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Cystinose et syndrome de Fanconi


A. Bertholet-Thomas, A. Servais, H. Liang, C. Acquaviva, C. Vianey-Saban,
G. Deschênes, P. Cochat, A. Labbé, J. Bacchetta, S. Lemoine

Le syndrome de Fanconi ou de De Toni-Debré-Fanconi correspond à une insuffisance tubulaire proxi-


male regroupant une symptomatologie clinique commune plus ou moins complète et de nombreuses
étiologies primitives ou acquises. Le tube proximal constitue le site majeur de réabsorption de l’eau et de
nombreux électrolytes par différents mécanismes : réabsorption active ou paracellulaire, transporteurs
spécifiques ou endocytose. Les signes cliniques et biologiques associent principalement selon l’âge une
polyuro-polydipsie, un rachitisme ou une ostéomalacie par diabète phosphaté, un retard de croissance
staturopondérale multifactoriel, et une acidose par fuite de bicarbonate. L’étiologie la plus fréquente des
formes primitives est la cystinose, maladie lysosomiale autosomique récessive rare liée à de nombreuses
mutations du gène CTNS codant la cystinosine. La physiopathologie complexe dépasse la simple accu-
mulation de cystine dans les tissus : altération des voies de signalisation d’endocytose, d’autophagie et
d’apoptose cellulaire. Les premiers signes cliniques apparaissent vers 6 mois avec un syndrome de Fanconi
complet et sévère. Le diagnostic, classiquement posé vers 1 an, constitue une urgence thérapeutique par
la correction de la tubulopathie proximale à l’origine de décès dans l’enfance et par l’initiation précoce
de la cystéamine orale conditionnant le pronostic rénal et extrarénal à long terme. L’atteinte cornéenne
nécessite une application pluriquotidienne de cystéamine par voie locale. En 30 ans, le profil évolutif
de la maladie s’est transformé grâce à la cystéamine : recul de l’âge de l’insuffisance rénale terminale
et des complications extrarénales (hypothyroïdie, diabète, complications neuromusculaires) : 50 % des
patients sont maintenant adultes, impliquant la création de consultations multidisciplinaires adaptées à
ces patients suivis, il y a encore quelques années, uniquement par des néphropédiatres.
© 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Cystinose ; Syndrome de De Toni-Debré-Fanconi ; Tubulopathie proximale ;


Retard de croissance staturopondérale ; Cystéamine

Plan Dr Fanconi, pédiatre suisse, décrivit un enfant présentant une


albuminurie, une glycosurie, un rachitisme et un nanisme.
■ Syndrome de Fanconi 1 Deux ans plus tard, le Dr De Toni, pédiatre italien, associe
Description historique 1 l’hypophosphorémie à la description clinique citée ci-dessus. Peu
Physiopathologie de la cellule tubulaire proximale 1 de temps après, le Dr Debré, pédiatre français et membre de
Signes cliniques 2 l’Académie de médecine, rapporte la présence d’acides organiques
Signes biologiques 3 urinaires chez une jeune fille de 11 ans. En 1936, le Dr Fan-
Étiologies 3 coni nomme la maladie « nanisme néphrotique glycosurique avec
Prise en charge d’un syndrome de Fanconi 4 rachitisme hypophosphorémique » et suppose que les acides orga-
niques sont en fait des acides aminés dont l’origine rénale va être
■ Cystinose 4 confirmée par les Drs Mc Cune en 1943 et Dent en 1947.
Diagnostic génétique 5
Physiopathologie de la cystinose 5
Diagnostic biochimique 6
Différentes formes de cystinose 6
Physiopathologie de la cellule tubulaire
Prise en charge spécifique 8 proximale
Évolution et particularités de la prise en charge à l’âge adulte 9
Les caractéristiques histologiques de la cellule tubulaire proxi-
male (et notamment l’épaisseur de la bordure en brosse et le
nombre important de mitochondries) laissent entrevoir son rôle
 Syndrome de Fanconi majeur dans la physiologie tubulaire rénale. Le tube proximal
(TP) constitue le site majeur de réabsorption de nombreux élec-
Description historique trolytes comme le sodium, le potassium, le chlore, le calcium
mais aussi le glucose, les acides aminés et l’eau [1] (Fig. 1). Le
Le syndrome de Fanconi ou de De Toni-Debré-Fanconi (TDF) sodium est réabsorbé à environ 70 %, principalement par voie
a été pour la première fois évoqué en 1924 par le Dr Lignac, transcellulaire, de manière iso-osmotique (60 %). Dans la pre-
anatomopathologiste néerlandais, chez trois enfants présentant mière partie du TP, le sodium est réabsorbé par des symports tels
un rachitisme sévère et un retard de croissance. En 1931, le Na+ /glucose, Na+ /acides aminés, Na+ /phosphate au niveau apical

EMC - Pédiatrie 1
Volume 13 > n◦ 2 > avril 2018
http://dx.doi.org/10.1016/S1637-5017(18)76972-X

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Lumière tubulaire Sang Figure 1. Physiopathologie du tube proximal (TP). Le sodium


(Na) est réabsorbé à environ 70 % de manière iso-osmotique
(60 %) par des symports tels Na+ /glucose, Na+ /acides ami-
3 Na+
nés, Na+ /phosphate au niveau apical, et surtout par l’antiport
NA,K ATPase
Na+ /H+ , qui sécrète en échange un ion H+ dans la lumière tubu-
Na+ 2K+ laire. Au niveau basolatéral du TP, la pompe Na+ /K+ ATPase
Phosphate permet la création d’un gradient de concentration entre le
Glucose fluide tubulaire et l’intérieur de la cellule, très favorable à
AA l’entrée du sodium dans la cellule. La totalité du glucose est
réabsorbée dans le TP. Les bicarbonates filtrés sont transformés
HCO3- en H2 CO3 , qui se dissocie en CO2 et en eau par l’anhydrase car-
bonique située au niveau des microvillosités apicales. L’eau et le
Na+ Na+ CO2 diffusent ensuite dans la cellule. Par réaction inverse, grâce
à une autre anhydrase carbonique intracytoplasmique, un ion
HCO3- bicarbonate (HCO3 – ) et un ion H+ sont de nouveau formés.
H+ H+
L’ion HCO3 – est réabsorbé par le cotransporteur Na+ /HCO3 –
(NBC1) au pôle basolatéral de la cellule tubulaire, les ions H+
H2CO3
H2CO3 sont sécrétés dans la lumière tubulaire par l’antiport Na+ /H+ . La
Anhydrase carbonique Anhydrase carbonique réabsorption de phosphate est comprise entre 80 et 95 % de la
H2O + CO2 CO2 + H20 charge filtrée. Elle fait également intervenir des transporteurs
couplés au sodium (NPT2a et NPT2c).

Na+, Cl-, K+,


Ca2+, eau

et, surtout, par l’antiport Na+ /H+ , qui sécrète en échange un ion H+ inexpliqués en lien avec une déshydratation chronique, une
dans la lumière tubulaire. Au niveau basolatéral du TP, la pompe fatigabilité excessive, l’enfant refusant de marcher en raison de
Na+ /K+ ATPase fait sortir le sodium de la cellule pour faire entrer douleurs osseuses, de crampes ou d’une fatigabilité musculaire.
le potassium, phénomène moteur de la réabsorption de sodium La réalisation de la courbe de croissance staturopondérale met
puisqu’elle permet la création d’un gradient de concentration en évidence une cassure souvent précoce et sévère. Le médecin
entre le fluide tubulaire et l’intérieur de la cellule, très favorable à doit rechercher l’existence d’une consanguinité chez les parents,
l’entrée du sodium dans la cellule. d’antécédents familiaux de fausses couches ou de décès néona-
Dans la seconde partie du TP, le Na+ est principalement réab- taux précoces, d’antécédents néonataux comme le poids et la taille
sorbé avec l’ion chlore. Il existe également une réabsorption de naissance, le score d’Apgar, l’âge d’acquisition de la station
paracellulaire de sodium (40 %). La réabsorption du glucose fait assise et de la marche. L’examen clinique doit évaluer la croissance
intervenir des cotransporteurs SGLT1 permettant au glucose de staturopondérale, la pression artérielle et, surtout, la fréquence
franchir la membrane apicale (symport Na+ /glucose) puis par un cardiaque, l’état d’hydratation et l’état nutritionnel. La persis-
transporteur spécifique au niveau de la membrane basolatérale tance d’une diurèse conservée malgré un état de déshydratation
(GLUT 2). en lien avec des pertes extrarénales (fièvre ou contexte de gastro-
La majorité du bicarbonate filtré par le glomérule est réabsorbé entérite) doit alerter le clinicien. Le médecin doit rechercher la
par le TP (85–90 %). En effet, les bicarbonates filtrés sont d’abord présence de signes de rachitisme en lien avec le diabète phosphaté,
transformés en H2 CO3 , qui se dissocie ensuite en CO2 et en eau souvent peu ou pas connus des plus jeunes médecins depuis la
par l’anhydrase carbonique située au niveau des microvillosités supplémentation systématique des enfants en vitamine D. En plus
apicales. L’eau et le CO2 diffusent ensuite dans la cellule. Par du retard de croissance staturopondérale, on peut classiquement
réaction inverse, grâce à une autre anhydrase carbonique intra- noter des élargissements métaphysaires bien visibles au niveau des
cytoplasmique, un ion bicarbonate (HCO3 – ) et un ion H+ sont poignets, un chapelet costal, un craniotabès, un retard à la ferme-
de nouveau formés. L’ion HCO3 – est réabsorbé par le cotranspor- ture de la fontanelle antérieure, un genu valgum dès le début de la
teur Na+ /HCO3 – (NBC1) au pôle basolatéral de la cellule tubulaire, marche, des douleurs osseuses et des anomalies dentaires (retard
les ions H+ sont sécrétés dans la lumière tubulaire par l’antiport d’éruption). On peut également noter la présence de signes extra-
Na+ /H+ . La sécrétion de protons au niveau du TP permet donc rénaux comme une dysmorphie, une surdité ou des anomalies
une réabsorption de bicarbonates. À noter que l’ion H+ n’est pas oculaires (photophobie). L’examen neurologique recherche un
excrété à ce niveau du tubule. retard ou décalage des acquisitions psychomotrices, un syndrome
La réabsorption de phosphate est comprise entre 80 et 95 % de cérébelleux et une baisse de la force musculaire. Il est complété
la charge filtrée. Elle fait également intervenir des transporteurs par un examen oto-rhino-laryngologique (ORL) (surdité) et oph-
couplés au sodium (NPT2a et NPT2c). talmologique (recherche de cristaux notamment). La réalisation
Le calcium est réabsorbé à environ 65 %, principalement par d’une bandelette urinaire est recommandée devant tout bilan de
la voie paracellulaire. La vitamine D, les protéines de bas poids retard staturopondéral, la présence d’une glycosurie et/ou d’une
moléculaires et l’albumine qui passent la barrière de filtration sont protéinurie oriente vers le diagnostic de façon rapide, simple et
réabsorbés également par le TP, via un mécanisme d’endocytose peu coûteuse [2] .
(système mégaline/cubiline). Lorsque l’on suspecte une tubulopathie proximale, il convient
d’éliminer certains diagnostics différentiels de la polyurodipsie
comme le diabète sucré, le diabète insipide central ou néphro-
Signes cliniques génique, certaines ciliopathies (néphronophtise, syndrome de
Bardet-Biedl) ou les anomalies congénitales du développement
Quelle qu’en soit l’étiologie, les manifestations du syndrome des reins et des voies urinaires (CAKUT), la potomanie et certaines
de TDF sont particulièrement marquées en cas de début à l’âge expositions médicamenteuses.
pédiatrique. Dès l’interrogatoire, on retrouve l’existence d’une La symptomatologie chez l’adulte est beaucoup plus frustre
polyuro-polydipsie parfois majeure se manifestant par une soif et non spécifique, expliquant certains retards diagnostiques. Les
intense diurne et nocturne, des pleurs, une constipation, des signes les plus souvent rapportés sont principalement une hypo-
couches détrempées le matin (voire changées dans la nuit). Les tension en lien avec la fuite sodée et une ostéomalacie en lien avec
parents peuvent rapporter une anorexie, des épisodes fébriles le diabète phosphaté.

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Tableau 1.
Principales étiologies des syndromes primitifs de De Toni-Debré-Fanconi.
Maladie Transmission Gène Locus OMIM Protéine
Cystinose AR CTNS 17p13.2 219900 Cystinosine, transport lysosomal de la cystine
Syndrome de Dent de type 1 XR CLCN5 Xp11.23-p11.22 300008 Canal-chlore voltage-dépendant
Syndrome de Dent de type 2 XR OCRL1 Xq25-q26 300555 Phosphatidylinositol
4,5-bisphosphate-5-phosphatase (Golgi)
Syndrome de Lowe XR OCRL1 Xq26.1 309000 Phosphatidylinositol
4,5-bisphosphate-5-phosphatase
Syndrome de Bickel-Fanconi AR SLC2A2 3q26.1 227810 GLUT2
Intolérance au fructose AR ALDOB 9q21.3 229600 Aldolase B, fructose bisphosphate
Galactosémie AR GALT 9p13 230400 Galactose-1-phosphate uridyltransférase
Tyrosinémie type 1 AR FAH 15q25.1 276700 Fumarylacétoacétate hydrolase
Maladie de Wilson AR ATP7B 13q14.3 277900 ATPase, Cu ++ transporting, bêta polypeptide
Cytopathies mitochondriales Divers Divers Divers Divers

OMIM : Online Mendelian Inheritance in Man ; AR : autosomique récessif ; XR : transmission liée à l’X.

Signes biologiques en évidence chez certains patients souffrant d’une maladie de


Dent (maladie de Dent 2). Sur le plan biologique, elle se caracté-
Les signes biologiques d’un syndrome de TDF complet sont rise essentiellement par une protéinurie de bas poids moléculaire
le miroir de l’ensemble des signes cliniques. L’hypokaliémie est et une hypercalciurie responsable d’une néphrocalcinose et de
sévère, parfois symptomatique pouvant être responsable de décès néphrolithiases et parfois d’un rachitisme ou d’une ostéomala-
chez l’enfant, en particulier en cas de majoration des pertes cie. Bien que les manifestations cliniques apparaissent souvent
extrarénales lors d’une gastro-entérite. Sur le plan biologique, durant l’enfance entre 5 et 10 ans, le diagnostic est le plus sou-
la fuite hydrosodée majeure se traduit par une hémoconcentra- vent méconnu et porté tardivement au stade de néphrocalcinose
tion, une hyponatrémie associée à un hyperréninisme et à un compliquée d’une insuffisance rénale chronique.
hyperaldostéronisme, et par une osmolalité urinaire basse infé-
rieure à 250 mOsml/l. L’acidose métabolique en lien avec une Syndrome de Lowe
fuite urinaire de bicarbonate peut être profonde souvent par- Le syndrome de Lowe est de transmission récessive liée
tiellement compensée, la bicarbonatémie se situant en général à l’X secondaire à une mutation de OCRL1, il atteint un
autour de 10 à 15 mmol/l. L’hypophosphorémie est souvent patient sur 500 000. Ce gène code pour la phosphatidylinosi-
ignorée en raison de la sous-estimation des valeurs normales de tol 4,5-biphosphate-5-phosphatase : PIP2-5phosphatase, protéine
phosphorémie selon l’âge (le plus souvent non adaptées par les localisée dans le réseau golgien ; la protéine lui correspondant est
laboratoires de biologie médicale), se situant entre 1,8 et 2,2 à impliquée dans le transport vésiculaire et la signalisation intra-
2,5 mmol/l dans la première année de vie. S’y associent une hyper- cellulaire. Il associe une cataracte congénitale, un retard mental
parathyroïdie et une augmentation des phosphatases alcalines. sévère avec hypotonie sévère et un syndrome de TDF pouvant
L’hypomagnésémie peut entraîner des crampes et une fatigabilité être incomplet. La prise en charge de ces patients est multidis-
musculaire. La glycosurie aux environs de 15 mmol/l s’associe à ciplinaire et la sévérité de l’atteinte neurologique conditionne le
une glycémie normale. Certaines anomalies ont peu de traduction pronostic [7] .
clinique comme l’hypo-uricémie, l’amino-acidurie et la protéinu- Syndrome de Fanconi idiopathique
rie tubulaire. Cette dernière est constituée de protéines de bas Il arrive que l’enquête étiologique d’un syndrome de TDF soit
poids moléculaire, dont la ␤2 microglobuline (12 kDA), qui est négative, conduisant alors au diagnostic de syndrome de TDF
la plus fréquemment dosée en routine [3] . Un (ou plusieurs) de ces idiopathique. Des cas familiaux ont été décrits, généralement de
signes peut (peuvent) être absent(s) et on parle alors de tubulopa- transmission autosomique dominante. Il s’agit d’un syndrome de
thie proximale incomplète. TDF complet, avec risque de néphrocalcinose et d’insuffisance
rénale chronique (IRC). Le traitement est symptomatique.
Étiologies Autres syndromes de Fanconi primitifs
Les étiologies du syndrome de TDF sont nombreuses, le plus Un syndrome de TDF le plus souvent incomplet peut accom-
souvent primitives à l’âge pédiatrique et acquises chez l’adulte [4, 5] . pagner plusieurs erreurs innées du métabolisme au cours de leur
évolution comme la tyrosinémie de type 1, la maladie de Wil-
Syndromes de Fanconi primitifs (Tableau 1) son, la galactosémie, la fructosémie, l’acidurie méthylmalonique,
la glycogénose de type 1 et plusieurs cytopathies mitochon-
Cystinose driales [5] . Le dépistage des signes de tubulopathie proximale et,
La cystinose est l’étiologie principale des syndromes de TDF dès lors, une consultation en néphropédiatrie ou néphrologie
primitifs, c’est la seule à bénéficier d’un traitement spécifique, adulte doivent être proposés lors du suivi de ces patients afin
la cystéamine, dont l’âge d’initiation conditionne les pronostics d’éviter des complications supplémentaires chez des patients sou-
rénal et extrarénal à long terme. Elle constitue à ce titre une réelle vent lourdement médicalisés.
urgence thérapeutique, les autres étiologies venant le plus souvent
en diagnostics différentiels. Syndromes de Fanconi acquis
Maladie de Dent Toxicité directe sur les cellules tubulaires proximales
La maladie de Dent est une maladie héréditaire liée à l’X Certains médicaments ont une toxicité connue directe sur le
à expression rénale classée dans les TDF, bien qu’il soit le TP entraînant un syndrome de TDF plus ou moins complet.
plus souvent incomplet [6] . Les femmes conductrices sont par- L’ifosfamide est un agent alkylant appartenant à la famille des
fois pauci-symptomatiques. Elle est le plus souvent secondaire moutardes azotées utilisé dans plusieurs types de cancers solides.
à une mutation inactivatrice du gène CLCN5 (maladie de Dent L’ifosfamide est métabolisé en un substrat toxique s’accumulant
1), codant pour l’échangeur chlore/H+ ClC-5 voltage-dépendant dans le TP (chloroaldéhyde). Il entraîne une diminution de syn-
principalement exprimé sur les membranes des endosomes thèse d’adénosine triphosphate (ATP) et donc une inhibition de
de la cellule tubulaire proximale, et nécessaire à la fonction l’activité de la Na+ /K+ ATPase. Cette toxicité est corrélée à sa
d’endocytose. Des mutations du gène OCRL1 ont été aussi mises dose cumulée (> 40–60 g/m2 ). La toxicité est majorée par son

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association au cisplatine ou une maladie rénale chronique préexis- anti-inflammatoire et est plus simple à obtenir mais peut néces-
tante. Le ténofovir a une toxicité dose-dépendante, en diminuant siter quatre prises par jour. Ces traitements sont le plus souvent
l’apport énergétique à la cellule, et donc à ses transporteurs ATP- bien tolérés et améliorent sensiblement l’équilibre du volume
dépendants. extracellulaire. Ils permettent également de limiter la quantité
D’autres médicaments ont également été décrits comme pou- des supplémentations en sodium qui sont mal tolérées sur le
vant entraîner un syndrome de TDF : nitroso-urées, phénytoïne, plan digestif au-delà de quelques grammes par jour. Il convient
valproate de sodium, carbamazépine, aminosides, fovirs et défé- de surveiller la tolérance digestive en raison du risque de gastrites
rasirox. Le probénécide et la rosiglitazone peuvent limiter la et d’hémorragies digestives et donc d’éviter de dépasser les doses
pénétration et l’accumulation intracellulaire de certains d’entre préconisées. Il est recommandé de vacciner les patients contre
eux [8–12] . les germes encapsulés (type pneumocoque et méningocoque
Certains métaux (plomb, cadmium, mercure, cuivre) et produits C). Leur utilisation au long court pose la mauvaise question
chimiques (paraquat, toluène) peuvent entraîner une toxicité d’une atteinte fibro-interstitielle rénale dont la déshydratation
tubulaire. La responsabilité de l’acide aristolochique est mainte- extracellulaire chronique et la mauvaise hémodynamique rénale
nant admise dans la néphropathie des Balkans et dans la toxicité sont les causes principales.
de certaines herbes chinoises [13] .
Autres contextes Supplémentation en phosphore
Un syndrome de TDF peut être observé dans divers contextes La posologie de la supplémentation en phosphore se situe clas-
cliniques, notamment après transplantation rénale, lors de siquement entre 0,4 à 1,0 mmol/kg par jour par voie orale (20 à
l’infection à virus de l’immunodéficience humaine (VIH), en 40 mg/kg) répartie en au moins quatre prises par 24 heures en rai-
situation de carence énergétique extrême, lors de l’évolution son de la demi-vie brève des trois produits disponibles en France :
® ® ®
d’un syndrome de Sjögren, au décours d’une néphrite tubulo- Phocytan , Phosphoneuros et Phosphore Alko . Il est possible
interstitielle auto-immune avec uvéite [14] , dans l’évolution de également d’avoir recours à une préparation magistrale : la potion
certains syndromes néphrotiques chroniques cortico-résistants ou de Joulié. Le choix se fait selon la quantité de phosphore à apporter
®
de myélome par toxicité des chaînes légères monoclonales sur le (concentration plus importante du Phosphoneuros mais au détri-
®
TP, par accumulation intralysosomale de cristaux. ment du goût), l’apport de sel en parallèle (Phocytan ). L’objectif
thérapeutique, en association avec la supplémentation en vita-
mine D, est de normaliser les phosphatases alcalines sans induire
Prise en charge d’un syndrome de Fanconi de troubles digestifs, en visant une phosphatémie dans les valeurs
normales basses pour l’âge.
La prise en charge d’un TDF quelle qu’en soit l’étiologie est
le plus souvent complexe. La compensation hydroélectrolytique
nécessite des prises régulières et multiples, diurnes et nocturnes, ce Autres éléments du traitement conservateur
qui représente un véritable challenge pour le patient, les parents La supplémentation en bicarbonate de sodium vise à normaliser
et le clinicien. À l’âge pédiatrique, une bonne compensation de la la bicarbonatémie, elle peut atteindre 10 à 15 meg/kg par jour,
tubulopathie se solde par une reprise de la croissance et une dispa- source d’inconfort digestif. Le traitement doit être fractionné et
rition (ou diminution) des signes cliniques secondaires. Lorsqu’il donné à distance des apports lactés.
existe une atteinte neurologique, elle est avant tout associée à La supplémentation en phosphore doit être associée à
®
une atteinte syndromique qui évolue à son propre compte. Dans l’administration des dérivés de la vitamine D native (ZymaD ou
®
certains cas, elle peut être séquellaire d’un désordre hydroélectro- Uvedose ) et analogue actif de la vitamine D comme par exemple
®
lytique dans les formes sévères à début pédiatrique. le Un-Alfa . L’objectif est de corriger le rachitisme/ostéomalacie et
l’hyperparathyroïdie secondaire. La calciurie ainsi que la calcémie,
Compensation hydrique et sodée doivent être dosées régulièrement, afin d’éviter l’apparition d’une
néphrocalcinose. Un dosage du rapport calciurie sur créatininurie
La polydipsie secondaire à la polyurie est souvent telle qu’elle
sur une miction est proposé en routine mais une évaluation de
induit une mauvaise tolérance gastrique et une anorexie en lien
la calciurie sur les urines de 24 heures doit être privilégiée quand
avec une réplétion gastrique permanente. Le recours à la voie enté-
l’enfant a acquis une propreté nocturne.
rale par une sonde nasogastrique ou une gastrostomie doit être
Enfin, un traitement par hormone de croissance est discuté
proposé rapidement au cours de la prise en charge si l’enfant ne
en pédiatrie lorsqu’il existe un retard statural insuffisamment
parvient à compenser seul sa perte hydrique.
amélioré par le traitement du TDF, après optimisation hydroélec-
La compensation sodée se fait sous forme de gélules à ingérer
trolytique et nutritionnelle.
ou directement diluées dans de l’eau chez les plus jeunes patients.
La dose est adaptée aux signes biologiques d’hémoconcentration
comme la protidémie mais également sur la normalisation de la
rénine et de l’aldostérone plasmatique.
“ Point fort
Antiprostaglandines
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, en particulier • Retard de croissance staturopondérale.
l’indométacine et l’ibuprofène, agissent sur la fuite sodée en blo- • Glycosurie dépistable à la bandelette urinaire.
quant l’action inhibitrice des prostaglandines sur la réabsorption • Polyuro-polydipsie.
du sodium dans le canal collecteur et sur la baisse du débit de • Rachitisme ou ostéomalacie sur diabète phosphaté.
filtration glomérulaire. Le but de ces traitements est la prévention • Étiologies primitives mais également acquises, en parti-
de la déshydratation extracellulaire chronique. Ils doivent être culier chez l’adulte.
utilisés avec précaution par des médecins entraînés et après
avoir mis en place une supplémentation en chlorure de sodium
ou en bicarbonates de sodium pour améliorer l’hydratation
extracellulaire, même partiellement. Les traitements à dispo-
sition sont l’indométacine (1 à 3 mg/kg/j), le plus souvent  Cystinose
utilisé, et l’ibuprofène (10 à 30 mg/kg/j) qui sont tous les deux
commercialisés sous une forme galénique pédiatrique. Le sirop La cystinose est l’étiologie la plus fréquente des syndromes de
d’indométacine (5 mg/ml) n’a actuellement pas d’autorisation de TDF primitifs, avec lesquels elle a été initialement confondue
mise sur le marché (AMM) mais dispose d’une autorisation tem- il y a presque 100 ans. C’est une maladie lysosomale autoso-
poraire d’utilisation (ATU) nominative qui doit être renouvelée mique récessive rare (prévalence autour de 1/200 000 naissances
tous les six mois. La forme pédiatrique de l’ibuprofène (20 mg/ml, vivantes) et complexe tant par sa physiopathologie, ses manifesta-
une dose « 1 kg de poids » = 0,5 ml) possède une AMM comme tions rénales et extrarénales que par sa prise en charge. Depuis une

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trentaine d’années, les avancées thérapeutiques ont transformé


cette maladie quasi exclusivement pédiatrique en une maladie
multisystémique de l’adulte à début pédiatrique.

Diagnostic génétique
La cystinose, de transmission autosomique récessive, est liée à
des mutations dans le gène CTNS codant la cystinosine (protéine
Lysosome
de 367 acides aminés) et localisé sur le chromosome 17 en position Protéines
17p13.2 [14–17] . Ce gène compte 12 exons dont dix sont codants Protéine-cyst
(exons 3 à 12).
Le diagnostic génétique est réalisé par séquençage des exons cystine
codants et des jonctions intron-exons du gène CTNS permettant H+
la détection des mutations ponctuelles et des petites délétions et NS
délétions/insertions. CT ADP+Pi
H+
Plus de 100 variations de séquence différentes sont décrites ATPase
dans la littérature [18] . Tous les types sont représentés : 41 %
de mutations ponctuelles (faux-sens ou non-sens), 20 % de cystine cystine H+
ATP
petites délétions, 14 % de mutations ayant des conséquences sur
l’épissage, 12 % de grandes délétions, 12 % de petites délétions ou
délétions/insertions et 1 % sont localisées dans la région promo-
trice du gène.
L’origine géographique des patients oriente l’analyse géné-
tique. S’ils sont originaires d’Europe ou d’Amérique du Nord, la Cystéine+cystéine
recherche de la délétion de 57 kb est réalisée en première inten-
tion. Elle est en effet retrouvée chez environ 50 % de ces patients
en raison d’un probable effet fondateur provenant d’Europe du Y-glutamyl-cystéine
Nord. Cette grande délétion emporte les exons 1 à 9 et une par-
tie de l’exon 10 du gène CTNS ainsi que le gène contigu CARKL
codant la sédoheptulose kinase (enzyme de la voie des pentoses
phosphate) et les deux premiers exons du gène TRPV1 codant la GSH
protéine TRPV1 impliquée dans la thermorégulation et certaines
réponses sensorielles [19] . L’étude génétique est complétée si besoin
par la recherche d’autres grandes délétions en utilisant des tech-
niques spécifiques (multiplex ligation-dependant probe amplification
[MLPA], polymerase chain reaction [PCR] quantitative, etc.) et le
séquençage de la région promotrice. Cette approche permet la
caractérisation génétique de 95 % de ces patients. Il existe une
corrélation génotype phénotype, avec des mutations associées au Figure 2. Physiologie de la cystinose. La cystine provient de la dégrada-
phénotype classique, d’autres responsables de formes juvéniles et tion des protéines au niveau du lysosome. La sortie de cystine se réalise via
un troisième groupe de mutations associées aux formes ophtal- la cystinosine, transporteur lysosomial de cystine. Ce transporteur fonc-
mologiques [20, 21] . tionne comme un symport proton/cystine (ratio molaire 1/1). La sortie de
Pour les patients originaires des pays d’Afrique du Nord ou cystine est dépendante d’une pompe à proton H+ -ATPase. La stimulation
des pays bordés par la mer Caspienne, la répartition des muta- de cette proton-ATPase entraîne l’acidification du lysosome et est corrélée
tions est extrêmement différente [22–24] . La délétion 57 kb n’est avec la sortie de cystine. Chez un individu sain, au sein du cytosol de la
retrouvée que chez 17 % des patients italiens, et devient excep- cellule, une mole de cystine est réduite en deux moles de cystéine, qui
tionnelle en Turquie au profit d’autres mutations fondatrices est le substrat limitant pour le cycle du ␥-glutamyl, responsable de la pro-
comme c.681G > A (p.E227E) (modifiant l’épissage) retrouvée chez duction de gluthatione (GSH), un antioxydant majeur de la cellule. ADP :
près de 40 % des patients iraniens et 20 % des patients turques adénosine diphosphate ; ATP : adénosine triphosphate.
testés. Ces mutations souvent homozygotes sont classiquement
plus sévères, entraînant un codon stop et donc un phénotype
sévère. Cela pourrait en partie expliquer que l’évolution péjorative
des patients avait suggéré qu’il existait une accumulation de cys-
rénale et extrarénale de certains patients ne soit pas uniquement
tine dans les lysosomes [25] , hypothèse confirmée par la suite en
due aux difficultés de prise en charge rencontrées dans certains
1969 [26] . Il fut ainsi démontré quelques années plus tard que
pays d’Afrique du Nord. Une étude de cohorte plus large va per-
l’anomalie initiale de cette pathologie encore peu connue était
mettre d’affiner ces nouvelles corrélations génotypes-phénotypes
un défaut de transport de la cystine hors des lysosomes [27] . La
à l’échelle mondiale.
cystine d’un poids moléculaire de 240 daltons, composée de deux
La caractérisation génétique des patients atteints de cystinose
molécules de cystéine reliées entre elles par un pont disulfure, pro-
est indispensable, d’une part, pour confirmer le diagnostic et,
vient de la dégradation des protéines au niveau du lysosome. La
d’autre part, pour réaliser des études familiales et proposer un
sortie de cystine se réalise via la cystinosine, transporteur lysoso-
conseil génétique, un diagnostic prénatal, voire préimplantatoire
mal de cystine. Ce transporteur fonctionne comme un symport
dans les familles à risque.
proton/cystine (ratio molaire 1/1). La sortie de cystine est dépen-
dante d’une pompe à proton ATPase [28] . La stimulation de cette
Physiopathologie de la cystinose proton-ATPase entraîne l’acidification du lysosome et est corré-
lée avec la sortie de cystine [29] . Chez un individu sain, au sein
Les recherches pour expliquer la physiopathologie de cette du cytosol de la cellule, une mole de cystine est réduite en deux
maladie ont débuté dans les années 1990 après l’identification moles de cystéine, qui est le substrat limitant pour le cycle du ␥-
du gène, codant pour un transporteur de la cystine au niveau du glutamyl, responsable de la production de glutathione (GSH), un
lysosome. La physiopathologie de la cystinose est complexe, non antioxydant majeur de la cellule (Fig. 2).
encore complètement élucidée, et semble être différente suivant Même si le gène CTNS a été cloné il y a maintenant plus de
les organes. 15 ans, la physiopathologie de la néphropathie liée à la cystinose
Avant même la découverte du gène, dans les années 1960, n’est pas encore entièrement élucidée. Bien que l’accumulation
l’analyse en microscopie électronique de ganglions lymphatiques de cystine soit la définition même de la maladie et la principale

EMC - Pédiatrie 5

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4-084-B-11  Cystinose et syndrome de Fanconi

conséquence de la mutation du gène CNTS, il semble de plus en Enfin, les mitochondries des cellules TP cystinosiques sont
plus évident que la seule thésaurismose ne peut expliquer toutes anormales, leur contenu en ATP et GSH est diminué avec une
les altérations métaboliques systémiques observées dans la cysti- augmentation de l’apoptose pouvant expliquer l’aspect en col
nose. de cygne des cellules TP et l’atrophie tubulaire. En effet, le TP
Le syndrome de TDF est la manifestation initiale de la cystinose consomme une grande partie de l’ATP en lien avec sa forte activité
observée dès les premiers mois de vie, les cellules du TP étant de réabsorption, rendant ce segment particulièrement sensible au
les premières cellules altérées. Une question majeure subsiste : déficit oxydatif et aux espèces réactives en oxygène. Les lésions
quel est le lien entre l’accumulation de cystine lysosomale et la tubulaires peuvent être vues comme une réponse adaptative aux
dysfonction du TP ? Il n’existe à l’heure actuelle aucune expli- lésions mitochondriales.
cation convaincante sur le lien entre l’accumulation de cystine Prencipe et al. [43] montrent que les cristaux de cystine activent
et le syndrome de TDF. Cette hypothèse est en partie soutenue l’inflammasome, principalement au niveau du TP, résultant dans
par le fait que la déplétion de cystine par le traitement par cys- le relargage d’interleukines (IL) 1␤ et 18, contribuant au déve-
téamine ne traite pas et ne prévient pas le syndrome de TDF loppement d’une inflammation interstitielle et de la fibrose. La
qui persiste chez les malades, mais également devant l’absence contribution de cet inflammasome ainsi que de la voie des mecha-
de syndrome de TDF chez les souris génétiquement déficientes nistic target of rapamycin (mTOR) dans la maladie reste tout de
pour le gène CTNS–/– [30] . Le lysosome ne semble pas uniquement même à déterminer.
être le processus final de la voie d’endocytose, mais également un Toutes ces données soulignent la complexité de la physiopatho-
organite dynamique, impliqué dans différents processus physiolo- logie de la maladie, les interconnections complexes qui existent,
giques, notamment par son interaction avec les autres organelles, notamment entre les mécanismes de réabsorption du TP dépen-
mettant le lysosome au centre de la machinerie cellulaire [31] . dant de l’état énergétique de la cellule. Il semble maintenant
Des études montrent que d’autres fonctions lysosomiales sont évident que l’accumulation seule de cystine n’explique pas en
altérées dans la cystinose, en plus de la mutation de transpor- elle-même les altérations métaboliques de la cystinose.
teur de la cystine. Il pourrait exister notamment une altération
de la fusion lysosome-autophagosome, pouvant entraîner une
modification du système d’autophagie et donc contribuer à la
Diagnostic biochimique
mort cellulaire [32] . Des études récentes chez la souris CTNS–/– L’examen biologique de référence pour le diagnostic de la cys-
ont décrit l’évolution de la maladie, tout d’abord par l’apparition tinose et le suivi des patients traités est le dosage de la cystine
d’inclusions amorphes dans le lysosome, précédant l’apparition dans les leucocytes totaux ou dans les polynucléaires neutrophiles
de cristaux, et parfois des atrophies tubulaires sans cristaux. (PNN). Ce dosage nécessite en première intention l’isolement
Les lésions démarrent à la jonction tubulo-glomérulaire puis des leucocytes totaux (ou des PNN) dans lesquels sont ensuite
s’étendent en distalité. L’hybridation in situ a permis de mettre dosées, d’une part, la cystine et, d’autre part, les protéines totales.
en évidence une diminution de l’expression de la mégaline, de la L’isolement des PNN étant plus complexe que celui des leuco-
tubuline, du cotransporteur GLUT2, de cotransporteur NTP2a à la cytes totaux, il est possible, lorsque le dosage est réalisé dans les
surface des cellules tubulaires proximales apicales, associée à une leucocytes totaux, de tenir compte du pourcentage de PNN pour
dédifférenciation cellulaire [33] . L’injection de protéines marquées calculer le taux de cystine. On peut ainsi proposer de réaliser dans
a également montré l’existence d’une endocytose défectueuse au le même temps une numération formule sanguine (NFS).
niveau du segment S1 du TP, partiellement compensée au niveau Le dosage de la cystine est réalisé dans quatre laboratoires spé-
du segment S3. Cela s’accompagnait d’une adaptation cellulaire, cialisés en France par des techniques sensibles : chromatographie
incluant l’expulsion de cristaux de cystine et d’un remodelage liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem (LC-
tubulaire. La souris CTNS–/– montre la plupart des caractéristiques MS/MS) ou chromatographie liquide haute performance (HPLC).
de la maladie, notamment la déformation en « col de cygne » des Le résultat est exprimé en nmol d’hémicystine (Cys) par mg de
cellules TP, débutant sur la jonction glomérulo-tubulaire [34] . protéines. Les valeurs observées dans les leucocytes totaux chez
L’augmentation de la mort cellulaire due à un signal pro- les sujets contrôles sont inférieures à 0,2 nmol Cys/mg de pro-
apoptotique apparaît également dans d’autres tissus contribuant téines alors que, chez les patients atteints de cystinose, les taux
aux lésions d’organes [35, 36] . La cystinosine pourrait ainsi jouer varient de 3 à 20 nmol Cys/mg de protéines avant traitement.
un rôle clé dans la cinétique lysosomiale, l’exocytose [37] et L’objectif chez les patients traités est d’obtenir un taux inférieur à
l’autophagie [38] . Des études réalisées in vitro sur des cellules TP 1 nmol Cys/mg de protéines.
incubées avec de la cystine dimethyl ester (CDME) ou de patients La cystine étant un acide aminé peu stable, il est impor-
ont permis d’avancer trois hypothèses physiopathologiques du tant que le dosage de cystine intraleucocytaire soit réalisé dans
syndrome de TDF dans la cystinose : des conditions préanalytiques strictes quant à la nature de
• l’altération du métabolisme de l’ATP ; l’anticoagulant utilisé (de préférence, tubes acide citrique, citrate,
• l’altération du métabolisme de la GSH ; dextrose [ACD]) et au délai d’acheminement des prélèvements
• et l’accélération de la mort cellulaire par apoptose [39] . (maximum 24–48 heures à température ambiante). En raison de
Tout d’abord, plusieurs études ont rapporté un taux d’ATP certaines variations dans la technique de dosage entre les labora-
diminué dans les cellules, incluant fibroblastes, leucocytes et cel- toires, il est souhaitable que le suivi se fasse toujours au sein du
lules TP [40] . Les mitochondries de cellules TP cystinosiques sont même laboratoire. Des travaux sont actuellement en cours au sein
gonflées, suggérant une diminution de la phosphorylation oxyda- des quatre laboratoires afin d’harmoniser les techniques.
tive mitochondriale, hypothèse appuyée par la découverte d’une Bien que non spécifique, la mesure de l’activité chitotriosi-
activité anormale du complexe I de la chaîne respiratoire mito- dase dans le plasma pourrait également être un marqueur pour
chondriale [34] . Cependant, comme il n’a jamais été documenté le diagnostic et le suivi thérapeutique des patients atteints de
de dysfonctionnement de la Na+ /K+ ATPase dans la cellule TP, la cystinose [44] .
diminution de production d’ATP n’est pas la seule explication du Pour le suivi thérapeutique des patients, le dosage de cystine
syndrome de TDF dans la cystinose [37] . intraleucocytaire doit être effectué tous les trois mois avant la
Ensuite, des recherches ont également montré des anomalies prise de cystéamine quelle que soit la forme galénique. Il peut
du métabolisme de la GSH, principal antioxydant intracellulaire, être associé au dosage de cystéamine plasmatique par LC-MS/MS
protégeant la cellule du stress oxydant. En théorie, le déficit en qui présente également l’avantage de suivre l’observance au trai-
cystine, séquestrée dans le lysosome, pourrait diminuer la syn- tement.
thèse de GSH, phénomène décrit dans les fibroblastes et cellules
TP cystinosiques [41] . Les tissus de patients pourraient ainsi être
plus vulnérables au stress oxydant. Le traitement par cystéamine Différentes formes de cystinose
permet une diminution de la concentration de cystine intralyso-
somiale mais également la restauration du pool de GSH et donc
Forme infantile
la capacité à gérer le stress oxydant chez les cellules contrôles et La forme infantile de cystinose (Online Mendelian Inheritance
cystinosiques [42] . in Man [OMIM] 219800) est la forme classique initialement décrite

6 EMC - Pédiatrie

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Cystinose et syndrome de Fanconi  4-084-B-11

dans les années 1920–1930. Les enfants naissent eutrophes à


terme. La tubulopathie proximale apparaît vers l’âge de 4 à 6
mois, dans sa forme complète et sévère. Le diagnostic est clas-
siquement posé vers 12 à 18 mois au cours d’un bilan d’une
cassure staturopondérale. Il peut être retardé en raison d’une sous-
estimation du syndrome de TDF mettant en jeu le pronostic vital
en cas de situations intercurrentes comme une gastro-entérite. Les
enfants caucasiens ont une hypopigmentation précoce des pha-
nères et de la peau et un front bombé. Ils peuvent présenter un
léger décalage dans les acquisitions psychomotrices et un déficit
dans les performances visuospatiales qu’il convient de dépister
précocement. Une fois le diagnostic clinique évoqué, il peut être
rapidement confirmé par : la présence de cristaux cornéens de
cystine à la lampe à fente présents de façon constante dès l’âge
de 1 an ; l’élévation de la cystine intraleucocytaire ; et, enfin,
l’étude génétique. Des cohortes historiques décrivent l’évolution
de la maladie avant l’utilisation de la cystéamine : retard staturo-
pondéral majeur, taille finale entre –4 et –5 déviations standard
(DS), insuffisance rénale terminale vers l’âge de 10 ans, hypothy- Figure 3. Image de cristaux de cystine à la lampe à fente.
roïdie et diabète vers 15 ans, complications neuromusculaires et
décès vers 20 ans [45–49] . Cette description n’a actuellement plus
de sens dans les pays développés mais reste malheureusement
d’actualité dans les pays en voie de développement. La prise en
charge du syndrome de TDF n’a rien de spécifique. En revanche,
l’âge d’initiation du traitement spécifique par cystéamine condi-
tionne le devenir du patient tant pour la survie rénale que pour
le délai d’apparition des complications extrarénales [48] . Le suivi
pédiatrique prévoit également une surveillance régulière à par-
tir de l’âge de 10 à 15 ans du bilan thyroïdien et de l’équilibre
glycémique.
Il existe environ une centaine de patients en France dont la moi-
tié sont des adultes, la plupart inclus dans les cohortes nationales
et internationales de suivi (Centre des maladies rares [CEMARA]
et Radico en France).

Forme tardive
Une cystinose de forme tardive (MIM 219900) a été identi-
fiée [50] . Ces formes non infantiles sont caractérisées par une
atteinte glomérulaire, mais pas toujours un syndrome de TDF,
et peu d’atteintes extrarénales. Les patients présentent en géné-
ral des mutations moins sévères ou sont doubles hétérozygotes
(ou hétérozygotes composés) pour une mutation sévère et une Figure 4. Cystinose oculaire avec néovaisseaux cornéens périphériques.
mutation peu sévère. La progression de la néphropathie est hété-
rogène, même au sein d’une même famille. Le diagnostic de ces
formes tardives peut être difficile, ce qui engendre des retards rentes. Chez les patients plus âgés, une kératopathie filamenteuse,
diagnostiques. une kératopathie en bandelette, voire une néovascularisation
Des formes oculaires pures (MIM 219750) ont été également de la cornée périphérique peuvent survenir (Fig. 4). Les cris-
décrites [51] . Ces patients, porteurs de mutations peu sévères impli- taux peuvent également s’accumuler au niveau de l’iris, du
quant une activité résiduelle importante de la cystinosine, ne corps ciliaire, de la choroïde, de la rétine et sur le nerf optique
présenteraient qu’une atteinte de la cornée et de la conjonctive. entraînant diverses complications oculaires comme des anomalies
Ils ne sont classiquement suivis que par des ophtalmologues et de l’angle iridocornéen avec un glaucome par blocage pupil-
sont difficiles à identifier. Une exploration rénale est néanmoins laire, une rétinite pigmentaire, une dégénérescence rétinienne
nécessaire pour identifier une éventuelle atteinte associée, dans la et/ou un œdème papillaire. Ces complications sont cependant
mesure où il peut exister des disparités phénotypiques, y compris beaucoup plus rares que l’atteinte cornéenne et de la surface
au sein d’une même famille. oculaire.
Le diagnostic de l’atteinte oculaire repose essentiellement sur la
Cystinose oculaire mise en évidence de cristaux au sein de la cornée lors de l’examen
Les dépôts de cristaux de cystine au niveau de la cornée et de clinique ophtalmologique. Dans certains cas, c’est l’observation
la conjonctive représentent l’atteinte oculaire la plus fréquente de ces cristaux au sein de la cornée qui permet la découverte
mais aussi un signe pathognomonique de la cystinose. Récem- de la cystinose. La densité des cristaux est classiquement quan-
ment, de nouvelles techniques d’imagerie cornéenne ont permis tifiée à l’aide du score de Gahl qui quantifie les cristaux dans la
de mieux comprendre la physiopathologie et ainsi d’améliorer cornée par comparaison à un score photographique. Plus récem-
la prise en charge de la cystinose oculaire [52] . Cette prise en ment, de nouvelles techniques d’imagerie ont été développées
charge repose essentiellement sur l’utilisation de collyres à base de comme la microscopie confocale in vivo (IVCM) (Fig. 5) et l’ocular
cystéamine. coherence tomography (OCT) (Fig. 6) du segment antérieur afin de
La cystinose entraîne une accumulation de cristaux dans tous quantifier plus précisément ces dépôts et d’évaluer l’efficacité des
les tissus oculaires, et plus particulièrement au niveau de la cornée traitements [53, 54] .
et de la conjonctive. Ces cristaux apparaissent sous la forme de très Un diagnostic et un traitement précoces associés à un suivi
nombreuses particules fines et brillantes facilement visibles dans ophtalmologique adapté peuvent donc aider à prévenir les
la cornée à la lampe à fente (Fig. 3). Cette accumulation de cris- complications oculaires et ainsi éviter une atteinte sévère de la
taux commence dans l’enfance, augmente avec l’âge et conduit fonction visuelle des patients atteints de cystinose. Une collabora-
progressivement à une photophobie, un blépharospasme, une tion étroite doit s’établir entre le néphrologue et l’ophtalmologue
kératite ponctuée superficielle, et des érosions cornéennes récur- pour une meilleure prise en charge de ces patients.

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Figure 5. La microscopie confocale in vivo


montre parfaitement la présence de cristaux
dans les différentes couches de la cornée : la
couche épithéliale (A) ou dans le stroma (B).

A B

par jour chaque semaine, sous peine d’une mauvaise tolérance


digestive, jusqu’à 60–90 mg/kg par jour ou 1,3–1,95 mg/m2 par
jour. En raison des caractéristiques pharmacocinétiques et phar-
®
macodynamiques du Cystagon , celui-ci doit être administré
strictement toutes les six heures, ce qui implique donc une prise
nocturne. Après une absorption rapide et un effet maximal au
bout d’une à deux heures, la cystéamine induit une déplétion
de cystine intralysosomale durant six heures ; le taux de cys-
tine intraleucocytaire remonte ensuite au-delà de 1 nmol Cys/mg
®
de protéines [58, 59] . Les effets indésirables de Cystagon , en par-
ticulier l’halitose et les troubles digestifs limitent l’adhésion des
patients [60, 61] . Des lésions cutanées de type angioendothélioma-
tose et anomalies de distribution des fibres de collagène ont été
rapportées.
Depuis 2005, les recherches pharmacocinétiques sur la cystéa-
mine ont permis de développer une nouvelle forme galénique
constituée de microbilles gastro-protégées à libération prolongée,
®
Figure 6. Les cristaux sont visibles grâce à l’ocular coherence tomography le Procysbi , autorisant une prise toutes les 12 heures [62–64] . Les
(OCT) de segment antérieur. premiers essais ont prouvé la non-infériorité entre les deux formes
galéniques [65] , une amélioration de la qualité de vie des patients et
une diminution subjective de l’halitose [66] . La posologie de départ
®
est de l’ordre de 75 % de celle sous Cystagon [67] . L’adhésion

“ Point fort des patients mais aussi la période nycthémérale, durant laquelle
la cystine intraleucocytaire est inférieure à 1 nmol Cys/mg de
®
protéines, semblent supérieures sous Procysbi . Il reste doréna-
vant à démontrer l’amélioration de la survie rénale et le recul des
• Étiologie la plus fréquente des syndromes de Fanconi. ®
complications tardives. Le Procysbi a obtenu l’autorisation de
• Cystéamine : urgence thérapeutique. l’European Medicines Agency (EMA) en 2013 et vient d’obtenir en
• Poursuite de la cystéamine tout au long de la vie (en janvier 2018 l’AMM en France. Il existe des polémiques sur la dif-
dehors des grossesses). férence de coût entre les deux formes galéniques et l’amélioration
• Cystradrops® en systématique tout au long de la vie. du service médical rendu.
• La moitié des patients adultes. La surveillance de l’efficacité et l’adaptation de la posologie
• Prise en charge multidisciplinaire à mettre en place. reposent sur le dosage de la cystine intraleucocytaire tous les trois
mois avec comme objectif un taux résiduel inférieur à 1 nmol
Cys/mg de protéines.

Traitement de la cystinose oculaire


Prise en charge spécifique Les traitements par cystéamine orale ne sont pas efficaces sur
l’accumulation de cristaux au niveau de la cornée. Il est donc
Cystéamine orale primordial de traiter les patients avec des collyres à base de cys-
Le Pr Schneider fut le premier à démontrer, dans les années téamine. Il existe des collyres de cystéamine à trois différentes
1970, que la cystéamine était le meilleur aminothiol capable concentrations : 0,44, 0,55 et 0,1 %, et un gel ophtalmique (cys-
de dépléter le contenu intracellulaire en cystine [55] . Les pre- téamine 0,55 %). Ces traitements ont démontré leur efficacité
miers essais cliniques furent conduits dans les années 1980 en pour dissoudre les cristaux de cystine cornéens, mais au prix de
Californie aboutissant en 1994 à la commercialisation du bitar- nombreuses instillations allant de six à dix fois par jour pour les
®
trate de cystéamine, le Cystagon . La cystéamine traverse la traitements en collyre [68, 69] . Le traitement médical de la cystinose
membrane lysosomale, interagit avec la cystine pour donner des oculaire repose également sur l’utilisation de substituts lacry-
complexes cystéine-cystéamine et de la cystéine, capables de sor- maux et parfois de traitements anti-inflammatoires afin de réduire
tir du lysosome par les transporteurs de la cystéine et de la lysine. l’irritation et l’inflammation de la surface oculaire associée. Dans
En retardant ou prévenant certaines complications tardives, le certains cas où il existe une opacification très importante de la
®
Cystagon a transformé l’histoire naturelle de cette maladie mais cornée liée aux cristaux de cystine, une greffe de la cornée peut
sans aucun effet sur le syndrome de TDF [56, 57] . Il convient de être envisagée, mais le pronostic reste mauvais en raison de rejets
commencer à faible dose puis d’augmenter par palier de 10 mg/kg fréquents.

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Cystinose et syndrome de Fanconi  4-084-B-11

Perspectives thérapeutiques On ignore si l’oligo-azoospermie observée chez les hommes


Plusieurs pistes de traitement sont actuellement envisagées peut être prévenue par un traitement optimal. Les nouvelles
dans le traitement spécifique de la cystinose. En Angleterre, Frost techniques de procréation médicalement assistée ont permis de
et al. élaborent une prodrogue de cystéamine capable de diminuer rapporter en 2016 la première descendance chez un homme
les effets indésirables tout en conservant, voire en augmentant atteint. Ainsi, la question d’une conservation de sperme doit être
l’efficacité [70] . Depuis les premiers tests de Schneider dans les discutée systématiquement après la puberté.
années 1970, la pharmacopée s’est considérablement étendue. Chez les femmes, un retard pubertaire peut être observé mais un
Ainsi d’autres équipes européennes testent des panels de molé- traitement précoce par cystéamine a un effet bénéfique. Il n’y a pas
cules sélectionnés sur leur capacité à dépléter la cellule en cystine, de troubles de la fertilité chez les femmes et des grossesses ont été
à réguler l’apoptose ou à restaurer une autophagie normale tout observées chez certaines patientes [93] . Les complications observées
en ayant moins d’effets indésirables. sont celles des patientes insuffisantes rénales ou transplantées :
En Californie, Cherqui et al. devraient lancer dans les mois à hypertension artérielle, prééclampsie, diabète gestationnel, infec-
venir une étude de phase 1 de greffe autologue de cellules héma- tions. La cystéamine a une fœtotoxicité dose-dépendante chez
toïétiques génétiquement modifiées par un lentivirus porteur de la l’animal et il est recommandé d’interrompre ce traitement pen-
cystinosine. La première étape a été de démontrer que la greffe de dant la grossesse [94] .
cellules hématoïétiques, de cellules saines chez des souris CTNS–/– Les troubles de la déglutition tardifs, la dysphonie et la fai-
entraînait non seulement une diminution des taux de cystine blesse des muscles respiratoires sont des complications tardives
dans les tissus [71] , mais également une préservation de leur his- graves qui peuvent engendrer des inhalations et des infections
tologie [72–74] . Les cellules hématopoïétiques transplantées sont pulmonaires récidivantes. Ces complications semblent peu sen-
capables de se transformer en macrophages dans le tissu rénal sibles au traitement par cystéamine. Des céphalées, des troubles
des souris CTNS–/– et de générer des nanotubes qui, en traversant de la mémoire et des troubles cognitifs peuvent être observés chez
la membrane basale tubulaire, délivrent la cystinosine dans les certains adultes. La coordination visuomotrice peut également
cellules TP cystinosiques [75] . Ces nouvelles voies thérapeutiques être affectée.
offrent des perspectives très intéressantes dans la prise en charge Les données des cohortes françaises et américaines ont
des patients mais on peut se poser la question de la diffusion donc montré un bénéfice du traitement spécifique en termes
de ces traitements aux pays en voie de développement quand d’incidence des complications extrarénales et de survie [47, 49] . De
ces derniers n’ont à l’heure actuelle qu’un accès très limité au ce fait, le traitement ne doit jamais être arrêté, même chez les
®
Cystagon [76] . patients dialysés ou transplantés.

Transplantation rénale
Évolution et particularités de la prise
La plupart des patients adultes sont transplantés actuellement.
en charge à l’âge adulte Les résultats de la transplantation à long terme sont excellents,
Les progrès de la prise en charge pédiatrique, en particulier avec plus de 50 % de survie du greffon à 340 mois [95] . Les
la cystéamine orale et la transplantation rénale, permettent aux résultats de la transplantation à court et à long termes chez
patients d’atteindre l’âge adulte en bon état général [77] . Les ser- les patients ayant une cystinose sont meilleurs que chez des
vices adultes sont alors confrontés aux complications tardives de patients contrôles, appariés pour l’âge [95, 96] . Le risque modéré
la maladie, en particulier aux complications extrarénales. de diabète après la transplantation ne nécessite pas de protocole
d’immunosuppression particulier : les inhibiteurs de la calcineu-
Histoire naturelle rine peuvent être utilisés, sous surveillance. Il est important de
Au-delà de l’atteinte rénale, les dépôts de cystine dans les retenir que le traitement par cystéamine (général et local) doit
lysosomes peuvent entraîner une dysfonction thyroïdienne, une être poursuivi à vie, même après transplantation rénale.
intolérance aux glucides et un diabète, un hypogonadisme chez
l’homme, une myopathie vacuolaire distale, une insuffisance Doses et suivi du traitement chez les adultes
respiratoire restrictive et des troubles de la déglutition. Les Chez les adultes, la surveillance reste indispensable pour suivre
complications du système nerveux central sont plus rares [78–86] . l’adhésion au traitement et guider son adaptation, mais également
Les patients ont une intelligence normale, mais peuvent avoir des
anomalies neurocognitives modérées [87–89] . Une atteinte osseuse
est également décrite pouvant être aggravée par la cystéamine et
une carence en cuivre qu’il convient de rechercher [90, 91] .
L’histoire naturelle de la maladie à l’âge adulte a été décrite
dans des cohortes rétrospectives françaises et américaines [47, 49] .
“ Point fort
La chronologie d’apparition des complications de la maladie la
Recommandations de suivi chez le patient adulte
plus fréquente est : insuffisance rénale, hypothyroïdie, diabète,
• Tous les trois mois : consultation médicale, dosage
complications neuromusculaires et complications neurologiques
centrales. de la cystine intraleucocytaire, dosage de la cystéa-
mine, numération formule plaquettes (NFP), suivi rénal
Impact du traitement par cystéamine de la transplantation (ionogramme sanguin, dosages des
sur les complications à long terme immunosuppresseurs).
À l’aire du traitement précoce et prolongé par cystéamine, cette
• Tous les six mois : glycémie à jeun, hémoglobine gly-
chronologie d’apparition des complications pourrait être modi- quée (HbA1c), thyréostimuline (TSH).
fiée et certains patients atteignent l’âge adulte avec une fonction • Tous les ans : consultation multidisciplinaire avec :
rénale préservée et sans complications extrarénales de la mala- – examen ophtalmologique (lampe à fente, fond
die [49] . d’œil) ;
Les données issues des cohortes françaises et américaines ont – bilan en rééducation fonctionnelle (testing
montré qu’un traitement précoce avant l’âge de 2,5 à 5 ans musculaire) ;
par cystéamine diminuait la fréquence et retardait l’apparition – bilan neurologique ;
de l’insuffisance rénale terminale vers l’âge de 16 ans et des
– bilan respiratoire : exploration fonctionnelle respira-
complications extrarénales, en particulier l’hypothyroïdie (chez
50 % des adultes de plus de 20 ans), le diabète (chez 27 % des
toire ;
adultes de plus de 30 ans), les complications neuromusculaires et – bilan rénal dans le cadre de la transplantation ;
le décès [47, 49, 92] . De plus, même si le traitement n’est pas débuté – bilan suivant les signes cliniques et besoin du patient :
précocement, il persiste un bénéfice en termes d’apparition d’une endocrinologie, médecine de la reproduction.
hypothyroïdie, d’un diabète et sur la mortalité globale.

EMC - Pédiatrie 9

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4-084-B-11  Cystinose et syndrome de Fanconi

dans le dépistage des complications tardives. La dose maximale [12] Stohr W, Paulides M, Bielack S, Jurgens H, Treuner J, Rossi R, et al.
recommandée est de 2 g par jour chez les patients de plus de 12 ans Ifosfamide-induced nephrotoxicity in 593 sarcoma patients: a report
ou de plus de 50 kg. Cependant, la dose peut aussi être adaptée from the Late Effects Surveillance System. Pediatric Blood Cancer
à la surface corporelle avec une dose maximale de 1,95 g/m2 par 2007;48:447–52.
jour. L’apparition d’effets indésirables aux doses supérieures à 2 g [13] Bacchetta J, Dubourg L, Juillard L, Cochat P. Non-drug-induced
par jour doit être recherchée attentivement. nephrotoxicity. Pediatr Nephrol 2009;24:2291–300.
La non-adhésion au traitement est fréquente chez les adultes et [14] Del Palacio M, Romero S, Casado JL. Proximal tubular renal dys-
est liée à l’odeur corporelle, aux troubles digestifs et à la fréquence function or damage in HIV-infected patients. AIDS Rev 2012;14:
des prises pour la formulation à libération immédiate. Il a été 179–87.
montré que seule la moitié des patients adultes ont pris le traite- [15] Cherqui S, Kalatzis V, Trugnan G, Antignac C. The targeting of cysti-
ment selon le schéma thérapeutique prescrit [59] . Une diminution nosin to the lysosomal membrane requires a tyrosine-based signal and
a novel sorting motif. J Biol Chem 2001;276:13314–21.
de l’adhésion au traitement est observée au cours du temps [61] .
[16] Haq MR, Kalatzis V, Gubler MC. Immunolocalization of cystino-
L’impact de la forme à libération prolongée sur la tolérance et
sin, the protein defective in cystinosis. J Am Soc Nephrol 2002;13:
l’adhésion au traitement doit être évalué.
2046–51.
Le traitement spécifique diminue l’incidence des complications [17] Town M, Jean G, Cherqui S. A novel gene encoding an integral
de la maladie à l’âge adulte et améliore la survie des patients. Chez membrane protein is mutated in nephropathic cystinosis. Nat Genet
l’adulte, la prise en compte de la dimension multisystémique de 1998;18:319–24.
la maladie est un nouveau défi. Une prise en charge multidiscipli- [18] Stenson PD, Mort M, Ball EV, Shaw K, Philips A, Cooper DN. The
naire de ces patients doit être proposée [97] . Human Gene Mutation Database: building a comprehensive mutation
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Hong Liang déclare : investigateur principal pour l’étude CHOC CYSDA- vel LP, Levtchenko E. Cystinosis: a review. Orphanet J Rare Dis
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Christine Vianey-Saban déclare : expert pour Horizon Pharma. [21] Attard M, Jean G, Forestier L, Cherqui S, Van’t Hoff W, Broyer M,
Cécile Acquaviva déclare : expert pour Horizon Pharma. et al. Severity of phenotype in cystinosis varies with mutations in the
Georges Deschênes déclare avoir reçu des financements de la part de : A + A, CNTS gene: predicted effect on the model of cystinosin. Hum Mol
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H.A.C.Pharma, KeyQuest Health Ltd., NOVARTIS PHARMA SAS, RAPTOR [22] Soliman NA, Elmonem MA, Van Den Heuvel L, Abdel Hamid RH,
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Pierre Cochat déclare : investigateur principal d’un essai clinique avec le gene in Egyptian patients with nephropathic cystinosis. JIMD Rep
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Antoine Labbé déclare : investigateur principal pour l’étude OCT-1 CYSDA- [23] Topaloglu R, Vilboux T, Coskun T, Ozaltin F, Tinloy B, Gunay-Aygun
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(Horizon Pharma), frais de déplacement pour conférences (Horizon Pharma).
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Sandrine Lemoine déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet
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A. Bertholet-Thomas (aurelia.bertholet-thomas@chu-lyon.fr).
Centre de référence des maladies rénales rares, Néphrogones, Filière ORKiD, Hôpital Femme-Mère-Enfant, 32, boulevard Pinel, 69500 Bron, France.
A. Servais.
Service de néphrologie et transplantation, Hôpital Necker-Enfants malades, 149, rue de Sèvres, 75015 Paris, France.
H. Liang.
Service d’ophtalmologie III, Centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingt, 28, rue de Charenton, 75012 Paris, France.
Inserm, U968, Université UPMC Paris VI, UMR S 968, Institut de la vision, CNRS, UMR 7210, 75012 Paris, France.
C. Acquaviva.
C. Vianey-Saban.
Service biochimie et biologie moléculaire, Unité maladies héréditaires du métabolisme, Centre de biologie et de pathologie Est, CHU de Lyon, 69500 Bron,
France.
G. Deschênes.
Néphrologie pédiatrique, Hôpital Robert-Debré, 48, boulevard Sérurier, 75793 Paris, France.
P. Cochat.
Centre de référence des maladies rénales rares, Néphrogones, Filière ORKiD, Hôpital Femme-Mère-Enfant, 32, boulevard Pinel, 69500 Bron, France.
Faculté de médecine Lyon Est, Université Lyon 1, 69008 Lyon, France.
A. Labbé.
Inserm, U968, Université UPMC Paris VI, UMR S 968, Institut de la vision, CNRS, UMR 7210, 75012 Paris, France.
Service d’ophtalmologie, Hôpital Ambroise-Paré, AP–HP, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, 9, avenue Charles-De-Gaulle, 92100 Boulogne-
Billancourt, France.
J. Bacchetta.
Centre de référence des maladies rénales rares, Néphrogones, Filière ORKiD, Hôpital Femme-Mère-Enfant, 32, boulevard Pinel, 69500 Bron, France.
Faculté de médecine Lyon Est, Université Lyon 1, 69008 Lyon, France.
S. Lemoine.
Centre de référence des maladies rénales rares, Néphrogones, Filière ORKiD, Hôpital Femme-Mère-Enfant, 32, boulevard Pinel, 69500 Bron, France.
Service d’exploration fonctionnelle rénale, Hôpital Édouard-Herriot, Lyon, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Bertholet-Thomas A, Servais A, Liang H, Acquaviva C, Vianey-Saban C, Deschênes G, et al. Cystinose et
syndrome de Fanconi. EMC - Pédiatrie 2018;13(2):1-12 [Article 4-084-B-11].

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