en matière de révélation, le
Saint Prophète r n’a jamais prononcé un seul mot de son propre chef.
Dieu gloire et louanges à Lui, est le Créateur absolu. C’est pour cela que le Saint
Prophète r se soumit entièrement à Lui. Ici, en lui faisant préférer le lait, Dieu le
Tout-Puissant veut guider Son Messager sur la voie de la vertu. Aussi, cet évènement
montre à quel point le Prophète Muhammad r est une grande bénédiction pour sa
communauté.
Lors de l’évènement d’al-Isra, le Saint Prophète r fut amené du Masdjid’ul-
Haram au Masdjid’ul-Aqsa, ayant eu ainsi l’honneur de survoler les cieux et d’ac-
complir l’Ascension (al-Mi’raj).
Guidé par l’Ange Gabriel u le Messager de Dieu r se rendit jusqu’au Sidrat’ul-
Muntaha, le Lotus de la Limite.
La plus noble des créatures r raconte cet évènement comme suit :
« Alors que j’étais près de la Ka’ba, en un lieu nommé Khatîm, me trouvant entre
le sommeil et l’éveil, je vis Buraq à mes côtés. C’était un animal de couleur blanche,
plus grand qu’un âne, mais plus petit qu’un mulet. Il était capable de poser ses sabots
à l’extrême limite où se portait le regard. Porté par lui et accompagné par Gabriel,
je m’élevai jusqu’aux portes des régions célestes. Gabriel demanda l’ouverture des
portes :
- Qui est-ce ? demanda-t-on.
- C’est Gabriel.
- Et qui t’accompagne ?
- Muhammad.
- A-t-il reçu l’invitation divine ?
- Oui.
- Dans ce cas, bienvenue ! Quelle merveilleuse visite !
La Quatorzième Année de la Prophétie 281
Ɔ ðƆ Òƈ ħƈ åŽ ĭĤÒ
ĴijƆ İÒ ƪ IJƆ
« Par l’étoile à son déclin ! » (an-Najm, 53 : 1).88
88. Les commentateurs ont fourni des explications différentes en ce qui concerne l’étoile (an-najm) par
laquelle jure le Tout-Puissant. Parmi les plus importantes d’entre elles se trouve l’explication selon
laquelle « l’étoile » en question serait le Messager de Dieu r lui-même ou bien les versets coraniques
révélés progressivement. À la lumière de cette constatation, le serment peut signifier :
1. Soit Muhammad Mustafâ r qui a accompli l’Ascension (al-Mi’raj).
2. Soit le moment de la divulgation de chaque oracle divin pendant la révélation du Saint Coran.
284 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
ĵĤƪ ïƆ ÝƆ ĘƆ ÓĬƆ î
Ɔ ħƪ Ƈà
« Puis il se rapprocha et descendit encore plus bas… » (an-Najm, 53 : 8).
C’est-à-dire que l’Être de lumière r fut élevé par attraction divine et davantage
par rapport au lieu et au rang où il se trouvait.
Ainsi donc, durant l’Ascension, le Saint Prophète r s’était non seulement élevé
aux cieux, mais aussi rapproché de son Seigneur.
Ensuite l’attraction divine s’amplifia de plus en plus jusqu’à ce qu’il passe subi-
tement de l’autre côté des horizons :
Pour montrer la conclusion d’un accord avant l’avènement de l’islam les Arabes
avaient coutume de placer conjointement l’un à côté de l’autre deux arcs et tiraient
une flèche unique avec les deux. Ainsi donc, cette entente exprimait l’unité et la com-
plémentarité ; si l’une des parties était en accord ou en colère, l’autre partie s’enga-
geait à suivre l’autre sans conditions.
Par conséquent, cette proximité, aussi bien physique que spirituelle, décrit
comme étant « qaba qawsayn », ou la mesure de deux portées d’arc, est une réalité
sublime transcendant la condition humaine.
À cet instant, le Prophète Muhammad Mustafâ r devint si proche de son Sei-
gneur que tous les moyens cessèrent d’être et cela d’une manière directe :
ƈƈ
ĵèſ IJŽ ƆÈÇĨ Ɔ Ĥſ Ìƈ ĵƁ èſ IJŽ ƆÉĘƆ
Ɔ Įï׎ Đĵ
« Il révéla à Son serviteur ce qu’Il révéla. » (an-Najm, 53 : 10).
Cette révélation peut être explicitée de la façon suivante :
1. La salât. En effet, l’un des plus importants aspects de l’Ascension fut l’établis-
sement des cinq prières quotidiennes et obligatoires. Sur les conseils du prophète
Moïse u le Saint Prophète r obtint du Tout-Puissant que les cinquante prières
quotidiennes fussent ramenées à cinq. C’est ainsi que Dieu le Très-Haut offrit à la
communauté de Muhammad r la récompense de cinquante prières pour cinq ac-
complies. Puis Dieu, Exalté soit-Il, donna cet ordre :
« Chaque fois que Mon serviteur a l’intention d’accomplir une bonne action mais
ne met pas sa pensée à exécution, elle lui est inscrite comme une bonne action, mais s’il
la met à exécution, il lui est inscrit dix bonnes actions.
Quiconque veut commettre une mauvaise action mais finalement ne la met pas
à exécution, aucun péché ne lui sera inscrit. S’il commet la mauvaise action, un seul
péché sera alors inscrit ! » (Muslim, Iman, 259).
Grâce aux plaidoyers répétés du Saint Prophète r, le Tout-Puissant réduisit de
cinquante à cinq le nombre de prières quotidiennes, comme l’explicite un fameux
hadith. Cela signifie qu’initialement l’homme devait prier et adorer son Créateur
cinquante fois par jour, ceci faisant partie du hukukullah, c’est-à-dire des droits du
Créateur. Mais par la grâce de Dieu le Tout-Puissant, cela fut, avec le même bénéfice,
diminué d’un dixième nononbstant le fait que le verset coranique suivant déclare:
« Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent. » (ad-Dariyat,
51 : 56)
Ceci dit, il n’y a que Dieu et Son Messager r qui connaissent le mieux la nature
de ladite « révélation » de l’Ascension. Il est évident ici que le Saint Prophète r a bel
et bien vécu l’expérience de l’Ascension, non pas comme un rêve, mais comme une
vérité soutenue par sa conviction la plus profonde.
En d’autres termes Dieu le Tout Haut affirme :
ĴóĺÓ ĨĵĥĐįĬIJòÓĩÝĘÒĴÒòÓĨîÒËęĤÒÔñĠÓĨ
ƆƆ Ɔ Ɔ Ɔ ƇƆ Ƈ Ɔ ƇƆƆ ƆƆ Ɔ Ƈ Ɔ ƇŽ Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ
« Le cœur n’a pas menti en ce qu’il a vu. Lui contestez-vous donc ce qu’il
voit? » (an-Najm, 53 : 11-12).
Après avoir observé d’innombrables manifestations et événements exemplaires,
rencontré son Seigneur la nuit du Mi’raj, Le Prophète d’Allah r revint de cette
position spéciale qu’aucun serviteur ne pouvait atteindre et revit l’Ange Gabriel u
dans sa forme originale à l’endroit même où ils s’étaient séparés lors de l’ascension le
Sidrat’ul-Muntaha.
La Quatorzième Année de la Prophétie 287
Dans ce verset il est indiqué que le degré du Messager de Dieu r est supérieur
à celui de Gabriel u. En effet, celui-ci ne devait pas dépasser la limite où il fit
remarquer « si j’avançais encore d’un pas, je serais réduit en cendres », alors que le
Saint Prophète r était allé beaucoup plus loin. Ceci est rendu d’autant plus évident
par la nouvelle rencontre du Saint Prophète r avec Gabriel sur le chemin du retour.
Ĵó×ġƇ ĤŽ Òįƈƈ Öž ò ƈ ƈ
Ɔ ÚÓĺƆ ÒƆ īŽ ĨĴÒƆ ò
Ɔ ïŽ ĝƆ ĤƆ ĵĕƆ Ĉ
Ɔ ÓĨƆ IJ
Ɔ óƇ āƆ ×Ɔ ĤŽ ÒĒƆ ÒôÓ
Ɔ ĨƆ
ƆŽ
« La vue n’a nullement dévié ni outrepassé la mesure. Il a bien vu certaines
des grandes merveilles de son Seigneur. » (an-Najm, 53 : 17-18).
Comme mentionné dans ces versets du Coran, le Noble Prophète r a été auto-
risé à passer au-delà du Sidrat’ul-Muntaha, au-delà duquel personne, y compris
Gabriel u, n’avait franchi cette limite. Cette union divine fut simplement décrite
comme « deux portées d’arc, ou plus près encore » dont la véritable nature est un
secret pour l’entendement humain.
288 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Durant cette union, le Sultan des prophètes r fut témoin de vérités tellement
grandes et absolues de la divinité du Tout-Puissant que la moindre parole serait inu-
tile, car tous ces signes divins ont été contemplés par le biais de la haute spiritualité
de l’Envoyé de Dieu r.
Ici, la plupart des exégètes ont déclaré que c’est avec l’œil du cœur que le Saint
Prophète r vit le Tout-Puissant. (Tabari, XXVII, 63)
Ibn Abbâs t rapporte que le Saint Prophète r a dit :
« J’ai vu Dieu le Tout-Puissant ! » (Ahmad, I, 285; Haythami, I, 78).
Dans un autre récit alors qu’on lui avait demandé :
« As-tu vu le Seigneur ? »
Le Messager de Dieu r répondit :
« J’ai vu une lumière ! » (Muslim, Iman, 292).
Seul Dieu, gloire à Lui, connaît la vérité à cette question…89
« Ces gens qui ont joué avec l’honneur et la dignité d’autres gens en colportant
sur eux toutes sortes de commérages et de médisances. » (Abû Dâwud, Adab, 35/4878)
Le Saint Prophète r vit aussi des fornicateurs manger des cadavres, des usu-
riers affligés et leurs ventres gonflés, des femmes qui avaient tué les enfants qu’elles
avaient conçus par voie de fornication, misérablement pendues par leurs seins ou à
l’envers par leurs pieds. (Voir Tabari, XV, 18-19).
C’est pour ces raisons que l’Être de lumière r fit une fois cet avertissement :
« Si vous saviez ce que je sais, vous ririez moins et pleureriez davantage ! » (Al
Boukhari Tafsir, 5/12).
En ce qui concerne cette réalité, nous pouvons citer Abdurrahman ibn Awf t
qui fit partie des dix à qui on avait promis le paradis.
Le Messager de Dieu r raconte à son sujet :
« Au cours de cette fameuse nuit (la nuit de l’Ascension), je vis Abdurrahman ibn
Awf entrer au paradis en rampant. Je lui demandai :
- Pourquoi te déplaces-tu aussi lentement ?
- Ô Messager de Dieu, me répondit-il, en raison de l’opulence de mes biens, j’ai dû
rendre compte de chacun de mes biens. J’ai eu très peur de ne plus jamais te revoir… »
(Muhammad Parsa, Faslu’l-Khitab, p. 403).
Pour le même motif il exhorta ses Compagnons t lors de ses derniers instants
« de ne surtout pas négliger la salât ». (Voir Abû Dâwud, Adab, 123-124).
5. Le fait que les portes du ciel aient été largement ouvertes au Messager de
Dieu r montre que son Apostolat prophétique n’était pas limité qu’à La Mecque et
Ta’if, mais qu’il était vraiment le Prophète de l’univers dont la mission s’étendait au
monde entier et même au-delà des cieux.
6. Le Mi’raj marque le point final de la maturité de l’homme, la frontière finale
de la perfection spirituelle qui ne pourra jamais être atteint par un autre humain.
7. Le voyage entre la Masdjid’ul-Haram (le Sanctuaire de La Mecque) à la Mas-
djid’ul Aqsa (le Sanctuaire de Jérusalem) montre les liens déjà forts entre ces deux
grands centres spirituels qui ont été bénis par l’avènement de nombreux prophètes
de Dieu. De plus, à travers cet évènement, il est démontré que l’islam englobe toutes
les religions célestes antérieures et c’est la raison pour laquelle le Noble Prophète
Muhammad r conduisit la prière devant tous les prophètes L jusque-là envoyés.
« Ô Muhammad, parle--nous de notre caravane qui est en chemin, car ceci est
plus important que le Temple de Jérusalem ! »
Le Messager de Dieu r leur répondit :
« Dans cette vallée, je suis tombé sur la caravane du clan untel. Effrayé par le
grognement d’un animal sauvage, un des chameaux appartenant à la caravane s’est
échappé. Je leur ai montré ensuite où il se trouvait ! »
Il poursuivit ainsi :
« Et près de Dajnan, je vis la caravane des fils d’untel. Les hommes étaient en
train de dormir. Il y avait une cruche remplie d’eau recouverte. J’ai enlevé le couvercle
et j’en ai bu. Puis je l’ai remise comme elle était. Leur caravane doit être maintenant en
train de descendre la pente de Tanim. Au devant de la caravane se trouve un chameau
mâle de couleur grise portant deux sacs, l’un est de couleur noire et l’autre est multico-
lore. »
Stupéfaits par ces réponses, les idolâtres s’écrièrent :
« Voici la caravane qui arrive et le chameau gris est devant ! »
Dès que la caravane fut arrivée, ils se rendirent compte que le chameau était
exactement comme il avait été décrit.
Puis ils questionnèrent les gens de la caravane au sujet de la cruche d’eau. La
description collait parfaitement à ce qu’ils avaient entendu et ils affirmèrent bel et
bien qu’ils avaient retrouvé leur cruche d’eau vide alors qu’elle était préalablement
remplie.
D’autre part, cette indication montre bien que al-Isra et al-Mi’raj ont été à la fois
un voyage physique et spirituel.
Les idolâtres de Quraysh questionnèrent d’autres membres de la caravane.
Ceux-ci leur répondirent :
« En effet nous avons été secoués par un grognement provenant de cette vallée
et un de nos chameaux s’est enfuit. Nous entendîmes quelqu’un nous héler du lieu
où se trouvait l’animal et nous l’avons retrouvé là où il nous avait hélés ! »
Par ailleurs, certains d’entre eux reconnurent la voix comme étant « celle de
Muhammad r ».
Il n’y eut pas une seule question que les idolâtres ne posèrent pas au Noble Pro-
phète r, allant du nombre de chameaux composant la caravane jusqu’aux nombre
de bergers sans que l ’Envoyé de Dieu r réponde correctement à chacune d’elles.
Cela car à l’instar de la description du Temple Sacré, la caravane avait été également
emmenée devant ses yeux afin qu’il leur donnât une description précise.
294 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
ïĺƅ ïƈ ä
Ɔ ěƅ ĥŽ ì
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Ɔ īŽ Ĩ ƈ
Ƈ ģŽ ÖƆ Ģƈ IJƪ ƆŶÒ
ž ÷׎ ĤƆ ĹĘħŽ İ Ž ěƈ ĥŽ íƆ ĤŽ ÓƈÖÓĭĻƈƆ ĻđƆ ĘƆ ƆÈ
« Quoi ? Avons-Nous été fatigués par la première création ? Mais ils sont
dans la confusion [au sujet] d’une création nouvelle. » (Qaf, 50 : 15).
Qui a t-il de plus simple pour Dieu le Glorieux, qui a créé tout de rien, d’élever
Son serviteur à l’Isra et au Mi’raj !
Seul le manque de bon sens pourrait expliquer que l’on dédaigne cette réalité.
De nouveau, les pitoyables idolâtres de La Mecque rechignèrent à croire que
l’évènement du Mi’raj avait eu lieu et ils se moquèrent ouvertement de l’Envoyé de
Dieu r.
Mais leur comportement inapproprié leur coûta à jamais la possibilité d’avoir
à leur côté le Noble Prophète r. À présent, le temps était venu de le soustraire du
milieu d’eux et de lui accorder un autre peuple qui allait être en mesure d’apprécier
une telle bénédiction.
En effet, peu de temps après le voyage fatidique de Ta’if, le Tout-Puissant avait
déjà envoyé à Son Bien-aimé Messager r les précurseurs d’un peuple exceptionnel
désireux de lui prêter allégeance…
295
Médine est conquise par le biais du Coran enseigné par Mus’ab ibn Umayr t
La douzième année de l’apostolt prophétique les nouveaux musulmans de Mé-
dine écrivirent une lettre au Saint Prophète r.
296 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Ils lui demandaient dans cette lettre de leur envoyer un enseignant pour leur
expliquer l’islam, leur apprendre le Coran et les diriger dans la prière. Répondant à
leur requête, le Saint Prophète r leur envoya Mus’ab ibn Umayr t. (Ibn Saad, I, 220).
En plus de Mus’ab t, l’Envoyé de Dieu r leur envoya aussi Abdullah ibn Umm-
Maktum t , l’un des premiers croyants, dans le but de leur enseigner spécifiquement
le Coran. (Al Boukhari, Manaqibu’l-Ansâr, 46).
Mus’ab ibn Umayr t, qui embrassa l’islam très tôt, tint ferme sa foi en dépit de
la tyrannie de sa famille et des menaces de le priver de son héritage. Même si son ap-
parence pouvait laisser penser qu’il était pauvre et faible, en fait il avait un cœur riche
rempli d’amour et de foi. Il fut une figure monumentale pour l’expansion de l’islam.90
En effet sa venue à Médine marqua la floraison de l’islam dans la cité. Envoyé
par le Messager de Dieu r, le jeune Compagnon t commença à travailler jour et
nuit pour expliquer aux gens la Parole du Tout-Puissant. Ses efforts en la matière
portèrent leurs fruits : Asad ibn Zurara t fut l’un des premiers privilégiés que Dieu
guida et ce dernier devint une aide précieuse pour Mus’ab t. Un jour, ils partirent
tous deux s’asseoir au bord du puits situé dans le jardin de la tribu Zafar. Saad ibn
Muadh, un notable de la famille des Abdul’Ashal exprima à Usayd ibn Houdayr son
mécontentement :
« Tu es intelligent, tu connaîs bien ton travail et tu n’as besoin de l’aide de qui
ce soit à ce sujet. Va dire à ces deux hommes qui sont venus dans notre quartier pour
corrompre la foi des plus faibles d’entre nous de quitter ces lieux et de ne plus jamais
revenir ! Je l’aurais fait moi-même si Asad n’était pas de notre tribu. »
Usayd saisit sa lance et courrut sur les deux hommes en criant :
« Que fais-tu ici, ô Asad ? Aurais-tu amené cet étranger pour corrompre la
croyance des plus faibles d’entre nous ? Si tu veux rester en vie, pars d’ici et ne re-
viens jamais ! »
Intelligent et clairvoyant, Mus’ab t lui demanda :
90. Ali t raconte : « Alors que nous étions assis avec le Messager de Dieu r dans la mosquée, Musa’b
t fit son entrée. Voyant ce dernier porter des vêtements rapiécés et se souvenant qu’auparavant ce
Compagnon bénéficiait de tant d’aisance, il fut profondément ému. Puis il dit : « Que deviendrez-vous
lorsque le matin vous porterez un beau vêtement et dans l’après-midi un autre, lorsqu’un plat sera placé
devant vous et un autre retiré et que vous habillerez vos maisons comme on habille la Ka’ba ? »Les
compagnons y répondirent : « Ô Messager de Dieu, nous serons alors meilleurs qu’aujourd’hui,
nous nous consacrerons à l’adoration et ne serons guère inquiets quant à notre bien-être. » Le Saint
Prophète r leur déclara alors : « Bien au contraire, c’est aujourd’hui que vous êtes bien meilleurs. »(At
Tirmidhi, Qiyamat, 35/2476).
Les Douzième et Treizième Années de la Prophétie 297
Puis il se rendit auprès des hommes de sa tribu et leur demanda tout d’abord :
« Ô Fils d’Abdul’-Ashal ! Comment m’avez-vous connu jusqu’à présent ?
« Tu es le plus avisé et le plus éminent d’entre nous. » répondirent-ils.
Saad t poursuivit :
« Alors sachez que je ne parlerai à aucun d’entre vous tant que vous ne croirez
pas en Dieu et en Son Messager ! »
Ce jour-là, il ne resta pas une seule personne dans la tribu qui n’ait pas accepté
l’islam. (Ibn Hishâm, II, 43-46; Ibn Saad, III, 604-605; Ibn Athir, Usd’ul-Ghabah, I, 112-113).
Mus’ab t invita aussi à l’islam Amr ibn Jamuh t, un notable de la tribu Salima,
en lui récitant les huit premiers versets de la sourate Yusûf.
Amr t hésitait à prendre une décision aussi il demanda du temps pour réflé-
chir.
C’est alors que son fils Muadh t, qui avait déjà embrassé l’islam, se saisit de
l’idole de son père avec l’aide de quelques jeunes de la tribu et la jeta dans une fosse
boueuse. Horrifié, Amr t sortit son idole le lendemain, la nettoya et la remit à sa
place.
Quand le même incident se répéta à plusieurs reprises, Amr t décida d’accro-
cher son épée au cou de son idole afin qu’elle puisse se protéger !
Mais le lendemain, revoyant son idole replongée dans la saleté, il eut la convic-
tion que cet objet ne pouvait même pas se défendre alors comment pourrait-elle le
protéger ?
Et ainsi il ferma ses yeux à l’obscurité de l’ignorance et les ouvrit au soleil de
l’islam. Il remercia Dieu le Tout-Puissant de l’avoir guidé par l’intermédiaire de Son
Messager r et invita toute sa tribu à rejoindre l’islam. (Ibn Hishâm, II, 61-63; Dhahabî,
Siyar, I, 182).
Ces gens bénis se mirent d’accord avec le Saint Prophète r pour se retrouver à
Aqaba. Le Messager de Dieu r dit aux Médinois :
« Ne réveillez pas celui qui dort, n’attendez pas celui qui sera en retard au lieu du
rendez-vous ! »
Quand le tiers de la nuit passa, ils arrivèrent comme convenu à Aqaba et com-
mencèrent à attendre le Saint Prophète r qui arriva un peu plus tard accompagné
de son oncle Abbâs. Même si ce dernier n’avait pas encore accepté l’islam, il s’était
chargé de la protection de son neveu après la mort d’Abû Talib. Abbâs dit aux Médi-
nois qui avaient invité le Messager de Dieu dans leur contrée :
300 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
ģĻƈ
ƈ ×øĵ ƈ Ɔ ĥƇ ÜÓƈ ĝƆ ĺÙƆ ĭåĤŽ ÒħıĤƆ Īƪ ÓƆ Öƈ ħıĤƆ ÒijĨÒƆ IJħıùęƇ ĬŽ ÒƆ īĻĭƈ Ĩƈ ËŽ ĩĤŽ ÒīĨĴ
ƈ óÝüÒ ųÒĪÒƈ
Ɔ ĘĪij Ƈ ƪƆ ƇƇ ŽƇ ƆŽ Ɔ ŽƇ Ɔ Ɔ Ƈ Ɔ Ɔ Ɔ Ž ƆƩ ƪ
ĵĘƆ IJŽ ÒƆ īŽ ĨƆ IJ ƈ ƈ ÒŽ IJÙĺƈ òijÝĤÒĵĘÓ
ƈ åƈ ĬŽ ź ƈ ĝƬ èįƈ ĻĥƆ ĐÒïƃ ĐIJĪij ƈƩ
Ɔ ĪÒƆ óŽ ĝƇ ĤŽ ÒIJ
Ɔ ģĻ Ɔ Ɔ Žƪ Ɔ Ž Ɔ Ž Ɔ Ɔ ĥƇ ÝƆ ĝŽ ƇĺIJ Ɔ Īij
Ɔ ĥƇ ÝƇ ĝŽ ĻƆ ĘƆ ųÒ
ħĻčƈ đƆ ĤŽ ÒôƇ ijŽ ęƆ ĤŽ ÒijƆ İ ƈ įƈƈ ÖħÝđĺÓÖĴñƈ Ĥƪ ÒħġƇ đƈ Ļ×ƈÖÒIJóýƈ ×ÝøÓĘƆ ųÒ ƈ īĨ ƈ Įƈ ïƈ ıđƈÖ
Ƈ Ƈ ğƆ ĤðƆ IJƆ ŽƇŽƆ Ɔ Ƈ ŽƆ Ƈ ŽƆ Ž Ʃ Ɔ ŽƆ
« En vérité, Allah a acheté aux croyants leurs personnes et leurs biens en
échange du Paradis, en vue de défendre Sa Cause : tuer et se faire tuer. C’est une
promesse authentique qu’Il a prise sur Lui-même dans la Thora, l’Évangile et le
Coran. Et qui est plus fidèle à sa promesse que le Seigneur ? Réjouissez-vous donc
de l’échange que vous avez effectué ! N’est-ce pas que c’est là le comble de la féli-
cité ? » (at-Tawba, 9 : 111).
Après ceci, d’autres personnes prirent aussi la parole et s’exprimèrent tour à
tour.
Ensuite le Saint Prophète r commença son discours devant les Médinois en
récitant des versets du Coran pour expliciter les termes de leur engagement. En plus
de celles déjà convenues, les conditions suivantes furent également ajoutées :
1. Peut importe qui il soit aucun croyant ne doit s’opposer au chef des musul-
mans.
2. Ne jamais craindre les blâmes qui peuvent provenir des idolâtres en marchant
dans le sentier de Dieu.
3.À travers vents et marées, toujours obéir au Messager de Dieu r, le préférer à
quiconque et en aucun cas lui désobéir.
Le Noble Messager de Dieu r demanda douze naqibs92, ou délégués, chacun
représentant sa tribu respective. Les Médinois nommèrent douze personnes, neuf de
Hazraj et trois de Aws.
92. Naqib : chef ou représentant d’une tribu ou d’une ethnie.
302 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« Vous serez garants de vos tribus tout comme les Apôtres le furent pour Jésus fils
de Marie (‘Issa ibn Maryam), leur dit l’Envoyé de Dieu. Et moi je serai le garant de la
communauté musulmane. »
Les représentants approuvèrent la requête du Messager de Dieu r.
Sous un arbre, Abbâs, l’oncle du Saint Prophète r, prit la main de chaque Médi-
nois et la posa sur celle de son neveu, symbolisant par ce geste l’acte d’allégeance.
Ce serment ouvrit la porte à l’immigration à Yathrib (Médine) et marqua l’Hé-
gire, l’impulsion originelle de l’islam.
Comme cette réunion eut lieu de nuit, aucun des idolâtres ne fut mis au courant.
Après la conclusion de ce pacte, Iblis lança un cri perçant :
« Ô Gens de Mina ! Ô Quraysh ! Savez-vous que Muhammad et ceux qui ont
tourné le dos à leur croyance se sont réunis et ont convenu de vous faire la guerre ? »
Le Saint Prophète r ne tarda pas à les rassurer :
« N’ayez pas peur ! Ce n’est que la voix d’Iblis, l’ennemi de Dieu. Il ne peut rien
faire ! »
Puis il conseilla aux croyants de rejoindre de suite leurs campements.
Abbâs ibn Ubada dit alors :
« Je jure par Celui qui t’a envoyé avec la Vérité que si tu le souhaites nous les
passerons tous au fil de notre épée ! »
« Non, lui répondit le Saint Prophète r, on ne nous a pas ordonné d’agir ainsi.
Maintenant, retournez à vos campements ! »
Les musulmans retournèrent dans leurs campements et dormirent jusqu’à
l’aube. Tôt le matin, quelques idolâtres vinrent au campement des Mecquois au
sein duquel se trouvait aussi des musulmans pour leur demander si un accord avait
eu lieu avec le Saint Prophète r. Au courant de rien, les idolâtres du campement
jurèrent que rien de tel n’avait eu lieu. Nullement convaincus, les idolâtres conti-
nuèrent à enquêter à propos du serment d’Aqaba. Bientôt, leurs pires craintes furent
confirmées en ils découvrirent la véracité du pacte. C’est alors que des cavaliers cou-
pèrent les routes qui menaient à Médine.
Ces derniers appréhendèrent Saad ibn Ubada t et lui demandèrent :
« Es-tu entré dans la religion de Muhammad ? »
Quand Saad t leur répondit par l’affirmative, ils attachèrent fermement ses
deux mains à son cou et le tirèrent par ses longs cheveux jusqu’à La Mecque où ils
Les Douzième et Treizième Années de la Prophétie 303
3. La torture.
4. l’isolement ou la rupture de tout type de relation sociale ou commerciale.
5. les pressions violentes et les meurtres, forçant ainsi les musulmans à émigrer.
Dans le Coran, Dieu le Très-Haut décrit de la sorte la situation des musulmans :
Īij
Ɔ ġƇ éƆ ąŽ ĺÒij ƈ ƈ ƈ ƈ
Ɔ ƇĭĨƆ ÒƆ īĺ
Ɔ ñĤƪ ÒīƆ ĨÒijƇĬÓĠÒij
Ɔ ĨƇ óƆ äŽ ÒƆ īĺ Ɔ ñĤƪ ÒĪƪ Ò
ƈ ×ĥƆ ĝƆ ĬŽ ÒÒðƆ Òƈ IJĪIJ
Òij×ĥƆ ĝƆ ĬŽ Òħ ƈıĥƈ İŽ ƆÒĵĤƆ ÒÒij ƈ
Ƈ Ƈ Ƈ Ɔ Ɔ õƇ ĨÓƆ ĕƆ ÝƆ ĺƆ ħŽ ƈıƈÖÒIJóƫ ĨÒ
Ɔ ðƆ ÒIJƆ
Ɔ ĤÓąƆ ĤƆ Åƈ ƆźËƇ İ
Īijƫ ƈ ƇĤÓĜƆ ħİIJƆÒòƆÒðÒƈ IJīĻ ƈıġƈ ĘƆ
Ɔ Īƪ ÒÒij ŽƇ Ž Ɔ Ɔ Ɔ
« Les criminels riaient de ceux qui croyaient, et, passant près d’eux, ils se
faisaient des œillades, et, retournant dans leurs familles, ils retournaient en
plaisantant, et les voyant, ils disaient: ‹Ce sont vraiment ceux-là les égarés›. »
(al-Mutaffiffin, 83 : 29-32).
óƫ ĨƆ ƆÒIJĵ ƈ ÙƇ ĐÓùĤÒģƈ Ö
Ɔ İƆ îŽ ƆÒÙƇ ĐÓ
Ɔ ùĤÒ
ƪ IJ
Ɔ ħŽ İƇ ïƇ ĐijŽ Ĩ
Ɔ Ɔ ƪ Ɔ
« L’Heure, plutôt, sera leur rendez-vous, et l’Heure sera plus terrible et plus
amère. » (al-Qamar, 54 : 46).
94. Le suwar’ul-mufassal comprend la dernière section du Saint Coran, débutant, en conformité avec le
point de vue privilégié, par la sourate 50, Qaf, et se terminant par la dernière sourate, an-Nas. Ces
sourates ont été nommées mufassals pour le fait qu’elles sont souvent divisées par une basmala due à
leur brièveté.
306 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Et les sourates al-Baqara et an-Nisa, qui traitent des relations sociales, ne lui
furent révélées que lorsque j’étais avec lui à Médine. » (Al Boukhari, Fadail’ul-Quran, 6)
Marquées par un style élégant et concis, les sourates coraniques mecquoises
adoptent une position certaine et sans compromis contre l’idolâtrie. En effet, les Qu-
rayshites étaient des hommes éloquents qui aimaient se mesurer les uns aux autres
en organisant des joutes poétiques. Par conséquent, la parole qui devait les atteindre
se devait d’être éloquente et parfaite.
Ainsi donc, afin de réduire à néant la maîtrise de la littérature des idolâtres et
mieux la confondre, Dieu le Très-Haut fit usage de lettres alphabétiques disjointes
(huruf’al-muqatta’a) au début des sourates d’une manière jusqu’alors inédite.
Excepté pour les sourates al-Baqara et al-Imran, toutes les sourates qui dé-
butent par les huruf’al-muqatta’a appartiennent à la période mecquoise.
C’est la raison pour laquelle les premiers versets révélés furent si éloquents, si
sensés et en même temps si fluides qu’ils atteignirent le cœur de leurs auditeurs.
Une autre caractéristique de ces révélations mecquoises est que leur façon de
s’adresser aux gens, sauf quelques rares exceptions, est « Ô les hommes ! ».
Afin de persuader les idolâtres d’accepter une série de questions qui allaient
à l’encontre de leurs opinions et de leurs pratiques, les révélations mecquoises in-
cluaient des serments sur le soleil, la lune, les étoiles, la nuit, le jour et ainsi de suite.
En effet, toutes manifestaient la puissance du Très-Haut à travers l’univers.
Par ailleurs, une grande partie des récits historiques du Coran (Qasas) fut révé-
lé pendant la période mecquoise. Prendre les leçons de l’histoire est un des points
essentiels du Coran.
Les sourates traitant du passé des prophètes, en particulier d’Adam u et de son
affaire avec Iblis (Satan), sont d’origine mecquoise, sauf la sourate al-Baqara qui fut
révélée à Médine.
Le récit des expériences des peuples anciens, donnant des leçons à prendre, joua
un rôle prédominant dans la prédication de la Vérité aux idolâtres et dans leur cor-
rection progressive.
Au premier plan, la notion dominante dans ces récits demeure certes celle du
tawhid, le strict monothéisme.
Les versets mecquois montrent le chemin à suivre en matière de prédication. Ils
soulignent que l’invitation à la Religion divine ne doit se faire que pour l’agrément
de Dieu le Tout-Puissant.
Les Douzième et Treizième Années de la Prophétie 307
Ainsi, dans la sourate as-Shuara, le Très-Haut cite les prophètes Noé, Houd,
Sâlih, Lot et Shuayb L qui ordonnèrent à leur peuple la soumission et la piété et
affirmèrent qu’ils n’étaient que des messagers véridiques envoyés par Dieu :
ƈ ƈ ƈ ƈ ƈ ħġƇ ĥƇ ÑƆ øƆÒÓĨIJ
īĻ
Ɔ ĩĤƆ ÓđƆ ĤŽ ÒÔžƈ òĵ Ɔ ƪ źÒĴƆ ƈóäŽ ƆÒĪŽ Ò ƅóäŽ ƆÒīŽ ĨįĻŽ ĥƆ Đ
Ɔ ĥƆ Đ Ɔ Ž Ž Ɔ Ɔ
« Et je ne vous demande pas de salaire pour cela ; mon salaire n’incombe
qu’au Seigneur de l’univers. » (Coran, as-Shuara, 26 : 109, 127, 145, 164, 180).
La seconde partie du Coran a été révélée majoritairement à La Mecque. Comme
les Mecquois étaient généralement des gens orgueilleux, le mot « ŻĠ» (kallâ : signi-
fiant « que non ») peut être facilement remarqué tout au long de ces sourates, reje-
tant et menaçant les idolâtres à cause de leur attitude.
Ainsi donc, les sourates dont le mot « kallâ » est mentionné sont toutes d’ori-
gine mecquoise et se trouvent dans la seconde moitié du Coran.
Par ailleurs, les versets qui contiennent des versets relatifs à la prosternation
(sadja) furent également révélés à La Mecque.
Les gens habitués à se prosterner devant d’autres choses furent encouragés à le
faire devant le Tout-Puissant et à réfléchir sur le sens profond de ces versets.
Ces premiers versets révélés à La Mecque instaurèrent les fondations solides
d’une société saine du point de vue de la croyance, de la pensée et de la morale.
Contenant des principes moraux, ces versets visent à purifier les musulmans des
fausses croyances et coutumes, à leur inculquer une foi inébranlable en la Vérité et à
leur enseigner la patience, la volonté et la persévérance.
Enfin, il demeure remarquable que les versets mecquois ne contiennent aucun
sujet d’ordre juridique et ne concernent que les actes d’adoration, à l’exception de la
prière (salât).
Par exemple, les sourates Yunus, ar-Rad, al-Furqan, Ya-Sin et al-Hadîd ne
traitent jamais de sujets juridiques, mais plutôt de manière générale des principes de
la foi, des attributs de Dieu le Très-Haut, des histoires des prophètes antérieurs et des
scènes relatives à l’au-delà.
L’Hégire ne doit pas être vue comme une fuite face à l’indigence et à la misère.
Pour les Muhadjirs (les Émigrants) Médine fut une terre de refuge dans laquelle en
joignant leurs forces avec les Ansars ils firent asseoir la souveraineté de l’islam.
Le poète Necip Fazil donne la voix à cette réalité dans ces quelques vers :
Les Douzième et Treizième Années de la Prophétie 309
Les savants de l’islam ont tiré les conclusions suivantes relativement à l’autori-
sation accordée aux musulmans d’émigrer :
L’Hégire rendue obligatoire au temps du Saint Prophète r garde sa validité
jusqu’au Jour du Jugement. Cependant l’Hégire qui prit fin avec la conquête de La
Mecque est contextuelle à l’époque du Messager de Dieu r.
Il est donc interdit à tout musulman de rester dans un endroit où il ne peut
remplir ses fonctions telles que l’appel à la prière (adhan), la prière (salât) en congré-
gation et le jeûne.
Le verset ci-dessous en est la preuve :
Ó ĭƪ ĠÒij
Ƈ ƇĤÓĜƆ ħŽ ÝƇ ĭŽ Ġ
Ƈ ħĻ ƈ ƇĤÓĜƆ ħ ƈıùƈ ęƇ ĬŽ ƆÒĵĩƈ ĤÓƈ Č
ĘÒij Ɔ ÙƇ ġƆ Ñƈ ĥƆ ĩƆ ĤŽ ÒħƇ ıĻ ƈ ƈ
Ɔ Ž Ƈ Ęƪ ijƆ ÜƆ īĺ
Ɔ ñĤƪ ÒĪƪ Ò
Ó ıĻ ƈ ƈ ıƆ ÝƇ ĘƆ Ùƃ đƆ øÒƈ IJ ƈ Ʃ ĂƇ òƆÒīġƇ ÜƆ ħĤƆ ƆÒÒijƇĤÓĜƆ Ăƈ òƆźÒŽ ĵĘ ƈ īĻęƈ 𹎠ÝùĨ
Ɔ ĘÒIJóƇ äÓ Ɔ ųÒ Ž Ž Ž Ž Ɔ Ɔ Ɔ ŽƇ
ƈ äóĤÒ
ĢÓ ƈ ęƈ 𹎠ÝùĩĤŽ ÒƪźÒÒ ƈ óĻāƈ ĨÚ ÅÓøIJħĭıäħıĺIJÉŽ ĨğÑƈ ĤIJÓĘ
Ɔ žƈ īƆ ĨīĻ Ɔ Ɔ Ɔ ŽƇ ƃ Ɔ Ž Ɔ Ɔ Ɔ ƇƪƆ Ɔ ŽƇ Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ ƇƆ
ƃŻĻƈ×ø ƈ Ɔ đĻĉƈ ÝùĺƆźĪÒ ƈ ïƆ ĤŽ ƈijĤŽ ÒIJÅÓ ƈ ƈ
Ɔ ĪIJ Ɔ ïƇ ÝƆ ıŽ ĺƆ ƆźIJ Ɔ Ùƃ ĥƆ ĻèĪij Ƈ Ɔ ŽƆ Ɔ ùƆ žĭĤÒIJƆ
« Ceux qui ont fait du tort à eux mêmes, les Anges enlèveront leurs âmes en
disant : ‹Où en étiez-vous ? ›(À propos de votre religion) - ‹Nous étions impuis-
sants sur terre›, dirent-ils. Alors les Anges diront : ‹La terre d’Allah n’était-elle
pas assez vaste pour vous permettre d’émigrer ? › Voilà bien ceux dont le refuge et
l’Enfer. Et quelle mauvaise destination ! A l’exception des impuissants : hommes,
femmes et enfants, incapables de se débrouiller, et qui ne trouvent aucune voie. »
(An Nisa, 4:97).
Ce verset indique que ceux qui ont refusé d’émigrer et sont restés au sein de
cette société idolâtre s’infligent des tortures à eux-mêmes, préférant leur confort,
leurs habitudes, leur famille, leurs richesses et leurs intérêts à la Religion. Le prétexte
de dire « nous étions parmi les faibles sur la terre » ne sera ni valable ni accepté lors
du Jugement divin. L’excuse n’est valable que pour les personnes âgées, les invalides,
les femmes et les enfants qui n’ont vraiment pas pu trouver le moyen d’émigrer.
Ce que nous enseigne aussi l’Hégire, c’est qu’il nous est obligatoire de venir en
aide aux personnes oppressées, quelles que soient leurs origines.
L’opinion consensuelle (ijma) des savants musulmans (oulémas) est d’avis sur
le fait que tout musulman soumis à l’oppression, voire à la persécution ouverte, se
doit d’être secouru par les autres musulmans. Dans le cas contraire, il y aura négli-
gence en la matière et ces derniers auront commis un grand péché.
Les Douzième et Treizième Années de la Prophétie 311
Un autre fait est ici digne d’attention c’est la totale soumission d’Ali t au Mes-
sager de Dieu r.
En effet, les Compagnons t n’avaient pas l’habitude de montrer le moindre
signe d’hésitation quant à l’accomplissement des ordres prophétiques, que ce soit sur
le plan de la parole ou de l’action. Jamais ils ne sentirent le besoin de demander pour-
quoi ni comment. Si c’était d’un ordre, ils l’exécutaient promptement sans jamais
négliger une seule sunna dans son application.
Ils connaissaient parfaitement les conséquences qu’entrainaient le fait de tom-
ber dans la déviance et craignaient cette réalité. L’attachement de ces croyants au
Coran et à la Sunna était comparable à l’union entre l’ombre et son propriétaire. (Voir
Al Boukhari, Humus, 1; Muslim, Jihad, 52; Abu Dâwud, Haraj, 18; Ahmed, I, 10).
Ali t raconte :
« Au moment où le Messager de Dieu était sur le point de quitter La Mecque,
nous nous rendîmes ensemble à la Ka’ba. Le Messager de Dieu t me dit alors :
« Assieds-toi, ô Ali ! »
Je me suis assis. Puis voulant grimper sur le toit de la Ka’ba, il monta sur mes
épaules. Mais soudainement je perdis toute mon énergie. Me voyant en état de fai-
blesse, il descendit de mes épaules, s’accroupit, puis me dit :
« Monte sur mes épaules ! »
M’exécutant promptement, il se leva et me hissa. Je fus pris alors d’une telle
puissance que si je l’avais voulu, j’aurais pu atteindre les extrémités du ciel. Je me
retrouvai sur le toit de la Ka’ba où y était placé une idole faite de bronze et de cuivre.
« Jette-la en bas, ô Ali ! » me dit l’Envoyé de Dieu.
À l’instant où l’idole toucha terre, elle se brisa comme un bol en verre. Je
descendis ensuite du toit de la Ka’ba et nous nous éloignâmes du lieu sans croiser
personne. » (Ahmed, I, 84; Hakim, III, 6/4265).
La nuit même de l’Hégire, avant même qu’il ne sorte de chez lui, la maison du
Messager de Dieu r fut encerclée.
314 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Ó ĭƆ ĥŽ đƆ äƆ IJ ƈ ƈ ƈ ƈ ƈ
Ɔ Īij Ɔ éƇ ĩƆ ĝŽ Ĩ
Ƈ ħŽ ıƇ ĘƆ ĪÓĜƆ ðŽ ƆźÒŽ ĵĤƆ ÒĵƆ ƈıĘƆ ƃźƆŻĔŽ ƆÒħŽ ƈıĜÓĭƆ ĐŽ ƆÒĵĘÓĭƆ ĥŽ đƆ äÓ
Ɔ Ĭƪ Ò
ĪIJ Ɔ óƇ āƈ ׎ ƇĺƆźħŽ ıƇ ĘƆ ħŽ İÓ ƈ Ɔ īĨƈ IJÒïƬ øħ ƈıĺïƈ ĺÒƆ īƈ ĻÖīĨƈ
Ƈ ĭƆ ĻŽ ýƆ ĔŽ ÓƆ ĘƆ ÒïƬ ø
Ɔ ħŽ ƈıęĥŽ ì Ž Ɔ Ɔ Ž Ž ŽƆ Ž
« Nous mettrons des carcans à leurs cous, et il y en aura jusqu’aux mentons:
et voilà qu’ils iront têtes dressées. Et Nous mettrons une barrière devant eux et
une barrière derrière eux ; Nous les recouvrirons d’un voile : et voilà qu’ils ne
pourront rien voir. » (Ya-Sin, 36 : 8-9).
Aveuglés par le voile qui enveloppait leurs cœurs, ils ne purent en effet rien
voir. En effet, l’aveuglement des cœurs rend aussi les yeux aveugles, tant et si bien
que le Saint Prophète r passa devant eux, ils ne purent rien voir. Car, certes, les yeux
et les cœurs de ceux qui sont aveugles ne peuvent percevoir la lumière.
Ce n’est que quelques temps après que les idolâtres s’en aperçurent.
Quelqu’un qui passait par là leur demanda :
« Qui attendez-vous ici ? »
« Nous attendons Muhammad ! » répondirent-ils.
« Que Dieu vous détourne d’accéder à vos désirs, objecta l’homme. Muhammad
est parti en vous jetant de la terre au visage ! »
Quand les idolâtres posèrent leurs mains sur leur tête, ils les trouvèrent
recouvertes de sable. Furieux, ils prirent d’assaut la maison et y découvrirent que
quelqu’un était couché dans le lit du Saint Prophète r.
Ils s’écrièrent :
« C’est Muhammad ! Il est couché sous sa couverture ! »
Les idolâtres se précipitèrent vers le lit, mais quand l’homme couché dans le lit
leva la tête, ils demeurèrent stupéfaits.
En effet, celui qui était devant eux n’était autre qu’Ali t !
« L’homme disait donc vrai.» se dirent-ils, déconfits.
Ils se tournèrent vers Ali t et lui demandèrent sur un ton empli de colère :
« Où est le fils de ton oncle, ô Ali ? »
Les Douzième et Treizième Années de la Prophétie 315
« Je n’en ai aucune idée, leur répondit Ali t, croyez-vous que je suis toujours là
où il se rend ? Vous lui avez dit sans arrêt de quitter La Mecque. Voilà, il a fini par le
faire, il vous a quittés ! »
Les idolâtres commencèrent à s’acharner sur Ali t en le réprimandant et en
l’insultant. Qui plus est, ils le tinrent prisonnier pendant quelques temps à la Ka’ba
puis finirent par le relâcher. (Ibn Hishâm, II, 96; Ahmed, I, 348; Yakubi, II, 39).
Pendant que ces misérables aux cœurs verrouillés et aux yeux fermés à la vérité
rôdaient autour de sa maison l’Envoyé de Dieu r avait paisiblement rallié depuis
longtemps la maison d’Abû Bakr t.
Bien que les idolâtres eussent ourdi le complot, Allah le Tout-Puissant le contre-
carra de la plus belle des façons.
Le Très-Haut décrit cette situation comme suit :
ƈ óęĠīĺñƈ ĤÒğƈÖóġĩĺðÒƈ IJ
ĞƆ ijĥƇ ÝƇ ĝŽ ĺƆ IJŽ ÒƆ ĞƆ ijÝƈƇ ×ᎠĻĤÒIJ
Ƈ ƇƆƆ Ɔ ƪ Ɔ ƇƇ ŽƆ Ž Ɔ
īĺ ƈ
Ɔ ƈóĠÓĩƆ ĤŽ ÒóƇ ĻŽ ìƆ ƇųÒ Ʃ IJ
Ɔ ƇųÒ Ʃ óƇ ġƇ ĩŽ ĺƆ IJ Ɔ óƇ ġƇ ĩŽ ĺƆ IJ
Ɔ ĪIJ Ɔ ĞƆ ijäƇ ƈóíŽ ƇĺIJŽ ÒƆ
« (Et rappelle-toi) le moment où les mécréants complotaient contre toi pour
t’emprisonner ou t’assassiner ou te bannir. Ils complotèrent, mais Allah a fait
échouer leur complot, et Allah est le meilleur en stratagèmes.» (al-Anfal, 8 : 30).
Le long voyage
Le Messager de Dieu r quitta sa maison et une fois arrivé chez Abû Bakr t
remit à son ami, malgré son refus, la somme convenue pour l’achat du chameau qui
lui était prédestiné.
Le Messager de Dieu r, qui venait de passer miraculeusement devant les yeux
des idolâtres, devait cette fois-ci agir avec plus beaucoup plus de circonspection. En
effet, selon la volonté divine, le Messager de Dieu r est le meilleur exemple pour les
hommes.
C’est pour cela qu’ils sortirent par l’arrière de la maison d’Abû Bakr t, et qu’ils
y laissèrent quelques jours de plus leur chameaux.
De même qu’en termes de précaution, ils prirent la direction inverse de la route
menant à Médine.
Abû Bakr t marchait tantôt devant tantôt derrière le Messager de Dieu r.
Quand celui-ci remarqua cette attitude, il lui demanda :
« Pourquoi marches-tu de cette façon, ô Abû Bakr ? »
316 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Face à tous ces évènements, Abû Bakr t commençait à devenir de plus en plus
anxieux et agité. Il s’inquiétait non pas pour sa personne mais pour le Messager de
Dieu r.
En effet, si les idolâtres s’étaient légèrement penchés, ils les auraient certaine-
ment vus.
Ils se dirent même en faisant le tour de la grotte :
« S’ils étaient entré dans cette grotte, la toile d’araignée et les œufs de pigeon
auraient été détruits. »
Certains proposèrent de regarder à l’intérieur de la grotte.
Umayya ibn Khalef énervé dit :
« Avez-vous perdu la tête ? Que voulez-vous faire dans une grotte pleine de
toiles d’araignée ?! Croyez-moi, ces toiles d’araignée existent avant même que Mu-
hammad ne vint au monde ! »
Abû Jahl, quant à lui, ajouta :
« Pourtant Muhammad est près d’ici ! Mais avec à sa magie, il nous a bandés les
yeux et c’est pour cela que nous ne pouvons pas le voir ! » (Ibn Saad, I, 228; Halabî, II, 209).
Abû Bakr t le véridique s’inquiéta et dit au Messager de Dieu r :
« Si je suis tué, une seule personne serait tuée, mais s’il t’arrivait quelque chose,
toute une communauté serait anéantie. »
Le Saint Prophète r accomplissait la prière debout tandis qu’Abû Bakr t gar-
dait un œil ouvert.
Il t exprimait son inquiétude :
« Ces gens te recherchent partout, dit il au Saint Prophète. Par Dieu, je n’ai
aucune crainte pour moi, mais j’ai tellement peur qu’il te soit fait du mal ! »
Le Saint Prophète r répondit à son Yar-i Gar :
« Ô Abû Bakr ! N’aie aucune crainte, car Dieu est avec nous ! » (Ibn Kathir, al-Bi-
dayah, III, 223-224; Diyarbakri, I, 328-329).
« Si vous ne lui portez pas secours... Allah l’a déjà secouru, lorsque ceux qui
avaient mécru l’avaient banni, deuxième de deux. Quand ils étaient dans la grotte
et qu’il disait à son compagnon : ‹Ne t’afflige pas, car Allah est avec nous.› Allah
fit alors descendre sur lui Sa sérénité ‹Sa sakina› et le soutint de soldats (Anges)
que vous ne voyiez pas, et Il abaissa ainsi la parole des mécréants, tandis que la
parole d’Allah eut le dessus. Et Allah est Puissant et Sage. » (at-Tawba, 9 : 40).
Plus tard, Abû Bakr t relatant cet évènement, dit :
« Lorsque nous étions retranchés dans la grotte, j’aperçus les pieds des associa-
teurs et je dis au Messager de Dieu r:
- Ô Messager de Dieu, si un d’eux regardait sous ses pieds, il nous verrait !
Le Messager de Dieu r me répondit ceci :
- Ô Abû Bakr ! Que penses-tu de deux compagnons dont le troisième est Dieu le
Très-Haut ! » (Al Boukhari, Fadail’ul-Ashab 2, Manaqib 45; Muslim, Fadailu’s-Sahabah, 1).
Après seize années de prédication à La Mecque, et conséquemment à cette pé-
riode, une seconde grotte fut donc indiquée au Saint Prophète r.
À l’instar de celle qui se trouvait sur le Mont Hira, cette seconde grotte fut un
lieu de formation spirituelle.96
Là, dans ce lieu, le Messager de Dieu r observa tout un cortège de mystères
divins ; son cœur béni se développa et s’immergea dans les réalités du livre de la
création.
Le séjour dans la grotte de Thawr dura trois jours et trois nuits.
Durant ce moment exceptionnel, le Saint Prophète r n’était pas seul, il était
accompagné d’Abû Bakr t le plus noble des hommes après les prophètes. Honoré
de se trouver aux côtés de l’Envoyé de Dieu r durant ces trois jours et ces trois nuits,
il gagna la mention coranique de « Second des Deux ».
ÓĭƆ đƆ Ĩ ƈ
Ɔ ųÒ
Ɔ Ʃ Īƪ ÒĪŽ õƆ éŽ ÜƆ Ɔź
«…‹Ne t’afflige pas, car Allah est avec nous›… » (at-Tawba, 9 : 40).
96. Par rapport à Hira, Thawr était un autre lieu d’éducation. Alors qu’à Hira les graines de la foi avaient
été cultivées, à Thawr, les graines de l’ihsan (l’excellence) et du tasawwsuf (soufisme) furent plantées
après que les graines de l’iman (la foi) eussent déjà fleuri. Cela signifie que le cœur doit d’abord vivre
la charia, en vertu de laquelle il acquerra une aptitude pour le tasawwuf.
Les Douzième et Treizième Années de la Prophétie 319
Ce faisant le Saint Prophète r, lui avait transmis dans le même temps le secret
de demeurer avec Dieu (ma’iyya).
Ce fut le début de l’enseignement du dhikr ou du rappel silencieux (dhikr khafi)
et de l’ouverture du cœur à la spiritualité et à son apaisement.
Ainsi donc, la grotte de Thawr servit de lieu de départ à la formation du cœur en
vue d’atteindre le Tout-Puissant depuis l’horizon des mystères sans fin, la première
étape de ce voyage divin.
La transmission des secrets intérieurs du cœur béni du Saint Prophète r à sa
Communauté (Oumma) commença d’abord dans cette grotte avec Abû Bakr t qui
devint ainsi le premier maillon de la « chaîne d’or » (silsila) qui subsistera jusqu’à la
fin des temps.
La foi puise sa force dans l’amour développé à l’égard du Messager de Dieu r.
Le principal moteur de ce voyage, c’est l’amour que l’on ressent pour le Noble
Messager r et la seule façon d’atteindre le Tout-Puissant est liée à ce sentiment
d’amour. En effet, le véritable amour, ce n’est pas seulement le fait d’aimer quelqu’un,
mais c’est aimer aussi tout ce qu’il aime. Ce genre d’amour qui doit être constam-
ment vivifié n’est possible qu’à travers le lien spirituel (rabita). ( cf. Osman Nûri TOPBAŞ,
Îmandan Ihsâna Tasavvuf, p. 249-257, Istanbul 2002).
Fatigué à cause des évènements, le Messager de Dieu r avait placé sa tête sur les
genoux d’Abû Bakr t et s’était assoupi. À un moment, ce dernier remarqua un trou
qu’il avait oublié de boucher, et de peur qu’un reptile ne causât quelque tort au Saint
Prophète r, il avança son pied sans vouloir le déranger.
Bientôt confronté à une épreuve divine Abû Bakr t avait toutes les raisons de
s’inquiéter. En effet, un serpent se manifesta et mordit violemment son pied en y
déversant son venin.
Abû Bakr t entra subitement dans une telle agonie que même s’il fut incapable
de remuer un seul membre de son corps pour ne pas réveiller le Messager de Dieu r,
il n’eut guère la force de contenir ses larmes. C’est ainsi qu’une de ses larmes tomba
sur le visage béni du Saint Prophète r, ce qui le réveilla.
Celui-ci lui demanda alors :
« Que se passe t-il, ô Abû Bakr ? »
Abû Bakr t répondit qu’il n’y avait rien de mal, mais finit néanmoins par ra-
conter ce qui venait de se produire. (Bayhaqî, Dalail, II, 477; Ibn Kathir, al-Bidayah, III, 223)
Sans tarder une seule seconde, le Saint prophète r appliqua sa salive sur la plaie
à l’aide de son doigt, et par un effet de la grâce de Dieu, la souffrance s’apaisa et sa
blessure guérit.
Une source non confirmée rapporte que le Messager de Dieu r demanda au
serpent la raison de sa morsure, ce à quoi il répondit :
« Ô Messager de Dieu ! J’attendais ta venue ici depuis tant d’années afin de te
voir. Juste au moment où mon désir le plus fort allait se réaliser, je m’aperçus que
mon chemin était bloqué. Incapable de retenir ce désir intense de te voir, je n’eus pas
d’autre choix que de mordre ! »
Inspiré par cet évènement, le poète Fuzuli exprima dans un distique la force spi-
rituelle qu’avait le Saint Prophète r de guérir tant physiquement que moralement :
Pour l’ami intime, même le venin devient vie,
Alors que l’eau pure est poison pour l’ennemi...
Au cours de son califat, quand certaines personnes firent l’éloge d’Omar t en
le plaçant au-dessus d’Abû Bakr t, Omar t déclara :
« Par Dieu, Abû Bakr t est meilleur que toute la famille d’Omar t réunie. Bien
plus encore, même un seul jour de sa vie est plus méritoire que toute ma famille.
Quand le Messager de Dieu r quitta sa maison pour se réfugier dans la grotte, c’est
lui qui était en sa compagnie. » (Hakim, III, 7/4268).
Les Douzième et Treizième Années de la Prophétie 321
Tout au long du séjour qui eut lieu dans la grotte de Thawr, Asma c, la fille
d’Abû Bakr t, apporta de la nourriture et son fils Abdullah t passa chaque nuit
dans la grotte avec eux. Pour faire croire aux idolâtres qu’il passait la nuit en ville, il
rejoignait La Mecque dès l’aube et la journée, il se mélangeait parmi eux et écoutait
leurs complots qu’ils voulaient ourdir contre le Saint Prophète r. La nuit tombée, il
racontait à l’Être de lumière ce qui se disait.
Amir ibn Fuhayra t, l’affranchi d’Abû Bakr t, faisait paître les brebis de ce
dernier en compagnie des autres bergers. Partant tôt le matin en leur compagnie,
il ralentissait volontairement le pas de ses animaux au retour pour rester en retrait,
derrière les autres bergers. Ainsi la nuit venue, il allait à la grotte avec les brebis pour
que le Saint Prophète r et son honorable ami puissent bénéficier du lait de ses bêtes.
(Ibn Hishâm, II, 99; Al Boukhari, Manaqibu’l-Ansâr, 45; Haythami, VI, 53).
Après trois jours de recherche intensive, les idolâtres perdirent tout espoir. Le
quatrième jour, ayant appris d’Abdullah ibn Abû Bakr t que les idolâtres avaient
abandonné les recherches, le Saint Prophète r et Abû Bakr t enfourchèrent les
chameaux apportés par le guide et quittèrent la grotte. Cela signifiait que c’était le
moment pour le Saint Prophète r de faire ses adieux à sa ville natale où il avait passé
toute son existence jusqu’à ce jour.
Le Messager de Dieu r était très attaché à La Mecque et l’aimait particulière-
ment. Si bien qu’il s’arrêta sur la colline de Hazwara et s’écria à l’adresse de la cité :
« Par Dieu ! Mekka tu es la plus aimée de toutes les cités. Si les événements ne m’y
avaient pas poussé jamais je ne t’aurais quitté. » (Ahmed IV, At Tirmidhi, Manaqib, 68/3925).
Puis de nouveau :
« Quelle belle cité es-tu et comme je t’aime ! Jamais je ne t’aurais quitté si ma
tribu ne m’avait pas contraint à changer de contrée. » (At Tirmidhi, Manaqib, 68/3926).
À cette tristesse qui était sienne vint le réconfort divin :
îÓƅ đƆ Ĩĵ ƈ
Ɔ ĤƆ ÒĞƆ îÒƫ óƆ ĤƆ ĪƆ ÒƆ óŽ ĝƇ ĤŽ ÒğƆ ĻŽ ĥƆ Đ
ƈ ƈ
Ɔ ĂƆ óƆ ĘƆ ĴñĤƪ ÒĪƪ Ò
« Celui qui t’a prescrit le Coran te ramènera certainement là où tu (sou-
haites) retourner. Dis : ‹Mon Seigneur connaît mieux celui qui a apporté la guidée
et celui qui est dans un égarement évident. » (al-Qasas, 28 : 85).
Ces versets coraniques indiquent explicitement les premiers signes de la
conquête de La Mecque et ont chassé la tristesse du cœur du Saint Prophète r en y
laissant place à la joie.
322 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« Ô Ummu Ma’bad ! D’où vient toute cette abondance de lait ! s’exclama t-il.
Nos brebis sont toutes loin d’ici et toutes stériles, et il n’y a ici aucune bête qui ne
peut être soumise à la traite. Que s’est-il donc passé ? »
« Aujourd’hui, un saint homme est venu dans notre tente ! » répondit-elle, puis
elle se mit à lui raconter tout depuis le début.
Tout excité, son mari lui demanda :
« Allez, raconte-moi plus de choses à son sujet. »
Alors son épouse commença à lui faire la description de l’Être de lumière r
selon la perception qu’elle en avait eue :
« Celui que j’ai vu était un bel homme, doté d’un visage lumineux et d’une
personnalité exceptionnelle. Je ne pourrais lui attribuer de défaut. Ses yeux étaient
noirs et pétillants, ses cils épais et sa voix délicate. Le blanc et le noir de ses yeux
étaient remarquables, le contour de ses yeux était naturellement souligné de noir.
L’extrémité de ses sourcils était fine et ses cheveux étaient noirs foncés. Assez grand
de taille, sa barbe était dense et modérément longue.
Son calme reflétait la sérénité et la dignité. Lorsqu’il conversait coulaient de sa
parole la beauté et la délicatesse. Ses mots étaient formulés comme des perles par-
faitement alignées et coulaient tous distinctement. Sa parole était claire et précise, ni
elle ne montrait d’incapacité ni elle devenait fastidieuse. Il distinguait parfaitement
le bien du mal.
Le voyant arriver de loin, on pouvait remarquer son imposante stature et son
extrême beauté, mais de près, c’était l’homme le plus aimable et le plus charmant.
De taille moyenne, il n’était ni excessivement grand ni trop petit. Sa beauté
dépassait celle de tous ses semblables. Ceux qui l’entouraient écoutaient paisible-
ment ses paroles et accouraient à chacun de ses désirs. Sa personnalité exception-
nelle faisait que tous le respectaient et lui obéissaient. Arborant un visage souriant,
il ne blâmait ni ne rabaissait qui que ce soit. »
En entendant cette description vivante, Abû Ma’bad t s’écria :
« Cet homme est le Prophète sorti de Quraysh ! J’aurais tellement souhaité le
rencontrer et devenir son ami ! Je le ferai à la première occasion ! »
Pendant ces jours particuliers, on entendit une voix inconnue à La Mecque qui
faisait l’éloge des invités de la tente d’Ummu Ma’bad.
Poussé par cette voix inconnue, Hassan ibn Thabit t lui répondit en improvi-
sant un poème dans lequel il évoquait le désespoir de Quraysh, l’Hégire du Messager
de Dieu r à Médine et la diffusion de la lumière de l’islam. (Ibn Saad, I, 230-231;VIII,
289; Hakim, III, 10-11).
324 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Nous prîmes donc la route et, parvenus à la pente de Raquba, nous aperçûmes
les bandits.
Le premier d’entre eux dit à l’autre :
- Cet homme semble venir du Yémen.99
L’Être de lumière r les appela ensuite à lui et les invita à l’islam. Ceux-ci accep-
tèrent le Message et devinrent musulmans.
Quand le Messager de Dieu r leur demanda comment ils s’appelaient, ils
répondirent :
- On nous appelle Mukhanan (c.-à-d. les deux méprisés).
Le Messager de Dieu r leur dit alors :
- Désormais, vous vous nommerez Mukraman (c.-à-d. les deux honorables) ! »
Et il leur ordonna d’aller à Médine pour annoncer leur arrivée. » (Ahmed, IV, 74).
Lors de son séjour à Quba, le Messager de Dieu r assistait à des funérailles, ren-
dait visite aux malades et acceptait les invitations. Abû Sa’id al-Khoudri t raconte
quelques-uns de ses souvenirs exposant la sensibilité des croyants :
« Dès les premiers jours de sa présence à Médine, nous informions le Messager
de Dieu r dès qu’une personne était proche de la mort. Il restait alors au chevet de
l’agonisant et priait pour son pardon. Quand la personne décédait, il rentrait avec
les autres et attendait parfois jusqu’à l’enterrement. Soucieux du désagrément que
nous pouvions lui causer, nous nous entendîmes sur un point et décidâmes de ne
rien dire au Messager de Dieu r jusqu’à ce que le mourant décède pour qu’il ne soit
pas fatigué et ne perde pas de temps. Pendant quelques temps nous continuâmes
ainsi. Mais nous nous rendîmes compte que cela aussi prenait davantage de temps à
328 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Abû Hurayra t rapporte (At Tirmidhi Tafsir 9/3099; Abû Dâwûd, Taharah, 23/44; Ibn
Majah, Taharah, 357) que la fin du verset susmentionné se réfère à la population de
Quba :
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Il t dit même que s’il se trouvait à une très longue distance de Quba, il n’hési-
terait pas à s’y rendre à dos de chameau. (Ibn Saad, I, 245).
La Mosquée de Quba subit des extensions pendant le califat d’Othman t et
d’Omar ibn Abdulaziz g.
Par la suite de nombreuses rénovations eurent lieu.
En l’an 1242 de l’Hégire (1829 après J.C), le sultan ottoman Mahmud II entre-
prit des travaux de rénovation en y plaçant un plafond droit et un minaret.
Par la suite, le gouvernement saoudien la détruisit pour pouvoir l’agrandir et
y construire une mosquée possédant un dôme central entouré de quatre minarets.
Ô les hommes !
Préparez-vous dès à présent au monde de l’Au-delà. Certes chaque personne
mourra et laissera son troupeau sans berger. Ensuite, sans intermédiaire et ni tra-
332 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
ducteur, Dieu vous demandera : « Ne vous ai-Je pas envoyé un Messager pour vous
informer de Mes commandements ? Pour toutes les bénédictions et faveurs que je vous
ai octroyées, qu’avez-vous apporté pour vous ?
Face à cette question ; chaque personne regardera à gauche et à droite, mais sans
succès. Il ne verra que les Flammes infernales devant lui.
Alors réveillez-vous !
Que celui qui peut se protéger du Feu même en offrant la moitié d’une datte, qu’il
le fasse. S’il est aussi pauvre qu’il n’a même pas ceci, qu’il fasse du bien en exprimant
de belles paroles ! Car une bonté est multipliée par dix à sept cents fois.
Que le Salut et la miséricorde de Dieu soient sur vous ! » (Ibn Hishâm, I, 118-119,
Bayhaqî, Dalâil, II, 524).
2. Second sermon
« Louange à Dieu et à Lui seul je demande assistance. Nous nous réfugions auprès
de Dieu des vices de l’ego et de l’accomplissement de mauvaises actions. Nul ne peut
guider celui que Dieu égare et nul ne peut égarer celui que Dieu guide.
Je témoigne qu’il n’y a de dieu que Dieu, Il est unique et sans associé. Les plus
belles paroles sont celles du Livre de Dieu. Celui dont Dieu le Très-Haut orne le cœur
par le Coran, le guide vers l’islam après la mécréance et que celui-ci préfère la Parole
d’Allah à toutes les autres, aura incontestablement atteint la réussite.
Certes le Livre de Dieu est la plus admirable et la plus éloquente des paroles.
Aimez ce que Dieu aime ! N’ayez point de lassitude à réciter le Coran et invoquer
Dieu.
Que vos cœurs ne soient guère contrariés en raison de la plume de Dieu car ces
Paroles sont choisies parmi les meilleures. Le Livre Saint traite des meilleures actions,
mentionne les plus beaux récits des prophètes les plus éminents et dans lequel le licite
et l’illicite sont évoqués.
N’adorez que Dieu et ne Lui associez personne ! Craignez le Tout-Puissant
comme il se doit ! Que vos langues témoignent de vos bonnes actions ! Aimez-vous
en Dieu et en Son Livre ! Sachez que Dieu n’aime pas celui qui ne tient pas Sa parole
quand il fait une promesse !
Que la Paix de Dieu soit sur vous ! » (Bayhaqî, Dalâil, II, 524-525).
Le contenu de ces deux sermons résume bien divers aspects de l’islam, à savoir
la croyance, le culte, les principes moraux et sociaux de la religion.
Les Douzième et Treizième Années de la Prophétie 333
Que la prière du Vendredi ait été rendue obligatoire avant même l’achèvement
de l’Hégire souligne l’importance et l’urgence pour les musulmans de se rassembler
en communauté.
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Nous sommes les filles de Najjar !
Quel bonheur d’être proches et voisines de Muhammad !
Quel grand honneur ! »
Le Sultan des cœurs r leur demanda :
« Répondez-moi, m’aimez-vous ? »
« Oui, ô Messager de Dieu, nous t’aimons beaucoup ! »
Ravi par tant de joie, le Saint Prophète r leur dit alors :
« Seul Dieu sait combien je vous aime ! Par Dieu, je vous aime toutes aussi ! Par
Dieu, je vous aime toutes aussi ! Par Dieu, je vous aime toutes aussi ! » (Ibn Majah, Nikah,
21; Diyarbakri, I, 341).
Dans ce couplet, le poète exprime ses sentiments avec subtilité et élégance. Ici,
le mot « aman » qui signifie en arabe « demande d’aide », et le mot « Muhammad »
ont la même valeur abjad104 soit 92.
Poétiquement parlant, le cri de l’amant : « aman ! » fait allusion au fait de ne
désirer que le Saint Prophète r et nul autre.
Ainsi donc l’Hégire mit fin à la Période mecquoise et inaugura la Période Médi-
noise.
TROISIÈME PARTIE
339
Bien qu’âgé de plus de quatre-vingt ans, Abû Ayoub t prit part à deux sièges de
la ville très convoitée, et comme une avant-garde de la conquête suprême qui allait
avoir lieu bien des siècles plus tard, il offrit sa vie pour la cause.
Quelques instants avant qu’il ne décède, et pour éviter que son corps ne soit
un objet d’ambition pour les combattants musulmans qui revendiqueraient la ville
après lui, il dit à ceux qui l’entouraient :
« Enterrez-moi au plus éloigné point que vous foulerez…»( Cf.Ibn Sa’d, III, 484-485).
342 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Attachés les uns aux autres dès les premiers temps de l’Islam, les Musulmans
exposèrent au regard de tous un deuxième écran de fraternité à la suite de l’Hégire.
Dès que les Muhajirun posèrent le pied à Médine, les Ansar se concurrencèrent
à propos de l’accueil de leurs frères nouvellement venus. La savoureuse dispute prit
un tour inquiétant au point qu’ils durent finalement effectuer un tirage au sort pour
décider qui accueillerait qui. (Al Boukhari, Janaiz, 3; Manaqıbu’l-Ansar, 46).
Cinq mois après l’arrivée à Médine, le Messager d’Allah r désigna pour chaque
Muhajir un frère Ansar. La déclaration du pacte eut lieu dans la maison d’Anas ibn
Malik t. (Al Boukhari, Adab, 67).
Citons même quelques paires célèbres : Abû Bakr et Kharija ibn Zayd, et Utban
ibn Malik, Abû Ubayda et Saad ibn Muadh, Othman et Aws ibn Thabit,105 Bilal al-
Habashi et Abdullah ibn Abdurrahman,106 Salman et Abû Darda,107 Salim et Muadh
ibn Maiz,108 Ammar et Hudhayfa. y109
La constitution de ces paires prit en considération les similitudes de tempé-
rament des deux personnes. Chaque famille d’émigrés était pensionnaire chez un
Médinois. Les Compagnons qui furent déclarés frères devaient travailler ensemble
et partager ce qu’ils avaient acquis. Les Ansar donnaient leurs biens excédentaires au
Noble Prophète r qui les partageait ensuite entre les Muhajirun. Toujours insatis-
faits, les Ansar insistèrent auprès du Messager d’Allah :
« Ô Messager d’Allah ! Partage aussi nos champs de dattes entre nos frères émi-
grés ! »
« Non ce n’est pas possible ! », répondit le Messager d’Allah r.
105 Ibn Hishâm, II, 124-125.
106 Ibn Sa’d, III, 233, 234.
107 Al Boukhari, Adab, 67.
108 Ibn Abdilbar, II, 567.
109 Hakim, III, 435/5657.
Première Année de L’hégire 345
Les « Frères » étaient les tuteurs légaux et les héritiers des uns des autres. Bien
que le pacte de fraternité demeurât en principe, la clause relative à l’héritage fut mo-
difiée par une révélation subséquente à la Bataille de Badr, ce qui amena à restreindre
l’héritage uniquement à la naissance. (Voir, al-Anfal, 72-75; Al Boukhari, Faraid, 16).
Ibn Abbâs t donne cette explication en lien avec la question :
« En vertu de la fraternité fondée par le Messager d’Allah, un Muhajir a le droit
d’hériter d’un frère Ansar, au-delà même de ses liens de sang.
Mais lorsque verset coranique suivant fut révélé:
Le muakhat servit à mettre un terme à la bataille qui s’ensuivit entre les Aws et
les Khazraj, les tribus locales de Médine, et à établir une fraternité plus profonde que
les liens de sang. Ils pouvaient difficilement attendre jusqu’au matin dans l’expecta-
tive de se voir et lorsqu’enfin ils se voyaient ils se demandaient avec enthousiasme
des nouvelles des uns des autres comme s’ils ne s’étaient pas vus depuis des années.
Rarement trois jours passaient sans que l’un aille visiter l’autre. Cette fraternité atti-
rant la Faveur Divine fut approuvée par le Noble Coran. (Voir, al-Hashr, 9).
Le Noble Prophète r jeta les bases d’un État et d’une société islamiques à Mé-
dine. En premier lieu, il fallut mettre en place une unité et une solidarité sociales, à
condition d’y placer l’amour et l’assistance mutuelles. C’est pour cela que le pacte
de fraternité instituée par le Prophète d’Allah r entre les Muhajirun et les Ansar
s’avéra être le facteur le plus important quant à la construction d’une société qui n’a
pas connu son pareil dans l’histoire de l’humanité. Le Noble Prophète r ne fonda
la société Islamique naissante que sur la base de la fraternité de l’Islam, et non pas
sur une base tribale ou raciale, ou bien d’une catégorisation sociale entre libres ou
esclaves, riches ou pauvres, etc. Toute société islamique est bâtie par des personnes
issues de tous les horizons et appartenant à n’importe quelle catégorie sociale.
Comme les idolâtres lui avaient infligés les pires tourments, Suhayb t prit le
chemin de l’hégire vers Médine tout de suite après ‘Alî t. Il fut contrecarré dans son
projet par un groupe de Mecquois qui l’appréhendèrent et lui dirent :
« Il n’est pas question que nous te laissions partir vivant en emportant tous tes
biens ! Tu es venu à La Mecque pauvre et c’est dans notre ville que tu t’es enrichi et
que tu es devenu ce que tu es. »
Alors Suhayb t descendit immédiatement de cheval et, prenant quelques
flèches de son carquois, se mit à protester :
« Vous savez très bien que je suis d’entre vous un des plus talentueux archers.
Par Allah, même si je devais utiliser toutes les flèches en ma possession et mon épée,
je ne reculerai pas… et tant que je tiendrais un de ces objets dans ma main, vous ne
serez pas en mesure d’obtenir un seul pouce de moi. Mais si vous êtes capables de
vous emparer de moi alors que je suis complètement dépossédé d’eux, faites de moi
ce que vous désirez. Maintenant si je vous dis où se trouve ma fortune et que vous en
disposiez comme bon vous semble, me laisseriez-vous le chemin libre ? »
Les idolâtres acceptèrent l’offre. Sur ces entrefaites, Suhayb t fit porter à leur
connaissance l’endroit exact où se trouvait sa fortune et puis reprit tranquillement sa
route, le cœur léger. Vers la moitié du mois de Rabi’ al-Awwal, il rejoignit le Noble
Prophète r à Quba, accompagné à l’époque d’Abû Bakr et d’Omar y. Les yeux en-
doloris et extrêmement affamé à cause du voyage, Suhayb t commença à manger
les dattes, ce qui fit dire à Omar t d’un ton railleur :
« Ô Messager d’Allah ! Regarde Suhayb ! Le fait qu’il ait les yeux endoloris ne l’a
pas empêché de cueillir des dattes fraiches ! »
La Lumière de l’Être r participa (à cette plaisanterie) :
« Ainsi donc, on mange des dattes alors qu’on a mal aux yeux ? »
« J’ai aperçu ces dattes avec la partie de mes yeux qui n’était pas douloureuse ! »
répondit Suhayb.
Le Noble Prophète r arbora un sourire chaleureux et insinuant la manière dont
Suhayb racheta sa fortune aux idolâtres contre sa vie, déclara :
« Suhayb est triomphant… Suhayb est triomphant. Sois assuré Suhayb, ton com-
merce s’est avéré rentable ! » (Ibn S’ad, III, 226-230 ; Hakim, III, 450, 452).
Certains Muhajirun, désireux de ne pas être un fardeau pour les Ansar qui
n’étaient pas gênés pour partager ce qu’ils avaient avec leurs frères émigrés, n’accep-
tèrent pas ce qu’on leur donnait gratuitement et d’autres l’acceptait à condition de
travailler de leurs propres mains dans les champs de dattiers appartenant aux Ansar.
D’autres émigrés préférèrent s’engager dans ce qu’ils connaissaient le mieux, à
savoir le commerce. L’un d’entre eux, Abdurrahman ibn Awf t qui, bien que Sa’d
ibn Rabi t, son pair, lui offrît la moitié de sa fortune, refusa net en lui disant :
« Veuille Allah faire prospérer ta richesse et accorder le bien-être à ta famille, il
me suffit que tu me montres où se situe le marché de Médine. »
Ainsi il débuta son affaire commerciale et devint riche en peu de temps. (Al
Boukhari, Manaqib’ul-Ansar, 3).
Allah – Gloire à Lui – promet de pardonner les péchés des Muhajirun et de les
récompenser au paradis :
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« Quant à ceux qui ont émigré après avoir été persécutés, et qui ont ensuite
combattu et enduré, ton Seigneur sera à leur égard Plein de sollicitude et de bien-
veillance. » (An-Nahl, 16/110).
Dans la même veine le Noble Prophète r a déclaré :
« Les Muhajirun entreront au paradis soixante-dix années avant les autres et
profiteront de ses bénédictions tandis que les gens attendront le moment où ils seront
appelés à rendre des comptes. » (Haythamî, X, 15).
Destiné aux grandes récompenses dans l’Au-delà, le Muhajir déjà bénéficié des
nombreuses bénédictions divines tout au long de sa vie, suite à ses sacrifices :
« Ô Allah… Rends Médine chère à nos yeux de même que La Mecque est chère
à Tes yeux ; et même davantage ! Accorde la prospérité à sa moisson ! Ô Allah …
Améliore le climat de Médine et envoie sa fièvre et sa peste à Juhfah ! »110 (Al Boukhari,
Fadail’ul-Madina, 12 ; Muslim, Hajj, 480).
solidarité et au-delà même de tout ce qu’on pouvait rêver d’attendre de son propre
frère de naissance. La sincérité des Ansar est ainsi acclamée dans le Coran :
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Ɔ ĪIJ Ɔ ÜIJ ž Ùƃ äÓ Ɔ ħŽ İ ƈòIJïƇ ĀĹ
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« Il [appartient également] à ceux qui, avant eux, se sont installés dans le pays
et dans la foi, qui aiment ceux qui émigrent vers eux, et ne ressentent dans leurs
cœurs aucune envie pour ce que [ces immigrés] ont reçu, et qui [les] préfèrent
à eux-mêmes, même s’il y a pénurie chez eux. Quiconque se prémunit contre sa
propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent. » (Al-Hashr, 59 /9).
L’évènement suivant, rapporté comme ayant occasionné la révélation susmen-
tionnée, représente vraiment la profondeur de l’esprit de sacrifice des Ansar :
Un homme mourant de faim vint demander de l’aide au Messager d’Allah r :
« Qui veut inviter son frère ? » demanda le Noble Prophète r.
« Moi », répondit Abû Talha t l’Ansar, et il emmena l’homme chez lui.
Une fois arrivé, il dit à sa femme en particulier : « Prépare quelque chose en
l’honneur de l’invité du Messager d’Allah »
Puis il demanda : « Y a-t-il quelque chose à manger ? »
« Non, répondit sa femme, il y a juste suffisamment pour nourrir les enfants. »
« Alors distrais-les. S’ils viennent demander à manger, envoie-les se coucher.
Une fois notre invité à l’intérieur, éteins doucement la lumière pour qu’il y ait l’obs-
curité et nous nous rassemblerons comme si nous nous joignons à lui pour le repas. »
C’est ainsi que peu après ils s’assirent pour le repas. L’invité mangea ce qu’on
lui présenta alors qu’Abû Talha t et son épouse allèrent se coucher le ventre vide.
Le lendemain matin, il se rendit auprès du Noble Prophète r qui, en le voyant, dit :
« Allah a apprécié la manière dont tu as agi avec ton invité la nuit dernière. » (Al
Boukhari, Tafsir, 59/6 ; Muslim, Ashribah, 172-173).
« Ne vous inquiétez pas, assura le Noble Prophète, tant que vous priez Allah en
leur nom et que vous les remerciez en retour de ce qu’ils font, vous serez aussi récom-
pensés. » (At Tirmidhi Qiyamah, 44/2487).
Jâbir t, quant à lui, rappelle l’évènement suivant :
« Après avoir collecté les dattes, les Ansar les divisaient en deux tas empilés l’un
à côté de l’autre. Puis, plaçant quelques feuilles de dattier sur le plus petit des tas
pour le faire paraître plus important que l’autre, ils demandaient aux Muhajirun de
choisir le tas qu’ils préféraient. Et eux, souhaitant que leurs frères Ansar choisissent
le plus grand tas, choisissaient le tas apparemment plus petit de façon à ce qu’ils se
retrouvassent avec la plus grande quantité de dattes. Les Ansar voyaient tous leurs
vœux exaucés en s’accordant le plus petit tas. Cet acte généreux continua jusqu’à la
prise de Khaybar. » (Haythamî, X, 40).
Voici un autre exemple d’altruisme que les Ansar manifestaient à l’égard de
leurs frères immigrés :
Le Noble Prophète r avait préalablement appelé les Ansar à répartir entre eux,
en lots, la terre de Bahreïn. Mais les Ansar renoncèrent à leurs droits :
« De grâce, ô Messager d’Allah, dirent-ils, ne nous donne rien avant de donner
deux fois plus à nos frères Muhajirun ! »
« Ainsi, ô Ansar, vous préférez les autres à vous-même, répondit le Messager
d’Allah, soyez donc patients jusqu’à ce que vous soyez unis à moi au Bassin d’al-Kaw-
thar… car après moi viendra un temps où d’autres vont être préférés à vous ! » (Al
Boukhari, Manaqib’ul-Ansar).
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Première Année de L’hégire 353
« Les tout premiers [croyants] parmi les Emigrés et les Auxiliaires et ceux qui
les ont suivis dans un beau comportement, Allah les agrée, et ils l’agréent. Il a pré-
paré pour eux des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, et ils y demeureront
éternellement. Voilà l’énorme succès ! » (At-Tawba, 9/100).
Les Ansar n’ont pas hésité à mettre leur vie en jeu pour la défense de l’Islam et la
protection du Noble Prophète r. Ils furent vaillants lors de la Bataille de Badr.
À Ouhoud, lors du moment désastreux où les Croyants furent assaillis par der-
rière et que la marche de la victoire se retournait contre eux, la plupart des Com-
pagnons qui formèrent un bouclier humain autour du Noble Prophète n’étaient
autres que les Ansar eux-mêmes. Ces derniers lui firent montre d’un attachement
sans réserve, doublé d’un amour et d’une loyauté légendaires. L’intensité de l’épisode
émotionnel suivant, relaté par Anas t, est tout à fait significative de cet état de fait :
« J’étais en voyage en compagnie de Jarir ibn Abdullah111 qui, bien que plus âgé
que moi, était à mon service. Quand je lui ai demandé de cesser il me répondait : “J’ai
été témoin du grand service accompli par les Ansar au profit du Messager d’Allah,
et depuis je me suis promis que si jamais je devenais l’ami intime d’un Ansar, je le
servirais.” » (Al Boukhari. Jihad, 71 ; Muslim, Fadail’us-Sahaba, 181).
Un jour le Noble Messager d’Allah r dit pour exprimer l’immenser valeur qu’ils
revêtaient à ses yeux:« S’il n’y avait jamais eu d’hégire, j’aurais voulu moi aussi être un
Ansar ».(Al Boukhari Manaqib’ul-Ansar, 2).
Parmi les autres termes énoncés du Noble Prophète r en relation avec la vertu
des Ansar, nous pouvons citer ceux-ci :
« Que celui qui croit en Allah et en l’Au-delà ne soit pas méprisant envers les
Ansar. » (At Tirmidhi Manaqib, 25/3906).
« Seuls les croyants les aiment et seuls les hypocrites les détestent. Allah aime ceux
qui aiment les Ansar et qui sont méprisants envers ceux qui les détestent. » (At Tirmidhi
Manaqib, 25/3900).
« Les êtres humains s’accroissent tandis que les Ansar diminuent ; ainsi sont-ils,
comme du sel lors d’un repas. » (Al Boukhari, Manaqib’ul-Ansar, 11).
« Je vous conseille de traiter correctement les Ansar. Ils sont (à la fois) mon peuple,
mes fidèles et mes confidents. Ils ont bien rempli leurs devoirs. Les récompenses inhé-
rentes à tous leurs services rendus n’ont pas encore été accordées (mais elles sont immi-
nentes, et plus que suffisantes, dans l’Au-delà). Par conséquent, traitez-les bien, soyez
en accord avec leur cause et pardonnez leurs erreurs. » (Al Boukhari, Manaqib’ul-Ansar, 11).
111. Jarir ibn Abdallah t était le chef de la tribu Bajila du Yémen. Accompagné de 150 hommes, il vint à
Médine et embrassa l’Islam pendant le mois de Ramadan de l'an Dix de l’Hégire trois mois avant le
décès du Noble Messager r. Il aimait beaucoup le Messager d’Allah r. L’affection était réciproque, car
le Noble Prophète r souriait toutes les fois qu’il le voyait.
354 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
L’amour profond du Noble Prophète r pour les Ansars et les Muhajirun s’éten-
dit jusqu’à tous les Compagnons au point que chaque Compagnon croyait qu’il n’y
avait personne de plus cher aux yeux du Messager d’Allah r que lui-même.
Ka’b ibn Ujra r raconte l’évènement évocateur ci-dessous :
« Nous étions assis à la mosquée, à Médine, en compagnie du Messager d’Allah.
Il y avait des petits groupes comprenant chacun des Ansar, des Muhajirun et des
membres du clan de Hashim. Parmi ces groupes nous nous demandions quel était
celui que le Messager d’Allah r aimait le plus. Nous, les Ansar, avons déclaré :
“Nous avons cru au Messager d’Allah, nous lui avons obéi et nous nous sommes
battus à ses côtés contre ses ennemis. C’est pour cela qu’il nous aime davantage !”
Nos frères Muhajirun répondirent :
“ Nous avons émigré pour l’amour d’Allah et de Son Messager, tourné le dos à
nos familles et aux biens matériels. Nous avons participé à toutes les batailles aux-
quelles vous-mêmes avez participé. Le Messager d’Allah r, en conséquence, nous
aime encore davantage !”
Les membres du clan de Hashim dirent quant à eux :
“ Nous sommes les proches du Prophète r qui avons pris part à toutes les ba-
tailles que vous avez évoquées. Ainsi donc, le Messager d’Allah nous aime certaine-
ment bien plus que quiconque ! ”
Le Messager d’Allah r se rapprocha alors de nous et demanda:
“ De quoi parliez-vous entre vous ? ”
Chacun d’entre nous répéta ce que qui avait été dit précédemment, sur quoi le
Messager d’Allah fit le commentaire suivant :
“Vous tous avez dit vrai. Qui pourrait prétendre le contraire?”
Puis, après une courte pause, il demanda :
“ Voulez-vous faire en sorte de régler la question ? ”
“ Bien sûr, nous le voulons ”, répondîmes-nous.
Le Messager d’Allah r déclara ensuite : “ Vous, les Ansar , je suis votre frère !”
“Allahou Akbar ! s’écriérent les Ansar avec jubilation. Par le Seigneur de la
Ka’ba, nous l’avons conquis ! ”
“Vous les Muhajirun ! continua le Messager d’Allah, je suis de vous !”
Les Muhajirun, également, s’écrient : “Allahou Akbar ! Par le Seigneur de la
Ka’ba, nous l’avons conquis !”
“Quant à vous fils de Hashim dit le Messager d’Allah r vous êtes de moi et vous
êtes venus à moi !”
Première Année de L’hégire 355
Peu de temps après l’Hégire, les Mecquois idolâtres écrivirent des lettres inti-
midantes et provoquantes aux idolâtres et aux Juifs de Médine dans l’espoir d’empê-
cher les Musulmans de s’installer et d’asseoir leur pouvoir dans la ville. Les menaces
contenues dans une des lettres adressées à Abdullah Ibn Ubbay et aux idolâtres par-
mi les Aws et les Khazraj sont absolument claires et explicites :
« Un de nos hommes se trouve parmi vous. Ou bien vous le tuez ou le chassez
de votre ville, soit nous marcherons vers vous en compagnie de toutes les tribus
d’Arabie, nous passerons tous vos hommes au fil de nos épées et nous prendrons vos
femmes en vue de notre amusement ! »
Abdullah Ibn Ubbay, soutenu par les idolâtres médinois fit un geste pour af-
fronter le Noble Messager r. Le Messager d’Allah r, informé à l’avance de la situa-
tion, prit les devants en allant vers eux avant qu’ils ne le fassent.
« Il semblerait que les menaces proférées par les Qurayshites vous sont parvenues.
Sachez que le mal qu’ils peuvent vous infliger n’est pas plus grand que le mal que vous
pouvez encourir en vous battant avec nous ! Ou bien êtes-vous absorbés par l’expecta-
tive de combattre vos propres fils et vos propres frères et de les tuer ? » Finalement ils
se dispersèrent. (Abou Daoud, Kharaj, 22-23/3004 ; Abdurrazzaq, V, 358-359).
Les intimidations et les provocations venant de La Mecque avaient prouvé la
futilité de la chose. Mais là encore, il fut entendu que Quraysh frapperait Médine au
moment voulu et massacrerait indistinctement les Musulmans, les Juifs et les ido-
Première Année de L’hégire 357
défense mutuelle entre deux groupes. Pour honorer ce pacte, ils doivent en payer le
coût nécessaire. Aucun des Juifs ou des Croyants monothéistes ne doit commettre de
péchés portant préjudice à l’autre groupe.
9. Chaque fois qu’un désaccord s’élève entre deux participants à cette charte, le
désaccord doit être soumis à Allah et à Son Messager pour arbitrage.
10. La protection d’Allah est sur tous les croyants monothéistes, indépendam-
ment de leur classe ou de leur origine tribale.
11. Aucun participant à cette charte ne peut déclarer une guerre sans la permis-
sion du Prophète de l’Islam.
Il ne fait aucun doute qu’Allah, le Tout-Puissant, agréera ceux qui s’abstien-
dront de violer les clauses spécifiées dans cette constitution et qui incarnent ce qui
est bon et droit. Ces clauses n’empêcheront certainement pas l’exigence de toute
punition envers l’oppresseur ou le coupable.
Allah, Gloire à Lui, fournira la protection à tous ceux qui prospèrent dans la
bonté et qui renoncent au mal. Muhammad est le Messager d’Allah. » (Ibn Hishâm, II,
119-123 ; Ibn Kathir, al-Bidaya, III, 263-264 ; Hamidullah, al-Wasaiq, p. 57-64).
Il est évident que ces clauses avaient pour but d’implanter les règles islamiques
au sein de la société.
La Constitution de Médine, véritable pacte de citoyenneté, est la plus décisive
réponse aux fausses allégations disant que l’Islam serait une religion manquant de
fonctions législatives et de conduite sociale, n’étant instituée que pour la pratique
d’actes cultuels.
Avec cet accord aux multiples facettes en matière de politique, d’économie,
d’enjeux sociaux et religieux, la Constitution de Médine situe l’Islam comme l’unique
élément qui forge l’unité parmi les Musulmans, qui en retour doivent impérative-
ment se porter mutuellement assistance, soutenir la justice et l’impartialité dans
toutes leurs transactions et avoir recour à l’arbitrage d’Allah le Très-Haut et de Son
Messager r en cas de désaccord.
Ladite Constitution, en vertu du principe de justice, limite et règle la solidarité
purement tribale répandue parmi les Arabes, enjoint la punition du coupable même
si ce dernier appartient à la même famille. Qui plus est, en vertu du droit des Juifs
à posséder des biens et de pratiquer leur religion, cette Constitution met aussi en
évidence l’extraordinaire profondeur de la justice soutenue par le Noble Prophète r.
Si les Juifs ne l’avaient pas violé de leur propre chef, la Constitution eut été appliquée
pendant longtemps.
Première Année de L’hégire 359
112. Il s’agit de la zone qui se situe entre le Mont ‘Ayr près de Dhu Hulayfa et Thawr, un petit mont au nord
d’Ouhoud. Ce petit mont, Thawr, ne doit pas être confondu avec le Mont Thawr près de La Mecque.
360 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
113. Musalla est le nom d’une large zone donnée au peuple et réservée aux usages du Vendredi, de l’Aïd ou
des prières funéraires. Initialement elle était située à la périphérie des villes pour honorer les prières
communes, telle que la prière du vendredi, ou celle de l’Aïd, en lieu et place d’autres mosquées. Cela
avait l’avantage de réunir au moins une fois par semaine l’ensemble des habitants d’une ville.
Première Année de L’hégire 361
Le Prophète de Grâce r cita cette histoire ancienne qui eut lieu entre deux
hommes des enfants d’Israël pour détailler la morale à adopter dans le commerce :
« Un homme acheta un terrain et y trouva ensuite de l’or. Portant un récipient
rempli d’or, il retourna vers celui qui lui avait vendu le terrain et lui dit :“Prends donc
cet or, car je ne t’ai acheté que le terrain, pas l’or qui s’y trouve !”
“Jamais, répondit-il, car je t’ai vendu ce terrain avec tout ce qui s’y trouve !”
Incapables de régler leur différend, ils firent appel à un autre homme qu’ils prirent
comme arbitre qui, après les avoir entendu, leur demanda : “Avez-vous des enfants ?”
Il s’avérait qu’un des protagonistes avait un fils, tandis que l’autre avait une fille.
L’arbitre leur suggéra : “ Mariez-les donc, utilisez l’or pour leurs dépenses et distri-
buez le reste en aumône.” » (Al Boukhari, Anbiya, 54 ; Muslim, Aqdiyya, 21 ; Ibn Maja, Luqata, 4).
Le Noble Prophète r,qui était un commerçant expert du fait qu’il entreprit dans
sa jeunesse de longs voyages commerciaux, proclama certains principes liés à ce do-
maine dès son arrivée à Médine. Voici la teneur de ces propos quant à ce sujet :
« Les neuf-dixièmes des revenus se trouvent dans le commerce. » (Suyutî, I, 113).
« Le plus admissible et le meilleur de ce qu’une personne mange vient de ce qu’elle
a gagné de ses propres mains.»(Ibn Maja Tidjarat 1).
Certes, au-delà de son influence physique (matérielle), la nourriture exerce une
influence spirituelle. Chaque morceau consommé, indépendamment de sa prove-
nance licite, illicite ou douteuse, exerce un contrôle sur nos esprits. La nature de
ce que nous mangeons affecte notre sensibilité. Faisant allusion à l’importance de
l’argent licitement acquis dans toute œuvre d’adoration, le hadith ci-dessus, citant
en exemple le pèlerinage (hajj), stipule :
« Celui quiconque rend visite à la Maison d’Allah avec de l’argent obtenu de
manière illicite se démarque de toute obéissance envers Allah. Un tel individu qui,
après être entré en état d’ihram, pose le pied sur l’étrier de son chameau, s’exclame
“labbayk Allahumma labbayk” dans l’unique but de recevoir une réponse du Ciel se
voit répondre: nul labbayk pour toi, nul Sa’dayk, car tes revenus, tes dispositions (four-
nitures), même ton chameau, sont illicites. En conséquence, reviens repentant, tel un
pécheur que tu es, sans attendre la moindre récompense, et sois peiné pour ce qui t’at-
tends en termes de calamités auxquelles tu devras faire face.”
Mais celui qui se rend au hajj avec des ressources licites puis pose le pied sur l’étrier
de son chameau et s’exclame “labbayk Allahumma labbayk” recevra une réponse du
Ciel, “labbayk et Sa’dayk”… Je te réponds car ton chameau, tes vêtements et tes fourni-
tures sont licites. Alors retourne-t’en après avoir obtenu nombre de récompenses, loin
de la salissure du péché, et sois joyeux à cause de ce qui t’attend en termes de bonheur
et de félicité !” » (Haythamî, III, 209-210).
362 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Étant une réalité importante et souvent violée, la porte des interdits en matière
de gains a été fermée en vertu des proclamations divines spécifiées dans la sourate
Al-Baqara, et ceci immédiatement après la mention de l’associationnisme (shirk),
c’est-à-dire le fait d’attribuer des partenaires à Allah, Gloire à Lui. Même dans des
sourates Mecquoises telles que Al-An’âm, Al-A’râf, Yûnus et An-Nahl, qui recèlent
des versets concernant la nature d’une foi saine dans le Tout-Puissant et ne com-
prennent pas beaucoup de jugements d’ordre moral, des clarifications quant à ce qui
est permis et interdit en matière de nourriture et de gains sont fournies. (Al-An’âm, 136-
152; Al-A’râf, 32-33, 169; Yûnus, 59-60; An-Nahl, 95, 115-116. cf, Draz, an-Nabau’l-Azîm, p. 193).
Le Noble Prophète r voulait ainsi dire que les travaux qu’ils menaient à bien
n’avaient aucune ambition liée à ce monde d’ici-bas, mais que ceux-ci étaient inhérents
à un avantage beaucoup plus conséquent que des marchandises telles que des dattes ou
des raisins que des gens importeraient de Khaybar à des fins commerciales.
Un Compagnon qui tenait une brique dans ses mains s’approcha du Noble Pro-
phète r et l’avait exhorté à lui laisser l’honneur de porter la brique à sa place reçut
cette réponse :
« Mieux vaut que tu te saisisses d’une autre brique, car tu n’as pas de plus grand
besoin d’Allah que je n’en ai ! » (Samhudî, I, 333).
La responsabilité spirituelle et l’incitation à encourager les Musulmans-Com-
pagnons d’œuvre à travailler ont fait que le Noble Prophète r s’engagea dans la
construction.114
Cela inspira aux Compagnons y cette : « … (Comment) se relaxer alors que
l’œuvre du Prophète ne peut nous détourner du droit chemin. » (Ibn Hishâm, II, 114).
Un homme originaire d’Hadramawt qui participait aux travaux de construc-
tion, étant habile en ce qui concerne le mélange et la coulée des briques, reçut ces
éloges du Noble Prophète r :
« Veuille Allah être miséricordieux envers celui qui exécute son art avec perfection.
(Puis s’adressant à l’homme :) Continue donc d’exercer ton activité, car je m’aperçois
que tu le fais bien ! »
Allah le Très-Haut, Gloire à Lui, désire aussi que les Croyants accomplissent
toutes leurs actions avec perfection tel que décrit dans le verset coranique suivant :
« …. Et faites le bien, immédiatement suivi par … car Allah aime les bienfaisants. »
(Al-Baqara, 2/195).
114. L’attitude du Noble Prophète r est hautement significative quant à la conduite idéale de tous ceux qui
occupent des postes administratifs, à savoir : être précurseur, en tout temps, dans l’exercice de toutes
les responsabilités qui leur incombent et éviter l’arrogance de prendre une responsabilité à la légère,
aussi insignifiante soit-elle.
Prenant exemple sur l’excellent exemple du Noble prophète r en la matière, le Sultan Ahmed 1er ,
lors de la construction de la magnifique mosquée qui porte son nom (Sultanahmet), travailla tel un
ouvrier en maniant la pelle et la pioche.
Après sa mort, sa fille Gevher Nesibe Hatun fit un rêve dans lequel elle vit son père dans un endroit
magnifique au Paradis.
“ Père, lui demanda-t-elle curieusement, par quelle action as-tu atteint un si haut rang ?”
Il lui répondit : “J’ai porté des pierres sur mon dos pendant la construction de la mosquée c’est pour
cela qu’on m’a accordé un si haut rang.”
Il est à noter que lorsque le Sultan Ahmet 1er porta ces pierres sur son dos, ce qui est du reste une belle
démonstration de ce que sont les valeurs morales Islamiques, l’Empire ottoman était à son apogée et
enregistrait à son compte les plus vastes territoires. Les souverains se prosternaient devant sa majesté
et n’étaient ordonnés que par les mains de ses grands vizirs.
Première Année de L’hégire 365
Tandis qu’il portait les briques épaule contre épaule parmi ses Compagnons y,
le Noble Prophète r ne cessait de répéter les paroles suivantes, originellement expri-
mées par un autre compagnon :
« Allah… La vraie récompense est celle de l’Au-delà. Aie pitié de l’Ansar et du
Muhajirun ! » (Al Boukhari, Manaqib’ul-Ansar, 45).
Alors que les autres étaient en train de porter les briques une par une, Ammar
ibn Yasir t lui en portait deux à la fois, une en son nom et l’autre au nom du Noble
Prophète r.
Remarquant ses efforts diligents, le Messager d’Allah r, enlevant la poussière de
dessus lui, lui demanda :
« Ces briques, pourquoi ne les portes-tu pas une par une comme le font tes amis ? »
« J’agis de la sorte en prévision de la récompense que me donnera d’Allah »,
répondit-il.
Le Noble Prophète r, lui tapotant alors le dos, lui dit :
« Les autres ne seront accrédités que d’une seule récompense, tandis que toi Am-
mar, tu en auras deux. » (Ahmad, III, 91 ; Ibn Kathir, al-Bidaya, III, 256).
Le rapport ci-dessus témoigne du fait que les hommes et les femmes, dans leur
totalité, ont travaillé avec enthousiasme à la construction de la Masjid’un Nabi :
« Au décès de sa femme, Abdullah ibn Awfa t exhorta les gens à « porter son
cercueil…. Avec enthousiasme. Car dit-il, elle-même et ses esclaves (servantes) por-
taient la nuit les briques nécessaires (à la construction) de la Mosquée du Prophète,
bâtie sur les fondations de la piété. Et nous, les hommes, les portions par paire durant
la journée. » (Haythamî, II, 10).
En forme de quadrilatère, la Masjid’un Nabi possédait à l’origine une longueur
et une largeur d’environ une centaine de zira, (Unité de mesure qui vaut 54 cm) et une
hauteur de cinq à sept zira, les trois premiers (zira) composés de roche et le restant
composé de briques de boue. (Ibn Sa’d, I, 239).
La boue fut aussi utilisée dans le mortier de la construction. (Diyarbakrî, I, 344).
En guise de colonnes, des rondins provenant de palmiers-dattiers furent liés
ensemble en direction de la qibla et les branches et les feuilles du même arbre furent
utilisées en vue de l’édification de son toit et de ses piliers. (Al Boukhari, Salât, 62).
S’y trouvait également un mihrab orienté en direction de la Masjid’ul Aqsa
(Mosquée d’al-Aqsa) à Jérusalem ainsi que trois portes. Une fois la qibla orientée en
direction de la Ka’ba, le Noble Prophète r fit fermer la première porte et en fit ouvrir
une autre orientée en direction du mur de Damas. (Diyarbakrî, I, 346).
366 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Selon les paroles du Noble Prophète r, la Mesjid an Nabawî est une des trois
mosquées dignes de s’y rendre à des fins de visite et d’adoration. (Al Boukhari, Fadl’us-
Salât, 1 ; Muslim, Hajj, 505-510).
Selon les paroles du Noble Prophète r, une salât dans sa Mosquée est mille fois
plus gratifiante, en termes de récompense, qu’une salât accomplie partout ailleurs,
hormis à la Ka’ba, la Maison Sacrée. » (Al Boukhari Fadl’us-Salât 1; Muslim Hajj 505-510).
D’après le témoignage d’Anas t le Noble Prophète r avait coutume dans la
mosquée de s’adresser à l’assemblée (le dos) appuyé contre le tronc d’un palmier.
La nécessité d’un minbar étant flagrante, il fut bientôt fait de sorte que le Messager
d’Allah r pût livrer par la suite son sermon (khutba). Mais au moment où, pour la
première fois, le Noble Prophète r monta sur le minbar, un gémissement semblable
à celui d’un chameau se fit entendre du tronc, comme si celui-ci donnait libre cours
à une agonie d’abandon. Le Messager d’Allah r descendit aussitôt du minbar puis
tapota le tronc pendant un certain temps. Celui-ci cessa de gémir et finit par s’apai-
ser. (Al Boukhari, Juma, 26 ; At Tirmidhi Manaqib, 6/3627).
« C’est parce qu’il était éloigné du rappel (dhikr) d’Allah qu’il a ainsi gémi (de
douleur), dit le Noble Prophète r, car il en était auparavant très proche ». (Al Boukhari,
Manaqib, 25 ; Ahmad, III, 300).
Les sources sur l’endroit où le tronc du palmier fut placé après l’incident va-
rient. Une tradition dit qu’il a été enterré dans un fossé creusé sous le minbar, tandis
qu’une autre affirme qu’il est fixé au plafond. Indépendamment de l’endroit où il fut
placé, une chose néanmoins est sure : au cours de la reconstruction de la Mosquée
qui eut lieu durant le califat d’Othmân t, le tronc de palmier partit chez Ubbay ibn
Ka’b t jusqu’à ce qu’il soit entièrement dévoré par les insectes. (Ibn Sa’d, I, 251-252).
Dans son Mathnawî, le fameux Mawlânâ Jelal Ed Dine Rûmî ç fait parler le
tronc de palmier (en le nommant pilier) dans un langage spirituel :
« Le pilier qui gémissait se plaignait d’être séparé du Prophète comme pourraient
le faire des êtres doués de raison.
Le Prophète dit : “ Ô pilier, que veux-tu ?” Le pilier répondit : “ Mon âme saigne
d’être séparé de toi. Tu t’appuyais sur moi ; à présent, tu t’es enfui loin de moi ; tu as
préparé un endroit pour t’appuyer contre la chaire.”
368 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
“Désires-tu, dit-il, être transformé en dattier afin que les gens d’Orient et d’Occi-
dent cueillent tes fruits? Ou bien que Dieu fasse de toi un cyprès dans l’autre monde,
afin que tu restes éternellement frais et florissant?”
Il répondit : “Je désire ce par quoi la vie demeure à jamais.” Écoute, ô insouciant
! Ne sois pas moins qu’un morceau de bois !
Le Prophète enterra ce pilier dans la terre, afin qu’il ressuscite d’entre les morts,
comme l’humanité, le jour de la Résurrection. » (Mathnawî, Livre premier, v. 2013-2019, trad.
E. de Vitray-Meyerovitch).
Après avoir honoré Médine une des premières initiatives prise par le Noble
prophète r pour constituer une communauté Islamique soudée fut la construction
de la Masjid (Mosquée).
Rejetant les différences de richesse et de statut et se recueillant cinq fois par jour
dans la Maison d’Allah, nul doute à ce sujet que de telles inclinaisons ont joué un rôle
déterminant en matière de fraternité entre les croyants.
C’est pour cela que les villes
musulmanes sont généralement
bâties autour des mosquées, comme
plaques tournantes pour leurs quar-
tiers avoisinants, de manière à favo-
riser une expansion extérieure à la
faveur d’un ancrage (durable).
En plus d’être un lieu de culte
proprement dit, la Masjid, était aussi,
à l’Ère du Bonheur (Asr as-Saada),
une école, une congrégation déci-
sionnelle, un centre pour discuter
des questions administratives et mili-
taires, un hôpital et un lieu de loisirs.
La Masjid servait également de
pension aux célibataires et aux sans-
abris qui assistaient aux leçons, aux
causeries et aux assemblées de dhikr
qui s’y tenaient, faisant d’elle, en
même temps, une maison d’hôtes.
Première Année de L’hégire 369
ƈ Ʃ ÖīĨÆīĨųÒ
ųÓƈ ƈ ƈ ùĨ
Ɔ Ɔ Ž Ɔ Ʃ ïƆ äÓ Ɔ Ɔ óƇ ĩƇ đŽ ĺÓ
Ɔ ĩƆ Ĭƈƪ Ì
“Ne peupleront les mosquées d’Allah que ceux qui croient en Allah et au Jour
dernier...” (At-Tawba, 9/18. (Ibn Maja, Masajid, 19). »
L’importance de maintenir une présence physique à la mosquée équivaut à la
maintenir spirituellement par le biais des prières en commun, celles-ci étant consti-
tutives de toute résignation (à la volonté d’Allah).
Comme les paroles suivantes, rapportées par Abou Hourayra t, attestent :
« Quatre choses sur terre sont vraiment étranges : le Noble Coran (enfoui) dans la
mémoire d’un tyran, une mosquée à l’intérieur de laquelle nulle salât n’y est pratiquée
en dépit du fait qu’elle se trouve en terre musulmane, un Coran non lu bien qu’il soit
mis en évidence à l’intérieur de la maison (dans une bibliothèque), et une vie juste (et
convenable) au milieu de gens corrompus. » (Daylami, III, 108/4301).
Allah le Très-Haut, Gloire à Lui, accorde une si grande importance à la prière en
commun qu’Il l’ordonne même en plein cœur de la bataille et enseigne dans le Noble
Coran la façon précise de l’effectuer.
Abou Hourayra t raconte :
« Alors que le Messager d’Allah était en voyage, il fit une pause quelque part
entre Dajnan et Usfan. (À ce moment) les idolâtres conspiraient en disant :à propos
des Musulmans: “ Ils ont une prière qui a plus de valeur pour eux que les parents et
leurs enfants. C’est la prière de la Asr. Faites vos préparatifs et tombez sur eux en
groupe. !”
370 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
C’est alors que Gabriel u vint auprès du Messager d’Allah, porteur du 102ème
verset de la sourate An-Nisâ qui explique la façon dont la prière doit être accomplie
sur le champ de bataille. » (At Tirmidhi Tafsir, 4/21).
Aussi défavorable que puisse être sa condition, le Musulman doit s’acquitter de
la prière en commun et ne jamais l’abandonner.
Quelques hadiths du Noble prophète r mettent en évidence cette réalité :
« La prière en commun dépasse en mérite la prière individuelle de vingt-sept de-
grés. » (Al Boukhari, Adhan, 30).
« Celui qui va à la mosquée le matin ou l’après-midi, Dieu lui prépare le Paradis
comme lieu de séjour pour chacun de ses parcours. » (Al Boukhari, Adhan, 37).
« Lorsque l’un d’entre vous accomplit scrupuleusement son woudou (ablution
rituelle) puis sort de chez lui pour joindre la salât, chaque fois qu’il lève son pied droit,
Allah inscrit une bonne action et efface un péché chaque fois qu’il pose son pied gauche
à terre. Il peut choisir entre faire des petits ou des grands pas. Puis lorsqu’il arrive à la
Masdjid et fait la salât en congrégation, il est pardonné. Et si en arrivant à la Masdjid,
il constate qu’il a manqué une partie de la salât, qu’il la termine avec les autres puis
complète le reste seul et il obtiendra une récompense analogue. Et si lorsqu’ il arrive à
la Masdjid, il constate que la salât est terminée, qu’il l’accomplisse individuellement et
sa récompense sera identique. » (Abou Daoud, Salât, 50/563).
« Tout Musulman qui attend l’heure exacte de la prière à la mosquée est considéré
comme étant en état de prière. » (Ibn Maja, Masajid, 14).
Abou Hourayra t relate :
« Le Messager d’Allah r demanda une fois :
“Ne voulez-vous pas que je vous informe comment Allah efface les fautes et élève
les degrés ?”
Oui, certes ô Messager d’Allah “ ont répondu les Compagnons y.
“Et bien, reprit-il, par les ablutions intègres malgré les circonstances difficiles,
aller souvent aux mosquées et l’attente de la deuxième prière (après avoir exécuté la
première). Voilà la fermeté115, voilà la fermeté, voilà la fermeté”. » (Muslim, Taharat, 41).
Yazid Ibn Amir t relate à une autre occasion :
« Je suis venu alors que le Prophète r disait la prière. Je me suis assis mais n’ai
pas prié avec eux. Le Messager d’Allah r se tourna ensuite vers nous et vis que j’étais
assis là. Il me demanda :
115. Ar-Ribat : la fermeté. Ce terme signifie « soumettre l’ego à l’obéissance », « monter la garde près d’une
frontière » ou bien « lutter dans la voie d’Allah ». Principe à l’effet de grandes récompenses, ar-ribat
est emphatiquement louée tant dans le Noble Coran que dans la Tradition prophétique (Sunna).
Première Année de L’hégire 371
Abdullah ibn Zayd116 t assista à toute la discussion et, très réceptif aux senti-
ments du Noble Messager r, il prit congé de l’assemblée et retourna chez lui. C’est
alors qu’il était couché et à moitié endormi qu’il fit un rêve relatif à l’appel à la prière.
Il retourna aussitôt auprès du Messager d’Allah r et lui fit part de son rêve et de
la manière tel qu’on « lui enseigna l’adhan alors qu’il était couché ». Comme Omar t
avait fait le même rêve le Prophète de miséricorde r ordonna à Bilal tde répéter à
haute voix les mots qu‘Abdullah ibn Zayd t avait entendus. Ainsi on entendit pour
la première fois l’écho de l’adhan. (Abou Daoud, Salât, 27/498).
L’Adhan est une sunna, suffisamment forte pour qu’elle ait un caractère obli-
gatoire (wajib) car il est attesté par un rêve décisif. Cette pratique est confirmé par
l’injonction divine :
ØƆŻāĤÒĵ ĤƆ Ìƈ ħÝƇ ĺŽ îÓ ĬÒðÌƈ IJ
ƪ Ž Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ
“Et lorsque vous faites l’appel à la Salât (...).” (Al-Mâ’ida, 5/58).
Bien qu’Abdullah ibn Zayd t qui reçut la révélation de l’adhan, il faut garder à
l’esprit que le Noble Prophète r fut le seul bénéficiaire de la Révélation divine et réci-
piendaire de toute inspiration céleste. Ce n’est qu’après son approbation que l’adhan
fut établi comme moyen pour appeler depuis les mosquées les Croyants à la prière.
Une fois que Bilal al-Habashî t eut lancé le premier adhan, l’invitation divine attei-
gnit chaque coin de Médine et les Croyants se rendirent en masse à la Mosquée, sous
des cieux couverts par les echos de l’adhan.
La lumière de l’Être r désapprouva les diverses propositions invitant les Croyants
à la prière qui lui furent faites et instaura avec beaucoup d’enthousiasme l’adhan qui
est un résumé précis de la conception islamique d’Allah U, du Prophète r, et de la
notion de l’adoration et de la vie en général. On peut donc dire que le Messager d’Al-
lah r a opté pour la meilleure solution possible en vue d’inviter les gens à la prière.
Confirmé à la fois par le Coran et la Sunna, l’adhan continue depuis quatorze siècles
à lancer son appel depuis les cieux à l’adresse des Musulmans.
Cet appel à la prière est à la fois universel et international et de ce fait il ne peut
pas être communiqué sous aucune autre forme que son original.
Il est comme le chant merveilleux des cieux.
116. ‘Abdullah ibn Zayd ibn Asim al Ansari t reçut les louanges du Noble Prophète r pour l’avoir défendu
durant la Bataille d’Ouhoud. Abdullah t ne fut pas le seul à faire preuve d’héroïsme au cours de cette
bataille. Toute sa famille fit preuve d’un immense courage et c’est pour cela que le Noble Messager r
pria pour qu’Abdullah et sa famille fussent ses voisins au Paradis. Maintes fois, le Noble Prophète r
rendit visite à ‘Abdullah ibn Zayd t chez lui et il y faisait ses ablutions et priait. Ibn Zayd al-Ansari t
était un des Compagnons les plus aimés du Messager d’Allah r. Très choqué à l’annonce de sa mort,
Abdullah t pria en invoquant le Tout-Puissant: « Rends-moi aveugle pour que je ne voie personne
d’autre après Muhammad r» ! Sa demande fut alors acceptée et ‘Abdullah devint aveugle et le resta
jusqu’à la fin de ses jours. (Qurtubi, V, 271). Il fut plus tard martyrisé à Harra avec ses deux fils.
374 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Comme le poète Yahya Kemal image magnifiquement l’adhan dans ses vers :
Quel commandement suprême tu es Ô adhan Muhammedî
Les pays Musulmans ne suffisent pas à ta voix Muhammedî
Si le Sultan Selim I n’avait pas courbé l’échine devant la mort
La gloire Muhammedî aurait conquis le monde entier
Les cieux baigneraient dans la Lumière spirituelle de cent mille minarets
Comme une plume rafraîchissante de cette âme Muhammedî
Toutes les âmes verraient la grandeur d’Allah
Quand l’écho de la parole Muhammedî résonnera dans les cieux
Le Noble Prophète r a dit :
« Quand vous entendez l’appel du Muezzin, dites après lui la même chose que
lui puis invoquez pour la bénédiction d’Allah, car toutes les fois que qu’une personne
me bénit une fois, Allah lui donne en contrepartie dix bénédictions. Puis demandez
à Allah de me donner le pouvoir d’intercession, car cela représente une position au
Paradis (wasila) qui ne convient qu’à l’un des esclaves d’Allah et j’ai bon espoir d’être
ce quelqu’un. Celui qui demande pour moi ce pouvoir d’intercession aura plein droit à
mon intercession en sa faveur. » (Muslim, Salât ; Abou Daoud, Salât, 26/523).
Le Prophète Béni r assura clairement selon un autre hadith le Paradis à ceux
qui répètent les paroles que le Muezzin prononce pendant l’adhan: (Muslim, Salât, 12).
« Celui qui dit en entendant l’appel du Muezzin : «Seigneur Dieu ! Maître de cet
appel parfait et de cette prière inaltérable, donne à Muhammad le pouvoir d’inter-
cession et la place d’honneur. Ressuscite-le dans la position louable que Tu lui as pro-
mise», celui-là obtient de plein droit mon intercession le Jour de la Résurrection. » (Al
Boukhari, Adhan, 8 ; Abou Daoud, Salât, 37/529).
Les vertus de l’adhan ont donné lieu à de nombreux hadiths dont voici certains :
« Deux invocations ne sont pas ou très rarement refusées. La première est celle qui
a lieu après l’adhan et la seconde est celle qui a lieu au cours d’une bataille, juste au
moment où les deux parties se lancent l’une contre l’autre. » (Abou Daoud, Jihad, 39/2540).
« Si les gens savaient quelle récompense se trouve dans l’appel à la prière et dans
le premier rang des orants et s’ils ne trouvaient que le tirage au sort pour se départager,
ils le feraient. » (Al Boukhari, Adhan, 9, 32 ; Muslim, Salât, 129).
« Quand on lance l’appel à la prière, Satan se sauve à toute vitesse en pétant pour ne
pas entendre l’appel. Dès que l’appel est terminé, il revient. Quand on lance le deuxième
appel à la prière (iqama), il se sauve de nouveau pour revenir à la fin de cet appel pour
distraire le prieur par des pensées étrangères à la prière. Il lui dit : «Pense à telle chose ou
Première Année de L’hégire 375
à telle autre», en lui désignant des choses auxquelles il n’a pas encore pensé. Si bien que
l’homme ne sait plus où il en est de sa prière. » (Al Boukhari, Adhan, 4 ; Muslim, Salât, 19).
Abû Bakr t partit dîner chez le Prophète r et y resta jusqu’à la salât du soir et
rentrant chez lui à une heure tardive et sa femme lui demanda :
« Qu’est-ce qui t’a retenu loin de tes hôtes ? »
Il lui demanda : « Ne leur as-tu donc pas servi le dîner ? »
« Ils ont refusé de toucher au dîner sans toi ! On leur a pourtant présenté la
nourriture, mais ils ont refusé. »
Abdurrahman Ibn Abi Bakr As-Siddiq t, ajoute :
« Je partis me cacher tandis que mon père pestait contre moi : Qu’il est stupide !
Puisse-t-il se casser un membre ! »
Puis il t dit à ses hôtes : « Mangez de bonne grâce ! Quant à moi, par Dieu, je
fais le serment de ne pas toucher à ce repas ! »
Abdurrahman t poursuivit : « Par Dieu chaque fois que les hôtes prenaient une
bouchée dans le plat la nourriture ne cessait d’augmenter là où elle avait été prise.
Quand tous furent rassasiés, la nourriture fut plus abondante qu’au début du repas.»
S’apercevant de cela, Abû Bakr t dit à son épouse :
« Ô fille des Banû Firas, qu’est-ce que cela signifie ? »
Elle s’exclama : « Rien si ce n’est que ce plat est trois fois plus abondant qu’il ne
l’était au début du repas. »
Abû Bakr t goûta au plat et dit : « Le Diable était la cause de mon serment. »
Il en mangea encore une bouchée puis il porta le plat chez le Prophète r. » (Al
Boukhari, Mawaqit, 41 ; Manaqib, 25 ; Adab, 87-88 ; Muslim, Ashriba, 176-177).
Voilà l’exemple concret de l’abondance qui découle d’un cœur sincère et généreux.
Les gens de la Suffa travaillaient quand ils trouvaient du travail et le reste du temps
ils s’occupaient dans la mosquée sur la voie de la connaissance et du culte de l’adoration.
En effet, tous ceux qui parmi eux avaient assez de force et de vigueur faisaient toute
sorte de travaux qu’ils pouvaient tel que transporter sur leur dos des seaux d’eau ou du
bois, et avec ce qu’ils gagnaient ils subvenaient aux besoins de leurs amis. (Al Boukhari,
Maghazi 28, Jihad 9; Ibn Sa’d, III, 514).
Sous l’égide du Noble Prophète r, leurs enseignants ne furent pas d’autre que
de fameux Compagnons comme Ubayy ibn Ka’b, Abdullah ibn Mas’ud, Muadh ibn
Jabal et ‘Ubada ibn Samit y.
Les Compagnons de la Suffa furent soumis à une formation avancée et accé-
lérée, comme en témoigne le fait que l’ensemble des mukthirun, Compagnons qui
connaissaient le plus grand nombre de ahadith, était originaire de la Suffa. Abou
Hourayra t le plus connu d’entre eux a relaté ces paroles :
« Les gens sont étonnés par le fait qu’Abou Hourayra t relate beaucoup de aha-
dith. Mais tandis que nos frères muhajirun étaient occupés à faire du commerce dans
le bazar et que nos frères ansar étaient occupés à labourer leurs terres, Abou Hou-
rayra t était quant à lui auprès du Messager d’Allah, témoin de beaucoup de choses
auxquelles ils ne pouvaient pas assister et qu’ils ne pouvaient pas apprendre. » (Al
Boukhari, Ilm, 42).
Khabbab t relate :
« Aqra ibn Habis et Uyayna ibn Hisn, deux idolâtres tristement célèbres pour
leur vanité, vinrent une fois auprès du Messager d’Allah r alors qu’il était assis avec
des Musulmans pauvres et solitaires tels que Bilal, Suhayb, Ammar et moi-même. »
378 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« Nous regardant avec dédain, ils dirent d’un ton méprisant au Messager d’Al-
lah r :
« Nous voulons que tu nous réserves un endroit pour que les autres Arabes com-
prennent que nous leur sommes supérieurs. Tu sais bien que nombre de délégations
tribales viennent partout d’Arabie pour nous rendre visite. Nous serions gênés si elles
nous voyaient en compagnie de ces esclaves. Renvoie-les donc quand nous sommes
là mais tu peux, si tu le veux, t’asseoir avec eux quand nous ne sommes pas là. »
Alors le Messager d’Allah r dit :
« Très bien ».
Ils lui rétorquèrent :
« Nous ne pouvons pas prendre cela comme réponse retranscrit pour nous cet
accord par écrit. »
Alors le Messager d’Allah r pria ‘Alî t d’aller chercher une feuille pour enre-
gistrer l’accord. Nous étions toujours assis dans un coin. C’est alors que Gabriel u
apparut, porteur de cette révélation (coranique) :
ƇųÒ
Ʃ īƪ ĨÅź Ɔ ƈ ƅ ƈ
Ɔ ËÃƇ İƆ ÈÒŽ ijĤijĝƇ ĻƆ žĤăđŽ ×ƈƆ ÖħıƇ ąƆ đŽ ÖÓ
Ɔ ĭƪ ÝƆ ĘƆ ğƆ ĤñƆ ĠƆ IJƆ
īĺ ƈ ƪ ÖħĥƆ ĐƆÉÖƈ ųÒ
Ɔ ƈóĠÓýĤÓƈ ÷ĻĤƆÈÓĭĭƈ ĻÖīĨħ ƈ ƈıĻĥĐ
Ɔ Ž ƇƩ Ɔ ŽƆ Ɔ ŽƆ ž ŽƆ Ɔ
Ainsi, éprouvons-Nous (les gens) les uns par les autres, pour qu’ils disent :
«Est-ce là ceux qu’Allah a favorisés parmi nous ?» N’est-ce pas Allah qui sait le
mieux lesquels sont reconnaissants ? » (Al-An’âm, 6/53).
« Et lorsque viennent vers toi ceux qui croient à nos versets (le Coran), dis:
«Que la paix soit sur vous ! Votre Seigneur S’est prescrit à Lui-même la misé-
ricorde. Et quiconque d’entre vous a fait un mal par ignorance, et ensuite s’est
repenti et s’est réformé... Il est, alors, Pardonneur et Miséricordieux». » (Al-An’âm,
6/54).
Sur ce, le Messager d’Allah r apposa donc l’accord puis nous appela à venir le
rejoindre près de lui. Une fois à ses côtés, nous l’entendîmes dire :
« Que la paix soit sur vous ; votre Seigneur S’est prescrit à Lui-même la miséri-
corde… »
Nous étions assis si près de lui que nos genoux reposaient sur les siens. Après la
révélation, nous continuâmes à demeurer assis près du Messager d’Allah r comme
avant et cela toutes les fois qu’il le souhaitait.
Mais il cessa d’agir ainsi après que la révélation (coranique) suivante vienne:
— Merci à Allah qui a suscité, parmi ma oumma, des gens avec lesquels je puisse
faire preuve de patience118! s’exclama alors le Prophète d’Allah r.
Puis avec une suprême modestie le Messager d’Allah r s’assit avec nous et d’un
geste du doigt dit : « Formez un cercle comme ça.»
Nous formâmes alors un cercle autour du Messager d’Allah r.
Et il nous fit part de cette bonne nouvelle :
«Bonne nouvelle qui vous est destinée, ô gens infortunés parmi les Muhajirun…
Je vous apporte la bonne nouvelle d’une pleine lumière dans la Vie future. Vous entre-
rez au Paradis avant le riche… une demi-journée équivalente à la somme de cinq cents
années sur Terre ! « » (Abou Daoud, Ilm, 13/3666).
La situation à Médine
L’Ère médinoise, lorsque l’Islam et les Musulmans régnaient en souverains, fut
une époque animée et vigoureuse, regorgeant d’activités propices au sein desquelles
les principes universels de l’Islam trouvèrent un extraordinaire point d’appui et le
sang versé tout au long des batailles ne servit qu’à en renforcer d’autres. La situation
à Médine n’était pas simple en dépit du bon accueil que la ville avait prodigué aux
nouveaux arrivants. En effet, quelques dangers subsistaient, aggravés principalement
par les hypocrites et les Juifs qui, en raisonde leur attitude dissidente envers la mon-
tée de l’Islam, cherchèrent sans relâche à semer les graines de l’inimitié.
La caractéristique dominante des hypocrites était leur persistance à demeurer
dans leurs vieilles croyances idolâtres, en dépit du fait d’avoir accepté l’Islam en sur-
face. Allah, Gloire à Lui, qui verra briller Sa lumière (à travers l’Islam), lança dans
l’intervalle contre ces derniers l’avertissement suivant :
Les hypocrites étaient si habiles dans leur tromperie que même le Noble pro-
phète r ne s’en était pas aperçu ; seule la Révélation divine pouvait mettre en lumière
leurs artifices. Les hypocrites craignaient de se livrer à tout comportement suscep-
tible d’attirer la moindre désapprobation, aussi agissaient-ils toujours discrètement.
Les idolâtres mecquois qui avaient forcé les Musulmans à émigrer continuèrent
d’attirer les flammes de la malveillance qui avaient été déclenchées par les hypocrites
de Médine. Correspondant régulièrement avec ces derniers et effrayés par l’idée que
l’Islam puisse prospérer, les Mecquois, dans le but de les extirper de la surface de Mé-
dine, incitèrent leurs camarades d’armes à lever leurs épées contre les Musulmans.
Ces provocations se firent sur un ton menaçant : S’il s’avérait que les Médinois
répugnaient à s’occuper des Musulmans, les idolâtres mecquois leurs assureraient
leur venue, soutenus pour cela par toutes les tribus de la péninsule, et feraient le
travail eux-mêmes, avec le détail près qu’ils étaient prêts à passer au fil de l’épée,
sans discernement préalable, l’ensemble de la population de Médine, Musulmans ou
non. Pour montrer qu’ils étaient à la hauteur, les idolâtres missionnèrent une bande
de malfaiteurs qui se mirent à piller tout leur stock (provenant des cultures) dans la
périphérie de Médine.
La situation était devenue délicate et le danger était visible à l’horizon. Les
Croyants commencèrent à surveiller les rues de Médine la nuit, prenant toute me-
sure préventive contre un possible raid. Même le Noble Prophète r était parvenu
au bout de ses nuits blanches. De petites forces armées furent envoyées à l’extérieur
de Médine pour garder un œil sur la ville en ne devant en aucun cas faire preuve de
cécité en cas d’attaque. D’autre part des tribus juives ennemies jurées des Croyants
étaient constamment à l’affût pour frapper. À cause de leur héritage religieux, ces
tribus étaient les plus acharnées en matière de lutte et causaient beaucoup de diffi-
cultés. La première sourate révélée à Médine, al-Baqara, est une invite explicite faite
aux Juifs à embrasser l’Islam. Suite à l’invitation adressée à l’ensemble de l’humanité,
cette sourate mentionne les « Enfants d’Israël » entre les versets 40 et 162, intensifiant
sa référence, particulièrement au verset 129, mais en réalité presque la moitié de la
sourate leur est réservée. Les expressions divines qui y sont mentionnées s’adressent
directement aux Juifs à la troisième personne ; et en vue de réfuter leurs revendica-
tions en leur rappelant les bénédictions dont ils avaient fait l’objet, elles cherchent à
raviver la lumière de la foi dans leurs cœurs.(Voir, Draz, an-Nabau’l-Azîm, p. 178).
Le poète juif Ka’b ibn Ashraf, qui avait pris l’habitude de persifler le Noble Pro-
phète r, pour stimuler les Mecquois contre lui et influencer les poètes de Quraysh
qui n’allaient pas tarder à le suivre dans leurs satires.
Première Année de L’hégire 383
Hassan ibn Thabit t, qui était le plus grand poète ansar, demanda alors au
Noble Prophète r la permission d’exercer des représailles. Sa permission lui fut ac-
cordée. (Al Boukhari, Manâqib, 16 ; Muslim, Fadailu’s-Sahaba, 156-157).
La poésie, en ce temps-là, avait la même importance que les médias ont au-
jourd’hui. Le Noble Messager r avait placé une chaire à l’intérieur de la Masjid,
spécialement conçue pour Hassan ibn Thabit t, afin qu’il y exprime ses satires poé-
tiques en réaction aux vers malveillants clamés à l’encontre du Messager d’Allah r.
Le Noble Prophète r disait de lui : « Tant qu’il défend le Messager d’Allah, le
Noble-Esprit sera avec Hassan. » (Abou Daoud, Adab, 87/5015).
Devant la persistance des Juifs et des idolâtres à vouloir infliger des tourments
au Noble Prophète r et aux Croyants, le Tout-Puissant exhortait Son Bien-Aimé à
la patience et au pardon. La veille de la Bataille de Badr, le Noble Prophète r, à dos
d’âne avec Oussama ibn Zayd t derrière lui, avait décidé d’aller rendre visite à Sa’d
ibn ‘Ubâda t qui était malade. En chemin, il croisa un groupe d’hommes assis en as-
semblée et parmi lequel se trouvait ‘Abdullah ibn Ubbay ibn Salûl t qui n’avait pas
encore (certainement par peur) manifesté « publiquement » son adhésion à l’Islam,
et s’était contenté de proclamer ouvertement son incrédulité. Quelques Croyants
comme ‘Abdullah Ibn Rawâha t, et quelques Juifs et idolâtres (hypocrites) étaient
assis là. L’âne sur lequel était monté le Prophète de Miséricorde r remua un peu de
poussière en passant devant le groupe. Ayant couvert son nez avec la pointe de sa
chemise ‘Abdullah ibn Ubbay rétorqua : « Cesse de nous envoyer de la poussière ! »
Le Noble Prophète r descendit de monture, salua l’assemblée et, récitant
quelques versets du Coran, les invita à croire en Allah, Gloire à Lui. Abdullah ibn
Ubbay rétorqua une nouvelle fois :
« Pourquoi nous dis-tu cela ? Si ce que tu dis est vrai laisse-nous tranquilles…
rentre chez toi et raconte-les à ceux qui prennent la peine de venir t’écouter ! »
« Bien au contraire, intervint ‘Abdullah ibn Rawâha t, visite nos assemblées,
ô Messager d’Allah, car nous prenons beaucoup de plaisir à entendre tes paroles ! »
Cet évènement fut suivi d’une âpre discussion entre Musulmans, idolâtres et
même Juifs qui furent prêts de s’empoigner la gorge lorsque le Noble Prophète r
réussit à calmer tout le monde. Une fois les choses redevenues normales, le Noble
Prophète r remonta en selle et continua son chemin jusqu’à la demeure de Sa’d ibn
‘Ubada t à qui il raconta l’aventure qu’il venait de vivre. Ibn ‘Ubada en guise de
consolation dit :
« Pardonne-leur, ô Messager d’Allah, ne fais pas cas de leur rudesse je t’assure
par Celui qui t’a envoyé avec le Livre que peu de temps avant que tu ne reçoives
le don de prophétie, ces gens étaient prêts à proclamer chef cet Ibn ‘Ubayy et à le
couronner comme on couronne les rois. Mais quand Allah t’a envoyé à nous avec
384 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
la Vraie Religion, son rêve de devenir roi a été brisé et cette réalité l’avait laissé dans
une grande détresse… on aurait dit qu’il ne pouvait plus respirer. Sa rancune doit
probablement provenir de là. »
Après ces explications le Noble prophète r pardonna à ‘Abdullah ibn Ubba les
énormités dont il se targuait.
Le verset coranique suivant (ayah) fut révélé en relation avec cet évènement :
īĺ ƈ ƈ ƈ ƈ ƈ Ʃ ģĻƈ ƈ ƈ
Ɔ ïÝƆ đŽ ĩƇ ĤŽ ÒÕžƈ éƇĺƆźųÒ
Ɔ Ʃ Īƈƪ ÌÒŽ IJïƇ ÝƆ đŽ ÜƆ ƆźIJ
Ɔ ħŽ ġƇ ĬƆ ijĥƇ ÜÓĝƆ Ƈĺīĺ
Ɔ ñĤƪ ÒųÒ ƈ ×øĹ
Ɔ ĘÒŽ ijĥƇ ÜÓĜƆ IJƆ
« Combattez dans le sentier d’Allah ceux qui vous combattent, et ne trans-
gressez pas. Certes. Allah n’aime pas les transgresseurs ! » (Al-Baqara 2/190).
Et pour appuyer les raisons légitimes ainsi que la finalité du combat, le Tout-
Puissant proclame :
ƈƈ ƈ
īĻ
Ɔ ĭĨËŽ ĩƇ ĤŽ ÒīƆ ĨğƆ đƆ ×Ɔ ÜÒ
ƪ īƈ ĨƆ IJ
Ɔ ƇųÒ
Ʃ ğƆ ×Ƈ ùŽ è ƪ ıƆ ĺƫ ƆÈÓĺƆ
Ɔ Ĺƈƫ ×ĭĤÒÓ
ƈ ÝƆ ĝƈ ĤŽ ÒĵĥƆ Đ ƈƈ ƈ
ĢÓ Ɔ īĻ
Ɔ ĭĨËŽ ĩƇ ĤŽ ÒĂóžƈ è ƪ ıƆ ĺƫ ƆÈÓĺƆ
Ɔ Ĺƈƫ ×ĭĤÒÓ
« Ô Prophète, Allah et ceux des croyants qui te suivent te suffisent. Ô Pro-
phète, incite les croyants au combat. S’il se trouve parmi vous vingt endurants, ils
vaincront deux cents ; et s’il s’en trouve cent, ils vaincront mille mécréants, car ce
sont vraiment des gens qui ne comprennent pas. » (Al-Anfal, 64-65).
Le terme jihad est par conséquent très extensible parce qu’il comprend toutes
les luttes et actions individuelles et sociales qui visent à purifier chaque « ego » et à
instituer un mode de vie islamique qui ambitionne la seule satisfaction d’Allah à tra-
vers la façon de glorifier Sa religion. À cet égard ce ne serait pas n’exagéré d’affirmer
que les vingt-trois années de l’Apostolat prophétique de Muhammad r furent un
engagement exclusivement orienté vers cet objectif.
Le Tout-Puissant a fait en sorte que la vie et les biens d’ici-bas soient autant
d’épreuves impliquant à cet effet la responsabilité de les utiliser à bon escient, c’est-
à-dire dans le sentier d’Allah, comme cela est stipulé dans les versets coraniques
suivants :
ħ ƈıùƈ ęƇ ĬƆÈIJ ƈ Ɔ
Ɔ ħŽ ƈıĤÒijƆ ĨŽ ÉÖƈ ÒŽ IJïƇ İÓ
Ɔ ä Ɔ įƇ đƆ Ĩ
Ɔ ÒŽ ijƇĭĨÆ
Ɔ īĺ
ƈ Ģij
Ɔ ñĤƪ ÒIJ Ɔ Ƈ øƇ óĤÒ
ƈ ĤƆ
īƈ ġÃ
Ž ƪ
Ɔ éƇ ĥƈ ęŽ ĩƇ ĤŽ ÒħƇ İ
Īij Ƈ ğƆ ÑÃƈ ĤƆ IJŽ ƇÈIJ
Ɔ ÚÒƇ óƆ ĻŽ íƆ ĤŽ ÒħƇ ıƇ ĤƆ ğƆ ÑÃƈ ĤƆ IJŽ ƇÈIJƆ
« Mais le Messager et ceux qui ont cru avec lui ont lutté avec leurs biens et
leurs personnes. Ceux-là auront les bonnes choses et ce sont eux qui réussiront. »
(At-Tawba, 9/88).
ÔÒ
ƅ ñƆ Đ Ɔ īŽ Ĩħ
ƈ Ƈ åĭ
ž ġĻ ƈ ÜƇ Øƅ òÓ ƈ
Ɔ ħŽ ġƫƇ ĤîƇ ƆÈģŽ İÒij
Ɔ åƆ ÜĵĥƆ Đ Ɔ ƇĭĨƆƆ Æīĺ ƈ
Ɔ ñĤƪ ÒÓıƆ ĺƫ ƆÈÓĺƆ
ƈ Ʃ ģĻƈ
ħġƇ ĤÒƈ ijƆ ĨŽ ƆÉÖƈ ųÒ ƈ Ɔ ïƇ İÓ
ƈ åÜƇ IJįƈ Ĥij ƈ øòIJųÓƈ ƈ Ɔ ĭĨƈ ËÜƇ ħĻ
Ž ƈ ×øĹ Ɔ ĘĪIJ Ɔ Ɔ Ƈ Ɔ Ɔ Ʃ ÖĪij Ƈ Ž ƅ Ĥƈ ƆÈ
Īij
Ɔ ĩƇ ĥƆ đŽ ÜƆ ħŽ ÝĭƇ ĠĪƈ Ɔ ħŽ ġƇ Ĥƈ ðƆ ħŽ ġƇ ùƈ ęƇ ĬƆÈIJƆ
Ƈ ÌħŽ ġƇ Ĥƪ óƄ ĻŽ ì
Première Année de L’hégire 389
« Ô vous qui avez cru ! Vous indiquerai-je un commerce qui vous sauvera
d’un châtiment douloureux ? Vous croyez en Allah et en Son messager et vous
combattez avec vos biens et vos personnes dans le chemin d’Allah, et cela vous est
bien meilleur, si vous saviez ! » (As-Saff, 10-11).
Les Compagnons demandèrent au Noble Prophète r quel était le meilleur des
humains.
« Le meilleur des humains, répondit-il, est un croyant combattant pour la Cause
d’Allah, y allant de sa personne et de ses biens. » (Al Boukhari, Jihad, Muslim, Imarat, 122).
Mais en fait accomplir ou effectuer le jihad dans le sentier d’Allah, tel que le
Coran et la Sunna le préconise n’implique pas, bien au contraire, d’entreprendre la
lutte armée, car prendre les armes est le dernier recours quand surgit une menace
urgente ou immédiate, comme par exemple lutter contre l’oppression afin d’établir
la justice. Le jihad suprême est ce qui vise à conquérir les cœurs en utilisant toutes
sortes de moyens, notamment l’écrit et la parole, pour faire connaître la Vérité.
Durant la période mecquoise pendant laquelle furent révélés de nombreux ver-
sets relatifs au jihad, les Musulmans n’avaient pas encore acquis assez de puissance
pour entreprendre une lutte armée. Afin de se conformer à l’ordre d’Allah face au
visage de la terreur incarné par le « peuple de l’ignorance », les Musulmans revêtirent
simplement les caractéristiques du vrai croyant, au nom du progrès de l’Islam et de
toutes les notions qu’il exprime, y compris celles de vérité et de justice.
Cette approche est qualifiée dans le Coran de « grand effort / jihad » :
Aussi loin que l’Islam est concerné, une guerre doit être fondée selon l’objectif
suprême d’étendre la justice, de fournir les moyens adéquats en vue de la guidance à
l’Islam, d’éradiquer toute forme d’oppression.
Le Coran dit clairement :
Toutes les luttes qu’entreprennent les Musulmans, que ce soient avec leurs vies
ou leurs richesses, strictement motivées par des préoccupations islamiques elles-
mêmes appuyées par les lignes directrices précitées, doivent donc nécessairement
aboutir par voie de retour à une grâce divine aussi considérable que le Paradis lui-
même.
Toutefois la sincérité est ici essentielle, pas inférieure à d’autres domaines.
‘Abdullah ibn Amr t demanda une fois au Noble Prophète r quelque éclaircis-
sement concernant le jihad et la lutte armée.
Il reçut la réponse suivante :
« Admettons, ‘Abdullah, que tu combattes uniquement pour recevoir l’assenti-
ment d’Allah, alors sache qu’Il te ressuscitera dans l’Au-delà tel que tu es présentement.
Mais si, en revanche, tu combattais uniquement pour te glorifier et te faire remarquer,
sache que tu ressusciteras tel que tu es présentement. » (Abou Daoud, Jihad, 24/2519).
Selon Abû Mûsâ t un Bédouin dit au Noble Prophète r :
« Ô Messager d’Allah ! L’homme combat pour le butin, ou pour la renommée,
ou pour avoir de la considération124. Lequel de ces combats est au service d’Allah ? »
Le Messager d’Allah lui répondit :
« Celui qui combat pour que la parole d’Allah soit la plus haute, c’est ce combat
qui est au service d’Allah. »
Une autre personne demanda :
124. Une autre version : « L’homme combat par courage ou par esprit de clan. » Et dans une autre version :
« L’homme combat sous l’effet de la colère. »
392 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« Allah S’est engagé vis-à-vis de celui qui sort à Son service, ne sortant que pour
combattre à Son service et poussé uniquement par sa foi en Allah et en Son Messager.
Allah S’est engagé à l’introduire au Paradis ou à la demeure d’où il est sorti avec le
salaire qu’il a ainsi acquis, ou avec un butin. Par Celui qui tient l’âme de Muhammad
dans Sa Main, toute blessure reçue au service d’Allah viendra le jour de la résurrection
telle qu’elle a été reçue : sa couleur est celle du sang et son odeur est celle du musc. »
(Muslim, Imara, 103 ; An Nasaï, Iman, 24).
« Il m’a été ordonné de combattre les gens jusqu’à ce qu’ils affirment qu’il n’y a
nulle autre divinité qu’Allah et que Muhammad est Son Prophète, offrent la salât et
donnent la zakat. Une fois qu’ils auront adopté cela, ils préserveront leurs vies et leurs
biens, hormis les sanctions décrétées par l’Islam.» (Al Boukhari Iman 17).
C’est pour cela que le Messager d’Allah r ne combattit jamais de nuit et attendit
l’aube, au cas où l’Adhan retentirait dans la ville. (Al Boukhari Adhan 6; Muslim Salât,9).
Avant d’envoyer des combattants au front il leur défendait d’attaquer s’ils
voyaient une mosquée ou entendaient l’Adhan ». (Abou Daoud, Jihad, 91/2635 ; Ahmad,
III, 448-449).
Ainsi sept mois après l’Hégire le 8 Rajab (Novembre /Décembre 623), le Noble Pro-
phète r envoya sous le commandement de Hamza t trente hommes des Muhajirun
à Sif’ul-Bahr127 .
Revenant de Damas, la caravane commerciale qui se dirigeait vers La Mecque
était à présent à Sif’ul-Bahr, sous la protection de trois cents cavaliers dont Abû Jahl.
Au moment où les deux parties adverses se mirent en ligne en vue du choc apparem-
ment inévitable Madji ibn Amr, un allié appartenant aux deux parties, intervint et
finit par les dissuader de combattre.
Le Noble Prophète r heureux que Majdi ait pu intervenir à cet égard pour
empêcher la collision apprécia son succès et fit en guise de reconnaissance cadeau
d’habits aux émissaires qu’il lui envoya. (Waqidî, I, 9-10; Ibn Sa’d, II, 6).
Pendant le mois de Chawwal, le huitième mois de l’Hégire, le Noble Prophète r
envoya à Rabigh, toujours avec le même objectif Ubayda ibn Harith t, avec sous sa
responsabilité entre 60 et 80 Muhajir.128.
Conduit par Abû Sufyân, Quraysh comptait deux cents hommes. Hormis une
légère escarmouche et quelques jets de flèches, les deux camps adverses ne s’ali-
126. Le Messager d’Allah r imposa aux polythéistes Qurayches un embargo économique et politique pour
mettre fin à leur hostilité. À cette fin, il r établit des relations diplomatiques avec les tribus voisines,
signa des traités et organisa des expéditions et campagnes militaires pour suivre les caravanes des
idolâtres Qurayches, moteur du commerce et de l'économie de La Mecque.
Muhammad Hamidullah g a déclaré: « Les raids contre les caravanes de Qurayches ne peuvent en
aucun cas être assimilés à du pillage car les Qurayches étaient innocents et les auteurs des raids
n’étaient pas membres d’une bande conçue pour piller des caravanes. En fait l’état de guerre qui avait
émergé entre les deux cités. donnait le droit aux belligérants de nuire à l’autre dans sa vie, ses biens
ou autres intérêts. La loi de la guerre était ainsi entrée en vigueur entre les deux parties adverses. Ces
expéditions militaires ne sont donc pas comparables au simple pillage de caravanes ». Un autre aspect
à relever est qu’en matière d’expédition militaire, les Musulmans n'attaquèrent que les caravanes
mecquoises.Les autres tribus de la péninsule bien qu’elles fussent non-croyantes restèrent à l’abri de
ces raids. (M. Hamidullah İslâm Peygamberi, I, 219 ; Hz. Peygamberin Savaşları, p.56).
127. Sif’ul-Bahr, dans la région d’Iys, où le clan de Juhayna avait coutume de résider, est un terme qui est en
relation avec sa localisation près d’un rivage (bahr = mer).
128. Voie empruntée par les pèlerins en chemin vers La Mecque, Rabigh est une vallée sise entre Anwa et
Juhfa,à environ 5km de cette dernière.
Première Année de L’hégire 395
gnèrent pas et ne tirèrent pas leurs épées en vue du combat. Sa’d ibn Waqqâs t tira
la première flèche et devint de ce fait le premier archer de l’Islam. Craignant que
les Musulmans ne reçoivent des renforts, les idolâtres reculèrent, ce qui permit aux
deux parties de se séparer.
Bien qu’ils aient embrassé l’Islam depuis peu de temps, deux Compagnons,
Miqdâd ibn Amr et ‘Utba ibn Ghazwan y, qui jusque-là n’avaient pas pu rejoindre
le Noble Prophète r à Médine, rallièrent un temps les idolâtres, utilisant ce moyen
pour gagner les rangs musulmans et ainsi réaliser leur souhait. À la vue des cavaliers
musulmans et après s’être soustraits aux idolâtres, ils trouvèrent aussitôt refuge dans
les rangs de l’armée musulmane. (Ibn Hishâm, II, 224-225; Waqidî, I, 10; Ibn Sa’d, II, 7).
Le Messager d’Allah r neuf mois après l’Hégire à Médine envoya Sa’d ibn abi
Waqqas t 8 (ou 20) personnes à Harrar 129 (Dhul Qada 1/ Mai 623).
Sa’d ibn Abi Waqqâs t ra-
conte lui-même :
« Le Messager d’Allah m’or-
donna d’atteindre Harrar au mo-
ment du passage de la caravane
de Quraysh. Nous atteignimes
Harrar le matin du 5e jour en nous
cachant le jour et nous déplaçant
la nuit. Cependant la caravane
était apparemment passée la veille.
N’eût-ce été l’ordre du Messager
d’Allah de ne pas aller au-delà de
Harrar, peut-être aurais-je eu l’op-
portunité de la rattraper. »
Les Compagnons rentrèrent
à direction Médine sans avoir eu à
combattre les idolâtres. (Ibn Hishâm,
II, 238; Waqidî, I, 10; Ibn Sa’d, II, 7).
623). Ce fut la première Campagne à laquelle il prit part. L’Ansar Sa’d ibn ‘Ubada t
eut à cette période la responsabilité de Médine.
Cette Campagne (militaire) ne provoqua aucun heurt avec les idolâtres, car un
accord de paix avait été conclu avec le clan de Damra, de la tribu Kinana. Ce traité
stipulait notamment le fait qu’aucune des deux parties adverses ne s’affronterait ni
ne se livrerait à quelque agression ou exaction envers les Musulmans. En outre, cha-
cune des parties s’était engagée à ne pas prêter main forte à leurs ennemis. Le Messa-
ger d’Allah r fit confirmer le pacte par écrit et celui-ci fut finalisé le quinzième jour
de la Campagne d’Abwa. (Ibn Hishâm, II, 223-224; Waqidî, I, 12; Ibn Sa’d, II, 8).
Cet épisode est représentatif des nombreux autres cas de témoignage dans les-
quels on voit le Noble Prophète r apporter la paix et user de compassion envers
chaque être humain.
397
131. Buwât est une montagne à environ 58 km de Médine dans la région habitée par la tribu de Juwayna.
398 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Cela mit les Compagnons y dans un état d’abattement par crainte que le châti-
ment divin ne fût imminent. (Ibn Hishâm, II, 241).
Mais alors que les idolâtres oeuvraient pour accentuer leurs entreprises de pro-
pagande antimusulmane le verset suivant fut révélé:
ƈ Ʃ ģĻƈ ×ĠįĻƈ Ę
ƈ ĢÓ ƈ ģŽ ĜƇ įĻƈ Ę
ƈ ĢÓ ƈ ĦÒƈ óéĤŽ Ò ƈóıýĤÒ
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ųÒ ƈ ×øīƆ Đ Ɔ ïƭ ĀƆ IJ
Ɔ óĻƈ
Ƅ Ɔ Ƅ ÝƆ Ĝ ƆƆ Ž ƪ īƈ ĐƆ ğƆ ĬƆ ijƇĤƆÉùŽ ĺƆ
ƈ Ɔ Đ
ƈ ó×ĠŽ ƆÈÙƇ ĭƆ Ýęƈ ĤŽ ÒIJųÒ
īƆ Ĩ ƈ ó×ĠŽ ƆÈįĭŽ Ĩ
ƈ įƈ ĥƈ İŽ ƆÈâÒóìƈŽ ÌIJĦÒƈ óéĤŽ Òïƈ åƈ ùĩĤŽ ÒIJįƈƈ ÖóęŽ ĠƇ IJ
ƇƆ Ž Ɔ Ʃ ïĭ ƇƆ Ƈ Ƈ Ɔ Ɔ ƆƆ Ž Ɔ Ɔ Ƅ Ɔ
ÒijĐÓ ƈ ƈ ƈ ƈ Ɔ ƇĤÒõĺƆźIJģƈ ÝĝƆ ĤŽ Ò
Ƈ ĉƆ ÝƆ øÒŽ ĪƈÌħŽ ġƇ ĭĺîīĐ Ƈ îƫ óƇ ĺƆ ĵƆ Ýƪ è
Ɔ ħŽ ĠIJ Ɔ ħŽ ġƇ ĬƆ ijĥƇ ÜÓĝƆ ƇĺĪij ƆƆ Ɔ Ž
« Ils t’interrogent sur le fait de faire la guerre pendant les mois sacrés. - Dis:
«Y combattre est un péché grave, mais plus grave encore auprès d’Allah est de
faire obstacle au sentier d’Allah, d’être impie envers Celui-ci et la Mosquée sa-
crée, et d’expulser de là ses habitants. L’association est plus grave que le meurtre.»
Or, ils ne cesseront de vous combattre jusqu’à, s’ils peuvent, vous détourner de
votre religion… » (Al-Baqara, 2 : 217).
Ce verset soulagea Abdullah ibn Jahsh t et ses amis qui demandèrent :
« Ö Messager d’Allah recevront-nous les mêmes récompenses que celles réser-
vées aux combattants dans la voie de l’Islam ? » Cela provoqua la révélation suivante :
ƈ Ʃ ģĻƈ
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Ƅ ƪ Ƅ Ƈ Ɔ ƇƩ Ɔ Ʃ Ɔ Ɔ Ž Ɔ Ɔ Ƈ ŽƆ Ɔ Ɔ Ž
« Certes, ceux qui ont cru, émigré et lutté dans le sentier d’Allah, ceux-là
espèrent la miséricorde d’Allah. Et Allah est Pardonneur et Miséricordieux. » (Al-
Baqara, 2 : 218).
Ces déclarations divines tout en renforçant les croyants fit accroitre l’animo-
sité des polythéistes à leur encontre. Mais même si ce verset n’avait pas été révélé
les idolâtres auraient été courroucés contre les croyants car le nombre de Musul-
man augmentait de jour en jour et donc l’état islamique se renforçait. À cette époque
lors d’un recensement ordonné par le Messager d’Allah r à Médine cinq cent milles
croyants furent recensés.Étant donné que le nombre de Musulmans augmentait les
polythéistes ne sous-estimèrent pas le chiffre qui commençait à représenter un dan-
ger pour eux. De plus Médine se situait sur la voie du commerce qui était la pierre
angulaire des polythéistes mecquois. Aussi il leur fallut réfléchir à la manière d’élimi-
ner ce danger avant qu’il ne se propage aussi ils décidèrent d’attaquer Médine.
Deuxième Année de L’hégire 399
C’est sur la Ka’ba que tout au long son cœur était placé et il la considérait comme
qibla, ce qui peut être considéré comme la première étape menant à l’ouverture de la
Mecque à l’Islam. Il était désireux de recevoir une révélation à ce sujet. Et puisque la
permission divine n’était pas encore venue, la pensée du Prophète béni r était restée
un ardent désir dont la réalisation n’était qu’une question d’attente patiente.
Finalement, un lundi du milieu de mois de rajab, alors que le Noble Messager r
était en train d’accomplir la prière de midi (dhor) dans une petite mosquée dans les
quartiers du clan Salima, le Tout-Puissant révéla la bonne nouvelle suivante :
dérée comme ayant pour le moins diminué les désaccords entre Juifs et Chrétiens
durant le processus d’épanouissement de la société (idéale) Iislamique.
Dans le même temps, cet évènement prouve (avec d’autres preuves) que le
Noble Prophète r n’a jamais exercé d’autorité sur le Noble Coran.
Nonobstant son désir profond de voir la Ka’ba devenir la nouvelle direction du
culte dû, le Prophète béni r dut encore patienter seize mois après l’Hégire pour que
parvienne la révélation pertinente.
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Ɔ ĦÓ ƈ ƈ Ƈ ÒŽ ijƇĭĨÆīĺñƈ Ĥƪ ÒÓıĺƆÈÓĺ
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Ɔ ĝƇ Ýƪ ÜƆ ħŽ ġƇ ĥƪ đƆ ĤƆ ħŽ ġƇ ĥƈ ׎ ĜƆ īĨ
Īij ƈ īĺñƈ Ĥƪ ÒĵĥƆ ĐÕÝƈ ĠƇ
Ɔ Ɔ Ɔ
« Ô les croyants ! On vous a prescrit as-Siyam comme on l’a prescrit à ceux
d’avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété (et contre le mal). » (Al-Baqara, 2 : 183).
Dans la même veine sont les paroles du Prophète de Miséricorde r :
« L’Islam est bâti sur ces cinq principes : Le témoignage qu’il n’y a pas d’autre dieu
qu’Allah et que Muhammad est Son Messager, l’accomplissement de la prière, l’acquit-
tement de l’aumône légale, le pèlerinage, le jeûne du mois de Ramadan. » (Al Boukhari,
Iman, 1, 2 ; Tafsir, 2/30 ; Muslim, Iman, 19-22).
Les vertus du jeûne sont magnifiquement exprimées dans les hadiths suivants
du Noble Messager r :
Allah U a dit :
« Toute œuvre du fils d’Adam lui appartient, sauf le jeûne, il M’appartient, et
c’est Moi seul qui le récompense à sa juste valeur. Le jeûne est tel un bouclier, et celui
qui jeûne a deux joies : une joie quand il casse le jeûne, et une joie quand il rencontre
son Seigneur. L’haleine de celui qui jeûne est plus agréable pour Dieu que l’odeur du
musc.»(Al Boukhari, Sawm 9; Muslim Siyam 163).
404 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« Toute action du fils d’Adam sera multipliée de dix à sept cents fois. Allah, Puis-
sant et Sublime, a dit : “Sauf le jeûne, car il est pour Moi et Je le récompenserai. Il
abandonne ses désirs et sa nourriture pour Moi”. » (Muslim, Siyam, 164).
« Celui qui réunit deux bonnes actions au service d’Allah s’entend appeler à partir
des portes du Paradis : “Ô bien-aimé serviteur d’Allah ! Voilà une bonne chose que tu
viens de faire». Celui qui fait partie des pratiquants fervents de la prière est appelé à
partir de la porte de la prière. Celui qui fait partie des volontaires fervents au jihad est
appelé à partir de la porte du jihad. Celui qui fait partie des pratiquants fervents du
jeûne est appelé à partir de la porte dite «Rayyan» et celui qui fait partie des dispensa-
teurs fervents d’aumônes est appelé à partir de la porte de l’aumône. »
Abû Bakr t demanda :
“Ô Messager d’Allah ! Que mon père et ma mère te servent de rançon ! Il suffit
d’être appelé à partir d’une de ces portes pour être sûr du succès d’entrer au Paradis ?
Est-il possible que quelqu’un soit appelé à partir de toutes ces portes à la fois ?”
Le Messager d’Allah r répondit :
« Oui, et j’ai bon espoir que tu sois un d’eux. » (Al Boukhari, Sawm, 4 Jihad, 37 ; Muslim,
Zakat, 85, 86).
Avisés que nous sommes de la valeur des incommensurables bienfaits dont nous
avons été gratifiés, le jeûne est un acte d’adoration qui éveille des sentiments de gra-
titude envers le Tout-Puissant car il débarrasse l’âme des désirs et des tendances
égoïstes, il libère le cœur des entraves de la matière et en conséquence engendre la
patience qui est la plus haute qualité morale accessible.
Conférant une conscience du pauvre et du défavorisé, le jeûne emplit également
le cœur de sentiments de compassion. Bien qu’il eût été bénéficiaire de nombreux
trésors le prophète Yûsuf u n’a jamais rempli son estomac parce qu’il ne voulait pas
ignorer, ne serait-ce qu’un seul instant, la condition des pauvres.
Par le truchement de toutes ces sagesses sous-jacentes, le jeûne demeure une
injonction divine qui exerce la plus grande influence en matière de nettoyage des
mauvais sentiments, comme la malice et la jalousie qui étouffent la société dans leur
tumulte.
Le jeûne est la clé du mystère de l’abandon de la vie temporaire en faveur de
l’éternité. Il est un bouclier qui protège l’honneur et la dignité humaine contre les
désirs insatiables du soi qui empruntent la voie de la consommation (excessive) et
de la convoitise.
Ses journées sont ravivées par le jeûne, ce qui permet aux nuits de Ramadan
d’être davantage propices à la prière de Tarawih, une tradition (sunna) que l’on doit
à la Lumière de l’Être r.
Deuxième Année de L’hégire 405
« C’est un mois où Allah vous a prescrit de jeûner et dans lequel j’ai décrété sunna
les prières de nuit (qiyam). » (Ibn Maja Salât 173).
Afin de profiter davantage du Ramadan, il est donc nécessaire de le compléter
par des actes adoratifs nocturnes, de s’abstenir de toutes sortes de comportements
vains et de purifier la langue par la prière et le rappel (dhikr) qu’accompagnent des
larmes de repentir. Entrer en i’tikaf (retraite spirituelle) durant les dix derniers jours
de ce mois est également un élément important et constitutif de la Tradition prophé-
tique (Sunna).
« Quiconque encore, porte la foi dans son cœur et ravive ses nuits de Ramadan en
espérant la récompense d’Allah seulement, verra ses péchés antérieurs pardonnés. » (Al
Boukhari, Tarawih, 46).
Aïcha c raconte :
« Le Prophète d’Allah r sortit une fois à la mosquée au milieu de la nuit pour
effectuer des prières surérogatoires. Quelques fidèles prièrent derrière lui. Le matin
les gens diffusèrent la nouvelle. Le soir suivant, un nombre plus important de fidèles
se réunit et pria derrière le Prophète r Au matin les gens en parlèrent encore. Le
troisième et la quatrième nuit le Prophète r sortit pour prier et les gens firent la
prière avec lui. La mosquée fut comble ! Le lendemain le Messager d’Allah r ne sortit
pas et le matin, après avoir fait la prière du sobh, faisant face aux gens il attesta qu’il
n’y de Dieu qu’Allah et dit :
“Sachez que ce que vous avez fait ne m’a pas échappé. Ce qui m’a empêché de sortir
vers vous est que j’ai craint que cette prière ne vous soit imposée et que vous soyez inca-
pables de l’assumer !” » (Al Boukhari, Tarawih, 1 ; Muslim, Musafirin, 177).
Dès lors le Noble Messager r, considérant que la prière de Tarawih devait être
appropriée à la capacité de chaque personne ne l’accomplit plus en congrégation.
Ces prières furent encore accomplies individuellement durant le califat d’Abû
Bakr t et ce n’est que sous le califat d’Omar t qu’elle commencèrent à être effectuées
en congrégation.
Durant le mois de Ramadan le Prophète de miséricorde r renforçait sa pratique
dévotionnelle, et ce dans une atmosphère inextinguible et marquée par une connexion
intime avec le Tout-Puissant comme en témoignent ces paroles d’Ibn ‘Abbâs t :
« Le Messager d’Allah était le plus généreux des hommes, et particulièrement
durant le mois de Ramadan lorsque l ’Ange Gabriel u lui enseignait le Coran. Sa
générosité était ininterrompue comme le souffle continu du vent bénéfique. » (Al
Boukhari, Bad’ul-Wahy, 5, 6 ; Sawm, 7 ; Muslim, Fadail, 48, 50).
Le Prophète béni r a (Selon le rite malikite N.D.T) prescrit cette aumône obligatoire
pour tout musulman jeune ou vieux, libre ou esclave à hauteur d’un sa’132 de dattes
ou d’une mesure égale d’orge. (Al Boukhari, Zakat, 70-78; Muslim, Zakat, 13).
Et concernant les défavorisés, il a déclaré : “Ne pensez pas (littéralement sauvez-
les) en ce jour qu’ils puissent marcher l’estomac vide.” (Ibn Sa’d, I, 248).
Si la Zakat al-Fitr est acquittée avant la prière de l’Aïd, elle réalise alors son but
et est une aumône (zakat) acceptée.
Si en revanche elle est versée après cette prière, elle est alors considérée comme
une simple aumône et non comme relevant statutairement du fitr. (Ibn Maja, Zakât, 21).
Anas t rapporte:
«Lorsque le Messager d’Allah r est arrivé à Médine, les habitants avaient deux
jours durant lesquels ils se divertissaient.
Le Messager d’Allah r demanda : “Quels sont ces deux jours ?”
Ils répondirent : “Nous avions l’habitude de nous divertir durant ces deux jours
dans la Jahiliya (la période avant l’Islam).”
Alors le Noble Messager r dit : “Certes Allah vous a remplacé ces deux jours par
deux jours meilleurs : le jour du sacrifice et le jour de la rupture du jeûne”. » (Abou
Daoud, Salât, 239/1134 ; Nasa’i, Iydayn, 1).
Après avoir dirigé la prière de l’Aïd pour la première fois le 10 du mois de Dhul-
Hijja, le Prophète béni r ordonna aux Musulmans de procéder au sacrifice (abattage
rituel) proprement dit.
Durant les dix années qu’il passa à Médine, le Noble Messager r observait le
sacrifice de l’Aïd chaque année. (Ibn Sa’d, I, 248-249).
Il offrait même deux sacrifices par an : l’un au nom des membres de sa commu-
nauté (oumma) qui n’avaient pas les moyens de sacrifier et l’autre en son nom propre
et sa famille. (Abou Daoud, Adahi, 3-4/2792 ; Ibn Sa’d, I, 249).
Hanash t raconte :
« J’ai vu ‘Ali sacrifier deux béliers ; alors je lui ai demandé :
“Qu’est-ce que c’est ?”
Il a répondu : “Le Messager d’Allah m’a ordonné de sacrifier en son nom, c’est
ce que je fais”. » (Abou Daoud, Adahi, 1-2/2790 ; Ahmad, I, 107).
De la prière du fajr, juste avant l’Aïd al-Adha, jusqu’à la prière de l’asr au qua-
trième jour de l’Aïd, il y a un total de vingt-trois prières.
132. Le sa’ est une échelle volumétrique qui peut contenir environ 1040 dirhams de blé ou d’orge. Selon le
dirham shari, un sa’ pèse 2,917kg et 3,333 kg selon le dirham coutumier.
Deuxième Année de L’hégire 407
En dehors des huit groupes de gens déterminés par le Tout-Puissant133 les ins-
titutions comme les écoles ou les hôpitaux ne peuvent pas accepter les diverses au-
mônes pour répondre à leurs propres besoins. Ces institutions, lorsqu’elles reçoivent
la zakat, ne peuvent l’utiliser en dehors des besoins essentiels des nécessiteux.
La Zakat peut donc être utilisée par exemple en faveur d’étudiants nécessiteux
ou de personnes qui recherchent la connaissance dans le seul but d’obtenir l’agré-
ment d’Allah, Gloire à Lui. Parmi les prérequis en matière de versement de la zakat,
on trouve l’injonction de couvrir au mieux les besoins fondamentaux (hawaij-i as-
liyya) des défavorisés que les donateurs n’ont pas l’opportunité de rencontrer ; ces
derniers n’ayant même pas la possibilité d’entreprendre des recherches pour déter-
miner les personnes qui demeurent dans de telles conditions.
Les institutions qui, dans l’acte même de verser la zakat, ont le devoir d’agir
en tant que supports doivent donc aborder cette problématique avec une extrême
sensibilité de peur qu’elles ne soient tenues responsables devant le Tout-Puissant.
Le Coran classifie de la manière suivante les destinataires légitimes de la zakat :
De même, des structures telles que les fondations ou les associations peuvent
recevoir la zakat à condition de la distribuer à l’un ou à plusieurs groupes parmi
les huit précédemment cités. Cette pratique est sans aucun doute un élément d’une
extrême importance.
Après qu’il eut reçu la révélation divine concernant la zakat, le Prophète béni r
fit rédiger un écrit explicitant clairement les modalités avec lesquelles la zakat devait
s’accompagner, notamment le montant minimum de la richesse tombant dans le
domaine de l’obligation, et ce jusqu’au péril de l’épée (s’il le fallait).
Le Messager d’Allah r garda cet écrit près de lui jusqu’à la fin de sa vie et s’em-
ploya à agir en stricte conformité avec son contenu.
Abû Bakr et Omar y suivirent scrupuleusement le Messager d’Allah r en ce
sens. (Al Boukhari, Zakat, 38; Ahmad, II, 14 ).
133. Cf. Coran, At-Tawba, 9 : 60.
Deuxième Année de L’hégire 409
ħ ƈ ģĻƈ×øĹĘÓ
İƇ óýž ƈ ×ĘƆ ųÒ ƈ ıĬƆ ijĝƇ ęĭƈ ĺƆźIJÙƆ ąƪ ęƈ ĤŽ ÒIJÕİƆ ñĤÒ Ɔ õƇ ĭƈ ġŽ ĺƆ īĺ ƈ
Ž Ɔ Ʃ ƈ Ɔ Ɔ Ƈ Ɔ Ɔ Ɔ ƪ ĪIJ Ɔ ñĤƪ ÒIJƆ
ƈ ıĻĥƆ ĐĵĩéĺĦijĺħĻ ƈ ƅ ñƆ đƈÖ
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Ž Ƈ Ƈ Ɔ ŽƇƇ Ɔ Ɔ
ƈ ıƈÖĴijġŽ ÝƇ ĘƆ ħĭƪ ıƆ ä
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ƈòÓĬĹĘÓ Ɔ Ž Ɔ Ɔ Ž Ƈ Ɔ Ž Ɔ ƅ ĤƆÈÔÒ Ɔ
Ɔ õƇ ĭƈ ġŽ ÜƆ ħŽ ÝĭƇ ĠÓ
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Ɔ ÒŽ ijĜƇ IJñƇ ĘƆ ħŽ ġƇ ùęƇ ĬƆŶħŽ ÜƇ õŽ ĭƆ ĠÓ Ɔ ñÃƆ İ
Ɔ ĨÒ Ɔ ħŽ İƇ òij
Ƈ ıƇ ƇČIJƆ
« … à ceux qui thésaurisent l’or et l’argent et ne les dépensent pas dans le
sentier d’Allah, annonce un châtiment douloureux, le jour où (ces trésors) seront
portés à l’incandescence dans le feu de l’Enfer et qu’ils en seront cautérisés, front,
flancs et dos : voici ce que vous avez thésaurisé pour vous-mêmes. Goûtez de ce
que vous thésaurisiez. » (At-Tawba, 9 : 34-35).
Le Prophète r décrit ainsi la fin douloureuse de ceux qui négligent la zakat :
410 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« Celui qui a de l’or ou de l’argent et ne verse pas l’aumône légale (zakat) les
concernant, des plaques de feu lui seront chauffées au Feu de l’Enfer et on lui cautérise-
ra avec les flancs, le front et le dos. Et dès qu’elles se refroidissent, on les chauffe de nou-
veau pour lui remettre, le jour étant équivalent à cinquante mille ans ; jusqu’à ce que
les hommes soient jugés, et là, sa destination, le paradis ou l’enfer se fera connaitre. »
On dit : « Mais, ô Messager d’Allah r, qu’en est-il des chameaux ? »
Il dit : « De même celui qui possède des chameaux et qui ne s’acquitte pas de la
Zakat les concernant. Parmi ce que l’on doit à leur égard est le fait de les traire en pu-
blic, là où on les abreuve ; celui-là, on lui ramènera des chameaux qui seront présentés
dans leur totalité, pas un ne manquera, et seront encore plus corpulents qu’ils n’étaient
[dans ce bas-monde], lui étant jeté dans un endroit profond au sol uni, lequel on a cou-
vert de cailloux, et où les chameaux viendront le fouler sous leurs pattes et le mordre.
Dès que le dernier chameau lui passe dessus le corps, le premier reprend de nouveau,
un jour équivalent alors cinquante mille ans, jusqu’à ce que les hommes soient jugés,
alors il sera décidé s’il ira au paradis ou bien en enfer. »
Les Compagnons y lui posèrent une autre question relative aux propriétaires
de bétail (bovins et ovins) et le Noble Messager r leur apporta semblables réponses.
(Muslim, Zakat, 24 ; Al Boukhari, Jihad, 48).
Offrir la zakat ou une aumône avec courtoisie est un élément qui revêt la même
importance. On doit à cet effet s’abstenir de toute attitude telle que l’insulte ou le
don de marchandises de piètre qualité susceptible d’invalider cet acte. Le donateur,
en particulier, doit montrer un esprit de reconnaissance envers le bénéficiaire parce
que ce dernier lui fournit l’occasion d’accomplir une obligation qu’il n’aurait pas été
en mesure de remplir en temps normal. Les diverses actions à vocation charitable
agissent en même temps comme des boucliers impénétrables qui protègent le dona-
teur des maladies et du malheur. De fait, les pauvres sont une grande bénédiction
pour les riches, car ce sont leurs prières qui ouvrent les portes du Paradis.
Le verset coranique suivant énonce les façons d’offrir l’aumône charitable :
« Ceux qui dépensent leurs biens dans le sentier d’Allah sans faire suivre leurs
largesses ni d’un rappel ni d’un tort, auront leur récompense auprès de leur Sei-
gneur. Nulle crainte pour eux, et ils ne seront point affligés. Une parole agréable
et un pardon valent mieux qu’une aumône suivie d’un tort. Allah n’a besoin de
rien, et Il est indulgent. Ô les croyants ! N’annulez pas vos aumônes par un rappel
ou un tort, comme celui qui dépense son bien par ostentation devant les gens sans
croire en Allah et au Jour dernier… » (Al-Baqara, 2 : 262-264).
L’I’tikaf
I’tikaf (ou retraite pieuse) signifie littéralement “se retenir”, “attendre dans un
certain lieu” et “se tenir ou s’en tenir à une certaine chose”. Mais techniquement
i’tikaf signifie “rester dans une mosquée à un moment déterminé avec l’intention de
gagner la proximité d’Allah”. Du fait qu’aucun délai n’est spécifiquement fixé, une
seule heure compte comme i’tikaf, quoique étant surérogatoire.
Ainsi, le verset coranique « … mais ne cohabitez pas avec elles pendant que
vous êtes en retraite rituelle dans les mosquées… » (Al-Baqara, 2 ,187) constitue un
trait nécessaire de l’i’tikaf, ce qui suggère que sa période de validité ne peut être infé-
rieure à un jour – il s’agit de l’i’tikaf shari.
L’i’tikaf est généralement pratiquée pendant le mois de Ramadan en raison du
séjour (à la mosquée) qui y est effectué. L’i’tikaf est donc une immersion dans la
pratique du jeûne durant le jour et d’actes d’adoration durant la nuit à la mosquée.
L’i’tikaf pratiquée pendant les dix derniers jours de Ramadan est une sunna
dite muakkada (acte très recommandé que le Prophète béni r a rarement négligé)
et dans le même temps une sunna dite fard ul’kifaya (acte qui, bien qu’il ne soit
pas obligatoire, exige qu’au moins une personne dans la communauté l’accomplisse
pour que les autres en soient exemptés). Le vœu d’entrer en i’tikaf nécessite qu’il faille
l’accomplir. La pratique de l’i’tikaf en dehors du mois de Ramadan est également
recommandée (mustahab). L’i’tikaf incite à ne pas quitter la mosquée sauf en cas de
nécessité, comme par exemple renouveler ses ablutions (wudu).
Les épouses du Prophète r avaient quant à elles coutume de pratiquer l’i’tikaf
dans leurs chambres. Des tentes furent préalablement installées à l’intérieur de la
Mosquée (du Prophète) pour assurer leur confort puis elles furent démantelées sur
ordre du Noble Prophète r. Ainsi donc les épouses des Musulmans pratiquaient
l’i’tikaf, non pas dans les mosquées, mais chez elles, dans l’intimité de leurs chambres.
Aïcha c rapporte :
« Lorsque les dix derniers jours de Ramadan étaient entamés, le Messager
d’Allah s’abstenait de tout rapport sexuel, passait ses nuits en prière et réveillait ses
épouses. » (Al Boukhari, Fadlu Laylat’il-Qadr, 5 ; Muslim, I’tiqaf, 7).
412 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Trois jours avant que Damdam ne vienne à la Mecque Atik, la tante du Messa-
ger d’Allah r fit un rêve qui l’effreya beaucoup.
Elle dit à Abbas :
«Le rêve que j’ai fait m’a fait trembler. J’ai peur qu’une catastrophe ne touche ton
peuple. Ne raconte à personne le rêve que je vais te raconter!»
Abbas t lui dit : «Alors vaz-y recontes moi ce que tu vas vu !»
Elle dit: «J’ai vu en rêve un homme monté sur un chameau venir à al-Abtah
(lieu entre la Mecque et Mahassa) et s’écrier debout : “Levez-vous, ô gens, et allez à
votre mort dans trois jours.” Les gens s’étaient rassemblés autour de lui et l’avaient
suivi jusqu’à la Ka’ba où il avait répété son avertissement. Puis il est parti à la hâte
vers une montagne voisine nommée Abû Qubays, où il a répété son avertissement
pour la troisième fois. Puis l’homme a ramassé une grosse pierre et l’a jetée en bas de
la montagne : la pierre s’est divisée en petits morceaux qui s’étaient dispersés dans
toutes les maisons de La Mecque, sans exception.
Abbas t lui dit : « Par Allah c’est un rêve très important! Fais attention ne le
révèle à personne !»
Plus tard, après avoir quitté ‘Atika, ‘Abbâs t croisa son ami Walid ibn Utbah
et lui raconta le rêve en question tout en insistant pour que ce dernier ne le révélât à
quiconque. Mais, inquiet, celui-ci le révéla à son père et bientôt le rêve fut sur toutes
les lèvres des habitants de La Mecque.
Voici comment ‘Abbâs t évoque les évènements qui s’en suivirent :
« Abû Jahl furieux me demanda :
“Depuis quand une prophétesse est-elle apparue parmi vous ? Qu’il y ait un pro-
phète homme ne suffisait-il pas ? Vos femmes se sont-elles adaptées au rôle ? Soit
disant qu’Atika a entendu dans son rêve quelqu’un lui dire Allez jusqu’au lieu où vous
serez abattu et tomberez dans trois jours. Eh bien, nous attendrons trois jours et si
rien ne se passe pour confirmer son rêve, nous ferons proclamer officiellement que
vos femmes sont les plus grandes menteuses parmi les femmes d’Arabie !”»
Je ne répondis pas grand-chose et me contentait de nier qu‘Atika eut fait le
moindre rêve. Par Allah rien ne fut plus grave pour moi que de nier cela. Au troi-
sième matin, furieux, je me rendis à la maison Sacrée (la Ka’ba) en espérant y trouver
Abû Jahl et donner libre cours à ma frustration de n’avoir pas su lui répondre comme
il le fallait trois jours auparavant.
Après que je sois entré dans l’enceinte, je le vis approcher de la porte des Banû
Sahm et en même temps je vis Damdam qui était debout sur son chameau. Il avait
entaillé le nez de son chameau, déchiré sa chemise pour indiquer la gravité de la
situation.
414 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Alors qu‘Utbah ibn Rabia et son frère Shayba commençaient à préparer leurs
armes, Addâs, leur esclave, leur en demanda la raison. Ils lui répondirent :
— Te souviens-tu de celui à qui tu as offert des dattes dans notre verger de Ta’if ?
— Oui je m’en souviens.
— Et bien, c’est lui que nous allons combattre !
Addâs se jeta alors à leurs pieds et les supplia :
“N’y allez pas ! C’est un prophète ! Certainement vous serez perdants !”
Des larmes coulaient le long de ses joues.
Pour autant ; ‘Utbah et Shayba demeurèrent indifférents à son plaidoyer et le
délaissèrent sans égard.
Deuxième Année de L’hégire 415
Cette attitude dénote avec force l’amour profond que le Noble Prophète r
nourrissait à l’égard du Tout-Puissant ainsi que le désir ardent de gagner Sa proxi-
mité dans chaque acte ou chaque instant. Plus encore, elle enseigne la nécessité de
respecter la justice, peu importe qui est la personne ou bien ce que les circonstances
sont susceptibles d’entraîner.
Le Noble Messager r mandata par la suite Abû Lubaba t pour se charger des
affaires de Médine jusqu’à son retour. (Ibn Hishâm, II, 251).
416 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Hubayb était confus. Il bénéficiait en effet d’une réputation illustre parmi les
Arabes en raison de ses immenses exploits sur les divers champs de bataille. Malgré
cela, le Noble Prophète r ne lui avait pas donné la permission de combattre parce
qu’il n’était pas musulman.
L’attitude digne du Messager d’Allah r, en dépit de la différence flagrante entre
les deux forces opposées dont toutes les chances avaient été mobilisées, avait pro-
fondément secoué Hubayb t. Il se laissa pendant un moment entraîner dans les
profondeurs de son monde intérieur et put percevoir les lumières d’un royaume de
vérité qu’il n’avait jamais perçu auparavant.
Puis il se leva et courut vers le Messager d’Allah r avec dans son esprit une autre
approche et s’écria avec passion: « Oui je crois en Allah et en Son Messager ! »
Le Noble Prophète r, visiblement heureux lui dit:
«Maintenant, dit-il, tu peux te joindre (à l’armée) comme tu le souhaites!»(Muslim,
Jihad, 150; At Tirmidhi Siyar 10/1558; Waqidi, I, 47; Ibn Sa’d, III, 535).
Ƈ Ġƈ ijƆ ĤŽ ÒħƆ đŽ Ĭƈ IJ
ģĻ Ɔ ƇųÒÓ
Ʃ ĭƆ ×Ƈ ùŽ èƆ
« … Allah nous suffit ; Il est notre meilleur garant. » (Al-‘Imrân, 3 : 173).
418 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Hudayfa t raconte :
« Je me rendis à Médine accompagné de mon père Husayl lorsque nous fûmes
arrêtés par des polythéistes qurayshites. Ces derniers nous demandèrent si nous
avions l’intention de rencontrer Muhammad r. Nous répondîmes que nous sou-
haitions seulement nous rendre à Médine. Les Qurayshites ne nous laissèrent partir
qu’après avoir obtenu de nous la promesse de ne pas combattre aux côtés du Pro-
phète r. Quand survint la bataille de Badr, nous informâmes le Prophète r de notre
engagement avec les polythéistes. Le Prophète r nous dit : “N’y prenez pas donc part.
Nous respecterons le pacte conclu avec eux et nous solliciterons l’aide d’Allah contre
eux”. » (Muslim, Jihad, 98).
Cet événement est encore une fois un brillant témoignage de l’admirable véridi-
cité du Noble Prophète r qui s’étendait même à ses ennemis.
Après avoir été informé que les Croyants se dirigeaient vers Badr, Abû Sufyan
modifia sans tarder la trajectoire de la caravane en direction de la côte, laissant Badr
à sa gauche. (Ibn Hishâm, II, 57).
Réalisant ensuite qu’il avait sauvé la caravane, il missionna un envoyé à Quraysh
avec le message suivant :
« Vous vous êtes engagés à protéger votre caravane, vos hommes et vos biens.
Mais à présent que le danger a été repoussé, vous pouvez revenir ! »
Deuxième Année de L’hégire 419
Suite au message d’Abû Sufyan et à l’avis d’Ahnas ibn Sharik, les clans d’Ibn
Zuhra et d’Ibn Ka’b s’en retournèrent. Mais Abû Jahl demeura inflexible :
« Nous ne ferons pas demi-tour, nous irons jusqu’à Badr et y festoierons pen-
dant trois jours. Nous tuerons des chameaux pour manger. Les femmes chanteront
et danseront. Toute l’Arabie entendra parler de nous et nous craindra à jamais ! »
Quand Abû Sufyan eut pris connaissance de la décision des Mecquois de se
mettre en marche indépendamment, il fit cette réflexion : « Ma pauvre tribu… Ceci
doit être l’idée d’Ibn Hishâm (Abû Jahl) ! Sa réticence à faire demi-tour est liée à
son empressement à devenir le leader de son peuple… c’est une transgression ! Et la
transgression est de mauvais augure ! » (Waqidi, I, 43-45 ; Ibn Hishâm, II, 258).
Suivant étroitement la tournure des évènements, le Noble Prophète r se rendit
compte de l’inévitabilité de la bataille, et ce à la vie et à la mort.
Ayant rassemblé ses Compagnons y il leur demanda :
« Que croyez-vous qu’il soit plus approprié : suivre la caravane ou rencontrer
(directement) l’armée de Quraysh ? »
S’exprimant au nom des Muhajirun, Abû Bakr et Omar y assurèrent que tous
étaient prêts à affronter l’armée des idolâtres.
Le Noble Messager r souhaita entendre aussi l’opinion des Ansar.
S’étant dressé droit sur ses pieds, Miqdad Ibn Aswad t déclara :
« Ô Envoyé d’’Allah ! Fais donc ce qui te paraîtra le mieux. Nous ne te dirons
jamais ce qu’ont dit les Israélites à Moïse u : “Va avec ton Seigneur combattre
l’ennemi tandis que nous restons en arrière !” (Al-Mâ’ida, 24).
Aussi vraie que la parole que nous avons prononcée à Aqaba, nous te dirons
plutôt : « Va avec ton Seigneur combattre l’ennemi, et nous combattrons à tes cô-
tés134. » (Al Boukhari, Maghazi, 4 ; Tafsir, 5/4).
C’est alors qu’après Miqdad, Sa’d ibn Mu’adh t prit la parole :
« Nous avons déclaré notre foi en toi et accepté ton message comme étant la
Vérité. Nous nous sommes fermement engagés à toujours faire ce que tu nous de-
manderas. Va donc, ô Messager d’Allah ; fais ce que tu veux, et nous irons avec toi.
Par Celui qui t’a envoyé apporter la Vérité, si tu nous conduis jusqu’à la mer, nous
irons avec toi. Personne ne restera en arrière. Nous ne craignons pas de rencontrer
l’ennemi demain. Nous combattrons avec acharnement et détermination quand la
guerre éclatera. Nous implorons Allah de te montrer ce qui te satisfera. Avance donc,
avec la bénédiction d’Allah. »
134. Ibn Mas’ud t dit : « Je témoigne avoir entendu Miqdad prononcer des paroles d’une telle conviction
que si je les avais prononcées moi-même, j’aurais été prêt à renoncer à toute autre parole.» (Al
Boukhari Maghazi 4; Tafsir, 5/4).
420 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Au moment où l’armée musulmane parvint à Badr, Quraysh était déjà sur place,
campant dans la vallée de Yalyal, derrière une colline de sable, en un point reculé de
Médine. D’autre part, les puits de Badr étaient situés à la lisière de la vallée la plus
proche de Médine. (Ibn Hishâm, II, 259).
Le Noble prophète r, après qu’il eut atteint le puits le plus proche de Badr, dis-
cuta avec les Ansar sur la plus favorable façon d’installer le campement.
Hubab ibn Munzir t prit alors la parole :
« Ce n’est pas le bon endroit pour établir le campement. Il vaudrait mieux avan-
cer davantage, jusqu’au puits le plus proche de l’ennemi, où nous pourrons camper
et creuser un bassin rempli d’eau. Puis nous fermerons les autres puits, de sorte que
nous aurons notre réserve d’eau et qu’ils n’en auront pas. »
Le Prophète de Miséricorde r se rangea de son avis.136 » (Ibn Hishâm, II, 259-260;
Ibn Sa’d, II, 15).
Un groupe d’idolâtres dont Hakim ibn Hizam t apparut dans le but d’obtenir un
peu d’eau du bassin que les Croyants avaient creusé dans le camp. Alors que ces der-
niers voulurent l’en empêcher, le Noble Prophète r intervint et dit : « Laissez-les tran-
quilles ; laissez-les boire de cette eau. » Tous ceux qui y burent furent tués dans la bataille,
sauf Hakim ibn Hizam t qui devait plus tard adhérer à l’Islam. Celui-ci, chaque fois
qu’il voulait prêter serment pour renforcer la force de sa parole, disait : « Par Allah Qui
m’a sauvé de la mort à Badr et qui m’a fait don de la foi (iman)… » (Ibn Hishâm, II, 261).
En permettant à l’ennemi de boire l’eau du bassin, nonobstant le fait que ce
même ennemi chercherait à les abattre quelques instants plus tard, le Noble Pro-
phète r établit ainsi une norme universelle et une façon de répandre la guidance
(islamique). Un comportement bienveillant tel que celui-ci a fini par adoucir maints
cœurs de pierre, ouvrant ensuite une porte vers la lumière de la vérité.
135. Une promessses au verset 7 de la sourate Al-Anfal est la tribu Quraysh, c’est-à-dire la défaite qu’elle
allait subir ainsi et sa mise hors d’état de nuire, tandis que l’autre concerne la grande caravane de
Quraysh provenant de Damas.
136. Selon les dires des autochtones même si les autres collines de sable se déplaçaient tous les cinq ou dix
ans en raison des vents persistants, la colline sur laquelle fut basé le camp du Noble Prophète r resta
stable jusqu’à ce jour.
Deuxième Année de L’hégire 421
Une fois l’armée musulmane bien en place Qa’d ibn Mu’adh t dit : « Ô Messa-
ger d’Allah ta monture sera prête. Si nous gagnons, c’est ce que nous voulons. Dans
le cas contraire tu partiras sur ta monture rejoindre le reste des nôtres. Ceux que tu
as laissés derrière toi t’aiment tout autant que nous. S’ils avaient su que tu partais
en guerre, ils ne seraient pas restés en arrière. Ils te protégeront, te conseilleront et
combattront tes ennemis à tes côtés. »
Le Noble Prophète r remercia Sa’d et implora Allah pour lui. Sa’d t dégaina
ensuite son épée et entreprit de monter la garde. (Ibn Hishâm, II, 260 ; Al-Waqidi, I, 49).
Et pour la dernière fois, le Noble Messager r envoya Omar t auprès des Mec-
quois pour les inciter à faire demi-tour, car il préférait se battre avec d’autres qu’eux.
Hakim ibn Hizâm t agit pour tenter d’éviter le conflit: “Voilà une proposition
honnête, vous feriez bien de l’accepter. Après cela nulle rigueur ne vous sera tenue.”
Mais les paroles bien intentionnées qu’il prononça furent étouffées par l’obsti-
nation d’Abû Jahl qui dit: « Je jure que nous ne ferons pas demi-tour tant que nous
ne serons pas vengés surtout après qu’Allah137 nous y ait mis ! Nous leur donnerons
une telle leçon qu’ils ne pourront plus harceler nos caravanes et les retenir !»
Ces mots galvanisèrent les Qurayshes dans leur intention de se battre. (Al-Waqidi,
I, 61-65).
Le terrain sur lequel les Croyants avaient campé était particulièrement sableux,
ce qui rendait toute marche difficile. Comme l’eau se faisait de plus en plus rare aussi
ils étaient confrontés à une pénurie. Il devenait même difficile de trouver de l’eau
pour procéder aux ablutions. Ces contraintes, ajoutées à la supériorité flagrante des
polythéistes du point de vue du nombre et de la force, donna à Satan des excuses
suffisantes pour essayer de susciter l’effroi dans le cœur des Musulmans.
Mais il avait assez plu à verse cette nuit-là pour inonder la vallée. Les Croyants
stockèrent aussitôt de l’eau et l’utilisèrent abondamment pour prendre soin tant de
leurs propres besoins que ceux de leurs animaux. Dans le même temps, la pluie avait
emporté la poussière sableuse et arrangé par conséquent le terrain, ce qui l’avait ren-
du plus ferme. D’autre part, cela avait forcé les Mecquois à s’arrêter, car ces derniers
ne pouvaient pas se déplacer hors de leur campement. Allah U accorda en outre aux
Croyants un état de sommeil apaisant comme le dit ce verset coranique :
Le Noble Prophète r pria tout au long de la nuit comme l’a confirmé ‘Alî t :
« Je me souviens très clairement que dans la nuit précédant la bataille, nous
nous étions tous endormis excepté le Messager d’Allah. Il avait prié et supplié Allah
jusqu’au matin. » (Ibn Huzayma, II, 52).
À l’aube le Messager d’Allah r appela à la prière : “À la prière (salât), ô serviteurs
d’Allah !” Puis après la prière il exhorta les Croyants au Jihad. (Ahmad, I, 117).
Avant que l’ennemi eût assuré ses positions face aux Croyants, le Noble Pro-
phète r, une flèche à la main, passa en revue les rangs musulmans. Il fit aligner
chaque Croyant afin de les compter tous. Lorsqu’il vit Sawad ibn Ghaziya t quelque
peu avancé, il lui toucha légèrement le ventre du bout de sa flèche. Ce dernier lui dit:
«Ô Messager d’Allah tu m’as fait mal. Allah t’a envoyé avec la Vérité. J‘exige
réparation de ta part !»
Le Messager d’Allah r, sans agitation souleva sa chemise et découvrit son ventre.
Les compagnons tentèrent de le dissuader : « Sawad, c’est le Messager d’Allah ! ».
Mais Sawad t rétorqua: « Nul n’est supérieur à un autre en matière de justice. »
Deuxième Année de L’hégire 423
Les forces en présence s’alignèrent dans la plaine de Badr le 17e jour du mois
de Ramadan. C’était une journée très chaude. Les Arabes jusque-là motivés par la
protection de leur parenté se battaient pour des raisons tribales. La religion rem-
plaça ensuite le tribalisme, l’esprit religieux exacerba davantage l’esprit de corps qui
existait depuis toujours au sein d’une même parenté, et ce à tel point que des pères
levèrent leurs épées à l’encontre de leurs propres fils, des oncles à l’encontre de leurs
neveux et des frères les uns contre les autres.
Ce jour Abû Bakr t croisa l’épée avec son propre fils, Abû Ubayda ibn Jarra t
avec son père et Hamza t avec son frère.
Ce fut une scène incroyable. Allah le Très-Haut proclame en effet :
« Et ne soyez pas comme ceux qui sortirent de leurs demeures pour repousser
la vérité et avec ostentation publique, obstruant le chemin d’Allah. Et Allah cerne
ce qu’ils font. Et quand le Diable leur eut embelli leurs actions et dit : «Nul parmi
les humains ne peut vous dominer aujourd’hui, et je suis votre soutien.» Mais,
lorsque les deux groupes furent en vue l’un de l’autre, il tourna les deux talons et
dit : «Je vous désavoue. Je vois ce que vous ne voyez pas ; je crains Allah, et Allah
est dur en punition». » (Al-Anfâl, 8 : 47-48).
Leur vanité fut anéantie par le rocher de la Fierté divine :
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ĪƇ ijġƇ ÜƆ ħƇàÓıƆ ĬƆ ijĝƇ ęĭƈ ĻùƆ ĘƆ ųÒ ƈ Ɔ ĝƇ ęĭƈ ƇĺÒŽ IJóƇ ęƆ Ġ ƈ
ƪ Ƈ ƈ ×øī Ɔ Đ Ɔ ÒŽ IJïƫ āƇ ĻƆ ĤħŽ ıƇ ĤƆ ÒijƆ ĨŽ ƆÈĪij Ɔ īĺƆ ñĤƪ ÒĪƈƪ Ì
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Ɔ óƇ ýƆ éŽ ƇĺħƆ ĭƪ ıƆ äĵ
ĪIJ Ɔ ĤƆ Ìƈ ÒŽ IJóƇ ęƆ Ġ
Ɔ īĺƆ ñĤƪ ÒIJƆ Ɔ ×Ƈ ĥƆ ĕŽ Ƈĺħƪ ƇàØƃ óƆ ùŽ èƆ ħŽ ƈıĻŽ ĥƆ ĐƆ
« Ceux qui ne croient pas dépensent leurs biens pour éloigner (les gens) du
sentier d’Allah. Or, après les avoir dépensés, ils seront pour un sujet de regret.
Puis ils seront vaincus, et tous ceux qui ne croient pas seront rassemblés vers
l’Enfer. » (Al-Anfâl, 8 : 36).
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Ƈ žĬÈħŽ ġƇ ĤƆ ÔÓ Ɔ åƆ ÝƆ øÓ
Ž ĘƆ ħŽ ġƇ Öƪ ò
Ɔ ĪijƆ ƇáĻĕƈ ÝƆ ùŽ ÜƆ ðŽ Ìƈ
īƪ Ñƈ ĩƆ ĉŽ ÝƆ Ĥƈ IJĴ ƈ ƈ Ùƈ ġƆ Ðŵ ƈ ĩĤŽ ÒīĨ ƈ ƅ Ɔ
Ɔ óƆ ýŽ ÖƇ ƪ źÌƈ ƇųÒ
Ʃ įƇ ĥƆ đƆ äÓ
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Ɔ ĘîóŽ Ĩ Ƈ Ɔ Ɔ ž ėĤŽ ÉÖƈ
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õĺ ƈõĐųÒĪƈÌųÒ Ž ƪ źÌƈ óƇ āŽ ĭĤÒÓ
ƪ ĨƆ IJ Ɔ ħŽ ġƇ Öij Ƈ ĥƇ ĜƇ įƈÖ
« (Et rappelez-vous) le moment où vous imploriez le secours de votre Sei-
gneur et qu’Il vous exauça aussitôt : › Je vais vous aider d’un millier d’Anges dé-
ferlant les uns à la suite des autres. Allah ne fit cela que pour (vous) apporter une
bonne nouvelle et pour qu’avec cela vos cœurs se tranquillisent. Il n’y a de victoire
que de la part d’Allah. Allah est Puissant est Sage. » (Al-Anfâl, 8 : 9-10).
ĪIJ
Ɔ óƇ ġƇ ýŽ ÜƆ ħŽ ġƇ ĥƪ đƆ ĤƆ ųÒ ƈ Ɔ Ɔ ƅòïŽ ×ƈÖųÒ
Ɔ Ʃ ÒŽ ijĝƇ ÜÓƪ ĘƆ ÙƄ Ĥƪ ðÈħŽ ÝĬƇ ÈIJ
Ɔ Ɔ Ƈ Ʃ ħƇ ĠƇ óƆ āƆ ĬƆ ïŽ ĝƆ ĤƆ IJƆ
Ėƅ ƆźÆÙƈ àƆ ƆŻáƆ Öƈ ħġƇ Öƫ ò ƈ Ɔ Ƈ ęƈ ġŽ ĺīĤƆ ƆÈīĻĭƈ Ĩƈ ËŽ ĩĥŽ Ĥƈ Ģij
Ɔ ħŽ ĠƇ ïƪ ĩƇĺĪÈħŽ ġĻ Ɔ Ɔ Ƈ Ƈ ĝƇ ÜƆ ðŽ Ì
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ħİƈ ƈòijŽ ĘƆ īĨħƈ Ƈ ÜƇ ÉŽ ĺIJÒŽ ijĝƇ ÝÜƆ IJÒŽ IJóƈ×āÜĪƈ ƈ Ùƈ ġƆ Ðŵ ƈ ĩĤŽ ÒīĨƈ
Ž ž Ġij Ɔ Ɔ ƪ Ɔ Ƈ Ž Ɔ ÌĵĥƆ ÖīĻ Ɔ ĤõĭƆ Ĩ
Ƈ Ɔ Ɔ ž
ĹĨƈ ijžƈ ùƆ Ĩ ƈ ƈ ƈ ƅ ƈ Ɔ ÖħġƇ ÖòħĠƇ îïƈ ĩĺÒñÃƆ İƆ
Ƈ ÙġƆ ÐŵĩƆ ĤŽ ÒīƆ Ĩ ž ĖźÆÙùƆ ĩŽ íƈ ƫƆ Ž Ž ŽƇ
« Allah vous a donné la victoire, à Badr, alors que vous étiez humiliés. Crai-
gnez Allah donc. Afin que vous soyez reconnaissants ! (Allah vous a bien donné
la victoire) lorsque tu disais aux croyants ; «Ne vous suffit-il pas que votre Sei-
gneur vous fasse descendre en aide trois milliers d’Anges» ? Mais oui ! Si vous êtes
endurants et pieux, et qu’ils [les ennemis] vous assaillent immédiatement, votre
Seigneur vous enverra en renfort cinq mille Anges marqués distinctement. » (Al-
‘Imrân, 123-125).
426 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Ce jour-là, AllahU soutint les Croyants avec mille anges.(Al Boukhari, Maghazi, 4, 6
; Muslim, Jihad, 58).
Puis comme récompense de leur sincérité Il U accrut leur nombre à trois mille
puis jusqu’à cinq mille.
Même si le Noble Messager r avait prédit les endroits précis où les idolâtres
finiraient par être tués et qu’il obtiendrait par la grâce divine la victoire, il ne cessa
de supplier le Tout-Puissant jusqu’à la pointe de l’aube, priant ardemment au point
de s’oublier lui-même.
Cet état est une des manifestations les plus essentielles de la véritable soumis-
sion. Allah le Très-Haut n’attend rien de nous, si ce n’est de Lui être en tous points
soumis. Et il n’y a pas de façon plus ferme de gagner la proximité d’Allah que de Lui
soumettre nos supplications, en toute humilité et déférence.
Ce fameux jour de Badr, on entendit le Noble Prophète r s’exclamer :
« Voici l’Ange Jibrîl tenant la bride de son cheval au-dessus de la poussière de la
bataille (et qui vient à votre secours) ! » (Al Boukhari, Maghazi, 11).
Huwaytib ibn Abduluzza fit plus tard la confession suivante :
« J’étais parmi les idolâtres le jour de Badr et j’y ai vu d’incroyables scènes et,
au-dessus de tout, les anges. Ils tuaient les hommes de Quraysh, entre ciel et terre,
et les emmenaient prisonniers. Je me suis dit aussitôt : “Cet homme doit être sous la
protection d’Allah” ! Pendant longtemps je n’ai rien dit à propos de ce que j’ai vu. »
(Al-Hakim, III, 562/6084).
— Par Allah, dit Umayr t, seulement l’espoir de faire partie de ces gens-là.
— Tu en fais partie, affirma le Noble Prophète r.
Umayr t sortit alors quelques dattes de son carquois et se mit à les manger.
Puis il t se dit :
— Demeurer en vie jusqu’à terminer de manger mes dattes serait une chose bien
longue ! Il jeta alors les dattes qu’il avait en sa possession puis combattit jusqu’à la
mort. (Muslim, Imara, 145 ; Ahmad, III, 137).
La Bataille de Badr débuta par un mubaraza, c’est-à-dire une épreuve de force,
un duel entre deux personnes. Les trois combattants qui furent choisis parmi les
Musulmans, Hamza, ‘Alî et Ubayda y triomphèrent de leurs adversaires directs.
Ubayda t, cependant, reçut une blessure fatale qui s’avéra mortelle.
Il mourut en martyr non sans avoir entendu les mots apaisants du Noble Pro-
phète r en sa faveur : « Tu l’as fait ! » (Waqidi, I, 69-70).
Suite à cela, les forces opposées se rapprochèrent les unes des autres.
Le Noble Prophète r ne donna pas la permission de lancer immédiatement
l’offensive parce que beaucoup de Qurayshites hésitaient à se battre, sachant que la
caravane n’était plus menacée et comme les Musulmans tardaient aussi à attaquer,
l’hésitation des Mecquois augmenta d’autant plus que leur détermination globale
était à présent sapée. De plus, l’élimination des trois combattants qu’ils avaient en-
voyés pour rencontrer (et combattre) les trois challengers musulmans leur avaient
donné des frissons.
Ces moments silencieux où un malaise certain s’était installé furent brisés par le
cri vil et perçant d’Abû Bakr t :
« Ne vous laissez pas berner parce que deux ou trois personnes ont été tuées…
Allez de l’avant ! » (Waqidi, I, 71).
Stimulés, les idolâtres lancèrent alors une offensive totale. Mais les supplica-
tions sincères et authentiques issues des rangs musulmans et les cris incessants et
tonitruants “Allah’u Akbar” emplirent d’effroi les idolâtres ; les Musulmans dont les
cœurs étaient emplis de foi, se tenaient tous en état d’extase.
Le moment fatidique de l’offensive vint finalement et le Noble Prophète r don-
na l’ordre à ses combattants de la lancer. Les deux parties croisèrent le fer. La bataille
commença de manière acharnée ; et cet acharnement crût de plus en plus.
Le Noble Prophète r, quant à lui, allait et venait dans les rangs musulmans,
cherchant l’aide du Tout-Puissant et, récitait pour encourager les Compagnons y :
« Leur rassemblement sera bientôt mis en déroute, et ils fuiront. » (Al-Qamar,
54 : 45).
428 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
En récitant à cheval des vers relatifs au rajaz139, Abû Jahl se disait imperméable
à n’importe quelle tentative visant à se venger de lui, et ce quelle que soit la bataille
engagée. Il disait avec arrogance : “Je suis né pour des jours comme ceux-ci !” (Ibn
Hishâm, II, 275).
Le fils d’Ummu Haritha c mourut martyr à Badr à cause d’une flèche perdue
provenant des rangs ennemis. Elle vint auprès du Prophète d’Allah r et dit :
« Si mon fils Haritha t est au Paradis, ô Messager d’Allah, je serai patiente et
attendrai sa récompense ; dans le cas contraire, je pleurerai toutes les larmes de mon
corps pour lui ! »
Elle fut cependant consolée par les merveilleuses paroles du Noble Messager r :
« Il y a plusieurs niveaux au Paradis, Ummu Haritha, et ton fils a atteint le plus
haut d’entre eux, le Firdaws’ul-A’la. » (Al Boukhari, Jihad, 14 ; Ahmad, III, 272).
Alors qu’elle s’en retournait, Ummu Haritha c afficha sur son visage un sourire
radieux, tout en se disant à elle-même:
« Regarde ! Regarde Haritha ta haute destinée. » (Ibn Athir, Usd’ul- Ghaba, I, 426).
Bien que ce fût une bataille acharnée liée à la survie de l’Islam, les bienheureux
Compagnons y qui y participèrent furent en même temps considérés comme les
plus vertueux de tous les Musulmans. Pareillement, des anges mobilisés par le Tout-
Puissant pour cette bataille, en une vague incomparable de foi inspirant l’enthou-
siasme, obtinrent une Gloire supérieure aux autres anges, comme corroboré par la
conversation entre Gabriel u et le Noble Prophète r.
Deuxième Année de L’hégire 431
Quand Gabriel u lui demanda comment il considérait ceux qui avaient parti-
cipé à Badr, le Noble prophète r répondit :
« Nous les considérons comme les plus vertueux des Musulmans ! »
À cela Gabriel u rétorqua par des paroles similaires : « Nous considérons aussi
que les anges qui ont pris part à la Bataille de Badr sont parmi les meilleurs anges ! »
(Al Boukhari, Maghazi, 11).
La bataille s’acheva vers midi par une victoire musulmane décisive. En tout qua-
torze Musulmans moururent martyrs, à la différence des soixante-dix idolâtres, en
incluant Abû Jahl, qui firent face à leur destin sur le champ de bataille. Aussi coura-
geux qu’ils fussent, les infortunés idolâtres ne burent pas le vin de la victoire comme
ils l’avaient terriblement espéré, mais le venin d’une mort malheureuse. Au lieu de
chanter, leurs femmes pleurèrent leur mort. Loin de remplir leurs appétits du butin
qu’ils rêvaient de saisir au terme d’une victoire qui ne devait jamais être, les idolâtres
finirent par disparaitre dans les fosses de l’Enfer.
Revêtu de son armure, le Noble Prophète r s’avança sur le champ où eut lieu la
bataille et se mit à déclamer le verset coranique suivant :
ĵ
ĨƆ ò ƈ ÛƆ ĻĨòðŽ Ìƈ ÛƆ ĻĨòÓĨIJħıĥƆ ÝĜƆ ųÒ ƈ ĤIJħİijĥÝĝÜħĥĘ
Ɔ ųÒ
Ɔ Ʃ īƪ ġÃĤƆ IJ
Ɔ ŽƆ Ɔ īġÃ
Ž Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ Ž Ƈ Ɔ ƆƩ ƪ Ɔ Ɔ Ž Ƈ Ƈ Ƈ ŽƆ Ž Ɔ Ɔ
ħĻĥƈ Đ ƈ īĻĭƈ Ĩƈ ËŽ ĩĤŽ ÒĹĥƈ ×ĻĤƈ IJ
ďĻĩƈ øųÒĪƈÌÓĭùèÅŻÖƆ įƇ ĭŽ Ĩ
Ƅ Ɔ Ƅ Ɔ ƆƩ ƪ ƃ Ɔ Ɔ Ɔ Ƈ Ɔ ŽƇ Ɔ
« Ce n’est pas vous qui les avez tués : mais c’est Allah qui les a tués. Et lorsque
tu lançais (une poignée de terre), ce n’est pas toi qui lançais : mais c’est Allah qui
lançait, et ce pour éprouver les croyants d’une belle épreuve de Sa part ! Allah est
Audient et Omniscient. » (Al-Anfâl, 8 : 17).
Le pouvoir exercé par l’homme n’est liée qu’à l’appréciation divine (taqdir). C’est
pour cela qu’il est déclaré 140:
ƈ čƈ đĤŽ Òĵƈ ĥƈ đĤŽ ÒģƩƈ ĤÓƈÖĢƪ Òƈ ØƆ ijĜƇ ĢƆ IJĢƆ ijéƆ ĤƆ
ħĻ Ɔ ž Ɔ ƪ Ɔ Ž
«Il n’est de force ni de puissance qu’en Allah le Très Haut le Sublime».
Tous les êtres non existants dans la prééternité ne sont venus à l’existence que
par le biais de la grâce et de la bienveillance d’Allah, Gloire à Lui, le Très-Haut, le
Tout-Puissant. Par conséquent, la volonté universelle d’Allah I englobe et com-
prend toute la création et ses occurrences. Cela signifie que l’origine de la volonté et
de la puissance se trouve dans le Tout-Puissant Lui-même. Pourtant, parce que les
êtres humains sont venus en ce monde dans le cadre d’un test, ils ont été dotés d’une
volonté particulière et d’une aptitude au bien et au mal. Réaliser cette aptitude par la
pratique a été laissé à leur gré.
Le Retour de Badr
Demeurer à proximité immédiate d’un champ de bataille pendant trois jours
supplémentaires, et ce après une victoire, était une pratique coutumière du Noble
Prophète r. Une fois les trois jours écoulés à Badr, il ordonna qu’on lui apporte son
chameau. On l’apprêta donc.
Le Noble Prophète r se déplaça à pied et ses Compagnons y le suivirent en se
demandant : “Le Messager d’Allah doit certainement se souvenir de quelque chose”.
140. Un des récits de la parole prophétique enseigne que cette formule est un des trésors du Paradis : «Ô
‘Abdallah Ibn Qays ! Vais-je pas t’apprendre une parole qui fait partie des trésors du paradis: Il n’y a de
force et de puissance que par Allah.» Al Boukhari Hadith 6610. (Note de l’Éditeur).
Deuxième Année de L’hégire 433
Finalement il s’arrêta près d’un puits asséché dans lequel des idolâtres avaient
été jetés et il se mit à les appeler chacun par leur nom :
« Eh Abû Jahl ! Eh Umayya ibn Khalaf ! Eh Utbah ibn Rabia! Eh Shaybah ibn
Rabia! »
Puis il poursuivit :
« N’aurait-il pas été mieux pour vous d’obéir à Allah et à Son Messager ? Nous
avons trouvé que la promesse de notre Seigneur s’est réalisée ! Et vous, avez-vous trouvé
que la promesse de votre Seigneur s’est réalisée ? »
« Es-tu en train de t’adresser à des cadavres, ô Messager d’Allah ? demanda
Omar t. Comment peuvent-ils t’entendre et répondre alors qu’ils sont réduits à
l’état de carcasse ? »
« Par Celui Qui tient la vie de Muhammad dans Sa Main Puissante, ils peuvent
m’entendre mieux que vous! Mais ils n’ont pas la force de répondre ! » (Al Boukhari,
Maghazi, 8 ; Muslim, Jannat, 77).
Mais, la joie des Croyants fut de courte durée lorsqu’ils apprirent le décès de
Ruqayya c l’honorable fille du Noble Prophète r peu de temps après la bataille.
Le traitement des captifs
Dès son retour de Médine le Noble Messager r se mit à discuter avec ses Com-
pagnons, notamment avec Abû Bakr, Omar et ‘Alî y, sur la façon la plus appropriée
de traiter les captifs.
Abû Bakr t fut le premier à donner son avis:
«Ce sont nos parents, nos proches, ô Messager d’Allah. Je suggère donc que
nous définissions leur rançon puis que nous les libérions. Ce que nous recevrons
d’eux sera un moyen d’accroître notre force dans notre lutte contre les non-croyants.
Et, si tel est le désir d’Allah, ils finiront aussi par être guidés et nous assister. »
Ensuite le Noble Prophète r demanda à Omar t:
« Quel est ton avis, fils de Khattab ? »
434 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Omar t répondit:
« C’est hors de question, ô Messager d’Allah ! Je ne suis pas du même avis qu’Abû
Bakr t. Permets-moi de leur couper la tête et j’agirai de même personnellement avec
mes proches. Permets à ‘Ali t d’agir de même envers son frère Aqil et à Hamza t
d’agir de même envers son frère ‘Abbâs… jusqu’à ce qu’Allah U apporte cet avis en
pleine lumière et de façon à ce qu’il n’y ait plus aucune trace de faiblesse et de vulné-
rabilité dans nos cœurs quant aux idolâtres ! Ces captifs sont les leaders de l’idolâtrie
et de l’oppression ! »
Le Noble Prophète r adopta l’avis d’Abû Bakr t avec l’espoir que la captifs
soient finalement guidés et que par leur intermédiaire des générations futures en
viennent à adorer Allah seul. (Muslim Jihad, 58; At Tirmidhi Siyar 18/1567; Ahmad I 30-31, 383-
384; Al-Waqidi I 107; Ibn Sa’d II, 22).
Suite à ces discussions, les captifs furent remis en liberté en contrepartie d’une
rançon. Ceux qui ne purent pas payer furent libérés sans contrepartie financière.
Ceux qui savaient lire et écrire furent, quant à eux, formés afin de transmettre
leurs connaissances à dix enfants de Médine. C’était à ce prix qu’on considérait qu’ils
avaient payés leurs rançons.
Zayd ibn Thabit t, le futur scribe du Coran qui plus tard aura la lourde tâche
de le compiler, faisait partie des enfants qui apprirent à lire et à écrire par ce biais.
(Ahmad, I, 247 ; Al-Waqidi, I, 129 ; Ibn Sa’d, II, 22).
Allah, Gloire à Lui, a déclaré à propos des captifs et de la rançon exigée d’eux :
Omar t raconte :
« Au matin je me rendis auprès du Messager d’Allah r, je le trouvai assis en
compagnie d’Abû Bakr t. Tous deux étaient en train de pleurer.
Je dis alors : « Ô Messager d’Allah ! Dis-moi, qu’est-ce qui te fait pleurer, toi et
ton compagnon ? Si les larmes me montent aux yeux, je pleurerais avec vous sinon,
je m’efforcerais de pleurer d’attendrissement à cause de vos pleurs. »
Le Messager d’Allah r répondit :
« Ce qui me fait pleurer est ce à quoi tes Compagnons y auraient été exposés à
cause de leur avis d’accepter la rançon. Leur torture se manifesta devant moi si claire-
ment qu’elle me fut plus proche que cet arbre. » (Ahmad, I, 31 ; Muslim, Jihad, 58).
Allah, Gloire à Lui, n’était pas satisfait de la proposition de libérer les captifs
sous couvert de rançon car l’ennemi n’avait pas encore été traité de manière décisive
et l’Islam n’avait pas encore atteint la force à laquelle il était destiné et aussi avant que
la division (fitna) n’ait été entièrement éradiquée. Il émit par conséquent un avertis-
sement à l’endroit des croyants. L’acceptation de la rançon portait sur les effets liés
aux désirs mondains alors que le Tout-Puissant désirait que les Musulmans prennent
en considération l’Au-delà. La prise de captifs ennemis de la Vérité avant qu’ils ne
soient écrasés était alors susceptible de mettre en danger le bonheur des Musulmans.
Comme on ne peut pas les tenir responsables du risque d’erreur dans un avis
juridique (ijtihâd), et garantit que les participants à la bataille de Badr ne goutèrent
pas au châtiment divin d’autant plus qu’il n’existe aucune punition pour un acte qui
n’a pas été explicitement interdit à l’avance le Tout-Puissant pardonna aux Croyants
et déclara licite la rançon qu’ils avaient saisie.
Allah, Gloire à Lui, ordonna que les captifs et les esclaves soient traités avec
honneur et gentillesse. (Voir, An-Nisâ, 36).
De nombreux hadiths rapportent les paroles du Prophète de Miséricorde r à ce
sujet et ainsi ses dernières paroles avant son décès furent :
« La prière (salât), soyez particulièrement attentifs à la prière (salât)… Et crai-
gnez Allah pour ceux qui sont sous votre garde. » (Abou Daoud, Adab, 123-124/5156 ; Ibn
Maja, Wasaya, 1).
“Il subsiste encore en toi un reste de la jahiliyya. Ce sont vos frères et vos serviteurs
qu’Allah a mis sous votre autorité. Que celui donc qui a son frère sous son autorité le
nourrisse de la même nourriture que la sienne et qu’il l’habille des mêmes vêtements
que les siens. Qu’il ne lui impose pas ce qu’il ne peut supporter et s’il le charge de
quelque chose, qu’il l’aide”. » (Al Boukhari, Itq, 15 ; Muslim, Ayman, 40).
Abou Aziz, le frère de Mus’ab ibn Umayr t fit ce témoignage :
Pendant la bataille de Badr, j’ai été fait prisonnier et livré à un groupe d’Ansar et
le Messager d’Allah r fit cette recommandation : «Traitez bien les prisonniers!»
Pour respecter cet ordre les Ansars avec qui j’étais me donnaient le matin et le
soir du pain et se contentaient alors de dattes. Chaque fois que l’un d’eux possédait
un morceau de pain, il nous l’offrait. Parfois, embarrassé par leur hospitalité, je don-
nais le pain au premier d’entre eux qui passait : il me le rendait sans en prendre une
seule bouchée.» (Al-Haythami, VI, 86 ; Ibn Hishâm, II, 288).
Une telle bienveillance du Noble Prophète r et de ses Compagnons y, à un
moment où l’oppression et l’injustice étaient de mise, est propre à fournir un modèle
exemplaire pour toute l’humanité, et ce jusqu’à L’Heure Finale. Abordant les gens
avec une bonté suprême et authentique, le Prophète d’Allah r laissait simplement
agir sa conduite globale (hal) lorsqu’il les appelait au chemin de la Vérité et c’est
seulement après avoir adouci leurs cœurs qu’il commençait à expliquer verbalement
l’Islam. Touchés par cette approche compatissante (des choses), beaucoup de captifs
de Badr finirent par accepter l’Islam.
Non seulement l’Islam ne donne aucun crédit à l’esclavage141, mais de plus il ne
le favorise pas. Cela dit, l’Islam a vu cette pratique comme étant une réalité sociale
enracinée et son abolition soudaine aurait généré un chaos dans l’équilibre social.
C’est pour cela qu’il ne fut pas dans l’immédiat entièrement rejeté. Mais afin de pré-
venir d’éventuels abus et systèmes de traite, l’Islam l’a réglementé en vertu de son
attachement à certains principes et l’a perfectionné en matière de loi, et ce autant
que possible.
Etant donné que la guerre est une réalité existante parmi les nations et qui,
apparemment, ne diminuera pas jusqu’à l’Heure finale, le besoin de lois qui pro-
tègent ceux qui ont perdu leur liberté est un principe qui lui durera toujours. Par
conséquent, au lieu de l’abolir, ce qui aurait totalement négligé le fait susmentionné,
l’Islam considère qu’il est davantage bénéfique d’instaurer des principes de protec-
tion et de régler les lois relatives à l’esclavage.
En vertu des principes qu’il met en œuvre, l’Islam permet le rapprochement de
l’esclave et du maître, cherchant par là une voie ouvrant à la libération (du passé).
141. La captivité et l’esclavage sont ici évalués ensemble, pour la seule raison que la source de l’esclavage
est la captivité ; les esclaves sont ceux qui ont été faits prisonniers de guerre.
Deuxième Année de L’hégire 437
Dans le cas où par exemple une personne tue accidentellement une autre, l’Is-
lam exige préalablement à titre de compensation l’affranchissement d’un esclave,
puis le paiement du prix du sang estimé en argent ou en chameaux, d’un montant
négocié avec la famille de la victime.
Similairement, une faute commise durant le hajj exige la même réparation, à
savoir l’affranchissement d’un esclave et il en va de même pour le fait d’avoir renié
un serment, commettant ainsi un zihar142, jusqu’à rompre le jeûne de Ramadan.
En matière de grandeur liée à certains actes, il n’est pas rare de voir ceci com-
paré à “ l’affranchissement de maints et maints esclaves”, un élément qui met l’accent
sur la vertu en ouvrant la voie à la liberté d’autrui. Le revers de la médaille est que
l’asservissement illégal est considéré comme faisant partie des plus grands péchés.
L’Islam exige catégoriquement le meilleur traitement à l’égard de ceux qui
étaient auparavant asservis pour une raison ou une autre.
L’Islam exhorte toujours le maître à nourrir convenablement son esclave,
comme il jugerait bon de le faire pour lui-même, à le vêtir de la même manière, à ne
pas le charger d’un travail excédentaire alors qu’il jeûne et s’occupe de ses propres
besoins.
Affranchir un esclave est toujours un acte considéré comme un parmi les meil-
leurs moyens de salut pour le croyant. L’Islam a introduit en faveur de l’esclave des
droits tels qu’une observation stricte de leur contenu suggère qu’il n’est pas aisé
d’acquérir des esclaves, car le fait même d’en acquérir n’est guère différent que de
devenir esclave (soi-même).
L’Islam a par conséquent fermé les portes de l’esclavage autant que le permet-
taient les circonstances ; pleinement ouvertes sont en revanche ses portes de sorties
qui promeuvent à chaque occasion l’affranchissement d’esclaves.
Le prophète r lui répondit: «Allah sait si tu as été croyant ou non. Si ce que tu af-
firmes est vrai, Allah te récompensera sûrement pour cela. Mais en ce qui concerne les
apparences, tu as pris les armes contre nous et par conséquent tu dois payer ta rançon.»
Puis il prit les 800 dirhams d’or d’Abbâs comme butin.
Abbâs plaida: «Prends les comme rançon ô Messager d’Allah !»
Le Prophète dit: «Non c’est un présent d’Allah aux Musulmans.»
Abbâs se plaignit: « Ça veut dire que je vais mendier jusqu’à la fin de mes jours!»
Le Prophète de Miséricorde dit: «Qu’en est-il de l’or que tu as remis à ton épouse
Ummu’l Fadl en quittant La Mecque ?»
Abbas demanda : «De quel or parles-tu ?»
Le Prophète dit : «Je parle de l’or que tu as remis à ton épouse en lui disant que
s’il t’arrivait malheur, elle devrait distribuer cet argent entre tes quatre fils, à savoir
‘Ubaydullah, Fadl, Qusam et ‘Abdullah.»
Étonné par ces paroles, ‘Abbâs t s’exclama :
«Par Allah qui t’a envoyé comme Prophète, aucune autre personne en dehors
d’Ummul’ Fadl avait connaissance de ce fait. Sans aucun doute, tu es le Messager
d’Allah.»(Ahmad I 353 ; Ibn Sad IV 13-15).
Parmi les captifs de Badr se trouvait également Abû’l-As Ibn Rabî, mari de
Zaynab c et gendre du Noble Prophète r. Abû’l-As était un marchand hautement
considéré à La Mecque. Sa mère, Hala bint Khuwaylid était la sœur de l’honorable
Khadîdja c l’épouse du Noble Prophète r pour qui Abû’l-As était plus un fils qu’un
neveu.
Au plus fort de leur inimitié, les idolâtres de Quraysh avaient incité les gendres
du Noble Messager r à “divorcer des filles de Muhammad et de les lui renvoyer pour
éviter qu’il ne s’inquiète davantage !”
Abû’l-As t fut quant à lui l’objet de provocations similaires de la part des ido-
lâtres qui lui promirent le libre choix de se remarier ultérieurement du moment qu’il
acceptât de divorcer. Mais Abû’l-As t rejeta rigoureusement leur offre en insistant
sur le fait qu’il préférait demeurer auprès de sa femme, peu importe ce qui pourrait
advenir en ce qui le concerne.
Dès que les Mecquois envoyèrent la rançon exigée pour libérer leurs compa-
triotes qui avaient été faits prisonniers à Badr, Zaynab c, pour payer la rançon de son
mari envoya à Médine le collier que sa mère Khadîdja c lui avait offert à l’occasion
de son mariage. Le Prophète r, très ému à la vue du collier et dit à ses Compagnons :
« Zaynab a envoyé ce montant pour la rançon d’Abû’l-As, si vous trouvez bon de
libérer ce prisonnier et de rendre son bien à Zaynab, alors faites-le. »
Deuxième Année de L’hégire 439
Wahb ibn ‘Umayr se trouvait également parmi les captifs de Badr. ‘Umayr, son
père, était parmi les idolâtres de Quraysh non seulement l’homme le plus vif d’esprit
mais aussi le plus véhément. Depuis toujours, c’était l’homme qui se trouvait der-
rière chaque assaut lancé contre les Musulmans. Un jour, à Hijr, se remémorant avec
tristesse et regret le sort qui avait touché ses pairs jetés dans les puits de Badr, il dit à
Safwân ibn Umayya qui était assis à ses côtés :
— Il est inutile de continuer à vivre après avoir appris ce qui leur est arrivé !
— Tu as raison, remarque Safwân, si je n’avais pas de dettes et une famille dont
je crains la perte, j’irais chez Muhammad et je le tuerais, mettant ainsi un terme à sa
mission, et maîtriserais le mal. Je dirais simplement que je suis venu pour mon fils
captif. D’ailleurs, d’après ce que je sais, il parcourt même les rues sans crainte !
Safwân se réjouit d’entendre de telles paroles.
— Écoute, dit ce dernier, abandonne-moi tes dettes et je m’acquitterai de leur
montant quel qu’il soit. Pour ta famille, je les considérerai comme ma propre famille
et je leur donnerai tout ce dont ils auront besoin tant que je serai vivant.
Homme de parole, ‘Umayr fit aiguiser son épée et l’enduisit de poison. Safwân
contribua à sa cause en lui fournissant un chameau et de la nourriture pour le voyage.
Peu de temps après, ‘Umayr arriva à Médine et se rendit directement à la mos-
quée à la recherche du Prophète r. Il mit pied à terre près de la porte de la mosquée,
attacha son chameau et ceignit son épée.
Omar t, le voyant se diriger vers la mosquée en brandissant son épée, se dit :
« C’est ‘Umayr, l’ennemi d’Allah. Il n’est venu ici que pour commettre quelque
mauvaise action, avant qu’il ne se rende dans la mosquée auprès du Noble Prophète. »
Puis il dit au Noble Prophète r :
«Ô Messager d’Allah ! ‘Umayr est venu en brandissant son épée !»
Le Noble Prophète r répondit calmement:
«Envoie-le moi, Omar !»
L’ayant saisi par la sangle de son épée, Omar t traîna ‘Umayr à l’intérieur de
la mosquée et exhorta les Ansar à “ être sur leur garde pour protéger le Messager
d’Allah r de cet homme mauvais et indigne de confiance.”
440 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Cet évènement a depuis été célébré selon le sens de cette sentence : « Vivez la vie
de celui qui est venu pour vous tuer. »
La nouvelle selon laquelle tous les notables de Quraysh avaient été tués et le
spectacle montrant soixante-dix captifs emmenés à Médine les mains liées à leurs
cous avaient tôt fait de plonger dans le désespoir les autochtones : idolâtres, hypo-
crites et Juifs.
Abdullah ibn Ubbay et ses acolytes, déplorant que « le vent de la victoire ait
tourné en faveur du Prophète », n’eurent pas d’autre solution que de prêter allé-
geance au Noble Prophète r et de signifier leur accordance avec l’Islam. (Al Boukhari,
Tafsir, 3/15; Waqidi, I, 121).
ÖƆ óĝƇ ĤŽ Òĸñƈ Ĥƈ IJ
ĵ ƈ ƈ ƈ ĪƆÉĘÅƅ ĹüīĨħ
Ĥƈ IJįùĩìų ƈ Ýĩĭƈ ĔÓĩĬƆÈÒijĩĥĐÒIJ
Ž Ɔ ĢijøƇ óĥ ƪ Ɔ Ƈ Ɔ Ƈ Ƈ ž ƪ Ɔ Ž Ɔ ž ƇŽ Ɔ Ɔƪ Ž ƇƆŽ Ɔ
ƈ ƪ ÖħÝĭĨÆħÝĭĠĪƈ ƈ ùĩĤŽ ÒIJĵĨÓÝĻĤŽ ÒIJ
ĥƆ ĐÓ
ĵ Ɔ ĭƆ ĤŽ õĬƆ ƆÈÓĨƆ IJ
Ɔ ųÓƈ ŽƇ Ɔ ŽƇ Ƈ
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Ɔ īĻƈ ĠÓ Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ ƆƆ Ɔ
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óĺïƈ ĜƆ ÅĹü ģĠĵĥĐųÒIJĪÓ ƈ đĩåĤÒĵĝÝĤÒĦijĺĪÓ ƈ ĜóęĤÒĦijĺÓĬïƈ ×Đ
Ƅ Ž Ɔ ƈž Ƈ Ɔ Ɔ Ƈ ƪ Ɔ Ɔ Ž Ɔ Ž Ɔ Ɔ Ž Ɔ Ž Ɔ Ɔ Ž Ƈ Ž Ɔ Ž Ɔ Ɔ Ž Ɔ
« Et sachez que, de tout butin que vous avez ramassé, le cinquième appar-
tient à Allah, au messager, à ses proches parents, aux orphelins, aux pauvres,
et aux voyageurs (en détresse), si vous croyez en Allah et en ce que Nous avons
fait descendre sur Notre serviteur, le jour du Discernement: le jour où les deux
groupes s’étaient rencontrés, et Allah est Omnipotent). » (Al-Anfal, 8 : 41).
Conformément à ce verset, 1/5ème du butin de guerre revient à Allah, Son Mes-
sager, ses proches, aux orphelins, nécessiteux et voyageurs. Après avoir examiné les
besoins des membres de sa famille, le Noble Prophète r déposa le reste au trésor avec
la part du butin qui lui échut pour qu’il soit consacré à couvrir les besoins des Musul-
mans et les dépenses de l’armée.(Al Boukhari, Fara’id, 3, Khumus, 1, Nafaqat, 3; Muslim, Jihad 49).
Amr ibn Abasa raconte :
« Le Messager d’Allah nous conduisit dans la prière faisant face à un chameau,
au cœur du butin de guerre, tel un sutrah143. Après les salutations finales, il arracha
une touffe de poils d’un flanc de l’animal et dit : “ Mon droit à votre butin n’excède
pas ceci, et un cinquième vous revient”. » (Abou Daoud, Jihad, 149/2755).
143. Un sutrah est un rideau ou un objet pouvant servir de couverture. Plus précisément c’est un objet
placé devant celui qui prie dans le but d’empêcher d’autres personnes de passer devant lui.
Deuxième Année de L’hégire 443
Le Messager d’Allah r, alors qu’il n’avait souvent rien à faire cuire chez lui et
que l’âtre restait éteinte pendant plusieurs mois d’affilée, distribuait tout ce qu’il pos-
sédait aux nécessiteux. Nombre de récits similaires notifient ce fait. Son attitude à cet
égard est manifestée de façon éclatante dans le récit suivant rapporté par Anas t:
« On apporta au Messager d’Allah r des biens d’Al-Bahrayn d’une importance
sans précédent.
Le Messager d’Allah r dit : “Portez-les à la mosquée !”
Puis il sortit pour faire la prière sans s’y intéresser davantage. Mais après la fin
de la prière, il s’assit près de ces richesses et commença à les partager à chaque per-
sonne qu’il voyait » (Al Boukhari, Salât, 42 ; Jizya, 4, Jihad, 172).
Le degré de martyr
Le degré de martyr est dans ce monde l’ultime et plus sublime des degrés que le
croyant puisse atteindre. Quand bien même le plus bas degré du Paradis est meilleur
que le monde entier, le martyr, en vertu de la sublimité de son rang et de l’ampleur de
sa récompense préfèrerait revenir en ce bas-monde et mourir incessamment martyr.
Allah, Gloire à Lui, déclare :
ƈ Ʃ īĨ
ųÒ ƈ ƈ Ɔ ƈ Ʃ ģĻƈ ƈ ƈ ƈ
Ɔ ž ƄØóƆ ęĕŽ ĩƆ ĤƆ ħŽ Ýƫ Ĩ
Ƈ IJŽ ÈųÒ ƈ ×øĹ
Ɔ ĘħŽ ÝƇ ĥŽ ÝĜƇ īÑĤƆ IJƆ
Īij
Ɔ đƇ ĩƆ åŽ ĺÓ ƈ Ɔ ÙƄ ĩèòIJ
Ɔ ĩƪ Ĩ
ž óƄ ĻŽ ì Ɔ Ž Ɔ Ɔ
« Et si vous êtes tués dans le sentier d’Allah ou si vous mourez, un pardon de
la part d’Allah et une miséricorde valent mieux que ce qu’ils amassent. » (Al-‘Imrân,
3 : 157).
Le Prophète r dit alors : “Les anges le recouvrent encore de leurs ailes”. » (Al
Boukhari, Janaiz, 3, 35, Jihad, 20 ; Muslim, Fadail’us-Sahabah, 129-130).
Être martyr dans la voie d’Allah ne signifie pas mourir, mais plutôt la marque de
la réception des bénédictions éternelles dans une existence dont on ignore (ici-bas)
les finalités. Allah, Gloire à Lui, a en conséquence interdit l’emploi du mot “mort”
pour désigner les martyrs.
Le Noble Coran stipule en effet :
Par la suite Allah, Gloire à Lui, répondit favorablement à son vif désir.
Sa fille Hafsa c raconte :
« En entendant mon père invoquer de la sorte, je fus surprise et lui fit remar-
quer : “ Tu veux devenir martyr ? Et à Médine ?” Mais tout ce qu’il trouva à dire
était : “Si Allah le veut, cela se produira ainsi”. »
Finalement, la stupeur et la curiosité (ou l’intérêt) des gens à ce sujet finirent par
causer ce que Omar t souhaitait : le martyr. (Ibn’ul-Hajar, Fath’ul-Bari, IV, 101).
Soulignant la nécessité pour chaque musulman de désirer vivement le martyre,
le Noble Prophète r a dit :
« Celui qui demande sincèrement à Allah de faire de lui un martyr, Allah lui fait
atteindre le degré des martyrs même s’il meurt dans son lit. » (Muslim, Imarah, 157 ; Nasa’i,
Jihad, 36).
« Celui qui demande sincèrement le martyre, Allah le lui accorde même s’il ne
meurt pas martyr. » (Muslim, Imarah, 156).
En outre, le Noble Prophète r a considéré d’autres types de décès directement
liés au martyre. Et à ce propos il demanda une fois à ses Compagnons :
« Lesquels d’entre vous tenez-vous pour martyrs ? »
Ils répondirent : « Ô Envoyé d’Allah, celui qui est tué au service d’Allah est
considéré comme martyr. »
Le Noble Prophète r reprit alors : « Les martyrs de ma communauté seraient
bien peu nombreux ! »
Ils demandèrent : « Qui d’autre, ô Envoyé d’Allah ? »
Le Noble Prophète r conclut: « Quiconque est tué pour la cause d’Allah est mar-
tyr. Celui qui meurt au service d’Allah est martyr, de même que celui qui meurt de la
peste, d’une maladie du ventre ou de la noyade ». (Muslim, Imarah, 165 ; Ibn Maja, Jihad, 17).
Dans d’autres récits, le Noble Prophète r désigne aussi comme martyrs ceux
qui meurent en légitime défense ou défendent leur famille et leurs biens. (Voir, Al
Boukhari, Mazalim, 33 ; Muslim, Iman, 226 ; Abou Daoud, Sunnah, 28-29 ; At Tirmidhi Diyat, 21).
Abû’l-As t avait dit à Zaynab c qu’elle pouvait rejoindre son père à Médine.
Elle ne tarda donc pas à faire ses préparatifs. Kinana, frère d’Abû’l-As fit lui fournit
un chameau paré d’un hawdaj (palanquin) dans lequel elle voyagerait. Ayant jeté
son carquois sur l’épaule, Kinana saisit les rênes de l’animal et le groupe commença
à quitter la ville. C’était en journée. Mais la nouvelle de la sortie de Zaynab c pour
rejoindre son père commença à se propager parmi les idolâtres. Quelques hommes
furent alors missionnés pour les intercepter près de Zituwa. L’un de ces hommes,
Habbar ibn Aswad, piqua de sa lance le chameau sur lequel était montée Zaynab c.
Le chameau se rua et fit tomber Zaynab c qui heurta un rocher. Enceinte à ce mo-
ment, elle se blessa et se mit à saigner abondamment. Ce choc lui fit perdre son bébé.
Pour assurer sa défense, Kinana saisit son arc, ajusta une flèche et la pointant en
direction des idolâtres, hurla :
« N’avancez pas sinon je vous arroserai de flèches !
Après un instant d’hésitation, les poursuivants se ravisèrent.
Mais quelques temps plus tard, Abû Sufyan, accompagné d’un autre groupe
d’idolâtres, demanda à Kinana de baisser son arc parce qu’il désirait s’exprimer.
Après que Kinana eut déposé son arc et ses flèches, Abû Sufyan déclara :
« Ô Kinana, je ne m’oppose pas au départ de Zaynab. Mais vous partez en plein
jour, au vu et au su de tous alors que tu connais le malheur qui vient de nous frapper
à Badr. En te laissant partir, les gens verront cela comme une nouvelle humiliation
et une faiblesse de notre part. Retourne-donc sur tes pas et attends que le calme
revienne. Les gens sauront que nous sommes opposés à ce départ. Puis tu reprendras
Zaynab et tu la conduiras chez son père discrètement. »
Kinana agit ainsi. Après avoir passé plusieurs nuits supplémentaires à La
Mecque en attendant que les choses se renversent, il repartit avec Zaynab cette fois-
ci de nuit. Puis il la remit à Zayd ibn Harith t et à son compagnon qui attendaient
dans la vallée de Yajij. Ces derniers l’escortèrent jusqu’à Médine où elle rejoignit son
père. (Ibn Hishâm, II, 297-299; Ibn Abdilbar, IV, 1854; Ibn Kathir, al-Bidayah, III 362-363).
La sixième année de l’Hégire, alors qu’il se trouvait en tête d’une caravane de
Quraysh, Abû’l-As fut intercepté par un groupe d’une centaine d’hommes conduit
par Zayd ibn Haritha. Ayant réussi à s’échapper, il se rendit aussitôt à Médine auprès
de Zaynab c pour solliciter le pardon du Noble Prophète r à son égard.
Au moment même où celui-ci venait de conduire la prière d’al-fajr, Zaynab c
sortit la tête hors de sa chambre et dit :
— Ô Gens… Je suis Zaynab c la fille du Messager d’Allah r et sachez que j’ai
pris Abû’l-As sous ma protection ! »
Deuxième Année de L’hégire 449
— Nous prenons aussi sous notre protection toute personne que tu as prise sous
ta protection, répondit le Noble Prophète r.
« Ô Envoyé d’Allah, dit-elle un peu plus tard à son père, si Abû’l-As est un
proche il est le fils d’un oncle. Et s’il ne l’est pas, il reste le père de mes enfants. »
Puis, s’adressant aux Compagnons, le Noble Prophète r dit :
« Si vous voulez rendre à Abû’l-As son bien, faites-le ; mais si vous ne le voulez
pas, gardez-le sinon car c’est votre droit de le garder. »
Les Compagnons y acceptèrent unanimement de rendre à Abû’l-As son bien.
Celui-ci, après avoir récupéré ses marchandises, retourna à La Mecque puis
après avoir rendu à chacun son dû il déclara :
— Y a-t-il quelqu’un à qui je n’ai pas restitué son dû ?
— Non, répondirent les autres.
— Ai-je accompli mon devoir vis-à-vis de vous ?
— Pour sûr, dirent-ils. Sois récompensé car tu es un homme honorable et loyal.
— Par Allah dit Abû’l-As, si je n’ai pas donné mon adhésion à l’Islam alors que
je me trouvais à Médine, c’est pour que vous ne disiez pas que je voulais m’accaparer
vos biens maintenant que je vous ai restitué votre dû, je me déclare musulman.
Abû’l-As t retourna ensuite à Médine où le Noble Prophète r lui permit de
reprendre la vie commune avec Zaynab c après avoir organisé un second mariage.
Le monopole que les Juifs exerçaient sur le commerce leur donnait un air de
supériorité, aggravé en cela par leur puissance apparente.
Cela les conduit à croire et à affirmer :
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ĮƇ ÊÓ ƈ Ʃ ÅÓĭÖƆÈīéĬƆ
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« ...Nous sommes les fils d’Allah et Ses préférés... » (Al-Ma’ida, 5 : 18).
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Øƃ îIJ ƪ ƃÓĨÓĺƪ ÈƪźÌƈ òÓ
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« Le Feu ne nous touchera que pour quelques jours comptés ! » (Al-Baqara 2: 80).
Deuxième Année de L’hégire 451
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Ƈ éƆ ĀŽ ÈğƆ ÑÃĤƆ IJŽ ÉĘƆ
« Bien au contraire ! Ceux qui font le mal et qui se font cerner par leurs pé-
chés, ceux-là sont les gens du Feu où ils demeureront éternellement. » (Al-Baqara,
2 : 81).
Malgré le pacte qu’ils avaient conclu avec Prophète r, les Juifs eurent des senti-
ments d’hostilité à son égard, ce qui relança les vielles rivalités entre les clans et attisa
les flammes de la méchanceté. Allah, les dénonça à Son Messager et aux croyants :
Comme le stipule le verset susmentionné, les Juifs, qui nourrissaient une forme
cachée et irréversible de rancune envers les Musulmans, étaient visiblement décon-
certés suite à la victoire de Badr et les Juifs de Banû Qaynuqa entre autres, déci-
dèrent de mener plus loin les sentiments d’inconfort qui les habitaient en déclarant
la guerre aux croyants
Ce fut le prélude de la violation du pacte qu’ils avaient conclu avec le Prophète
d’Allah r. Les Juifs, aidés par leur allié proche et hypocrite en chef ‘Abdullah ibn
Ubbay, avaient presque transformé le marché de Médine en chaudière de sorcières
pour concevoir des complots à l’encontre des croyants et ils allèrent même jusqu’a
ourdir le projet d’assassiner le Noble Prophète r.
Leurs méfaits étaient sans limite et leur impudence atteignait des extrêmes. Un
jour, un Juif insulta vilement et molesta une femme musulmane qui commerçait sur
leur marché. Ses appels furent entendus par un Musulman qui passait alors par là
et fut témoin de la scène. Il intervint et s’en prit alors au Juif. Après une brève mais
violente bagarre, le Juif perdit la vie. D’autres Juifs cernèrent le Musulman et finirent
par le tuer. Cette scène chaotique signifia que les Juifs avaient violé leur pacte conclu
avec des Croyants. Alors le Noble Prophète r réunit leurs dirigeants et leur dit :
« Ô Juifs ! Craignez Allah ! Craignez-le de sorte que vous ne soyez pas submergés
par le châtiment qui a submergé Quraysh ! Après tout, vous savez très bien que je suis
un vrai prophète… ceci est d’ailleurs stipulé dans vos Écritures et connu à travers la
promesse qu’Allah vous a faite ! »
Le Noble Messager r signifia donc aux Juifs qu’ils devaient payer la pénalité liée
à leur transgression, mais comme il ne voulait pas que le pacte fût brisé. Il leur offrit
donc de le renouveler. Comme réponse, les arrogants Juifs dirent:
« Eh Muhammad ! Crois-tu que comme Quraysh on connaît si peu la guerre ?
Dès que tu tireras l’épée contre nous, tu verras ce que la guerre signifie vraiment ! »
Alors ce verset fut révélé :
Ce n’était autre que ces mêmes Juifs qui, dans le passé, s’insurgèrent contre le
prophète Mûsâ u en lui disant :
« Va donc, toi et ton Seigneur, et combattez tous deux. Nous restons là où
nous sommes... » (Al-Ma’ida, 5 : 24).
Ayant précédemment refusé de livrer une bataille approuvée par le Tout-Puis-
sant et dont les fruits récoltés en termes de récompenses auraient été considérables,
ils adoptèrent une position inverse tout en se cachant derrière une fausse bravade,
et ce dans le but affiché de prendre les armes au milieu d’une bataille qui s’avérait
clairement à leur désavantage.
Ayant par conséquent déclaré la guerre aux Musulmans, les Juifs avaient effec-
tivement violé leur pacte et frayé la voie à la mise en pratique de leurs intentions
malveillantes.
Le Noble Prophète r assigna Alî t comme porte-étendard et se mit en marche
en direction des Juifs de Banû Qaynuqa qui, se retranchèrent à l’intérieur de leurs
fortins.
Malgré les nombreux complots ourdis avec les hypocrites pour repousser les
Croyants, les Juifs ne purent pas tirer une seule flèche, et encore moins sortir de leurs
fortins. Tout en maintenant le siège, le Noble Prophète r prit toutes les mesures de
sécurité possibles afin d’empêcher les hypocrites du camp ennemi de se révolter.
‘Adullah ibn Ubbay, l’hypocrite en chef, leur conseilla de se cantonner dans
leurs fortins et les assura de son aide mais il ne tint jamais sa parole parce que la peur
l’avait saisi.
Le siège dura quinze jours. La crainte ressentie dans les cœurs juifs devint insup-
portable. Lorsqu’ils ne reçurent pas l’aide qu’ils attendaient, ils n’eurent pas d’autre
solition que de demander grâce et s’incliner devant la sentence que le Messager d’Al-
lah r allait émettre à leur encontre.
Les Banû Qaynuqa avaient conclu un pacte d’allégeance avec les Khazraj avant
l’Hégire. Ainsi donc, ‘Abdullah ibn Ubbay, le chef des Kharaj converti en hypocrite,
plaida pour qu’on leur accordât le pardon parce que, selon la coutume, ils devaient
être condamnés à mort.
Conséquemment à une série de plaidoyers implacables en faveur du pardon, le
Noble Prophète r ne prononça pas sur eux de condamnation à mort, mais il les exila
en Syrie.
Les Juifs de Banû Qaynuqa s’arrêtèrent en chemin à Wadi’l-Qura où ils reçurent
le soutien des Juifs locaux. Bien que leur existence se poursuivît quelques temps, les
Banû Qaynuqa finirent peu à peu à péricliter. (Voir, Abou Daoud, Kharaj, 21-22/3001).
454 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Le Noble Prophète r lui conseilla d’utiliser les deux tiers pour acheter du bon
parfum et le tiers restant pour acquérir des vêtements. (Ibn Saad, VIII, 19).
Le Noble Prophète r présenta Fâtima c avec, comme trousseau, un couvre-lit,
une cruche d’eau et un tapis garni d’une herbe appelée idhir. (Nasa’i, Nikah, 81).
Il dit ensuite à Bilal t qu’il l’avait chargé des préparatifs :
« Je veux que le fait de servir à manger à l’occasion de leur mariage devienne une
tradition (sunna) pour ma communauté. »
Alî t, quant à lui, mit en gage son bouclier chez un Juif et acheta une demi-
mesure d’orge dont le hays145 un plat sucré préparé en guise de walima, ou fête des
noces. Les Ansar et les Muhajirun vinrent en groupe pour participer au repas. (Ibn
Sa’d VIII 23; Abdurrazzaq V 487; Diyarbakri, I, 411).
Par la suite, le Noble Prophète r utilisa une cruche d’eau pour faire ses ablu-
tions, appela ensuite ‘Alî t près de lui et lui aspergea de l’eau sur la poitrine et entre
ses épaules.
Puis il appela Fâtima c et agit de même avec elle. Conscient qu’il était de la
marier avec le meilleur homme de sa famille proche, il fit l’invocation suivante :
Ô Allah… je cherche refuge en Toi contre Satan le banni, pour eux et pour leur
progéniture ! » (Ibn Sa’d, VIII, 24 ; Diyarbakri, I, 411).
Puis il conseilla à Fâtima c de bien s’occuper des tâches ménagères et à ‘Alî t
de subvenir aux besoins de sa famille. ( Kasani, IV, 24).
Zayd ibn Haritha t raconte :
« J’étais assis avec le Messager d’Allah r lorsqu’Alî et ‘Abbâs y firent leur appa-
rition et demandèrent la permission d’entrer. Le Messager d’Allah r me demanda :
— Sais-tu pourquoi ils sont venus ?
— Non, répondis-je.
— Moi je le sais, qu’ils entrent ! dit le Messager d’Allah r.
Je les laissai donc entrer.
— Messager d’Allah, dirent-ils, nous sommes venus pour savoir qui à tes yeux
est le plus cher parent.
— Fâtima bint Muhammad ! répondit le Messager d’Allah.
— Nous ne faisions pas allusion à ta toute proche parenté, ô Messager d’Allah !
— Dans ce cas mon plus cher parent est Zayd qu’Allah a favorisé par la guidance
et j’ai pris soin de lui.
145. Le hays est un mets composé de dattes, d’huile pure et de yaourt tamisé. On y ajoute parfois de la
farine frite ou sawiq.
456 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
— Ensuite ?
— ‘Alî, répondit le Messager d’Allah r.
— Tu as relégué ton oncle en dernier, se plaignit alors ‘Abbâs.
— Alî s’est employé avant toi pendant l’Hégire ! dit le Messager d’Allah r. » (At
Tirmidhi Manaqib, 40/3819).
Similairement, dans le but de leur rappeler as-salât at-tahajjud, l’une des plus
importantes garanties relatives à une vie éternelle bienheureuse, le Noble Prophète r
frappait parfois à la porte de ‘Alî et Fâtima et disait d’une voix douce :
« Allez-vous accomplir la salât ? » (Al Boukhari, Tahajjud, 5).
‘Alî t rapporte à ce sujet cet évènement frappant :
« Fâtima c était de tous les membres de la famille, l’être le plus proche de son
père. Des cicatrices étaient apparues sur ses mains et sur son cou à force de tourner
le moulin et de porter l’eau. Balayer autour de la maison la rendait sensible à la pous-
sière. Entre-temps on avait amené quelques esclaves au Messager d’Allah r aussi je
lui ai suggéré : “Tu devrais demander à ton père de t’offrir une esclave”.
Fâtima se rendit auprès de son père, mais voyant qu’il était occupé à s’entretenir
avec d’autres personnes, elle repartit.
Le lendemain, le Messager d’Allah r nous rendit visite et nous demanda :
“De quoi avez-vous besoin ?”
Fâtima garda le silence et ne répondit point.
Je lui dis alors :“Permets-moi de t’expliquer, ô Messager d’Allah…”
Puis je commençai à lui expliquer l’affaire. Une fois l’explication terminée, le
Messager d’Allah r dit :
“Crains Allah, Fâtima, et accomplis ce qu’Il a ordonné ! Implique-toi dans ta
famille et avant d’aller te coucher, dis Subhanallah trente-trois fois, Alhamdulillah
trente-trois fois et Allahu Akbar trente-quatre fois ; tous multipliés par cent et ceci est
meilleur pour toi qu’un serviteur.”
Fâtima déclara alors: “Je suis satisfaite d’Allah et de Son Messager”.
Ainsi le Messager d’Allah r ne lui accorda aucun serviteur. » (Abou Daoud, Kharaj,
19-20/2988).
Le Noble Prophète r prit une fois la main de Hasan et de Husayn y, puis dit :
« Celui qui m’aime et aime ces deux-là, ainsi que leur père et leur mère, sera au
même degré que moi le Jour du Jugement. » (At Tirmidhi Manaqib, 20/3733).
Les Compagnons avaient beaucoup de respect et de déférence envers la famille
et les proches du Noble Messager r.
C’est naturel d’avoir de l’affection non seulement envers l’être aimé, selon l’am-
pleur de cet amour porté, mais aussi envers ses amis et qui plus est, vis-à-vis de la
moindre petite chose qui aide à se rappeler de lui, tel que des habits qu’il a portés,
des aliments qu’il a consommés. Plus l’amour grandit, plus il en imprègne tout ce qui
entoure l’être aimé. Les Compagnons y laissaient leur amour jaillir du plus profond
de leurs cœurs devant les gestes et actes du Noble Prophète r comme lorsqu’il tenait
l’étrier d’un cheval ou d’un chameau quand un de ses proches y mettait le pied. (Hay-
thami, IX, 348).
460 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Conscients qu’ils étaient du fait qu’au Jour du Jugement Dernier tous les liens
de sang, sauf celui qui les liaient avec le Noble Prophète r seront rompus, ils étaient
impatients d’épouser une de ses proches pour renforcer leur amour par un lien de
parenté.(Haythami, IX, 173).
Les descendants du Noble Prophète r vivent de nos jours dans différentes par-
ties du monde musulman. Le terme Sayyid est employé employé pour ceux qui des-
cendent de la lignée de Husayn t et les Sharif sont les descendants de Hasan t. Les
Ottomans se référaient aux sayyid-s en tant qu’amîr et aux turbans qu’ils portaient
sur leurs têtes comme étant les “turbans des amirs”. Les femmes issues de la lignée du
Noble Prophète r portaient également une marque verte sur leurs hijabs.
Servir les Ahl’ul-Bayt était chez les Ottomans un fait si considéré qu’ils fon-
dèrent une institution dédiée à ce but ! Les fonctionnaires exclusivement chargés
pour ce service étaient appelés naqib’ul-ashraf et choisis parmi les Ahl’ul-Bayt.
Parmi les divers aspects de ce qui constituait leurs divers besoins, le traité relatif
aux naqib’ul-ashraf incluait l’enregistrement de leur lignée, les naissances, les décès,
l’empêchement d’entrer dans n’importe quelle vieille profession, mais aussi le fait
de partager entre eux leurs parts d’impôts et de butin et d’interdire aux femmes (de
leur communauté) d’épouser des hommes qui ne seraient pas leurs égaux. (Haythami,
IX, 173).
Le Noble Prophète r entra alors dans sa chambre et revêtit son armure. Les
combattants qui avaient opté pour une action défensive (à Médine) sous les ordres
de Sa’d ibn Mu’adh et Usayd ibn Khudayr y tentèrent de persuader les autres qu’ils
avaient “tort d’insister de quitter Médine quand le Noble Prophète r en avait décidé
autrement. Ce qui est ordonné provient des cieux ; alors, laisse-lui cette affaire et fais
ce qu’il te dit !” (Waqidi, I, 213-214).
Sans perdre de temps ils courrèrent pour dire au Prophète r : “Nous ne nous
soustrairons jamais à ton avis, ô Messager d’Allah. Fais ce qui te semble juste !”
Mais la réponse vint, parfaitement limpide :
“Un prophète n’enlève l’armure qu’il a revêtue qu’une fois la bataille terminée !
Vous préoccupez-vous présentement de faire ce que je vous dis ! Allez au nom d’Allah !
Si vous êtes patients et faites votre devoir, Allah le Tout-Puissant vous accordera la
victoire ! ” (Waqidi, I, 214 ; Ibn Sa’d, II, 38).
Après la Prière du Vendredi, le Noble Prophète r laissa la gérance de Médine
à ‘Abdullah ibn Maqtum t et quitta Médine en compagnie d’un millier d’hommes.
Mais avec la marche arrière d’Abdullah ibn Ubayy, le chef hypocrite, en même temps
que ses trois cents hommes, le nombre fut finalement réduit à sept cents, suite à quoi
Allah Y révéla ce qui suit :
ƈƈ ƈ ƈ
ƈ ųÒ ƈ Ɔ
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Ɔ Ʃ ĪðŽ Íƈ ×ƈ ĘƆ ĪÓđƆ ĩŽ åƆ ĤŽ ÒĵĝƆ ÝƆ ĤŽ ÒĦƆ ijŽ ĺƆ ħŽ ġƇ ÖÓƆ ĀƆ ÈÓĨƆ IJƆ
Ɔ ĭĨËŽ ĩƇ ĤŽ ÒħƆ ĥƆ đŽ ĻƆ ĤIJ
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ÒŽ ijđƇ ĘƆ îÒ ƈ ×øĹ Ɔ ĘÒŽ ijĥƇ ÜÓĜƆ ÒŽ ijŽ ĤƆ ÓđƆ ÜƆ ħŽ ıƇ ĤƆ ģĻƆ ĜIJ
Ɔ Ɔ Ɔ ŽƆ Ɔ
ĪÓ ƈ ĩĺƈŹĤƈ ħıĭŽ Ĩ ƈ ÔóĜƆÈñƅ Ñƈ Ĩijĺ ƈóęġĥĤƈ ħİħĠÓĭđ×ÜźźÓÝĜ ƈ ħĥđĬijĤÒijĤÓĜ
Ɔ Ž Ƈ Ƈ Ɔ Ž Ɔ Ž Ɔ Ž Ƈ Ž Ž Ƈ Ž Ƈ Ɔ Ž Ɔƪƪ ƃ Ɔ Ƈ Ɔ Ž Ɔ Ž Ɔ Ž Ƈ Ɔ
Ɔ ĩƇ ÝƇ ġŽ ĺÓ
Īij Ɔ Ʃ IJħ ƈıƈÖijĥƇ ĜƇ ĹĘ ƈ ÷ĻĤƆ ÓĨħ ƈıİÒ ƈ ijĘŽ ƆÉÖƈ Īij
Ɔ ĩƈƆ ÖħƇ ĥƆ ĐŽ ÈƇųÒ Ɔ Ž Ɔ Ž ƪ Ɔ Ɔ ƇĤijĝƇ ĺƆ
« Et tout ce que vous avez subi, le jour où les deux troupes se rencontrèrent,
c’est par permission d’Allah, et afin qu’Il distingue les croyants. Et qu’Il distingue
les hypocrites. On avait dit à ceux-ci : «Venez combattre dans le sentier d’Allah,
ou repoussez [l’ennemi]», ils dirent : «Bien sûr que nous vous suivrions si nous
étions sûrs qu’il y aurait une guerre». Ils étaient, ce jour-là, plus près de la mé-
créance que de la foi. Ils disaient de leurs bouches ce qui n’était pas dans leurs
cœurs. Et Allah sait fort bien ce qu’ils cachaient. » (Al-‘Imrân, 3 : 166-167).
Ayant inspecté l’armée peu avant sa marche sur Ouhoud, le Noble prophète r
refusa d’y admettre ceux qui étaient trop jeunes.
Parmi ces derniers se trouvaient Samura ibn Jundab et Rafi ibn Khadij y.
Zubayr ibn Rafi t intervint auprès du Messager d’Allah r et lui dit :
« Rafi est un habile archer, ô Messager d’Allah ! »
Le reste du récit est narré par Rafi t lui-même :
« Je me tenais droit sur mes orteils pour paraître plus grand. Le Messager d’Al-
lah r me permit finalement de rester.
En entendant cela, Samoura t dit à Muray ibn Sinan, son père adoptif :
“Le Messager d’Allah a donné à Rafi la permission de rester et m’a dit de revenir,
mais je suis meilleur lutteur que Rafi !”
Muray t rapporta ces propos au Messager d’Allah r qui ensuite me regarda
ainsi que Samoura. Puis il nous commanda de lutter l’un contre l’autre. Nous avons
donc lutté et Samoura me battit. En conséquence, il fut aussi autorisé à rester. »
(Tabari, Tarih, II, 505-506, Waqidi, I, 216).
pendamment d’une victoire ou d’une défaite de l’ennemi et à ne pas quitter leur place
avant qu’il ne l’ordonne.” (Ibn Hishâm, III, 10, Ahmad, I, 288).
Comme d’accoutumée, la bataille s’engagea par un défi, un mubaraza. Il ne fal-
lut qu’un court instant à ‘Alî t pour vaincre Talha, le porte-étendard des idolâtres.
Othman, le frère de Talha qui s’était saisi de l’étendard après lui, ne posa aucun
trouble à Hamza t et le troisième porte-étendard ne causa aucune inquiétude à Sa’d
ibn Abi Waqqâs t.
La bataille s’engagea ensuite avec une grande intensité. Et avant qu’elle n’at-
teigne son plus haut niveau de férocité, le Messager d’Allah r, tendit son épée sur
laquelle étaient inscrits les mots “honte et disgrâce dans la lâcheté, honneur et dignité
dans le courage, et demanda :
«Qui prendra cette épée à sa juste valeur ?»
Les Compagnons y levèrent tous la main, en compétition pour l’épée convoitée.
Le Messager d’Allah r réitéra:
« Qui prendra cette épée à sa juste valeur ?»
Abû Dujana t demanda:
«Quelle est sa juste valeur, ô Messager d’Allah ?»
Le Messager d’Allah r répondit:
« Que tu en frappes l’ennemi jusqu’à ce qu’elle soit tordue! »
Abû Dujana t s’exclama:
« C’est moi qui vais la prendre et lui donner sa juste valeur ! »
Il prit l’épée et commença à marcher entre les rangs avec orgueil en adoptant
une démarche particulière. Devant ce comportement, le Noble Prophète r déclara :
« C’est une démarche qu’Allah n’aime pas, sauf dans de telles situations. » (Ibn Hishâm,
III, 11-12 ; Waqidi, I, 259 ; Muslim, Fadail’us-Sahabah, 128).
Muhayriq, un érudit juif, qui avait embrassé l’Islam juste avant les hostilités,
savait très bien que le Noble Prophète r correspondait avec les attributs divulgués
dans la Torah pourtant un certain doute continuait à l’habiter jusqu’à ce jour d’Ou-
houd. Lorsque le Noble Prophète r commença, et derrière lui ses Compagnons y, à
se diriger vers Ouhoud derrière lui, Muhayriq se mit à rabrouer ses pairs juifs :
« Je suis certain que vous savez très bien que Muhammad est un prophète et que
vous êtes obligés de l’aider !»
Ils répondirent d’un ton sarcastique:
«C’est samedi aujourd’hui alors nous ne pouvons rien faire !»
Alors Muhayriq dit avec colère, en saisissant son épée:
466 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« C’est bien entendu ‘Amr ibn Thabit t connu sous le nom de Usayram. » (Ibn
Hishâm, III, 39-40 ; Waqidi, I, 262).
L’assaut des Musulmans en vue d’une victoire rapide n’avait jamais suscité au-
tant d’enthousiasme dans les rangs. Les idolâtres, malgré leur supériorité en combat-
tants et en armes, commencèrent à fuir. Poursuivant ces derniers un certain temps et
pensant la bataille remportée, les Musulmans y renoncèrent pour se rabattre sur les
effets que les idolâtres avaient abandonnés dans leur fuite. Bien pire encore malgré
l’ordre que le Noble Prophète r avait donné aux archers de ne pas quitter leur posi-
tion, une grande partie d’entre eux le firent pour se saisir du butin. Seul Abdullah t,
le chef des archers et sept autres restèrent postés sur la colline de ‘Aynayn.
Cet épisode s’avéra être un tournant. Khalid ibn Walid, l’habile commandant
de l’armée adverse, trouva là une occasion d’agir avec ses cavaliers. Après une rapide
et violente attaque à l’arrière de la colline, ceux-ci tuèrent huit archers qui étaient
positionnés à son sommet. La férocité des hostilités s’étendit ensuite à l’ensemble du
champ de bataille. Les Croyants y occupés à dépouiller les cadavres furent soudaine-
ment réveillés par une attaque brutale surgie derrière eux, ce qui permit bientôt aux
idolâtres de s’emparer de l’ensemble du terrain des opérations, telle une embuscade.
L’armée musulmane se trouvait maintenant coincée dans un feu croisé et soumise à
une frénésie chaotique.
lancée par les idolâtres pourrait t’atteindre. Permets à mon corps d’agir comme un
bouclier et que ce qui t’est destiné m’atteigne à ta place ! » (Al Boukhari, Maghazi, 18).
Dans le but de protéger le Noble Prophète r, Qatada ibn Numan t se tenait
devant lui et lançait ses flèches en direction des idolâtres jusqu’à devenir par la suite
hors d’usage. Plus encore dans le processus, il fut directement frappé d’une flèche
dans l’œil ; son globe oculaire glissant sur sa joue. Le Noble Messager r prit alors le
globe oculaire de Qatada et l’inséra à sa place. Cet œil, alors eut une vision plus claire
et distincte que son autre œil.(Hakim, III, 334/5281 ; Haythami, VI, 113 ; Ibn Sa’d, III, 453).
Umm Umarah c est parmi les femmes, celle qui repoussait courageusement
l’ennemi avec son arc et ses flèches. Au retour à Médine après la bataille, le Noble
Messager r dit à son sujet : « Chaque fois que je regardais à gauche et à droite pendant
la bataille, je voyais Umm Umarah se battre à mes côtés. » (Ibn Hajar, al-Isabah, IV, 479).
Encouragée par les nombreux éloges et prières du Noble Prophète à son égard,
Umm Umarah c insista en outre auprès de lui pour “prier Allah afin que nous
soyons tes voisins au Paradis !”
Alors le Noble Prophète r fit cette invocation :
« Ô Allah ! Fais qu’ils soient mes voisins et amis au Paradis ! »
Toute excitée, Umm Umarah c dit alors avec verve :
« Que m’importe les ennuis qui m’arriveraient dans cette vie ! » (Waqidi, I, 273 ;
Ibn Sa’d, VIII, 415).
Au plus fort de la bataille, et d’une des plus violentes séquences visant le Pro-
phète d’Allah r Utah le frère idolâtre de Sa’d ibn Abi Waqqâs, saisit une pierre et la
jeta sur le Noble Prophète r. L’impact fut tel que deux boucles du casque du Noble
Prophète r éclatèrent, perçant ainsi sa joue et lui brisant les dents ; un incident qui
ne manqua pas de secouer la terre et les cieux148.
Qui plus est, pour aggraver les choses, le Noble Prophète r trébucha dans un
fossé creusé par le sordide Abû Amir pour piéger les Croyants.
Alî t saisit le Noble Prophète r d’une main et Talha ibn ‘Ubaydullah t le sai-
sit de l’autre et ensemble ils le tirèrent hors du fossé. Abû ‘Ubaydullah ibn Jarrah t
sortit à l’aide de ses dents une des boucles qui avaient perforé la joue du Noble Pro-
phète r, ce qui dans l’action eut causé la perte de ses dents de devant. Et en voulant
arracher l’autre boucle, il en cassa encore une autre. Cette vision était suffisante pour
que tous les Compagnons y, et même les anges, fussent complètement démoralisés.
Ces derniers furent profondément blessés par une chose aussi difficile à suppor-
ter et exhortèrent le Noble Prophète r : “maudit les idolâtres de Quraysh ! ”
148. Les dents de devant de tous les descendants du traitre ‘Utbah ibn Abi Waqqas, comme un signe divin,
sont naturellement brisées. (Ramazanoğlu Mahmûd Sâmî, Uhud Gazvesi, p. 26).
470 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
La Bataille d’Ouhoud était devenue une scène emplie d’une grande tristesse.
L’avantage que les Croyants possédaient au départ avait tourné en faveur des ido-
lâtres, et ce pour avoir défié les instructions qui leur avaient été données. Il ne res-
tait que quatorze personnes autour du Noble Prophète r. Quant aux autres, elles
s’étaient à présent retrouvées dans un état de panique profonde.
Le Prophète de Miséricorde r finit en conséquence par leur lancer cet appel :
« Ô Serviteurs d’Allah ! Venez à moi ; je suis le Messager d’Allah ! » (Waqidi, I, 237).
Le Coran expose une image de la scène en ces termes :
manqué la première bataille que tu as livrée contre les idolâtres. Si Allah me donne
l’occasion de participer au combat contre eux, Il verra ce dont je suis capable.”
C’est ainsi qu’il prit part à Ouhoud. En plein cœur de la bataille, Ibn Nadr, ayant
remarqué que les Musulmans s’étaient dispersés, s’avança en direction des idolâtres
tout en s’écriant : “Ô Allah ! Je te présente mes excuses pour ce qu’on fait ceux-ci (ses
compagnons) et je me déclare innocent pour ce qu’on fait ceux-là (les idolâtres).”
Puis s’avançant encore il vit devant lui Sa’d ibn Mu’adh et lui dit : “Ô Sa’d ! Par le
Seigneur de la Ka’ba, le Paradis, je sens déjà son odeur en deçà du Mont Ouhoud ! ”
Sa’d t dira plus tard : « Je fus incapable de faire ce qu’il a fait ! Nous trouvâmes
finalement notre oncle mort martyrisé. Il présentait sur son corps plus de quatre-
vingt blessures causées par le sabre, la lance et les flèches. Les idolâtres avaient mutilé
son cadavre après l’avoir tué, et ce à tel point que personne ne le reconnut si ce n’est
sa sœur grâce aux extrémités de ses doigts.
C’est en son honneur que verset fut révélé le verset suivant :
« Il est, parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engage-
ment envers Allah. Certains d’entre eux ont atteint leur fin, et d’autres attendent
encore ; et ils n’ont varié aucunement (dans leur engagement). » (Al-Azhâb, 33 : 23) ;
cf. (Al Boukhari, Jihad, 12 ; Muslim, Imarah, 148).
L’écrasante majorité de ceux qui avaient fui le champ de bataille une fois le vent
de la victoire réorienté voulurent continuer le combat loin du théâtre des opérations.
Allah, Gloire à Lui, adressa à ces derniers les propos suivants :
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Ɔ ħŽ ÝƇ ׎ ĥƆ ĝƆ ĬÒģƆ ÝĜƇ IJŽ ƆÈÚÓ
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Ɔ Ɔ ƃ Ž Ɔ ƆƩ ƪ Ƈ Ɔ Ɔ Ɔ ŽƆ Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ Ž Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ Ž Ƈ Ɔ Ž
« Muhammad n’est qu’un messager - des messagers avant lui sont passés -
S’il mourait, donc, ou s’il était tué, retourneriez-vous sur vos talons ? Quiconque
retourne sur ses talons ne nuira en rien à Allah ; et Allah récompensera bientôt les
reconnaissants. » (Al-‘Imrân, 3 : 144).
La Troisième Année de L’hégire 473
Il y eut ensuite un vif échange de paroles entre Omar t et Abû Sufyan, qui
mécontent de ne pas avoir eu le résultat escompté, s’écria : « Rendez-vous l’année
prochaine à Badr ! » (Ibn Hishâm, III, 45).
Omar t attendit de voir quelle réponse allait donner le Noble Prophète r.
Et il r dit à Omar t d’annoncer : « Si Allah le veut, ici sera notre prochain lieu
de rencontre l’année prochaine ! » (Ibn Hishâm, III, 45 ; Ibn Sa’d, II, 59).
474 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Les idolâtres s’en retournèrent avec pour seule raison les graines de la peur qui,
une fois de plus, avaient sensiblement augmenté.
Un des miracles du Noble Prophète r fut de jeter l’effroi dans le cœur de ses
ennemis, indépendamment de la distance qui le séparait de lui.
Allah, Gloire à Lui, déclare :
vous n’aurez aucune excuse au regard d’Allah ! » (Muwatta Jihad 41 ; Hakim III 221/4906 ;
Ibn Hishâm III 47).
Sa’d t fit ensuite ses adieux à ce monde après qu’il eut prononcé ces paroles qui
restèrent un héritage pour toute la communauté (musulmane).
mi les plus fortunés compagnons y, par son fils, afin de rompre son jeûne. Très ému,
celui-ci déclara :
« Mus’ab t a été tué. Il était meilleur que moi. Nous avons trouvé à peine de
quoi couvrir sa tête, ses jambes sont restées découvertes. Allah nous a donné tout
ce qu’il y a dans ce monde, je crains vraiment que notre récompense nous ait été
accordée trop tôt. » Il commença à sangloter et ne mangea pas. (Al Boukhari, Janaiz, 27).
Parmi tous les martyrs d’Ouhoud Hamza t, l’exceptionnel héros de l’armée
musulmane, fut celui qui suscita dans le cœur du Noble Prophète r et des Croyants
le chagrin le plus indescriptible.
Safiyya c se précipita auprès des martyrs pour identifier son frère Hamza t et
fut accueillie par son fils Zubayr ibn Awwam t qui lui dit :
« Le Messager d’Allah r t’ordonne de rebrousser chemin ».
Elle s’exclama :
« Pourquoi ? Ne puis-je donc pas me rendre auprès de mon frère ? J’ai ouï dire
qu’il avait été massacré. Mais c’est pour la Gloire d’Allah qu’il l’a été. De toute façon,
rien ne pourrait nous consoler. Si Allah le veut, je ferai montre de patience et es-
compterai les récompenses divines qui sont siennes.
Zubayr t partit alors transmettre les paroles de sa mère au Noble Prophète r
qui lui dit :
« Dans ce cas, permettez-lui de le voir ! »
Safiyya c se leva donc et pria près du cadavre de Hamza t. (Ibn Hishâm, III, 48; Ibn
Hajar, al-Isabah, IV, 349).
Zubayr ibn Awwam t raconte dans une scène émotionnelle digne de la frater-
nité musulmane ce qui s’est déroulé ensuite :
« Ma mère sortit les deux manteaux qu’elle avait apportés et dit : “ Je les ai apr-
portés pour que vous les utilisiez comme linceul pour Hamza t”. »
Nous primes les manteaux et retournâmes près du cadavre de Hamza t. À
côté de lui reposait un autre martyr, un Ansar, sans linceul. Alors nous eûmes honte
d’envelopper le corps de Hamza t avec ces deux manteaux et de laisser l’Ansar t
sans linceul alors nous dîmes: «Qu’un manteau soit le linceul d’Hamza t et l’autre
pour l’Ansar.» Un de ces manteaux étant plus grand que l’autre, nous tirâmes au sort
pour l’attribuer à un des deux martyrs. (Ahmad, I, 165).
Ce compte rendu émotionnellement chargé confirme que les liens de parenté
avaient bel et bien cédé la place aux liens de fraternité dans la foi.
Neuf martyrs furent ensuite amenés près du corps de Hamza t pour y être
enterrés après l’oraison funèbre. Et toujours en présence du corps de Hamza t, neuf
478 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
autres martyrs furent amenés. C’est ainsi que le Noble Prophète r fit deux oraisons
funèbres à l’intention de son oncle bien-aimé, le roi des martyrs.(Ibn Maja, Janaiz, 28).
Selon le récit fait par Jâbir t le Noble Messager r emmena les martyrs d’Ou-
houd par paires et les plaça côte à côte et demanda :
«Lequel d’entre eux connaissait le mieux le Coran ?» (Al Boukhari, Janaiz, 73, 75).
Et on plaça en direction de la Qibla celui qui fut désigné comme connaissant le
mieux le Saint Coran. (Al Boukhari, Jenaza, 73, 75).
‘Aïcha c partit de Médine avec un groupe de femmes pour recueillir des nou-
velles d’Ouhoud. Près de Harra, elle croisa Hind bint Amr c qui, ayant chargé à
dos de chameau les cadavres de son mari Amr ibn Jamuh, de son fils Khallad et de
son frère ‘Abdullah y, rentrait à Médine. Une conversation s’engagea entre les deux
femmes. Aïcha, anxieuse demanda: «Quelles sont les nouvelles d’Ouhoud ?»
Hind répondit : «Tout va bien le Messager d’Allah est vivant et se porte bien.
Rien d’autre n’est important.»
Aïcha c désignant les cadavres questionna : «Qui sont ceux-là ?»
«Mon mari Amr t, mon frère ‘Abdullah t et mon fils Khallad t.»
«Où les emmènes-tu ?»
« À Médine où je vais les enterrer.»
Hind tenta ensuite de stimuler le chameau qui commençait à perdre du rythme,
avançait, puis s’arrêtait, puis ensuite s’accroupit.
‘Aïcha c demanda : « Est-ce parce qu’il est trop chargé ?»
Hind répondit: « Je l’ignore, c’est étrange parce que normalement il est capable
de porter deux fois plus qu’un autre chameau. C’est comme si quelque chose d’in-
croyable venait d’arriver ! »
Forcé de se relever, l’animal se redressa, pour s’accroupir une fois qu’on l’eût
tourné vers Médine. Mais quand il s’orienta en direction d’Ouhoud, le chameau se
mit à galoper. Sur ce Hind expliqua au Noble Prophète r la situation, cherchant par
là quelques conseils.
Le Messager d’Allah r dit:
«Ce chameau est de service. Amr a-t-il laissé un testament ?»
Elle répondit : «Peu avant de partir pour Ouhoud il s’était tourné en direction de
la Qibla et fit cette invocation : “Ô Allah ! Accorde-moi le martyre ! Et fais en sorte
que je ne retourne pas auprès des miens honteux et affligé !”
Le Noble Prophète r lui fournit alors l’explication suivante :
La Troisième Année de L’hégire 479
Tout ce que Rabia t désirait avec insistance auprès du Noble Prophète r, c’était
d’être auprès de lui au Paradis. (Muslim, Salât, 226; Ahmad, III, 500).
Les Compagnons prenaient constamment du plaisir à se réunir autour du Noble
Prophète r. (Ahmad, I, 8; Ibn Maja, Janaiz,4).
La plus grande joie qu’ils purent exprimer après l’Islam, c’est cette parole pro-
phétique : “L’homme sera avec celui qu’il a aimé”. (Al Boukhari, Adab, 96).
Consacré par le Noble Prophète r à travers les compliments qu’il fit, absorbé
par son amour, Ouhoud, paradis des martyrs, eut tôt fait de proposer une vitrine
généreuse et vivante des souvenirs de la bataille, et ce à l’adresse de l’oumma à ve-
nir, jusqu’à la Dernière Heure. C’est plutôt la méfiance qui incitait les Musulmans
à penser qu’Ouhoud serait un lieu de malchance après l’issue de la bataille et pour
contrecarrer tout sentiment d’hostilité envers Ouhoud que le Noble Prophète r prit
l’initiative de lui exprimer ainsi son amour : « Nous aimons Ouhoud et Ouhoud nous
aime ! »
Dès lors, Ouhoud ne fut plus considéré comme un lieu de défaite, mais comme
un sanctuaire vantant dans ses profondeurs les cadavres vivants de ses célèbres héros.
D’autre part, le fait qu’Ouhoud reconnaisse et aime le Noble Prophète r met en
évidence de façon claire que la création tout entière confirme son Apostolat prophé-
tique. Lui-même a d’ailleurs affirmé :
« Excepté les rebelles parmi les djinns et les humains, tout entre ciel et terre sait
que je suis le Messager d’Allah. » (Ahmad, III, 310).
482 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
la peur sont présentes. Le seul moyen de renforcer cet amour, est de pratiquer le rap-
pel d’Allah (dhikr) et les prières (salawat) sur le Bien-aimé Prophète r avec l’objectif
de contempler les bénédictions d’Allah, Gloire à Lui, et de s’engager (lutter) en vue
d’adopter de tout cœur les voies du Prophète d’Allah r.
Ɔ ĤƆ ÉŽ ÜÓ
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Ɔ ĪijƆ ĩƇ ĤƆ ÉŽ ĺƆ ħŽ ıƇ Ĭƈƪ ÍĘƆ Īij Ɔ ÌĦƈ ijŽ ĝƆ ĤŽ ÒÅÓĕƆ Ýƈ ÖÒĹ
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Ɔ Īij Ɔ äƇ óŽ ĺƆ ƆźÓĨ Ɔ ųÒ Ɔ Īij Ƈ Ž Ɔ
« Ne faiblissez pas dans la poursuite du peuple [ennemi]. Si vous souffrez,
lui aussi souffre comme vous souffrez, tandis que vous espérez d’Allah ce qu’il
n’espère pas. Allah est Omniscient et Sage. » (An-Nisa, 4 : 104).
Le Noble Prophète r demanda alors parmi ses Compagnons y des volontaires
prêts à relever la tâche de poursuivre l’ennemi. Sans aller plus loin, Abû Bakr et
Zubayr y prirent place dans les rangs. Bien que la plupart des combattants avaient
été blessés à Ouhoud, cela ne les empêcha pas de s’équiper et de rejoindre les troupes
près du puits d’Abû Inabah. (Waqidi, I, 334-335).
Même Usayd ibn Khudayr t pourtant occupé à soigner les blessés, délaissa sa
tâche, prit ses armes et rejoignit le Noble Prophète r.
Sa’d Ibn Sahl t ordonna lui aussi à son clan d’agir immédiatement de même.
(Waqidi, I, 334-335).
La question de l’héritage
Entre-temps certains versets du Coran portant sur l’héritage avaient été révélés
car une certaine confusion était apparue après Ouhoud. Après le martyr de Sa’d ibn
Rabi t et conformément à la coutume pratiquée durant la période préislamique
La Troisième Année de L’hégire 485
ùƆ Ĭƈ īƪ ĠĪƈ
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Ɔ ųÒ
Ɔ Ʃ Īƈƪ ÌųÒ Ɔ ž Ùƃ ąĺ Ž Ƈ Ɔ
« Voici ce qu’Allah vous enjoint au sujet de vos enfants : au fils, une part
équivalente à celle de deux filles. S’il n’y a que des filles, même plus de deux, à
elles alors deux tiers de ce que le défunt laisse. Et s’il n’y en a qu’une, à elle alors
la moitié. Quant aux père et mère du défunt, à chacun d’eux le sixième de ce qu’il
laisse, s’il a un enfant. S’il n’a pas d’enfant et que ses père et mère héritent de lui,
à sa mère alors le tiers. Mais s’il a des frères, à la mère alors le sixième, après exé-
cution du testament qu’il aurait fait ou paiement d’une dette. De vos ascendants
ou descendants, vous ne savez pas qui est plus près de vous en utilité. Ceci est un
ordre obligatoire de la part d’Allah, car Allah est, certes, Omniscient et Sage. »
(An-Nisa, 4 : 11).
Ainsi donc, la première répartition de l’héritage en Islam fut initiée par les héri-
tiers de Sa’d ibn Rabi. (Ahmad, III, 352, 375).
La Loi islamique en matière d’héritage cherche un juste équilibre entre le droit
au partage et les devoirs des héritiers.
Les hommes qui ont des responsabilités financières plus lourdes, allant des frais
de mariage jusqu’au paiement de la dot (mahr) qui permet ensuite de soutenir éco-
nomiquement la famille, reçoivent une part plus importante que les femmes.
Autrement dit, la différence entre les hommes et les femmes dans la Loi isla-
mique sur l’héritage est strictement conséquente à la différence des devoirs et des
responsabilités. Un équilibre a été trouvé entre ces deux éléments.
Du fait de leur rôle de “veilleuses” inlassablement reliées aux soins et autres
besoins des enfants et de la famille, les femmes sont par conséquent exemptées de
486 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
prendre qu’en établissant un juste équilibre entre les droits et les obligations, les êtres
humains amènent toute la société à la sagesse avec leurs caractéristiques inhérentes
immuables.
La féminité est exaltée par la préservation et l’élévation des merveilleuses capa-
cités que le Tout-Puissant a accordées aux femmes. Quand une femme oriente ses
capacités naturelles à l’opposé de la résolution divine à son égard et renonce à sa
propre réalité, elle finit par gaspiller tout ce qui fait sa valeur et en vient à perdre sa
paix intérieure et à plonger dans le découragement et la misère. Pire encore, le sanc-
tuaire que représente la famille est abandonné, puis la société – dont la famille est la
base – finit par se décomposer.
Notre ère voit le début d’une course injuste et artificielle vers l’égalité entre les
hommes et les femmes.
Au mépris total des caractéristiques inhérentes aux femmes, cette course frappe
directement au cœur des qualités féminines, notamment en ce qui concerne la ma-
ternité, et par conséquent s’avère être préjudiciable pour l’institution familiale.
La pratique malheureusement courante de l’avortement – qui est une des consé-
quences de cette course – est la version moderne de la pratique consistant à enterrer
vivantes les petites filles et si répandue à l’époque préislamique.
Une simple différence de vêtements est la seule chose qui sépare les femmes fati-
guées et léthargiques d’aujourd’hui de celles qui ont vécu avant l’avènement de l’Islam.
Sans aucun doute, il s’agit là d’une catastrophe sociale provoquée par une édu-
cation matérialiste et sans véritable esprit.
488
L’inondation qui s’en suivit balaya la vallée et emporta hors de vue le corps
d’Asim t. Les idolâtres ne le retrouvèrent pas et ne purent mettre à dessein leur pro-
jet. Asim fut plus tard appelé “le martyr protégé par les guêpes”. (Ibn Hishâm, III, 163).
Les trois Compagnons y rescapés se rendirent et s’aperçurent vite que l’ennemi
n’avait nulle intention de respecter sa parole. Bien au contraire. Et alors que les ido-
lâtres les ligotèrent à l’aide des cordes de leurs arcs, un des trois Compagnons s’écria :
“C’est là une première trahison ! Par Allah ! je ne vous accompagnerai pas ! Ceux-là
(les victimes) sont pour moi un bel exemple.” On le traîna d’abord, puis on essaya de
le faire monter et, comme il refusait, on le tua. Sur dix Compagnons y seuls restaient
Khubayb et Zayd y qui furent emmenés et vendus à La Mecque.
Les Banû Harith ibn Amir achetèrent Khubayb t qui avait tué Harith le jour de
Badr et le gardèrent prisonnier avant de décider de le tuer. Une des filles de Harith
dira plus tard :
“Je n’ai jamais rencontré un aussi bon prisonnier que Khubayb. Je l’ai trouvé
un jour en train de manger une grappe de raisin alors qu’il n’y avait plus de fruits à
La Mecque et qu’il était solidement enchaîné. C’est un don qu’Allah lu avait fait. Il
récitait le Coran et se réveillait la nuit pour accomplir la prière de tahajjud. Ceux qui
l’entendaient réciter le Coran pleuraient d’émotion. Je lui ai demandé une fois s’il
avait besoin de quelque chose. “Rien, me répondit-il, hormis un peu d’eau fraîche et
le fait de vous abstenir de me donner de la viande sacrifiée au nom de vos idoles et
aussi de m’informer de l’heure où je serai exécuté.”
“Après les mois de trêve, continua-t-elle, je me rendis auprès de Khubayb et lui
annonça qu’on avait décidé de l’exécuter. À cette annonce, je ne vis chez lui aucune
trace d’anxiété.
Comme les fils de Harith l’emmenaient pour le tuer hors du territoire sacré de
La Mecque, khubayb dit : “Laissez-moi accomplir deux unités de prière (ra’kat)”. On
l’y autorisa. Après avoir prié il revint vers ses bourreaux et leur dit : “Si je ne craignais
que vous pensiez que j’eusse peur de la mort, j’aurais prié davantage !”
C’est donc Khubayb qui institua la coutume d’accomplir deux unités de prière
pour le condamné à mort. Puis il fit l’invocation suivante : “Ô Seigneur, réduis leur
nombre, élimine-les un par un et n’en laisse aucun en vie !149”
149. Quand Khubayb pria tous ceux qui étaient présents eurent peur et, pour se protéger de l’effet de la
prière, se mirent à courir à la recherche d’un endroit où se cacher, pensant qu’elles ne survivraient au
« fléau » de la prière. Plus d’un mois après son exécution, la prière de Khubayb demeura le principal
sujet de discussion des Quraysh. Selon certaines sources Qa’id ibn Amir s’évanouissait chaque fois
qu’on lui rappelait cette prière. Lorsqu’il fut calife, Omar t entendit parler de l’était de santé de Sa’id
et lui demanda s’il souffrait d’une quelconque maladie. « Je ne souffre d’aucune maladie, répondit-il,
si ce n’est que j’ai assisté à l’exécution de Khubayb et que j’ai entendu sa prière. Et, par Allah chaque
fois que j’y reviens, je commence soudain à perdre conscience ! » (Waqidi, I, 359-360).
490 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Puis il récita ce distique : “Peu m’importe comment je dois être tué, du moment
que je suis musulman, puisque c’est pour Allah que je vais succomber. C’est Lui
qui en a décidé ainsi et, s’Il le veut, Sa bénédiction fera rassembler de nouveau mes
membres dispersés.”
Plus tard Hubayb t lança cet appel à Allah le Tout Haut:
«Seigneur ! Ici je ne peux voir aucun autre visage que celui des ennemis ! Je n’ai
aucun messager à envoyer au Prophète d’Allah ! Alors transmets lui mes salutations.»
Assis au même moment avec ses Compagnons, le Noble Prophète r s’exclama
d’un ton fort : “et que la paix soit aussi sur toi”.
Les Compagnons demandèrent : « À qui as-tu adressé ces salutations, ô Messa-
ger d’Allah? ».
Le Noble Prophète r répondit: «À votre frère Khubayb, c’est Gabriel qui vient de
m’apporter ses salutations !»
Et le Noble Messager r informa ses Compagnons du martyr de Khubayb t. (Al
Boukhari Jihad, 170 ; Maghazi, 10, 28 ; Waqidi, I, 354-363).
Alors qu’il allait être exécuté les idolâtres tentèrent de tourner son visage vers
Médine, mais Khubayb t fit l’invocation suivante :
« Ô mon Seigneur ! Si ce que je suis en train de traverser a de la valeur à Tes
yeux, tourne donc mon visage vers la Qibla ! »
Allah, Gloire à Lui, l’entendit et fit en sorte que son visage se tournât vers la
direction désirée. Les idolâtres tentèrent de l’en empêcher, mais sans succès.
Le verset coranique suivant fut révélé en référence à cet illustre Compagnon t :
« Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée ; entre
donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis. » (Al-Fajr, 89 : 27-30). (Al-Qur-
tubi, XX, 58 ; Alusi, XXX, 133).
Martyr comme Khubayb t Zayd t avait lui aussi foi forte (imân). Pendant ses
jours de captivité, il faisait tout pour se réveiller pour prier les tahajjud et jeûner les
journées. Il ne mangeait pas la nourriture composée de viande qu’on lui offrait car
elle avait été sacrifiée au nom des idoles. À cela il préférait le lait qu’il buvait avant
de jeûner et pour rompre le jeûne. Il aperçut Khubayb t sur le chemin de Tan’im, le
lieu de son exécution, là où tous deux s’étaient mutuellement exhortés. Zayd t fit lui
aussi deux unités de prière avant d’être exécuté. Il lui fut posé la même question qu’à
Khubayb t et il donna la même réponse. (Waqidi I 361-362).
“Mourir en musulman est préférable à mille vies vécues dans l’idolâtrie” furent
les dernières paroles qu’il prononça alors que les idolâtres lui avaient promis la vie
sauve s’il renonçait à sa foi. Et dans une dignité appropriée au croyant, il but avec
plaisir le calice du martyr t.
Yunus Emre, un des amoureux du Prophète r qui nous fait goûter aux délices
de la foi, a exprimé avec ce merveilleux poëme son désir de mourir pour Allah et Son
Messager r afin de bénéficier de son intercession dans l’au-delà :
Que mon âme te soit sacrifiée sur Ton chemin
Toi le bel homme au joli nom Muhammed
Viens intercéder pour ton serviteur impuissant
Toi le bel homme au joli nom Muhammed...
Amir, le neveu d’Abû Bara, lança un raid appuyé par une armée considérable,
sans même avoir lu la missive du Noble Prophète r.
Nonobstant le fait que sa tribu hésitait à attaquer les Compagnons en vertu de
la protection qu’Abû Bara leur avait signifiée, Amir attira à lui les tribus d’Usayya,
de Ri’l, de Dhakwân et de Banû Lihyan dans le but de passer les Compagnons au fil
de l’épée. À l’issue de l’attaque qui fut un véritable massacre seul Amr ibn Umayya
survécut. (Ibn Hishâm, III, 184; Haythami, VI, 125-130).
Jabbar ibn Sulma, un des assaillants qui participa à cet évènement tragique,
raconte :
« J’enfonçai ma lance dans le corps d’Amir ibn Fuhayra qui, quelques instants
auparavant, m’avait invité à embrasser l’Islam. Je pouvais voir la lame de la lance
sortir de l’autre côté de sa poitrine. Mais Amir, en était de jubilation, s’exclama : “
Par Allah, j’ai triomphé !”
Je me suis alors demandé :
« De quoi a-t-il triomphé ? C’est moi, après tout, qui l’ai tué. Dans le même
temps, son cadavre s’éleva au ciel et disparut de ma vue. Ce que j’aperçus à ce mo-
ment précis contribua à ma conversion à l’Islam. » (Ibn Hishâm, III, 187 ; Waqidi, I, 349).
Gabriel u fut le premier à informer le Messager d’Allah r que ses envoyés se
trouvaient désormais auprès de leur Seigneur en tant que martyrs et que leur Sei-
gneur était satisfait d’eux et qu’eux aussi étaient satisfaits. (Al Boukhari, Jihad, 9).
Le Prophète de Miséricorde r fut cependant affligé par cet évènement dévasta-
teur. Élevant ses mains en direction des portes du Divin, il fit durant un mois après
chaque prière de l’aube cette invocation :
« Ô mon Seigneur, maudis les tribus de Ri’l, de Dhakwân et d’Ussaya qui se sont
révoltées contre Allah et Son Messager ! » (Al Boukhari, Jihad, 9, 19 ; Maghazi, 28 ; Muslim,
Masajid, 297).
Les larmes de chagrin des Croyants y furent opposées à la joyeuse frénésie des
hypocrites et des Juifs qui semblaient davantage réjouis par rapport aux évènements
d’Ouhoud. D’ailleurs, frustrés de n’avoir pas pu prendre un ascendant certain sur
les Musulmans durant les évènements d’Ouhoud, les adversaires n’hésitèrent plus à
manifester ouvertement leur haine envers l’Islam.
À Ouhoud déjà, les hypocrites avaient commencé à présenter leur trahison sous
des couleurs séduisantes, semblable à une fine manœuvre visant à réprimander les
Musulmans qui avaient subi de nombreuses pertes humaines durant la bataille.
Bien plus, ils ne se génèrent pas pour faire des réflexions déplaisantes telles que :
“Si ceux qui ont été tués nous avaient écouté, ils n’auraient pas rencontré la mort.”
La sévère réponse formulée par le Coran demeure sans appel :
La Quatrième Année de L’hégire 493
Parmi les idées qui circulaient pour le tuer, celle qui consistait à lui jeter du haut
du fortin un bloc de pierre semblait faire l’unanimité.
Mais dans le même temps, le Noble Prophète r quitta aussitôt l’endroit où il se
tenait assis et s’en éloigna rapidement. Allah I l’avait en effet informé du complot
ourdi et l’avait protégé.
En fait, cette grâce apportée aux Musulmans est mentionnée dans ce verset :
ħġƇ ĻĤƆ Ìƈ ÒŽ ijĉƇ ùƇ ×ĺĪ ƆÈĦijĜƆ ħİ ƈ Ʃ ÛĩđĬƈ ÒŽ IJóĠƇ ðŽ ÒÒŽ ijĭĨÆīĺñƈ Ĥƪ ÒÓıĺƆÈÓĺ
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Ɔ ħŽ ġĭ Ɔ ħŽ ıƇ ĺƆ ïĺŽ ƆÈėƪ ġƆ ĘƆ ħŽ ıƇ ĺƆ ïĺŽ ƆÈ
Ƈ Đ
« Ô les croyants ! Rappelez-vous le bienfait d’Allah à votre égard, le jour où
un groupe d’ennemis s’apprêtait à porter la main sur vous (en vue de vous atta-
quer) et qu’Il repoussa leur tentative. Et craignez Allah. C’est en Allah que les
croyants doivent mettre leur confiance. » (Al-Ma’ida, 5 : 11).
Ce verset s’adresse à l’ensemble des Croyants. Et même si le projet d’assassiner
le Noble Prophète r était dans les esprits, ceci démontre que Muhammad r incarne
la vie et l’âme des Musulmans et que sa vie doit être plus précieuse que la leur.
En rapport avec cette tentative d’assassinat, le Très-Haut fit cette révélation :
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Ɔ Ĩƈƪ ÌIJƆ
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Ɔ ĭÐÓíĤÒ ƫ Ƈ Ɔ Ʃ Īƈƪ ÌÅÒijƆ øĵ Ɔ ĥƆ ĐƆ
« Et si jamais tu crains vraiment une trahison de la part d’un peuple, dé-
nonce alors le pacte (que tu as conclu avec), d’une façon franche et loyale car
Allah n’aime pas les traîtres. » (Al-Anfal, 8 : 58).
Le Noble Prophète r envoya alors un émissaire auprès des Banû Nadir pour
renouveler leur pacte les liant faute de quoi ils devraient s’exiler et quitter Médine
dans les dix jours.
Mais les hypocrites ne restèrent pas inactifs et envoyèrent un autre messager
aux Bani Nadir qui s’apprêtaient à quitter Médine. Ils les incitèrent à ne pas quitter
Médine et leur dirent qu’ils les aideraient en masse.
Le secret de cette relation entre Juifs et hypocrites est relaté dans le Coran :
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Ɔ ħŽ ġƇ Ĭƪ óƆ āĭ
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Ƈ ĭƆ ĤƆ ħŽ ÝƇ ĥŽ ÜijĜƇ ĪƈÌIJÒ
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Ɔ ïƃ ÖƆ È
« N’as-tu pas vu les hypocrites disant à leurs confrères qui ont mécru parmi
les gens du Livre : «Si vous êtes chassés, nous partirons certes avec vous et nous
n’obéirons jamais à personne contre vous ; et si vous êtes attaqués, nous vous
secourrons certes». Et Allah atteste qu’en vérité ils sont des menteurs. » (Al-Hashr,
59 : 11).
Nonobstant tous les pièges que les ennemis tentèrent secrètement d’ourdir à
l’encontre des Musulmans, ceux-ci demeurèrent en réalité terrifiés par les Croyants.
Le Coran mentionne cet état d’esprit :
ƈ Ʃ īĨħ
Ɔ ıƇ ĝƆ ęŽ ĺƆ źƪ ĦƄ ijŽ ĜƆ ħŽ ıƇ Ĭƪ ƆÉÖƈ ğƆ Ĥƈ ðƆ ųÒ ƈ ƈ ƈ Ɔ
Īij Ɔ ž İ ƈòIJïƇ ĀĹ Ɔ ïƫ üƆ ÈħŽ ÝĬƇ ƆŶƆ
Ƈ ĘÙƃ ×Ɔ İŽ ò
« Vous jetez dans leurs cœurs plus de terreur qu’Allah. C’est qu’ils sont des
gens qui ne comprennent pas. » (Al-Hashr, 59 : 13).
Après un siège d’environ vingt jours, suite à la parfaite stratégie du Noble Pro-
phète r, les Banû Nadir finirent par capituler et furent alors expulsés de leur terri-
toire. Les Banû Qurayza, quant à eux, ayant accepté un nouveau pacte, furent autori-
sés à rester. (Al Boukhari, Maghazi, 14; Muslim, Jihad, 62).
Avant d’être exilés, les Banû Nadir avaient procédé au rasage complet de leurs
demeures afin que les Musulmans n’en prennent pas possession. Puis ils se diri-
gèrent vers Khaybar où ils s’établirent, tandis que d’autres se dirigèrent en direction
de la Syrie. (Ibn Hishâm, III, 191-194; Waqidi, I, 363-380).
Allah U rapporte ainsi Son soutien aux Croyants qui ont combattu Banû Nadir :
496 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Et la prise de possession sans violence des biens abandonnés par les Banû Nadir
occasionna la révélation de ce verset coranique :
ÖƆ óĝƇ ĤŽ Òĸñƈ Ĥƈ IJ
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Ɔ ĢijøƇ óĥ Ĥƈ IJįƩƈ ĥĥƈ ĘĴóĝĤÒģİƆÈīĨ ƈ įƈ Ĥij
ƈ øòĵĥƆ ĐųÒÅÓ
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Ɔ ħŽ ġĭ
Ƈ ĨÅÓ īĻÖÙĤIJîĪijġĺźĹĠģĻƈ×ùĤÒīÖÒIJīĻĠÓ
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ÔÓ Ƈ ïƈ ü Ɔ ųÒ
Ɔ Ʃ Īƈƪ ÌųÒÒijƆ Ʃ ĝƇ ÜÒƪ IJÒij Ɔ ıƇ ÝĬÓƆ ĘƆ įƇ ĭŽ Đ Ƈ ıƆ ĬƆ ÓĨƆ IJ
Ɔ ħŽ ĠÓ Ɔ ĮIJƇ ñƇ í Ƈ ĘƆ Ģij Ƈ øƇ óĤÒħƇ ĠÓ ÜÆ
ƪ Ƈ Ɔ
Żƃ ąŽ ĘƆ Īij Ɔ ĕƇ ÝƆ ׎ ĺƆ ħŽ ƈıĤÒƈ ijƆ ĨŽ ƆÈIJ ƈ ƈ ƈ
Ɔ ħŽ İ ƈòÓĺîīĨÒijäƇ ƈóìŽ ƇÈīĺ
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Ɔ ñĤƪ Òīĺ Ɔ ƈóäÓ ƈ ıƆ ĩĤŽ ÒÅÒóĝƆ ęƇ ĥŽ Ĥƈ
Ƈ Ɔ
Ɔ ĜƇ îÓƈ āĤÒ ƈ Ʃ īĨƈ
Īij ƪ ħƇ İ Ƈ ğƆ Ñƈ ĤƆ IJŽ ƇÈįƇ ĤƆ ijøƇ òƆ IJ
Ɔ ųÒ
Ɔ Ʃ ĪIJ Ɔ óƇ āĭ
Ƈ ĺƆ IJÓƆ Ĭƃ ÒijƆ ĄŽ ƈòIJ Ɔ ųÒ Ɔ ž
« Le butin provenant [des biens] des habitants des cités, qu’Allah a accordé
sans combat à Son Messager, appartient à Allah, au Messager, aux proches pa-
rents, aux orphelins, aux pauvres et au voyageur en détresse, afin que cela ne cir-
cule pas parmi les seuls riches d’entre vous. Prenez ce que le Messager vous donne
; et ce qu’il vous interdit, absentez-vous en ; et craignez Allah car Allah est dur
en punition. [Il appartient aussi] aux émigrés besogneux qui ont été expulsés de
leurs demeures et de leurs biens, tandis qu’ils recherchaient une grâce et un agré-
ment d’Allah, et qu’ils portaient secours à (la cause d’) Allah et à Son Messager.
Ceux-là sont les véridiques. » (Al-Hashr, 59 : 7-8).
Le butin obtenu sans combattre (fay), réservé à Allah et à Son Messager r,
comme l’indique ce verset coranique, était destiné à la réfection de la Ka’ba et
d’autres mosquées.
La Quatrième Année de L’hégire 497
ĪIJ Ɔ ïƇ åƈ ĺƆ źƆ IJ
Ɔ ħŽ ƈıĻŽ ĤƆ Ìƈ óƆ äÓ
Ɔ İ
Ɔ īŽ Ĩ Ɔ ×ƫ éƈ ƇĺħŽ ƈıĥƈ ׎ ĜƆ īĨ
Ɔ Īij
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Ɔ ŸÒŽ IJ ƪ ÊƇ ijƪ ×ÜƆ īĺ
Ɔ Ɔ ƪ Ɔ
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ƈ Ɔ Ɔ óƇ àƈ ËŽ ƇĺIJÒij ƈ
Ƈ ƇÈÓĩƪ Ĩ ƈ ƈ
ÙƄ ĀÓƆ āƆ ì Ɔ ħŽ ƈıƈÖĪÓ
Ɔ Ġ Ɔ ijŽ ĤƆ IJ
Ɔ ħŽ ƈıùęƇ ĬÈĵĥƆ Đ
Ɔ ĪIJ Ɔ ÜIJ ž Ùƃ äÓ Ɔ ħŽ İ ƈòIJïƇ ĀĹ
Ɔ è Ƈ Ę
« Il [appartient également] à ceux qui, avant eux, se sont installés dans le pays
et dans la foi, qui aiment ceux qui émigrent vers eux, et ne ressentent dans leurs
cœurs aucune envie pour ce que [ces immigrés] ont reçu, et qui [les] préfèrent
à eux-mêmes, même s’il y a pénurie chez eux. Quiconque se prémunit contre sa
propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent. » (Al-Hashr, 59 : 9). (Voir aussi : Ar-
Razi, XXIX, 250 ; Al-Qurtubi, XVIII, 2).
Ce verset explique que les raisins et les dattes, bien qu’ils soient de bons aliments,
peuvent aussi se transformer en boissons enivrantes. Cela signifie que les substances
intoxicantes ne sont pas considérées comme admises parmi les bonnes sources de
nourriture et font donc allusion à leur future interdiction. Il s’agit là du seul verset
révélé concernant ces substances durant la période mecquoise.
2. Le Noble Prophète r était après l’Hégire très réceptif à tout ce que le Tout-
Puissant révélait relativement à toutes ces questions, tel le verset coranique suivant :
Īij
Ɔ ƇĤijĝƇ ÜÓ
Ɔ Ĩ Ɔ ØƆ ƆŻāĤÒÒŽ ijÖƇ óĝŽ ÜƆ ƆźÒŽ ijƇĭĨÆīĺ ƈ Ɔ
Ɔ ÒŽ ijĩƇ ĥƆ đŽ ÜƆ ĵƆ Ýƪ èĴ
Ɔ òÓƆ ġƆ ø
Ƈ ħŽ ÝĬƇ ÈIJ
Ɔ ƪ Ɔ Ɔ Ɔ ñĤƪ ÒÓıƆ ĺƫ ÈÓĺƆ
« Ô les croyants ! N’approchez pas de la Salât alors que vous êtes ivres, jusqu’à
ce que vous compreniez ce que vous dites… » (An-Nisâ’, 4 : 43).
Il s’en suivit que le nombre de buveurs musulmans diminua drastiquement
après la révélation de ce verset.
La Quatrième Année de L’hégire 499
ƈ ƈ
ĦƇ ƆźôŽ ƆŶÒIJƆ ÔÓ
Ƈ āĬ Ɔ ƆŶÒIJ Ɔ óƇ ùĻŽ ĩƆ ĤŽ ÒIJƆ óƇ ĩŽ íƆ ĤŽ ÒÓĩƆ Ĭƈƪ ÌÒŽ ijƇĭĨÆ
Ɔ īĺ Ɔ ñĤƪ ÒÓıƆ ĺƫ ƆÈÓĺƆ
ĪƇ ÓĉƆ ĻýĤÒ ïĺ ƈóĺÓĩĬƈÌĪijéĥƈ ęÜħġĥđĤĮij×ĭƈ ÝäÓĘĪÓ ƈ ĉĻýĤÒģĩĐīĨ ƈ ÷ä ƈò
Ž ƪ Ƈ Ƈ Ɔ ƪ Ɔ Ƈ ŽƇ Ž Ƈ ƪ Ɔ Ɔ Ƈ Ƈ Ɔ Ž Ɔ Ɔ Ž ƪ ƈ Ɔ Ɔ Ž ž Ƅ Ž
ħĠƇ ïƪ āƇ ĺƆ IJ ƈ ƈ ƈ Ɔ
Ž Ɔ ƈóùĻŽ ĩƆ ĤŽ ÒIJ
Ɔ ƈóĩŽ íƆ ĤŽ ÒĹĘÅÓąƆ ĕŽ ×Ɔ ĤŽ ÒIJ Ɔ ØƆ IJÒƆ ïƆ đƆ ĤŽ ÒħƇ ġƇ ĭƆ ĻŽ ÖƆ ďƆ ĜijƇĺĪÈ
ƈ ƈ Ʃ ƈóĠŽ ðī ƈ Đ
ƫ ÝĬƇ ƆÈģŽ ıƆ ĘƆ ØƆŻāĤÒ
ĪijıƇ ÝĭƆ Ĩħ ƪ īƈ ĐƆ IJ Ɔ ųÒ Ɔ
« Ô les croyants ! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées, les flèches de
divination ne sont qu’une abomination, œuvre du Diable. Ecartez-vous en, afin
que vous réussissiez. Le Diable ne veut que jeter parmi vous, à travers le vin et le
jeu de hasard, l’inimité et la haine, et vous détourner d’invoquer Allah et de la
Salât. Allez-vous donc y mettre fin ? » (Al-Mâ’ida, 5 : 90-91).
Le Noble Prophète r fit mander Omar t puis lui récita les versets divins juste
révélés.
Parvenu aux mots “Écartez-vous-en”, Omar t s’écria : « Oui, par Allah, nous
nous en écarterons, nous nous en écarterons ! »
Ces paroles précises résonnèrent très fort sur l’ensemble des Compagnons.
Suite à cette révélation divine, et sur ordre du Prophète r, un compagnon t fut
désigné pourparcourir les rues de La Mecque annonçant que “les boissons alcooli-
sées étaient désormais interdites”.
Ceci eut pour conséquence que des rivières de vin commencèrent à couler dans
les rues de La Mecque ; toutes sortes de récipients remplis de ce liquide ayant été
préalablement mis en pièces.
Les Musulmans qui s’adonnaient au vin détruisirent tout ce qui constituait leur
stock. À la suite de cette déclaration indiscutable, plus jamais ces derniers n’ont tou-
ché à une goutte d’alcool.
500 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Dès lors que le Coran existait déjà dans le Lawh’ul-Mahfuz avant sa descente sur
terre, il n’est pas difficile de constater que la préoccupation spécifique sous-jacente
à la préséance donnée à certaines sections du Coran sur les autres demeure quelque
chose de strictement maslahah, c’est-à-dire à l’avantage des Croyants.
Ce bien commun consiste à observer l’aptitude et le pouvoir des êtres humains
à suivre le Coran et son développement, juste comme la façon dont les obligations
augmentent en tandem avec l’âge d’un enfant.
Le principe de gradualité – davantage mis en œuvre au temps béni du Noble
Prophète r – est une part de la sunnatullah, la Voie ou Chemin d’Allah, soutenue en
cela par la grande sagesse du Tout-Puissant et par un effet de Sa miséricorde. Appli-
cable à tout moment dans la transmission de l’Islam, elle est dans le même temps la
plus agréable à la nature humaine. En effet, la chose initiale que l’on doit faire après
avoir embrassé l’Islam est de rectifier sa foi ; une fois cela acquis, l’on peut passer aux
actes proprement dits.
La gradualité entre une fois de plus en jeu lors de la réalisation des actes, mais
cette fois en la réglant selon la capacité humaine. Ceci est non seulement applicable
pour inviter des personnes à l’Islam, mais aussi pour toutes les autres formes d’ensei-
gnement.
Par conséquent, depuis l’Appel divin initié avec Adam u, il y eut un déve-
loppement notable dans le Message – les articles fondamentaux de la foi étant bien
entendu restés les mêmes –, parallèlement au développement social de l’humanité ;
un développement qui a abouti à la religion de l’Islam.
Dhât ar-Riqâ’150
Les clans de Muharib et de Salahah, issus de la tribu Ghatafan, unirent leurs
forces pour mener une attaque contre les Musulmans, et ce en réponse à l’offensive
du Noble Prophète r qui marchait à leur rencontre, appuyé par quatre cents Com-
pagnons. Alors que les Croyants se tenaient en face de lui, l’ennemi perdit son sang-
froid et finit par se retirer. Peu après, les Croyants accomplirent ensemble la prière
de dhor dont le moment était venu. Observant de loin les Croyants accomplirent la
prière jusqu’à son achèvement, l’ennemi s’en voulut ensuite de ne pas avoir tendu
d’embuscade alors qu’ils étaient en prière.
Un des membres du clan se mit alors à consulter ses camarades. Puis il leur dit:
“Ne vous inquiétez pas, leur prochaine prière (Salât al-‘asr) leur est plus chère
que leurs pères et leurs fils.”
150. D’après certaines sources, cette campagne aurait eu lieu après celles de Khandâq (des tranchées) ou
de Khaybar. Nous avons cependant préféré suivre cette séquence l’opinions de la majorité des savants
spécialistes de la vie et de l’époque du Noble Prophète r.
502 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Ce type spécifique de prière est connu sous le nom de salât al-khawf, c’est-à-dire
la prière de la peur ou du danger151.
Gabriel u avait lui-même enseigné au Noble Prophète r comment l’accomplir.
Ce jour-là, la prière de la ‘asr fut, dans l’attente de l’ennemi dont les seuls espoirs
reposaient sur ces moments d’adoration qu’ils jugeaient futiles, faite de cette façon.
151. La salât’ul khawf ou prière de la crainte advient lorsqu’un groupe effectue à tour de rôle une salât
(prière rituelle) derrière un seul imam, et ce lorsqu’un grave danger menace telle une attaque
ennemie imminente. Le premier groupe qui exécute la première ra’kat (unité de prière) d’une salât de
deux ra’kat, ou les deux premières ra’kat d’une prière de quatre ra’kat quitte la salât pour surveiller le
groupe, après la seconde sajda (prosternation) – dans une salât de deux ra’kat – ou la première qaadah
– dans une salât de quatre ra’kat. Le deuxième groupe en rang vient ensuite compléter le restant des
ra’kat derrière l’imam, après quoi ils partent pour prendre la relève de la garde. L’imam donne le
salam qui met fin à la salât, lui seul le fait. C’est alors que les membres du premier groupe reviennent
encore une fois pour compléter leur salât, sans qira, c’est-à-dire sans récitation du Coran, car ils sont
considérés comme lahiq, c’est-à-dire comme ayant quitté la salât pour une excuse, bien qu’ils aient
rejoint l’imam dès le départ. Après l’achèvement de la salât, les membres du second groupe suivent
et la complètent avec qiraah, car ils sont considérés comme masbuk, c’est-à-dire comme ayant rejoint
l’imam après l’exécution de la première ra’kat. Ainsi donc la salât et le devoir ne sont pas négligés.
(Komisyon, Diyânet İlmihâli, I, 334 ; Hamdi Döndüren, Delilleriyle İslâm İlmihâli, p.377-378).
La Quatrième Année de L’hégire 503
La campagne qui dura quinze jours se solda par la retraite totale des membres terri-
fiés des clans. (Ibn Hishâm, III, 214-221; Ibn Sa’d, II, 61).
Le récit d’Abû Mûsâ al-Asharî t se réfère à ce sujet :
« Nous partîmes en expédition en compagnie du Messager d’Allah r, nous
étions six hommes et ne possédions qu’un chameau que nous montions à tour de
rôle de sorte que la marche eut tôt fait nos pieds. Les miens furent blessés et j’en per-
dis les ongles du pied. Nous enveloppâmes nos pieds de morceaux de chiffon pour
les protéger d’où le nom de l’expédition, Dhât ar-Riqâ’. »
Abû Burdah t, qui recueillit de récit de la bouche d’Abû Mûsâ t, ajouta :
« Après avoir dit cela, Abû Mûsâ sembla regretter amèrement en disant : “Je ne
pense pas avoir bien fait en te racontant cela”. Ce qui le troublait sans doute était le
fait qu’il ait révélé un exploit empreint de bravoure et qu’il n’avait accompli que pour
Allah.» (Al Boukhari, Maghazi, 31).
Ni la pauvreté, ni le manque d’opportunités n’empêchèrent les Compagnons y
de s’acquitter de leurs fonctions et d’aller combattre dans le Sentier d’Allah U. Qui
plus est, ils furent sensibles au fait de ne pas dévoiler les difficultés auxquelles firent
face au nom de leur obéissance au Tout-Puissant, sauf si cela devenait nécessaire
pour réaliser un but positif tel qu’enseigner une leçon ou réconforter les opprimés.
Durant cette campagne, le Messager d’Allah r ordonna qu’on lui apporte de
l’eau pour procéder à l’ablution rituelle. Un peu d’eau dans un récipient lui fut donc
apportée (alors qu’il en manquait cruellement dans les environs). Le Messager d’Al-
lah r mit sa main dans le récipient, écarta ses doigts et de l’eau en abondance se
mit à jaillir. Tous les Compagnons y purent même étancher leur soif. Après cela, le
récipient était toujours rempli d’eau. (Al Boukhari, Wudu, 32; Manakib, 25; Muslim, Fadail, 5).
Vers midi, l’armée musulmane atteignit une vallée boisée alors qu’elle revenait
de la campagne de Dhar ar-Riqah où le Noble Prophète r avait décidé de faire une
pause. Les Compagnons y, chacun à leur manière, prirent un peu de repos sous
l’ombre fraîche des arbres.
Le Prophète d’Allah r se retira sous un samurah, un arbre densément feuillu,
ayant accroché son épée à une branche de l’arbre. Les Compagnons y venaient juste
de s’assoupir lorsqu’ils entendirent le Prophète d’Allah r les appeler.
Ces derniers coururent aussitôt et virent un Bédouin qui se tenait devant lui r.
Le Messager d’Allah r leur dit: « Cet homme s’est saisi de mon épée pendant
que je dormais. En me réveillant je l’ai trouvé debout devant moi, tenant l’arme et me
disant: “Qui peut te préserver de moi?” J’ai dit : “Allah trois fois”. » (Al Boukhari, Jihad,
84, 87 ; Muslim, Fada’il, 13).
504 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Le Noble Prophète r ne punit pas le Bédouin qui avait attenté à sa vie mais
l’invita plutôt à l’Islam. Profondément touché par ce remarquable comportement, le
Bédouin s’en retourna auprès des membres de sa tribu et leur déclara ceci : “Je suis
revenu à vous de chez le meilleur des gens !” (Hakim, III, 31/4322).
Le soir, sur le chemin du retour en direction de Médine, le Noble Prophète r
décida de faire une autre halte et demanda à cette occasion des volontaires pour
monter la garde pendant que les autres se reposeraient. Sans la moindre hésitation,
‘Ammar ibn Yasir t des Muhajirun et ‘Abbâd ibn Bishr t des Ansar se propo-
sèrent. ‘Abbâd t demanda alors à ‘Ammar t durant quelle partie de la nuit il pré-
férait assurer la garde. ‘Ammar t, qui s’allongea puis s’endormit presque aussitôt,
dit préférer la dernière moitié de la nuit. Abbâd t, se mit à faire la prière lorsqu’un
idolâtre s’approcha de lui clandestinement à une certaine distance. Ayant vu l’ombre
d’Abbâd t qui se tenait débout, l’idolâtre lança une flèche qui transperça ‘Abbâd t.
Ce dernier rassembla ses forces, ôta la flèche et poursuivit sa prière. Ceci ne dissuada
pas l’archer ennemi qui tira une seconde flèche puis une troisième qui frappèrent
Abbâd t, lequel, à chaque fois, se tenait toujours en prière et retirait les flèches qui le
frappaient. ‘Abbâd t s’inclina finalement (ru’ku) puis se prosterna (sujud) et acheva
sa prière par les salutations d’usage (salam). C’est alors qu’il informa son camarade :
“Réveille-toi ‘Ammar, j’ai été blessé” dit-il d’une voix faible. ‘Ammar se réveilla
aussitôt. L’assaillant, sentant qu’il avait été vu par les deux camarades, se sauva dans
l’obscurité. Ammar t se pencha vers ‘Abbâd t couché à terre, le sang affluait de
ses blessures. Il s’exclama : “Subhanallah ! Pourquoi ne m’as-tu pas réveillé quand la
première flèche t’a atteint ?”
S’étant positionné, ‘Abbâd t fit cette réponse expliquant de façon éclatante son
amour enthousiaste pour la prière (Salât):
“J’étais en pleine récitation des versets du Coran qui emplit mon âme de crainte
et je ne voulais pas couper court à cette récitation. Le Messager d’Allah r m’a or-
donné de retenir cette sourate. Plutôt mourir que d’interrompre sa récitation.” (Abou
Daoud, Taharat, 78/198; Ahmad, III, 344; Ibn Hishâm, III, 219; Waqidi, I, 397).
Salmân t était maintenant uni au Noble Prophète r qu’il avait cherché toute sa
vie. Son seul désir désormais était la recherche de sa proximité et le service envers le
Sceau des Prophètes r. En fait devant le zèle de Salmân t, le Noble Messager r lui
suggéra de négocier un arrangement avec son propriétaire pour qu’il l’affranchisse
du joug de l’esclavage. Le Juif finit par accepter la proposition à condition que Sal-
mân t procède à la plantation de trois cents palmiers-dattiers, y compris le creu-
sement de leurs sillons, et lui octroie quarante uqiyyah152 d’or. Sur ces entrefaites, le
Noble Prophète r ordonna aux Compagnons d’aider Salmân à répondre à ces exi-
gences. Chacun contribua selon sa capacité et dans un temps très court les trois cents
pousses dont Salmân avait besoin furent récoltées. Le Prophète r lui dit
« Salman creuse à présent pour procéder à la plantation et dès que tu auras ter-
miné, appelle-moi pour que je puisse planter les jeunes pousses de mes propres mains. »
Salmân t raconte ce qui se déroula ensuite :
“Avec l’aide de mes camarades, je commençai à creuser des sillons afin d’y dé-
poser les jeunes pousses de dattes. Une fois le creusement achevé, j’en informai le
Messager d’Allah r et retournai avec lui là où j’avais creusé. Nous lui remîmes les
pousses et il les planta. Par Allah, Celui qui tient ma vie entre Ses mains, il n’y eut pas
une seule pousse plantée par le Messager d’Allah r qui n’eût pas réussi à s’épanouir.
J’ai pu par ce biais remplir une des conditions de l’accord. Une seule année s’écoula
quand les dattes commencèrent à s’accrocher en grappes sur les branches.
Peu de temps après, le Messager d’Allah r revint d’une expédition durant la-
quelle figurait dans le butin une pépite d’or de la taille d’un œuf (de poule). Il me la
fit parvenir. Lorsque je me rendis auprès de lui, il me dit :
« Prends ceci, Salmân, et rembourse ta dette ! »
Je lui demandais :
152. Un uqiyya correspond à environ 128 grammes.
512 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« Comment une si petite pépite suffirait-elle à rembourser la dette qui pèse sur
mes épaules, ô Messager d’Allah ! »
Il r prit la pépite, la frotta légèrement sur sa langue et me dit :
« Prends-là à présent ! Allah le Tout-Puissant couvrira ta dette avec ! »
Sur ces entrefaites, j’apportai la pépite à mon maître juif, comme on me l’avait
signifié. Par Allah, Celui qui tient ma vie entre Ses mains, la pépite pesait exactement
quarante uqiyyah. Aussi incroyable que cela puisse paraître, même le Mont Ouhoud
aurait pesé moins lourd sur la balance s’il devait être placé sur l’autre plateau ! »
Ainsi donc, après avoir été libéré de l’esclavage, Salmân t prit librement une
part active à la bataille de tranchées (Khandâq) et resta sans reculer près du Noble
Prophète r au cours des batailles qui eurent lieu ultérieurement. (Voir, Ahmad, V, 443-
444 ; Ibn Asir, Usd’ul-Ghabah, II, 419 ; Ibn Abdilber, II, 634-638).
Tout au long de sa vie, Salmân al-Farîsî t refléta les beautés de la morale isla-
mique et laissa un splendide exemple à suivre pour les générations suivantes.
Juste un seul regard sur l’une de ces occurrences :
Le monde musulman s’étend aujourd’hui sur de vastes terres. Salmân al-Farîsî,
cet ancien esclave d’un Juif, fut nommé gouverneur de Madâin là où les Sassanides
régnèrent plus tard.
Un homme du clan de Taym venu de Damas, fit son entrée à Madâin avec un
sac de figues et jeta son dévolu sur le modeste Salmân t qu’il fut bien incapable de
reconnaître en raison certainement du modeste manteau de laine qu’il portait sur lui.
L’homme dit à Salman t: « Eh toi ! Viens ici et porte moi ce sac! »
Salman t se saisit du sac et sans dire un mot le plaça sur son épaule. Mais
contrairement au Damascène, les gens du peuple reconnurent rapidement le gouver-
neur et lui dirent : “Cet homme qui porte ton sac, c’est le gouverneur !”.
Bien embarrassé, l’homme s’excusa et le supplia de lui pardonner cette mala-
dresse et Salman t lui répondit calmement :
“Il n’y a pas de mal je porterai quand même ce sac là où tu le désires.” (Ibn Sa’d,
IV, 88).
La Cinquième Année de L’hégire 513
ħĠÓ ƈ ïĭĐ
ĝÜƆÈųÒ ƈ ħġĨóĠƆÈĪƈÌ
ŽƇ ƆŽ Ʃ Ɔ ŽƇ ƆƆŽ ƪ
« Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux» (al-Hujurat, 49 :
13).
Īij Ɔ ġƇ ĺĪ Ɔ Ɔ
Ɔ ÈÒóƃ ĨŽ ÈįƇ ƇĤijøƇ òƆ IJ Ʃ ąƆ ĜƆ ÒðƆ Ìƈ Ùƅ ĭƆ Ĩƈ ËŽ Ĩ
Ɔ ƇųÒĵ Ƈ źƆ IJ
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Ɔ īƅ ĨËŽ ĩƇ ĤĪÓ Ɔ ĨƆ IJƆ
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Ɔ ģƪ Ą Ɔ ïŽ ĝƆ ĘƆ įƇ ĤƆ ijøƇ òƆ IJ
Ɔ ųÒ
Ɔ Ʃ ÿđŽ ĺīƆ ĨƆ IJ Ɔ ħŽ İ ƈóĨŽ ÈīŽ ĨØƇ óƆ ĻƆ íĤŽ ÒħƇ ıƇ ĤƆ
« Il n’appartient pas à un croyant ou à une croyante, une fois qu’Allah et Son
messager ont décidé d’une chose d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir. Et
quiconque désobéit à Allah et à Son messager, s’est égaré certes, d’un égarement
évident. » (Al-Azhâb, 33 : 36).
Le cœur de Zaynab cependant ne parvenait pas à se réchauffer de Zayd t. En
conséquence, le couple envisagea de divorcer peu de temps après le début de leur
mariage. Zayd t, pour sa part, se plaignait aussi d’elle. Lorsqu’il s’en ouvrit au Pro-
phète de Miséricorde r, celui-ci lui donna le conseil suivant : « Garde pour toi ton
épouse et crains Allah ! »
En fait, le Noble Prophète r, apprit par la Révélation Divine, que Zaynab c
allait finalement l’épouser. Mais hésitant à cause des éventuelles protestations et
autres tempêtes de malice des hypocrites qui verraient d’un mauvais œil le fait que
Muhammad r épouse l’ex-femme de son fils adoptif, il garda cela secret. La coutume
de l’époque accordait aux enfants adoptés le même statut que les enfants nés par
filiation parentale établie. Ils portaient également le nom de leur père et bénéficiaient
de leur part d’héritage.
514 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Zayd et Zaynab finirent donc par divorcer peu de temps après suite à une autre
révélation. Le Tout-Puissant en effet avait décrété que son Messager r épouserait
Zaynab. Cela signifiait que le Noble Prophète r deviendrait le premier à mettre en
œuvre un ordre ayant pour objectif ultime d’abolir la pratique de l’adoption telle
qu’elle était en vigueur durant l’Âge de l’Ignorance :
Les allégations faites aujourd’hui par un certain nombre de négateurs qui pré-
tendent que le Noble Prophète r aurait été attiré par la beauté de Zaynab et que ce
serait la raison de ce mariage sont en réalité des arguments complètement infondés.
En effet puisque Zaynab c était la cousine du Noble Prophète r, la fille de sa tante
pour être précis, ce qui signifie qui l’avait déjà rencontrée à plusieurs reprises. S’il
avait nourri une telle intention le Noble Prophète r aurait pu épouser Zaynab c
bien avant Zayd t un mariage pour lequel elle dernière n’aurait eu aucun scrupule.
Les esprits simples et superficiels si coutumiers à évaluer le mariage du point
de vue de la luxure sont toujours incapables de comprendre la réalité des différents
mariages que le Noble Prophète r a contractés. Les jugements stupides ainsi que les
jugements inférés par ceux dont les cœurs et les esprits font montre d’inclinaison
égoïste ne peuvent être que le reflet de leur univers référentiel sombre et sinistre.
Le Noble Messager r a passé les vingt-quatre premières années de sa vie conjugale,
années période où on porte naturellement le plus de vigueur, avec l’honorable Kha-
dîdja t. Les différents mariages qu’il contracta par la suite furent totalement moti-
vés par certaines considérations , politiques ou sociales, mais toujours d’importance
islamique. Une grande majorité de ces femmes étaient veuves et plus âgées que le
Prophète d’Allah r. Seule parmi elles Aïcha c était la plus jeune et n’avait jamais
mariée auparavant. Même ce mariage devait maintenir à long terme le transfert de la
science islamique authentique, en particulier les questions relatives aux femmes, aux
générations suivantes. Rétrospectivement, force est de constater qu’Aïcha t avait
une intelligence et une prudence qui lui permettaient de saisir parfaitement tous
les détails complexes des questions juridiques liées à la gent féminine. De longues
années après le décès du Prophète d’Allah r, elle continua à éclairer les Croyants y
par ses connaissances sur cet aspect important du Droit islamique, devenant ainsi à
terme un pilier majeur en la matière. Femme parmi les sept fuqaha qui ont excellé
parmi les autres Compagnons y, c’est par l’intermédiaire de ses connaissances que
la Loi islamique est devenue prévalente chez les femmes musulmanes.
Si la luxure avait été la motivation première de ces mariages, comme le prétend
le contradicteur, le Noble Prophète r n’aurait sûrement pas passé ses plus vigou-
reuses années en compagnie d’une femme de quinze ans son aînée et qui avait d’ail-
leurs eu plusieurs enfants d’un précédent mariage.
Seules les personnes empreintes de sagesse et de conscience qui comprennent
la logique incomparable de la foi (iman) sont en mesure d’apprécier la subtile sa-
gesse intentionnelle de ces mariages ainsi que les finalités sublimes vers lesquelles ils
étaient destinés.
516 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Ɔ ƈ ƈ Ɔ ƈ ƈƈ ƈ
ųÒ
Ɔ Ʃ Īƈƪ ÌħŽ ıƇ ĤƆ ĵĠƆ ôŽ ÈğƆ ĤðƆ ħŽ ıƇ äIJ Ɔ ħŽ İ ƈòÓāƆ ÖŽ ÈīŽ ĨÒijąƫ ĕƇ ĺƆ īĻ
Ɔ óƇ ĘƇ ÒijƇčęƆ éŽ ĺƆ IJ Ɔ ĭĨËŽ ĩƇ ĥŽ žĤģĜƇ
ƈ Ɔ ƈ ƈ ƈ ƈ
Ɔ óƇ ĘƇ īƆ čŽ ęƆ éŽ ĺƆ IJ
īƪ ıƇ äIJ Ɔ īƪ İ ƈòÓāƆ ÖŽ ÈīŽ ĨīƆ ąŽ ąƇ ĕŽ ĺƆ ÚÓĭƆ ĨËŽ ĩƇ ĥŽ žĤģĜƇ IJ
Ɔ ĪijƆ đƇ ĭƆ āŽ ĺÓ
Ɔ ĩƈƆ ÖóĻƈ ×ì
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īƪ ƈıƈÖijĻäĵ ĥĐīİƈ ƈóĩíƈÖīÖ ƈóąĻĤIJÓıĭĨ ƈ óıČÓĨźƈÌīıÝĭĺ ƈôīĺïƈ ×ĺźIJ
Ƈ Ƈ Ɔ Ɔ ƪ Ƈ Ƈ Ɔ Ž Ž Ɔ Ž Ɔ Ɔ Ž Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ ƪ ƪ Ƈ Ɔ Ɔ Ɔ ŽƇ Ɔ Ɔ
« Dis aux croyants de baisser leurs regards et de garder leur chasteté. C’est
plus pur pour eux. Allah est, certes, Parfaitement Connaisseur de ce qu’ils font.
Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne
montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu’elles rabattent leur voile sur
leurs poitrines… » (An-Nûr, 24 : 30-31).
L’acte de se couvrir est à même de protéger les caractéristiques physiques des
femmes. À travers son hijab, la femme exhale une aura d’élégance et de grâce. Non
couverte elle devient un objet de convoitise qui suscite les désirs de l’ego et cela ne
fait qu’augmenter le dénigrement de son caractère et de sa dignité jusqu’à porter
atteinte à l’honneur que procure la maternité.
Une chose à souligner ici est qu’il existe une différence naturelle entre l’âme
masculine et l’âme féminine. Cette différence, qui est consécutive à la création, aux
rôles distincts déterminés par le Tout-Puissant qui ont donné lieu à une différence
de nature.
La manière spécifique de se couvrir varie donc entre les hommes et les femmes.
Comparée à l’homme, la femme est dotée d’un plus grand charme et d’un plus grand
effet d’attraction.
La Cinquième Année de L’hégire 517
La femme qui ne porte pas de hijab ruine en quelque sorte sa grâce et son élé-
gance. Son attribut particulier qui la porte vers la maternité subit également un coup
destructeur aux proportions similaires. En vertu de ce que nous venons de mention-
ner plus haut, et notamment ce qui a trait à la question du hijab, les charmes de la
femme sont donc exclusivement réservés à son mari. Il existe entre les hommes et les
femmes une tendance naturelle s’avérant nécessaire pour perpétuer la succession des
prochaines générations.
Dans le cas contraire, c’est-à-dire en n’obéissant pas à l’injonction divine rela-
tive au port obligatoire du hijab, la conséquence serait la transgression des limites
divines et l’incitation à la corruption morale à l’échelle désastreuse.
En fait un des commandements essentiels d’Allah le Tout-Puissant est :
« Et n’approchez point la fornication (…) », (al-Isrâ, 17 : 32)
Cela peut aussi très bien se lire : « N’ouvrez pas les portes de la fornication en
défiant le hijab ! Ne jetez pas inconsciemment les bases de cette action ! »
Ceci est une décision absolue ! Il est à noter que l’Islam commande aux femmes
qui sont moins attirantes de se couvrir de la même façon. En d’autres termes, on ne
peut affirmer : “Il n’y a certes aucun mal au fait qu’elle ne se couvre pas parce que
de toute façon elle n’est pas attirante”, puisque le hijab vise justement à préserver la
dignité féminine en général.
L’Islam, qui établit des règles conformes à la disposition humaine naturelle,
tient compte des exigences de la masculinité et de la féminité. C’est ainsi que le Noble
Prophète r a toujours de son vivant condamné les hommes qui agissent comme des
femmes et les femmes qui agissent comme des hommes. (Voir Al Boukhari, Libas, 61).
Afin de se protéger de ce péril, les femmes doivent impérativement nouer des
relations avec d’autres femmes qui sont droites et vertueuses ; car quiconque se lie
d’amitié avec n’importe qui va tôt ou tard lui ressembler. C’est en réalité une loi de
la psychologie. Une fois que les femmes sont incitées à partager le même environne-
ment que les hommes, elles perdent leurs sentiments féminins et toutes leurs carac-
téristiques irremplaçables.
Porter la tenue vestimentaire attribuée au sexe opposé est donc un acte réso-
lument interdit. Les hommes qui s’habillent comme des femmes et les femmes qui
s’habillent comme des hommes, avoue le Noble Prophète r seront éloignés de la
Compassion divine. (Voir, Abou Daoud, Libas, 28/4098).
Il est donc impératif que les deux sexes préservent respectivement leur dignité
de genre. Imiter la tendance vestimentaire du sexe opposé provoque également une
déficience dans la personnalité. La déviance en matière d’habillement se répercutera
avec le temps sur la personne elle-même et pèsera sur son comportement, ce qui
entraînera inexhorablement l’effondrement de sa prédisposition naturelle.
518 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
À présent libre, Juwayriya c embrassa l’Islam et, qui plus est, eut l’honneur
d’épouser le Sceau des Prophètes r après un rêve qu’elle avait fait à ce sujet. C’est
précisément la raison pour laquelle elle choisit de rester auprès du Prophète r même
si elle aurait pu recouvrer sa liberté par l’intermédiaire de son père qui lui aurait
payé la rançon. Ayant appris que le Prophète d’Allah r allait épouser Juwayriya les
Compagnons y pensèrent qu’il n’était pas juste que les désormais proches du Noble
Prophète r restent encore captifs. Aussi tous furent libérés.
La Cinquième Année de L’hégire 519
ĵèij ƈ ĨIJ
Ɔ ƇĺĹƄ èŽ IJ
Ɔ źƈƪ ÌijƆ İ
Ƈ ĪƈŽ ÌĴijƆ ıƆ ĤŽ Òīƈ Đ
Ɔ ěƇ ĉĭĺÓ
Ɔ Ɔ Ɔ
« Et il ne prononce rien sous l’effet de la passion ; ce n’est rien d’autre qu’une
révélation inspirée. » (An-Najm, 53 : 3,4).
Les captifs de Banû Mustalîq furent après coup libérés, et, plus important en-
core, ils entrèrent en totalité dans les rangs de l’Islam.
520 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
ƈ ò ƈ ƈ Ʃ ƈ Ĭƈƪ Ì
Īijđ
Ɔ äÒ Ɔ įĻŽ ĤƆ Ìƈ ÓÃĬƈƪ ÌIJ
Ɔ ųÓ
« Certes nous sommes à Allah, et c’est à Lui que nous retournerons. » (Al-
Baqara, 2 : 156).
La mère des Croyants Aïcha c fut réveillée par le son de la voix et sans même
prononcer un seul mot, Safwân t fit accroupir le chameau et fit monter Aïcha c.
Tous deux rattrapèrent le convoi aux alentours de midi. Mais les hypocrites voyant la
situation saisirent l’opportunité pour donner libre cours à leur méchanceté et monter
une affreuse calomnie en disant:
“Jamais pourtant ‘Aïcha ne s’est laissée porter vers un autre homme, ni un
autre homme vers ‘Aïcha”. ‘Abdullah ibn ‘Ubayy alla même plus loin en disant aux
Croyants : “Voici l’épouse de votre Prophète…. Elle a passé la nuit avec un autre
homme !”
La fitna commença à envahir toute l’armée et Abû Bakr t gémit dans une
grande douleur inexprimable :
“Par Allah, même lors de l’Époque de l’Ignorance, nous n’avons jamais connu
une telle diffamation !”
153. Avant chaque bataille, le Noble prophète r tirait au sort entre ses épouses puis emmenait l’une d’elles.
Cette fois-là, ce fut ‘Aïcha c.
522 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Safwan t qui était dans une profonde tristesse dit au Messager d’Allah r à son
propos : « Je ne connais à son propos que du bien!». C’était un compagnon courtois.
Le coeur béni du Noble Prophète r, quant à lui, tomba dans le plus grand cha-
grin. Il r s’isola pour un temps, ne rencontra que peu de gens et mena une enquête.
Il n’y avait aucune preuve, aussi infime soit-elle, pour suggérer qu‘Aïcha c puisse être
coupable. Mais la bouche des hypocrites ne se taisait pas.
Aïcha c, qui fut la dernière à entendre parler de la rumeur, fut prise d’une peur
terrible dès qu’elle entendit cette lourde diffamation. Elle partit avec la permission de
notre prophète r chez son père pour en apprendre plus sur la question. Une fois tous
les détails exposés, elle se mit à se désagréger telle une feuille d’automne qui se fane.
Le Noble Prophète r, voulant alors s’entretenir avec ‘Aïcha c, se rendit chez
Abû Bakr t et dit à sa femme bénie:
« Ô Aïcha ! Quelques propos à ton sujet me sont parvenus ! Si tu es innocente,
Allah t’absoudra ! »
Ayant perçu quelque doute dans l’intonation de sa voix, la délicate et sensible
‘Aïcha c jeta un regard implorant à ses parents, mais ceux-ci préférèrent demeurer
silencieux.
Puis, les yeux pleins de larmes, elle dit au Noble Prophète r ces paroles sincères:
« Par Allah, je sais que tu as entendu ce que les gens disent. Si je te dis que je suis
innocente, tu ne me croiras pas. Mais si je t’avoues que j’ai commis ce dont Allah sait
que je suis innocent, tu me croiras. J’attendrai donc Son aide concernant tout ce qui
a été dit… »
Alors que les rumeurs allaient bon train, une conversation eut lieu entre Abû
Ayyüb al-Ansarî t et sa femme Umm Ayoub c qui demanda à son mari :
« As-tu entendu ce que les gens disent à propos de ‘Aïcha ? »
Il répondit :
« Oui ce ne sont que des mensonges fabriqués. Toi, ferais-tu une telle chose ? »
Umm Ayoub répondit : « Jamais je ne ferais une chose pareille !»
Alors Abû Ayyüb al-Ansarî t dit à sa femme :
« Alors si tu es comme ça saches qu’Aïcha c est meilleure que toi ! »(Ibn Hishâm,
III, 347 ; Waqidi, II, 434).
ƈ Ù×āĐğƈ ĘŸÓƈ
ƈ ÖÒIJÊÓ
Ƈ ä ƈ
ħġƇ Ĥƪ óĻì ijİģÖħġĤÒóüĮij×ùéÜźħġĭĨ
Ž ƄŽƆ ƆƇ ŽƆ Ƈ ƪ Ƭ Ɔ Ƈ Ƈ Ɔ Ž Ɔ Ɔ ŽƇ ž Ƅ Ɔ Ž Ƈ Ž Ž Ɔ īĺ Ɔ ñĤƪ ÒĪƈƪ Ì
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ÔÒñĐįĤħıĭĨ
Ƅ Ɔ Ƅ Ɔ Ɔ ƇƆ ŽƇ Ž Ƈ ƆŽ ƪ ƆƆ Ɔ ƈ Ž īƆ ĨÕƆ ùƆ ÝƆ ĠÒÓ
Ž Ĩħ ž Îƅ ƈóĨÒ
ƪ ıƇ ĭŽ Ĩ Ž ģƈ ž ġƇ Ĥ
« Ceux qui sont venus avec la calomnie sont un groupe d’entre vous. Ne pen-
sez pas que c’est un mal pour vous, mais plutôt, c’est un bien pour vous. À chacun
d’eux ce qu’il s’est acquis comme péché. Celui d’entre eux qui s’est chargé de la
plus grande part aura un énorme châtiment.
Ƈ ĭƆ Ĩƈ ËŽ ĩƇ ĤŽ ÒIJ
ÚÓ Ɔ ƇĭĨƈ ËŽ ĩƇ ĤŽ Òīƪ Č
Ɔ Īij Ɔ Įij ƈ ðŽ Ìƈ źƆ ijĤƆ
Ƈ ĩƇ ÝƇ đŽ ĩø
Ɔ Ž
īĻƈ ƫ ğƄ ĘŽ Ìƈ ÒñƆ İÒij
Ƅ ×Ĩ Ɔ ƇĤÓĜƆ IJÒ Ɔ ħŽ ƈıùƈ ęƇ ĬƆÉÖƈ
Ɔ óƃ ĻŽ ì
Pourquoi, lorsque vous avez entendue cette calomnie, les croyants et les
croyantes n’ont-ils pas, en eux-mêmes, conjecturé favorablement et dit : «C’est
une calomnie évidente?»
įƈƈ ÖħġƇ ĤƆ ÷Ɔ ĻĤƆ ÓĨħ ƈ ijĘƆÉÖƈ ĪijĤijĝÜIJħġÝƈ ĭùƈ ĤƆÉÖƈ įĬijĝĥÜðÌƈ
ġİÒ
Ž ƪ Ƈ ƆŽ Ɔ Ƈ ƇƆ Ɔ ŽƇ Ɔ Ž ƇƆ ŽƪƆƆ Ž
ħĻčƈ Đ ƈ ïĭĐ
ųÒ ƈ ijİIJÓĭƈĻİįĬij×ùéÜIJħĥĐƈ
Ƅ Ɔ Ʃ Ɔ Ɔ Ƈ Ɔ ƃžƆ ƇƆ Ƈ Ɔ Ž Ɔ Ɔ Ƅ Ž
quand vous colportiez la nouvelle avec vos langues et disiez de vos bouches
ce dont vous n’aviez aucun savoir ; et vous le comptiez comme insignifiant alors
qu’auprès d’Allah cela est énorme.
524 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
īĻ ƈƈ
Ɔ ĭĨËŽ Ĩħ Ƈ ÌÒïƃ ÖƆ ƆÈįƈ ĥƈ Ꭰĩƈ ĤÒIJ
ƫ ÝĭƇ ĠĪƈ
ƈ îijđÜĪ ƪ ħƇ ġƇ Ƈčđƈ ĺƆ
Ƈ Ƈ Ɔ ƆÈƇųÒ
« Allah vous exhorte à ne plus jamais revenir à une chose pareille si vous êtes
croyants.
Abû Bakr t avait pour coutume de soutenir un pauvre homme nommé Mis-
tah. Ayant réalisé que lors de l’incident ce dernier figurait parmi les calomniateurs,
il se jura de ne plus jamais l’aider, ni lui ni ses proches. Dès qu’il eut cessé son aide,
Mistah et les siens tombèrent dans une totale indigence, sur laquelle le Tout-Puissant
révéla les versets coraniques suivants :
« Quand les hypocrites viennent à toi, ils disent : «Nous attestons que tu es
certes le Messager d’Allah»; Allah sait que tu es vraiment Son messager; et Allah
atteste que les hypocrites sont assurément des menteurs. Ils prennent leurs ser-
ments pour bouclier et obstruent le chemin d’Allah. Quelles mauvaises choses
que ce qu’ils faisaient ! C’est parce qu’en vérité ils ont cru, puis rejeté la foi. Leurs
cœurs donc, ont été scellés, de sorte qu’ils ne comprennent rien.
ƄØïƆ ĭƪ ùƆ Ĩ
ƫ Õ Ƅ ýƇ ì Ɔ ħŽ ƈıĤƈ ijŽ ĝƆ Ĥƈ ďŽ ĩƆ ùŽ ÜÒij
Ƈ ħŽ ıƇ Ĭƪ ƆÉĠ Ɔ ƇĤijĝƇ ĺĪƈ Ɔ ÌIJ
Ɔ Ɔ ðƆ Ìƈ IJ
Ɔ ħŽ ıƇ ĨÓƇ ùƆ äŽ ÈğƆ ×Ƈ åƈ đŽ ƇÜħŽ ıƇ ÝƆ ĺŽ ÈòÒ
Ɔ Ɔ
Ɔ ġƇ ĘƆ ËŽ ƇĺĵĬƪ ƆÈƇųÒ
Īij Ʃ ħƇ ıƇ ĥƆ ÜÓƆ ĜƆ ħŽ İƇ òŽ ñƆ èÓ ƅ
Ž ĘƆ IJƫ ïƇ đƆ ĤŽ ÒħƇ İ
Ƈ ħŽ ƈıĻŽ ĥƆ Đ
Ɔ ÙéƆ ĻŽ Ā
Ɔ ģƪ Ġ Ƈ ĪijƆ ×Ƈ ùƆ éŽ ĺƆ
« Et quand tu les vois, leurs corps t’émerveillent ; et s’ils parlent, tu écoutes
leur parole. Ils sont comme des bûches appuyées (contre des murs) et ils pensent
que chaque cri est dirigé contre eux. L’ennemi c’est eux. Prends-y garde. Qu’Allah
les extermine ! Comme les voilà détournés (du droit chemin).
ħıƇ ÝƆ ĺŽ ƆÈòƆ IJ ƈ Ʃ Ģij ƈ ƈ ðƆ Ìƈ IJ
Ž Ɔ ħŽ ıƇ øIJ
Ɔ ÊƇ òÒƇ IJŽ ijƪ ĤƆ ųÒ Ƈ øƇ òƆ ħŽ ġƇ ĤƆ óŽ ęĕŽ ÝƆ ùŽ ĺÒ
Ɔ ijŽ ĤƆ ÓđƆ ÜƆ ħŽ ıƇ ĤƆ ģĻ
Ɔ ĜÒ Ɔ
óęƈ ĕŽ ÝƆ ùŽ ÜƆ ħĤƆ ĦŽ ƆÈħıƇ ĤƆ ÚƆ óęƆ ĕŽ ÝƆ øŽ ƆÈħ ƈıĻĥƆ ĐÅÒ ijøĪIJóƈ×ġÝùĨħİIJĪIJïāĺ
Ž Ž Ž Ž Ž Ž Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ Ƈ Ž Ɔ Žƫ Ƈ Ɔ Ɔ ƫ Ƈ Ɔ
īĻ ƈ ƈ ƈ Ʃ óƆ ęƈ ĕŽ ĺī
Ɔ ĝøÓęƆ ĤŽ ÒĦƆ ijŽ ĝƆ ĤŽ ÒĸïıŽ ĺƆ źƆ ųÒ
Ɔ Ʃ Īƈƪ ÌħŽ ıƇ ĤƆ ƇųÒ Ɔ ĤƆ ħŽ ıƇ ĤƆ
« Et quand on leur dit : «Venez que le Messager d’Allah implore le pardon
pour vous», ils détournent leurs têtes, et tu les vois se détourner tandis qu’ils
s’enflent d’orgueil. C’est égal, pour eux, que tu implores le pardon pour eux ou
que tu ne le fasses pas : Allah ne leur pardonnera jamais, car Allah ne guide pas
les gens pervers.
le plus humble». Or c’est à Allah qu’est la puissance ainsi qu’à Son messager et
aux croyants. Mais les hypocrites ne le savent pas. » (Al-Munafiqûn, 63 :1-8).
Après la révélation de ces versets le Noble Prophète r convoqua Zayd ibn Ar-
qam et dit après les lui avoir récités : « Allah vient de confirmer ta déclaration, Zayd !
» (Al Boukhari, Tafsir, 63/1-2 ; Muslim, Sifat’ul-Munafiqin, 1).
Puis il r saisit doucement l’oreille de Zayd et dit: “Jeune homme qui a fait bon
usage de son oreille pour la cause d’Allah. » (Ibn Hishâm, III, 336).
Y
Ironiquement, ‘Abdullah ibn ‘Ubay, le chef de file notoire des hypocrites, avait
un fils nommé ‘Abdullah, un musulman sincère inséparablement attaché au Noble
Messager r. Fortement attristé par les méfaits de son père pendant un certain temps,
les récents développements eurent tôt fait de faire bouillir son sang. Il ressentit alors
le besoin d’approcher le Noble Prophète r.
“Si tu le souhaites, ô Messager d’Allah, dit-il, permets-moi de tuer mon père !”
Comme on pouvait s’y attendre, le Noble Prophète r ne lui permit pas de pour-
suivre ses objectifs, mais lui donna ce conseil :
« Au lieu de cela, sois bon envers lui et traite-le bien aussi longtemps qu’il demeure
parmi nous. »
Malgré cela, ‘Abdullah courut vers son père et, se promenant dans les rangs
musulmans et saisissant son chameau par le licou, hurla : “Vous ne bougerez pas tant
que vous ne direz pas “l’honneur et la puissance sont à Allah et à Son Messager !”
Le chef des hypocrites demeura abasourdi. Il ne pouvait en effet supporter que
son propre fils agisse de la sorte en présence d’une foule de spectateurs.
— Ne me laisserais-tu pas entrer dans Médine devant tous ces gens ?
— Pas avant que je t’enseigne une fois pour toutes que le plus honorable et le
plus pitoyable se trouve en face devant tous ces gens, répondit ‘Abdullah d’un ton
courageux et résolu. Et si tu n’admets pas cela, ajouta-t-il, je te couperai la tête !
L’hypocrite n’avait nulle part où fuir, pétrifié à la pensée que son fils allait mettre
en œuvre les propos qu’il avait énoncés. Il n’avait par conséquent pas d’autre choix
que de renier ce qu’il avait affirmé auparavant, et il murmura, même si c’était bien à
contre-cœur:
“J’admets que l’honneur et la puissance sont à Allah et à Son Messager.
Le Noble Prophète r fit alors cette invocation :
« Qu’Allah te récompense du bien de Son Messager et des Croyants»
Puis il lui dit de faciliter le chemin de son père. (Ibn Hishâm, III, 334-337 ; Ibn Sa’d, II,
65 ; Haythami, IX, 317-318 ; Zamakhshari, VI, 117).
530 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Les Compagnons avaient tant d’amour pour le Noble Prophète r qu’ils ne sup-
portaient pas de le voir offensé. Tout manque de respect envers lui les exaspérait au
point de donner l’impression qu’ils voulaient tuer le coupable fut-il leur propre père.
Salman t dit alors : “ En Perse, ô Messager d’Allah quand nous nous attendions
à un raid ennemi, nous creusions des tranchées autour de notre ville.”
Les paroles de Salmân t qui soutenaient le conseil du Noble Prophète r furent
aimées par les Musulmans (Ibn Hishâm, III, 231; Waqidi, II, 445).
Les compagnons y se souvinrent du désir que nourrissait le Noble Prophète r
lors de la Bataille d’Ouhoud de rester dans la ville et de mener une guerre défensive.
Ils se mirent conséquemment d’accord pour creuser des tranchées autour de Médine.
Médine n’était accessible et sujette à être attaquée que d’un seul côté. Les autres
côtés étaient couverts de maisons reliées les unes aux autres, un peu comme un
château. Les espaces étaient peu nombreux et très densément couverts de dattiers,
rendant tout effort d’intrusion impossible. Le Noble Prophète r prit donc la déci-
sion de creuser la tranchée du côté ouvert. Pour cela, il constitua des groupes de dix
hommes, chaque groupe devait creuser une partie du fossé dans l’exacte mesure qu’il
avait assignée. (Tabari, Târîh, II, 568; Diyarbakri, I, 482).
Le Noble Prophète r travailla personnellement dans le creusement des tran-
chées. De surcroit des pénurie alimentaires sévirent à l’époque, et il fut contraint
d’attacher une pierre autour de son abdomen béni pour réduire sa sensation de faim.
(Al Boukhari, Maghazi, 29).
Mais même dans ces circonstances le Prophète de Miséricorde et Sultan des Pro-
phètes ne cessa jamais d’exprimer sa gratitude envers son Seigneur Allah U.
Bara ibn Azib t raconte : « Le jour d’Ahzab 154j’ai vu le Messager d’Allah porter
de la terre. .
Il r clamait ce poème d’Abdulah ibn Rawaha t:
154 Comme diverses tribus s’unirent leurs forces pour attaquer les Croyants, la Bataille de Khandâq fut
aussi appelée Ahzab (les coalisés))
532 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Les Compagnons y vivaient tous dans un état de stress tel qu’ils ne parvenaient
même pas à se nourrir. Anas t rapporte ainsi la description de leur calvaire :
« On apporta aux Compagnons une poignée d’orge qui, après avoir été cuite
avec du beurre périmé. En dépit de la faim ardente, il était impossible de ne pas
goûter à l’âpreté ainsi qu’au goût fétide du beurre. La nourriture dégageait une odeur
lourde et désagréable. » (Al Boukhari, Maghazi, 29).
Tous les Musulmans y, les jeunes comme les vieux, creusaient des tranchées.
Zayd ibn Thabit t, âgé de quinze ans à l’époque, s’était momentanément endormi
lors de l’exercice de ses fonctions. Pendant ce temps, les Compagnons y qui étaient
près de lui l’avaient laissé endormi au bord des tranchées. Voulant plaisanter, Umar
ibn Hazm t se saisit de ses armes et les dissimula. Plus tard, constatant que ses
armes avaient disparu, Zayd t se mit à paniquer.
Là-dessus, le Noble Prophète r le fit appeler et lui dit :
« Tu t’es endormi, ô dormeur, et tes armes ont disparu ! »
Puis il demanda :
« Qui sait où se trouvent les armes de ce gamin ? »
Umar ibn Hazm t répondit
« Moi je le sais, ô Messager d’Allah elles sont en ma possession. »
Le Noble Prophète r lui demanda alors de restituer à Zayd t ses armes et for-
mula l’injonction d’interdire à tous de cacher tout bien, même à titre de plaisanterie.
(Waqidi, II, 448).
Il r leur insuffla l’espoir des victoires à venir, mais aussi le fait que très bientôt
la vérité allait triompher du faux et que les victoires auparavant inconcevables étaient
désormais des réalités imminentes. (Voir, Ahmad, IV, 303 ; Ibn Sa’d, IV, 83, 84).
Quand le Noble Prophète r eut commencé à décrire le palais blanc de Khosrau
situé dans la forteresse sassanide de Mada’in, Salmân t qui par expérience connais-
sait ce lieu approuva fortement déclara :
« Par Allah qui t’a envoyé avec la Religion de vérité et le vrai Livre, ce palais est
exactement comme tu le décris ! Je témoigne une fois de plus que tu es le Messager
d’Allah ! »
Le Noble Messager d’Allah r dit:
« Eh Salmân ! Allah vous accordera ces victoires après moi. Damas tombera sûre-
ment ! Héraclius s’enfuira et se réfugiera dans le coin le plus éloigné de son royaume !
Vous régnerez sur toute la région de Damas et personne ne pourra se placer sur votre
chemin ! Le Yémen tombeau sûrement! Et Khosrau trouvera la mort après cela ! »
Salmân t déclarera plus tard “J’ai vu tout cela se produire.” (Waqidi, II, 450).
Au moment où ces régions s’effondrèrent les unes après les autres, Abou Hou-
rayra t déclara également :
« Ce n’est pour vous que le début ! Par Allah qui tient ma vie entre Ses mains, le
Tout-Puissant a cédé à Muhammad les clés de tous les lieux que vous avez conquis et
que vous occuperez jusqu’à l’Heure ultime. » (Ibn Hishâm, III, 235).
Le Noble Prophète r avait en effet annoncé aux Croyants un immense récon-
fort spirituel pour les aider à supporter les épreuves à venir.
Cette victoire appartiendrait en définitive aux Croyants et la consternation à
leurs ennemis, ce qui n’avait fait que renforcer leur patience et endurance propre à la
foi qui remplissait leurs cœurs.
Effectivement, une patience et une endurance extraordinaires allaient être plus
que nécessaires ; une lutte acharnée contre la fatigue et la faim d’un côté et un froid
glacial de l’autre, Khandâq s’avérerait de fait une épreuve quasi insupportable.
Mais surtout, une prière-invocation que le Noble Prophète r avait énoncée
dans les tranchées s’avérait tel un rappel émotionnel que toutes les douleurs et souf-
frances subies ici-bas, aussi intenses fussent-elles, ne signifiaient rien en comparai-
son avec la félicité à venir :
« Ô Allah ! Il n’est de vie que celle de l’au-delà! Donne la victoire aux Ansar et aux
Muhajirun ! » (Al Boukhari, Maghazi, 29).
534 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Une fois qu’il eût amassé une poignée de dattes, il se rendit auprès du Noble
Prophète r et lui dit : « De grâce, ô Messager d’Allah, accepte ceci ! »
Le Messager d’Allah r lui demanda la provenance de ces dattes. L’homme ex-
pliqua l’histoire. Le Noble Prophète r lui dit alors :
« Certes tu aimes Allah et Son Messager ! »
« Oui, répondit le Compagnon t, par Allah I qui t’a envoyé porteur de la vé-
rité, tu m’es plus cher que moi-même, mon épouse, mes enfants et tous mes biens ! »
Le Noble Prophète r répondit :
« Alors si c’est le cas, patiente face à la pauvreté, prépare-toi un bouclier contre
les troubles ! Par Allah qui m’a envoyé porteur de la Vérité, ces deux atteignent plus
vite que l’eau qui coule d’une montagne une personne qui m’aime ! (Al-Haythami, X, 313;
Dhahabi, Siyar, III, 54; Ibn Hajar, al-Isabah, III, 298).
155 Cet évènement met en valeur la salât qada et en apporte la preuve, c’est-à-dire qu’on peut accomplir
ultérieurement les prières non effectuées à temps.
La Cinquième Année de L’hégire 539
Le Noble Prophète r lui fit ensuite ériger une tente dans la mosquée afin de ve-
nir lui rendre fréquemment visite et pour qu’il puisse bénéficier de soins plus étroits.
(Al Boukhari, Maghazi, 30).
Une seule poignée d’idolâtres put traverser les larges tranchées. L’un d’entre
eux se nommait Amr ibn Abd, un guerrier réputé dans toute l’Arabie.
L’arrogant défi qu’il avait lancé ne fut relevé que par ‘Alî t qui donna le meil-
leur de lui-même.
Les Croyants étaient quant à eux dans une situation si délicate et difficile qu’ils
désespéraient de drecevoir une aide divine.
Le Coran décrit ainsi leur état :
La Cinquième Année de L’hégire 541
įƇ ƇĤijøƇ òƆ IJ
Ɔ ƇųÒÓ
ƪ ĬƆ ïƆ ĐƆ IJÓ
Ɔ ĨÒ
Ɔ ñƆ İÒij Ɔ õƆ èŽ ƆŶÒ
Ɔ ƇĤÓĜƆ ÔÒ Ɔ ƇĭĨƈ ËŽ ĩƇ ĤŽ ÒĴƆÈòÓ
Ž Īij Ɔ ĩƪ ĤƆ IJƆ
ÓĩĻ ƈ
ƃ ĥùŽ ÜƆ IJÓ
Ɔ Ĭƃ Óĩĺƈ
Ɔ Ìźƈƪ ÌħŽ İƇ îÒƆ ôÓ
Ɔ ĨƆ IJ
Ɔ įƇ ƇĤijøƇ òƆ IJ
Ɔ ƇųÒ
ƪ ĚƆ ïƆ ĀƆ IJƆ
« Et quand les croyants virent les coalisés, ils dirent : «Voilà ce qu’Allah et
Son messager nous avaient promis ; et Allah et Son messager disaient la vérité».
Et cela ne fit que croître leur foi et leur soumission. » (Al-Azhâb, 33 : 22).
542 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Puis, les mains levées au ciel le Noble Prophète r fit cette invocation (doua):
« Ô Allah ! Toi qui a envoyé le Glorieux Coran ! Toi qui se hâte de considérer
l’ennemi ! Disperse ces tribus arabes qui se sont rassemblées avant Médine ! Ô mon
Seigneur! Brise leur unité et ébranle leur résolution (pour qu’ils n’aient aucune possi-
bilité de se maintenir) ! »
Le doua du Noble Messager r à peine terminé le secours divin se manifesta et
un sourire de joie brilla sur son visage. Une tempête rude et brûlante traversa les
rangs ennemis, la tempête fut si déchaînée qu’elle laissa des traces sur son passage et
fit mordre aux idolâtres la poussière de la vallée de Médine, souffla violemment leurs
tentes, retournant les pots de nourriture et estompant leurs feux. Assaillis, leurs cha-
meaux et leurs chevaux se heurtèrent férocement et mutuellement. (Voir, Ibn Sa’d, II, 71).
La Cinquième Année de L’hégire 543
Complètement submergés par la force du vent, les idolâtres n’eurent pas d’autre
choix que de subir la désolation.
Même Abû Sufyan qui était sans doute le plus impatient d’entre eux n’eut pas
d’autre alternative que de dire à ses combattants : “Je rentre à la vue de tout ceci, et
vous devriez faire de même !”
Puis il grimpa sur son chameau et rentra à La Mecque sans jeter un seul coup
d’œil en arrière. (Voir, Ibn Hishâm, III, 251).
Allah I fit donc parvenir Son secours aux Croyants, comme cela est stipulé
dans le Coran :
ĵ
ęƆ ĠƆ IJÒ Ɔ ƇĤÓĭƆ ĺƆ ħŽ ĤƆ ħŽ ƈıčƈ ĻŽ ĕƈƆ ÖÒIJóƇ ęƆ Ġ
Ɔ óƃ ĻŽ ìÒij Ɔ īĺ ƈ Ʃ îòIJ
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Òõĺƃ ƈõĐÓ ƈ ƈƈ
Ɔ ĺƬ ƈijĜƆ ƇųÒ
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« Et Allah a renvoyé, avec leur rage, les infidèles sans qu’ils n’aient obtenu
aucun bien, et Allah a épargné aux croyants le combat. Allah est Fort et Puissant.»
(Al-Azhâb, 33 : 25).
Ayant pris lamentablement la fuite dans un état de confusion totale, les idolâtres
abandonnèrent de nombreux chevaux, chameaux, équipements militaires, denrées
alimentaires et effets personnels, ce qui eut tôt fait de représenter pour les Croyants
une réelle bénédiction tant ils souffraient de la faim.
Après cette formidable victoire, le Noble Prophète r dit à ses Compagnons :
« C’est maintenant à votre tour ! Quraysh n’est plus désormais en mesure de vous
assaillir ! » (Al Boukhari, Maghazi, 29).
À partir de ce jour, les Croyants y ne furent plus sur la défensive, car la fierté et
le pouvoir des idolâtres avaient subi un dommage irréparable. Le cœur des Musul-
mans résonnait maintenant aux paroles prometteuses du Noble Prophète r :
« Désormais ce sera nous qui marcherons sur eux ! »
544 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Encore une fois, conformément aux demandes juives, Sa’d parvint à prendre
une décision en accord avec la Loi de Mûsâ u.156
Le Noble Prophète r confirma sa décision en disant :
« Par Allah Sa’d tu as prononcé à leur encontre le jugement qu’Allah a arrêté par-
dessus les sept cieux ! » (Al Boukhari Maghazi 30 ; Ibn Sa’d, III, 426).
La sincère invocation de Sa’d t fut acceptée et après qu’il eut rendu son juge-
ment concernant les Juifs des Banû Qurayza qui avaient poignardé les Croyants dans
le dos pendant la bataille, sa blessure se rouvrit.
Peu de temps après, l’admirable Compagnon, véritable dévot livré à la cause du
Messager d’Allah r, rendit son dernier soupir de martyr et atteignit la miséricorde
éternelle. (Voir, Ibn Hishâm, III, 271).
Le Noble Prophète r fit ainsi son éloge : « Le Trône d’Ar-Rahmân a frémi à la
mort de Sa’d ibn Mu’adh. » (Al Boukhari, Manaqib’ul-Ansar 12; Muslim, Fadail’us-Sahabah, 125).
Bien que Sa’d t fut un homme corpulent les hommes qui portèrent son corps
lors des funérailles eurent l’impression qu’il était léger.
Le Saint Prophète r expliqua la sagesse de cet évènement en s’exclamant:
« Les anges le portent ! Par Allah dans la Main Duquel ma vie réside, les anges se
réjouissent concernant l’âme de Sa’d ! » (Ibn Hishâm, III, 271 ; At-Tirmidhi, Manaqib, 50/3848).
Après avoir dirigé la prière mortuaire et enterré Sa’d t, le Noble Prophète r
continuait à réciter le tasbihat lorsque les Compagnons le rejoignirent.
Puis le Prophète d’Allah r prononça un takbir. Les compagnons prononcèrent
eux aussi un takbir puis interrogèrent le Messager d’Allah r:
« Pourquoi as-tu prononcé des tasbih puis ensuite un seul takbir? »
Le Noble Prophète r répondit:
— Parce que la tombe s’est rétrécie sur votre compagnon. Il a été étreint puis
relâché. (Ahmad III 360).
Puis il continua:
« S’il n’y avait qu’une seule personne ait pu être immunisée contre l’épreuve de la
tombe ça aurait sûrement été Sa’d, mais la tombe l’a d’abord pressé jusqu’à ce qu’Allah
lui donne de l’ampleur. »(Tabarani, Mujam’ul-Kabir, X, 334).
156 Selon l’Ancien Testament, un tel crime est puni par l’exécution de tous les hommes adultes,
l’appropriation de leurs biens et la capture de toutes les femmes et de tous les enfants. (Voir, Ancien
Testament, Deutéronome, 20 /10-15).
La Cinquième Année de L’hégire 547
À son retour, il raconta avec entrain à ses pairs tout ce qu’il avait vu :
« Gens de Quraysh, j’ai vu Chosroes, l’Empereur de Perse, le César de l’Empire
byzantin et le Négus d’Abyssinie, chacun dans son royaume. Je jure que je n’ai jamais
vu un souverain jouir parmi les siens d’une position telle que celle de Muhammad
parmi ses Compagnons. Ils ne fixent pas leur regard sur lui, ils n’élèvent pas la voix
quand ils lui parlent. Un simple signal à l’un d’entre eux suffit pour que cet homme
fasse ce qu’il attend de lui. J’ai regardé ces gens et j’ai vu qu’ils ne se soucient pas de
ce qui peut leur arriver tant qu’ils parviennent à protéger leur maître. Décidez-vous.
Il vous a fait une proposition et je vous conseille de conclure un accord de paix avec
lui et d’accepter son offre. Je vous conseille en toute sincérité, et je crains assurément
que vous ne parveniez pas à le vaincre.»
À ce propos on peut ajouter que plus tard Thomas Carlyle confessera cette
vérité : « Nul Empereur portant une couronne sur la tête n’a reçu autant de respect que
Muhammad, un homme qui se vêtait d’un manteau qu’il rapiéçait lui-même. ».
Après qu’Urwa eut terminé ce qu’il avait à dire, un autre homme de la tribu
Kinana demanda aussi la permission d’aller rencontrer le Noble Prophète r.
Permission lui fut donnée.
Le Noble Prophète r s’écria en le voyant :
« Voici un homme appartenant à
une tribu qui apprécie les chameaux
voués au sacrifice pour le Hajj et l’omra.
Libérez vos chameaux sacrificiels afin
qu’il puisse voir (de lui-même) ! »
L’homme ne put alors s’empêcher
de dire : « Il ne me semble pas juste de
les empêcher de visiter la Ka’ba ! » (Al
Boukhari Shurut 15; Ahmad, IV, 323-324).
La promesse établie sous un arbre fut connue plus tard comme “la Promesse
de Ridwân” ou “Al-Hudaybiya”. Tous les Compagnons y, sauf un seul hypocrite,
prêtèrent ce jour là un serment que le Tout-Puissant approuva :
ÓİƆ îƇ ƈòÒIJ ƈ
Ɔ źƈƪ ÌħŽ ġĭ
Ƈ ĨĪƈ
ž ÌIJƆ
« Il n’y a personne parmi vous qui ne passera pas par [L’Enfer] : Car [il s’agit
là] pour ton Seigneur d’une sentence irrévocable. » (Maryam, 19 : 71).
À cela le Noble Prophète r répondit :
« Allah, le Tout-Puissant, a également énoncé :
Jabir t raconte :
« Le jour d’Al-Hudaybiya, nous étions épuisés à cause de la soif. Nous déci-
dâmes alors de nous rendre auprès du Messager d’Allah r qui, à l’époque, avait en
sa possession un récipient en cuir. Il venait juste de procéder à l’ablution rituelle
lorsque nous nous approchâmes de lui. Il nous demanda alors :
« Qu’est-ce qui vous tracasse ? »
Nous lui répondîmes :
« Nous n’avons plus d’eau pour boire et pour procéder à l’ablution, excepté le
peu qui nous reste. »
Le Prophète d’Allah r plaça alors ses mains à l’intérieur du récipient et à l’ins-
tant même, l’eau commença à jaillir entre ses doigts. C’était exactement comme une
source d’eau sous pression. Grâce à elle, Nous pûmes tous nous désaltérer et prendre
l’ablution.
On me demanda :
« Combien de personnes étiez-vous ? ».
Et je répondis :
« Si nous avions été cent mille, l’eau aurait suffi, mais à l’époque, nous étions
mille cinq cents » répondis-je. (Al Boukhari, Manaqib, 25).
ƈ
Ž ĘƆ ħƈ ĥŽ ùĥ
ÓıƆ ĤƆ çŽ ĭƆ äÓ ƪ ĤÒŽ ijéƇ ĭƆ äĪƈ
Ɔ ÌIJƆ
« Et s’ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta
confiance en Allah, car c’est Lui l’Audient, l’Omniscient. » (Al-Anfâl, 8 : 61).
554 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Les idolâtres avaient pour objectif premier d’empêcher les Croyants d’accom-
plir l’omra, au moins pour cette année-là. En outre, ils étaient venus pour établir
ce qui, à l’extérieur, semblait être des termes lourds. Après une discussion, parfois
âpre, leurs conditions furent acceptées.
Le Noble Prophète r confia à ‘Alî t le devoir de mettre par écrit les conditions
convenues. Ce dernier devait commencer à rédiger le document par la Basmallah
(Bismillahi Ar Rahman Ar Rahim)mais Suhayl souleva une objection. Alors, au lieu
de cela, il écrivit ħıĥĤÒğĩøÓÖ Bismikallahumma).
Ce ne fut pas la dernière objection de Suhayl car il se plaignit aussi du fait que
le nom du Prophète r soit appelé “Messager d’Allah”. Il argumenta ainsi :
« Si nous t’avions accepté comme le Messager d’Allah, serions-nous en train de
te combattre et de t’empêcher de te rendre à la Ka’ba ?».
Vexés par la lourdeur des termes du traité, les Compagnons y furieux avaient
à présent atteint le point d’ébullition.
‘Alî t tira sa plume et s’écria : « Par Allah, jamais je ne pourrai effacer le terme
“Messager d’Allah” ! »
« À présent, peu importe ce que vous niez, je suis le Messager d’Allah », signala le
Noble Prophète r à Suhayl.
Il demanda ensuite qu’on lui montre l’endroit exact où le terme “Messager
d’Allah” avait été écrit, après quoi il l’effaça lui-même du doigt et demanda que son
nom soit écrit à la place : Muhammad ibn ‘Abdallah.
En raison de nombreuses sagesses sous-jacentes, le Noble Prophète r finit par
accepter les conditions fixées par Quraysh, dont certaines furent les suivantes :
1. Le traité sera valable dix ans.
2. Les Musulmans ne se rendront pas à la Ka’ba pour le moment et la visite sera
reportée à l’année suivante. Les pèlerins qui arriveront à La Mecque l’année suivante
n’y resteront pas plus de trois jours durant lesquels les habitants, qui ne doivent pas
entrer en contact avec les Musulmans, auront évacuer la ville (La Mecque).
3. Tout Mecquois demandeur d’asile à Médine sera être renvoyé, même s’il est
Musulman mais tout Médinois demandant asile à La Mecque ne sera pas renvoyé.
4. Tout autre tribu arabe sera libre de se ranger du côté des Musulmans ou de
celui des Qurayshes.
Alors que les termes venaient d’être rédigés Abû Jandal t, le fils de l’émissaire
qurayshite Suhayl ibn Amr, s’approcha du Noble Prophète r en trainant ses pieds
enchaînés. Ouvertement musulman, Abû Jandal t avait subi les tourments vicieux
des mains des idolâtres. Profitant d’une occasion momentanée, il avait pu s’éloigner
des idolâtres et se rendre auprès des Croyants. Mais Suhayl, frappant son fils au
La Sixième Année de L’hégire 555
visage avec un bâton, s’interposa et dit aux Musulmans qu’Abû Jandal t devait
être le premier demandeur d’asile à être renvoyé aux idolâtres, de crainte que ces
derniers ne souhaitassent déjà violer les termes du traité.
Observant que les évènements se déroulaient dans la douleur, le Prophète de
Miséricorde r insista pour qu’Abû Jandal t soit exempté des termes du traité et
qu’il demeure avec les Musulmans. Mais Suhayl au cœur de pierre resta inflexible.
Alors qu’il était remis aux idolâtres, Abû Jandal t implora avec émotion l’aide des
Croyants en demandant : « Vais-je être jeté à nouveau dans le même feu ? ».
Ce fut plus que suffisant pour attiser les émotions des Croyants déjà affligés,
réduisant la plupart d’entre eux en larmes.
C’est alors que le Noble Prophète r conseilla affectueusement Abû Jandal t :
« Sois patient et compte sur la récompense d’Allah le Tout-Puissant ! Sois certain
qu’Allah t’aménagera, ainsi qu’aux Musulmans faibles et impuissants qui sont dans le
même était que toi, une issue ! Nous avons conclu avec ces gens (Quraysh) un traité de
paix, et nous sommes engagés à le respecter au nom d’Allah. Nous ne pouvons donc en
aucun cas rompre cet engagement ! » (Ahmad, IV, 325 ; Ibn Hishâm, III, 367).
Malgré tout, le Prophète de la compassion illimitée r lui laissa une seconde
opportunité en redemandant à Suhayl: « Laisse-le moi ! »
Mais celui-ci resta indifférent alors le Prophète d’Allah r lui fit cette requête:
« Alors au moins, prends-le sous ta protection ».
Suhayl refusa même cela mais deux autres représentants de Quraysh, Huwaytib
et Miqraz, réagissant à l’acharnement de Suhayl promirent au Messager d’Allah r
qu’ils prendraient Abû Jandal t sous leur protection et le protégeraient de tout
châtiment qui, autrement, lui parviendrait. (Waqidi, II, 608 ; Balazuri, I, 220).
Le Noble Prophète r se sentit alors quelque peu soulagé.
Le cœur débordant de foi, Omar t qui ne supportait plus l’attitude obstinée et
vaniteuse des idolâtres, fut incapable de se contenir davantage. En vérité, les autres
Compagnons, à l’exception probablement d’Abû Bakr tn’étaient pas différents de
cette approche des choses. Omar t en vint même jusqu’à s’élever contre l’approche
du Prophète d’Allah r avec l’espoir d’échapper à un traité qui, en apparence, sem-
blait constituer une défaite certaine pour les Croyants. Le Noble Prophète r lui
rappela cependant qu’il agissait uniquement et conformément à l’ordre divin :
« Je suis le Messager d’Allah je ne puis me rebeller contre Lui. Il est mon
Secours ! » (Al Boukhari, Maghazi, 35 ; Muslim, Jihad, 90-97).
Alors que Suhayl retournait à La Mecque avec exultation après la signature
du traité avec son fils à ses côtés, le Noble Messager r dit à ses Compagnons :
« Acquittez-vous de vos sacrifices et rasez-vous la tête (ou coupez-vous les cheveux) ! »
556 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Ceci dit, aucun d’entre eux ne fit le moindre geste pour exécuter l’ordre donné.
En fait, ils étaient affligés et désabusés à cause d’évènements dont ils ne pouvaient
résoudre le mystère. Le Noble Prophète r réitéra sans succès son ordre à trois
reprises sans pour autant que cela ait constitué une rébellion. C’était simplement une
pause momentanée, d’une anticipation optimiste que le traité, dont l’encre n’avait
pas encore séché, eût pu être annulé. C’était une attente stimulée par un désir ardent
pour la Ka’ba. Ce sont ces mêmes Compagnons qui, il y a un jour à peine, avaient
juré de mourir en présence de leur Prophète bien-aimé r, dans le sentier d’Allah,
Gloire à Lui !
L’indifférence manifestée par les Compagnons t avait fortement dérangé le
Noble Prophète r qui, démoralisé, se résigna alors qu’il se trouvait sous la tente de
son honorable épouse Umm Salama c.
Après l’avoir informée de la situation, la prudente Umm Salama c dit au Noble
Prophète r : « Prends-donc l’initiative, ô Messager d’Allah, sacrifie un animal en
premier et rase-toi la tête. Une fois que tu auras fait cela, quel que soit le poids de
leur chagrin, ils te suivront… de grâce, excuse-les ! »
Étant sorti de la tente après cette brève conversation, le Noble Prophète r prit
les devants et agit selon le conseil avisé. C’est alors que les Compagnons y réali-
sèrent qu’il n’y avait aucune possibilité de retour en arrière par rapport au traité et
que chacun était invité à suivre le Noble Prophète r dans ses actions. C’est ainsi
qu’ils offrirent leurs sacrifices et se firent raser la tête.
Umm Salama c qui fut témoin de la situation, déclarera plus tard : « Les
Musulmans se ruèrent sur les chameaux sacrificiels avec un tel enthousiasme que
j’avais craint qu’il y eût une débandade ! » (Al Boukhari, Shurout, 15 ; Ahmad, IV, 326, 331 ;
Waqidi, II, 613).
Une fois que les Croyants eurent fini de sacrifier leurs chameaux et qu’ils eurent
leurs cheveux coupés, Allah I envoya un coup de vent qui souffla tous leurs poils
vers le Haram. Les Compagnons prirent cela comme un signe que leur omra avait
été accepté. (Ibn Sa’d, II, 104 ; Halabi, II, 713).
S’en retournant ensuite à Médine les Compagnons commencèrent à craindre
la colère divine à cause de leur mécontentement initial et de leur indifférence à la
sagesse sous-jacente du traité.
C’est dans ces circonstances que la sourate al-Fath fut révélée :
« En vérité Nous t’avons accordé une victoire éclatante, afin qu’Allah te par-
donne tes péchés, passés et futurs, qu’Il parachève sur toi Son bienfait et te guide
sur une voie droite ; et qu’Allah te donne un puissant secours… » (Al-Fath, 48 : 1-3).
Mujammi ibn Jariya t évoque la crainte que les Compagnons y avaient éprou-
vée lors de la révélation de cette sourate :
« Tous, effrayés, s’étaient dispersés vers leurs chameaux. Ils se demandaient ce qui
se passait exactement. “Le Messager d’Allah vient de recevoir une révélation” dirent
certains.
Nous nous rendîmes auprès du Messager d’Allah r, avec crainte. Quand tout le
monde fut rassemblé le Messager d’Allah r récita la sourate Al Fath. » (Ibn S’ad, II, 105).
Omar t dira similairement :
« Par crainte des conséquences de ce que j’avais dit ce jour-là au Messager
d’Allah r, à titre de bonne fin, j’ai jeûné continuellement, offert beaucoup d’au-
mônes, accompli des prières surérogatoires et affranchi beaucoup d’esclaves. » (Ibn
Sayyidinnas, II, 167).
Pendant ce temps, Abû Basir t, un Mecquois qui avait accepté l’Islam, était
venu à Médine en quête de protection. Lié par les termes du Traité, le Noble
Prophète r n’eut pas d’autre choix que de le livrer aux idolâtres.
Comme les autres, Abû Basir t eut d’abord du mal à trouver un sens à ce
déplacement et exprima ainsi son étonnement au Noble Prophète r :
« Veux-tu que je retourne à l’adoration des idoles ?»
Mais plus calme que jamais, le Noble Prophète r le réconforta calmement :
« Eh Abu Basir ! Nous ne pouvons pas rompre notre alliance ! Mais sois patient.
Allah te montrera ainsi qu’à ceux qui sont dans ton cas une voie de salut.»
Alors Abû Basir t se plia sans dire un mot à la volonté du Prophète r et mettant
le bien-être des Musulmans avant le sien, il se rendit donc aux idolâtres.
Pourtant, il se ressentait à présent comme “un mort qui marche”, car il savait que
les idolâtres ne l’emmenaient pas à La Mecque, mais vers la mort.
Sachant cela, il opposa une résistance farouche lorsque la première opportunité
se présenta. Il t tua Hunays un des deux hommes qui l’emmenaient, et poursuivit le
second.
Abû Basir t prit alors les vêtements, les effets personnels et l’épée de l’idolâtre
mort et retourna auprès du Prophète d’Allah r et lui dit :
« Prends un cinquième de tout ceci, ô Messager d’Allah. »
Le Noble Prophète r lui répondit :
« Si je le fais je n’aurais pas respecté les termes du Traité. Tout ce que tu as
accompli vis-à-vis de cet homme ne regarde que toi. (Waqidi, II, 626-627).
L’idolâtre qui s’était enfui se rendit aussi à Médine pour réclamer Abû Basir t.
Celui-ci dit au Noble Prophète r :
« Tu étais fidèle à ta parole quand tu m’as livré à eux, ô Messager d’Allah, mais
je devais sauver ma vie. »
À présent qu’il commençait à comprendre la sagesse sous-jacente aux conseils
du Noble Prophète r, Abû Basir t quitta Médine et s’installa à Is un lieu situé entre
La Mecque et Damas.
En peu de temps, l’endroit devint une zone neutre qui servit de centre d’asile
pour tout Musulman fugitif.
Très vite, le nombre de Musulmans, y compris Abû Jandal t qui avait éga-
lement réussi à s’évader, atteignit trois cents individus mettant en péril la route
commerciale vitale de La Mecque vers la Syrie et causant de nombreux dommages
au commerce qurayshite.
La Sixième Année de L’hégire 561
Les idolâtres n’eurent alors pas d’autre choix que d’insister auprès du Noble
Prophète r pour qu’il annule les clauses pertinentes du Traité. À présent, ils deman-
dèrent au Noble Prophète d’accueillir les réfugiés musulmans à Médine. Ainsi donc
une clause qui semblait initialement préjudiciable aux Musulmans s’avéra être pour
eux un bénéfice. (Voir, Al Boukhari, Shurut, 15; Ibn Hishâm, III, 372).
Le Noble Prophète r envoya alors une lettre à l’endroit de la communauté
musulmane d’Is, dirigée par Abû Basir.
Ce dernier, à ce moment-là, se trouvait sur son lit de mort. Il rendit son dernier
souffle juste après avoir lu la lettre en question.
Abû Jandal t le fit porter en terre là où il mourut et fit construire une mos-
quée juste à côté de sa tombe, après quoi il conduisit ses coreligionnaires à Médine,
auprès du Prophète d’Allah r. (Voir Vakidi, II, 629).
La paix instaurée lors d’Al-Hudaybiya, traité que le Tout Haut décrit comme
une « victoire claire » (fathan mubinan) marqua un tournant dans l’accélération de
la prédication islamique.(Voir, al-Fath, 1).
Quand le Noble Prophète r eut proclamé Al-Hudaybiya comme étant un
triomphe majeur, un Compagnon t fit ce commentaire :
« On nous a empêchés de tourner autour de la Ka’ba et d’offrir nos sacrifices
à l’intérieur du Haram (ou Sanctuaire sacré). Qui plus est, nous avons livré deux
personnes qui cherchaient notre protection… quelle victoire cela pourrait être ? »
Le Noble Prophète r ayant eu vent de ces propos il décrivit en réponse la nature
de la victoire remportée à Hudaybiya :
« Ce traité est bien sûr la plus grande victoire. Les idolâtres ont accepté vos va-et
-vient sur leurs terres, que vous vous occupiez de vos obligations et que vous vous trou-
viez en sécurité dans vos allées et venues. Ainsi ils verront et apprendront de vous l’Is-
lam qu’ils ont détesté jusqu’à présent. Allah vous rendra victorieux et vous reviendrez
sains et saufs de votre entrée. Et c’est la plus grande victoire de tous ! » (Halabi, II, 715).
Abû Bakr t livra aussi son opinion quant à ce traité :
« l’Islam n’a jamais connu une victoire plus grande que celle d’Al- Hudaybiya.
Mais étant myopes et étroits d’esprit, beaucoup s’y sont opposés. Les gens se pressent
dans les affaires qui concernent Allah et Son Messager r. Mais contrairement à eux,
Allah n’est pas pressé et n’exécute rien avant que le bon moment ne soit arrivé. »
(Waqidi, II, 610 ; Halabi, II, 721).
ƈ Ƈ Ɔ ēŽ ĥžƈ ÖƆ Ģij
Ƈ øƇ óĤÒÓıƆ ĺƫ ƆÈÓĺƆ
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öÓ ƈ ĭĤÒīĨ ƈ ƈ Ʃ IJįÝĤƆ Óø ƈòÛƆ ĕŽ ĥƪ ÖÓĩĘƆ ģŽ đęŽ ÜƆ
ƪ Ɔ ğƆ ĩƇ āđŽ ĺƆ ƇųÒ Ɔ ƇƆ Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ
« Ô Messager, transmets ce qui t’a été descendu de la part de ton Seigneur.
Si tu ne le faisais pas, alors tu n’aurais pas communiqué Son message. Et Allah
te protégera des gens. Certes, Allah ne guide pas les gens mécréants. » (Al-Mâ’ida,
5 : 67).
C’est ainsi que le Noble Prophète r fit graver sur une bague en argent qu’il
possédait l’inscription “Allah Rasul Muhammad” sur trois lignes verticales. Il utilisa
ensuite cet anneau comme sceau officiel. (Voir, Al Boukhari, Ilm, 7; Muslim, Libâs, 57, 58; Ibn
Sa’d, I, 258).
La mention “Muhammad Rasulullah” était gravée sur la bague, bien que par
respect le Nom d’Allah ait été inscrit ci-dessus à la première ligne, suivi au milieu
par Rasul et ensuite sur la ligne inférieure Muhammad.
Ce qui se déroula par la suite est narré par Abû Sufyan lui-même : La première
question que l’Empereur posa alors fut :
— Quelle est sa lignée ?
— Sa lignée est hautement respectée parmi nous, répondis-je.
— Quelqu’un parmi vous, vous a-t-il déjà prétendu la même chose ?
— Non !
— Y a-t-il eu un roi parmi ses ancêtres ?
— Non !
— Sont-ce les notables ou les gens issus des classes inférieures qui le suivent ?
— Les gens issus des classes inférieures !
— Le nombre de ses partisans augmente ou diminue ?
— Leur nombre s’accroît !
— Y a-t-il des gens qui, après avoir accepté sa religion, reviennent par aversion ?
— Non !
— L’accuseriez-vous de mentir avant d’affirmer ce qu’il dit ?
— Non !
— Y a-t-il eu un moment où il n’a pas tenu sa promesse ?
— Non, répondis-je, chaque promesse faite est tenue. Mais pour l’instant nous
avons conclu un accord de paix avec lui. Nous ne savons pas comment il agira pen-
dant cette période. Et ceci est la seule chose que je puis inclure dans mes diverses
réponses pour le discréditer potentiellement.
— Avez-vous combattu contre lui ? demanda Héraclius.
— Oui !
— Quel fut l’aboutissement de ces batailles ?
— Parfois il nous battit, parfois c’est nous qui le vainquions.
— Que vous commande-t-il ?
— Il nous commande d’adorer un seul Dieu, de ne rien Lui associer et
d’abandonner les idoles que nos ancêtres avaient coutume d’adorer. Il nous enjoint
d’accomplir la prière, d’être équitable, honnête, intègre et de nous occuper de nos
parents.
Puis Héraclius parla à l’interprète qui traduisit ses paroles :
566 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« Dis-lui : «Je t’ai interrogé sur sa lignée et tu m’as répondu qu’elle était parmi
la plus noble d’entre vous. Tels sont les prophètes. Ils sont envoyés parmi les plus
nobles de leur peuple.
Je t’ai interrogé pour savoir si antérieurement quelqu’un d’autre avait fait une
telle déclaration (ou avait prétendu la même chose), et tu m’as répondu que non. Si
c’était le cas, j’aurais peut-être affirmé qu’il l’imitait.
J’ai demandé ensuite s’il y avait eu un roi parmi ses pères et tu m’as répondu
qu’il n’y en avait jamais eu. S’il y avait eu un roi, j’aurais dit qu’il essayait de récupé-
rer la domination de son aïeul.
J’ai demandé si tu l’avais déjà vu mentir avant qu’il n’exprime cette affirmation
et tu m’as répondu que non. Je sais moi-même qu’une personne qui ne ment pas aux
humains ne peut jamais mentir au sujet de Dieu !
J’ai demandé si ses partisans étaient principalement des notables ou bien des
gens issus des classes inférieures. Tu m’as répondu qu’ils appartenaient aux classes
inférieures. Après tout, ce sont eux qui suivent les prophètes dès le début.
Le nombre de ses partisans est-il en hausse ou en baisse, ai-je demandé, et tu
m’as répondu que ce nombre augmente. C’est une caractéristique des religions véri-
diques que le nombre de leurs adeptes augmente continuellement.
J’ai demandé s’il des gens qui se détournaient de sa religion (par aversion) après
l’avoir acceptée et tu m’as répondu que non. C’est ce qui se produit lorsque la foi
pénètre dans le cœur et s’enracine.
J’ai demandé s’il lui était arrivé de manquer à sa parole ; tu as répondu non. Tels
sont les prophètes. Ils ne reviennent jamais sur leurs paroles.
J’ai demandé si tu l’as déjà combattu. Tu as dit que tu l’avais fait et que par-
fois tu perdais et parfois tu gagnais. En tout cas, les prophètes sont comme ça. Ils
subissent des épreuves, mais la victoire leur appartient au final.
Je t’ai interrogé ce qu’il vous a commandé. Tu n’as rien dit d’autre que d’adorer
Dieu sans Lui attribuer d’associés, d’abandonner le culte des idoles, d’accomplir la
prière et de faire montre d’honnêteté et d’intégrité.
Si ce que tu affirmes est vrai, alors cet homme régnera très bientôt sur ces terres
sur lesquelles je me tiens présentement. D’ailleurs, j’étais au courant de la venue de
ce prophète, mais je n’aurais jamais imaginé qu’il serait suscité parmi vous. Si je
pouvais me rendre auprès de lui, je subirais des ennuis de toutes sortes simplement
pour le voir. Si j’étais à ses côtés, je lui laverais certainement les pieds.» »
Héraclius demanda ensuite qu’on lui remette la lettre du Prophète d’Allah r,
remise par Dihya au gouverneur de Basra qui la fit ensuite parvenir à l’Empereur.
Voici qui était écrit :
Septième Année de L’hégire 567
Réalisant que ses hommes d’État résistaient à l’appel de l’Islam, Héraclius les
rappela calmement et revint sur ce qu’il avait dit auparavant :
« J’ai seulement mis seulement votre résistance à l’épreuve et votre loyauté
envers le christianisme… et j’apprécie ce que je viens de voir ! » Rassurés, les
hommes d’État s’inclinèrent alors devant lui avec reconnaissance. (Al Boukhari, Bad’ul-
Wahy 1, 5-6, Iman, 37, Shahadat, 28, Jihad, 102; Muslim, Jihad, 74; Ahmad, I, 262).
Nous pensons ici à un autre récit de ‘Abdallah ibn Huzayfa t qui illustre bien
son immense courage et sa vertu :
« Durant le califat de Omar t, ‘Abdallah ibn Huzayfa t appartenait à un
bataillon musulman qui fut envoyé en Syrie, plus précisément dans la région de
Kaysariyya, afin de combattre les Byzantins où il fut fait prisonnier. Les autorités
byzantines, le considérant comme un prisonnier estimé, l’emmenèrent devant
l’Empereur, disant qu’il était …“un compagnon du Prophète”.
L’Empereur fit Enfermer ‘Abdallah dans une maison où il fut privé d’eau et
de nourriture. Par la suite, il envoya au Compagnon du vin et de la viande de porc.
On observa ‘Abdallah pendant trois jours, mais ce dernier ne toucha ni au vin et à
la viande de porc. “C’est vraiment maintenant qu’il commence à lutter, dirent les
hommes à l’Empereur, si vous ne le sortez pas (de là), il mourra certainement !”
On amena ‘Abdallah devant l’Empereur qui lui demanda :
— Qu’est ce qui t’empêche de manger et de boire ce que je t’ai fait parvenir ?
— Bien que la nécessité me permette de manger et de boire ce que tu m’as fait
parvenir, répondit le Compagnon, je ne veux pas faire de moi ou de l’Islam une risée
pour vous !
Ému par sa dignité, l’Empereur offrit à ‘Abdallah la main de sa fille et, qui plus
est, la fonction de gouverneur à la condition qu’il devienne chrétien.
— Même si vous deviez me donner tout votre royaume ainsi que les pays
arabes en échange de m’être détourné de la religion de Muhammad, ne serait-ce que
le temps d’un clin d’œil, je ne le ferais pas toujours pas ! dit ‘Abdallah.
— Alors je te ferai taire ! menaça l’Empereur.
— C’est à vous de décider ! répondit ‘Abdallah.
Le digne Compagnon fut ensuite suspendu à une croix. Les archers lui tirèrent
dessus mais le manquèrent délibérément – conformément à l’ordre qui leur avait été
donné – afin de lui faire un peu peur. Lors, il reçut, une fois de plus, l’ultimatum de
renoncer à l’Islam, mais ce noble Compagnon garda la tête haute.
— Ou tu deviens chrétien, cria l’Empereur de loin, ou je te fais jeter dans un
chaudron bouillant !
‘Abdallah ayant refusé, on apporta un chaudron en cuivre rempli d’huile d’olive
et d’eau que l’on fit bouillir. L’Empereur fit amener un autre prisonnier musulman
auquel il donna le même ultimatum qu’à ‘Abdallah. Quand lui aussi eut refusé,
il fut brutalement jeté dans le chaudron sous les yeux de ‘Abdallah. Son corps se
désintégra instantanément dans l’eau brûlante alors qu’il mourait de la plus noble
des morts.
570 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
L’Empereur répéta son ultimatum à ‘Abdallah. Rejeté une fois de plus, l’Empe-
reur ordonna alors qu’il soit jeté dans le chaudron. Juste avant d’y être jeté, ‘Abdallah
se mit à verser des larmes. Pensant qu’il avait changé d’avis, l’Empereur se fit amener
le Compagnon. Là, il répéta son ultimatum qui fut rejeté avec forte conviction.
— Alors pourquoi pleurais-tu alors ? cria l’empereur.
— Je pleurais, dit ‘Abdallah, parce que je me disais : «Tu vas être jeté dans
ce chaudron et ton âme s’en ira.» Que n’aurais-je donné pour avoir autant d’âmes
que j’ai de poils sur le corps pour que toutes soient jetées dans ce chaudron pour la
Cause d’Allah ?
La formidable attitude d’Abdallah pour la valeur et l’honneur de la foi affecta
beaucoup l’Empereur qui, voulant le libérer, lui dit:
— Baises mon front et tu seras libre !
Abdallah lui demanda :
— Et avec moi tous les prisonniers musulmans ?
— Oui ! dit alors l’Empereur.
‘Abdallah dira plus tard : « Je me suis alors demandé quel mal il y avait à baiser
le front d’un des ennemis d’Allah, en échange de mon salut et de celui des autres
prisonniers musulmans ! »
Ce jour-là, quatre-vingts prisonniers musulmans furent libérés. Ces derniers
racontèrent leur calvaire au Calife Omar t lors de leur retour à Médine.
« Baiser le front d’Abdallah est un devoir pour tous les Musulmans et je serai la
première personne à remplir ce devoir », s’exclama Omar t. Puis il se leva et baisa
le front de ‘Abdallah t. (Ibn Athir, Usd’ulGhabah, III, 212-213 ; Dhahabi, Siyar, II, 14-15).
Ce compagnon béni eut aussi l’honneur de remettre à Chosroès de Perse la lettre
d’invitation à l’Islam du Messager d’Allah r. Il fit preuve d’une grande foi devant le
souverain en l’invitant à l’Islam alors qu’il était pourtant entouré d’hommes de main
qui n’attendaient de leur Empereur qu’un simple geste pour l’exécuter.
Le Messager d’Allah r apprenant que Choroès avait déchiré la lettre et adopté
une attitude négative face à l’invitation à l’Islam fit cette invocation : « Ô mon
Seigneur ! Toi aussi détruit en morceau son royaume ! » (Al Boukhari, Ilim, 7 ; Ibn Athir,
Usd’ul-Ghabah, III, 212).
Harith, le chef des Arabes Ghassanides de Syrie agit avec arrogance à l’égard de
la lettre du Noble Prophète r remise par Shuja ibn Wahb. Il demanda même une
autorisation officielle de l’empereur de Byzance pour marcher sur les Musulmans.
Mais sa demande fut rejetée. (Ibn Sa’d, I, 261).
Hawza, le chef de Yamamah, rejeta lui aussi l’invitation remise par Salit ibn
Umayr. Il mourut peu de temps après dans les affres de son ignorance. (Ibn Sa’d, I, 262).
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ž Ɔ ž Ɔ Ž Ɔ Ƈ ƇƆƆ Ɔ Ɔ ƆŽƆ Ɔ Ž
« Ô Allah, Seigneur des sept cieux et de ce qui est en dessous, des sept terres et de
ce qui est à l’intérieur, des démons et de ceux qu’ils égarent, des vents et de ce qu’ils
projettent ! nous Te demandons le bien de cette cité, de ses habitants et de ce qu’elle
contient ! Et nous nous réfugions en Toi contre les maux de cette cité, de ses habitants
et de ce qu’elle renferme163 ! » (Ibn Hishâm, III, 379 ; Waqidi, II, 642).
En chemin, les Compagnons commencèrent tous ensemble à dire à voix haute
le takbir “Allahu Akbar, Allahu Akbar ; La ilaha ill-Allahu wa Allahu Akbar !”.
Le Noble Prophète r leur dit alors : « Ayez pitié de vous-mêmes ; car vous ne
vous adressez pas à un sourd et votre Collocuteur n’est pas absent non plus ! Vous
vous adressez à Celui qui vous voit et vous entend, et qui est avec vous où que vous
soyez. Celui que vous invoquez est plus proche de vous que le cou de sa monture ! » (Al
Boukhari, Daawat, 50, 67 ; Muslim, Dhikr, 44).
Participant activement à la
bataille dès qu’il avait embrassé
l’Islam, Aslam t tomba martyr
peu de temps après.
Son cadavre fut alors amené
au Messager d’Allah r qui, avec
un groupe des compagnons y qui
l’entouraient, fixa le défunt pen-
dant un certain temps et finit par
tourner son visage dans une autre
direction. Quand on lui demanda
pourquoi, il répondit : « Il est à pré-
sent en compagnie de ses épouses :
deux houris aux beaux yeux ! » (Ibn
Hishâm, III, 398 ; Ibn Hajar, al-Isaba, I,
38-39).
164. Sayyid Sayfullah g a dit à propos de cet évènement: "Ne faites pas l'éloge des méchants et des ignorants
pour une bouchée de pain parce que c'est en fait de l'ignorance. Battez votre ego aussi fort que la forteresse
de Khaybar pour être un héros comme le fut Ali."
584 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« C’est de faire deux unités de prière juste après la prière obligatoire ! » (Abou
Daoud, Jihad, 168/2785).
Les finances des Muhajirun s’améliora grandement après qu’ils aient reçu leur
part du butin de Khaybar en marchandises et en dattes. Le Messager d’Allah r rendit
alors aux Ansars les palmeraies et les palmiers qu’ils leur avaient prêtés pour qu’ils
en tirent profit. (Ibn Qayyim, III, 359).
Trois ans plus tard, avant de rendre son dernier soupir, le Noble Prophète r dit
que sa maladie était dûe à ce poison.
Septième Année de L’hégire 589
Pendant le mariage dit mut’a, qui est une pratique qui trouve ses racines durant
l’ère de l’ignorance, la femme est engagée pour une période temporaire en échange
d’une rémunération. Un mariage mut’a prend fin une fois que le terme désigné
expire. Le droit de succession, l’allocation et le délai d’attente après le divorce, com-
muns aux mariages normaux, n’existent pas dans un mariage mut’a.
Les hadiths sont nombreux à cet égard et l’un d’eux stipule :
« Allah, le Glorieux, l’a interdit jusqu’au Jour de la Résurrection. Quiconque
épouse une femme sous le régime du muta doit la libérer et ne rien reprendre de ce
qui lui a été donné en guise de paiement. » (Muslim, Nikah, 21 ; Ibn Maja, Nikah, 44 ; Darimi,
Nikah; Ahmad, III, 406).
Ainsi, une femme mariée sous le régime mut’a n’est pas considérée comme
épouse et, selon le consensus des savants musulmans, cela équivaut à la fornication.
Ibn ‘Abbâs t donne l’explication suivante :
« Avant l’Islam, on pratiquait le mariage mut’a. Celui qui arrivait dans une
contrée étrangère pouvait épouser dans la localité une femme autochtone sous le
régime mut’a pendant le temps présumé de son séjour. La femme gardait ainsi un
œil sur ses affaires et s’occupait de ses diverses tâches. Cela continua jusqu’à cette
révélation coranique : “… et qui préservent leurs sexes [de tout rapport], si ce
n’est qu’avec leurs épouses ou les esclaves qu’ils possèdent, car là vraiment, on ne
590 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
peut les blâmer…” (Al-Mu’minun, 23 : 5-6). Toutes les autres relations, à l’exception
des deux mentionnées dans ce verset sont interdites.” (At Tirmidhi Nikah, 29/1122).
Les conséquences sociales dévastatrices du mariage mut’a sont notamment :
a) Les dommages causés aux enfants nés de tels mariages temporaires, qui,
tout comme les enfants nés d’actes hors mariage, sont amenés à grandir sans père,
et donc sans soins et éducation adéquats.
b) Comme les frontières généalogiques deviennent floues et les enfants incon-
nus, il est probable qu’une femme puisse éventuellement entrer dans une relation
avec son propre fils, né d’un homme avec lequel elle avait contracté un mariage
mut’a. Il en va de même pour l’homme ; il pourrait finir par être avec sa fille, sa
petite-fille ou bien sa nièce ; ou, plus simple encore, avec quelqu’un qui lui est for-
mellement interdit. C’est sans aucun doute l’un des plus grands dangers du mariage
mut’a, comme en témoignent de nombreuses tragédies similaires à travers l’histoire.
c) Dans la plupart des cas, il est impossible de répartir l’héritage d’une per-
sonne qui a contracté le mariage mut’a, tout simplement parce que le nombre et
l’identité des héritiers de ces personnes restent inconnus.
Les dangers inhérents au mariage mut’a sont en effet très graves. Ce n’est rien
d’autre que de gaspiller sa progéniture. Une femme, d’autre part, contrainte de
contracter un mariage mut’a s’engage dans une chute spirituelle car le sentiment
d’être louée est quelque chose d’extrêmement démoralisant. Le mariage mut’a est
donc un coup majeur porté au cœur de la vertu de la femme. Qui supporterait de
voir sa fille ou sa mère contracter un mariage mut’a malgré tout le dégoût qu’elle
éprouve ? cela suffirait à lui seul à exposer la dépravation de ce type de mariage166.
Le retour de Khaybar
Après la chute de Khaybar, le Noble Prophète r envoya un émissaire dans la
région de Fadak, à deux jours de distance de Médine, et la fit incorporer au domi-
nion musulman sans effusion de sang.
Enfin, Wadi’il-Qura, une petite colonie juive située sur la route de Médine, fut
également prise après un siège d’une journée. Ils furent, comme les habitants de
Khaybar, contraints de travailler leurs terres en échange de la moitié de leur récolte.
Les Juifs de Tayma, quant à eux, acceptèrent de verser la jizya au Noble
Prophète r en échange de quoi ils furent autorisés à demeurer dans leur village.
Ces deux tribus juives avaient déjà conclu un pacte avec Khaybar pour marcher sur
Médine. (Voir, Ibn Hishâm, III, 391 ; Waqidi, II, 707, 711).
166. Pour une présentation détaillée du mariage mut’a, voir İbrâhim Cânan, Nâmus Fitnesi Mut’a (Le
Mut'a la conspiration contre l'honneur), İstanbul, 1993.
Septième Année de L’hégire 591
Lors de sa nuit de noces, elle fit un rêve dans lequel une lune, se levant de
Médine, se rapprochait pour choir ensuite sur ses genoux. Elle expliqua son rêve à
son mari qui, furieux, s’exclama : “Tu veux devenir la femme de Muhammad, le roi
du Hedjaz, n’est-ce pas ?” avant de gifler Safiyya avec force, lui laissant un œil poché,
un bleu qu’elle avait quand elle rencontra le Noble Prophète r quelques jours après.
Elle expliqua au Prophète d’Allah r son calvaire lorsqu’il lui demanda comment elle
avait eu ce bleu. Il lui donna alors une explication de l’Islam et lui dit :
“Nous te forçons pas si tu décides de suivre ta religion. Mais sache que si tu
acceptes Allah et Son Messager, je te prendrai comme épouse. Mais si tu choisis de
rester juive je te libérerai et tu pourras retourner dans ta tribu.” Safiyya choisit l’Islam
et devint “Mère des Croyants”. (Waqidi, II, 674, 707 ; Ibn Sa’d, VIII, 123 ; Ahmad, III, 138).
Le mariage du Noble Prophète r avec Safiyya, fille de Huyay, engendra une
proximité avec les Juifs de Khaybar et, en réduisant l’hostilité, permit le développe-
ment de relations plus amicales. À cet égard, Safiyya resta proche des Juifs, au point
même de pouvoir porter plainte pour eux, devint pratiquement leur représentant
dans la maison du Prophète r.
Une fois, une des servantes de Safiyya c se rendit auprès d’ Omart durant son
califat et se plaignit que “Safiyya aimait encore beaucoup le samedi et qu’elle gardait
ses contacts avec les Juifs”.
592 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
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« Me voilà, ô Seigneur, me voilà. Me voilà, Tu n’as pas d’associé, me voilà. En véri-
té, la louange et la grâce T’appartiennent ainsi que la royauté. Tu n’as pas d’associé. »
Selon Ibn ‘Abbâs t le Noble Prophète r aété accueilli et salué par de jeunes
enfants du clan Muttalib à son arrivée à La Mecque. Il aurait ensuite placé l’un des
enfants à l’avant de sa selle et pénétré dans la ville. (Al Boukhari, Umrah, 13; Libâs, 99).
Pour montrer aux idolâtres qu’il n’y avait aucune vérité dissimulée derrière
leurs rumeurs affirmant que les Musulmans étaient affaiblis par la fièvre de Médine,
le Noble Prophète r ordonna de marcher d’un pas rapide avec une touche de flam-
boyance. (Al Boukhari, Hajj, 55; Muslim, Hajj, 240; Ahmad, I, 305-306).
Puis il r dit: « Qu’Allah ait pitié de celui qui se montre aujourd’hui fort et puis-
sant face aux idolâtres ! » (Ibn Hishâm, III, 424-425).
Les Musulmans, après avoir parcouru dans ces conditions plus de quatre cents
kilomètres depuis Médine, ressentirent une fois arrivés à la Mecque la tension du
voyage mais se conformèrent aux ordres du Noble Prophète r et effectuèrent l’omra
avec dignité en dégageant une puissance intimidante. Ils coururent même de façon
flamboyante durant les trois premières ashwat ou circumambulations, entre les
deux pôles verts qui existent encore aujourd’hui.
594 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Une expression gracieuse et calme était visible sur le visage des Musulmans
lorsqu’ils rentrèrent finalement à Médine après leur visite de trois jours à la Ka’ba.
La première visite de la Ka’ba avait maintenant eu lieu et le rêve que le Noble
Prophète r avait fait il y un an s’était réalisé avec exactitude ; une réalité à laquelle
Allah, dans Sa gloire, fait allusion dans le Coran, relativement à la récente victoire à
Khaybar et l’annonce de la prochaine victoire à La Mecque :
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Septième Année de L’hégire 595
— Toi, tu es à la fois notre frère et notre ami ! (Al Boukhari, Maghazi, 43, Umrah, 3 ;
Muslim, Jihad, 90).
‘Alî t indique :
« Zayd en entendant les compliments du Messager d’Allah r devint si heureux
qu’il se mit à tourner autour du Prophète, sur un pied. Puis Jafar suivit Zayd, der-
rière lui et de la même manière ; et par allégresse, moi aussi, je me mis à sauter sur
un pied derrière Jafar. » (Ahmad, I, 108 ; Waqidi, II, 739).
597
Seul Harith ibn ‘Umayr t, qui avait mandaté auprès du chef de guerre de
Busra, ne rentra pas. Parvenu à Mu’tah, Harith t fut intercepté par Shurahbil ibn
Amr, un chef Ghassani, qui lui avait demandé où il allait. Harith t lui disant qu’il
était l’ambassadeur du Noble Prophète, le maléfique Shurabbil, violant l’immunité
de l’envoyé du Messager, tua de façon barbare le compagnon t. (Waqidi, II, 755 ; Ibn
Qayyim, III, 381).
retient, sache alors que je les ai affranchis ! Ou si ton jardin représente ce que tu ne
peux délaisser derrière toi, prends note que je les laisse présentement à la disposition
d’Allah et de Son Messager !”
Le Prophète d’Allah r continua à informer les Compagnons sur la bataille :
« Abdallah ibn Rawahah a rassemblé son courage, a combattu l’ennemi l’éten-
dard à la main et est mort martyr. C’est avec crainte qu’il est entré au Paradis.
Demandez aussi pardon et miséricorde à Allah en sa faveur ! »
Un Ansar qui avait pris à cœur la manière dont ‘Abdallah était entré au Paradis
demanda : « Quelle était sa crainte, ô Messager d’Allah ? ».
Le Messager d’Allah r lui fit cette réponse :
« Il a hésité à combattre l’ennemi après avoir été blessé. Il s’est alors condamné
lui-même, a rassemblé son courage et a été martyrisé. Il est entré au Paradis. On me
les a montrés (les martyrs), assis sur des trônes d’or. Celui de ‘Abdallah était subor-
donné à celui de ses camarades et tortueux. Lorsque j’ai demandé la raison de ceci, on
m’a répondu : “ ‘Abdallah avait eu des doutes avant le combat !” »
Le fait qu’Abdallah ait été martyrisé et qu’il soit maintenant un habitant du
Paradis donna à l’Ansar une occasion de se réjouir.
La tristesse du Messager d’Allah r augmentait au fur et à mesure qu’il leur
racontait cela et alors des larmes fines comme des perles commencèrent à couler de
ses yeux bénis. Il dit alors :
« On s’est saisi à présent de l’étendard par l’épée parmi les épées d’Allah et ainsi
Allah accorda la victoire aux mudjahidun. » (Al Boukhari, Maghazi, 44; Ahmad, V, 299 ; III,
113; Ibn Hishâm III, 433-436; Waqidi, II, 762 ; Ibn Sa’d, III, 46, 530 ; Ibn Athir, Usd’ul-Ghabah, III, 237).
La Huitième Année de L’hégire 603
Puis, toujours les larmes aux yeux, le Noble Prophète r leva les mains vers les
portes de la Miséricorde divine et fit ce Doua:
« Ô Allah Khâlid est une épée parmi Tes épées. Accorde-lui Ton secours ! »
(Ahmad, V, 299).
En effet, la bataille de Mu’tah vit une petite unité intimider une gigantesque
force majeure, comme pour actualiser la vérité suivante révélée par le Tout-Puissant :
‘Abdallah ibn Jafar n’oublia jamais à quel point le Noble Prophète r fut affec-
tueux envers eux :
“Je me souviens bien. À l’instar de Qusam, ‘Ubaydullah, fils de ‘Abbâs, et moi,
jouions dans la rue lorsque le Messager d’Allah s’approcha de nous et dit en me
montrant du doigt:
« Portez-le vers moi » .
Puis il dit sur le même ton en montrant Qusam du doigt:
« Et lui aussi ! »
Même si ‘Abbâs, l’oncle du Noble Prophète r avait un attachement plus grand
pour ‘Ubaydullah que pour Qusam, le Messager d’Allah r n’eut aucun scrupule de
prendre Qusam en selle.
Puis il caressa la tête de Qusam à trois reprises, priant à chaque fois :
« Seigneur ! prends soin des enfants de Jafar ! »”171 (Ahmad I 205 ; Hakim, III, 655/6411).
171. Un des narrateurs du hadith ajoute : « J’ai demandé à ‘Abdallah ibn Jafar : “ Qu’est-il arrivé à Qusam
plus tard ?” – ”Il a été martyrisé“, me répondit-il. J’ai alors dit : “Allah et Son Messager savent mieux
que quiconque. “ – “En effet“, répondit-il. » ((Hakim, III, 655/6411).
606 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Les Huza, qui avait prêté allégeance au Noble Prophète r, étaient en train
d’offrir leurs prières rituelles au moment de l’attaque ; certains se trouvaient en posi-
tion de prosternation, d’autres en position d’inclinaison, d’autres encore en qiyam,
lorsqu’un massacre brutal et sans appel était sur le point de pourfendre leurs vies.
Quelques-uns purent atteindre l’Espace sacré (al-Haram), le Sanctuaire inviolable
où ils espéraient rester en vie. Mais, furieux, les Banû Bakr et quelques hommes de
Quraysh poursuivirent leur impitoyable massacre. Le Noble Prophète r fut rapide-
ment mis au courant de cet incident. (Ibn Hishâm, IV, 11; Waqidi, II, 783).
En écoutant Amr ibn Salim t livrer les nouvelles de la déchirante tragédie les
larmes coulaient des yeux du Noble Prophète r. Profondément contrarié, il r dit au
Compagnon t pour le consoler :
« Vous allez recevoir de l’aide, ô Amr ! » (Ibn Hishâm, IV, 12 ; Waqidi, II, 784-785).
En dépit de tous ces évènements, et conscient que les Musulmans étaient encore
liés au Traité conclu avec les idolâtres, le Noble Prophète r envoya un émissaire à
La Mecque à propos du raid sur Huza. Parce qu’ils avaient gravement violé le traité
d’Al Hudaybia les Quraysh reçurent l’injonction de payer le prix du sang des victimes
tombés martyrs ou d’exclure les Banû Bakr de la protection dont ils étaient bénéfi-
ciaires. Le rejet de ces options annihilerait totalement le Traité d’Al-Hudaybiya.
Les idolâtres, aveuglés par la haine et le désir du sang, s’accordèrent sur la der-
nière option : mettre fin au Traité. (Waqidi, II, 787).
Ils n’étaient pas être conscients que cela revenait en fait à inviter les Musulmans
à conquérir La Mecque. Bien que les polythéistes revinrent à la raison peu de temps
après, c’était trop tard et le Traité fut bilatéralement résilié. Dans l’espoir de redresser
la situation, Abû Sufyan, désespéré et plein de remords, prit le chemin de Médine.
La Huitième Année de L’hégire 607
Même son plus proche ami et confident Abû Bakr t ne se rendit pas compte
que l’expédition ciblait La Mecque. Aussi il demanda à ‘Aicha c, sa fille et l’épouse
du Prophète r des informations à ce sujet. Mais elle n’en savait pas plus que lui :
« Je ne sais pas, dit-elle, peut-être a-t-il l’intention d’aller du côté des Banû
Sulaym ou des Thaqif, ou peut-être même des Hawazin ! » (Ibn Hishâm, IV, 14).
Pour s’assurer de la prise pacifique de La Mecque, le Noble Prophète r, par
crainte que les idolâtres ne découvrent les préparatifs et qu’ils s’y préparent, ordonna
de surveiller de près toutes les routes menant à Médine. Il prit aussi des mesures à
l’encontre des espions portant des nouvelles concernant la préparation à La Mecque
et pria ainsi :
« Ô mon Seigneur ! Stoppe les espions de Quraysh, rends-les aveugles et sourds
jusqu’à ce que nous fondions soudainement sur leur terre ! Obture leurs yeux pour
qu’ils m’aperçoivent soudainement devant eux ! » (Ibn Hishâm, IV, 14).
Lorsque l’armée musulmane eut enfin quitté Médine, et avec le but affiché
de confondre une nouvelle fois les idolâtres, le Noble Prophète r la mena dans la
direction opposée de celle où elle fit escale chez ses alliés. Une excursion sur un sen-
tier circulaire ne ferait qu’accroître l’incertitude quant à la destination que le Noble
Prophète r avait prévue. Une fois en place à une distance visible de La Mecque,
le Noble Prophète r ordonna à chaque soldat musulman d’allumer une flamme
dissemblable afin de donner l’impression d’être plus nombreux que ne le pensait
Quraysh. (Hamîdullah, I, 264-265).
De la même manière, l’armée musulmane ne pénétra pas par Dhul-Hulayfa,
le miqat situé sur le chemin de La Mecque d’où le Prophète d’Allah r continua à
garder secret la destination du voyage. (Nebî Bozkurt, DİA, “Mekke” entrée. XXVIII, 557)
Le Noble Prophète r une fois qu’il eut repris le pouvoir ne fit pas d’abus comme
le fait de massacrer des êtres humains ou de conquérir leurs terres par la force. Bien
au contraire, il l’utilisa pour incliner leurs cœurs vers le Tout-Puissant et les diriger
vers la guidance et le vrai bonheur. Après tout, il était le Prophète de la Compassion
envoyé comme une miséricorde et une direction pour les mondes.
Dans ce verset du coran Allah I édifie la notion islamique de guerre et de paix :
Alors que tous les Compagnons y avaient gardé le secret sur la destination de
la campagne, Khâtib ibn Balta, un ancien combattant de Badr, envoya une lettre à La
Mecque, par l’intermédiaire d’une certaine femme, pour les informer de la situation.
L’inspiration divine prévint le Noble Prophète r de ce fait par aussi il r ordon-
na illico à ‘Alî, Zubayr et Miqdâd y de s’emparer de la femme et de la lui amener. Il
leur indiquant le lieu exact où elle se trouvait et elle fut surprise à l’endroit précisé
par le Prophète d’Allah r.
La lettre disait :
“Quraysh ! Le Messager d’Allah vient à vous avec une force immense, une
armée aussi terrifiante que l’obscurité de la nuit qui coulera comme le déluge. Par
Allah ! même si le Messager d’Allah r venait à vous de son propre chef, Allah le
rendrait victorieux et accomplirait Sa promesse. Prenez soin de vous dès à présent!”
(Ibn Kathir, al-Bidayah, IV, 278).
En fait ce n’était pas contraire aux faits et n’étaient pas une trahison. Mais cela
signifiait quand même qu’un mouvement censé rester caché était révélé à l’ennemi.
En conséquence, le Noble Prophète r convoqua Khâtib et lui demanda :
« Pourquoi as-tu agi de la sorte, Khâtib? »
Khâtib répondit plein de remords :
« Ô Messager d’Allah ! Tous les Muhajirun ont quelqu’un pour s’occuper de
leurs familles et de leurs biens à La Mecque. Moi je n’ai personne. En écrivant cette
lettre, j’ai pensé pouvoir obtenir leur appréciation et ainsi protéger ma femme et
mes enfants. Par Allah, je ne suis pas un espion qui travaille pour eux. Jamais je ne
pourrais accepter le kufr après l’Islam. Par Allah ! ma foi (iman) en Allah et en Son
Messager est sans limites. Je n’ai pas changé de religion… pas question !
Le Noble Prophète r, tel un océan de compassion, lui accorda le pardon et dit :
« Khâtib s’est défendu avec raison !».
Puis il rappela ensuite à Omar t qui voulait exécuter Khâtib pour trahison,
l’amnistie générale accordée par le Tout-Puissant aux participants de la bataille de
Badr, déclarant au sujet de Khâtib t :
« Mais il était présent lors de la bataille de Badr. Qu’en sais-tu ? Il se peut
qu’Allah le Tout-Puissant, conscient de leur situation a déclaré : “Faites ce que vous
voulez, Je vous ai pardonné !” » (Al Boukhari, Maghazi, 9 ; Muslim, Fadail’us-Sahabah, 161).
Cela dit le Messager d’Allah r fit savoir à tous les Compagnons, et notamment
à Khâtib t, que s’associer avec les ennemis d’Allah était un mal.
C’est ce que le verset coranique suivant qui avait été révélé entre-temps stipule :
610 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
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« Ô vous qui avez cru ! Ne prenez pas pour alliés Mon ennemi et le vôtre,
leur offrant l’amitié, alors qu’ils ont nié ce qui vous est parvenu de la vérité.
Ils expulsent le Messager et vous-mêmes parce que vous croyez en Allah, votre
Seigneur. Si vous êtes sortis pour lutter dans Mon chemin et pour rechercher
Mon agrément, leur témoignerez-vous secrètement de l’amitié, alors que Je
connais parfaitement ce que vous cachez et ce que vous divulguez ? Et quiconque
d’entre vous le fait s’égare de la droiture du sentier.
Sur le chemin d’Allah, il rompit son jeûne et ordonna aux Croyants de faire de
même. (Al Boukhari, Maghazi, 47).
Près de Juhfah, l’armée rencontra ‘Abbâs t, qui avait caché à Quraysh son
acceptation de l’Islam.
‘Abbâs t était resté à La Mecque et avait fourni au Noble Prophète r à Médine
des mises à jour continues sur la situation à La Mecque.
Une autre raison pour laquelle il resta à La Mecque était la corvée d’eau en
faveur des pèlerins, une tâche qui lui avait été confiée.
Pensant que le temps était enfin venu, il était parti de La Mecque avec sa famille
pour accomplir son hégire tant attendu. (Ibn Hishâm, IV, 18).
Le Messager d’Allah r, très heureux de le voir lui dit: « Tout comme je suis le
dernier des prophètes tu es le dernier des Muhajirun. » (Ali al-Muttaqi, XI, 699/33387).
Le spectaculaire voyage en route vers la victoire (al fath) éclatante de La
Mecque exposa une fresque constituant un modèle de compassion à suivre pour
l’humanité tout entière et un témoignage de l’oeuvre de la création à travers la vision
du Créateur.
L’armée du Noble Prophète r avançait tel un déluge, des tribus affluant des
quatre coins de l’Arabie et joignaient en masse l’armée musulmane, augmentant la
taille d’une foule rarement vue auparavant.
Le Noble Prophète r, alors qu’il menait la charge de sa splendide armée d’Arj
à Talub, vit une chienne allongée qui allaitait ses chiots.
Il appela aussitôt Juayl ibn Suraqa, lui ordonna de surveiller l’animal et ses
petits et de veiller à ce que personne ne fasse la moindre chose susceptible de les
effrayer. (Waqidi, II, 804).
Quelle scène incroyable !
On ne peut s’empêcher de se demander si l’histoire de l’humanité a déjà été
témoin d’une scène semblable si pleine de compassion ?172
Même au bord d’un évènement historiquement révolutionnaire comme la
Victoire éclatante de La Mecque, le Noble Prophète r s’enquit de ce que beaucoup
considérent comme des détails et s’estima responsable du bien-être d’une chienne
et de ses chiots.
172. Pourtant certains ennemis de l’Islam, lors de catastrophes humanitaires, font référence à la terreur en
parlant d'Islam. Là où la terreur et l’anarchie se fondent sur l’insensibilité, sans le moindre scrupule
moral, l’Islam a dès son émergence pris position contre la terreur et l’anarchie et s’est fixé comme
priorité la défense des droits des êtres vivants ou inanimés. Les vingt-trois ans de la prophétique de
Muhammad furent pratiquement tous une lutte contre la terreur.
612 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Ceux qui occupent des postes à responsabilités devraient tirer profit de cet fait,
qui est une leçon d’accomplissement consciencieux de chaque détail lié de ses tâches
tout en étant prêt à faire face à tout imprévu susceptible de survenir 173.
Les Mecquois, quant à eux, n’avaient aucune idée de ce qui se passait. Ils
devinrent ainsi bouche-bée lorsqu’ils apprirent que le Noble Prophète r avait fait
camper son armée dans la vallée de Marr’uz-Zahran, donc proche de La Mecque,
d’autant plus qu’ils devenaient finalement témoins de la vue spectaculaire offerte par
les feux allumés par chaque unité musulmane, conformément à l’ordre reçu. Il va
sans dire que l’esprit de chacun était embrouillé à ce moment-là !
Emmenant Hakim ibn Hizan et Budayl avec lui, Abû Sufyan quitta La Mecque
pour constater de visu ce qui se passait. Peu de temps après ils se heurtèrent à un
barrage de flammes séparées et allumées par les soldats musulmans. Ils tentèrent
d’abord de deviner qui étaient les soldats campés, n’ayant pas la moindre idée qu’il
put s’agir du Noble Prophète r et de ses Compagnons.
La Mecque étant pratiquement encerclée de tous côtés Abû Sufyan et ses deux
camarades furent arrêtés peu après et amenés au Prophète r. (Al Boukhari, Maghazi, 48).
Tandis qu’Omar t exhortait le Noble Prophète r à exécuter Abû Sufyan,
‘Abbâs, l’oncle du Prophète, insistait pour qu’il soit pardonné.
En fait le Noble Messager r, employant son inégalable génie politique en lien
avec une tactique psychologique, dit à son oncle ‘Abbâs :
“Emmène Abû Sufyan dans un lieu où il pourrait voir défiler l’armée musulmane
et contempler sa splendeur !”.
Cette mesure visait à s’assurer que le chef Quraysh soit dans un état d’esprit qui
le convaincrait que toute préparation contre les Musulmans, après ce moment pré-
cis, serait inutile. Un manque d’intérêt de la part des idolâtres à faire preuve de résis-
tance empêcherait ainsi presque certainement l’effusion de sang. Se conformant aux
173. Mehmet Akif Ersoy g exprime avec élégance le sens légendaire de la responsabilité du Calife Omar t:
Si un loup devait capturer un mouton au bord du Tigre,
C’est Omar qui serait appelé à rendre des comptes par la Justice divine,
Si une vieille femme est délaissée... C'est Omar qu'il faut blâmer !
Quand les orphelins sont emportés par le malheur… Omar est à blâmer !
Pour un nid est négligé jusqu’à s’écrouler,
C’est Omar et personne d’autre, qui devra être laissé sous ses décombres.
Quand, avec la trahison, on verse une goutte de sang,
Qu’une goutte monte pour noyer Omar t dans son déluge,
Omar est entendu en chaque peine de cœur,
Et en chaque deuil, il est chassé.
Quand Omar est le calife, qui d’autre est à blâmer ?
Que peut faire Omar, ô Seigneur, quand l’homme est tyrannique et tortueux.
Peut-on exiger de Omar ce qu’on attendait de Muhammad ?
Omar, Omar, comment as-tu pris cette charge qui repose sur tes épaules ?
La Huitième Année de L’hégire 613
Puis les deux hommes revinrent près du Noble Messager r, qui fixa du regard
Abû Sufyan et lui demanda :
« Le moment n’est-il pas venu pour toi de dire ųÒźÒƈ įÃƆ ĤƆ ÌŴ (La ilaha ill-Allah - Il
n’est de Dieu qu’Allah ?) »
Après un moment de réflexion, Abû Sufyan répéta les paroles du Tawhid
mais sans ajouter la partie qui confirme l’acceptation de la prophétie du Messager
d’Allah. Alors le Messager d’Allah r lui demanda de nouveau :
« Le moment n’est-il pas venu que tu affirmes que je suis le Messager d’Allah ? »174
Abû Sufyan, bien qu’il eût demandé un certain délai pour réfléchir, prononça
intégralement, et sous la pression de ‘Abbâs t, la chahada.
Pour conquérir pleinement son cœur et l’aviver à l’Islam, le Noble Prophète r
déclara que la maison d’Abû Sufyan était un des refuges sûrs pour les habitants de
La Mecque, une fois que l’armée musulmane aura pénétré dans la ville.
« Quiconque entrera dans la Masjid’ul-Haram sera en sécurité. Quiconque reste
chez lui sera en sécurité. Et quiconque cherchera refuge dans la maison d’Abû Sufyan
sera en sécurité ! » (Abou Daoud, Kharaj, 24-25/3021-3022 ; Haythami, VI, 164-166 ; Ibn Hishâm,
IV, 22).
174. Comme le stipule clairement Allah le Très-Haut dans le Coran : « Dis : «Obéissez à Allah et au
Messager. Et si vous tournez le dos... alors Allah n’aime pas les infidèles ! » (Al-‘imrân, 3 : 32), le
seul fait de croire en Allah U et en Son Messager r ne suffit pas.
Ceux qui ont la foi (iman) et n’obéissent qu’à Allah, à l’exclusion de Son Messager, ou vice-versa, sont
considérés selon le verset précité comme des infidèles qu’Allah Lui-même déteste.
L’important est de réguler la foi conformément à la Volonté et au Commandement divins, et non selon
une compréhension inadéquate ou insuffisante.
À cet égard, le Tout-Puissant a accordé ce statut à Son Messager et spécifié la reconnaissance et
l’obéissance à Son Messager comme pilier fondamental de la foi ; combien il est inhabile et même
traître de prétendre, comme beaucoup d’ignorants aujourd’hui, que le Saint Coran est suffisant, et sur
un tel prétexte basé sur une compréhension superficielle, de rejeter la Sunna prophétique du Noble
Prophète r.
614 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Alors qu’Abû Sufyan retournait à La Mecque après avoir été libéré, le Messager
d’Allah r donna son ordre final :
« Ne tirez pas vos épées si vous n’êtes pas attaqués ! » (Ibn Hishâm, IV, 28).
Peu de temps après, le Noble Prophète r ordonna à l’armée musulmane, qu’il
avait scindée en quatre corps, d’avancer. La Mecque fut alors remplie des sons des
takbir (T “Allah’u Akbar”) qui résonnaient des quatre côtés.
Ainsi donc le Noble et Saint Prophète r, lui qui avait été contraint huit ans
auparavant de quitter La Mecque en compagnie de deux personnes et d’un couple
de chameaux, revenait par la grâce d’Allah le Très-Haut sur la terre sacrée en com-
pagnie d’une magnifique armée de dix mille musulmans.
Ainsi cet homme qui fut autrefois injustement persécuté triomphait aujourd’hui
dans son pays d’origine. Mais il ne laissa jamais l’orgueil prendre le dessus et entra
dans La Mecque prosterné à dos de chameau, immergé dans les remerciements
envers le Tout-Puissant qui lui avait accordé cette immense bénédiction.
Sa tête était si abaissée en signe d’humilité que sa barbe touchait la selle de sa
monture et il ne cessait de clamer cette invocation:
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Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ Ɔ
«Et dis: ‘La Vérité est venue et l’Erreur a disparu. Car l’Erreur est destinée à
disparaître.» (Saint Coran sourate Al Isra (17) verset 81).
En voyant les images sur les murs intérieurs de la Kaaba, le Saint Prophète r
n’y entra pas et ordonna qu’elles soient effacées.
Les compagnons y exécutèrent l’ordre immédiatement. Il y avait des dessins
représentant Ibrahim et Ismael L portant des flèches de bonne fortune dans leurs
mains.
En les voyant le Béni Prophète r dit :
« Qu’Allah anéantisse les polythéistes qui les ont déssinées. Par Allah ces prophètes
n’ont jamais cherché fortune avec des flèches.» (Al Boukhari Al Anbiya 8; Al Haj 54 Al Maghazi 48).
Le grand ami d’Allah Mawlana Rumî ç indique le degré de gratitude que nous
devrions avoir pour le Noble Prophète r qui pendant toute sa vie a enduré la plus
impensable des épreuves pour briser les idoles et renverser l’oppression :
« Toi qui jouis aujourd’hui d’être musulman! Sache que l’effort suprême de Notre
Seul et Unique Ahmad était sa détermination à briser les idoles, car, toi aussi, tu
aurais été un idolâtre comme tes ancêtres! »
Le jour où les Croyants s’emparèrent de La Mecque, ils circumambulèrent
autour de la Ka’ba jusqu’au matin ; au milieu des acclamations “Allah’u Akbar”.
En les voyant de loin Abû Sufyan murmura à sa femme Hind :
« Crois-tu que cela provient d’Allah ? »
Hind répondit:
« Oui, cela ne peut être que l’œuvre d’Allah ! »
Le lendemain matin, aux premières lueurs de l’aube, Abû Sufyan rendit visite
au Noble Prophète r qui lui raconta la conversation qu’il eut avec Hind.
Abû Sufyan r s’exclama alors :
“Je témoigne que tu es le Messager d’Allah ! Par Allah, dans la main de Qui
réside ma vie, personne n’a entendu ce que j’ai dit, si ce n’est Allah et Hind !” (Ibn
Kathir, al-Bidayah, IV, 296).
616 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Les Mecquois emmenèrent alors leurs enfants chez le Prophète d’Allah r qui
les caressa et pria pour leur bien-être. (Ahmad, IV 32).
La Fête du Pardon
Les Mecquois s’étaient entassés dans la Mosquée Sacrée en attendant nerveuse-
ment leur verdict. Le Noble Prophète r prononça un bref discours, applicable non
seulement à Quraysh mais également à toute l’humanité :
« Il n’y a pas d’autre dieu qu’Allah. Il n’y a que Lui. Rien ne Lui ressemble et Il n’a
aucun partenaire. Allah a accompli Sa promesse, aidé Son serviteur et dispersé tous
nos ennemis. À l’exception du service de la Ka’ba et de l’approvisionnement en eau
des pèlerins, toutes les coutumes et pratiques d’autrefois, querelles de sang et de biens,
reposent aujourd’hui sous mes pieds.»
«Ô Quraysh ! Allah vous a débarrassés de l’orgueil de l’ignorance, de l’orgueil des
pères et du lignage. Tous les humains sont descendants d’Adam, et Adam a été créé
d’argile. »
La Huitième Année de L’hégire 617
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Ƅ Ƅ Ɔ Ɔ Ž Ž ƆƆ Ɔ ƆƆ Ɔ Ɔ
« Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle et Nous
avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnais-
siez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah est le plus pieux. Allah est certes
Omniscient et Grand- Connaisseur. » (Al-Hujurât 49 13 – Ibn Maja Diyat 5; Ahmad II 11;
At Tirmidhi Tafsir 49/3270).
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« Pas de récrimination contre vous aujourd’hui ! Qu’Allah vous pardonne.
C’est Lui Le plus Miséricordieux des miséricordieux. » (Yûsuf, 12 : 92)
« Allez partez ! vous êtes libres ! »
Et selon une autre version, il aurait dit :
« Aujourd’hui est le jour de la miséricorde. Aujourd’hui est le jour où Allah for-
tifiera et élèvera Quraysh par le biais de l’Islam. »
618 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Par conséquent, même ceux qui avaient le sang des Musulmans sur les mains
avant la Victoire éclatante finirent par accepter l’Islam.
Allah I avait placé Quraysh au bénéfice de la miséricorde de Son Messager et
les avait fait succomber à lui.
À son tour, le Noble Messager r leur avait pardonné et même autorisé leur
libération. Après cela les Mecquois furent aussi connus sous le nom de Tulaqas,
c’est-à-dire ceux qui ont été libérés. (Cf. Ibn Hishâm IV 32 ; Waqidi, II, 835 ; Ibn Sa’d, II, 142-143).
Le plus grand désir du Noble Prophète r était que l’humanité tout entière
accepte l’Islam, exclusivement, et qu’aucune personne n’en soit exclu. À une époque
où il était au sommet de son pouvoir, alors qu’il était en droit de se venger de ceux
qui l’avaient soumis, lui et ses compagnons y aux plus terribles traitements, le
Noble Prophète r proclama une amnistie officielle, une manifestation extraordi-
naire de la vision du créé par le regard miséricordieux du Créateur.
La Mecque, qui avait subi pendant des années l’oppression, la moquerie et
l’inimitié, profitait à présent de la brise douce de la compassion et de la miséricorde,
assurée par la grande rafale de pardon qui s’était abattue sur elle.
Pourtant, un Mecquois nommé Fadala, voulant jeter une ombre sinistre sur
cette agréable journée, s’approcha du Noble Prophète r avec l’intention de le tuer.
Le Noble Prophète r, conscient de ses intentions malveillantes, ne montra aucun
signe de panique ou de colère et déploya ses ailes de miséricorde à l’endroit de
Fadala. Plaçant ses mains gracieuses sur la poitrine de ce dernier il r déclara :
« Fadala, repens-toi du complot que ton esprit a inventé ! »
L’intention malveillante disparut immédiatement de l’esprit de Fadala; son
cœur fondit et fut rempli par la lumière de la foi. À ses yeux, le Messager d’Allah r
était soudain devenu l’être le plus aimé. (Ibn Hishâm, IV, 37 ; Ibn Kathir, as-Sirah, III, 583).
Abû Sufyan qui était assis près de la Ka’ba, méditait et pesait ses options.
L’idée de rassembler des hommes pour s’opposer au Noble Prophète r et
reprendre son combat contre lui lui traversa l’esprit, surtout après avoir vu les
Croyants marcher derrière le Prophète d’Allah r. Il était emporté par l’évaluation
de l’option quand le Noble Prophète r s’approcha de lui et dit en lui frappant le dos :
« Allah te rendra alors méprisable et tu seras déshonoré ! »
Levant la tête, Abû Sufyan vit le Noble Prophète r et dit : “Jusqu’alors je ne
pouvais pas accepter le fait que tu sois un prophète mais je me repens à Allah pour
ces pensées et je Lui demande de me pardonner !” (Ibn Kathir, al-Bidayah, IV, 296).
La Huitième Année de L’hégire 619
Hind c, qui avait plongé ses dents dans le foie sectionné de Hamza t au len-
demain de la bataille d’Ouhoud, devint aussi musulmane le jour de la Victoire écla-
tante et bénéficia donc de sa part lors de l’amnistie générale. Le Noble Prophète r lui
pardonna pour l’honneur de ce que représente la notion de Tawhid. (Waqidi, II, 850).
Iqrima, le fils d’Abû Jahl, un des plus invétérés ennemis de l’Islam, s’était enfui
au Yémen immédiatement après l’arrivée de l’armée musulmane à La Mecque.
Finalement, il fut attrapé et amené en présence du Noble Prophète r, par sa femme,
en tant que Musulman. Le Prophète de la Miséricorde le reçut amicalement :
« Bienvenue, cavalier errant », dit-il avec légèreté, sans lui reprocher les crimes qu’il
avait commis contre les Musulmans. (Hakim, III, 271/5059 ; Waqidi, II, 851-852).
Comme Iqrima, Habbar ibn Aswad était l’un des ennemis les plus en vue de
l’Islam. Avec sa lance il avait avec malice piqué le chameau sur lequel Zaynab c était
montée pour émigrer de la Mecque vers Médine. Il fit ainsi choir la fille du Noble
Prophète r et la laissa au sol meurtrie et en sang après une fausse couche dont elle
fut alors victime. Le plus regrettable est que la blessure grave finit par causer sa
mort un peu plus tard. Habbar était coupable de nombreux crimes vicieux. Il s’était
notamment enfui le jour de la Victoire éclatante de La Mecque, échappant ainsi à
toute tentative de capture. Un peu plus tard, il apparut provisoirement à Médine
en présence du Prophète de Miséricorde r qui était alors assis en compagnie de ses
Compagnons y. Tout ce qu’il entreprit à cet instant de la rencontre fut d’annoncer
qu’il avait embrassé l’Islam.
Le Noble Prophète r non seulement lui pardonna mais il interdit également à
tous les autres d’abuser de lui et de l’injurier. (Waqidi, II, 857,858).
Après tout, le Saint Coran stipule bien :
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Ƅ ƪ Ƅ Ƈ Ɔ ƆƩ ƪ ƆƩ ƪ Ƈ Ɔ Ž Ž Ɔ Ž Ɔ ƪ Ƈ Ž ƆƆ
« Ô Prophète ! Quand les croyantes viennent te prêter serment d’allégeance,
[et en jurent] qu’elles n’associeront rien à Allah, qu’elles ne voleront pas, qu’elles
ne se livreront pas à l’adultère, qu’elles ne tueront pas leurs propres enfants,
qu’elles ne commettront aucune infamie ni avec leurs mains ni avec leurs pieds
et qu’elles ne désobéiront pas en ce qui est convenable, alors reçois leur serment
d’allégeance, et implore d’Allah le pardon pour elles. Allah est certes, Pardonneur
et Très Miséricordieux. » (Al-Mumtahana, 60 : 12).
Les femmes prêtèrent serment en plongeant leurs mains dans un petit récipient
d’eau dans lequel le Noble Prophète r avait plongé ses propres mains. Jamais il n’y
eut de cas où il accepta l’engagement des femmes en leur serrant la main.
Umayma bint Ruqayqa c raconte :
« Je suis parti avec un groupe de femmes Ansari près du Messager d’Allah r et
nous proclamâmes :
“Nous te promettons de ne rien associer à Allah, de ne pas voler ; de ne pas
commettre l’adultère, de ne pas tuer nos enfants, de ne pas forger de mensonges et
de t’obéir dans le cadre de tes injonctions légitimes”.
Il r répondit : “Seulement dans vos domaines et selon de vos capacités…”
En entendant ces paroles prévenantes, nous nous mîmes à penser “Allah et Son
Messager sont plus compatissants envers nous que nous le sommes nous-mêmes…
alors offrons notre engagement !”
Les femmes voulurent lui serrer la main, mais le Messager d’Allah r dit :
“Je ne serre pas la main des femmes. Une parole que j’adresse à cent femmes compte
comme si j’avais parlé à chacune d’elles séparément.” » (Muwatta’, Bayat, 2 ; At Tirmidhi Siyar,
37/1597).
622 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Puis il r dit :
La Huitième Année de L’hégire 623
L’évènement souligne l’importance de rétablir les dépôts à ceux à qui ils sont
dus.
Rendre aux personnes ce qui leur revient garantit la paix et la stabilité pour
l’individu, la famille et la communauté en général. Il n’est pas rare que de grands
empires s’effondrent lorsque les gens se voient refuser ce qu’ils méritent. L’histoire
témoigne de nombreux exemples de cette nature.
Ce hadith montre que le Noble Prophète r reflète l’importance de la question :
« Attendez-vous au Jour Dernier quand les dépôts ne seront pas rendus à leurs
atant droits. » (Al Boukhari Ilim 2; Ahmad II 361).
En bref, la trahison du dépôt au détriment de ses ayant droits est un des signes
majeurs de la Dernière Heure.
Abbâs t qui depuis longtemps fournissait de l’eau aux pèlerins, avait aussi-
demandé au Noble Prophète r de le charger d’al hijabah (charge du gardien de la Ka’ba).
Ce dernier dit à son oncle :
« Je ne puis te confier une tâche dans laquelle tu tirerais profit de ce que les gens
t’enverront comme couverture pour la Ka’ba, mais plutôt une tâche plus pénible où
tu payerais de ta propre poche pour prendre soin du besoin d’eau des pèlerins et ainsi
obtenir des récompenses. »
Puis il conseilla à son oncle de continuer à fournir de l’eau aux pèlerins. Abbâs,
qui avait un vignoble à Ta’if. Avant et après l’avènement de l’Islam, il en tirait des
raisins secs qu’il ajoutait à l’eau de zamzam et les offrait ensuite aux pèlerins. Ses fils
et petits-enfants continuèrent après lui. (Ibn Hishâm IV, 32 ; Ibn Sa’d II, 137 ; Waqidi, II, 838).
Abbâs t insista toutefois pour que l’idhir, une mauvaise herbe ne soit pas
comptée comme plante et broussaille prohibée en disant: “car nous en faisons usage
dans nos tombes et nos maisons”.
Alors le Noble Prophète r rétorqua : « Hormis l’idhir ! »177 (Al Boukhari, Luqata, 7;
Maghazi, 53 ; Ahmad, IV, 31-32; II, 238).
177. Plante à grandes feuilles et au parfum doux, l’idhir est originaire de La Mecque. Elle est utilisée pour
nourrir les animaux et aussi dans les maisons et les tombes. Les plantes dont la coupe est interdite
à proximité du Haram sont appelées “celles qui poussent toutes seules”. Outre la controverse sur la
coupe des plantes semées par l’homme, une grande majorité de savants est d’accord sur la licéité de
cette pratique. Couper le miswak, arracher une feuille ou le fruit d’un arbre, à condition de ne pas nuire
à l’arbre sont aussi permis.(İbrâhim Cânan, Hadîs Ansiklopedisi, XII, 525-526). La coupe d’arbres verts
et de mauvaises herbes à l’intérieur de l’Espace sacré de Médine, en revanche, est autorisée. Comme
Médine est une région qui vit de l’agriculture, on avait demandé au Noble Prophète r l’autorisation de
la pratiquer, ce qui permit à la cité de faire une concession supérieure à celle de La Mecque à propos
de l’utilisation des plantes. La chasse en dehors de Médine reçut une concession similaire. (Cf. Hamdi
Döndüren, Şâmil İslâm Ansiklopedisi, entrée «Harem»).
La Huitième Année de L’hégire 625
« De quoi parlez-vous ? »
Les Ansar exprimèrent alors leurs préoccupations à propos desquelles le Noble
Prophète, montrant une loyauté exemplaire, déclara :
« Je cherche refuge en Allah afin d’éviter de commettre une telle chose. J’ai émigré
pour me rendre sur votre terre. Ma vie est votre vie ; comme j’ai vécu parmi vous, je
mourrai parmi vous ! »
Les Ansar poussèrent un grand soupir de soulagement. (Muslim, Jihad, 84, 86 ;
Ahmad, II, 538).
qui venaient d’embrasser l’Islam. Quelle ironie de voir qu’Abû Sufyan, qui avait
combattu les Croyants pendant des années au nom des idoles tout en leur infligeant
beaucoup de chagrin et de tourments, marchait à présent comme un Croyant au sein
de l’armée musulmane, prêt à combattre cette fois pour l’Islam.
L’armée comprenait même dans ses rangs environ quatre-vingt idolâtres mec-
quois. (Ibn Hishâm, IV, 68; Waqidi, III, 890).
À tous égards, l’armée musulmane semblait invincible et se dirigeait vers
Hunayn avec une splendeur éblouissante. Jamais auparavant l’Arabie n’avait vu
une armée aussi bien équipée et organisée, pensait-on. Et pendant un moment, la
magnifique scène laissa un souffle de fierté s’infiltrer dans le cœur des Compagnons.
Supposant qu’une telle armée ne serait jamais vaincue, ils commencèrent à rabais-
ser l’ennemi et pensèrent à une victoire assurée par leur seule puissance physique.
C’est ce moment de fierté et de vanité qui finit par soumettre les Croyants à une
sévère épreuve divine : Dans l’obscurité de la nuit, peu avant l’aube les forces
d’avant-garde musulmane avançaient avec confiance dans l’étroit détroit menant à
Hunayn, lorsqu’elles furent soudainement prises en embuscade par l’ennemi qui se
trouvait à l’affût. La panique et le désarroi prirent le relais par la suite. Les Croyants,
contrariés par un barrage de flèches tirées d’on ne sait où, se trouvèrent dans un état
d’hésitation qui les conduisit peu de temps après à une confusion quasi irrévocable
qui facilita la prise des forces situées à l’arrière. Les Musulmans furent par consé-
quent forcés à se retirer, mais les Hawazin et les Banû Thâqif les poursuivirent avec
empressement, sans intention de mettre fin à la poursuite.
Seul le Noble Prophète r, qui tenait courageusement bon au milieu du désarroi
désastreux, faisait constamment avancer sa monture plus profondément à l’intérieur
des rangs ennemis, puis se jeta pratiquement au milieu de ceux-ci.
Le Prophète d’Allah r fit preuve ce jour-là d’un courage et d’une bravoure
incomparables, en dépit des efforts désespérés de ses oncles Abbâs et Abû Sufyan y
qui, par peur que quelque chose lui arrive, serraient les rênes de sa monture pour
l’empêcher d’avancer davantage. (Muslim, Jihad, 76).
La confusion de l’armée musulmane se poursuivit entre-temps et ne mnifesta
aucun signe de rétablissement.
Certains dirent :“La magie est sûrement restée sans effet aujourd’hui”.
D’autres crièrent de désespoir : “Ce n’est qu’en atteignant la mer que tout cela
pourra cesser !”
On entendit même dire dans les rangs mecquois que “le Prophète avait été tué
et que les Arabes allaient bientôt retourner à leur religion d’antan !”
Pourtant, le Noble Prophète r était vivant et en bonne santé, debout sur sa
monture, résistant fermement à l’ennemi.
628 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
L’armée musulmane lança alors une nouvelle offensive contre l’ennemi, comme
si la bataille ne faisait que commencer. Confrontés à la vague d’un assaut vigoureux,
les Hawazin et les Banû Thâqif ne purent pas résister longtemps et encaissèrent
une défaite rapide. Les Croyants n’eurent à déplorer que quatre martyrs, alors que
l’ennemi eut environ soixante-dix victimes. La défaite de cette dernière fut si décisive
qu’elle dut abandonner tout ce qu’elle avait apporté sur le champ de bataille. On ne
comptait plus le nombre de dépouilles qu’elle y laissa. (Ibn Hishâm, IV, 79).
Il va sans dire que c’était là une bénédiction qu’Allah avait accordée aux
Croyants. Bien qu’ils eussent été au plus bas dès le début des hostilités, grâce au
courage et à la persévérance du Noble Prophète r ainsi qu’à ses prières sincères à
l’adresse du Tout-Puissant, ils purent finalement revendiquer la victoire.
Allah I la décrit ainsi dans le Saint Coran :
En fait, ceux qui avaient accepté l’Islam après avoir combattu à Hunayn aux
côtés de l’ennemi témoignèrent plus tard avoir vu des combattants qu’ils “n’avaient
jamais vus auparavant” les attaquer, ce qui témoigne de l’aide divine apportée aux
Croyants ce jour-là. (Ahmad, V, 286; Haythami, VI, 182-183; Ibn Hishâm, IV, 79).
Une partie de l’armée vaincue des Hawazin finit par fuir à Ta’if, d’autres à
Nakhlah, et encore d’autres à Awtâs. (Ibn Hishâm, IV, 84.)
Vainqueur à Hunayn, le Noble Prophète r ordonna de poursuivre l’ennemi
en fuite et fit transférer les prisonniers et le butin à Jiranah puis, pour mener à bien
la campagne (militaire), il envoya une unité commandée par Abû Amir t, l’oncle
d’Abû Mûsâ al-Achari t, à Awtas et orienta l’armée musulmane vers Ta’if.
630 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Alors il r me dit: « Prends ces moutons en échange des coups de fouet que tu as
reçus dans la soirée !
Je comptai les moutons ; il y en avait exactement cent vingt. Et ce sont les biens
dont j’ai tiré le plus de profit. » (Waqidi, III, 939).
La sensibilité manifestée ici par le Noble Prophète r pour les droits d’autrui
suffirait à éclairer l’ensemble des temps et des lieux.
La distribution du butin
Après avoir levé le siège de Ta’if, le Noble Prophète r conduisit l’armée musul-
mane jusqu’à Jiranah, où les captifs et le butin étaient retenus.
Abû Mûsâ al-Acharî t vint presque au même moment avec ses forces victo-
rieuses à la bataille d’Awtâs.
Les Croyants avaient dispersé tous leurs ennemis et c’était le temps de distri-
buer le butin. Le butin saisi au cours de toutes les batailles récentes s’élevait à vingt-
quatre mille chameaux, quarante mille moutons et quatre mille uqiyyah en argent
sans parler des six mille captifs. (Ibn Sa’d, II, 152).
Le Prophète r déclara avant de distribuer le butin :
« Que ceux qui ont quelque chose du butin, même une aiguille ou un peu de
ficelle, la rendent ! Sachez que la trahison à l’égard du butin apporte au coupable
honte et feu dans l’au-delà ! » (Muwatta, Jihad, 22’ Ahmad, V, 316).
Le Messager d’Allah r fut entre-temps informé que Shayma, sa sœur de lait,
faisait également partie des captifs. Le Noble Prophète la fit immédiatement amener
auprès de lui. Il prit son cardigan (rida’), le posa par terre pour qu’elle puisse s’as-
seoir, l’accueillit avec gentillesse et compassion. En considérant Shayma c le Noble
Prophète se souvint de son enfance. Il leva ses yeux puis il lui posa des questions
concernant ses parents qui, en fait, étaient décédés depuis quelques années. Après
l’avoir interrogée sur ses proches, le Noble Prophète r dit :
« Si tu le souhaites, tu peux rester avec moi et tu seras traitée avec beaucoup
d’amour et de respect. Mais si tu le souhaites, je peux aussi t’accorder quelques biens
et te raccompagner dans ta tribu ! »
Shayma c choisit de retourner dans sa tribu et devint ensuite musulmane. Le
Noble Prophète r lui donna, ainsi qu’aux autres membres vivants de sa famille, un
grand nombre de chameaux et de moutons. Il lui présenta également deux esclaves,
un homme et une femme, que Shayma unit ensuite par le mariage. (Ibn Hishâm, IV,
91-92 ; Waqidi, III, 913).
comme part (du butin), nous le dédommagerons avec le prochain butin qu’Allah nous
accordera. Ceux qui le souhaitent peuvent opter pour cela ! »
Le fait que le Noble Prophète r ait consulté les Compagnons y à ce sujet tient
à la circonstance qu’ils avaient un droit de libre exercice sur les captifs.
Les Compagnons y, voyant le Prophète d’Allah r libérer ses captifs, libérèrent
sans plus attendre les leurs, enthousiastes à l’idée de récolter leur part de récompense
qui les attendaient en retour. “Et nous aussi, s’exclamèrent-ils, remettons nos captifs
au Messager d’Allah !” (Al Boukhari, Maghazi, 54 ; Ibn Hishâm, IV, 134-135).
Ainsi, des milliers de captifs furent remis aux Hawazin ce jour-là, sans rançon.
Une telle scène ne s’était jamais produite auparavant dans l’Histoire. Mais à
présent, l’Histoire est faite pour voir le spectacle de milliers de captifs libérés sans
retour matériel, tout cela grâce au Noble et Bienheureux Prophète qui avait dyna-
misé sa communauté (oumma) par le biais de la morale islamique.
Le Noble Messager r fit en cette occasion une incontestable preuve de loyauté
envers un peuple, pour le simple motif qu’une de ses femmes l’avait allaité quand
il était petit. C’est une exceptionnelle leçon de vertu à l’adresse d’une communauté
cruelle. Tandis que les êtres humains dans l’ensemble, ont tendance à effacer com-
plètement les souvenirs des bienfaits plutôt que de les remémorer. La loyauté se
trouve ainsi mue en un mot que l’on ne trouve que dans les dictionnaires.
Émue par cet immense acte de loyauté, toute la tribu Hawazin accepta l’Islam.
Même leur chef, Malik ibn Awf, qui à l’époque était à Ta’if, fut si étonné
d’apprendre la nouvelle qu’il n’a fallu qu’une petite invitation du Prophète d’Allah
r pour entrer dans la maison de l’Islam.
Le Noble Prophète r lui offrit cent chameaux et le rétablit à la tête de sa tribu.
(Ibn Hishâm, IV, 137-138).
Le plus grand enseignement de tout cela est que les bonnes mœurs sont le meil-
leur mode de prédication (tabligh). Cette leçon souligne également le fait qu’une
approche diplomatique prudente est un moyen d’obtenir plus de bonté, tandis
qu’une approche insensée engendrera des dommages de plus grande ampleur.
Le Noble Prophète r répartit équitablement le butin en cinq parts dont quatre
furent réparties entre les combattants et la cinquième fut attribuée au Bayt’ul-Mal,
c’est-à-dire au Trésor.
Bien que le Bayt’ul-Mal demeurât à la disposition du Noble Prophète r il n’en
fit pas usage à des fins personnelles il l’avait indiqué à ses Compagnons y avant de
commencer la distribution :
La Huitième Année de L’hégire 635
« Je n’ai rien à voir avec votre butin, pas même avec ses poils179, encore moins avec
un chameau. Pourquoi êtes-vous si impatients ? Même si le butin fut aussi abondant
que les pierres et les arbres de cette vallée, je vous l’aurais distribué. Si j’en épargne un
cinquième, il sera dépensé pour vos pauvres. » (Muwatta Jihad 22 ; Ahmad V 316).
Le Noble Prophète r, remit conformément à l’injonction divine qui lui avait été
adressée une part supplémentaire aux muallafat’ul-qulub, c’est-à-dire à ceux dont
le cœur devait être attaché à l’Islam. Hakim ibn Hizam t, qui était un d’eux a dit:
« J’ai demandé au Messager d’Allah r une partie du butin et il m’a donné cent
chameaux. Je lui en ai redemandé et il m’en a redonné cent. Puis je reformulai ma
demande une troisième fois, il m’en donna encore cent et me dit : « Ô Hakim, cet
argent est comparable à un fruit tendre et délicieux. Celui donc qui le prend sans cupi-
dité, cet argent lui sera béni. Mais celui qui le prend avec avidité, cet argent ne lui sera
pas béni, et il sera à l’image de celui qui mange sans pourtant se rassasier. La main qui
donne (litt. la main haute) est meilleure que la main qui reçoit (litt. la main basse).”
Je lui dis alors : «Ô Envoyé d’Allah, par Celui qui t’a envoyé par la Vérité, je ne
prendrai plus rien de qui que ce soit jusqu’à ce que je quitte ce monde. »
Et, effectivement, Abû Bakr t fit appeler Hakim t pour lui donner une part
des dons, mais celui-ci refusa de prendre quoi que ce soit.
Puis Omar t fit comme Abû Bakr t, mais comme Hakim t refusa encore
catégoriquement. Omar t déclara alors : “Ô musulmans, je vous prends à témoin
que j’ai proposé à Hakim la part de butin qu’Allah lui a impartie et qu’il l’a refusée.”
Ainsi Hakim t refusa jusqu’à sa mort de prendre quoi que ce soit de quiconque
après le Prophète r. » (Al Boukhari, Wasaya, 9 ; Waqidi, III, 945).
N’ayant toujours pas embrassé l’Islam, le notable qurayshite Sâfwan ibn
Umayya t n’avait pas quitté le camp du Noble Prophète r de Hunayn ainsi qu’à
Ta’if. Sâfwan t était aussi présent aux côtés du Messager d’Allah r alors qu’il se
promenait au milieu du butin à Jiranah, et ce dans le but affiché de l’inspecter.
Sâfwan, étonné, observait avec admiration la vallée peuplée de chameaux, de mou-
tons et de bergers qui les surveillaient.
Le Noble Prophète r observa Sâfwan t du coin de l’œil et lui demanda :
« Aimes-tu ce que tu vois dans la vallée ? »
Sâfwan t répondit par l’affirmative.
Le Messager d’Allah r lui dit alors :
« Tu peux prendre possession des deux… la vallée et ce qu’elle contient ! »
Incapable de se contenir, Sâfwan t déclara :
179. Des poils qu’il avait tirés d’un chameau qui se trouvait devant lui.
636 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Pendant la distribution du butin Sa’d ibn Abi Waqqas t fit cette remarque :
« Ô Messager d’Allah ! tu as délaissé un homme pauvre comme Juayl ibn
Suraqa et accordé cent chameaux chacun à des notables tels que Uyaynah et Aqra. »
Le Noble Prophète r lui répondit :
« Par Celui qui détient ma vie entre Ses mains, même si la terre regorgeait de gens
comme Uyaynah et Aqra, Juayl serait bien meilleur que tous ceux-là réunis ! Mais je
m’occupe de ces gens pour les éveiller à l’Islam quant à Juayl, il est si fermement attaché
à l’Islam et aux hautes récompenses divines que je le renvoie à ses récompenses prépa-
rées pour lui dans l’au-delà ! » (Ibn Hishâm, IV, 143; Ibn Sa’d, IV, 246).
Le fait que les muallafat’ul-qulub aient reçu beaucoup de biens provenant du
butin provoqua un certain malaise parmi les Compagnons y.
La Huitième Année de L’hégire 637
ƈ ƈ ƈ ĞƆ õĩƈ ĥŽ ĺīĨħıĭŽ Ĩƈ IJ
ħĤƪ ĪƈÌIJ
Ž Ɔ ıƆ ĭŽ ĨÒŽ ijƇĉĐŽ ƇÈĪƈŽ ÍĘƆ ÚÓĜƆ ïƆ āĤÒĹ
Ɔ ÒŽ ijĄƇ òÓ ƪ Ę Ƈ Ɔ ƪ Ƈ Ɔ
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ÒŽ ijƇĤÓĜƆ IJ
Ɔ įƇ ƇĤijøƇ òƆ IJ
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Ɔ Īij Ƈ ðƆ Ìƈ Óıĭ
Ɔ ƇĉíƆ ùŽ ĺƆ ħŽ İÒ Ɔ ĨÒŽ ijŽ ĉƆ đŽ Ƈĺ
Ɔ ×Ƈ ĔÒƈ ò
Īij ƈ Ʃ ĤƆ Ìƈ ÓĬƈƪ ÌįƇĤijøòIJįƈ ĥƈ ąŽ ĘƆ īĨ ƈ ųÒÓ ƈ
Ɔ ųÒĵ Ƈ Ƈ Ɔ Ɔ Ƈ Ʃ ĭĻƆ ÜËŽ ĻƇ ø
Ɔ ƇųÒÓ
Ʃ ĭƆ ×Ƈ ùŽ èƆ
« Il en est parmi eux qui te critiquent au sujet des Sadaqats: s’il leur en est
donné, les voilà contents ; mais s’il ne leur en est pas donné, les voilà pleins de
rancœur. S’ils s’étaient contentés de ce qu’Allah leur avait donné ainsi que Son
messager et avaient dit : ‹ Allah nous suffit. Bientôt Allah nous accordera Sa
faveur de même que Son messager !... C’est vers Allah que va tout notre désir ›. »
(At-Tawba, 9 : 58-59).
Ayant pris la vie d’un innocent alors qu’il était musulman, le crime de Muhallim
n’était pas du genre à pouvoir être pardonné facilement.
Le moindre signe de tolérance à cet égard aurait rendu impossible l’endigue-
ment de futurs crimes de ce type.
Le Prophète de la Miséricorde r refusa en conséquence la demande de pardon
de Muhallim et déclara en outre :
« Veuille Allah ne point te pardonner180 ! »
Quelle belle parole que celle du poète Kemal Edip Kürkçüoğlü qui tire la leçon
du désaveu du Messager d’Allah r:
Quelle déchéance que de s’éloigner de la Satisfaction
Dans les deux mondes pour cela la mécréance suffit.
Muhallim, affligé par la colère du Noble Prophète r, rentra chez lui où il se
cacha et décéda finalement une semaine plus tard à cause d’un trop grand chagrin.
Quand des membres de sa famille voulurent l’enterrer, la terre repoussa sans
cesse son cadavre, et ce malgré les nombreuses tentatives.
Impuissants et désemparés, les membres de sa famille vinrent expliquer leur
dilemne au Prophète d’Allah r.
Le Messager d’Allah alors leur dit:
« La terre a accepté en son sein bien d’autres individus pires que lui mais Allah
veut vous enseigner une leçon et la valeur de “La ilaha ill Allah !”
Puis il leur conseilla de porter une nouvelle fois Muhallim en terre tout en
plaçant des pierres sur sa tombe. (Ahmad, V, 112; Ibn Maja, Fitan, 1; Ibn Hishâm, IV, 302;
Waqidi, III, 919).
existe toujours un élément de tromperie, même lorsque les jugements se basent sur
des apparences et en admettant que les humains aient le privilège de fonder leurs
verdicts sur des bases psychiques dont la détermination exacte est une impossibilité
absolue, ils ne seraient pas en mesure d’éviter de commettre de nombreuses injus-
tices à cause de leurs interprétations subjectives.
Un autre motif de cette obligation de fonder un jugement sur des apparences
est d’empêcher certaines personnes de s’accrocher à des excuses telles que “regardez
mon cœur, pas mes actes” pour justifier leurs actes et leurs défauts.
Cette tactique souvent utilisée de nos jours est instantanément annulée par
le principe susmentionné qui a été instauré par l’Islam et la pratique du Prophète
d’Allah r.
Porter un jugement en fonction des apparences peut sembler constituer une
faille temporaire aux hypocrites qui trouvent là l’occasion de dissimiler leur hypo-
crisie cachée avec des actes extérieurs.
Ladite hypocrisie est une barrière contre toute tentative de mettre la justice en
application en se fondant sur des preuves basées sur des conjectures plutôt que sur
des convictions.
L’épée du langage
Le Noble Prophète r envoya, sous la direction de ‘Uyaynah, une petite unité de
cavalerie vers la tribu des Banû Tamim qui avait refusé de payer l’aumône. Au cours
d’un raid rapide, les Croyants vainquirent les rebelles puis retournèrent à Médine
avec une quantité non négligeable de butin et de captifs. (Ibn Sa’d, II, 160).
Un certain nombre de notables issus de cette tribu, vinrent avec leurs grands
poètes vers le Noble Messager r pour sauver leurs captifs.
En attendant que le Noble Prophète r apparaisse à l’intérieur de la Mosquée,
ils s’impatientèrent et se mirent à crier irrespectueusement :
« Allez viens maintenant près de nous ! »
Le Noble Prophète r se sentit mal à l’aise à cause de tous leurs cris
Cela eut pour conséquemment, la révélation du verset coranique suivant :
Un poème récité par Zibriqan ibn Badr des Banû Tamim fut ensuite contré
par une ode éloquente et affective, prononcée par l’illustre Hasan ibn Thâbit t qui
rendit hommage à l’honneur lié à la religion musulmane.
Le triomphe des Compagnons y était dû à leur immersion dans le Saint Coran,
un sommet extraordinaire en matière de langage, et à leur formation auprès du
Messager d’Allah r, le plus bel orateur jamais apparu, connu sous le nom de jawa-
mi’ul-kalim en raison de sa capacité divine à exprimer en quelques mots simple des
significations profondes.
D’une voix magnifique, cette inspiration exsudée par le Noble Prophète r lui-
même apporte un témoignage éclairant :
Celui qui le voit un seul instant se transforme en rose
Et le témoin de sa parole se mue en rossignol
Conscient du résultat, le poète Aqra ibn Habis des Banû Tamim s’exclama :
« Ses orateurs sont meilleurs que nos orateurs et ses poètes sont bien supérieurs
aux nôtres. Leurs paroles sont simplement au-dessus des nôtres ! »
Après s’être exprimé de la sorte, il accepta l’Islam et après lui ses amis le sui-
virent. Le Noble Prophète r offrit ensuite de nombreux cadeaux aux membres de
la délégation. (Ibn Hishâm, IV, 232).
À ce moment-là, une petite dispute qui éclata entre Abû Bakr et Omar y en
présence du Noble Prophète r occasionna la révélation du verset coranique suivant :
Ils le décrivaient avec finesse, comme le soleil ou la lune, par amour et par res-
pect. (Muslim, Fada’il, 109).
Leur sensibilité consistait à la narration des ahadith du Noble Prophète. Lors de
la narration de l’un de ces ahadith, leur expression changeait visiblement, la sueur
coulait librement de leur front, les larmes jaillissaient de leurs yeux et les veines de
leur cou enflaient à cause de l’anxiété. (Ibn Sa’d, III, 156; Ibn Maja h, Muqaddimah, 38; Dârimî,
Muqaddimah, 28).
Quand ils entendaient un bruit fort, tel que par exemple celui d’un marteau
frappant un clou ou un pieu venant de demeures situées autour de la Mosquée, ils
envoyaient alors un message invitant la personne à cesser de déranger le Prophète
d’Allah r. Certains faisaient même fabriquer leurs portes en dehors de Médine,
juste pour éviter de tomber dans une situation compromettante (Kastallani, II, 386).
Ka’b ibn Zuhayr était ın des poètes qui avaient déclaré la guerre à l’Islam. Une
condamnation à mort avait été prononcée contre lui en raison des poèmes satiriques
malveillants qu’il récitait.Son frère Bujayr t, un Musulman, lui envoya, pour le
raisonner, un poème l’avertissant qu’il se dirigeait vers une fin amère, à moins qu’il
n’arrange son acte. Terriblement affligé, Ka’b se rendit auprès du Noble Prophète r
accompagné d’un Compagnon et jura allégeance, sans toutefois révéler son identité.
Il s’assit sur ses genoux et déclara :
« Ô Messager d’Allah… Ka’b ibn Zuhayr désire également s’approcher de toi
et demander l’amnistie en acceptant l’Islam. L’acceptes-tu ?” Une fois que le Noble
Prophète r l’eut accepté, Ka’b s’exclama joyeusement : “Je suis Ka’b, ô Messager
d’Allah !” (Ibn Hishâm, IV, 152 ; Hakim, III, 675/6480 ; Haythami, IX, 393).
En signe de gratitude envers le Noble Prophète r pour la bienveillance dont il
avait preuve en lui pardonnant, Ka’b se mit alors à réciter la qasida de Banat Su῾ād
qu’il avait préparée à l’avance.
646 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Selon une pratique, la qasida continue à être lue aux malades, avec l’espoir de
voir se manifester la spiritualité du Noble Prophète r et d’être utilisée comme une
recherche de guérison auprès d’Allah. (Ilhan Armutçuoğlu, Kasîde-i Bürde, Konya 1983, p.8-11).
Ùƅ ĤƆ ÓıƆ åƈƆ ÖÓĨƃ ijŽ ĜƆ Òij×Ļāƈ ÜĪ ƆÈÒijƇĭĻ×ÝƆ ĘƆ Éƅ ×ĭƈƆ ÖěƄ øÓ
ƈ ĘƆ ħĠÅÓ äĪƈÌÒijƇĭĨÆ
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Ɔ ñĤƪ ÒÓıƆ ĺƫ ƆÈÓĺƆ
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ĹĘ ƈ ħġƇ đĻĉƈ ĺijĤƆ ųÒ ƈ ĢijøòħġĻĘ ƈ ĪƆÈÒijĩĥƆ ĐÒIJīĻĨƈ îÓƈ ĬƆ ħÝĥŽ đĘƆ ÓĨĵĥƆ ĐÒijéƈ×āÝĘƆ
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Ɔ ŸÒ ųÒīġƈ ĤIJħÝĭƈ đĤ ƈóĨƆŶÒ
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ƪ Ɔ ŽƇ ƇƇ Ƈ Ž ƪ Ɔ ƆƩ ƪ Ɔ Ɔ Ž ƫ Ɔ Ɔ Ž Ɔ ž Ɔ
Ɔ ïƇ üÒƈ óĤÒ
ĪIJ ħİğÑƈ ĤIJƇÈĪÓĻāđƈ ĤÒIJĚijùęĤÒIJóęġĤÒħġĻĤÌƈ
ƪ Ƈ Ƈ Ɔ Ɔ Ž Ɔ Ɔ Ž Ž Ɔ Ɔ Ƈ Ƈ Ž Ɔ Ɔ Ž Ƈ Ž Ƈ Ƈ ŽƆ
« Ô vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien
clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que
vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait. Et sachez que le Messager
d’Allah est parmi vous. S’il vous obéissait dans maintes affaires, vous seriez en
difficultés. Mais Allah vous a fait aimer la foi et l’a embellie dans vos cœurs et
vous a fait détester la mécréance, la perversité et la désobéissance. Ceux-là sont
les bien dirigés. » (Al-Hujurât, 49 : 6-7).
Le Noble Prophète r donna alors l’ordre à ‘Abbâd ibn Bishr de “revenir avec
eux et de recueillir leurs aumônes, mais d’éviter de prendre le meilleur de leurs
biens.”
648 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Abbâd t demeura parmi les Banû Mustaliq pendant dix jours durant lesquels
il leur enseigna tout ce qu’il savait du Coran et de l’Islam. (Ahmad, IV, 279 ; Ibn Hishâm,
III, 340-341 ; Ibn Sa’d, II, 161).
Leur arrogant chef Abdallah ibn Ubay se mit, comme d’habitude, à divaguer :
« Muhammad pense-t-il que les Byzantins sont un jeu d’enfant ? Je peux dès à
présent l’apercevoir en captivité ainsi que ses Compagnons. »
Après cela, d’autres hypocrites firent des remarques du genre : « Comment
pouvez-vous vous lancer dans une campagne par un temps aussi chaud ? »
La réponse à cela fut cette révélation divine :
Puis e Coran établit des critères pour distinguer les Croyants des hypocrites :
« S’il s’était agi d’un profit facile ou d’un court voyage, ils t’auraient suivi ;
mais la distance leur parut longue. Et ils jureront par Allah : «Si nous avions pu,
nous serions sortis en votre compagnie.» Ils se perdent eux-mêmes. Et Allah sait
bien qu’ils mentent. » (At-Tawba, 9 : 42).
ƈ åĺĪƆÈ ƈóìŴÒ
ÒŽ IJïƇ İÓ ƈ Ħƈ ijĻĤŽ ÒIJųÓƈ ƈ Ɔ ĭĨƈ Ëĺīĺñƈ Ĥƪ ÒğƆ ƇĬðƈ ÉŽ ÝùĺƆź
Ɔ Ƈ Ž Ɔ Ɔ Ʃ ÖĪij Ƈ ŽƇ Ɔ Ɔ ŽƆ
Ɔ ƇĭĨƈ ËŽ ƇĺƆźīĺ ƈ ƈ ƈ ĥƈ ĐųÒIJħ ƈıùƈ ęĬƆÈIJħ ƈıĤÒƈ ijĨƆÉÖƈ
Īij Ɔ ñĤƪ ÒğƆ ƇĬðÉŽ ÝƆ ùŽ ĺÓƆ ĩƆ Ĭƈƪ ÌīĻƆ ĝÝƪ ĩƇ ĤŽ ÓƈÖħĻ
Ƅ Ɔ ƇƩ Ɔ Ž Ƈ Ɔ Ž Ɔ Ž
ĪIJ
Ɔ îƇ îƪ óƆ ÝƆ ĺƆ ħŽ ƈıƈ×ĺŽ òĹ ƈ ƈ ƈ ƈƩ Ö
Ƈ ĥƇ ĜƇ ÛŽ ÖÓƆ ÜƆ òÒŽ IJ
Ɔ ĘħŽ ıƇ ĘƆ ħŽ ıƇ Öij Ɔ ƈóìŴÒĦijŽ ĻƆ ĤŽ ÒIJ
Ɔ ųÓƈ
« Ceux qui croient en Allah et au Jour dernier ne te demandent pas permis-
sion quand il s’agit de mener combat avec leurs biens et leurs personnes. Et Allah
connaît bien les pieux. Ne te demandent permission que ceux qui ne croient pas
en Allah et au Jour dernier, et dont les cœurs sont emplis de doute. Ils ne font
qu’hésiter dans leur incertitude. » (At-Tawba, 9 : 44-45).
Les hypocrites n’avaient fait aucune préparation en vue de la campagne. Cela
montrait clairement qu’ils n’avaient aucune intention de se joindre aux Croyants en
marche vers Tabûk.
Ainsi le Tout-Puissant déclara :
« Et s’ils avaient voulu partir (au combat), ils lui auraient fait des prépara-
tifs. Mais leur départ répugna à Allah ; Il les a rendus paresseux. Et il leur fut dit:
«Restez avec ceux qui restent ». S’ils étaient sortis avec vous, ils n’auraient fait
qu’accroître votre trouble et jeter la dissension dans vos rangs, cherchant à créer
la discorde entre vous. Et il y en a parmi vous qui les écoutent. Et Allah connaît
bien les injustes. » (At-Tawba, 9 : 46-47).
Bien que les hypocrites fussent malicieux et désobéissants, ce n’était rien com-
paré aux dommages qu’ils avaient causés lors des campagnes auxquelles ils avaient
en quelque sorte participé, perturbant l’ensemble de l’armée musulmane à cause de
leurs rumeurs, leurs mensonges et leurs crises interminables de peur et d’anxiété.
Chaque hypocrite n’était en fait qu’un fauteur de troubles susceptible de favoriser la
défaite musulmane. Le Tout-Puissant intervint cependant et empêcha les hypocrites
de se joindre à la campagne de Tabûk, une campagne dont les nombreuses difficul-
tés semblaient tout simplement trop ardues pour eux.
Les Compagnons y furent finalement soulagés de leurs ennuis habituels.
Inventant toutes sortes d’excuses, les hypocrites demandèrent à être exemptés
de la campagne. Certains allèrent même jusqu’à prétendre qu’ils s’abstenaient de
se joindre à l’armée de peur d’être tentés par les femmes byzantines. En fait, ils
essayaient de cacher leur sinistre hypocrisie en simulant avoir d’autres préoccupa-
tions plus profondes.
Mais Allah I révéla une fois de plus leur situation :
Ùƈ ĭƆ ÝŽ ęƈ ĤŽ ÒĹĘ
ƈ ƆźƆÈĹžĭƈ Ýƈ ęŽ ÜƆ ƆźIJĹžĤƈ ĪñƆ ÐŽ ÒĢij
Ɔ Ƈ ĝƇ ĺī
Ɔ Ĩħ
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ƪ ıƇ ĭŽ ĨIJƆ
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Ɔ ƈóĘÓġƆ ĤŽ ÓƈÖÙƄ ĉƆ ĻéĩƇ ĤƆ ħƆ ĭƪ ıƆ ä
Ɔ Īƈƪ ÌIJ
Ɔ ÒŽ ijƇĉĝƆ øƆ
« Parmi eux il en est qui dit : «Donne-moi la permission (de rester) et ne
me mets pas en tentation.» Or, c’est bien dans la tentation qu’ils sont tombés ;
l’Enfer est tout autour des mécréants. » (At-Tawba, 9 : 49).
En menaçant les hypocrites d’un châtiment, le Tout-Puissant avertit aussi
quelques Croyants qui, sous leur influence, montraient des signes de relâchement :
ƈ Ʃ ģĻƈ
ųÒ ƈ ×øĹ ƈ ƈ ƈ ðƆ Ìƈ ħġƇ ĤƆ ÓĨÒŽ ijƇĭĨÆīĺñƈ Ĥƪ ÒÓıĺƆÈÓĺ
Ɔ ĘÒŽ IJóƇ ęĬÒħƇ ġƇ ĤƆ ģĻ
Ɔ ĜÒ Ž Ɔ Ɔ Ɔ Ɔƫ Ɔ
Ó ĻĬŽ ïĤÒØÓƈ ĻéƆ ĤŽ ÒĎÓ ƈ ƈ ƈ ƫ ØÓƈ ĻéĤŽ ÓƈÖħÝĻĄƈ òƆÈĂƈ òƆŶÒĵĤƆ Ìƈ ħÝĥŽ ĜƆ Óàƪ Ò
Ɔ ƫ Ɔ Ƈ ÝƆ ĨÓ
Ɔ ĩƆ ĘƆ ØóƆ ìŴÒīƆ ĨÓĻƆ ĬŽ ïĤÒ ƆƆ Ƈ Ɔ Ž ŽƇ
ÓĨƃ ijŽ ĜƆ ĢŽ ïƈ ×ÝƆ ùŽ ĺƆ IJÓ ĩĻĤƈ ƆÈÓÖÒñĐħġÖñƈ đĺÒIJóęĭƈ ÜźÌƈ Ĺĥƈ ĜƆ ƪźÌƈ Øƈ óìŴÒĹ
ƈ Ęƈ
Ž Ɔ ƃ ƃ Ɔ Ɔ ŽƇ Žž ƆƇ Ž Ƈ Ɔ ƪ Ɔ
óĺïƈ ĜƆ Åƅ Ĺü ģĠĵĥĐųÒIJÓÑĻüĮIJóąÜźIJħĠóĻĔ
Ƅ Ž Ɔ ƈž Ƈ Ɔ Ɔ Ƈ Ʃ Ɔ ƃ Ž Ɔ Ƈ ƫ Ƈ Ɔ Ɔ Ɔ Ž Ƈ Ɔ Ž Ɔ
652 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
ħġƇ ùƈ ęƇ ĬƆÈIJ ƈ Ɔ ƈ
Ɔ ħŽ ġƇ ĤÒijƆ ĨŽ ÉÖƈ ÒŽ IJïƇ İÓäƆ IJ
Ɔ ƃźÓĝƆ àIJÓ
ƈ ÒŽ IJóęƈ ĬŽ Ò
ƈ Ęƃ ÓęƆ ì
Ɔ
Ž Ƈ
Īij
Ɔ ĩƇ ĥƆ đŽ ÜƆ ħŽ ÝĭƇ ĠĪƈ
Ƈ ÌħŽ ġƇ Ĥƪ óƄ ĻŽ ì ƈ Ʃ ģĻƈ
Ɔ ħŽ ġƇ Ĥƈ ðƆ ųÒ ƈ ×øĹ ƈ
Ɔ Ę
« Légers ou lourds, lancez-vous au combat, et luttez avec vos biens et vos
personnes dans le sentier d’Allah. Cela est meilleur pour vous, si vous saviez. »
(At-Tawba, 9 : 41).
Les avertissements eurent un effet instantané sur les Musulmans, en les revi-
talisant en un clin d’œil. Le relâchement qui s’était abattu sur les cœurs firent à
présent place au remords, qui se transforma en initiative vivante et enthousiaste.
Une mobilisation de foi, pleine de vigueur, s’était alors mise en marche. Après tout,
c’était une obligation fard’ul-ayn (obligation catégorique) pour tous les Musulmans
que de répondre à l’appel du jihad où l’ennemi s’apprêtait à attaquer les terres
musulmanes.
Mais ceux qui pouvaient à juste titre être considérés comme exemptés de
l’appel au jihad furent à nouveau distingués par la Révélation divine :
Ɔ ĝƇ ęĭƈ ƇĺÓĨ
Īij Ɔ ïƇ åƈ ĺƆ Ɔźīĺ
Ɔ ĪIJ
ƈ
Ɔ ñĤƪ ÒĵĥƆ Đ
Ɔ ƆźIJĵƆ ĄƆ óŽ ĩƆ ĤŽ ÒĵĥƆ Đ
Ɔ ƆźIJÅÓ
Ɔ ęƆ đƆ ąĤÒĵ
ƫ ĥƆ Đ
Ɔ ÷Ɔ ĻŽ Ĥƪ
ħĻèƈ ò òijęĔųÒIJģĻƈ×øīĨ ƈ īĻĭƈ ùƈ éĩĤŽ ÒĵĥƆ ĐÓĨįƈ Ĥijƈ ƈ Ʃ ƈ ÒŽ ijéāĬƆ ÒðƆ Ìƈ âóè
Ƅ ƪ Ƅ Ƈ Ɔ ƇƩ Ɔ ƅ Ɔ Ɔ Ž Ƈ Ɔ Ɔ øƇ òƆ IJ Ɔ ų Ƈ Ɔ Ƅ ƆƆ
« Nul grief sur les faibles, ni sur les malades, ni sur ceux qui ne trouvent
pas de quoi dépenser (pour la cause d’Allah), s’ils sont sincères envers Allah et
Son messager. Pas de reproche contre les bienfaiteurs. Allah est Pardonneur et
Miséricordieux. » (At-Tawba, 9 : 91).
Conformément au verset précité, ceux qui sont exemptés de se joindre à la
bataille, en restant en retrait, ne doivent pas causer de méfaits dans leur ville ou
répandre des rumeurs fausses et démoralisantes, mais sont tenus en revanche de
porter secours aux familles qui participent à la bataille et comme ils sont des “fai-
seurs de bien”, on ne peut les accuser de péché.
La Neuvième Année de L’hégire 653
ħġƇ ĥƇ ĩƈ èŽ ƆÈÓĨ Ɔ ƈ ƈ Ɔ
Ɔ ïƇ äƈ ÈƆźÛƆ ĥŽ ĜƇ ħŽ ıƇ ĥƆ ĩéŽ ÝƆ ĤĞƆ ijŽ ÜƆ ÈÓĨÒ
Ɔ ðƆ Ìƈ īĺ
ƈ
Ɔ ñĤƪ ÒĵĥƆ Đ
Ɔ ƆźIJƆ
Ž
ĪijĝƇ ęĭƈ ƇĺÓĨ Ɔ Ɔ ďƈ ĨïĤÒ
Ɔ ÒŽ IJïƇ åƈ ĺƆ ƪ źÈÓĬƃ õƆ è Ž ƪ īƆ ĨăĻ
ƈ Ƈ ęƈ ÜƆ ħıƇĭĻĐƆÈIJÒŽ ijĤƪ ijÜƆ įƈ ĻĥƆ Đ
ŽƇ ƇŽ ƪ Ɔ Ž Ɔ
« Pas de reproche) non plus à ceux qui vinrent te trouver pour que tu leur
fournisses une monture et à qui tu dis : «Je ne trouve pas de monture pour vous.»
Ils retournèrent les yeux débordant de larmes, tristes de ne pas trouver de quoi
dépenser. » (At-Tawba, 9 : 92).
Tandis qu’Abdurrahman ibn Ka’b et ‘Abdallah ibn Mughaffal y, parmi ceux
loués dans le verset susmentionné, revenaient auprès du Noble Prophète r les yeux
emplis de larmes, Ibn Yamin t s’approcha d’eux et leur demanda la raison de ces
larmes. “Nous sommes allés voir le Messager d’Allah en dernier recours pour qu’il
nous arrange une monture, déclarèrent-ils, mais il n’a pu nous en offrir une… et
nous n’avons pas de monture pour rejoindre le Messager d’Allah dans sa cause.”
Ibn Yamin t fournit aussitôt une monture pour deux à partager et quelques
dattes à titre de provision. Ibn ‘Abbâs t, fournit lui aussi des montures pour les
deux autres et ‘Uthmân t pour les trois autres. (Ibn Hishâm, IV, 172; Waqidi, III, 994).
Le Noble Prophète r eut plus tard la possibilité de fournir des montures pour
d’autres Compagnons nécessiteux. (Al Boukhari, Maghazi, 78).
Ces Compagnons – qui malgré leur exemption de participer à la campagne – ne
pouvaient pas supporter l’idée d’être éloignés un seul instant du Noble Prophète r.
654 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Puis vint un homme qui versa une grosse somme d’argent au sujet de laquelle
les hypocrites firent remarquer : “C’est juste pour se vanter”.
Il en vint un autre qui offrit une charge de dattes à propos de laquelle les hypo-
crites objectèrent : ”Allah n’a nul besoin de sa charge de dattes”.
C’est alors que vint de la part d’Allah le Très-Haut la révélation suivante :
Ɔ ïƇ åƈ ĺƆ Ɔźīĺ
ƪźÌƈ ĪIJ ƈ ƈ ƈ īĻĭƈ Ĩƈ ËŽ ĩĤŽ ÒīĨ
ƈ Đƈ ijƈ ĉƪ ĩĤŽ ÒĪIJ ƈ ƈ
Ɔ ñĤƪ ÒIJ
Ɔ ÚÓĜƆ ïƆ āĤÒĹ
ƪ Ę Ɔ Ƈ Ɔ īĻ Ɔ ž Ƈ Ɔ õƇ ĩĥŽ ĺƆ īĺ
Ɔ ñĤƪ Ò
ħĻĤƈ ƆÈÔÒ ƈ Ʃ óíƈ øħıĭŽ Ĩ
ƈ ĪIJóíùĻĘħİïıä
Ƅ Ƅ ñƆ Đ
Ɔ ħŽ ıƇ ĤƆ IJ
Ɔ ħŽ ıƇ ĭŽ ĨƇųÒ Ɔ Ɔ Ž Ƈ Ɔ Ƈ Ɔ Ž ƆƆ Ž Ƈ Ɔ Ž Ƈ
« Ceux-là qui dirigent leurs calomnies contre les croyants qui font des
aumônes volontaires et contre ceux qui ne trouvent que leurs faibles moyens (à
offrir), et ils se moquent alors d’eux. Qu’Allah les raille. Et ils auront un châti-
ment douloureux. » (At-Tawba 9 : 79; cf. Al Boukhari, Zakat, 10 ; Muslim, Zakat, 72).
D’après ce que l’on comprend des versions alternatives de la narration susmen-
tionnée, l’homme qui fit un don considérable n’était autre qu’Abdurrahman ibn
Awf, tandis que ce fut Abû ‘Aqil qui apporta l’unique charge de dattes.
Ulba ibn Zayd t un autre Compagnon parmi les plus pauvres, se réveilla une
fois en pleine nuit, accomplit la prière et fit l’invocation suivante :
« Ô Allah ! Tu ordonnes et encourage le jihad. Pourtant, Tu ne m’as pas donné
le pouvoir sur une seule montagne sur laquelle je puisse m’engager dans Ton che-
min en compagnie du Messager d’Allah. Tu n’as même pas mis entre les mains de
Ton Messager une monture sur laquelle je puisse m’installer ! J’ai toujours offert
nombre d’aumônes qui m’ont été autant d’obligations à honorer à partir de mes
quelques biens et de mon corps. Ô Allah ! À présent, il n’y a qu’un seul objet que tu
m’as accordé… et que je vais offrir ! »
Au matin, il s’approcha du Noble Prophète r et dit :
« Je n’ai rien en ma possession, ô Messager d’Allah, que je puisse donner en
aumône à part ce seul objet. Laisse-moi te dire que je ne porte désormais aucune
rancune à ceux qui pourraient dire du mal de moi ou bien se moquer de moi ! »
À ces mots chargés d’autant de compassion que d’amour le Noble Prophète r
ne répondit simplement que :
« Qu’Allah accepte ton aumône »
Le lendemain, il r dit à Ulba t :
« Je t’ai rapporté ton aumône ainsi qu’une bonne nouvelle ! Par Allah, en Qui
réside la vie de Muhammad, tu a été inscrit dans le livre de ceux dont les œuvres ont
été acceptées ! » (Ibn Hajar, al-Isabah, II, 500; Ibn Kathir, as-Sirah, IV, 9; Waqidi, III, 994).
658 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
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« Les croyants n’ont pas à quitter tous leurs foyers. Pourquoi de chaque clan
quelques hommes ne viendraient-il pas s’instruire dans la religion, pour pouvoir
à leur retour, avertir leur peuple afin qu’ils soient sur leur garde. » (At-Tawba, 9 :
122).
Après ces éloges, ‘Ali t revint joyeux pour assumer à nouveau son devoir.
L’armée avait maintenant parcouru une distance considérable. Abû Dharr t
rejoignit l’armée après un certain temps. Sa faible et frêle monture n’était pas en
mesure du supporter la fatigue du voyage, c’était la raison pour laquelle il s’était
laissé distancier par le groupe principal. Il dut finalement abandonner sa monture
et, malgré les terribles difficultés, rattrapa l’armée à pied.
En le voyant, le Noble Prophète r déclara :
« Qu’Allah ait pitié d’Abû Dharr ! Il vit seul, mourra seul et ressuscitera seul ! »
Les prophéties et paroles miraculeuses du Noble Messager r finirent par se
réaliser dans la vie d’Abû Dharr qui vécut jusqu’à son dernier souffle, seul, comme
il avait vécu. (Waqidi, III, 1000).
Le voyage expéditionnaire s’avérait extrêmement difficile.
La chaleur était étouffante. Une autre difficulté résidait dans le fait que trois
Compagnons y devaient monter un chameau à tour de rôle.
660 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Deux hommes se partageaient une simple datte. Trouver de l’eau était quasi
impossible. Lors de la prise des ablutions, chaque partie du corps n’était donc puri-
fiée qu’une seule fois. Les voyageurs (safarî) reçurent l’ordre de faire la madéfaction
(mas’h) avec la paume de leur main pendant trois jours et les résidents (muqim) un
jour. ( Ibn Maja, Taharat, 45; Ahmad, VI, 27).
À un moment donné le Noble Prophète r fit une prière qui provoqua une
pluie diluvienne tombant exactement là où l’armée musulmane était stationnée.(Ibn
Hishâm, IV, 177).
Les lieux frappés par la colère d’Allah I portent leur perte jusqu’à la Dernière
Heure. Pour éviter d’être soumis à la réflexion spirituelle négative reflétée par les
zones qui ont subi la colère divine, les lieux immergés dans la rébellion et le péché,
il faut traverser rapidement ces zones, comme le fit savoir le Noble Prophète r184.
Un soir, alors qu’ils se trouvaient tous à proximité d’Al-Hijr, le Noble Prophète
dit : « Une violente tempête va éclater ce soir ! Attachez rapidement vos chameaux,
restez assis où vous êtes et surtout ne vous levez pas ! »
184. Voici un exemple de la façon dont les circonstances se répercutent sur la matière et l’affectent :
Travaillant sur les cristaux d’eau gelée, Masaru Emoto, un scientifique japonais, découvrit que les
cristaux des étangs naturels éloignés de toute intervention humaine étaient faits d’hexagones à
l’élégance parfaite et aux formes impeccables et envoûtantes. Ayant pris une partie de cette eau dans
deux bocaux séparés, il réalisa une expérience. Les cristaux contenus dans le premier bocal auquel on
murmurait des expressions positives d’amour, de miséricorde, de gratitude et de prière, conservaient
leur forme naturelle et gracieuse, tandis que les cristaux contenus dans le second bocal auquel
étaient associées des expressions négatives comme des insultes et le mot “diable” se désintégraient
rapidement et perdaient toutes leurs caractéristiques esthétiques. Au cours de la même expérience, on
a constaté que les deux bocaux réagissaient différemment à l’audition d’une musique agréable ou bien
épouvantable. Afin de renforcer le résultat obtenu, Emoto mena une autre expérience, cette fois sur
deux bocaux distincts de riz bouilli. À l’intérieur du premier bocal, il plaça un petit morceau de papier
portant l’inscription ”merci“ et, dans le second, un autre morceau de papier portant l’inscription
“stupide”. Répétant en outre chaque mot dans leur bocal respectif, Emoto constata qu’après un mois,
le riz contenu dans le premier bocal avait conservé sa fraicheur et sa couleur, tandis que le riz contenu
dans le second bocal avait noirci et dégageait une odeur nauséabonde. (Safvet Senih, “Su Kristallerinin
Sırrı”, Sızıntı, Aralık 2002, n° 287 ; M. Akif Deniz, İlk Adım, Şubat, 2003).
La Neuvième Année de L’hégire 661
Effectivement, une tempête fit des ravages cette nuit-là. Un homme qui s’était
levé pour faire ses ablutions fut frappé au sol, tandis qu’un autre qui était parti à la
recherche de son chameau fut soufflé en direction du mont Tay situé à proximité.
(Al Boukhari, Zakat, 54 ; Muslim, Fadail, 11).
« Je témoigne qu’il n’y a d’autre divinité qu’Allah et que je suis Son Messager.
Celui qui n’est pas uni à Allah par une foi inébranlable en Son unité et en la prophétie
de Muhammad sera certainement empêché d’entrer au Paradis ! » (Muslim, Iman, 45).
L’armée musulmane avait à présent établi son campement à Tabûk ; pourtant il
n’y eut aucun signe de l’ennemi à l’horizon.
Devant cette prodigieuse armée, la confiance des Arabes chrétiens était complè-
tement ébranlée et se souvenant de l’héroïsme des trois mille combattants emplis de
foi à Mu’tah, ceux-ci décidèrent de ne pas participer au combat.
En outre, les Byzantins avaient depuis longtemps changé d’avis quant à l’inva-
sion de l’Arabie et l’empereur était trop occupé à essayer de réprimer les troubles
internes à Humus.
Il s’avéra par la suite que la nouvelle de l’imminente invasion byzantine était
une rumeur exagérée émanant des Arabes Ghassanides.
Les Musulmans, et bien sûr l’Islam, acquirent un immense prestige pour avoir
courageusement marché vers Tabûk. Les frontières nord de l’Arabie furent sécu-
risées. Le souverain d’Ayla, les habitants de Jarba et d’Azruh ainsi que les Juifs de
Makna furent placés sous la protection des Musulmans en acceptant de verser le
tribut “jizya” au Noble Prophète r.
Avec ses quatre cent vingt cavaliers, Khâlid ibn Wâlid t effectua un raid sur
Dumat’ul-Jandal, fit prisonnier le souverain chrétien Uqaydir ibn ‘Abdulmalik et
emmena ce dernier au Noble Messager r.
La condition de sa libération fut qu’il s’acquitte lui aussi du tribut “jizya”. (Ibn
Hishâm, IV, 180-182 ; Ibn Sa’d, I, 276-277 ; Ahmad, V, 4).
Les meilleures actions sont celles exigées d’Allah. Les pires actions sont les inno-
vations. La meilleure voie est celle du Prophète. La plus honorable des morts est le
martyre.»
« La pire forme de cécité est de s’éloigner du droit chemin après l’avoir trouvé. Ce
qui est moindre, mais suffisant, vaut mieux que ce qui semble plus avantageux, mais
qui empêche l’homme d’adorer Allah.
La pire des excuses est celle qui a été faite une fois que la mort a montré son
visage. Le pire remords est celui ressenti dans l’au-delà. Le pire des hommes est celui
qui arrive le dernier à la Prière du Vendredi et parle mal d’Allah. L’homme qui a le
plus de défauts est celui dont la langue profère le plus de mensonges. »
« La meilleure richesse est la richesse du cœur. Les meilleures dispositions sont
celles liées à la crainte révérencielle (at-taqwa). Les poèmes dénués de sagesse sont les
œuvres d’Iblis. L’alcool est l’unificateur des péchés de toutes sortes. Les femmes péche-
resses sont les pièges du diable. La jeunesse est une division de la folie. L’usure est le
pire des revenus. La pire chose
dont il faut se nourrir, c’est
la propriété de l’orphelin. La
personne heureuse est celle qui
tire une leçon de la condition
des autres. »
« Chacun d’entre vous se
retrouvera sous quatre arshin
(neuf pieds) ; et le compte de
vos actions sera reporté dans
l’au-delà. Ce qui importe dans
les actions, ce sont leurs consé-
quences. Les pires pensées sont
celles qui sont trompeuses.
Jurer sur un croyant est un
péché, le tuer est de l’incrédu-
lité. Médire d’un Croyant, c’est
se rebeller contre les comman-
dements d’Allah.
« Quiconque commet un
parjure sera dénié. Quiconque
demande pardon sera par-
donné par Allah. Quiconque
réprime sa colère,
La Neuvième Année de L’hégire 665
Le Martyr de Tabûk
Abdallah al-Muzani t, qui se vit honoré de l’Islam en dépit de son apparte-
nance à une tribu d’idolâtres, fut le seul compagnon qui tomba en martyr à Tabûk.
Son père n’ayant laissé aucune fortune derrière lui à son décès, Abdallah t fut
élevé par son oncle fortuné qui en fit un homme riche comme lui.
Abdallah t en dépit de son ardent désir de devenir musulman dès que le
Noble Prophète r accomplit l’Hégire à Médine, ne put le suivre à cause de son
oncle, un idolâtre pratiquant. Une fois que le Prophète d’Allah r revint à Médine
après la Victoire éclatante (al-Fath) de la Mecque, Abdallah t dit à son oncle :
« J’ai attendu tout ce temps pour que tu deviennes Musulman, mais je ne vois
pas chez toi le moindre intérêt pour Muhammad. Alors le moins que tu puisses faire
est de me permettre d’embrasser l’Islam ! »
Son oncle lui répondit : « Si tu commences à suivre Muhammad d’une façon
ou d’une autre je reprendrai tout ce que je t’ai donné, même les habits que tu as sur
le dos ! »
Abdallah t s’exclama :
« Par Allah, j’ai commencé à suivre Muhammad ! J’ai déjà cessé de vénérer les
pierres et le bois. Alors tu peux y aller et prendre ce que tu veux de mes mains. »
C’est ainsi que son oncle lui prit tout, jusqu’aux vêtements qu’il portait, comme
il l’avait menacé. Abdallah t retourna presque nu chez sa mère qui coupa un épais
tapis en deux morceaux. Abdallah utilisa la moitié pour couvrir le haut de son corps,
l’autre moitié pour le bas. Il était résolu à aller à Médine le plus vite possible et s’allier
au Prophète d’Allah r. Tous les obstacles qui se dressaient devant lui ne comptaient
pas. Il ne pouvait pas attendre un instant de plus. Il s’éloigna des membres de sa tribu
qui le surveillaient de près et partit secrètement dans l’obscurité de la nuit. Après un
long et fatiguant voyage, il arriva finalement à une distance visible de Médine, bien
que ses mains et ses pieds – marqués par la fatigue de la longue marche – fussent
ensanglantés et qu’il eût perdu son souffle à cause de la soif et de la faim.
666 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Son enthousiasme était malgré tout débordant ; il voulait juste parvenir à des-
tination. Puis, tout à coup, il s’arrêta et se dit qu’il n’était pas possible qu’il appa-
raisse en présence du Prophète d’Allah r avec les gros morceaux de tapis qu’il avait
enroulés autour de lui pour se vêtir. Pourtant, sans autre choix possible, il continua
à marcher, et le jeune homme, Compagnon en devenir, se dirigea vers la mosquée,
au milieu de regards fascinés qui apercevaient l’étranger enveloppé dans un tapis.
À ce moment le Noble Prophète r allait diriger la prière de l’aube (al-fajr).
Après l’accomplissement de la prière, alors qu’il inspectait les personnes présentes
avant de se retirer dans ses appartements, il r remarqua ‘Abdallah.
Le Prophète de la Miséricorde r, refuge des solitaires et des faibles, embrassa
alors ‘Abdallah de toute sa compassion.
Apprenant qu’il s’appelait ‘Abduluzza t, le Noble Prophète r dit alors :
« Tu es (à présent) ‘Abdallah Dhul-Bildayn (celui qui a deux tapis) ! Demeure
quelque part près de moi et visite-moi fréquemment ! »
Abdallah t rejoignit ensuite les Gens de la Suffa où il se mit aussitôt à
apprendre à réciter le Coran. Bientôt, il fut capable de réciter et mémoriser de
nombreuses sourates.
Ce fameux Compagnon t, qui s’était lié au Prophète r par amour, courut
bientôt en sa compagnie d’une bataille à une autre, brûlant du désir de donner sa
vie dans le chemin d’Allah.
Il avait fermement insisté pour que le Noble Prophète r priât pour son martyr
avant de se lancer dans la campagne de Tabûk.
Le Noble Messager r fit l’invocation suivante :
« Ô mon Seigneur, rend son sang inviolable aux non-croyants ! »
Abdallah t s’écria :
“Ce n’est pas ce que je voulais dire, ô Messager d’Allah”,
Le Noble Prophète r lui répondit :
« Si tu sors combattre dans le sentier d’Allah, contractes une fièvre et meurs, tu
es un martyr ! Si ta monture te jette à terre et tu te casses le cou, tu es un martyr ! Ne
t’inquiète pas ! quoi qu’il en soit, il te suffira d’être un martyr ! »
Miraculeusement, ‘Abdallah t tomba martyr de la manière exacte annoncée
par le Noble Prophète r.
Une nuit, alors que l’armée se préparait à rentrer, trois hommes, le Noble
Prophète r accompagné de deux de ses plus proches Compagnons Abû Bakr et
Omar y portaient sous la faible lumière d’une flamme le corps d’un Compagnon
décédé, celui de Abdallah ibn Dhul-Bijadayn t.
La Neuvième Année de L’hégire 667
Mais un autre piège des hypocrites attendait le Noble Prophète r. Abû Amir
Fasik, un Chrétien de Khazraj qui avait quitté Médine en raison de l’établissement
de l’Islam et avait fait défection aux Byzantins, incitait incessamment les hypocrites
à agir. Tel un chaudron de sorcière parvenu au point d’ébullition, ces derniers se
mirent à bâtir une mosquée située un peu en contrebas de la Mosquée de Quba. Il
s’agit de la fameuse Mosquée de l’Opposition (Masjid al-Dirar).
Dans l’objectif d’exécuter leur plan d’assassinat, les hypocrites invitèrent le
Noble Prophète r à se rendre dans leur mosquée avant de partir pour la campagne
de Tabûk. « Au retour, incha Allah », répondit le Noble Prophète r. Ils étaient à
présent à l’affût du retour de l’armée musulmane.
Les Croyants étaient maintenant à une courte distance de Médine. Jîbril u
vint auprès du Noble Prophète r et lui donna un aperçu de ce lieu de malice pré-
senté comme une mosquée de piété. Le piège tendu par les hypocrites, sous la forme
d’une mosquée rivale pour piéger le Prophète d’Allah r et tous les Croyants, fut
ainsi déjoué avant même qu’elle ne puisse être active.
668 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Tous les Musulmans de Médine, les jeunes comme les vieux, se rendirent en
masse à Saniyya al-Wada’ pour accueillir le Noble Prophète r et les Compagnons
alors qu’ils faisaient un retour triomphal à Médine. (Al Boukhari, Jihad, 196).
Les trois Compagnons y qui furent mis en quarantaine jusqu’à leur repentir
Trois catégories d’hommes ne participèrent pas à la campagne de Tabûk :
1) Ceux qui avaient des excuses légitimes et qui, comme l’a stipulé le verset
coranique, ne pouvaient pas participer faute de moyens, malgré leur désir désespéré.
Le Noble Prophète r dit à ses Compagnons à leur propos: « Il y a certainement à
Médine des hommes qui, dans toute marche que vous faites et dans toute la vallée que
vous traversez, sont avec vous : ce sont ceux qui y ont été retenus par la maladie. » (Al
Boukhari, Maghazi, 81 ; Muslim, Imarah, 159).
Un autre hadith, rapporte que le Prophète d’Allah r a déclaré : «La valeur des
actes réside dans les intentions» (Al Boukhari Al wahy 1).
2) Les hypocrites. Outre de nombreuses autres excuses, leur principale raison
de rester en retrait était leur conviction que le Noble Prophète r ne reviendrait pas
de Tabûk. Mais devant le retour sain et sauf du Noble Prophète r et des autres suc-
cès obtenus pendant la campagne, ils se précipitèrent aussitôt vers lui, inventèrent
des mensonges en guise d’excuse et s’excusèrent auprès de lui. Ceux-là au nombre
d’environ quatre-vingts, furent soumis au verdict de la Révélation divine :
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Ɔ ĜƇ óƆ ęŽ ĺƆ ĦƄ ijŽ ĜƆ ħŽ ıƇ ĭƪ ġà ƈ ƈ Ʃ ÖĪij
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Ž Ɔ ŽƆ Ž Ž ƪ Ɔ ƪ ƃ Ɔ ƪ Ƈ Ž Ɔ Ɔ Ž Ɔ Ɔ
« Et ils (les hypocrites) jurent par Allah qu’ils sont vraiment des vôtres ; alors
qu’ils ne le sont pas. Mais ce sont des gens peureux. S’ils trouvaient un refuge,
des cavernes ou un souterrain, ils s’y tourneraient donc et s’y précipiteraient à
bride abattue. » (At-Tawba, 9 : 56-57).
670 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
ƈ ųÒÓ Ɔ ƈ ƈ Ɔ òƇ ñƈ ÝƆ đŽ ĺƆ
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ħıƇ ĭŽ Đ ÒijĄ ƈóđÝĤƈ ħ ƈıĻĤÌƈ ħÝ×ĥĝĬÒÒðÌƈ ħġĤųÓƈ ƈ ÖĪijęĥƈ éĻøĪijĥĩđÜħÝĭĠÓĩƈÖħġÑƈ×ĭĻĘ
Ž Ɔ Ž Ƈ Ž Ƈ Ž ŽƆ Ž Ƈ ŽƆ Ɔ Ɔ Ž Ƈ Ɔ Ʃ Ɔ Ƈ Ž Ɔ Ɔ Ɔ Ƈ Ɔ Ž Ɔ Ž Ƈ Ƈ Ɔ Ƈ Ƈ žƆ Ƈ Ɔ
Ɔ ×Ƈ ùƈ ġŽ ĺƆ ÒŽ ijƇĬÓĠÓ
Īij Ɔ ĩƈƆ ÖÅÒõƆ ä Ɔ ħƇ ĭƪ ıƆ ä
Ɔ ħŽ İÒ Ƈ IJƆ ÉŽ ĨƆ IJ
Ɔ ÷Ƅ äŽ ƈòħŽ ıƇ Ĭƈƪ ÌħŽ ıƇ ĭŽ Đ Ɔ ÒŽ ijĄƇ ƈóĐŽ ƆÉĘƆ
« Il vous présentent des excuses quand vous revenez à eux. Dis : «Ne pré-
sentez pas d’excuses : nous ne vous croyons pas. Allah nous a déjà informés de
vos nouvelles. Et Allah verra votre œuvre, ainsi que Son messager. Puis vous
serez ramenés vers Celui qui connaît bien l’invisible et le visible, et alors, Il vous
informera de ce que vous faisiez. Ils vous feront des serments par Allah, quand
vous êtes de retour vers eux, afin que vous passiez (sur leur tort). Détournez-vous
d’eux. Ils sont une souillure et leur refuge est l’Enfer, en rétribution de ce qu’ils
acquéraient. » (At-Tawba, 9 : 94-95).
Après ces révélations, les hypocrites furent bannis de la société musulmane.
Qualifiés d’impurs, ils n’étaient plus considérés comme des musulmans. Ils reçurent
également l’interdiction de prendre part à toutes les causes au nom de l’Islam.
3) Ceux qui n’avaient pas d’excuses et qui étaient répartis en deux groupes :
a) Ceux qui ne participèrent pas à la campagne, même s’ils n’étaient pas
hypocrites et n’avaient pas d’excuse légitime et qui, avant que le Prophète d’Allah r
ne revienne de la campagne, réalisèrent leur erreur et se repentirent profondément.
En guise d’autopunition, ils s’attachèrent aux poteaux de la mosquée et jurèrent de
rester dans cet état jusqu’à ce que le Noble Prophète r les délivrât personnellement
à son retour. Informé de leur situation, le Noble Prophète r déclara à leur sujet :
« Et je promets de ne pas les détacher jusqu’à ce que j’aie reçu un ordre conforme. »
Le verset ci-dessous fut révélé à cette occasion :
b) Ceux qui n’avaient pas participé à la campagne alors qu’ils n’étaient pas
hypocrites et qu’ils n’avaient aucune excuse légitime pour se justifier mais qui
étaient restés séparés des autres qui s’étaient liés aux poteaux de la Mosquée. Ils
étaient trois : le poète Ka’b ibn Malik, Murara ibn Rabi et Hilal ibn Umayya y.
Contrairement aux hypocrites, ils n’avaient pas menti et ils avaient avoué au Noble
Prophète r qu’ils n’avaient aucune excuse justifiée pour ne pas s’être associés à
la cause. C’est avec un grand et inexprimable remords qu’ils supplièrent le Noble
Prophète r de pardonner leur refus de se joindre à eux. Le Noble Prophète r sen-
sible à respecter toute injonction divine, ne leur accorda pas immédiatement son
pardon. De plus, alors qu’il attendait une révélation qui dévoilerait leur sort, il ne
leur adressa même pas la parole. Les Compagnons y qui avaient modifié leur com-
portement conformément à la loi du Noble Prophète r agirent de même.
Ces trois Compagnons y avaient pris part à toutes les batailles précédentes,
à l’exception de Ka’b qui ne fut absent qu’à Badr. Le monde s’était soudainement
rétréci devant leurs yeux et leurs coeurs étaient resserrés maintenant qu’ils étaient
ignorés par l’ensemble de la société musulmane à cause de leur jugement erroné
relativement à leur retrait de Tabûk. Et pire le Noble Prophète r les évita au point
de ne pas répondre à leurs salutations. La terre entière s’était éloignée ; même leurs
épouses étaient comme des étrangères. Ils ne pouvaient rien faire d’autre que de
pleurer jour et nuit. Ils ressemblaient à des bougies qui avaient fondu en raison de
leurs pleurs incessants. Certes ils avaient commis une erreur, mais cela ne les avait
pas empêchés d’être sincères et droits ; cela n’avait ni ébranlé leur confiance en Allah
le Très-Haut ni détourné leurs remords et leur désir de repentance.
Cinquante jours s’écoulèrent avant que leur honnêteté et leur repentir sincère
fut récompensés par la révélation coranique suivante :
« Réjouis-toi du plus beau jour que tu aies jamais connu depuis que ta mère t’a
mis au monde ! ».186
Ka’b ibn Malik t pour exprimer sa gratitude déclara:
« Dans ce cas, ô Messager d’Allah je voudrais faire l’aumône de toute ma for-
tune pour l’amour d’Allah et de Son Messager ! »
Le Noble Prophète r lui conseilla:
« Il est préférable pour toi que tu gardes une partie de tes biens pour toi-même» .
Alors Ka’b t dit : « Alors je garde ma part du butin de Khaybar »
Puis il t ajouta : « Ô Messager d’Allah ! Allah le Très Haut ne m’a sauvé qu’à
cause de ma sincérité et, comme autre preuve de mon repentir, je ne dirai plus que
la vérité tant que je vivrai ».
Et enfin il t dit : «Je jure devant Allah que le plus grand bienfait qu’Allah Tout-
Puissant m’a donné est d’être sincère avec le Prophète r et de me préserver d’être
détruit avec ceux qui mentent. Parce qu’Allah le Tout Haut a révélé les mots les plus
lourds qu’Il n’ait jamais proféré à l’intention de ceux qui n’ont pas participé à l’expé-
dition de Tabut et ont inventé des excuses pour se justifier. Il a en affet ordonné :
« (…) Détournez-vous d’eux. Ils sont une souillure et leur refuge est l’Enfer (…) »
(At-Tawba 9 : 95 –Al Boukhari Maghazi 79 Wasaya 16 Jihad 103 ; Muslim Tawba 53 ; Musafirin 74).
Ces trois Compagnons y, pour s’être tenus à l’écart d’une seule expédition
militaire, alors qu’ils avaient été présents aux côtés du Noble Prophète r pendant
presque toutes les batailles précédentes, subirent une punition d’une envergure telle
que ceux qui s’abstiennent sans excuse légitime de participer à la lutte pour l’unité
divine dans le sentier d’Allah U doivent méditer sur les conséquences de leurs actes.
Quelle énorme leçon en effet pour un homme qui est appelé “Compagnon” de
se retrouver face à face avec la mort lors de nombreuses batailles, en premier lieu
à Badr, pour ensuite faire l’objet de la plus lourde censure pour avoir été absent
lors d’une campagne (militaire) aussi ardue et sans qu’il n’y eût d’effusion de sang
comme à Tabûk !
Non seulement il y a une incroyable leçon à tirer pour ceux qui détiennent un
fil de compréhension, mais cet incident a aussi une signification et des conséquences
terrifiantes. Considérant que la lutte pour le triomphe de l’Islam reste une nécessité
contemporaine, comme elle l’a toujours été, combien il est triste de voir les nom-
breuses personnes négligentes, lentes et laxistes, agir à cet égard.
186. Ka’b t, alors qu’ıl se précipitait vers le Noble Prophète r après avoir reçu cette merveilleuse nouvelle,
fut intercepté par Talha ibn Ubaydullah t qui l’embrassa avec joie et le félicita ; une expression
authentique d’un sentiment dont Ka’b t se souvint avec tendresse le restant de sa vie.
La Neuvième Année de L’hégire 673
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ħĻčƈ đƆ ĤŽ ÒôƇ ijŽ ęƆ ĤŽ ÒijƆ İ ƈ īĨ
ƈ įƈƈ ÖħÝđĺÓÖĸñƈ Ĥƪ ÒħġƇ đƈ Ļ×ƈÖÒŽ IJóýƈ ×ÝøÓĘƆ ųÒ ƈ Įƈ ïƈ ıđƈÖ
Ƈ Ƈ ğƆ ĤðƆ IJ
Ɔ ƇŽƆ Ɔ Ƈ ŽƆ Ƈ ŽƆ Ž Ʃ Ɔ ŽƆ
« Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en
échange du Paradis. Ils combattent dans le sentier d’Allah : ils tuent, et ils se
font tuer. C’est une promesse authentique qu’Il a prise sur Lui-même dans la
Thora, l’Evangile et le Coran. Et qui est plus fidèle qu’Allah à son engagement?
Réjouissez-vous donc de l’échange que vous avez fait : Et c’est là le très grand
succès. » (At-Tawba, 9 : 111).
674 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Une autre conséquence de cette situation est qu’à tous les âges les hypocrites
représentent la plus grande menace pour les Musulmans, ce que la sourate At-Tawba
et les expériences vécues à Tabûk mettent en lumière.
Certes, les siècles d’efforts persistants déployés par des non-croyants pour affai-
blir la puissance économique Musulmane furent toujours contrecarrés par Allah I
qui combattit cet état en dotant Ses Croyants de nombreuses bénédictions issues des
trésors du ciel et de la terre dont Il est le Digne Possesseur. Mobilisant ses armées
physiques et spirituelles, le Tout-Puissant a toujours accordé aux Croyants des
victoires rapides aux dépens des non-croyants qui ont subi des défaites écrasantes.
L’Histoire fournit de nombreux exemples de Musulmans remportant des vic-
toires suprêmes en petit nombre avec l’aide d’Allah le Très-Haut. Badr, Mu’tah, les
batailles d’Andalousie et de Manzikert en sont des exemples parmi tant d’autres.
Quatre cents cavaliers seulement furent à l’origine du magnifique Empire
Ottoman qui a apposé la signature «i’lâyı kelimetullâh”187 en luttant pour faire régner
la Parole d’Allah dans le monde entier.
Cela prouve que le succès des Musulmans va toujours en parallèle et est induit
de leur sincérité (ikhlas) envers Allah le Très-Haut.
En corolaire la perte de sincérité constitue une perte de force et s’accrocher à
al-ikhlas apporte l’invincibilité.
187. En référence au verset 40 de la sourate At Tawbah. ųÒƇƪ IJÓ ƈ ƪ ƈ ÙƇ ĩĥƈ ĠƆ ("La Parole d'Allah est la plus
Ɔ ĻƆ ĥŽ đƇ ĤŽ ÒĹƆ İųÒ Ɔ
haute"). (Note du Rédacteur).
La Neuvième Année de L’hégire 675
Quand c’est le cas, les ennemis de l’Islam sont toujours frustrés, peu importe
l’ampleur de leurs tentatives de nuire aux Musulmans.
Allah le Très-Haut parle de cette protection dans le Coran :
Ƅ éƈ Ĩ
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Ɔ ĥƇ ĩƆ đŽ ĺÓ Ɔ Ʃ Īƪ Ìƈ ÓÑƃ ĻŽ ü
Ɔ ĩƈƆ ÖųÒ Ɔ ħŽ İƇ ïƇ ĻŽ Ġ
Ɔ ħŽ ĠƇ óƫ ąƇ ĺƆ ƆźÒŽ ijĝƇ Ýƪ ÜƆ IJ
Ɔ ÒŽ IJóƈƇ ×āŽ ÜĪƈ
Ɔ ÌIJƆ
« (…) Mais si vous êtes endurants et pieux, leur manigance ne vous causera
aucun mal. Allah connaît parfaitement tout ce qu’ils font. » (Al-‘Imrân, 3 : 120). *
L’Histoire islamique témoigne des innombrables manifestations de ce verset.
Le Noble Prophète r demanda alors qu’on lui apporte une pierre qu’il plaça
ensuite sur le faîte de la tombe. La tombe était à présent délimitée. Ce fut aussi la
première fois qu’une tombe était arrosée d’eau. (Ibn Sa’d, I, 144; Ibn Abdilbarr, I, 59).
Une éclipse solaire eut lieu le même jour. Certains Compagnons se référant
à une coutume datant de l’époque de la Jahiliyya firent le rapprochement de cette
éclipse solaire avec le décès d’Ibrahim. Alors le Prophète d’Allah r accomplit deux
unités de prière au moment où se produisit l’éclipse et dit pour indiquer qu’il
n’acceptait pas les propos tenus par certains Compagnons y :
« Le soleil et la lune sont deux signes parmi les signes d’Allah. Ils ne sont éclipsés ni
par la mort ni par la vie de quiconque. Lorsque vous apercevez leur éclipse, employez-
vous au souvenir d’Allah et accomplissez la prière de circonstance191. » (Nasa’i, Kusuf, 14).
Le Négus d’Abyssinie décéda pendant le mois de Rajab. Le Noble Prophète r
annonça aussitôt aux Compagnons la nouvelle de sa mort malgré la distance qui
sépare les deux pays.
Il dit: «Effectuez la prière funéraire sur votre frère qui est mort dans un pays
lointain.»
Les Compagnons demandèrent: «Qui était-il ?»
Il dit: « Le Négus Ashama. Aujourd’hui, Ashama, le juste serviteur d’Allah, est
mort. Demandez pardon à Allah pour votre frère !»
Puis il r dirigea la prière funéraire en présence des Compagnons. (Muslim, Janaiz,
62-68 ; Ahmad, III, 319 ; IV, 7).
191. Les festivités observées dans certaines régions au cours d’éclipses solaires et lunaires sont des
superstitions qui n’ont rien à voir avec l’Islam qui enjoint plutôt l’offrande de la prière simultanément
aux deux évènements. Considérer le cri du hibou comme un signe de malchance et verser des larmes
dans cette circonstance provient, encore une fois, de croyances superstitieuses similaires.
La Neuvième Année de L’hégire 679
Lorsqu’Abdallah ibn Ubay décéda son fils ‘Abdallah partit dire Messager
d’Allah r : “Abdallah est mort, ô Messager d’Allah, je demande à présent que tu
me remettes ta tunique afin qu’elle serve de linceul à mon père, puis de conduire la
prière funéraire et de prier pour qu’il soit pardonné !” Le Noble Prophète r ôta sa
tunique, la tendit à ‘Abdallah et conduisit la prière funéraire. Cet événement cepen-
dant provoqua la révélation suivante :
Treize émissaires de cette tribu vinrent à lui en avec des aumônes qu’ils vou-
laient verser. Le Prophète d’Allah r apprécia leur attitude et, après leur avoir sou-
haité la bienvenue, dit à Bilal al-Habashî de les accueillir de la meilleure façon.
Lorsqu’ils dirent au Messager d’Allah r :
« Ô Messager d’Allah nous t’apportons ce qui pris de nos biens est dû à Allah ! »
Le Noble Prophète r leur répondit :
« Rapportez tout ceci et faites-en la distribution aux pauvres! »
Ils objectèrent : « Mais nous n’avons apporté avec nous que ce qui reste après la
distribution faite à nos pauvres. »
Abû Bakr t les félicita alors et dit :
« Il n’y a sûrement pas d’autres émissaires parmi les Arabes qui soient sem-
blables à ces gens de Tujib, ô Messager d’Allah ! »
Alors le Noble Prophète r déclara :
« La guidée est entre les mains d’Allah. Allah ouvre à la foi le cœur de qui Il
souhaite le meilleur. »
Les émissaires de Banû Tujib posèrent au Noble Prophète r certaines ques-
tions relatives au Coran et à la Sunna. Leurs réponses furent consignées par écrit et
transmises. Leur enthousiasme eut tôt fait d’augmenter l’intérêt qu’avait pour eux le
Noble Prophète r.
Après avoir séjourné quelques jours, les émissaires exprimèrent leur désir de
rentrer chez eux. Quand on leur demanda pourquoi ils étaient pressés, ils répon-
dirent :
“Nous désirons retourner auprès de notre peuple le plus vite possible pour leur
enseigner ce que nous avons observé et appris du Messager d’Allah.”
Puis ils virent le Prophète d’Allah r une dernière fois et lui firent leurs adieux.
Le Noble Prophète r demanda alors Bilal al-Habashî t de les accompagner et leur
accorda plus de cadeaux qu’aux autres délégations. (Ibn Sa’d I 323; Ibn Qayyim III, 650-651).
En exhortant les membres des diverses délégations à rester quelques temps à
Médine, le Noble Prophète r s’était ainsi assuré qu’ils apprennent le Coran et les
bases de l’Islam pour qu’ils acquièrent une connaissance pratique de la religion et
appliquent eux-mêmes les principes.
Par exemple quand des émissaires de la tribu de ‘Abd’ul-Qays vinrent se pré-
senter le Noble Prophète r demanda aux Ansar de les accueillir et de répondre à
leurs besoins durant leur séjour à Médine tout en leur enseignant les rudiments de
l’Islam et en les incitant à mémoriser assez de sourates du Coran pour qu’ils accom-
plissent correctement la prière rituelle.
La Neuvième Année de L’hégire 681
Ainsi l’islam se répandit dans toute l’Arabie et se développa jour après jour. Les
gens venaient embrasser en masse l’Islam et Médine se remplissait de jour en jour
de nouveaux arrivants. Le Prophète d’Allah r les accueillait avec compassion, les
traitait avec honneur et gentillesse, discutait avec eux selon leurs conditions et leurs
dispositions, recueillait des informations concernant leurs régions d’origine, prêtait
attention à leurs besoins et résolvait leurs problèmes. Bref, il inscrivit dans leurs
cœurs le fondement de la paix et de la joie attaché à l’Islam. (Voir, An Nasaï, Umrah, 5).
Les troubles liés à l’époque ouvrirent la voie à une abondante bénédiction.
Allah le Très-Haut exhorta Son Messager r et tous les Croyants à mettre en
lumière leur dette envers la généreuse bénédiction qu’Il leur avait octroyée :
ƈ Ʃ īĺ ƈ Ę ƈ Īij ƈ Ʃ óāĬƆ ÅÓäÒðƆ Ìƈ
ƃ ijƆ ĘŽ ƆÈųÒ
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Ɔ ųÒ Ƈ Ž Ɔ
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Ɔ Ġ ƈ
Ž IJ
Ɔ ğƈƆ Öž ò
Ɔ ïĩŽ éƈƆ ÖçƈŽ מ ùƆ ĘƆ
« Lorsque vient le secours d’Allah ainsi que la victoire, et que tu vois les gens
entrer en foule dans la religion d’Allah, alors, par la louange, célèbre la gloire de
ton Seigneur et implore Son pardon. Car c’est Lui le grand Accueillant au repen-
tir. » (An-Nasr, 110 : 1-3).
Consécutivement à la propagation rapide de l’Islam en Arabie et à la venue à
Médine d’émissaires de différentes tribus pour apprendre la Religion de Vérité, la
neuvième année de l’Hégire fut nommée l’Année des Émissaires.
ƈ
ƆŻĘƆ ÷Ƅ åƆ ĬƆ Īij
Ɔ ĠƇ ƈóýŽ ĩƇ ĤŽ ÒÓĩƆ Ĭƈƪ ÌÒŽ ijƇĭĨÆ
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ŽƆ Ž Ƈ Ž Ž Ɔ Ɔ Ɔ Ž Ɔ Ɔ ŽƆ Ɔ Ɔ Ɔ Ž Ɔ Ž Ɔ Ž Ž Ƈ Ɔ ŽƆ
ħĻġƈ è ħĻĥƈ ĐųÒĪƈÌÅÓüĪƈ
Ƅ Ɔ Ƅ Ɔ ƆƩ ƪ Ɔ Ìįƈ ĥƈ ąŽ ĘƆ īĨ ƈ ųÒ
Ƈ Ʃ ħƇ ġĻƇ ĭƈ ĕŽ Ƈĺ
« Ô vous qui croyez ! Les associateurs ne sont qu’impureté: qu’ils ne s’ap-
prochent plus de la Mosquée sacrée, après cette année-ci. Et si vous redoutez une
pénurie, Allah vous enrichira, s’Il veut, de par Sa grâce. Car Allah est Omniscient
et Sage. » (At-Tawba, 9 : 28).
À la suite d’Abû Bakr t le Noble Prophète r chargea Alî t de faire l’annonce
des versets susmentionnés à La Mecque.
Le premier jour de l’Aïd, ‘Alî t se tint près d’Aqaba et s’acquitta de la tâche
qui lui avait été confiée à travers un sermon. dans lequel, après avoir lu les versets
concernés, il annonça les quatre conditions définies par le Prophète d’Allah r pour
que chacun puisse les entendre :
1) Que tout le monde sache que seuls les Croyants entreront au Paradis.
2) La pratique idolâtre de circumambuler nu autour de la Ka’ba est abolie.
3) À partir de cette année aucun mushrik ne sera autorisé à approcher la Ka’ba.
4) Quant aux idolâtres qui avaient un pacte avec le Prophète d’Allah r auquel
ils demeuraient fidèles, tous les pactes établis resteront en vigueur jusqu’à la fin des
termes désignés.
Aucun idolâtre ne put cette année-là participer au Hajj et ce fut la dernière fois
que la Ka’ba connût la circumambulation de l’ancien rituel.
En outre, les quelques idolâtres qui restaient comprirent à quel point leurs
croyances les avaient mis dans une position dégradante, après quoi ils “succom-
bèrent” à l’Islam. Tout comme elle avait été débarrassée auparavant des idoles, la
Ka’ba était maintenant aussi purgée de ses idolâtres et était devenue prête pour le
Grand Hajj que le Noble Prophète r allait effectuer l’année suivante. (Ibn Hishâm, IV,
201 ; At Tirmidhi Hajj, 44/871 ; Waqidi, III, 1077).
684
ƈ ƈ
ÙƆ đƆ ĩŽ ø
Ƈ ƆźIJÓ
Ɔ ıĻƆ ĘÅÓƆ ĺƆ ƈòƆźÙƄ åƪ èħƪ ıƇ ĥƪ ĤÒ
« Ô mon Seigneur ! Fais que ce pèlerinage soit bon et accepté, libre de toute insin-
cérité et de toute vanité. » (Ibn Maja, Manasiq, 4).
Il se mit état d’ihram à Dhoul Khulayfa et dit la talbiya194:
Il r embrassa ensuite la Pierre Noire et dit après avoir posé ses mains dessus,
se frotta le visage:
ğƆ Ļƈ ×ƈ ĬƆ ÙƆ ĭƪ øÓ ƈ ğƈƆ ÖÓÝġƈƈ ÖÓĝƃ ĺïƈ āÜƆ IJğƈƆ ÖÓĬƃ ÓĩĺÒƈ ħıĥž ĤƆÒ
ž Ƈ ĐÓƃ ×Ɔ ÜÒž IJ
Ɔ Ɔ Ž Ɔ Ɔ ƪƇ
« Ô mon Seigneur, dit-il, j’ai foi en Toi et confirme Ton Livre et respecte les lois
de Tes prophètes. »
Puis il commença la circumambulation depuis le coin de la Pierre Noire.
(Haythami, III, 240).
Lors des trois premiers tours le Prophète r raccourcit ses pas et marcha rapi-
dement en balançant ses épaules.
Il r dit ce verset en arrivant au Ruknu’l-Yamani (Coin Yéménite) et à Hajar al-
Aswad :
ƈ ƪ ƈóÐÇƈ đüī
ųÒ ƈ
Ɔ Ɔ ĨØƆ IJƆ óŽ ĩƆ ĤŽ ÒIJÓ
Ɔ ęƆ āĤÒ
ƪ Īƈƪ Ì
« As Safa et Al Marwah sont vraiment parmi les lieux sacrés d’Allah … »
(Al-Baqara, 2 : 158).
Puis il dit :
« J’ai commencé par ce qu’Allah mentionne en premier dans le verset et me suis
rapproché de Safa pour initier la sa’y.»
En vue de la Ka’ba, il la fixa, dit le tahlil et le takbir196 et délara trois ou sept fois :
ïƇ ĩŽ éƆ ĤŽ ÒįƇ ĤƆ IJ
Ɔ ğƇ ĥŽ ĩƇ ĤŽ ÒįƇ ĤƆ įƇ ĤƆ ğĺ
Ɔ ƈóü
Ɔ ƆźĮƇ ïƆ èŽ IJ ƪ ƪ źÌƈ įƆ ĤƆ Ìƈ Ɔź
Ɔ ƇųÒ
ƅ Ɔ ģƈ ž Ġĵ
ƆźĮƇ ïƆ èŽ IJ ƪ ƪ źÌƈ įƆ ĤƆ Ìƈ ƆźóĺƄ ïƈ ĜƆ ÅĵŽ ü
Ɔ ƇųÒ Ƈ ĥƆ Đ
Ɔ ijƆ İƇ IJ
Ɔ ÛĻ
ƈ
Ƈ ĩƇĺIJĹƈ
Ɔ ĻéŽ Ƈĺ
ĮƇ ïƆ èŽ IJ Ɔ õƆ èŽ ƆŶÒĦƆ õƆ İƆ IJ Ɔ
Ɔ ÔÒ Ɔ ĮƇ ïƆ ׎ Đ
Ɔ óƆ āƆ ĬƆ IJ
Ɔ ĮƇ ïƆ ĐŽ IJ
Ɔ õƆ åƆ ĬŽ ÈįƇ ĤƆ ğĺ
Ɔ ƈóüƆ
“Il n’y a d’autre divinité qu’Allah, qui est Un. Il n’a ni associé ni partenaire. La
souveraineté Lui appartient et à Lui Seul appartient la gratitude. Il ressuscite et fait
mourir. Il a le pouvoir sur toutes choses. Il n’y a pas d’autre divinité qu’Allah. Allah a
accompli Sa promesse. Il a aidé Son serviteur et a Lui-Même mis en déroute toutes les
armées qui s’étaient rassemblées aux fins d’hostilité. » (Ibn Maja, Manasiq, 84).
Le Prophète d’Allah r se rendit ensuite à pied de Safa à la colline de Marwa. À
mi-parcours environ de sa marche, il se mit à accélérer le pas pour revenir ensuite à
un rythme de marche modéré tout en invoquant entre-temps :
Aujourd’hui, Satan a perdu pour toujours son pouvoir de rétablir son influence
et sa souveraineté sur ces terres qui sont les vôtres. Mais il sera quand même satisfait
si vous le suivez dans les choses que vous considérez triviales, en dehors de ce que j’ai
moi-même aboli. Abstenez-vous d’en faire autant afin de protéger votre religion !
O Gens !
Respectez les droits des femmes ! Traitez-les avec amour et compassion ! Je vous
conseille de craindre Allah à leur égard ! Vous les avez prises comme épouses au nom
d’Allah ; leur chasteté est leur honneur au nom d’Allah ! Vous avez des droits sur les
femmes et les femmes ont des droits sur vous ! Le droit que vous avez sur les femmes,
c’est qu’elles ne doivent laisser quiconque porter atteinte à l’honneur de votre famille !
Le droit que les femmes ont sur vous, c’est que vous devez leur fournir, légitimement,
leur nourriture et leurs vêtements. Il n’est pas permis à une femme de donner quoi que
ce soit des biens de son mari à qui que ce soit, sans sa permission.
Quant à vos esclaves, prenez soin de les nourrir de la même manière que vous
vous nourrissez et habillez-les de la même manière que vous vous habillez. S’ils
commettent une action que vous réprouvez, laissez-les tranquilles ! Ne les persécutez
jamais, car eux aussi sont des serviteurs d’Allah.
O Croyants !
Écoutez-moi bien et apprenez ! Le Musulman est le frère du Musulman ; par
conséquent, tous les Musulmans sont frères. Il n’est (donc) pas permis de violer tout
droit appartenant à votre frère en religion, à moins qu’il ne le donne d’un cœur
satisfait...
Ô Compagnons !
Ne vous accablez pas ! Vous aussi avez des droits sur vous-mêmes !
Ô Gens !
Tout coupable est personnellement condamnable pour le crime commis. Aucun
enfant ne doit supporter la punition liée au crime de son père. Aucun père ne peut être
tenu responsable du crime de son enfant.
Ô Gens !
À chacun ses ayant-droits. Le Tout-Puissant a fourni son dû (dans le Coran).
L’héritier n’a nul besoin de testament197. Quel que soit le lit où l’enfant nait, il est là
où il doit être. Tout fornicateur doit être déshérité. Que le socle qui revendique un
autre lignage que celui de ses pères ou un esclave ingrat qui prétend appartenir à un
197. Avant la révélation du verset qui établit définitivement les droits en matière d’héritage, notamment
après un décès, tout Musulman devait obligatoirement rédiger un testament. Après la révélation du
verset qui détermine tous les droits le testament ne devint plus obligatoire. Mais, tout Musulman qui
le souhaite est autorisé à faire un testament sur la partie de sa propriété qui n’en excède pas le tiers.
692 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
autre maître que le sien soit soumis à la colère d’Allah et à la malédiction des Anges
et des Musulmans ! Il n’accepte ni la repentance de ces personnes, ni leur intégrité et
leur témoignage.
Ô Gens !
Votre Seigneur est Un ! Ainsi est-il de votre père ; vous êtes tous les fils d’Adam ;
et Adam a été créé de terre. Un Arabe n’est pas supérieur à un non-Arabe et un non-
Arabe n’est pas supérieur à un Arabe – seulement par la piété et la bonne action.
Ô Gens !
Le temps s’est écoulé de façon uniforme depuis l’époque où Allah a créé les cieux et
la Terre. Par conséquent une année équivaut toujours à douze mois, dont quatre sont
inviolables (en tant que mois sacrés). Ce sont dans l’ordre Dhul-Qa’dah, Dhul-Hijja
et Al-Muharram, tandis que le dernier est Rajab qui s’intercale entre Jamazi’al-Akhir
et Cha’ban. Cette année, les mois inviolables sont revenus à leur époque d’antan. La
saison du Hajj correspond au dixième jour de Dhul-Hijja.
Ô Croyants !
Je vous laisse une chose digne de confiance à laquelle tant que vous vous y agrip-
perez, vous ne vous égarerez jamais. Cette chose digne de confiance est le Coran, le
Livre d’Allah.
Ô Gens !
Adorez Allah ! Acquittez-vous des cinq prières quotidiennes. Jeûnez le mois de
Ramadan et suivez mon exemple (Sunna). Vous entrerez alors au Paradis.
Ô Gens !
Prenez garde aux excès ! La raison pour laquelle vos prédécesseurs ont péri est
due à leurs excès en matière de religion. Apprenez de moi les rites du pèlerinage. Je ne
serais peut-être pas en mesure de vous revoir d’ici l’année prochaine. Que les présents
transmettent mes paroles à ceux qui sont absents ! Il se pourrait que celui qui reçoit
comprenne et protège mieux mes paroles que celui qui transmet.»
Alors le Noble Prophète r demanda au plus de cent mille Compagnons :
« Demain, on vous demandera de mes nouvelles, que répondrez-vous ? »
« Nous attesterons que tu as rempli ton devoir en tant que Messager d’Allah, et
que tu nous as bien avertis et conseillés, bourdonna la masse des Croyants. »
Après ce témoignage unanime le Noble Prophète demanda trois fois :
« Ai-je bien transmis, ô mes Compagnons ? »
Il reçut autant de confirmations, après quoi il leva les mains au ciel et demanda
à Allah le Très-Haut d’être le Témoin de ceci :
La Dixième Année de L’hégire 693
Le Sermon d’Adieu est un édit qui régit les relations sociales, un compte rendu
abrégé de l’Islam et une norme pour la conduite et les droits humains.
Bien avant la proclamation de la célèbre Déclaration des Droits de l’Homme,
le philosophe français La Fayette, un des génies de la Révolution Française de 1789
découvrit, après avoir mené une recherche minutieuse sur la quasi totalité des sys-
tèmes juridiques du monde, le Sermon d’Adieu du Prophète Muhammad r qu’il
jugea comme renfermant les principes de justice pour l’humanité toute entière.
Il déclara même à ce propos : « Muhammad le Magnifique ! Nul n’a pu égaler
jusqu’à présent le niveau de justice que tu as exercé et nul ne le surpassera! »(Voir,
Kâmil Mîras, Tecrîd-i Sarîh Tercemesi, IX, 289).
Dans ce fameux Sermon, le Prophète d’Allah r énonce les règles que les êtres
humains doivent connaître et dont l’ignorance ne peut servir d’excuse. La foule
immense qui était présente a permis la propagation du Sermon à toute l’humanité.
Après le Sermon, Bilal al-Habashî t lança l’appel à la prière (adhan).
Le Noble Prophète dirigea alors successivement les prières de midi (ad-dohr)
et de l’après-midi (al-‘asr) sans effectuer aucune prière surérogatoire entre les deux.
Après cela il remonta sur sa chamelle Qaswa et se rendit sous le Djebel Raতma198.
Puis il orienta Qaswa vers les rochers, en direction de la Ka’ba. Il demeura là
jusqu’à ce que le soleil se couche complètement et perde sa luminosité.
Durant l’arrêt (waqfa), tenant les rênes de la chamelle avec une seule main tout
en élevant l’autre, le Prophète d’Allah r commença une longue invocation, expres-
sion de sa sensibilité de cœur et de son affectuosité pour le service :
« Ô mon Seigneur !
Merci à Toi de la manière dont Tu l’as déclaré et d’une manière supérieure à la
manière dont nous l’exprimons. Ô Allah… Ma prière, mon culte, ma vie et ma mort
sont pour Toi seul ! Vers Toi est mon retour !
« Ô mon Seigneur !
Je cherche refuge en Toi contre les tourments de la tombe, les murmures du cœur
et l’éparpillement des soucis ! ô Allah… Je cherche en Toi un refuge contre les désastres
causés par les vents !
198. Djebel Raۊma : Mont de la Miséricorde, autre nom du Mont ‘Arafat. (NdT).
694 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« Ô mon Seigneur !
Mets une lumière dans mon regard, une lumière dans mes oreilles, une lumière
dans mon cœur !
ô Allah… Élargis ma poitrine ! Facilite mes affaires !
Ô Allah… Je cherche en Toi un refuge contre la conversion de la santé en maladie,
contre Ton châtiment qui survient sans préavis et contre toute Ta colère…
Ô Allah… Guide-moi sur Ton droit chemin ! Pardonne à mon passé et à mon
futur !
« Ô Allah, Qui augmente les rangs, Qui fait descendre l’abondance… Allah Qui
a créé les cieux et la terre ! Des voix multiples et passionnées s’élèvent vers Toi et
T’adressent leurs appels ! Et mon appel est pour que Tu te souviennes de moi au pays
de l’épreuve, où je suis délaissé par les peuples du monde !
« Ô mon Seigneur !
Tu entends mes paroles, Tu vois où je suis et Tu sais tout de ce que j’ai, que ce
soit caché ou apparent ! Rien de ce que je fais n’est secret pour Toi. Je suis pauvre et
impuissant ; je demande Ton aide et Ta miséricorde ! J’ai peur ; j’avoue mes défauts !
Je te supplie à la manière d’un homme sans défense qui te supplie ! Je te supplie à la
manière d’un infâme pécheur qui te supplie ! Je T’implore comme un de Tes serviteurs
qui, humilié en Ta sublime présence, prie les larmes aux yeux et, frottant son visage
dans la boue, abandonne son existence pour Ton amour ! Mon Seigneur ! Ne refuse
pas ma prière ! Sois compatissant et miséricordieux envers moi… Toi Qui es le meil-
leur de ceux sollicités et Le plus généreux des donateurs ! » (Ibn Kathir, al-Bidayah, V, 166-
168; Haythami, III, 252; Ibn Qayyim, II, 237).
Les pieux prédécesseurs (al-salaf al-salihin) avaient coutume de faire à Arafat des
invocations dont voici un extrait :
« Ô Seigneur ! Qui peut se louer devant Toi ? Mon Seigneur ! Ma langue est
liée par les péchés. Je n’ai ni acte digne que je puisse user devant Toi et ni autre
intercesseur en dehors de mon propre désir ! Ô mon Seigneur ! Je sais que je n’ai ni
pas de position favorable devant Toi à cause de mes péchés, ni un visage avec lequel
je puisse implorer Ton pardon !
Ô Seigneur ! Même si je suis digne de Ton pardon, Ta miséricorde est suffisante
pour m’atteindre, car Ta Miséricorde est suffisamment vaste pour tout englober !
Ô Seigneur ! Quel que soit leur poids mes fautes, sont minimes comparées à
Ton pardon ! C’est pourquoi, ô mon Seigneur Bienveillant, pardonne-les-moi !
« Ô Seigneur ! Si Tu ne pardonnes qu’à Tes serviteurs dévoués en qui les
injustes chercheront-ils refuge ?
La Dixième Année de L’hégire 695
Ô Allah ! Si tu n’as pitié que de Tes serviteurs justes à qui les pécheurs deman-
deront-ils de l’aide ?
« J’ai besoin de Toi en tout temps mais Toi Tu n’as pas besoin de moi ! Tu ne
peux me pardonner qu’en tant que mon Créateur ! Puissé-je par Toi retourner d’où
je viens avec tous mes besoins comblés, toutes mes demandes satisfaites et tous mes
souhaits réalisés !
« Ô Seigneur ! Toi qui détient le pouvoir sur tous les besoins de ceux qui
demandent ! Mon Dieu Toi qui sait ce qui se passe dans l’esprit de ceux qui se
taisent ! Mon Dieu en dehors de Toi il n’y a point de secours ! Mon Dieu Toi qui n’a
pas de créateur au-dessus de Lui et qui doit être craint ! Mon Dieu toi qui n’a pas
de subalterne auquel nous dussions faire appel, pas de portier que nous fussions en
mesure de soudoyer ! Mon Dieu Dont la générosité ne fait que croître au fur et à
mesure que les supplications croissent et Dont la bienveillance ne fait qu’accroître
les besoins. Ô mon Seigneur ! Certes, Tu divertis Tes hôtes ! Nous sommes nous
aussi Tes hôtes ! Divertis-nous dans Ton Paradis !
« Ô Seigneur ! Tout visiteur reçoit des présents ; Quiconque insiste reçoit sa
récompense, tandis que tout invité est honoré. Quiconque attend des récompenses
est dûment récompensé ! Ensemble nous sommes venus dans Ta Maison Sacrée !
Nous nous tenons tous par-devant ce grand édifice ! Nous sommes présents sur
cette terre sacrée ! Notre espoir est de saisir les récompenses qui patientent en Ta
sublime présence ! Ne laisse pas, ô Allah, nos espoirs demeurer vains ! » (Al-Ghazalî,
Ihya, I, 337-338 ; Bayhaqi, Shuab’ul-Iman, II, 25-26).
Alors que le Noble Prophète r se trouvait toujours à ‘Arafat, des gens de Najd
vinrent le voir et lui demandèrent :
«Qu’est -ce que le Hajj, ô Messager d’Allah, et comment s’accomplit-il ?»
Le Noble Messager r répondit :
« Le Hajj, c’est ‘Arafat, quiconque parvient à ‘Arafat avant la prière d’al-fajr
dans la nuit de Muzdalifah a accompli le Hajj. Les jours de Mina sont trois. Point
de reproche à faire à celui qui se précipite et qui n’y reste que deux jours. Point de
reproche à faire aussi à celui qui arrive en retard.» (Ibn Maja, Manasiq, 57).
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696 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Abû Bakr t, avec sa vivacité d’esprit et d’analyse, avait tout saisi dès qu’il enten-
dit la révélation. Il comprit profondément la signification du “Bienfait accompli” et
l’évènement imminent à suivre après le “parachèvement de la religion”.
Pour les gens perspicaces le verset signifiait en quelque sorte l’annonce de la
mort prochaine du Noble et Saint Prophète r.
Allah le Très-Haut allait bientôt inviter Sa Lumière de l’Être, Son Bien-Aimé
dans le royaume éternel.
Les yeux d’Abû Bakr t, alors que personne autour de lui ne pouvait voir à quoi
faisait allusion le verset, s’emplirent de larmes à cause de la douleur de la séparation.
(Elmalılı, III, 1569).
Après tout, la Foi sacrée, dont la révélation avait duré vingt-trois années, allait
maintenant devenir une grâce divine pour chaque membre de l’oumma à venir, et
ce jusqu’à l’heure Ultime.
En fait, il n’existe pas de station (waqfa) dans cette région durant le Hajj.
Les manifestations de miséricorde ou de colère peuvent parfois même se
répercuter sur la congrégation. C’est pour cela qu’il faut profiter au maximum des
lieux où la miséricorde divine se manifeste, tels que la Ka’ba, les mosquées ou bien
les endroits où résident les justes, et s’abstenir au contraire de fréquenter des lieux
infectés par le péché et la rébellion, soumis au courroux divin.
Les être inanimés sont aussi soumis à la loi de l’attraction. C’est ainsi que le
palmier sur lequel le Noble Prophète r s’adressait aux Croyants était rempli de cette
lumineuse sentimentalité spirituelle et quand Noble Prophète r commença à dire
ses sermons dans d’autres endroits il se mit à pleurer. (Al Boukhari, Manaqib, 25 ; Buyû, 32).
Les ahadith qui fournissent le récit de l’évènement sont appelés mutawatir,
c’est-à-dire que leur authenticité narrative est garantie.
Mawlana Rumî ç dit à ce propos :
« L’air, la terre, l’eau et le feu sont les serviteurs d’Allah. Pour nous ils semblent
sans vie, mais devant Allah ils sont êtres vivants. »
Alors que les cheveux du Noble Prophète furent coupés en franges, Khâlid ibn
Wâlid t insista pour qu’une frange lui soit donnée:
« S’il te plaît, ô Messager d’Allah offre-la-moi ! Donne-moi la préférence sur
d’autres. Que mes parents te servent de rançon !202 »
Alors après avoir reçu la frange en question qu’il désirait désespérément, il la
frotta contre ses yeux et la plaça ensuite sous son turban (imamah).
Puis il ne rencontra plus jamais de force ennemie qu’il n’eut finalement pas
vaincue.
Il dira ensuite:
201 Soit trente-sept chameaux. Au total cent chameaux furent donc sacrifiés ce jour-là.
202 Abû Bakr t observa ceci avec étonnement, et compara les actes de Khâlid à Ouhoud, Khandâq et
Hudaybiya avec ce qu’il était devenu (Ibn Sa’d, II, 174).
La Dixième Année de L’hégire 699
« Je n’ai pas participé à une bataille en l’ayant sur moi sans que la victoire ne me
soit accordée ! »203 (Waqidi III 1108; Ibn Athir, Usd’ul-Ghabah, II, 111).
Avant d’accomplir la prière de dhor, le premier jour de l’Aïd al-Adha, le Noble
Messager r enfourcha sa monture se dirigea vers la Ka’ba pour effectuer la circu-
mambulation dit “du déferlement” (tawâf al-ifâda).
Après qu’il l’eût achevé, il accomplit la prière de dhor puis se rendit au puits
de zamzam.
La tombée de la nuit approchait quand, ce jour-là, il retourna finalement à
Mina où devaient s’écouler les journées et les nuits du tachriq204.
En soirée il continua ses visites régulières à la Ka’ba.
Après la journée du sacrifice, au cours de l’après-midi du premier et du deu-
xième jour du tachriq, le Prophète d’Allah r se rendit à la première stèle (jamrah)
près de la Mosquée de Mina.
Le dernier jour du tachriq, il lança ses dernières pierres après quoi dans l’après-
midi il passa de Mina à Muhassab.205
Le Noble Prophète r, voyant que les Croyants y étaient plus enclins à se sépa-
rer et à quitter Muhassab à leur manière leur dit :
« Ne partez que si votre destination finale est la Ka’ba ! » (Darimi, Manasiq, 85).
203. Hikmet Atan cite cet exemple de bénédictions fournies par les cheveux et la barbe du Prophète r :
«En 1983,Ali Yücel Efendi vint me dire : « Lorsque j’étais imam à la Mosquée Centrale de Suluova
l’imam d’un village voisin vint me dire : "Quelque chose que je ne saurais expliquer s’est passé.
Récemment, des gens d’un village proche de celui où je suis imam sont venus me voir avec un bon
nombre de livres. Ils me dirent : ”Notre père vient de mourir et nous a laissé ceci. Mais nous sommes
incapables de les lire. Vous êtes ici le seul érudit à pouvoir tirer profit de ces livres. Nous avons donc
pensé vous les offrir” Je pris les livres et suis rentré chez moi. Je m’assis près du poêle qui brûlait
à plein feu et commençais à les examiner. À l’intérieur se trouvaient des lettres et des enveloppes
appartenant à l’imam décédé et je me dis: “Elles sont certainement d’ordre personnel ” aussi je les ai
rassemblé et les ai jeté dans le poêle qui brûlait furieusement. Le poêle, une fois que j’y ai tout mis
soudainement se mit à chauffer davantage puis à s’éteindre. Horrifié, je sortis (de chez moi) et me mis
à courir. Ce n’est que plus tard que je recouvrai assez de courage pour revenir chez moi.”
“ J’avouai à l'imam qu’un poil de la barbe du Prophète d’Allah r se trouvait dans l’une de ces enveloppes.
Après un certain temps, je revis l'imam qui me demanda aussitôt :
“Comment sais-tu qu’un poil de la barbe du Prophète d’Allah r se trouvait dans une de ces
enveloppes ?"
Je lui répondis: "Les gens qui m'avaient offert les livres revinrent me dire plus tard : ”Nous ne le
savions pas à l’époque, mais une des enveloppes contenait un poil de la barbe du Prophète d’Allah r.
Pouvons-nous la récupérer ?”»
204. Les jours du tachriq sont des jours de nourriture, de boisson et de rappel d’Allah. Ordinairement, ce
sont les trois jours qui suivent le jour de l’Aïd al-Adha. (NdT).
205. Muhassab se situe entre Mina et La Mecque, plus près de Mina cependant. C’est là que les dirigeants
de Quraysh avaient décidé d’imposer un embargo aux Musulmans. Le Noble Prophète r s’en était
souvenu dès son arrivée à Muhassab. (Al Boukhari, Hajj, 45).
700 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Jamais le Noble Prophète r n’eut à souffrir d’une maladie d’une telle inten-
sité. La vie pure qu’il avait menée était même du genre à éloigner complètement la
maladie.
702 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Mais le don de la prophétie, ce lourd devoir qui est au-dessus des capacités
humaines ordinaires206 qu’il accomplissait depuis vingt-trois ans, sans parler des
nombreux actes malveillants que ses ennemis lui avaient infligés dès le début,
avaient à la fin épuisé son corps ce qui permit à la maladie de s’ ancrer dans son
corps.
D’un autre point de vue, la maladie eut pour tâche de l’élever à un rang supé-
rieur. Les effets du poison qu’il avait absorbé à Khaybar avaient joué un rôle impor-
tant dans la maladie.
En effet, à un moment où l’intensité de la maladie faisait des ravages, le Noble
Messager r dit à ‘A’icha c :
« Je ressens constamment la piqûre de la viande empoisonnée que j’ai goûtée
à Khaybar, ô ‘A’icha, et à présent je puis entendre la veine qui s’entaille dans mon
cœur. » (Al Boukhari, Maghazi, 83).
Similairement, Anas ibn Malik t aurait affirmé :
« J’ai vu la marque et les effets du poison sur sa luette. » (Muslim, Salam, 45).
À cause de ce poison, la Lumière de l’Être r disparut ainsi en martyr et Allah
le Très-Haut, qui l’avait déjà honoré du don de prophétie, lui accorda également la
bénédiction du martyr. (Ibn Hishâm, III, 390 ; Waqidi, II, 678-679 ; Haythami, VI, 153).
La fièvre qui s’était emparée du Noble Prophète r devenait si forte qu’elle le fai-
sait transpirer continuellement. C’était comme de l’eau qui coulait sans cesse d’une
bouteille d’eau suspendue. Abû Saïd al-Khodrî t qui était venu lui rendre visite ne
put s’empêcher de remarquer : « “ Quelle forte fièvre tu as, ô Messager d’Allah ! ”
avant de poursuivre : « Je posai ma main sur lui et sentis la chaleur émanant du
dessus de sa couverture. et je lui dis : Tu as une telle fièvre, ô Messager d’Allah !»
Il r me répondit : « Nous (les prophètes) sommes comme cela, les problèmes
viennent à nous, mais les récompenses (attenantes) aussi. »
Je lui demandais : « Qui parmi les êtres humains rencontrent le plus de pro-
blèmes? »
Il r me répondit : « Les prophètes.»
206. Durant la réception de la Révélation, le corps du Prophète r s’alourdissait considérablement. S’il
était à dos de chameau, par exemple, les pattes de l’animal se tordaient tellement que les témoins
commençaient à craindre qu’elles ne se brisent, ce qui l’obligeait à s’accroupir sur place. (Ahmad, II,
176 ; VI, 445 ; Ibn Sa’d, I, 197). Zayd ibn Thâbit t donne ce témoignage : « Un jour que j’étais assis aux
côtés du Messager d’Allah, il reçut une Révélation au moment où son genou était appuyé sur le mien (à
cause de la foule présente). Il devint si lourd que je craignis qu’il ne contusionnât le mien. » (Ahmad,
V, 190-191).
La Onzième Année de L’hégire 703
Je m’enquis : « Et ensuite ? »
— Les justes.
Après cela il ajouta :
« Et parmi eux figurent des personnes affligées par tant de tribulations qu’elles ne
peuvent trouver autre chose qu’un tissu de laine pour se couvrir. Elles se réjouissent
des tribulations, comme vous vous réjouissez de l’abondance. » (Ibn Maja, Fitan, 23).
La rigueur de la maladie ne lui permit pas de rejoindre l’assemblée des fidèles
(jama’a) dans ses derniers jours.
De ce fait il nomma Abû Bakr t pour diriger les fidèles dans la prière.
Peu après, s’étant senti légèrement rajeuni, il fit une apparition à la Mosquée et
adressa les paroles suivantes à l’attention des Musulmans rassemblés :
« Allah, le Glorieux, a laissé un de Ses serviteurs libre de choisir entre ce monde
d’ici-bas et ses ornements et les bénédictions attachées à Sa présence. »
Le sensible Abû Bakr t perçut sans plus tarder que les paroles que le Noble
Prophète r avait prononcées étaient des paroles d’adieu. Il fut alors submergé par
un chagrin incommensurable. Il se sentit soudainement découragé et se mit à pleu-
rer, parvenant quand même à dire : « Que mon père et ma mère soient sacrifiés pour
toi ô Messager d’Allah, nous pourrions sacrifier, nos vies, nos parents, nos enfants et
tout ce que nous avons pour toi ! » (Ahmad, III, 91).
Aucun autre Compagnon qu’Abou Bakr t, “le deuxième des deux” dans la
grotte de Thawr comme le désigne le Coran, ne fut capable de comprendre l’essen-
tiel des paroles prononcées par le Noble Prophète r.
On rapporte que le Noble Messager a dit r :
« J’ai imprégné Abû Bakr de tout ce qu’il y a dans mon cœur. » (Voir, Ajlunî, Kashfu’l-
Khafâ, v. 2, p. 419).
En voyant l’ami loyal du Noble Prophète r ainsi réduit en larmes Abou Saïd al
Khoudri t stupéfait se dit :
« C’est étrange qu’Abû Bakr t pleure quand le Messager d’Allah r évoque
une personne juste dont le souhait est de retourner auprès de son Seigneur ! » (Al
Boukhari, Sâlat, 80, 466).
En fait le cœur délicat d’Abû Bakr t avait perçu la grande séparation qui s’an-
nonçait et il se mit à pleurer comme la flûte de roseau se lamente de la séparation.
Quand la maladie du Noble Prophète r s’aggrava les autres Compagnons y
commencèrent à sentir eux-aussi un avant-goût de la plus grande des séparations,
ce qui n’était à présent qu’une question de temps. Une douleur solennelle s’empara
alors des Ansar et des Muhajirun.
704 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Ayez bien conscience que je vous précède et que je vous attendrai ! Prenez garde !
Notre point de rencontre dans l’au-delà est la tête du Bassin d’Al-Kawthar. Quiconque
veut me rencontrer demain, qu’il ôte sa langue et ses mains du péché.
Ô Gens…
Les péchés sont la cause d’un changement de destin. Quand les gens sont bons,
leurs dirigeants le sont aussi… quand les gens sont mauvais, leurs dirigeants le sont
aussi. Par Allah dans la Main Duquel ma vie réside, en cette heure même, je me tiens
au-dessus de mon Bassin et je la regarde d’où je me tiens… »
À ce moment précis, le Noble Messager r tourna son regard vers Abû Bakr t
qui pleurait et l’exhorta:
« Ne pleure pas, Abû Bakr »tout en continuant à s’adresser à l’auditoire.
« Ô gens…
Aucun homme n’est plus altruiste et plus généreux qu’Abû Bakr. Si j’eusse adopté
un ami parmi les humains autre que mon Seigneur, c’eût été sûrement Abû Bakr…
Fermez toutes les portes qui s’ouvrent sur la Mosquée. Gardez seulement ouverte
la porte d’Abû Bakr… J’aperçois une lumière qui plane au-dessus de sa porte. » (Al
Boukhari, Sâlat, 80 ; Ibn Sa’d, II, 227).
Mes Compagnons…
Je ne suis après tout qu’un être humain. J’ai donc sans doute enfreint les droits de
certains d’entre vous. Quelle que soit la peau que j’aie pu meurtrir, voici la mienne.
Que celui qui veut obtenir justice vienne ! Quel que soit le dos que j’aie pu frapper,
voici le mien ? Que celui qui veut obtenir justice, qu’il vienne (et qu’il prenne mon
dos) !
Ô Mon Seigneur ! Je ne suis qu’un être humain. Quel que soit le Musulman à qui
j’aurais fait maints reproches, ou que j’aurais frappé ou maudit, que ceci soit une voie
de pureté, de récompense et de miséricorde ! » (Ahmad, III, 400).
Ô mon Seigneur ! Quel que soit le Musulman à qui j’aurais fait maints reproches,
que cela soit un moyen de proximité d’avec Toi le Jour de la Rétribution ! » (Al Boukhari,
Daawat, 34 ; Darimi, Muqaddimah, 14 ; Ibn Sa’d, II, 255 ; Tabari, Tarih, III, 191 ; Halabi, 463-464).
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708 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« Muhammad n’est qu’un messager - des messagers avant lui sont passés -
S’il mourait, donc, ou s’il était tué, retourneriez-vous sur vos talons ? Quiconque
retourne sur ses talons ne nuira en rien à Allah ; et Allah récompensera bientôt
les reconnaissants. » (Al-‘Imrân, 3 : 144).
Jîbril u l’Ange de la Révélation, vint annoncer le même jour au Noble
Prophète r : « Paix et bénédictions à toi, ô Messager d’Allah. C’est ici la dernière fois
que je pose le pied sur Terre pour toi ! » (Ibn Sa’d, II, 259).
Les paroles que le Noble Prophète r avait prononcées plus tôt dans la journée
s’animèrent peu à peu : « L’esprit d’un prophète n’est jamais saisi avant qu’on lui ait
montré sa place au Paradis ! Alors c’est à lui de s’en charger ! » (Al Boukhari, Maghazi,
83, 84 ; Ahmad, VI, 89).
Puis, une dernière fois, il r plongea sa main dans le récipient d’eau qui se trou-
vait à côté de lui et humidifia son visage. Il avait à présent commencé à se frayer un
chemin conduisant vers le seuil de la “compagnie suprême, aux derniers instants
d’une vie dominée par le désir ardent du Divin.
Prononçant les mots relatifs au Tawhid, il dit : « Ô mon Seigneur ! Al-Rafiq al-
A’lâ ! Al-Rafiq al-A’lâ ! » et rendit son esprit pur.
La main avec laquelle il avait humidifié son visage glissa lentement et élégam-
ment à l’intérieur du récipient d’eau (Al Boukhari, Maghazi, 83).
Le verset suivant révélé antérieurement : « En vérité tu mourras et ils mour-
ront eux aussi 208» était maintenant une réalité.
Ô Allah… que tes bénédictions soient sur notre Prophète Muhammad Mustafâ,
sa descendance et ses Compagnons. Bénis-les tous et accorde-leur Ton salut… et fais
que ceci soit une requête éternelle !
208. Az-Zumar, 39 : 30.
La Onzième Année de L’hégire 709
Tous les troubles et autres tribulations que les Musulmans allaient subir par la
suite ne signifieraient rien.
Le Noble Prophète r a déclaré, en conséquence :
“Tout Musulman victime d’un trouble quelconque doit réfléchir et trouver,
par ma mort, consolation dans le trouble même dont il est affligé et rester patient”.
(Muwatta’, Janaiz, 41 ; Darimi, Muqaddimah, 14).
La Onzième Année de L’hégire 711
Selon les dires d’Aïcha c le Noble Prophète r passa ses derniers instants à louer
le Tout-Puissant, à se repentir et à Le remercier. Il répétait sans cesse : “Subhânallâhi
wa bihamdihi astaghfirullâha wa atûbu ilayhi” : “Pureté et Gloire à Toi, ô Allah !
je Te demande pardon et me repens à Toi”. (Al Boukhari, Adhan, 123, 139; Muslim, Sâlat,
218220; Ahmad, I, 393; Ibn Sa’d, II, 192).
Le Prophète d’Allah r portait une marque divine située juste entre les omo-
plates, ce qui atteste qu’il reçut le don de prophétie. Maints Compagnons y nour-
rissaient en conséquence le vif désir d’embrasser cette marque. Après qu’il eut
rendu son dernier soupir et à la vue de son expression rayonnante et immuable,
les Compagnons y se mirent à douter qu’il fût vraiment mort. Asma bint Umays,
une parente du Noble Prophète r, entreprit alors d’examiner son dos afin de voir si
le sceau de la prophétie y était toujours présent. Constatant qu’il avait disparu, les
Compagnons y furent alors convaincus qu’il r avait entamé le voyage vers l’éter-
nité. (Ibn Sa’d, II, 272 ; Ibn Kathir, al-Bidaya, V, 231).
Le Noble Prophète r ne laissa ni dirham ni esclave. Son héritage ne comprenait
que la mule blanche qu’il montait, une arme et quelques terres à Khaybar et à Fadak
qu’il avait déjà cédées en fiducie aux voyageurs. (Al Boukhari, Maghazi, 83).
Le Noble Messager r décéda le lundi et fut enterré le lendemain. Les
Compagnons y accomplirent la prière funéraire individuellement : aucun imam ne
dirigea la congrégation. Certains suggérèrent qu’il soit enterré juste à côté du minbar
de la Mosquée. D’autres émirent l’avis que le cimetière al-Baqi conviendrait.
Abû Bakr t mit finalement un terme à la discussion en déclarant : « J’ai
entendu le Messager d’Allah r dire : “Chaque prophète est enterré là où il meurt”. »
De ce fait, les Compagnons se mirent à creuser à l’endroit exact où le Noble
Prophète r rendit son dernier souffle209.
Avant de procéder à la toilette mortuaire, les Compagnons y habilités tentèrent
d’enlever sa chemise quand soudain une voix se fit entendre qui leur ordonnait de
ne pas ôter sa chemise. C’est ainsi qu’ils le lavèrent avec sa chemise. (Muwatta, Janâiz,
27 ; Ahmad, VI, 267).
209. Qadi Iyad a dit : « Il ne fait aucun doute que l’endroit où repose le Prophète d’Allah r demeure la plus
noble parcelle de terre existante dans le monde. » (Shifa, II, 96). De même l’imam Busirî a dit : « Il n’y
a pas de meilleur parfum que la terre qui porte en son sein le corps sacré du Prophète bien-aimé r.
Qu’il est béni, celui qui a pu sentir et embrasser cette terre ! » (Qasidah-i Burdah, Bayt n°: 58).
712 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
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« Muhammad n’est qu’un messager - des messagers avant lui sont passés -
S’il mourait, donc, ou s’il était tué, retourneriez-vous sur vos talons ? Quiconque
retourne sur ses talons ne nuira en rien à Allah ; et Allah récompensera bientôt
les reconnaissants. » (Al-‘Imrân, 3 : 144). »
Ce verset rappelé les fidèles commencèrent lentement à être conscient que le
Prophète d’Allah r était réellement décédé.
Ils furent si stupéfaits d’entendre Abû Bakr t réciter ce verset qu’ils eurent
l’impression de ne pas savoir qu’il avait déjà été révélé.
Omar t confessera plus tard:
716 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« Par Allah c’était comme si je n’avais jamais entendu ce verset jusqu’à ce jour-
là. Dès que j’ai entendu Abû Bakr le réciter, mes pieds ne furent plus en mesure de
me porter, mes genoux se sont soudainement affaiblis et je me suis effondré sur le
sol. » (Ibn Sa’d, II, 266-272 ; Al Boukhari, Maghazi, 83 ; Haythami, IX, 32 ; Abdurrazzaq, V, 436).
Aussitôt après le discours percutant d’Abû Bakr t, Omar t se précipita sur le
corps du Noble Prophète r et l’embrassa sur le front, puis les yeux gonflés par les
larmes il s’écria :
« Que mon père et la mère te servent de rançon, ô Messager d’Allah, le tronc du
palmier sur lequel tu avais coutume de t’appuyer pleurait à cause de la douleur de la
séparation et ne se calmait que lorsque tu posais ta main sur lui… mais ton ami est
plus digne de pleurer et de se plaindre de la séparation que ce tronc de palmier ! Que
mon père et ma mère te servent de rançon, ô Messager d’Allah ! Ton Seigneur dit :
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« Quiconque obéit au Messager obéit certainement à Allah (…) » (An-Nisâ’,
4 : 80).
Cela a permis d’élever ta suprématie devant Lui, jusqu’au degré le plus élevé !
Que mon père et ma mère te servent de rançon, ô Messager d’Allah ! En dépit
de t’avoir envoyé comme dernier prophète, Allah le Très-Haut a de nouveau élevé
ta vertu au rang le plus élevé – en obtenant un serment d’allégeance210 de la part de
tous les prophètes antérieurs – pour croire et pour t’aider !
Que mon père et ma mère te servent de rançon, ô Messager d’Allah. La nostal-
gie des habitants de l’Enfer t’apparaîtra alors qu’ils subiront leur châtiment, comme
eux-mêmes l’avoueront :
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« Hélas pour nous ! Si seulement nous avions obéi à Allah et obéi au
Messager ! » (Al-Ahzâb, 33 : 66).
Cette confession n’a d’effet que d’élever ta valeur aux yeux d’Allah jusqu’à son
degré ultime. » (Kastallani, II, 492).
Umm Salama c raconte les tristes souvenirs de cette journée :
« Nous nous étions rassemblés autour du Messager d’Allah r et pleurions sa
mort. Son beau cadavre se trouvait encore à l’intérieur de notre foyer et nous nous
consolions en le regardant.
210. Cf. Al- ‘imrân, 3 : 81.
La Onzième Année de L’hégire 717
Lorsque nous entendîmes le bruit des pioches juste après l’aube, nous nous
mîmes à gémir, tout comme la foule qui attendait à l’intérieur de la Mosquée.
Médine se mit à trembler au son d’un cri solitaire.
Le fait d’entendre Bilal sangloter en appelant à la prière, le passage “ashadu
anna Muhammadan Rasulullah,” avait aggravé d’autant plus notre chagrin. Alors
que les gens commençaient à se masser près de la fosse, ceux qui se trouvaient à l’in-
térieur fermèrent la porte sur eux. Quelle journée douloureuse ! Toutes les fois où
ultérieurement nous étions accablés par un problème quelconque, nous nous rappe-
lions instantanément de la douleur que nous avons ressentie le jour où le Messager
d’Allah r décéda et nous n’en tenions plus compte. » (Ibn Kathir, al-Bidayah, V, 256).
Comme ils l’aimaient plus que tout, les Compagnons y eurent beaucoup de
mal à la pensée d’être séparés du Noble Prophète r. Beaucoup parmi eux décla-
rèrent à ce propos “de ne plus pouvoir vivre sans lui parce qu’ils n’allaient plus le
voir, ni l’entendre parler”.
Le Noble Prophète r avait en effet prédit leur sort bien auparavant :
« Par Celui qui tient l’âme de Muhammad entre Ses Mains, viendra un jour
où vous ne me verrez plus. Me voir en votre compagnie deviendra alors plus cher et
plus digne de vous que sa famille et toute sa richesse ! » (Muslim, Fadail, 142 ; Al Boukhari,
Manaqib, 25).
Ils vécurent le reste de leur existence dans l’attente du jour où ils retrouveront
le Prophète d’Allah r et jouiront éternellement de sa présence.
Othman t raconte :
« S’il y avait bien quelqu’un qui parmi les Compagnons pleurait la mort du
Messager d’Allah r, c’était bien moi. D’autres, il est vrai, étaient aussi affligés.
Certains ont même développé de l’anxiété après sa mort et le deuil qui s’en est suivi.
Alors que j’étais assis à l’ombre d’un mur, Omar t passa près de moi et me salua.
Mais moi, je n’avais aperçu ni sa présence ni son salut. Omar t se rendit plus tard
auprès d’Abû Bakr t et lui dit : “Je viens de croiser ‘Uthmân, je l’ai salué mais il ne
m’a pas répondu. Y a-t-il chose plus bizarre que celle-ci ?”
Tous deux décidèrent de m’en parler. Abû Bakr me demanda :
«Ton frère Omar t est venu me dire qu’il t’a salué sans que tu lui aies répondu.
Quelle en est la raison ? »
Je répondis : « Je n’ai rien fait de tel ! »
Ce à quoi Omar t objecta :
« Par Allah, tu l’as fait ! »
Je dis alors :
718 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
« Par Allah je ne m’étais pas aperçu de ton passage et que tu m’avais salué ! »
Abou Bakr t conclut alors : «Uthmân dit la vérité !» (Ahmad, I, 6).
Peu de temps après le décès du Noble Prophète r Omar t suggéra à Abû Bakr
de rendre visite à Umm Sulaym c comme le faisait le Noble Prophète r de son
vivant. Ainsi firent-ils.
Umm Sulaym c, lorsqu’elle les aperçut venant à sa rencontre, fondit en larmes.
— Pourquoi pleures-tu ? lui demandèrent-ils. Ne sais-tu pas que les béné-
dictions qu’Allah a préparées pour le Prophète r sont bien meilleures que ce bas-
monde ?
— Je ne pleure pas à cause de cela, répondit-elle, je sais que les bénédictions
qu’Allah a préparées pour le Prophète r sont bien meilleures que ce bas-monde.
Je pleure parce que la Révélation a pris fin. Cette délicate appréciation eut tôt fait
d’émouvoir Abû Bakr et ‘Uthmân y. et eux aussi se joignirent à elle et versèrent des
larmes. (Muslim, Fadail’us-Sahabah, 103).
Des années plus tard, alors qu’Omar t patrouillait dans les rues en qualité
de calife, il remarqua qu’une bougie brillait à l’intérieur d’une maison. Alors qu’il
s’approchait, il aperçut une vieille femme qui filait de la laine et qui en même temps
récitait un poème :
« Que la paix des justes soit sur Muhammad… Pour ta miséricorde, que chaque
âme unique prie… Tu adorais la nuit et pleurais à l’aube… la mort approche jour
après jour… La demeure de l’au-delà me réunira avec toi… Ah si seulement je pou-
vais dire ! »
Omar t s’assit un moment, se mit à pleurer puis frappa à la porte.
La vieille femme demanda:
« Qui est là ? »
Omar t répondit :
« C’est Omar ibn al-Khâttab. »
La femme s’enquit avec frénésie :
« Que vient faire Omar t à cette heure de la nuit ? Que veut-il de moi ? »
Omar t voyant la porte s’entrouvrir la supplia :
« Pour ton amour d’Allah, s’il te plaît ouvre la porte. N’aie pas peur »
Puis il insista:
« Redis le poème que tu as lu il y a quelques instants.»
La vieille femme s’exécuta, jusqu’au dernier vers quand Omar t l’interrompit
et lui dit :
La Onzième Année de L’hégire 719
USWA AL-HASANA
L’excellent modèle
Au sein de la création tout entière, seuls les êtres humains ont l’honneur de
bénéficier de tous les Noms divins d’Allah le Très-Haut. En même temps, le Tout-
Puissant a doté les êtres humains de la disposition au bien et/ou mal.
Le but de la religion est donc de minimiser les aspects négatifs de l’ego humain
au point de les anéantir et de promouvoir les potentialités spirituelles à leur apogée.
Mais pour que le but soit réalisé, les êtres humains ont besoin d’un modèle
concret qu’ils peuvent suivre : un exemple parfait (uswa al-hasana).
L’une des grandes sagesses relatives à l’envoi de prophètes réside dans le fait
qu’ils représentent autant d’exemples incarnés.
Allah U déclare en effet :
Òƃ óĻáƈ Ġ
Ɔ ųÒ
Ɔ Ʃ óƆ ĠƆ ðƆ IJ
ƈ Ž ĦijĻĤŽ ÒIJųÒij
Ɔ óƆ ìŴÒ Ɔ Ž Ɔ Ɔ Ɔ Ʃ äƇ óŽ ĺƆ ĪÓ
Ɔ ĠƆ
« En effet, vous avez dans le Messager d’Allah un excellent modèle [à suivre],
pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquem-
ment. » (Al-Azhâb, 33 : 21).
Aucun autre homme, encore moins un prophète, n’a vu l’exposé de sa vie consi-
gné dans les moindres détails. D’instant en instant, chaque parole, chaque acte et
chaque sentiment du Noble Prophète r constitue en propre un insigne d’honneur
dans l’Histoire. Le Coran stipule :
ƅ čƈ Đ
ħĻ Ɔ ěƅ ĥƇ ìĵĥ
Ƈ đƆ ĤƆ ğƆ Ĭƈƪ ÌIJƆ
« Et tu (Muhammad) es certes, d’une moralité éminente. » (Al-Qalam, 68 : 4).
Uswa Al-Hasana 721
Même avec ses seuls aspects saisissables par l’entendement humain, la vie et
le caractère sublime du Prophète d’Allah r se situent à la plus haute échelle du
comportement humain. Allah le Très-Haut le présente comme l’excellent modèle,
un idéal suprême pour toute l’humanité. Ce n’est pour une autre raison que le Tout-
Puissant a initié son chemin de vie en tant qu’orphelin vulnérable, puis l’a conduit à
travers toutes les étapes difficiles jusqu’à l’élever finalement au sommet du pouvoir
et de l’autorité, en tant que prophète et chef d’État, et ce pour que les individus
puissent trouver en lui le plus parfait exemple en matière de comportement – quel
que soit le niveau social auquel ils appartiennent – et chercher à concrétiser son
exemple au mieux de leurs capacités. Cela ne peut être atteint qu’en aimant le Noble
Prophète et en incarnant sa perfection spirituelle.
Le Noble Prophète r est à la fois le chef de la religion et de l’État. Il est un
modèle pour ceux qui pénètrent dans le jardin de l’Amour divin. Il est un modèle
dans la gratitude et la modestie quand le Tout-Puissant accorde Ses bienfaits en
abondance. Et tout comme il a incarné dans les moments terribles l’exemple pro-
bant de la patience et de la confiance en Allah, le Noble Prophète r a aussi été un
modèle de générosité et d’abstinence relativement au butin de guerre. Il a été un
modèle quand il s’agissait d’étendre son abondante compassion envers sa famille,
les esclaves, les faibles et les égarés, sans oublier la magnanimité et l’indulgence qu’il
faisait montre envers les coupables.
Si vous êtes riche, réfléchissez à l’humilité et à la générosité de ce grand pro-
phète qui a régné sur toute l’Arabie et qui par amour a conquis les cœurs de tous les
notables arabes…
Si vous êtes faible, prenez alors comme référence la vie du Noble Prophète r
qui a vécu sous le règne des polythéistes oppresseurs et usurpateurs de La Mecque…
Si vous êtes victorieux, prenez exemple sur la vie du Prophète courageux et
soumis qui a défait ses ennemis lors des batailles de Badr et de Hunayn…
S’il vous arrive d’essuyer une défaite – qu’Allah vous en préserve – souvenez-
vous du Noble Prophète r qui marchait avec dignité, courage et confiance en Allah
parmi ses Compagnons martyrs et blessés après la bataille d’Ouhoud…
Si vous êtes enseignant, pensez au Prophète délicat, sensible et affectueux qui,
dans sa Mosquée (Masjid an-Nabawi), transmettait les perles de son cœur aux Gens
de la Suffa…
Si vous êtes étudiant, représentez-vous le Noble Prophète r assis en face de
l’Ange Jîbril u au moment de la Révélation, prudent, motivé et empli de respect…
Si vous êtes prédicateur, un conseiller appelant au bien, alors écoutez la voix
agréable du Noble Prophète r qui faisait jaillir de son cœur des étincelles de sagesse
à l’intention de ses Compagnons…
722 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
Si vous êtes seul dans votre désir de protéger et de communiquer la Vérité afin
de l’élever, alors considérez la vie du Noble Prophète r qui, à La Mecque, a annoncé
cette Vérité aux ignorants tout en les invitant à l’embrasser…
Si vous avez brisé la résistance de votre ennemi et détruit le mal pour annoncer
la Vérité, faites revivre en vous cette scène où, le jour de la conquête de La Mecque,
le Noble Prophète r entra dans la Cité sacrée humblement et avec reconnaissance,
à dos de chameau, alors qu’il était un commandant victorieux et gratifié…
Si vous êtes propriétaire terrien et souhaitez mettre les choses en ordre, prenez
exemple sur le Noble Prophète r qui, après avoir conquis les terres de Banû Nadir,
Khaybar et Fadak, choisit les personnes les plus aptes pour les raviver et les admi-
nistrer de la meilleure façon possible…
Si vous êtes seul, sans aucune compagnie, songez à celui qui était orphelin de
‘Abdallah et d’Amina, leur très cher et innocent fils unique…
Si vous êtes un adolescent, considérez attentivement la jeunesse de ce futur
Prophète r qui paissait le troupeau de son Abû Tâlib à La Mecque…
Si vous êtes un marchand et que vous voyagez pour commercer, réfléchissez à
l’intégrité de celui qui conduisit des caravanes à destination du Yémen et de Damas…
Si vous officiez en tant que juge, rappelez-vous de sa démarche juste et prudente
lorsqu’il avait replacé la Pierre Noire en son emplacement, à la Ka’ba, devant des
notables mecquois qui étaient sur le point de s’entretuer pour cette affaire…
Considérez une nouvelle fois l’Histoire et contemplez le Noble Prophète r qui
dans sa Mosquée à Médine jugeait parmi les hommes avec justice, qu’ils fussent
riches ou pauvres, comme on peut le penser…
Si vous êtes marié, considérez les émotions profondes et la compassion de
l’époux bien-aimé de Khâdija c et de ‘A’icha c…
Si vous avez des enfants, tâchez de comprendre l’attitude affectueuse du père de
Fâtima c, du grand-père de Hasan et de Husayn y…
Qui que vous soyez et quelles que soient les circonstances, en tout temps et
en tout lieu, vous avez en Muhammad Mustafâ r le plus parfait modèle de guide
spirituel…
Par l’entremise de ce guide et par la pertinence de sa Tradition (Sunna), vous
serez en mesure de corriger vos erreurs et de faire amende honorable quant à vos
efforts mal gérés. À la lumière de ses conseils, vous vous libérerez des inconvénients
de la vie et trouverez une vraie sérénité.
Si vous désirez vous échapper de l’esclavage matériel pour mener une vie spiri-
tuelle, inspirez-vous de ce que vous aimez chez Bilal, Yasir et Sawban y qui furent
éduqués par le Prophète r.
Uswa Al-Hasana 723
īĺ ƈ
Ɔ ñĤƪ ÒÓıƆ ĺƫ ƆÈÓĺƆ Ĺƈžƈ ×ĭĤÒĵ
ƪ ĥƆ Đ Ɔ ĥƫ āƆ ƇĺįƇ ÝƆ ġƆ Ðƈ ŻƆ ĨƆ IJ
Ɔ Īij Ɔ ųÒ
Ɔ Ʃ Īƈƪ Ì
ÓĩĻ ƈ Ɔ ĩĥžƈ øIJįƈ ĻĥƆ ĐÒijĥƫ ĀÒijƇĭĨÆ
ƃ ĥùŽ ÜÒij Ƈ Ɔ Ɔ Ž Ɔ Ɔ Ɔ
« Certes, Allah et Ses Anges prient sur le Prophète ; ô vous qui croyez priez
sur lui et adresses [lui] vos salutations. » (Al-Azhâb, 33 : 56).
Non seulement le Noble Prophète r était un instructeur qui enseignait le Coran
de façon littérale, mais il était en même temps son incarnation vivante.
Dans un hadith rapporté par Jabir, le Noble Prophète r professe :
« Allah m’a envoyé pour parfaire les bonnes mœurs. » (Muwatta’, Husn’ul-Khuluq).
Tous les ouvrages islamiques écrits au cours des quatorze derniers siècles ont eu
pour but de faire connaître le Saint Coran et un seul homme : le Prophète d’Allah r.
Allah le Très-Haut considère sa vie précieuse qu’Il prête même serment sur elle.
Et il ne le fait que sur elle en disant dans le Coran:
«ħıƇ Ĭƈƪ ÌĞƆ óĩŽ đƆ ĤƆ «(je jures)Par ta vie ! «» (Al-Hijr, 15 : 72).
Ž Ƈ
Se rapprocher de la vérité muhammadienne est possible moins par la raison
que par l’amour. Et sans aucun doute, c’est cette vérité qui résout tous les mystères.
Acquérir une part de l’exemplarité parfaite du Noble Prophète r, se distancier
des plaisirs éphémères suscités par l’ego, s’engager dans le culte adoratif et s’emparer
de la sagesse qui dénoue toutes les énigmes liées à la condition de serviteur, voilà ce
qui permet d’ouvrir un passage en vue d’atteindre cette vérité.
Une fois que l’homme commence à acquérir une part de la vérité muham-
madienne, il en devient une élégante manifestation, une beauté de la création sur
laquelle sont brodées la lumière et la vérité des mystères attachés aux manifestations
divines. Les secrets du Coran se dévoilent à son cœur au point de devenir profon-
dément un avec la spiritualité du Noble Prophète r. Et quant à l’adhésion au Noble
Uswa Al-Hasana 725
ÒijıƇ ÝĬÓ
Ɔ ĘƆ įƇ ĭŽ Đ
Ɔ ħŽ ĠÓ
Ƈ ıƆ ĬƆ ÓĨƆ IJ
Ɔ ĮIJ
Ƈ ñƇ í
Ƈ ĘƆ Ģij Ƈ øƇ óĤÒħƇ ĠÓ ÜÆÓĨIJ
ƪ Ƈ Ɔ Ɔ Ɔ
ÔÓƈ ĝƆ đƈ ĤŽ Òïĺ
Ƈ ïƈ ü
Ɔ ųÒ
Ɔ Ʃ Īƈƪ ÌųÒÒij
Ɔ Ʃ ĝƇ ÜÒƪ IJƆ
« (…) Prenez ce que le Messager vous donne ; et ce qu’il vous interdit, absen-
tez-vous en ; et craignez Allah car Allah est dur en punition. » (Al-Hashr, 59 : 7).
òij
Ƅ ęƇ ĔƆ ƇųÒ
Ʃ IJ
Ɔ ħŽ ġƇ Öij
ƈ
Ɔ ƇĬðƇ ħŽ ġƇ ĤƆ óŽ ęĕŽ ĺƆ IJ
Ɔ ƇųÒ
ƈ đƈ×ÜÓƪ ĘƆ ųÒ
Ʃ ħƇ ġƇ ×ƈŽ ×éŽ ƇĺĹĬij Ƈ Ɔ ×ƫ éƈ ÜƇ ħŽ ÝĭƇ ĠĪƈ
Ɔ Ʃ Īij Ƈ ÌģŽ ĜƇ
īĺ ƈ ƈ ųÒÒijđĻĈƈ ƆÈģŽ ĜƇ ħĻèƈ òƪ
Ɔ ƈóĘÓġƆ ĤŽ ÒÕƫ éƇĺƆźųÒ Ɔ Ʃ Īƈƪ ÍĘƆ ÒŽ ijŽ Ĥƪ ijƆ ÜĪƈ
Ɔ ÍĘĢij Ɔ øƇ óĤÒIJ
ƪ Ɔ ƆƩ Ž Ƈ Ƅ
« Dis : «Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi, Allah vous aimera alors
et vous pardonnera vos péchés. Allah est Pardonneur et Miséricordieux. Dis :
«Obéissez à Allah et au Messager. Et si vous tournez le dos... alors Allah n’aime
pas les infidèles ! » (Al-‘Imrân, 3 : 31-32).
Ɔ õƇ ÐÓƈ ęƆ ĤŽ ÒħƇ İ
ĪIJ ƈ
Ƈ ğƆ Ñƈ ĤƆ IJŽ ƇÉĘƆ įĝŽ Ýƪ ĺƆ IJ
Ɔ ųÒ
Ɔ Ʃ ûƆ íŽ ĺƆ IJ
Ɔ įƇ ĤƆ ijøƇ òƆ IJ
Ɔ ųÒ
ƈ
Ɔ Ʃ ďƈ ĉƇĺīĨƆ IJƆ
« Et quiconque obéit à Allah et à Son messager, et craint Allah et Le redoute...
alors, voilà ceux qui récoltent le succès. » (An-Nûr, 24 : 52).
726 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
ÕƆ İƆ ñŽ ÜƆ IJ ƈƆ
Ɔ ÒŽ ijĥƇ ýƆ ęŽ ÝƆ ĘƆ ÒŽ ijĐƇ ôÓ
Ɔ ĭƆ ÜƆ ƆźIJ
Ɔ įƇ ĤƆ ijøƇ òƆ IJ
Ɔ ųÒ
Ɔ Ʃ ÒŽ ijđĻ
Ƈ ĈÈIJƆ
īĺ
Ɔ ƈóƈÖÓāĤÒ
ƪ ďƆ Ĩ
Ɔ ųÒ
Ɔ Ʃ Īƈƪ ÌÒŽ IJóƈƇ ×ĀÒ
Ž IJ Ƈ ƈò
Ɔ ħŽ ġƇ éĺ
« Et obéissez à Allah et à Son messager ; et ne vous disputez pas, sinon vous
fléchirez et perdrez votre force. Et soyez endurants, car Allah est avec les endu-
rants. » (Al-Anfal, 8 : 46).
Ressentir toutes les sensations esthétiques s’animer devant l’amour du Noble
Prophète r et commencer à vider l’esprit de la présence de l’ego avec toutes ses
imperfections sont des signes certains que le Croyant est en voie d’acquérir une part
de l’amour du Noble messager r et de ses caractéristiques exemplaires.
Les héros du cœur qui ont pu tirer profit du noble caractère du Prophète d’Al-
lah r et dans lequel ils furent tous pratiquement anéantis – continuent à donner des
exemples édifiants montrant exactement ce que signifie aimer le Prophète d’Allah r.
La vie était ce qu’ils avaient trouvé dans la vérité du Prophète r.
Uswa Al-Hasana 727
ƈ Ɔ ƈ
įƇ ĤƆ ÒIJóıƆ åŽ ÜƆ źƆ IJ
Ƈ Ɔ Ĺƈžƈ ×ĭĤÒ
ƪ ÚijŽ Ā Ɔ ĚƆ ijŽ ĘƆ ħŽ ġƇ ÜÒƆ ijƆ ĀŽ ÈÒijđƇ ĘƆ óŽ ÜƆ źÒij
Ɔ ƇĭĨÆ
Ɔ īĺƆ ñĤƪ ÒÓıƆ ĺƫ ƆÈÓĺƆ
Ɔ óƇ đƇ ýŽ ÜƆ źƆ ħŽ ÝĬƇ ƆÈIJ
ĪIJ Ɔ Ɔ ×éŽ ÜĪ ƆÈăƅ đ×Ĥƈ ħġƇ ąƈ đÖƆ ƈóıŽ åƆ Ġ
Ɔ Ģƈ ijŽ ĝƆ ĤŽ ÓƈÖ
Ɔ ħŽ ġƇ ƇĤÓĩƆ ĐŽ Èć Ɔ Ɔ ŽƆ Ž Ž
« Ô vous qui avez cru ! N’élevez pas vos voix au-dessus de la voix du
Prophète, et ne haussez pas le ton en lui parlant, comme vous le haussez les uns
avec les autres, sinon vos œuvres deviendraient vaines sans que vous vous en
rendiez compte. » (Al-Hujurat, 49 : 2).
L’Imam Malik pardonna derechef au gouverneur de Médine qui lui avait causé
nombre d’ennuis injustifiés, disant :
« J’aurais honte de réclamer mes droits dans l’au-delà auprès de la postérité du
Prophète d’Allah r.
Exprimant la réalité que seul l’amour du Noble Prophète r avait reconstituée
son esprit, Bezm-i Alem Walide Sultan écrivit :
De l’amour est né Muhammad,
Sans Muhammad… l’amour est délaissé…
728 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
L’amoureux Yunus, lui aussi, exprime son amour brûlant pour le Prophète r
comme suit:
Si je trouve ton empreinte que je cherchais
Si je me frotte de la poussière de ton empreinte
Si le Véridique me destine de voir ton visage
Ô Muhammed mon âme te désire...
En 1678, le poète ottoman Nabi entreprit un pèlerinage en compagnie de plu-
sieurs représentants de l’État. Alors qu’ils se rapprochaient de Médine, l’anxiété et
l’excitation eurent tôt fait de prendre le dessus sur le poète qui perdit le sommeil.
Entre-temps, il remarqua qu’un fonctionnaire était allongé les jambes dirigées
vers Médine. Abattu par ce comportement, Nabi se mit à écrire sa célèbre ode
dédiée au Noble Prophète r. Alors que la caravane s’approchait de la Mosquée du
Prophète, Nabi, à sa grande surprise, entendit son ode lue à voix haute depuis le
minaret :
Abandonne le manque de respect que voilà
Ici c’est la terre du Bien-Aimé du Seigneur,
Le centre du regard divin, le site du Prophète…
Entre dans ce sanctuaire, ô Nabi,
toi qui est soucieux de la plus noble conduite,
Ici c’est le lieu où les prophètes s’embrassent,
Ici c’est l’enceinte du sacré…
Excité à l’extrême, Nabi trouva rapidement le muezzin et lui demanda d’où il
avait appris l’ode. Il lui expliqua:
« La nuit dernière j’ai entendu en songe le Messager d’Allah r dire :
“Un poète de ma communauté (oumma) du nom de Nabi est en chemin pour me
rendre visite ; un homme abondamment empli de mon amour. Accueillez-le donc en
récitant son ode depuis le minaret de la Mosquée”.
Ainsi donc, nous n’avons fait qu’obéir à son ordre. »
Nabi fut presque instantanément réduit à verser des larmes de joie.
« Ainsi le Prophète d’Allah me considère comme faisant partie de sa oumma !
s’exclama-t-il en pleurant. Alors il m’a accepté dans sa oumma ! »
Le Sultan Suleyman dit le Magnifique, qui composa des poèmes sous le pseudo-
nyme de “Muhibbi” envoie la requête suivante au Noble Prophète r :
Lumière de l’univers tu es, et même le bien-Aimé du Seigneur,
Ne bannis pas, même pour un instant, les amoureux qui siègent à ta porte…
‘Alî t raconte :
« J’avais coutume de marcher en compagnie du Messager d’Allah r à La
Mecque. Ensemble, un jour, nous sortîmes à l’extérieur de la ville. Toutes les pierres
et tous les arbres que nous croisions le saluèrent par ces mots : “Paix et bénédictions
sur toi, ô Messager d’Allah !” » (At Tirmidhi Manaqib, 6/3626).
Voici ci-dessous une autre manifestation de l’amour prophétique chez les élé-
ments non-humains :
Lors d’une campagne, le Noble Prophète r transmit l’Islam à un bédouin qu’il
avait croisé.
Le bédouin lui demanda une preuve de son apostolat prophétique.
Le Noble Prophète r fit signe à l’arbre qui était devant lui de le rejoindre.
L’arbre obéit aussitôt à l’ordre et, fendant la terre, s’approcha du Noble
Prophète r et répéta à trois reprises la chahada en sa présence.
Étonné par la scène dont il était témoin, le bédouin fit la remarque suivante
alors qu’il s’apprêtait à retourner auprès des siens : “Si ma tribu m’écoute, je la ferai
venir ; sinon, je reviendrai seul et resterai à tes côtés”. (Haythami, VIII, 292).
Non seulement les éléments non-humains, mais aussi les animaux ont reconnu
le Prophète d’Allah r et lui ont obéi.
L’un de ces récits est narré par Jabir ibn ‘‘Abdallah t :
« Alors que nous revenions d’une campagne avec le Messager d’Allah r, en
nous approchant des jardins d’Ibn’un-Najjar à Médine, nous apprîmes qu’un cha-
meau sauvage attaquait tous ceux qui essayaient d’entrer.
Le Messager d’Allah r, qui fut aussitôt avisé de la situation, pénétra dans le
jardin et appela ce chameau sauvage qui ne laissait personne l’approcher.
Entendant la voix du Prophète r, l’animal inclina la tête au point où ses lèvres
se trouvaient en contact avec le sol et marcha vers lui où il s’accroupit humblement.
Alors le Messager d’Allah r dit :
“Apportez-moi une corde”
Ayant placé la corde autour du cou du chameau, il la tendit à son propriétaire.
730 Le Prophète Muhammad Mustafâ L’Élu
EN GUISE DE CONCLUSION
En tant que vision universelle du monde, il est naturel que l’Islam contienne
non seulement les principes de tous les enseignements tels que le droit, la morale et
l’économie qui régissent le comportement humain, mais il est aussi nécessaire qu’il
contienne ces normes, des plus simples et des plus concrètes aux plus complexes et
plus abstraites.
Certains de ces principes de l’Islam s’appliquent à tous, dans la mesure où ils se
rapportent à des affaires simples et quotidiennes.
Cela étant, d’autres comprennent des vérités de nature plus profonde, assez
pour laisser les esprits les plus pénétrants dans l’émerveillement. Il est donc diffi-
cile d’explorer de telles questions, en particulier par le biais de livres écrits pour les
transmettre. D’une certaine manière, cela pourrait être comparé au fait de tenter de
ramper sur un sommet abrupt, prêt à endurer une soif intransigeante pendant un
processus long et ardu.
Sans aucun doute, la tentative de verbaliser ces vérités complexes et abstraites
dans les limites des possibilités offertes par la langue est une poursuite attrayante
que la plupart trouve difficile à abandonner. Il n’en demeure pas moins qu’un succès
complet est toujours insaisissable.
Bien que ces questions dépassent de loin l’entendement humain, le principe
islamique recommande en revanche de ne pas abandonner une partie de ce qui ne
peut être complètement obtenu.
Nous insistons auprès de nos lecteurs pour qu’ils nous accordent le bénéfice du
doute en nous considérant comme ayant adhéré à ce principe et qu’ils pardonnent
nos déficiences de compréhension et d’expression.
Une autre chose que nous devons nous rappeler en relation est que la compré-
hension humaine agit à travers les impressions reçues du monde des sens.
L’impossibilité d’éviter des erreurs dans la connaissance ainsi que l’articulation
parfaite des vérités abstraites qui transcendent absolument l’expérience s’appliquent
donc également à la compréhension et à l’expression adéquate de la vérité du Noble
Prophète r, merveille de la création, et le joyau que constitue le Saint Coran, la
manifestation parfaite des Noms d’Allah le Très-Haut.
Paradis, Enfer et autres images similaires ne sont que des expressions usitées en
fonction de notre compréhension dont l’essence demeure la connaissance d’Allah
Seul.
En guise de Conclusion 733
Toutes les évaluations menées par l’intellect et le cœur purifié au sujet des
réalités métaphysiques de l’Islam sont véritables, bien que leur expression soit ina-
déquate.
Elles ne sont véritables que dans la mesure de leur compréhensibilité et de
l’étendue de leur explication qui est liée aux impressions reçues du monde des sens.
Mais celles-ci sont inadéquates.
La différence entre ces réalités métaphysiques et les analogies expérimentées
dans le monde des sens sur lequel repose notre prétendue compréhension repré-
sente en réalité l’infini multiplié par l’infini.
Pour saisir ces réalités, il faut un autre type de compréhension, une possibilité
distincte et des canaux idoines, par exemple la conscience de ruyatullah, c’est-à-dire
la possibilité de voir le Tout-Puissant dans l’au-delà.
On ne peut éviter de se demander si “voir” est suffisant pour décrire un évène-
ment appelé à être vécu par les Croyants dans l’au-delà.
En effet, c’est insuffisant, mais nécessaire pour communiquer ce qui est à venir.
Par conséquent les êtres humains ne peuvent pas collecter plus que ce que leur
tasse peut contenir de l’immense océan de vérité et il est absolument impossible de
faire entrer tout un océan dans une seule tasse. La tasse ou la coupe, ici, c’est le lan-
gage, c’est la raison. L’œil est une coupe par rapport à la vision.
De l’impuissance pure et simple !
Ce n’est pas comme si la Vérité allait se retenir au nom de la claudication de la
compréhension et de l’explication !
Le Tout-Puissant décrit ainsi Sa Majesté dépasse l’entendement humain :
AVANT-PROPOS / 7
INTRODUCTION / 11
La primauté de la vie du Saint Prophète r pour apprendre et vivre l’islam ................. 11
Le choix de la Péninsule Arabique comme berceau de l’islam .................................. 17
La Mecque : Mère des Cités ............................................................................................. 19
L’histoire de la Ka’ba et de son caractère sacré ............................................................ 25
L’Evènement de l’Eléphant témoigne de la protection divine.................................... 30
Le prophète Abraham u, la Hanîfiyyah ou foi en un Seul Dieu ............................. 32
PREMIÈRE PARTIE
LE SAINT PROPHÈTE AVANT LE MESSAGE / 37
DEUXIÈME PARTIE
LA PÉRIODE MECQUOISE DE L’APOSTOLAT PROPHÉTIQUE / 107
TROISIÈME PARTIE
LA PÉRIODE MÉDINOISE DE L’APOSTOLAT PROPHÉTIQUE / 337
...............................................................................................................................................................................................................................
...............................................................................................................................................................................................................................
...............................................................................................................................................................................................................................
...............................................................................................................................................................................................................................
...............................................................................................................................................................................................................................
...............................................................................................................................................................................................................................
...............................................................................................................................................................................................................................
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