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L
’énergie est une base essentielle pour le développement social et économique. Les États doivent garantir
aux populations de leur pays une fourniture d’énergie en quantité suffisante tout en assurant la durabilité de
cet approvisionnement, c'est-à-dire avec des coûts minimum et des effets réduits sur l’environnement.
L approvisionnement énergétique représente un défit permanent pour nos sociétés, d‘autant plus que le besoin
des États africains ne cesse d’augmenter. Les stratégies appliquées jusqu’ici doivent être révisées.
La capacité de l’atmosphère à absorber sans danger des substances toxiques est depuis longtemps dépassée. À
cause des émissions de CO2, nous pouvons déjà anticiper les effets dévastateurs du réchauffement climatique sur
notre environnement et au-delà sur la vie des populations, en particulier celles qui y sont très vulnérables. En 2020,
entre 75 et 250 millions de personnes en Afrique pourraient être exposées à une pénurie d’eau croissante. Et dans
certains pays du continent, les superficies agricoles sont menacées d’être réduites de moitié1.
Dans ce contexte, il est donc clair qu’un approvisionnement en énergie basé sur des ressources épuisables, aux
prix élevés et fluctuants, aux coûts économiques, sociaux et environnementaux importants, tels que le pétrole, le
gaz naturel et le charbon, pose des risques majeurs pour le développement économique et social des pays. Les
récents évènements tragiques au Japon et les effets menaçant la santé des populations et l’environnement nous
montrent que l’énergie nucléaire n’offre pas d‘alternative non plus.
Des mesures doivent être prises pour encourager la transition vers l’utilisation des énergies renouvelables. Elles :
• sont disponibles dans le monde entier, inépuisables, écologiques et contribuent à la protection de
l’environnement ;
• réduisent la dépendance vis-à-vis des importations d’énergie ;
• augmentent la création de valeur sur place et créent des emplois ; et
• sécurisent l’approvisionnement énergétique au-delà de l’ère des hydrocarbures et du charbon.
Au Sénégal, la facture pétrolière s’élève à des centaines de milliards de FCFA2 chaque année. En 2010, 2,15 mil-
lions de TEP ont été importées pour répondre aux besoins énergétiques, soit 75% de l’offre totale d’énergie primaire
au Sénégal3. Et pourtant, s’il y a bien des sources énergétiques abondantes au Sénégal, ce sont le soleil et le vent.
En plus, les premières initiatives ont démontré qu’il est rentable de les exploiter.
Le gouvernement du Sénégal et ses partenaires nationaux et internationaux ont déjà entrepris des projets de valo-
risation des énergies renouvelables, en particulier dans la production d’électricité, de combustibles pour la cuisson
des aliments et de biocarburant.
À titre d’exemple, le programme PERACOD de la coopération sénégalo-allemande accompagne les projets d’élec-
trification rurale décentralisée à base de solaire et dans certains cas à base de sources combinées solaire et éo-
lien. Dans le domaine de la biomasse, source importante de la consommation énergétique des ménages au
Sénégal, le PERACOD valorise les initiatives de gestion durable des forêts, de production et vente de foyers de cuis-
son améliorés et de biocharbon à base de déchets végétaux.
Cet ouvrage « les énergies renouvelables : Les bases, la technologie et le potentiel au Sénégal » constitue le pre-
mier document complet présentant les différentes sources d’énergies et leurs applications au Sénégal. Il est publié
par le PERACOD et a reçu les contributions de plusieurs organismes au Sénégal.
Les lecteurs y trouveront des informations détaillées et chiffrées sur les avantages de chaque source, les principes
de son exploitation, les potentiels et les technologies.
Nous souhaitons qu’il contribue à améliorer la connaissance sur les énergies renouvelables et qu’il convainc que
la solution des renouvelables doit être dorénavant mieux étudiée et promue dans tout projet de développement
énergétique.
Je félicite chaleureusement les auteurs de ce document pour l’excellent travail qu'ils ont fourni dans le cadre de notre
bonne coopération entre le Sénégal et l’Allemagne.
Christian Clages
Ambassadeur de la République
fédérale d’Allemagne
[1] Climate Change 2007: Synthesis Report, Intergovernmental Panel on Climate Change
[2] SIE Sénégal 2007
[3] Key World Energy Statistics 2010, IEA
10
Toutes les énergies utilisées par l’homme proviennent Les énergies sont dites “renouvelables“ tant qu’elles
de l’une des sources suivantes : dépendent du système écologique de la Terre, de l’in-
• l’énergie rayonnante émise par le Soleil (énergie- solation et de l’énergie géothermique de la Terre. En
solaire), principalement sous deux formes : pratique, les sources énergétiques renouvelables font
- l’énergie solaire directe allusion à :
- l’énergie solaire capturée sous la forme de • la puissance hydraulique ;
combustibles biomasse ou fossiles ; • l’énergie biomasse ;
• l’énergie géothermique de l’intérieur de la Terre ; • l’énergie solaire ;
• l’énergie des marées provenant de l’attraction de la lune ; et • l’énergie éolienne ;
• l’énergie nucléaire. • l’énergie géothermique ; et
La forme prédominante est l’énergie solaire. Elle est • l’énergie de la mer.
mille fois plus importante que toutes les autres et iné- Dans le contexte de ce document, toutes les formes
puisable tant que le Soleil brillera (des estimations d’énergie renouvelable seront traitées mais nous ne
projettent 4,9 millions d’années). ferons qu’esquisser très brièvement l’énergie de la
La figure 1-1. donne une vue d’ensemble des mer et la géothermie parce qu’elles ne sont pas en-
sources d’énergies primaire sur la Terre. core exploitées au Sénégal ou que le potentiel y est
très faible.
Figure 1 1 La capacité de l’atmosphère à absorber sans danger
Consommation énergétique mondiale
des substances toxiques est depuis longtemps dé-
passée. L’utilisation de pétrole, de gaz naturel, de
charbon et d’uranium comporte encore d’autres
risques : ces ressources sont seulement disponibles
en quantité limitée, leurs prix sont en forte augmenta-
tion et elles créent des dépendances politiques et
économiques. Grâce aux énergies renouvelables,
nous disposons de sources d’énergie qui peuvent être
utilisées sans qu’elles émettent de substances
toxiques, et qui se renouvellent constamment par des
processus naturels si bien que, mesurée à l’échelle
de la vie humaine, elles seront disponibles à l’infini.
Les pays qui entameront cette transition vers les éner-
gies renouvelables de bonne heure devraient y ga-
gner davantage par rapport aux retardataires en
Source : PERACOD matière d’énergie renouvelable. Donc, un jour le re-
cours aux énergies renouvelables sera indispensable
et ceci sera dû davantage à des problèmes environ-
nementaux qu’á l’épuisement du pétrole brut.
11
1.1.2. Les énergies renouvelables traditionnelles et
nouvelles
Figure 1 2
Structure de la consommation
On fait parfois une distinction entre les renouvelables mondiale d’énergie finale en 2006
‘traditionnelles’ et les ‘nouvelles’ ou ‘modernes’. Alors
Source : “Erneuerbare Energien in Zahlen
que le terme ‘traditionnel’ s’applique à l’utilisation de – nationale und internationale Entwicklung“,
la biomasse, et ce principalement dans le cas de BMU - Bundesumweltministerium [Ministère
de l’Environnement] 2009.
l’énergie domestique surtout dans les pays en déve-
loppement, celui des énergies renouvelables ‘nou-
velles’ regroupe les formes d’énergies renouvelables
modernes et durables.
Plus spécialement en matière d’énergie biomasse, on
utilise différentes définitions. Le terme de combusti-
bles renouvelables et déchets inclut toutes les ma-
tières végétales et animales utilisées directement ou
transformées en combustibles solides, les combusti-
bles liquides et gazeux tirés de la biomasse, ainsi que
les déchets industriels et municipaux transformés en
énergie. Les principaux combustibles issus de la bio- 1
masse des pays en développement sont le bois de Ces paragraphes suivants sont
tirés de : Dossier thématique
feu, le charbon de bois, les résidus agricoles et les n°10, Renouvelables 2004. Jo-
hansson, Thomas B. et al. : Les
déjections animales appelés souvent biomasse tradi-
potentiels de l’énergie renouve-
tionnelle1. lable.
Note sur les citations : Nous
Les sources énergétiques renouvelables sont habi- n’utilisons pas d’annotation
scientifique dans ce document.
tuellement considérées comme étant un élément de
Des parties de textes sont ci-
les énergies “nouvelles“, c’est-à-dire le solaire, l’éo-
réponse aux enjeux environnementaux, sociaux et tées sans parenthèses afin de
lien et l’énergie marémotrice contribuaient à hauteur rendre cette brochure plus lisible.
économiques actuels. En 2006, les énergies renouve-
de seulement 0,2 % de l’utilisation énergétique pri-
lables représentaient environ 18 % de la consomma-
maire dans le monde (voir figure 1-2). La majeure par-
tion d’énergie primaire dans le monde :
tie de ces énergies renouvelables provient de la
principalement de biomasse traditionnelle. Cependant
Figure 1 3
Evolution de
l’approvisionnement
mondial en énergie
primaire renouvelable
et la part en énergies
renouvelables
Source : “Erneuerbare
Energien in Zahlen
– nationale und internati-
nale Entwicklung“ BMU -
Bundesumweltministerium
(Ministère de l’Environne-
ment) 2009.
12
biomasse et de l’énergie hydraulique, des grandes • sont écologiques et contribuent à la protection de
centrales hydrauliques essentiellement (voir figure 1-3). l’environnement ;
En général, les sources d’énergies renouvelables sont • comportent peu de risques ;
des sources énergétiques indigènes ; ainsi ont-elles le • réduisent la dépendance vis-à-vis des importations
potentiel de fournir des services énergétiques avec le d’énergie ;
risque 0 ou presque 0 polluant et gaz à effet de serre.
• augmentent la création de valeur sur place et créent
des emplois ;
L’énergie géothermique se manifeste sous forme Les énergies renouvelables peuvent couvrir toute
d’eau chaude ou de vapeur et peut être utilisée pour forme de besoins énergétiques. Une caractéristique
le chauffage ou pour la production d’électricité dans très importante de la plupart des énergies renouvela-
certaines régions spécifiques. Actuellement les tech- bles est néanmoins qu’elles sont de nature intermit-
nologies utilisant l’énergie géothermique favorisent la tente. Le Soleil ne brille que pendant la journée et
production de l’électricité et sont encore à un stade l’énergie éolienne par exemple n’est pas disponible
de développement embryonnaire. régulièrement. Cette caractéristique constitue en soi
un inconvénient de la plupart des énergies renouve-
La puissance hydraulique est indirectement liée au
lables avec toutefois une exception notable pour
rayonnement solaire qui évapore l’eau des océans
l’énergie géothermique, et à un moindre degré la puis-
pour former avec la pluie les rivières des continents.
sance hydraulique et la biomasse.
On construit des barrages sur les rivières pour consti-
Pour contourner cette nature intermittente de l’éner-
tuer des réservoirs, qui garantissent une production
gie renouvelable, on doit avoir recours à des appa-
stable en eau pour produire de l’électricité. On diffé-
reils de stockage relativement coûteux (comme les
rencie généralement les grandes centrales hydro-
batteries pour les systèmes photovoltaïques ou ci-
électriques de puissance électrique supérieure à 10
ternes de stockage d’eau pour la puissance hydrau-
MW et les petites centrales.
lique) ce qui augmente considérablement les coûts
Les grandes centrales à puissance hydraulique inon-
du système complet.
dant de grandes étendues engendrent des déplace-
ments de la population et ont des conséquences 1.2.1.Calcul du coût des renouvelables
indésirables et souvent imprévisibles à long terme tant
L’économie des énergies renouvelables est normale-
sur le plan environnemental que sur le plan social ;
ment plus difficile à calculer que celle des combusti-
c’est pourquoi elles sont considérées par certains
bles conventionnels (fossiles).
comme ressources non-renouvelables. Les centrales
Ceci à cause des variations de l’énergie, selon le
plus petites ne génèrent pas de tels problèmes 2.
temps et l’endroit. Par conséquent, il ne sera pas aisé
La biomasse (déchets organiques) représente une de fournir une comparaison générale des différentes
partie relativement faible de l’énergie solaire qui est formes d’applications de l’énergie renouvelable.
2
transformée par la photosynthèse. Alors que le ren-
Si on compare l’électricité issue des énergies renou- Ce paragraphe et les
dement énergétique - rapport entre la production suivants sont tirés de :
velables dans des conditions normalisées, comme Dossier thématique n°1,
(énergie produite) et le productible estimé – pour la
celles rencontrées en Europe (avec une radiation so- Renouvelables 2004.
photosynthèse est moins de 0,5 %, un panneau pho- Goldemberg, José :
laire relativement basse, une vitesse du vent moyenne The Case for RE.
tovoltaïque a un rendement de 10 à 15 %. Une partie
annuelle de 6m/s, etc.), on arrive seulement à des ré-
de ces déchets a été enterrée depuis très longtemps
sultats très relatifs. On peut quand même constater
(environ 290 millions d’années) par les sédiments et
que l’énergie éolienne représente de loin l’énergie re-
tremblements de terre puis transformée par l’action
nouvelable la plus économique à l’heure actuelle. La
des bactéries en charbon, pétrole et gaz qui consti-
puissance hydraulique avec des dimensions infé-
tuent actuellement les ressources en combustibles
rieures à 10 MW a de loin les coûts d’installation et
fossiles (qui ne sont pas renouvelables). La biomasse
d’exploitation les plus élevés. L’énergie solaire a en-
est considérée habituellement comme énergie renou-
core des coûts d’installation plus élevés, mais ap-
velable sauf si son exploitation contribue à la défo-
proximativement les mêmes coûts d’exploitation que
restation.
l’énergie éolienne.
Ainsi la biomasse tout comme la puissance hydrau-
lique à grande échelle sont les deux seules formes
d’énergies renouvelables qui peuvent causer de sé-
14
1.3. Énergies renouvelables
et changement climatique
Figure 1 5
1.3.1.Les raisons du changement climatique L’effet de serre
Figure 1 6
Emissions CO2 liées aux besoins en énergie
par région selon le scénario de référence
Source : World Energy Outlook 2009 ©OECD/IEA, 2009, [figure Selon le quatrième rapport du GIEC 2007, il faut s’at- sia = Europe de l’Est / Eurasie,
India = Inde, OECD Europe =
4.10], [page 181] 5 GT = gigatonne tendre à un réchauffement entre 2,6 et 5,4 °C (en OCDE Europe, OECD North =
moyenne 3,6°) pour la zone du Sahel. Les simulations OCDE Nord, China = Chine
12
Source : AIE. Cité d’après
Renewable Energy & Deve-
lopment. Brochure to accom-
pany the Mobile Exhibition on
Renewable Energy in Ethio-
pia. By Jargstorf, Benjamin.
GTZ & Ethiopian Rural
Energy Development and
Promotion Centre (EREDPC).
Addis Ababa 2004.. [Sera
cite par la suite : Jargstorf
2004]
.
17
1.4. Les énergies renouvelables teur critique influençant les réponses communautaires
et le développement durable mondiales à plusieurs objectifs des Objectifs de Dé-
veloppement de l’ONU pour le Millénaire (OMD) dont
1.4.1.Qu’est-ce que le développement durable ? celui visant à réduire la pauvreté.
Les services énergétiques sont fondamentaux pour le Il est aujourd’hui primordial de lier la problématique
développement social et économique – ils jouent un énergétique des pays en voie de développement
rôle important, p. ex. pour éradiquer la pauvreté, pour avec les OMD et les stratégies nationales de réduc-
garantir la qualité de vie, pour développer des milieux tion de la pauvreté.
ruraux et urbains et pour améliorer l’égalité des
Pour l’énergie, les principales clés pour le dévelop-
chances.
pement durable peuvent être formulées comme suit :
Dans les décennies à venir, le système énergétique
• une politique énergétique durable doit au moins ap-
mondial sera confronté à des challenges importants :
provisionner suffisamment en services énergétiques
une population mondiale croissante qui pourrait at-
de base la population mondiale croissante et les fu-
teindre 8,3 milliards en 2020 13 pour ralentir et arriver
tures générations ;
à 9 milliards en 2050 selon les prévisions des Nations
• comme la richesse économique est répartie inéga-
Unies 14, a besoin d’un approvisionnement suffisant en
lement entre les régions, les pays industrialisés et en
services énergétiques. L’augmentation de la popula-
développement et que, l’accès aux services énergé-
tion aura principalement lieu en Afrique, au Moyen-
tiques diffère par conséquent de façon significative
Orient et en Inde, donc la plupart du temps dans des
au sein des pays, on doit garantir à tous les membres
pays qui ont un accès limité à l’énergie propre.
des sociétés l’égalité des chances face à l’accès aux
Presque toute l’augmentation de la population atten-
services énergétiques de base ; et
due entre 2000-2030 aura lieu dans les milieux ur-
bains des régions les moins développées dont la • les catastrophes naturelles doivent être limitées à
population doublera avec 4 milliards en 2030. En un niveau pour assurer les fonctions de protection de
2009, pour la première fois dans l’histoire de l’huma- la nature à long terme.
nité, la population urbaine mondiale dépasse la po- À présent, le secteur de l’énergie cause de sérieux
pulation rurale .
15 problèmes environnementaux à tous les niveaux dans
13
Le plus grand taux de croissance est prévu en Afrique le monde : local, régional et national. Les impacts en- http://www.geopopulation.co
vironnementaux de l’extraction de l’énergie, du traite- m/20090517/demographie-
au sud du Sahara 16. Cet accroissement va augmenter mondiale-les-dernieres-ten-
à la fois la ‘pauvreté des villes’ et le manque d’énergie ment et de son utilisation sont multiples. D’un point de dances-des-previsions-proje
ction-2030/ [consulté le 18
en milieu rural. vue mondial, ils sont d’une importance croissante : février 2010 à 14h30]
surtout l’impact anthropique sur le système climatique
En début de ce millénaire 2 milliards de personnes au 14
à cause des émissions des gaz à effet de serre, le dé- UNFPA : état de la population
monde vivent avec moins de 1$ par jour et consom- mondiale 2004
clin de la biodiversité à cause d’une utilisation de la
ment 0,2 tonne d’équivalent pétrole (TEP) par per-
biomasse non-durable et la dévastation des écosys- 15
sonne pendant que 1 milliard des plus riches en World Energy Outlook 2009.
tèmes par les infrastructures énergétiques. Mais aussi OECD / iea-International
utilisent 25 fois plus. Environ 1,6 milliard de personnes Energy Agency, p.58
l’acidification régionale des sols, lacs et rivières ainsi
n’a pas accès à l’électricité et l’approvisionnement
que la contamination nucléaire causent de lourds 16
énergétique de plus de 2 milliards provient de la com- D’après l’INED, l’institut natio-
dommages pour la nature et par conséquent pour les nal d’études démogra-
bustion du bois et des déjections animales17.
sociétés. La destruction ou la contamination des éco- phiques : Source :
Les relations bien connues entre l’accroissement http://www.ined.fr/fr/pop_chif-
systèmes accompagnent souvent la destruction ou la fres/pays_du_monde/
énergétique et économique, la santé environnemen- [consulté le 18 février 2010 à
mise en danger d’une grande partie des communau-
14h55]
tale et humaine, l’égalité des chances, l’eau, la pro-
tés humaines.
ductivité agricole, les technologies de l’information et 17
Source : Jargstorf 2004
des communications, la gestion du risque et des ca-
tastrophes naturelles, etc. soulignent l’importance du
secteur de l’énergie dans toute stratégie de déve-
loppement durable. Clairement, l’énergie est un fac-
18
1.4.2.Principes d’exécution
1.4.3. La responsabilité des pays industrialisés
du développement durable
Un véritable système énergétique à l’échelle mondiale
En prenant en compte les différentes technologies et
réunirait toute la planète, toutes les personnes et
options pour le secteur énergétique, un cadre global
toutes les nations. Cependant le Nord industrialisé a
de neuf programmes d’exécution forme la condition
été – et restera les années à venir – le meneur clé du
essentielle pour un système énergétique à dévelop-
système énergétique actuel et celui qui prend une
pement durable dans le monde :
part importante dans les affaires environnementales
• les services énergétiques pourraient être dévelop-
mondiales.
pés et étendus grâce à des progrès énergétiques ef-
Le ‘Nord’ est responsable des quelques 75 % des
ficaces, grâce aux renouvelables et aux technologies
émissions en CO2, consomme directement et indirec-
à faible pollution et à faibles risques, de manière à dé-
tement jusqu’à 70 % des ressources en minéraux et
velopper des ressources et à minimaliser les risques
métaux et laisse son empreinte écologique sur plus
de catastrophes écologiques ;
de 50 % de terres cultivables de notre planète.
• l’exploitation des sources d’énergies renouvelables
Les émissions de dioxyde de carbone par habitant
ne devrait pas excéder leur facteur de régénération ;
dans les différentes régions du monde varient gran-
• les dégâts écologiques dus à la consommation
dement : le nord de l’Amérique en émet environ 20 t/h,
énergétique devraient être maintenus à des niveaux
l’Océanie environ 10 t/h et l’Europe moins de 8 t/h ce
n’excédant pas les capacités de l’écosystème à se ré-
qui représente entre deux fois et cinq fois la moyenne
générer et/ou à s’adapter ;
mondiale. Au contraire, plusieurs régions en dévelop-
• l’utilisation des technologies énergétiques avec des pement dans le monde émettent moins de 3 t/h de
potentiels à haut risque devrait être minimisée ; CO2 par an18.
• les services énergétiques devraient être fournis à Pour les économies du Sud, ayant droit à leur déve-
moindre coût en prenant en compte les coûts ex- loppement propre, un changement fondamental des
18
Source : Jargstorf 2004 ternes ; modèles de production et de consommation dans le
• la transition des systèmes énergétiques tradition- Nord constitue une précondition essentielle pour tout pro-
nels vers ceux à développement durable devrait être grès vers le développement durable à l’échelle mondiale.
mise en œuvre de façon que les effets sur l’emploi et Des changements à grande échelle seront néces-
autres aspects sociaux soient positifs. Les impacts saires : la combinaison d’un changement durable
négatifs devant être limités à des niveaux que pour- dans les pays industrialisés avec une intégration im-
raient compenser d’autres politiques ; minente des pays en développement vers un nouveau
• la gestion du conflit suivra les principes démocra- modèle de développement est nécessaire et est iné-
tiques ainsi en tenant compte suffisamment des inté- vitable à long terme.
rêts des générations futures ; et Du fait de leur responsabilité historique dans les émis-
• la justice à l’échelle mondiale et l’égalité des sions mondiales de gaz à effet de serre, les pays in-
chances dans le secteur de l’énergie mènent les pays dustrialisés ont une responsabilité à réparer les
industrialisés à avoir une responsabilité spécifique et bouleversements climatiques actuels. Ils doivent sou-
exigent des négociations équitables. tenir financièrement et techniquement l'adaptation des
populations souffrant le plus des conséquences des
changements climatiques ainsi que la réparation des
catastrophes environnementales et le soutien aux dé-
placés environnementaux. À Copenhague 30 milliards
de dollars US sur trois ans ont été promis aux pays les
plus pauvres pour financer des projets leur permet-
tant de s’adapter au réchauffement climatique. Mais
19
pour l’instant, les conditions de ces paiements n’ont – confère une plus grande flexibilité aux projets
pas encore été clairement définies. d’énergie renouvelable en matière de planification
d’énergie et d’investissement. Si on compare une cen-
trale hydraulique typique (30 MW) avec une ferme éo-
1.5. Les énergies renouvelables,
lienne de puissance égale, les temps de construction
l’emploi et la sécurité énergétique
de la centrale hydraulique peuvent être facilement 5 à
10 fois plus longs que ceux du site éolien. En pratique,
1.5.1.Les énergies renouvelables et l’emploi
les courts délais de préparation d’un projet d’énergie
Les industries des énergies renouvelables et les sec- renouvelable signifient moins de planification en ma-
teurs de services sont en croissance rapide dans de tière de sécurité et plus de rentabilité des investisse-
nombreux pays. Il est évident que la promotion systé- ments.
matique de telles technologies nouvelles offre de
En ce qui concerne les emplois directs dans la pro-
grandes opportunités pour :
duction énergétique, on constate que les technologies
• l’innovation ;
des énergies renouvelables génèrent plus d’emplois
• le développement des marchés énergétiques lo- que les combustibles fossiles ou nucléaires (voir fi-
caux ou régionaux ; ainsi que gure 1-9).
• la création de nouveaux emplois avec des exi- Figure 1 9
Emplois générés par
gences de qualification très différentes. les technologies de l’énergie
Cela contraint leurs chances de développement éco- Le coût élevé des énergies renouvelables du fait de
nomique et celles d’améliorer leur niveau de vie. Les l'absence de prise en compte des coûts externes (no-
femmes, les personnes âgées et les enfants souffrent tamment du point de vue de leur impact à long terme
démesurément de leurs dépendances aux combusti- sur la santé ou l'environnement) procure un avantage
bles traditionnels et des émissions dues à la cuisson artificiel aux combustibles fossiles. C’est la société en-
qui sont la principale cause des maladies respira- tière qui, d’une manière ou d’une autre, doit supporter
toires. ces coûts. C’est pourquoi on les appelle également
les coûts sociaux.
L’accès à l’électricité en réseau sera loin d’être assuré
dans la plupart des pays avant longtemps. Ainsi, l’ac- Pour donner un exemple concret : si un pétrolier coule
cès aux technologies énergétiques de petite échelle et que son chargement de pétrole brut se vide dans
décentralisées et modernes, en particulier les éner- l’océan, ce n’est ni la compagnie pétrolière ni l’unité
gies renouvelables, est un élément important pour ga- électrique à qui il était destiné qui devra supporter les
rantir une atténuation de la pauvreté. frais pour nettoyer les plages et pour compenser les
dégâts dans le domaine de la pêche et du tourisme
mais les gouvernements, donc la société toute entière.
Figure 1 10
Enfants étudiant le soir
à la lueur d’une bougie
Figure 1 11
Consultation médicale à
la lampe torche
1.5.5. Résumé
Source: The World Watch Institute, “State of the World 2003 – Progress
Toward a Sustainable Society”, New York London, 2003, p.89
23
À l’échelle mondiale, la puissance électrique installée maine du micro hydroélectrique et de l’énergie éo-
à partir des énergies renouvelables (grandes cen- lienne) et en Inde (énergie éolienne).
trales hydroélectriques exclues) a atteint les 280 GW
en 2008, ce qui signifie une hausse de 75 pour cent
Un vrai jalon de référence a été atteint quand, aux
par rapport au 160 GW installés en 2004. Les pays les
États-Unis et au sein de l’Union européenne, l’aug-
plus importants sont la Chine (76 GW), les États-Unis
mentation de puissance installée à partir des énergies
(40 GW), l’Allemagne (34 GW), l’Espagne (22 GW),
renouvelables a primé les augmentations à partir des
l’Inde (13 GW) et le Japon (8 GW). La capacité instal-
sources d’énergie conventionnelles.
lée dans les pays en développement a également
connu une hausse importante et a atteint 119 GW en Si on inclut, de plus, la grande hydraulique, la capa-
2008 dont la majeure partie en Chine (dans le do- cité installée mondiale en renouvelables est estimée à
1.140 GW. 20
Figure 1 14