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Préface

L
’énergie est une base essentielle pour le développement social et économique. Les États doivent garantir
aux populations de leur pays une fourniture d’énergie en quantité suffisante tout en assurant la durabilité de
cet approvisionnement, c'est-à-dire avec des coûts minimum et des effets réduits sur l’environnement.

L approvisionnement énergétique représente un défit permanent pour nos sociétés, d‘autant plus que le besoin
des États africains ne cesse d’augmenter. Les stratégies appliquées jusqu’ici doivent être révisées.

La capacité de l’atmosphère à absorber sans danger des substances toxiques est depuis longtemps dépassée. À
cause des émissions de CO2, nous pouvons déjà anticiper les effets dévastateurs du réchauffement climatique sur
notre environnement et au-delà sur la vie des populations, en particulier celles qui y sont très vulnérables. En 2020,
entre 75 et 250 millions de personnes en Afrique pourraient être exposées à une pénurie d’eau croissante. Et dans
certains pays du continent, les superficies agricoles sont menacées d’être réduites de moitié1.

Dans ce contexte, il est donc clair qu’un approvisionnement en énergie basé sur des ressources épuisables, aux
prix élevés et fluctuants, aux coûts économiques, sociaux et environnementaux importants, tels que le pétrole, le
gaz naturel et le charbon, pose des risques majeurs pour le développement économique et social des pays. Les
récents évènements tragiques au Japon et les effets menaçant la santé des populations et l’environnement nous
montrent que l’énergie nucléaire n’offre pas d‘alternative non plus.
Des mesures doivent être prises pour encourager la transition vers l’utilisation des énergies renouvelables. Elles :
• sont disponibles dans le monde entier, inépuisables, écologiques et contribuent à la protection de
l’environnement ;
• réduisent la dépendance vis-à-vis des importations d’énergie ;
• augmentent la création de valeur sur place et créent des emplois ; et
• sécurisent l’approvisionnement énergétique au-delà de l’ère des hydrocarbures et du charbon.

Au Sénégal, la facture pétrolière s’élève à des centaines de milliards de FCFA2 chaque année. En 2010, 2,15 mil-
lions de TEP ont été importées pour répondre aux besoins énergétiques, soit 75% de l’offre totale d’énergie primaire
au Sénégal3. Et pourtant, s’il y a bien des sources énergétiques abondantes au Sénégal, ce sont le soleil et le vent.
En plus, les premières initiatives ont démontré qu’il est rentable de les exploiter.

Le gouvernement du Sénégal et ses partenaires nationaux et internationaux ont déjà entrepris des projets de valo-
risation des énergies renouvelables, en particulier dans la production d’électricité, de combustibles pour la cuisson
des aliments et de biocarburant.
À titre d’exemple, le programme PERACOD de la coopération sénégalo-allemande accompagne les projets d’élec-
trification rurale décentralisée à base de solaire et dans certains cas à base de sources combinées solaire et éo-
lien. Dans le domaine de la biomasse, source importante de la consommation énergétique des ménages au
Sénégal, le PERACOD valorise les initiatives de gestion durable des forêts, de production et vente de foyers de cuis-
son améliorés et de biocharbon à base de déchets végétaux.

Cet ouvrage « les énergies renouvelables : Les bases, la technologie et le potentiel au Sénégal » constitue le pre-
mier document complet présentant les différentes sources d’énergies et leurs applications au Sénégal. Il est publié
par le PERACOD et a reçu les contributions de plusieurs organismes au Sénégal.

Les lecteurs y trouveront des informations détaillées et chiffrées sur les avantages de chaque source, les principes
de son exploitation, les potentiels et les technologies.
Nous souhaitons qu’il contribue à améliorer la connaissance sur les énergies renouvelables et qu’il convainc que
la solution des renouvelables doit être dorénavant mieux étudiée et promue dans tout projet de développement
énergétique.

Je félicite chaleureusement les auteurs de ce document pour l’excellent travail qu'ils ont fourni dans le cadre de notre
bonne coopération entre le Sénégal et l’Allemagne.

Christian Clages
Ambassadeur de la République
fédérale d’Allemagne

[1] Climate Change 2007: Synthesis Report, Intergovernmental Panel on Climate Change
[2] SIE Sénégal 2007
[3] Key World Energy Statistics 2010, IEA
10

1. Introduction aux énergies renouvelables


1.1. Introduction 1.1.1.  Définition de l’énergie renouvelable

Toutes les énergies utilisées par l’homme proviennent Les énergies sont dites “renouvelables“ tant qu’elles
de l’une des sources suivantes : dépendent du système écologique de la Terre, de l’in-
• l’énergie rayonnante émise par le Soleil (énergie- solation et de l’énergie géothermique de la Terre. En
solaire), principalement sous deux formes : pratique, les sources énergétiques renouvelables font
- l’énergie solaire directe allusion à :
- l’énergie solaire capturée sous la forme de • la puissance hydraulique ;
combustibles biomasse ou fossiles ; • l’énergie biomasse ;
• l’énergie géothermique de l’intérieur de la Terre ; • l’énergie solaire ;
• l’énergie des marées provenant de l’attraction de la lune ; et • l’énergie éolienne ;
• l’énergie nucléaire. • l’énergie géothermique ; et
La forme prédominante est l’énergie solaire. Elle est • l’énergie de la mer.
mille fois plus importante que toutes les autres et iné- Dans le contexte de ce document, toutes les formes
puisable tant que le Soleil brillera (des estimations d’énergie renouvelable seront traitées mais nous ne
projettent 4,9 millions d’années). ferons qu’esquisser très brièvement l’énergie de la
La figure 1-1. donne une vue d’ensemble des mer et la géothermie parce qu’elles ne sont pas en-
sources d’énergies primaire sur la Terre. core exploitées au Sénégal ou que le potentiel y est
très faible.
Figure 1 1 La capacité de l’atmosphère à absorber sans danger
Consommation énergétique mondiale
des substances toxiques est depuis longtemps dé-
passée. L’utilisation de pétrole, de gaz naturel, de
charbon et d’uranium comporte encore d’autres
risques : ces ressources sont seulement disponibles
en quantité limitée, leurs prix sont en forte augmenta-
tion et elles créent des dépendances politiques et
économiques. Grâce aux énergies renouvelables,
nous disposons de sources d’énergie qui peuvent être
utilisées sans qu’elles émettent de substances
toxiques, et qui se renouvellent constamment par des
processus naturels si bien que, mesurée à l’échelle
de la vie humaine, elles seront disponibles à l’infini.
Les pays qui entameront cette transition vers les éner-
gies renouvelables de bonne heure devraient y ga-
gner davantage par rapport aux retardataires en
Source : PERACOD matière d’énergie renouvelable. Donc, un jour le re-
cours aux énergies renouvelables sera indispensable
et ceci sera dû davantage à des problèmes environ-
nementaux qu’á l’épuisement du pétrole brut.
11
1.1.2.  Les énergies renouvelables traditionnelles et
nouvelles
Figure 1 2
Structure de la consommation
On fait parfois une distinction entre les renouvelables mondiale d’énergie finale en 2006
‘traditionnelles’ et les ‘nouvelles’ ou ‘modernes’. Alors
Source : “Erneuerbare Energien in Zahlen
que le terme ‘traditionnel’ s’applique à l’utilisation de – nationale und internationale Entwicklung“,
la biomasse, et ce principalement dans le cas de BMU - Bundesumweltministerium [Ministère
de l’Environnement] 2009.
l’énergie domestique surtout dans les pays en déve-
loppement, celui des énergies renouvelables ‘nou-
velles’ regroupe les formes d’énergies renouvelables
modernes et durables.
Plus spécialement en matière d’énergie biomasse, on
utilise différentes définitions. Le terme de combusti-
bles renouvelables et déchets inclut toutes les ma-
tières végétales et animales utilisées directement ou
transformées en combustibles solides, les combusti-
bles liquides et gazeux tirés de la biomasse, ainsi que
les déchets industriels et municipaux transformés en
énergie. Les principaux combustibles issus de la bio- 1
masse des pays en développement sont le bois de Ces paragraphes suivants sont
tirés de : Dossier thématique
feu, le charbon de bois, les résidus agricoles et les n°10, Renouvelables 2004. Jo-
hansson, Thomas B. et al. : Les
déjections animales appelés souvent biomasse tradi-
potentiels de l’énergie renouve-
tionnelle1. lable.
Note sur les citations : Nous
Les sources énergétiques renouvelables sont habi- n’utilisons pas d’annotation
scientifique dans ce document.
tuellement considérées comme étant un élément de
Des parties de textes sont ci-
les énergies “nouvelles“, c’est-à-dire le solaire, l’éo-
réponse aux enjeux environnementaux, sociaux et tées sans parenthèses afin de
lien et l’énergie marémotrice contribuaient à hauteur rendre cette brochure plus lisible.
économiques actuels. En 2006, les énergies renouve-
de seulement 0,2 % de l’utilisation énergétique pri-
lables représentaient environ 18 % de la consomma-
maire dans le monde (voir figure 1-2). La majeure par-
tion d’énergie primaire dans le monde :
tie de ces énergies renouvelables provient de la
principalement de biomasse traditionnelle. Cependant

Figure 1 3

Evolution de
l’approvisionnement
mondial en énergie
primaire renouvelable
et la part en énergies
renouvelables

Source : “Erneuerbare
Energien in Zahlen
– nationale und internati-
nale Entwicklung“ BMU -
Bundesumweltministerium
(Ministère de l’Environne-
ment) 2009.
12
biomasse et de l’énergie hydraulique, des grandes • sont écologiques et contribuent à la protection de
centrales hydrauliques essentiellement (voir figure 1-3). l’environnement ;
En général, les sources d’énergies renouvelables sont • comportent peu de risques ;
des sources énergétiques indigènes ; ainsi ont-elles le • réduisent la dépendance vis-à-vis des importations
potentiel de fournir des services énergétiques avec le d’énergie ;
risque 0 ou presque 0 polluant et gaz à effet de serre.
• augmentent la création de valeur sur place et créent
des emplois ;

L’énergie renouvelable est inépuisable et abondante. • contribuent ainsi à la réduction de la pauvreté ; et


• assurent la sécurité de l’approvisionnement éner-
C’est sur les combustibles fossiles que la révolution
gétique.
industrielle s’est construite. L’âge du pétrole (temps
pendant lequel les combustibles fossiles fournissent De surcroît, étant donné que l’énergie renouvelable
en énergie la plus grande partie de l’humanité) est est normalement convertie à l’endroit même de son
considéré comme une période de temps très courte. utilisation, tous les aspects relatifs aux transports
(figure 1-4). d’énergie (comme avec les combustibles fossiles)
sont exclus. Dans un sens plus large, on devrait
Figure 1 4 conclure que l’énergie renouvelable a en soi un as-
Consommation énergétique mondiale pect ‘antimonopoliste’ de par son utilisation,
puisqu’une centralisation des unités dans quelques
mains (comme avec les grandes compagnies pétro-
lières) est principalement impossible.

1.2. Caractéristiques de base des énergies


renouvelables
L’énergie solaire se manifeste sous forme de chaleur
solaire à basse température, chaleur solaire à haute
température, électricité éolienne et photovoltaïque.
La chaleur solaire à basse température est produite
par l’absorption de la lumière du Soleil par des sur-
faces assombries qui la convertissent en chaleur pour
1EJ (exajoule) = 1018 joules = 277,8 millions MW/h être utilisée pour chauffer de l’eau ou d’autres fluides.
Source : Conseil énergétique mondiale, tiré de Jargstorf 2004 (modifié)
La chaleur solaire à haute température, au contraire,
Les combustibles fossiles (ainsi que les combustibles est obtenue en faisant concentrer la lumière du Soleil
nucléaires) ne sont pas eternels et ont démontré qu’ils et les fluides de chauffage à haute température pour
sont à la source de nombreux problèmes environne- générer de l’électricité.
mentaux. Il est clair qu’un jour les énergies renouve- Le photovoltaïque (appelé aussi électricité solaire) est
lables devront dominer le système énergétique la transformation directe du composant ultraviolet de
mondial. la lumière du Soleil en électricité dans des endroits
Les énergies renouvelables présentent de nombreux appropriés.
avantages : elles
L’énergie éolienne est générée par les vents issus de
• sont disponibles dans le monde entier ; turbulences causées par le réchauffement (inégal) de
• sont inépuisables ; l’atmosphère par la chaleur solaire. La plupart des
parcs éoliens sont aujourd’hui constitués d’éoliennes
(connectées en réseau) qui produisent directement
de l’électricité à partir du vent. Les moulins à vent –
13
qui ont été des applications du vent au début du siè- vères catastrophes - la biomasse au cas où elle est
cle dernier - sont pour la plupart utilisés aujourd’hui surexploitée et la puissance hydraulique si elle est gé-
pour le pompage de l’eau. nérée dans des dimensions gigantesques.

L’énergie géothermique se manifeste sous forme Les énergies renouvelables peuvent couvrir toute
d’eau chaude ou de vapeur et peut être utilisée pour forme de besoins énergétiques. Une caractéristique
le chauffage ou pour la production d’électricité dans très importante de la plupart des énergies renouvela-
certaines régions spécifiques. Actuellement les tech- bles est néanmoins qu’elles sont de nature intermit-
nologies utilisant l’énergie géothermique favorisent la tente. Le Soleil ne brille que pendant la journée et
production de l’électricité et sont encore à un stade l’énergie éolienne par exemple n’est pas disponible
de développement embryonnaire. régulièrement. Cette caractéristique constitue en soi
un inconvénient de la plupart des énergies renouve-
La puissance hydraulique est indirectement liée au
lables avec toutefois une exception notable pour
rayonnement solaire qui évapore l’eau des océans
l’énergie géothermique, et à un moindre degré la puis-
pour former avec la pluie les rivières des continents.
sance hydraulique et la biomasse.
On construit des barrages sur les rivières pour consti-
Pour contourner cette nature intermittente de l’éner-
tuer des réservoirs, qui garantissent une production
gie renouvelable, on doit avoir recours à des appa-
stable en eau pour produire de l’électricité. On diffé-
reils de stockage relativement coûteux (comme les
rencie généralement les grandes centrales hydro-
batteries pour les systèmes photovoltaïques ou ci-
électriques de puissance électrique supérieure à 10
ternes de stockage d’eau pour la puissance hydrau-
MW et les petites centrales.
lique) ce qui augmente considérablement les coûts
Les grandes centrales à puissance hydraulique inon-
du système complet.
dant de grandes étendues engendrent des déplace-
ments de la population et ont des conséquences 1.2.1.Calcul du coût des renouvelables
indésirables et souvent imprévisibles à long terme tant
L’économie des énergies renouvelables est normale-
sur le plan environnemental que sur le plan social ;
ment plus difficile à calculer que celle des combusti-
c’est pourquoi elles sont considérées par certains
bles conventionnels (fossiles).
comme ressources non-renouvelables. Les centrales
Ceci à cause des variations de l’énergie, selon le
plus petites ne génèrent pas de tels problèmes 2.
temps et l’endroit. Par conséquent, il ne sera pas aisé
La biomasse (déchets organiques) représente une de fournir une comparaison générale des différentes
partie relativement faible de l’énergie solaire qui est formes d’applications de l’énergie renouvelable.
2
transformée par la photosynthèse. Alors que le ren-
Si on compare l’électricité issue des énergies renou- Ce paragraphe et les
dement énergétique - rapport entre la production suivants sont tirés de :
velables dans des conditions normalisées, comme Dossier thématique n°1,
(énergie produite) et le productible estimé – pour la
celles rencontrées en Europe (avec une radiation so- Renouvelables 2004.
photosynthèse est moins de 0,5 %, un panneau pho- Goldemberg, José :
laire relativement basse, une vitesse du vent moyenne The Case for RE.
tovoltaïque a un rendement de 10 à 15 %. Une partie
annuelle de 6m/s, etc.), on arrive seulement à des ré-
de ces déchets a été enterrée depuis très longtemps
sultats très relatifs. On peut quand même constater
(environ 290 millions d’années) par les sédiments et
que l’énergie éolienne représente de loin l’énergie re-
tremblements de terre puis transformée par l’action
nouvelable la plus économique à l’heure actuelle. La
des bactéries en charbon, pétrole et gaz qui consti-
puissance hydraulique avec des dimensions infé-
tuent actuellement les ressources en combustibles
rieures à 10 MW a de loin les coûts d’installation et
fossiles (qui ne sont pas renouvelables). La biomasse
d’exploitation les plus élevés. L’énergie solaire a en-
est considérée habituellement comme énergie renou-
core des coûts d’installation plus élevés, mais ap-
velable sauf si son exploitation contribue à la défo-
proximativement les mêmes coûts d’exploitation que
restation.
l’énergie éolienne.
Ainsi la biomasse tout comme la puissance hydrau-
lique à grande échelle sont les deux seules formes
d’énergies renouvelables qui peuvent causer de sé-
14
1.3. Énergies renouvelables
et changement climatique
Figure 1 5
1.3.1.Les raisons du changement climatique L’effet de serre

Le système énergétique mondial actuel est fortement


dépendant de l’utilisation des combustibles fossiles.
Le charbon, le pétrole et le gaz dans le monde repré-
sentent presque 80 pour cent de la consommation
d’énergie primaire. Les combustibles fossiles consti-
tuent la première source d’émissions de gaz carbo-
nique (CO2). Selon le Groupe d’experts intergouver-
nemental sur l’évolution du climat, le GIEC, la concen-
tration en gaz carbonique a atteint des volumes de
385 ppm (parties par million) par rapport aux 280 d’il
y a deux cents ans à l’aube de la révolution indus-
3
http://www.metoffice.gov.uk/c trielle.
orporate/pressoffice/2009/pr2
0091208b.html [consulté le Le réchauffement climatique est un phénomène
18 février 2010 à 11h15]
d'augmentation de la température moyenne des
Source : Image créée par Robert A. Rohde / Global Warming Art
4 océans et de l'atmosphère à l'échelle mondiale sur
Le quatrième rapport de
2007 du GIEC emploie le
plusieurs décennies. Entre 1906 et 2005, la température
La crise économique récente a ralenti de manière si-
terme “très probable“: “L’es- moyenne au niveau du sol a augmenté de 0,74 °C (±
sentiel de l’élévation de la gnificative les émissions en CO2. Ainsi, pour la pre-
température moyenne du 0,18 °C tolérance aux erreurs). La décennie entre
mière fois en quarante ans, les émissions mondiales
globe observée depuis le mi- 2000 et 2009 a montré de loin les plus hautes tempé-
lieu du XXe siècle est très de gaz à effet de serre ont baissé d'environ 3 %. Cette
probablement attribuable à la ratures jamais mesurées3.
hausse des concentrations
situation nouvelle pourrait présenter un grand poten-
de GES anthropiques. Cette
Le GIEC affirme que le réchauffement climatique de- tiel pour réorienter les systèmes énergétiques mon-
constatation marque une puis 1950 est avec une “très grande probabilité“ d'ori- diaux et investir dans des techniques pauvres en CO2
progression par rapport à la
conclusion du troisième gine humaine (cela signifie avec une probabilité de mais les évolutions récentes, notamment le quasi
rapport d’évaluation, selon plus de 90 %)4.
laquelle l’essentiel du ré- échec de la Conférence de Copenhague sur le climat
chauffement observé au En l’an 2000 le gaz carbonique représentait 78 % des en décembre 2009, laissent craindre que cela ne soit
cours des 50 dernières an-
nées est probablement dû à émissions des gaz à effet de serre anthropiques, suivi pas le cas et que cette baisse soit regagnée par la suite.
l’accroissement de la du méthane (14 %).
concentration de GES. Ainsi, Dans son bilan 2009, le “World Energy Outlook“,
l’estimation du rôle probable Aujourd’hui la question, longtemps controversée, à sa- l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prédit que
de l’homme dans le change-
ment climatique a augmenté voir si les gaz à effet de serre contribuent au réchauf- si le monde poursuit sa trajectoire actuelle, les
entre 2001 et 2007, puisque fement de la planète, ne se pose plus. Les
dans le rapport de 2001, ce hommes rejetteront 40 milliards de tonnes de CO2 en
rôle n’était qualifié que de discussions scientifiques actuelles tournent autour de 2030. À l’aube de la Conférence de Copenhague,
probable.
la question comment atténuer le réchauffement pla- l’AIE avait présenté deux scénarios : un “scénario de
nétaire et comment s’y adapter. référence“ qui part du principe d’une prolongation des
tendances actuelles (“business as usual“) et un “scé-
nario 450“ dont l’objectif est de limiter la concentra-
tion de gaz à effet de serre dans l’atmosphère de 450
parties par million (ppm). Il s’agit du seuil critique pré-
conisé par le GIEC, afin de maintenir, selon les théo-
ries actuelles, l’accroissement moyen de température
de la Terre en dessous de 2 °C par rapport à l'ère pré-
industrielle. On estime aujourd’hui qu’un réchauffe-
ment au dessus de ces 2 °C entraînera des
conséquences irréversibles. Sans une réorientation
15
fondamentale des politiques énergétiques et une ré- Figure 1 7
duction drastique de gaz à effets de serre, le scéna- Trajectoires des émissions CO2
selon les scénarios
rio de référence prévoit un réchauffement allant
jusqu’à 6 °C.
Le cadre de référence de l’AIE préconise une hausse
des besoins en énergie de 40 % d’ici à 2030. 93 % de
la demande supplémentaire proviendra des pays non
membres de l’OCDE, à commencer par la Chine et
l’Inde, suivis des pays du Moyen Orient.

Figure 1 6
Emissions CO2 liées aux besoins en énergie
par région selon le scénario de référence

Source : World Energy Outlook 2009 ©OECD/IEA, 2009,


[figure 5.1.], [page 199] 6

Les États ont seulement réitéré leur intention de limi-


ter la hausse de la température mondiale en dessous
de 2° C. Cet accord n’est pas contraignant et pour
l’instant les efforts réunis des pays ne pourront de loin
5
aboutir à cette limite. Legende: Africa = Afrique,
Latin America = Amérique La-
Il est certain que le continent africain subira à un
tine, OECD Pacifique = OCDE
grand degré les conséquences du réchauffement Pacifique, Middle East = Moyen
Orient, Other Asia = autres
malgré le fait qu’il est le plus faible émetteur de CO2. pays d’Asie, E. Europe / Eura-

Source : World Energy Outlook 2009 ©OECD/IEA, 2009, [figure Selon le quatrième rapport du GIEC 2007, il faut s’at- sia = Europe de l’Est / Eurasie,
India = Inde, OECD Europe =
4.10], [page 181] 5 GT = gigatonne tendre à un réchauffement entre 2,6 et 5,4 °C (en OCDE Europe, OECD North =
moyenne 3,6°) pour la zone du Sahel. Les simulations OCDE Nord, China = Chine

Contrairement au “scénario de référence“, suivre le de changement climatique d’aujourd’hui ne permet- 6


“scénario 450“ signifiera d’atteindre un pic d’émis- tent pas encore de pronostic fiable concernant l’évo- Legende: Reference Scenario :
all gases = scénario de réfé-
sions annuelles anthropiques de 30,9 milliards de lution des précipitations dans cette zone. Il y a des rence : tous les gaz // Refe-
tonnes dès 2020 et d’arriver à des émissions an- modèles qui prévoient une augmentation d’humidité rence Scenario : Co2 = scénario
de référence : CO2 // 450 Sce-
nuelles de 26 milliards de tonnes en 2030. Pour arriver dans la zone mais la plupart des voix prédisent une nario : all gases = scénario 450
à cet objectif, l’AIE a procédé à une analyse des pos- amplification des sécheresses dans la région.
: tous les gaz // 450 Scenario
: CO2 = scénario 450 : CO2.
sibilités de renverser la tendance actuelle par secteur
Pour le Sénégal, situé sur la bande sahélienne et doté
et région. Les mesures à prendre seraient avant tout
d’une côte maritime longue de 500 km, les change-
des mesures d’amélioration d’efficacité énergétique
ments climatiques se feront ressentir avec certitude et
et une “décarbonisation“ de l’énergie en mettant l’ac-
on devrait préparer leur atténuation plus rapidement
cent sur les énergies renouvelables et l’énergie nu-
que ce n’est le cas actuellement. Depuis quelques an-
cléaire.
nées, on observe des phénomènes d’érosion côtière
Le sommet de Copenhague, tant attendu, a échoué qui vont probablement s’exacerber, notamment sur
et les États n’ont pas pu s’entendre sur un accord ju- l’axe Rufisque-Bargny.
ridiquement contraignant remplaçant le protocole de
Le rapport du GIEC 2007 souligne la gravité des
Kyoto.
conséquences du réchauffement climatique pour la
totalité du continent africain, surtout en ce qui
16
concerne la disponibilité d’eau et l’agriculture. On s’at- ment dans le transport, la construction et le proces-
tend à un agrandissement des surfaces arides et sus de production ;
semi-arides entre 5 et 8 %, ce qui signifie une dimi- • l’accroissement de la confiance dans les sources
nution des surfaces cultivables de 60 à 90 millions d’énergie renouvelable ;
d’hectares7.
• le développement accéléré et le déploiement de
Le gouvernement sénégalais a développé un Plan Na- nouvelles technologies énergétiques de pointe avec
tional d’Adaptation (PANA) mais manque de moyens zéro émission nocive (telle la technologie d’hydro-
financiers pour le mettre en œuvre. Le besoin de fi- gène).
nancement supplémentaire pour protéger les infra-
La pertinence de ces différents points dépend du ni-
structures contre la hausse du niveau maritime est
veau de développement de la région ainsi que de la
estimé à 86 milliards francs CFA pour la seule zone
disponibilité des ressources naturelles et technolo-
de l’Afrique de l’Ouest8.
giques. Il y a cependant d’énormes différences dans
La relation entre l’augmentation des catastrophes na- les systèmes énergétiques des pays en développe-
turelles et le changement climatique est aujourd’hui ment et industrialisés (OCDE) comme indiqué dans la
7 incontestée. La Fédération internationale de la Croix-
Welt im Wandel – Zukunftsfä-
figure 1-8.
hige Bioenergie und nachhal- Rouge chiffre une augmentation de 60 % de catas-
tige Landnutzung. WBGU:
trophes naturelles au cours de la dernière décennie
Wissenschaftlicher Beirat der
Bundesregierung Globale (de 1997 à 2006) par rapport à la décennie précé- Figure 1 8
Umweltveränderungen. 2008,
dente (1987 à 1996) 9. Le Haut Commissariat des Na- Différents systèmes énergétiques 12
p. 148.
tions Unies pour les réfugiés prévoit de grandes
8
Selon une estimation du
vagues de migration et a identifié au moins cinq scé-
PNUD. Source : Change- narios de déplacements induits par les changements
ments climatiques : Le Séné-
gal particulièrement exposé. climatiques10.
Le Quotidien : 4 décembre
2008.
Les grandes compagnies d’assurance annoncent de-
puis longtemps une hausse des coûts pour les assu-
9
http://www.challenges.fr/ac- rances due à l’augmentation des catastrophes % de la consommation
tualites/entreprises/
naturelles . Pour des pays en voie de développement
11
Source : Jargstorf 2004
20071212.CHA4741/le_chan-
gement_climatique_multi- comme le Sénégal, c’est d’autant plus important,
plie_les_catastrophes_nat.ht
puisque, contrairement au monde occidental, les agri- Dans les pays de l’OCDE qui ont atteint un très haut
ml [consulté le 18 février
2010 à 10h05] culteurs au Sénégal ne sont pas assurés et devront niveau de développement, la stratégie principale est
10 supporter tout seuls ces coûts. de gagner en rendement énergétique. Dans les pays
UN High Commissioner for en développement où les énergies renouvelables
Refugees, Changements cli-
matiques, catastrophes natu- 1.3.2.Stratégies contre le changement climatique (surtout la biomasse) jouent déjà un rôle très impor-
relles et déplacement humain
: une perspective du HCR, Les trois principales stratégies pour réfréner les émis- tant (autour de 30 %) - bien qu’utilisées à des fins peu
23 October 2008, Source rentables – la meilleure stratégie à suivre semble être
http://www.unhcr.org/ref-
sions de CO sont :
2

world/docid/4a2673fe2.html la modernisation de leurs utilisations.


[consulté le 18 février 2010 à
• une utilisation plus efficace de l’énergie, spéciale-
12h00] Dans les pays en développement, la consommation
11
énergétique augmente plus vite que dans les pays de
Voir p.ex. http://www.mu- l’OCDE, ce qui confère une grande marge pour l’in-
nichre.com/de/ts/climate_cha
nge_and_insurance/default.a novation au fur et à mesure que le système énergé-
spx [consulté le 18 février
2010 à 13h05]
tique évolue.

12
Source : AIE. Cité d’après
Renewable Energy & Deve-
lopment. Brochure to accom-
pany the Mobile Exhibition on
Renewable Energy in Ethio-
pia. By Jargstorf, Benjamin.
GTZ & Ethiopian Rural
Energy Development and
Promotion Centre (EREDPC).
Addis Ababa 2004.. [Sera
cite par la suite : Jargstorf
2004]

.
17
1.4. Les énergies renouvelables teur critique influençant les réponses communautaires
et le développement durable mondiales à plusieurs objectifs des Objectifs de Dé-
veloppement de l’ONU pour le Millénaire (OMD) dont
1.4.1.Qu’est-ce que le développement durable ? celui visant à réduire la pauvreté.
Les services énergétiques sont fondamentaux pour le Il est aujourd’hui primordial de lier la problématique
développement social et économique – ils jouent un énergétique des pays en voie de développement
rôle important, p. ex. pour éradiquer la pauvreté, pour avec les OMD et les stratégies nationales de réduc-
garantir la qualité de vie, pour développer des milieux tion de la pauvreté.
ruraux et urbains et pour améliorer l’égalité des
Pour l’énergie, les principales clés pour le dévelop-
chances.
pement durable peuvent être formulées comme suit :
Dans les décennies à venir, le système énergétique
• une politique énergétique durable doit au moins ap-
mondial sera confronté à des challenges importants :
provisionner suffisamment en services énergétiques
une population mondiale croissante qui pourrait at-
de base la population mondiale croissante et les fu-
teindre 8,3 milliards en 2020 13 pour ralentir et arriver
tures générations ;
à 9 milliards en 2050 selon les prévisions des Nations
• comme la richesse économique est répartie inéga-
Unies 14, a besoin d’un approvisionnement suffisant en
lement entre les régions, les pays industrialisés et en
services énergétiques. L’augmentation de la popula-
développement et que, l’accès aux services énergé-
tion aura principalement lieu en Afrique, au Moyen-
tiques diffère par conséquent de façon significative
Orient et en Inde, donc la plupart du temps dans des
au sein des pays, on doit garantir à tous les membres
pays qui ont un accès limité à l’énergie propre.
des sociétés l’égalité des chances face à l’accès aux
Presque toute l’augmentation de la population atten-
services énergétiques de base ; et
due entre 2000-2030 aura lieu dans les milieux ur-
bains des régions les moins développées dont la • les catastrophes naturelles doivent être limitées à
population doublera avec 4 milliards en 2030. En un niveau pour assurer les fonctions de protection de
2009, pour la première fois dans l’histoire de l’huma- la nature à long terme.
nité, la population urbaine mondiale dépasse la po- À présent, le secteur de l’énergie cause de sérieux
pulation rurale .
15 problèmes environnementaux à tous les niveaux dans
13
Le plus grand taux de croissance est prévu en Afrique le monde : local, régional et national. Les impacts en- http://www.geopopulation.co
vironnementaux de l’extraction de l’énergie, du traite- m/20090517/demographie-
au sud du Sahara 16. Cet accroissement va augmenter mondiale-les-dernieres-ten-
à la fois la ‘pauvreté des villes’ et le manque d’énergie ment et de son utilisation sont multiples. D’un point de dances-des-previsions-proje
ction-2030/ [consulté le 18
en milieu rural. vue mondial, ils sont d’une importance croissante : février 2010 à 14h30]
surtout l’impact anthropique sur le système climatique
En début de ce millénaire 2 milliards de personnes au 14
à cause des émissions des gaz à effet de serre, le dé- UNFPA : état de la population
monde vivent avec moins de 1$ par jour et consom- mondiale 2004
clin de la biodiversité à cause d’une utilisation de la
ment 0,2 tonne d’équivalent pétrole (TEP) par per-
biomasse non-durable et la dévastation des écosys- 15
sonne pendant que 1 milliard des plus riches en World Energy Outlook 2009.
tèmes par les infrastructures énergétiques. Mais aussi OECD / iea-International
utilisent 25 fois plus. Environ 1,6 milliard de personnes Energy Agency, p.58
l’acidification régionale des sols, lacs et rivières ainsi
n’a pas accès à l’électricité et l’approvisionnement
que la contamination nucléaire causent de lourds 16
énergétique de plus de 2 milliards provient de la com- D’après l’INED, l’institut natio-
dommages pour la nature et par conséquent pour les nal d’études démogra-
bustion du bois et des déjections animales17.
sociétés. La destruction ou la contamination des éco- phiques : Source :
Les relations bien connues entre l’accroissement http://www.ined.fr/fr/pop_chif-
systèmes accompagnent souvent la destruction ou la fres/pays_du_monde/
énergétique et économique, la santé environnemen- [consulté le 18 février 2010 à
mise en danger d’une grande partie des communau-
14h55]
tale et humaine, l’égalité des chances, l’eau, la pro-
tés humaines.
ductivité agricole, les technologies de l’information et 17
Source : Jargstorf 2004
des communications, la gestion du risque et des ca-
tastrophes naturelles, etc. soulignent l’importance du
secteur de l’énergie dans toute stratégie de déve-
loppement durable. Clairement, l’énergie est un fac-
18

1.4.2.Principes d’exécution
1.4.3. La responsabilité des pays industrialisés
du développement durable
Un véritable système énergétique à l’échelle mondiale
En prenant en compte les différentes technologies et
réunirait toute la planète, toutes les personnes et
options pour le secteur énergétique, un cadre global
toutes les nations. Cependant le Nord industrialisé a
de neuf programmes d’exécution forme la condition
été – et restera les années à venir – le meneur clé du
essentielle pour un système énergétique à dévelop-
système énergétique actuel et celui qui prend une
pement durable dans le monde :
part importante dans les affaires environnementales
• les services énergétiques pourraient être dévelop-
mondiales.
pés et étendus grâce à des progrès énergétiques ef-
Le ‘Nord’ est responsable des quelques 75 % des
ficaces, grâce aux renouvelables et aux technologies
émissions en CO2, consomme directement et indirec-
à faible pollution et à faibles risques, de manière à dé-
tement jusqu’à 70 % des ressources en minéraux et
velopper des ressources et à minimaliser les risques
métaux et laisse son empreinte écologique sur plus
de catastrophes écologiques ;
de 50 % de terres cultivables de notre planète.
• l’exploitation des sources d’énergies renouvelables
Les émissions de dioxyde de carbone par habitant
ne devrait pas excéder leur facteur de régénération ;
dans les différentes régions du monde varient gran-
• les dégâts écologiques dus à la consommation
dement : le nord de l’Amérique en émet environ 20 t/h,
énergétique devraient être maintenus à des niveaux
l’Océanie environ 10 t/h et l’Europe moins de 8 t/h ce
n’excédant pas les capacités de l’écosystème à se ré-
qui représente entre deux fois et cinq fois la moyenne
générer et/ou à s’adapter ;
mondiale. Au contraire, plusieurs régions en dévelop-
• l’utilisation des technologies énergétiques avec des pement dans le monde émettent moins de 3 t/h de
potentiels à haut risque devrait être minimisée ; CO2 par an18.
• les services énergétiques devraient être fournis à Pour les économies du Sud, ayant droit à leur déve-
moindre coût en prenant en compte les coûts ex- loppement propre, un changement fondamental des
18
Source : Jargstorf 2004 ternes ; modèles de production et de consommation dans le
• la transition des systèmes énergétiques tradition- Nord constitue une précondition essentielle pour tout pro-
nels vers ceux à développement durable devrait être grès vers le développement durable à l’échelle mondiale.
mise en œuvre de façon que les effets sur l’emploi et Des changements à grande échelle seront néces-
autres aspects sociaux soient positifs. Les impacts saires : la combinaison d’un changement durable
négatifs devant être limités à des niveaux que pour- dans les pays industrialisés avec une intégration im-
raient compenser d’autres politiques ; minente des pays en développement vers un nouveau
• la gestion du conflit suivra les principes démocra- modèle de développement est nécessaire et est iné-
tiques ainsi en tenant compte suffisamment des inté- vitable à long terme.
rêts des générations futures ; et Du fait de leur responsabilité historique dans les émis-
• la justice à l’échelle mondiale et l’égalité des sions mondiales de gaz à effet de serre, les pays in-
chances dans le secteur de l’énergie mènent les pays dustrialisés ont une responsabilité à réparer les
industrialisés à avoir une responsabilité spécifique et bouleversements climatiques actuels. Ils doivent sou-
exigent des négociations équitables. tenir financièrement et techniquement l'adaptation des
populations souffrant le plus des conséquences des
changements climatiques ainsi que la réparation des
catastrophes environnementales et le soutien aux dé-
placés environnementaux. À Copenhague 30 milliards
de dollars US sur trois ans ont été promis aux pays les
plus pauvres pour financer des projets leur permet-
tant de s’adapter au réchauffement climatique. Mais
19
pour l’instant, les conditions de ces paiements n’ont – confère une plus grande flexibilité aux projets
pas encore été clairement définies. d’énergie renouvelable en matière de planification
d’énergie et d’investissement. Si on compare une cen-
trale hydraulique typique (30 MW) avec une ferme éo-
1.5. Les énergies renouvelables,
lienne de puissance égale, les temps de construction
l’emploi et la sécurité énergétique
de la centrale hydraulique peuvent être facilement 5 à
10 fois plus longs que ceux du site éolien. En pratique,
1.5.1.Les énergies renouvelables et l’emploi
les courts délais de préparation d’un projet d’énergie
Les industries des énergies renouvelables et les sec- renouvelable signifient moins de planification en ma-
teurs de services sont en croissance rapide dans de tière de sécurité et plus de rentabilité des investisse-
nombreux pays. Il est évident que la promotion systé- ments.
matique de telles technologies nouvelles offre de
En ce qui concerne les emplois directs dans la pro-
grandes opportunités pour :
duction énergétique, on constate que les technologies
• l’innovation ;
des énergies renouvelables génèrent plus d’emplois
• le développement des marchés énergétiques lo- que les combustibles fossiles ou nucléaires (voir fi-
caux ou régionaux ; ainsi que gure 1-9).
• la création de nouveaux emplois avec des exi- Figure 1 9
Emplois générés par
gences de qualification très différentes. les technologies de l’énergie

Pendant que le développement et le déploiement de


technologies de pointe telles que les énergies éo-
liennes ou photovoltaïques réclament une main d’œu-
vre hautement qualifiée dans les pays industrialisés,
les pays en développement peuvent bénéficier éco-
nomiquement de l’utilisation accrue de l’énergie issue
de la biomasse, aussi bien pour les usages productifs
que pour l’approvisionnement en énergie.
*) Ethanol du sucre de canne (Brésil)
L’utilisation étendue des cuisinières améliorées au
/ Source : José Goldemberg : The Case for RE.
bois et au charbon au Sénégal, au Mali et dans d’au- Dossier thématique N°1, Renouvelables 2004, p.5.
tres pays africains ainsi que la production d’éthanol à
partir du sucre de canne au Brésil en constituent des
Dans la foulée du boom mondial des énergies renou-
exemples.
velables, on a pu enregistrer une montée significative
De manière générale, les énergies renouvelables sont dans la création d’emploi dans le secteur. L’année
importantes pour l’emploi local et pour la création de 2008 a vu une augmentation des emplois au-delà des
revenus, résultat de la production, du développement 2,4 millions d’emplois prévus dans le Renewables
de projet, des prestations de service et – dans le cas 2007 Global Status Report. Toutefois, il n’existe pas
de la biomasse – de l’emploi rural. de chiffres mondiaux fiables.

Habituellement, les sites où on exploite les énergies


renouvelables
• sont décentralisés ;
• modulaires en taille ;
• ont des coûts d’exploitation bas ; et
• des délais courts de construction.

Plus spécialement, le dernier avantage – brefs délais


de préparation de la planification et de la construction
20
Ainsi, la facture pétrolière est passée de 184 milliards
de FCFA en 2000 à 384 milliards de FCFA en 2006.
Aussi, selon le rapport 2007 du SIE-Sénégal, plus de
46 % du revenu des exportations est actuellement mo-
bilisé pour honorer cette facture.
1.5.2. La sécurité énergétique
Les énergies non-renouvelables (combustibles fos-
Il est très coûteux de maintenir la sécurité énergétique siles et nucléaires) sont sujets à de nombreux pro-
aujourd’hui dans les pays industrialisés. Ces coûts ne blèmes politiques et environnementaux tels que
sont pas inclus dans le prix du combustible, mais sou-
• l’interruption de la production, du commerce et du
vent cachés et on les retrouve dans les dépenses mi-
transport ;
litaires et de sécurité. Les prix volatiles du marché
• les accidents environnementaux pendant le transport ; et
mondial pour les sources énergétiques convention-
nelles, en particulier les produits pétroliers, font cou- • les conflits, sabotages et attaques terroristes.
rir des risques importants à une grande partie de la Réduire une telle dépendance est une haute priorité
stabilité mondiale économique et politique avec par- dans beaucoup de pays, particulièrement dans les
fois des effets dramatiques sur les pays en dévelop- pays en développement importateurs de pétrole qui
pement importateurs d’énergie. Dans ce contexte, les dépensent fréquemment une grande partie de leurs
énergies renouvelables peuvent aider à diversifier capitaux étrangers en importation de pétrole. Des
l’approvisionnement énergétique et à augmenter la pays africains sans puissance hydraulique dépensent
sécurité énergétique. une grande partie de leurs bénéfices en devises dans
L’argent dépensé dans les technologies des énergies l’importation des combustibles fossiles.
renouvelables reste en grande partie dans le pays qui
Augmenter la part des énergies renouvelables dans
dépense, alors que l’argent dépensé en combustibles
leurs systèmes signifie une importante étape vers une
fossiles va directement aux pays producteurs. De
plus grande sécurité énergétique.
même, l’investissement dans les énergies renouvela-
bles contribue à étendre plus amplement le dévelop- 1.5.3. Les énergies renouvelables
pement économique. De plus, dans une perspective à et la réduction de la pauvreté
moyen et à long terme, les énergies renouvelables
Une meilleure utilisation de l’énergie renouvelable est
prolongent les réserves de la plupart des combusti-
étroitement liée à la réduction de la pauvreté puisque
bles fossiles.
les services énergétiques peuvent :
En ce qui concerne tout particulièrement les produits
• améliorer l’accès à l’eau potable et à la nourriture
pétroliers, des menaces potentielles finissent par des
cuite ;
flambées des prix qui causent des problèmes écono-
miques dans des régions entières et interrompent la • réduire le temps passé par les femmes et les en-
croissance économique mondiale. fants à des activités élémentaires de survie (rassem-
bler du bois de feu, aller chercher de l’eau, cuire les
Le système énergétique actuel dans les pays indus-
aliments, etc.). Le temps ainsi gagné peut être utilisé
trialisés est fortement dépendant des combustibles
à d’autres fins ;
fossiles qui sont géographiquement centralisés dans
quelques régions du globe. La dépendance aux com- • fournir de la lumière afin de pouvoir étudier à la mai-
bustibles importés laisse de nombreux pays vulnéra- son, augmenter la sécurité et permettre l’utilisation
bles face à l’interruption de l’approvisionnement et des médias éducatifs et de communication ; et
pèse sur leur balance commerciale. • réduire l’érosion du sol et la déforestation quand ils
Le Sénégal par exemple, du fait de l’absence de res- constituent un substitut direct aux combustibles issus
sources fossiles économiquement exploitables et du de la biomasse.
faible développement des énergies renouvelables, est Plus de 2 milliards de personnes n’ont pas accès à
confronté à une forte dépendance énergétique vis-à- des services énergétiques abordables, basés sur une
vis des importations de produits pétroliers. utilisation efficace des combustibles gazeux ou li-
21
quides et de l’électricité, et sont dépendants de la col- 1.5.4.Les coûts externes ou coûts sociaux dans le
lecte du bois énergie. secteur de l’énergie

Cela contraint leurs chances de développement éco- Le coût élevé des énergies renouvelables du fait de
nomique et celles d’améliorer leur niveau de vie. Les l'absence de prise en compte des coûts externes (no-
femmes, les personnes âgées et les enfants souffrent tamment du point de vue de leur impact à long terme
démesurément de leurs dépendances aux combusti- sur la santé ou l'environnement) procure un avantage
bles traditionnels et des émissions dues à la cuisson artificiel aux combustibles fossiles. C’est la société en-
qui sont la principale cause des maladies respira- tière qui, d’une manière ou d’une autre, doit supporter
toires. ces coûts. C’est pourquoi on les appelle également
les coûts sociaux.
L’accès à l’électricité en réseau sera loin d’être assuré
dans la plupart des pays avant longtemps. Ainsi, l’ac- Pour donner un exemple concret : si un pétrolier coule
cès aux technologies énergétiques de petite échelle et que son chargement de pétrole brut se vide dans
décentralisées et modernes, en particulier les éner- l’océan, ce n’est ni la compagnie pétrolière ni l’unité
gies renouvelables, est un élément important pour ga- électrique à qui il était destiné qui devra supporter les
rantir une atténuation de la pauvreté. frais pour nettoyer les plages et pour compenser les
dégâts dans le domaine de la pêche et du tourisme
mais les gouvernements, donc la société toute entière.

Figure 1 10
Enfants étudiant le soir
à la lueur d’une bougie

Source : GIZ / Kamikazz

Figure 1 11
Consultation médicale à
la lampe torche

Source : GIZ / Kamikazz


22
Figure 1 12
Les coûts externes
des énergies fossiles À la longue, les analyses économiques doivent inté-
grer les coûts externes pour arriver à un vrai système
économique durable.

1.5.5.  Résumé

Comme nous venons de voir, le plein potentiel et les


avantages des énergies renouvelables ne ressortent
pas pleinement aujourd’hui parce que les coûts des
combustibles fossiles ne reflètent pas leur coût total.
Ils sont fortement subventionnés dans de nombreuses
parties du monde et leurs coûts externes, tels les
coûts supplémentaires liés à leur impact sur la santé
et à l’environnement, ne sont pas pris en considéra-
tion.

Source : PERACOD Annuler les subventions sur les combustibles fossiles


rendrait les énergies renouvelables plus compétitives
19 Les coûts externes des énergies renouvelables sont dans plusieurs domaines. De même, l’utilisation des
Dans ces initiatives, 23 sont
tournées sur l’énergie, et 16
très bas et ils sont parfois même égalisés par les bé- énergies renouvelables bénéficierait d’une coopéra-
sur l’impact considérable de néfices externes comme la réduction des gaz à effet tion bilatérale et régionale. Après le Sommet mondial
l’énergie. Les partenaires
comprennent : les carburants de serre due à l’utilisation des énergies “vertes“. En pour le développement durable à Johannesburg
propres et initiative des trans- général, l’économie classique ne prend pas en (SMDD), un certain nombre de programmes ont été
ports DESA, le Programme
des Nations Unies pour le compte les coûts externes. Mais sans leur intégration, présentés au Secrétariat des Nations Unies pour pro-
Développement (PNUD) fi-
les énergies renouvelables ne peuvent pas devenir mouvoir les programmes d’énergie pour le dévelop-
nancé par le Global Village
Energy Partnership (GVEP), concurrentielles et des potentiels investisseurs seront pement durable dans les pays en développement 19.
l’association PNUD/GPL
mené par le challenge GPL,
dissuadés. Parmi eux il en est un particulièrement important :
EdF/ACCESS mené par la Coalition pour l’énergie renouvelable de Johannes-
AREA : Alliance pour l’Ener- Dans le tableau ci-dessous, l’électricité issue de
gie Rurale en Afrique, les burg (JREC) de 2002 à laquelle ont adhéré plus de 80
l’énergie éolienne est d’abord plus chère que l’énergie
partenaires européens sur pays.
l’énergie pour l’éradication du charbon, mais quand on intègre les coûts ex-
de la pauvreté et le dévelop-
ternes, elle s’avère être moins chère. Caractéristique globale de la plupart de ces pro-
pement de l’énergie durable,
et le PNUD mené par le grammes : une utilisation accrue de l’énergie renou-
GNESD : Global Network on Figure 1 13
Energy for Sustainable Deve-
velable avec la décentralisation de la production, la
Les coûts d’électricité avec et sans les
loppement, voir Dossier thé-
coûts externes, calculés en cents (US) création d’emplois et la réduction des impacts envi-
matique n°1, Renouvelables
2004. Goldemberg, José : ronnementaux.
The Case for RE.
Au cours des dernières années, les énergies renou-
velables ont pris un essor remarquable à l’échelle
mondiale et les marchés sont en expansion rapide.

Source: The World Watch Institute, “State of the World 2003 – Progress
Toward a Sustainable Society”, New York London, 2003, p.89
23
À l’échelle mondiale, la puissance électrique installée maine du micro hydroélectrique et de l’énergie éo-
à partir des énergies renouvelables (grandes cen- lienne) et en Inde (énergie éolienne).
trales hydroélectriques exclues) a atteint les 280 GW
en 2008, ce qui signifie une hausse de 75 pour cent
Un vrai jalon de référence a été atteint quand, aux
par rapport au 160 GW installés en 2004. Les pays les
États-Unis et au sein de l’Union européenne, l’aug-
plus importants sont la Chine (76 GW), les États-Unis
mentation de puissance installée à partir des énergies
(40 GW), l’Allemagne (34 GW), l’Espagne (22 GW),
renouvelables a primé les augmentations à partir des
l’Inde (13 GW) et le Japon (8 GW). La capacité instal-
sources d’énergie conventionnelles.
lée dans les pays en développement a également
connu une hausse importante et a atteint 119 GW en Si on inclut, de plus, la grande hydraulique, la capa-
2008 dont la majeure partie en Chine (dans le do- cité installée mondiale en renouvelables est estimée à
1.140 GW. 20
Figure 1 14

Capacités des énergies re-


nouvelables, pays en déve-
loppement, UE et 6 premiers
pays, 2008

Source : REN21, Renewables Global Status 20


Report : 2009 Update Renewables Global Status Re-
port : 2009 Update. REN21.
Paris 2009.

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