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Drépanocytose chez l’enfant


M. de Montalembert, R. Girot

La drépanocytose est une maladie génétique de l’hémoglobine qui se transmet sur le mode autosomique
récessif. La maladie résulte d’une mutation ponctuelle du sixième codon du gène ␤-globine. La mutation
provoque la synthèse d’une hémoglobine anormale, l’hémoglobine S (HbS). La polymérisation de l’HbS
à l’état déoxygéné est à l’origine d’une anémie hémolytique chronique et de phénomènes vaso-occlusifs.
La maladie est très fréquente dans les populations d’origine africaine subsaharienne. En raison des mou-
vements récents de population, elle existe aujourd’hui sur tous les continents. Chez l’enfant, les crises
douloureuses intenses, les infections graves à type de septicémie, méningite et ostéomyélite, les épisodes
d’anémie aiguë et les accidents vaso-occlusifs graves, notamment neurologiques, sont les complications
aiguës les plus fréquentes. Les progrès faits dans la prise en charge de la maladie ont transformé son
pronostic. La mortalité des enfants dépistés à la naissance et pris en charge dans les centres experts
est de moins de 5 %. Le traitement conventionnel est essentiel dans la drépanocytose : antibiothéra-
pie et vaccinations, antalgiques, transfusion sanguine. Certains enfants ont des formes sévères de la
maladie, et doivent bénéficier d’intensification du traitement par la transfusion sanguine au long cours,
l’hydroxyurée, ou la transplantation de cellules souches hématopoïétiques.
© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Drépanocytose ; Génétique ; Hémoglobine ; Douleur ; Infections ; Transfusion sanguine

Plan  Introduction
■ Introduction 1 La drépanocytose est une maladie héréditaire de l’hémoglobine
■ Physiopathologie 1 très répandue dans le monde. Elle est particulièrement fréquente

en Afrique, notamment en Afrique noire, dans les Antilles, en
Génétique 2
Amérique du Nord (États-Unis) et en Amérique du Sud (Brésil).
■ Drépanocytose hétérozygote 2 Elle existe également dans les pays du Maghreb (Algérie, Maroc,
Données du dépistage néonatal 2 Tunisie), en Sicile, en Grèce et dans tout le Moyen-Orient jusqu’en
Clinique 2 Arabie saoudite. On la rencontre également aux Indes. Enfin,
Biologie 2 en raison des mouvements de populations de ces régions vers
■ Drépanocytose homozygote 2 l’Europe de l’Ouest, la drépanocytose est maintenant présente en
Dépistage néonatal 3 France [1] , en Angleterre, au Portugal, en Belgique, aux Pays-Bas
Phases stationnaires 3 et en Allemagne notamment [2] . En France, la drépanocytose est
Complications aiguës 3 systématiquement dépistée en période néonatale chez les enfants
Complications chroniques 5 dont les parents sont originaires de pays à forte prévalence du
■ Hétérozygotes composites 5 trait drépanocytaire ; en 2010, 409 enfants atteints de drépano-
Hétérozygotes composites SC 5 cytose sont nés sur l’ensemble du territoire national (données
Hétérozygotes composites S-␤00 -thalassémiques 5 de l’Association française pour le dépistage et la prévention des

handicaps de l’enfant [AFDPHE]).
Traitement de la drépanocytose 5
Principe de la prise en charge préventive 6
Traitement des urgences 6
Intensification du traitement 7  Physiopathologie [3]

■ Conseil génétique et diagnostic prénatal 7


■ Conclusion 8 La drépanocytose est une maladie génétique de l’hémoglobine
due à la mutation du sixième codon de la chaîne ␤-globine (␤6

EMC - Pédiatrie 1
Volume 8 > n◦ 2 > avril 2013
http://dx.doi.org/10.1016/S1637-5017(13)61616-6

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GLU → VAL). Les molécules d’hémoglobine drépanocytaire (HbS) hémoglobines, et on diagnostique plus rarement des patients S-O
ont la propriété, sous leur forme déoxygénée, de polymériser pour Arab, S-D Punjad, ces deux formes étant souvent assez sévères, et
former des fibres qui déforment le globule rouge en lui don- des patients SE (plus modérés), qui appartiennent aussi au groupe
nant sa forme caractéristique en faucille ou feuille de houx, le des syndromes drépanocytaires majeurs.
drépanocyte. La polymérisation des molécules d’HbS déforme la Les facteurs génétiques et environnementaux sont à l’origine
cellule, la fragilise et la rigidifie. Le globule rouge ainsi déformé a de la grande variabilité de l’expression clinique de la maladie,
deux particularités : le drépanocyte perd ses propriétés de défor- ainsi, certains malades meurent dans les premières années de
mabilité et d’élasticité nécessaires pour passer à travers les petits vie, tandis que d’autres dépassent largement la soixantaine. De
vaisseaux de l’organisme et il est ainsi plus rapidement détruit la même façon, certains malades développent de nombreuses
qu’un globule rouge normal, ce qui rend compte de l’anémie complications tandis que d’autres sont atteints de formes peu
hémolytique. Plusieurs facteurs susceptibles d’affecter le processus symptomatiques.
de polymérisation ont été identifiés. Le premier est la modifi-
cation, même faible, de la concentration intraérythrocytaire des
molécules d’HbS, le second est l’interruption de la croissance du
polymère par toute molécule autre que l’HbS s’intercalant dans
 Drépanocytose hétérozygote
la fibre, notamment l’hémoglobine fœtale (HbF). Tous les fac-
On dit aussi des sujets drépanocytaires hétérozygotes qu’ils sont
teurs qui ont une influence sur ces paramètres sont susceptibles
porteurs du trait drépanocytaire.
d’intervenir dans la physiopathologie de la maladie. Il en est
ainsi de l’α-thalassémie, fréquente dans les mêmes populations
que celles à risque pour la drépanocytose. De façon constante, les
drépanocytaires ␣-thalassémiques sont moins anémiques avec un
Données du dépistage néonatal
taux d’hémoglobine et un hématocrite plus élevés. Cette moindre Près de 7000 enfants porteurs à l’état hétérozygote d’une
propension à la falciformation est attribuée à la diminution de anomalie de l’hémoglobine naissent chaque année en France.
la concentration corpusculaire en hémoglobine S. Le rôle protec- L’AFDPHE recommande que les familles en soient informées pour
teur de l’HbF est bien illustré chez les enfants drépanocytaires qui que les parents et d’autres enfants éventuels puissent bénéficier
naissent avec un taux d’HbF largement supérieur à celui de l’HbS d’une étude de l’hémoglobine et que le couple parental puisse
et ne deviennent malades que lorsque le taux d’HbS est supérieur réaliser, s’il le souhaite, un diagnostic prénatal à l’occasion des
à celui de l’HbF. De plus, la production persistante d’HbF est un grossesses suivantes.
élément caractéristique de la drépanocytose. Les molécules d’HbF
s’intercalent dans le polymère d’HbS, ce qui explique leur effet
bénéfique potentiel. L’étude des haplotypes de restriction du locus Clinique [8]
␤-globine sur les chromosomes porteurs du gène ␤ S a montré
un polymorphisme dans la séquence de l’acide désoxyribonu- La grande majorité des patients drépanocytaires hétérozygotes
cléique (ADN), créant ou abolissant des sites pour les enzymes se porte bien. Dans certains cas cependant, on peut observer chez
de restriction. Leur combinaison pour un chromosome définit un eux des infarctus spléniques au cours de situations d’hypoxémie
haplotype de restriction. Pour la drépanocytose, au moins cinq sévère, et des hématuries macroscopiques. La seule recommanda-
haplotypes différents ont été identifiés, quatre en Afrique sont tion à donner est de ne pas se placer dans les situations à risque
dits de type Bénin, Bantou, Sénégal et Cameroun ; le cinquième, d’hypoxémie (altitude élevée, plongée en apnée sous-marine). Ces
décrit en Inde, est observé aussi en Arabie saoudite. Statistique- patients peuvent subir des anesthésies générales comme tout sujet
ment, les sujets homozygotes pour les haplotypes sénégalais et normal sans préparation particulière.
indiens ont un taux d’HbF plus élevé que les autres.
L’occlusion vasculaire est aussi facilitée par d’autres fac-
teurs favorisants. Les hématies et les leucocytes drépanocytaires Biologie (Tableau 1)
adhèrent excessivement à un l’endothélium vasculaire activé,
Les caractéristiques hématimétriques du sang périphérique des
notamment lors des phénomènes d’hypoxie–réoxygénation [4] .
patients drépanocytaires hétérozygotes sont identiques à celle du
On a identifié plusieurs couples de molécules d’adhésion, les unes
sang normal, tant en ce qui concerne la lignée érythrocytaire
sur les hématies et les leucocytes, les autres sur l’endothélium et
que les lignées leucocytaire et plaquettaire. La morphologie des
le sous-endothélium, responsables de l’adhésion [5] . Enfin, la régu-
hématies est normale et il n’y a pas de drépanocytes en circu-
lation du tonus vasculaire est déséquilibrée avec une exagération
lation. Cependant, lorsque les hématies sont incubées dans un
de la vasocontriction, sans doute du fait d’un défaut de produc-
milieu privé d’oxygène (test d’Emmel) le phénomène de falci-
tion et d’activité de monoxyde d’azote (NO), puissante substance
formation se manifeste et fait apparaître des drépanocytes. En
vasodilatatrice [6] qui est détournée de cette fonction quand elle
pratique courante, cet examen biologique fait partie, avec le test
est complexée à l’hémoglobine libérée pendant l’hémolyse.
de précipitation de l’hémoglobine S en milieu réducteur (test
d’Itano), des moyens qui permettent le dépistage rapide des dré-
panocytaires hétérozygotes.
 Génétique L’électrophorèse de l’hémoglobine montre une fraction
majeure d’hémoglobine A de 60 à 55 %, une fraction importante
d’HbS de 45 à 40 % et enfin un constituant mineur d’hémoglobine
La drépanocytose est une affection transmise selon le
A2 de 2 à 3 %. Cet état doit être différencié de celui d’un
mode mendélien récessif autosomique. Les sujets hétérozygotes
sujet drépanocytaire homozygote transfusé ; dans cette situation,
sont dits AS et les homozygotes SS. L’hémoglobine S peut
l’hémoglobine A du donneur disparaît du tracé électrophorétique
s’associer à d’autres hémoglobines pathologiques, principale-
dans les mois qui suivent la transfusion.
ment l’hémoglobine C et les hémoglobines thalassémiques.
Lorsqu’un sujet AS contracte une union avec un sujet por-
teur de l’hémoglobine C ou d’une ␤-thalassémie, ces anomalies
peuvent s’associer et donner naissance à des enfants « double-  Drépanocytose homozygote
hétérozygotes » (appelés aussi « hétérozygotes composites ») SC
ou S/␤-thalassémiques. Du point de vue clinique, les sujets S/␤0 Les signes cliniques de la maladie font leur apparition dans
thalassémiques ont une maladie comparable à celle des homozy- les premiers mois ou les premières années de vie, quand
gotes SS. L’expression clinique de la drépanocytose SC est marquée l’hémoglobine drépanocytaire a progressivement remplacé l’HbF.
par moins de crises douloureuses, une meilleure espérance de Des révélations cliniques plus tardives, après 4 à 5 ans, ne sont
vie, mais des complications neurosensorielles fréquentes [7] . La toutefois pas exceptionnelles. Le pronostic de la maladie est très
drépanocytose S/␤+ thalassémique est le plus souvent assez modé- amélioré quand les soins spécifiques sont apportés précocement
rée. L’hémoglobine S peut aussi copolymériser avec d’autres grâce au dépistage néonatal.

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Tableau 1.
Caractéristiques biologiques des syndromes drépanocytaires majeurs.
Normale (N) SS SC S␤0 thal S␤+ thal
Hémoglobine g/dl 12–16 7–9 10–12 7–9 9–12
Volume globulaire moyen fl 80–100 N N 70–90 70–90
Réticulocytes × 10 /mm3 3
50–100 200–600 100–200 200–400 200–300
Électrophorèse de l’hémoglobine %
A 97–98 0 0 0 1–25
S 0 77–96 50 (c = 50) 80–90 55–90
F <2 2–20 <5 5–15 5–15
A2 2–3 2–3 − 4–6 4–6

SS : drépanocytose homozygote ; SC : hétérozygote composite ; S␤ thal : hétérozygote composite S␤-thalassémique. NB. Les hétérozygotes drépanocytaires AS, bien portants,
ne sont pas atteints de syndrome drépanocytaire majeur.

Dépistage néonatal • transparence des os des membres ;


• amincissement des corticales diaphysaires ; métaphyses, méta-
Il est généralisé sur l’ensemble du territoire français depuis tarsiens et métacarpiens élargis ;
2000 (il était déjà systématique dans les Antilles françaises depuis • épaississement des os de la voûte du crâne ;
1983). Il est ciblé, c’est-à-dire que ne font l’objet d’un dépistage • ostéoporose parfois importante des os du rachis avec un aspect
de la drépanocytose que les enfants dont les parents sont ori- concave des plateaux vertébraux réalisant la vertèbre en H
ginaires de pays « à risque » (cf. l’introduction). La moitié des lorsqu’il s’y associe une dépression centrale.
bébés naissant en région parisienne, un quart des bébés nais- Enfin, des bilans systématiques ont révélé la fréquence d’une
sant en France sont dépistés pour la drépanocytose chaque année. ostéopénie, avec toutefois peu de risque fracturaire pendant
En 2009, la prévalence de la drépanocytose était de 1/2364 pour l’enfance [12] .
la totalité des naissances, avec une incidence variable (de 1/567
en Île-de-France à 1/30 184 pour le Languedoc-Roussillon) [1] .
Le diagnostic est fait à parti d’un prélèvement au talon avec Biologie (Tableau 1)
dépôt d’une goutte de sang sur le carton de Guthrie utilisé La drépanocytose homozygote est caractérisée par un taux
pour les autres dépistages. Deux techniques sont systématique- d’hémoglobine situé entre 7 et 9 g/dl, une réticulocytose entre
ment associées parmi les trois suivantes : l’isoélectrofocalisation, 200 000 et 600 000 par mm3 , un volume globulaire moyen normal,
l’éléctrophorèse capillaire, la chromatographie liquide en haute la présence sur le frottis sanguin de drépanocytes, une hyper-
performance. leucocytose à polynucléaires neutrophiles pouvant atteindre
Les enfants dépistés à la naissance sont convoqués dans un 30 000/mm3 sans infection et une tendance à la thrombocytose.
centre expert. Le diagnostic est vérifié par un prélèvement vei- L’électrophorèse de l’hémoglobine ou la chromatographie liquide
neux, le diagnostic est donné aux parents, et les enfants sont pris mettent en évidence la présence d’hémoglobines S, F et A2 ; il n’y
en charge par le centre expert. a pas d’hémoglobine A. Le Tableau 1 indique les données compa-
La précocité de la prise en charge améliore significativement ratives des principaux syndromes drépanocytaires majeurs.
le pronostic [9, 10] . Aujourd’hui, le dépistage est généralisé dans
plusieurs capitales européennes, aux États-Unis, au Brésil, et repré-
sente un objectif important pour les pays d’Afrique. Complications aiguës [13]
Les principales complications aiguës observées chez les enfants
Phases stationnaires drépanocytaires homozygotes sont les crises douloureuses, les
infections, l’aggravation de l’anémie chronique, et les accidents
Clinique vaso-occlusifs graves. Ces complications se favorisent les unes les
L’anémie est constante (muqueuses et téguments pâles) ; l’ictère autres.
conjonctival est variable dans le temps et d’un cas à l’autre ; la splé-
nomégalie est constatée dès les premiers mois de vie ; elle persiste Crises douloureuses drépanocytaires [14, 15]
quelques années pour disparaître spontanément (autosplénecto-
mie) dans la très grande majorité des cas vers l’âge de 5 à 6 ans. Par leur grande fréquence, les crises douloureuses dominent la
Cependant 5 à 10 % des enfants drépanocytaires homozygotes ont symptomatologie de la maladie drépanocytaire. On les désigne
encore une splénomégalie après 6 ans. souvent sous le terme de crises vaso-occlusives (CVO). Le signe
La croissance staturopondérale des enfants drépanocytaires principal est la douleur. La fièvre est inconstante. Ces crises
homozygotes paraît sensiblement différente dans les zones tem- peuvent être spontanées (une fois sur deux environ) ou pro-
pérées et dans les zones tropicales. En zone tempérée, la croissance voquées par un facteur comme l’infection, le froid, la fatigue,
staturale est généralement normale, bien que certains enfants la fièvre, la déshydratation et toute situation entraînant une
aient souvent un retard pubertaire responsable d’un retard sta- hypoxémie. Les grands enfants et les adolescents apprennent à
turopondéral transitoire [11] . La taille définitive est en règle celle reconnaître les éléments susceptibles de déclencher un phéno-
attendue en fonction de la taille des parents. La croissance pon- mène douloureux et parviennent parfois à les éviter.
dérale est souvent en dessous de la moyenne à partir de 12 à
14 ans ; les enfants drépanocytaires homozygotes sont volontiers Syndrome pieds-mains
maigres [11] . En zone tropicale, le développement staturopondéral L’enfant affecté, âgé en général de 6 mois à 2 ans, présente une
peut être identique à ce qui vient d’être décrit ; cependant, lorsque tuméfaction douloureuse des mains et/ou des pieds, qu’il ne mobi-
des parasitoses et des carences nutritionnelles majorent l’anémie, lise plus. Il peut être fébrile. La radiographie n’objectivera dans un
il n’est pas rare d’observer des déformations du faciès et du crâne premier temps qu’une tuméfaction des parties molles. Après 1 à
(faciès thalassémique, turricéphalie) et des retards staturopondé- deux semaines, l’os concerné, métacarpe, métatarse, phalanges
raux et pubertaires importants. proximales des doigts ou des orteils, peut s’entourer d’une réac-
En dehors des complications, les anomalies radiologiques habi- tion périostée circonférentielle alors que des images lacunaires
tuelles du squelette sont les suivantes : peuvent apparaître sur la diaphyse.

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Crises douloureuses des os longs valeur d’orientation. Les parties molles sont parfois un peu plus
Ce sont les complications les plus fréquentes des syndromes inflammatoires lors d’une infection. Ni la numération, ni la CRP,
drépanocytaires majeurs. Elles correspondent à des infarctus et ni les radiographies sans préparation ne sont discriminantes.
touchent préférentiellement le fémur et l’humérus. Le tableau L’imagerie par résonance magnétique (IRM) ne différencie pas
clinique tranche peu avec celui d’une ostéomyélite : le membre de façon suffisante les infections des infarctus, mais est utile
concerné est chaud, œdématié, extrêmement douloureux, immo- en revanche pour préciser l’extension de l’atteinte osseuse. La
bile ; l’enfant peut être fébrile. Il existe parfois un épanchement scintigraphie osseuse au technétium 99 m pourrait être utile
articulaire contigu. Les examens complémentaires sont de peu dans les premières heures de la douleur (hyperfixation en faveur
d’aide pour le diagnostic puisqu’une hyperleucocytose est fré- d’une ostéomyélite), mais n’est, en pratique, jamais effectuée
quente dans la drépanocytose et la C reactive protein (CRP) parfois dans l’intervalle de temps où elle apporte des arguments diag-
élevée dans une crise ischémique. La radiographie est normale nostiques. L’examen le plus utile est en fait l’échographie, car
au début d’une crise douloureuse, mais peut montrer, après 1 elle peut objectiver un abcès sous-périosté ou un épanchement
à 2 semaines, une réaction périostée. Sauf en cas d’arguments articulaire ponctionnables au bloc opératoire, sous anesthésie
cliniques très formels en faveur d’une ostéomyélite, ce qui est générale de courte durée. Les germes responsables d’ostéomyélites
exceptionnel, l’attitude est donc de mettre en place un traite- sont de façon très prédominante les salmonelles, puis les sta-
ment symptomatique de la douleur, une hyperhydratation, de phylocoques, puis d’autres à Gram négatif. Il s’agit toujours de
multiplier les examens cliniques et de renouveler les examens salmonelles non typhiques, non prévenues par la vaccination [20] .
complémentaires. En l’absence de traitement approprié, l’ostéomyélite peut évo-
Plus rarement, l’infarctus osseux peut concerner les vertèbres, luer sur un mode chronique, parfois multifocale, avec risque
les côtes, le sternum. Les crises affectant ces deux derniers sièges fracturaire.
doivent inciter à une surveillance accrue, car elles peuvent En ce qui concerne le paludisme, il a été montré que la drépa-
conduire l’enfant à hypoventiler pour réduire sa douleur, et ainsi nocytose conférait uniquement une protection relative contre le
favoriser un syndrome thoracique aigu. Plus globalement, toute neuropaludisme, mais pas contre les accès palustres avec possibi-
crise douloureuse peut être compliquée par une déglobulisation, lité de déglobulisation sévère [21] .
un syndrome thoracique aigu consécutif à une embolie graisseuse,
ou bien sûr une surinfection de l’os ischémié. Aggravation de l’anémie
Le traitement préventif repose sur une éducation des fac-
Dans la drépanocytose homozygote SS, le taux moyen
teurs favorisants à éviter (exposition au froid, déshydrations,
d’hémoglobine est aux alentours de 8 g/dl et les réticulocytes
etc.). Les parents sont formés à donner des antalgiques à domi-
autour de 200 G/l. L’HbS ayant une affinité diminuée pour
cile : paracétamol, ibuprofène en l’absence de contre-indication,
l’oxygène, l’adaptation fonctionnelle est satisfaisante dans la
codéine. Si l’enfant est insuffisamment soulagé, ou s’il a de la
majorité des cas. Cependant, l’anémie peut s’aggraver dans cer-
fièvre, ou s’il est pâle, les parents doivent consulter aux urgences
taines circonstances et nécessiter une correction. Les carences
hospitalières [16] .
en fer et en acide folique doivent être dépistées par un hémo-
Crises abdominales gramme fait régulièrement. Toute situation fébrile ou toute
crise douloureuse peuvent aggraver l’hémolyse des malades
Les crises abdominales peuvent correspondre à des infarctus
drépanocytaires. Les crises de séquestration splénique sont bien
intéressant la rate ou le mésentère : un tableau caractéristique est
particulières aux enfants de moins de 6 ans ; il s’agit d’un syn-
celui de l’iléus paralytique avec météorisme abdominal et vomis-
drome associant en quelques heures une perte d’hémoglobine
sements qui cèdent au traitement médical. La constipation est
d’au moins 2 g par rapport au taux de base à une augmenta-
un facteur favorisant fréquent chez l’enfant. Enfin, les coliques
tion de la taille de la rate d’au moins 2 cm par rapport à sa
hépatiques peuvent révéler une lithiase biliaire.
taille habituelle. Le traitement repose sur la transfusion sanguine
La survenue de plus de trois crises douloureuses provoquant
immédiate. Le risque de récidive avoisine les 60 % [22] . Enfin, les
une hospitalisation par an est une indication à un traitement par
crises d’érythroblastopénie peuvent survenir dans la drépanocy-
hydroxyurée.
tose comme au cours de toute anémie hémolytique chronique
congénitale ou acquise ; ces accidents d’érythroblastopénie
Infections [17] sont essentiellement imputables au parvovirus B 19, mais pas
Les infections sont responsables d’une part importante de la exclusivement [23] .
mortalité et de la morbidité de la drépanocytose chez l’enfant
comme chez l’adulte. La plus forte incidence des infections Accidents vaso-occlusifs graves
est observée chez les petits-enfants. La fréquence des accidents Les accidents vaso-occlusifs graves regroupent une série de
infectieux diminue avec l’âge, mais le risque persiste toute la complications caractérisées par un déficit organique.
vie. Les méningites et les septicémies sont les infections les
plus graves, car elles peuvent mettre en jeu rapidement le Déficits neurologiques
pronostic vital et laisser des séquelles (complications neuro- Onze pour cent des patients SS et S/␤0 thalassémiques font un
sensorielles). Le germe à redouter tout particulièrement est le accident vasculaire cérébral avant l’âge de 20 ans [24] . Hémiplégie,
pneumocoque. monoplégie, amaurose soudaines ou progressives sont les mani-
Les pneumopathies représentent l’accident infectieux le plus festations les plus fréquentes ; elles correspondent à des occlusions
fréquent chez les malades drépanocytaires ; elles peuvent partici- complètes ou incomplètes des vaisseaux cérébraux compliquées
per à un syndrome thoracique aigu (cf. infra). d’infarctus cérébraux. Ces accidents sont plus fréquents chez les
Les ostéomyélites sont des complications infectieuses courantes enfants les plus anémiques [24] . Du fait du risque de récidive, la
dans la drépanocytose [18] . Les travaux du groupe français d’étude survenue d’un accident vasculaire cérébral indique la mise sous
de la drépanocytose montrent une prévalence des ostéomyélites programme d’échanges transfusionnels, ou pour les enfants ou
de 8 % avant l’âge de 18 ans, et une incidence de 2/100 patients- adolescents disposant d’un donneur intrafamilial human leucocyte
années [19] . Elles sont rapportées dès l’âge de 8 mois et peuvent antigen (HLA) compatible, la réalisation d’une greffe de moelle [16] .
survenir à tout âge. Les ostéomyélites, avec parfois atteinte de En raison de la gravité de ces accidents, le dépistage systématique
l’articulation contiguë, sont plus fréquentes que les arthrites des sténoses des artères intracrâniennes par Doppler transcrânien
isolées. L’infection est électivement diaphysaire ; les os le plus fait partie des examens qui doivent être faits régulièrement chez
souvent atteints sont le fémur, l’humérus, les métacarpes, les les enfants drépanocytaires (cf. infra).
vertèbres. Le tableau typique d’une ostéomyélite aiguë est rare : Les syndromes thoraciques aigus sont définis par l’association
douleur sus-articulaire vive, fièvre élevée, impotence fonction- douleur, dyspnée, image pulmonaire radiologique anormale. Ils
nelle, douleur transfixiante à la palpation. Bien plus souvent, résultent de plusieurs mécanismes, les crises thoraciques parié-
les signes sont atténués, faisant hésiter entre un infarctus osseux tales, les pneumopathies bactériennes ou virales, les embolies
et une infection. Ni la fièvre ni l’intensité douloureuse n’ont graisseuses secondaires aux CVO [25, 26] . Les symptômes cliniques

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varient selon l’âge de l’enfant. Fièvre et toux sont courantes avant pathologie associée (infections virales, surcharge martiale post-
10 ans, la douleur thoracique est plus fréquente après cet âge. transfusionnelle), les anomalies biologiques sont représentées par
La moitié des patients qui font un syndrome thoracique aigu une discrète élévation des transaminases.
sont admis pour un autre motif et cette complication survient La lithiase biliaire est d’une grande fréquence au cours de la dré-
quelques jours après le début de l’hospitalisation. Ainsi, une hos- panocytose et concerne le tiers des malades à partir de 17 ans. La
pitalisation pour crise vaso-occlusive, une fièvre, une intervention cholécystectomie est le traitement de toute lithiase symptoma-
chirurgicale sont des circonstances favorisant le syndrome thora- tique et il existe un consensus professionnel fort pour proposer
cique aigu. La radiographie montre habituellement une atteinte une cholécystectomie aussi en cas de lithiase asymptomatique [16] .
alvéolaire des lobes inférieurs, parfois au niveau des lobes supé-
rieurs chez les patients les plus jeunes. Le taux d’hémoglobine peut
rester stable ou peut diminuer de 1 à 2 g/dl. Une thrombopénie
survenant au cours d’un syndrome thoracique aigu est toujours
 Hétérozygotes composites
un signe péjoratif.
Le priapisme, rare dans l’enfance, mais fréquent à partir de Les hétérozygotes composites SC et S/␤-thalassémiques doivent
l’adolescence, est caractérisé par des douleurs et une congestion être considérés comme des drépanocytaires homozygotes sous
vasculaire. Les familles doivent être informées de sa survenue pos- l’angle des mesures préventives à leur appliquer et des conseils
sible, et de la nécessité de se rendre aux urgences si le priapisme à leur donner. En effet, ces patients peuvent faire les mêmes
ne cède pas au bout d’une heure [16] . complications que les drépanocytaires homozygotes. Certaines
particularités de ces syndromes drépanocytaires majeurs sont
mentionnées ci-dessous.
Complications chroniques
Les complications chroniques sont plus volontiers observées Hétérozygotes composites SC
chez les adolescents et les adultes que chez l’enfant.
Les patients drépanocytaires SC sont atteints d’un syn-
drome anémique moins important que celui des drépanocytaires
Ulcères de jambe homozygotes. L’état hématologique est caractérisé par un taux
Les ulcères de jambe sont rares chez l’enfant. Ils peuvent surve- d’hémoglobine entre 10 et 12 g/dl, de nombreuses cellules cibles
nir chez les adolescents. Ils siègent dans les régions des chevilles et quelques drépanocytes sur le frottis. L’électrophorèse de
et sont favorisés par les traumatismes. Leur guérison est difficile l’hémoglobine montre deux bandes d’intensité égale migrant au
à obtenir et leur récidive est la règle. Ils peuvent être la source niveau de l’hémoglobine S et de l’hémoglobine C (Tableau 1).
d’infections. Les ulcères sont responsables de douleurs chroniques La splénomégalie persiste au-delà de la petite enfance, avec
et de gêne fonctionnelle. Ils peuvent se compliquer d’ankylose un risque prolongé de séquestration splénique aiguë. Toutes les
des articulations tibiotarsiennes. Leur traitement repose sur des complications décrites chez les patients SS sont susceptibles de
soins locaux très réguliers et très attentifs. Dans certains cas, on survenir, mais avec une fréquence moindre, sauf sur deux types
peut s’aider de la transfusion sanguine en association aux soins d’événements. Les malades font plus volontiers des complications
locaux. osseuses chroniques que les drépanocytaires homozygotes. Enfin,
ils sont caractérisés par une fréquence accrue de complications
Nécroses osseuses oculaires et auditives [7] .
Les hanches et les épaules sont les principales articulations inté-
ressées. Ces nécroses sont d’abord asymptomatiques, puis elles Hétérozygotes composites
sont responsables de douleurs et de gêne fonctionnelle. Une
ostéonécrose de la tête fémorale est assez rarement diagnostiquée S-␤0 -thalassémiques
chez l’enfant. Sa prévalence augmente progressivement avec l’âge.
L’électrophorèse de l’hémoglobine fait la distinction entre les
L’existence d’un potentiel de remodelage osseux chez l’enfant
formes S/␤+ -thalassémiques et S/␤0 -thalassémiques. Cet examen
incite à dépister le plus tôt possible cette complication. En cas
montre la présence d’une hémoglobine S, d’hémoglobine F et
d’anomalie à la radiographie de hanche, et chez les enfants pré-
d’hémoglobine A2 . Il existe (␤+ -thalassémie) ou n’existe pas (␤0 -
sentant des douleurs de hanche, une boiterie, une limitation
thalassémie) une quantité variable selon les cas d’hémoglobine A
articulaire principalement à l’abduction, l’IRM précise l’étendue
(Tableau 1). Du point de vue de l’expression clinique, les patients
de la nécrose. Le traitement orthopédique a pour but de diminuer
S-␤0 -thalassémiques ont une maladie qui se rapproche de celle des
la charge subie par les zones atteintes et d’augmenter les charges
homozygotes. En revanche, certaines formes de S-␤+ -thalassémies
sur les zones saines. Une ostéotomie s’avère parfois nécessaire.
sont quasiment asymptomatiques et passent inaperçues chez
l’enfant.
Complications oculaires Les patients S/␤-thalassémiques conservent fréquemment une
Les complications oculaires les plus habituelles sont les rétino- splénomégalie au-delà de la petite enfance. Très souvent, cette
pathies prolifératives dont le dépistage préventif par des examens splénomégalie est responsable d’un hypersplénisme qui majore
réguliers de l’œil doit être fait régulièrement à partir de 7 ans l’anémie et dont le traitement est la splénectomie.
environ chez les patients SC (chez qui elles sont plus fré-
quentes), 10 ans chez les patients SS pour intervenir à temps
(laser) [16] .  Traitement de la drépanocytose
Complications rénales Le traitement a permis une diminution majeure de la mor-
Près de 10 % des patients évoluent vers l’insuffisance rénale talité pédiatrique en Amérique du Nord et en Europe au cours
chronique, dont le premier signe peut être une accentuation de de ces trente dernières années [10, 27, 28] . On estime qu’elle se situe
l’anémie. Plusieurs équipes proposent aujourd’hui un dépistage aujourd’hui autour de 2 à 3 % de décès chez les enfants diag-
précoce avec recherche d’une microalbuminurie et la mise sous nostiqués à la naissance et pris en charge dans un centre de
inhibiteurs de l’enzyme de conversion en cas de néphropathie référence. Toutefois, la mortalité remonte à partir de l’âge de
drépanocytaire débutante. 18 ans, du fait du développement chez l’adulte d’atteintes orga-
niques silencieuses chez l’enfant [27] . Il est donc important de
dépister régulièrement les atteintes d’organe (rein, cœur, pou-
Complications hépatobiliaires mons, etc.) qui pourraient ainsi être traitées précocement [29] . La
L’hépatomégalie est un signe habituel sans pour autant période de la transition entre la prise en charge des enfants et
être la traduction d’une complication. En dehors d’une celles des adultes doit aussi être accompagnée avec vigilance [30] .

EMC - Pédiatrie 5

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4-080-A-20  Drépanocytose chez l’enfant

Le traitement des complications chroniques a été envisagé au Bilans annuels


moment de leur description. Nous n’envisagerons ici que les
Une politique préventive amène aussi à pratiquer des bilans
mesures préventives, le traitement des complications aiguës et les
annuels à la recherche de complications viscérales infracliniques.
perspectives thérapeutiques.
Il n’y a pas de consensus sur la limite inférieure d’âge pour
commencer ces bilans, sachant qu’ils sont tout à fait souhaitables
Principe de la prise en charge préventive après l’âge de 10 ans. Ils incluent, outre les examens hématolo-
giques et biologiques de routine, une radiographie de thorax, une
La prise en charge des syndromes drépanocytaires majeurs radiographie de bassin de face, un électrocardiogramme (ECG),
nécessite la coordination entre des centres de proximité formés en une échocardiographie, une échographie hépatique, un examen
drépanocytose et des centres hospitaliers spécialisés. Le médecin ophtalmologique avec, si nécessaire, une angiographie rétinienne,
traitant contribue à cette prise en charge [31] . Chaque patient suivi des épreuves fonctionnelles respiratoires [29] .
régulièrement en consultation doit avoir un dossier dans lequel
sont réunies un certain nombre d’informations essentielles et, en
particulier, le génotype, le taux d’hémoglobine à l’état basal, la Traitement des urgences
taille de la rate, les traitements usuels, le groupe sanguin avec le
Traitement de la crise douloureuse
phénotype érythrocytaire.
drépanocytaire [16]
Conseils aux malades drépanocytaires De nombreuses crises drépanocytaires peu sévères (douleur peu
intense, fièvre inférieure à 38,5 ◦ C) peuvent être traitées à domi-
La piscine et la gymnastique usuelle sont autorisées ; ces activi-
cile en relation avec le médecin traitant par l’association des
tés ne seront contre-indiquées qu’en cas de mauvaise tolérance.
mesures suivantes : repos au chaud, boissons abondantes, traite-
Une grande vigilance doit être apportée au suivi scolaire de ces
ment antalgique associant paracétamol, anti-inflammatoires non
enfants souvent absents de l’école du fait de leurs hospitalisations.
stéroïdiens, codéine (Codenfan® ).
Hyperhydratation L’absence d’amélioration sous traitement antalgique à domi-
Cette consigne simple d’hygiène de vie doit être expliquée dès cile, une douleur d’emblée majeure, une localisation douloureuse
les premiers mois de vie et est applicable à tout âge. Une hydra- thoracique, une fièvre supérieure à 38,5 ◦ C, des signes d’anémie
tation abondante doit encore être majorée en cas d’effort sportif, aiguë, un priapisme, une augmentation brutale du volume de la
de réchauffement du climat, d’infection concomitante. Dès les rate ou de l’abdomen, des signes de détresse respiratoire doivent
premiers signes évocateurs d’un début de crise douloureuse, on provoquer une hospitalisation. Les principes du traitement sont
propose que les apports hydriques soient augmentés à 2 à 2,5 l/m2 . également l’hyperhydratation (apporter par voie veineuse et/ou
buccale 2 à 2,5 l/m2 par 24 heures). Les antalgiques les plus utili-
sés sont la nalbuphine (Nubain® ) et la morphine, par voie orale,
Traitements préventifs [16]
ou intraveineux si les conditions de surveillance sont optimales.
Prévention des infections pneumococciques Certaines équipes utilisent d’emblée la morphine pour toutes les
La stratégie actuelle repose sur : crises douloureuses hospitalisées.
• l’administration préventive quotidienne de pénicilline V
(Oracilline® : 50 000 à 100 000 U/kg/j, en deux à trois prises) ; Traitement de l’infection [16]
• la vaccination par vaccin pneumococcique conjugué (Prévenar
13® ) aux deuxième, troisième, quatrième mois, avec un rap- Toute fièvre supérieure à 38,5 ◦ C chez un enfant de moins de 3 ans
pel par le même vaccin vers 12 à 15 mois, puis des rappels de impose un traitement probabiliste par ceftriaxone ou cefotaxime
vaccin antipneumocoque par le vaccin Pneumo 23® . Le vaccin par voie parentérale, jusqu’au résultat des hémocultures.
Pneumo 23® est renouvelé tous les 3 à 5 ans tout au long de la Le traitement probabiliste des pneumopathies repose sur la cef-
vie. La prévention par Oracilline® est instaurée dès le diagnos- triaxone ou le cefotaxime, auxquels on peut ajouter un macrolide,
tic posé. Le portage du pneumocoque dans la gorge étant rare d’emblée ou en en l’absence d’amélioration.
chez l’adulte, il paraît inutile, sauf cas particuliers, de poursuivre Le traitement de l’ostéomyélite associe l’immobilisation plâ-
cette antibioprophylaxie passée l’adolescence. trée à l’antibiothérapie. Les salmonelles et le staphylocoque doré
sont le plus souvent responsables de ces infections. Le traite-
Programme vaccinal élargi ment probabiliste d’une infection ostéoarticulaire chez un enfant
On préconise d’ajouter au calendrier vaccinal des patients dré- drépanocytaire est une bithérapie incluant le céfotaxime ou la
panocytaires le vaccin antigrippal et un vaccin contre la méningite ceftriaxone. Le traitement est donné par voie intraveineuse envi-
C. Il est souhaitable d’utiliser le vaccin conjugué ACYW135. Les ron une semaine, avec un relai per os pour une durée totale de
enfants étant souvent au contact de personnes voyageant beau- traitement de 2 à 3 mois. Un contrôle des taux plasmatiques
coup, la vaccination contre l’hépatite A est aussi recommandée. d’antibiotiques est souvent utile.

Supplémentation en acide folique Traitement de l’anémie aiguë


La supplémentation en acide folique se justifie tout au long
de l’évolution de la maladie. Sa posologie est d’un demi à un Le traitement de l’anémie aiguë repose sur la transfusion san-
comprimé à 5 mg/j chez l’enfant, un comprimé tous les jours chez guine de concentrés érythrocytaires phénotypés. La transfusion
l’adulte. sanguine doit remonter le taux d’hémoglobine à sa valeur habi-
tuelle, sans le dépasser trop significativement pour éviter de
majorer l’hyperviscosité sanguine. Avant toute transfusion, les
Dépistage de la vasculopathie cérébrale malades doivent être phénotypés dans les systèmes ABO, Rhé-
La prévention des accidents vasculaires cérébraux nécessite la sus, Kell, Duffy, Kidd, Lewis, MNS. Les concentrés érythrocytaires
réalisation annuelle d’un Doppler transcrânien entre les âges de transfusés doivent être compatibles dans les systèmes ABO, Rhésus
2 et 16 ans. Cet examen non invasif explore le flux sanguin des et Kell au minimum. Une compatibilisation au laboratoire des uni-
artères cérébrales, des carotides internes et du tronc basilaire. tés transfusées est réalisée de plus en plus systématiquement. Du
Une accélération du flux est prédictive du risque de constitution fait des différences de répartition des antigènes de groupe sanguin
d’un accident vasculaire cérébral [32] . L’instauration de transfu- entre les donneurs et les receveurs de sang, l’allo-immunisation
sions mensuelles chez les enfants qui ont une vitesse de perfusion antiérythrocytaire est fréquente ; sa prévention nécessite une mise
cérébrale supérieure à 2 m/s réduit de 90 % le risque de survenue à jour vigilante des données hémato-immunologiques.
d’un premier accident vasculaire cérébral (AVC) [33] . La présence La transfusion en cas de séquestration splénique aiguë doit être
d’une vasculopathie cérébrale incite à rechercher si un enfant de prudente, car on observe secondairement un relargage des héma-
la fratrie est HLA-compatible pour pouvoir réaliser une transplan- ties capturées par la rate et une ascension secondaire du taux
tation de cellules souches hématopoïétiques [16, 34] . d’hémoglobine obtenu juste au décours de la transfusion.

6 EMC - Pédiatrie

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Drépanocytose chez l’enfant  4-080-A-20

Tableau 2. de l’hydroxyurée, ce qui est plus fréquent chez les adolescents


Principales indications des échanges transfusionnels. que les jeunes enfants. La mesure de la ferritinémie des malades
En situation aiguë Programmes d’échanges régulièrement transfusés permet d’apprécier la surcharge mar-
tiale post-transfusionnelle et de poser l’indication d’un traitement
Accident vasculaire cérébral Prévention primaire et secondaire chélateur du fer (Desféral® ou plus volontiers le chélateur oral,
(AVC) des AVC l’Exjade® ), en règle quand la ferritinémie dépasse 1000 ng/ml de
Syndrome thoracique aigu Crises vaso-occlusives et/ou
façon stable [35] . Une étude comparative récente a montré que la
Thrombose de l’artère centrale syndromes thoraciques aigus
transfusion mensuelle était plus efficace à prévenir les récidives
de la rétine répétés : échec ou refus
d’accident vasculaire cérébral que l’hydroxyurée [36] , qui ne doit
Défaillance viscérale d’hydroxyurée
Cholestase intrahépatique Défaillance viscérale (rein, cœur,
être utilisée dans cette indication qu’en cas de contre-indication
Crise vaso-occlusive résistant poumons, etc.) formelle à la transfusion, ou d’absence de disponibilité de produit
aux antalgiques usuels Programmes courts : ulcère de sanguin [37] .
Priapisme si échec étilefrine jambe, retard staturopondéral,
pré-greffe. Traitement par hydroxyurée
Priapisme si échec étilefrine
Le mécanisme principal d’action de l’hydroxyurée dans la dré-
panocytose est sans doute l’augmentation du taux d’HbF dans le
globule rouge drépanocytaire, mais des effets anti-inflammatoire
et antiadhésion sont aussi probables. On a montré, chez des
Traitement des accidents vaso-occlusifs graves
patients atteints de formes sévères, la réduction de la fréquence
Les accidents vaso-occlusifs graves requièrent des échanges des crises douloureuses drépanocytaires, des hospitalisations,
transfusionnels. L’objectif de l’échange transfusionnel est de rem- du recours à la transfusion sanguine et des syndromes thora-
placer les hématies drépanocytaires par des hématies contenant ciques aigus [38, 39] . L’hydroxyurée est aujourd’hui indiquée chez
de l’hémoglobine A. Cet échange doit se faire au mieux à héma- les enfants qui ont plus de trois crises douloureuses hospitalisées
tocrite constant. Il suppose de pouvoir mesurer le pourcentage par an, qui ont eu plus de deux syndromes thoraciques aigus (indi-
d’hémoglobine S drépanocytaire dans les heures qui suivent les cations validées par l’European Medicines Agency), ou qui ont une
manœuvres transfusionnelles. Les techniques manuelles néces- hémoglobine à l’état basal inférieure à 6 ou 7 g/dl selon les équipes
sitent deux voies d’abord veineuses, l’une pour la soustraction (consensus professionnel fort). L’hydroxyurée est moins efficace
(saignée) l’autre pour les apports (transfusion). Lorsque les que la transfusion sanguine à prévenir les récidives d’accidents
voies d’abord le permettent, on peut utiliser des techniques de vasculaires cérébraux [36] . Les tolérances à court et à moyen terme
cytaphérèse. sont bonnes [40] . Une incertitude demeure sur la fertilité ultérieure
Le traitement du syndrome thoracique aigu associe oxygénothé- des garçons qui auront reçu tôt et longtemps ce traitement. Ce
rapie, antibiothérapie empirique (céphalosporines de troisième traitement doit être prescrit par un médecin expert dans la prise
générationet macrolides), l’utilisation judicieuse d’analgésiques, en charge de la drépanocytose, et sa tolérance doit être vérifiée
et éventuellement la ventilation non invasive. Une trans- régulièrement.
fusion (ou un échange transfusionnel) est le plus souvent
nécessaire. Transplantation médullaire allogénique [34]
Le traitement médical du priapisme associe l’administration
d’antalgiques, l’injection intracaverneuse d’étiléfrine (Effortil® ). La transplantation médullaire allogénique a pour objectif de
Si la détumescence n’est pas obtenue, on fait un drainage sans remplacer la moelle d’un malade par celle d’un donneur de la fra-
lavage sous anesthésie locale associée à une injection intracaver- trie HLA compatible, porteur ou non du trait drépanocytaire. Les
neuse d’étiléfrine. Un échange transfusionnel est recommandé cellules souches peuvent provenir d’un prélèvement de moelle,
aussi en l’absence d’amélioration rapide. Les interventions chi- ou du cordon d’un frère ou une sœur cryopréservé à sa naissance.
rurgicales (anastosmoses cavernospongieuses) ne sont envisagées La principale indication est l’existence d’une atteinte vasculaire
qu’en cas d’échec du traitement médical. cérébrale. Dans une série de 87 patients transplantés entre 1988 et
Les accidents vasculaires cérébraux sont devenus rares depuis la 2004, les pourcentages de survie et survie sans événements étaient
systématisation du doppler transcrânien. Il faut faire en extrême respectivement de 93,1 et 86,1 %. Une cryopréservation de tissu
urgence une imagerie, de préférence une IRM, pour éliminer un ovarien est recommandée.
accident hémorragique qui peut nécessiter un traitement neuro- Le choix des patients à greffer est rendu difficile dans une mala-
chirurgical. Un accident vasculaire cérébral impose la réalisation die où il n’existe pas de facteurs prédictifs formels de sévérité et
d’un échange transfusionnel, alors qu’il n’y a pas de consensus où, en pratique, une forme sévère est révélée comme telle lorsque
sur l’utilisation de l’héparine ni des fibrinolytiques, qui ne sont les complications se sont exprimées.
pas utilisés en règle [16] .

 Conseil génétique et diagnostic


Intensification du traitement
prénatal [41]

Une fraction des enfants drépanocytaires présente une forme


grave, soit du fait de crises douloureuses et/ou de syn- Le diagnostic prénatal peut être proposé aux couples à risque
dromes thoraciques fréquents, soit parce qu’ils présentent une qui ne souhaitent pas avoir d’enfant atteint de drépanocytose
atteinte neurologique. Une intensification du traitement leur est homozygote. Il s’inscrit dans le conseil génétique à donner aux
proposée. porteurs de la drépanocytose. La biologie moléculaire permet de
faire le diagnostic de drépanocytose homozygote sans ambiguïté
Programmes de transfusion sanguine au long entre 8 et 12 semaines d’aménorrhée à partir d’une biopsie de tro-
phoblaste ou par amniocentèse précoce entre 15 et 20 semaines
cours d’aménorrhée. La proposition du diagnostic prénatal doit res-
Ces programmes ont pour objectif de maintenir en permanence pecter la liberté des personnes intéressées, et doit être faite de
le taux d’hémoglobine S au-dessous de 30, 40 ou 50 % selon telle façon que les couples concernés en formulent eux-mêmes la
l’indication clinique. Les principales indications des échanges demande en toute connaissance de cause, c’est-à-dire après avoir
transfusionnels en situation aiguë et chronique sont indiquées reçu une information complète et claire sur la maladie drépano-
dans le Tableau 2. En pratique, en pédiatrie, la principale indi- cytaire.
cation est la prévention d’un premier épisode ou d’une récidive Il est à l’heure actuelle aussi possible de coupler le diagnostic
d’accident vasculaire cérébral. Le seuil d’HbS à ne pas dépasser prénatal au typage HLA pour sélectionner un embryon à la fois
est 30 %. Plus rarement, il s’agit de la prévention des crises dou- non atteint de drépanocytose et possiblement donneur de cel-
loureuses et/ou des syndromes thoraciques aigus en cas d’échec lules souches hématopoïétiques en vue d’une greffe d’un enfant

EMC - Pédiatrie 7

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4-080-A-20  Drépanocytose chez l’enfant

déjà atteint. Ce type de diagnostic préimplantatoire pose des pro- [13] Gill FM, Sleeper LA, Weiner SJ, Brown AK, Bellevue R, Grover R,
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et des problèmes éthiques en cours de débat. cell disease. Blood 1995;86:776–83.
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dérablement changé ces dernières années puisque 95 à 98 % des chez l’enfant et l’adolescent. 2005. www.has-sante.fr/portail/display.
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hospitalier de proximité, et le centre de référence, faisant 161–9.
circuler entre eux l’information et s’associant pour réaliser [21] Gendrel D, Kombila M, Nardou M, Gendrel C, Djouba F, Richard-
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8 EMC - Pédiatrie

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Pour un usage personnel seulement. Aucune autre utilisation n´est autorisée. Copyright ©2019. Elsevier Inc. Tous droits réservés.
Drépanocytose chez l’enfant  4-080-A-20

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M. de Montalembert (Mariane.demontal@nck.aphp.fr).
R. Girot.
Service de pédiatrie générale, Service d’hématologie, Hôpital Necker-Enfants malades, 149-161, rue de Sèvres, 75015, Paris, France.
Hôpital Tenon, 4, rue de la Chine, 75020 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : de Montalembert M, Girot R. Drépanocytose chez l’enfant. EMC - Pédiatrie 2013;8(2):1-9 [Article
4-080-A-20].

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EMC - Pédiatrie 9

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