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https://fr.m.wikisource.org/wiki/Lyndamine_ou_l%E2%80%99Optimisme_des_pays_chauds/
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AVIS DE L’ÉDITEUR
Lyndamine ou l’Optimisme des pays chauds, semble avoir été écrit pour faire pendant à l’Histoire
de dont Bougre, portier des Chartreux, et être probablement du même auteur.
Ce curieux ouvrage fut traduit en allemand, et sur cette traduction il parut, vers 1863, une version
française passablement médiocre, sous le titre de Lucrèce ou l’Optimisme des Pays-Bas, qui ne
peut aucunement être comparée à l’original. Notre édition renferme aussi les Contes en vers, fort
libres, qui ne se trouvent point dans la version moderne.
AVERTISSEMENT
Il est d’un usage fort sot et très ancien de mettre une préface à la tête d’un ouvrage. Je me
donnerai donc bien de garde de le suivre. Que dirais-je à mes lecteurs ? Que je leur demande
pardon de l’ennui que leur causera la lecture de mon histoire. Oh ! ceux et celles qui me liront
auraient plutôt besoin d’un narcotique pour appeler le sommeil que d’un cordiaque pour l’éloigner.
Dirai-je encore qu’un domestique infidèle, un imprimeur avide de livres qui se vendent ont ravi mon
manuscrit ? L’infidélité des domestiques n’est réelle que dans une préface. Les imprimeurs, je le
sais, préfèrent à présent un livre dont les phrases sont moelleuses, à des Noëls anciens et
nouveaux, à je ne sais combien de sottises que l’on respecte, parce qu’elles ont passé sous la
presse avec approbation et privilège. Mais je me réserve, à la fin de cette brochure, de dire en
honnête fille comment et pourquoi mon histoire a été publiée. Je n’ai donc aucun titre solide pour
la décorer d’une préface ; une post-face vaudra peut-être mieux, et j’y penserai.
Quant à présent, je préviens que mon histoire supposant une foule d’interlocuteurs, j’eusse fatigué
tous les puristes, si j’avais suivi la maxime absurde de répéter les dit-il, les dit-elle. Je ne sais quel
lourdaud s’est avisé de reprocher à monsieur Marmontel d’avoir délivré le conte de ces
fastidieuses répétitions. Pour moi, je le remercie, et je l’en félicite.
LYNDAMINE
OU
L’OPTIMISME DES PAYS CHAUDS
PRÉLIMINAIRES
Honni soit qui mal y pense. C’est l’optimisme que je veux établir. Les savants sont plus instruits
que moi des principes du philosophe allemand[1] qu’ils en regardent comme le père. Ce n’est pas
de cet optimisme que j’entretiendrai mon voluptueux lecteur. L’on s’est encore récrié contre
l’optimisme d’un moderne[2], qui, sous le nom de Candide, en a parcouru toutes les branches ; et
la raison que l’on nous en a donnée, c’est qu’une vieille fille, œuvre sublime d’un outil papal, s’y
plaint qu’elle n’a qu’une fesse, et que je ne sais quelle Paquette y lève ses jupes au premier
venant et confond le seigneur avec le malotru. Que le frère Giroflée caresse cette grivoise et
gagne le gros lot, j’y consens ; mais j’assure le public que, n’ayant jamais eu la vérole, je ne l’ai
donnée à aucun de nos élégants messieurs, encore moins aux greluchons que je n’ai pu souffrir,
et que mon optimisme n’est point du tout celui du bon Candide ; ce n’est pas même celui des
honnêtes gens ajouté au premier et ennuyeux à la mort ; est-ce donc l’optimisme des Pays-Bas
hollandais, autrichiens !..... etc. ? Vous n’y êtes point. Les pays chauds que je chante sont ceux de
la belle nature, et mon optimisme est le plus désiré de mes chers lecteurs.
J’entends déjà la voix glapissante d’une foule d’animaux qui piailleront contre moi, parce que je ne
suis pas Paquette. Leurs clameurs ne m’étonnent pas : qu’ils ferment mon livre dès à présent et
qu’ils demandent à Dieu pardon de leur curiosité. Je commence par quelques réflexions
intéressantes et qui me regardent personnellement.
Le curieux public de la ville que j’habite se mêle beaucoup de mon histoire, parce que j’ai de la
célébrité, et ne s’occupe guère de ses propres affaires, parce qu’il n’a pas le sens commun. Or, ce
public demande souvent qui je suis, quels sont mes parents, à quels titres j’ai prétendu captiver le
plus aimable adorateur.
Remarquez qu’il faut être femme pour faire cette dernière question, parce qu’il n’y a que des
femmes à prétention qui jalousent la supériorité de celles que l’on ose leur préférer. Je réponds en
deux mots avant d’entamer mon édifiante histoire.
Qui suis-je ? Si cette question tombe sur mon origine, j’y répondrai tout à l’heure. Si l’on dispute
sur mon sexe, oh ! parbleu ! l’on voit d’abord que je porte des jupes, que mon teint est assez frais,
que mon menton est ras…, etc. Je n’en dirai pas davantage pour le présent. Me juge d’avance qui
voudra, j’y souscris ; mais que l’on se souvienne surtout que je suis fille, c’est-à-dire que je tiens
au sexe féminin par la blancheur de ma peau, par la finesse et le contour de mes traits, par
l’élasticité d’une belle gorge, par… J’en ai dit plus que je ne voulais.
L’on demande encore si j’ai des parents. Que cela vous fait-il ? J’existe sans ma participation, cela
est clair. Mon père avait en propriété le fameux générateur de l’espèce ; ma très honorée mère a
reçu la visite de ce dieu qui vivifie toute la nature, et je respire. Qu’exigez-vous de plus ? Que je
compte des quartiers ? Je date d’Adam et de la bouillante Ève ; ma généalogie est bien prouvée,
et tel qui demande à qui j’appartiens ne réussira jamais à démontrer une descendance plus
assurée. Laissons l’orgueil rêver et calculer des titres en parchemin dont les rats se jouent et se
nourrissent.
Pour terminer toutes ces impertinentes questions, je n’ai qu’un mot à dire. Mes graves messieurs,
mes belles dames, apprenez que maman penchait vers l’optimisme et souhaitait de goûter le vrai
bonheur. Le dieu de la nature, pour combler ses vœux, lui a confié un germe sacré ; elle a
sérieusement présidé à sa végétation pour en donner le saint exemple à mille femmes
qui l’arrêtent. Me voilà faite, j’en rends grâce à Dieu, sans m’enorgueillir.
L’on veut enfin que je montre les titres qui m’ont enchaînée à mon délicieux chanoine. Savez-vous
bien, mesdames, que j’ai été jolie, et que mon visage, moins plâtré que le vôtre, n’est point encore
si déchiré ? Savez-vous que j’ai un corps de cinq pieds six pouces de hauteur, et des mieux
proportionnés ? Savez-vous que j’ai des tétons appétissants encore et qui n’ont besoin d’aucun de
vos ressorts factices pour se soutenir ? Savez-vous que le temple sacré dont je respecte le dépôt
brûle encore d’un feu qui eût honoré votre jeunesse et que nos élégants aiment mille fois mieux
que les pompons, la poudre fauve ou rouge et tout l’attirail étranger que vous prêtez à la vraie
volupté qui n’en demande pas.
Je crois avoir répondu à toutes les questions que tant de fois l’on a faites sur mon compte. J’aurais
pu en faire autant sur le compte de tant de pucelles qui se font payer cent fois leur pucelage. Je
n’ai pas leur secret ; je n’ai que celui d’être sincère, d’avouer mes torts et de défendre mes
principes. Mon histoire justifiera ce que j’ose avancer. Je n’en retarde le détail que pour donner un
avis important.
AVIS AUX JEUNES GENS
Ma pauvre espèce a des besoins divers, je le sais. Dans la foule de ses individus, plusieurs,
cependant, n’en ont aucuns, de ceux, du moins, dont je veux parler. Les jeunes mâles et les
jeunes filles qu’un heureux tempérament ne porte pas aux fureurs de la volupté, auraient grand
tort d’en allumer le feu ; ils doivent plutôt le redouter. Qu’ils chantent leur bonheur et qu’ils ferment
les yeux sur les plaisirs des jeunes amants, qu’un sang de feu entraîne aux fougues de l’amour,
traité d’insensé par les sols et protégé par la nature pour le bien de l’espèce.
CHAPITRE PREMIER
ENFANCE DE LYNDAMINE
Le germe qui m’a formée fut élaboré dans le sein d’un mâle vigoureux, et porté dans les flancs
d’une femme bouillante qui m’a donné la plus forte végétation. Enfin, j’existe, et je bénis mon
existence. C’est dans le centre d’une ville féconde en nymphes bienfaitrices de l’humanité que j’ai
vu le jour. Il fallait bien que mon tempérament participât de la vigueur de mon père et de la chaleur
de ma chère mère. Dès l’âge de dix ans, je donnais déjà des preuves de puberté ; je ne veux pas
dire que dès cet âge je faisais des libations à la lune, car je ne m’en souviens pas ; mais un feu
dévorant me faisait déjà porter la main vers le centre de ce portique auguste dont nos messieurs
sont si jaloux et dont j’ignorais le savant usage.
Une femme qui a pompé le jus de la vie est plus qu’une autre en garde pour ses enfants. On dirait
que le vice veuille prêcher la vertu. Ma très honorée mère, assez satisfaite de la charmante
épreuve qu’elle avait faite du plaisir, craignit que je ne fusse tentée de l’imiter. Un beau jour, sous
le prétexte de me guérir un petit bouton que j’avais à la cuisse et dont je me plaignais, elle
s’aperçut que déjà mon trésor s’ombrageait, et que je ne sais quelle pièce où réside le sentiment
des femmes, prenait de la longueur, de la couleur, de la raideur.
— Oh ! oh ! dit-elle en s’écriant sans y penser, cette petite fille est déjà en chaleur ; il faut, ma foi,
la mettre sous clef, sans cela sa cloison sera bientôt forcée. Eh ! que de mal sur la terre !
Je n’entendais rien à cette exclamation ; aussi ne m’affecta-t-elle pas ; mais quelques mois après,
ma mère m’annonça que je lui devais les plus grandes actions de grâces, qu’elle s’épuisait pour
mon éducation, et qu’elle me recommandait d’être sage jusqu’à la mort. Elle finissait à peine ces
mots, qu’une bégueule en béguin et portant croix d’argent, entre, salue ma mère en tendant le cul,
lui demande sa fille, et m’invite à la suivre.
— Mignonne, me dit ma chère mère, ton trousseau est d’avance chez les Dames Visitandines ;
cette sœur va te conduire au port du salut. Si je suis contente de toi, je ne tarderai pas à te
rappeler. Apprends dans le couvent à être honnête fille et bonne chrétienne. Si tu te laissais coiffer
du même béguin, je m’en consolerais, et tu serais au mieux.
J’étais assez enfant pour ne faire aucune réflexion. J’obéis en pleurant et en embrassant ma
tendre mère, qui fondait en larmes. La tourière, qui faisait l’Agnès, nous consola toutes les deux.
La cruelle séparation se fit.
J’entre dans le couvent. Qu’y vois-je ? Quatre ou cinq vieilles sempiternelles qui se soutiennent à
peine, qui me parlent du nez, et m’envoient, en parlant, l’odeur infecte de leur estomac putride. Je
m’avise, moi, de leur faire une révérence si profonde (cela me paraissait du cérémonial), que je
tombai le derrière par terre, et que je manquai de faire la pirouette. Les révérendes mères, dont les
yeux étaient modestement baissés, entrevirent des charmes qu’elles eussent désirés. Leur tête se
renverse, l’une s’enfuit, l’autre gémit, une troisième dit tout bas :
— Cette vilaine a montré son cul !
La prieure pince les lèvres, ordonne le silence et me dit gravement :
— Vous venez, ma fille, de faire une révérence indécente ; l’on vous apprendra, par la suite,
comment une fille modeste doit saluer. Sœur Cunégonde, conduisez cette enfant au pensionnat.
La sœur Cunégonde, qui, comme les autres, avait vu mon auguste derrière et son faubourg, ne
leva point les épaules et ne fut pas assez sotte pour soupirer. J’en conclus, tout enfant que j’étais,
qu’elle avait un peu plus de bon sens que les douairières. Quoi qu’il en soit, je traverse avec elle
plusieurs corridors et dortoirs. J’arrive enfin à l’appartement des pensionnaires, où la mère
maîtresse me reçut à la tête de son troupeau.
Je vais dire tout de suite ce qui me frappa : ce sera autant de dit pour la suite de mon histoire.
ARTICLE PREMIER
ARTICLE SECOND
Le temps de la douleur suit de trop près la saison du plaisir. La tourière Jeannette, assez
honnêtement payée, voulut essayer aussi de notre optimisme. Nelson l’enfila et se crut dans un
gouffre.
— Jeannette, lui dit-il, ton carquois est trop grand pour mon dard ; va te faire exploiter par ton
confesseur ; tu seras encore assez outillée pour lui ; mais tu vois bien que ton fourreau est trop
large ; un glaive à ressorts ne tient à sa gaine qu’autant que la gaine lui donne de délicieuses
entraves.
Nous apprîmes trop tard que le directeur des nonnes s’essayait avec elles et distribuait ses
grâces, par semaine, à vingt-six des révérendes mères qui avaient le plus de ferveur ; mais ce
n’est pas de cela qu’il s’agit : un malheur irréparable nous menaçait au dehors, tandis que les
brusqueries de Nelson nous valurent d’être expulsées du pensionnat.
Une tourière, malgré ses torts, est presque toujours écoutée. Nous eûmes beau tâcher d’effacer
les traits qu’elle avait donnés sur notre compte, nous eûmes beau dire hardiment à la révérende
prieure qu’elle nous rendrait justice, si, à la tête de son sanhédrin, elle faisait visiter le mignon de
Jeannette. C’eût été donner lieu à de scandaleuses révélations, où la prieure n’entrait guère que
pour un quatre dix-huitième, et nous fûmes chassées sans que nos parents eussent été prévenus
du congé honteux que l’on nous donnait.
Nous voilà donc dans la rue. Qu’allons-nous devenir ?
— Je vais, dit Émilie, retrouver le saint prêtre qui payait ma pension et que je crois mon père. Suis-
moi, nous en serons bien reçues.
Le saint prêtre, qui baisait toutes ses dévotes, venait de prendre le large pour se soustraire à une
prison éternelle. Je tremblai alors pour moi-même, et je demandai des nouvelles de ma bonne
mère. Lorsque je prononçai son nom, l’on m’écrasa d’opprobre, en criant que la putain était morte
sur un fumier depuis deux jours. Émilie et moi nous fûmes inconsolables pendant un quart d’heure,
et dans le quart d’heure d’après, nous fîmes nos petits arrangements.
— Écoute, Lyndamine, me dit-elle, toutes les femmes ne meurent pas sur un fumier, et une foule
de jolies filles font une fortune brillante ; il faut la tenter. Nous sommes sans pain ; mais avec un
minois passable, de gros tétons et un pertuis bouillant, une fille passe partout. Tenons toujours
au tout est bien. D’ici à la ville de Frouilloule, il n’y a que deux lieues : acheminons-nous vers cet
endroit, Qui sait ce que la Providence réserve à nos besoins ?
Je souscrivis parce que j’avais faim et que nous étions sans ressources. Nous nous mettons en
route, marchons avec force et franchissons tous les mauvais pas. Cette action nous donna de la
couleur, et nous parvînmes au premier gîte où l’on voulut nous héberger : il n’était pas brillant.
Le même soir étaient arrivés dans une auberge voisine un monsieur et une dame, qui se
promenaient en attendant leur souper : ils nous aperçurent, et notre misère les toucha. Leur
charité nous appela à leur table, qui était commune. Le monsieur, négociant expérimenté, fut
galant au delà de toute expression ; mais, las des charmes de la dame ou merveilleusement épris
des grâces d’Émilie, qu’il avait placée à ses côtés, il prodigua toutes les phrases capables
d’intéresser la fille la plus froide, sans pourtant manquer aux égards qu’il devait décemment à sa
dame de compagnie. Je fus la seule presque dédaignée ; et je me serais dépitée, si cette bonne
dame, en me serrant la cuisse sous la table, ne m’eût fait comprendre que je ne gagnerais rien à
paraître jalouse, et qu’elle aurait soin de moi.
J’entendis tout, et je ne me plaignis pas. Après le souper et quelques pourparlers du négociant
avec Émilie, elle vint m’embrasser en pleurant.
— Ma chère Lyndamine, me dit-elle, il faut suivre le vent. Ce brave homme me propose d’aller
faire un tour de promenade et de coucher avec lui : il me jure de me faire un sort honnête, s’il me
trouve digne de ses bienfaits. Il ne me paraît pas des plus vigoureux, et tu connais la force de mon
fourreau. Je veux le faire suer cette nuit et je réponds qu’il sera plus que satisfait. Avant de nous
séparer, grave dans ta mémoire que la dague d’un homme s’appelle un vit et que ton fourreau est
un très beau con ; ces noms célèbres te seront utiles ; je ne regrette que de ne pouvoir t’apprendre
les mots nerveux du métier que nous allons faire ; mais je regretterais encore plus si tu te
chagrinais de me voir dans la route des richesses et du plaisir.
— Non, belle Émilie, lui dis-je, ta façon de penser, tes traits, tes charmes, te méritent des
adorateurs, et je suis enchantée de voir à tes pieds un millionnaire qui te rendra la vie. Veuille la
dame qui se charge de me protéger me servir de mère et donner le bien-être à mon espoir. Quoi
qu’il en soit, je ne jalouse pas ton bonheur, parce que tu le mérites. Fais au moins des vœux pour
que ton amie soit aussi heureuse qu’elle te désire de félicité.
Nous n’eûmes pas le temps de nous entretenir davantage. Émilie fut appelée pour aller jouir de la
promenade, et bientôt je la vis avec son nouvel amant prendre délicieusement le frais au pied d’un
myrte.
Je reviens aux propos de ma dame, et à mon histoire.
CHAPITRE II
Dans le même instant qu’Émilie se retira avec son protecteur, je fus appelée dans l’appartement
de madame Jolicon (c’est le nom de ma maîtresse).
— Lyndamine, dit-elle, j’ai besoin d’une femme de chambre ; vous êtes jolie et vous me paraissez
avoir de la propreté : voyez si vous voulez entrer à mon service ; votre fortune dépend de votre
réponse.
Elle fut bientôt faite. Que n’eus-je pas accepté pour être sûre d’un morceau de pain ?
— Je suis contente, ma chère enfant, dit-elle ; regardez-vous désormais comme la confidente
d’une femme qui aime le plaisir et qui souhaite de vous faire du bien. Vous êtes fatiguée, il est
juste que vous dormiez. Voici dans cette chambre un lit qui vous est destiné, et une montre qui
vous indiquera l’heure. Demain, à dix heures du matin, éveillez-moi ; vous entrerez en exercice, et
vous bénirez votre rencontre.
Le lendemain matin, à l’heure assignée, j’approche du lit de ma nouvelle maîtresse pour la
réveiller. Ses draps étaient à terre ; sa chemise était relevée jusque sur les reins, et elle était
couchée sur le côté de manière qu’une cuisse était à deux pieds de l’autre. J’eus le temps de
satisfaire ma curiosité et de voir un gros cul dont chaque fesse pesait au moins dix livres ; de
l’autre, dans le centre d’un poil grisâtre à demi frisé, une fente à lèvres épaisses, à demi ouverte,
et la main droite auprès de l’orifice, comme pour en défendre ou en protéger l’entrée. J’admirai tout
bas ; je me doutai que ma belle dame aimait le plaisir, comme elle m’en avait prévenue (c’était, en
effet, une appareilleuse). Je me remis sur le devant du lit et je l’éveillai.
À son réveil, elle fit l’étonnée.
— M’avez-vous découverte, Lyndamine ? me dit-elle en colère.
— Moi, madame ! répondis-je, Dieu m’en garde !
Sans aller plus loin, elle relève la jambe droite et m’ordonne de regarder si son anus est sans
crottes. C’était du nouveau ; mais il fallait bien s’humilier jusque-là.
— Il est propre, dis-je.
— Fort bien ; prends un peigne sur ma toilette.
Je le prends, et ma belle s’étend sur les fesses.
— Peigne cette toison, Lyndamine.
Je ne connaissais pas encore cette cérémonie, et je parus étonnée.
— Hé, dis-moi, mon enfant, s’écria-t-elle en riant, est-ce que tu n’as point du poil à ton minon ?
Voyons-y, parbleu !
Elle me saisit à l’instant par le cotillon, m’entraîne à ses côtés et met en vue tous mes appas.
— Diable ! ajouta-t-elle, ta palatine vaut presque la mienne, ma fille ; tu ne la peignes donc
jamais ?
— Je n’en sais pas si long, madame.
— Oh ! bien, il faut faire la toilette au minon et à la tête ; l’un et l’autre ont mille occasions de
figurer, et l’on est dédaignée lorsqu’on n’est point parée ; ainsi tu le peigneras, ma petite, dès que
ma toilette sera finie.
Je mis le cul de ma maîtresse sur la cuvette sacrée ; je peignai sa toison et lui donnai un air de
noblesse qui devait appâter les connaisseurs. Elle en fut satisfaite, admira mes talents et
m’ordonna de me peigner à mon tour sous ses yeux.
Pendant cette drôle d’opération, elle me dit en riant que j’avais un fort joli petit minon et que cela
pourrait servir dans le besoin. Elle se fit ensuite habiller, apporter du chocolat, qu’elle daigna
partager avec moi, paya notre dépense, monta dans sa voiture, où je l’accompagnai, et nous
partîmes pour sa tendre patrie.
Pendant la route, qui ne fut que de six heures, je n’eus pas le temps de m’ennuyer ; tous mes sens
furent en convulsion.
— Un cul te fait donc peur ? reprit maman ; avoue-le, n’en avais-tu jamais vu ?
— Cela est vrai, dis-je, mais je me doutais bien pourtant qu’un cul ne différait pas d’un cul.
— Peut-être, s’écrie-t-elle vivement ; oh ! ton cul et le mien ont deux fesses, sans doute ; mais il y
a fesses et fesses, et cela seul fait courir ou dédaigner une femme. Ne sais-tu pas l’histoire de
Vénus belles fesses ? Après tout, nous verrons les tiennes à l’aise lorsque nous serons arrivées.
Mais comme il faut s’amuser pendant le voyage et que je n’aime que les amusements solides,
c’est sérieusement que je t’assure du bien-être dont je te trouve digne. Reste une seule difficulté
qui rompra peut-être toutes nos mesures. Tu ne me connais que par mes premiers bienfaits ;
cependant ta confiance est sans réserve : qu’attends-tu donc de ma générosité ?
— Maman, dis-je d’un ton ferme et modeste, vous avez avec moi partagé votre pain, et vous avez
promis de ne pas m’abandonner. Je suis au mieux et votre servante pour la vie.
— Fort bien, répond-elle ; mais tu ne sais aucun métier, et chez moi l’on doit gagner sa vie. À quel
emploi t’occuperai-je ?
J’avais déjà prévu que sous elle je devais commercer de mes charmes ; mais je la laissai venir, et
je lui demandai ce qu’elle prétendait faire de moi.
— Obéiras-tu si je te le dis ? reprit-elle avec la sensation de la joie.
— Oui, décidément, soyez ma mère ; mon corps et mon âme sont dans vos mains.
— Garde ton âme ; elle n’est qu’à Dieu et à toi. Si tu m’abandonnes ton corps, je prétends en
disposer en le nourrissant bien.
— Comment donc disposerez-vous de mon corps ?
— Lyndamine, tu joues l’ignorante ; mais il faut être sincère. Ton premier travail sur mon corps et
sur le tien t’annonce que le plaisir public est mon objet et doit être celui qu’il te faut remplir. Crois-tu
que je t’accorde l’innocence que tu veux affecter ? Tu te tromperais. Je me connais en filles. Plus
d’un mâle a caressé cette petite fente que j’examinais en silence pendant que tu en peignais le
contour. Dis-je la vérité ? Ta fortune dépend de ton aveu.
La crainte d’être replongée dans la misère et la force de la vérité m’arrachèrent mon secret et me
firent trahir mon honneur. Je répondis en balbutiant que le hasard et les circonstances m’avaient
fait essayer…
— Eh ! ne va pas plus loin, dit madame Jolicon. Es-tu satisfaite des plaisirs que l’on t’a donnés ?
J’en suis persuadée ; mais t’a-t-on instruite des noms sublimes qui concernent l’état que tu veux
embrasser et que tu dois savoir ? Prends garde de me mentir. D’avance je lirai ta science dans tes
yeux. Toute fille à mon service doit être instruite de son catéchisme. Écoute et réponds.
CATÉCHISME
DE MADAME JOLICON
ARTICLE II
— Monseigneur, dis-je, je vous avoue que mon cul mérite vos hommages ; mais non…
Je crus qu’il allait me battre.
— Comment ! sacrebleu ! (Sa Grandeur était en colère), tu ne fais que ce modeste aveu ?
Apprends que rien n’est plus beau qu’un cul, que rien n’est plus noble dans la société et plus
respecté dans le rituel de la religion. Je veux voir ton cul, en deux mots.
J’étais payée pour le satisfaire ; je mis à l’air mon postérieur ; mon homme à l’instant se plonge sur
mes fesses, les parcourt, les sépare, disserte sur leur blancheur, leur satin, leur rondeur. Il me
parut enthousiasmé de mon cul, dont je faisais si peu de cas. Je pris la liberté de le lui dire, et de
lui demander s’il aurait autant de plaisir de caresser le cul d’un mâle ?
— Ah ! petit diable, répond-il, vous voulez me tenter. Tous les culs sont beaux pour moi ; mais pour
le présent, je m’arrête sur le vôtre. Courbez-vous au pied de ce prie-Dieu, l’opération n’en sera que
plus sainte. Bon, comme cela, écartez les jambes ; au mieux.
Je faisais l’exercice, et je riais d’un grand cœur. Enfin le bougre pointe le trou du cul, essaie de
l’enfoncer, et me fait souffrir gratis. J’eus entre mes fesses la libation qu’il voulait verser dans
mon rectum ; et monseigneur, débandé, en devint plus raisonnable : j’en devins aussi plus
exigeante.
— Vous voilà donc content, lui dis-je ! reste maintenant à savoir si vous me prouverez la noblesse
du cul ; c’est à ce pivot que je tiens ; et jusqu’à vos preuves, Sa Grandeur, qui bande fort mal,
n’aura pas la gloire d’avoir essayé l’enfoncement d’un cul. Soyez sûr que ma douille sera close.
Parlez donc et montrez d’abord ce cul pontifical que vous regardez comme une merveille.
Sa Grandeur, pour trancher toute difficulté, jette sa chemise de côté, et me présente un cul à demi
couvert de poil, mais presque sans fesses. Tout ce que j’entrevis de plus honnête, c’est
un entrefesson aussi velu que l’outil antérieur. Cela plaît au femmes et ne me déplut pas.
— Au diable soit ce fameux cul ! dis-je pour l’animer ; que fait donc ce vilain cul à la religion ? que
cela qui porte des crottes a-t-il donc de si noble ?
— De si noble ! s’écrie-t-il ; tu ne connais donc pas les prérogatives de la noblesse ? Avant-hier la
duchesse de Hesse a obtenu un tabouret chez la reine. Qu’est-ce à dire ? sinon que la Reine a
honoré le cul d’une duchesse. Le prince de Prusse, depuis quelque temps, s’est assis sur le trône.
Qu’est-ce à dire ? sinon que le cul du prince de Prusse s’est placé sur un fauteuil destiné pour le
cul royal de la Prusse. Ne dit-on pas dans ton propre pays que les magistrats ont le cul sur les
fleurs de lis pour porter tous les impertinents arrêts qui condamnent au feu quiconque a le bon
sens ? Aussi voit-on bien qu’ils jugent par le cul. Si leur cerveau s’en mêlait, leurs arrêts seraient
plus raisonnés. Si tu me demandes que font les culs à la religion, je répondrai que tu ne sais pas
même ton catéchisme. Un misérable curé à son siège dans son église : id est, la place de son cul.
Ma chaise épiscopale n’est placée si haut que pour exalter l’éminence de mon cul. Enfin, le Saint-
Siège, dont tous les jours on te cite les sacrées décisions, ne sont que des décisions du cul ;
puisqu’un siège en tout pays est la place d’un cul. Tu respectes, cependant ; l’univers entier (urbi
et orbi), adore les bulles, les brefs, tous les canons émanés du Vatican : en bon français, du saint
cul. Et tu oses demander si l’on respecte un cul ? La seule observation que je fais ici, c’est qu’il ne
s’agit que d’un cul mâle, que j’invite tous les soirs à baiser respectueusement. Pour moi, j’aimerais
mieux le cul d’une seconde papesse Jeanne qui me semblerait bien plus beau et plus appétissant :
mais sans porter si loin mes augustes vœux, c’est à ton gros cul que je me borne, et le vieux cul
qui donne des brefs à Rome ne serait pas si fâché de prendre ses bulles entre tes fesses et de
gouverner l’univers à l’ordre du canon que ton charmant cul pourrait faire ronfler.
J’étouffais et je n’osais rire. J’étais cependant charmée d’entendre qu’il rendait aux culs femelles
l’hommage qu’il leur devait. Quant à votre cul, messieurs et messeigneurs, qui n’avez que la gloire
du tabouret, ou d’une place au fond de Saint-Pierre de Rome, le défende qui voudra. Votre insolent
cul est d’ordinaire fort sale, très puant et plus impuissant encore, du moins si j’en juge par celui de
mon pauvre évêque, qui n’en obtient aucun ressort en faveur du voisin.
Reprenons notre narration.
ARTICLE III
Monseigneur ne prend plus la défense des culs. Son faible outil n’en veut plus à mon cul. Il
m’ordonne en conséquence de l’asseoir sur mon lit, et il s’empare du devant.
Il examine d’abord la rondeur de mes cuisses, prend rigoureusement la mesure de la porte qu’il
veut franchir.
— Mais, dit-il, tu es aussi velue que moi !
— Par ma foi, répondis-je, l’idée est nouvelle ! Vous avez du poil de la tête aux pieds, et vous ne
voulez pas que j’en aie au con ; en bonne justice, il m’en faut au con autant que vous en avez sur
tout le corps. Si ma décision, par hasard, vous déplaît, régnez, monseigneur, régnez sur mon cul.
Vous le pouvez bien, puisque vous osez régner par le vôtre. Du reste, votre misérable cheville me
fait tant de pitié que, si je n’avais compassion de vous, je vous renverrais à ces culs pourris
qui fatiguent en cour les tabourets, et qui dédaigneraient votre douzil.
Ces derniers mots firent si cruellement rengainer mon pauvre prélat, que je ne pus entrevoir son
vit. Je le crus absolument nul, et la charité m’engagea à le réveiller.
— Parlez donc, monseigneur, dis-je d’un ton familier (j’avais acquis le droit de ne pas me gêner) ;
je ne vous reproche pas les caresses que vous avez faites à mon cul ; il ne les a pas reçues sans
mérite, et d’ailleurs un cul vous paraît une pièce si sublime que l’on dirait même en théologie que
tout est créé pour les culs. Vivent donc les culs ! je n’en parlerait plus ; mais vous prétendez
encore piler le divin mortier ! et cela me donne des scrupules nouveaux. Rappelez-vous donc que
vous avez condamné au célibat des moines vigoureux, des prêtres bouillants, de jolies petites
nonnes, que réclament les droits de la nature. Vous devez l’exemple, enfin, et je ne puis vous
pardonner de vouloir foutre, tandis que vous prescrivez le jeûne le plus cruel à des braves gens
qui foutraient plus vigoureusement que votre molle Grandeur.
— Ne gronde donc pas, charmante, répond-il en me chatouillant les fesses et le con, je vais
m’expliquer. Dans l’espèce humaine, ainsi que dans les autres espèces animales, chacun a ses
besoins. En conviens-tu ?
— Oui, ensuite.
— Ensuite, c’est que mes besoins m’entraînent vers une femme. Puis-je me refuser à l’instinct de
la nature ? J’en suis les saintes lois en tout. L’humeur me suffoque, et je me fais purger. Le sang
abonde dans mes veines ; Dieu veut sans doute que je le garde, puisqu’il ne lui a ménagé aucune
issue. Pourtant je me fais saigner, et personne ne le trouve mauvais. Que ferais-je de cette liqueur
bouillante qui gonfle mes couilles, qui bande mon vit avec une force qui m’étouffe ? Oh ! cette
précieuse liqueur a son issue. Mon vit en est le canal naturel ; c’est donc par là qu’il faut que je me
décharge de ce poids surabondant et douloureux : la nature me l’inspire ; mais elle me fait en
même temps désirer de la verser dans le réservoir qui lui est destiné. J’ai le bonheur de le
rencontrer ; et l’aimable enfant qui le porte veut bien se prêter à mes vœux et tempérer avec mon
suc ses propres besoins. Lui fais-je tort ? Non, sans doute ; elle dispose de son bien en obéissant
à la nature. Suis-je coupable moi-même ? Cela ne peut être. Sans avoir jamais vu ni femelles, ni
cons, mon vit bande et souhaite un canal qui le reçoive. Il devine que ce canal est entre les jambes
d’un être dont le visage a mille grâces. Je m’y porte avec une espèce de fureur, et nous nous
rendons un service réciproque ordonné par la nature, puisque la nature veut que nous expulsions
toutes les humeurs surabondantes qui gênent ses ressorts. Je vais plus loin, et j’ajoute que si le
moyen de se soulager manque aux deux sexes, chacun doit choisir le plus commode et le plus
prompt de tous les remèdes. Une fille chaude et qui n’a point à ses ordres des pistons, peut donc
s’en faire un avec son gros doigt, ou mieux encore avec un de ces instruments mignons que l’on
appelle les singes du vit. Un mâle, par la même raison, peut entre ses mains pressurer un vit trop
raide et lui faire rendre un peu de son huile. Sans cette double ressource, un célibataire qui serait
ardent lèverait publiquement les jupes de la première femme. Ces pauvres filles que l’on infibule si
chrétiennement ouvriraient leurs jambes au premier vit qui lèverait la crête. La société serait donc
troublée : ou les deux sexes seraient condamnés à la douleur et souvent à la rage. Il serait sans
doute un moyen facile de prévenir ce désordre, mais n’espérons pas que cette recette prenne ;
l’on tient trop aux plus sots préjugés. Reste donc la mienne, dont il semble que le beau monde soit
convenu ; par là les deux sexes sont à l’aise. Je ne plains que ces charmantes recluses dont je me
plairais à caresser les secrets appas, mais que notre ordre laisse à la faible vigueur d’un directeur,
lorsque le scandale n’est pas à craindre, ou à la cruelle ressource du godmiché, que les vieilles
nonnes leur ravissent dans leur impuissante fureur.
Ici Sa Grandeur s’arrêta, et je repris ainsi :
— Je me doutais bien, monseigneur, que tous nos prélats à talons rouges pensaient, parlaient tout
bas, comme vous ; mais je n’eusse jamais cru que cet aveu eut été fait sur le con d’une fille que
vous traiterez de putain, ou, pour conserver la décence des termes, de fille publique, qui ne se doit
à aucun secret. Me voici maintenant dispensée de défendre tout haut l’honneur d’un évêque qui
me sonde en secret, et je vais apprendre au public qu’un évêque veut foutre tout comme un autre.
— Que dis-tu ? morbleu ! s’écrie Sa Grandeur. Gardons les dehors, ma bonne amie. Je te donne
encore six louis si tu me promets de fermer la bouche supérieure et de rouvrir la mignonne. Seras-
tu satisfaite ?
Je l’étais beaucoup de ses principes ; six nouveaux louis achevèrent de me convaincre, et je
permis à monseigneur d’exploiter mes pays chauds pour la seconde fois. Le pauvre homme s’en
tira très faiblement, ne me donna pas le moindre plaisir, et ne se releva qu’après avoir honoré de
quelques tapes mes fesses, qu’il trouvait admirables.
— Tout n’est pas au mieux, monseigneur, lui dis-je ; mon petit a jeûné ; mais vous avez versé de
l’or dans ma bourse ; l’un compense l’autre, et tout n’est pas si mal.
Madame Jolicon et la jalouse Minette s’impatientaient sérieusement de la longueur de notre scène.
Elles entrèrent chez moi dès que Sa Grandeur en fut sortie, et me demandèrent de ses nouvelles.
Je leur répétai ses maximes, comme je m’y étais engagée ; elles s’en étaient doutées ; mon
certificat les décida et fut la base de notre nouveau plan de vie.
— Un célibataire aime autant les plaisirs qu’un autre homme, dit en concluant prudemment la
bonne maman, mais il n’ose manger partout de la pomme. Ménageons donc aux célibataires vos
belles pommes. Nous ferons fortune avec eux, et nous nous enivrerons de plaisir. Fiez-vous-en à
mon expérience.
ARTICLE IV
À la fin de la conversation que je venais de terminer, Minette et moi nous priâmes madame Jolicon
d’être toujours notre mère, et nous prîmes ensemble un verre d’extrait de genièvre, dont j’avais
besoin ; notre maman fut ensuite à la découverte des chalands, et nous nous enfermâmes toutes
deux. Or, devinez quel fut notre plaisir ? Je vous en défie, et ma sincérité va vous en faire le récit.
Nous nous dépouillâmes et nous parcourûmes avec autant de feu que si nous eussions été d’un
sexe différent. Les tétons, la gorge, le cul, le con, tout fut examiné.
— Nous sommes bien sottes, dit Minette, attrapons la maman et montrons-lui notre ardeur pour
faire valoir son parthénon.
— De quoi s’agit-il ?
— Tu sais friser et je frise assez passablement. Parbleu ! nous avons assez de poils pour
l’orner ; amusons-nous à cela. Lorsque maman reviendra, nous lui ferons le cadeau de deux cons
frisés, et de joie elle nous embrassera.
Cette idée originale me plut, et j’ajoutai que nous pouvions donner à cette frisure des figures
grotesques, si nous avions le poil assez long. Il fallut le passer au peigne, et la belle Minette n’y
gagna pas ; mais elle fit noblement ce sacrifice de l’amour-propre, me frisa selon mon dessein, et
j’employai tout mon art pour tirer le plus charmant parti de sa toison.
À l’arrivée de maman, je lui montrai une assez jolie fente, traversée diamétralement de trois gros
vits, dont les coudions reposaient sur le bord de mes lèvres. Minette lui fit voir un con couronné de
quatre cons réguliers dont chacun semblait inviter à la jouissance. Jolicon rit comme une folle de
cette scène et me pria d’imaginer aussi le parti que l’on pourrait tirer de son taillis. Dès que je l’eus
vu :
— Maman, lui dis-je, votre bijou est merveilleusement entouré ; ce serait un meurtre d’en
dénaturer le charmant bosquet ; laissons-le tel qu’il est.
— Je t’entends, coquine, répond-elle en riant : mais apprends qu’il est des sots qui aiment un con
sans poil, et que les sots ne sont pas si rares que mon poil. Quoi qu’il en soit, je ne serais fâchée
ni d’être toute velue, ni d’être tout con, je gagnerais de la tête aux pieds. Heureusement pour moi,
vous avez le poil assez beau, assez long, assez touffu, pour le plier sous les lois de la plus fine
volupté ; et vous voulez bien le façonner pour me plaire. Je vous en remercie, et je vous promets
que je n’épargnerai rien pour vous procurer le bien-être et le plaisir.
Je crus d’abord que la maman ne voulait que nous flatter ; nous eûmes de puissantes preuves
qu’elle veillait au solide, puisque dès le lendemain nous comptâmes plus d’agréables que nous ne
pouvions en fournir, et que le soir même il nous arriva deux jolies filles dont j’avais presque envie
d’être jalouse. Vous voudrez, mon cher lecteur, savoir le pourquoi. Je vais vous satisfaire en deux
mots, et je continuerai mon histoire.
Fanny et Julie (ce sont les noms de nos deux nymphes) se présentèrent avec grâce devant leurs
futures compagnes, et nous firent un petit compliment qu’une fille reçoit d’autant mieux qu’il
chatouille davantage son amour-propre. Nous y répondîmes de manière à les satisfaire, et nous
leur proposâmes de mesurer nos charmes, non pas pour mépriser les moins séduisants, mais
pour être sûres de leur valeur relative, afin de nous distribuer selon le goût et le caprice de nos
messieurs.
Fanny donna le premier exemple : tous ses appas furent étalés. Dieux ! que je fus enchantée !
Imaginez-vous que ses fesses saillaient de plus de six pouces. La profondeur de la gouttière était
proportionnelle à la saillie de ces globes ravissants. C’est bien le plus beau cul que l’on puisse
admirer. À quoi pensait mon voluptueux évêque, d’être absent ? Lorsqu’elle se tourna sur le
devant je fus encore plus humiliée. Un noir d’ébène donnait à la plus ample toison une majesté
capable de réveiller le plus vieux mufti ; j’eus de la peine en m’en approchant à distinguer dans le
centre de ce superbe taillis ces lèvres de carmin qui font tourner la tête aux hommes, et qu’elle
savait ouvrir et fermer avec un art qui n’appartient qu’à Fanny.
Julie, moins grande et plus blonde, montra conséquemment une peau satinée ; mais deux fesses
communes, si je les compare au divin cul de Fanny. Elle fut piquée de ne pas entendre
d’exclamations lorsqu’elle les présenta. Pour se venger elle mit les mains sur sa fente en se
retournant, comme pour nous apprendre que son derrière ne méritait pas nos mépris, et que le
sacré portique de l’amour ne serait présenté qu’à nos vœux. Cette ruse, que je devinai, me piqua.
Je sautai sur ses mains, et j’appelai Minette, qui lui rendit autant de justice que moi. Sa délicieuse
bouche est taillée merveilleusement. Le bosquet qui la défend est d’une couleur douce, que bien
des connaisseurs préfèrent à ce sombre noir, que moi-même je n’aimerais pas si j’étais mâle ;
mais il ne faut pas disputer des goûts. Celui-ci aime la brune, celui-là préfère la blonde. Nos
élégants Français donnent insolemment la palme à la négresse, qui pue ; il est vrai qu’elle est
chaude. N’en parlons plus.
Pendant une semaine entière, nous reçûmes les hommages d’une foule de cavaliers, que nous
mîmes au régime, parce que chacun devait passer à son rang, ils firent tous merveille et payèrent
bien. Nous n’eûmes de plaintes à former que contre un polisson, qui paraissait honnête, et qui
donna la vérole à la pauvre Julie ; en moins de deux heures son teint changea, ses jolis petits
tétons perdirent leur ressort ; l’entrée de son carquois fut couverte de pustules : elle nous faisait
horreur. Nous l’aimions trop pour ne pas la soulager, et, à force de soins, nous réussîmes à la
guérir. Elle le fut à peine que nous songeâmes à nous préserver de ce détestable fléau. Nous
plaidâmes la cause commune au tribunal de la maman. Son intérêt personnel et la justice de nos
plaintes l’engagèrent à rendre une ordonnance, qui fut affichée à la porte de nos appartements
secrets. Et ordre fut donné à la tourière de n’introduire aucun cavalier qui ne l’eût lue, méditée et
ne se fût soumis aux peines y portées ? Elle est trop précieuse pour de jolies filles, trop essentielle
à la police de la plupart des parthénons, trop honorable à l’équité de madame Jolicon, pour que je
la passe sous silence.
La voici transcrite sans ratures et dûment contrôlée. Je respecte assez le nom des contrôleurs
pour le taire.
ORDONNANCE
DE MADAME JOLICON
Nous, Magdeleine Jolicon, impératrice du premier bordel de Vénus, directrice de tous les cons,
pourvoyeuse éclairée des plus jolies filles, juge née des vits, couillons et lieux circonvoisins,
gouvernante de tous les pays chauds d’aucuns mâles et femelles de notre obéissance, à tous et
chacun de nos sujets, SALUT !
Vu la requête à nous présentée par la nommée Julie, fille charmante et digne de toute notre
protection, tendante à ce que le premier venu, sous prétexte d’un louis, ne la foute qu’après visite
faite de ses agrès ; vu encore la plainte jointe à la requête et à nous présentée par les nommées
Fanny, Minette et Lyndamine, disant que Julie requérante avait innocemment donné du plaisir et
reçu les beaux feux d’un quidam qui, en revanche, l’avait honorée de certains présents, appelés
chancre, chaude pisse, vérole et autres dons qui eussent pourri l’un des plus aimables cons de
notre dépendance, sans les soins assidus qu’elles se sont donnés pour rendre à cette jolie fille sa
première noblesse : Vu encore le rapport circonstancié de Long-vit qui personnellement
attaque Gâte-con ; conclusions du visiteur de nos culs ; tout considéré et notre conseil consulté,
avons déclaré, statué, ordonné ; déclarons, statuons, ordonnons, voulons et nous plaît ce qui suit :
CODE
DU BORDEL DE CYTHÈRE
ARTICLE PREMIER. — Il est ordonné à la sœur Foutanges, tourière de notre couvent, de refuser la porte
à quiconque ne consignera pas quatre louis pour répondre à ses hauts faits, et de la visite que
nous entendons faire de toute sa personne avant d’être introduit dans notre sanctuaire, sauf à lui
rendre une portion de la consignation selon les conventions fixées ci-après.
II. — Il est ordonné que toutes filles de notre juridiction auront à s’approvisionner sur-le-champ de
peignes pour friser leur poil, de pâte d’amande pour adoucir leurs fesses, de cuvettes d’eau de
senteur pour embaumer leur con, sous peine d’être fouettées publiquement pour la première fois,
privées de vits pour la seconde, et chassées pour la troisième.
III. — Il est ordonné que tout cavalier qui se présentera, outre la consignation ci-dessus, sera tenu
de comparoir par-devant nous et notre conseil, pour exhiber ses pièces, que scrupuleusement
nous examinerons, et de nous déclarer, s’il veut foutre un cul ou un con, afin que, d’après notre
visite et son choix, nous fixions les prix et appelions nos sujets.
IV. — Outre la propreté des couilles et du vit que nous recommandons à nos chalands, ils feront
preuve par-devant notre conseil de leur vigueur, et nous ordonnons que le plus faible vit bandera,
du moins, de quatre pouces trois dixièmes ; sans quoi il sera dédaigné et la consignation perdue.
V. — Quiconque voudra foutre un cul ne pourra foutre le con d’aucune de nos filles, à moins qu’au
prix fixé par nous pour un cul, il ne paye d’avance le double fixé pour le con ; voulons bien, pour ne
point surcharger nos amés et féaux chalands, plus exiger pour un joli cul, pour un con ferme et
étroit, que pour un cul flasque et un con large, vu que l’on n’est pas le maître de ses caprices, et
que, selon les saisons, nous nous contentons nous-mêmes d’un vit sans force, et qu’ensuite nous
désirons le plus fort et le plus dru.
VI. — Les prix sont différents, selon la diversité des figures. Il est d’abord statué que tout cavalier
n’entrera qu’à cul nu dans notre foutoir. S’il veut jouir de l’une de nos filles à cul nu, il payera le
quadruple de celui qui fera simplement lever les cottes sur le derrière ou sur le devant. Notre
humble modestie a dicté cet article équitable.
VII. — L’on ne foutra que de nuit et à tâtons. Les outils n’ont pas besoin de lumière pour se joindre.
Si quelque cavalier en exige pour contempler les appas de sa belle, il payera le double du prix fixé
pour la nuit.
VIII. — Le cul de nos aimables sujettes sera payé six livres ; leur con, un louis. Ordonnons en
outre que leur jeunesse et la couleur du poil augmenteront le prix. Le poil noir vaudra douze livres
de plus que le tarif général ; le brun en vaudra dix et le gris deux. Le poil blond vaudra dix écus en
sus, attendu que nous sommes dûment instruites du goût de nos messieurs pour les cons à poil
blond. Nous ne donnerons aucun prix au poil rouge : nous l’excluons pour jamais de notre
domaine.
IX. — Un con neuf, outre le prix déjà fixé, sera d’abord payé douze louis, quelle que soit l’ampleur
et la couleur de son poil. Ce prix diminuera selon le nombre des vits qui l’auront sondé. Statuons,
en conséquence, qu’il sera dressé un tableau où le nom de nos sujettes sera inscrit sur une
colonne ; et sur une suivante le nombre de fois qu’elles auront été fourbies ; nous nous chargeons
de l’exactitude de cet article.
X. — Seconde visite sera faite des couilles et des vits dans notre anti-foutoir, et quiconque sera
impuissant aura le fouet de la main de toutes nos sujettes, et sera chassé comme un lâche.
Ordonnons en outre que quiconque aura du mal au vit sera rigoureusement écouillonné. L’honneur
de notre empire exige irrévocablement cette cruelle précaution.
XI. — Sur les quatre louis consignés ès-mains de la sœur tourière, trois seront rendus au cavalier
qui lui présentera un certificat scellé de notre sceau, et lui donnera un coup de vit pour la repaître.
Un seul louis sera remis à quiconque lui refusera ce faible trait de l’amour, à moins que, fatiguée
de plaisir, elle n’accorde une dispense, ce dont nous lui octroyons le pouvoir.
XII. — La sœur tourière fera lire la présente ordonnance à tous ceux ou celles qui se présenteront,
et suivra notre présent règlement dans toute sa force, sous peine pour elle d’être dépilée par l’une
de nos filles, exploitée par le premier vérolé qu’elle admettra, en pleine cour, et avec toutes nos
malédictions, dont l’expulsion sera le terme.
Si, donnons en mandement à tous maquereaux, raccrocheurs de femelles, tourières et
introductrices de nos antres sacrés, filles que nous gouvernons et autres à venir, qu’ils aient à
exécuter et faire exécuter notre présente ordonnance, sous les peines arbitraires que nous
jugerons à propos d’infliger ; car tel est notre plaisir.
Donné à Cythère, dans notre premier foutoir, l’an douzième de notre surintendance.
Signé : JOLICON
Et, plus bas :
BEAUVIT.
⁂
Cette sage ordonnance nous mit à couvert de tous les maux qu’éprouvent tant de millions de filles,
dont tous les talents, pour vivre, se bornent à bien exprimer le suc vital. Tous les fourbisseurs à
semaine craignirent pour leur vit ; un seul osa s’exposer et fut gravement châtré. Cette nécessaire
rigueur effraya nos élégants à toute sauce, et nous ne vîmes que d’honnêtes gens. Le barreau, les
sciences, le ministère, la finance, le clergé nous donnèrent de délicieuses pratiques. La plus
grande de mes malices sera de rappeler quelques traits de ces états divers ; et ma conséquence
la plus générale sera toujours que tout a été au mieux pour moi et du moins très bien pour nos jolis
messieurs qui n’ont pas eu lieu de se plaindre de nos ébats amoureux. C’est toujours beaucoup de
les avoir garantis du danger qu’on court dans les parthénons.
CHAPITRE III
L’ordonnance était à peine affichée que deux jeunes agréables se présentèrent à deux heures l’un
de l’autre. Le premier était un grave conseiller dépouillé de sa robe rouge et de son ample
perruque. Il voulut d’abord essayer avec Foutanges les forces qu’il prétendait nous apporter.
Foutanges en fut éprise. Un demi-louis eut le secret de lui faire lever ses jupes ; elle eut la bonté
de se laisser fourbir en dépit des règlements ; et sans prévoir que l’on pût s’en douter, elle
introduisit le magistrat assez content de ses épreuves. Il nous parut assez mince dès l’entrée :
l’exploitation de ses pièces en démontra la raison.
— Comment, morbleu, s’écria notre maman, votre vit sent encore le con, et vous osez vous
montrer ! Sachez, monsieur, qu’un conseiller ne nous tente pas ; je ne veux pourtant pas vous
chasser ; avouez la vérité, et je me réserve de prononcer selon les règles de l’équité. Mon code
vous est peut-être inconnu ? C’est la seule excuse que je puisse supposer pour vous pardonner.
Le robin humilié crut gagner beaucoup en découvrant les faiblesses de Foutanges ; il gâta la
besogne. Foutanges fut condamnée, selon la rigueur de l’ordonnance, à perdre son poil. Je l’en
dépouillai moi-même, à regret, parce qu’elle était encore jeune et que le temple était en bon état ;
mais elle n’a pas continué d’être sage, et elle a été congédiée. Je dirai le pourquoi vers le temps
de sa honte.
Si l’on ignorait que l’ânerie du clergé ne tombe que sur la théologie et qu’il est des plus savants
dans l’art de la volupté, l’on ne se persuaderait pas que nous dûmes à ce qu’on appelle un docteur
la plus savante leçon de plaisir sensuel. C’est cependant à la profonde manœuvre de monsieur
l’abbé de Pilecon que nous eûmes l’obligation d’une foule de découvertes que je vais bientôt
rendre publiques.
Foutanges, honteuse et dépilée, proposa-t-elle encore à cet abbé de parcourir ses charmes ? Je
l’ignore et m’en inquiète peu. Ce petit sémillant, que nous n’eussions pas reconnu s’il n’avait parlé
lui-même de ses bénéfices, entra dans la salle de l’assemblée dans l’instant de la visite que nous
faisions régulièrement de nos pays chauds : parce qu’il était arrêté entre nous que jamais nous ne
troublerions l’ordre de nos menstrues, que chacune en compterait les périodes et les prouverait,
afin que chacune eût sa dose de plaisir et de fatigue, et qu’aucune ne fût la dupe ou le supplément
des autres. L’on n’avait excepté que le choix de la fille, selon la rigueur de l’ordonnance de notre
chère reine.
Monsieur l’abbé, malgré notre vigilance, eut le temps au moins d’entrevoir la couleur et l’élégance
des fentes qui étaient à l’air. L’on voit d’abord que Foutanges avait ménagé ce moyen de donner à
monsieur l’abbé une scène appétissante. Elle eut le cul déchiré pour cette faute que l’ordonnance
n’avait pas prévue. En attendant, le grivois alerte eut du plaisir.
Écoutons-le.
Au premier bruit les jupes furent sur les talons, et la maman, d’un air auguste, lui demanda ce qu’il
désirait.
— Madame, dit-il, je désire, pour mon argent, me décharger d’un fardeau brûlant sur le sein de
cette aimable fille que voici. Il montrait Fanny.
— Monsieur a lu l’ordonnance apparemment, répond madame Jolicon.
— Oui, répond-il.
Et sur-le-champ il met bas sa culotte. Madame jugea qu’il était dans les règles, et nos deux
athlètes passèrent dans le foutoir, tandis que nous continuâmes la visite des pays chauds.
Le combat nous parut long, parce que les conjoints furent ensemble plus d’une heure. Hélas ! la
charmante Fanny n’en jugeait pas de même, elle eut des mots, et point de baume, des
mouvements de la bouche et de faibles coups de piston qu’elle souhaitait. Sa douceur ne lui permit
pas d’en faire le moindre reproche à monsieur l’abbé : elle eut même la complaisance de le
reconduire en chemise et de consentir qu’en recevant ses adieux il eût encore la consolation de
porter la main sur ses fesses et sur leur tendre faubourg.
Dès qu’il fut congédié, elle revint à nous en riant.
— Malgré mon espoir, dit-elle, je ne suis pas lestée ; mais j’ai dans la tête une science nouvelle :
cela peut être utile ; voulez-vous en profiter ?
— Es-tu folle, s’écria notre maman, avec ta science ? parbleu ! nous voulons toutes être savantes
dans l’art de foutre ; c’est là le véritable optimisme. Va-t’en au diable si tu parles davantage
science.
— Eh non ! maman, répondit Fanny ; il ne s’agit précisément que de cela. Au dire de ce profond
abbé, il est un art de s’accoler en cadence, d’amalgamer nos liqueurs avec la science, d’enfoncer
une fille et de parler en la sondant, le langage des docteurs. En un mot, il est un art de donner à
tous nos plaisirs des noms savants, qu’il ne sait qu’à peu près. Si vous le voulez, vous aurez
bientôt un seigneur à poil qui se fait fort de nous instruire toutes, en trois leçons. Décidez-vous,
demain il doit revenir et prendre vos ordres.
— Je me fous des noms, dit Jolicon en colère. Eh ! que m’importent-ils, mes chères enfants,
pourvu que l’on soit propre et que vous soyez satisfaites ?
— Peut-être, répond Fanny, les noms seront-ils de votre goût ? Tous les élégants qui nous visitent
n’aiment pas qu’on leur parle sur le ton du bordel. Qui sait si des noms plus savants ne nous
attireraient pas plus d’honnêtes gens ? L’on sait bien que, dans presque toutes les maisons, les
femmes se font savonner par leurs greluchons. Cependant il est convenu qu’elles n’ont que des
amis, et notre couvent a lui-même pris le nom décent de Parthénon. Enfin un mâle vous foutrait-il
plus mal, si, par exemple, en plein exercice, il vous disait que son prisme est au mieux dans
votre cylindre ?
— Quel drôle de langage ! s’écria madame Jolicon ; il faudrait être sorcière pour le comprendre.
Sais-tu. Minette, ce que cela veut dire ? Et toi, Lyndamine, qui es rusée, connais-tu le cylindre de
Fanny ? Cette bougresse radote, je crois.
— Maman, répondis-je, voulez-vous m’entendre ?
— Parle donc.
Et je dis :
— Dès que les choses subsistent, les noms importent peu. Et plusieurs personnes peuvent être
choquées de ceux de notre dictionnaire. Que je dise, par exemple, à un dévot : « Camarade,
bandes-tu ? Voyons ton vit ? est-il assez dru pour foutre un con qui demande une cheville d’un
pied ? » Il y a là de quoi épouvanter un pauvre diable de novice, tandis qu’avec des termes
savants je pourrais l’amener et lui faire faire l’exercice de l’amour.
Écoutons Fanny ; il est souvent à propos de se mettre à la mode, et l’on dit qu’une fille docteur a le
con plus chaud qu’une sotte. Voilà donc ce qu’il faudrait à nos messieurs, et je conclus à prendre
de la science, nos jolis minons en vaudront mieux.
Il fut arrêté que Fanny débiterait toute sa science, qui n’allait pas loin, en attendant la visite et les
leçons du lendemain. Et d’abord madame Jolicon lui demanda l’A B C de sa nouvelle doctrine.
— Maman, répondit-elle, je ne suis pas fière ; mon pauvre abbé était assez mal avitaillé, et de ce
côté-là je n’ai guère à m’en louer ; mais, en vérité, il m’a séduite par sa science et étourdie par je
ne sais combien de mots baroques dont je n’ai retenu qu’une très petite partie.
Écoutez-moi :
J’avais les jambes raides et le con ouvert, lorsque l’abbé, à cul nu, s’est approché.
« — Quel diable de vit avez-vous ! ai-je dit avec humeur.
— Charmante fille, a-t-il répondu, je sais qu’il ne fait pas avec mon ventre un angle fort aigu, et
j’avoue que sans ce cercle mignon dont tu m’offres les grâces, il ferait à peine une ligne
horizontale ; mais cela peut-être vous suffira, il faut en essayer. »
— Et tu as compris ce diabolique jargon ?
— J’y ai compris quelque chose.
— Quoi donc encore ?
— J’ai compris que son pauvre vit était sans ressorts, que le cercle féminin était un con, que…
etc… Oh ! ma foi, vous êtes trop difficiles : il doit revenir demain, vous vous expliquerez.
— Mais doit-il revenir seul ?
— Non, il m’a promis d’amener un académicien qui nous donnera des leçons fort géométriques, si
nous daignons lui prêter nos instruments. Pour moi, je me fais un plaisir d’en être toisée ; et
maman, je crois, ne se trouvera pas si mal entre ses bras.
— Toute réflexion faite, dit madame Jolicon, je pense, mes enfants, que Fanny a raison. Faites
demain, à votre lever, la toilette de vos minons ; appelez Vénus, faites-la présider à vos appas. Il
faut entendre un académicien ; ses gens-là savent tout. Qui sait s’il ne nous donnera pas des
secrets inconnus encore pour gagner de l’argent ? Ne négligeons aucune des routes qui mènent à
la fortune. C’est là, dit-on, la maxime de l’avarice. Je dis, moi, que c’est là le plus précieux
optimisme que je puis vous prêcher. Comment appelles-tu ce docteur, Fanny ?
— Je sais, dit-elle, que l’abbé se nomme Pilecon, mais…
— Mais, reprit la maman, tu nous donnes un nom charmant : Pilecon. Vous savez, mes filles, ce
que signifie ce nom auguste ; c’est à celui-ci que je me tiens, et je veux présider à la première
leçon. Quelle consolation pour moi si ces messieurs honoraient notre palais ! Si vous saisissiez ce
genre nouveau de vous faire foutre savamment, c’est alors qu’il ferait bon d’apprendre à nos
petits-maîtres qu’il est de leur intérêt de vous sonder souvent pour puiser dans nos charmants
cons le savoir que nos docteurs fourrés s’imaginent que l’on n’enseigne que dans leurs écoles,
dont les murs glacent d’effroi.
Ces ordres donnés et acceptés, nous pensâmes qu’il était temps de prendre du repos. Un
financier vint le troubler ; mais il nous parut si misérable à travers ses habits dorés qu’aucune de
nous n’était tentée de le recevoir. Il fallut pourtant feindre, parce qu’il s’était mis en règle et qu’il y
avait des pistoles à gagner. J’eus le malheur d’être nommée ; je dis le malheur parce que je ne
voyais qu’un bougre qui convoitait mon cul.
— Finissons vite, lui dis-je, je n’ai plus de ressort dans les fesses ; vous en tirerez le parti que vous
pourrez.
Le pauvre diable y fut pourtant si serré que je le forçai d’y faire une pénible libation.
Non content de ce sacrifice, il voulut encore tâter du devant, et pour cet effet il se plaça entre mes
cuisses ; mais tous ses efforts devenant inutiles, j’en exigeai deux louis, qu’il me donna, et je me
couchai.
— Cela va bien, dis-je, avec des louis on peut pencher vers l’optimisme.
Le jour suivant, de grand matin, notre maman reçut ordre d’un commis des Bureaux de lui envoyer
à sa petite maison une fille propre au plaisir et assez complaisante pour se prêter à ses caprices
sans nombre. L’on tira au sort à la vue de cent louis à partager, et le sort tomba sur Fanny.
— Cela ne se peut, dit-elle ; en dépit de l’envie que j’aurais de partager vos fatigues, vous savez
que j’attends notre géomètre et que…
— Cela est juste, répondit l’assemblée, et nous n’y pensions pas. Revenons au sort.
— Cela n’est pas nécessaire, repartit Julie ; je suis par vos soins sûrement guérie, disposée plus
que jamais au travail, et je me charge de cette besogne.
Nous nous amusâmes de concert à la parer de tous les attraits capables de faire honneur à notre
Bureau ; et à peine était-elle partie pour sa destination que l’on nous annonça le brave Pilecon
avec le savant que nous attendions.
Nous ne pûmes nous empêcher de rire à la vue des armes qu’ils apportaient.
— C’était, disaient-ils, des règles, des compas, des récipiangles, des équerres, des…
— Quel diable d’attirail ! s’écria madame Jolicon ; faut-il tant d’apprêts pour foutre ?
— Madame, répond l’académicien, tous ces outils sont nécessaires à la démonstration.
— À la démonstration ! dit-elle ; eh ! monsieur, démontrez que vous bandez fort, et l’on vous
démontrera que les cons, sur lesquels vous comptez, savent coiffer leurs glaives. Cela, me
semble, doit suffire. J’enrage quand j’entends tous ces sots termes qui ne font que retarder le
plaisir.
— Maman, dit Fanny d’un air auguste, vous savez que nous sommes convenues de voir ces
messieurs. Retirez-vous si le jeu ne vous plaît plus, après l’avoir approuvé : mes camarades et
moi, nous sommes curieuses. La première leçon qu’elles ont entendue en votre présence leur en
fait désirer une seconde. Trouvez bon qu’elles la reçoivent de ces messieurs.
ARTICLE PREMIER
Recrue de Julie.
PARAGRAPHE II
— Pas trop, dit-elle ; je vous ai déjà dit que ces seigneurs-là sont anéantis. Voulez-vous du détail ?
en voici…
Monseigneur, à mon arrivée, était plongé dans un bain aromatique ; il en sortit pour me recevoir ;
toutes les pièces dont j’avais besoin étaient imprégnées d’odeur. Son pauvre vit n’en était pas plus
noble. Pour lui donner de la vigueur, il m’a fait passer sous ses yeux, dans un autre bain, qu’il
m’avait fait préparer, et m’a priée de ne lui cacher aucun de mes charmes. Il s’est lui-même chargé
d’ôter mes jupes et ma chemise, et m’a frottée dans le bain depuis le nombril jusqu’au croupion. Ô
douleur, tous ces préludes ne retendaient pas ses ressorts usés.
« — Essayons, me dit-il, d’un moyen que j’ai imaginé ; si tu réussis à me faire bander, je te donne
pour ta part dix louis. Sois donc assez complaisante pour te prêter à toutes les scènes dont je veux
goûter ; tu vois que ton profit en dépend. »
Monseigneur se met le derrière sur un fauteuil assez haut pour ma taille, me fait approcher la tête
et les mains, place son vilain vit sur ma bouche et m’en remet les flasques agrès. J’ai eu beau les
patiner, frotter l’outil avec mes lèvres, qui le tétaient, l’indocile n’a pas donné le moindre signe de
vigueur.
— Faisons une autre épreuve, a-t-il ajouté d’un air humilié.
Il me prend donc entre les fesses et me plante sur ses épaules, jambe de çà, jambe de là, de sorte
que sa barbe se confondait avec mon poil, et que sa bouche en sautoir me croisait le con.
— Veux-tu bien ouvrir ta petite fente ? dit-il.
La position n’était pas favorable ; mais j’ai tant fait d’efforts que la porte s’est ouverte. Il met alors
sa langue sur ce limbe bouillant, et sa langue, plus puissante que son vit, se replie, s’allonge, entre
de plus d’un pouce, et me fait faire une secousse qui lui a fait mordre plus de la moitié de ma
toison. Cependant il me soutenait sous les fesses et les chatouillait d’une main, tandis que de
l’autre il se branlait. Tant d’efforts ont prouvé son impuissance absolue ; mais que m’importe, j’ai
reçu les dix louis, parce que, de son aveu, j’ai tenté l’impossible pour réveiller son engin, et je suis
au mieux. Mais jamais il ne pourra foutre, à moins que d’abord il ne garde un régime de dix ans et
qu’il ne boive une tonne d’élixir.
Nous n’étions pas assez sottes pour être jalouses de la petite fortune de Julie ; elle venait de la
gagner par ses complaisances, et nous l’en félicitions de bon cœur, lorsque l’on nous annonça sa
recrue.
— Cela en vaut la peine, et je suis grosse de voir un con à poil de deux pieds et une jolie fille qui
commande aux vits. Elle aurait bien dû protéger celui de ton monseigneur : ta cuvette et ta bourse
s’en seraient encore mieux trouvées.
— Je ne l’avais pas sous la main, répond Julie ; allons recevoir et fêter ces deux compagnes de
nos plaisirs et de nos sublimes combats.
Il faut avouer que le port de la Bascon m’étonna ; imaginez-vous une coquine, dont les yeux
grands et noirs étaient armés de sourcils nombreux et bien nourris ; deux tétons, dont la saillie est
si rare, étaient à découvert et montraient une gorge profonde qui m’aurait tentée si j’eusse été
mâle. Une cotte leste et courte laissait voir une jambe fine et proportionnée et se relevait si haut
qu’elle faisait soupçonner un cul d’une rondeur et d’une puissance enchanteresses. Lorsqu’elle
marchait, l’on voyait, comme en cadence, se remuer successivement deux fesses, que l’on
distinguait à l’œil et que l’on souhaitait d’admirer. D’après cette faible idée, qui n’est que celle de la
première vue, l’on peut juger des grâces qu’elle voilait, et qui me ravirent lorsque nous eûmes la
permission de les contrôler.
Le Culrond était une jeune blonde, mise en Beauceronne, avec quatre jupes sur le cul, qui le
renflaient au lieu de le dessiner : d’assez beaux tétons en apparence, des grâces dans la
démarche et une vivacité qui la fit tant sauter en nous embrassant qu’elle laissa entrevoir le joli
portail, qui nous parut bien conditionné ; mais ce qui nous frappa, c’est un coussin qu’elle portait
avec elle, qui nous sembla construit d’une forme singulière et assez inutile au métier qu’elle
embrassait.
PARAGRAPHE III
ARTICLE II
PARAGRAPHE PREMIER
Droit de l’épiscopat.
PARAGRAPHE II
Nous rentrâmes vers les quatre heures du matin, très étonnées de ne plus voir Foutanges et
d’entendre notre maman qui jurait encore, tant sa colère était vive et bouillante. Nous ne nous
amusâmes point d’abord à contempler les charmes de la nouvelle tourière qui nous attendait, et
nous perçâmes sur-le-champ jusque chez madame Jolicon pour lui donner des nouvelles de notre
singulière nuitée ; elle ne nous donna pas le temps de commencer.
— Soyez les bienvenues, mes enfants, nous dit-elle en nous sautant au cou ; il s’est passé
d’étranges scènes ici tandis que vous en donniez sûrement de bien plaisantes chez votre
vicomtesse.
— Qu’est-il donc arrivé ? Je m’aperçois bien, dis-je, que Foutanges ne.....
— Arrête ! s’écrie la maman encore furieuse, si jamais tu prononces le nom de cette bougresse, je
te foutrai à la porte ; et puis, s’adoucissant, parce qu’elle sentit bien qu’elle m’outrageait, si tu
savais, ma chère fille, à quoi cette gueuse de Foutanges nous exposait, tu ne lui pardonnerais de
la vie.
— Je le crois, maman ; vous allez sans doute nous dévoiler son crime et le motif de cette violente
colère.
— Écoutez, vous autres, continua-t-elle. La pauvre Minette, Bascon et moi, nous avons couru les
plus grands dangers ; malgré la sagesse et la rigueur de mon ordonnance, vous n’avez pas oublié
les prudentes précautions que le douzième article prend pour guider la tourière, et la terrible
punition qui est attachée à sa négligence. Eh bien ! cette foutue coquine a fait entrer, hier, à neuf
heures, et sans faire consigner un seul liard, une putain et un polisson qui ont manqué
d’empoisonner toute la maison. Cette malheureuse s’est présentée en vierge, et je me promettais
déjà le plus grand prix de son pucelage, lorsque, la visitant, j’ai vu un diable de con fait pour
recevoir un vit d’éléphant, ou, pour mieux dire, le con et le cul ne faisaient plus qu’une ouverture,
qui m’a renvoyé une odeur infecte et fait reculer d’une toise sans oser continuer mon examen. J’ai
pris l’unique parti de lui répondre que nous pourrions nous arranger ; mais qu’au préalable j’avais
un autre devoir à remplir, c’était d’examiner les pièces de l’embaucheur. Je l’ai fait placer sur le
bord du lit, à cul nu, et j’ai vu, j’enrage quand j’y pense, j’ai vu le vit le plus ulcéré, le plus pourri
qu’il soit possible de rencontrer. Dans ma fureur, j’ai pris un couteau, j’ai coupé toutes les
dépendances de son impudente virilité, et je l’ai fait jeter par la fenêtre qui donne sur le derrière de
la maison, qui du dehors paraît murée ; j’en crains encore les suites.
Après cette expédition, je suis revenue à ma putain.
« — Vous êtes une foutue salope, lui ai-je dit ; le cul à terre, sacrebleu, je veux encore voir votre
con. »
Je l’ai tondue jusqu’à la racine, ai tamponné son puant trou avec son poil et l’ai plantée à la porte.
J’ignore ce qu’elle est devenue ; mais pour ma gueuse de Foutanges, je l’ai traitée comme mon
ordonnance l’en menaçait : Minette l’a rasée. Ce gros lourdaud de Pierrot, qui est ici près et qui a
la vérole jusque dans les dents, l’a fourbie trois fois en notre présence, et à l’appât d’un écu de six
francs. J’ai fini par la conduire dans la rue en lui donnant vingt coups de pied au cul et toutes les
malédictions que me dictait ma fureur.
— Vous avez fait sagement, dîmes-nous toutes ensemble ; si l’on n’était rigoureux sur les articles
de notre police, nous ne serions sûres de rien. Tout cela est bien dit, ajoutai-je : mais je ne vois
pas encore l’objet que j’espérais. La sublime géométrie me revient quelquefois à la mémoire, et je
comptais, après avoir dormi, sur une leçon nouvelle. Notre savant serait-il dégoûté d’avoir été deux
fois interrompu ?
— Ma foi, dit la Bascon, j’en serais au désespoir ; j’aime les expériences de ce grand homme ;
allons nous coucher en l’attendant.
Nous prîmes ce parti et nous rentrâmes dans nos appartements.
ARTICLE III
Remarquez, s’il vous plaît, mes chers lecteurs, qu’il faisait un chaud d’enfer, et que, pour se
rafraîchir, chacune de nous s’étendit sur son lit à l’italienne, c’est-à-dire sans chemise ; malgré
cela, nous étouffions. Je dormis à peu près pendant deux heures, et, me réveillant en sursaut, je
vis devant le miroir un corps nu qui faisait l’exercice, et qui, enfin, le corps penché en avant,
promenait doucement ses mains sur ses fesses.
— Qu’est cela ? récriai-je ; cache ton cul, vilaine.
— C’était la Culrond qui répétait sa leçon et qui me fit lever. Nous la répétâmes encore ensemble
sans bruit, et nous étions en très bon train lorsque madame Jolicon, seulement couverte d’une
espèce de corset qui soutenait ses flasques tétons, ouvre la porte, et nous avertit que notre maître
demande à entrer.
— Parbleu, maman, dis-je en riant, nous sommes disposées à le recevoir. Nous examinions si
mon cul fait un arc de cercle bien parfait. Vous voyez que nous nous instruisons et que nous
attendons nos braves.
— Le savant est seul, répond la Jolicon qui l’appelle à l’instant.
Il vole vers nous.
— Vivent vos appas, mes charmantes, s’écrie-t-il, il faut que je les caresse, s’il vous plaît ; cela me
donnera du feu pour compléter vos leçons. Que sont donc devenues nos aimables disciples ?
— Voyez-vous ce petit con qui se montre hors du lit ? lui dis-je en lui montrant Julie, qui avait le
ventre en l’air.
— Ah ! parbleu, s’écria-t-il, gardez le silence ; je réveillerai celle-ci à coups de piston. Lyndamine,
voulez-vous bien la mettre on bon état ?
— Volontiers, monsieur, ajoutai-je ; pour la rareté du fait et pour vous obliger, je serai témoin de
vos œuvres.
Notre maître mit en foire ses pays chauds. J’en fais la toilette ; je passe, je repasse les mains sur
son mince outil, comme on les frotte sur le dos d’un chat.
— Cela, dis-je, aurait quelque besoin du coussin.
— Non pas, mignonne, répond-il en me serrant les fesses ; il reviendra sous vos doigts.
Je réussis, en effet, à lui procurer une érection glorieuse. Je m’en saisis, et l’approchai du lit, sur le
bord duquel la Julie étalait son con. J’eus encore la complaisance d’entr’ouvrir les belles lèvres. La
tête du vit était déjà dans son domaine qu’elle ne s’éveillait pas encore. Enfin, le géomètre devint
fougueux, donna un si furieux coup de cul que son vit entra de deux pouces de plus. La belle Julie
se place alors machinalement dans la posture la plus favorable, et mon savant, sans déconner, la
fout de la meilleure grâce du monde. Elle ne fut sérieusement réveillée que par l’effort que le grave
fourbisseur fit pour sortir de son fourreau.
— Ah ! quel rêve ! dit alors Julie en bâillant.
— Quoi ! dis-je, viens-tu de rêver ?
— Oh ! je viens de faire l’un des plus charmants rêves : non, le mâle le plus vigoureux ne donne
pas tant de plaisir. C’est Cupidon, c’est l’Amour lui-même qui vient de me caresser.
— Vois son sceptre, répondis-je en lui montrant le vit mathématique.
Elle en parut étonnée ; il fallut rire, et nous reprîmes la troisième leçon.
Le géomètre ouvrit la bouche et dit :
— Mes belles dames, j’ai plusieurs fois interrompu les leçons que vous exigez de moi, parce que
des arrangements précipités vous appelaient ailleurs. Il faut cependant finir ; j’ai mes occupations
à part. J’ai donc pris le parti de faire dessiner par un graveur toutes les parties de nos pays chauds
qui sont relatives à la suite de mes leçons. Les figures géométriques sont à côté et désignées par
les mêmes lettres ; il n’y a plus à se tromper. Je vais en deux mots vous les expliquer.
Remarquez ce derrière braqué. Je ne dis plus que c’est une portion de cercle ; j’assure encore que
c’est une parabole bien décrite dont l’axe traverse le rectum. Nos graves outils en sont le foyer ;
vous pourrez prolonger la parabole.
Un peu plus bas, sur la même planche, est une grande fente ouverte, et dont les deux trous que
vous connaissez sont les deux foyers ; c’est la véritable ellipse gravée à côté. Je souhaiterais vous
montrer une cycloïde, mais il me faudrait pour cela un petit ventre renflé par mon pouvoir, et je ne
jouis pas de cet avantage. Il vous sera facile d’y suppléer par la planche.
Passons aux angles, qui sont le résultat de deux lignes, et de là au triangle rectangle, qui est le
plus curieux. Un vit qui bande fort fait avec son homme un angle aigu. Les cuisses femelles
forment, en s’écartant pour recevoir un conquérant, un angle plus ou moins aigu. Cela dépend de
leur vigueur et de leur amour.
Examinez attentivement le triangle rectangle : l’un de ses côtés est d’aplomb, commence à la
dernière vertèbre de votre os sacrum, passe verticalement par la gouttière du cul et se termine au
bas des fesses. Une autre ligne de niveau va du bas des fesses entre les jambes et se termine au
con. Voilà d’abord l’angle droit dont les côtés sont inégaux. Si donc une autre ligne passait par ce
précieux trou et pouvait joindre intérieurement cet os sacrum, elle serait l’hypothénuse, et formerait
le plus beau, le plus fécond de tous les triangles rectangles.
— Le diable emporte un géomètre, dis-je alors, il me fait souvenir d’une dispute que j’ai
quelquefois entendue sur l’hypothénuse, et l’on y calculait des carrés, des… Ma foi, je n’y voyais
goutte. Qu’est-ce donc, mon bon monsieur ?
— C’est, dit-il, ma belle enfant, que le carré de l’hypothénuse est égal au carré des deux autres
côtés. Ne perdez pas de vue la planche ; c’est sur votre joli cul que je veux en faire la
démonstration.
Je m’approche ; il baise voluptueusement mes fesses, plante l’aplomb sur mon dos et me fait
passer entre les cuisses un niveau aussi froid que ses mains étaient bouillantes. Les glaces de l’un
furent oubliées en faveur du feu des autres.
— Nous y voilà, dit-il. L’aplomb me donne huit pouces de hauteur ; c’est la mesure du plus superbe
cul. Le niveau m’en donne six ; ce qui prouve encore quelle est la magnifique saillie de vos
augustes fesses. Calculons maintenant. Le carré de huit, c’est soixante-quatre. Le carré de six,
c’est trente-six : ajoutons-les, leur somme est cent. Quelle est la racine de ce nombre ? Dix.
Remarquez ceci, mes chères disciples. Je conclus que l’hypothénuse racine doit être de dix
pouces.
— Et moi, répliquai-je en lui faisant une révérence, je conclus que j’ai de grosses fesses et le cul
haut ; mais il me faudrait une racine pour planter et une hypothénuse pour terminer le triangle.
— La voici, dit-il insolemment en montrant son vit.
— Vous foutez-vous de mon con, monsieur le docteur, repris-je. Ce vit sera toujours une pauvre
racine ; jamais elle ne prendra. D’ailleurs, votre hypothénuse doit être de dix pouces, et jamais
vous n’avez pu en tirer une ligne de cinq pouces. Nous sommes loin de compte, et cela ne me met
pas au mieux.
— Ma foi, dit la Culrond, monsieur compte sur mon coussin, et, pour faire plaisir à Lyndamine, je
vais l’amener à bien.
Elle place elle-même sur son puissant coussin le cul de mon maître selon l’art ; et, pied de roi en
main, j’eus la consolation de le voir bandant de dix bons pouces.
— Vous êtes en règle, m’écriai-je, foutez vite et jouons de l’optimisme.
Son vit était charmant, semblait prendre de la raideur. Je le sentis au fond de la poire, et il eût
atteint mon os sacrum, si je n’avais craint des accidents. Cependant, je passai la main droite entre
les deux outils, et il s’en fallait encore d’un bon pouce que le vit ne fût enfoncé jusqu’aux couilles.
Je fis cette savante observation, et mon docteur en conclut que mon sacrum, l’épaisseur de mon
viscère et de ma toison, devant entrer dans sa proportion, son calcul était juste. Je le priai de me
rapporter souvent son hypothénuse, qui se renferma dans son béguin pour donner le temps au
bourgeois de poursuivre ses leçons.
— Je suis aux solides, continua-t-il. La belle Lyndamine a reçu dans un des cylindres les plus
parfaits un prisme quadrangulaire, dont la tête est ellipsoïdale. Jamais prisme ne fut plus
géométriquement circonscrit. Les charmants tétons…
Il ne put achever. À mes pieds venait de tomber l’aimable Bascon presque sans connaissance.
L’on enlève la chère malade ; on la porte sur un lit, et l’on appelle du secours et des élixirs. La
charité de mon maître exerça son zèle jusqu’à la fin. Il étendit lui-même la mourante, dont les
jambes se repliaient sur son corps, et ne s’aperçut pas d’abord d’un phénomène qui me fit frémir
en silence.
Il était si pressé de la placer le plus commodément pour son état qu’il ne voyait qu’une infirme,
sans ouvrir les yeux sur les incidents. L’on sait que cette fille avait au con un poil vigoureux et
d’une longueur énorme. Ce curieux poil se détachait sous la main du géomètre sans qu’il y prît
garde. Il n’en fut frappé qu’en se retirant les mains couvertes de la toison de la malade, dont la
pauvre fente était si dépouillée qu’il n’en restait pas une racine. Il voulut s’approcher pour examiner
la cause d’une telle révolution. Il sortit du con une vapeur putride qui le fit reculer de dix pas en
hurlant. Nous eûmes enfin le malheur de voir le con s’ouvrir comme celui d’une accouchée, la
matrice se tourner comme un gant et former une bourse semblable aux couilles d’un mâle. Son
clitoris s’allongea proportionnellement et parut comme un vit sur son repos. L’instant d’après il se
gonfla et s’allongea de trois pouces.
Cette métamorphose, dont j’abandonne la solution aux médecins, nous faisait pleurer et rire ; mais
bientôt les larmes nous gagnèrent. La malade mourut dans des convulsions effrayantes, et mon
maître, confondu, fut si épouvanté qu’il court encore, je crois, car jamais depuis je n’ai eu de ses
nouvelles.
L’on se doute bien que le deuil fut dans la maison. En pleurant la belle Bascon, j’eus pourtant
l’attention de recueillir son poil pour en faire un coussin à l’instar de celui de la Culrond. Il n’est pas
de con vierge, disais-je en faisant mon petit calcul ; il est cependant né autour d’un con, et ce
privilège me présage ses vertus. J’en fis un godmiché, dont j’ai fait présent à une religieuse de
mes amies, qui m’avait confié ses petits besoins ; elle m’en a cent fois remerciée et assurée que
ce nouvel outil semblait être animé, et que, par une force magnétique qu’elle ne pouvait expliquer,
toutes les fois qu’elle l’approchait de son pauvre minon souffrant, elle le sentait frétiller sous sa
main ; en un mot, qu’elle lui devait une source féconde de plaisirs secrets.
J’invite, d’après cette épreuve, toutes les femelles à long poil d’en former un pareil instrument et
d’en gratifier tant de misérables recluses dont leçon brûle et qui n’ont que la triste ressource d’un
gros doigt qui ne fait aucun bien, ou d’une bougie qui n’en fait que dans l’instant pour les rendre
malades ensuite. C’est alors peut-être que tout sera pour le mieux sur la terre.
Notre deuil dura quinze jours, et nous jeûnâmes rigoureusement pendant ces deux semaines ;
tous les chalands furent congédiés.
À la fin du deuil, que madame Jolicon avait elle-même fixé, nous nous attendions à des plaisirs
nouveaux et nous ne fûmes pas trompées. Faut-il qu’ils aient été si peu durables et que je suis
obligée de…
Parlons de nos amoureux travaux ; je ne dois pas regretter le passé ; tout est encore au mieux
pour moi, et je défendrai le délicieux optimisme dont je donne de si charmants traits jusqu’à ce que
je sois privée de la lumière.
Continuons notre histoire.
PARAGRAPHE PREMIER
Anecdote anglaise.
Le premier agréable qui se présenta fut un Anglais, qui ne nous donna la préférence que d’après
notre réputation. Il avait appris de nos bons amis que nous étions extrêmement propres, que nous
donnions des plaisirs sans remords et que nous choisissions scrupuleusement nos chevaucheurs.
Son arrivée fut précédée d’un souper complet, dont la vue nous tira de nos images funèbres. Nous
nous remontâmes sur le bon ton, et nous étions lavées, parées, aromatisées, lorsque le milord
parut. C’était un jeune sémillant, et qui se croyait un hercule parce qu’il se sentait quelquefois gêné
dans ses culottes. Il n’avait pas voulu s’éprouver et voir que cette gêne n’était que momentanée, et
que l’instant d’après le laissait dans son impuissance. Mais que fait cette remarque à nos plaisirs ?
À son ordre nous fûmes toutes embrassées, chiffonnées. Nous nous mîmes ensuite à table. L’on
mangea, l’on but du meilleur et largement.
Le souper dura quatre heures, c’est-à-dire que durant quatre heures notre Anglais nous vit, nous
entendit, et fit ensuite son choix, qui tomba sur Fanny et Julie ; car il était modeste et n’osait s’offrir
à des combats plus nombreux. Le cher mâle y eut échoué.
Tandis qu’il nous lorgnait toutes, il ne se doutait pas que, de mon côté, je faisais aussi mon petit
choix, et que j’eusse été fâchée de goûter de sa pomme. Il avait pour laquais un nègre, grand
grivois bien découplé, et qui nous servait avec des grâces qui me tournèrent la tête.
— Parbleu, dis-je tout bas, un milord est assez souvent plus mal outillé qu’un paysan. Il faut que je
tâte de ce noir ; cela peut être bon. Après tout, j’en essayerai, c’est ma folie, et vaille que vaille.
Tandis encore que je faisais à part ces curieuses réflexions, milord appela ses deux belles, et nous
invita à la première, qui valut un louis à chacune des spectatrices ; nous nous crûmes
honnêtement récompensées. Il est en effet certain que messieurs les Anglais sont généreux, et
qu’ils payent toujours noblement les plus faibles nuits. Dans les termes de l’art, l’on pourrait en
vérité les appeler des nuits blanches.
Le premier tableau que nous présenta milord fut, selon l’usage de la plus fine volupté, celui de la
nudité absolue. Un large sofa attendait les victimes. Il se mit entre elles et les pria de le caresser,
tandis qu’à droite et à gauche il fit la visite de leurs charmes. Lorsque nous y pensions le moins, il
se met en équilibre la tête en bas, et invite Julie à l’embrasser, c’est-à-dire à placer sa tête entre
les cuisses anglaises et à les serrer dans ses bras ; ensuite à se coucher un peu vivement et à
faire un effort du cul pour relever ses jambes !
Nos jeunes polissons font souvent cette petite manœuvre, qu’ils appellent pet-en-gueule.
Nous ne pûmes nous empêcher de rire de l’activité des deux actrices. Tandis que dura cette scène
originale, il est constant que milord eut toujours le nez sur le con de Julie et que celle-ci eut la
bouche sur les couilles de son combattant. Ce conflit, qui dura une demi-heure, n’en donna pas
plus de ressort à la flèche anglaise. Je plaignis Julie, qui suait de fatigue, et me retirai pour
éprouver mon nègre, à qui j’avais fait le mot.
Le compère, qui se doutait que je ne l’avais prévenu que pour lui donner du plaisir, m’attendait
avec impatience dans l’appartement que je lui avais désigné. En y entrant, je le trouvai prêt à
l’ouvrage ; le matelas préparé, les habits dans un coin, les…
Je fus presque surprise de le voir me sauter au cou, m’enlever sous les fesses, m’étendre sur
l’autel, lever mes jupes…
— Es-tu donc pressé, camarade ? lui dis-je.
— Jugez-en, répond-il en me montrant un vit dont la force est très rare.
Mais avant d’y goûter, j’étais curieuse d’en parcourir toutes les dépendances.
— Je vois, repartis-je, que tu es un bon enfant ; il faut donc que je t’assure que je suis une bonne
fille. Contemple tous mes appas, puisque tu me présentes tous tes biens ; sers-moi de valet,
compère.
Et voilà mon drôle qui se tourne autour de moi, met bas mes cotillons, délasse mon corset, enlève
ma chemise, et par intervalles baise mes tétons et les pelotonne, frotte mes fesses, chatouille ma
fente, et me donne partout de vigoureux coups de ce superbe outil, qu’il bouillait d’enfoncer.
Je jugeai à propos de l’éprouver encore.
— Qu’as-tu donc au vit ? lui dis-je, ce n’est point là du poil. Approche, que je te visite.
Il remet dans mes brûlantes mains le sceptre de l’amour. Pour m’amuser, je lui donnais de temps
en temps, en parcourant sa toison de laine, quelques coups de doigt pour le rabattre. C’était
réellement travailler à l’anéantir ou à lui donner un feu nouveau. J’eus la satisfaction de voir une
crête qui me parut d’autant plus magnifique qu’elle terminait un prisme plus vigoureux. Je lui
permis alors de monter à l’assaut.
L’escalade fut bientôt faite. En un instant, je fus enfoncée. Je reçus vingt coups de glaive, qui
m’enchantèrent, et mon nègre sembla se reposer.
— Es-tu las ? m’écriai-je en frappant d’une main sur ses fesses et en le prenant aux couilles de
l’autre.
Cette question ranime le noir ; je sens que le dard impérieux se regonfle et s’allonge. Il redoubla
ses libations avec tant de force que toute ma chère palatine en fut inondée, et je lui en fis un petit
compliment.
— Dis-moi, mon fils, tous les nègres foutent-ils aussi bien que toi ?
— J’ose vous l’attester, répond-il. Dans nos climats, nous avons les couillons chauds, et nous
fabriquons sans cesse de la graine pour vos colonies.
— Et vos femelles, repris-je, ont-elles le con assez ferme pour vous soutenir ?
— Eh ! vous n’y êtes guère, repart mon gars. Nos femelles ne soupirent que pour un vit ; elles
préfèrent, il est vrai, le vit des blancs, comme nous courons après les cons européens ; mais soit
dit, ma belle, sans vous outrager, cette jolie fente que je viens heureusement de sonder ne vaut
pas encore nos petits cons africains.
— Petits ! m’écriai-je surprise, badines-tu ?
— Eh ! non, répond-il, il faut cent coups de vit pour les ouvrir, et c’est là ce qui nous enchante ;
mais aussi c’est là ce qui démonte quelquefois nos pièces ; et je vous en citerais mille exemples.
— Je ne suis pas curieuse de tes exemples, lui dis-je, mais je le suis fort de voir un de ces cons ;
procure-m’en la vue, mon cher, en grâce, et je te payerai sur ce matelas.
— Je m’y engage, riposte le nègre ; milord, mon maître, veut foutre encore pendant la prochaine
nuit, et a commandé un second souper ; faites demain la malade, afin de ne pas être de ses élues.
À l’heure décente, j’amènerai une négresse de mes amies avec laquelle nous nous amuserons
sûrement.
— Viens, que je t’embrasse, m’écriai-je ; en comblant mes vœux, tu mériteras que je me prête à
tous tes désirs ; je compte sur ta parole.
Avant de nous séparer, il me remit lui-même dans le même état dont il m’avait dépouillée et me
laissa la maîtresse de son magasin. Rien n’échappa, tout me passa par les mains ; mais il fut
modeste.
— À demain, dit-il en s’éloignant.
Je me gardai bien de rien dire de mon aventure et du projet de la nuit suivante. Je m’étais retirée
de bonne heure, à raison d’infirmité ; et je ne parus réellement le lendemain qu’avec un air ennuyé,
une toilette chiffonnée, ce qu’on appelle un déshabillé. Le soir de ce charmant jour, je m’égayai
avec la compagnie, qui fut charmée de me voir en meilleure santé. J’affectai pourtant une
langueur, qui me permit de quitter la société après m’être bien lestée. Milord s’aperçut à peine que
je m’absentais, et mes camarades ne doutèrent pas que j’allais puiser dans les bras de Morphée
une vigueur qu’elles me souhaitaient. Ce fut dans les bras d’une ravissante négresse que je la
puisai.
Pour la satisfaction de mes lecteurs, il faut bien que je leur fasse part de cette petite anecdote.
PARAGRAPHE II
Anecdote nègre.
Mon fidèle nègre m’attendait dans l’appartement de la veille ; et selon les premières conventions, il
s’était mis sous la peau du père Adam. La belle négresse qu’il avait amenée part du fond de la
chambre dès que j’en ouvre la porte, et s’avance en me faisant une révérence qui la fit plonger de
trois pieds. Je n’eus pas le temps de réfléchir sur la proportion que cette révérence donnait de son
corps ; elle fut aussitôt sur ses pieds, et ce mouvement vif m’étonna. Elle voulut s’approcher
encore pour m’embrasser ; mais sa haute taille l’obligea de se coucher pour me frotter le minois ;
et, en se relevant, elle plongea ma face sur deux tétons les plus beaux, les plus saillants, les plus
fermes que Pigalle puisse imiter.
Les femmes sont ordinairement trop jalouses pour admirer les tétons de leurs rivales ; mais je fus
étourdie de ceux de ma négresse, et je défie nos plus difficiles petites-maîtresses, celles mêmes
qui se flattent d’avoir les fesses les plus belles, de me montrer une gouttière plus noble, plus
régulière, plus profonde, que celle qui séparait ces deux monts enchanteurs.
Je me plongeai sur cette aimable gorge avec la fureur d’un mâle, et j’y étais si solidement clouée
que je ne m’aperçus pas que, pendant mon extase, elle me déchargeait des voiles qui lui
cachaient ce qu’elle prétendait adorer. En un mot, lorsque je m’en séparai, je n’avais plus sur le
corps que ma chemise. Je lui dis que je l’ôterais moi-même et lui fis signe de se déshabiller à
quatre pas de là.
Dieux ! je ne peindrai jamais les sensations dont je fus saisie lorsqu’elle s’éloigna. Il me sembla
qu’elle avait une bosse sur chacune de ses fesses, qui les renflait extraordinairement et qui me fit
augurer que rien ne devait être plus auguste que ce gros cul… Je ne me trompais pas. La coquine
feignit d’avoir de la pudeur et se retira par derrière pour ôter sa chemise. Je la laissai faire. Dans
presque le même instant, je me sentis une main entre les cuisses. Je voulais me retirer, et la
commère me sauta par-dessus la tête, et me montra ensuite ce cul si mignon dont j’étais engouée.
Il était trop bien tendu, trop près de mes yeux, pour me ravir de ses grâces. Je me disposais à les
parcourir et à mesurer la parabole, lorsque j’aperçus plus bas ce sacré portique que j’avais tant
désiré de voir et dont à peine les premiers bords paraissaient.
— Ne te dérange pas, lui dis-je.
Je voulus me repaître de ce point de vue. J’en mesurai la hauteur, le contour ; en un mot, je fis la
docteur ; mais je fus bientôt en défaut ; il m’aurait fallu une hypothénuse, que je n’avais pas et que
j’enrageais de calculer dans cet instant.
— Relève-toi donc, ajoutai-je en colère. Que fais-tu de cette bouche charmante ?
— Tout ce que vous voudrez, répond-elle, pourvu que vous puissez la bonder.
— Elle est si petite, dit-on. Faut-il une si forte cheville pour…
Je m’en saisis et la toisai. Réellement, je n’ai jamais rien vu de si étroit, quoique je me connaisse
en outils. J’en approchai l’un de mes doigts, qui ne put y pénétrer et me rabattis sur la toison, dont
la laine était fine, d’un beau lustre et plus appétissante sans doute que ces épais buissons de
l’Europe, puisque nos mâles la préfèrent à nos plus charmantes palatines.
PARAGRAPHE III
Anecdote philosophique.
Mon nègre, témoin de ces élégantes scènes, bouillait dans son jus, et me demandait souvent si
nous finirions bientôt notre inventaire. La négresse, enfin, lui répondit que cela ne le regardait pas,
et qu’elle ne finirait de me caresser que lorsque je lui ordonnerais de cesser ma visite.
— Quoi donc, dis-je, est-ce que l’engin de ce grivois ne te tente pas ? Il en vaut pourtant la peine,
ce me semble.
— Cela ! s’écrie-t-elle, je suis lasse d’en voir, et il me faudrait un triple appétit pour être tentée d’en
tâter.
— Lasse d’en voir ! ripostai-je, comment cela ?
— Comment ? en manque-t-on dans mon pays ?
— Non pas, mais on ne les voit pas pour cela, et lorsque l’on a le plaisir de les voir, ils raniment le
bon goût.
— Et voilà précisément, mademoiselle, pourquoi dans votre Europe les femmes courent autant les
mâles que les mâles désirent les femmes.
Il est dans l’expérience que l’on ne souhaite pas de voir ce que l’on voit sans cesse. Tous les sens
s’habituent aux objets qui leur sont soumis lorsque l’imagination ne se met pas en frais pour les
exalter. Dans vos climats, les deux sexes cachés annoncent assez leur différence par la diversité
de leurs vêtements ; mais cela ne sert qu’à porter le feu dans les sexes. L’on désire toujours
d’admirer ce qu’il est défendu de contempler. En Afrique, au contraire, tout est à l’air : l’on se voit
indifféremment. La femelle ne pense pas au mâle qu’elle a sous la main ; le mâle à côté de la plus
charmante femme est souvent nul. Le seul besoin les rapproche et les réunit. Mais ce besoin, qui
revient souvent, a de très bons effets. Nous faisons pour vous des enfants, et vous très inutilement
vous vous accouplez, parce que vous souhaiteriez vous accoupler à chaque quart d’heure, et
qu’une femme reçoit quelquefois dix hommes dans la journée. Oh ! si la plus vigoureuse négresse
en reçoit plusieurs, il faut qu’elle ait grand faim ; et d’avance l’enfant est fait, et le premier mâle a
fermé la porte. Les autres ont du plaisir, en donnent à la femelle, mais ne peuvent troubler l’ordre
de la nature.
— Tu crois donc que ton nègre ne s’unirait pas à toi sans besoin ?
— Il va vous le prouver, répondit-elle.
Elle l’appelle.
— Pour quel con bandes-tu ? Parle et sois sincère. Je t’offre le mien que tu connais. Est-ce dans
ce sanctuaire que tu te plais à célébrer l’amour ?
Le nègre avoua qu’un con noir avait d’autant moins d’attraits pour lui que, depuis son enfance, il
en avait vu des milliers, et qu’il ne soupirait que pour le mien, dont la vue ravissait tous ses sens.
Je suis convaincue que tous leurs principes sont dans la nature ; mais je me garderai bien de les
prêcher. Je suis trop intéressée aux voluptueux désirs d’un Européen pour ne pas soutenir
opiniâtrement qu’il est essentiel que les sexes voilent leurs appas réciproques. Le tailleur qui
inventa les culottes pour soutenir le poids de la virilité et les jupes pour gazer les charmes de notre
sexe mérite des éloges. Je regrette le nom de cet homme si précieux à nos plaisirs. Je le
transmettrais à la postérité.
Finissons cette digression. J’ajoute que ma négresse daigna me prodiguer autant de caresses que
je lui en donnai et partager avec moi le plaisir de Cythère, que le vigoureux noir ne nous épargna
point.
Nous nous séparâmes d’assez bonne heure pour que l’on ne pût me soupçonner de m’être ravie à
la volupté du milord et aux vœux de mes camarades, que j’aimais de tout mon cœur. Elles étaient
si persuadées de ma prétendue maladie, qu’elles rentrèrent dans notre appartement sans bruit,
dans la crainte de me réveiller. Le lendemain matin, elles vinrent à mon lit, me demandèrent des
nouvelles de ma santé, et furent consolées d’apprendre que j’étais mieux.
Je ne leur ai jamais fait la confidence de ce singulier trait de mon histoire, dont je me fais un devoir
de régaler mes lecteurs.
ARTICLE IV
ARTICLE V
Arrive enfin le jour désiré. Dès les dix heures du matin, madame entre dans l’appartement
commun avec une gaieté nouvelle.
— Vivent les cons, mes enfants, s’écrie-t-elle. Cette nuit on célébrera leur fête, et il vous est
enjoint de les parer de manière à leur faire honneur. Les plus grands seigneurs du canton,
enchantés de votre gloire et de vos grâces, m’ont fait dire qu’ils se disposaient à vous combler de
leurs caresses, qu’ils comptent payer abondamment. Il est à propos de soutenir la haute réputation
dont ils nous honorent. Vous aurez soin, non seulement de vous laver, de vous peigner, de vous
aromatiser largement ; il faut encore, s’il est possible, donner de la surprise à ces hommes qui ont
tant vu et tant foutu de cons.
Elle ordonna, en conséquence, que chacune de nous frisât sa palatine et ornât son bijou de
rubans de diverses couleurs. C’était à notre industrie qu’elle recommandait ce précieux
préliminaire.
Cette idée d’abord nous parut grotesque ; nous la saisîmes cependant si bien, nous ajoutâmes
tant de grâces aux charmes de la nature, que la maman fut elle-même extasiée lorsqu’elle vit
l’effet de notre art.
Nous le portâmes surtout à sa perfection sur ses agrès. Sa pauvre fente avait du service et pouvait
être dédaignée. Je me chargeai d’en faire la toilette. Je n’eus de peine qu’à cause de la rareté de
sa toison, tant de fois foulée ; mais je la tournai de tant de façons que je réussis à lui former un con
de poil élevé de deux pouces au-dessus du con naturel. Je l’entourai de mille boucles en faveurs
et des couleurs les plus variées. J’eus encore le soin d’assujettir sous ces boucles des touffes d’un
crin fort élastique pour repousser en avant le petit dieu qui voudrait trop pénétrer. Sans cela
maman aurait eu trop peu de ressort, et nous n’y aurions pas gagné.
Enfin, nous n’avions jamais joué un si beau rôle, et tous les acteurs s’écrièrent, pendant
l’accouplement, que tout était au mieux pour les mortels qui jouissaient de nos appas.
Ce cri charmant ne fut pas durable. Minette fut si cruellement fourbie qu’elle périt sous les traits de
l’amour. Fanny et Julie se laissèrent gagner par deux seigneurs, qui les ravirent. Maman fut si
outragée, en dépit de sa brillante chapelle, qu’elle se tondit elle-même et jura de faire la dévote. La
Culrond prit son parti de son côté. Je fus forcée de prendre le mien ; mais de quel côté me
tourner ? C’était là le point embarrassant.
J’avais heureusement une centaine de louis devant moi. Je pris le parti de chercher fortune, et, à
tout hasard, de courir le monde jusqu’à ce que le bonheur m’arrêtât.
CHAPITRE IV
Voyage de Lyndamine.
En conséquence de mon plan, je retins une place dans le carrosse qui devait me conduire à
Vitbourg, où l’on m’avait dit qu’avec quelques grâces et des talents, l’on pouvait vivre
tranquillement.
Le même hasard qui me fit choisir ce jour de départ avait conduit dans la même voiture un jeune
capitaine, qui se rendait à sa garnison, et une dame encore fraîche et de bonne humeur. La
première chose que l’on fait en entrant dans une voiture, c’est de prendre sa place ; je n’étais
qu’en troisième, et je m’en contentai. Le capitaine et la dame occupaient le fond. L’on fut quelques
heures à bâiller, à se regarder, à prendre ses aises, et, comme il faisait froid, la dame se fit
apporter un chauffe-pieds, qu’il fallut élever de plus d’un pied pour ne pas mettre le feu à la voiture.
Moi, qui n’avais pas chaud, et qui étais en face de la dame, je jugeai à propos de baisser mon
siège, afin de mieux me renfermer dans mes jupes et conserver de ma chaleur.
Tandis que nous nous toisions réciproquement, et que, pour jouer la pudeur, je baissais et levais
de temps en temps les yeux, j’aperçus que la dame qui, crainte de brûler ses cotillons, les avait
haussés, à la manière de celles qui, devant le feu, veulent chauffer la chapelle, j’aperçus, dis-je,
que la dame avait découvert tous ses pays chauds ; j’avais l’œil vif et fin. Je vis exactement depuis
l’anus jusqu’au nombril, et, dans cet espace, une perruque si forte et d’un brun si foncé que j’eus
d’abord beaucoup de peine à découvrir la tonsure, que j’avais le plus d’envie de bien voir. J’y
réussis enfin ; et à l’odeur qui m’en revenait quelquefois, je conclus que cette jolie pièce avait été
savonnée fort honnêtement ; mais je ne m’avisai pas de faire le semblant de mes découvertes.
Sur ces entrefaites, le militaire, qui se croyait mal placé, ou peut-être qui me jugea plus jolie que sa
voisine, prit place à mes côtés ; et plongeant ses yeux sur ma gorge, qui était assez mal fermée, il
aperçut deux globes qui le charmèrent et dont, sur-le-champ, il s’adjugea l’empire ; mais il feignit,
comme moi, de n’avoir rien vu ; c’était à l’occasion de faire naître celle de la jouissance.
Cependant nous arrivâmes à la dînée, et le galant capitaine nous offrit sa table. Nous
l’acceptâmes, et nous fûmes très bien régalées.
Pendant le repas, une servante jeune et dessalée nous servait ; elle était dans un de ces
déshabillés qui plaisent plus que les habits les plus séduisants. Une simple cotte, fort courte, ne
l’empêchait ni de se tourner, ni de voler au besoin.
Le polisson de capitaine lui fit ramasser je ne sais quoi à côté de lui ; et tandis qu’elle était
courbée, il glisse sa main, et la saisissant au crin :
— Cache-le donc, coquine, lui dit-il.
Faute d’équilibre ou exprès, la tête emporta le cul. Les jupes furent sur le dos, et la belle fit ce
qu’on nomme la courbe selle. Tous ses appas étaient sous nos yeux. Un rire fou fut notre premier
mouvement.
— Combien louez-vous ce bijou-là ? lui dis-je en me levant pour la couvrir.
— Autant que ce bon cavalier loue le vôtre, répond-elle.
— Vous êtes une salope, repris-je ; êtes-vous payée pour m’insulter ?
— Attends, attends, bougresse, ajouta le militaire ; laisse-moi dîner, je te promets un bon loyer ;
mais commence par te laver le cul ; tu m’as infecté. L’on voit que ton con est celui d’une servante
de cabaret.
Ce gros mot la fit un peu rougir ; elle se retira ; nous fîmes notre commentaire. Ce fut le
commencement d’une connaissance intime et de peu de durée. La drôlesse, qui craignait le fouet,
comme le militaire avait dit tout haut qu’il le lui donnerait, ne se montra plus ; nous en fûmes pour
nos propos, et nous remontâmes dans le carrosse.
— Madame va-t-elle loin ? dit en s’asseyant le cavalier.
— Jusqu’à la couchée, répond-elle en riant.
— J’espère, ma belle dame, la partager avec vous.
— Non pas, je ne couche point à l’auberge ; j’ai une maison d’ami.
— J’en suis pénétré ; j’aurais eu tant de plaisir à faire le rapport des charmes de cette servante
avec les vôtres, qui me paraissent devoir éblouir les yeux.
— Il ne faut pas aller si loin, lui dis-je tout bas ; prenez ma place, monsieur, et vous serez satisfait.
Nous en changeâmes comme par délassement, et mon homme jouit de ce qu’il souhaitait.
— Ah ! madame, s’écrie-t-il à l’instant, que n’êtes-vous une servante d’auberge !
— Pourquoi cette exclamation ?
— C’est ! que je rendrais hommage à ce portique charmant dont je n’ai que la vue.
— Vous êtes un badin, dit-elle en feignant de lever la jambe pour lui donner un coup de pied.
Mon homme la lui retient adroitement, s’enhardit à glisser la main jusqu’à la porte du sanctuaire.
Ce mouvement la fit pencher ; elle tombe au bas du siège, le cul sur son chauffe-pieds et ses
jupes, retenues par le galant, sont sur son estomac.
— C’est là, s’écrie-t-il, ce qui est superbe ; me sera-t-il permis d’adorer, madame ?
— Vous êtes trop avancé, ajoutai-je, pour reculer. Prêtez-vous de bonne grâce, ma belle dame,
aux caresses de cet aimable cavalier.
— Ah ! mais, mademoiselle, me répond-elle, auriez-vous cette complaisance ?
— Que cela ne vous inquiète pas, je voyagerai plus d’un jour avec monsieur.
Il m’embrassa pour me remercier et revint bientôt à l’objet présent de ses feux, en l’invitant à tirer
elle-même son adorateur de sa prison.
De tels propos enflamment la femme la plus vertueuse. La dame contrefit la fâchée, eut de
l’humeur, retint ses jupes à deux mains, balbutia et finit par dire que le lieu n’était pas commode
pour ce voluptueux combat.
Ici je rappelai la scène originale du petit abbé avec la Culrond, et je la proposai aux deux amants ;
elle fut acceptée, et mes cuisses servirent de tabouret. Il fallut les mettre à nu pour ne pas
écorcher les belles fesses du cavalier, qui s’assit sur mes genoux. La dame, cottes en l’air et
pièces étalées, l’embrasse avec ses jambes. Je prends d’une main le joli dieu qui bouillait, et de
l’autre j’entr’ouvre la porte touffue de madame.
— Vous y voilà, dis-je alors ; ferme dans les boules, mes enfants.
Pour les exciter encore, je les faisais sauter sur mes genoux, comme une nourrice fait sauter son
petit ; et chaque saut, que je n’épargnais pas, servait à les enfiler plus parfaitement. Bref, les
pièces furent si bien unies que je ne pus réussir à insérer mon seul petit doigt entre les deux
toisons.
L’on conçoit bien que le carrosse roulait, tandis que nos champions s’escrimaient avec tant de
volupté. Nous arrivâmes un peu trop tôt pour leurs plaisirs. Il fallut dégainer et séparer deux pièces
qui se trouvaient si bien ensemble.
L’on arrive. Le galant, satisfait de sa soirée, conduit la dame chez l’ami qui l’attendait, tandis qu’à
l’auberge je fis disposer tout pour un bon souper.
À peine mon cavalier fut-il de retour qu’il vint me sauter au cou et me remercier encore de mon
stratagème.
— Je vous dois cette délicieuse journée, mademoiselle, me dit-il, et j’ose me flatter que vous ne la
finirez pas en me punissant.
Je compris ce qu’il voulait me dire.
— Il faut donc du champagne pour vous refaire ; car, sans façon, vous vous en êtes tiré
vigoureusement, et l’acier doit en être détrempé.
— Point du tout, il a plus de ressort que ce matin.
— C’est ce que je voudrais voir, répondis-je.
— Tout à l’heure, reprend-il, en le cherchant dans son étui.
— Après souper nous traiterons cette affaire ; mais gardez-vous d’être tenté d’un con de servante,
je n’ai pas oublié l’escapade de la dînée.
Il me jura d’être sage, et il le fut. La domestique eut à peine la douceur dont sans doute elle ne fut
pas trop joyeuse ; il faut à ces filles-là du plaisir et de l’argent.
Nous avions eu la précaution de nous faire passer pour époux. L’on ne disposa, conséquemment
qu’un lit, et, dès que nous fûmes retirés, échauffés par un vin fumeux que nous avions bu à plein
verre, nous pensâmes à la partie que j’avais remise après souper, parce que je voulais satisfaire
une curiosité nouvelle et qui me tracassait. Il est vrai que j’avais eu le temps d’exploiter tous les
apanages du vit ; j’en avais pressuré plus d’un dans rues mains. Cependant, je ne m’en occupais
que depuis quelques heures, et je voulais suivre cette idée, examiner Priape de la racine à la tête,
du repos au bandage.
Je vis avec un plaisir ravissant cette bouche imperceptible qui verse si abondamment la liqueur
vitale lorsqu’elle tombe dans ses accès de rage ; et prenant d’une main mon officier aux couilles,
que je frottai violemment, je fis de l’autre un fourreau pour son glaive qui ne tarda pas à me
menacer.
Un vase, dont j’avais mesuré la distance, était disposé pour recevoir le baume de vie, que j’eusse
voulu pomper, et que je sacrifiai pour mon expérience. Il fut lancé à plus d’un pied des bords de la
couche.
Quel ressort dans les reins ! Quel trésor dans ces précieuses olives que je caressais avec tant de
volupté. Dès que l’amour eut rempli son principal devoir, je lui demandai pardon du piège que je lui
avais préparé, et mes yeux se portèrent sur le germe de l’espèce.
Avec quelle confusion vis-je le genre humain, ce genre si sublime renfermé dans une demi-once
d’écume blanchâtre assez puante ! J’en fus presque autant dégoûtée que j’avais de plaisir à lui
ouvrir le sein de la nature.
Une dévote qui craint tous les diables, lorsque sa bouillante imagination lui peint grossièrement la
noble figure d’un vit, qui n’ose s’essuyer le con lorsqu’elle a pissé, ni le cul lorsqu’elle en a graissé
le vilain orifice, cette dévote croit pourtant connaître son Dieu. Aussi est-elle pétrie d’orgueil.
Ô sottes de tous les âges, qui, par vos bêtises, contrariez le vœu de la nature qui se fait entendre
au faubourg de votre cul, représentez-vous ce vit qui lance le foutre, vous serez humiliées de votre
origine ; vous adorerez la puissance et les charmes du Créateur des vits ; vous aurez des plaisirs
qu’il vous a préparés : vous tomberez aux pieds du grand maître qui de rien vous a construit un si
beau corps ; et vous vous écrierez dans votre extase que tout est au mieux lorsque l’on a le vit au
con.
Ces réflexions, que j’étais en train de continuer, n’étaient guère du goût de mon officier.
— Sais-tu, mon enfant, que tu m’ennuies avec ton jargon ? Une fille philosophe ! Cela est, ma foi,
aussi rare qu’un militaire qui raisonne. Jouissons, ma belle, jouissons, nous philosopherons
lorsque nous ne pourrons plus jouir.
Je me rendis à cette apostrophe, et je donnai à mon capitaine une dose de plaisirs qu’il m’avoua
être plus piquants que ceux qu’il avait partagés avec la dame de la voiture. Une partie de la nuit fut
entrecoupée par des dépenses amoureuses et par des restaurants. Nous réservâmes la matinée
au sommeil ; le carrosse y invite et presque tous les voyageurs ne le préfèrent qu’à raison de cette
commodité. Nous en profitâmes jusqu’à midi, qu’il fallut se séparer, parce que mon brave était
attendu à l’auberge par une vingtaine d’officiers de son régiment, qui m’eussent volontiers
hébergée, et que je refusai. Je connais trop le militaire pour m’abandonner au libertinage et aux
maux dont on hérite entre leurs bras.
Me voilà donc seule dans la voiture ; c’est-à-dire que je m’attendais à m’ennuyer et à gémir jusqu’à
la mort. Cette idée, qui commençait à me surmonter, me donnait déjà de l’humeur, lorsqu’on
m’avertit qu’il fallait partir.
Je monte languissamment dans le carrosse. Nous avions déjà fait une bonne lieue ; j’appelais à
mon secours un salutaire sommeil, lorsque la Providence inspira un jeune chanoine de la ville où
nous devions coucher de se faire voiturer jusqu’à sa maison.
ARTICLE PREMIER
Il me semble inutile de dire que messieurs les abbés disputent au galant uniforme l’art nouveau de
séduire le beau sexe et de s’en faire aimer ; toutes les femmes du siècle leur rendent cette justice.
Monsieur Hapecon était trop bien né, trop poliment élevé pour dégénérer des vertus de ses
confrères. À
peine fut-il tête à tête avec moi qu’il me donna des preuves de galanterie qui me réveillèrent et qu’il
ne cessa de prodiguer.
L’une de ses premières paroles fut un mot de politesse.
— Vous ne coucherez pas à l’auberge, ma charmante demoiselle, me dit-il ; un appartement digne
de vos grâces vous attend chez moi, et je vous prie de l’accepter.
Comblée de cette prévenance, j’y répondis en le remerciant de sa générosité ; et à notre arrivée, il
me donna la main pour me conduire, et n’oublia rien pour captiver ma reconnaissance. La soirée
se passa en propos galants. Je fus introduite, après le souper, dans une chambre élégante, qu’il
m’invita à regarder comme mon bien.
— Elle vous appartiendra tant qu’elle sera de votre goût, ajouta-t-il. Autant vaut que notre ville
jouisse de vos charmes qu’une autre ; et je serai glorieux de lui avoir ménagé ce trésor. Dormez,
ma belle enfant, reposez-vous de vos fatigues ; demain matin vous me donnerez la mort ou vous
me rendrez la vie, que je perdrais en vous perdant.
Que d’actions de grâces je devais rendre à ce généreux bienfaiteur ! Je ne les lui rendis que par
mon silence ; il se retira et me recommanda tout le repos qu’il me souhaitait. Je n’eus pas de peine
à souscrire à ses offres, et, dès l’instant, j’étais décidée à profiter de ses faveurs. Le lendemain
matin il vint recevoir ce bon mot ; et bientôt tout ce qui peut flatter le caprice ou le goût d’une jolie
femme fut étalé sur une toilette ravissante.
— Vous êtes reine ici, dit-il, ma belle demoiselle ; régnez sur mes sens et sur mes biens. Je ne
serai que votre premier sujet.
Je vis bien qu’il ne voulait m’entretenir ainsi que pour ses plaisirs ; mais il ne méritait pas d’être
trompé. Il me croit peut-être pucelle, disais-je scrupuleusement ; s’il savait l’histoire de ma vie, je
serais chassée honteusement. Quoi qu’il en soit, je serai honnête ; je lui ferai d’humiliants aveux
dans le premier tête-à-tête. Je les dois à ma gloire et à ses bienfaits.
Le lendemain fut un jour de fête. Tous les amis des deux sexes furent invités à un dîner splendide.
L’on se divertit cordialement, et un bal paré fit la clôture du premier plaisir public qu’il daigna me
donner. Les chanoines de cette ville sont, depuis longtemps, en possession de se permettre ces
divertissements, dont leur sémillant évêque leur donne un exemple journalier ; et dans ce beau
jour ils se surpassèrent.
Lorsque la compagnie fut congédiée, une fille honnête et entendue, qui lui servait de domestique
et qui s’appelait Julie, m’aida à me mettre en déshabillé. J’en fus encore plus piquante, et la tête
de mon cher Hapecon tourna presque lorsqu’il me vit sous ces vêtements, qui parent d’autant plus
un beau corps qu’ils en laissent entrevoir les contours les plus secrets.
La toilette faite, la fille se retira, et mon chanoine, à mes genoux, me demanda quelles faveurs je
lui réservais ?
— Je suis engagée par vos bienfaits, répondis-je ; ordonnez, cher amant, de mon sort et de nos
plaisirs.
— Puisque vous le permettez, je vous prierai de me donner la séduisante vue de tous vos
charmes.
Et il m’aida lui-même à me défaire des faibles voiles qui les gazaient. Je le laissai faire, baiser
toutes les parties de mon corps et les caresser ; mais lorsqu’il voulut s’étendre sur les éloges qu’il
préparait au centre de ses ébats :
— Vous êtes trop généreux, lui dis-je, pour que je reçoive des louanges que je ne mérite pas. Vous
étiez seul digne sans doute de posséder la divine clef de mes secrets appas ; mais je vous
connais trop tard, et il y a longtemps que l’amour a pénétré dans ce sanctuaire.
Il voulut le voir, et, d’après son examen, il avoua que si la porte avait été ouverte autrefois, elle lui
semblait encore assez close pour le satisfaire. J’avais réellement ce charmant orifice si petit que
l’on trouvait toujours un plaisir nouveau lorsque l’on tentait de le rouvrir.
Il fut donc arrêté que je serais sa maîtresse et que je partagerais ses plaisirs, ou plutôt qu’il ne
goûterait de vrais plaisirs qu’entre mes bras. Cet arrangement fut scellé sur un lit délicieux.
Je me louai du premier tribut que je reçus, et j’adorai la Providence, qui me prouvait constamment
que, sur la terre, tout est au mieux quand on veut se prêter au bien commun.
ARTICLE II
Le scrupule cependant s’emparait de mon âme sans que je m’en aperçusse. Une vieille dévote la
réveilla, et me persuada presque que je devais renoncer à la plus intime société de mon
bienfaiteur.
— Oh ! disait-elle, si vous vous confessiez bien, l’on vous apprendrait le moyen d’éteindre vos
feux, et dans peu vous renonceriez au commerce qui vous donne tant de satisfaction.
Cette sotte bégueule me fit prendre le parti de confier à mon chanoine les idées qu’elle me donnait
de ce qu’on appelle les sacrements.
— Sois tranquille, me dit cet ecclésiastique philosophe et ami de l’humanité ; tout à l’heure je vais
te confesser, et dans un autre instant je te parlerai de la communion.
J’étais béante et j’attendais ses instructions.
— Sais-tu, ma tendre fille, me dit-il, ce qu’il faut faire pour se confesser ?
— N’est-ce pas, répondis-je, ce que l’on entend vulgairement ?
— Pas tout à fait, reprend-il. Je permets à toutes les sottes de tous les pays de confier
secrètement leurs petites fredaines aux plus jeunes prêtres, et nous n’ignorons pas les suites de
cet abus d’une religion qu’il faut respecter tout haut ; mais entre nous deux, te confesser, c’est
fesser ton con, et je m’en ferai un devoir. Il est si charmant qu’il mérite mon fouet, dès que mon
fouet l’enchante : il t’a déjà fessée. Mets-toi en garde, ma mignonne, et prends ta verge ; je te
laisse le soin de la diriger, et ce n’est qu’à tes ordres qu’elle te punira.
J’avoue que je ne m’attendais pas à ce commentaire de la confession ; mais je fus charmée
d’entendre qu’il respectait la religion publique et qu’il ne s’expliquait que dans le tête-à-tête. Je fus
conséquemment bientôt sous le fouet. Je le reçus avec des transports qui m’extasièrent et je ne
manquai pas de baiser la verge qui m’avait si délicieusement fouettée.
— Je suis content de toi, me dit alors l’aimable chanoine, et tu dois convenir avec moi que je t’ai
scrupuleusement confessée. Repose-toi ; je vais t’envoyer une succulente liqueur qui te rendra le
ressort nécessaire à la communion que je te réserve ; je ne te ferai pas languir.
Il tint parole.
Julie m’apporta deux massepains, une bouteille du plus excellent alicante et un verre de la plus
stomachique liqueur.
— Restez au lit, ajouta Julie, monsieur veut que vous ne sortiez pas. Vous êtes malade
apparemment, mademoiselle, et mon maître est plein d’attentions. Je vous souhaite une meilleure
santé.
Julie prenait ou faisait semblant de prendre le change. En tout cas j’entrai dans ses vues.
— Je te suis obligée, lui dis-je, de l’intérêt que tu prends à ma santé ; tu viens de m’apporter des
forces, et déjà je les sens renaître. Dis à monsieur l’abbé que j’espère être bientôt en état de le
remercier.
Mon bon chanoine avait compris ma réponse et revint plus bouillant et plus galant que je ne l’avais
vu encore.
— Je suis heureux, me dit cet homme charmant, de recevoir tes faveurs et d’apprendre que tu ne
dédaignes pas mes hommages.
— J’aurais, répondis-je, grand tort de les dédaigner ; vous me mettez à mon aise et vous me
procurez mille voluptueux plaisirs. Ah ! si la fille du pape Urbain X, privée d’une fesse, était à ma
place, le docteur Pangloss l’aurait confessée avec autant de grâce que vous m’avez fouettée ; et
elle se ferait pendre pour son optimisme. Vous me permettrez bien de ne pas me pendre, du moins
avant la communion que vous m’avez promise.
— Prends garde à tes paroles, me dit alors d’un ton majestueux mon sémillant chanoine. Ce mot
de communion est consacré par la religion, que je t’ai déjà dit qu’il fallait respecter publiquement.
C’est toujours dans le tête-à-tête que je te parle. Dieu est Dieu, disait Mahomet dans son langage
sublime. Cette seule définition m’anéantit. Dieu est celui qui est, dit la religion que l’on professe
dans cette ville. Penses-tu que j’outrage ce grand être jusqu’à nourrir ma cervelle des
épouvantables prodiges que l’on en raconte, et qui le dégraderaient s’ils étaient constatés ? Quoi !
cet être immense, devant lequel l’univers entier est à peine un atome, daigne, à l’ordre du premier
coquin dont on a graissé les mains, descendre du ciel et prendre, en personne, possession d’un
million de milliards de petits morceaux arrondis de farine cuite pour alimenter des âmes que l’on
n’engraisse pas avec des corps ? Nos prêtres, qui font ce miracle quand on les paye pour le
renouveler, se croient-ils donc assez puissants pour commander à l’être de tous les êtres ? Ces
réflexions me font frémir. Qui croira cette absurdité, qui déshonore mon Dieu, doit être un imbécile,
ou, s’il est persuadé, il doit, en célébrant la messe, avoir le plus redoutable frisson dont soit
capable la machine animale.
« — Malheureux ! lui dirais-je, tu penses qu’à tes ordres ton Dieu va se placer dans une feuille de
pâte que tu tiens dans les mains, et tu n’es pas confondu de ce miracle qui devrait t’anéantir et qui
effraye toute la nature ? Va, tu ne le crois pas. Tu joues le public pour dix sols par jour, et je
t’abandonne. »
— Ne vous mettez pas en colère, dis-je en l’interrompant ; vous me convainquez du pharisaïsme
des prêtres, en même temps que vous m’apprenez à les respecter en public. Je suivrai vos
principes ; je les défendrai tout haut et ne communiquerai que secrètement avec eux. Vous m’avez
annoncé une communion bien différente de celle qu’ils prêchent. Donnez-la, je vous prie. J’ai
toujours désiré de m’instruire, et la leçon que j’attends de vous n’est pas la moins essentielle au
plan du bien-être que j’espère goûter entre vos bras.
— Ma communion est simple, me dit-il. Selon les principes de la religion, elle unit un corps divin
avec l’âme humaine, et il est bien outrageant pour un Dieu que l’on ose ainsi l’unir avec le néant.
Je m’en tiens à mes maximes, et, d’après elles, la vraie communion est une commune union. Eh !
quelle union plus commune, plus respectable, plus désirable, que celle qu’indique la nature ?
Celle-ci est facile à comprendre et à expliquer. Il ne faut que contempler les êtres qu’elle veut unir.
Tes jolis tétons, par exemple, s’unissent à moi ; j’en pompe le lait avec mes lèvres, et cette
substance me nourrit. Ce fourreau ravissant que t’a donné le Créateur, et qui te force à me désirer,
me porte aussi vers toi avec une impétuosité dictée par le grand maître et suivie par tous les êtres
animés ; c’est donc pour obéir à mon Dieu que tu présentes à mes vœux le centre de tes appas.
C’est donc pour suivre ses ordres que je plonge dans cette gaîne délicieuse le précieux glaive dont
il m’a fait présent pour m’unir avec toi.
Voilà, ma chère, la véritable union. Elle est proportionnelle, puisqu’elle est de corps à corps ;
puisqu’elle enchaîne les deux sexes créés par la nature ; puisque, malgré les canons et les
préjugés, je brûle de me plonger dans ton sein et que tu brûles de m’y recevoir et de pomper le
baume de la vie que je te transmets, puisque enfin ce n’est qu’à l’approche de la plus solide union
de nos sexes que nous nous écrions : « Tout est au mieux ; il ne manque enfin à notre optimisme
que d’être plus durable. » Hélas ! rien ne l’est sur cette terre, qui s’éteint et se reproduit par nos
plaisirs.
Mes sens ravis avaient déjà souscrit à ces décisions ; l’idée de mon bien-être me soutenait, et
j’avoue que, depuis une année que je recueille les douceurs de la conversation de mon amant et
les caresses qu’il me prodigue, j’aurais oublié mes premiers jours si je n’avais eu la précaution de
les confier d’avance au papier.
Cet honnête homme, si au-dessus des préjugés vulgaires, a lu le premier cette histoire manuscrite
de mon libertinage, il m’a pardonné tous les gros mots dont elle est créée, parce que chacun doit
adopter les termes de son pays et se plier aux variétés de l’opinion. Ce n’est encore qu’après les
plus vives instances de sa part que je me suis déterminée à transmettre à la postérité le scandale
de ma vie.
— Pourquoi, mon ami, lui disais-je, apprendre à de jeunes filles qui me liront la route de la volupté,
que la séduction leur apprend assez ?
— Très bien, ma chère, m’a-t-il répondu, les jeunes filles sauront ton alphabet avant de lire ton
histoire ; elles auront abusé de leurs appas avant d’être instruites du premier usage que tu as fait
des tiens. Ton livre ne sera donc lu que par une jeunesse déjà disposée au moins à se perdre.
Qu’a-t-il donc de dangereux ? Puisse ta fin lui apprendre que l’on gagne à se retirer du vice et
engager quelques saints ecclésiastiques à lui donner un pain abondant.
La Providence alors sera justifiée des blasphèmes de tant de dévotes et de bigots. Il me semble
déjà les entendre s’écrier :
« — Tout est au mieux sur la terre lorsque l’on suit l’économie de la nature. »
FIN
POSTFACE
Je n’ai mis aucune préface à la tête de mon histoire, parce qu’il n’était pas encore temps de parler
de mon auguste con. Maintenant, que j’ai tout dit et que je suis connue, je me plais à répéter à
tous mes lecteurs que, pour leur procurer le plus tendre optimisme, mon charitable chanoine me
permet d’essayer la raideur de leur vit et de leur donner la curieuse vue de ma face postérieure.
S’ils sont inscrits sur le catalogue des philotanus, et m’en exhibent les preuves juridiques, je
pourrai, pour les obliger, ne pas trouver mauvais qu’ils parcourent cette jolie portion de mes pays
chauds ; ils me trouveront à Frouilleaune, rue du Chapitre, à l’hôtel de Hapecon.
Ce salutaire avis est donné au public en 17150.
MARTIAL.
CONTES MORAUX
MIS EN VERS
PRÉFACE
CONTES MORAUX
PREMIER CONTE
CONTE II
Les Cerises.
L’Œuvre inconnue.
CONTE IV
Le CELA fêté.
CONTE V
Le Bréviaire pastoral.
CONTE VI
L’Arbre de science.
CONTE VII
CONTE VIII
La Bergère tuée.
CONTE IX
Le Pucelage démontré.
CONTE X
CONTE XI
La Flûte de Martine.
CONTE XII
Testament singulier.
CONTE XIII
Les Pelotons.
CONTE XIV
Le Dévotisme justifié.
CONTE XV
CONTE XVI
Le Bijou silencieux.
Le Bijou tondu.
CONTE XVIII
CONTE XIX
Le Sac matelas.
CONTE XX
Le Poupon noir.
CONTE XXI
Le Bijou mordu.
CONTE XXII
La Fille vengée.
CONTE XXIII
La Chape à l’évêque.
CONTE XXIV
CONTE XXV
La Présidente naïve.
CONTE XXVI
Le Mari subjugué.
CONTE XXVIII
CONTE XXIX
CONTE XXX
CONTE XXXI
Le Bijou épousseté.
Le Curé fustigé.
La Servante modeste.
CONTE XXXIV
CONTE XXXV
Le Cocu reconnaissant.
CONTE XXXVI
L’Esprit inoculé.
CONTE XXXVII
Le Bijou dentelé.
CONTE XXXVIII
La Bonne Mère.
CONTE XXXIX
La Vigueur domptée.
CONTE XL
CONTE XLI
Le Savant Official.
CONTE XLII
Le plaisir de la solitude.
CONTE XLIV
La Femme fidèle.
CONTE XLV
CONTE XLVI
Le Conseil salutaire.
MARTIAL.
FIN
1.↑ Leibnitz, homme célèbre.
2.↑ Candide, de Voltaire.