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UNIVERSALITÉ DU RITE ÉCOSSAIS ANCIEN ET ACCEPTÉ


Le Rite Ecossais Ancien et Accepté

Par Laurent Jaunaux

Cet article a été publié dans Acta Macionica n°14, en 2004 pour le bicentenaire du
REAA en France.

INTRODUCTION
Le Rite Écossais Ancien & Accepté est il un rite « universel » ? Qu’entend-on par
universalité en parlant de la Franc-Maçonnerie ? Telles sont les questions que je me
suis un jour posées en voulant regarder d’un œil critique le rite qui m’a vu naître à la
Maçonnerie il y a des années de cela.

Pourquoi finalement se poser ces questions ? Il apparaît que les Frères pratiquant
le Rite Écossais Ancien & Accepté dans les pays francophones manifestent un très
fort attachement à leur rite. Ils revendiquent paradoxalement spécificité et
universalité.

Spécificité parce qu’ils considèrent qu’ils pratiquent un rite très codifié, précis,
héritier d’une longue tradition ésotérique et initiatique qu’on ne trouve dans aucun
autre rite et universalité parce que fort de ses spécificités ce rite s’intègre
parfaitement dans l’Ordre Maçonnique Universel. Pour reprendre l’expression de
Yves-Max Viton, Passé Grand Maître de la Grande Loge de France, nous pourrions
dire que le REAA est un soliste dans le concert de la Franc-Maçonnerie Universelle.

Pour bien comprendre ces réflexions, il nous appartient de faire un bref rappel de
l’histoire de ce Rite.

 
RÉSUMÉ HISTORIQUE
Le Rite Écossais Ancien & Accepté est né il y a un peu plus de deux siècles, en
1801 exactement, à Charleston en Caroline du Sud. Il comporte aujourd’hui 33
degrés allant de celui d’Apprenti à celui de Grand Inspecteur Général, le fameux
e
33 degré.

C’est en décembre 1802 qu’une « Circulaire aux deux hémisphères » annonça la


création d’un Suprême Conseil du 33e degré des États-Unis d’Amérique le 31 mai
1801 à Charleston.

En Europe, ce Rite est arrivé grâce au Comte Alexandre François Auguste De


Grasse-Tilly, membre du Suprême Conseil de Charleston. De Grasse-Tilly
s’empressa de fonder le Suprême Conseil de France qui naquit à Paris en Octobre
1804 (le Suprême Conseil de France, celui de la rue Puteaux, toujours en activité à
Paris, souché sur la Grande Loge de France).

C’est grâce au traité d’Union de 1805 unissant le Rite Écossais au Grand Orient que
ce dernier le reçu en son sein. Alors que le Suprême Conseil de France était en
sommeil, cette obédience fonda en 1815 un Suprême Conseil des Rites qui eut
Germain Hacquet, ancien Grand Officier du Suprême Conseil de France comme
premier Souverain Grand Commandeur. Le Suprême Conseil de France fut réveillé
en 1821. Il continua jusqu’à ce jour à diffuser l’esprit et les initiations propres à ce
rite.

En Belgique, le Rite Écossais Ancien & Accepté est arrivé grâce à l’armée
Napoléonienne qui comptait en son sein de nombreuses Loges. C’est la
Respectable Loge « Les Amis Philanthropes » qui fut la première à utiliser ces
rituels Cette Loge du Grand Orient de Belgique, toujours en activité, pratique le Rite
Moderne. Cependant, une fois par an, elle pratique le Rite Écossais Ancien et
Accepté à l’occasion d’une tenue particulière. .

ORGANISATION DU REAA
Aujourd’hui le Rite Écossais Ancien & Accepté est très distinctement séparé en
classes :

Les Loges Bleues (ou symboliques) forment une première classe qui est
administrée par une Grande Loge. Les Loges symboliques dépendent de la Grande
Loge, tant dans leur organisation, leur administration que dans la pratique de leur
rite.
ème ième
ème ième
Les degrés allant du 4 au 33 sont placés sous la juridiction d’un Suprême
Conseil (pour les Frères venant de la Grande Loge Régulière de Belgique ou d’une
obédience reconnue par elle, c’est le Suprême Conseil Pour la Belgique qui
ième
administre le Rite pour les degrés supérieurs au 3 .). Le Suprême Conseil est
indépendant de la Grande Loge, néanmoins des accords régissent l’appartenance à
l’un et l’autre de ces corps Maçonniques constitués.

La séparation des 3 premiers degrés des autres de la hiérarchie de ce rite n’a pas
toujours été aussi nette en Europe. Pendant la période allant de 1821 à 1894, le
Suprême Conseil de France a administré l’ensemble des degrés du Rite.

Si nous nous plaçons dans l’optique de démontrer que le Rite Écossais Ancien &
Accepté est un rite universel, nous pouvons nous demander si il est cohérent qu’un
Suprême Conseil administre des degrés symboliques. La réponse est bien
évidemment négative.

D’abord parce que la Circulaire aux 2 hémisphères, écrite par Dalcho et Mitchell en
décembre 1802 sépare bien les loges symboliques du système écossais.

Bien que nombre de degrés Sublimes soient, en fait, le prolongement des


degrés Bleus, il n’y a pas pour autant ingérence entre les deux institutions
[…]
Les Maçons Sublimes ne procèdent jamais à des initiations aux degrés Bleus
sans autorisation de droit accordée dans ce but par une Grande Loge
Symbolique
[…]
Les Dénominations des Degrés Maçonniques sont comme suit, à savoir :
1e Degré Apprenti Admis
2e Compagnon
3e Maître Maçon, conférés par la Loge Symbolique

Négative toujours parce que nous savons que Grasse-Tilly, Mitchell et Dalcho
appartenaient à des Loges de Rite « Ancien ». Grasse-Tilly ayant également été
fondateur et Vénérable Maître de la Respectable Loge « La Candeur La
Respectable Loge La Candeur, fondée en 1796 et intégrée le 21 janvier 1798 à la
Grand Lodge of Free and Accepted Masons of Southern Carolina (la Grande Loge
des « Moderns »). » de Rite « Moderne ».

Négative enfin parce que Grasse-Tilly, dans son « thuileur Cf. la superbe réédition
de ce tuileur faite en décembre 2003 à l’initiative du Suprême Conseil pour la
:
France (souché sur la GLNF, sis avenue de Villers) » édité en 1819 fait commencer
ième
le Rite Écossais Ancien & Accepté à partir du 4 degré, conformément à la
Circulaire de 1802.

La façon dont est pratiqué le Rite Écossais Ancien & Accepté aujourd’hui nous
permet de nous poser la question de savoir si il est universel ?

Pour répondre à cette question, nous allons analyser le Rite, son histoire et sa
pratique sous trois aspects : Le premier sera de constater l’apport de ce Rite à la
Franc-Maçonnerie Française grâce à une étude de deux textes dits fondateurs.
Nous verrons ensuite comment le Rite a su se diffuser dans les principales
obédiences Françaises. Nous verrons enfin comment les rituels symboliques
Écossais ont évolué depuis 1744. Cela nous permettra de tirer quelques
conclusions et de définir des critères « universels » qui définissent l’appartenance
d’un rituel au REAA.

carte voeux 2004 REAA

Figure 1 : Loge du REAA au 19e siècle. Photo aimablement communiquée


par le Musée-Archives-Bibliothèque de la Grande Loge de France. (merci François
)

 
:
 

L’APPORT DU RITE ÉCOSSAIS ANCIEN ET


ACCEPTÉ
Le Rite Écossais Ancien et Accepté s’est vite développé dès son arrivée sur notre
vieux continent. En fait, l’annonce de sa création a été faite par la Circulaire aux
Deux Hémisphères de décembre 1802. Nous allons constater que cette circulaire
est un authentique hymne à l’universalité. L’étude de l’introduction à la version latine
des Grandes Constitutions de 1786, publiée dans les actes du Suprême Conseil de
France en 1830 viendra confirmer cette hypothèse.

LA CIRCULAIRE AUX DEUX HÉMISPHÈRES UNE TRADUCTION


DE LA CIRCULAIRE DE 1802 EST DONNÉE EN ANNEXE. : UN
HYMNE À L’UNIVERSALITÉ ?
Quelle est la situation maçonnique mondiale en décembre 1802, au moment où la
Circulaire est envoyée aux deux hémisphères ?

Le premier mot qui nous vient à l’esprit pour la qualifier est : Chaotique. En
Angleterre, la Grande Loge des « Ancients » s’oppose à celle des « Moderns »,
chacune essaimant, distribuant chartes et patentes. Aux États-unis la situation est
identique. La Caroline du Sud par exemple, berceau du Rite Écossais Ancien et
Accepté, compte deux Grandes Loges : La Grande Loge de Caroline du Sud,
moderne, et la Grande Loge des « Ancients York Mason », la Grande Loge «
Ancienne ». Elles ne s’apprécient pas du tout.

En Europe Continentale le problème est légèrement différent : les Maçons «


Modernes » s’opposent aux Maçons « Écossais ». En fait, ces derniers
revendiquent des privilèges spéciaux en Loge en vertu des degrés supplémentaires
qu’ils ont reçus Ces « privilèges » apparaissent de façon explicite dans le Guide des
Maçons Écossais :

Si le frère visiteur est un officier d’une mère-loge, ou député près d’elle, un grand
élu de la voûte sacrée, ou subl.’. prince de Royal-Secret, il est reçu à la porte avec
cinq étoiles, les maillets battans , et on le fait passer sous la voûte d’acier; avec trois
étoiles si c’est un vénérable. . La Maçonnerie bourgeoise parisienne s’oppose
également à la Maçonnerie aristocratique provinciale.

C’est dans ce contexte que Dalcho et Mitchell entreprennent une « rénovation » du


Rite du Royal Secret Ce rite est connu sous le nom de « Rite de Perfection ». Il
:
comptait 25 degrés qui ont été repris dans le Rite Écossais Ancien & Accepté. du
Frère Morin pour aboutir au Rite Écossais Ancien et Accepté. Ils annoncent la
création du Rite par la Circulaire aux Deux Hémisphères, envoyée en décembre
1802. Elle commence par ces mots :

De l’Orient du Grand et Suprême Conseil des Très Puissants Souverains,


Grands Inspecteurs Généraux, sous la Voûte Céleste du Zénith situé par 32
deg. 45 Min. de L.N A nos Illustres, très Vaillants et Sublimes Princes du Royal
Secret, Chevaliers K.H, Illustres Princes et Chevaliers, Grands, Ineffables et
Sublimes Maçons, Francs Maçons Acceptés de tous les degrés, Anciens et
Modernes, répandus à la surface des deux Hémisphères. A tous ceux auxquels
parviendra cette correspondance : Santé Constance et Vigueur

Que constatons nous ? Nous remarquons que cette circulaire s’adresse à


l’ensemble de la Maçonnerie connue alors ; à savoir les maçons Anciens et
Modernes sans distinctions de rite ni de degrés.

sr-c-p09

Figure 2 : Emplacement du Suprême Conseil de Charleston en 1801

Dalcho et Mitchell annoncent ainsi une organisation rituelle commune pour tous.

Commune, le mot est lâché. Est il trop fort ? Peut on penser que Dalcho et Mitchell
:
ont voulu créer un système de hauts grades commun à l’ensemble de la
Maçonnerie ? L’introduction ne laisse pas subsister le moindre doute puisqu’elle est
à destination de tous.

Cette impression est confirmée par la présentation de l’organisation des degrés :

Les Dénominations des Degrés Maçonniques sont comme suit, à savoir :


1e Degré Apprenti Admis
2e Compagnon
3e Maître Maçon, conférés par la Loge Symbolique

Remarquons encore que la notion de rite n’est pas précisée. Il est simplement écrit
« degrés maçonniques » sans autre indication, renforçant cette idée d’universalisme
déjà soulevée.

A la lecture de la circulaire, nous remarquons que la hiérarchie des degrés n’est pas
encore celle que nous connaissons aujourd’hui. Observons les degrés 29 à 32. Le
e e e e
29 est le Kadosch. Les 30 , 31 , 32 sont les Sublimes Princes du Royal Secret
Le degré de Sublime Prince du Royal Secret était le « nec plus ultra » du Rite dit de
Perfection de Morin. .

Un autre paragraphe suscite cette idée d’universalité du Rite :

Outre ces degrés, qui se succèdent régulièrement, la plupart des Inspecteurs


possèdent un certain nombre de degrés séparés, conférés dans diverses
parties du monde et qu’ils communiquent en général, sans frais, aux Frères qui
ont l’élévation suffisante pour les comprendre. Ainsi les Maçons Choisis des 27
et le Royal-Arche, conférés sous l’égide de la Constitution de Dublin. Six degrés
de la Maçonnerie D’Adoption, Compagnon Écossais, Le Maître Écossais & Le
Grand Maître Écossais, &c., faisant en tout 52 degrés.

Ce dernier paragraphe est intéressant en ce sens qu’il exclu une quelconque


exclusivité du Rite en permettant aux Maçons d’être en possession d’autres degrés
qui n’auraient pas été intégrés à la hiérarchie écossaise. Nous remarquons entre
autres dans cette liste le fameux « Royal Arch », le « Maître Choisi des 27 ».

Il existe aujourd’hui des Suprêmes Conseils Européens qui refusent que les
membres de leur juridiction puissent appartenir à d’autres Rites. L’appartenance à
plusieurs systèmes est elle incompatible avec le Rite Écossais Ancien & Accepté ?
:
Les partisans de l’exclusivisme utilisent l’argument de la dispersion ; en appartenant
à plusieurs Rites, un Frère pourrait avoir une dispersion intellectuelle qui
l’empêcherait de se concentrer sur l’essentiel du Rite pratiqué.

La réponse est, de mon point de vue, négative. Le Rite Écossais Ancien et Accepté,
par l’esprit d’ouverture et par ce syncrétisme qu’il affiche dans la Circulaire de 1802
ne saurait restreindre une pratique Maçonnique à un seul Rite. C’est ainsi que le
Suprême Conseil pour la Belgique accepte parfaitement, pour l’épanouissement
initiatique et intellectuel des membres de sa juridiction, qu’ils appartiennent à un
autre système reconnu par la Grande Loge Régulière de Belgique.

Le recueil des actes du Suprême Conseil de France de 1830 publie les


Constitutions de 1786 (version dite latine). Une introduction est ajoutée en en-tête ;
comme la Circulaire de 1802 cette introduction diffuse l’idée de rite universel.

LES CONSTITUTIONS DE 1786 ET L’INTRODUCTION DE 1830


Ordo Ab Chao, telle est la devise du Rite Écossais Ancien et Accepté. Pouvait il en
être une autre ? Il me semble qu’elle résume l’esprit du Rite dans son ensemble, à
savoir mettre de l’ordre dans le foisonnement de degrés maçonniques du début du
e
19 siècle.

Voici quelques extraits de l’introduction aux Grandes Constitutions de 1786 telle que
publiée dans les actes du Suprême Conseil de France en 1830.

[…]
Mais, dans la suite des temps, la composition des organes de la Maçonnerie et
l’unité de son gouvernement primitif ont subi de graves atteintes, causées par
les grands bouleversements et les révolutions qui, en changeant la face du
monde ou en soumettant à des vicissitudes continuelles, ont, à différentes
époques, soit dans l’antiquité, soit de nos jours, dispersé les anciens Maçons
sur toute la surface du globe. Cette dispersion a donné naissance à des
systèmes hétérogènes qui existent aujourd’hui sous le nom de RITES et dont
l’ensemble compose l’ORDRE.
[…]
Ces raisons et d’autres causes non moins graves nous imposent donc le devoir
d’assembler et de réunir en un seul corps de Maçonnerie tous les RITES du
Régime ÉCOSSAIS dont les doctrines sont, de l’aveu de tous, à peu près les
mêmes que celles des anciennes Institutions qui tendent au même but, et qui,
:
n’étant que les branches principales d’un seul et même arbre, ne diffèrent
entr’elles que par des formules, maintenant connues de plusieurs, et qu’il est
facile de concilier. Ces RITES sont ceux connus sous les noms de Rit Ancien,
d’Hérédom ou d’Hairdom, de l’Orient de Kilwinning, de Saint-André, des
Empereurs d’Orient et d’Occident, des Princes du Royal Secret ou de
Perfection, de Rit Philosophique et enfin de Rit Primitif, le plus récent de tous.
Adoptant, en conséquence, comme base de notre réforme salutaire, le titre du
premier de ces Rites et le nombre des Degrés de la hiérarchie du dernier, nous
les DÉCLARONS maintenant et à jamais réunis en un seul ORDRE, qui,
professant le Dogme et les pures Doctrines de l’antique Franche-Maçonnerie,
embrasse tous les systèmes du Rit Écossais sous le nom de RIT ÉCOSSAIS
ANCIEN ACCEPTE.
[…]
Tous les Degrés des Rites réunis, comme il est dit ci-dessus, du premier au dix-
huitième, seront classés parmi les Degrés du Rit de Perfection dans leur ordre
respectif et d’après l’analogie et la similitude qui existent entr’eux ils formeront
les dix-huit premier Degrés du RIT ÉCOSSAIS ANCIEN ACCEPTE ; le dix-
neuvième Degré, et le vingt-troisième Degré du Rit Primitif formeront le
vingtième Degré de l’ORDRE. Le vingtième et le vingt-troisième Degré du Rit de
Perfection, soit le seizième et le vingt-quatrième Degré du Rit Primitif formeront
le vingt-unième et le vingt-huitième Degré de l’ORDRE. LES PRINCES DU
ROYAL SECRET occuperont le trente-deuxième Degré, immédiatement au-
dessous des SOUVERAINS GRANDS INSPECTEURS GENERAUX dont le
Degré sera le trente-troisième et dernier de l’ORDRE. Le trente-unième Degré
sera celui des Souverains-Juges-Commandeurs. Les Grands Commandeurs,
Grands Élus Chevaliers Kadosch prendront le trentième Degré. Les Chefs du
Tabernacle, les Princes du Tabernacle, les Chevaliers du Serpent d’Airain, les
Princes de Merci, les Grands Commandeurs du Temple et les Grands Écossais
de Saint-André composeront respectivement le vingt-troisième, le vingt-
quatrième, le vingt-cinquième, le vingt-sixième, le vingt-septième et le vingt-
neuvième Degré.
[…]

e
Ces extraits, bien que rédigés après 1815, montrent qu’à la fin du 18 siècle il
existait un foisonnement de rites et de degrés, voire de systèmes. Tous ces degrés,
rites ou systèmes se dénommaient « écossais ».

La grande ambition de Dalcho et de Mitchell a été, je crois, de vouloir créer un


système fédérateur et universel de degrés dits écossais.
:
Fédérateur car il regroupe l’ensemble des degrés connus à l’époque et tente de les
organiser non sans mal.

Universel tel que préconisé dans la Circulaire de 1802, à destination des Maçons de
tous les Rites, de tous les degrés.

Ordo Ab Chao, c’est un ordre issu du chaos des degrés de l’époque.

A la lecture des différents passages présentés ci-dessus, par le fait qu’il ait intégré
de façon syncrétique des degrés d’origines différentes, nous constatons que le Rite
Écossais Ancien et Accepté se comporte en conservatoire des Rites Écossais et
e
qu’à ce titre, les Grands Inspecteurs Généraux du 33 degré en sont les véritables
gardiens et conservateurs.

Nous comprenons alors qu’il n’y a pas nécessairement un enchaînement logique


d’un degré à l’autre.

Certains diront que le Rite est linéaire, qu’il est prévu que les Frères engagés dans
son cursus doivent passer d’un degré à l’autre, ce qui est tout à fait exact et prévu
par la Circulaire Tout Maçon sera tenu de parcourir successivement chacun de ces
Degrés, avant d’arriver au plus sublime et dernier ; et à chaque Degré, il devra subir
tels délais et telles épreuves qui lui seront imposés conformément aux Instituts,
Decrets et Réglemens anciens et nouveaux de l’ORDRE, ainsi qu’à ceux du Rit de
Perfection. de 1802. Il n’existe cependant pas nécessairement de lien entre un
degré et le degré suivant. Certains degrés peuvent ainsi être vécus
indépendamment. C’est bien là que se trouve la grande subtilité du Rite. Ses
fondateurs ont considéré qu’il fallait être en possession de certains degrés pour en
comprendre d’autres, même si il n’existe pas de lien entre eux. D’ailleurs,
l’introduction des Grandes Constitutions se place dans cette optique. Elle explique
comment les degrés épars ont pris leur place dans un système universel, unique et
syncrétique.

Le Rite Écossais Ancien et Accepté dans ses textes fondateurs se défini comme un
système Maçonnique universel. Il a su fédérer différents degrés en un système
ordonné même si parfois sa cohérence globale bien que située dans le triptyque
connaissance J’attribue la Connaissance aux Loges de Perfections, la Réflexion aux
ième
Chapitres et l’Action aux degrés situés au-delà du 19 . /réflexion/action, peut
nous échapper.

C’est un rite qui se situe au-delà des clivages rituels que nous connaissons et que la
Maçonnerie a connu. Il est ouvert à tous les Frères, quels que soient leur rite
d’origine. C’est comme cela qu’il a été conçu dès son origine.
:
Si le Rite Écossais Ancien et Accepté est avant tout un système de Hauts Grades, il
existe en Europe de nombreuses loges symboliques qui le pratiquent. C’est ce que
nous allons maintenant voir.

APPARITION DES LOGES SYMBOLIQUES DU REAA


Avant de parler de l’apparition et de la chronologie de la transmission du Rite
Écossais Ancien et Accepté en loge bleue, il convient de nous arrêter sur la
définition de certains termes récurrents dans le jargon maçonnique : Ancien,
Écossais et Rite Écossais Ancien et Accepté.

ANCIENS, ÉCOSSAIS ET REAA


J’entends parfois des Frères parler d’écossisme, de Rite Ancien ou encore de Rite
Écossais Ancien et Accepté comme si les trois vocables recouvraient un même
champ lexical. Voici des explications qui permettront, je l’espère, de bien distinguer
les trois mouvements.

RITE ANCIEN ET RITE MODERNE


En 1717 il y a en Angleterre 2 types de loges :

Des loges purement spéculatives qui acceptent des nobles, des notables, des
bourgeois dans leurs assemblées et il existe encore des loges issues de loges
opératives dont certains Maçons continuent à œuvrer sur les chantiers bien réels.
Ces Loges sont principalement composées d’Irlandais et d’Écossais, Maçons
Catholiques généralement restés fidèles aux Rois Catholiques Anglais, les Stuarts,
exilés en France.

La Grande Loge de Londres va grossir, acceptant indifféremment les Loges et leurs


spécificités. Pendant ce temps là, dans les Loges composés d’Irlandais et
d’Écossais, une révolte commence à gronder. Cette révolte est menée par un
certain Lawrence Dermott. En 1750, la révolte explose. Les Maçons Irlandais et
Écossais accusent la Grande Loge d’Angleterre d’avoir dénaturé les rituels
Maçonniques. Ils lui reprochent entre autres :

d’avoir déchristianisé les rituels


d’avoir inversé les colonnes et mots sacrés des 2 premiers degrés
:
d’avoir abandonné le degré de Royal Arch, complément du degré de Maître
Maçon,
d’avoir abandonné l’installation secrète du Vénérable Maître en Chaire de
Salomon

En 1751 les Maçons en révolte constituent à Londres la « Très Ancienne et


Honorable Fraternité des Maçons Francs et Accepté », encore appelée « Grande
Loge des Anciens ». La Grande Loge d’Angleterre devenant alors dans le langage
courant la Grande Loge dite des « Modernes ». Tous les rites Maçonniques sont
issus de l’une ou de l’autre Grande Loge.

La querelle opposant les Anciens aux Modernes trouvera son issue en 1813. Un
traité d’union toujours en vigueur les scellera. Cela se concrétisera par la fusion des
2 Grandes Loges en une Grande Loge Unie d’Angleterre. Un rite sera également
créé à cette occasion : le Rite Anglais dit Émulation. Il sera utilisé par l’ensemble
des Loges du Royaume. Le Rite dit Émulation reste cependant très proche du Rite
Ancien, les Modernes ayant fait beaucoup de concessions.

ÉCOSSISME
L’Écossisme est un mouvement né dans les années 1735-1740 et dont la paternité
est attribuée à Michel André de Ramsay. En fait, il se rendit célèbre par la rédaction
et la lecture d’un discours dans lequel il affirmait que la Maçonnerie ne descendait
plus des Compagnons opératifs, des bâtisseurs de cathédrales mais de la
Chevalerie et des Croisés. Voici le passage de son discours qui concerne les
origines chevaleresques de la Franc-Maçonnerie :

INSTITUTION DE L’ORDRE PAR LES CROISÉS


Du temps des guerres saintes dans la Palestine, plusieurs Princes, Seigneurs et
Citoyens entrèrent en Société, firent voeu de rétablir les temples des Chrétiens
dans la Terre Sainte, et s’engagèrent par serment à employer leurs talens et
leurs biens pour ramener l’Architecture à primitive institution. Ils convinrent de
plusieurs signes anciens, de mots symboliques tirés du fond de la religion, pour
se distinguer des Infidèles, et se reconnoître d’avec les Sarasins. On ne
communiquoit ces signes et ces paroles qu’à ceux qui promettoient
solemnellement et souvent même au pieds des Autels de ne jamais les révéler.
Cette promesse n’étoit donc plus un serment exécrable, comme on le débite,
mais un lien respectable pour unir les hommes de toutes les Nations dans une
:
même confraternité. Quelques temps après, notre Ordre s’unit intimement avec
les Chevaliers de S. Jean de Jérusalem. Dès lors et depuis nos Loges portèrent
le nom de Loges de S. Jean dans tous les pays. Cette union se fit en imitation
des Israélites, lorsqu’ils rebâtirent le second Temple, pendant qu’ils manioinent
d’une main la truelle et le mortier, ils portoient de l’autre l’Epée et le Bouclier.

La grande révolution apportée par cet extrait est la revendication que la Franc-
Maçonnerie ne descend plus seulement des Compagnons et des bâtisseurs de
cathédrales ; elle descend aussi et surtout des Croisés et des Chevaliers.
ième
Derrière le mot Chevalier, dans l’esprit du 18 siècle, se cache le mot « noble ».
ième
Un noble du 18 siècle est appelé par son titre, son quartier de noblesse. Le
Chevalier est le premier échelon de l’échelle nobiliaire. Dire que la Maçonnerie
descend de la noblesse, c’est permettre aux Frères roturiers, bourgeois et artisans,
d’accéder symboliquement à une noblesse héréditaire.

Les premiers degrés « écossais » furent inspirés par la chevalerie. Force est de
constater que de nombreux degrés s’appelaient « chevalier de… » (Chevalier de
l’Arche Royal, Chevalier d’Orient, Chevalier de l’Épée, Chevalier Kadosch,
Chevalier de la Palestine, sans oublier le Chevalier de Dieu et de son Temple, et
d’autres encore…).

Ce foisonnement de hauts grades ou de degrés se situant au-delà de celui de


Maître Maçon a abouti à la formation de différents systèmes Exemple : l’Ordre du
Royal Secret, le système de Clermont, la Stricte Observance Templière ou encore le
Rite Écossais Rectifié, dits « écossais » dont l’agrégation contribuera à la formation
du Rite Écossais Ancien et Accepté.

Nous pouvons alors nous poser la question de l’origine même de l’épithète «


Écossais ». Pourquoi les Loges se qualifient elles d’Écossaises ?

Cette question est d’autant plus intéressante que le Très Illustre Frère Pierre Noël,
éminemment membre de la Loge de recherche Ars Macionica à Bruxelles écrivait
récemment sur une liste Maçonnique qu’il a fallu attendre 1738 pour que la Grande
Loge D’Écosse connaisse le degré de Maître Maçon. Or en 1736 apparaissent en
France d’autres degrés appelés « Écossais ». Nous sommes là devant une
évidence : Les Maçons Écossais ne venaient pas d’Écosse. D’Angleterre peut être,
mais certainement pas d’Écosse. Alors, pourquoi l’Écosse ?

Une Légende Maçonnique veut que Pierre d’Aumont, alors Grand Maître de la
Province d’Auvergne de l’Ordre du Temple, réunit des Templiers qui n’étaient pas
:
emprisonnés. Ils s’habillèrent en Maçons et fuirent vers l’Écosse où ils rejoignirent
d’autres Templiers. Hébergés par le Roi Robert de Bruce, ils perpétuèrent l’Ordre du
Temple. En 1314 ils aidèrent le Roi d’Écosse à remporter la bataille de Bannockburn
et gagnèrent ainsi son estime. Il fonda pour eux l’Ordre de Saint André du Chardon.
Cet Ordre se déplaça à Aberdeen, puis à Kilwinning où fut fondée vers 1599 la
première loge Maçonnique dite Écossaise (il est fait mention de l’existence de cette
loge dans la seconde édition des Statuts Shaw du 28 décembre 1599).

Une autre Légende Maçonnique veut qu’il y ait un lien entre la Franc-Maçonnerie et
la dynastie écossaise des Stuart. Voici pourquoi.

Le petit-fils de Jacques Ier d’Écosse, Jacques II, est proclamé Roi d’Angleterre,
d’Écosse et d’Irlande en 1685. Peu intelligent, autoritaire, violent, il fait preuve d’un
catholicisme intransigeant et d’une admiration sans bornes pour Louis XIV, Roi de
France.

Cette attitude choque vivement les britanniques et leur parlement. Avec l’aide du
gendre de Jacques II, Guillaume de Nassau, prince d’Orange, ils chassent leur Roi
au cours de la Glorieuse Révolution de 1688. Jacques II est obligé de trouver refuge
en France. Guillaume d’Orange et Marie, son épouse, fille de Jacques II, reçoivent
alors les couronnes d’Angleterre et d’Irlande en février 1689. Peu après, l’Écosse
suit cet exemple.

Jacques II Stuart s’installe définitivement à Saint Germain en Laye en 1689. Une


partie de sa cours et de son armée l’ont accompagné. Ses régiments sont
composés d’Irlandais et d’Écossais restés fidèles à la monarchie Catholique, ceux
que nous appelons les Jacobites (Il est admis, sans certitudes toutefois, que
Ramsay fut Jacobite).

La légende veut qu’au sein des régiments de cette armée en exil il y eu des Loges
Maçonniques dont nous connaissons les noms : La Bonne Foy et La Parfaite
Égalité, et qu’elles pratiquaient le rite en usage en Écosse à ce moment là. C’est ce
rite qui aurait été importé en France par les Jacobites Nous avons vu que l’Écosse
n’a pas connu le degré de Maître avant 1738, ce qui vient confirmer l’aspect
légendaire de cette transmission. .

Je parle d’une filiation légendaire car à ma connaissance nous n’avons pas de trace
de ces loges avant le milieu du 18e siècle. Lorsque le Grand Orient de France, le 13
mars 1777, a intégré la Bonne Foy, il a été précisé que sa date de fondation était
antérieure à 1700.

Le mot Écossais fait donc référence aux origines légendaires chevaleresques et


:
écossaises de la Franc-Maçonnerie.

RITE ÉCOSSAIS ANCIEN ET ACCEPTÉ


Le Rite Écossais Ancien & Accepté apparaît en 1804 en France. Il se présente
comme un « dépositoire » des différents systèmes dits « écossais » de l’époque.
Voici un extrait de l’introduction aux Grandes Constitutions de 1786, publiée dans
les actes du Suprême Conseil de France en 1832 et qui le présente :

Ces raisons et d’autres causes non moins graves nous imposent donc le devoir
d’assembler et de réunir en un seul corps de Maçonnerie tous les RITES du
Régime ECOSSAIS dont les doctrines sont, de l’aveu de tous, à peu près les
mêmes que celles des anciennes Institutions qui tendent au même but, et qui,
n’étant que les branches principales d’un seul et même arbre, ne diffèrent
entr’elles que par des formules, maintenant connues de plusieurs, et qu’il est
facile de concilier. Ces RITES sont ceux connus sous les noms de Rit Ancien,
d’Hérédom ou d’Hairdom, de l’Orient de Kilwinning, de Saint-André, des
Empereurs d’Orient et d’Occident, des Princes du Royal Secret ou de
Perfection, de Rit Philosophique et enfin de Rit Primitif, le plus récent de tous.
Adoptant, en conséquence, comme base de notre réforme salutaire, le titre du
premier de ces Rites et le nombre des Degrés de la hiérarchie du dernier, nous
les DÉCLARONS maintenant et à jamais réunis en un seul ORDRE, qui,
professant le Dogme et les pures Doctrines de l’antique Franche-Maçonnerie,
embrasse tous les systèmes du Rit Écossais sous le nom de RIT ÉCOSSAIS
ANCIEN ACCEPTE.

Ce passage de l’introduction ne parle t’il pas de lui-même ? Devant la profusion des


systèmes écossais de l’époque, le Rite Écossais Ancien et Accepté semble être
apparu comme une solution fédératrice acceptable, honorable et surtout…
universelle. Derrière ce « nouveau » Rite, c’est l’écossisme tout entier Du moins,
c’est ce qu’il prétendait faire. N’ont pas été inclus le Rite Écossais Rectifié ni le Rite
Français qui est un système « écossais » par le biais de ses 5 « ordres ». qui
semblait se fédérer.

Depuis 1804, le Rite Écossais Ancien & Accepté est un système en 33 degrés qui
fédère l’ensemble des systèmes dits « écossais ». Il s’inscrit dans le prolongement
historique de l’Écossisme.

Maintenant que nous avons définis certains termes, nous pouvons dresser une
:
chronologie de la transmission des grades symboliques du Rite Écossais Ancien &
Accepté.

CHRONOLOGIE DE LA TRANSMISSION
Il nous apparaît intéressant de présenter maintenant une chronologie synthétique de
la transmission du Rite Écossais Ancien & Accepté, depuis son apparition en
France en 1804 à nos jours. Cette chronologie indicative nous permettra de
constater avec quelles facilités ce Rite a su passer d’une obédience à l’autre,
s’adaptant sans cesse aux spécificités de celles-ci.

LA GRANDE LOGE GÉNÉRALE ÉCOSSAISE DE FRANCE


Lorsque Grasse-Tilly arrive des États-unis à Bordeaux en 1804, il est porteur d’une
patente qui l’autorise à créer un Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et
Accepté dans tous les pays où il aura à séjourner et où il n’y en aura pas déjà un
d’établi. C’est bien ce qu’il fera. Il commencera par créer le 22 septembre 1804 une
structure maçonnique symbolique avec l’aide de la Mère Loge Écossaise, Saint
Alexandre d’Écosse : La Grande Loge Générale Écossaise de France. Ses rituels
sont ceux qui sont connus sous l’appellation de « Guide des Maçons Écossais ».
Cette obédience a juridiction sur les 3 degrés symboliques qui sont Apprenti,
Compagnon et Maître Maçon. Le Suprême Conseil du Rite Écossais pour la France
semble avoir existé le 22 octobre suivant Il est intéressant de noter que le Suprême
Conseil du 33e en France a été définitivement constitué le 22 décembre 1804, alors
que le traité d’Union avec le Grand Orient de France avait déjà été signé. Ceci
soulève une question intéressante : Le REAA appartenait il au Grand Orient de
France lorsque le premier Suprême Conseil en France a été officiellement constitué
? Le « concordat » de 1804 reste aujourd’hui un sujet très sensible qui oppose le
Suprême Conseil de France au Grand Orient de France. . En constituant la Grande
Loge Générale Écossaise de France, Grasse-Tilly est apparu comme un unificateur
des différentes loges écossaises marginalisées (il faut quand même le dire) par le
Grand Orient de France. Remettons nous dans le contexte de l’époque : que
représentaient les loges Écossaises par rapport à l’ensemble de la Maçonnerie
Française et du Grand Orient de France ? Pas grand-chose, assurément…

LE GRAND ORIENT DE FRANCE


L’Empereur à vent des querelles qui opposent Écossais et Français au sein de la
:
Franc-Maçonnerie. Il demande au Grand Orient d’Unir à lui les différents rites
pratiqués en France. C’est ainsi qu’est créé le traité d’union (encore appelé «
concordat ») du 3 décembre 1804 unissant Il s’agissait réellement d’une fusion au
sein du Grand Orient de France. le Rite Français et le Rite Écossais au Grand
Orient de France.

Le Suprême Conseil de France est officiellement constitué le 22 décembre 1804,


sous concordat, nous pouvons le constater. Grasse-Tilly en fut élu Souverain Grand
Commandeur. Le 21 juillet 1805 le Grand Orient créait le Grand Directoire des Rites
composé de membres du GODF. Ce Grand directoire comportait autant de section
qu’il y avait de Rites dont une pour le Rite Écossais Ancien & Accepté.

Le Suprême Conseil de France récupéra son indépendance à la suite de ce qu’il


considérait être une « violation » du traité le 6 septembre 1805.

Malgré cette indépendance relative du SCDF, le Grand Orient de France conservait


l’administration des 18 premiers degrés du Rite et le Suprême Conseil de France
celle des degrés 19 à 33.

En 1814 le Grand Orient de France invita le Suprême Conseil de France à revoir sa


position de 1805. Le SCDF perdit des membres qui partirent au Grand Orient de
France. Celui-ci érigea en 1815 un Suprême Conseil des Rites (Grand Directoire)
avec un ancien Grand Officier du Suprême Conseil de France à sa tête : Germain
Hacquet.

Le Suprême Conseil de France tomba en sommeil jusqu’en 1821.

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Figure 3 : Médaille commémorative de la création du SCDF le 22 décembre 1804,


datée de 1812

LA GRANDE LOGE CENTRALE DE FRANCE


:
Le Suprême Conseil de France fut réveillé en 1821 grâce à celui dit « des Isles
d’Amérique », fondé par Grasse-Tilly en 1802 à Saint-Domingue puis réveillé par
Delahogue vers 1810. Une fusion des Suprêmes Conseils fut opérée sous l’égide
du Suprême Conseil de France.

Le Suprême Conseil des Isles d’Amérique avait des loges symboliques qui
travaillaient sous ses auspices depuis 1818. A l’image de ce Suprême Conseil, celui
de France intègre des Loges Symboliques. Il crée la Respectable Loge « La Grande
Commanderie » en 1821 pour administrer l’ensemble de ses Loges Symboliques.
Elle change de nom la même année et devient « La Grande Loge Centrale »,
travaillant toujours « au nom et sous les auspices du Suprême Conseil de France ».

LA GRANDE LOGE SYMBOLIQUE ÉCOSSAISE


En 1880, quelques loges du Suprême Conseil de France se séparent de
l’obédience. Elles souhaitent avoir une réelle indépendance par rapport à la
hiérarchie du Suprême Conseil. Elles forment la Grande Loge Symbolique
Écossaise, obédience qui sera indépendante jusqu’à la date de sa fusion avec la
Grande Loge de France en 1911. Elle est connue pour sa devise : Un Maçon libre
dans sa Loge libre.

LA GRANDE LOGE DE FRANCE


Le Suprême Conseil de France accorde une autonomie « relative » à ses loges
symboliques en 1894. Les loges se groupent en fédération qui prend le nom de «
Grande Loge de France ». Cette fédération est rejointe par la Grande Loge
Symbolique Écossaise. La fusion est totale en 1911. Entre-temps, le Suprême
Conseil de France a complètement accordé son autonomie à la jeune obédience de
rite écossais.

La Grande Loge de France et le Suprême Conseil de France suivent depuis des


chemins parallèles, le second recrutant parmi les effectifs de la première.

LA GRANDE LOGE NATIONALE FRANÇAISE


Le Suprême Conseil de France est agité par des remous en 1964. A cette époque le
Suprême Conseil de France est reconnu par tous les autres Suprêmes Conseils du
Monde alors que la Grande Loge de France ne joui pas de cette aura. En fait,
depuis 1913 la Grande Loge « reconnue » comme « régulière Il n’est pas question
:
ici d’entrer dans le sempiternel débat de la régularité. » est la Grande Loge
Nationale Française.

En 1964, des membres du Suprême Conseil de France qui aspirent à une


reconnaissance universelle se séparent de l’obédience dans des circonstances
tragiques. Le Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France,
Charles Riandey, est en pourparlers avec celui des Pays-Bas pour rallier la sphère
d’influence Britannique. Il rejoint la Grande Loge Nationale Française avec
vraisemblablement entre 800 et 1000 Frères.

Le Souverain Grand Commandeur est ré-initié aux 33 degrés de l’écossisme en


présence du Souverain Grand Commandeur des Pays-Bas. Il forme alors le
Suprême Conseil Pour la France, souché sur la Grande Loge Nationale Française
et en devient le premier Souverain Grand Commandeur.

Le Frère Cerbu (ancien Frère de la Grande Loge de France ayant suivi le


mouvement vers la GLNF) est chargé de la rédaction des rituels, tenant compte des
spécificités théistes de l’obédience. Les tabliers du REAA de l’obédience adoptent
les 3 rosettes rouges ainsi que les pendillons qui rappellent les tabliers anglais.

Depuis 1976, le Suprême Conseil Pour la France est officiellement reconnu par
l’ensemble des Suprêmes Conseils du Monde, la reconnaissance du Suprême
Conseil de France lui ayant été retiré.

Le Rite Écossais Ancien et Accepté s’est facilement diffusé dans les différentes
obédiences Françaises et Européennes. Le Rite s’est diffusé de la même façon
dans les obédiences Belges depuis son introduction aux Amis Philanthropes, puis à
la Grande Loge de Belgique, enfin à la Grande Loge Régulière de Belgique,
affirmation de son universalité.

Les rituels symboliques du REAA ont évolué parallèlement à sa propagation. Je


vous propose maintenant de voir quelle a été l’évolution des rituels dits « écossais »
depuis leur introduction vers 1744 jusqu’à nos jours.

ÉVOLUTION DES RITUELS SYMBOLIQUES DEPUIS


1744 IL S’AGIT DE LA DATE DE PUBLICATION DE
LA DIVULGATION « LE PARFAIT MAÇON ». IL EST
FAIT MENTION D’UN QUATRIÈME GRADE INTITULÉ
« LE MAÎTRE ÉCOSSAIS ».
:
Le but de cette partie est de présenter l’évolution des rituels dits de Rite Écossais
e
depuis le 18 siècle. Dans un premier temps nous allons constater qu’il y a eu 4
types de rituels identifiables et distincts. Je vous propose de voir également
comment la légende d’Hiram a évolué avec le temps entre ces différents rituels.
Enfin, nous proposerons une série de critères qui permettent de définir qu’un rituel
appartient au Rite Écossais Ancien et Accepté.

LES QUATRE TYPES DE RITUELS


Il convient de constater l’évolution qu’ont subits les rituels symboliques du Rite
Écossais Ancien et Accepté. Nous devons constater que les rituels dits écossais ont
eu au moins quatre types identifiables :
e
Les rituels écossais qui étaient pratiqués au 18 siècle,
Les rituels écossais de 1804 à 1829
Les rituels écossais de 1829 à 1877
Les rituels écossais depuis 1877.

Pourquoi ces périodes ?


e
Nous avons vu que le terme « Écossais » avait une signification ambiguë au 18
siècle. Il nous appartient de voir quels étaient les rituels qui étaient utilisés sous ce
vocable.

En 1804, Grasse-Tilly apporte avec lui le Rite Ancien. Il l’intègre au Rite Écossais
Ancien et Accepté sous le nom de « Guide des Maçons Écossais ». Si nous en
croyons les fac-similés reproduits dans l’excellent numéro d’Ordo Ab Chao consacré
à l’origine et à l’évolution des Rituels Ordo Ab Chao, numéro double 39-40, Origine
et Évolution des rituels des trois premiers degrés du Rite Écossais Ancien et
Accepté, deuxième semestre 1999 du REAA, il apparaît que le Guide des Maçons
Écossais ou ses variantes ont au moins été utilisés jusqu’en 1829 Cf. Rituels des
Trois Premiers Degrés selon les Anciens Cahiers, in Ordo Ab Char 39-40, pp 297 et
suivantes. , sinon jusqu’en 1843 Cf. Rituels de la Respectable Loge « Le Progrès de
l’Océanie », numéro 124 à l’Orient d’Honolulu, In Ordo Ab Chao 39-40, pp 477 et
suivantes. .

Les rituels de la Respectable Loge « Le Progrès de l’Océanie » écrits en 1843 ont


pris une autre tournure. La légende d’Hiram se rapproche considérablement de celle
du Rite Français alors que l’ouverture et la fermeture des travaux restent identiques
:
à celles du Guide des Maçons Écossais ; il convient que nous nous y attardions
pour constater l’évolution flagrante de ces rituels.

En 1877 c’est au tour de l’ouverture et de la fermeture des travaux à être affectés


par cette évolution.

A chacune de ces périodes correspond un rituel écossais facilement identifiable que


je vais maintenant vous présenter.

 
E
LES RITUELS ÉCOSSAIS DU 18 SIÈCLE
Il est une minorité de Frères intéressés par l’histoire maçonnique qui soutient que
e
les Maçons dits « Écossais » du 18 siècle étaient issus des Loges Écossaises
géographiques et que la transmission de ces loges s’est faite en France, vers la fin
e
du 17 siècle, lorsque Jacques II Stuart a rejoint Saint Germain en Laye vers 1690.

Une légende tenace dit que Jacques II serait arrivé à Saint Germain avec sa cours
et son armée Deux régiments sont concernés par la Légende : les régiments
Irlandais Walsh et Dillon qui étaient en garnison à Saint Germain en Laye aux côtés
de Jacques II Stuart. au sein de laquelle il y avait des Loges Maçonniques. L’une
d’entre elle, La Parfaite Égalité Cette loge est toujours en activité à Saint Germain
en Laye, sous les auspices de la Grande Loge de France. Ses archives ne
e
remontent pas avant le 19 siècle. Les plus vieilles ont été perdues. fut intégrée au
Grand Orient de France le 13 mars 1777. L’obédience l’intégra et prit pour sa date
de fondation le 25 mars 1688, sans autre vérification.

Nous n’avons donc aucune preuve de l’existence d’une quelconque Loge dite «
Écossaise » en France avant 1743.
e
Mais alors, qu’appelait on une loge « écossaise » au 18 siècle ?

Il convient, je pense, de nous arrêter sur la définition du mot « écossais » tel qu’il
e
était employé au 18 siècle. En fait, nous constatons plusieurs emplois de ce terme
:

Le terme écossais pouvait signifier qu’une loge était originaire d’écosse. Ce fut
vraisemblablement un phénomène de mode. Rien ne distinguait des Loges
Françaises des Loges Écossaises si ce n’est que ces dernières s’appelaient ainsi.

Le terme écossais pouvait également signifier qu’une loge pratiquait un degré


supérieur ou encore le degré de Maître Écossais. Ce degré est mentionné dans la
divulgation intitulée « La Parfait Maçon » publié en 1744 et dont voici la reproduction
:
du passage concernant ce degré :

Secret des maçons écossais


On débite parmi les maçons, qu’il y a encore plusieurs degrés au dessus des
maîtres dont je viens de parler; les uns en comptent six en tout et d’autres vont
jusqu’à sept. Ceux qu’on appelle maçons écossais, prétendent composer le
quatrième grade. Comme cette maçonnerie, différente de l’autre en bien des
points, commence à s’accréditer en France, le public ne sera pas fâché que je
lui communique ce que j’en ai lu dans le même manuscrit, qui paraît en effet
accorder aux Écossais le degré de supériorité sur les apprentis, compagnons et
maîtres ordinaires.
Au lieu de pleurer, comme font leurs confrères, sur les débris du Temple de
Salomon, les Écossais s’occupent à le rebâtir.
Personne n’ignore qu’après soixante et dix ans de captivité dans Babylone, le
grand Cyrus permit aux Israélites de relever le Temple et la cité de Jérusalem;
que Zorobabel, de la race de David, fut constitué par lui le chef et le conducteur
de ce peuple, dans son retour en la cité sainte; que la première pierre du temple
fut posée du règne de Cyrus, mais qu’il ne fut achevé que dans la sixième
année de celui de Darius, monarque des Perses.
C’est de ce grand événement que les Écossais tirent l’époque de leur institution
et, quoiqu’ils soient postérieurs aux autres maçons de plusieurs siècles, ils se
disent supérieurs en grade. Voici sur quoi ils fondent leur prééminence.
Lorsqu’il fut question de réédifier le temple du Seigneur, Zorobabel choisit dans
les trois états de la maçonnerie les ouvriers les plus capables mais comme les
Israélites eurent beaucoup d’obstacles et de traverses souffrir pendant le cours
de leurs travaux, de la part des Samaritains et des autres nations voisines,
jamais l’ouvrage n’eût été conduit à sa fin, si ce prince n’eût eu la précaution de
créer un quatrième grade de maçons dont il fixa le nombre à 753, choisis entre
les artistes les plus excellents ; Ceux ci, non seulement avaient l’inspection sur
tous les autres, mais il étaient aussi chargés de veiller à la sûreté des
travailleurs; ils faisaient toutes les nuits la ronde, tant pour faire avancer les
travaux que pour reconnaître les embûches, ou prévenir les attaques de leurs
ennemis.
Leur emploi étant beaucoup plus pénible que celui des autres maçons, il leur fut
aussi accordé une paie plus avantageuse; et pour pouvoir les reconnaître,
Zorobabel leur donna un signe et des mots particuliers.
Le signe des Écossais se fait en portant l’index de la main droite sur la bouche,
et le second doigt de la main gauche sur le coeur.
Et, leurs paroles sont Scilo, Shelomeh abif. Le premier de ces mots n’est
:
différent du Schilo des maîtres ordinaires, que par la suppression de la lettre h,
et il exprime la même chose. Les deux autres mots Shelomeh abif, signifient en
français Salomon mon père.
Enfin, les maîtres écossais ont aussi un langage et des questions qui leur sont
propres; j’ai même ouï dire à quelques uns d’eux, que ces questions sont en
grand nombre, mais malheureusement le manuscrit de mon frère n’en rapporte
que huit.
Les voici :
D. Etes vous maître écossais ?
R. J’ai été tiré de la captivité de Babylone.
D. Qui vous a honoré du grade écossais ?
R. Le prince Zorobabel, de la race de David et de Salomon.
D. En quel temps ?
R. Soixante et dix ans après la ruine de la Cité sainte.
D. A quoi s’occupent les maçons écossais ?
R. A reconstruire le Temple de Dieu.
D. Pourquoi cela ?
R. Pour accomplir ce qui a été prédit.
D. Pourquoi les maçons écossais portent ils l’épée et le bouclier ?*
R. En mémoire de ce que, dans le temps de la reconstruction du Temple,
Neémie ordonna à tous les ouvriers d’avoir toujours l’épée au côté, et leurs
boucliers proches d’eux pendant le travail pour s’en servir en cas d’attaque de
leurs ennemis.
D. Comment a été bâti le nouveau Temple ?
R. Sur les fondements de celui de Salomon,
* Les maçons écossais portent tous un grand cordon rouge, auquel pend une
forme de Bouclier.
R. conformément à son modèle.
D. Quelle heure est il ?
R. Le Soleil se lève.
Ou bien
Le Soleil est couché.
C’est par cette dernière question que les maçons écossais ouvrent et ferment
leurs loges.

Les Loges symboliques « écossaises » pratiquaient alors un rituel dit « Moderne »


en référence à celui utilisé par la Grande Loge de Londres lorsqu’elle créa les
premières Loges en France.
:
Ainsi, nous pouvons citer l’exemple de la Respectable Loge « Le Patriotisme » à
l’Orient de La Cour Il s’agit de Versailles. . Dans son rituel (1767) cette loge se
déclare écossaise. Elle utilise comme acclamation le « houzzai » à la place du
traditionnel « vivat » utilisé dans les Loges Modernes Françaises. Cependant,
l’ensemble de son rituel reste moderne, en ce sens que les colonnes sont placées
conformément aux usages « modernes », qu’elle utilise le Maître des Cérémonies
ainsi que l’Expert…

Je souhaiterais vous faire part d’une piste de réflexion qui mérite de retenir notre
attention.

Les échanges économiques et militaires entre la France et les jeunes États-unis se


sont accrus à partir de 1774. La France a participé à sa façon à l’indépendance en
envoyant troupes et munitions. Nous pouvons penser que parmi les troupes se
trouvaient des Francs-Maçons. Les échanges s’accentuant, les militaires et
commerçants revenaient en France rapportant avec eux les rites pratiqués aux
États-unis, notamment le Rite Ancien. Aucun document n’a, à ce jour, apporté de
preuve venant confirmer cette hypothèse. Si cela s’est toutefois produit, il s’agit d’un
fait marginal.
e
Si le terme écossais peut signifier plusieurs types de Loges au 18 siècle, sa
définition change avec le développement en France du Rite Écossais Ancien et
Accepté.

LES RITUELS DE 1804 À 1829 : LE GUIDE DES MAÇONS ÉCOSSAIS


Grasse Tilly rentre de Saint-Domingue en 1804. Il apporte avec lui le Rite Écossais
e
Ancien et Accepté. Il a été reçu au 33 et dernier degré du rite, selon la circulaire de
Décembre 1802, à la date du 21 février 1802 Le 21 Février 5802 notre Illustre Frère
le Comte Alexandre François Auguste De Grasse, Inspecteur Général Délégué fut
nommé par le Suprême Conseil Grand Inspecteur Général et Grand Commandeur
des Antilles françaises ; et notre Illustre Frère Jean-Baptiste Marie De La Hogue,
Inspecteur Général Délégué, fut également reçu Grand Inspecteur Général et
nommé Lieutenant Grand Commandeur des mêmes Iles.. Il a l’autorité et le pouvoir
de créer un Suprême Conseil pour communiquer et administrer les degrés qui lui
ont été conférés.

Il fonde la Grande Loge Générale Écossaise le 27 août 1804. Il crée le Suprême


Conseil du 33e en France le 22 septembre de la même année Le Suprême Conseil
est officiellement créé en décembre 1804. .
:
La Grande Loge Générale Écossaise a eu une durée de vie de quelques mois. Née
en août, elle disparaît en février de l’année suivante lorsque le Suprême Conseil de
France passe un « concordat » avec le Grand Orient de France.

Les rituels de la Grande Loge Générale Écossaise sont différents des rituels qui
existaient en France à cette époque. En fait, ils affichent clairement une origine «
Ancienne ». Voici quelques éléments qui permettent de l’affirmer :

Utilisation des Diacres (premier et deuxième Diacres)


Inversion des mots, à savoir Bø au premier degré et Jø au second
Ce sont des Compagnons qui partent à la recherche du corps du Maître
Salomon puni les mauvais compagnons.

Les rituels de la Grande Loge Générale Écossaise sont plus connus sous la
désignation de « Guide des Maçons Écossais ». Il s’agit du premier ensemble
connu de rituels dits du Rite Écossais Ancien et Accepté.

Ces rituels ont été importés par les « Américains » dans les pays francophones, à
savoir par Grasse-Tilly, Delahogue, Hacquet lors de leurs retours du nouveau
continent.

En fait, tout porte à croire que les Frères Français installés aux États-unis y ont
découvert le Rite Ancien. Ce dernier Rite avait voyage d’Écosse et d’Irlande aux
USA profitant des afflux massifs d’immigrants.
e
Le Rite Ancien s’est développé aux États-unis à partir de la seconde moitié du 18
siècle. Il a été pratiqué de diverses manières jusqu’à ce qu’un Frère décide d’écrire
les rituels et de les harmoniser ; c’est l’œuvre de Thomas Webb. La diffusion et
l’harmonisation des rituels ont eu lieu à partir de 1797, alors que Grasse-Tilly et
d’autres étaient aux États-unis. Il est donc probable qu’ils eussent connu le Rite
Américain (et donc Ancien).

En apportant le Rite Écossais Ancien et Accepté en France, Grasse-Tilly apporte le


Rite Ancien ou tout au moins ce qu’il en connaît.

Lorsqu’il crée la Grande Loge Générale Écossaise de France, c’est ce rite qu’il
utilise.

Afin de bien montrer combien ce rite est différent du Rite Moderne (Français 1818,
selon le Régulateur de 1801), voici un tableau comparatif de l’ouverture des travaux
:
Rite « Ancien » (GLGE) – 1804 Rite Français Moderne (GODF) – 1818
:
Le Vbleø debout, chapeau en tête, frappe Les FFø étant réunis dans le local,
un coup de maillet et dit au 2eø DiacreDø habillés et décorés (l’habit d’un maçon en
… fø 2eø Diacre, quel est le Premier Loge est le tablier), le Vénø frappe un
devoir d’un macø coup de maillet. A ce signal, chaque Frère
prend place et s’y tient debout.Le Vénø
Rø … c’est de voir si la Lø est couverte
dit:
Le Vbleø dit :
Fø 1er Survø, êtes-vous maçon ?

fø 2eø Diacre, faites votre devoir.


Fø 1er Survø :

(Nota) Le fø Thuileur doit être à l’extérieur


Mes FFø me reconnaissent pour tel.
du temple pour écarter tout Profane, le
2eø Diacre se rend à la Porte du temple Tø Vénø:
et y frappe 3 coups, s’il n’y a personne, le
Quel est le premier devoir d’un Survø en
thuileur ne répond pas, alors le 2eø
Loge?
Diacre dit :
Fø 1er Survø:
Tø Vbleø la Loge est couverte.

De voir si la Loge est couverte


Le Vbleø dit :
extérieurement et intérieurement.
Dø … fø Perø Survtø, quel est le Second
(Nota: Il faut que les portes du Temple
devoir ?
soient fermées, qu’il n’y ait aucun profane
Rø Vbleø c’est de s’assurer si tous les dans la salle, et dans l’intérieur que des
membres Présents sont macø FFø qui soient membres de la Loge.)

Dø …Voulez-vous bien vous en assurer, Tø Vénø:


ff:. Perø et 2eø Survtsø ?
Faites-vous en assurer, mon Fø!
(Les Perø et 2eø Survtsø ayant fixé leur
Le 1er Survø transmet l’ordre au 2e Survø
Colonnes, et ayant vu tous les membres
qui dit au Fø Expø ou au Fø Couvreur :
à l’ordre du Grade, le 2eø Survtø dit au
« Faites votre office ! »
Perø)
Le Fø Exp, le glaive en main, ouvre la
Tous les ffø de ma Colonne sont macø
porte de l’Atø, en retire la clef, il la dépose
Le Perø Survtø dit au Vbleø : sur une table placée entre les Survø. Il
ordonne au Fø Tuileur de veiller à la
Rø … Vbleø tous les membres qui
garde extérieure dont il répond, il referme
décorent l’une et l’autre Colonne sont
la porte et se place à l’entrée intérieure du
macø
Porche.
:
Dø …f 2eø Diacre, quelle est votre Place Quand tout cela est terminé, le Fø
en Lø ? Couvreur dit à voix basse au 2e Survø:
Les travaux sont couverts.
Rø derrière le Perø Survtø ou à sa Droite
s’il veut le permettre. Le 2e Survø le répète à demi voix au Fø
1er Survø qui dit à haute voix au Très
Dø …quel est votre Devoir en cette Place
Vénø:
?
Les Travaux sont couverts extérieurement
Rø de porter les messages du Perø
et intérieurement.
Survtø au 2eø, et autour de la Lø s’il le
requiert, et veiller avec lui à ce que les ffø Le Vénø dit:
se tiennent décemment sur les colonnes.
A l’ordre, mes FFø!
Dø …fø Perø Diacre, où est votre Place
Et il continue:
en Lø ?
Quel est le deuxième devoir d’un Fø
Rø derrière le Vbleø ou à sa droite s’il
Survø en Loge ?
veut le permettre.

Fø 1er Survø:
Dø …quel est votre devoir en cette Place
? De s’assurer si tous les FFø sont à
l’ordre.
Rø de Porter les messages du Vbleø au
fø Perø Survtø, et aux officiers Dignitaires Très Vénø:
afin que les travaux soient plus vite
exécutés. Y sont-ils ?

Dø …f ø 2eø Survtø où est votre place en Le 2e Survø dit à demi voix au 1er Survø:
Lø ?
Tous les FFø sont à l’ordre à la Colø du
Rø au Sud. Nord.

Dø …Pourquoi mon fø ? 1er Survø:

Rø Pour mieux observer le soleil à son Très Vénø, tous les FFø sont à l’ordre sur
méridien, envoyer les ouvriers à la les deux Colø
Récréation, les rappeler de la Récréation
Très Vénø:
au travail, et observer s’ils arrivent au
tems fixé. A quelle heure les Maçons ouvrent-ils
leurs travaux ?
Dø …fø Perø Survtø où est votre Place ?
1er Survø:
Rø à l’Ouest.
:
Dø …quel est votre devoir en cette place A midi.
?
Très Vénø:
Rø Comme le Soleil se couche en cette
Quelle heure est-il ?
partie pour fermer la Carrière du jour, de
même, le Perø Survtø s’y tient pour 1er Survø:
fermer la Lø payer le salaire des ouvriers
et les renvoyer satisfaits. Il est Midi.

Dø …où se tient le Vbleø? Très Vénø:

Rø à l’Est. Puisqu’il est l’heure à laquelle nous


devons ouvrir nos travaux, FFø 1er et 2e
Dø …Pourquoi ? Survø, invitez les FFø de vos Colø à se
joindre à moi pour ouvrir la Loge de …, à
Rø Comme le Soleil se tourne en cette
l’Or ø de …, au Grade d’Apprenti.
Partie pour ouvrir le jour, de même le
Vbleø s’y tient pour ouvrir la Lø la diriger Les Survø répètent l’annonce.
dans les travaux et l’éclairer de ses
lumières. Le Vénø frappe sur l’Autel les trois coups
mystérieux: O O O
(Le Vbleø se tourne ensuite vers le Perø
Diacre, et font mutuellement le Signe Ces coups sont répétés par les deux
Guttural, et décline au Perø Diacre tout Survø.

bas à l’oreille, les mots sacrés)


Très Vénø:
(Le Perø Survtø le reçoit du Perø Diacre
Mes FFø, les travaux sont ouverts, prenez
qui l’envoie par son Diacre au 2 eø
vos places.
Survtø lequel après l’avoir reçu, dit en
frappant un coup !

Vbleø tout est juste et parfait.

Le Vbleø ôte son Chapeau et dit : « au


nom de Dieu et de Stø Jean d’Ecosse je
déclare cette Lø ouverte et couverte, il est
défendu de parler, quitter sa place, ni
passer d’une Colonne à l’autre, sans en
avoir obtenu la Permission sous la Peine
que la majorité de la Lø croira convenable
».

(il frappe 3 coups de maillet par tems


:
égaux • • •, remet son Chapeau et dit :

à moi mes ffø

(tous font le signe guttural, puis


applaudissent, et disent 3 fois houzé.)

Le Vbleø dit :

Prenez Place, mes ffø


Nous constatons que les rituels sont très différents. Voici les différences par étapes,
à savoir :

1. La vérification que la Loge est à couvert


2. Vérification que les Frères sont tous Apprentis
3. Instructions rituelles (âge/heure…)
4. Ouverture par le Vénérable Maître et les Surveillants

Les étapes 1 et 2 sont des constantes que l’on retrouve dans tous les rituels
Maçonniques. La première différence importante réside dans le jeu des questions
réponses et des instructions rituelles. Le Rite Moderne est simple et paraît dépouillé
à côté de l’instruction longue et verbeuse du Guide des Maçons Écossais. Dans ce
dernier rituel, 5 officiers participent activement à l’ouverture : Le Vénérable Maître,
les 2 Surveillants et les 2 Diacres. Ceux-ci remplissent une fonction importante à
l’ouverture des travaux : Ils ont pour mission de faire circuler autour de la Loge le
mot du Grade.

Autre différence importante, l’ouverture des travaux au Guide des Maçons Écossais,
rite théiste, se fait au nom de Dieu et de Saint Jean d’Écosse. Les travaux étaient
clos avec une prière explicite :

Grand Architecte, source féconde et immortelle de lumière, de bonheur et de


vertus, les ouvriers de ce temple, cédant aux mouvemens de leurs coeurs, te
rendent mille actions de grâces, et rapportent à toi tout ce qu’ils on fait de bon,
d’utile et de glorieux dans cette journée solennelle, où ils ont vu s’accroître le
nombre de leurs frères. Continue de protéger leurs travaux, et dirige-les de plus
en plus vers la perfection. Que l’harmonie, la paix et la concorde soient à jamais
le triple ciment qui leur serve à lier leur ouvrage !
Amitié, bienfaisance ! Passion des âmes nobles et sensibles ! Délicieuses
jouissances des coeurs délicats et honnêtes ! Soutenez et ornez à jamais ce
:
temple, dans lequel tous nos efforts ne tendront toujours qu’à vous fixer. Et vous
prudente discrétion ! Modeste aménité ! Soyez le constant apanage des frères
de cet At.’.; et que rentrés dans le monde civil, on reconnaisse toujours à leurs
discours, à leur maintien et à leurs actions, qu’ils sont les vrais enfans de la V.’.
Amen.

Cette prière de clôture du Rite Écossais Ancien et Accepté est inexistante au Rite
Français.

Il y a cependant entre les deux ouvertures un point commun lié à l’histoire de la


Maçonnerie : Dans aucun des deux rituels n’est considéré l’allumage des flambeaux
(ou « étoiles » selon la terminologie en usage de nos jours). Le temple était préparé
et illuminé avant l’entrée des Frères dans la Loge (d’où l’importance du tuilage à
l’entrée, afin de ne pas laisser entrer un profane dans un lieu sacré).

LES RITUELS ÉCOSSAIS DE 1829 À 1877


e
Afin de comprendre l’évolution des Rituels du REAA au 19 siècle, nous devons
revenir à une date importante pour le Suprême Conseil de France : 1821.

De 1815 à cette date, le Suprême Conseil de France avait cessé toute activité
maçonnique. Il s’était mis en sommeil. La plupart de ses membres avait rejoint le
Suprême Conseil des Rites fondé en 1815 par le Grand Orient de France, ce qui lui
avait permis de s’approprier le système dans son intégralité. Germain Hacquet,
ancien dignitaire du Suprême Conseil de France, Frère dit « Américain » en ce sens
qu’avec Grasse-Tilly et Delahogue il avait contribué à ramener le REAA des États-
unis, avait été élu Souverain Grand Commandeur de ce nouveau Suprême Conseil
souché sur le Grand Orient de France.

En 1821 le Suprême Conseil de France sort de son sommeil et reprend ses travaux.
Comme l’avait fait le « Suprême Conseil des Îles d’Amérique dans le Vent et sous le
Vent » (le Suprême Conseil de Grasse-Tilly), il crée et intègre des Loges bleues
dans sa juridiction.

Deux Loges vont ainsi être intégrées :

« La Grande Commanderie » qui portera le numéro 1 au tableau des Loges


symboliques du Suprême Conseil de France et « Les Propagateurs de la Tolérance
» sous le numéro 2.

La Grande Commanderie prendra le nom de « Grande Loge Centrale » quelques


:
mois après sa création. Elle aura pour mission d’administrer sous les auspices du
Suprême Conseil de France les ateliers symboliques de la Juridiction. Il s’agit en
quelques sortes des prémices d’un long processus qui aboutira en 1894 à la
création de la Grande Loge de France que nous connaissons à Paris.

Avec sa réorganisation structurelle, le Suprême Conseil de France réorganise le


Rite sur l’ensemble de sa hiérarchie. Il crée des loges symboliques et adapte les
rituels.

Les rituels utilisés par les loges symboliques écossaises jusqu’en 1829 étaient
principalement le Guide des Maçons Écossais.

supcons

Figure 4 : Premier Sceau du Suprême Conseil du 33e en France

En 1829, les rituels en usage au Suprême Conseil de France semblent au premier


abord très proches de ceux du Guide des Maçons Écossais. L’ouverture et la
fermeture sont comparables. Il y a cependant une différence importante : La
légende d’Hiram n’est plus celle du Guide ; elle ressemble à celle du Rite Français
avec une variante que nous pouvons penser inspirée par le Rite Ancien : Le mot
des Maîtres n’est plus connu comme au Rite Moderne, il est perdu.

Dans le cadre tu travail effectué sur ses rituels, le Suprême Conseil de France tenta
ième ième
une harmonisation de la légende d’Hiram, du 3 au 14 degré. Les deux
derniers degrés de cette hiérarchie sont véritablement importants pour l’initié car
c’est à ceux-ci qu’il retrouve l’Ancien mot des Maîtres. Ainsi, la tradition du Royal
Arch si chère aux « Ancients » reste maintenue dans un contexte différent il est vrai.
e
La Légende du 3 degré, Ancienne dans le Guide, s’intégrait mal avec les degrés 9-
11 du Rite. Voici une partie de cette légende qui nous permettra de comprendre
pourquoi le Guide, dans la réorganisation du Suprême Conseil de France, a été
abandonné :
:
Les trois assassins s’étant rejoints, ils se demandèrent réciproquement la parole
de maître; mais voyant qu’ils n’avaient pu l’obtenir, et désespérés d’avoir
commis un crime sans utilité, ils ne songèrent plus qu’à en dérober la
connaissance. À cet effet, ils enlevèrent le corps d’Hiram, et le cachèrent sous
des décombres, et dans la nuit ils le portèrent hors de Jérusalem, sur une
montagne, et l’enterrèrent. Le R.’. maître Hiram ne paraissant plus aux travaux
comme à son ordinaire, Salomon fit faire les plus exactes recherches, mais
inutilement.
Lorsque les douze compagnons qui s’étaient rétractés, soupçonnèrent la vérité,
ils se réunirent, et résolurent entr’eux d’aller trouver Salomon, avec des gants
blancs, comme le témoignage de leur innocence, et l’informèrent de ce qui
s’était passé.
Salomon envoya ces douze compagnons à la recherche de leur maître Hiram,
leur ordonna, dans le cas où ils le trouveraient, de chercher sur lui la parole de
maître, et leur observant que s’ils ne pouvaient pas la retrouver, elle était
perdue, attendu qu’il n’y avait que trois personnes qui la connussent, et qu’elle
ne pouvait être donnée que par ces trois personnes réunies, dont Hiram faisait
partie. Il leur observa, en supposant qu’il fût mort, que pour l’avenir le premier
signe et le premier mot qui seraient fait et prononcé en retrouvant et en
exhumant le corps de ce R.’. Maître, seraient substitués aux anciens signe et
mot de maître.
Ces compagnons ayant la promesse de Salomon d’être récompensés par la
maîtrise, s’ils parvenaient au but de leur recherche, partirent, et se divisèrent en
quatre bandes.
Trois allèrent vers le nord, trois au sud, trois à l’ouest et trois à l’est.
Une de ces quatre bandes descendit la rivière de Joppa : un d’eux s’étant
reposé à côté d’une roche, il entendit de terribles lamentations par l’ouverture
du rocher. Prêtant l’oreille, il entendit une voix qui disait :
Oh ! Que j’eusse eu plutôt la gorge coupée, la langue arrachée jusqu’à la
racine, et que j’eusse été enterré dans les sables de la mer à la basse marée et
à une encablure de distance du rivage où la mer flue et reflue deux fois par jour,
plutôt que d’avoir été complice de la mort de notre regretté maître Hiram !
Oh! dit un autre, que mon coeur ait été arraché de mon sein, et jeté pour servir
de proie aux vautours, plutôt que d’avoir été complice de la mort d’un aussi bon
maître!
Mais, hélas! dit Jubelum : Je l’ai frappé plus fort que vous deux, puisque c’est
moi qui l’ai tué ! Que j’eusse eu mon corps séparé en deux, une partie au midi,
une autre au nord, et mes entrailles réduites en cendres et jetées aux quatre
:
vents, plutôt que d’avoir été le meurtrier de notre respectable maître Hiram !
Ce compagnon, après avoir entendu ces plaintes lamentables, appela les deux
autres compagnons; ils convinrent entr’eux d’entrer dans l’ouverture du rocher,
de se saisir des ouvriers, et de les transporter devant le roi Salomon; ce qu’ils
exécutèrent.
Ces meurtriers avouèrent à Salomon ce qui s’était passé et le crime qu’ils
avaient commis, et témoignèrent le désir de ne pas survivre à leur forfait.
En conséquence, Salomon ordonna que leur propre sentence fût exécutée,
puisqu’ils avaient désigné eux-mêmes le genre de leur mort, et ordonna qu’il fût
fait ainsi :
Jubelas eut la gorge coupée.
Jubelos eut le coeur arraché.
Jubelos eut le corps coupé en deux parties, l’une fut jetée au nord, l’autre au
midi.
Salomon ayant ainsi vengé la mort du R.’. Maître Hiram-Abif renvoya les mêmes
compagnons pour remplir leur première mission.
Ces douze compagnons partirent une seconde fois, et voyagèrent pendant cinq
jours sans rien trouver.

La légende Ancienne n’est pas compatible avec les degrés de Maître Élu des Neufs,
Maître Élu des Quinze et Sublime Chevalier Élu du Rite Écossais Ancien et
Accepté, tout au moins dans le cadre une pratique « linéaire » du Rite. Les degrés
cités sont dits de vengeance. Le candidat doit venger le Respectable Maître tombé
sous les coups des meurtriers, il doit les retrouver, ce qui faisait double emploi avec
ième
la légende du 3 degré. L’obédience a tranché : les meurtriers sont retrouvés
dans les hauts grades.

Les degrés symboliques ont été retravaillés pour aboutir à une linéarité à peu près
er e
établie du 1 au 14 degrés du Rite. Dans ce travail que le Suprême Conseil de
France mena de 1829 à 1894 Date de fondation de la Grande Loge de France que
nous connaissons aujourd’hui. . La légende d’Hiram se trouva fortement modifiée,
très inspirée il faut le dire par le Rite Français.

LES RITUELS ÉCOSSAIS DEPUIS 1877


Une quatrième vague de modification des rituels semble être apparue à partir de
1877. Les rituels imprimés et publiés par le Suprême Conseil de France à cette date
e
préfigurent les rituels qui seront utilisés tout au long du 20 siècle.
:
L’ouverture des travaux est réduite à son élément le plus simple : vérification de la
qualité de Maçons des assistants par les Surveillants, phrases d’ouvertures rituelles.
En fait, cette version est très proche (pour ne pas dire identique) de celle du Rite
Français de 1818.

Depuis, l’ouverture s’est un peu étoffée ; des questions réponses tirées de


l’instruction sont venues la compléter. Voici l’ouverture telle que pratiquée en 2003 à
la Grande Loge Nationale Française (REAA dit Cerbu) comparée à celle du Rite
Français du Grand Orient de France en 1818.
REAA (GLNF) – 2003 Rite Français Moderne (GODF) – 1818
Vénø MøFrère, Premier Surveillant, êtes- Les FFø étant réunis dans le local,
vous maçon ? habillés et décorés (l’habit d’un maçon en
Loge est le tablier), le Vénø frappe un
1er Survø
coup de maillet. A ce signal, chaque Frère
Vénérable Maître, mes frères me prend place et s’y tient debout.Le Vénø
reconnaissent pour tel. dit :

Vénø Mø Fø 1er Survø, êtes-vous maçon ?

Quel est le premier devoir d’un Surveillant Fø 1er Survø :


en loge ?
Mes FFø me reconnaissent pour tel.

1er Survø
Tø Vénø:

C’est de s’assurer que la loge est


Quel est le premier devoir d’un Survø en
couverte extérieurement.
Loge ?
Vénø Mø
Fø 1er Survø:

Assurez-vous de cela, mon frère.


De voir si la Loge est couverte
1er Survø extérieurement et intérieurement.

Frère second Surveillant, je vous prie de (Nota: Il faut que les portes du Temple
faire voir si la loge est bien couverte. soient fermées, qu’il n’y ait aucun profane
dans la salle, et dans l’intérieur que des
2e Survø FFø qui soient membres de la Loge.)

Frère Couvreur, voyez si la loge est bien Tø Vénø:


couverte.
Faites-vous en assurer, mon Fø!
Sur cette invitation, le frère Couvreur
armé de son glaive, sort du temple, en Le 1er Survø transmet l’ordre au 2e
Survø qui dit au Fø Expø ou au Fø
:
visite l’extérieur et les avenues. Cela fait, Couvreur : « Faites votre office ! »
il rentre dans la loge et dit :
Le Fø Exp, le glaive en main, ouvre la
Couvø porte de l’Atø, en retire la clef, il la dépose
sur une table placée entre les Survø. Il
Frère second Surveillant, la loge est
ordonne au Fø Tuileur de veiller à la
couverte extérieurement.
garde extérieure dont il répond, il referme
2e Survø la porte et se place à l’entrée intérieure du
Porche.
Frère premier Surveillant, la loge est
couverte extérieurement. Quand tout cela est terminé, le Fø
Couvreur dit à voix basse au 2e Survø:
1er Survø Les travaux sont couverts.

Vénérable Maître, la loge est couverte Le 2e Survø le répète à demi voix au Fø


extérieurement. 1er Survø qui dit à haute voix au Très
Vénø:
Vénø Mø
Les Travaux sont couverts extérieurement
Frère second Surveillant : Quel est le
et intérieurement.
second devoir d’un Surveillant en Loge ?
Le Vénø dit:
2e Survø
A l’ordre, mes FFø!
Vénérable Maître c’est de voir si tous
ceux qui composent l’assemblée sont Et il continue :
maçons.
Quel est le deuxième devoir d’un Fø
Vénø Mø Survø en Loge ?

Assurez-vous en donc frères premier et Fø 1er Survø:


second Surveillants, chacun sur votre
colonne, et rendez m’en compte. De s’assurer si tous les FFø sont à
l’ordre.
Il frappe, seul, un coup et dit :
Très Vénø:
Vénø Mø
Y sont-ils ?
0 – Debout, mes frères ! Face à l’est.
Le 2e Survø dit à demi voix au 1er Survø:
2e Survø
Tous les FFø sont à l’ordre à la Colø du
0 – Frère premier Surveillant ! Tous ceux Nord.
qui décorent la colonne du nord sont
maçons. 1er Survø:
:
1er Survø Très Vénø, tous les FFø sont à l’ordre sur
les deux Colø
0 – Vénérable Maître ! Tous ceux qui
décorent les colonnes du nord et du midi Très Vénø:
sont maçons.
A quelle heure les Maçons ouvrent-ils
Le Vénérable Maître, s’étant mis à l’ordre, leurs travaux ?
ainsi que tous les frères qui sont à
1er Survø:
l’Orient, dit :
A midi.
Je reconnais aussi pour maçons tous
ceux qui sont à l’est. Très Vénø:

Prenez place mes frères. Quelle heure est-il ?

Vénø Mø 1er Survø:

Frère second Surveillant où est votre Il est Midi.


place dans la loge ?
Très Vénø:
2e Survø
Puisqu’il est l’heure à laquelle nous
Au midi. Vénérable Maître. devons ouvrir nos travaux, FFø 1er et 2e
Survø, invitez les FFø de vos Colø à se
Vénø Mø
joindre à moi pour ouvrir la Loge de …, à

Pourquoi êtes-vous placé ainsi ? l’Or ø de …, au Grade d’Apprenti.

2e Survø Les Survø répètent l’annonce.

Pour mieux observer le soleil à son Le Vénø frappe sur l’Autel les trois coups

méridien, pour envoyer les ouvriers du mystérieux: O O O


travail à la récréation et les rappeler de la
Ces coups sont répétés par les deux
récréation au travail. afin que le Maître en
Survø.
tire honneur et contentement.
Très Vénø:
Vénø Mø
Mes FFø, les travaux sont ouverts,
Frère premier Surveillant. où est votre
prenez vos places.
place dans la loge ?

1er Survø

A l’occident, Vénérable Maître.


:
Vénø Mø

Pourquoi êtes-vous placé ainsi ?

1er Survø

Comme le soleil se couche à l’ouest pour


fermer la carrière du jour, de même Le
Premier Surveillant s’y tient pour aider Le
Vénérable Maître à fermer la loge, payer
les ouvriers et les renvoyer contents et
satisfaits.

Vénø Mø

Frère Premier Surveillant où se tient Le


Vénérable Maître ?

1er Survø

A l’Orient, Vénérable Maître.

Vénø Mø

Pourquoi, mon frère ?

1er Survø

Comme le soleil se lève à l’est pour ouvrir


la carrière du jour, de même le Vénérable
Maître s’y tient pour ouvrir la loge, la
diriger dans ses travaux et l’éclairer de
ses lumières.

Vénø Mø

A quelle heure les maçons ont-ils


coutume d’ouvrir leurs travaux ?

1er Survø

A midi. Vénérable Maître.

Vénø Mø

Frère second Surveillant ! Quelle heure


:
est-il ?

2e Survø

Il est midi, Vénérable Maître.

Vénø Mø

Puisqu’il est midi, heure à laquelle


commencent les travaux des maçons,
frères premier et second Surveillants,
prévenez sur vos colonnes, comme je le
fais à l’orient, que je vais ouvrir les
travaux du premier degré.

1er Survø

0 – Frère second Surveillant, frères qui


décorez la colonne du midi, je vous
préviens que Le Vénérable Maître va
ouvrir les travaux au premier degré.

2e Survø

0 – Frères qui décorez la colonne du


Septentrion, je vous préviens que Le
Vénérable Maître va ouvrir les travaux au
premier degré.

1er Survø

L’annonce est faite, Vénérable Maître.

Vénø Mø

0 – Debout et à l’ordre, mes frères. Frères


Expert et Maître des Cérémonies,
remplissez vos offices.

Le Maître des Cérémonies précédé du


frère Expert porteur d’un glaive se rend à l
0rient par le nord, muni d’une étoile, qu’il
allume à celle qui se trouve sur le plateau
du Vénérable Maître : puis il se rend à la
:
colonnette ionique (Sagesse), et allume
l’étoile qui y est disposée.

Vénø Mø

0 – Que la sagesse préside à la


construction de notre édifice.

Le Maître des Cérémonies, toujours muni


de son étoile, se rend par le sud à la
colonnette ionique (Force) et allume
l’étoile qui y est disposée.

1er Survø

0 – Que la force l’achève !

Le Maître des Cérémonies, toujours muni


de son étoile, continue à faire le tour de la
loge par le nord, l’est et le sud, se rend à
la colonnette corinthienne (Beauté) et
allume l’étoile qui y est disposée.

2e Survø

0 – Que la beauté l’orne !

L’Expert déploie le tableau du premier


degré sur le pavé mosaïque. Un ancien
Vénérable ou, à défaut, l’Expert, se rend
devant l’autel des serments, ouvre le
Volume de la Loi Sacrée aux premiers
versets de l’Evangile de Saint-Jean, pose
dessus le compas et ensuite l’équerre, de
manière que celle-ci couvre les deux
pointes du compas, se met à l’ordre et fait
le signe.

Vénø Mø

Frappe trois coups -0-0-0

1er Survø
:
Frappe trois coups -0-0-0

2e Survø

Frappe trois coups -0-0-0

L’Expert et le Maître des Cérémonies


croisent l’épée et la canne au-dessus de
l’autel pendant l’invocation du Vénérable
Maître.

Vénø Mø

A la gloire du Grand Architecte de


l’Univers, au nom de la Franc –
Maçonnerie Universelle. sous les

auspices de la Grande Loge Nationale


Française, en vertu des pouvoirs qui
m’ont été conférés, je déclare ouverte au
grade d’apprenti cette Respectable Loge
de Saint – Jean, constituée à l’Orient de
…. sous le N° .. et le titre distinctif …

A moi mes frères, par le signe, la batterie


et l’acclamation écossaise.

O–O–O

HOUZZÉ – HOUZZÉ – HOUZZÉ

Mes frères ! Nous ne sommes plus dans


le monde profane, nous avons laissé nos
métaux à la porte du temple; élevons nos
cœurs en fraternité et que nos regards se
tournent vers la lumière!

Vénø Mø

O – Prenez place mes frères.


La comparaison des deux rituels est éloquente. Le jeu des questions/réponses est
identique d’un rituel à l’autre. Nous pouvons penser qu’ils ont une origine commune
à savoir le Rite Moderne. Voici les grandes étapes de ces rituels :
:
1. La vérification que la Loge est à couvert
2. Vérification que les Frères sont tous Apprentis
3. Instructions rituelles (âge/heure…)
4. Ouverture par le Vénérable Maître et les Surveillants

Les étapes 1 et 2 sont identiques (pour ainsi dire) entre les deux rituels présentés.
Les instructions diffèrent légèrement. Dans le REAA-GLNF, il a été ajouté une série
de questions/réponses sur les emplacements des officiers (est-ce un reliquat du
Guide des Maçons Écossais ?). Figure aussi l’allumage des colonnettes. Ce dernier
détail est important car il n’existait pas dans le Guide des Maçons Écossais ni dans
e
les rituels Français du 18 siècle.
e e
En fait, au 18 et 19 siècle, les temples étaient préparés et prêts avant l’entrée des
Frères Dans le Guide des Maçons Écossais, le Frère ayant l’office d’« Architecte du
Temple » était dévolu à cette tâche. . Les flambeaux (que nous appelons aujourd’hui
« étoiles ») étaient allumés, les trois grandes lumières, lorsqu’elles existaient,
étaient déjà disposées. Il semble normal que l’allumage des colonnettes ne figure
pas à l’ouverture des travaux au rite Français. La pratique de l’allumage des
colonnettes est apparemment un emprunt aux Rite Écossais Rectifié et par là même
à l’Ordre des Élus Coen.

Concernant l’ouverture, le REAA utilise l’acclamation dite « écossaise », à savoir


houzza (que nous pouvons trouver sous la forme de oz’zé, huzza ou encore oshé
selon les rituels). Cette acclamation a été utilisée dans les loges qui se disaient
e
écossaises au 18 siècle. Nous pourrions citer la Respectable Loge « Le
Patriotisme » à l’Orient de la Cour (Versailles) qui pratiquait un rituel
vraisemblablement Moderne (J pour les Apprentis et B pour les Compagnons) et qui
utilisait l’acclamation « Huzza » à l’ouverture des travaux.

Les modifications apportées aux rituels symboliques du Rite Écossais Ancien &
Accepté afin d’harmoniser les degrés 3 à 14 conjuguées à la double influence
Ancienne et Moderne des ces rituels ont créé une véritable incohérence dans la
Légende d’Hiram qu’il convient, me semble t’il, de souligner. Ambiguïté ou rupture,
la légende d’Hiram n’est plus cohérente. Je vous propose de l’étudier. Nous verrons
ensuite comment nous pourrions simplement la corriger.

LA RUPTURE DE LA LÉGENDE D’HIRAM


 
:
UNE AMBIGÜITÉ AFFICHÉE
Dans les loges symboliques qui pratiquent le Rite Écossais Ancien et Accepté, une
e
sorte d’incohérence apparaît au 3 degré, au moment de l’exaltation.

Voici la légende aujourd’hui contée dans les Loges de la Grande Loge Nationale
Française et dans celles de la Grande Loge de France (les rituels de ces deux
obédiences sont pour ainsi dire identiques) :

Mes FFø ! Depuis le fatal événement qui nous a privé du Maître, le monde est
demeuré dans les ténèbres les plus épaisses ; tous les travaux sont suspendus.
Ne pourrions-nous donc rien entreprendre pour recouvrer la lumière ?
Mais, qui ne serait découragé à l’aspect d’un si funeste sort ?
Si l’homme d’une vertu si éminente a dû succomber, quel espoir aurions-nous
d’être plus heureux ?
Lui seul, d’ailleurs, possédait le secret de l’oeuvre commencée; qui oserait se
présenter pour lui succéder ?
Cependant, mes FFø, ne perdons pas courage ! Après avoir pleuré notre
Maître, cherchons ses restes que les meurtriers ont sans doute cachés, afin de
rendre à sa dépouille mortelle les honneurs qui lui sont dus. Peut-être
recueillerons-nous quelques traces de sa science; la Lumière peut reparaître
encore !
Voyagez, mes FFø, de l’Occident à l’Orient, du Septentrion au Midi, jusqu’à ce
que vous ayez découvert le lieu sacré où les indignes scélérats ont pu déposer
le corps de notre Respectable Maître !
(Les Vénérables Maîtres Expert et Maître des Cérémonies suivis de sept
VVøMMø, font par trois fois, dextrorsum, le tour de la Loge. Ils s’arrêtent
ensuite, de manière que l’Expert se trouve près de la branche d’acacia).
Cet arbre funéraire, cet acacia, annonce une sépulture. Il n’y a pas longtemps
qu’il est planté; peut-être ombrage-t-il le tombeau de notre Respectable Maître
HIRAM…
Oui ! Il est dit que la Connaissance repose à l’ombre de l’acacia ! Ce lieu désert
me porte à croire que ce pourrait être, en effet, le tombeau de notre Maître.
Mais, que vois-je ? Une équerre et un compas qui paraissent y avoir été placés
à dessein, ne me laissent plus aucun doute ! Gardons-nous donc de toucher à
cette terre jusqu’à ce que nous ayons averti le Maître !
Que trois FFø demeurent ici, tandis que nous allons rendre compte de notre
découverte.
(Trois Maîtres se placent autour du cercueil, deux à la tête, à droite et à gauche
et le troisième au pied, la face tournée vers le corps. Le Fø Expert, le Fø Maître
:
des Cérémonies et les autres Maîtres retournent à leur place).

La question que ce pose le nouveau Maître Maçon est celle-ci : Pourquoi Salomon
envoie t’il des Frères Maîtres chercher la Parole des Maîtres ? Si ils sont Maîtres,
n’en sont ils pas pourvus ?

En fait, une lecture attentive de cette partie du rituel nous montre qu’il n’est pas
précisé qui Salomon envoie à la recherche du corps. S’agit il de Compagnons ou de
Maîtres ?

Ambigüité assurément. En fait l’ambigüité de la légende ainsi présentée est suscitée


par la double origine de ces rituels à la fois Anciens et Modernes.

Voici la légende Ancienne, telle qu’elle apparaît au Rite Anglais (dit Émulation).

Nous nous sommes interrompus dans notre histoire traditionnelle au récit de la


mort de notre Maître H. A.. Une perte aussi importante que celle du principal
Architecte ne pouvait manquer de se faire sentir partout et très sérieusement.
L’absence des plans et des instructions qui avaient été jusque là régulièrement
distribués aux différentes classes d’ouvriers fut le premier indice qu’un grand
malheur avait du frapper notre Maître.
Les Ménatschins ou Intendants, autrement dit les chefs de chantier, déléguèrent
les plus qualifiés au Roi Salomon pour lui faire part de l’extrême confusion dans
laquelle l’absence d’H. les plongeait et pour lui dire qu’ils avaient lieu de
craindre qu’une disparition si soudaine et si mystérieuse ne fut la conséquence
de quelque catastrophe fatale.
Le Roi Salomon ordonna immédiatement de faire un appel général de tous les
ouvriers appartenant aux différentes sections.
Trois ne répondirent pas à l’appel. Le même jour, les douze compagnons qui
avaient été à l’origine associés à la conspiration se présentèrent devant le Roi
et confessèrent volontairement tout ce qui s’était passé jusqu’au moment où ils
avaient cessé d’en faire partie. Cette confession augmenta naturellement les
craintes du Roi Salomon pour la sûreté de son principal Architecte. Il choisit
donc quinze fidèles compagnons et leur commanda de se mettre en quête de
notre Maître et de chercher à découvrir s’il était encore en vie, ou s’il avait péri
victime de la tentative faite pour lui arracher les secrets de son grade éminent.
En conséquence, après avoir fixé la date de leur retour à Jérusalem, ils se
formèrent en trois Loges de compagnons et se mirent en route en prenant pour
point de départ les trois portes du Temple. Bien des jours passèrent en vaines
:
recherches ; une des sections même revint sans avoir fait aucune découverte
importante.
Une autre cependant eut davantage de succès, le soir d’un certain jour, après
les fatigues et les privations les plus grandes, un des FF. qui s’était étendu sur
le sol afin de se reposer, saisit pour se relever, la branche d’un arbuste qui se
trouvait près de lui ; mais à sa grande surprise, l’arbuste céda et fut déraciné
sans effort. Après un examen plus attentif, il s’aperçut que la terre avait été
fraîchement remuée. Il appela donc ses compagnons, creusèrent la terre et y
trouvèrent le corps de notre Maître qui y avait été indignement enfoui. Ils le
recouvrirent avec le plus grand respect et la plus grande vénération et, pour
marquer l’endroit, plantèrent une branche d’acacia en tête de la fosse. Puis ils
partirent en toute hâte pour Jérusalem, afin d’annoncer la triste nouvelle au Roi
Salomon.
Le Roi, après avoir donné un premier cours à sa douleur, leur ordonna de
retourner à la fosse, de relever notre Maître et de l’honorer d’une sépulture qui
convint mieux à son rang élevé à ses grands talents. En même temps, il leur
annonça que par la mort prématurée du Maître, les secrets du M.M; étaient
perdus. Ils accomplirent leur tâche avec la plus grande fidélité ; lorsque la fosse
fut ouverte de nouveau, un des FF., en tournant la tête, (le V.M. se lève)
remarqua quelques-uns des FF. dans cette attitude (le V.M. fait le signe
d’Horreur et s’assure que le candidat copie) frappés d’horreur à la vue du
spectacle affreux et navrant qu’ils avaient devant eux (le V.M. cesse le signe
d’horreur) tandis que d’autres, contemplant l’horrible blessure visible encore sur
le front de notre Maître, se frappèrent le front (le V.M. fait le signe de
Compassion et le candidat copie) afin d’exprimer la compassion qu’ils
éprouvaient pour ses souffrances (le V.M. cesse le signe de compassion et se
rassied).. Deux des FF. descendirent alors dans la fosse et s’efforcèrent de le
relever au moyen de l’attouchement d’apprenti, mais la chair quitta les os, puis
au moyen de l’attouchement de compagnon, mais la chair quitta encore les os.
Voyant qu’ils avaient échoué tous deux, un Frère zélé et expérimenté saisit plus
solidement notre Maître par le poignet et aidé des deux premiers, releva notre
Maître au moyen des cinq points parfaits, tandis que d’autres, entraînés par
l’émotion, s’écrièrent …….ou……… Ces deux mots ont presque le même sens,
l’un signifie la mort de l’Architecte et l’autre, l’Architecte est mort. Le Roi
Salomon ordonna donc que ces signes accidentels, cet attouchement et ces
mots serviraient à désigner les MM. dans tout l’Univers, jusqu’à ce que le temps
ou les circonstances fissent retrouver les authentiques.
Il ne me reste plus qu’à vous rendre compte de ce qui arriva à la troisième
section qui avait poursuivi ses recherches dans la direction de Joppé et
:
songeait à retourner à Jérusalem lorsqu’un jour, en passant par hasard devant
l’entrée d’une caverne, ils entendirent des lamentations et des exclamations de
remords. Ils pénétrèrent dans la caverne pour en chercher la cause et y
trouvèrent trois hommes dont le signalement correspondait à la description des
fugitifs. Accusés du meurtre et voyant que la retraite leur était coupée, ils firent
un aveu complet de leur crime. Ils furent alors chargés de liens et conduits à
Jérusalem où le Roi Salomon les condamna à la mort que l’atrocité de leur
crime avait si amplement méritée.

Nous constatons que Salomon envoie des Compagnons chercher le corps d’Hiram.
Il y a alors 3 Maîtres uniquement : Hiram Abif, Salomon et Hiram de Tyr. La légende
précise que chacun de ces Maîtres est en possession d’une partie du mot des
Maîtres et que si l’un d’eux vient à manquer, le mot, la parole est perdue.

Cette légende justifie de degré de Royal Arch (qu’il s’agisse du degré de Sainte
Arche Royale de Jérusalem tel que pratiqué dans les obédiences Anglo-saxonnes,
e
du 13 degré du Rite Écossais Ancien et Accepté, voire du Maître Écossais de
Saint André au Rite Écossais Rectifié). C’est à ce degré que le mot des Maîtres est
retrouvé.

La légende Moderne est autre. La voici :

M:. F:., les compagnons n’eurent pas plutôt commis leur crime qu’ils en
sentirent toute l’énormité. Afin d’en dérober la trace, s’il était possible, ils
emportèrent le corps d’Hiram à quelque distance des travaux, et l’enterrèrent
dans une fosse faite à la hâte, se promettant de venir l’enterrer au premier
moment favorable et de le transporter bien loin; et pour reconnaître facilement
l’endroit, ils y plantèrent une branche d’acacia.
Les Maîtres s’aperçurent bientôt de l’absence d’Hiram.
Trois Maîtres partirent par la porte d’Orient, trois par la porte du Midi, et trois par
celle d’Occident. Ils convinrent de ne pas s’écarter les uns des autres plus loin
que la portée de la voix. Au lever du soleil, l’un d’eux aperçut une vapeur qui
s’élevait de la campagne, à quelque distance. Ce phénomène fixa son attention;
il en fit part aux autres Maîtres, et tous s’approchèrent de l’endroit d’où sortait
cette vapeur. Au premier aspect, ils virent une petite élévation, et reconnurent
que la terre avait été fraîchement remuée, ce qui confirma leur soupçon; la
branche d’acacia qui céda aux premiers efforts ne leur permit plus de douter
qu’elle ne servit d’indice pour reconnaître l’endroit : ils se mirent à fouiller, et
bientôt, ils trouvèrent le corps de notre Resp:. Maître déjà corrompu, et
:
reconnurent qu’il avait été assassiné.
Il était à craindre que les assassins n’eussent, à force de tourments, arraché à
Hiram les signes et mots de Maître : ils convinrent donc que le premier signe et
le premier mot qui leur échapperaient lors de l’exhumation, seraient, par la suite,
le signe et le mot de reconnaissance parmi les Maîtres.
Ils se revêtirent de tabliers et de gants de peau blanche, pour témoigner qu’ils
n’avaient point trempé leurs mains dans le sang innocent, et députèrent l’un
d’eux à Salomon pour l’instruire de la découverte du corps d’Hiram.
Salomon, instruit du crime affreux qui l’avait privé d’un ami et du chef des
travaux, à la perfection desquels il mettait toute son ambition, se livra à la plus
vive douleur: il déchira ses vêtements et jura qu’il tirerait une vengeance
éclatante d’un forfait aussi noir.
Il ordonna un deuil général parmi les ouvriers du Temple. Il envoya exhumer le
corps avec pompe par des Maîtres, lui fit de magnifiques funérailles et le fit
déposer dans un tombeau de trois pieds de large, sur cinq de profondeur et sept
de longueur. Il fit incruster dessus un triangle de l’or le plus pur, et fit graver au
milieu du triangle l’ancien mot de Maître, qui était un des noms hébreux du
G:.A:.D:.L’U:.; et ordonna que les mots, signe et attouchement soient changés
et qu’on y substituerait ceux dont les neuf Maîtres étaient convenus.

Cette légende ne présente également aucune ambiguïté. Les Maîtres connaissent


l’ancien mot des Maîtres mais par mesure de prudence (la vertu du Maître) ils lui
substituent une nouvelle parole.

Au Rite Moderne, l’ancien mot des Maîtres apparaît au cours de l’exaltation gravé
dans une lame d’or triangulaire incrustée sur le couvercle du catafalque dans lequel
le candidat est allongé. Lorsque le catafalque est fermé, le nom du « défunt »
apparaît sur le catafalque : Jehova.
:
image

Figure 5 : Tableau de Loge sur lequel figure l’ancien mot des Maîtres.

En ce sens, aucun degré dit « supérieur » n’est nécessaire pour retrouver ce qui
aurait été perdu. Les Maîtres partent ainsi à la recherche d’Hiram et non du mot.

En tant que rite « universel », le Rite Écossais Ancien et Accepté a puisé dans les
origines Anciennes et Modernes des rituels. La Légende utilisée aujourd’hui
empruntant dans les deux traditions crée une ambiguïté qui n’est jamais résolue.

La légende telle qu’elle est présentée aujourd’hui est résolument moderne. Le seul
fait que Salomon envoie 9 Maîtres à la recherche d’Hiram permet de justifier cette
affirmation. La légende Ancienne aurait envoyé 12 compagnons à la recherche du «
secret » du Maître.

Le Guide des Maçons Écossais n’échappe pas à cette « incohérence ». Dans le


Guide, Hiram envoie 12 compagnons (les 12 compagnons de la Légende Ancienne)
qui ramènent les assassins à Salomon. Celui-ci envoie ensuite 9 Maîtres à la
recherche du « secret » d’Hiram.

La problématique du Maître Maçon se résume alors en une interrogation : Aurais-je


en moi la Parole Perdue ? Cette question est l’objet même de la démarche
:
initiatique. Encore faudrait il pouvoir avoir ne serait ce qu’une idée de ce que peut
être la Parole Perdue.

QUELLE ALTERNATIVE PROPOSER ?


Avant de proposer une alternative ou une « adaptation » de la légende d’Hiram en
fonction d’une orientation précise, nous devons retourner aux sources du Rite afin
de bien comprendre comment nous en sommes arrivé là.

En fait, il est intéressant de savoir quelles sont les origines du Rite Écossais Ancien
et Accepté. Est il véritablement d’origine « Ancienne » comme son nom tendrait à
nous le laisser supposer ?

Lorsque le Rite Écossais Ancien et Accepté est créé aux États-unis, les Grandes
Loges Américaines existent depuis quelques années. Il n’est pas exceptionnel de
trouver sur un même État une Grande Loge des Ancien et une autre des Modernes.

Le fondateur du Suprême Conseil de France, Grasse-Tilly, appartient aux deux


Maçonneries qu’il connaît bien. En 1796 il participe en Caroline du Sud à la
fondation d’une Loge de Rite Moderne : La Candeur La Candeur reçoit sa patente
de la Grande Loge des Modernes de Caroline du Sud le 21 janvier 1798. , dans
laquelle il est Vénérable Maître et dont il démissionnera quelques années plus tard.

Lorsqu’il rentre sur le vieux continent, il apporte avec lui un rite symbolique qu’il
avait également pratiqué et qui semble l’avoir séduit : Le Rite Ancien. Ce rite l’a
suffisamment intéressé au point qu’il lui consacre une partie dans la rédaction de
son « thuileur Cf. Fac-similé du « Thuileur de Grasse-Tilly » publié par le Suprême
Conseil Pour la France (rue Villers), 2003. » en 1819. Grasse-Tilly l’avait pratiqué
lorsqu’il avait fondé la Respectable Loge « La Réunion Française » sous le numéro
45 de la Grande Loge des Ancients York Masons (la Grande Loge Ancienne de
Caroline du Sud).

D’autres éléments viennent nous conforter dans le fait que les degrés du Rite
Écossais Ancien et Accepté n’ont pas spécifiquement une origine « Ancienne ».

Le premier de ces éléments est le premier paragraphe de la Circulaire aux Deux


Hémisphères de 1802 :

De l’Orient du Grand et Suprême Conseil des Très Puissants Souverains,


Grands Inspecteurs Généraux, sous la Voûte Céleste du Zénith situé par 32
deg. 45 Min. de L.N A nos Illustres, très Vaillants et Sublimes Princes du Royal
:
Secret, Chevaliers K.H, Illustres Princes et Chevaliers, Grands, Ineffables et
Sublimes Maçons, Francs Maçons Acceptés de tous les degrés, Anciens et
Modernes, répandus à la surface des deux Hémisphères. A tous ceux auxquels
parviendra cette correspondance : Santé Constance et Vigueur

La Circulaire est indifféremment adressée aux Francs-Maçons Acceptés de tous les


degrés, Anciens et Modernes. Nous pouvons comprendre que le Rite Écossais
Ancien Accepté se situe au-delà des querelles des rites symboliques. Au-delà des
degrés symboliques ? Assurément. Grasse-Tilly dans son « Thuileur » fait
e
commencer le Rite Écossais Ancien et Accepté au 4 degré, celui de Maître Secret.
Ceux qui voyagent savent qu’aux États-unis le Rite Écossais Ancien & Accepté
e
(Ancient & Accepted Scottish Rite) commence au 4 degré Il existe quelques loges
historiques en Louisiane qui pratiquent le REAA symbolique. Elles seraient au
nombre de 19 (source la mailing list de la Société des Philalèthes). .

J’ai eu la chance d’avoir une copie d’un rituel récemment publié aux États-unis. Il
s’agirait d’une reproduction du premier rituel du Maître Secret, publié en 1801. Il est
intéressant de lire une partie de l’instruction du degré qui « éclaire » l’origine du Rite
Écossais Ancien & Accepté.

Voici donc un extrait de l’instruction au Maître Secret, « 4e degré de la première


série de rituels (1801) de la Juridiction Sud des États-unis d’Amérique à Charleston,
Caroline du Sud, appelé Maître Secret ».

Q. En quel lieu avez-vous été reçus ?


R. Dans le Saint des Saints.
Q. Qui vous a fait ?
R. Salomon, avec Adoniram l’Inspecteur des travaux.
Q. Qu’avez-vous perçu en entrant dans le Saint des Saints ?
R. Un Delta brillant, incluant certains caractères hébraïques, dont émanaient les
neuf rayons de la Sheckina, chacun étant l’initiale d’un Nom Divin comme dérivé
d’un attribut ; et le tout entouré par un Grand Cercle.
Q. Dites-moi, je vous prie, quelle est la signification de ces caractères
hébraïques dans le Delta ?
R. Ils décrivent le nom Inexprimable et réel du Grand Architecte de l’Univers,
que l’on a interdit de prononcer selon une loi de Moïse, et dont, par la suite,
nous avons perdu la vraie prononciation.
Q. C’est vrai, mon Frère, la juste prononciation de ces caractères a été perdue à
tous, mais les Grands Élus Parfaits et Sublimes Maçons, une connaissance,
:
dont j’espère, vous acquerrez en vertu de votre attachement à notre Ordre et de
votre ardeur dans l’accomplissement des devoirs de votre obligation. Mais
pouvez-vous, je vous prie me dire quels sont ces noms, dont vous avez vu les
initiales dans les neuf rayons de la Sheckina ?
R. Ceux que Dieu a donnés lui-même quand il a parlé à Moïse sur le mont
Sinaï, lui annonçant, en même temps, que sa destinée future, un jour, serait de
connaître son nom réel.

Nous constatons à la lecture de cette instruction que le postulant, en entrant dans le


Saint des Saints, a aperçu un Delta brillant incluant certains caractères hébraïques.
Ces caractères décrivent le nom inexprimable et réel du Grand Architecte de
l’Univers nous dit l’instruction.

Cette description nous rappelle évidemment la lame d’Or qui figure sur le catafalque
lors de la réception au Grade de Maître du Rite Moderne. Nous pouvons donc en
déduire qu’il s’agit là de la Parole dite Perdue.

La description ainsi tournée est maçonniquement universelle ; elle permet aux


Frères venant des Rites Anciens ou Modernes d’approfondir leur démarche grâce à
un système de hauts grades qui est « compatible » avec l’ensemble des rites
symboliques existants. Certains Suprêmes Conseils ont malheureusement supprimé
Ou bien il apparaît de façon très discrète comme bijou du Trois Fois Puissant
Maître, face tournée vers lui, dissimulant ainsi le Nom ineffable. le symbole du Delta
e
au 4 degré.

Dans la pratique du Rite Écossais Ancien & Accepté en Loge symbolique, une
modification doit être effectuée afin de rendre cohérente la légende d’Hiram.

Compte tenu de la double origine des rituels, les modifications ne doivent pas
laisser de place à l’ambiguïté. Ces modifications peuvent être double :

1. Modification « Ancienne » de la Légende, auquel cas ce sont des Compagnons


qui partent à la recherche d’Hiram, non plus des Maîtres.
2. Modification « Moderne » de la Légende : La parole n’est plus perdue mais «
substituée » au cas où le Maître aurait parlé. L’ancien mot des Maîtres est alors
connu du Maître Maçon.

Ces évolutions et comparaisons de rituels doivent nous amener à l’interrogation


suivante : Quels sont les critères qui permettent de définir un rituel du Rite Écossais
Ancien et Accepté ?
:
 

CRITÈRES PERMETTANT DE DÉFINIR UN RITUEL DU REAA


Pourquoi définir des critères qui permettent à un rituel de se dire du REAA ? Nous
avons vu qu’il existe en Europe plusieurs versions des degrés symboliques de ce
rite et qu’ils n’ont pas tous la même « consistance », si je puis m’exprimer ainsi.
L’idée serait de pouvoir extraire de l’ensemble de ces rituels des « tendances »
communes. L’ensemble de ces tendances permettraient de définir les Rituels
Symboliques du Rite Écossais Ancien et Accepté.

Les critères se définissent en 3 typologies : Les aspect purement rituéliques (liés au


rituel et à sa pratique en tant que tel), les décors des Frères ainsi que les règles
qu’ils doivent observer dans le fonctionnement de la Loge.

LES ASPECTS RITUÉLIQUES


Il est difficile de trouver un symbole Nous aurions pu citer les listes, les colonnes,
les Trois Grandes Lumières, les piliers ou colonnettes, l’autel des serments, les
luminaires, le tapi de loge, le pavé mosaïque, la houppe dentelée, les chandeliers,
le delta rayonnant, la place des officiers, etc. Il apparaît que tous ces symboles
existaient déjà dans d’autres rites lorsque les rituels du REAA ont été créés. propre
aux loges bleues du Rite Écossais Ancien et Accepté. Grâce à mes différentes
pérégrinations, je pense avoir trouvé quelques constantes. Une loge serait dite du
REAA lorsqu’elle utilise simultanément :

· Les Trois Grandes Lumières de la Franc-Maçonnerie (Bible ouverte à l’Évangile de


Jean, Équerre et Compas). Les Trois Grandes Lumières sont généralement
disposées sur l’autel des Serments. La Bible est ouverte à l’évangile de Jean. Des
Loges Féminines ou d’obédiences qui se définissent comme « adogmatiques » ont
remplacé l’Évangile de Jean par la Règle ou un autre Volume (livre blanc,
constitutions de l’obédience…). Il conviendrait peut être de rappeler ici que la
Maçonnerie du REAA gravite autour de l’Évangile de Jean. Cet Évangile placé dans
une Loge symbolise à lui seul le passage de l’Ancienne à la Nouvelle Alliance. Il y
aurait fort à dire sur ce symbole ; nous ne le développerons cependant pas ici.

· Les colonnes B&J (B pour les Apprentis et J pour les Compagnons). Elles sont
placées à l’ancienne. En fait, le REAA est le seul rite d’Europe « continentale » à
avoir conservé la disposition « ancienne » des colonnes.

· Le Tableau du degré est visible dans la Loge, souvent entouré des 3 colonnettes «
:
Beauté », « Force » et « Sagesse ». Les colonnettes peuvent cependant être
disposées différemment, autour de l’autel des serments par exemple.

image

Figure 6 : Tableau de la Respectable Loge « La Grande Triade », GLDF

Pourquoi ne pas avoir parlé de l’emplacement des Surveillants, comme au Rite


Ancien ? Il existe des Loges dites du REAA qui placent leurs Surveillants à
l’Occident, comme au Rite Moderne. D’ailleurs, dans les Hauts Grades les
Surveillants, lorsqu’il y en a deux, sont souvent positionnés à l’Occident.

LES DÉCORS
Existe t’ils des décors typiques du REAA ? En France, l’usage imposé par le
e
Suprême Conseil de France au 19 siècle veut que les Frères portent un tablier
blanc bordé de rouge et si ils le souhaitent, les Frères portent un baudrier bleu
bordé de rouge. Sur le Tablier figurent les lettres MB (tablier traditionnel) ou bien
trois rosettes rouges (tablier de style Anglais).
:
image image

Figure 7 : Figure 8 :
Tablier traditionnel du REAA Tablier de style « Anglais » du REAA
En Suisse, il n’existe pas de règle, chaque loge adoptant le tablier de son choix
(certaines loges du REAA ont un tablier vert).

A la Grande Loge Régulière de Belgique, les Frères qui pratiquent le REAA en loge
symbolique portent l’un des deux tabliers ci-dessus et parfois un baudrier bleu.

Selon le tuileur d’Abraham, les premiers tabliers du REAA étaient blancs, bordés
de bleu avec un soleil au milieu de la bavette.

La règle la plus généralement admise veut que les Frères portent un tablier bordé
de rouge. Cette règle est à priori la seule qui soit acceptable.

Ce rite s’inscrivant dans le cadre d’une Maçonnerie de Traditions, la tenue sombre


et le port des gants restent en usage. Au degré de Maître Maçon, les Frères portent
traditionnellement le titre de « Vénérable Maître ». De fait, ils sont couverts. Il n’y a
pas de critères précis pour le chapeau.

Voyons maintenant quelles sont les règles applicables en loge symbolique du


REAA.

LES LOIS ET RÈGLES APPLICABLES EN LOGES SYMBOLIQUES


Les Règles applicables au REAA sont celles qui sont définies par les Suprêmes
Conseils réunis en Convent. Les deux plus marquants ont assurément été
Lausanne (1875) et Barranquilla (1970), le second venant annuler les résolutions du
premier.

Ainsi, nombreux restent les Maçons qui pensent que le Rite Écossais Ancien et
Accepté possède une définition du Grand Architecte de l’Univers qui lui est propre,
se référant ainsi au texte du Convent de Lausanne (1875).

La définition du Grand Architecte de l’Univers est d’abord celle de l’obédience à


laquelle nous appartenons. A la Grande Loge Régulière de Belgique, le Grand
Architecte de l’Univers est Dieu, quelle que soit l’acceptation du mot « Dieu ». Les
:
Suprêmes Conseils du Rite Écossais Ancien et Accepté ont défini en 1970 lors du
Convent de Barranquilla (Colombie) que le Grand Architecte de l’Univers est Dieu,
conformément à la Tradition.

Au sein de la Loge, les règles constatées sont :

Les Apprentis peuvent assister aux tenues. Ils doivent garder le silence pendant une
période allant de 1 à 3 ans. Ils ne peuvent pas voter. Le passage au grade de
Compagnon se fait sur proposition du deuxième Surveillant, après un travail
symbolique. La proposition est soumise au vote de la Chambre du Milieu. Ils siègent
sur la colonne du Nord.

Les Compagnons assistent aux tenues. Ils peuvent prendre la parole mais n’ont pas
le droit de voter. Comme au grade précédent, leur augmentation de salaire se fait
après l’audition d’un travail symbolique, avec un vote de la Chambre du Milieu sur
proposition du Frère premier Surveillant. La durée du Compagnonnage s’étend de 1
à 3 ans. Ils siègent sur la colonne du Sud.

Les Maîtres participent aux tenues. Ils prennent la parole et votent sur les
propositions du Frère Orateur.

La prise de parole s’opère par triangulation. Les Frères qui siègent sur la colonne du
Nord demandent la parole au deuxième Surveillant. Les Frères de la colonne du
Sud demandent la parole au premier Surveillant. Les Surveillant demandent alors la
parole au Vénérable Maître pour eux ou pour les Frères de leurs colonnes ; elle leur
est généralement accordée.

Au troisième degré la prise de parole est moins codifiée ; elle varie en fait selon les
Loges.
e
Dans certaines Loges, les Vénérables Maîtres Titre des Frères au 3 degré.
demandent directement la parole au Très Vénérable Maître Titre du Vénérable
e
Maître au 3 degré. . Dans d’autres loges, la règle de triangulation est conservée.

Les autres règles sont celles en vigueur dans les différentes obédiences.

Nous avons vu que les rituels ont évolué dans l’espace avec une diffusion
progressive au sein des différentes obédiences qui se sont constituées, mais aussi
dans le temps par une lente transformation du contenu même des rituels. Nous
:
avons ainsi pu distinguer 4 types de rituels dits écossais. L’évolution de ceux du Rite
Écossais Ancien et Accepté, forts de leur double influence des Anciens et des
Modernes, n’a pas été homogène. Le remaniement des rituels a influé sur leur
contenu, créant parfois quelques ambiguïtés qu’une petite modification pourrait
assurément corriger. Nous avons constaté qu’il est délicat de dresser une liste des
spécificités symboliques de ce rite, compte tenu de ses multiples origines.

CONCLUSION
Le Rite Écossais Ancien et Accepté est il un Rite Universel ? Assurément, sous bien
des angles.

D’abord, dans ses textes fondateurs, le Rite se présente comme fédérateur des
différents systèmes écossais qui existaient. Il se présente aussi comme étant au
dessus des clivages qui animent la Franc-Maçonnerie. Il s’adresse à tous, sans
distinction de rite ni de degré. Il reconnaît la pratique de degrés annexes, non
intégrés dans la hiérarchie officielle des degrés.

Ensuite, ce rite s’est diffusé rapidement dans les différentes obédiences Françaises
(et Européennes, mais est il nécessaire de le rappeler ?), s’adaptant aux spécificités
de chacune d’entre elles.
ième
Enfin, ce rite a évolué dans le sens d’une harmonisation des degrés du 3 au
ième
14 , parfois en dépit des origines « Anciennes » de ses premiers rituels
symboliques, créant une légende d’Hiram incertaine. Nous avons constaté que cette
harmonisation a été inspirée par les rituels du Rite Français et qu’il suffirait d’une
légère et indolore modification de l’actuelle légende pour que toute ambiguïté soit
levée.

Nous avons vu combien il est difficile de trouver des éléments communs aux
différentes pratiques de ce rite. Du Guide des Maçons Écossais aux rituels dits «
Cerbu » à la GLNF, les pratiques peuvent fortement différer d’une Loge à l’autre.

Cependant, ce rite est pratiqué avec le souci d’une transmission authentique d’une
tradition héritée de la Chevalerie et des Bâtisseurs de Cathédrale.

Loin d’être une suite linéaire de degrés, fort de son universalité, le Rite Écossais
Ancien & Accepté se comporte comme une fenêtre ouverte sur la Maçonnerie et les
e
degrés pratiqués au 18 siècle et à ce titre, les dirigeants de notre Suprême Conseil
en sont les véritables conservateurs.
:
Rite alliant tradition et évolution, le Rite Écossais Ancien & Accepté est aujourd’hui
le rite le plus pratiqué en France.

ANNEXES
LA CIRCULAIRE AUX DEUX HÉMISPHÈRES (DÉC. 1802,
TRADUCTION ATTRIBUÉE À H. GRÉVEN)
UNIVERSI TERRARUM ORBIS ARCHITECTONIS GLORIA AB INGENTIS

Deus Meumque Jus

ORDO AB CHAO

De l’Orient du Grand et Suprême Conseil des Très Puissants Souverains,

Grands Inspecteurs Généraux, sous la Voûte Céleste du Zénith situé par 32 deg. 45
Min. de L.N A nos Illustres, très Vaillants et Sublimes Princes du Royal Secret,
Chevaliers K.H, Illustres Princes et Chevaliers, Grands, Ineffables et Sublimes
Maçons, Francs Maçons Acceptés de tous les degrés, Anciens et Modernes,
répandus à la surface des deux Hémisphères. A tous ceux auxquels parviendra
cette correspondance : Santé Constance et Vigueur

Lors d’une assemblée de Souverains Grands Inspecteurs Généraux en Conseil


Suprême du 33e degré, dûment et légalement réunie, tenue dans la Chambre du
Grand Conseil, le 14e jour du 7e Mois appelé Tisri 5563, l’an de Vraie Lumière
5802, et 10e jour d’Octobre 1802 de l’Ère chrétienne. Union Plénitude et Sagesse

Le Grand Commandeur a informé les Inspecteurs qu’ils avaient été convoqués afin
de prendre en considération l’opportunité d’adresser aux Grandes Loges
Symboliques, aux Grandes Loges Sublimes et aux Grands Conseils répandus sur
les deux Hémisphères, des Lettres circulaires expliquant l’origine et la nature des
Degrés Sublimes de la Maçonnerie et leur institution en Caroline du Sud.

Une proposition à cet effet fut alors adoptée sur-le-champ, et une commission,
composée des Illustres Frères le Dr. Frederick Dalcho, le Dr. Isaac Auld et M.
Emmanuel De La Motta, Grands Inspecteurs Généraux, fut nommée pour rédiger et
soumettre cette lettre au Conseil lors de sa prochaine tenue.

A l’assemblée des Souverains Grands Inspecteurs Généraux en Conseil Suprême


du 33e &c. &c. &c. Ie 10e jour du 8e Mois appelé Chislev 5563, an de la V. L.. 5802,
ce 4e jour de Décembre 1802 de l’Ère chrétienne. La Commission, qui avait été
saisie de ladite résolution, soumit respectueusement au Conseil le Rapport suivant :
:
Retracer le cours de la Maçonnerie depuis l’époque la plus lointaine et fixer avec
précision les dates de la constitution de chacun des degrés, relève de la plus
grande difficulté. En tant que Maçons Symboliques, nous faisons remonter notre
origine à la Création du Monde, lorsque le Créateur Tout-Puissant, le Grand
Architecte de l’Univers, instaura les lois immuables qui ont donné naissance aux
Sciences.

Des nécessités et besoins communs poussèrent nos frères originels à rechercher


assistance mutuelle. La diversité de leurs aptitudes, dons et inclinations les rendit,
dans une certaine mesure, dépendants les uns des autres, et c’est ainsi que se
constitua la société profane ; il s’ensuivit tout naturellement que les hommes de
dispositions et de caractères semblables s’associèrent plus intimement, ce qui
donna naissance a des institutions se rapportant à leurs desseins et adaptées à leur
esprit ; ceci aboutit à l’exclusion de ceux qui, par leurs aptitudes, leur tempérament
ou leur condition, étaient incapables de participer au savoir des autres, ou inutiles,
voire dangereux au bien-être de l’intérêt général.

Comme la civilisation commençait à se propager de par le monde, et que l’esprit


des hommes se développait de par la contemplation des Oeuvres de la nature, les
hommes les plus intelligents cultivèrent les arts et les sciences. La contemplation du
système Planétaire, en tant qu’Oeuvre d’un Artiste Tout-Puissant, ainsi que des
attributs de leur Dieu, donna naissance à la religion et à la Science de l’Astronomie.
La mesure de la terre, la division et le bornage de leur propriété donnèrent
naissance à la Géométrie. Ces trois occupations, mises en commun, donnèrent
naissance à l’Ordre Mystique ; et l’on institua des mots, signes et attouchements
d’ordre pour désigner les membres initiés ou reconnus.

Il est probablement impossible de fixer avec précision le moment où les premiers


degrés furent constitués sous la forme où ils nous sont conférés de nos jours, par
suite de la perte ou de la destruction en Angleterre de la majeure partie des
archives du Métier au cours des guerres contre les Danois et les Saxons.
L’imaginaire se mêle grandement à l’histoire de la Maçonnerie des premiers âges et
la poussière du temps la recouvre à un point tel qu’il est impossible d’en tirer des
conclusions satisfaisantes ; mais, à mesure que nous remontons vers l’époque
actuelle, nous possédons d’authentiques archives pour notre gouverne. La façon
particulière dont les trois premiers degrés, ou degrés Bleus, sont conférés, ainsi que
leur contenu prouvent à l’évidence que ce sont purement et simplement des
symboles des degrés supérieurs, ou degrés sublimes. Ils ont été formés pour
représenter le meilleur de la conduite et des capacités des initiés avant qu’ils soient
admis à la connaissance des mystères les plus importants. Au troisième degré, on
:
nous informe que, par suite de la mort de H.A, le mot du Maître fut perdu et qu’un
nouveau mot, qui n’était pas connu avant la construction du Temple, lui fut substitué.
Si, selon la croyance générale, et comme l’indiquent nombre de nos anciennes
archives, la Maçonnerie tire son origine de la création et s’est développée dès les
premiers âges de l’humanité, les Maîtres possédaient un mot secret dont les
Maçons du temps de Salomon n’avaient pas connaissance. Voici donc un
changement de l’un des principes fondamentaux du métier et une suppression de
l’un des anciens Landmarks ; cependant, nous ne sommes pas disposés à admettre
ce fait. Le Maître Bleu sait bien que le Roi Salomon et son royal visiteur possédaient
le vrai mot primitif, mais qu’il doit rester dans l’ignorance, à moins d’être initié aux
degrés sublimes. La preuve de l’authenticité de ce mot Mystérieux, tel que nous le
connaissons et pour lequel notre vénéré Maître est mort, est établie, même à l’esprit
le plus sceptique, dans les pages sacrées des Saintes Écritures et dans l’histoire
juive dès l’aube des temps.

Le Docteur Priestley, dans ses lettres aux Juifs, écrit ce remarquable passage
quand il parle des miracles du Christ : « et il a été dit depuis par vos auteurs qu’il a
accompli ses miracles par quelque nom Ineffable de Dieu, qu’il avait dérobé au
Temple ». Bien que les Maçons Symboliques déclarent que leurs sociétés tirent
leurs origines des premiers âges du monde et remontent à la création, on ne leur
enseigne pourtant dans leurs degrés que des événements qui ont eu lieu à la
construction du premier Temple (sur une période infime de sept ans), 2992 ans
après la création. Ils ignorent l’histoire de leur ordre antérieurement à cette période
et les progrès considérables et importants de l’art à la fois avant et depuis cette
période.

De nombreuses Planches des degrés Sublimes contiennent un abrégé des arts et


des sciences ; et dans leur histoire sont consignés nombre de faits d’importance et
de valeur recueillis dans les archives authentiques dont dispose notre société et qui,
de la façon dont ils sont communiqués, ne pourront jamais être tronqués ou
déformés. Ceci constitue un objet de première grandeur dans une société dont les
principes et les pratiques devraient être invariables. Malheureusement des variantes
et des irrégularités se sont insinuées en masse dans les degrés Symboliques, par
suite du manque de connaissance maçonnique chez nombre de ceux qui président
aux tenues bleues ; et c’est particulièrement le cas chez ceux qui ne connaissent
pas la langue hébraïque où tous les Mots et Mots de Passe sont donnés. Ceci est si
fondamentalement nécessaire à un homme de science pour présider une Loge
qu’un grand préjudice peut naître de la plus infime dérogation au cours d’une
cérémonie d’initiation ou dans les Planches d’instruction on lit dans le Livre des
Juges que la transposition d’un simple point sur le schîn, par suite d’un défaut de
:
prononciation inhérent à la nation éphraïmite a trahi les Cowans et a abouti au
massacre de quarante-deux mille d’entre eux. La représentation Sublime de la
Divinité formée dans le degré de Compagnon ne peut être expliquée de façon
correcte que par ceux qui ont quelque connaissance du Talmud. La plupart des
Mots dans les degrés Sublimes sont dérivés des langues chaldéenne, hébreux et
latine. Les diverses traductions d’une langue à l’autre, qu’ont fréquemment subies
les degrés Symboliques depuis leur création, par des hommes ignares même dans
leur langue maternelle, constituent une deuxième cause de la diversité que nous
déplorons. Il en va différemment des degrés supérieurs qui se présentent dans la
parure Sublime que leur ont donnée leurs auteurs et qui sont fondés sur la science
et agrémentés par leur pouvoir évocateur.

Nombre de degrés Sublimes sont fondés sur les arts savants et dévoilent aux
Maçons une masse de connaissances de prime importance. Bien que nombre de
degrés Sublimes soient, en fait, le prolongement des degrés Bleus, il n’y a pas pour
autant ingérence entre les deux institutions. D’un bout à l’autre du continent
européen et aux Antilles, où ils sont universellement connus, ces degrés sont
reconnus et leur essor favorisé. Les Maçons Sublimes ne procèdent jamais à des
initiations aux degrés Bleus sans autorisation de droit accordée dans ce but par une
Grande Loge Symbolique ; excepté lorsqu’ils communiquent les secrets de la
présidence d’un Atelier aux postulants qui n’y ont pas encore été admis,
préalablement à leur initiation dans une Loge Sublime, mais dans ce cas les
postulants sont informés que cela ne leur confère pas le rang de Passé Maître dans
la Grande Loge.

La Grande Loge Sublime, parfois appelée Loge Ineffable ou Loge de Perfection, va


du 4e au 14e degré inclus, dont le dernier est celui de Perfection. Le 16e degré
constitue le Grand Conseil des Princes de Jérusalem qui exerce sa juridiction sur le
15e degré appelé Chevalier de l’Orient et également sur la Grande Loge Sublime ;
ce Grand Conseil est par rapport à elle ce qu’est une Grande Loge Symbolique par
rapport à ses Loges subordonnées. Sans charte et sans Constitution délivrées par
les Grands Conseils ou par un Conseil plus élevé ou par un Inspecteur, ces loges
sont jugées irrégulières et sanctionnées en conséquence. Tous les degrés
supérieurs au 16e sont placés sous la juridiction du Suprême Conseil des Grands
Inspecteurs Généraux qui sont Souverains de la Maçonnerie. Quand il est
nécessaire de constituer les degrés Sublimes dans un pays où ils sont inconnus, un
Frère du 29′ degré, appelé K.H., est désigné comme Inspecteur Général Délégué
pour ce territoire. Il sélectionne parmi les Frères du Métier ceux qu’il estime faire
honneur à la société et confère les degrés Sublimes au nombre de Frères
nécessaire à la première organisation de la Loge ; celle-ci élit alors ses propres
:
officiers et se gouverne au moyen de la Constitution et de la charte qui lui a été
fournie. La juridiction d’une Loge de Perfection s’étend sur vingt-cinq lieues.

Il est notoire qu’environ 27.000 Maçons accompagnèrent les Princes chrétiens aux
Croisades, pour reprendre la Terre Sainte aux Infidèles. Pendant leur séjour en
Palestine, ils découvrirent chez les descendants des anciens Juifs plusieurs
manuscrits Maçonniques importants qui sont venus enrichir nos Archives
d’authentiques actes, et sur lesquels sont fondés certains de nos degrés.

Certaines découvertes extraordinaires furent faites et certains événements


extraordinaires se produisirent au cours des années 5304 et 5311, et ceci donne à
l’Histoire Maçonnique de cette période une importance extrême. Cette période est
chère au coeur du Maçon plein d’ardeur pour la cause de son Ordre, de son Pays et
de son Dieu.

Une autre découverte d’importance fut faite en l’an 5553 : il s’agit d’un registre en
caractères syriaques concernant la plus haute antiquité, d’après lequel il semblerait
que le monde soit plus vieux de plusieurs milliers d’années que ne l’indique le récit
mosaïque ; c’est un avis que partagent nombre d’érudits. Seuls quelques passages
ont été traduits avant le règne de notre Illustre et très Éclairé Frère Frédéric II Roi
de Prusse, dont l’ardeur bien connue pour le métier fut la cause de grand
avancement de la société qu’il daigna présider.

A mesure que progressait la société et que d’anciens documents étaient découverts,


le nombre de nos degrés augmenta jusqu’au moment où, avec le temps, le système
fut achevé.

D’après celles de nos archives qui sont authentiques, nous sommes informés de la
constitution des degrés Sublimes et Ineffables de la Maçonnerie en Écosse, en
France et en Prusse sitôt après les Croisades.

Mais à la suite de circonstances de nous inconnues, après l’an 4658 (18), ils
tombèrent dans l’oubli jusqu’en l’an 5744, lorsqu’un gentilhomme d’Écosse vint
visiter la France et rétablit la Loge de Perfection de Bordeaux.

En 5761, les Loges et conseils des degrés supérieurs s’étant étendus sur
l’ensemble du continent européen, Sa Majesté le Roi de Prusse, en qualité de
Grand Commandeur de l’ordre de Prince du Royal Secret, fut reconnu par la totalité
des membres du Métier comme chef des degrés Sublimes et Ineffables de la
Maçonnerie sur l’ensemble des deux Hémisphères. Son Altesse Royale Charles,
Prince Héréditaire des Suédois, des Goths et des Vandales, Duc de Sudermanie,
Héritier de Norvège, &c. &c. &c. fut et est toujours le Grand Commandeur et
:
protecteur des Maçons Sublimes de Suède ; et son Altesse Royale Louis de
Bourbon, Prince du sang, Duc de Chartres, &c. &c. &c., et le Cardinal, Prince et
Évêque de Rouen, furent à la tête de ces degrés en France.

Le 25 Octobre 5762, les Grandes Constitutions Maçonniques furent définitivement


ratifiées à Berlin et proclamées pour le gouvernement de toutes les Loges de
Maçons Sublimes et Parfaits, Chapitres, Conseils, Collèges et Consistoires de l’Art
Royal et Militaire de la Franc Maçonnerie sur la surface des deux Hémisphères. Il y
a des Constitutions secrètes, existant de temps immémorial, auxquelles il est fait
allusion dans ces documents.

La même année, ces Constitutions furent transmises à notre Illustre Frère Stephen
Morin qui, le 27 Août 5761, avait été nommé Inspecteur Général de toutes les
Loges, &c. &c. &c. du nouveau monde par le Grand Consistoire des Princes du
Royal Secret réuni à Paris et que présidait le délégué du Roi de Prusse, Chaillon de
Jonville, suppléant Général de l’Ordre, Très Vénérable Maître de la première Loge
de France, appelée de Saint-Antoine, Chef des degrés Éminents, Commandeur et
Sublime Prince du Royal Secret, &c. &c. &c.

Étaient également présents les Illustres Frères suivants : Le Frère Prince de Rouen,
Maître de la Grande Loge l’Entendement, et Souverain Prince de la Maçonnerie, &c.
La Corne, suppléant du Grand Maître, Très Vénérable Maître de la Loge la Trinité,
Grand Élu, Parfait Chevalier et Prince des Maçons, &c. Maximilien de St. Simon,
Premier Grand Surveillant Grand Élu, Parfait Chevalier et Prince des Maçons, &c.

Savalette de Buchelay, Grand Garde des Sceaux, Grand, Élu, Parfait Chevalier et
Prince des Maçons, &c. Ie Duc de Choiseul, Très Vénérable Maître de la Loge les
Enfants de la Gloire, Grand Élu, Parfait Maître, Chevalier et Prince des Maçons, &c.

Topin, Grand Ambassadeur de son Altesse Sérénissime Grand Élu, Parfait Maître,
Chevalier et Prince des Maçons, &c.

Boucher de Lenoncour, Très Vénérable Maître de la Loge la Vertu, Grand Élu,


Parfait Maître, Chevalier et Prince des Maçons, &c.

Brest de la Chaussée, Très Vénérable Maître de la Loge l’Exactitude, Grand Élu,


Parfait Maître, Chevalier et Prince des Maçons, &c.

Les Sceaux de l’Ordre furent apposés et la Patente contresignée par Daubertain,


Grand Élu, Parfait Maître, Chevalier et Prince des Maçons, Très Vénérable Maître
de la Loge St. Alphonso, Grand Secrétaire de la Grande Loge et du Conseil Sublime
des Princes Maçons, &c.
:
Quand le Frère Morin arriva à St. Domingue, conformément à sa Patente, il nomma
un Inspecteur Général Délégué pour l’Amérique du Nord. Ce grand honneur fut
conféré au Frère M.M. Hayes, avec pouvoir de nommer d’autres Inspecteurs
Généraux en cas de besoin. Le Frère Morin nomma également le Frère Frankin
Inspecteur Général Délégué pour la Jamaïque et les Iles Britanniques sous le Vent,
et le Frère Colonel Provost pour les Iles au Vent et l’Armée britannique.

Le Frère Hayes nomma Inspecteur Général Délégué pour l’état de Caroline du Sud
le Frère Isaac Da Costa lequel, en l’an 5783, établit la Sublime Grande Loge de
Perfection à Charleston. Après la mort du Frère Da Costa, le Frère Joseph Myers fut
nommé Inspecteur Général Délégué pour cet état par le Frère Hayes qui avait au
préalable également nommé le Frère Colonel Solomon Bush Inspecteur Général
Délégué pour l’état de Pennsylvanie et le Frère Barend M. Spitzer au même titre
pour la Géorgie ; ces décisions furent ratifiées lors d’une réunion d’inspecteurs
quand ils furent assemblés à Philadelphie le 15 Juin 5781.

Le 1er Mai 5786, la Grande Constitution du 33e degré appelé, le Conseil Suprême
des Souverains Grands Inspecteurs Généraux fut définitivement ratifiée par Sa
Majesté le Roi de Prusse qui, en sa qualité de Grand Commandeur de l’ordre de
Prince du Royal Secret, détenait le pouvoir Maçonnique Suprême sur l’ensemble du
Métier. Dans la nouvelle Constitution, ces hauts Pouvoirs furent conférés dans
chaque Nation à un Suprême Conseil de neuf Frères qui détiennent dans leur
propre territoire toutes les prérogatives Maçonniques que Sa Majesté détenait à titre
individuel ; et ce sont les Souverains de la Maçonnerie.

Le 20 Février 5788, fut ouvert dans cette Ville le Grand Conseil des Princes de
Jérusalem auquel étaient présents le Frère J. Myers, I.G.D. pour la Caroline du Sud,
le Frère B.M. Spitzer, I.G.D. pour la Géorgie, et le Frère A. Forst, I.G.D. pour la
Virginie. Peu après l’ouverture du Conseil, une lettre fut adressée à Son Altesse
Royale le Duc d’Orléans à ce propos sollicitant l’envoi de certains actes des
archives de la société française ; dans sa réponse par l’entremise du Colonel Shee,
son Secrétaire, il promit très aimablement de les transmettre ; mais
malheureusement, les prémices de la révolution française empêchèrent cet envoi.

Le 2 Août 5795, le Frère Colonel John Mitchell, ci-devant Sous-Intendant Général


des Armées des États-Unis, fut fait Inspecteur Général Délégué pour cet état par le
Frère Spitzer par suite du départ de ce pays du Frère Myers.

L’action du Frère Mitchell fut limitée jusqu’après la mort du Frère Spitzer qui survint l
année suivante. De nombreux Frères de degrés éminents étant arrivés de
l’étranger, des Consistoires de Princes du Royal Secret se tinrent de temps à autre
:
pour des initiations et pour d’autres propos.

Le 31 Mai 5801, le Suprême Conseil du 33e degré pour les États-Unis fut inauguré
avec toutes les hautes personnalités de la Maçonnerie par les Frères John Mitchell
et Frederick Dalcho, Souverains Grands Inspecteurs Généraux, et, dans le courant
de la présente année, le nombre total de Grands Inspecteurs Généraux fut
complété, conformément aux Grandes Constitutions.

Le 21 Janvier 5802, une charte de Constitution accorda le sceau du Grand Conseil


des Princes de Jérusalem pour l’établissement d’une Loge de Maîtres Maçons de la
Marque dans cette Ville.

Le 21 Février 5802 notre Illustre Frère le Comte Alexandre François Auguste De


Grasse, Inspecteur Général Délégué fut nommé par le Suprême Conseil Grand
Inspecteur Général et Grand Commandeur des Antilles françaises ; et notre Illustre
Frère Jean-Baptiste Marie De La Hogue, Inspecteur Général Délégué, fut
également reçu Grand Inspecteur Général et nommé Lieutenant Grand
Commandeur des mêmes Iles.

Le 4 Décembre 5802, une charte de Constitution accorda le sceau du Grand


Conseil des Princes de Jérusalem pour l’établissement d’une Grande Loge Sublime
à Savannah, Géorgie.

Les Dénominations des Degrés Maçonniques sont comme suit, à savoir :

1e Degré Apprenti Admis

2e Compagnon

3e Maître Maçon, conférés par la Loge Symbolique

4e Maître Secret

5e Maître Parfait

6e Secrétaire Intime

7e Prévôt et Juge

8e Intendant des Bâtiments

9e Maître Élu des Neuf, conférés par la G. Loge Sublime

10e Illustre Élu des Quinze


:
11e le Sublime Chevalier Élu

12e Grand Maître Architecte

13e Royal-Arche

14e Perfection

15e Chevalier d’Orient, conférés par les Princes de Jérusalem, qui forment un
Conseil Souverain

16e Prince de Jérusalem

17e Chevalier d’Orient et d’Occident

18e Souverain Prince de Rose-Croix d’Hérodom

19e Grand Pontife

20e Grand Maître de toutes les Loges Symboliques

21e Patriarche Noachite ou Chevalier Prussien

22e Prince du Liban

23e Chef du Tabernacle,

24e Prince du Tabernacle, conférés par le Conseil des Grands Inspecteurs qui sont
Souverains de la Maçonnerie.

25e Prince de Merci,

26e Chevalier du Serpent d’Airain

27e Commandeur du Temple

28e Chevalier du Soleil

29e K H

30 31 32e Prince du Royal Secret, Prince des Maçons, conférés par le Conseil des
Grands Inspecteurs qui sont Souverains de la Maçonnerie

33e Souverains Grands Inspecteurs Généraux, Officiers nommés à vie.

Outre ces degrés, qui se succèdent régulièrement, la plupart des Inspecteurs


possèdent un certain nombre de degrés séparés, conférés dans diverses parties du
:
monde et qu’ils communiquent en général, sans frais, aux Frères qui ont l’élévation
suffisante pour les comprendre. Ainsi les Maçons Choisis des 27 et le Royal-Arche,
conférés sous l’égide de la Constitution de Dublin. Six degrés de la Maçonnerie
D’Adoption, Compagnon Écossais, Le Maître Écossais & Le Grand Maître Écossais,
&c., faisant en tout 52 degrés.

La Commission soumet respectueusement à la réflexion du Conseil le rapport ci-


dessus sur les principes et l’établissement des degrés Sublimes en Caroline du
Sud, extraits des archives de la Société. Elle ne saurait, toutefois, conclure sans
exprimer ses voeux ardents de prospérité et de dignité aux Institutions que préside
ce Suprême Conseil ; et elle se flatte que, si des Frères des degrés Bleus ont pu
avoir des impressions défavorables par méconnaissance des principes et pratiques
de la Maçonnerie Sublime, cela sera aboli, et que l’harmonie et l’affection seront
l’heureux ciment de la société universelle des Francs Maçons Acceptés. Que, de
même que tous aspirent à l’amélioration de la condition générale de l’humanité par
la pratique de la vertu et l’exercice de la liberté, de même la Commission souhaite
sincèrement qu’il soit mis fin aux petits différends qui ont pu naître, à l’occasion de
formalités insignifiantes entre Anciens et Modernes, pour faire place aux principes
originels de l’ordre qui sont les nobles remparts de la société : l’universelle bonté et
l’amour fraternel ; et que la vaste confrérie des Francs Maçons sur l’ensemble des
deux Hémisphères ne forme qu’un seul lien de Fraternité. « Voyez comme il est bon
et agréable pour des Frères de cohabiter dans l’unité. »

La Commission salue respectueusement votre Suprême Conseil par les Nombres


Sacrés.

Charleston, Caroline du Sud, ce 10e jour du 8e Mois appelé Chisleu 55v3′ année de
VL. 5802, le 4e jour de Décembre 1802 de l’Ère chrétienne.

FREDERICK DALCHO, K.H – P.R.S. Souverain Grand Inspecteur Général du 33e


et Lieutenant Grand Commandeur des États-Unis d’Amérique.

ISAAC AULD, K.H – P.R.S. Souverain Grand Inspecteur Général du 33e.

E. DE LA MOTTA, K.H – P.R.S. Souverain Grand Inspecteur Général du 33e et


Illustre Trésorier du S. Empire.

Le rapport ci-dessus a été pris en considération et le Conseil exprimé sa satisfaction


en lui accordant sa totale approbation. Après quoi, le Conseil a décidé que ledit
rapport soit imprimé et transmis à toutes les Grandes Loges Sublimes et à toutes
les Grandes Loges Symboliques répandues sur les deux Hémisphères.
:
Signé JOHN MITCHELL K.H – P.R.S. Souverain Grand Inspecteur Général du 33e
et Grand Commandeur des États-Unis d’Amérique.

Extrait fidèle des délibérations du Conseil.

Signé Ab. ALEXANDER K.H – P.R.S. Souverain Grand Inspecteur Général du 33e,
Grand Inspecteur Général du 33e et Illustre Secrétaire du Saint-Empire.

DEUS MEUMQUE JUS

INTRODUCTION À LA VERSION LATINE DES CONSTITUTIONS


DE 1786
UNIVERSI TERRARUM ORBIS SUMMI ARCHITECTONIS

GLORIA

AB INGENIIS

NOUVEAUX INSTITUTS SECRETS

ET BASES FONDAMENTALES

de la très ancienne et très Respectable Société des Anciens Francs-Maçons Unis,


connue sous le nom d’Ordre Royal et Militaire de l’art libre de tailler la pierre.

NOUS, FREDERIC, par la grâce de Dieu, Roi de Prusse, Margrave de


Brandebourg, etc., etc., etc. :

Souverain Grand Protecteur, Grand Commandeur, Grand Maître Universel et


Conservateur de la très ancienne et très respectable Société des Anciens Francs-
Maçons ou Architectes Unis, autrement appelée l’ORDRE Royal et Militaire de l’Art
Libre de Tailler la Pierre ou Franche-Maçonnerie

A TOUS LES ILLUSTRES ET BIEN-AIMES FRERES QUI CES PRESENTES


VERRONT

Tolérance, Union, Prospérité.

Il est évident et incontestable que, fidèle aux importantes obligations que nous nous
sommes imposées en acceptant le protectorat de la très ancienne et très
respectable Institution connue de nos jours sous le nom de  » Société de l’Art Libre
de tailler la pierre  » ou  » ORDRE DES ANCIENS FRANCS-MAÇONS UNIS  »
nous nous sommes appliqué, comme chacun sait, à l’entourer de notre sollicitude
:
particulière.

Cette Institution universelle, dont l’origine remonte au berceau de la société


humaine, est pure dans son Dogme et sa Doctrine : elle est sage, prudente et
morale dans ses enseignements, sa pratique, ses desseins et ses moyens : elle se
recommande surtout par son but philosophique, social et humanitaire. Cette société
a pour objet l’Union, le Bonheur, le Progrès et le Bien Etre de la famille humaine en
général et de chaque homme individuellement. Elle doit donc travailler avec
confiance et énergie et faire des efforts incessants pour atteindre ce but, le seul
qu’elle reconnaisse comme digne d’elle.

Mais, dans la suite des temps, la composition des organes de la Maçonnerie et


l’unité de son gouvernement primitif ont subi de graves atteintes, causées par les
grands bouleversements et les révolutions qui, en changeant la face du monde ou
en soumettant à des vicissitudes continuelles, ont, à différentes époques, soit dans
l’antiquité, soit de nos jours, dispersé les anciens Maçons sur toute la surface du
globe. Cette dispersion a donné naissance à des systèmes hétérogènes qui existent
aujourd’hui sous le nom de RITES et dont l’ensemble compose l’ORDRE.

Cependant, d’autres divisions, nées des premières, ont donné lieu à l’organisation
de nouvelles sociétés : la plupart de celles-ci n’ont rien de commun avec l’Art Libre
de la Franche-Maçonnerie, sauf le nom de quelques formules conservées par les
fondateurs, pour mieux cacher leurs desseins secrets – desseins souvent trop
exclusifs, quelquefois dangereux et presque toujours contraires aux principes et aux
sublimes doctrines de la Franche-Maçonnerie, tel que nous les avons reçus de la
tradition.

Les dissensions bien connues que ces nouvelles associations ont suscitées dans
l’ORDRE et qu’elles y ont trop longtemps fomentées, ont éveillé les soupçons et la
méfiance de presque tous les Princes dont quelques-uns l’ont même persécuté
cruellement.

Des Maçons, d’un mérite éminent, ont enfin réussi à apaiser ces dissensions et tous
ont, depuis longtemps, exprimé le désir qu’elles fussent l’objet d’une délibération
générale afin d’aviser aux moyens d’en empêcher le retour et d’assurer le maintien
de l’ORDRE, en rétablissant l’unité dans son gouvernement et dans la composition
primitive de ses organes, ainsi que son antique discipline.

Tout en partageant ce désir que nous-même avons éprouvé depuis le jour où nous
avons été complètement initié aux mystères de la Franche-Maçonnerie, nous
n’avons pu, cependant, nous dissimuler ni le nombre, ni la nature, ni la grandeur
:
réelle des obstacles que nous aurions à surmonter pour accomplir ce désir. Notre
premier soin a été de consulter les membres les plus sages et les plus éminents de
l’Ordre dans tous les pays sur les mesures les plus convenables à adopter pour
atteindre un but si utile, en respectant les idées, de chacun, sans faire violence à la
juste indépendance des Maçons et surtout à la liberté d’opinion qui est la première
et la plus sacrée de toutes les libertés et en même temps la plus prompte à prendre
ombrage.

Jusqu’à présent les devoirs qui nous étaient plus particulièrement imposés comme
Roi, les évènements nombreux et importants qui ont signalé notre règne ont
paralysé nos bonnes intentions et nous ont détourné du but que nous nous étions
proposé. C’est désormais au temps, ainsi qu’à la sagesse, à l’instruction et au zèle
des frères qui viendront après nous qu’il appartiendra d’accomplir et de
perfectionner une oeuvre si grande et si belle, si juste et si nécessaire. C’est à eux
que nous léguons cette tâche, et nous leur recommandons d’y travailler sans cesse,
mais patiemment et avec précaution.

Toutefois, de nouvelles et pressantes représentations qui, de toutes parts, nous ont


été adressées, dans ces derniers temps, nous ont convaincu de la nécessité
d’opposer immédiatement une barrière puissante à l’esprit d’intolérance, de secte,
de schisme et d’anarchie que des novateurs cherchent aujourd’hui à introduire
parmi les frères. Leurs desseins ont plus ou moins de portée et sont ou imprudents,
ou répréhensibles : présentés sous de fausses couleurs, ces desseins, en
changeant la nature de l’Art libre de la Franche-Maçonnerie, tendent à la détourner
de son but, et doivent nécessairement causer la déconsidération et la ruine de
l’ORDRE. En présence de tout ce qui se passe dans les royaumes voisins, nous
reconnaissons qu’une intervention de notre part est devenue indispensable.

Ces raisons et d’autres causes non moins graves nous imposent donc le devoir
d’assembler et de réunir en un seul corps de Maçonnerie tous les RITES du Régime
ECOSSAIS dont les doctrines sont, de l’aveu de tous, à peu près les mêmes que
celles des anciennes Institutions qui tendent au même but, et qui, n’étant que les
branches principales d’un seul et même arbre, ne diffèrent entr’elles que par des
formules, maintenant connues de plusieurs, et qu’il est facile de concilier. Ces
RITES sont ceux connus sous les noms de Rit Ancien, d’Hérédom ou d’Hairdom, de
l’Orient de Kilwinning, de Saint-André, des Empereurs d’Orient et d’Occident, des
Princes du Royal Secret ou de Perfection, de Rit Philosophique et enfin de Rit
Primitif, le plus récent de tous.

Adoptant, en conséquence, comme base de notre réforme salutaire, le titre du


premier de ces Rites et le nombre des Degrés de la hiérarchie du dernier, nous les
:
DÉCLARONS maintenant et à jamais réunis en un seul ORDRE, qui, professant le
Dogme et les pures Doctrines de l’antique Franche-Maçonnerie, embrasse tous les
systèmes du Rit Écossais sous le nom de RIT ÉCOSSAIS ANCIEN ACCEPTE.

La doctrine sera communiquée aux Maçons en trente-trois Degrés, divisés en sept


Temples ou Classes. Tout Maçon sera tenu de parcourir successivement chacun de
ces Degrés, avant d’arriver au plus sublime et dernier ; et à chaque Degré, il devra
subir tels délais et telles épreuves qui lui seront imposés conformément aux
Instituts, Decrets et Réglemens anciens et nouveaux de l’ORDRE, ainsi qu’à ceux
du Rit de Perfection.

Le premier Degré sera conféré avant le deuxième, celui-ci avant le troisième et ainsi
de suite jusqu’au Degré Sublime – le trente-troisième et dernier – qui surveillera,
dirigera et gouvernera tous les autres. Un corps ou Réunion de membres possédant
ce Degré formera un SUPREME GRAND CONSEIL, dépositaire du Dogme ; il sera
le Défenseur et le Conservateur de l’ORDRE qu’il gouvernera et administrera
conformément aux présentes et aux Constitutions ci-après décrétées.

Tous les Degrés des Rites réunis, comme il est dit ci-dessus, du premier au dix-
huitième, seront classés parmi les Degrés du Rit de Perfection dans leur ordre
respectif et d’après l’analogie et la similitude qui existent entr’eux ils formeront les
dix-huit premier Degrés du RIT ECOSSAIS ANCIEN ACCEPTE ; le dix-neuvième
Degré, et le vingt-troisième Degré du Rit Primitif formeront le vingtième Degré de
l’ORDRE. Le vingtième et le vingt-troisième Degré du Rit de Perfection, soit le
seizième et le vingt-quatrième Degré du Rit Primitif formeront le vingt-unième et le
vingt-huitième Degré de l’ORDRE. LES PRINCES DU ROYAL SECRET occuperont
le trente-deuxième Degré, immédiatement au-dessous des SOUVERAINS
GRANDS INSPECTEURS GENERAUX dont le Degré sera le trente-troisième et
dernier de l’ORDRE. Le trente-unième Degré sera celui des Souverains-Juges-
Commandeurs. Les Grands Commandeurs, Grands Elus Chevaliers Kadosch
prendront le trentième Degré. Les Chefs du Tabernacle, les Princes du Tabernacle,
les Chevaliers du Serpent d’Airain, les Princes de Merci, les Grands Commandeurs
du Temple et les Grands Écossais de Saint-André composeront respectivement le
vingt-troisième, le vingt-quatrième, le vingt-cinquième, le vingt-sixième, le vingt-
septième et le vingt-neuvième Degré.

Tous les Sublimes Degrés de ces mêmes Systèmes Écossais réunis seront, d’après
leur analogie ou leur identité, distribués dans les classes de leur Ordre qui
correspondent au régime du RIT ÉCOSSAIS ANCIEN ACCEPTE.

Mais jamais et sous quelque prétexte que ce soit, aucun de ces sublimes Degrés ne
:
pourra être assimilé au trente-troisième et très Sublime Degré de SOUVERAIN
GRAND INSPECTEUR GÉNÉRAL, PROTECTEUR ET CONSERVATEUR DE
L’ORDRE, qui est le dernier du RIT ANCIEN ACCEPTE ÉCOSSAIS et, dans aucun
cas, nul ne pourra jouir des mêmes droits, prérogatives, privilèges ou pouvoirs dont
nous investissons ces Inspecteurs.

Ainsi nous leur conférons la plénitude de la puissance suprême et conservatrice.

Et, afin que la présente ordonnance soit fidèlement et à jamais observée, nous
commandons à nos Chers, Vaillants et Sublimes Chevaliers et Princes Maçons de
veiller à son exécution.

DONNE en notre Palais à Berlin, le jour des Calendes premier – de Mai, l’an de
Grâce 1786, et de notre Règne le 47e.

Signé  » FREDERIC « .

BIBLIOGRAPHIE
Bayard, Jean-Pierre Le symbolisme maçonnique traditionnel. (Tomes 1 &
2)Éditions EDIMAF, 1987.
Bongard, Roger Manuel Maçonnique du Rite Écossais Ancien et
Accepté.Éditions Dervy, 2002.
Grande Loge de France Rituels des Trois Degrés Symboliques, 1998. 
Grande Loge Nationale Rituels du Rite Écossais Ancien et Accepté dits « Cerbu
Française », 2001 
Gréven, Hubert Traduction de La Circulaire aux deux Hémisphères
Ligou, Daniel Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie.Éditions PUF, 1987-
1991.
Naudon, Paul Histoire et Rituels des Hauts Grades
Maçonniques.Éditions Dervy, 1966.
Noël, Pierre Les Grades bleus du Rite Écossais Ancien et Accepté
Genèse et développementsArticle paru dans Acta
Macionica, Numéro 12, Décembre 2002.
Suprême Conseil de Ordo Ab Chao numéro spécial (39-40), Origine et
France Évolution des Rituels des Trois Premiers Degrés du Rite
Écossais Ancien et AcceptéPremier et Deuxième
Semestres, 1999.

 
:

LES GRANDES CONSTITUTIONS – 1786


Le Rite Ecossais Ancien et Accepté

Version Latine traduite en Français

Extrait de Paul NAUDON. Histoire et Rituels des Hauts Grades Maçonniques.


ANNEXE VII

VÉRA INSTITUTA SÉCRÉTA ET FUNDAMENTA


ORDINIS
VETERUM – STRUCTORUM – LIBERORUM
AGGREGATORUM
ATQUE
CONSTITUTIONe MAGNÆ
ANTIQUI – ACCEPTI – RITUS – SCOTICI
Anni MDCCLXXXVI

VÉRITABLES INSTITUTS SECRETS ET BASES


FONDAMENTALES
De
L’ORDRE
des anciens Francs-Maçons-Unis
et
Grandes Constitutions Du Rit Ancien – Accepté – Écossais,
de l’An 1786

NOUVELLE ÉDITION :
Publiée sous les auspices du Suprême Conseil 33e pour la Juridiction Méridionale
des États-Unis de l’Amérique

Traduit du Latin par Charles Laffon de Ladebat, 33e Extrait de l’ouvrage d’Albert
Pike, Ancient and Accepted Scottish Rite of Freemasonry, New York, 1872.

UNIVERSI TERRARUM ORBIS SUMMI ARCHITECTONIS


GLORIA
AB INGENIIS

NOUVEAUX INSTITUTS SECRETS


ET BASES FONDAMENTALES
:
de la très ancienne et très Respectable Société des Anciens Francs-Maçons Unis,
connue sous le nom d’Ordre Royal et Militaire de l’art libre de tailler la pierre.

NOUS, FREDERIC, par la grâce de Dieu, Roi de Prusse, Margrave de


Brandebourg, etc., etc., etc. :

Souverain Grand Protecteur, Grand Commandeur, Grand Maître Universel et


Conservateur de la très ancienne et très respectable Société des Anciens Francs-
Maçons ou Architectes Unis, autrement appelée l’ORDRE Royal et Militaire de l’Art
Libre de Tailler la Pierre ou Franche-Maçonnerie

A TOUS LES ILLUSTRES ET BIEN-AIMES FRERES QUI CES PRESENTES


VERRONT

Tolérance, Union, Prospérité.

Il est évident et incontestable que, fidèle aux importantes obligations que nous nous
sommes imposées en acceptant le protectorat de la très ancienne et très
respectable Institution connue de nos jours sous le nom de  » Société de l’Art Libre
de tailler la pierre  » ou  » ORDRE DES ANCIENS FRANCS-MAÇONS UNIS  »
nous nous sommes appliqué, comme chacun sait, à l’entourer de notre sollicitude
particulière.

Cette Institution universelle, dont l’origine remonte au berceau de la société


humaine, est pure dans son Dogme et sa Doctrine : elle est sage, prudente et
morale dans ses enseignements, sa pratique, ses desseins et ses moyens : elle se
recommande surtout par son but philosophique, social et humanitaire. Cette société
a pour objet l’Union, le Bonheur, le Progrès et le Bien Etre de la famille humaine en
général et de chaque homme individuellement. Elle doit donc travailler avec
confiance et énergie et faire des efforts incessants pour atteindre ce but, le seul
qu’elle reconnaisse comme digne d’elle.

Mais, dans la suite des temps, la composition des organes de la Maçonnerie et


l’unité de son gouvernement primitif ont subi de graves atteintes, causées par les
grands bouleversements et les révolutions qui, en changeant la face du monde ou
en soumettant à des vicissitudes continuelles, ont, à différentes époques, soit dans
l’antiquité, soit de nos jours, dispersé les anciens Maçons sur toute la surface du
globe. Cette dispersion a donné naissance à des systèmes hétérogènes qui existent
aujourd’hui sous le nom de RITES et dont l’ensemble compose l’ORDRE.

Cependant, d’autres divisions, nées des premières, ont donné lieu à l’organisation
de nouvelles sociétés : la plupart de celles-ci n’ont rien de commun avec l’Art Libre
:
de la Franche-Maçonnerie, sauf le nom de quelques formules conservées par les
fondateurs, pour mieux cacher leurs desseins secrets – desseins souvent trop
exclusifs, quelquefois dangereux et presque toujours contraires aux principes et aux
sublimes doctrines de la Franche-Maçonnerie, tel que nous les avons reçus de la
tradition.

Les dissensions bien connues que ces nouvelles associations ont suscitées dans
l’ORDRE et qu’elles y ont trop longtemps fomentées, ont éveillé les soupçons et la
méfiance de presque tous les Princes dont quelques-uns l’ont même persécuté
cruellement.

Des Maçons, d’un mérite éminent, ont enfin réussi à apaiser ces dissensions et tous
ont, depuis longtemps, exprimé le désir qu’elles fussent l’objet d’une délibération
générale afin d’aviser aux moyens d’en empêcher le retour et d’assurer le maintien
de l’ORDRE, en rétablissant l’unité dans son gouvernement et dans la composition
primitive de ses organes, ainsi que son antique discipline.

Tout en partageant ce désir que nous-même avons éprouvé depuis le jour où nous
avons été complètement initié aux mystères de la Franche-Maçonnerie, nous
n’avons pu, cependant, nous dissimuler ni le nombre, ni la nature, ni la grandeur
réelle des obstacles que nous aurions à surmonter pour accomplir ce désir. Notre
premier soin a été de consulter les membres les plus sages et les plus éminents de
l’Ordre dans tous les pays sur les mesures les plus convenables à adopter pour
atteindre un but si utile, en respectant les idées, de chacun, sans faire violence à la
juste indépendance des Maçons et surtout à la liberté d’opinion qui est la première
et la plus sacrée de toutes les libertés et en même temps la plus prompte à prendre
ombrage.

Jusqu’à présent les devoirs qui nous étaient plus particulièrement imposés comme
Roi, les évènements nombreux et importants qui ont signalé notre règne ont
paralysé nos bonnes intentions et nous ont détourné du but que nous nous étions
proposé. C’est désormais au temps, ainsi qu’à la sagesse, à l’instruction et au zèle
des frères qui viendront après nous qu’il appartiendra d’accomplir et de
perfectionner une oeuvre si grande et si belle, si juste et si nécessaire. C’est à eux
que nous léguons cette tâche, et nous leur recommandons d’y travailler sans cesse,
mais patiemment et avec précaution.

Toutefois, de nouvelles et pressantes représentations qui, de toutes parts, nous ont


été adressées, dans ces derniers temps, nous ont convaincu de la nécessité
d’opposer immédiatement une barrière puissante à l’esprit d’intolérance, de secte,
de schisme et d’anarchie que des novateurs cherchent aujourd’hui à introduire
:
parmi les frères. Leurs desseins ont plus ou moins de portée et sont ou imprudents,
ou répréhensibles : présentés sous de fausses couleurs, ces desseins, en
changeant la nature de l’Art libre de la Franche-Maçonnerie, tendent à la détourner
de son but, et doivent nécessairement causer la déconsidération et la ruine de
l’ORDRE. En présence de tout ce qui se passe dans les royaumes voisins, nous
reconnaissons qu’une intervention de notre part est devenue indispensable.

Ces raisons et d’autres causes non moins graves nous imposent donc le devoir
d’assembler et de réunir en un seul corps de Maçonnerie tous les RITES du Régime
ECOSSAIS dont les doctrines sont, de l’aveu de tous, à peu près les mêmes que
celles des anciennes Institutions qui tendent au même but, et qui, n’étant que les
branches principales d’un seul et même arbre, ne diffèrent entr’elles que par des
formules, maintenant connues de plusieurs, et qu’il est facile de concilier. Ces
RITES sont ceux connus sous les noms de Rit Ancien, d’Hérédom ou d’Hairdom, de
l’Orient de Kilwinning, de Saint-André, des Empereurs d’Orient et d’Occident, des
Princes du Royal Secret ou de Perfection, de Rit Philosophique et enfin de Rit
Primitif, le plus récent de tous.

Adoptant, en conséquence, comme base de notre réforme salutaire, le titre du


premier de ces Rites et le nombre des Degrés de la hiérarchie du dernier, nous les
DÉCLARONS maintenant et à jamais réunis en un seul ORDRE, qui, professant le
Dogme et les pures Doctrines de l’antique Franche-Maçonnerie, embrasse tous les
systèmes du Rit Écossais sous le nom de RIT ÉCOSSAIS ANCIEN ACCEPTE.

La doctrine sera communiquée aux Maçons en trente-trois Degrés, divisés en sept


Temples ou Classes. Tout Maçon sera tenu de parcourir successivement chacun de
ces Degrés, avant d’arriver au plus sublime et dernier ; et à chaque Degré, il devra
subir tels délais et telles épreuves qui lui seront imposés conformément aux
Instituts, Decrets et Réglemens anciens et nouveaux de l’ORDRE, ainsi qu’à ceux
du Rit de Perfection.

Le premier Degré sera conféré avant le deuxième, celui-ci avant le troisième et ainsi
de suite jusqu’au Degré Sublime – le trente-troisième et dernier – qui surveillera,
dirigera et gouvernera tous les autres. Un corps ou Réunion de membres possédant
ce Degré formera un SUPREME GRAND CONSEIL, dépositaire du Dogme ; il sera
le Défenseur et le Conservateur de l’ORDRE qu’il gouvernera et administrera
conformément aux présentes et aux Constitutions ci-après décrétées.

Tous les Degrés des Rites réunis, comme il est dit ci-dessus, du premier au dix-
huitième, seront classés parmi les Degrés du Rit de Perfection dans leur ordre
respectif et d’après l’analogie et la similitude qui existent entr’eux ils formeront les
:
dix-huit premier Degrés du RIT ECOSSAIS ANCIEN ACCEPTE ; le dix-neuvième
Degré, et le vingt-troisième Degré du Rit Primitif formeront le vingtième Degré de
l’ORDRE. Le vingtième et le vingt-troisième Degré du Rit de Perfection, soit le
seizième et le vingt-quatrième Degré du Rit Primitif formeront le vingt-unième et le
vingt-huitième Degré de l’ORDRE. LES PRINCES DU ROYAL SECRET occuperont
le trente-deuxième Degré, immédiatement au-dessous des SOUVERAINS
GRANDS INSPECTEURS GENERAUX dont le Degré sera le trente-troisième et
dernier de l’ORDRE. Le trente-unième Degré sera celui des Souverains-Juges-
Commandeurs. Les Grands Commandeurs, Grands Elus Chevaliers Kadosch
prendront le trentième Degré. Les Chefs du Tabernacle, les Princes du Tabernacle,
les Chevaliers du Serpent d’Airain, les Princes de Merci, les Grands Commandeurs
du Temple et les Grands Écossais de Saint-André composeront respectivement le
vingt-troisième, le vingt-quatrième, le vingt-cinquième, le vingt-sixième, le vingt-
septième et le vingt-neuvième Degré.

Tous les Sublimes Degrés de ces mêmes Systèmes Écossais réunis seront, d’après
leur analogie ou leur identité, distribués dans les classes de leur Ordre qui
correspondent au régime du RIT ÉCOSSAIS ANCIEN ACCEPTE.

Mais jamais et sous quelque prétexte que ce soit, aucun de ces sublimes Degrés ne
pourra être assimilé au trente-troisième et très Sublime Degré de SOUVERAIN
GRAND INSPECTEUR GÉNÉRAL, PROTECTEUR ET CONSERVATEUR DE
L’ORDRE, qui est le dernier du RIT ANCIEN ACCEPTE ÉCOSSAIS et, dans aucun
cas, nul ne pourra jouir des mêmes droits, prérogatives, privilèges ou pouvoirs dont
nous investissons ces Inspecteurs.

Ainsi nous leur conférons la plénitude de la puissance suprême et conservatrice.

Et, afin que la présente ordonnance soit fidèlement et à jamais observée, nous
commandons à nos Chers, Vaillants et Sublimes Chevaliers et Princes Maçons de
veiller à son exécution.

DONNE en notre Palais à Berlin, le jour des Calendes premier – de Mai, l’an de
Grâce 1786, et de notre Règne le 47e.

Signé  » FREDERIC « .

Universi Terrarum Orbis Summi Architectonis Gloria ab Ingeniis.

CONSTITUTIONS ET STATUTS des GRANDS ET SUPREMES CONSEILS


composés des Grands Inspecteurs Généraux, Patrons, Chefs et Conservateurs de
L’ORDRE DU 33° et dernier degré du Rite Ecossais Ancien Accepté, et
:
REGLEMENS
pour le gouvernement de tous les Consistoires, Conseils, Collèges, Chapitres et
autres Corps maçonniques soumis à la juridiction desdits Conseils.

Au nom du Très Saint et Grand Architecte de l’Univers Ordo ab Chao.

Avec l’approbation en la présence et sous les auspices de son Auguste Majesté


Frédéric (Charles) II, Roi de Prusse, Margrave de Brandebourg, etc., très Puissant
Monarque, Grand Protecteur, Grand Commandeur, etc… de l’ORDRE, etc., etc.,
etc.,
Les Souverains Grands Inspecteurs Généraux, en Suprême Conseil assemblé.
Ont, après délibération sanctionné les Décrets suivants qui sont et seront à
perpétuité leurs CONSTITUTIONS, STATUTS ET REGLEMENTS pour le
gouvernement des Consistoires et autres Ateliers Maçonniques soumis à la
juridiction desdits Grands Inspecteurs.

ARTICLE I

Tous les articles des CONSTITUTIONS, Statuts et Réglements rédigés en l’année


1762 par les neuf Commissaires des Grands Conseils des Princes Maçons du
Royal Secret, qui ne sont pas contraires aux présentes dispositions, sont maintenus
et devront être observés ; ceux qui y sont contraires sont abrogés et considérés
comme expressément abolis.

ARTICLE II

§ I. Le trente-troisième DEGRE confère aux Maçons qui en sont légitimement


revêtus la qualité, le titre, le privilège et l’autorité de Souverains Grands Inspecteurs
Généraux de l’ORDRE.
§ II. L’objet particulier de leur mission est d’instruire et d’éclairer leurs Frères ; de
faire régner parmi eux la Charité, l’Union et l’Amour fraternel ; de maintenir la
régularité dans les travaux de chaque Degré et de veiller à ce qu’elle soit observée
par tous les Membres ; de faire respecter, et, dans toutes les occasions, de
respecter et de défendre les Dogmes, les Doctrines, les Instituts, les Constitutions,
les Statuts et les Réglements de l’ORDRE, et principalement ceux de la Haute
Maçonnerie, et enfin de s’appliquer, en tous lieux, à faire des oeuvres de Paix et de
Miséricorde.
§ III. Une réunion de membres de ce grade prend le titre de
CONSEIL DU TRENTE-TROISIEME DEGRE ou des Puissants Grands Inspecteurs
Généraux de l’ORDRE ; ce Conseil se forme et se compose comme suit
1° Dans les lieux propres à l’établissement d’un Suprême Conseil de ce Degré,
:
l’Inspecteur le plus ancien en grade est, par les présentes, autorisé à élever un
autre Frère à la même dignité, après s’être assuré que celui-ci l’a réellement méritée
par son caractère, son instruction et les grades dont il est revêtu, et il lui
administrera le serment.
2° Ces deux Frères conféreront ensemble, et de la même manière le grade à un
autre membre.
§ IV. LE SUPREME CONSEIL sera alors constitué. Mais aucun des autres
Candidats ne sera admis, s’il n’obtient l’unanimité des suffrages, chaque membre
donnant son vote de vive voix, en commençant par le plus jeune, c’est-à-dire, par le
dernier reçu. Le vote négatif d’un seul des membres délibérants, si ses raisons sont
jugées suffisantes, fera rejeter le candidat. Cette règle sera observée dans tous les
cas analogues.

ARTICLE III

§ I. DANS les lieux ci-dessus désignés, les deux Frères qui, les premiers, auront été
élevés à ce grade, seront de droit, les deux premiers Officiers du SUPREME
CONSEIL, savoir : le très Puissant Monarque Grand Commandeur, et le très Illustre
Lieutenant Grand Commandeur.
§ II. Si le premier de ces Officiers vient à mourir, s’il abdique, ou s’il s’absente, pour
ne plus revenir, il sera remplacé par le second Officier qui choisira son successeur
parmi les autres Grands Inspecteurs.
§ III. Si le second Officier abdique, s’il meurt ou s’il s’éloigne pour toujours, le
premier Officier lui donnera pour successeur un autre Frère du même grade.
§ IV. Le très Puissant Monarque nommera également l’Illustre Ministre d’Etat du
Saint Empire, l’Illustre Grand Maître des Cérémonies et l’Illustre Capitaine des
Gardes ; et il désignera, de la même manière, des Frères pour remplir les autres
emplois vacants ou qui pourront le devenir.

ARTICLE IV

Tout Maçon qui, possédant les qualités et les capacités requises, sera élevé à ce
Grade Sublime, paiera préalablement, entre les mains du très Illustre Trésorier du
Saint Empire, une contribution de dix Frédérics d’Or ou de dix Louis d’Or, monnaie
ancienne, ou l’équivalent en argent du pays.
Lorsqu’un Frère sera initié au trentième, au trente-unième ou au trente-deuxième
Degré, on exigera de lui une somme de pareille valeur et même titre, pour chaque
grade.
Le SUPREME CONSEIL surveillera l’administration de ces fonds et en disposera
dans l’intérêt de l’ORDRE.
:
ARTICLE V

§ I. TOUT SUPREME CONSEIL se composera de neuf Souverains Grands


Inspecteurs Généraux du trente-troisième Degré, dont quatre, au moins, devront
professer la religion dominante du pays.
§ II. Lorsque le très Puissant Monarque Grand Commandeur et le Lieutenant Grand
Commandeur de l’ORDRE sont présents, trois membres suffisent pour composer le
Suprême Conseil et pour l’expédition des affaires de l’ORDRE.
§ III. Dans chaque grande Nation, Royaume ou Empire d’Europe, il n’y aura qu’un
seul Suprême Conseil de ce grade.
Dans les Etats et Provinces dont se compose l’Amérique Septentrionale, soit sur le
continent, soit dans les îles, il y dura deux Conseils, aussi éloignés que possible l’un
de l’autre.
Dans les Etats et Provinces dont se compose l’Amérique Méridionale, soit sur le
continent, soit dans les îles, il y aura également deux Conseils, aussi éloignés que
possible l’un de l’autre.
Il n’y aura qu’un seul Suprême Conseil dans chaque Empire, Etat Souverain ou
Royaume d’Asie, d’Afrique, etc., etc.

ARTICLE VI

Le Suprême Conseil n’exerce pas toujours directement son autorité sur les Degrés
au-dessous du dix-septième ou Chevalier d’Orient, d’Occident. D’après les
circonstances et les localités, il peut la déléguer même tacitement ; mais son droit
est imprescriptible, et toutes les Loges et tous les Conseils de Parfaits Maçons, de
quelque degré que ce soit, sont, par les présentes, requis de reconnaître, dans ceux
qui sont revêtus du trente-troisième Degré, l’autorité des Souverains Grands
Inspecteurs Généraux de l’Ordre, de respecter leurs prérogatives, de leur rendre les
honneurs qui leur sont dus, de leur obéir, et enfin, de déférer avec confiance à
toutes les demandes qu’ils pourraient formuler pour le bien de l’ORDRE, en vertu de
ses lois, des présentes Grandes constitutions et de l’autorité dévolue à ces
Inspecteurs, que cette autorité soit générale ou spéciale, ou même temporaire et
personnelle.

ARTICLE VII

TOUT CONSEIL et tout Maçon d’un grade au-dessus du seizième, ont le droit d’en
appeler au SUPREME CONSEIL des Souverains Grands Inspecteurs Généraux, qui
pourra leur permettre de se présenter devant lui et de se faire entendre en
personne.
Quand il s’agira d’une affaire d’honneur entre des Maçons, de quelque grade qu’ils
:
soient, la cause sera portée directement devant le SUPREME CONSEIL qui
décidera en première et dernière instance.

ARTICLE VIII

Un GRAND CONSISTOIRE de Princes Maçons du Royal Secret choisira son


Président parmi les membres du trente-deuxième Degré qui le composent ; mais,
dans tous les cas, les actes d’un grand Consistoire n’auront de valeur qu’autant
qu’ils auront été préalablement sanctionnés par le SUPREME CONSEIL du trente-
troisième Degré, qui, après la mort de son Auguste Majesté le Roi, très puissant
Monarque et Commandeur Général de l’ORDRE, héritera de l’autorité Suprême
Maçonnique et l’exercera dans toute l’étendue de l’Etat, du Royaume ou de l’Empire
qui aura été placé sous sa juridiction.

ARTICLE IX

Dans les pays soumis à la juridiction d’un SUPREME CONSEIL de Souverains


Grands Inspecteurs Généraux, régulièrement constitué et reconnu par tous les
autres Suprêmes Conseils, aucun Souverain Grand Inspecteur Général ou Député
Inspecteur Général ne pourra faire usage de son autorité, à moins qu’il n’ait été
reconnu par ce même SUPREME CONSEIL et qu’il n’ait obtenu son approbation.

ARTICLE X

Aucun Député-Inspecteur-Général, soit qu’il ait été déjà admis et pourvu d’une
patente, soit qu’en vertu des présentes Constitutions il soit ultérieurement admis, ne
pourra de son autorité privée, conférer à qui que ce soit le Degré de Chevalier-
Kadosch ou tout autre degré supérieur, ni en donner des patentes.

ARTICLE XI

Le Degré de Chevalier Kadosch, ainsi que le trente-unième et le trente-deuxième


Degré, ne sera conféré qu’à des Maçons qui en auront été jugés dignes, et ce, en
présence de trois Souverains Grands Inspecteurs Généraux au moins.

ARTICLE XII

Lorsqu’il plaira au très Saint et Grand Architecte de l’Univers d’appeler à LUI son
Auguste Majesté le Roi, très Puissant Souverain Grand Protecteur, Commandeur et
Véritable Conservateur de l’ORDRE, etc., et., etc., chaque SUPREME CONSEIL de
Souverains Grands Inspecteurs Généraux, déjà régulièrement constitué et reconnu,
ou qui serait ultérieurement constitué et reconnu en vertu des présents Statuts,
sera, de plein droit, légitimement investi de toute l’autorité Maçonnique dont son
:
Auguste Majesté est actuellement revêtue. Chaque SUPREME CONSEIL exercera
cette autorité lorsqu’il sera nécessaire et en quelque lieu que ce soit, dans toute
l’étendue du pays soumis à sa juridiction ; et si, pour cause d’illégalité, il y a lieu de
protester, soit qu’il s’agisse des Patentes ou des pouvoirs accordés aux Députés
Inspecteurs Généraux, ou de tout autre sujet, on en fera un rapport qui sera adressé
à tous les SUPREMES CONSEILS des deux hémisphères.

ARTICLE XIII

§ I. Tout SUPREME CONSEIL du trente-troisième Degré pourra déléguer un ou


plusieurs des Souverains Grands Inspecteurs Généraux de l’ORDRE qui le
composent, pour fonder, constituer et établir un CONSEIL du même degré dans
tous les pays mentionnés dans les présents Statuts, à la condition qu’ils obéiront
ponctuellement à ce qui est stipulé dans le troisième paragraphe de l’article II ci-
dessus, ainsi qu’aux autres dispositions de la présente Constitution.
§ II. Le SUPREME CONSEIL pourra également donner à ces Députés le pouvoir
d’accorder des patentes aux Députés Inspecteurs Généraux, qui devront au moins
avoir reçu régulièrement tous les degrés que possède un Chevalier Kadosch, leur
déléguant telle portion de leur autorité suprême qu’il sera nécessaire pour
constituer, diriger et surveiller les Loges et les Conseils, du quatrième au vingt-
neuvième Degré inclusivement, dans les pays où il n’y aura point d’ateliers ou de
Conseils du Sublime Degré légalement constitués.
§ III. Le Rituel manuscrit des Sublimes Degrés ne sera confié qu’aux deux premiers
Officiers de chaque Conseil ou qu’à un Frère chargé de constituer un Conseil des
mêmes Degrés dans un autre pays.

ARTICLE XIV

Dans toute cérémonie maçonnique des Sublimes Degrés et dans toute procession
solennelle de Maçons possédant ces degrés, le SUPREME CONSEIL marchera le
premier, et les deux premiers Officiers se placeront après tous les autres membres
et seront immédiatement précédés du grand Etendard et du Glaive de l’ORDRE.

ARTICLE XV

§ I. Un SUPREME CONSEIL doit se réunir régulièrement dans les trois premiers


jours de chaque troisième nouvelle lune ; il s’assemblera plus souvent, si les affaires
de l’ORDRE l’exigent et si l’expédition en est urgente.
§ II. Outre les grandes fêtes solennelles de l’ORDRE, le SUPREME CONSEIL en
aura trois particulières chaque année, savoir : le jour des Calendes (premier)
d’Octobre, le vingt-sept de Décembre et le jour des Calendes (premier) de Mai.
:
ARTICLE XVI

§ I. Pour être reconnu et pour jouir des privilèges attachés au trente-troisième


Degré, chaque Souverain Grand Inspecteur Général sera muni de Patentes et de
lettres de créances dont le modèle se trouve dans le Rituel du Degré. Ces lettres lui
seront délivrées à la condition de verser dans le Trésor du Saint Empire la somme
que chaque SUPREME CONSEIL fixera pour sa juridiction aussitôt qu’il aura été
constitué. Ledit Souverain Grand Inspecteur Général paiera également un Frédéric,
ou un Louis, monnaie ancienne, ou l’équivalent en argent du pays, à l’Illustre
Secrétaire, en compensation de sa peine, pour l’expédition desdites Lettres et pour
l’apposition du Sceau.
§ II. Tout Souverain Grand Inspecteur Général tiendra, en outre, un Registre de ses
Actes : chaque page en sera numérotée ; la première et la dernière pages seront
quottées et paraphées pour en constater l’identité. On devra transcrire sur ce
Registre les Grandes Constitutions, les Statuts et les Règlements Généraux de l’Art
sublime de la Franche-Maçonnerie.
L’inspecteur lui-même sera tenu d’y inscrire successivement tous ses Actes, à peine
de nullité ou même d’interdiction.
Les Députés Inspecteurs Généraux sont tenus d’agir de même sous les mêmes
peines.
§ III. Ils se montreront mutuellement leurs Registres et leurs Patentes, et ils y
constateront réciproquement les lieux où ils se seront rencontrés reconnus. Sic.
Mutuellement reconnus à une autre Juridiction, à moins d’avoir été reconnu par une
déclaration à laquelle la formule a fait donner le nom d’EXEQUATUR.

ARTICLE XVII

LA MAJORITE des voix est nécessaire pour légaliser les actes des Souverains
Grands Inspecteurs Généraux, dans les lieux où il existe un SUPREME CONSEIL
du trente-troisième Degré, légalement constitué et reconnu. En conséquence, dans
un pays, ou territoire sous la dépendance d’un SUPREME CONSEIL, aucun de ces
Inspecteurs ne pourra exercer individuellement son autorité, à moins d’en avoir
obtenu l’autorisation dudit SUPREME CONSEIL, et dans le cas où l’Inspecteur
appartiendrait.

ARTICLE XVIII

Toutes les sommes reçues pour faire face aux dépenses, c’est-à-dire le prix des
Réceptions, – et qui se perçoivent à titre de frais d’initiation aux Degrés au-dessus
du seizième jusques et y compris le trente-troisième, seront versées dans le Trésor
du Saint-Empire, à la diligence des Présidents et Trésoriers des Conseils et des
:
Loges Sublimes de ces Degrés, ainsi que des Souverains Grands Inspecteurs
Généraux, de leurs Députés, de l’Illustre Secrétaire et de l’Illustre Trésorier du Saint
Empire.
Le SUPREME CONSEIL réglera et surveillera l’administration et l’emploi de ces
sommes : il s’en fera rendre, chaque année, un compte exact et fidèle, et il aura
soin d’en faire part aux ateliers de sa dépendance.

ARRETE, FAIT et APPROUVE en Grand et Suprême Conseil du trente-troisième


Degré, régulièrement constitué, convoqué et assemblé, avec l’approbation et en
présence de sa Très Auguste Majesté, FREDERIC, deuxième du nom, par la grâce
de Dieu Roi de Prusse, Margrave de Brandebourg, etc., etc., etc., très Puissant
Monarque, Grand Protecteur, Grand Commandeur, Grand Maître Universel et
Véritable Conservateur de l’ORDRE. Le jour des Calendes – premier de Mai, A.L.
5786, et de l’ère Chrétienne 1786.

Signé  » . . . . . . (+) . . . . . .  » –  » STARK.  » –  » . . . . . . (+ )


. …  » –  » . . . (+)  » –  » H. WILLHELM  » –  » D’ES-
TERNO  » –  » . . . . . . (+) . . . . . .  » –  » WOELLNER Ces astérisques désignent les
places de quelques signatures devenues illisibles, ou qui sont effacées par l’effet du
frotrement, ou par l’eau de la mer, à laquelle l’ampliation originale de ces
documents, écrits sur parchemin, a été accidentellement exposée plusieurs fois. –
(Note à la copie publiée en 1834 par les Suprêmes Conseils.)

APPROUVE et donné en notre Résidence Royale de Berlin, le jour des Calendes –


premier Mai, l’an de Grâce 1786, et de notre règne le 471.

L.S. Signé, FREDERIC.

APPENDICE
aux
STATUTS FONDAMENTAUX ET GRANDES CONSTITUTIONS
DU SUPREME CONSEIL DU TRENTE-TROISIEME DEGRÉ

ARTICLE I

L’ÉTENDARD de l’ORDRE est argent blanc. frangée d’or, portant au centre un aigle
noir à deux têtes, les ailes déployées ; les becs et les cuisses sont en or : il tient
dans une serre la garde d’or, et dans l’autre la lame d’acier d’un glaive antique,
placé horizontalement de droite à gauche. A ce glaive est suspendue la devise
Latine, en lettres d’or,  » DEUS MEUMQUE JUS « . L’aigle est couronné d’un
Triangle d’or : il tient une banderole de pourpre frangée d’or et parsemée d’étoiles
:
d’or.

ARTICLE II

Les Insignes distinctifs des Souverains Grands Inspecteurs Généraux sont


1° Une Croix Teutonique rouge qui se porte sur la partie gauche de la poitrine.
2° Un grand Cordon blanc moiré liséré d’or ; sur le devant est un Triangle d’or
radieux ; au milieu du Triangle est le chiffre 33 ; de chaque côté de l’angle
supérieur du Triangle est un glaive d’argent dont la pointe se dirige vers le centre,
porté de droite à gauche et se termine en pointe par une frange d’or et une
rosette rouge et vert à laquelle est suspendu le Bijou ordinaire de l’ORDRE.
3° Ce Bijou est un aigle semblable à celui de l’Étendard : il porte le diadème d’or
de Prusse.
4° La Grande Décoration de l’ORDRE est gravée sur une croix Teutonique ; c’est
une étoile à neuf pointes, formée par trois triangles d’or superposés et entrelacés.
Un glaive se dirige de la partie inférieure du côté gauche à la partie supérieure du
côté droit, et, du côté opposé, est une main de Justice. Au milieu est le Bouclier
de l’ORDRE azur ; sur le Bouclier est un aigle semblable à celui de l’étendard ;
sur le côté droit du Bouclier est une balance d’or ; sur le côté gauche, un compas
d’or posé sur une Equerre d’or. Tout autour du Bouclier est une banderole bleue
portant, en lettres d’or, l’inscription Latine,  » ORDO AB CHAO « . Cette
banderole est enfermée dans un double cercle, formé par deux serpents d’or,
chacun d’eux tenant sa queue entre les dents. Des petits triangles formés par
l’intersection des triangles principaux, les neuf qui sont le plus rapprochés de la
banderole, sont de couleur rouge et portent chacune une des lettres dont se
compose le mot S.A.P.I.E.N.T.I.A.
5° Les trois premiers Officiers du SUPREME CONSEIL portent, en outre, une
écharpe ou ceinture à franges d’or et tombant du côté droit.

ARTICLE III

LE GRAND SCEAU DE L’ORDRE est un Ecu d’argent sur lequel est un Aigle à
deux têtes, semblable à celui de l’Etendard, mais portant de plus le diadème d’or de
Prusse ; au-dessus du diadème est un Triangle radieux, au centre duquel est le
chiffre 33. Toutefois, on peut se contenter de mettre au-dessus de l’Aigle, soit la
couronne, soit le triangle seulement.
Au bas du Bouclier, au-dessous des ailes et des serres de l’Aigle, il y a trente-trois
:
Etoiles disposées en demi-cercle ; tout autour est l’inscription suivante :
SUPREME CONSEIL DU TRENTE-TROISIEME DEGRE POUR ……………………..

FAIT en Suprême Conseil du Trente-Troisième Degré, les jours, mois et an que


dessus.

Signé  » . . . . . . (+) . . . . . .  » –  » STARK  » –  » D’ESTERNO « .


 » . (+) .. .  » –  » H. WILLELM  » –  » D . …  » –
 » WOELLNER « .

APPROUVE,
L.S. Signé, FREDERIC.

NOUS SOUSSIGNES, SS GG II GG, etc., etc., etc., composant le présent Congrès


Maçonnique, conformément aux dispositions de l’Article III, en date de ce jour,
avons attentivement collationné les copies qui précèdent ci-dessus à l’expédition
authentique des véritables Instituts Secrets Fondamentaux, Statuts, Grandes
Constitutions et Appendices du 1er Mai, 1786 (E V ), et dont les ampliations
officielles sont déposées et ont été soigneusement et fidèlement conservées dans
toute leur pureté parmi les archives de l’ORDRE.
NOUS, en conséquence, certifions les dites copies fidèles et littéralement
conformes aux originaux des dits documents.
EN FOI DE QUOI, nous signons ces présentes, ce 15e jour d’Adar, A L , 5 833,
(vulgo) le 23 février, 1834.

DEUS MEUMQUE JUS.

Baron Freteau de Peny, 33°,


Comte Thiebault, 33° , Setier, 33° ,
Marquis de Giamboni, 33° ,
A.C.R. d’Andrada, 33° ,
Luis de Menes Vascos de Drummond, 33°,
Comte de St. Laurent, S G I G ,33°, etc.
Lafayette, 33’

PRÉSENTATION DES GRANDES CONSTITUTIONS DE 1786


Le Rite Ecossais Ancien et Accepté
:
Par Pierre Noël, 33e, CBCS

Le premier Suprême Conseil du 33° degré fut fondé le 31 mai 1801 à Charleston,
Caroline du Sud, par John Mitchell (1741-1816) et Frederick Dalcho (1770-1836). Le
4 décembre 1802, cette institution rédigea une « circulaire aux deux hémisphères »
qui évoque l’existence d’une « Grande Constitution » (au singulier) signée par
Frédéric II, roi de Prusse, et, plus loin, rapporte que, dans le courant de l’année, le «
nombre d’Inspecteurs Généraux fut complété, en conformité avec les Grandes
Constitutions » (au pluriel).
« Quelles sont … dans leur contenu et dans leur texte, ces Grandes Constitutions ?
On ne peut, hélas ! répondre clairement à cette question précise ». Ainsi s’exprimait
Naudon en 1978 Histoire, Rituels et Tuileur des hauts Grades maçonniques. Le Rite
Ecossais Ancien et Accepté. 3° édition entièrement refondue et augmentée. Page
148. , en ajoutant : « la première publication n (’en) sera faite qu’en 1832 dans le
Recueil des Actes du Suprême Conseil de France » . L’affirmation est
surprenante… et inexacte car plusieurs versions manuscrites antérieures au Recueil
nous sont parvenues, toutes très semblables sinon identiques. En effet, chaque
Grand Inspecteur général recevait une copie manuscrite des Grandes Constitutions
mais il devait s’engager par écrit à ne jamais les communiquer à un maçon de grade
inférieur sans l’autorisation du Suprême Conseil Arturo de Hoyos, « The early years
of the Grand Consistory of Louisiana (1811-1815)- A rejoinder » Heredom, 2001,
vol. 9 : 80. . Le respect de cette interdiction, inattendu dans le milieu maçonnique,
explique qu’il fallut attendre 31 ans pour que soit enfin publié le texte intégral des
Grandes Constitutions.

Le même Naudon, comme d’autres d’ailleurs, semble considérer comme allant de


soi que ces Constitutions furent écrites en français. Rien ne permet, me semble-t-il,
une telle certitude. En effet, les deux plus anciennes versions, hélas non datées,
sont écrites l’une en anglais, l’autre en français.

Le manuscrit anglais est de la main de Frederick Dalcho Dalcho était né à Londres,


de père anglais et de mère allemande (son père avait servi dans l’armée de
Frédéric II !). Il émigra aux Etats-Unis en 1787. Successivement officier, médecin et
puis prêtre anglican et curé de l’église Saint Michel de Charleston, initié à
Savannah, Géorgie, en 1792, il fut vénérable de la loge l’Union à Charleston et
Grand Chapelain de la Grande Loge de Caroline du Sud en 1819. A la mort de
Mitchell, le 25 janvier 1816, il devint Grand Commandeur du Suprême Conseil,
office dont il démissionna le 7 novembre 1823. , premier lieutenant Grand
Commandeur du Suprême Conseil du 33° degré. Conservé dans les archives du
:
Suprême Conseil de la Juridiction Nord des Etats-Unis, il est reproduit dans l’
« History of the Supreme Council, 33°, (Mother Council of the World) Ancient and
Accepted Scottish Rite of Freemasonry Southern Jurisdiction , U.S.A. 1801-1861 » ,
R.B.Harris et J.D.Carter (pp. 337-346).

Le manuscrit français, « légalisé » et signé par Jean Baptiste Marie Delahogue


Delahogue était né à Paris. Installé à Saint-Domingue, il se réfugia à Charleston
après la révolte des esclaves en 1793. Il y fonda, avec son beau-fils, Alexandre
François Auguste de Grasse-Tilly 1765-1845), la loge La Candeur (1795). Le 21
février 1802, il fut appelé aux fonctions de lieutenant Gand Commandeur du
Suprême Conseil pour les Iles françaises d’Amérique. Il revint en France au plus tôt
fin 1804. Il joua un rôle non négligeable dans les activités du Suprême Conseil (en
exil) dit plus tard « d’Amérique » . (1744-1822) est conservé au fonds Kloss,
bibliothèque du Grand Orient des Pays-Bas (La Haye). Il s’intitule « Copie Originale.
Rit Ecossais Anc. et Accepté. 33° degré. Souv. Gr. Inspecteur Général ». Outre le
texte des Grandes Constitutions, il contient également le rituel et l’instruction du
grade. C’est cette version qui fut publiée, avec quelques variantes Le Sétier contient
une description des privilèges attachés au 33° degré, laquelle ne se trouve pas dans
le manuscrit Delahogue. , dans le « Recueil des Actes du Suprême Conseil de
France » (pp. 36-41), publié par l’imprimerie de Sétier, rue de Grenelle Saint-
Honoré, n° 29, en 1832.

L’antériorité du manuscrit Dalcho paraît peu contestable. J’y vois, au moins, trois
raisons
La « légalisation » du document Delahogue précise que le texte en est « traduit de
l’anglais ». La comparaison des deux textes montre que c’est bien le texte du
Dalcho qui fut traduit.
Le titre « Rit Ecossais Ancien et Accepté » ne fut pas, à l’origine, utilisé par le
Suprême Conseil de Charleston (il apparaît pour la première fois dans l’Acte
d’Union du Grand Orient de France et du Suprême Conseil de France, daté du 5
décembre 1804). Il ne se trouve que dans le document Delahogue.
Le document Dalcho parle des « princes du Royal Secret » au pluriel (8° et 11°
articles) or dans la « circulaire », les 30°, 31° et 32° grades sont tous intitulés «
Prince du Royal secret, Princes des Maçons ». La titulature actuelle fut adoptée par
le Suprême Conseil de France, peut être dès sa création (automne 1804).
Delahogue emploie le singulier, non le pluriel, ce qui suggère que sa version est
déjà adaptée à une situation nouvelle.

Il est donc inexact de parler de « version française » Par opposition à la « version


latine » produite en 1834 par le comte de Saint-Laurent. . Mieux vaudrait parler de «
:
version anglaise » !

Version Delahogue « traduite de Version Dalcho. Original anglais.


l’anglais » Constitution, Statutes, Regulations For
Constitution, Statuts & Reglemens J’ai the Government of the Supreme Council
respecté l’orthographe du manuscrit. & of Inspectors General of the 33rd and for
Pour le Gouvernement du Suprême the Government of all Councils under
Conseil d’Inspecteurs G du 33° Grade et their Jurisdiction.
pour le Gouvernement de tous les Made and Approved in the Supreme
Conseils sous leur Juridiction Fait et Council of the 33rd duly and lawfully
approuvé dans le Suprême Conseil du established and Congregated in the
33° Grade duement et legalement Etabli Grand East of Berlin on the 1st of May
et ( ?) Constitué au Grd Orient de Berlin Anno Lucis 5786 and of the Christian Era
le 1er may anno Lucis 5786 ou de l’Ere 1786. At which Council was present in
chrétienne 1786, auquel conseil etoit person His Most August Majesty
present en personne, sa Très Auguste Frederick 2nd King of Prussia. Sovereign
majesté frederic 2° Roy de Prusse, Grand Commander. In the Name of the
souverain Grand Commandeur, Au nom Most Holy, Grand Architect of the
du Très Saint & Grand Architecte de Universe. Ordo ab Chao The Sovereign
l’univers Ordo ab Chao Le souverain Gd Grand Inspector general in Supreme
Inspecteur Gl en Suprême Conseil Council assembled, do ordain, and
assemblé, ordonne et declare la suivante declare the following Constitution and
Constitution et reglemens pour le Regulations for the Government of
Gouvernement des Conseils Masonic Councils under their Jurisdiction.
maçonniques sous sa Juridiction
Article 1er Article 1st .
La Constitution et les reglemens faits par The Constitution and Regulations made
les neuf Commissaires nommés par le by the nine Commissaries, nominated by
Grand Conseil des Princes de Royal the Grand Council of Princes of Royal
Secret en 5762 seront strictement secret in the year 5762 shall be strictly
executes dans tous ses points excepté adhered to in all its parts , except in those
dans ceux qui militent contre les articles which militate against the articles of the
de la présente Constitution, mentionnés present Constitution and which are
dans ces presentes. hereby repealed

2° 2nd
Le 33° Grade appellé Souverain Gd Insp. The 33rd degree called Sovereign Grand
Gl, ou Supreme Conseil du 33° grade est Inspector general, or Supreme Council of
formé et organisé comme suit. the 33 rd is formed and organized in the
:
L’inspecteur auquel ce Grades est donné following manner, viz . The Inspector to
le premier est par ces présentes autorisé whom the degree is first given, is hereby
a le donner a un autre frère qui soit authorized and empowered to give it to
duement digne par son caractere et ses another brother, who is duly qualified,
grades et a recevoir de lui son obligation both by character and degrees, and to
,ces deux ensemble le donnent de la receive from him his obligation. These
même maniere a un 3° ensuite ils two give it in like manner to a 3rd when
admettent les autres par leur suffrage they admit the rest by voting viva voce,
donné de vive voix en Commencant par beginning with the youngest Inspector.
le plus jeune Inspecteur, un seul peut One Nay, excludes an Applicant for ever
Exclure pour Jamais un aspirant, si les – if the reasons which are given are
raisons produites, sont jugées deemed sufficient
suffisantes.
3° 3rd
Les deux premiers qui recoivent ce The two first who receive the degree in
grade, dans tour pays que ce soit seront any country, shall be the two presiding
les deux officiers président, en cas de officers. In case of death, resignation or
mort, resignation ou absence du Païs, absence from the country (not to return)
(pour ny pas revenir) du Premier officier, of the first officers, the second takes his
le second prendra sa place et nommera place and appoints (nominates) an
un Inspecteur pour succeder a la sienne Inspector to succeed in his own office. If
propre. Si le second officier venoit a the 2nf officer should die, resign or leave
mourir, resignoit L’emploi du mot « the country, the 1st officer appoints
résigner »ne doit pas surprendre. Il (nominates) another to succeed him The
signifie aussi « démissionner ». Ce n’est Most Puissant Sovereign appoints in like
donc pas un ’faux ami’. , ou quittoit le manner, the Illustrious Treasurer and
païs pour toujours le 1er officier en Secretary General of the Holy Empire,
nommera un autre pour le succeder. Le the Illustrious Grand Master of
Très Puist Souverain nommera de la ceremonies and the Illustrious Captain of
même maniere l’Illustre Trésaurier, le the Life Guards, and fills up all vacancies
Secretaire general du St Empire, l’Illustre as they may happen.
Gd Me des Ceremonies et l’Illustre Capte
de ses gardes et remplit toutes les
vavances qui peuvent survenir.
4° 4th
Chaque Insp. qui sera initié dans ce Every Inspector who is initiated into this
Sublime Grade payera d’avance entre les High degree shall previously thereto pay
mains de l’Illustre trésorier Gle du St into the hands of the Illustrious Treasurer
Empire la somme de Dix Louis de 24 General of the Holy Empire the sum of
:
Tournois Delahogue remplace les « Ten Guineas – the like fee shall be
guinées » du texte anglais par des « demanded from those who receive the
Louis d’or de 24 tournois ». Notaire sous degree of K.H. and prince of the Royal
l’ancien régime, il connaissait les Secret, which sums shall be for the use of
monnaies utilisées à l’époque. Les citer the Supreme Council/
ici donnait au texte un vernis
d’ancienneté. , la meme somme sera
euigé a ceux qui recevront le grade de
K.H. ou Prince de Royal Secret, la quelle
somme, sera pour l’usage du Conseil
Suprême

5° 5th
Chauqe Supreme Conseil doit etre Each Supreme Council is to be
compose de neuf Inspecteurs Generaux composed of nine Inspectors General ; at
donc cinq des quels, au moins, doivent least five of whom, must profess the
professer la religion chretienne Trois des Christian religion. 3 of whom, if the Most
membres, si le tres Puis Souv ou l’Illustre Puissant Sovereign or Illustrious
inspecteur sont présents, peuvent Inspector, are present, form a Council
proceder aux affaires de l’ordre et former and can proceed to business. There shall
le Conseil complet. Il n’y aura qu’un be but one Council of this degree, in each
Conseil de ce Grade dans chaque nation Nation or Kingdom in Europe – two in the
ou royaume en Europe, deux dans les United States of America, as remote from
Etats unis de l’amerique aussi eloignés each other as possible – One in the
que possible l’un de l’autre, un dans les British West Indies and one in the French
Isles anglaises de l’amerique, et un West India Islands.
pareillement dans celles françaises.
6° 6th
Le pouvoir du Suprême Conseil The power of the Supreme Council does
n’interfere dans aucuns grades not interfere with any degree below the
audessous du 17ème ou chev d’orient et 17th or Knights of the East and West. But
d’occident mais chaque Conseil et loge every Council and Lodge of Perfect
de parfaits maçons, sont ici requis de les Masons are hereby required and
reconnoitre en qualité d’Inspecteurs directed, to acknowledge them in quality
Généraux et de les recevoir avec tous les of Inspectors General, and to receive
honneurs qui leur sont dus. them with the high honours to which they
are entitled.

7° 7th
Tout Conseil ou Individu au dessus du Gd Any Council or Individual above the
:
Conseil des Princes de Jérusalem, Grand Council of Princes of Jerusalem,
peuvent porter leur appel au Suprême can appeal to the Supreme Council, in
Conseil et dans ce cas peuvent which case, they can be heard in the
comparaitre et être entendus en Council in person.
personne dans le Suprême Conseil.
8° 8th
Le grand Consistoire du Royal secret, The Grand Consistory of Princes of the
elira un president, choisi dans son sein, Royal secret shall elect a President from
mais aucuns de ses actes ne seront among themselves- but none of their
valides, qu’après avoir eté sanctionnés proceedings shall be valid, until they have
par les supremes Conseils du 33° Grade, received the Sanction & approbation of
qui, après le décès de sa majesté le Roy the Supreme Council of the 33rd who
de Prusse, sont souverains de la (after the decease of his Majesty the King
maçonnerie. of Prussia) are Sovereign of Masonry.
9° 9th
Aucun depute Inspecteur, ne peut faire The Deputy Inspector can use his patent,
usage de ses pouvoirs dans un Païs ou in any Country, where a Supreme Council
sera etabli un Conseil Suprême of Inspectors General is established –
d’Inspecteurs Generaux, a moins qu’il unless it shall be signed by the Grand
soit approuvé dudit Conseil. Council.

10° 10th
Aucun Deputé Inspecteur cy devant No deputy Inspector heretofore
recus ou qui peuvent l’etre par la suite en appointed, or who may hereafter be
vertu de cette Constitution n’aura le appointed, by virtue of this Constitution
pouvoir d’accorder des certificats ny de shall have power to grant patents nor to
donner les grades de K.H. ou des grades give the degree of H.H. or the higher
au dessus. degrees.
11° 11th
Le Grade de K.H. et celui de Prince de The degree of K.H. and the Degrees of
Royal secret ne sera jamais donné qu’en Prince of the Royal Secret are never to
présence de trois Souverains Grands be given but in the presence of 3
Inspecteurs Généraux. Sovereign Grand Inspectors general
12° 12th
Le Supreme Conseil exercera tous les The Supreme Council shall exercise all
souverains pouvoirs maconniques, dont the Sovereign Masonic power of which
Son Auguste majesté frederic 2°. Roy de his August Majesty Frederick the 2nd
Prusse étoit revetu – lorsquil sera King of Prussia is Le mot « was » (était)
convenable de protester contre les est biffé et remplacé par « is » (est). now
:
patentes de Deputes Inspecteurs comme possessed. – in recalling the patent of
Illegales, information en sera envoyé à Deputy Inspectors for improper, illegal
tous les Conseils Supremes du monde. unmasonic conduct. In which case ,
information shall be sent to all the
Supreme Councils of the world.
13° 13th
Le Suprême Conseil du 33° grade est The Supreme Council of the 33rd is
authorise « authorise », coquille authorized to depute a brother who is well
directement inspirée du texte anglais « qualified & the Sov. Gr. Com. may during
authorized ». a députer un F. et membre ….. authorize under his ……a brother
du S. Conseil pour etablir un Conseil du who is well qualified to establish a
Dr. Le manuscrit porte un D majuscule Council of the said Degree, in any
avec la lettre r en apposition. La version Country, in which it is directed to be
imprimée dans le Recueil publié par established by this Constitution who shall
Sétier (1832) dit plus simplement « dudit conduct himself as in the 2nd Article.
grade ». Grade dans quelque païs They also have power to grant patents to
designés dans la présente Constitution, a Deputy Inspectors General, who must
la charge de se conduire conformement have received the degree of K.H. to
au 2° article, ces Deputés auront aussi le establish lodges and Councils of the
pouvoir d’accorder des patentes aux Superior degrees, up to the Knight of the
députés Inspecteurs Generaux qui Sun inclusive, in a Country where there is
doivent avoir reçus le grade de K.H. pour no such Sublime Lodge or Council
Etablir des Loges et Conseils de Grades already established. The manuscript of
Superieurs au dessus du Ch. du Soleil, this Degree shall not be given to any
dans un Pays où il ny aura pas de Loges Inspector but the two first officers of the
Sublimes ou Conseils deja Etablis. Le Council, or to a brother going to a distant
Manuscrit du Grade ne sera donné a Country to establish the degree.
aucun autre Inspecteur qu’aux deux
premiers officiers du Conseil ou a un f qui
va dans un païs Eloigne pour Etablir ce
Grade.
14° 14th
Dans toutes les processions des Grades In all Processions of the Sublime
Sublimes le Suprême Conseil marchera Degrees, the Supreme Council shall walk
le dernier, et les 2 premiers officiers last, and the last of them, shall be the two
seront les derniers, le Gd Porteur senior Officers, – the Grand Standard
d’Etendard de l’ordre les précédera bearer, appointed for the occasion,
Immédiatement. dressed in uniform, with the Standard of
the Order, immediately preceding them.
:
15° 15th
Les assemblées du Conseil seront The meetings of the Council shall be
tenues chaque 3° nouvelle Lune, mais Ils held, every third moon. – but they shall
s’assembleront plus souvent si la meet oftener if occasion requires for the
nécessité le requiert, pour expedier les dispatch of business .There are two
affaires, Il y a 2 fetes dans l’année, l’une, festivals in the Year. One on the first of
le 1er 8bre lorsque nos Possessions October, when, our property was
furent sequestrees & données aux Ch. de sequestered and given to the Knights of
Malte et l’autre le 27 decembre, fete Malta, and the other on the 27th
ordinaire de la maçonnerie. December, the common Masonic festival.
16° 16th
Chaque Inspecteur General du 33° Grade Every Inspector General of the 33rd shall
sera muni de lettres de créance, have letters of credence agreably to the
conformement a la forme exprimee dans form expressed in the Degree, for which
ce Grade, pour laquelle il payera au he shall pay to the Secretary General
Secretaire General un Louis pour sa One Guinea for his trouble in affixing the
peine d »’apposition des Sceaux et un Seals – and one Guinea to the Council
Louis au Conseil pour subvenir aux for defraying the expense of the plate (
Depenses. Le Gd Sceau du Suprême ?). The Grand Seal of the Supreme
Conseil, est un Grand aigle noir a 2 têtes, Council , is a Large Black Eagle with 2
les becs d’or, les ailes deployées et heads in the attitude of flying, with a
tenant dans ses serres une Epée nue. naked sword in its claws – in a scroll
Sur un Ruban Deployé au dessous ces underneath, these words « Deus
mots – Deus Meumque Jus, et au dessus Meumque Jus » . Over his head in a semi
de l’aigle ces mots Supreme Conseil 33° circle these words « Supreme Council
Grade. 33rd »

17° 17th
Un Inspecteur General ne possede aucun No Inspector General possesses any
pouvoir individuel dans un pais ou est individual power in a Country where a
Etabli un Conseil Suprême, puisque la Supreme Council is established, as a
majorité des Voix est nécessaire pour Majority of their Votes is necessary to
rendre ses procedés legaux, Excepté en give legality to their proceedings. Except
vertu de patentes accordées by Virtue of a patent granted for special
spécialement par me Conseil. purposes by the Council ; except the Sov.
Grand Com. as is provided by in Art. 13.
18° 18th
Les sommes Provenant des Initiations All monies arising from initiations into the
dans les Conseils au dessus des Princes Council above the Princes of Jerusalem,
:
de Jerusalem seront remises dans les shall go to the funds of the Supreme
fonds du Supreme Conseil Council
Finis
Tiré des Archives du Grand Conseil Sublime du 33° Degré séant à l’Orient de
Charleston Caroline du Sud des Etats unis de L’amérique Septentrionale et Traduit
de l’anglais par moi soussigné premier fondateur des Conseils, Chapitres, Colleges,
grands Conseils et Consistoire du 32° degré sénats aux Orients de Charleston
Caroline du Sud des Etats unis de L’amerique et de la Nouvelle Orléans Delahogue
séjourna à la Nouvelle-Orléans de 1803 à fin 1804. Il y fut vénérable de la loge La
Charité mais il n’y a aucune preuve qu ’il y établit des organismes de hauts-grades (
in « Eleven gentlemen of Charleston », R.B.Harris, 1859, p.42.) Capitale de la
Louisiane et certifié conforme aux originaux J.B.M. Delahogue K.H. P.R.S. Ex Souv.
des dits Consistoire, Chapitres, Cvoleges et Grands Conseils et Lieutenant Souv.
Grand Commandeur du 33° Degré Dans les Isles et Dominations francaises de
l’amerique.

Finis

LES GRADES BLEUS DU REAA – GENÈSE ET DÉVELOPPEMENTS.


(PARTIE 1)
Le Rite Ecossais Ancien et Accepté

Par Pierre Noël, 33e, CBCS

En 1804, les hauts-grades du REAA furent (ré)introduits en France par des FFø
revenant des Etats-Unis où le 1er Suprême Conseil des Grands-Inspecteurs-
Généraux avait été créé, peu de temps auparavant, en Caroline du Sud. Cet
organisme n’avait pas prévu de grades bleus spécifiques et ne connaissait que les
rituels typiquement anglo-saxons, codifiés par Thomas Smith Webb et régis par les
Grandes Loges locales.

De retour à Paris, les ex-émigrés trouvèrent une situation confuse, marquée par les
luttes intestines qui opposaient le Grand-Orient de France et les loges dites «
Ecossaises » parce qu’elles pratiquaient des hauts-grades non reconnus par celui-
ci. Le soutien inconditionnel des « Ecossais » permit aux nouveaux arrivés d’établir
une Grande Loge centrale Ecossaise et un Suprême Conseil indépendants du
GODF. Allant plus loin que leurs inspirateurs américains, ils ne se contentèrent pas
:
de conférer les hauts-grades du Rite mais rédigèrent également des cahiers des
grades bleus, qu’ils présentèrent comme seuls authentiques car « anciens ». Ainsi
naquirent les premières versions des grades bleus, dits de REAA, qui furent
pratiqués dans les loges rebelles au GODF. Très naturellement, les rédacteurs
pillèrent leurs prédécesseurs et accouchèrent de rituels syncrétiques, mêlant
éléments de la maçonnerie française classique, de celle dite de « Rite Ecossais » et
surtout d’apports anglo-saxons de style « ancien ». Le REAA bleu d’origine fut donc
un conglomérat difficilement jouable d’influences diverses et parfois contradictoires.
Le ralliement ultérieur de ces loges au GODF ne changea rien à l’affaire jusqu’à la
fin du premier Empire.

La Restauration vit, avec l’indépendance du Suprême Conseil, une refonte de ces


rituels, visant à les rendre plus en accord avec le goût du temps. L’apport
britannique fut minimisé, l’exemple du Rite Français amena des emprunts
significatifs, la légende d’Hiram fut relue dans une optique naturaliste qui occulta sa
signification première. Le positivisme à la mode amena également des
développements inattendus qui ne pouvaient qu’altérer profondément les textes
d’origine. A la fin du XIX° siècle, les rituels en usage au Suprême Conseil ne
différaient en réalité de ceux en usage au GODF que par le maintien de l’invocation
du Grand Architecte de l’Univers, abandonné au Rite Français dans les suites de la
décision de 1877.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le retour à une conception plus


traditionnelle de la maçonnerie vit une réécriture de ces rituels, sans cependant que
les influences du XIX° siècle disparaissent tout à fait. De nouveaux emprunts, à la
maçonnerie britannique et hollandaise, ainsi qu’au compagnonnage, conduisirent
aux rituels aujourd’hui en usage à la GLNF et à la GLDF.

Les rituels actuels, dit de REAA, se ressentent de ces emprunts successifs qui, le
point est essentiel, ne doivent rien aux hauts-grades du même Rite et diffèrent
considérablement de leur mouture d’origine. Ce constat soulève deux questions
difficiles :

Existe-t-il une spécificité, voire une cohérence, qui lie les grades bleus et les hauts-
grades de même nom ?

Quel est le véritable REAA, pour les grades bleus s’entend ?

INTRODUCTION
Le Rite Ecossais Ancien et Accepté (REAA) est le Rite maçonnique le plus pratiqué
dans le monde. Qu’on l’appelle « Ancient and Accepted Rite » dans les Iles
:
Britanniques ou « Scottish Rite » aux Etats-Unis, il est d’abord un système de 30
hauts-grades, dont la plupart ne sont, le plus souvent, conférés que par
communication. Or si on parle rarement des grades bleus de ce Rite, inconnus dans
les pays de langue anglaise, ils sont pratiqués en Europe continentale (France,
Belgique, Italie, Suisse…) et en Amérique latine. Ce qui n’empêche les bons
auteurs, Lantoine, Clément, Naudon, Palou, de rester étrangement muets sur le
sujet.

Ce silence ne laisse pas de surprendre. Car de deux choses l’une, ou le Rite


possède des grades bleus qui lui soient propres ou il n’en possède pas ! La
question n’est pas futile puisque les tenants du système n’arrêtent de répéter que le
REAA est un, du 1er au 33ème degré, et, corollaire obligé, que les Grands
Inspecteurs Généraux, 33ème et dernier degré du Rite, exercent leur autorité «
dogmatique » « Dogmatique », au sens du XIX° siècle, signifie « réglementaire ».
sur l’ensemble des grades dudit Rite, affirmations respectables mais qui
demandent, reconnaissons-le, une démonstration qui fait le plus souvent défaut.

L’organisation de l’échelle des trente hauts-grades fut un processus long et


compliqué dont on commence à déceler le processus, grâce aux travaux essentiels
de Jackson, d’Alain Bernheim et d’autres dont l’école américaine, celle notamment
de la revue « Heredom », publication du Suprême Conseil de la juridiction sud des
Etats-Unis, qui complètent heureusement les écrits fragmentaires des auteurs cités
plus haut.

Mais ces travaux ne traitent guère des grades bleus du Rite. Leur contenu n’est que
rarement évoqué et le curieux, soucieux de savoir en quoi ces degrés du REAA
diffèrent (ou différaient) significativement des autres rituels, serait en bien en peine
de trouver une réponse à ses interrogations.

La genèse de ces hauts-grades sort de mon propos. Qu’il suffise de rappeler que
les grades actuellement intégrés à l’échelle du Rite furent élaborés en France entre
1740 et 1760 et dans les possession françaises d’Amérique, Saint-Domingue
surtout, au cours de la décennie suivante. Au début du XIX° siècle, ils furent
organisés, à Charleston, en un système de 33 grades dont les deux derniers
seulement étaient inconnus en France. Le premier « Suprême Conseil des Très
Puissants Souverains Grands Inspecteurs Généraux du 33ème degré» fut constitué
le 31 mai 1801. Initialement composé de deux membres seulement, John Mitchell
John Mitchell (1741-1816), d’origine irlandaise, joua un rôle important dans la guerre
d’indépendance. , Grand Commandeur, et Frederick Dalcho Frederick Dalcho
(1770-1836). Il succéda à John Mitchell à son décès, le 25 janvier 1816. Il
démissionna de ses fonctions le 7 novembre 1823. Médecin puis diacre (en 1816) et
:
prêtre (en 1818) de l’Eglise Episcopalienne (anglicane). , Lieutenant Grand
Commandeur, il fut porté, dans le courant de l’année suivante, au nombre de neuf
membres prévu par les Grandes Constitutions dites de 1786. Dans une circulaire,
datée du 4 décembre 1802, adressée « aux puissances maçonniques des deux
hémisphères », cet organisme nouveau affirma connaître cinquante-deux degrés (et
non trente-trois !) mais il s’empressa d’ajouter qu’il laissait les grades bleus aux
Grandes Loges « Bien que nombre de degrés Sublimes soient, en fait, le
prolongement des degrés Bleus, il n’y a pas pour autant ingérence entre les deux
institutions… Les Maçons Sublimes ne procèdent jamais à des initiations aux
degrés Bleus sans autorisation de droit accordée dans ce but par une Grande Loge
». Circulaire « aux deux hémisphères », 4 décembre 1802, rédigée par Fredrick
Dalcho, Isaac Auld et Emmanuel de La Motta, signée par John Mitchell, Souverain
Grand Inspecteur Général du 33e degré et Grand Commandeur des Etats-Unis
d’Amérique, et Abraham Alexander, Secrétaire du Saint-Empire. . Il n’y avait donc
pas, à l’époque, de grades bleus spécifiques au REAA, pas plus qu’il n’en existe
aujourd’hui aux Etats-Unis ou dans les Iles Britanniques.

Le 21 février 1802, ce même Suprême Conseil remit au comte de Grasse-Tilly Fils


aîné de l’amiral de Grasse qui s’était illustré dans la guerre d’indépendance
américaine, Alexandre François Auguste, comte de Grasse, des princes d’Antibes,
marquis de Tilly, était né à Versailles le 14 février 1765. Il avait été initié dans la
Mère-Loge Ecossaise du Contrat Social le 8 janvier 1783. Après la mort de son
père, il quitta la France au début de 1789 pour aller prendre possession d’un
héritage de plantations à Saint-Domingue. En 1793, la révolte des esclaves le
contraignit à se réfugier avec son épouse, sa fille et son beau-père, Jean-Baptiste
Marie Delahogue (1744-1822), à Charleston (Caroline du Sud) où il arriva le 14
août. Les deux hommes participèrent à la fondation (1796) dans cette ville de la
loge « La Candeur » que de Grasse présida en 1798 avant d’en démissionner, le 4
août 1799, pour devenir, six jours plus tard, le premier Vénérable de la « Réunion
Française », dépendant de la Grand Loge des « Antient York Masons » de Caroline
du Sud. Entre temps, il avait été fait « Député Grand Inspecteur Général », et 25°
degré du Rite « de Morin », le 12 décembre 1796, ainsi que son beau-père et douze
autres réfugiés français, par Hyman Isaac Long et à ce titre, participa à la formation,
dans le hall de la loge « La Candeur », du Grand et Sublime Conseil des Princes du
Royal Secret (Charleston) le 13 janvier 1797. Il retourna l’année suivante à Saint-
Domingue, voulant participer à l’entreprise malheureuse du général Hedouville. Il y
fut capturé par les rebelles mais, étant devenu citoyen américain le 17 juin 1799, il
fut rapidement libéré, put regagner Charleston et y gagner médiocrement sa vie en
diverses occupations honorables mais sans éclat. Le 27 décembre 1800, il devint
:
Grand Maréchal de la Grande Loge de Caroline du Sud (« Antients ») dont John
Mitchell, futur fondateur du Suprême Conseil de Charleston, était Grand Secrétaire.
Mort le 10 juin 1845. , nommé « Grand Commandeur pour les Îles françaises
d’Amérique », une patente dont le texte mérite d’être rappelé :

Universi Terrarum Orbis Architecturis Gloria ab Ingentis.


Deus meumque Jus. Ordo ab Caho.
De l’Orient du Suprême Conseil des Très-Puissans Souverains Gr. Insp. Gén.,
sous la voûte céleste du Zénith, qui répond au 32° degré 45 m. latit. Nord.
A Nos T.Ill.T. Vaill. et Sbl. Princes du Royal-Secret, Ch. de K.H. Illustres Princes
et Chevaliers Grands Ineffables et Sublimes, libres et acceptés maçons de tous
grades, anciens et modernes, sur la surface des deux hémisphères : A tous
ceux qui ces présentes lettres verront,
SANTE. PROSPERITE. POUVOIR
Faisons savoir que Nous soussignés Sou. Grands Inspecteurs généraux,
duement et légalement constitués et établis en Suprême Conseil ; avons
examiné scrupuleusement notre Ill. Frère Comte Alexandre-François-Auguste
De Grasse-Tilly, dans les divers grades qu’il a légalement reçus ; et à sa
requête spéciale, nous certifions, reconnoissons et proclamons notre T.Ill.F.
Alexandre-François-Auguste De Grasse-Tilly, de Versailles en France, ancien
capitaine de cavalerie, et ingénieur au service des Etats-Unis d’Amérique ; M° et
passe-M° des Loges symboliques ; M° Secret, M° Parfait ; Secrét. Intime ;
Prévôt et Juge ; Intendant des Bätimens ; M° Elu des 9, Ill. Elu des 15 ; Subl.
Ch. Elu ; Grand Maître Architecte Royal-Arche ; Gr. Elu, Parfait et Subl. Maçon.
Attestons aussi qu’il est Chev. d’Orient ou de l’épée, Prince de Jérusalem, Chev.
d’Occident, Chev. de l’Aigle, et Souv. Prince Rose-Croix d’Hérédom, Grand
Pontife, Maître ad vitam, patriarche, Noachite, Chev. Prussien, Prince du Liban,
Grand M. Ecossais, Chev de St-André, etc.etc.etc. ; Chef du Tabernacle, Prince
de Mercy, Chev. du Serpent d’airain, Commandeur du Temple, Souv. Chev. du
Soleil, Prince adepte, H.K., Chev . de l’Aigle blanc et noir, et Souv. Grand
Inspecteur Général et membre du Suprême Conseil du 33° degré.
Certifions aussi que notre susdit T. Ill. F. est Grand Commandeur à vie du
Suprême Conseil des Isles françaises de l’Amérique.
Autorisons et donnons pouvoir à notredit F. A.F.A. De Grasse-Tilly, de constituer,
établir et inspecter toutes les Loges, Chapitres, Conseils et Consistoires de
l’Ordre royal et militaire de l’ancienne et moderne Franche-Maçonnerie sur les
deux hémisphères, conformément aux grandes Constitutions.
Nous, en conséquence, commandons à tous nos sudits Pr. Chev. et Sublimes
Maçons, de recevoir notre Ill. F. Alexandre-François-Auguste De Grasse-Tilly,
:
dans toutes ses diverses qualités, jusqu’au plus haut degré de la Maçonnerie ;
promettant d’avoir les mêmes égards pour ceux qui se présenteroient à notre
Subl. Cons, munis de certificats, ou lettres de créance aussi authentiques.
Auxquelles lettres de créance, Nous Souverains Grands Inspecteurs Généraux,
membres du Suprême Conseil du 33° degré, à Charles-Town, Caroline du Sud ;
avons ici-bas souscrit nos noms, et fixé le grand sceau dudit Ill. Ordre dans la
Chambre du Grand Conseil, près du B.A., sous la voûte céleste, ce 9° jour du
12° mois de la Restauration 5562, anno Lucis 1802, et de l’ère chrétienne le 21°
jour de février 1802.
Signé FR. Dalchs, H.K.P.D.R.S.
S.G.I. 33°
J.B. Borven Thomas Bartholomew Bowen (1742-1805), Membre du Suprême
Conseil avant ou le 5 juillet 1801. , K.H.P.R.S.S.G.I.G. 33° deg., Master of
Ceremonies
J.B. Dieben Israel De Lieben (1740-1807), un des quatre Juifs qui furent
membres du premier Suprême Conseil. Il y fut admis entre le 5 juillet 1801 et le
10 janvier 1802. , K.H.P.R.S. et G.J. 33°, and Grand -Treasurer of the Holy
Empire .
Abraham-Alexander Abraham Alexander (1743-1816), Juif comme le précédent.
Membre du Suprême Conseil avant ou le 15 juin 1801. , P.R.S.S.G.I.G. 33°, and
Grand-Secretary of the Holy Empire
J.B.M. De La Hogue Jean Baptiste Marie Delahogue (1744-1822 ), né à Paris,
beau-père de Grasse-Tilly. , P.D.R.S.S.G.I.G. 33°, Lieutenant-Grand-Comm.
pour les Isles françaises au vent et sous-le-vent. In Extrait des Colonnes
gravées dans le Souvø Chapø Ecossø du Rit ancien et accepté du Père de
Famille, vallée d’Angers, 1812 : 30-35.

Les grades énumérés dans cette patente, à l’exception du Grand Inspecteur


Général, étaient ou avaient été pratiqués en France au siècle précédent. Lorsque
Grasse-Tilly arriva en France, deux années plus tard, il ne fit que ramener dans leur
pays d’origine des grades qui étaient toujours conférés régulièrement dans les
chapitres dépendant du Grand-Orient de France (GODF).

Mais cette patente conférait aussi à Grasse-Tilly le droit « de constituer, établir et


inspecter toutes les Loges, Chapitres, Conseils et Consistoires de l’Ordre royal et
militaire de l’ancienne et moderne Franche-Maçonnerie sur les deux hémisphères,
conformément aux grandes Constitutions », donc le pouvoir exorbitant de créer des
loges partout, même dans un pays où la maçonnerie était solidement implantée, ce
qui était le cas de la France. Soulignons un point essentiel : la patente ne parle pas
:
du Rite Ecossais Ancien et Accepté mais bien de « l’ancienne et moderne Franche-
Maçonnerie », incluant les deux rites ! On ne peut s’empêcher de souligner le peu
de constance des neuf gentlemen de Charleston. En février, ils donnaient à Grasse-
Tilly l’autorité de créer des loges bleues alors que leur circulaire de décembre
annonçait qu’ils laissaient aux Grandes Loges existantes le soin de conférer les
grades bleus.

1. L’ÉTAT DE L’ORDRE MAÇONNIQUE EN FRANCE EN 1804


En France, où rien n’est jamais simple, la situation de la maçonnerie, à l’aube du
XIX° siècle, était particulièrement complexe.

Après la mort du comte de Clermont (16 juin 1771), cinquième Grand Maître de la
« Grande Loge de Paris, ditte de France », un schisme divisa la franc-maçonnerie
française.

Le Grand-Orient de France avait été fondé en 1773 par une assemblée de députés
des loges de Paris et des provinces réunis en « Grande Loge Nationale » sous la
direction énergique du duc de Montmorency-Luxembourg. Après l’adoption, le 26
juin de cette année-là, de nouveaux statuts qui prévoyaient, entre autres,
l’amovibilité des maîtres de loge, le duc de Chartres Il devint, à la mort de son père,
duc d’Orléans avant de passer à la postérité sous le nom de Philippe-Egalité. ,
cousin du Roi, fut installé le 22 octobre. Mais la Grande Loge Nationale n’avait pu
rallier à ses vues tous les maîtres de loges parisiens dont certains étaient, on peut
les comprendre, très attachés à l’inamovibilité de leur fonction, privilège que voulait
supprimer la jeune obédience. Les rebelles se constituèrent donc en « Très
Respectable Grande Loge de France », ou plutôt affirmèrent continuer la Grande
Loge, laquelle souvent se qualifia de « Grand-Orient de Clermont », voire « seul
grand et unique Grand-Orient de France » « Grand Livre d’architecture de la Très
respectable Grande Loge de France. 9 février 5789 au 5 juin 5798 ». Les éditions
du Prieuré, 1996 (en collaboration avec le musée de la Grande Loge de France). .
Le 10 septembre 1773, elle annonça la liste de ses Grands Officiers, ne
reconnaissant pour Grand Maître que le défunt comte de Clermont et pour
administrateur-général le duc de Montmorency-Luxembourg, lequel ne put que
protester contre l’abus fait de son nom.

Schisme donc, lequel dura jusqu’en 1799, sans cependant que diffèrent les rituels et
les grades pratiqués. Cette maçonnerie-là était bien « française », c’est à dire
« moderne », dans la droite ligne de l’héritage britannique quoique accommodée à
l’imagination latine, et ce depuis les premières divulgations parisiennes. Prenons
garde d’y voir l’équivalent du schisme anglais, anciens contre modernes, qui faisait
:
rage de l’autre côté de la Manche, moins encore de cette fracture toujours béante
qui sépare aujourd’hui maçonneries « libérale » et, si l’on veut, « dogmatique ». La
différence était surtout sociologique : la Grande Loge était parisienne, roturière et
bourgeoise, le Grand-Orient national, aristocratique et de bon ton, dans ses cercles
dirigeants tout au moins.

Les deux obédiences firent preuve d’un grand libéralisme en matière de rituels,
qu’ils fussent pratiqués dans les loges bleues ou les chapitres. Le Grand-Orient
passa un traité d’alliance avec les directoires du Rite Ecossais Rectifié en 1776, leur
laissant le contrôle de leurs loges Voir: Louis Charrière (1938), p. 10. , et, en 1781,
avec la loge parisienne de Saint-Jean d’Ecosse du Contrat Social, Mère-Loge pour
la France du Rite Ecossais Philosophique, à qui il laissa faculté d’affilier à ses
hauts-grades les loges qui le désireraient.

Le Grand-Orient n’en constitua pas moins, le 18 janvier 1782 A.G.Jouaust (1865),


p.229. , une « Chambre des Grades » qui, en un louable effort, élabora un Rite « du
Grand-Orient », plus tard dénommé Rite Français, qui fut adopté en Assemblée
Générale au début de l’année 1786 Daniel Ligou (1991), préface à « Rituels du Rite
Français Moderne 1786 ». Editions Slatkine, pp. xv-xvi. . Les trois grades bleus
furent alors codifiés, mais ils ne seront édités collectivement qu’en 1801, en un
recueil de trois cahiers, pour le vénérable et les deux surveillants, intitulé « Le
Régulateur du Maçon ».

L’avant-propos du rituel de 1786 souligne la volonté de la chambre des grades de


codifier une ensemble rituel unique à l’usage des loges de l’obédience :

Un autre point non moins important est l’uniformité depuis longtemps désirée,
dans la manière de procéder à l’initiation. Animé de ces principes, le GøOø de
France, s’est enfin occupé de la rédaction d’un protocole d’initiation aux trois
premiers grades, ou grades symboliques. Il a cru devoir ramener la maçonnerie
à ces usages anciens que quelque novateurs ont essaÿé d’altérer, et d’établir
ces premières et importantes initiations dans leur authentique et respectable
pureté. Les loges de sa correspondance doivent donc s’y conformer de point en
point… In Ligou, 1991 : 2-3. Phrase identiques dans l’avant-propos du «
Régulateur… » de 1801, p. 4.

En outre, le Grand-Orient reconnaissait cinq « Ordres » supérieurs, gérés par un


Grand Chapitre Général de France Les conditions de la naissance de ce Grand
Chapitre sont quelque peu obscures, gâtées par les manipulations liées à la
:
« patente Gerbier ». Elles n’entrent pas dans notre propos. que le Grand-Orient
s’incorpora en 1786 Ligou, op.cit. (1991), p. xvi. ou 1787 Etienne Gout (1985) p. 15.
. Les quatre premiers « Ordres », Elu, Ecossais, Chevalier d’Orient et Rose-Croix
Grade que Gout, suivant en cela Pyron, s’obstine à appeler « de Judée », pour le
distinguer sans doute du futur 18° degré du REAA (Gout, op.cit. 1985, p.15). Le
manuscrit de 1786 ne parle que de « Rose-Croix ». , reprenaient les degrés
supérieurs apparus dans les années 1740-1760 à la fécondité sans pareille. Le
cinquième, de même, « comprenait tous les grades physiques et métaphysiques de
tous les systèmes particulièrement ceux adoptés par des associations maçonniques
en vigueur » Article 29 des « Statuts et Règlemens généraux du Gø Chø Gø de
Fceø » (in Ligou, op.cit. 1991, p. 7). dans le catalogue de la bibliothèque du Grand-
Orient des Pays-Bas (fonds Kloss), une note manuscrite de Kloss spécifie que le
Grand-Orient incluait dans le 5° Ordre 9 séries de 9 grades, soit 81 en tout. . En
clair tous les grades supérieurs au Rose-Croix étaient réunis dans ce 5e Ordre, le
Kadosch excepté qui avait été reconnu « faux, fanatique et détestable » en 1766
« Circulaires de la Grande Loge de France du 14 août 1766 et du Conseil Souverain
des Chevaliers d’Orient de France du 21 septembre 1766 sur la suppression des
Mères Loges », in Alain Le Bihan, 1973, pp.440-443. .

Le Grand-Orient, soit en son Grand Chapitre soit par ses traités d’alliance avec les
directoires Ecossais Rectifiés et la loge-mère du Contrat Social, se voulait donc le
dépositaire et le gardien de tous les grades « Ecossais » pratiqués à Paris et en
province. Le cinquième Ordre devait se réunir le premier mardi de chaque mois
mais on ne sait s’il le fit jamais. Certains le croient et pensent qu’il travaillait au
grade de chevalier du soleil Pierre Mollier, communication personnelle. .

La révolution passa par-là, qui donna aux frères d’autres préoccupations que de
maçonner à l’unisson. Après la tourmente terroriste, le Grand-Orient reprit ses
travaux en 1796 sous l’impulsion d’Alexandre-Louis Roëttiers de Montaleau (1748-
1808) qui refusa la succession du duc d’Orléans, lequel avait renié l’ordre dès
février 1793 et fut guillotiné le 3 novembre de la même année. Devenu « Grand
Vénérable », Roëttiers eut à coeur, non seulement la résurrection du Grand-Orient,
mais aussi la réunion des deux grands corps maçonniques d’avant la révolution. Il y
réussit par le concordat d’union, signé par des commissaires des deux obédiences
le 21 mai 1799, puis sanctionné par le Grand-Orient le 23 mai et par la Grande Loge
dans une assemblée extraordinaire le 9 juin In Pierre Chevallier, 1974, p. 380. . La
réunion des deux GG?.OO? de France fut consommée dans l’allégresse le 22 juin
1799 Gout, 1985, op.cit. p. 15. .

1.1 LA RÉSISTANCE ÉCOSSAISE


:
Quelques loges « Ecossaises » ne partageaient pas ce bel enthousiasme.

La résistance s’incarna en un homme, Antoine-Firmin Abraham (1753-1818), «


chevø de tous les Ordres maçonniques ». Né à Montreuil-sur-mer le 3 septembre
1753, premier commis de la marine et secrétaire de La Fidèle Union Constituée par
le GODF le 4 mars 1785 pour prendre rang à janvier 1776 (Le Bihan, 1990 : 164) à
Morlaix, créateur de la loge Les Elèves de Minerve le 1er février 1802, « il fut le
premier qui eut le courage en France d’arborer l’étendard de l’Ecossisme » J.
Bossu, Renaissance Traditionnelle, 1977, 32 : 305-307.

De 1800 à 1802, il fit paraître le « Miroir de la Vérité, dédié à tous les Maçons », en
quatre volumes dont le contenu est énuméré dans la bibliographie de Fesch P.
Fesch, Bibliographie de la Franc-Maçonnerie et des société secrètes, 1910, édité
par G.Deny, 1976. . Le 3ème volume contient la plupart de ses écrits sur
l’écossisme : Première circulaire à tous les Maçø Ecossø en France – Circulaire de
la Rø Lø de la Parfaite Union La Parfaite Union de Douai fut constituée par le GODF
le 12 août 1779, pour prendre rang au 3 décembre 1777. Elle fut affiliée par le Souv.
Chapitre de la Mère Loge du Rite Ecossais Philosophique le 3 mars 1784 (A. Le
Bihan, «Loges et chapitres de la Grande Loge et du Grand-Orient de France. Loges
de province ».1990 : 78). , Oø de Douay et sa profession de foi sur l’Ecossø– Motifs
du traité d’union entre le Gø Oø de France et les directoires français – Réflexions
sur l’existence du soi-disant Gø Chapø Général de France…

Abraham ne mâchait pas ses mots : sa condamnation du Rite Français était sans
appel. Dans sa « Circulaire aux Maçons Ecossais » (juin 1802), il écrivait
notamment :

Les hauts-grade, en France, ne ressemblent en rien à ceux reconnus dans


l’Allemagne, la Russie, la Prusse, la Suède, le Danemark, les Etats-Unis
d’Amérique, l’Angleterre, l’Irlande et l’Ecosses ; le Rhin et les mers sont
devenus, pour les Francs-Maçons, ce que le Styx fut pour les anciens, la
séparation des vivants et des morts… Je vous invite vivement à notifier au
Grand-Orient de France, de concert avec les maçons Ecossais, votre ferme et
inébranlable résolution de conserver, dans votre atelier, ce Rit précieux en ce
qui concerne les hauts-grades » (Miroir de la Vérité, Tome III : 64-67, cité par
Lantoine, II, 135).

La diatribe mérite qu’on s’y arrête. En effet, que dit-elle sinon que les hauts-grades
du GODF n’étaient pas ceux pratiqués dans les pays étrangers, contrairement aux
:
hauts-grades « Ecossais » Notons qu’Abraham ne parle pas des grades bleus. . Or,
les degrés additionnels anglo-saxons, Royal Arch, Mark ou Knight Templar pour ne
parler que d’eux, répandus en Angleterre et aux Etats-Unis, n’étaient pas les hauts-
grades « Ecossais » de France !

L’Ecosse connaissait certes l’Ordre d’Hérédom de Kilwinning, implanté en France à


Rouen et Paris avant la révolution, mais elle ignorait tout des innovations «
Ecossaises ». Les pays germaniques avaient vu l’essor des Ordres templiers issus
de la Stricte Observance, revus par Eckleff en Suède, Zinnendorf en Prusse et
Willermoz à Lyon. Certains grades « Ecossais », le Rose-Croix notamment, étaient
connus outre-Manche mais ils ne différaient guère de leur homologue du Grand-
Orient. Bref, Abraham se trompait de cible.

La question se pose, légitime : qu’étaient ces loges « Ecossaises » sinon des loges
conférant des hauts-grades ? Connaissaient-elles une forme particulière de grades
bleus, c’est à dire une méthode spécifique d’amener les impétrants à la maîtrise qui
les différencie des loges classiques du temps ? Certes, dans les pays de langue
anglaise cohabitaient, plutôt mal, deux traditions, celle de la Grande Loge de 1717,
dite des « Modernes », et celle de la Grande Loge « selon les anciennes
constitutions », fondée en 1751 à Londres par des maçons irlandais. Si on peut, par
analogie, parler à leur sujet de « Rite ancien » et de « Rite moderne », ce serait une
faute d’extrapoler cette situation au continent. « Ecossais » et « ancien » n’étaient
pas synonymes, pas plus d’ailleurs que « Français » et « moderne » ! Cela dit,
l’influence « ancienne » était inexistante en France et tous les rituels continentaux
du XVIII° siècle, qu’ils se disent « Ecossais » ou non, se rattachaient peu ou prou à
la tradition « moderne », sans cependant la copier servilement.

1.2 RITE MODERNE ET RITE ANCIEN


Pendant plusieurs décennies, la «première» Grande Loge fondée à Londres en
1717 fit la loi en Angleterre. C’est à elle que l’on doit la tripartition des grades et
l’introduction de la légende d’Hiram, véritables landmarks sans laquelle il ne peut y
avoir de franc-maçonnerie. Ses rituels ne sont connus que par des divulgations,
dont la plus essentielle reste le «Masonry dissected» de Samuel Prichard (1730).
Lorsque la maçonnerie fut introduite en France, les premiers adeptes de ce qui
devait devenir la Grande Loge de France en adoptèrent tout naturellement les
usages avant de les adapter et de les développer selon leur sensibilité propre. Il en
gardèrent l’essentiel, qui reste aujourd’hui la base même du Rite Français :

Les deux surveillants sont placés à l’ouest de la loge


Le ternaire Soleil-Lune-Vénérable sont les trois grandes lumières de la franc-
:
maçonnerie, représentées par les trois chandeliers d’angle placés autour du
tableu de la loge.
La loge est supportée par trois colonnes (Sagesse-Force-Beauté)
Les « mots » J … et B… sont ceux respectivement des 1er et 2ème grades
Au 3ème grade, « l’ancien mot de maître », Jéhovah, n’est pas « perdu » mais
seulement remplacé par un mot de circonstance, M… B… La clef du grade est
l’expérience mystique que connaît le néophyte lorsqu’il est couché dans la tombe
qui porte le nom du Très-Haut.

En 1751 fut instituée, à Londres toujours, la « Très Ancienne et Honorable


Fraternité des Maçons Francs et Accepté », dont les membres étaient pour la
plupart d’origine irlandaise. Cette innovation vint rompre la belle unité britannique,
d’autant que les Grandes Loges d’Irlande et d’Ecosse la reconnurent bientôt la
jeune obédience comme seule régulière, car seule fidèle aux «anciens usages». De
fait, leur bouillant Grand Secrétaire, Laurence Dermott, n’eut de cesse qu’il n’ait
dénoncé les «déviations» de la première Grande Loge, leur reprochant pêle-mêle
d’avoir simplifié et déchristianisé les rituels, omis les prières, inversé les mots
sacrés des premier et deuxième grades, abandonné la cérémonie «secrète»
d’installation d’un vénérable et, surtout, rejeté le grade de Royal Arch. Sans trop de
vergogne, il qualifia de «Modern» les tenants de la plus ancienne Grande Loge, ce
qui permit de nommer «Antient», ou Ancienne, sa toute récente obédience.

En 1760, une autre divulgation, les «Three Distinct Knocks… », révéla la teneur des
rituels «anciens dont les différences essentielles Les particularités décrites ici furent
adoptées par la Grand Loge Unie d’Angleterre après la fusion des deux Grandes
Loges rivales, en 1813. C’est ce qui explique que toutes se retrouvent aujourd’hui
dans ce qu’il est convenu d’appeler, à tort, le « Rite Emulation ». avec le Rite
moderne méritent d’être soulignées :

Le premier et le second surveillants ont chacun en main une colonne de 20


pouces, qui représentent les deux colonnes du Temple de Salomon.
Le second surveillant est placé au milieu de la colonne du midi, tandis que le
premier surveillant se tient à l’ouest (ils sont en fait postés devant les portes du
temple.
Ils sont assistés par deux diacres, fonction d’origine irlandaise, l’un situé à la
droite du vénérable, l’autre à la droite du premier surveillant.
Les chandeliers, toujours associés au ternaire soleil-lune-maître de la loge mais
dénommés « petites lumières « (lesser Lights ), sont placés à la droite du
:
vénérable et des surveillants.
La bible, l’équerre et le compas, placés sur l’autel devant le vénérable, sont
appelés « Grandes Lumières de (ou plutôt « dans ») la Maçonnerie » .
Les mots sacrés sont B… au 1er grade et J… au 2ème.
L’ancien mot de maître est perdu par la mort d’Hiram car il faut être trois pour le
prononcer (c’est la fameuse «règle de trois» déjà évoquée dans les premiers
catéchismes britanniques). Salomon et le roi de Tyr ne peuvent donc plus le
communiquer aux nouveaux maîtres qui doivent se contenter d’un mot de
substitution.

La France, à l’époque, ne connut rien de ces développements et continua, comme


par le passé, à ne pratiquer que le Rite moderne, embelli, augmenté, enrichi certes,
mais fondamentalement identique à lui-même. L’écossisme que prônait Abraham
n’était finalement rien d’autre, pour les grades bleus, qu’un avatar du Rite moderne
de Prichard.

Rite moderne Rite ancien


Disposition des colonnes J au nord-ouest, B au sud- B au sud-ouest, J au nord-
ouest ouest
er ème er ème
Mots sacrés J au 1 grade, B au 2 B au 1 grade, J au 2
grade grade
er er ème
Disposition des surveillants Tous deux à l’ouest, le 1 Le 1 à l’ouest, le 2
ème
au sud, le 2 au nord au sud
Diacres Non Oui
Grandes Lumières Soleil, lune, maître de la Bible, équerre, compas
loge
« Ancien » mot du maître Substitué mais connu Substitué car perdu (règle
de trois)
Fig. 1: Comparaison des rites moderne et ancien

1.3 L’ANATHÈME DU GRAND-ORIENT


Abraham ne manquait pas de partisans. Outre sa loge, les Elèves de Minerve
Installée à Paris le 9 février 1802 (Kloss, 1844 : entrée 4459). , et celle de La
Parfaite Union La Parfaite Union, formée en 1755, affiliée au GODF en 1777, reçoit
en 1783-1784 des constitutions de la Mère Loge du Rite Ecossais Philosophique.
En sommeil de 1792 à 1800, elle connaît une période de prospérité remarquable de
1800 à 1810. Mise en sommeil pour raisons politiques, elle reprend vie en 1816
Rayée des listes du GODF en 1833, elle est réintégrée en 1833. Infiltrée par des
:
éléments républicains, elle sera fermée en 1851 par arrêté préfectoral car « ses
réunions peuvent devenir cause de danger pour l’ordre et la tranquillité publique »
(Roland Allender, in la revue du Nord, tome LXXII, 1990). de Douai, il pouvait
compter sur l’appui de la Mère-Loge Ecossaise de Marseille Fondée, dit la légende,
en 1751 par un Ecossais jacobite, Georges de Walnon, cette loge prit le titre
distinctif de Mère-Loge en 1762. En 1801, elle se déclara Mère-Loge Ecossaise de
France et ne disparut qu’en 1812 (Mazet, 1980). qui n’avait jamais reconnu l’autorité
du GODF, du chapitre provincial d’Hérédom de Kilwinning, fondé à Rouen en 1786,
et de quelques loges, telle La Réunion des Etrangers à Paris, fondée en 1784 par
un maçon danois. Le mouvement prit suffisamment d’ampleur pour que le GODF
décide, le 12 novembre 1802, de formuler un arrêté déclarant irrégulières les loges
professant des Rites étrangers à ceux reconnus par lui et défendant aux loges de sa
juridiction de leur donner asile et de communiquer avec elles sous peine d’être
rayées de ses tableaux Jouaust, 1865 : 260. . Cet arrêté appela la protestation de la
Parfaite Union de Douai (18 décembre 1802) et celle (21 février 1803) de la
Réunion des Etrangers qui se déclara choquée d’avoir été taxée d’irrégularité «sur
sa persévérance à conserver le titre de Loge Ecossaise».

Elle l’avait pris dès 1788 et repris lors de son réveil…. Les principaux officiers du
GO y étaient accueillis avec tous les honneurs consacrés par l’usage, et jamais ils
n’ont témoigné la moindre peine de voir le Vivat de leurs remercîments couvert par
le Houzay Ecossais. La Rø Lø, persuadée que l’humeur ou le caprice de quelques
officiers du Gø Oø ne peut changer la nature et l’essence des choses ; que
l’Ecossisme est le seul Rit qui ait conservé dans toute leur pureté les principes et les
Statuts qui nous ont été transmis de la Montagne Sainte qui est indubitablement le
berceau de notre Ordre ; que les autres Rits n’en sont que des déviations plus ou
moins éloignées… a pris le parti qui lui convenoit, et qu’elle a dû prendre, celui de
se procurer le droit incontestable de rester Lø Ecossaise » (Gout, 1985 : 31) Cette
réplique valut à la Réunion des Etrangers d’être radiée par le GODF, le 10 juin 1803
(Kloss, 1744 : entrée 4481). .

Mais cela ne nous apprend pas en quoi cette maçonnerie «Ecossaise» différait de
celle du Grand-Orient. Il ne suffit pas de fulminer une anathème. Encore faut-il qu’il
repose sur des faits précis. Force est de constater que nous restons sur notre faim
car aucun des protagonistes de l’époque n’apporte d’éléments substantiels au
débat. Constater que le Houzay remplaçait dans les loges Ecossaises le Vivat
français peut paraître insuffisant et l’évocation de la montagne (imaginaire)
d’Hérédom, «berceau indubitable de l’Ordre», ne peut raisonnablement être
considéré comme un véritable casus belli. En-dehors de toutes considérations
proprement rituelles, les différences essentielles résidaient dans le refus d’utiliser
:
les rituels rédigés par le GODF et dans les prérogatives accordées aux détenteurs
des hauts-grades Ecossais. L’usage ne datait pas d’hier et les «Règlements
généraux» établis en 1743 «pour servir de règle à toutes les loges du royaume»
évoquaient déjà, pour les réfuter d’ailleurs, les prétentions et prérogatives des
Maîtres Ecossais. L’usage s’en était cependant largement répandu. Ce qui permit à
Gout d’écrire :

Une loge Ecossaise, c’était en effet une loge bleue restée fidèle aux rituels des
degrés symboliques antérieurs à l’instauration du Rite Français, une loge au sein de
laquelle les Frères revêtus des hauts-grades recevaient des honneurs particuliers ;
et qui, en général, croyaient observer les usages de l’ancienne maçonnerie
d’Ecosse E. Gout, 1985 : 32. Cette affirmation permet de qualifier d’ « écossais » les
rituels de toute loge pratiquant des hauts-grades. Ainsi certains qualifient-ils
d’écossais les rituels (1763) de la Vraie et Parfaite Harmonie de Mons dédiés au
marquis de Gages, conclusion pour le moins arbitraire. .

On pourrait ajouter à cette description la conviction, déjà affirmée dans le discours


du chevalier Ramsay (1686-1743) et reprise par la plupart des systèmes de hauts-
grades continentaux Notamment la Stricte Observance allemande, le Rite Suédois
d’Eckleff et celui, allemand, de Zinnendorf. , que l’origine de la Franc-maçonnerie
devait se chercher au temps des croisades et non chez les opératifs des siècles
passés.

1.4 LE RITE ECOSSAIS PHILOSOPHIQUE


Les adversaires du Rite Français ne constituaient pas un corps homogène et rien ne
permet d’affirmer que leurs loges pratiquaient un rituel uniforme. Il suffit d’ailleurs de
constater que certains des composants de cette mouvance, l’Ordre d’Heredom de
Kilwinning notamment, étaient eux-mêmes des organismes de hauts-grades, sans
rituel bleu défini. Le Rite Ecossais Philosophique (REP), pratiqué par certains Il y
avait 3 loges du REP en 1804. Elles seront 34 en 1811 et 42 en 1813 (Christian
Charley, Tradition Ecossaise n° 1, 2000). , était probablement ce qui ressemblait le
plus à un Rite aux contours reconnaissables Je laisse de côté le Rite Ecossais
Rectifié qui était pratiquement en sommeil cette époque. .

D’origine avignonnaise, voire marseillaise, apparu vers 1774, ce Rite était celui de la
loge parisienne de Saint Jean du Contrat Social créée en 1770 et travaillant selon
les rituels d’Avignon depuis 1776 R. Désaguliers, 1983, 54-55 : 94-95. . Elle avait,
en 1781, négocié avec le GODF un concordat qui lui accordait le droit de créer des
ateliers supérieurs de son Rite en France et des loges bleues à l’étranger P.
Chevallier, 1974, I : 185-194. . Bien que la loge soit tombée en sommeil durant la
:
révolution, son Rite s’était maintenu dans quelques loges de France et notamment
dans la Parfaite Union de Douai qui le pratiquait depuis 1784.

Les rituels du REP sont connus. La bibliothèque du Suprême Conseil pour la


Belgique Le Rite Ecossais Philosophique fut pratiqué en Belgique pendant
l’occupation française. en conserve plusieurs exemplaires, identiques à ceux publiés
il y a 20 ans par R.Désaguliers R. Désaguliers, 1983, 54-55 : 88-101. , provenant de
la loge d’Avignon, Saint Jean de la Vertu persécutée.

Leur lecture montre que ces rituels ne différaient guère de ceux en usage dans les
loges françaises du temps. Les « instructions » d’Avignon et du Régulateur ne
diffèrent que par la présentation et l’ordre des questions-réponses (voir annexe n° 1)

J’en reprendrai les éléments principaux

Les officiers sont disposés selon l’usage « moderne » : le vénérable à l’Orient, le


1er surveillant au Sud-Ouest devant la colonne B, le 2ème surveillant au Nord-
Ouest devant la colonne J.
Les mots sacrés sont « J… » au 1er grade, « B… » au 2ème grade et « M… » Le
mot en M est celui des « Moderns », comme dans toutes les loges françaises du
temps. au 3ème grade. L’inversion des mots décidée par la Grande Loge des
Modernes On sait que c’était un des reproches que leur faisaient les « Antients »
et leur bouillant Grand Secrétaire, Laurence Dermott. Cette autre Grande Loge,
fondée en 1751, avait pour mots, B au 1er grade, et J au 2ème. en 1730 (ou
1739) était respectée, comme elle le sera dans toutes les loges françaises au
XVIII° siècle, y compris dans les loges « écossaises ».
Les trois grandes lumières sont le soleil, la lune et le maître de la loge.
Les mots de passe, communiqués pendant la cérémonie, sont « Tub… » au 1er
grade, « Schi … » au 2ème grades et « Gib… » au 3ème grade.
Les voyages du candidat au 1er grade sont marqués par les purifications par l’eau
et le feu Il est vraisemblable que ces purifications furent une innovation du Rite
Ecossais Philosophique, adoptée ensuite par le GODF, puisqu’elles manquent
dans les divulgations françaises des années 1745-1755, comme dans les rituels
du marquis de Gages de 1767. .
La lettre G, dévoilée au 2ème grade, signifie « Gloire à Dieu, Grandeur au Vénø
et Géométrie à tous les Maçons ». Elle désigne le Grand Architecte de l’Univers.
Point essentiel, la version de la légende d’Hiram est celle qui était en usage en
France depuis l’introduction du grade de maître : l’ancien Mot de Maître, Jehova,
:
n’est pas perdu lors de la disparition de l’architecte. Il est seulement remplacé par
un mot de substitution M…B … Ceci est un élément fondamental car le Rite des «
Anciens » affirmait au contraire que seuls trois le connaissaient. La mort d’Hiram
empêchait qu’il fût encore communiqué et le choix d’un mot de substitution
devenait ainsi bien plus qu’une marque de prudence.

Si Rite Ecossais et Rite Français étaient foncièrement identiques, il nous faut


cependant souligner une différence conséquente : la disposition des grands
chandeliers autour du tapis de la loge, décrite par les « Réglements généraux de la
Respectable mère Loge Saint Jean d’Ecosse de la Vertu persécutée, à l’Orient
d’Avignon », datés de 1774, cités par René Désaguliers dans son article essentiel
de 1983.

V
Au milieu du Temple et sur le pavé, séra tracé avec de la craïe, le tableau connu
de tout Maçon. Il y aura trois grands chandelliers portant chacun un flambeau :
placés, l’un au coin du tableau, entre l’Orient et le midi ; les deux autres à
l’Occident, l’un entre le midi & l’Oüest, l’autre entre l’Oüest & le Nord. R.
Désaguliers, 1983, 54-55 : 96. Reproduits dans les « Règlements Généraux de
la maçonnerie Ecossaise », imprimés à Paris par l’imprimerie de Nozou, rue de
Cléry, n°9, 1812. (Exemplaire conservé au musée de l’armée, Bruxelles).

Or cette disposition, SE-SO-NO, qui nous paraît familière puisque c’est celle du Rite
Moderne Belge, n’était pas celle des premières loges françaises. Les « tableaux »
illustrant les premières divulgations Catéchisme des Francs-maçons, 1744, fig 2 et 3
; L’Ordre des Francs-Maçons trahi et le Secret des Mopses révélé, 1745 ; La
désolation des entrepreneurs modernes, 1745 ; le Maçon démasqué, 1745, pour ne
citer qu’eux. et les gravures célèbres de Lebas montrent invariablement les
chandeliers aux angles NE-SE-SO. Dans la confession de John Coustos aux
inquisiteurs portugais, en 1743, nous lisons que le vénérable maître, siégeant à
l’Est, était flanqué de deux bougies tandis qu’une troisième brillait à l’Ouest auprès
de deux surveillants S.Vatcher, (1968) : 9-67. , disposition confirmée par les
divulgations françaises, à condition de bien les lire :

Dans les Loges regulieres & bien achalandées, ces Chandeliers hauts comme des
Chandeliers d’Autel, sont communement de forme triangulaire Les illustrations du «
Régulateur » montrent des chandeliers de forme triangulaire. & decorés des
attributs de la Maçonnerie. Les quatre points Cardinaux marqués sur le Dessein
:
reglent la place des trois Cierges, du Grand Maître Nous dirions le Vénérable
Maître. & des deux surveillants. On met une de ces lumieres à l’Orient, l’autre au
Midi, & la troisieme à l’Occident. Le Grand-Maître se place à l’Orient, entre la
lumiere d’Orient & celle du Midi Nouveau catéchisme des Francs-Maçons…,
M.CCCC.XL depuis la déluge, p.43. Ecrit anonyme sans doute de Louis Travenol.
Fesch le date de 1740, ce qui est impossible (lire 1749). Les mots soulignés par moi
démontrent que la lumière d’Orient est au NE, celle du Midi au SE. La légende
accopagnant le tableau du 3° grade confirme cette interprétation. .

Les loges du GODF avaient conservé cette disposition comme le montrent les
illustrations du « Régulateur du Maçon » (1801) : la loge d’apprenti y est éclairée
par trois bougies portées par trois grands chandeliers triangulaires placé aux angles
N.E., S.E. et S.O. Il s’agit là d’un autre exemple de la fidélité du « Rite Français »
aux traditions de la Grande Loge anglaise dite des Modernes puisque cette
disposition était celle des « nouvelles loges selon les instructions de Désaguliers »
In «Dialogue between Simon and Philip », D.Knoop, G.P. Jones, D.Hamer, 1943,
rééd. 1963 : 181. , selon un texte fondamental anglais du début du siècle précédent.
Les loges françaises suivaient ainsi la coutume de la maçonnerie dite plus tard «
moderne », celle de la Grande Loge de 1717.

La signification de ces lumières était donnée par Prichard qui, dans son « Masonry
dissected » de 1730, écrivait :

Q. Have you any Lights in your Lodge ? A. Yes, Three.


Q. What do they represent ? A. Sun, Moon and Master-Mason.
N.B. These Lights are three large Candles placed on high Candlesticks (my
italics).
Q. Why so ? A. Sun to rule the Day, Moon the Night, and Master-Mason his
Lodge Ibidem 1963 : 163. .

Les rituels français avaient fait un pas de plus en les dénommant « Grandes
Lumières »

Que vîtes-vous lorsque vous fûtes reçu maçon ?


Trois Grandes Lumières disposées en équerre, l’une à l’Orient, l’autre à
l’Occident et la troisième au Midi.
Que signifient ces trois Grandes Lumières ?
Le soleil, la lune et le maître de la loge Le Recueil précieux de la maçonnerie
Adonhiramite, 1786 : 23. .
:
Si la loge anglaise était éclairée par trois lumières, elle était supportée par trois «
piliers », Sagesse, Force et Beauté, représentées par le vénérable maître et les
deux surveillants. Les deux Grandes Loges « Moderne » et « Ancienne » étaient,
pour une fois, d’accord sur ce point. Les divulgations des années 1760 ({The Three
distinct Knocks Or the Door of the most Antient Free-Masonry} […]) et de 1762 (
Jachin and Boaz or an authentic key to the door of Free-Masonry [….]) rapportaient
le même dialogue :

Mas. What supports your Lodge ?


Ans. Three great Pillars.
Mas. What are their Names ?
Ans. Wisdom, Strength and Beauty.
Mas. Who doth the Pillar of Wisdom represent ?
Ans. The Master in the East.
Mas. Who doth the Pillar of Strength represent ?
Ans. The Senior Warden [in the West].
Mas. Who doth the Pillar of Beauty represent ?
Ans. The Junior Warden [in the South] Je mets entre crochets les mots « in the
West » et « in the South » car ils dénotent l’usage tardif et typiquement « antient
» qui avait ainsi déplacé les surveillants. Les « Moderns » les situaient tous
deux à l’Occident, comme c’est toujours l’usage sur le continent dans les Rites
d’ascendance « Moderne »., .

Les premières divulgations françaises allaient plus loin et affirmaient l’assimilation


de ces « piliers » aux colonnes J et B du temple de Salomon (« pillar » se traduit
indifféremment par colonne ou pilier, alors qu’en français, colonne désigne un
support de forme circulaire, pilier désignant un support de forme quelconque).
Lorsqu’il décrit le tableau de la loge, le « Nouveau Catéchisme des Francs-Maçons»
(p.41) est très explicite :

Au dessous [de la fenêtre d’Orient], où ils supposent Notons le « Supposent » :


cette troisième colonne est imaginaire. un troisième Pilier, Beauté. Sur l’une des
deux Colomnes réelles, Force & un grand J. qui veut dire JaKhin, & sur l’autre
Sagesse & un grand B. qui veut dire Booz, & dans le centre de l’Etoile Flamboyante
paroit un grand G.
:
tableau de Loge - 1749

Légende : tableau de la loge d’apprenti-compagnon du « Nouveau catéchisme des


Francs-Maçons » de 1749. Remarquons l’emplacement des flambeaux-lumières
marque par des macarons

Oublions la disposition variable, et parfois fantaisiste, de Sagesse, Force et Beauté.


L’important est l’assimilation des « supports » de la loge aux deux colonnes J et B
du temple de Salomon et leur association très forte aux deux surveillants. Le rituel
de compagnon (1767) de la loge du marquis de Gages, La Vraie et Parfaite
Harmonie à l’orient de Mons ne disait rien d’autre :

La colonne des apprentis porte les lettres J-F pour Jakin et Force ; la colonne des
compagnons les lettres B-B pour Boaz et Beauté.

D’où le schéma suivant :


:
logefrancaise

Fig. 2: Disposition de la loge française

En résumé, la loge française

est supportée par trois colonnes, Sagesse-Force-Beauté, dont deux ne sont


autres que les colonnes, J et B, du temple de Salomon, auxquelles sont
associées les Surveillants, la troisième, imaginaire, l’étant au Maître de la loge ;
elle est éclairée par trois lumières disposées en équerre aux angles de la loge : le
soleil, la lune et le Maître de la loge.

Le déplacement des lumières dans la loge avignonnaise Cette disposition nouvelle


sera adoptée par Willermoz dès sa première version des rituels du Rite Ecossais
Rectifié (1778). modifiait radicalement la géographie de la loge et les associations
symboliques qu’elle recelait. En effet, l’article suivant des Règlements généraux
stipulait

VI
Toute assemblée de Maçons séra appellée Loge et séra présidée par un frere
qu’on nommera Vénérable, et par deux autres freres qu’on appellera
Surveillants qui représentent les Trois Lumieres ou les Trois Colonnes de la
Loge, laquelle aura encore pour Officiers un Orateur, un Secrétaire, un trésorier,
un garde des Timbres et Sceaux, deux Maîtres des Cérémonies, un Maître
:
Ordonnateur des Banquets et deux Infirmiers et Aumoniers In Désaguliers, 1983
: 96.. L’auteur ajoute que ces articles se retrouvent inchangés dans les «
Règlements Généraux de la Mère Loge Ecossaise du Contrat Social », datés de
1780, ainsi que dans les « Règlements Généraux de la Maçonnerie Ecossaise »
imprimés par la mère Loge Ecossaise de Saint Alexandre d’Ecosse en 1805.
ces Règlements furent réédités par l’imprimerie de Nouzou, à Paris, en 1812.
(souligné par moi).

Alors que les colonnes et les lumières constituent deux ternaires distincts dans la
loge Française, ils sont ici fondus en un ensemble unique réunissant les trois
officiers principaux, les chandeliers et les supports de la loge, ensemble illustré par
la disposition nouvelle des chandeliers d’angle. Tout naturellement, les colonnes J et
B en perdront leur fonction de support de la loge.

L’instruction du grade d’apprenti du Rite Ecossais Philosophique contient en germe


l’annonce de cette fusion :

D : Qu’avez-vous vu quand on vous a donné la Lumière ?


R : Trois grandes lumières ; le Soleil, la Lune & le Vénø …
D : N’avez-vous point vu d’autres Lumières ?
R : Trois grands flambeaux qui représentent le Vénø et les Survø

Ceci permit à R. Désaguliers d’écrire en 1983 :

C’est à mon sens, cette disposition des chandeliers-colonnes autour du tapis-


carré long et leur association étroite avec le Vénérable et les deux Surveillants
qui fonda le « Rite Ecossais » pour les trois premiers grades R. Désaguliers,
1983 : 97. Ecrivant sous le nom de René G., cet auteur avait déjà développé
cette analyse en 1963 (Les trois colonnes Sagesse-Force-Beauté et les Trois
grands Chandeliers). .

Concluons rapidement :

Dans une loge Ecossaise,

le Vénérable Maître et les deux Surveillants sont à la fois lumières (les grands
chandeliers) et colonnes (Sagesse-Force-Beauté, supports de la loge),
les trois grands chandeliers, par un glissement sémantique bien compréhensible,
:
deviennent donc aussi les trois piliers-supports de la loge,
les deux colonnes J et B perdent leur signification originelle pour n’être plus que
les colonnes des apprentis et des compagnons,
le ternaire traditionnel, Soleil-Lune-Vénérable Maître, est maintenu mais son
association aux chandeliers a disparu.

logeecossaise

Fig. 3: Disposition de la loge Ecossaise

Le tout peut être résumé par une grille assez simple :

Rite Français Rite Ecossais


Disposition des colonnes J au NO, B au SO J au NO, B au SO
Disposition des surveillants J au NO, B au SO J au NO, B au SO
Disposition des lumières NE, SE, SO SE, SO, NO
(flambeaux d’angle)
Acclamation Vivat, Vivat, Vivat Houzey, Houzey, Houzey
Grandes lumières Soleil, lune, maître de la Soleil , lune, maître de la
loge loge

Fig. 4: Comparaison des rites Français et Ecossais

La seule différence significative est la fusion, au Rite Ecossais, des colonnes et des
lumières, fusion induite par leur déplacement aux mêmes angles que les colonnes.
:
Rien dans tout cela ne justifie la condamnation d’Abraham. La maçonnerie «
Ecossaise » différait peut être de la maçonnerie française classique, mais pas d’une
façon aussi radicale que le prétendait le chantre de l’écossisme. Toutes deux
relevaient de l’influence du « Rite Moderne » introduit en France avec l’Ordre
maçonnique mais adapté aux sensibilités locales. Le point de rupture ne se trouvait
pas dans les rituels des grades bleus mais bien dans le désir de conférer, comme
par le passé, les hauts-grades dans les loges et le refus de l’autorité « dogmatique »
du Grand-Orient. Il n’est pas exagéré, me semble-t-il, d’avancer que la résistance
des loges Ecossaises fut provoquée par la volonté centralisatrice du GODF et non
par l’abandon d’une certaine tradition initiatique imaginaire.

Quoiqu’il en soit l’ostracisme du Grand-Orient prépara le terreau qui permit


l’éclosion, en France, d’un Rite jusque là inédit, le Rite Ecossais Ancien et Accepté,
car, sans l’appui inconditionnel des « Ecossais » condamnés par le Grand-Orient,
les protagonistes de 1804 n’auraient pu mener leur entreprise à bien.

2. L’ANNÉE 1804 ET LE RETOUR DES « AMÉRICAINS »


Depuis le 19 Brumaire de l’an VIII (10 novembre 1799), le Directoire avait fait place
au Consulat présidé par Bonaparte. En mars 1802 fut signée la paix d’Amiens avec
l’Angleterre, bientôt suivie d’une loi d’amnistie générale (avril 1802) qui permit le
retour en France des émigrés. En août de la même année, Bonaparte, nommé
Premier Consul à vie, en profita pour faire ratifier la Constitution de l’an X qui lui
donnait des pouvoirs accrus, première étape vers le rétablissement d’un pouvoir
monarchique.

En avril 1803, l’Angleterre exigea, pour dix ans, la cession de l’île de Malte qu’elle
aurait du évacuer aux termes de la paix d’Amiens, et l’évacuation par la France de
la Suisse et de la Hollande. L’ultimatum fut rejeté par le gouvernement français et la
guerre recommença. Elle devait durer onze ans, jusqu’à la chute de Napoléon.

En mars 1804, en représailles à un complot royaliste, Bonaparte faisait enlever dans


le duché de Bade le duc d’Enghien, petit-fils du prince de Condé. Transféré à
Vincennes, le duc d’Enghien fut fusillé après un simulacre de procès (mars 1804).
Enfin, le 18 mai 1804, un sénatus-consulte, connu sous le nom de Constitution de
l’an XII, proclamait Bonaparte Empereur des Français. Il fut sacré en la cathédrale
Notre-Dame de Paris par le pape Pie VII Ou plutôt se sacra lui-même en présence
du pape! le 2 décembre 1804.

C’est dans cette période riche en événements qu’apparut en France le Rite


Ecossais Ancien et Accepté, ramené dans les bagages des exilés qui revenaient au
:
pays.

Le premier fut Germain Hacquet, notaire de Saint-Domingue au solide passé


maçonnique. Né à Paris en 1758, il avait appartenu aux loges Les Frères Réunis
(Cap-Français), et La Réunion des coeurs franco-américains (Port-au-Prince) avant
de s’affilier à L’Aménité à Philadelphie en 1797, qu’il quitta l’année suivante. Il y
reçut une patente de Député Inspecteur Général du Rite de Perfection des mains de
Pierre le Barbier Duplessis en 1798. De retour en France, en avril 1804, il institua
les ateliers du Phenix dits Ecossais d’Héredom, une loge symbolique le 14 juin, un
Conseil de Chevaliers Kadosch le 15 septembre et un Consistoire des Princes du
Royal Secret les 19 et 20 du même mois. Bien accueilli par le Grand-Orient, il lui
apportait le grade du Royal Secret de Morin et Francken, grade que la France
n’avait jamais connu A. Doré, 1991 : 144-145, Voir aussi Baynard, 1939 : 66, et
Vassal, 1827 : 17. En 1815, Hacquet devint le premier Grand Commandeur de ce
qui devait devenir le Grand Collège des Rites. .

Grasse-Tilly le suivit de peu. Le Grand Inspecteur Général et Grand Commandeur


du « Suprême Conseil au 33e Grade établi aux Isles Françaises d’Amérique »,
avait, en mars 1802, rejoint à Saint-Domingue les forces du général Leclerc,
aventure malheureuse qui se termina par la déconfiture des forces françaises,
décimées par la fièvre jaune. Il fut capturé, le 30 septembre 1803, par les Anglais et
emmené en captivité en Jamaïque Il y reçut au 33e degré John Morales, Député
Grand Inspecteur pour la Jamaïque et président du Consistoire des Princes du
Royal Secret établi à Kingston en avril 1770 par Morin (in Gout, 1995, pp. 85-86).
Certains documents affirment qu’il y créa dans la foulée un Suprême Conseil (in
M.R.Poll, 2000, pp. 42-43). . Entre temps il s’était affilié, à Saint-Domingue, à la loge
« Les sept Frères Réunis » fondée par le Grand-Orient de France et constituée « le
21° jour du 12° mois 5801 » (21 février 1802).

Libéré en 1804, de Grasse séjourna brièvement à Charleston Le 15 février de cette


année, il signa comme visiteur le procès verbal de la loge « La Candeur ». avant de
s’embarquer pour l’Europe. Le 4 juillet, ou peu avant, il débarquait à Bordeaux, dans
cette France qu’il avait quittée depuis 15 ans et qu’il eut, n’en doutons pas, quelque
peine à reconnaître.

Dès son arrivée à Paris, de Grasse entra en rapport avec la loge Saint-Alexandre
d’Ecosse, héritière du Contrat Social, qui venait de reprendre ses travaux le 22 août
sous la présidence de Louvain de Pescheloche Il devait mourir à Austerlitz. en
relevant le titre deMère-Loge Ecossaise pour les hauts grades du Rite Ecossais
d’Avignon (dit Philosophique) Elle remplaçait la mère-loge de Grasse-Tilly, « Saint-
Jean du Contrat Social », disparue avec la révolution. Ce jour-là, Louvain de
:
Pecheloche s’en prit au GODF : « Nous sommes toujours les mêmes mais le GO a
changé : ces travaux auxquels il a si souvent applaudi, il ne veut plus les
reconnaître réguliers pour la fausse acceptation qu’il donne au mot Ecossais. Il
rejette de son sein les LL. Ecoø quoiqu’il continue à correspondre avec les GGø
OOø étrangers d’où émanent nos constitutions primitives » in Gout, 1985 : 32. . Les
événements qui suivirent sont résumés, de façon un tant soit peu lapidaire mais
exacte en tous points, par une déclaration de Grasse-Tilly, consignée dans le Livre
d’or du S.C. (d’Amérique) Il s’agit du SC « des Isles d’Amérique », fondé, on l’a vu,
à Charleston en 1802 et réveillé a Paris en 1810 par son Lieutenant Grand
Commandeur, Delahogue (de Grasse était, une fois de plus, prisonnier des Anglais).
(18 août 1818) :

En 1804, lors de notre arrivée en France, les Loges Ecossaises étaient frappées
d’anathème par le GøOø Nous communiquâmes, à Paris, les hauts grades de
l’Ecossisme à plusieurs Maçons aussi zélés que recommandables ; nous
établîmes un suprême Conseil du 33e degré pour la France. Ce Conseil, réuni à
celui du 33e degré pour l’Amérique, fit, le 5 décembre 1804 avec le GrøOrø, un
concordat qui parut si avantageux à la Maçonnerie, que ce dernier fit frapper
des médailles pour perpétuer le souvenir de son existence In Extrait du livre d’or
du Suprême Conseil. 18 août 1818 : 1-2. Cité par Gout, 1985, p.17. .

C’est de là que date l’introduction en France du Rite Ecossais Ancien et Accepté,


avec ses 33 grades organisés aux Etats-Unis en un échelle inédite qu’ignoraient les
« Ecossais » de France, notamment les défenseurs du Rite Ecossais Philosophique.

Outre de Grasse, plusieurs membres du Suprême Conseil d’Amérique se trouvaient


à Paris, notamment Caignet, Antoine et Toutain, tous revêtus du 33e degré
Delahogue, beau-père de Grasse-Tilly, ne regagna la France qu’à la fin de l’année
1804, après un séjour de plusieurs mois à la Nouvelle-Orlénas.. . Avec eux, de
Grasse entreprit de compléter son Suprême Conseil en exil pour atteindre les neuf
membres prévus par les Grandes Constitutions de 1786 (article 5) et de former un
Suprême Conseil pour la France suivant les règles fixées par ces mêmes
Constitutions. Il conféra donc aux principaux officiers de Saint-Alexandre ceux des
grades du Rite Ancien et Accepté que ne possédait pas le Rite Philosophique
Notamment le « Prince du Royal Secret », 32e degré, et le « Grand Inspecteur
Général », 33e et dernier degré du Rite. . Le 28 août, de Grasse reçut au 32e degré
« du rit ancien et accepté » Joseph Louis Louvain de Pescheloche, V.M. de Saint-
Alexandre, puis, au 33e degré, Jean Nicolas le Tricheux (30 septembre) et Louis
Charles Bailhache (8 octobre) Le Tricheux devenait membre du SC de France,
:
Bailhache du SC d’Amérique. (in Bernheim, 1986, 3e partie, pp. 136-137). . Entre le
18 septembre et le 28 octobre 1804, 14 frères au total furent élevés aux différents
degrés du Rite, du 13e au 33e degré In Gout, 1995, pp.46-47 :

1. Francois-Christophe Kellermann, Maréchal de l’Empire, (duc de Valmy en 1808)


(sans date connue).
2. Bernard-Germain-Etienne de la Ville, comte de Lacépède , membre de l’Institut,
grand chancelier de la Légion d’Honneur, sénateur (sans date connue).
3. Louis-Charles Bailhache, ancien officier (8 octobre 1804)
4. Jean-Baptiste Vidal, ancien propriétaire (10 octobre).
5. Germain Hacquet, négociant, ancien notaire à Saint-Domingue (11 octobre?).
6. Claude-Antoine Thory, ancien agent de change, banque et finances de la ville de
Paris (plus tard Chevalier) (12 octobre).
7. Godefroid-Maurice-Marie-Joseph, prince de La Tour d’Auvergne, colonel
d’infanterie (13 octobre).
8. L’abbé Jean-Joseph Bermond d’Ales d’Anduze, ancien chanoine-comte de
Vienne, vicaire général honoraire d’Arras (14 octobre).
9. Jean-Baptiste de Timbrune de Thiembronne, comte de Valence, général de
division (plus tard sénateur, comte de l’empire, pair de France) (15 octobre).
10. Frédéric-Charles-Joseph de Haupt, ancien chevalier de Malte (16 octobre).
11. Bernardin Renier, ex-noble vénitien (19 octobre).
12. Joseph-Louis Louvain de Pescheloche, major (20 octobre)
13. Jean-Pierre Mongruer de Fondeviolles, propriétaire à Saint-Domingue (24
octobre).
14. Jean-Baptiste Pyron, ancien avocat, peu après « Secrétaire du Saint-Empire »
(25 octobre).

. Six de ces promus étaient, outre de Grasse lui-même, membres du Rite Ecossais
philosophique : Louvain de Pescheloche (vénérable fondateur de Saint-Alexandre),
La Tour d’Auvergne (vénérable en chaire), de Haupt (orateur), Thory (1er
surveillant), l’abbé d’Alès (trésorier) et Valence (Président du Souverain Chapitre
Métropolitain).

Quand fut formé le Suprême Conseil de France ? Curieusement, aucun auteur ne


cite de procès-verbal d’une tenue qui aurait vu l’installation officielle de cet
organisme ! Thory (1757-1827) avance deux dates différentes.
:
En 1812, il écrit :

Le Suprême Conseil du 33e degré a été érigé à Paris, et organisé


provisoirement le 22 décembre 1804. Sa constitution définitive a été décrétée et
publiée le 19 janvier 1810 Thory, 1812, p.147. .

En 1815, il se ravise et écrit :

22 septembre (1804) : Fondation par M. le comte de Grasse-Tilly d’un Suprême


Conseil, pour la France, de Souverains Grands-Inspecteurs généraux du 33e
degré du Rite Ancien Accepté in « Acta Latomorum… », 1815, vol. I, p. 222.
Cette date est acceptée par Lantoine. .

Pour A.Doré, ces dates sont une supercherie. Aucun atelier maçonnique, de
quelque niveau que ce soit, n’existe sans un acte constitutif, signé par ses
fondateurs et dûment archivé dans l’institution dont elle dépend. Or ce Suprême
Conseil n’a laissé aucune trace de sa fondation ! « Il n’y aura pas, écrit Doré, de
Suprême Conseil de France avant le 19 janvier 1811, et encore disparaîtra-t-il en
1814 avec l’Empire pour ne réapparaître que le 6 juin 1821 » A. Doré, 1991, p. 149.
. Gout n’est pas de cet avis. S’il reconnaît implicitement que l’acte constitutif du
Suprême Conseil manque (ne fût-ce qu’en ne le citant pas), il s’appuie sur un
discours du baron de Haupt, orateur de Saint-Alexandre, qui, le 23 janvier 1805,
évoquait, sans la dater la création du Suprême Conseil :

La Rø Mère Lø Ecoø s’occupait d’ouvrir sa correspondance avec les RRø LLø


de son régime, quand elle fut instruite que le Tø Illø et Tø Rø Fø de Grasse-Tilly
avait réuni en sa qualité de Gd Commandeur ad vitam le Supø Conseil du 33e
et dernier degré » E. Gout, 1985, p. 19. .

Subtilement, Gout argue de l’article 5 des grandes Constitutions qui stipule que
lorsque

trois (des neuf membres d’un SC), si le très puissant souverain (grand
commandeur) ou l’illustre inspecteur (lieutenant grand commandeur) sont
présents, peuvent procéder aux affaires de l’ordre et former le conseil complet
:
pour estimer que le Suprême Conseil fut de facto constitué dès que le quota
minimum de trois Grands Inspecteurs Généraux fut atteint, c’est à dire le 10 octobre
1804, date de la réception de Vidal qui, avec de Grasse lui-même et Le Tricheux,
vint compléter ce nombre Ibid. p.23 .

creascdf

Légende : page d’un registre conservé dans la bibliothèque du SCPLB. Le SCDF


aurait été créé le 22 septembre 1804. Le compte-rendu en existait bel et bien, mais
la veuve de Thory aurait refusé de le rendre.

Par contre, la création de la Grande Loge Générale Ecossaise, décidée le 23


octobre 1804, par un Comité général des Vénérables et Députés des loges
Ecossaises, convoqué à l’initiative de Saint-Alexandre d’Ecosse, ne fait aucun
doute. Ce comité général, considérant « qu’il était important que le rite écossais
d’Heredom soit régulièrement et scrupuleusement conservé…, les grades du régime
écossais étant les seuls connus dans les orients étrangers…qu’il était de la dignité
des maçons français du rite ancien d’avoir un point central dans la capitale de
l’Etat » arrêtait établir la Grande Loge Ecossaise de France et offrait la Grande
Maîtrise au prince Louis Bonaparte, frère de Napoléon et connétable de l’Empire in
A. Doré, 1991, p.150. . Le comité nommait dans la foulée les Grands Officiers, dont
:
Grasse-Tilly, représentant du Grand Maître ; Kellermann, Grand Administrateur ;
Valence et Lacépède, Grands Conservateurs ; Hacquet, premier Grand
Surveillant… La Grande Loge Générale tint sa première assemblée le 27 octobre et,
le 1er novembre, annonçait son existence au monde maçonnique français en une
circulaire qui fit grand bruit Texte dans A. Lantoine, 1927, pp. 128-129. . Lors de sa
troisième séance, le 10 novembre, elle créa trois chambres et nomma trente
nouveaux Grands Officiers, dont Jean-Baptiste Pyron (1750-1818) et Claude
Antoine Thory. A. Doré, 1991, p.152.

Si l’affaire semblait bien engagée, la volonté de Napoléon vint changer la donne. Il


exigea la fusion immédiate du Grand-Orient et de la Grande Loge Générale, fusion
qui fut entérinée par un traité d’union dit « concordat », signé le 3 décembre 1804
au domicile du maréchal Kellermann E. Gout, 1995, p. 54. . Le traité fut ratifié le 5
décembre par les deux obédiences et, le même jour à minuit, la Grande Loge
Ecossaise fut admise dans le temple du Grand-Orient. Grasse-Tilly, représentant du
Grand Maître, prêta serment entre les mains du Grand Vénérable, Roëttiers de
Montaleau, et celui-ci prêta, entre les mains de Grasse-Tilly, serment d’union et
d’attachement au Grand-Orient A. Doré, 1991, p.154. . Les deux Rites étaient
provisoirement unis.

Le document adopté ce jour-là débute par un « acte d’union », espèce d’énoncé des
motifs.
:
union1

Légende : document conservé dans la bibliothèque du SCPLB. Le texte entier est


signé par Grasse-Tilly, Montaleau, Challan, Doisy, Defoissy, Pyron Thory et autres ;
certifié par Pyron, Grasse-Tilly, Vidal et Thory.

La suite du texte s’intitule « De la Constitution générale de l’Ordre » In Extrait du


livre d’architecture de la Rø Lø Ecossaise de Saint-Napoléon à l’Oø de Paris, 1805 :
9-62. , sans que les mots « traité d’Union » réapparaissent. Il concerne
l’organisation de l’Ordre maçonnique dans son ensemble, grades symboliques et
hauts-grades, et prévoit les différentes structures de direction, Grand-Orient, Grand
Chapitre général, Grande Loge symbolique d’administration, Grand Conseil des
vingt-sept…. Le Suprême Conseil faisait partie intégrante du Grand Chapitre
général, mais obtenait une prérogative exorbitante : le droit de destituer un grand
officier du Grand-Orient sur plainte de son atelier, que celui-ci soit ou non « de
hauts-grades ».
:
Du grand conseil des députés inspecteurs-généraux du 32° degré, et du
sublime conseil du 33°.
Le Grand-Orient de France possède, dans le grand chapitre général, le grand
conseil du 32e degré et le sublime conseil du 33e degré.
Les attributions du 33e degré, indépendamment de celles qui appartiennent à
ses fonctions, sont de s’occuper des plus hautes connaissances mystiques et
d’en régler les travaux.
Il prononce sur tout ce qui tient au point d’honneur ; il peut destituer un grand
officier du Grand-Orient de France, par suite des plaintes et dénonciations qu’il
reçoit exclusivement de la part de celui des ateliers auquel appartient l’officier
inculpé, d’après des formes maçonniques.
Le suprême conseil du 33° degré peut seul réformer ou révoquer ses décisions
Des attributions des grands chapitres métropolitains.
… Chaque classe ne pourra v conférer que les grades qui seront indiqués par le
Grand-Orient de France dans son grand chapitre général, de manière que ceux
de la seconde classe ne pourront être conférés que dans le chapitre qui en aura
reçu les pouvoirs, et ainsi de classe en classe.
Les quatorze premiers grades seront les seuls que les Chapitres particuliers
pourront conférer.
Le quinzième, jusques et y compris le dix-huitième, ne pourront être conférés
que dans le grand chapitre général du Grand-Orient de France.
Le 33° degré n’appartient qu’au sublime grand conseil de ce nom, qui seul peut
le conférer…
Les inspecteurs généraux du rit ancien, reconnus pour tel jusqu’à ce jour, sont
membres nés du grand conseil du 32° degré in Sétier, 1832 : 60-65. Très
imparfaitement cité par Jouaust, 1865 : 309-310. .

Le traité, ou concordat, ne pouvait satisfaire les Ecossais :

Le mot « Traité » n’apparaît que dans l’énoncé des motifs, pas dans le corps du
texte.
Le titre « Ecossais » n’est cité qu’une fois, à l’article 5 des Dispositions Générales
(« les respectables frères Lacépède, Hacquet, Godefroy de la Tour d’Auvergne,
De Trogoff, Thory, Bailhache etc, …, membres de l’ancien rit écossais ancien et
accepté C’est la première fois qu’apparaît l’expression « Rit écossais ancien
accepté ». , sont proclamés affiliés libres de toutes les loges et de tous les
chapitres de France ») or la reconnaissance de ce statut était une revendication
essentielle.
:
Le pouvoir des 33° se limitait à la seule administration des deux derniers grades,
32° et 33°, les autres dépendant du Grand Chapitre général, émanation du
Grand-Orient.
Seule la prérogative inattendue de destitution éventuelle des Grands Officiers
semblait reconnaître au « Sublime Conseil » une autorité disciplinaire que rien, il
faut le dire, ne justifiait.

Seule consolation, les Grands Inspecteurs Généraux La plupart recevaient un prix


de consolation. Hacquet, Fondeviolles, Giraud, Pyron, Thory, Bailhache, de Trogoff
devenaient Grands Officiers de deuxième classe. avaient obtenu le droit de siéger à
l’Orient, mais à une place subalterne : devant les Grands Conservateurs et les
Grands Administrateurs du GODF Des préséances dans le Grand-Orient de France,
in Sétier, 1832 : 71 .

Ces articles ne laissaient aux 33e de Grasse-Tilly qu’une bien maigre portion. Il
contenait en germe les causes du conflit qui amena, dès l’année suivante, la remise
en cause du traité d’union. En attendant, de Grasse usa de ses pouvoirs pour
admettre, le 29 décembre, au 33e degré deux des trois Commissaires du Gø Oø qui
avaient participé à la rédaction du projet de traité, Roëttiers de Montaleau et Challan
Pour une cause inconnue, le troisième commissaire, Bacon de la Chevalerie, ne fut
pas admis au nombre des élus. , tandis que leurs collaborateurs immédiats étaient
reçus aux 30e et 31e degrés. Enfin les Rose-Croix du Rite Français, membres du
Rite lors de l’union, étaient collectivement « élevés » au dix-huitième degré du Rite
Ancien Accepté. La formule du serment prêté pour l’occasion prévoyait de
« respecter les décrets du Suprême Conseil » E. Gout 1985, p. 28. .

Les mois qui suivirent virent des événements singuliers que nul n’a jamais pu
débrouiller avec certitude. Nous n’en retiendrons que les faits qui en relation avec
notre propos.

La Grande Loge Générale Ecossais tint sa dernière séance le 5 décembre 1804,


jour de la ratification du traité d’union, et, le 8 janvier 1805, elle déposait ses sceaux
et archives entre les mains du GODF Pyron, 1817, p. 28. . L’accord entre les deux
obédiences fit long feu, diverses manœuvres des uns et des autres le firent échouer
et, le 6 septembre 1805, quatre-vingt-un 32° se réunirent chez le maréchal
Kellermann et dénoncèrent le traité d’union de décembre 1804 Pyron, 1817 : 36-41.
Lantoine, 1927, II : 141-143. .

Les Princø Maçø, Souverains Grands Inspecteurs Généraux, membres du


:
trente-troisième degré en France, formés en Grand Consistoire avec les Princø
Maçø, députés Inspecteurs de Rø Secø, délibérant en commun avec les Vénø
des Loges Ecossø, et autres membres du même rit présens à la délibération, et
convoqués extraordinairement,
Considérant que la Grande Loge Générale Ecossaise de France s’était unie au
GøOø, d’après des communications qui lui avaient été faites ;
Qu’il en est résulté un Concordat entre les deux Rits ;
Que le Concordat a été accepté par les deux Rits, sanctionné dans l’assemblée
générale du 5°ø Jø du 10°ø Mø 5804, et consacré par la signature et prestation
de serment de chacun des membres d’être fidèle à son exécution ;
Que les membres du Rit Ecossø ont scrupuleusement observé et exécuté les
différentes dispositions contenues dans ce Concordat, tandis au contraire que
les membres du Rit Moderne ont aboli :
Le Conseil des vingt-sept, le Grand Conseil du trente-deux, le Souverain
Conseil du trente-troisième, en substituant un Directoire des Rits auquel on
concède la faculté de ne reconnaître que ceux qu’il lui conviendra d’adopter, au
mépris du Concordat qui unissait au GøOø tous ceux professés sur les deux
hémisphères ;
Qu’ils ont dénaturé, et même annulé la nouvelle organisation maçonnø
consacrée par le Concordat sur la foi duquel le Rit écossø avait consenti à s’unir
au Gø Oø ;
Qu’ils ont mis à l’écart les lois, statuts et règlemens généraux, ainsi que les
formalités voulues par ces mêmes lois qui étaient une garantie pour tous les
Maçø qui les observaient,
Ont décrété, à l’unanimité, le scrutin n’ayant rapporté aucune boule noire, les
articles qui suivent :
Décret :
Article 1er : L’ancien Rit Ecossais n’est plus uni au GøOø Le concordat du
troisième jour du dixième mois 5804 est regardé comme non avenu.
Art II : La Grande Loge générale Ecossø est rétablie. Ses travaux seront remis
en activité dans le plus bref délai ; à et effet les anciens membres sont dès à
présent convoqués pour reprendre provisoirement leurs fonctions.
Art III : Une commission, composée de 12 Princes Maçons, présentera dans la
séance indiquée au 16 de ce mois, les articles provisoires de cette constitution
et d’une nouvelle organisation. Les membres de cette commission seront les
RR.FF.
Kellermann, grand Administrateur de la GLE.
Pyron, grand Orateur
Reiner, grand secrétaire
:
Thory, VM de Saint Alexandre
Fondeviolles, VM de la Triple Union
Girault, VM de la Réunion des Etrangers
Hacquet, VM du Phénix
Bailhache, VM de St Napoléon
Saint Eloi, VM de Sainte Joséphine
De La Flotte, VM de la Parfaite Union
Le Court Villiers, Orateur de St Napoléon
Tureau, Orateur de Sainte Joséphine.
Art IV : la loge de Saint Alexandre d’Ecosse reprendra des ce jour son titre de
Mère-Loge.
Art V : La notification du présent décret sera faite dans la journée de lundi
prochain au GøOø de France en la personne du Røø F øøMontaleau, par les
Vénérables de la Salle, Hacquet et De La Flotte.
Art VI : il en sera fait part au FF. Ecossais de Marseille, Douai, Valenciennes, au
chapitre jacobite d’Arras et au F. Mattheus de Rouen, avec invitation de nommer
sur le champ un député pour concourir à la formation nouvelle des Statuts et
Règlemens du Rit Ecossais en France. et à l’ organisation définitive de la
Grande Loge et à toutes les Loges et Chapitres, quelque soit leur Rite soit en
France ou hors de France sur les deux hémisphères.
Art VII : Néanmoins, la présente délibération ne recevra exécution définitive
qu’autant que le GøOø de France n’aura pas rétabli, d’ici au 15 de ce mois
exclusivement, le concordat…dans toutes les dispositions qu’il renferme, tel qu’il
a été signé par les Commissaires des deux Rits, et qu’il n’aura pas annulé les
différens arrêtés et délibérations par lui pris et qui sont contraires tant aux
dispositions qu’aux formes et formalités prescrites par le Concordat ; à l’effet de
quoi la séance est continue au seizième jour de ce mois pour donner à la
présente délibération sa pleine et entière exécution, dans le cas où le Gø Oø
N’aura pas obtempéré à la présente délibération…. Notons qu’aucune des loges
citées ne faisaient partie de la Grande Loge de France qui s’était unie en 1799
au GODF. Il est donc faux de dire que cette Grande Loge s’était « reconstituée
».

Le 16 septembre, les mêmes décidaient que les deux Rites étaient séparés et qu’ils
travailleraient séparément chacun suivant son dogme.

Que le Conseil du trente-deuxième degré des Sublø Princø de Rø Secø et le


Souverain Conseil des Grands Inspecteurs-généraux trente-troisièmedegrén’ont
:
plus leur siège dans le grand Chapitre général, ainsi qu’il avait été décrété par le
Concordat.
Que les différents Rits unis au Gø Oø y seraient seulement représentés par des
Commissaires de chaque Rit, formés en directoire des Rits Les Ecossais
acceptaient donc la formation de ce Directoire des Rits, souvent présenté
comme le casus belli qui mit le feu aux poudres ! unis, sous la condition
expresse de se conformer aux instructions qui leur seraient données par leur Rit
Pyron, 1817 : 40-41. .

Le 24 septembre était constitué le Grand Consistoire de France, en lieu et place de


la Grande Loge Générale Ecossaise qui ne sera jamais rétablie :

Le Suprême Conseil, usant de la puissance dont il était investi par les grandes
constitutions de 1786, au lieu de remettre en activité la Grande Loge Ecossø,
conformément à la délibération des quatre-vingt-un Princø Maçø du six (sic) du
même mois, organisa, dans la même séance du 24 septembre, un Grand
Consistoire du trente-deuxième degré ; il proclama les membres appelés à le
composer, et procéda de suite à leur installation.
Il arrêta en outre qu’il organiserait dans les villes principales, aussitôt que les
circonstances l’exigeraient, des Conseils particuliers du trente-deuxième degré,
et des Tribunaux du trente-unième … On ne s’occupa point, dans cette séance,
de l’initiation aux dix-huit premiers degrés Souligné par moi. , ni de la
concession des chartes capitulaires propres à ces degrés. Le mode de cette
concession consentie par le Concordat, continua tacitement de subsister, sauf à
s’en occuper lorsque la dignité du Rit, le maintien de la puissance suprême dont
il a été investi par les constitutions de 1786, et le respect dû aux lois et statuts
généraux de chaque Rit, commanderaient de ne plus laisser concéder ces
degrés parties intégrantes du Rit ancien, par un Rit auquel ils sont totalement
étrangers ; et, à cet égard, le GøOø ne peut représenter aucun traité entre lui et
le Rit ancien, postérieur à l’arrêté de ses commissaires du 16 septembre 1805,
et à ses nouveaux statuts et règlements du 17 novembre 1806 dont il sera ci-
après parlé Cité par Pyron (1817 : 41) qui est loin d’être un témoin impartial !. .

3. LES PREMIERS RITUELS DES GRADES « SYMBOLIQUES »


DU REAA
Dans toute cette affaire, il ne fut pas question des rituels des grades bleus. Tout se
résume à une sombre question de suprématie administrative et de préséances
protocolaires. Les grands principes affirmés par Abraham et ses amis ne semblent
:
pas avoir retenu l’attention des protagonistes du traité ou de sa rupture. La
conclusion en fut un partage des compétences : au Grand-Orient la gestion des
grades du 1er au 18°, au Suprême Conseil le monopole des grade supérieurs,
monopole dont il ne fit d’ailleurs qu’un usage modéré puisqu’il se limita pendant de
nombreuses années à ne conférer, avec parcimonie, que les 31°, 32°et 33° degrés
Il fallut la Restauration pour que des loges bleues se placent sous l’autorité du
Suprême Conseil d’Amérique d’abord, puis du Suprême Conseil de France lors de
son réveil en 1821. .

Les loges bleues sous le premier Empire dépendaient exclusivement du Grand-


Orient et le Suprême Conseil ne se mêla jamais de leur fonctionnement. Ce qui ne
signifie pas qu’aucune ne travailla au REAA. L’annuaire du Grand-Orient de 1811
cite plusieurs loges, à Paris et en province, travaillant à ce Rite. Trois seulement
étaient antérieures au retour en France d’Hacquet et de Grasse-Tilly (Saint-
Alexandre, la Triple Unité et Marie-Louise La loge Marie-Louise n’était autre que la
Réunion des Etrangers qui avait changé de nom en mars 1810, un mois avant le
mariage de Napoléon et de Marie-Louise d’Autriche. ) :

Annuaire du GODF 1811

Paris. 91 loges dont 14 au REAA :

· Les Amis de la Vertu 14 mai 1805

· Le Grand Sphinx 3 novembre 1804

· Jérusalem 11 avril 1804 VM : Rouyer

· Le Lys étoilé 20 mars 1807

· Marie Louise 11 janvier 1784

(ex Réunion des Etrangers)

· Le Phénix 14 juin 1804 VM : Hacquet

· Royal-Arch 2 mars 1806

· Saint Alexandre d’Ecosse 7 juillet 1782

· Sainte Caroline 18 mai 1805 VM d’Honneur: Cambacérès

VM: le Peletier d’Aunay

· Saint Jean d’Ecosse


:
de la Parfaite Union 22 janvier 1805

· Saint Joseph 29 novembre 1807 VM : Duval Deprémesnil

· Sainte Joséphine 27 janvier 1805

· Saint Napoléon 10 novembre 1804 VM d’Honneur: Kellermann

(fondée par Grasse-Tilly) VM: Rampon

· La Triple Unité 27 septembre 1801 VM d’H: Fondeviolles

En province ou à l’étranger :

¨ 5 loges au REAA : Hédée (Nature et Philanthropie, 25 mars 1809), Lyon (la


Bienfaisance, 24 septembre 1806), Rome (la Vertu triomphante, 5 juin 1806),
Toulouse (le Faisceau, 15 décembre 1810), Valenciennes (La Parfaite Union et
Saint Jean du désert Réunis, 3 juillet 1733)

¨ 8 loges travaillant aux deux Rites : Amiens (la Parfaite Sincérité, 13 décembre
1784), Amsterdam (Sainte Marie Louise d’Autriche, 25 octobre 1810 ; Saint
Napoléon, 5 août 1810), Gènes (Saint Napoléon (2 décembre 1805), Le Havre
(L’Aménité, 15 mai 1775), Le Saint-Esprit, près de Bayonne (la Parfaite Réunion, 12
mars 1806), Lille (la Fidélité, 21 mai 1805), Limoges (les Amis Réunis, 30 janvier 30
janvier 1805)

¨ Directoire Ecossais du 5° district (sic), fondé le 2 août 1766. Grand Maître


Provincial : De Bry

Cinq loges : La Sincérité et Parfaite Union (Besançon), l’Union des Cœurs


(Genève), la Réunion désirée (Gray), la Parfaite Egalité (Lons-le-Saulnier), l’Union
Parfaite (Salins).
Puisque il existait sous l’Empire des loges travaillant, sous l’obédience du GODF, au
REAA, il devait exister un ou plusieurs rituels propres à ce Rite.

3.1 LE RITUEL D’APPRENTI DE LA TRIPLE UNITÉ ECOSSAISE.


La première édition imprimée des grades bleus de REAA s’intitule « le Guide des
Maçons Ecossais ou Cahiers des trois grades symboliques du Rit Ancien et Accepté
». Il porte la mention « A Edimbourg. 58ø », ce qui n’est guère concluant. Dans le
corps du texte, aucune obédience n’est mentionnée et la première santé d’obligation
s’adresse « à Sa Majesté et à son auguste famille ». L’omission de l’épithète «
Impériale » suffit à attribuer le document à l’ère post-napoléonienne. De fait, la
plupart des auteurs s’accordent à y voir un document datant de la Restauration. Est-
:
ce à dire que les rituels dont il s’agit furent rédigés à cette époque ? Nous pouvons,
sans le moindre doute, répondre par la négative.

En effet, le hasard m’a permit de découvrir, dans la bibliothèque du Suprême


Conseil pour la Belgique Rue Royale, 265, 1030 Bruxelles. , un rituel manuscrit du
1er grade du Rit ancien accepté appartenant à la loge la Triple Unité Ecossaise. Il
porte en couverture trois sceaux : au centre, celui de la Grande Loge Générale
Ecossaise de France, un aigle rayonnant, ailes déployées, tenant en ses serres une
épée et un bâton ; de part et d’autre, celui de la loge La Triple Unité Ecossaise,
avec la date 5804.

tripleunite

Cette loge, quoique fondée en 1801, appartenait à la Grande Loge Générale qui
n’eut, nous l’avons vu, qu’une vie éphémère, d’octobre à décembre 1804, avant de
se fondre dans le Grand-Orient de France, tandis que la Triple Unité passait sous
l’obédience de ce dernier. Point essentiel : elle avait, en 1805, pour vénérable le Fø
Fondeviolles, « propriétaire à Saint-Domingue », qui fut l’un des premiers reçus au
33° degré par Grasse-Tilly. Ce rituel dut être copié durant cette courte période qui
vit, entre autres événements remarquables, le sacre de Napoléon (2 décembre
1804) et le traité d’union du Grand-Orient et de la Grande Loge Générale Ecossaise
du Rit Ancien (5 décembre 1804).
:
La lecture du texte permet d’être plus précis encore. La consécration du néophyte
se fait « sous les auspices de la Grande (Loge) métropole d’Hérodom sous le
Régime Ecossais réuni au Gø Oø de France ». Comme la Grande Loge Ecossaise
s’unit au GODF le 5 décembre 1804 et disparut définitivement le 8 janvier 1805
Pyron, 1817 : 28 lorsqu’elle déposa ses archive et sceaux entre les mains du GODF,
on peut raisonnablement avancer que la copie fut achevée au plus tard en
décembre 1804 Le rituel lui-même pourrait être plus ancien puisque la loge fut
fondée en 1801. .

La lecture de ce rituel essentiel amène une première conclusion : il est identique, à


peu de choses près, au « Guide des Maçons Ecossais », ce qui résout une
première question : le texte publié sous la Restauration est bien antérieur à celle-ci.

Le document est un cahier de 48 pages, d’une écriture élégante et très lisible.


Intitulé : « Rit ancien accepté. Premier grade d’apprentif », il comporte l’ouverture de
la loge, l’ouverture des travaux (lecture des derniers travaux, introduction et tuilage
des visiteurs), la réception, l’instruction et la clôture des travaux.

3.1.1. L’OUVERTURE DE LA LOGE.


:
tripleunite2

Elle est nettement plus élaborée que l’ouverture au Rite Français, de 1786 ou de
1801. On y retrouve à la fois, quoique avec quelques variantes dans les termes, les
dialogues habituels aux loges françaises (en italique dans le texte) mais aussi des
emprunts textuels à la divulgation anglaise de 1760, les «Three Distinct Knocks… »,
y compris une erreur flagrante du texte anglais reprise telle quelle dans la version
française (en gras dans le texte) ! Or on sait que cette divulgation n’est autre que le
rituel en usage dans les loges anglaises d’inspiration irlandaise travaillant sous
l’autorité de la Grande Loge Grande Loge fondée en 1751. des « Antients ».

Three Distinct Knocks-1760 Triple Unité Ecossaise-1804


Master, to the junior Deacon Le V :. M :. frappe & dit,

What is the chief care of a mason ? – Debout et à l’ordre, mes FF :.

er
:
er
Answer . To see that his Lodge is tyl’d. – F :.:. 1 S :.:. Quel est le premier
devoir d’un Surveillant en loge ?
Mas. Pray do your Duty
– C’est de voir si la loge est couverte.
N.B. The junior Deacon goes and gives
Three knocks at the Door; and if there is Le V :.:. M :.:. dit – Faites-vous en assurer
nobody nigh, the Tyler without answereth mon F :.:.
with Three Knocks: The junior Deacon er
Le F :.:. 1 S :.:. donne l’ordre au F:.:.
tells the Master, and says : ème
2 S :.:. qui le transmet au F :.:.
Worshipful, the Lodge is tyl’d. Couvreur, lequel après avoir regardé à
l’extérieur du temple referme la porte &
Mas. to jun. Dea. The junior Deacon’s ème
dit au F :.:. 2 S :.:. qui le transmet au
place in the Lodge ? er
F :.:. 1 S :.:. que le temple est à

Deacon : At the Back of the senior couvert. Celuy -ci dit au V :.:. M :.:. : Le
Warden, or at his Right-hand if he permits temple est couvert.
him. ème
– F :.:. 2 S :.:. quel est le second
Mas. Your Business ? devoir d’un F :.:. S :.:. en loge ?

Deacon’s Ans. To carry Messages from – C’est de voir si nous sommes tous

the senior to the junior Warden, so that maçons & à l’ordre.


they may be dispersed round the Lodge
Le V :.:. M :.:. dit : Assurez vous en mon
Mas. to sen. Dea. The senior Deacon’s F :.:.

Place in the Lodge ? er ème


Le F :.:. 1 S :.:. le répète au F:.:. 2

Sen. Deacon’s Ans. At the Back of the S :.:., celui ci rend compte & puis le F :.:.
er
Master, or at his Right-hand if he permits 1 S :.:. dit au V :.:. M :.:.
him.
– Nous sommes tous maçons & à l’ordre.
Mas. Your Business there ?
ème
– F :. 2 Diacre, quelle est votre place
Sen.Deacon’s Ans. To carry all Messages
en loge ?
from the Master to the senior Warden.
er
– A la droite du F :. 1 S :. s’il veut le
Mas. The junior Warden’s place in the
permettre.
Lodge ?
– Pourquoy mon F :. ?
Deacon’s Ans. In the South.
ème
– Pour porter les ordres du F :. 2 S :.
Mas. to the jun. Warden. Your Business
& veiller à ce que les FF :. se tiennent
there ?
decemment sur les colonnes.

er
:
er
Sen. Warden’s Ans. The better to observe – Ou se tient le F :. 1 Diacre ?
the Sun, at high meridian to call the Men
– Derrière ou à la droite du V :. M :. s’il
from Work to refreshment, and to see that
veut bien le luy permettre.
they come on in due Time, that the
Master may have Pleasure and profit er
– Pourquoy F :. 1 Diacre occupés vous
thereby. cette place ?

Mas. The senior Warden’s Place in the er


– Pour porter ses ordres au F :. 1 S :. &
Lodge . à tous les officiers dignitaires afin que les
travaux soient plus promptement
Jun. Warden’s Ans. In the West.
exécutés.
Mas. to the sen. Warden. Your Business ème
– Ou se tient le F :. 2 S :. ?
there ?

– Au Sud V :. M :.
Sen. Warden’s Answer. As the Sun sets
in the West to close the Day, so the ème
Puis s’adressant au F :. 2 S :. Cette
Senior stands in the West to close the erreur est corrigée dans le « Guide… ». ,
Lodge, paying the Hirelings their Wages il luy dit
and dismissing them from their labour.
er
– F :. 1 S :. pourquoy occupez-vous
Mas. The Master’s Place in the Lodge ? cette place ?

Sen. Warden’s Ans. In the East. – Pour mieux observer le soleil à son
méridien, envoyer les ouvriers du travail à
Mas. His Business there ?
la récréation, les rappeller du travail afin
Sen. Warden’s Ans. As the Sun rises in que le V :. M :. en retire honneur & gloire.
the East to open the Day, so the Master er
– Ou se tient le F :. 1 S :. ?
stands in the East to open his Lodge to
set his Men to Work… – A l’Ouest V :. M :. ?

N.B. Then the Master takes off his Hat, er


Puis s’adressant au F :. 1 S :. il luy dit.
which he has on but at this Time…
er
– F :. 1 S :. pourquoy occupes vous
Mas. The Lodge is open, in the Name of cette place ?
God and holy St. John, forbidding all
cursing and swearing, whispering, and all – Comme le Soleil se couche à l’ouest
er
prophane Discourse whatsoever, under pour fermer le jour, de même le F :. 1 S
no less Penalty than that what the :; s’y tient pour fermer la loge, payer les
majority shall think proper; not less than ouvriers & les renvoyer contens.
One Penny a Time, nor more than Six- er
– F :. 1 S :. ou se tient le V:. M :. ?
pence.
:
N.B. Then he gives Three Knocks upon – A l’est V :. M :.
the Table with a wooden hammer, and
– Pourquoy mon F :. ?
puts on his Hat.
– Comme le Soleil se lève à l’est pour
commencer sa course & ouvrir le jour, de
même le V " M :; s’y tient pour ouvrir la
loge, la diriger dans ses travaux &
l’éclairer de ses lumières.

Le V :. M :. frappe alors (trois coups) de


son maillet par tems égaux ; ensuite se
er
tournant vers le F :. 1 diacre , ils font
mutuellement le signe guttural. Le V :. M
:. lui donne le mot sacré en cette manière
B :. O :. O :. Z :. pour ouvrir la loge
d’apprentiff maçon du Rit ancien accepté
dans la loge Ecossaise la triple unité.
er er
Le F :. 1 diacre le porte au F :. 1 S :.
ème
qui l’envoye par son 2 diacre au F :.
ème
2 S :. qui frappe (un coup) et dit.

– V :. M :. Tout est juste et parfait.

Le V :. M :. en se découvrant dit

– A la G :. du G :. A :. de l’U :., au nom &


sous les auspices de la métropole
universelle d’Herodom, sous le Régime
Ecossais réuni au G :. O :. de France, la
R :. L :. Ecossaise la triple unite est
ouverte au grade d’apprentif ; il n’est plus
permis de parler ny de passer d’une
colonne à l’autre sans en avoir reçu la
permission du F :. S :. de sa colonne.

– A moy mes FF :.

Tous les FF :. font le signe guttural.


L’influence du Rite « Ancien » anglo-irlandais est évidente. L’auteur de ce rituel avait
incontestablement sous les yeux la divulgation anglaise de 1760 lorsqu’il rédigea
:
cette ouverture. Aux Anglais, il emprunta la position des Surveillants, le premier à
l’Ouest et le second au Sud, ainsi que les diacres, typiquement irlandais, qui
n’avaient jamais existé sur le continent et que ne connaîtront jamais les loges «
Modernes » de la première Grande Loge d’Angleterre Si ce n’est la loge « Antiquity
» de William Preston et ces loges qu’on appela heureusement les « traditioners ». .
Il s’abstint cependant de copier servilement le texte britannique : certaines phrases
sont très classiques du style français ; la circulation finale du mot, du Vénérable au
2ème diacre, témoigne d’une tradition plus ancienne que l’on retrouve notamment
dans le rituel de la loge montoise du marquis de Gages, daté de 1763.

Le résultat est essentiellement syncrétique, alliant usages « Antients » et tradition


française.

Notons que la Bible n’est nulle part citée dans cette ouverture, pas plus que dans le
texte anglais d’ailleurs. Cependant, en dernière page du cahier, elle est nommément
citée :

Nota : La loge d’apprentif de la loge Ecossaise la triple unité ne doit jamais


ouvrir les travaux sans que la Bible soit sur l’autel, ouverte à la deuxième epitre
de Saint Jean avec le compas aussy ouvert dessus & ses deux pointes sur un
equerre de quatre pouces environ. Les pointes du compas tournées entre le
Sud et l’Ouest & les deux pointes de l’equerre vers l’Est.

Rappelons que le « Régulateur » ne prévoyait rien de tel : sur l’autel du vénérable


était disposé le recueil des Statuts Généraux de l’ordre, recouvert de l’épée.
:
3.1.2. L’OUVERTURE DES TRAVAUX.

Distincte de l’ouverture de la loge, elle prévoyait l’introduction des visiteurs qui


étaient, si nécessaire, tuilés de façon très « continentale » :

D. Tø Cø Fø Visiteur, d’où venes vous ?


De la loge de St Jean, Vø Mø
D. Qu’en apportes vous ?
Joye, santé, prospérité à tous mes FFø
N’apportés vous rien de plus ?
Le Vø Mø de la loge vous salue par 3 fois 3.
D. Qui faisait on ?
R. On elevait des temples à la vertu & on creusait des cachots aux vices.
D. Que venes vous faire ici ?
R. Vaincre mes passions, soumettre mes volontés & faire de nouveaux progrès
dans la maçonnerie.
D. Que demandes vous mon Cø Fø ?
Place parmy vous.

La réception d’apprenti

Elle mêle éléments classiques de la maçonnerie française et usages anglais de Rite


:
Ancien en un nouvel exemple de ce syncrétisme caractéristique de ce rituel hybride
comme le démontre l’annexe n° 1 qui compare les péripéties de la réception au
premier grade selon le rituel d’Avignon (Rite Ecossais Philosophique), le «
Régulateur » (Rite Français) et le rituel de la Triple Unité (Rite Ecossais Ancien
Accepté).

Si le schéma de base (préparation du candidat-introduction-voyages-obligation-


lumière-consécration) est identique dans les trois rituels, ce qui ne peut surprendre
puisqu’il est la base même du système, les détails varient. La préparation est
identique mais les épreuves purificatoires par l’eau et le feu, présentes à Avignon et
reprises par le Régulateur, se limitent au feu dans le texte de la Triple Unité. Les
épreuves accessoires (coupe d’amertume, saignée, marque de la bougie et test de
la bienfaisance) apparaissent à des moments différents de la cérémonie.
Remarquons l’absence de toute référence alchimique dans le rituel du REAA : le sel
et le soufre ne se trouvent que dans la cabinet de réflexion du Régulateur.

Fondamentale est la prière, prononcée par le vénérable après l’introduction du


candidat :

Mes FFø Humilions nous devant le Souverain arbitre des mondes.. !


reconnaissons sa puissance & notre faiblesse ..! Contenons nos esprits & nos
coeurs dans les bornes de l’equite, & marchant Variante dans le rituel du
SCPLB discuté plus loin : « et marchons dans des voies sûres ». dans des
voyes sures elevons nous jusqu’au maître « devant le Maître de l’univers » de
l’univers.. il est un.. il existe « il subsiste par lui-même » par lui meme.. c’est à
luy que tous les etres doivent leur existence.. il opere en tout & par tout, invisible
aux yeux des mortels, il voit luy meme toutes choses.. c’est luy que j’invoque..
c’est à luy que j’adresse mes voeux & mes prieres.
Daigne, ô grand architecte « ô grø Aø de l’uø » , daigne je t’en conjure proteger
les ouvriers de Paix que je vois icy « réunis ici » .. echauffe leur tete « leur zèle
» , fortifie leur ame dans la lutte fatiguante « fréquente » des passions,
enflamme leur coeur de l’amour des vertus, & decide leurs succes ainsy que
ceux du nouvel aspirant « celui de ce nouvel aspirant » qui desire participer à
nos mysteres auguste & sublimes « à nos augustes travaux. » …prete à ce
candidat ton assistance & soutiens le de ton bras puissant, au milieu des
epreuves qu’il va subir…
Amen.Amen. Amen.

Cette prière est suivie de la question-test, typiquement britannique et « ancienne » :


:
« Prophane en qui mets tu ta confiance ? » et la réponse «En Dieu ».

En dépit de cet ajout étranger, la cérémonie est très proche du Rite Ecossais
d’Avignon et de celui, français, du Régulateur, le seul qui prévoie la consécration
par l’épée. Le Rite « ancien accepté » de la Triple Unité conserve l’essentiel de la
maçonnerie continentale, le rôle du Frère Terrible qui conduit le candidat dans ses
voyages En Angleterre, ce rôle était dévolu au second diacre. , le don de la lumière
dans le cercle des épées alors que le candidat est debout à l’ouest de la loge, les
longs développements verbeux, notamment les discours sur le vice et la vertu…
Mais il en accentue le côté théâtral par l’introduction d’épisodes dramatiques
inconnus outre-Manche : la projection du candidat dans la « cuve », la lumière en
deux temps avec l’épisode grand-guignolesque du cadavre du parjure Dans le rituel
du Rite Ecossais rectifié adopté à Lyon en 1778, la lumière était déjà donnée en
deux temps, mais sans « cadavre ». –

Par contre, l’influence britannique est, elle aussi, très sensible :

L’entrée sur la pointe de l’épée.


La prière Dans TDK, la prière est ouvertement chrétienne, elle est « non-
confessionnelle » dans le rituel français. et la question-test
Les « obstacles » que rencontre le candidat lors des 3 voyages, auprès des
surveillants et du vénérable
La prestation de serment sur la Bible surmontée de l’équerre et du compas.

Essentielle est l’adoption des « secrets » de la maçonnerie Ancienne : le mot du


grade, B…, et non J… comme c’était la règle en France depuis l’introduction de
l’Ordre, tradition conservée tant par le Rite Français que par les Rites Ecossais, qu’il
soit « Philosophique » ou « Rectifié » ; l’absence de mot de passe qui ne fait que
confirmer l’alignement du rit ancien accepté sur le Rite ancien anglo-irlandais.

3.1.4. L’INSTRUCTION.

Elle surprend car elle décrit une cérémonie de réception très différente de celle qu’a
effectivement subie le néophyte. Tous les éléments typiquement continentaux en
sont absents. Rien là qui doive surprendre puisque cette instruction n’est autre que
la traduction littérale des « Trois Coups Distincts » (annexe n°2). Le rédacteur s’est
contenté de copier le texte anglais, sans se rendre compte des incohérences qu’elle
introduisait dans le produit final.

A l’évidence, la juxtaposition de deux textes aussi différents ne pouvait qu’amener la


confusion la plus complète, confusion bien démontrée par deux exemples :
:
Dans l’instruction du TDK, le candidat reçoit la lumière alors qu’il est agenouillé à
l’est devant l’autel et la main posée sur les « trois grandes lumières dans la franc-
maçonnerie » tandis que la tradition continentale est respectée dans le texte de la
réception qui prévoit qu’il se tient à l’ouest du tableau et découvre le cercle des
épées lorsque le bandeau lui est enlevé.
Les trois chandeliers d’angle, Grandes Lumières en France, Petites Lumières
(lesser Lights) en Angleterre, se voient baptisées « Sublimes Lumières », le
traducteur, ne pouvant se résoudre à leur assigner un rôle subalterne.

3.2. L’ART DU PARFAIT TUILEUR.


Le rituel de la Triple Unité, qui sera repris par le « Guide », frappe par son
syncrétisme et le mélange, voire la juxtaposition, d’éléments britanniques et
continentaux. Il n’est original que dans la mesure où il allie deux traditions en un
ensemble hybride et, parfois, contradictoire. Aussi loin des rituels « Ecossais » que
du Rite Français, il n’est plus ni l’un ni l’autre, sans pour cela jouer la carte anglaise
de façon univoque. A-t-il satisfait les « Ecossais » rétifs ? Je n’en sais rien. Si tel fut
le cas, ce ne peut être que par ses relents « Anciens » qui allaient si bien avec les
récriminations du F. Abraham Abraham apparaît comme 32°, Prince du Royal
Secret, dans le « tableau général » des membres du suprême Conseil, liste des
membres publiée dans le livre d’or de celui-ci en 1806. .

Celui-ci, en tout cas, adopta les particularités des « Antients », comme l’avait fait la
Triple Unité, lorsqu’en 1807, il publia « L’Art du Parfait Thuileur » Le manuscrit en
est conservé au Fonds Kloss. (catalogue n° XXVII-407). Il porte la date du 8ème
jour du mois de nizan 5567 (16 avril 1807). … « essentiellement destiné pour les
atteliers qui suivent ou qui suivront le Rit Ecosais ancien accepté ». Les signes,
mots et attouchements sont typiquement britanniques,(donc « Anciens ») et non
ceux du Rite Ecossais philosophique. Au grade d’apprenti, le signe se fait en portant
la m. d. en équerre, horizontalement à la hauteur de la g. ; le mot sacré est B. ; la
batterie trois fois trois coups égaux. Au grade de compagnon, le signe se fait en
portant la m. d. sur le s. g. avec le p. levé tandis que la m. g. est levée à la hauteur
de l’o., p. vers l’avant ; le mot de passe est S et le mot sacré J. Au grade de maître,
le signe d’ordre est de porter la m. étendue, le p. touchant le v., la p. en bas, et de
retirer horizontalement la m. comme si on se fendait le v. Rappelons que le signe
pénal « au ventre » n’existe pas dans la maçonnerie de style français qui ne connaît
pas de pénalité propre au grade de maître. en disant « O Lord My God ». En
chambre du milieu, il y a un signe particulier qui est de lever les deux m. en l’air, la
p. en avant, les yeux vers le ciel, et de les porter ensuite vers la terre en descendant
:
les deux m. ensemble sur le t., en disant ensemble « O Lord, My God » (signe
toujours utilisé par l’actuel « Rite » Emulation). Le mot sacré est Mohabn et le mot
de passe T.. La marche de l’apprenti se fait en trois pas en partant du pied gauche.

Remarquons qu’à cette époque, le tablier de maître était blanc doublé et bordé de
bleu (et non de rouge), portant un soleil sur la bavette. Un cordon bleu moiré,
portant le bijou (équerre, compas et règle) complétait le décor.

3.3. LE MANUSCRIT DU SUPRÊME CONSEIL POUR LA BELGIQUE.


La bibliothèque du Suprême Conseil possède un manuscrit intitulé « Cahiers des 33
grø de la Maçø Ecossø Rit ancien-accepté » que les santés d’obligation permettent
de dater avec précision : la première s’adresse à Napoléon le Grand, Empereur des
Français, Roi d’Italie … et à l’Impératrice Marie-Louise, son auguste épouse, ainsi
qu’aux Princes et Princesses de la famille impériale. La seconde s’adresse à « Don
Joseph, Roi des Espagnes et des Indes, Grand Maître de l’Ordre » Joseph
Bonaparte, frère de l’empereur, était le Grand Maître nominal du GODF. et au prince
archi-Chancelier, c’est à dire Cambacérès, Grand Maître adjoint du GODF, depuis
1805, et Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France, depuis
1806. L’omission du roi de Rome situe le rituel entre le mariage de Napoléon (avril
1810) et la naissance de son fils (20 mars 1811)

Le premier degré est quasiment identique à celui de la Triple Unité Ecossaise,


comme à celui du « Guide des maçons Ecossais » d’ailleurs. Mais ce manuscrit
contient aussi les 2ème et 3ème degrés dont nous n’avons pas l’équivalent de la
Triple Unité.

3.3.1. LE GRADE DE COMPAGNON.


L’ouverture de la loge de compagnon est très simple, marquée seulement par la
circulation du mot de compagnon du vénérable au premier surveillant puis au
second surveillant, par l’intermédiaire des diacres. Le candidat, « l{es cheveux
épars, sur les épaules, portant une règle de la main gauche, dont un bout est
appuyé sur l’épaule gauche, les bras nus, retroussés, sans habit ni gilet, la bavette
du tablier haute} », est introduit par le maître des cérémonies. Il est interrogé sur les
circonstances de la réception d’apprenti et non sur l’instruction traduite des TDK. A
la question « Que vites-vous lorsqu’on vous découvrit les yeux ?», il répond « Tous
les FFø armés de glaive dont ils me présentèrent la pointe », alors que l’instruction
spécifiait qu’il découvrait, à ce moment, les trois « grandes lumières ».

Le candidat, toujours conduit par le maître des cérémonies, fait ensuite cinq
voyages qui représentent les années d’apprentissage que doit accomplir tout
:
apprenti. Il est muni d’instruments, (maillet et ciseau au premier voyage, compas et
règle au deuxième, règle et pince au troisième, levier au quatrième) lors des quatre
premiers voyages mais il a les mains vides pour le dernier qui signifie qu’il doit
employer cette cinquième année à l’étude de la théorie.

Il monte ensuite vers le trône et découvre l’Etoile mystérieuse et « le delta


resplendissant de lumière » qui lui offre « deux grandes vérités et deux sublimes
idées », le nom de Dieu (le tétragramme) et la géométrie (la lettre G). Viennent
ensuite l’obligation et la consécration par l’épée, avant la communication du signe,
de l’attouchement, du mot sacré (J) et du mot de passe (Sch).

Cette réception ne diffère en rien de celle du Rite Français et du Régulateur. Le


rituel et les explications du vénérable sont la copie conforme du document français.
Seuls les « secrets » du grade sont « anciens » (mot du grade, J ; mot de passe,
Sch.). Par contre, l’instruction qui suit est, une fois encore, traduite de TDK (annexe
n° 4) et décrit une réception qui n’est pas celle qu’a vécue le néophyte.

Le rédacteur, se rendant sans doute compte de l’incohérence, tenta d’en corriger les
éléments les plus évidents.

Dans TDK, le candidat effectue deux tours de la loge et rencontre les mêmes «
oppositions » que lors de l’initiation. Or, selon le rituel du SCPLB, il effectue les
cinq voyages prévus par le Régulateur. Le rédacteur omit donc très logiquement
les questions 11, 12 et 13.
Le rituel ignore l’attouchement de passe, d’où l’omission de la question 20.
Point capital : le compagnon anglais reçoit son salaire dans la chambre du milieu,
tandis que son homologue continental le reçoit à la colonne de son grade, comme
l’enseignaient toutes les divulgations françaises des années 1740. Le rédacteur
aligna donc les questions 23 et 24 selon la tradition continentale, non sans
respecter la répartition « ancienne » des secrets. C’est à la colonne J et non à la
colonne B que le compagnon est récompensé de son labeur.

Par contre, il ne modifia pas le moment de la communication du mot de passe qui


était une des différences qui séparaient les Moderns des Antients : ceux-là le
communiquaient à l’impétrant après son obligation, avec les autres secrets, ceux-ci
le faisaient avant son introduction dans la loge. Les rituels français suivaient l’usage
« Modern ». Le rédacteur ne put se résoudre à abandonner cette façon de faire :
dans la cérémonie, le mot de passe est donné après la consécration mais
l’instruction, contre toute logique, suit le texte de TDK.
:
Plus encore que le premier grade, celui de compagnon témoigne de la difficulté
d’allier deux traditions parfois contradictoires.

3.3.2. LE GRADE DE MAÎTRE


Les mêmes difficultés se retrouvent au 3ème grade.

La loge est disposée comme le voulait la coutume française :

La loge doit être tendue en noir, parsemée de têtes de mort en blanc et de


larmes placées par 3.5.7.
Neuf étoiles Notons le triplement des lumières d’angle, comme c’était le cas au
rite Français et aux rites Ecossais, philosophique ou rectifié. placées par trois,
devant chacun des trois premières lumières.les Mtresø, autant que possible,
seront en noir, chapeau rabattu, un long crêpe, des gants blancs, tablier
ordinaire et cordon bleu.
Le Vénø Mtreø doit avoir des pleureuses, et un long manteau noir.
Disposition de la chø du milieu.
Au milieu de la chambre, il y aura une bière couverte d’un drap mortuaire
parsemé de têtes de mort, d’ossemens en sautoir, avec des larmes. On forme
autour de cette bière une séparation avec des panneaux de tentures, pot
représenter la chambre du milieu . A un coin de cette chø, du côté du midi, dans
son occø, on place une branche d’acacia sur un petit tertre. A la tête de la bière,
il y a une équerre posée à terre, au pied, un compas ouvert Rituel du SCPLB, p.
100. .

L’ouverture suit le modèle anglais et les diacres y ont la même fonction que
précédemment (transmettre le mot du grade, du vénérable au deuxième surveillant).
Par contre, leur rôle s’arrête là et ils n’apparaissent plus dans la cérémonie de
réception. Celle-ci est particulièrement dramatique, bien dans la ligne française :

Lors d’une réception, le dernier maître reçu se place dans le cercueil. Il est
couvert d’un linceul blanc jusqu’à la taille, le tablier relevé, le visage couvert
d’un linge blanc teinté de sang.
Le candidat est sans souliers, les bras et les seins nus, sans métaux. Une petite
équerre est attachée à son bras droit, un corde est attachée à sa ceinture. Il
porte un tablier de compagnon.
:
La mise en scène est théâtrale, sinon mélodramatique : soupçonné du meurtre car il
déclare, à tort, posséder le mot de passe, le candidat est malmené par le vénérable
qui le saisit au collet et ne le lâche que lorsqu’il est convaincu de son innocence. La
découverte du cadavre, accompagnée de commentaires menaçants, est suivie par
un seul voyage, effectué sous la conduite du maître des cérémonies et du frère
terrible qui tient le candidat par la corde. Conduit à l’occident, celui-ci gagne l’orient
« en marchant sur le premier degré de l’angle droit du carré long, en formant une
équerre sur le deuxième degré par deux pas, et sur le troisième par un seul », puis il
prononce son obligation agenouillé sur les deux genoux, les deux pointes du
compas sur chaque sein et la main sur la bible, comme dans le TDK :

Je, N …, de ma libre volonté en présence du Gø Aø de l’Uø, et cette Rø Loge


dédiée à St-jean, jure et promets solennellement de ne jamais révéler les
secrets des Mtre?ø Maçø du rit ancien accepté qu’à celui reconnu pour tel,
d’obéir aux ordres émanant d’une loge régulière ; de garder tous les secrets de
mes FFø comme les miens propres, excepté dans les cas de meurtre ou de
trahison ; de ne jamais leur faire tort, ni souffrir qu’il leur en soit fait ; de les
servir de tout mon pouvoir ; de ne jamais séduire leurs femmes, filles ou soeurs,
promettant encre de remplir mes précédentes obligations sous peine (ici, le Tø
Rø frappe un coup, saisit la main droite du récipiendaire, et lui fait faire le signe
de Mtreø) d’avoir le corps ouvert en deux, une partie portée au Sud, et l’autre à
l’Ouest, mes entrailles brûlées, les cendres jettées au vent, afin qu’il ne reste
rien de moi. Ce dont Dieu me préserve. Ame !Amen ! Amen !
Il baise trois fois la bible et reste à genoux.

Le très respectable (titre du vénérable à ce grade) le relève en lui disant « Levez-


vous, Fø J.A.K.I.N. » et lui annonce qu’il va représenter « le plus grand homme du
monde maçø, notre Rø Mø Hyram, qui fut tué lors de la perfection du temple ». Le
1er surveillant se place l’ouest, armé d’une équerre ; le 2ème surveillant, au sud,
armé d’une règle de vingt-quatre pouces et le très respectable à l’est, armé de son
maillet.

Suit le discours historique qui rapporte la version « ancienne » de la légende


d’Hiram : le complot ourdi par quinze compagnons, la rétractation de douze d’entre
eux, l’obstination des trois derniers (ici nommés Jubulas, Jubulos et Jubulum), la
visite d’Hiram au temple, son triple refus de donner le mot de maître, les coups
portés au sud, à l’ouest puis à l’est (symboliquement par les surveillants et le très
respectable), le transport du cadavre hors de Jérusalem et son inhumation, l’envoi
par Salomon des douze compagnons repentis qui se divisent en quatre bandes, la
:
découverte des assassins dans une grotte près de Jaffa (Joppa dans le texte), leur
présentation à Salomon et leur exécution ultérieure (Jubulas eut la gorge tranchée,
Jubulos le coeur arraché et Jubulum le corps coupé en deux parties, l’une jetée au
nord et l’autre au midi), l’échec enfin de la quête des compagnons.

Jusque là, la légende suit fidèlement le récit « ancien », tel qu’il est rapporté dans
TDK, y compris l’avertissement de Salomon aux douze compagnons : s’il ne
pouvaient trouver la parole de maître, « elle était perdue, attendu quelle ne pouvait
être donnée que par trois personnes réunies, dont Hiram faisait partie ». Dans ce
cas, le premier signe et le premier mot qui seraient fait et prononcé en retrouvant et
en exhumant le corps d’Hiram seraient substitués aux anciens signe et mot de
maître.

La suite du récit, très curieusement, adopte la version française, classique depuis «


L’Ordre des Francs-maçons trahi… » de 1745 : devant l’échec des compagnons,
Salomon envoie neuf maîtres qui découvrent la tombe sur le mont Moriah et la
marquent d’une branche d’acacia avant de faire rapport à Salomon. Celui-ci leur
ordonne de l’exhumer et de ramener sa dépouille à Jérusalem. L’exhumation se fait
de la façon habituelle mais le mot prononcé dans la position des cinq points de
perfection est Moabon, le mot en M utilisé par les « Antients » anglais.

Suivent la consécration et la communication des secrets du grade, le « grand signe


des maîtres » (bras levés au-dessus de la tête retombant sur le tablier avec
l’exclamation, « Ah Seigneur, mon Dieu ! » ) ; le mot de passe, T.; le mot sacré, M.;
l’attouchement (les cinq points de la maçonnerie), le signe pénal et l’acclamation
écossaise (Houzé ! Houzé ! Houzé !).

On retrouve là encore ce curieux mélange d’éléments « anciens » et « modernes »,


c’est-à-dire français. Comment en effet concevoir que le mot de maître soit « perdu
» si ce sont neuf maîtres, et non douze compagnons, qui relèvent le cadavre ? Or
c’est bien là la caractéristique essentielle du Rite ancien : l’ancien mot du maître est
bel et bien perdu puisque trois seulement le connaissent et ne peuvent le prononcer
que lorsqu’ils sont réunis et d’accord. Au Rite Français, l’ancien mot n’est que
remplacé par un mot de substitution, mesure de prudence qui n’empêche qu’il soit
connu de tous les maîtres et gravé sur le triangle déposé sur le tombeau d’Hiram.

L’instruction qui suit n’est, une fois de plus, que la traduction littérale de TDK. Elle
est donnée en annexe. Pour aider la démonstration, sont présentées la version
originale de TDK, celle du manuscrit de Bruxelles, celle du Guide des Maçons
Ecossais et une autre version datée de 1812, conservée à la bibliothèque du Grand-
Orient des Pays-Bas (fonds Kloss, cote 123 C 45 – 56 H 45), « Lois
:
constitutionnelles, Statuts & Reglemens généraux du Rit Ecossais ou ancien
accepté ».

3.4 LE GUIDE DES MAÇONS ECOSSAIS.


Le Guide suit fidèlement Seule différence notable : lorsque le candidat reçoit la
lumière au premier grade, le vénérable dit « Sic transit Gloria Mundi », comme au
Rite Rectifié. les rituels que nous venons d’étudier. Il n’en est en fin de compte que
la première version imprimée et sa date exacte en perd beaucoup d’importance.
Rédigé sous la Restauration, comme l’attestent les santés d’obligation qui ignorent
la famille impériale, il est sans doute antérieur à 1821, année qui vit l’organisation
de la loge La Grande Commanderie par le Suprême Conseil de France.

Son principal intérêt est son introduction qui le pose en rival du Régulateur, affirmant
ainsi la différence essentielle qui sépare Rite français et Rite écossais ancien (et)
accepté :

Quoiqu’en disent les détracteurs de la Maçonnerie Ecossaise, il n’en est pas moins
constant que les loges de ce rit sont généralement répandues dans tous les états de
l’Europe et de l’Amérique, et que le rit d’Hérédon obtient une préférence marquée
sur le rit moderne… Des correspondances sont établies, dans toutes les langues,
pour que toutes les loges, quelques contrées qu’elles habitent, puissent se procurer
ces cahiers ; et des mesures sont prises pour que les exemplaires ne soient confiés,
pour le débit, qu’à des Maçons qui se soient acquis le plus haut degré d’estime et
de considération afin que ce Guide des Maçons Ecossais n’éprouve une publicité
aussi scandaleuse que celle qu’on donne journellement aux cahiers du rit Français,
sous le titre de Régulateur du Maçon.

3.5. ESSAI DE SYNTHÈSE


L’essentiel est la parfaite concordance de ces documents qui donnent des grades
bleus du REAA une image concordante :

Ils mêlent éléments Anciens et Français (donc Modernes) en une construction


hybride et syncrétique qui les rend, tels quels, injouables sans modifications
significatives.
Les ouvertures et les fermetures suivent le rituel ancien, alors que les cérémonies
de réception sont fondamentalement françaises, quoique mâtinées d’éléments
anciens.
La légende d’Hiram présente un mélange des deux versions, Ancienne et
Moderne, qui lui enlève beaucoup de son sens (la parole est-elle perdue ou non
:
?).
Les assassins sont retrouvés et châtiés, ce qui enlève beaucoup de leur
pertinence aux grades de vengeance, dits d’Elu.
Les Instructions sont traduites de TDK, avec, de ci de là, des concessions aux
usages français.
Les secrets de chaque grade sont anciens, mais les mots de passe sont
communiqués après la cérémonie (usage Moderne) et non avant l’admission du
candidat (usage Ancien).
Les acteurs devaient se rendre compte que les instructions décrivaient une autre
cérémonie que celle effectivement vécue par l’impétrant, contradiction qui paraît
insurmontable, à moins bien sûr que l’instruction n’ait été simplement ignorée,
comme c’est le cas dans la plupart des loges actuelles !

Si, marqués par une double influence, française et britannique, ces rituels peuvent à
juste titre s’intituler de Rite « ancien », ils diffèrent singulièrement des Rites «
Ecossais », philosophique ou rectifié, qui fleurissaient en France au XVIII° siècle.
Or, puisqu’ils se nomment bel et bien de « Rite Ecossais ancien et Accepté » et
qu’ils furent adoptés par les maçons « Ecossais », il est légitime de concevoir qu’ils
le méritaient d’une façon ou d’une autre et, partant, de rechercher une troisième
influence.

3.6. L’APPORT ECOSSAIS – LES TUILEURS.


L’apport Ecossais se trouve essentiellement dans la disposition de la loge telle que
nous la décrivent les Tuileurs de l’époque.

Le « Thuileur des trente-trois degrés de l’Ecossisme du Rit Ancien, dit Accepté » fut
publié par de L’Aulnaye (Delaunay) en 1813 et réédité en 1821 sous un nouveau
titre, « Thuileur des trente-trois degrés de l’Ecossisme, ou Manuel maçonnique des
divers rites pratiqués en France … Nouvelle édition, corr. et augmentée ». Il décrit
brièvement la loge d’apprenti « du Rit Ancien » :

Tentures Rouges
Trois lumières, une à l’Est, deux à l’Ouest Souligné par moi.
A l’entrée de la Loge, c’est-à-dire à l’Ouest, sont les deux colonnes, J à droite,
et B à gauche.
Titres.
Il y a un Vénérable, placé à l’Orient ; deux Surveillans, l’un à l’Ouest, l’autre au
:
Sud.
Les autres officiers d’une loge ordinaire et complète sont l’Orateur, le Secrétaire,
le Trésorier, deux Experts, le Garde-des-Sceaux, l’Hospitalier, le Maître des
Cérémonies. Viennent ensuite un Maître des Banquets, un Porte-Etendard, un
Porte-Epée, deux Diacres, l’Architecte et le Garde de Temple. En tout dix-huit.

Au grade de maître, par contre, les lumières sont :

Ordinairement trois, ou neuf, groupées par trois, à l’Est, au Sud et à l’Ouest.

Les décors sont un tablier blanc, bavette relevée pour l’apprenti et rabattue pour le
compagnon ; un tablier doublé et bordé de rouge pour le maître, avec, au milieu, les
lettres M.B. en rouge et un cordon bleu moiré, en écharpe, de droite à gauche.

Les secrets sont ceux du Rite ancien, les noms des colonnes B.. et J… aux 1er et
2ème grades, le mot ancien au 3ème grade, les mots de passe Sc… et Tub … aux
2ème et 3ème grades.

Bref, Delaunay retient du Rite Ecossais la disposition des lumières du grade


d’apprenti et, du Rite ancien la disposition des lumières du grade de maître et les
diacres. Quant au tablier rouge des maîtres, c’est une innovation qu’ignorait le
Tuileur d’Abraham mais qui convient idéalement aux « Ecossais » dont le rouge est
la couleur emblématique.

Le « Manuel maçonnique, ou Tuileur de tous les rites de maçonnerie pratiquée en


France … par un vétéran de la maçonnerie», publié en 1820 et réédité en 1830 et
1834, complète ces informations. Son auteur, Vuillaume, était particulièrement bien
placé : 33°, dès 1818, et membre du Suprême Conseil dit « d’Amérique » présidé
par le comte Decazes, il participa, l’année suivante, à une tentative, d’ailleurs
avortée, de réunion du GODF et de ce Suprême Conseil, le premier qui eut sous sa
direction des loges des trois premiers degrés.

Dans son introduction, Vuillaume écrit :

On nomme rite ancien ou écossais, la Franc-maçonnerie telle qu’elle se pratique en


Ecosse, en Angleterre, en Amérique, et dans une grande partie de l’Allemagne. Le
rite écossais ancien et accepté, est celui réformé par Frédéric II, roi de Prusse, qui
augmenta de huit degrés le rite écossais ancien… on désigne le rite suivi par le
Grand-Orient de France et les loges sous sa dépendance, sous le titre de rite
moderne ou français Edition de 1830, page 22. .

Vuillaume va plus loin qu’Abraham : Ecossais et ancien sont devenus synonymes et


:
l’auteur se sert de cette affirmation que rien, on l’a vu, ne justifie pour prouver
l’universalité du REAA . On retrouve là les prétentions habituelles des tenants de
l’Ecossisme dont on sait ce qu’elles valent. Vuillaume lui-même n’en était que
partiellement dupe puisqu’il écrit en note, à propos de Frédéric :

Quelques uns prétendent que cette réforme n’est pas due à Frédéric II. On n’a
pas l’intention d’entrer ici dans la discussion d’un fait que le Suprême Conseil de
France considère comme constant, ni exprimer une opinion particulière ; ce
n’est qu’une façon de désigner l’écossisme actuel par une chose convenue au
moins entre un grand nombre.

« Convenue » est, dans le contexte le mot juste ! Ceci n’enlève rien à l’intérêt du
texte.

La loge d’apprenti, nous rappelle Vuillaume, est tendue de rouge.

A l’ouest, sont deux colonnes de bronze, d’ordre corinthien ; sur chaque


chapiteau sont trois grenades entr’ouvertes, sur le fût de la colonne, à droite en
entrant, est la lettre J, et sur celui de l’autre colonne, la lettre B.
Autour de la loge est la houpe dentelée.
Sur le pavé, au milieu de la loge, un peu vers l’est, est le tracé ou tableau de la
loge.
A l’est, est un dais d’étoffe rouge avec franges en or ; au-dessus du dais, est un
trône où se place le président ; devant le trône est un autel sur lequel sont
posés une équerre, un compas, une bible, un glaive et un maillet. Le trône et
l’autel sont élevés au-dessus du pavé, sur une estrade de trois marches.
A la droite du trône, au-dessous de l’estrade, sont la table du secrétaire, et le
bureau de l’hospitalier. Vis-à-vis de ces deux tables, et là la gauche du trône,
sont : le bureau de l’orateur, et ensuite celui du trésorier.
A l’ouest, en avant de la colonne B est un fauteuil pour le premier surveillant ; au
sud, en remontant vers l’est, est un fauteuil pour le second surveillant Nuance
donc par rapport à TDK : le 1er surveillant est au N.O. et non à l’ouest. . Chacun
des surveillans a devant soi une table sur laquelle est posé un maillet.
Un peu en avant du trône est placé un petit autel triangulaire, nommé l’autel des
sermens…

Suit la liste des officiers, identique à celle de Delaunay, soit dix-huit officiers dont les
diacres.
:
Remarquons les éléments constants de la maçonnerie française : les deux colonnes
de bronze à l’ouest, le dais surmontant le trône, l’orateur. Rien de cela ne se trouve
dans les loges britanniques « anciennes ». C’est bien d’une loge française qu’il
s’agit, qui ne diffère de celle du Régulateur que par la couleur des tentures et la
position des surveillants. Si l’emplacement des trois chandeliers (des « lumières »)
est omise par Vuillaume, les indications de Delaunay nous les montre aux angles
NO, SO et SE.

D’où le schéma suivant :

Loge d'Apprenti au REAA

Fig. 5 : Loge d’apprenti du REAA.

 
La disposition des lumières d’angle est celle du Rite Ecossais pré-révolutionnaire.
Par contre, les surveillants sont disposés selon la mode « ancienne » et la situation
des colonnes correspond à la distribution des mots des deux premiers grades.

Au grade de maître, Vuillaume décrit les neuf lumières « groupées par trois », à
l’est, au sud et à l’ouest. L’habillement est un tablier doublé et bordé de rouge avec,
au milieu, peintes ou brodées en rouge les lettres M.B. Le cordon est bleu moiré,
avec au bas une rosette rouge à laquelle est attaché le bijou.

Comme de juste, les « secrets » à chaque grades sont ceux du Rite ancien.

Qu’avaient conservé, du Rite Ecossais d’avant 1804, les tenants du nouveau


:
système ? Bien peu de choses : la disposition des chandeliers, la couleur rouge et
l’acclamation Houzzé (ou Houzay). Par contre la disposition générale de la loge
tenait à la fois de la tradition française et des usages britanniques.

Si c’était dans ce décor que se déroulaient les cérémonies prévues par les rituels
d’origine du REAA, la conclusion s’impose : un rituel d’inspiration hybride, alliant le
goût français du spectacle à la simplicité britannique, exécuté dans un décor
relevant d’une triple influence. Tel était en définitive le REAA aux grades
symboliques.

3.7. CLEF DE LECTURE.


Quatre critères essentiels (moderne, ancien, français, écossais) distinguent les rites
pratiqués en langue française. Les critères « géographiques » (français et écossais)
s’excluent mutuellement, de même que les critères de style (moderne et ancien).
Les premiers se définissent par la disposition des chandeliers autour du tapis de la
loge, le second par l’ordre des mots sacrés et les places des surveillants.

En référant aux figures 1 et 4, on constate qu’un Rite peut être :

Français et moderne : c’est le cas du Rite Français et du Rite Suédois Je l’ai vu. .
Ecossais et moderne : c’est le cas du Rite Ecossais Rectifié, du Rite Ecossais
Philosophique et du Rite Moderne belge .
Ecossais et ancien : c’est le cas du REAA, dans toutes ses versions successives.
Il n’y a pas de Rite Français et ancien Si ce n’est la construction très récente de
René Guilly, intitulée « Rite Français rétabli » (devenu plus tard « Rite Français
Traditionnel ») et pratiquée, en Belgique par certaines loges de la Grande Loge
féminine. .

LES GRADES BLEUS DU REAA – GENÈSE ET DÉVELOPPEMENTS.


(PARTIE 2)
Le Rite Ecossais Ancien et Accepté

Par Pierre Noël, 33e, CBCS

 
:
4. LES AUTEURS DES RITUELS BLEUS DU REAA.
Qui a rédigé ces rituels ? La question ne peut avoir de réponse assurée. Nous ne
savons pas et ne saurons peut-être jamais qui en furent les rédacteurs. Ceci
n’interdit empêcher d’avancer quelques hypothèses, basées sur quelques prémices
simples :

Le ou les rédacteurs connaissaient la maçonnerie habituellement pratiquée en


France.
Ils étaient familiers de la maçonnerie britannique ou américaine, notamment celle
pratiquées dans les loges de Rite ancien.
Ils disposaient de « Three Distinct Knocks » et en connaissaient suffisamment la
langue pour le traduire de façon correcte.
Enfin, ils devaient avoir un intérêt à diffuser, en France, une maçonnerie d’un style
nouveau, différente de celle des loges du GODF.

Ne peuvent répondre à ces critères que des maçons ayant vécu à l’étranger et
soucieux de se démarquer du Grand-Orient. Or tel était le cas de ces « Américains
» qui voulurent introduire à Paris un système en 33 degrés qu’ils présentaient
comme une forme maçonnique plus « universelle » que le Rite Français en 7 grades
que pratiquait le Grand-Orient depuis 1786. Pour arriver à leurs fins, Ils se devaient
d’offrir des rituels nouveaux pour les trois premiers grades. Or ceux-ci n’existaient
pas puisque le premier Suprême Conseil du monde, celui de Charleston, avait
précisé qu’il laissait aux Grandes Loges la communication des trois degrés de base.

Il fallait donc les inventer pour la cause. C’est ce que firent les rédacteurs en puisant
indifféremment dans les rituels existants.

Très habilement, ils intitulèrent « ancien » Ils ne firent d’ailleurs que traduire la
titulature américaine : Grand Lodge of Ancient and Accepted Freemasons. le produit
de leur compilation, comme l’avait fait avant eux Laurence Dermott, Grand
Secrétaire de la Grande Loge anglo-irlandaise de 1751, et, comme lui, ils
qualifièrent leurs rivaux de « modernes ». Dans les deux cas, la fascination
qu’exerce toute affirmation d’ancienneté suffit à donner à leur produit un aura
d’authenticité Fascination dont nous avons aujourd’hui encore de nombreux
exemples. . Mais ils eurent garde d’omettre la revendication « Ecossaise », laquelle
eut toujours sur les maçons Français un invincible pouvoir d’attraction depuis les
affirmations du chevalier Ramsay et l’apparition des premiers hauts-grades.

Peut-on être plus précis ? Le rituel de la Triple Unité est daté de 1804, ce qui
:
signifie qu’il fut soit rédigé soit copié cette année-là. Le copiste, qu’il soit ou non
l’auteur du rituel, devait appartenir à cette loge ou, à défaut, à une loge qui
partageait les mêmes préoccupations. Comme rien ne permet d’affirmer que le rituel
original fût écrit en 1804, l’enquête peut théoriquement remonter jusqu’à la date de
parution de TDK mais les circonstances historiques suggèrent que sa rédaction est
postérieure au retour des « Américains » dans leur mère-patrie.

Considérant les critères énoncés plus haut, trois noms viennent immédiatement à
l’esprit : Grasse-Tilly, Hacquet et Fondeviolles.

Grasse-Tilly était membre du Contrat Social avant son départ pour les îles. Durant
son séjour à Charleston, il fréquenta les ateliers des deux Grandes Loges locales
dont l’une était de Rite Ancien Il en fut même grand officier. . De retour à Paris en
juillet 1804, il s’employa, avec l’appui de sa loge-mère, à fonder la Grande Loge
générale Ecossaise qu’il présida en l’absence de Grand Maître. Il fut le fondateur du
Suprême Conseil de France dont il devint le premier Grand Commandeur et il traita
de puissance à puissance avec les officiers du Grand-Orient. Le traité d’Union lui
assura des fonctions importantes, tant au sein du GODF qu’au sein du Grand
Chapitre Général. Son rôle fut cependant de courte durée puisqu’il démissionna de
sa fonction de Grand Commandeur le 10 juin 1806 et s’en alla aux armées pour ne
revenir à Paris qu’en 1814. Il ne manquait ni d’audace ni d’ambition, mais avait-il les
qualités requises pour rédiger de nouveaux rituels ? On peut en douter. Rien dans
sa carrière ne le prédisposait à une vocation littéraire. Il ne fut après tout qu’un
militaire sans trop d’envergure (il ne dépassa pas le grade de chef d’escadron) et un
noble sans ressources qui souvent vécut d’expédients et se vit reprocher d’utiliser la
maçonnerie à des fins personnelles et intéressées. Tout cela n’empêche rien,
certes, mais n’en fait pas le plus susceptible d’un travail ingrat et sans beaucoup
d’éclat.

Germain Hacquet, notaire à Saint-Domingue, fut vénérable d’une loge de Port-au-


Prince dépendant de la Grande Loge de Pennsylvanie. Lorsque celle-ci installa, en
juin 1802, une Grande Loge provinciale dans l’île, il en fut député Grand Maître
Baynard, 1937 : 66. . Lorsqu’il arriva en France, en avril 1804, il était muni d’une
patente de député Grand Inspecteur général dont il usa pour établir au sein des
loges de la Triple Unité et du Phénix, fondée par lui le 14 juin de la même année
Hacquet était vénérable du Phénix lors de la réunion de septembre 1805 qui vit la
dénonciation du concordat. , un Consistoire du Rite d’Hérédom (c’est à dire du Rite
de Perfection en 25 degrés) pour la France. Reçu au 33° par Grasse-Tilly, il devint
Grand Surveillant de la Grande Loge générale Ecossaise puis, lors du concordat,
Grand Officier de seconde classe du GODF. Le 22 décembre 1804, il devint
:
également Grand Maître des cérémonies du Suprême Conseil, fonction qu’il exerça
jusqu’à son ralliement au Suprême Conseil des Rites Actuel Grand Collège des
Rites. constitué par le GO en 1815, dont il devint le premier Grand Commandeur 22
novembre 1815 (in Gout, 1992 : 61). . Hacquet occupa une fonction dirigeante dans
les cercles qui virent la naissance des rituels bleus du REAA. S’il n’en fut pas le
rédacteur, il avait sans conteste les qualités pour le faire. Il serait plaisant que les
rituels bleus du REAA aient été rédigés par le premier Grand Commandeur du
Grand Collège des Rites.

Jean-Pierre Mongruer de Fondeviolles, propriétaire à Saint-Domingue, serait revenu


en France en 1797. Membre du GODF, Rose-Croix, il fonda la Triple Unité le 25
septembre 1801 puis, en 1804, un consistoire du 32° degré grâce à une patente en
blanc reçue de Kingston cette année-là Citation de Kloss, aimablement
communiquée par Alain Bernheim. . Reçu au 33° par Grasse-Tilly le 24 octobre
1804, il fut actif dans la Grande Loge générale Ecossaise : lors de la tenue du 3
novembre 1804, il y exerça les fonctions de 2ème surveillant, tandis que Hacquet
était 1er surveillant. Il assista à la réunion de septembre 1805 au titre de vénérable
de la Triple Unité Ecossaise dont il devint plus tard vénérable d’honneur. Il participa
régulièrement aux réunions du Suprême Conseil jusqu’à ce que ses activités
parallèles le contraignent à en démissionner en 1812.

Les raisons de cette démission sont importantes car elles permettent de jeter un oeil
neuf sur les activités du Suprême Conseil de France, de 1805 à 1812.

En septembre 1805, nous l’avons vu, le Grand Consistoire des 33° et 32° avait
dénoncé le traité d’union et décidé que le Suprême Conseil aurait une existence
indépendante du GODF. Il maintint cependant les dispositions essentielles du
concordat, laissant au GO le soin de conférer les grades jusqu’au 18° et de
superviser les chapitres. Ces décisions furent suivies par l’élection de Cambacérès,
déjà Grand Maître adjoint du GO depuis le 13 décembre 1805, aux fonctions de
Grand Commandeur (1er juillet 1806), laissées vacantes par la démission de
Grasse-Tilly (10 juin 1806), et par son installation solennelle (13 août 1806). Le
premier acte du Suprême Conseil fut hautement significatif : il renonça à organiser
des ateliers de tous grades et décréta que les degrés supérieurs au 18° ne seraient
à l’avenir conférés qu’en son sein (décret du 27 novembre 1806 Livre d’or du
Suprême Conseil. ) :

Art 1 : La puissance dogmatique du REAA appartient au Suprême Conseil des


GIGercée sous sa surveillance par le Grand Consistoire.
Art 2 : le SC a sous sa surveillance
:
Le Souverain Grand Consistoire des 32°
les Conseils particuliers des 32°
les Tribunaux des 31°

L’organisation des Conseils, Tribunaux, Collèges et Chapitres particuliers,


attachés aux degrés supérieurs au 18° jusques et y compris les conseils
particuliers des 32° est suspendue jusqu’à ce qu’il en ait été autrement décidé
par le Suprême Conseil. Tout arrêté contraire à cette disposition, précédemment
pris par le Suprême Conseil est révoqué.
Art 3 : Les degrés supérieurs au 18° degré, jusques et y compris le 32°, ne
seront conférés à l’avenir, jusqu’à l’organisation des conseils, tribunaux,
collèges et chapitres du degré, que par le SC du 33° degré, ou en vertu d’une
délégation spéciale et particulière, émanée de lui.
Art 4 : L’établissement des conseils, tribunaux, collèges et chapitres énoncés à
l’article ci-dessus, ne pourra être fait, lorsqu’il y aura lieu, qu’en vertu des
Chartes capitulaires accordés par le Grand-Orient ; mais la demande
d’établissement ne pourra être formée que par le SC du 33° degré, comme
ayant la puissance dogmatique.
Et jusques à l’obtention des chartes capitulaires, les requérans ne pourront se
former en trav. du degré dont ils solliciteront les chartes, sous quelque prétexte
que ce soit.

Par ce décret, le Suprême Conseil s’interdisait toute possibilité d’extension. Il se


condamnait lui-même à une vie végétative, repliée sur le seul cénacle parisien. Que
cette décision ait été mal vécue par tous ceux qui, 33° ou non, pratiquaient déjà les
degrés supérieurs, parfois en vertu de patentes antérieures à la création du
Suprême Conseil, ne peut surprendre. Qu’ils aient décidé de continuer sans tenir
compte des décisions d’un organisme lointain et coupé de la base était dans l’ordre
des choses. Et c’est bien ce qui se passa : les grades supérieurs du Rite furent
conférés dans des ateliers de Paris et de province qui s’estimaient habilités à le
faire, sans rendre de compte au Suprême Conseil.

Celui-ci en prit ombrage et, constatant, lors de sa tenue du 15 décembre 1808, que
de nombreux frères se décoraient de cordons et bijoux de degrés non reconnus par
lui et que les hauts-grades étaient conférés avec une facilité suspecte, il décréta
quels étaient les degrés Ne pouvaient être conférés que les, 27°, 29°, 31°, 32° et
33° degrés du Rite. qui pouvaient être conférés et ajouta que seuls étaient licites les
:
cahiers du REAA revêtus de son sceau et de la signature du secrétaire du Saint-
Empire, Pyron. Le décret ne suffit pas à remettre de l’ordre dans la maison puisque,
le 19 janvier 1811, le Suprême Conseil rappela avec force que les hauts grades
dépendaient de lui seul : «{Jusqu’au 18° degré, l’autorité réside dans le Grand-
Orient de France, de même il faut que, pour les degrés supérieurs, il y ait un centre
unique, et ce centre ne peut être que le Suprême Conseil}». Dans la foulée, il revint
sur sa décision de 1806 et décida qu’à l’avenir il organiserait des ateliers de grades
intermédiaires dans les villes de province, seule décision susceptible d’enrayer le
trafic de grades.

Art 27 : La suspension de l’organisation des chapitres, collèges, tribunaux et


conseils particuliers, prononcées par l’article 2 du décret du 27 novembre 1808
Décret qui réaffirmait celui de 1806. est levée ; leur organisation aura lieu dans
les villes de l’Empire que le Suprême Conseil en jugera susceptibles. Elle ne
pourra être faite que près les chapitres du 18° degré du REAA Livre d’or. Les
Chapitres dépendaient, rappelons-le, exclusivement du GODF. .

Pyron Pyron 1817 : 61-64. confirme que de nombreux chapitres s’étaient constitués
de leur seule autorité en Grands Chapitres (du 29°), Collèges (du 30°), Tribunaux
(du 31°) et Conseils Particuliers (du 32°). Il cite quatre chapitres de Paris, dont le
dernier, conduit par Abraham, 32°, avait créé un Tribunal à Neufchâteau (Vosges) et
reçu quelques maçons d’Angers au 31°, lesquels avaient organisé un Grand
Chapitre du 29° et un Tribunal du 31° dans cette ville.

Le 2 décembre 1811, le Suprême Conseil examina le cas du Consistoire de la Triple


Unité. Celui-ci avait été fondé par Fondeviolles en vertu, disait-il, d’une charte
capitulaire émanant de Kingston et reçue avant la création du Suprême Conseil. Il
estimait dès lors que les décrets postérieurs ne lui étaient pas d’application.
Fondeviolles ne put malheureusement fournir cette charte à la commission
d’enquête, constituée de Freteau de Peni, Rampon et Rouyer. En conséquence, le
consistoire fut déclaré irrégulier, décision qui amena la démission de Fondeviolles
du Suprême Conseil Lettre de Fondeviolles, Inspecteur du 33° degré, aux Ill et Sub
Inspecteurs généraux, composant le Suprême Conseil du 33°, reçue le 9 décembre
1811 : « ILL G Inspecteurs, mon âge et mes infirmités, presque continuelles, me
privent d’assister à vos travaux, comme je le voudrais ; je vous prie de vouloir
agréer ma démission de membre du Suprême Conseil. Je n’en ferai pas moins des
voeux pour la propagation du Rit ancien et accepté, dont vous êtes le soutien et
:
l’appui. Agréez, …. ». .

Sa démission fut annoncée le 20 avril 1812, en même temps que furent «


régularisés » 55 membres du consistoire de la Triple Unité, car ce fut la pratique
constante du Suprême Conseil de régulariser les membres de ces ateliers qu’il
décrétait d’irrégularité.

Ces événements sont importants car ils démontrent que l’autorité du Suprême
Conseil était bien loin d’être assurée et que son activité même se limitait à ces
quelques tenues dont son livre d’or nous a laissé la trace. En-dehors de son
enceinte, chacun faisait à peu près ce qu’il voulait. D’autre part, ils confirment que
les 33° qui le composaient ne s’occupaient d’aucun degré inférieur au 19°, a fortiori
des trois premiers grades même si, on l’a vu, le nombre de loges bleues du GODF
travaillant au REAA était loin d’être négligeable. On peut légitimement en conclure
qu’ils ne furent, en tant qu’institution, pour rien dans la genèse des grades
symboliques de « leur » Rite.

Pour en revenir à Fondeviolles, cette affaire montre qu’il ne se sentit jamais lié par
les décisions du Suprême Conseil dont il était membre depuis sa fondation. Son
terrain était bien plus la Triple Unité dont il était le vénérable fondateur. Peut-on
imaginer qu’il ne participa point Je ne dis pas qu’il en fut l’auteur ! la rédaction du
rituel du 1er degré que nous avons retrouvé, émanant d’une loge dont il était le
vénérable fondateur ? Ce l’est d’autant moins qu’un rituel (de REAA) des trois
premiers grades, conservé au fonds Kloss, porte la mention « Geschreven door Br.
Fondeviolles Ecrit par le Fr Fondeviolles. ».

Reste Abraham. Certes, rien ne permet d’affirmer qu’il sut l’anglais ni qu’il séjourna
hors de France, mais il fut très actif durant la période qui nous occupe et son intérêt
pour le Rite ancien et les innovations ramenées d’Amérique ne se démentit jamais.
Il accueillit Hacquet, lors de son arrivée en France, et de leur collaboration naquit le
« Phénix » le 14 juin 1804. Nous avons vu qu’il publia, dès 1807, un « Art du Parfait
Thuileur » qui adoptait les caractéristiques du Rite ancien. Il n’en resta pas là : un «
Unique et Parfait Thuileur pour les 33 grades de la Maçonnerie écossaise », paru en
1812, lui fut également attribué, à tort ou à raison. Il fonda, en sa qualité de 32°, un
Grand Chapitre du 29° et un Tribunal du 31° degré à Neufchâteau, ateliers que le
Suprême Conseil déclara irréguliers les 2 décembre 1811 et 6 avril 1812. Le 8 avril
1812, une commission constituée de Hacquet, Challan et Chasset, déposa un
rapport devant le Suprême Conseil qui concluait qu’Abraham avait indûment conféré
des grades et délivré des cahiers de rituels aux Frères du Père de Famille d’Angers.
Ce chapitre avait bien été constitué par le GODF mais celui-ci avait pour règle de ne
donner que les grades qu’il était autorisé à conférer, c’est à dire jusqu’au 18°, et les
:
grades supérieurs donnés par Abraham l’avait été de façon illégitime. Le Suprême
Conseil déclara irrégulier ces ateliers (décret du 8 avril 1812) et Pyron d’ajouter que
les diplômes concédés par eux étaient nuls et de nul effet et qu’Abraham fut rayé du
tableau des membres du 32° degré. La même année, le 7 août, le Souverain
Chapitre Métropolitain du Rite Ecossais Philosophique, présidé par le général baron
Rouyer, mettait en garde contre un ouvrage, « Les Règlemens généraux de la
Maçonnerie Ecossaise », publié à Paris et distribué par un M. Piat qui reconnut
qu’ils les avaient reçu d’Abraham. Or celui-ci avait été employé en 1805 par le
Chapitre « pour des travaux d’écriture » et il en avait profité pour dérober un
exemplaire de ces Règlements. Enfin, le 14 septembre, le Suprême Conseil
ordonna l’envoi d’une circulaire à tous les ateliers du Rite pour les prémunir contre
le trafic des hauts-grades et cahiers de la maçonnerie, et notamment contre
Abraham qui se présentait à beaucoup de loges comme revêtu des plus hauts-
degrés du REAA, du REP et du Rite d’Hérédom de Kilwinning.

Qu’en conclure sinon qu’Abraham joua un rôle mal connu mais conséquent dans la
diffusion des grades Ecossais, en dehors de tout contrôle du Suprême Conseil dont
l’influence exacte durant la période impériale reste à écrire.

Un dernier mot concernant le Suprême Conseil d’Amérique. Réveillé par Delahogue


(1744-1822), beau-père de Grasse-Tilly et son lieutenant Grand-Commandeur, il
conféra lui aussi des patentes et créa des ateliers supérieurs dans la métropole dès
1810, ce qui ne l’empêcha pas de réclamer en 1813 qu’il fût établi un « Suprême
Conseil pour les possessions françaises d’Amérique » auprès du SCDF. Pyron
Pyron, 1817 : 69-71. relève à cette occasion qu’ils avaient reçu une quantité
considérable de maçons aux 30°, 31° et même au 33° degré, et qu’ils avaient
délivré nombre de diplômes de degrés supérieurs au 18° degré, tant en France qu’à
l’étranger, diplômes signés à l’orient de Paris ou de Saint-Domingue Leur demande
fut rejetée lors de la tenue du 30 janvier 1813 Livre d’or du Suprême Conseil de
France. Séance du 30 janvier 1813. . Ceci n’empêcha pas que le nom des «
Américains » soit à nouveau mentionné dans le tableau suivant, daté du 5 mars
1813 A.Bernheim, 1987, p. 37. . Malgré cette marque de bonne volonté, ces mêmes
Américains s’adressèrent au GODF le 27 octobre :

Le Très-Illustre F De Grasse-Tilly, G Commandeur ad vitam du suprême conseil


pour les possessions françaises d’Amérique, joint à ce titre éminent celui
extrêmement précieux de premier rep particulier du G M du G O de France. Ce
double lien resserre encore plus les noeuds qui lient ces pères de la
maçonnerie écoss à l’étoile maç qui éclaire et dirige tous les maçons de France.
:
Quoique prisonnier des Anglais, le T Ill G G est cependant au milieu du sup
Cons, par l’affection que chacun des chev lui porte ; les pouvoirs qui le
constituent sont entre les mains des TT Ill GG II GG 33° degré, qui, réunis au T
Ill F Lieut G C De la Hogue, les conservent avec les titres, chartes, constitutions,
timbres et sceaux du sup Cons, qui possède avec orgueil sur son livre d’or les
signatures de presque tous les ill Membres du G O de France Allusion au
registre contenant le serment d’obéissance prêté au Suprême Conseil par les
dignitaires du GODF, dont Roëttiers, le 29 décembre 1804 lorsqu’ils furent reçus
aux 18°, 31°, 32° ou 33° degrés (texte dans Pyron, 1817 : 26 ; Jouaust, 1865 :
312 et Lantoine, 1927, II : 145-146). .
Le sup Cons pour les possessions françaises de l’Amérique, réfugié en France,
n’exerce point sa juridiction pour la France ; il se borne à constater son
existence maç par des procès-verbaux de carence. Il voit avec douleur
s’éloigner, par la prolongation de la guerre maritime, le moment où il pourra
retourner dans ses foyers. Depuis le jour où les membres du sup C ont mis le
pied sur le sol de la mère-patrie, chacun d’eux a tenu à un atelier régulier sous
le régime du G O de France ; plusieurs d’entre eux ont propagé la vraie lumière,
et quel que soit le grade élevé dont il ait été revêtu, il s’est empressé de rendre
hommage et de reconnaître l’autorité et le pouvoir suprême de ce corps législatif
et sénat de la maç Française.
Le sup Cons pour les possessions françaises de l’Amérique vient donc
unanimement exécuter la pensée du T Ill F de Grasse-Tilly, devenue la sienne ;
il se range sous la bannière du G O de France ; il vous demande, T Ill FF, la
faveur d’accueillir maintenant et pour toujours son député ; de le recevoir parmi
les FF qui composent le G O de France. Le sup Cons désire y puiser de
nouvelles lumières, mériter l’éloge de tous les maç de l’Amérique française, et,
par sa demande franche et digne de tout vrai maç, proclamer la vérité
incontestable que le G O De France est le premier et le seul pouvoir constitutif
de la France, et que s’éloigner un moment du cercle de sa puissance, c’est
commettre une erreur coupable et contraire au concordat signé en décembre
1804, qui a réuni dans le souv chap du G O De France, les consist et sup cons
de la maç écoss
Cette époque, TT Ill FF, sera mémorable pour le sup Cons ; et lorsque la paix le
ramènera dans le Nouveau Monde, il s’empressera de répandre cette vérité, qui
fixera à jamais tous les consist, conseils et collèges sous le régime du G. O de
France.
Fait à l’O de Paris, le 27° j du 8° mois de l’an de la v L 5813.
Signé : Le GT(trésorier) ad vitam, Hannecart-Antoine ; De La Hogue, lieut G
Commandeur ad vitam du 33° degré pour les dominations françaises de
:
l’Amérique ; Tissot, lieut G Insp Gén, 33° degré ; Devillainez, 33°, Ill G A ;
Nazon.
Par commandement : le secrétaire du Saint-Empire, A. Teissier de Marguerittes.
In Vassal, 1827 : 43-45. Il ne semble pas que le Grand-Orient ait répondu à
cette lettre.

Il est cependant peu probable qu’ils aient participé à la rédaction des grades bleus :
Delahogue était encore en Amérique en 1804 Il était, cette année-là, vénérable de
la loge la Charité n° 93 à la Nouvelle-Orléans avant de recevoir, le 29 juillet une
patente, délivrée par le Suprême Conseil de Charleston, de Souverain Grand
Inspecteur Général du 33° degré et lieutenant Grand Commandeur des Indes
occidentales françaises » (in « History of the Supreme Council, 33°. Antient
Accepted Scottish Rite of Freemasonry. Northern Masonic Jurisdiction of thee
United States of America», S.H.Baynard, 1937 : 65.) , la plupart de ses partisans, à
l’exception d’Antoine, n’avaient jamais mis les pieds outre mer et leur Suprême
Conseil ne constitua aucune loge bleue avant la Restauration.

5. L’ESSOR DU SUPRÊME CONSEIL ET L’ABANDON DE


L’HÉRITAGE « ANCIEN ».
La chute de l’empire vit celle du Suprême Conseil. La plupart de ses membres
rallièrent le GODF et le « Grand Consistoire des Rites Il deviendra l’actuel Grand
Collège des Rites du GODF. », installé le 22 novembre 1815 et présidé par
Hacquet, et les irréductibles conduits par Pyron et Thory n’eurent d’autre solution
que la mise en sommeil. Le Suprême Conseil d’Amérique, par contre, en trouva une
vigueur nouvelle, d’autant que son grand Commandeur, Grasse-Tilly, était revenu de
captivité et avait repris la direction des travaux.

Ce Suprême Conseil prit sous sa direction des loges bleues, ce que n’avait jamais
fait le Suprême Conseil de France. Il n’avait en 1815 qu’une seule loge La Rose
Etoilée que vint rejoindre, l’année suivante, La Rose du Parfait Silence. Le 24
octobre 1818, le Suprême Conseil d’Amérique, présidé par le comte Decazes, élu
Grand Commandeur cinq jours après la démission (10 septembre ) de Grasse-Tilly,
consacra la loge Les Propagateurs de la Tolérance, « mère-loge du Rite Ecossais »,
loge aristocratique comprenant tous les 33° en activité et présidée par le général
baron Louis Joseph César de Fernig (1774-1847), initié en 1804 dans la loge Les
Amis Philanthropes à Bruxelles.
:
Il fallut attendre 1821 pour que les survivants (entre autres Valence, Muraire,
Lacépède, Fréteau de Pény) du Suprême Conseil de France décident le réveil de
leur institution et acceptent sa fusion avec le Suprême Conseil d’Amérique Les
querelles intestines consécutives à la scission du Suprême Conseil d’Amérique en
deux organismes rivaux mais homonymes, dits de Pompéi et du Prado, n’entrent
pas dans notre propos. Nous ne parlons ici que de « Pompéi ». , fusion qui fut
consacrée le 24 juin, le comte de Valence devenant Grand Commandeur, le comte
de Ségur lieutenant Grand-Commandeur, le comte Muraire et Fernig secrétaires. Le
même jour, fut installée la loge de la Grande Commanderie, organisme qui était
censé régir tous les grades jusqu’au 29ème degré. En juillet de l’année suivante, la
Grande Commanderie devint la Grande Loge Centrale, portant le n° 1 sur le tableau
de l’obédience tandis que Les Propagateurs de la Tolérance devenait le n° 2.

Que devint le rituel hybride concocté par les tenants du REAA ? Puisque le Guide
fut publié vers cette époque, il est vraisemblable qu’il fut utilisé, en tout et en partie.
Nous ignorons quel rituel était utilisé par les Propagateurs de la Tolérance. Les
procès-verbaux de cette loge, conservés à bibliothèque royale de Bruxelles, font
état de plusieurs initiations, entre 1818 et 1819, mais ne mentionnent des
cérémonies que les « épreuves ». Tout au plus peut-on dire que cette loge
connaissait les diacres. Le prince d’Arenberg était premier Grand Diacre et le comte
de Castellane deuxième Grand Diacre tandis que les FF Gaborrio et Rascol étaient
diacres titulaires.

Le Guide fut-il ensuite pratiqué par les loges dépendants du Suprême Conseil de
France après sa réorganisation en 1821 ? La réponse ne peut qu’être nuancée. Tel
quel, il était impraticable, ne fût-ce que par l’incohérence des cérémonies
proprement dites et des instructions de chaque grade. Deux solutions étaient
possibles : soit adapter les cérémonies aux prescriptions des instructions, ce qui
revenait à faire de « l’Emulation », avant la lettre, soit réécrire les instructions et,
pourquoi pas, ajouter à l’ensemble des innovations supplémentaires, aussi loin de
l’exemple britannique que du « Régulateur » français. C’est, semble-t-il, la deuxième
option qui fut choisie.

5.1. LES RITUELS DE 1829.


Le manuscrit BN coté FM4 96, intitulé « Rite Ecossais Ancien et Accepté. Rituel des
trois premiers degrés selon les anciens rituels », fut récemment réédité par le
Suprême Conseil de France Gout 1999, pp. 297-476. . Le premier degré ne diffère
guère de celui du Guide. Seule modification notable : la purification par l’eau au
:
2ème voyage. Le second degré par contre introduit de longs et fastidieux
développements, lus au cours des voyages, sur les cinq sens, les ordres
d’architecture et les arts libéraux.

Le troisième degré subit une mutation radicale : la légende d’Hiram devient allégorie
solaire, mutation que nous développons plus loin.

5.2. LE RITUEL DE LA LOGE LE PROGRÈS DE L’OCÉANIE.


La Franc-maçonnerie fut introduite dans les îles Hawaii en 1843 par un marin
français, Georges Le Tellier, 18° degré du REAA (Suprême Conseil de France).
Possesseur d’une patente de cette obédience lui permettant « de créer et constituer
conformément aux règlements généraux du Rite de nouvelles loges sous
l’obédience du Suprême Conseil dans tous territoires dont la juridiction n’a ni été
décidée ni reconnue » Charte décernée le 20 avril 1842 et signée par le général
comte de Fernig, lieutenant Grand Commandeur, et A. Genervay, secrétaire général
du SCDF. , il réunit quelques maçons à Honolulu et ouvrit la loge Le Progrès de
l’Océanie n° 124 le 8 avril 1843, loge qui est toujours en activité de nos jours, sous
l’autorité de la Grande Loge locale. Son rituel fut traduit en anglais Traduction
rééditée par Art de Hoyos, 1995. par Erik Palmer, passé maître de la loge Americus
n° 535, Grande Loge de New York, à une date inconnue. Il fut, lui aussi, réédité par
le Suprême Conseil de France en 1999 « Le rituel de la R L « le Progrès de
l’Océanie », Ordo ab Chao, 1999, n° 39-40 : 477-650. . Ce document fondamental
montre les développements du Rite de 1821 à 1843.

Les officiers de la loge sont ceux prévus pas le « Guide » : le vénérable maître,
deux surveillants, un gardien, deux diacres, un secrétaire, un orateur, un maître des
cérémonies, un couvreur, un expert et un aumônier. La disposition de la loge est
conforme aux prescriptions de Vuillaume et de Delaunay, mais les chandeliers sont
placés « L’une à Est, vers le Sud. Deux à l’Ouest, l’une vers le Sud et l’autre vers le
Nord », selon la pure tradition Ecossaise. Au-dessus du trône se trouve un delta ou
triangle portant le tétragramme en hébreu.

L’ouverture suit fidèlement les indications du « Guide » ou, si l’on préfère, du rituel
de la Triple Unité. Seule manque la circulation du mot du grade, du vénérable au
second surveillant par l’intermédiaire des diacres. Les circonstances de l’initiation
suivent le même schéma, y compris la prière et la question de la croyance en Dieu,
avec cependant quelques modifications non négligeables :

C’est le premier diacre qui introduit le candidat puis le conduit lors de ses voyages
:
(il est alors dénommé F. Terrible).
Le candidat est purifié par l’air lors du premier voyage, par l’eau au deuxième et
par le feu au troisième. De même les bruits divers, les cliquetis d’armes, le silence
enfin accompagnent les trois voyages, comme c’est l’usage aujourd’hui dans les
loges belges de Rite « moderne ».
La lumière est donnée en un temps, suivant l’exemple du « Régulateur », sans
l’épisode du cadavre du parjure.

L’obligation est prise devant l’autel, le candidat à genoux, la main droite sur l’épée
nue, l’équerre et le livre des statuts de l’ordre (et non plus la bible), la main gauche
tenant le compas ouvert à 60°, une pointe sur le coeur, l’autre dirigée vers le bas. Le
vénérable renvoie ensuite le candidat à l’ouest, entre les colonnes, où la lumière lui
est donnée dans le cercle des épées. Suit la consécration, à l’est, par trois coups
sur l’épée placée sur la tête de l’impétrant. La formule utilisée diffère quelque peu
dans les deux rituels publiés :

Au nom de Dieu, seul auteur et souverain maître de toutes choses, sous la


protection de St Jean, au nom et sous les auspices des SS GG II Gén, chefs,
protecteurs et vrais conservateurs de l’ordre, 33° et dern deg du Ecoss Anc Acc
composant le Sup Cons du St Empire pour la France et ses dépendances, en
vertu des pouvoirs qui m’ont été conférés par eux et cette resp Loge je
proclame le F…. que vous voyez présent entre les deux colonnes, apprenti maç
et en cette qualité Membre de la resp Loge n° ….constituée sous le signe
distinctif de à l’Or de (in Ordo ab Chao, 1999 : 528)
A la gloire du Grand Architecte de l’Univers, au nom et sous les auspices des
Souverains Grands Inspecteurs, véritables conservateurs de l’ordre, 33° et
degré du Rite Ecossais Ancien Accepté, composant le Suprême Conseil du
Saint-Empire pour la France et ses dépendances. En vertu des pouvoirs qui
m’ont été conférés par eux et par cette vénérable loge, je vous crée, reçois et
constitue apprenti maçon, premier degré du Rite Ecossais Ancien Accepté, et
membre de la vénérable loge symbolique constituée sous le n° 124 et le titre
distinctif Le progrès de l’Océanie, à l’orient d’Honolulu dans les îles Sandwich.
(in Collactanea, 1995 : 55)

L’instruction est d’un intérêt fondamental car elle démontre que l’influence «
ancienne », si prégnante dans le « Guide », fut considérablement atténuée. Les
:
questions-réponses ont été réécrites, pour les aligner sur la cérémonie mais aussi
pour les adapter au goût du discours moralisateur si caractéristique de l’époque. La
description de la réception est conforme aux péripéties vécues par le néophyte et
les voyages décrits comme le passage du chaos à l’ordre et à la paix. La description
de la loge apporte quelques précisions inédites :

Où travaillez-vous ?
Dans une loge.
Comment se nomme votre loge ?
Elle a pour nom générique la loge saint Jean ;
Que veut dire cette dénomination ?
Comme St Jean que les Anciens nommaient Janus semble garder les portes du
ciel et les ouvrir à l’astre radieux du jour la route céleste que parcourt le soleil
Phrase curieuse dont manquent sans doute un ou plusieurs mots. La traduction
anglaise est tout aussi incorrecte. , fut nommé le temple ou l’empire de Janus ;
de même aussi la loge où travaillent les maç Pour parvenir à la connaissance
de la Vérité qui est la vraie lumière, a été nommée la loge St Jean parce qu’elle
est l’image de l’Univers
Comment est construite votre loge ?
C’est un carré long, sa longueur s’étend de l’Est à l’Ouest, dont la largeur est du
Nord au Sud, la hauteur de la terre au cieux, et la profondeur de la surface de la
terre au centre.
Comment est couverte votre loge?
Par une voûte de couleur d’azur parsemé d’étoiles sans nombre, et où circulent
le soleil et la lune, et d’innombrables globes qui se soutienne par leurs
attractions pondérées.
Quels sont les soutiens de cette voûte ?
Douze belles colonnes.
La loge n’a-t-elle pas d’autres appuis ?
Elle est encore fondée sur trois piliers.
Quels sont-ils ?
Sagesse, Force, Beauté. Trois des principaux attributs de la Puissance
Suprême.
Comment sont représentés dans la loge ces trois attributs de la puissance Sup?
Par trois grandes lumières
Comment sont placées ces trois grandes lum?
Une à l’Est, une à l’Ouest et la 3° au Sud. Ordo ab Chao, 1999 : 544-545.
:
 

Surprenante est l’introduction de notions « ésotériques » qu’on n’attendrait pas si


tôt, l’allusion à Janus par exemple qu’on croirait empruntée à René Guénon ou
encore la signification des colonnes de bronze du temple comme portes solsticiales
:

Que signifie le porche ?


Il marque le point de l’Est où le soleil se lève sur l’hémisphère ; c’est aussi le
symbole de l’initiation aux mystères de la maçonnerie.
Que signifient les deux piliers de bronze ?
Ils marquent les deux points solsticiaux que depuis des milliers de siècles
l’étoile du matin n’a jamais encore traversé comme si elle était retenue par une
barrière de bronze.

Remarquons aussi que les Grandes Lumières ne sont pas constituées par
l’ensemble bible-équerre-compas, selon l’usage « ancien », mais par les trois
chandeliers d’angle, sans cependant qu’elles ne renvoient au ternaire « moderne »,
soleil-lune-maître de la loge.

Le deuxième degré amène des modifications significatives. Une préface annonce la


signification nouvelle des trois degrés, inconnue des Anciens comme des
Modernes, les trois âges de l’homme et introduit « l’allégorie solaire ».

De même que le gr d’app est la figure de la jeunesse, de même aussi le gr de


comp représente la société dans l’âge civil … On pourrait encore en suivant
l’allégorie solaire, comparer le second deg de la Maç à cette précieuse partie de
l’année qui se renferme entre les deux équinoxes du printemps de d’automne…
Ibid. 1999 : 550.

Le schéma de la réception est inchangé : cinq voyages, sous la conduite de l’expert


et non d’un diacre, précédant la découverte de l’Etoile Flamboyante, mais leur
signification n’est plus celle du « Régulateur ». Certes, ils sont toujours marqués par
le port des mêmes outils et représentent, comme par le passé, les années
d’apprentissage, mais l’enseignement qui les accompagne ne porte plus sur la
:
formation opérative. Au premier voyage, le candidat découvre les cinq sens et
l’Etoile Flamboyante ; au deuxième les cinq ordres d’architecture Toscan, dorique,
ionique, corinthien et composite. ; au troisième, les sept arts libéraux ; au quatrième,
les globes terrestre et céleste ; au cinquième, l’unicité singulière de l’Etre Suprême,
« créateur et conservateur de tout ce qui est », représenté par l’Etoile Flamboyante.
L’instruction finale résume cet enseignement qui « représente les âges successifs
de l’homme ou de la société ».

L’ouverture de la loge de maître ne prévoit plus de diacres. La loge est obscurcie et


drapée de noir, éclairée seulement par « trois étoiles mystiques ». Le candidat est
introduit à reculons et ne se retourne qu’après qu’ont été examinés ses mains et
son tablier. Il gagne ensuite l’orient, par-dessus le cadavre et écoute la légende
d’Hiram. Celle-ci est déjà simplifiée : il n’est plus fait allusion à un complot de 15
compagnons dont douze se retirent in extremis mais seulement des trois assassins ;
le parcours est (pour la première fois ?) « solaire », de la porte de l’est à celle de
l’ouest et, détail capital, l’obligation que trois soient réunis pour prononcer le mot a
disparu. Ni la cérémonie ni l’instruction finale ne font allusion à une perte du mot et
l’accent est mis sur la résurrection de l’architecte, assimilée au retour de la lumière.
Lorsque le vénérable relève le candidat, il prononce ces paroles :

Dieu soit loué ! Le Maître est retrouvé, et il paraît aussi radieux que jamais.
(Après avoir conduit le néophyte à l’orient, il ajoute) Célébrons, mes Frères, par
des acclamations de joie cet heureux jour qui ramène sur notre atelier attristé
depuis si longtemps la lumière qui en paraissait bannie pour toujours ; notre
Maître a revu le jour, il renaît dans la personne de notre Frère… Ibid. 1999 :
631-632.

L’instruction nouvelle ne laisse aucun doute sur la signification solaire de la légende


:

Que signifie donc l’histoire d’Hiram ?


Je pense que, dans la vérité, cette histoire est une figure de la marche
apparente du soleil dans les signes inférieurs pendant trois mois qui s’écoulent
depuis l’équinoxe d’automne ; que ces trois mois sont les trois conspirateurs,
causes immédiates de sa fin apparente au solstice d’hiver.
A quelles circonstances reconnaissez-vous cela ?
Le soleil, à cette époque de deuil pour toute la nature, paraît vouloir fuir à jamais
:
notre hémisphère. Cependant il semble bientôt se relever, retourner vers
l’équateur et reparaître dans tout son éclat. De même nous voyons notre
vénérable maître Hiram retiré des bras de la mort et revenir à la vie.

5.3. LA MUTATION NATURALISTE


Ces deux rituels témoignent d’un éloignement évident des usages « anciens »,
comme de la tradition française. Certes le schéma de base des cérémonies
(introduction, voyages, serment, consécration, communication) est conforme au
Guide mais des apports nouveaux l’en distinguent nettement.

Au 1er grade, la purification par l’eau s’ajoute à celle par le feu, ce qui ne manque
pas de logique, d’autant que le Rite Français les connaissait depuis 1786 Notons
que le rituel d’apprenti du Rite de Misraïm, daté de 1839, prévoit les épreuves da la
terre (cabinet de réflexions), de l’eau (1er voyage), du feu (2ème voyage) et de l’air
(3ème voyage). C’est à ma connaissance la première mention explicite des quatre
éléments. Ce rituel mêle éléments du Guide (notamment les secrets « anciens ») et
du Régulateur. Les diacres y sont nommés « lévites » (manuscrit 1207 de la
bibliothèque de Toulouse, réédité dans Serge Caillet, 1994 : 35-75). .

Les enseignements distillés au candidat lors de ses cinq voyages au 2ème grade
méritent qu’on s’y arrête. Les cinq sens et les sept arts libéraux ne posent guère
problème : ils étaient déjà expliqués dans l’instruction d’apprenti de TDK comme
dans celle du Guide et leur insertion dans la cérémonie de réception du compagnon
n’était finalement qu’une modification scénique. Par contre, l’apparition des cinq
ordres d’architecture et des deux globes était une innovation réelle dont l’inspiration
doit être trouvée aux Etats-Unis. Elle se trouve en effet dans un ouvrage célèbre
outre atlantique, le « Freemason’s Monitor or Illustrations of Masonry » de Thomas
Smith Webb (1771-1819), ouvrage, publié pour la première fois en 1797, plusieurs
fois réédité du vivant de l’auteur comme après son décès, qui exerça une influence
considérable sur la mise en forme des cérémonies pratiquées aux Etats-Unis et
valut à Webb le titre de « père du Rite Américain » Erronément appelé, aujourd’hui,
« Rite d’York » en France. Rappelons que cette expression, aux USA, désigne un
ensemble de grades additionnels au trois grades symboliques, du Mark Master au
Knight Templar en passant par le Royal Arch et les degrés « cryptiques ». .
:
Or, dans l’ouvrage de Webb, les « Remarques sur le second discours » contiennent
une « exhortation à l’initiation au second degré » Webb, 1797 : 61-84. , en deux
sections. La première présente une dissertation sur les cinq ordres d’architecture
des Anciens et sur les cinq sens ( par eux, l’homme peut découvrir la nature et la
bonté divine). La seconde illustre et explique les sept arts libéraux et la doctrine des
sphères, terrestre et céleste, dont la contemplation doit inspirer la révérence pour la
divinité, tous éléments qui se retrouvent dans tous les rituels américains actuels, au
deuxième degré, en des termes souvent identiques à ceux de Webb. C’est là,
croyons-nous, qu’il faut chercher l’inspiration des réviseurs du rituel de compagnon
du REAA.

Mais Webb lui-même n’inventait rien. En effet, on sait qu’il suivit fidèlement l’oeuvre
d’un de ces prédécesseurs, l’écossais (mais londonien d’adoption) William Preston
(1742-1818), dont les « Illustrations of Masonry » parurent en 1772, avant de
nombreuses éditions ultérieures. C’est dans cet ouvrage que se trouve le texte que
copia littéralement Webb. Il s’y intitule de même « Remarques sur le deuxième
discours » et contient l’explication des cinq ordres d’architecture, des cinq sens, des
sept arts libéraux et des globes Preston, 13° édition, 1821 : 47-67. Dans de
nombreuses loges anglaise actuelles, les piliers supportant les « petites lumières »
sont respectivement d’ordre ionique (pour le vénérable maître), dorique (pour le 1er
surveillant) et corinthien (pour le 2ème surveillant). Quant aux globes, ils surmontent
les colonnettes placées sur le plateau des deux surveillants. .

Essentielle, enfin, est l’interprétation nouvelle du mythe d’Hiram. Son thème-clef


n’est plus la perte de l’ancien mot du maître dont il n’est plus fait mention, mais bien
l’identification de l’architecte au soleil. Sa mort brutale devient une allégorie du
déclin de l’astre du jour lors des trois mois d’automne et de sa disparition au solstice
d’hiver, tandis que sa résurrection ultérieure, affirmée par le texte même de la
cérémonie, illustre le retour de la lumière. Hiram devient ainsi un avatar de ces
dieux proche-orientaux « qui meurent et renaissent », Mithra ou Adonis. Très
curieusement, cette innovation avait été introduite par un réformateur qui était
membre du Grand-Orient de France Contrairement à ce qu’on pourrait croire, cette
mutation ne fut pas le fait du Rite de Misraim que ses fondateurs tentèrent
d’implanter à Paris sous la Restauration. Le grade de maître y suit fidèlement le
récit du Guide (Caillet, 1994 : 95-117). : Nicolas Chaales-Des Etangs (1766-1847).
Vénérable de la loge parisienne Les Trinosophes, il avait publié en 1825 un long
ouvrage intitulé « Le véritable lien des peuples ou la Franc-maçonnerie rendue à
ses vrais principes », qui contenait des rituels réformés des trois grades
symboliques, du Rose-Croix et du Chevalier Kadosch. Apôtre d’un modernisme
romantique, d’un mysticisme intellectuel où les frères de toutes confessions
:
pourraient se retrouver, il rêvait d’une maçonnerie où La Mecque, Genève, Rome et
Jérusalem seraient confondus. Au grade de maître, Hiram devient le prête-nom
d’Osiris ou du soleil. Frappé par l’Ignorance, le Mensonge et l’Ambition, il est
découvert par les neuf maîtres envoyés à sa recherche qui constatent avec bonheur
qu’il n’est pas mort :

C’est notre Maît ! s’écrièrent-ils ; c’est notre Maît ! » L’un d’eux voulut essayer
de le soulever : mais son trouble fut si grand, qu’il s’écria que la chair quittait les
os !…Et leur consternation fut extrême ! Cependant le Maît les entendait ; il
n’était pas mort, il avait dormi seulement Souligné par moi. ;le repos avait guéri
ses blessures, et se levant doucement à l’aide d’un Maç Fidèle, il leur dit : «
cessez de pleurer ; ne craignez point. Vous m’avez cherché, vous m’avez
trouvé. Me voilà ! ». Et son visage devint radieux comme le soleil. Des Etangs,
1825 : 99-100.

La lecture nouvelle de la légende d’Hiram lui enlevait son caractère d’origine. Son
assimilation à un phénomène naturel transformait le mythe en une allégorie naïve. Il
n’en est pas moins curieux de constater que cette mutation, proposée par un maçon
du Rite Français, fut immédiatement adoptée par les tenants du REAA.

Un autre maçon célèbre du temps, Chemin-Dupontès Jean-Baptiste Chemin-


Dupontès (1767-1850), écrivain et fondateur de la « théophilanthropie » (culte
familial, déiste et humanitaire). Il fut membre de la Grande Loge Ecossaise des
Propagateurs de la Tolérance, dépendant du Suprême Conseil d’Amérique, fut
vénérable des Sept Ecossais Réunis (SCDF) en 1823, membre des Rigides
Ecossais en 1827, puis de la loge Isis-Montyon (GODF) en 1835. En 1833, il
préside la Chambre du Suprême Conseil des Rites du GODF. , membre des deux
Rites, développa le thème naturaliste dans son « Cours Pratique de Franc-
maçonnerie publié sur la demande et sous les auspices de la R?L? Isis-Montyon »
(1841). La résurrection d’Hiram y devient « une fiction », par lesquelles la
maçonnerie veut avertir ses disciples que beaucoup de faits de ce genre, contraires
aux lois de la nature, ne sont que des symboles, des secrets que les Maç
intelligents découvrent. L’immortalité et le génie, représentée par la lettre G, sont les
deux objets principaux que le grade rappelle à l’attention du néophyte.

Dans toutes les initiations se trouve un personnage innocent arraché à la vie


d’une manière barbare. Elles semblent avoir voulu nous familiariser avec la
mort. Elle est en effet une grande leçon pour les vivans, et il est bon qu’ils en
:
aient souvent l’image devant les yeux « Cours … », 1841 : 184. .

Mais l’immortalité d’Hiram est assurée :

Hiram, dont la substance corporelle est déjà en décomposition, se relève plein


de force. Certes, on n’a pas voulu nous donner cette fiction comme une réalité.
C’est donc un symbole, et un noble symbole, répondant bien à la fragilité de la
nature humaine : c’est celui de l’Immortalité. « Cours… », 1841 : 186.

Et vient enfin l’apothéose naturaliste :

Sous le rapport astronomique, Hiram est l’emblème du soleil. Le mot Hiram marque
l’élévation, et de là est venu celui de pyramide, en y ajoutant l’article oriental p.
Hiram-Abi signifie père élevé; Adonhiram présente à peu-près le même sens, Adon,
d’où l’on a fait Adonai, signifiant Seigneur. Comme la reconnaissance pour
l’heureuse influence de l’astre vivifiant est la base générale des cultes anciens et
modernes, soit directement, soit indirectement sous des formes symboliques, l’Arch
? du T? est le représentant du soleil, et pour ceux qui remontent jusqu’à son auteur,
de Dieu lui-même, de Jéhovah, nom que l’on donnait au Grand-Etre, et au soleil, qui
en est l’image sensible. La mort d’Hiram est donc comme celle d’Osiris, d’Iacchus,
d’Hercule, de Mithra, et de bien d’autres, le symbole de la marche apparente du
soleil, qui s’abaissant vers l’hémisphère austral, est dit figurément vaincu, pars suite
de la même allégorie, comme le génie du mal. Mais il revient vers notre hémisphère
: alors il est vainqueur, il est censé ressusciter. Aussi, dans les trav? de M?, le
représentant d’Hiram se relève glorieux, et ces trav?, qui avaient commencé d’une
manière lugubre finissent par un appareil d’éclat, et par des acclamations de
triomphe et de joie. « Cours … », 1841 : 189-190.

Bref, la version « romantique » du REAA peut se résumer ainsi :

Maintien des formes (disposition des colonnes, mots…) mais abandon partiel du
fond du Rite
ancien (Grandes Lumières, perte de l’ancien mot du maître, règle de trois …).
Alignement sur le Rite Français (épreuves par les éléments).
Emprunts aux rituels américains (les développements du 2ème degré).
Déisme diffus et lecture naturaliste du mythe d’Hiram (allégorie solaire).

 
:
5.4. LES RITUELS DE LA GRANDE LOGE DE FRANCE DE 1896.
L’histoire du Suprême Conseil de France, au cours du XIX° siècle, fut loin d’être
paisible. Depuis qu’en 1821 il avait pris sous son obédience des loges bleues, il
rencontrait l’opposition des maçons de base qui n’acceptaient pas la tutelle
hiérarchique très lourde d’un organisme formé de membres cooptés à vie et
nécessairement réactionnaires, par leur position sociale comme par leur âge. Cette
opposition se manifesta à plusieurs reprises, par la création de l’éphémère Grande
Loge Nationale en 1848, par celle du Comité Central du Rite Ecossais réformé en
1868, par celle enfin de la Grande Loge Symbolique Ecossaise (GLSE) en 1879.
Dans tous les cas, le rejet des hauts grades et des structures oligarchiques fit
l’unanimité. L’exigence démocratique se traduisit par l’apparition du slogan « le
maçon libre dans la loge libre », imaginé au sein de la GLSE et destiné à faire
recette.

Cette évolution alla de pair avec la tentation positiviste qui déborda largement le
seul Grand-Orient. Les Maçons Ecossais attaquèrent aussi le Grand Architecte et
proposèrent à la Grande Loge Centrale en 1868 sa suppression, ce qui fut accepté
le 29 novembre 1869 par 26 voix contre 6. Le Suprême Conseil empêcha cette
exécution mais la fronde continua. Le Grand Commandeur, Adolphe Crémieux crut
trouver un accommodement en produisant fin 1873 un décret qui se voulait
conciliant :

Le Suprême Conseil
Considérant que comme témoignage de la communauté des sentiments qui
unissent tous les maçons, il convient d’affirmer la devise maçonnique : Liberté,
Egalité, Fraternité ;
Considérant en outre qu’il est de l’intérêt du rite de ramener l’intitulé des
planches à une formule uniforme :
Décrète
Toutes les pl Maç devront à partir de la date du présent décret, porter l’en-tête
suivant
A.L.G.D.G.A.D.L’U.
Au nom et sous les auspices du Suprême Conseil pour la France et ses
dépendances
Le nom de l’At et son numéro
Liberté, Egalité, Fraternité.

 
:
Si elles avaient fonctionné sur un mode démocratique, les loges Ecossaises
auraient supprimé l’évocation du GADLU dès 1869, décision que ne prit jamais le
GODF qui se contenta de la déclarer facultative le 26 octobre 1878 Le convent de
septembre 1877 supprima de l’article 1er des Constitutions du GODF l’obligation de
la croyance en Dieu et l’immortalité de l’âme. Le GADLU ne fut pas évoqué. . Le
Suprême Conseil ne put s’y résoudre et, au contraire, adopta la résolution du
convent des Suprêmes Conseils, tenu à Lausanne en septembre 1875, qui
prévoyait :

La franc-maçonnerie proclame, comme elle l’a proclamé dès son origine,


l’existence d’un principe créateur, sous le nom du Grand Architecte de l’Univers.

La création, le 20 novembre 1879, de la Grande Loge Symbolique Ecossaise,


résolument démocratique et libre penseuse, hostile aux hauts-grades et se limitant
aux trois premiers grades symboliques, vint mettre un point d’orgue à ces
dissensions. Comme de juste, cette nouvelle obédience supprima toute référence
au GADLU.

De longues et difficiles négociations furent nécessaires pour qu’enfin le Suprême


Conseil accorde leur autonomie aux loges de sa dépendance (8 novembre 1894) et
que celles-ci se constituent en Grande Loge de France (23 février 1895). L’année
suivante, le 18 décembre 1896, ce nouvel organisme fusionna avec la Grande Loge
Symbolique (devenue « de France » en 1894), donnant ainsi naissance à l’actuelle
Grande Loge de France. Dans tout cela, il fut peu question des rituels qui n’étaient
guère sujet de débat parmi les maçons français de l’époque. Soulignons sans plus
que jamais la pratique du REAA ne fut remise en cause par la GLSE qui, pour
révolutionnaire qu’elle fût, affirma toujours son attachement à l’écossisme La
Grande Loge Symbolique Ecossaise permettait néanmoins à ses loges d’utiliser le
rituel de leur choix, Rite Français ou REAA. .

Je ne dispose pas, hélas, de rituels de la GLSE, sinon du « Rituel Interprétatif pour


le grade d’Apprenti » rédigé pour la loge Le Travail et les Vrais Amis Fidèles par
Oswald Wirth (1893). Mais ce document, qui introduisit les interprétations
alchimiques si chères à de nombreux maçons contemporains, est trop atypique pour
servir utilement au débat. Par contre, je possède deux rituels imprimés dont l’un
porte en page de garde l’inscription, « Rite Ecossais Ancien et Accepté. Sup Cons
Mots biffés et remplacés, à la main, par « Grande Loge ». pour la France et ses
:
dépendances. Rituel des trois premiers degrés symboliques de la Franc-maçonnerie
Ecoss » (ci-après SC) ; l’autre, « Rite Ecoss Anc Acc Rituel des trois premiers
grades symboliques de la franc-maçonnerie Ecoss » (ci-après GL). Le second fut «
remis par la G Loge de France à la R Loge installée sous le titre distinctif Galileo
Galilei (écrit à la main) à l’Or de Paris le 9 juillet 1904 (idem) et immatriculée sous le
n° 359 (idem) au registre général des ateliers du Rite ». Le premier fut « remis par le
Suprême Conseil Même modification. de France à la R Loge installée sous le titre
distinctif La Nouvelle Jérusalem (écrit à la main) à l’Or de Paris ( idem) immatriculée
sous le n° 376 ( idem)». L’un est donc antérieur, l’autre postérieur à la création de la
Grande Loge. Bien peu de choses les séparent.

Page 1 des rituels du SCDF

 
:
Rituels GLDF 1904

5.4.1. LE GRADE D’APPRENTI.


La décoration de la loge est identique dans les deux rituels. Sont décrits les tentures
(rouges), la houppe dentelée, les colonnes d’occident, la place des surveillants (le
2ème au sud, le 1er au N.O.), le dais d’orient avec le « delta transparent dans lequel
on lit, en caractères hébraïques, le nom du Grand Architecte de l’univers », le soleil
et la lune au mur d’Orient, l’autel du vénérable avec un compas, une équerre, un
maillet, une épée nue et les Constitutions. Les trois « lumières » (les chandeliers)
sont placées « l’une à l’Est vers le Sud. Deux à l’Ouest, l’une vers le Sud et l’autre
vers le Nord ». Le rituel GL ajoute :

En outre, et lorsqu’il s’agira d’une tenue d’initiation, on placera devant


l’hospitalier un (sic) cartouche sur lequel seront écrits ces mots : la terre, L’air,
l’eau, le feu. On pourra suivre ainsi les péripéties de l’initiation. Le néophyte,
après avoir reçu la lumière, saisira le sens des allégories qui ont dû le frapper.
Les FF sur les colonnes comprendront mieux la filiation si remarquable des
:
études successives par lesquelles la Maçonnerie fait passer les Apprentis et les
Compagnons. Au 1er degré la lutte avec la nature, l’étude des forces naturelles
pour arriver ensuite au 2ème degré à l’étude de l’homme, au connais-toi toi-
même des Sages de l’Antiquité.

L’ouverture est très simple, prévoyant seulement la vérification de la couverture


(extérieure) de la loge et de la qualité maçonnique des assistants (les diacres ont
disparu). Dans les deux rituels, les travaux sont ouverts à la gloire du Grand
Architecte de l’univers Biffé dans SC. mais la batterie, Houzay-Houzay-Houzay, Biffé
dans SC. Le 3 mars 1903, la tenue de Grande Loge décida que la formule du Grand
Architecte figurerait sur les rituels mais les loges seraient libres d’un user ou non
(Compte-rendu des travaux du Conseil fédéral, janvier-avril 1903 : 21-24, in F.
Rognon, 1994 :71 ). est suivie du ternaire républicain dans GL. Le ternaire est
ajouté à la main dans SC. .

Le candidat est dépouillé de ses métaux et préparé (sans habit, le pied gauche en
pantoufle, les yeux bandés) par l’expert et son testament remis au maître des
cérémonies. Suivent la présentation du candidat à la porte, l’interrogatoire d’identité
et l’introduction sur la pointe de l’épée de l’expert.

A peine admis, le candidat est interrogé sur la liberté, la morale, la vertu, le vice en
des termes qui ne diffèrent guère de ceux du « Guide ». Il lui est ensuite demandé
un premier serment sur la coupe des libations. Les trois voyages sont conduits par
l’expert et rythmés par les trois « obstacles » classiques depuis le TDK. Le
deuxième est suivi par la purification par l’eau, le troisième par les flammes, le tout
ponctué par des discours sentencieux du vénérable. Viennent alors l’épreuve de la
saignée et celle de la bienfaisance, puis la montée à l’orient par les trois pas
d’apprenti. L’obligation est prise debout, la main droite sur les Statuts généraux de
l’Ordre, la main gauche supportant le compas. Elle comprend les mots « en
présence du GADLU » et la pénalité traditionnelle. Ramené entre les colonnes, le
néophyte reçoit la lumière, en un temps, dans le cercle des épées. Il est ensuite «
créé, reçu et constitué apprenti maçon, 1er degré du REAA « Au nom du Suprême
Conseil » dans SC, « Au nom de la Grande Loge de France » dans GL. » par trois
coups de maillet sur l’épée placée sur sa tête. Les secrets sont très normalement
ceux du Rite ancien.

Ajout important : le discours de l’orateur est précédé dans GL par un commentaire


du vénérable sur « les quatre éléments des anciens » qui commencent par ces mots
:
:
Autrefois, le candidat à l’initiation subissait les épreuves terribles de ces quatre
éléments, la Terre, l’Air, l’Eau et le Feu.
Ce système de l’initiation antique, qui est contredit dans ses développements
par la science moderne, n’est accepté par nous que comme une tradition
symbolique, montrant le néophyte en lutte avec les forces de la nature…
Il se poursuit par des considérations très banales sur la composition de l’air, les
états physiques de l’eau et la combustion de l’oxygène, sans allusion
quelconque à l’alchimie.
Par contre, le rituel SC contient en annexe une prière (rageusement biffée
d’ailleurs), dite « Actions de grâces pour les jours de réception seulement » :
Grand Architecte de l’Un, les ouvriers de ce Temple te rendent leurs actions de
grâces et rapportent à toi ce qu’ils ont fait de bon, d’utile et de glorieux dans
cette journée solennelle où ils ont vu s’accroître le nombre de leurs frères.
Continue de protéger leurs travaux et dirige -les constamment vers la perfection.
Que l’harmonie, l’union et la concorde soient à jamais le triple ciment de leurs
œuvres.
Et vous, prudence, discrétion, modeste aménité, soyez l’apanage des Membres
de cet At et que rentrés dans le monde, on reconnaisse toujours, à la sagesse
de leurs discours, à la convenance de leur maintien et à la prudence de leurs
actions, qu’ils sont les vrais enfants de la lumière.

Cette prière mise à part, ne subsistent du Rite ancien que l’entrée sur la pointe de
l’épée, les obstacles rencontrés au cours des voyages et les secrets du grade, le
tout noyé dans un déluge verbal dont le Guide déjà avait donné l’exemple.

5.4.2. LE GRADE DE COMPAGNON.

Il débute par un avant-propos très comparable à celui du Progrès de l’Océanie,


évoquant à la fois les deux âges de l’homme et l’allégorie solaire.

Les observations préliminaires prévoient quatre cartouches portant les noms des
cinq sens, des quatre ordres d’architectures, des arts libéraux et des philosophes
(Solon, Socrate, Lycurgue, Pythagore et, dans SC seulement, INRI). Au milieu de la
loge, vers l’est, se trouvent deux sphères, placées sur « l’autel du travail » et, à l’est,
une étoile Flamboyante ayant au centre la lettre G.

Après l’ouverture, le candidat est introduit et interrogé par l’expert sur quelques
questions de l’instruction d’apprenti. Après avoir écouté un discours du vénérable lui
apprenant qu’au grade précédent on lui a ouvert a porte des sciences et fait de lui
:
un homme nouveau, il effectue cinq voyages sous la conduite de l’expert. Comme
c’était le cas au progrès de l’Océanie, il découvre successivement les cinq sens, les
quatre ordres d’architecture et les sept arts libéraux, commentés avec plus ou moins
de bonheur par le vénérable Ces commentaires sont nettement plus courts dans
GL. . Au quatrième voyage, il rencontre les philosophes cités plus haut. Les mots
INRI, omis dans GL, sont commentés de la sorte dans SC :

INRI. Ces quatre lettres ne sont point un nom, mais l’inscription mise sur la croix
du Christ, et d’après la légende chrétienne, elles signifieraient « Jesus
Nazarenus Rex Judeorum ». Jésus est adoré comme un Dieu par les chrétiens,
il doit être respecté comme un sage par les philosophes. Sa doctrine,
essentiellement humanitaire, pourrait se résumer en ces mots : « Aimez-vous
les uns les autres ». Il fut crucifié pour sa morale et ses enseignements, qui
depuis ont rempli le monde.

Cela prouve que la force ne peut rien contre le Droit et la Vérité.

Le cinquième voyage exalte la Liberté mais rappelle aussi la nécessité du travail.


Avant l’obligation, le vénérable prononce une ode au travail qui se terminent par ces
mots :

Sois glorifié ! ô travail, sois béni par les enfants de la veuve pour tes présents
du passé, et sois béni pour tes bienfaits de l’avenir.
(levant la main) Gloire au travail.
Tous les FF présents lèvent la main et répètent :
Gloire au travail.

La lettre G est découverte lors du premier et du troisième voyage, lorsque est


commentée la géométrie. L’instruction du grade donne cette explication qui enlève à
la lettre G toute dimension métaphysique :

On voit briller à l’est une étoile dont les cinq points figurent les sens ; elle se
nomme l’Etoile flamboyante.
Cette Etoile Symb ne contient-elle aucun autre emblème ?
On voit au milieu la lettre G, qui signifie Géométrie, l’une des sciences les plus
élevées qu’ait produites le génie de l’homme. C’est pourquoi je vois encore
dans cette lettre le symb par excellence de l’intelligence humaine.
:
 

5.4.3. LE GRADE DE MAÎTRE.


La loge est tendue de noir, éclairée seulement par « trois étoiles mystérieuses »,
comme c’était déjà le cas en 1843. Les maîtres portent (pour la première fois ?) un
cordon bleu moiré liseré de rouge et un tablier blanc bordé de rouge, portant au
milieu les lettres M. et B. brodées en rouge. Ils sont couverts, « les bords (de leur
chapeau) avancés sur les yeux en signe de détresse ». Le Très Respectable est
assis au-devant de l’autel, au pied des marches.

Le candidat est introduit, à reculons, par deux experts. Soupçonné du meurtre


d’Hiram, il est disculpé par l’examen de ses mains et de son tablier. Il est ensuite
interrogé sur sa conception du droit, de la justice et de la loi naturelle avant d’être
retourné vers l’est et de découvrir le pseudo-cadavre. Il gagne ensuite l’orient en
enjambant la tombe et écoute la légende du grade. Conforme à la version du
Progrès de l’Océanie, elle voit Hiram gagner successivement les portes de l’est, du
sud et de l’ouest où il reçoit le coup fatal.

La suite est classique : le candidat est étendu sur le cercueil et couvert du drap noir
avant d’être relevé par le très respectable et les deux surveillants, relèvement qui
est plutôt une résurrection comme l’attestent les premiers mots que prononce le très
respectable :

Célébrons, mes FF, par des acclamations de joie, cet heureux jour qui ramène
sur notre At attristé depuis si longtemps la lumière que nous croyions à jamais
perdue. Notre Maître a revu le jour, il renaît dans la personne du F N…

Retour de la lumière, sinon du soleil, tel est donc le fin mot du mythe d’Hiram.
L’instruction va plus loin encore et ajoute à l’ordalie de l’architecte une inattendue
réminiscence chrétienne :

Que signifie donc l’histoire d’Hiram ?


Je pense que, dans la vérité, cette histoire est une figure de la marche
apparente du soleil dans les signes inférieurs pendant trois mois qui s’écoulent
depuis l’équinoxe d’automne ; que ces trois mois sont les trois conspirateurs,
causes immédiates de sa fin apparente au solstice d’hiver.
A quelles circonstances reconnaissez-vous cela ?
Le soleil, à notre époque de deuil pour toute la nature, paraît vouloir fuir à
jamais notre hémisphère ? Cependant il semble bientôt se relever, retourner
:
vers l’équateur et reparaître dans tout son éclat. De même nous voyons notre R
M Hiram retiré des bras de la mort et revenir à la vie…
Comment, dans nos mystères, se fait la résurrection d’Hiram ?
Par le concours de trois Maîtres éclairés.
Dites-moi comment ils s’y prennent ?
Le Maître et les deux Surveillants vont pour relever Hiram et le retirer du
tombeau ; l’un d’eux en lui prenant la main avec l’attouchement d’App sent qu’il
lui échappe, parce que la chair quitte les os ; le second le prenant avec
l’attouchement de Compagnon ne réussit pas davantage ; mais ayant réuni tous
les trois leurs efforts ils parviennent à le mettre debout, et saluent avec joie son
retour à la vie.
Que signifie cela ?
C’est l’image des trois premiers jours qui suivent le solstice pendant lesquels les
anciens ont dû être incertains sur la marche qu’allait suivre l’astre lumineux, car
ce n’est qu’au troisième jour que l’on reconnaît visiblement son retour apparent
vers l’hémisphère supérieur.

La dernière réplique est exemplaire : la mort d’Hiram, personnification du soleil, est


suivie de trois jours d’incertitude qui précèdent sa réapparition. Nous avons vu que
l’architecte s’avérait un des ces dieux proche-orientaux qui meurent et renaissent,
nous constatons ici qu’il vit, à mots voilés, la passion du christ et son séjour aux
enfers avant sa résurrection le troisième jour !

Mais là ne s’arrête pas la surprise. La cérémonie se termine par un long discours du


très respectable, directement inspiré de « L’histoire de la reine du matin et de
Soliman prince des génies », de Gérard de Nerval Récit publié dans « Voyage en
Orient », paru en 1851. , sans que la source en soit citée.

Nerval Gérard de Nerval, OEuvres II,


Discours du très respectable bibliothèque de la Pléiade, 1961, 531-
533. Nerval n’était pas franc-maçon.
A l’heure indiqué, le Maître se dirige vers A ces mots, Adoniram, s’adossant au
l’entrée du temple ; il s’adosse au portique extérieur et se faisant un
portique extérieur, et se faisant un piédestal d’un bloc e granit qui se trouvait
piédestal d’un bloc de granit, il jette un auprès, se tourne vers cette foule
regard assuré sur la foule convoquée innombrable ,sur laquelle il promène ses
puis se dirige vers le centre des travaux. regards. Il fait un signe, et tous les flots
A un signe d’Hiram, les flots de cet océan de cette mer pâlissent, car tous ont levé
:
humain pâlissent et tous les visages se et dirigé vers lui leurs clairs visages…
tournent vers lui.Le Maître alors lève le Adoniram lève le bras droit, et, de sa
bras droit, et de sa main ouverte, il trace main ouverte, trace dans l’air une ligne
en l’air une ligne horizontale, du milieu de horizontale, du milieu de laquelle il fait
laquelle il fait tomber une ligne retomber une perpendiculaire, figurant
perpendiculaire figurant deux angles ainsi deux angles droits en équerre
droits en équerre, signe auquel les comme les produit un fil à plomb
Syriens reconnaissent la lettre T. suspendu à une règle, signe sous lequel
les Syriens peignent la lettre T, transmise
A ce signe de ralliement, la fourmilière
aux Phéniciens par les peuples de l’Inde,
humaine s’agite, comme si une trombe de
qui l’avaient dénommée tha, et enseignée
vent l’avait bouleversée. Puis les groupes
depuis aux Grecs, qui l’appellent tau.
se forment, se dessinent en lignes
régulières et harmonieuses, les légions Aussi, à peine Adoniram l’a-t-il tracée
se disposent, et ces milliers d’ouvriers, dans les airs qu’un mouvement singulier
conduits et dirigés par des chefs se manifeste dans la foule du peuple.
inconnus, se partagent en trois corps Cette mer humaine se trouble, s’agite,
principaux, subdivisés chacun en trois des flots surgissent en sens divers,
cohortes distinctes, épaisse et profondes comme si une trombe de vent l’avait tout
où marchent : 1° les Maîtres, 2° les à coup bouleversée… Bientôt des
Compagnons, 3° les Apprentis. groupes se dessinent, se grossissent, se
séparent ; des vides sont ménagés, des
Devant cette force inconnue qui s’ignore
légions se disposent carrément ; une
elle-même, Salomon a pâli ; il jette un
partie de la multitude est refoulée ; des
regard effaré sur le brillant mais faible
milliers d’hommes, dirigés par des chefs
cortège des prêtres et des courtisans qui
inconnus, se rangent comme une armée
l’entourent…
qui se partage en trois corps principaux
Eh quoi ! se dit Salomon, un seul signe subdivisés en cohortes distinctes,

de cette main fait naître ou disperse des épaisses et profondes…


armées ?
Au centre on reconnaît les maçons et tout
ce qui travaille la pierre : les maîtres en
première ligne ; puis les compagnons, et
derrière eux les apprentis…

Troublé, Soliman recule de deux ou trois


pas ; il se détourne et ne voit derrière lui
que le faible et brillant cortège des prêtres
et de ses courtisans…

« Quel est donc, se demandait Soliman


:
rêveur, ce mortel qui soumet les hommes
comme la reine commande aux habitants
de l’air ?…Un signe de sa main fait naître
des armées : mon peuple est à lui, et ma
domination se voit réduite à un misérable
troupeau de courtisans et dei prêtres. Un
mouvement de ses sourcils le ferait roi
d’Israël ».

Et le récit se termine, dans le rituel, par une conclusion bien dans l’air du temps : «
Salomon était obligé de reconnaître une force nouvelle à côté de laquelle
jusqu’alors il était passé sans même la soupçonner. Cette puissance, c’était le
PEUPLE ».

6. ULTIMES AVATARS DU REAA AU XX° SIÈCLE.


Le rituel de la GLDF de 1952 « Le REAA à travers les âges », in l’Union
Maçonnique, 4ème année, sans date mais postérieur à 1962. apporte quelques
modifications aux dispositions antérieures qui témoignent surtout du désir de cette
obédience de s’aligner sur l’exemple britannique.

L’autel est dit « autel des serments ». Le plateau du vénérable, situé au pied des
marches d’Orient, supporte les Constitutions d’Anderson de 1723 et la Constitution
de la GLDF, ouverte, sur laquelle sont placés une équerre et un compas. Au mur
d’Orient se trouve le delta portant, en lettres hébraïques, le tétragramme.

Pour la première fois, au REAA, apparaissent la reconnaissance des assistants par


les deux surveillants, déambulant le long des colonnes La reconnaissance des «
colonnes » se faisait déjà lors de l’ouverture de la loge d’apprenti au Rite de
Misraïm en 1839 (Caillet, 1994 : ). , et l’allumage rituel des flambeaux L’allumage
rituel des flambeaux n’avait jamais été pratiqué jusque là au REAA, ni au rite
Français d’ailleurs. Seul le connaissait le rite Ecossais Rectifié depuis la rédaction
par Willermoz de la version finale des grades bleus de ce Rite (circa 1787). Il était
emprunté aux Elus Coens de Martinez de Pasqually. : le maître des cérémonies les
allume tandis que le vénérable et les deux surveillants prononcent les mots «
sagesse » (vénérable), « force » (1er surveillant) et « beauté » (2ème surveillant).
Les voyages du candidat, qui n’a pas été « préparé » physiquement, sont marqués
par les purifications par les éléments (successivement l’air, l’eau et le feu).
:
La version de 1962 entérine une modification de taille. En effet, en 1953, le convent
de la Grande Loge de France, dans l’espoir qui ne se réalisera jamais d’obtenir la
reconnaissance britannique, avait adopté une motion décidant :

que les Obligations seront prêtées sur l’Equerre et le Compas et un livre de la Loi
Sacrée, ce dernier étant considéré sans aucun caractère religieux particulier,
comme symbole de la plus haute spiritualité dont s’inspire le Maçon qui s’engage à
oeuvrer éternellement à dégager l’Ordre du chaos J.Corneloup . Universalisme et
Franc-maçonnerie. Hier et aujourd’hui. 1964 : 94. .

Les « trois Grandes Lumières » furent donc replacées sur l’autel des serments,
tandis que la patente de constitution était exposée devant le plateau du vénérable,
l’œil symbolique remplaçant le tétragramme dans le delta. Lors de l’allumage des
chandeliers, il fut spécifié qu’il s’agissait des « petites lumières » et c’est un ancien
vénérable qui devait ouvrir la bible, sous l’équerre formé par la canne et l’épée du
maître des cérémonies et de l’expert, comme il le fait en Angleterre sous les cannes
des diacres « Deacons », erronément traduit par « experts » dans la version
française du Rite Emulation en usage à la GLNF. . Après plus d’un siècle, le REAA
retournait à la tradition « ancienne » de la maçonnerie britannique.

Dans cette même version, le candidat, dépouillé de ses métaux et partiellement


dévêtu, porte la corde au cou, autre usage britannique. La lumière est donnée en
deux temps : dans le cercle des épées au premier temps avec la scène du parjure,
dans la chaîne d’union au second.

Restent constants certains ensembles symboliques du REAA d’origine : les


colonnes B au N.O. et J au S.O. (ancienne), la disposition des chandeliers
(écossaise), la place des officiers, la couleur rouge, la marche du pied gauche…

En 1965, le REAA fut apporté à la GLNF, qui ne connaissait jusque là que le « Rite
Emulation » et le Rite Ecossais Rectifié, par des transfuges de la GLDF, dans des
circonstances dramatiques qui ont fait couler beaucoup d’encre mais sortent de
notre propos. Très naturellement, les rituels n’en furent guère affectés, le gros du
travail étant déjà réalisé.

Le rituel dit « Cerbu », aujourd’hui en usage à la Grande Loge Nationale Française,


prévoit, lors de l’ouverture des travaux, que le vénérable allume l’Etoile portée par la
colonnette ionique (au S.E.) en disant : « Que la Sagesse préside à la construction
de notre édifice » ; le 1er surveillant allume l’étoile de la colonnette dorique (S.O.),
en disant « Que la Force la soutienne » ; le 2ème surveillant allume l’Etoile de la
colonnette corinthienne (N.O.), en disant « Que la Beauté l’orne » Le recours aux
:
ordres d’architecture est très significatif. C’est à la fois une copie de l’usage anglais,
décrit plus haut, et le signe visible que les piliers et les lumières sont confondus au
REAA. . Le candidat, introduit sur la pointe de l’épée, prête un premier serment
après avoir entendu la lecture de la règle en douze points de la GLNF qui remplace
la question-test de la croyance en Dieu. Suivent les 3 voyages et les purifications
par l’air, l’eau et le feu, l’épreuve de la terre étant symbolisée par le séjour dans le
cabinet de réflexions. La lumière est donnée en deux temps au candidat debout à
l’occident, la première fois dans le cercle des épées (sans la scène du parjure), la
seconde fois dans la chaîne d’Union. Le serment est prêté avec le compas sur le
cœur et la consécration est faite par trois coups de maillet sur l’épée placée sur la
tête.

Les cinq voyages du compagnon amènent la présentation successive des cinq


sens, des cinq ordres d’architecture, des sept arts libéraux et des deux sphères,
terrestre et céleste. Le denier voyage se termine par la glorification du travail (les
philosophes ont disparu). La réception se termine par un emprunt compagnonnique
totalement inédit Je ne sais ni quand ni ou cet épisode fut introduit. Notons qu’il est
de pratique constante, depuis les années 1960, dans les loges belges travaillant au
rite moderne, sans distinction d’obédience. : les nouveaux compagnons, munis d’un
bissac, d’un quignon de pain et d’une canne enrubannée, sont accompagnés
jusqu’à la porte de la loge par le vénérable. Très curieusement la lettre G n’apparaît
pas dans la cérémonie, bien qu’elle soit citée dans l’instruction :

Pourquoi vous êtes-vous fait recevoir compagnon ?


Pour connaître la lettre G.
Que signifie cette lettre ?
Le G A D L U, ou bien celui qui é été élevé jusqu’au faîte du Temple. Cette lettre
signifie aussi Géométrie et peut recevoir d’autres interprétations nombreuses.

Au 3° grade, un voile noir, placé à la hauteur des marches de l’Orient, isole le


Debhir du Hikal. Cette disposition, inconnue des rituels du début du siècle est
d’autant plus surprenante qu’elle semble bien un emprunt supplémentaire au Rite
Français du XIX° siècle : le voile apparaît en effet dans les rituels réformés en 1858
sous la grande maîtrise du prince Murat Lucien Charles Murat (1803-1878), fils de
Joachim Murat et de Caroline Bonaparte, Grand Maître du Grand-Orient de France
de 1852 à 1861. .

Le rituel conserve quelques unes des particularités « romantiques » que nous avons
décrites. Ainsi le symbolisme solaire n’a pas entièrement disparu et le thème de la
:
résurrection est toujours bien présent. Lorsqu’il découvre le cadavre, le vénérable
dit :

On croirait qu’il respire encore. Son noble visage, respecté par la mort, exprime
le calme de la conscience et la paix de l’âme, tant l’empreinte de la vertu était
profondément gravée sur ses traits.

Et, après le relèvement :

Gloire au G A D L U, le M est retrouvé et il reparaît aussi radieux que jamais.

Interprétation naturaliste que vient confirmer l’instruction :

…Le Tombeau d’Hiram renferme toutes les traditions perdues. Mais Hiram
ressuscitera…
Comment, dans nos mystères, s’opère la résurrection d’Hiram ?
Par le concours de trois MM Maç éclairés et fidèles…
Quelle peut donc être la signification (de la fin d’Hiram) ?
Envisagé comme Rite Solaire, le drame d’Hiram peut se référer à la marche
apparente du soleil : les trois meurtriers seraient alors les trois derniers mois de
l’année, pendant lesquels le Soleil descend dans les Signes Inférieurs et semble
fuir à jamais notre hémisphère. Cependant, après le Solstice d’Hiver, on le voit
se relever et bientôt il reparaît dans tout son éclat. De manière analogue, nous
voyons notre R M Hiram sortir de son tombeau et revenir à une vie nouvelle.

Rien dans la cérémonie ne rappelle la perte de l’ancien mot du Maître. Par contre
l’instruction réintroduit le thème essentiel de la perte et du choix d’un mot substitué :

Comment voyagent les MM Maç ?


De l’Or à l’Occ et de l’Occ à l’Or et par toute la Terre.
Dans quel but ?
Pour chercher ce qui a été perdu, rassembler ce qui est épars et répandre
partout la Lumière.
Qu’est-ce qui a été perdu ?
Les secrets véritables des MM MM
Comment ont-ils été perdus ?
:
Par « Trois Grands Coups », qui ont causé la fin tragique de notre R M Hiram.

Ce retour, un de plus, à la tradition « ancienne » Retour marqué également la


communication du mot de passe des 2ème et 3ème degrés avant la cérémonie de
réception. si longtemps négligée, est certes heureuse. Encore faut-il souligner
qu’elle n’est qu’un emprunt de plus à un rituel britannique. En effet, lors de la
cérémonie d’ouverture au 3ème degré, le vénérable anglais et les deux surveillants
échangent le dialogue suivant :

Bro. J.W., as a M.M., whence come you ?


From the E., W.M.
Bro S.W. whither directing your course ?
Towards the W., W.M.
What induced you to leave the E. and go to the W. ?
To seek for that which is lost, which, by your instruction and our own
endeavours, we hope to find.
What is that which is lost ?
The genuine secrets of a M.M.
How came they lost ?
By the untimely death of our Master, H.A.

Ainsi le REAA renoue-t-il avec ce qui le caractérise depuis l’origine : le syncrétisme


et l’addition de traditions diverses. Après les influences britanniques et américaines
relevées plus haut, en voici d’autres, d’origines hollandaise, compagnonnique et «
Emulation ».

L’autre rituel utilisé à la GLNF est appelé « 1802 ». Il diffère peu du « Cerbu ».
Comme lui, il comporte les épreuves par les éléments au 1er grade, « le juge
suprême » et la conduite compagnonnique au 2ème grade. Les cinq sens, les
ordres d’architecture et les arts libéraux sont présentés, mais sans commentaire
cette fois, lors des voyages du compagnon. Les globes ont disparu mais le Travail,
présenté comme une mission, voire une religion, est toujours bien présent au
dernier voyage.

Comme dans le « Cerbu », la loge de maître est divisée en deux compartiments par
un voile noir et elle n’est éclairée que par une seule lumière Rappelons qu’aux rites
hérités du xviii° siècle (Français, écossais philosophique et écossais rectifié), la loge
est éclairée par neuf lumières, allusion aux neuf maîtres envoyés à la recherche
d’Hiram. portée par la colonnette ionique du vénérable. Le récit du drame, au cours
:
de la cérémonie, reste bien dans l’optique naturaliste précédemment décrite (ce qui
suffit à rendre anachronique la date « 1802 » indûment attribuée à ce rituel). Nulle
mention n’y est faite de la perte du mot du maître. Quant à l’instruction, elle reprend
l’explication allégorique d’Hiram, image du soleil, avant de poursuivre par les
dialogues extraits du rituel Emulation et cités plus haut qui explicitent le thème de la
perte du mot.

7. REMARQUES FINALES.
Les grades bleus du REAA ne constituent pas un ensemble monolithique et
immuable. Apparus dans un contexte maçonnico-politique précis, la période
napoléonienne, ils subirent des changements successifs jusqu’à rendre
méconnaissable leur version d’origine. Loin de témoigner d’une tradition « de temps
immémorial », ils furent sans cesse remaniés et adaptés au goût du temps, ce qui
explique qu’aujourd’hui s’en réclament des loges qui utilisent des rituels très
différents, diversité qu’explique l’histoire interne, si souvent négligée, des rituels
eux-mêmes.

Dans le cas du REAA, on peut reconnaître, sans simplification abusive, trois


époques successives.

La première, disons « impériale », est marquée par un alignement, qu’on peut


trouver excessif, sur l’exemple « ancien » des Britanniques, alignement qu’explique
seulement la volonté de se démarquer du GODF. Le résultat, officialisé par le Guide
des Maçons, devait s’avérer impraticable dans la mesure où cet alignement allait de
pair avec le maintien d’usages français empruntés au Rite du même nom ou au Rite
Ecossais Philosophique. La volonté d’inclure dans un décor « Ecossais » une
rituélie « ancienne » impliquait des entorses aux deux traditions qui se voyaient, par
la force des choses, partiellement dénaturées.

La deuxième époque, « romantique », vit l’abandon relatif de la tradition ancienne


dans le cérémonial utilisé qui ne subsista que dans diverses péripéties de l’initiation,
dans la disposition des colonnes d’occident et la répartition des mots, sacrés ou
« de passe ». Les rituels du Suprême Conseil des années 1829-1842 sont
exemplaires de cette évolution. Le squelette des cérémonies reste celui du Guide :
entrée sur l’épée, interrogatoires, voyages, obligation, consécration et
communication des secrets « anciens ». La décoration de la loge reste marquée de
la double influence, ancienne et écossaise. Mais l’esprit en est considérablement
modifié : l’introduction des « éléments » au 1er degré permettra bientôt
l’interprétation alchimique qui sera développée par Oswald Wirth, Jules Boucher et
:
leurs émules, les commentaires des voyages du second degré introduisent des
considérations pseudo-philosophiques inspirées du positivisme d’Auguste Comte,
l’accent mis sur la nécessité du travail et la volonté populaire témoignent de
préoccupations sociales très éloignées de la tradition maçonnique. Le plus
significatif reste la mutation du mythe hiramique, devenu allégorie naturaliste, et
l’occultation complète du thème de la perte de l’ancien mot du maître. Très
caractéristique également est la disparition de la bible Mais non du GADLU ! qui ne
devait réapparaître qu’après la seconde guerre mondiale, pour des raisons
politiques : le désir de se conformer aux exigences britanniques des {Aims and
Relationships of the Craft} de 1938-1949, dans l’espoir, vite déçu, de voir la Grande
Loge de France reconnue par la Grande Loge Unie d’Angleterre.

La dernière époque, contemporaine, vit un retour au spiritualisme conforme aux


exigences anglaises, sans cependant que disparaisse entièrement le naturalisme
naïf de l’ère romantique, toujours perceptible malgré quelques adaptations de
surface. L’ensemble pêche, reconnaissons-le, par une certaine incohérence d’autant
que cette dernière évolution amena aussi des emprunts inattendus à des traditions
parallèles, Rite Français, « Rite » Emulation, influence compagnonnique.

7.1 LES TROIS LECTURES DE LA LÉGENDE D’HIRAM.


Dans les divulgations françaises du XVIII° siècle, dont le paradigme reste « L’Ordre
des Francs-Maçons trahi… » de 1745, le thème hiramique était en fin de compte
celui de l’union mystique de l’impétrant avec Dieu. Il n’est pas inutile de souligner
que le Maître Hiram, assassiné dans les circonstances que l’on sait, est mort et bien
mort, comme l’atteste son inhumation ultérieure. C’est le candidat, et lui seul, qui est
« relevé » du tombeau et donc « renaît » par l’action conjointe du Vénérable Maître
et des deux Surveillants. Mais si « renaissance » ou « résurrection » il y a, elle se
déroule dans des circonstances très particulières : le tombeau dans lequel est
couché l’impétrant n’est pas celui d’un quelconque architecte, mais bien celui du
Dieu des trois grandes religions monothéistes, dénommé ici, à tort ou à raison,
Jéhovah, puisque ce nom est inscrit sur la tombe comme le montrent les gravures
des premières divulgations françaises du XVIII? siècle Jan Snoek, 1994. . Le
néophyte est ainsi entré en contact intime, charnel, avec ce Dieu dont il a partagé la
couche, recevant de lui un souffle, une étincelle, qui le fait dorénavant participer à
l’essence divine. L’opération peut être comparée à une théophagie déguisée, très
comparable à l’eucharistie chrétienne. Nul besoin dès lors d’une « perte »
quelconque puisque l’expérience mystique est ainsi achevée ; nul besoin non plus
de grades ultérieurs puisque tout est dit. Cet enseignement fut sans doute atténué
:
par les développements ultérieurs du Rite Français, mais l’identification d’Hiram
avec la divinité resta longtemps affirmée par l’inscription de l’ancien mot du Maître
sur la tombe érigée sur ordre de Salomon.

A cette interprétation française s’oppose la version « ancienne » qui insiste sur la


perte du mot, conséquence inéluctable de la mort d’un des trois protagonistes
nécessaires pour qu’il soit encore communiqué. Cette version, basée sur la « règle
de trois » des premiers catéchismes anglais, est foncièrement pessimiste et
demande qu’un ou plusieurs grades ultérieurs viennent pallier la perte et permettent
la (re)découverte du mot perdu. Ce sera le rôle du Royal Arch anglo-saxon, comme
des degrés équivalents du REAA, Chevalier Royale-Arche et Grand Elu de la voûte
sacrée.

Les développements romantiques du REAA donnent un tout autre sens à la geste


hiramique : l’architecte devient allégorie solaire et emblème naturaliste d’un
phénomène somme toute banal, la disparition du soleil au solstice d’hiver et sa
renaissance ultérieure. La mort d’Hiram n’est ici qu’apparente et sa résurrection, ou
son réveil, est inscrite dans l’ordre naturel. Cette mutation aligne Hiram sur
l’exemple des dieux proche-orientaux « qui meurent et renaissent » et ne va pas
sans donner au mythe un certain relent de paganisme qui aurait surpris, n’en
doutons pas, les pasteurs londoniens des origines.

Ces deux dernières lectures sont, sous les apparences, toujours visibles dans les
versions actuelles du grade de maître selon le REAA, leurs rédacteurs n’ayant,
semble-t-il, pas perçu leur caractère antinomique.

7.2 COHÉRENCE DES GRADES BLEUS ET DES HAUTS-GRADES DU


REAA.
La question donc se pose : quel est le « vrai » REAA et, corollaire obligé, existe-t-il
une authentique tradition qui lui assure sa légitimité, pour les grades bleus s’entend
?

La réponse, si réponse il y a, ne peut se baser que sur l’articulation de cette rituélie


avec les hauts grades du REAA, les seuls finalement qui donnent au système sa
cohérence et le justifient. Or cette articulation ne se fait pas sans mal. Et pour cause
: les hauts-grades qu’offre ce Rite sont tous antérieurs à l’apparition des grades
bleus puisque ils furent élaborés entre 1740 et 1760 pour les premiers, entre 1770
et 1801 pour les deux derniers.

Mais ces hauts-grades eux-mêmes ne forment pas un ensemble véritablement


:
cohérent. Hétérogènes et de facture variée, ils furent organisés en strates
successives que ne lie, parfois, qu’une numérotation arbitraire : les grades
hiramiques ou « ineffables », du 4ème au 14ème ; les grades dits « de l’exil »
fondés sur la construction du second temple, 15ème et 16ème ; les grades
chrétiens, johanniques et apocalyptiques à la fois, du 17ème au 19ème ; les grades
templiers (30ème et 32ème) et … les autres, plus difficilement classables car
d’inspiration hétéroclite. A vrai dire, la question d’une éventuelle cohérence avec les
grades bleus ne se pose qu’entre le grade de maître et les grades hiramiques qui
achèvent le thème de la construction du premier temple puisque ce sont les seuls
où l’on retrouve les questions que laissait en suspens la mort d’Hiram :
l’achèvement du temple (thème des grade du 4ème au 8ème ), le châtiment des
assassins (9ème au 11ème grade) et la découverte du mot perdu du maître (thème
des 12ème, 13ème et 14ème degrés). En clair, le rituel de la maîtrise, s’il se veut
dans la ligne droite du Rite vu dans son ensemble, doit poser ces trois questions
sans équivoque et s’abstenir de toute ébauche de réponse. Dans cette optique,
aucune des trois versions décrites plus haut n’est entièrement satisfaisante.

La version du Guide, pour faire court, s’articule assez bien avec les grades
d’achèvement, très mal avec les grades de vengeance devenus redondants, mieux
avec les grades centrés sur la découverte du mot perdu. L’adoption des
particularités du Rite ancien (disposition des colonnes d’orient, déplacement des
surveillants, répartition des secrets) n’apporte ni n’enlève quoi que ce soit à
l’économie du système, bien qu’ils ne correspondent pas aux prescrits des hauts-
grades. Ceux-ci, ne l’oublions pas, furent imaginés par des maçons de tradition et
de formation « Française » qui ignoraient tout du Rite Ancien d’Angleterre. Rien
d’étonnant donc si les hauts-grades paraissent souvent plus « modernes » qu’ «
anciens » . Ainsi les surveillants lorsqu’il y en a deux Notamment aux 14ème,
18ème, 30ème et 32ème degrés, qui sont les plus importants du système. , sont
toujours disposés à l’occident, selon l’usage « moderne », les mots de passe sont
communiqués durant la cérémonie et non avant, les colonnes sont placées suivant
la règle moderne…

L’adaptation romantique du REAA n’est guère plus satisfaisante car la version


naturaliste de la légende d’Hiram enlève toute pertinence à la perte du mot dans la
mesure où Hiram « ressuscitant» ne peut l’emmener dans la tombe. Les grades
clefs du REAA (13ème et 14ème) en deviennent incongrus. Par contre, l’omission
du châtiment des coupables rend leur raison d’être aux grades de vengeance.

Quant aux versions contemporaines, elles tentent, maladroitement selon nous, de


marier la lecture naturaliste à l’héritage ancien mais ce mariage introduit dans le
:
grade lui-même une confusion regrettable (on ne sait finalement si le mot est perdu
ou non ?).

Ces difficultés internes aux rituels eux-mêmes entraîne une conséquence


inattendue aux yeux de certains thuriféraires du REAA : qui ne verra que
l’articulation entre les hauts-grades du REAA et les grades bleus homonymes ne
présente rien de spécifique et que les grades symboliques des autres Rites,
Français, Moderne (belge), Ecossais philosophique et autres, peuvent tout aussi
aisément servir d’introduction aux hauts-grades en question puisqu’ils posent les
mêmes questions?

Qu’en conclure sinon qu’il a manqué au Rite un Willermoz pour établir une
cohérence sans faille aux étapes successives de l’ensemble. Dans l’état actuel,
aucune des variantes des grades symboliques du REAA ne justifie l’affirmation que
les 33 degrés du REAA constitue un ensemble unique et obligé. Est-il hérétique de
penser que les grades bleus de tout Rite prépare également à l’enseignement des
hauts-grades du Rite Ecossais Ancien et Accepté ?

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Essai sur les cinq textes de référence historique du Rite Ecossais Ancien et Accepté
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