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Lyndamine ou l’Optimisme des pays chauds

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Texte_entier

Lyndamine ou l’Optimisme des pays chauds (1794)


Giovane Della Rosa (J. Gay), 1875 (p. Avis-265).

AVIS DE L’ÉDITEUR

Lyndamine ou l’Optimisme des pays chauds, semble avoir été écrit pour faire pendant à l’Histoire
de dont Bougre, portier des Chartreux, et être probablement du même auteur.
Ce curieux ouvrage fut traduit en allemand, et sur cette traduction il parut, vers 1863, une version
française passablement médiocre, sous le titre de Lucrèce ou l’Optimisme des Pays-Bas, qui ne
peut aucunement être comparée à l’original. Notre édition renferme aussi les Contes en vers, fort
libres, qui ne se trouvent point dans la version moderne.
AVERTISSEMENT

Il est d’un usage fort sot et très ancien de mettre une préface à la tête d’un ouvrage. Je me
donnerai donc bien de garde de le suivre. Que dirais-je à mes lecteurs ? Que je leur demande
pardon de l’ennui que leur causera la lecture de mon histoire. Oh ! ceux et celles qui me liront
auraient plutôt besoin d’un narcotique pour appeler le sommeil que d’un cordiaque pour l’éloigner.
Dirai-je encore qu’un domestique infidèle, un imprimeur avide de livres qui se vendent ont ravi mon
manuscrit ? L’infidélité des domestiques n’est réelle que dans une préface. Les imprimeurs, je le
sais, préfèrent à présent un livre dont les phrases sont moelleuses, à des Noëls anciens et
nouveaux, à je ne sais combien de sottises que l’on respecte, parce qu’elles ont passé sous la
presse avec approbation et privilège. Mais je me réserve, à la fin de cette brochure, de dire en
honnête fille comment et pourquoi mon histoire a été publiée. Je n’ai donc aucun titre solide pour
la décorer d’une préface ; une post-face vaudra peut-être mieux, et j’y penserai.
Quant à présent, je préviens que mon histoire supposant une foule d’interlocuteurs, j’eusse fatigué
tous les puristes, si j’avais suivi la maxime absurde de répéter les dit-il, les dit-elle. Je ne sais quel
lourdaud s’est avisé de reprocher à monsieur Marmontel d’avoir délivré le conte de ces
fastidieuses répétitions. Pour moi, je le remercie, et je l’en félicite.
LYNDAMINE

OU
L’OPTIMISME DES PAYS CHAUDS

PRÉLIMINAIRES
Honni soit qui mal y pense. C’est l’optimisme que je veux établir. Les savants sont plus instruits
que moi des principes du philosophe allemand[1] qu’ils en regardent comme le père. Ce n’est pas
de cet optimisme que j’entretiendrai mon voluptueux lecteur. L’on s’est encore récrié contre
l’optimisme d’un moderne[2], qui, sous le nom de Candide, en a parcouru toutes les branches ; et
la raison que l’on nous en a donnée, c’est qu’une vieille fille, œuvre sublime d’un outil papal, s’y
plaint qu’elle n’a qu’une fesse, et que je ne sais quelle Paquette y lève ses jupes au premier
venant et confond le seigneur avec le malotru. Que le frère Giroflée caresse cette grivoise et
gagne le gros lot, j’y consens ; mais j’assure le public que, n’ayant jamais eu la vérole, je ne l’ai
donnée à aucun de nos élégants messieurs, encore moins aux greluchons que je n’ai pu souffrir,
et que mon optimisme n’est point du tout celui du bon Candide ; ce n’est pas même celui des
honnêtes gens ajouté au premier et ennuyeux à la mort ; est-ce donc l’optimisme des Pays-Bas
hollandais, autrichiens !..... etc. ? Vous n’y êtes point. Les pays chauds que je chante sont ceux de
la belle nature, et mon optimisme est le plus désiré de mes chers lecteurs.
J’entends déjà la voix glapissante d’une foule d’animaux qui piailleront contre moi, parce que je ne
suis pas Paquette. Leurs clameurs ne m’étonnent pas : qu’ils ferment mon livre dès à présent et
qu’ils demandent à Dieu pardon de leur curiosité. Je commence par quelques réflexions
intéressantes et qui me regardent personnellement.
Le curieux public de la ville que j’habite se mêle beaucoup de mon histoire, parce que j’ai de la
célébrité, et ne s’occupe guère de ses propres affaires, parce qu’il n’a pas le sens commun. Or, ce
public demande souvent qui je suis, quels sont mes parents, à quels titres j’ai prétendu captiver le
plus aimable adorateur.
Remarquez qu’il faut être femme pour faire cette dernière question, parce qu’il n’y a que des
femmes à prétention qui jalousent la supériorité de celles que l’on ose leur préférer. Je réponds en
deux mots avant d’entamer mon édifiante histoire.
Qui suis-je ? Si cette question tombe sur mon origine, j’y répondrai tout à l’heure. Si l’on dispute
sur mon sexe, oh ! parbleu ! l’on voit d’abord que je porte des jupes, que mon teint est assez frais,
que mon menton est ras…, etc. Je n’en dirai pas davantage pour le présent. Me juge d’avance qui
voudra, j’y souscris ; mais que l’on se souvienne surtout que je suis fille, c’est-à-dire que je tiens
au sexe féminin par la blancheur de ma peau, par la finesse et le contour de mes traits, par
l’élasticité d’une belle gorge, par… J’en ai dit plus que je ne voulais.
L’on demande encore si j’ai des parents. Que cela vous fait-il ? J’existe sans ma participation, cela
est clair. Mon père avait en propriété le fameux générateur de l’espèce ; ma très honorée mère a
reçu la visite de ce dieu qui vivifie toute la nature, et je respire. Qu’exigez-vous de plus ? Que je
compte des quartiers ? Je date d’Adam et de la bouillante Ève ; ma généalogie est bien prouvée,
et tel qui demande à qui j’appartiens ne réussira jamais à démontrer une descendance plus
assurée. Laissons l’orgueil rêver et calculer des titres en parchemin dont les rats se jouent et se
nourrissent.
Pour terminer toutes ces impertinentes questions, je n’ai qu’un mot à dire. Mes graves messieurs,
mes belles dames, apprenez que maman penchait vers l’optimisme et souhaitait de goûter le vrai
bonheur. Le dieu de la nature, pour combler ses vœux, lui a confié un germe sacré ; elle a
sérieusement présidé à sa végétation pour en donner le saint exemple à mille femmes
qui l’arrêtent. Me voilà faite, j’en rends grâce à Dieu, sans m’enorgueillir.
L’on veut enfin que je montre les titres qui m’ont enchaînée à mon délicieux chanoine. Savez-vous
bien, mesdames, que j’ai été jolie, et que mon visage, moins plâtré que le vôtre, n’est point encore
si déchiré ? Savez-vous que j’ai un corps de cinq pieds six pouces de hauteur, et des mieux
proportionnés ? Savez-vous que j’ai des tétons appétissants encore et qui n’ont besoin d’aucun de
vos ressorts factices pour se soutenir ? Savez-vous que le temple sacré dont je respecte le dépôt
brûle encore d’un feu qui eût honoré votre jeunesse et que nos élégants aiment mille fois mieux
que les pompons, la poudre fauve ou rouge et tout l’attirail étranger que vous prêtez à la vraie
volupté qui n’en demande pas.
Je crois avoir répondu à toutes les questions que tant de fois l’on a faites sur mon compte. J’aurais
pu en faire autant sur le compte de tant de pucelles qui se font payer cent fois leur pucelage. Je
n’ai pas leur secret ; je n’ai que celui d’être sincère, d’avouer mes torts et de défendre mes
principes. Mon histoire justifiera ce que j’ose avancer. Je n’en retarde le détail que pour donner un
avis important.
AVIS AUX JEUNES GENS

Ma pauvre espèce a des besoins divers, je le sais. Dans la foule de ses individus, plusieurs,
cependant, n’en ont aucuns, de ceux, du moins, dont je veux parler. Les jeunes mâles et les
jeunes filles qu’un heureux tempérament ne porte pas aux fureurs de la volupté, auraient grand
tort d’en allumer le feu ; ils doivent plutôt le redouter. Qu’ils chantent leur bonheur et qu’ils ferment
les yeux sur les plaisirs des jeunes amants, qu’un sang de feu entraîne aux fougues de l’amour,
traité d’insensé par les sols et protégé par la nature pour le bien de l’espèce.
CHAPITRE PREMIER

ENFANCE DE LYNDAMINE

Le germe qui m’a formée fut élaboré dans le sein d’un mâle vigoureux, et porté dans les flancs
d’une femme bouillante qui m’a donné la plus forte végétation. Enfin, j’existe, et je bénis mon
existence. C’est dans le centre d’une ville féconde en nymphes bienfaitrices de l’humanité que j’ai
vu le jour. Il fallait bien que mon tempérament participât de la vigueur de mon père et de la chaleur
de ma chère mère. Dès l’âge de dix ans, je donnais déjà des preuves de puberté ; je ne veux pas
dire que dès cet âge je faisais des libations à la lune, car je ne m’en souviens pas ; mais un feu
dévorant me faisait déjà porter la main vers le centre de ce portique auguste dont nos messieurs
sont si jaloux et dont j’ignorais le savant usage.
Une femme qui a pompé le jus de la vie est plus qu’une autre en garde pour ses enfants. On dirait
que le vice veuille prêcher la vertu. Ma très honorée mère, assez satisfaite de la charmante
épreuve qu’elle avait faite du plaisir, craignit que je ne fusse tentée de l’imiter. Un beau jour, sous
le prétexte de me guérir un petit bouton que j’avais à la cuisse et dont je me plaignais, elle
s’aperçut que déjà mon trésor s’ombrageait, et que je ne sais quelle pièce où réside le sentiment
des femmes, prenait de la longueur, de la couleur, de la raideur.
— Oh ! oh ! dit-elle en s’écriant sans y penser, cette petite fille est déjà en chaleur ; il faut, ma foi,
la mettre sous clef, sans cela sa cloison sera bientôt forcée. Eh ! que de mal sur la terre !
Je n’entendais rien à cette exclamation ; aussi ne m’affecta-t-elle pas ; mais quelques mois après,
ma mère m’annonça que je lui devais les plus grandes actions de grâces, qu’elle s’épuisait pour
mon éducation, et qu’elle me recommandait d’être sage jusqu’à la mort. Elle finissait à peine ces
mots, qu’une bégueule en béguin et portant croix d’argent, entre, salue ma mère en tendant le cul,
lui demande sa fille, et m’invite à la suivre.
— Mignonne, me dit ma chère mère, ton trousseau est d’avance chez les Dames Visitandines ;
cette sœur va te conduire au port du salut. Si je suis contente de toi, je ne tarderai pas à te
rappeler. Apprends dans le couvent à être honnête fille et bonne chrétienne. Si tu te laissais coiffer
du même béguin, je m’en consolerais, et tu serais au mieux.
J’étais assez enfant pour ne faire aucune réflexion. J’obéis en pleurant et en embrassant ma
tendre mère, qui fondait en larmes. La tourière, qui faisait l’Agnès, nous consola toutes les deux.
La cruelle séparation se fit.
J’entre dans le couvent. Qu’y vois-je ? Quatre ou cinq vieilles sempiternelles qui se soutiennent à
peine, qui me parlent du nez, et m’envoient, en parlant, l’odeur infecte de leur estomac putride. Je
m’avise, moi, de leur faire une révérence si profonde (cela me paraissait du cérémonial), que je
tombai le derrière par terre, et que je manquai de faire la pirouette. Les révérendes mères, dont les
yeux étaient modestement baissés, entrevirent des charmes qu’elles eussent désirés. Leur tête se
renverse, l’une s’enfuit, l’autre gémit, une troisième dit tout bas :
— Cette vilaine a montré son cul !
La prieure pince les lèvres, ordonne le silence et me dit gravement :
— Vous venez, ma fille, de faire une révérence indécente ; l’on vous apprendra, par la suite,
comment une fille modeste doit saluer. Sœur Cunégonde, conduisez cette enfant au pensionnat.
La sœur Cunégonde, qui, comme les autres, avait vu mon auguste derrière et son faubourg, ne
leva point les épaules et ne fut pas assez sotte pour soupirer. J’en conclus, tout enfant que j’étais,
qu’elle avait un peu plus de bon sens que les douairières. Quoi qu’il en soit, je traverse avec elle
plusieurs corridors et dortoirs. J’arrive enfin à l’appartement des pensionnaires, où la mère
maîtresse me reçut à la tête de son troupeau.
Je vais dire tout de suite ce qui me frappa : ce sera autant de dit pour la suite de mon histoire.

ARTICLE PREMIER

Modèle du pensionnat des nonnes


La mère maîtresse, bien différente de ces grogneuses qui m’avaient reçue au tour, me parut
aimable : elle m’embrassa très affectueusement, m’appela sa fille, sa petite amie, et m’ajouta que,
si je lui donnais autant de consolation que toute cette jeunesse qui était présente et avec laquelle
j’allais vivre, j’aurais lieu de bénir mon sort et d’en souhaiter la durée.
Tandis que cette bonne mère faisait son sermon, qui me plut parce qu’il me parut court et
raisonnable, mes yeux enfilèrent ceux d’une pensionnaire dont la figure m’intéressa. L’on sait que
notre sort dépend souvent des premières impressions. Ce sont celles de la nature, et je les
respecte : l’expérience justifie mon opinion, en attendant que de graves sorbonistes en décident,
j’y tiens et j’ajoute que mon petit cœur me parla pour cette camarade, et que son cœur lui dit que
je serais sa fidèle amie. Nous ne tardâmes pas à nous rapprocher, et à cette époque j’appris à
défendre l’optimisme des pays chauds.
Nos premières conversations et nos premiers plaisirs furent sur le ton du pensionnat. Toutes les
jeunes demoiselles se voyaient, se parlaient, jouaient ensemble, tandis que le caractère faisait son
choix. Insensiblement, Émilie jouait et parlait plus volontiers avec moi ; je parlais et je jouais plus
volontiers avec Émilie ; ainsi le cœur se déclare ; cette marche est encore dans la nature. Sans
presque nous en apercevoir, nous parvînmes si solidement à nous connaître et à nous aimer que
nous eûmes le secret de nous faire loger seules et dans une chambre à deux lits. Il en coûta
d’abord quelques petites intrigues ; le lecteur s’en doute bien ; mais de quels projets ne vient-on
pas à bout lorsque l’on est deux et d’accord et qu’il ne s’agit que d’être protégée par une fille dont
l’âme tendre se rend à des caresses qu’on lui prodigue et à des soumissions qui préviennent ses
ordres ? Émilie et moi nous tâchions de concert, par nos complaisances, de mériter cette
préférence de la mère-maîtresse, et elle l’accorda. Il s’en fallait de beaucoup qu’elle devinât
l’usage que nous devions faire de notre solitude, et l’espèce de plaisir que la nature et le besoin
nous préparaient.
Dès le premier soir qu’Émilie put en liberté s’expliquer avec moi :
— Chère Lyndamine, me dit-elle, si tu n’es pas telle que je l’augure, je suis bien trompée ; nous
sommes tête à tête ; parle. Ce n’est pas seulement l’âge, c’est encore, je crois, le tempérament qui
nous réunit. N’es-tu pas enragée d’être fille ?
À ce propos, que je commençais pourtant à comprendre, je répondis que je ne l’entendais pas.
— Tu ne m’entends pas ? riposte-t-elle en feu, tes yeux te démentent. Sois sincère, tu m’entends,
et tu brûles en faveur de l’optimisme. Tarie encore une fois, ou pour la vie nous nous brouillerons.
— Je serai vraie, dis-je ; belle Émilie, je ne sais ce que c’est que votre optimisme ; mais je sais que
quelquefois je tressaille de joie. Si la source de l’optimisme est sous mes jupes, alors…
— Arrête ! s’écrie mon amie, tu vaux de l’or, et je ne me suis pas trompée : ta chaleur me
l’annonçait. J’ai plus de leçons que toi ; tu seras donc mon écolière, et je me ferai un devoir de te
transmettre toute ma science. Pour ce soir, tu n’en auras pas davantage. Couchons-nous et dors
sans rêver. Demain je vole à ton lit une heure avant celle du réveil ; là, je te donnerai le plan de
mes instructions, et la première réponse qu’une fille bien née doit faire à l’amour.
Je ne dormis guère et je rêvai beaucoup. Mon imagination s’enflamma : tout mon sang se porta
vers le secret asile de l’amour, et j’étais étonnée des tressaillements, des postures, des vœux de
toute la machine qui soupirait, et qui soupirait en vain. De temps en temps un froid cruel me
saisissait ; j’étais anéantie. Nonchalamment je m’étendais dans mon lit ; je voulais dormir, et je
pestais contre l’insomnie ; puis tout à coup, et plus éveillée que jamais, la fougue du sang
m’étouffait. J’étendais les bras, j’embrassais un fantôme ; je le pressais sur mon sein, j’écartais les
jambes ; je ne sais quoi me manquait pour me satisfaire.
— Dieux ! m’écriais-je, suis-je folle ? rêvai-je ? en mourrai-je ? Je nage dans une mer de délices.
D’où vient qu’Émilie ne vient pas ?
Émilie n’avait guère plus dormi que moi ; elle n’avait perdu aucun de mes propos, et j’en avais à
peine fini les derniers mots qu’elle se glissa dans mon lit.
— Me voici, dit cette aimable fille ; la pauvre Lyndamine souffre, et je veux la plonger dans
l’extase.
Dans le même instant je sens une main qui me tâtonne entre les cuisses.
— À moi ! m’écriai-je avec vivacité.
— Veux-tu te taire ! me dit-elle d’un ton à me fermer la bouche ; je cherche ton petit bijou, et je
veux m’assurer de ses grâces. Eh ! tu vas mettre en rumeur tout le pensionnat. Ce n’est pas le
moyen de nous entendre.
J’eus bientôt la bouche close. Émilie, avec sa main délicate, parcourut tout ce qu’on appelle les
charmes d’une fille, et promena ma main droite sur ses attraits correspondants.
— Sens donc, dit-elle ensuite, que je suis aussi bien fendue que tu l’es ; bientôt je toiserai tes jolis
pays chauds et je te donne le même empire sur les miens ; mais ne fais pas la sotte. L’heure du
lever approche, et nous devons profiter du temps. Je ne te dis plus qu’un mot : connais-tu tes
parents ? Après ta réponse, je te donnerai des nouvelles de mon existence.
Je satisfis sa curiosité dans les mêmes termes que j’ai contenté celle de mes critiques lecteurs ; je
n’en savais pas plus long.
— Ma foi, dit-elle, je suis donc plus sûre que toi de ma respectable généalogie ; elle ne se perd
pas, je l’avoue, dans la nuit des siècles ; mais je sais positivement qu’un dévot directeur de
pucelles, et qui les visitait pour les humilier, fut un jour inspiré par le Saint-Esprit d’éteindre les feux
profanes d’une jolie femme de chambre de ***. Il en vint à son honneur avant de lui en donner
l’absolution ; et, dans la crainte d’un rat, il eut la complaisance de répéter l’opération jusqu’à quatre
fois. Tu vois, belle Lyndamine, par ce récit, que ma chère mère était au mieux, et que mon fervent
père prêchait volontiers l’optimisme, même en écrivant. Je suis assez contente de la portion
d’amour qu’ils m’ont transmise ; et, si la dose me manque, je sais encore où je dois emprunter du
feu. Si nous vivons ensemble assez de temps, je te donnerai tous mes secrets ; maintenant nous
sommes pressées. Donne ta main, que je la baise. Prends… la cloche sonne ; dépêchons-nous.
Émilie vole à ses jupes ; je prends les miennes ; nous fumes aussitôt prêtes que les autres
pensionnaires.
Pendant une semaine entière, nos nuits se passèrent aussi rigoureusement que celle-ci. À
l’imitation de monsieur l’abbé, nos mains eurent les premières leçons de nos appas réciproques.
Pour ma mémoire, elle n’hérita que de quelques mots qui me firent rougir pendant une minute pour
m’amuser pendant vingt ans. Advint enfin la nuit célèbre qui devait consacrer nos essais, me
donner le plan du plaisir, dont elle avait nourri mon espoir, et la précieuse image de l’optimisme le
plus démontré.
Vers minuit, elle se lève, allume une chandelle, ouvre mes rideaux.
— Or sus ! Lyndamine, dit-elle en me frappant rudement sur les épaules, profitons du temps, ma
belle, nous dormirons demain.
Au même instant, elle jette hors du lit les couvertures et les draps. Je me lève à ses ordres, je la
prie de commander l’exercice. Avais-je aucun titre pour contester à ma maîtresse tous ses droits ?
— Ouvre les yeux, dit-elle, et fais exactement ce que je vais faire.
Elle quitte sa chemise, je quitte aussi la mienne ; elle s’approche les bras étendus, j’en fais autant ;
elle m’embrasse d’abord et laisse tomber une de ses mains sur mes fesses et l’autre sur mon
ventre ; ma main droite est aussitôt entre ses cuisses et ma gauche à son derrière : elle saisit à
tâtons l’embouchure du sanctuaire de l’amour ; je parviens à mettre un doigt sur le limbe de son
charmant portique ; elle essaie d’entr’ouvrir le canal ; je fais la même tentative ; un premier
chatouillement nous fait faire le même mouvement de derrière en avant ; et peu s’en fallut qu’en
voulant rire les pièces fussent ensanglantées.
Émilie, bien instruite, se retira la première.
— Eh bien ! s’écrie-t-elle comme une folle, que dis-tu de mon doigt, cela fait-il du bien ?
— Émilie, répondis-je, j’ai manqué de me pâmer : d’où vient cela ?
— Oh ! d’où vient cela ? ajoute-t-elle, laisse-moi faire, ma mignonne ; ce n’est pas mon doigt qu’il
faut mettre là ; je t’y promets un instrument qui te donnera plus de plaisir mille fois, et pourtant il ne
fera pas la moitié de la besogne.
La nuit suivante elle tint parole ; il fallut, à ordre, se mettre à cul nu ; elle s’assied ensuite sur une
chaise fort basse, et m’ordonne d’approcher ; ma pauvre petite bouche était sous ses yeux ; elle
les ouvre fort grands, se donne encore de la lumière en approchant la chandelle, et travaille à
porter à droite et à gauche le faible duvet qui la gênait.
— Que cherchez-vous donc ? lui dis-je. Vous m’impatientez.
— Ma foi, répond-elle, je croyais que Lyndamine était mieux pourvue ; tu seras toujours une sotte
fille. Vois cela, morbleu ?
Elle fait, en même temps, sortir d’un ample taillis un bout de chair plus gros de beaucoup et plus
long que son doigt.
— Allons, ventre en l’air ! que je te donne une forte leçon.
J’obéis ; elle s’étend sur moi, plante ce bout saillant dans la jolie bouche qui ne s’ouvrait pas assez
pour la satisfaire. Vingt coups de cul réciproques plongèrent enfin l’outil et me donnèrent un plaisir
si voluptueux que je m’écriai :
— Ah ! je suis au mieux !
Et je perdis connaissance.
Émilie, triomphante, profita de mon extase pour se séparer et pour s’habiller. Je n’eusse pas eu le
temps de me rendre au premier exercice des pensionnaires si cette fille attentive ne m’eût tirée de
ma délicieuse indolence pour me presser de prendre une robe.
Ainsi, de nuit en nuit, j’acquérais des lumières autant qu’Émilie me donnait de plaisir ; mais elle ne
développait sa science que par progression. Sans cesse elle me vantait les prouesses et me
peignait faiblement la figure et la vigueur d’un dieu dont elle me faisait souhaiter les grâces. Je ne
pouvais envisager un homme sans soupirer. Le confesseur, l’aumônier, le maître de danse, en un
mot, quiconque portait une culotte enflammait mes désirs. J’eusse dans ma fureur sauté sur le
premier mâle pour saisir le vainqueur dont j’ambitionnais les coups. Je balbutiais, et la prudente
Émilie attendait le favorable instant qui devait éteindre mes feux et renouveler ses plaisirs. Elle
disposait cette scène sans m’en rien communiquer et se contentait de tâter avec moi de la petite
oie (ce sont ses termes). Ce mets me plaisait assez ; mais je voulais m’enivrer, et j’ignorais le
pouvoir de la divine liqueur.
Ô détracteurs des nonnes et de leurs impuissants directeurs, vous pensez déjà qu’Émilie, séduite
par le confesseur de nos mères, l’a consolé de leur glace et m’a fait partager ses faibles plaisirs.
Détrompez-vous. Je sais bien qu’un directeur de nonnes est sans cesse sur des charbons ardents.
Toutes ces jeunes béguines, détaillent avec tant de naïveté leurs soupirs, leurs faiblesses, leurs
douloureux essais, leur sommeil voluptueux, qu’un saint, je crois, serait chatouillé et s’offrirait
charitablement à tempérer la chaleur qui les dévore ; ce n’est pas pourtant à l’un de ces cafards
que je dois le premier trait de l’amour.
La vigilante Émilie ménagea l’entrée d’un aimable cavalier dont la jeunesse et la force étaient plus
sûres que celles du bouillant directeur de la maison : il fut conséquemment préféré. Il me fit adorer
le joli dieu que j’ignorais auparavant, et plus je le prie, plus il mérite mes vœux. Je dois à ses
faveurs d’en faire connaître le charmant propriétaire.
Nelson n’était pas un de ces jeunes évaporés qui prétendent de plein droit faire main basse sur
toutes les filles ; il avait toute la décence de la bonne compagnie, ne lâchait de propos galants que
pour flatter une jolie femme sans la faire rougir. Nelson aimait le plaisir ; mais il savait respecter
celle qui daignait lui accorder des faveurs. Tel est le jeune homme que connaissait Émilie et que
l’adroite tourière, à l’appât de quelques écus, introduisit de son appartement dans la cour du
pensionnat, et de là dans notre chambre, tandis que la jeunesse était au réfectoire.
Je dois encore ajouter que la sœur Jeannette, en dépit des écus qui la tentaient, ne se prêta à
cette intrigue qu’avec parole que Nelson ne se présenterait qu’en habit de femme. Ce fut donc
sous de très belles jupes que Nelson nous apporta l’idole que nous voulions adorer. Il faut voir
quelle fut ma surprise lorsque je rentrai pour me coucher.
La coquine d’Émilie, qui s’était promis de me faire tomber aux pieds du dieu de l’amour, ne m’avait
rien dit de ses manœuvres. Lorsque l’heure sonna pour nous retirer, elle feignit quelques besoins,
et me laissa rentrer seule. Je lève mon loquet en chantant, et je me dispose à goûter le même
plaisir qu’elle m’avait déjà procuré. Une voix douce et tendre semble sortir de la ruelle de mon lit et
me demande grâce.
— Qui est là ? dis-je assez émue.
Un grand corps en cotillon, et la tête couverte d’une calèche si profonde que je ne pus en voir le
visage, se montre, me fait une révérence gauche et un compliment gracieux. Je me disposais à
répondre malgré ma surprise, lorsque mon Émilie parut.
— Ah ! sois le bienvenu, s’écrie-t-elle, j’étais inquiète, mon cher Nelson ; nous n’avons pas le
temps de disserter. Je t’aime, tu le sais. Cette belle enfant t’aimera aussi, si tu le veux. Es-tu
homme ? il faut ici de la vigueur.
— Un homme en jupes ! dis-je à Émilie.
— Tais-toi, répond-elle encore une fois ; c’est pour t’amuser que j’ai trouvé le secret de l’introduire.
As-tu belle grâce de faire l’étonnée ? Laisse tes cottes, Nelson ; tu sais ce qu’il nous faut ; et ma
chère Lyndamine va se parer de tous ses charmes pour te recevoir.
Émilie, en même temps, décroche mes jupes, les fait tomber et se dispose pour la même
cérémonie. Je n’en savais pas encore le rituel. Je ne fus frappée que par quelques mouvements
convulsifs qui de temps en temps, relevaient le devant de la chemise de Nelson ; et je n’osais en
parler, lorsque Émilie m’adressa la parole :
— Lyndamine, dit-elle, je t’ai promis de te faire goûter du suc d’un instrument fait exprès pour
enchanter une jolie fille. Nelson possède ce précieux bijou. Le voi-tu qui se redresse ? s’écrie-t-elle
en relevant la chemise de son brave cavalier.
Je fus émerveillée à cet aspect. Du centre d’une perruque large et touffue sortait un dard
enflammé qui…
— Prends-le vite, ajouta-t-elle, je vais le diriger.
La vive femelle le saisit aux fesses et je m’empare de l’aiguille. Oh ! ce n’est pas sans raison que
l’on dit que la main d’une femme est une espèce de gril qui fait revenir les chairs. À peine eus-je
en main cette jolie pièce, que recouvrait encore son ample bosquet, qu’elle devint longue, grosse,
raide, bourgeonnée, magnifique. C’était une lance menaçante qui me fit tressaillir.
— Hé ! mais… peste de la sotte ! s’écrie Émilie en colère.
Elle s’élance sur moi, par derrière, m’entraîne sur le bord du lit, enlace mes jambes dans les
siennes et marque le but à Nelson.
— Dépêche, lui dit-elle, enfile bien droit ce pertuis, pour forcer la barrière.
— Qu’as-tu dit ? m’écriai-je.
— Des termes de l’art, répond-elle ; nous te les apprendrons. Nelson, fourrage-moi cette enfant,
de manière à l’en faire souvenir. Je ferai rebondir ses fesses en te les renvoyant ; je suis disposée
pour cela.
Nelson, outil braqué, se présente à l’embouchure, et me force de le diriger. J’eus bien de la peine
à le rabaisser. Enfin le Dieu fit son entrée. Vénus eut mille libations, et je prouvai mon sacrifice par
le sang qui coula jusque sur les cuisses d’Émilie. Il serait inutile de parler de mon extase, on la
soupçonne ; mais j’avoue que Nelson me parut un dieu, parce que je crus qu’un dieu seul pouvait
procurer à une faible créature un tel ravissement.
Nelson ne se retirait qu’à regret, parce que le dieu voulait remporter une nouvelle victoire. Émilie
s’y opposa.
— Sais-tu, Nelson, que je jeûne tandis que tu donnes un bon souper à Lyndamine ? Je lui ai
consacré le premier plat ; mais je me réserve le second service.
Cet ordre me sépara de Nelson, qui me permit de parcourir tous les contours de la flèche que
j’avais eu tant de plaisir de loger.
Je me doutais bien qu’un mâle devait différer d’une femelle ; mes besoins me l’annonçaient.
Quelle fille, si jamais elle n’a vu le sceptre de l’amour, se peindrait cette machine superbe,
audacieuse, menaçante, et qui tout à coup redevient humble, solitaire, et retombe sur ce sac
délicieux qui renferme toute l’espèce humaine ?
Émilie, à ma vue, reçut en conquérant le dieu qui m’avait honorée de sa visite, et fit promettre à
Nelson qu’il aurait soin de ses deux pupilles. Nelson, instruit que ses largesses ouvriraient toutes
les portes du couvent, nous assura qu’il reviendrait dès qu’il aurait réparé la dépense qu’il venait
de faire en notre faveur ; et, pendant trois mois, nous renouvelâmes ensemble les jeux de Cythère,
et nous célébrâmes toutes les fêtes de Priape. Vingt expériences me démontrèrent que tout allait
au mieux pour moi.
Hélas !

ARTICLE SECOND

Expulsion tragique du couvent

Le temps de la douleur suit de trop près la saison du plaisir. La tourière Jeannette, assez
honnêtement payée, voulut essayer aussi de notre optimisme. Nelson l’enfila et se crut dans un
gouffre.
— Jeannette, lui dit-il, ton carquois est trop grand pour mon dard ; va te faire exploiter par ton
confesseur ; tu seras encore assez outillée pour lui ; mais tu vois bien que ton fourreau est trop
large ; un glaive à ressorts ne tient à sa gaine qu’autant que la gaine lui donne de délicieuses
entraves.
Nous apprîmes trop tard que le directeur des nonnes s’essayait avec elles et distribuait ses
grâces, par semaine, à vingt-six des révérendes mères qui avaient le plus de ferveur ; mais ce
n’est pas de cela qu’il s’agit : un malheur irréparable nous menaçait au dehors, tandis que les
brusqueries de Nelson nous valurent d’être expulsées du pensionnat.
Une tourière, malgré ses torts, est presque toujours écoutée. Nous eûmes beau tâcher d’effacer
les traits qu’elle avait donnés sur notre compte, nous eûmes beau dire hardiment à la révérende
prieure qu’elle nous rendrait justice, si, à la tête de son sanhédrin, elle faisait visiter le mignon de
Jeannette. C’eût été donner lieu à de scandaleuses révélations, où la prieure n’entrait guère que
pour un quatre dix-huitième, et nous fûmes chassées sans que nos parents eussent été prévenus
du congé honteux que l’on nous donnait.
Nous voilà donc dans la rue. Qu’allons-nous devenir ?
— Je vais, dit Émilie, retrouver le saint prêtre qui payait ma pension et que je crois mon père. Suis-
moi, nous en serons bien reçues.
Le saint prêtre, qui baisait toutes ses dévotes, venait de prendre le large pour se soustraire à une
prison éternelle. Je tremblai alors pour moi-même, et je demandai des nouvelles de ma bonne
mère. Lorsque je prononçai son nom, l’on m’écrasa d’opprobre, en criant que la putain était morte
sur un fumier depuis deux jours. Émilie et moi nous fûmes inconsolables pendant un quart d’heure,
et dans le quart d’heure d’après, nous fîmes nos petits arrangements.
— Écoute, Lyndamine, me dit-elle, toutes les femmes ne meurent pas sur un fumier, et une foule
de jolies filles font une fortune brillante ; il faut la tenter. Nous sommes sans pain ; mais avec un
minois passable, de gros tétons et un pertuis bouillant, une fille passe partout. Tenons toujours
au tout est bien. D’ici à la ville de Frouilloule, il n’y a que deux lieues : acheminons-nous vers cet
endroit, Qui sait ce que la Providence réserve à nos besoins ?
Je souscrivis parce que j’avais faim et que nous étions sans ressources. Nous nous mettons en
route, marchons avec force et franchissons tous les mauvais pas. Cette action nous donna de la
couleur, et nous parvînmes au premier gîte où l’on voulut nous héberger : il n’était pas brillant.
Le même soir étaient arrivés dans une auberge voisine un monsieur et une dame, qui se
promenaient en attendant leur souper : ils nous aperçurent, et notre misère les toucha. Leur
charité nous appela à leur table, qui était commune. Le monsieur, négociant expérimenté, fut
galant au delà de toute expression ; mais, las des charmes de la dame ou merveilleusement épris
des grâces d’Émilie, qu’il avait placée à ses côtés, il prodigua toutes les phrases capables
d’intéresser la fille la plus froide, sans pourtant manquer aux égards qu’il devait décemment à sa
dame de compagnie. Je fus la seule presque dédaignée ; et je me serais dépitée, si cette bonne
dame, en me serrant la cuisse sous la table, ne m’eût fait comprendre que je ne gagnerais rien à
paraître jalouse, et qu’elle aurait soin de moi.
J’entendis tout, et je ne me plaignis pas. Après le souper et quelques pourparlers du négociant
avec Émilie, elle vint m’embrasser en pleurant.
— Ma chère Lyndamine, me dit-elle, il faut suivre le vent. Ce brave homme me propose d’aller
faire un tour de promenade et de coucher avec lui : il me jure de me faire un sort honnête, s’il me
trouve digne de ses bienfaits. Il ne me paraît pas des plus vigoureux, et tu connais la force de mon
fourreau. Je veux le faire suer cette nuit et je réponds qu’il sera plus que satisfait. Avant de nous
séparer, grave dans ta mémoire que la dague d’un homme s’appelle un vit et que ton fourreau est
un très beau con ; ces noms célèbres te seront utiles ; je ne regrette que de ne pouvoir t’apprendre
les mots nerveux du métier que nous allons faire ; mais je regretterais encore plus si tu te
chagrinais de me voir dans la route des richesses et du plaisir.
— Non, belle Émilie, lui dis-je, ta façon de penser, tes traits, tes charmes, te méritent des
adorateurs, et je suis enchantée de voir à tes pieds un millionnaire qui te rendra la vie. Veuille la
dame qui se charge de me protéger me servir de mère et donner le bien-être à mon espoir. Quoi
qu’il en soit, je ne jalouse pas ton bonheur, parce que tu le mérites. Fais au moins des vœux pour
que ton amie soit aussi heureuse qu’elle te désire de félicité.
Nous n’eûmes pas le temps de nous entretenir davantage. Émilie fut appelée pour aller jouir de la
promenade, et bientôt je la vis avec son nouvel amant prendre délicieusement le frais au pied d’un
myrte.
Je reviens aux propos de ma dame, et à mon histoire.
CHAPITRE II

ENTRÉE DE LYNDAMINE CHEZ MADAME JOLICON

Dans le même instant qu’Émilie se retira avec son protecteur, je fus appelée dans l’appartement
de madame Jolicon (c’est le nom de ma maîtresse).
— Lyndamine, dit-elle, j’ai besoin d’une femme de chambre ; vous êtes jolie et vous me paraissez
avoir de la propreté : voyez si vous voulez entrer à mon service ; votre fortune dépend de votre
réponse.
Elle fut bientôt faite. Que n’eus-je pas accepté pour être sûre d’un morceau de pain ?
— Je suis contente, ma chère enfant, dit-elle ; regardez-vous désormais comme la confidente
d’une femme qui aime le plaisir et qui souhaite de vous faire du bien. Vous êtes fatiguée, il est
juste que vous dormiez. Voici dans cette chambre un lit qui vous est destiné, et une montre qui
vous indiquera l’heure. Demain, à dix heures du matin, éveillez-moi ; vous entrerez en exercice, et
vous bénirez votre rencontre.
Le lendemain matin, à l’heure assignée, j’approche du lit de ma nouvelle maîtresse pour la
réveiller. Ses draps étaient à terre ; sa chemise était relevée jusque sur les reins, et elle était
couchée sur le côté de manière qu’une cuisse était à deux pieds de l’autre. J’eus le temps de
satisfaire ma curiosité et de voir un gros cul dont chaque fesse pesait au moins dix livres ; de
l’autre, dans le centre d’un poil grisâtre à demi frisé, une fente à lèvres épaisses, à demi ouverte,
et la main droite auprès de l’orifice, comme pour en défendre ou en protéger l’entrée. J’admirai tout
bas ; je me doutai que ma belle dame aimait le plaisir, comme elle m’en avait prévenue (c’était, en
effet, une appareilleuse). Je me remis sur le devant du lit et je l’éveillai.
À son réveil, elle fit l’étonnée.
— M’avez-vous découverte, Lyndamine ? me dit-elle en colère.
— Moi, madame ! répondis-je, Dieu m’en garde !
Sans aller plus loin, elle relève la jambe droite et m’ordonne de regarder si son anus est sans
crottes. C’était du nouveau ; mais il fallait bien s’humilier jusque-là.
— Il est propre, dis-je.
— Fort bien ; prends un peigne sur ma toilette.
Je le prends, et ma belle s’étend sur les fesses.
— Peigne cette toison, Lyndamine.
Je ne connaissais pas encore cette cérémonie, et je parus étonnée.
— Hé, dis-moi, mon enfant, s’écria-t-elle en riant, est-ce que tu n’as point du poil à ton minon ?
Voyons-y, parbleu !
Elle me saisit à l’instant par le cotillon, m’entraîne à ses côtés et met en vue tous mes appas.
— Diable ! ajouta-t-elle, ta palatine vaut presque la mienne, ma fille ; tu ne la peignes donc
jamais ?
— Je n’en sais pas si long, madame.
— Oh ! bien, il faut faire la toilette au minon et à la tête ; l’un et l’autre ont mille occasions de
figurer, et l’on est dédaignée lorsqu’on n’est point parée ; ainsi tu le peigneras, ma petite, dès que
ma toilette sera finie.
Je mis le cul de ma maîtresse sur la cuvette sacrée ; je peignai sa toison et lui donnai un air de
noblesse qui devait appâter les connaisseurs. Elle en fut satisfaite, admira mes talents et
m’ordonna de me peigner à mon tour sous ses yeux.
Pendant cette drôle d’opération, elle me dit en riant que j’avais un fort joli petit minon et que cela
pourrait servir dans le besoin. Elle se fit ensuite habiller, apporter du chocolat, qu’elle daigna
partager avec moi, paya notre dépense, monta dans sa voiture, où je l’accompagnai, et nous
partîmes pour sa tendre patrie.
Pendant la route, qui ne fut que de six heures, je n’eus pas le temps de m’ennuyer ; tous mes sens
furent en convulsion.
— Un cul te fait donc peur ? reprit maman ; avoue-le, n’en avais-tu jamais vu ?
— Cela est vrai, dis-je, mais je me doutais bien pourtant qu’un cul ne différait pas d’un cul.
— Peut-être, s’écrie-t-elle vivement ; oh ! ton cul et le mien ont deux fesses, sans doute ; mais il y
a fesses et fesses, et cela seul fait courir ou dédaigner une femme. Ne sais-tu pas l’histoire de
Vénus belles fesses ? Après tout, nous verrons les tiennes à l’aise lorsque nous serons arrivées.
Mais comme il faut s’amuser pendant le voyage et que je n’aime que les amusements solides,
c’est sérieusement que je t’assure du bien-être dont je te trouve digne. Reste une seule difficulté
qui rompra peut-être toutes nos mesures. Tu ne me connais que par mes premiers bienfaits ;
cependant ta confiance est sans réserve : qu’attends-tu donc de ma générosité ?
— Maman, dis-je d’un ton ferme et modeste, vous avez avec moi partagé votre pain, et vous avez
promis de ne pas m’abandonner. Je suis au mieux et votre servante pour la vie.
— Fort bien, répond-elle ; mais tu ne sais aucun métier, et chez moi l’on doit gagner sa vie. À quel
emploi t’occuperai-je ?
J’avais déjà prévu que sous elle je devais commercer de mes charmes ; mais je la laissai venir, et
je lui demandai ce qu’elle prétendait faire de moi.
— Obéiras-tu si je te le dis ? reprit-elle avec la sensation de la joie.
— Oui, décidément, soyez ma mère ; mon corps et mon âme sont dans vos mains.
— Garde ton âme ; elle n’est qu’à Dieu et à toi. Si tu m’abandonnes ton corps, je prétends en
disposer en le nourrissant bien.
— Comment donc disposerez-vous de mon corps ?
— Lyndamine, tu joues l’ignorante ; mais il faut être sincère. Ton premier travail sur mon corps et
sur le tien t’annonce que le plaisir public est mon objet et doit être celui qu’il te faut remplir. Crois-tu
que je t’accorde l’innocence que tu veux affecter ? Tu te tromperais. Je me connais en filles. Plus
d’un mâle a caressé cette petite fente que j’examinais en silence pendant que tu en peignais le
contour. Dis-je la vérité ? Ta fortune dépend de ton aveu.
La crainte d’être replongée dans la misère et la force de la vérité m’arrachèrent mon secret et me
firent trahir mon honneur. Je répondis en balbutiant que le hasard et les circonstances m’avaient
fait essayer…
— Eh ! ne va pas plus loin, dit madame Jolicon. Es-tu satisfaite des plaisirs que l’on t’a donnés ?
J’en suis persuadée ; mais t’a-t-on instruite des noms sublimes qui concernent l’état que tu veux
embrasser et que tu dois savoir ? Prends garde de me mentir. D’avance je lirai ta science dans tes
yeux. Toute fille à mon service doit être instruite de son catéchisme. Écoute et réponds.

CATÉCHISME

DE MADAME JOLICON

DEMANDE. — Ma fille, qu’est-ce qu’un vit ?


RÉPONSE. — C’est une cheville que le mâle porte au cul.
D. — À quoi sert cet outil singulier ?
R. — C’est un instrument par lequel il s’unit avec une femelle.
D. — À merveille ; mais quel est le véritable nom de ce centre de réunion, et de l’action qui les
unit ?
R. — Le point de réunion s’appelle un con, une fente, une bouche, etc. Quant aux termes qui
signifient l’opération, je les ignore.
D. — Ma fille, retenez-le bien, cela s’appelle foutre, selon nos rubriques : le vit fout, le con est
foutu. Combien ton petit con l’a-t-il été de fois ?
R. — Passons là-dessus. Il n’est pas encore à son terme.
Les questions se seraient multipliées si nous eussions été plus loin des portes de la ville.
— Je ferai des efforts pour toi, me dit fort simplement madame Jolicon. Sois bonne enfant. Tu vas
voir tout à l’heure une jolie petite fille qui sait au mieux son catéchisme et qui perfectionnera mes
premières instructions. Ou je me trompe fort, ou tu te soumettras tous les messieurs que tu
voudras embrasser : mais prends garde, il faut du choix en tout, et je ne prétends pas que tu te
laisses foutre par tous les vits bandants. Minette, qui sera bientôt ton amie, te mettra au fait ; et à
nous trois, nous creuserons plus d’une bourse. Nous ferons d’excellents repas, et tout sera au
mieux.
Pendant cette conversation intéressante, nous arrivâmes au logis de maman, où Minette l’attendait
impatiemment.
— Minette, dit-elle en descendant de voiture, donne la main à cette jeune fille, je la mets sous ta
direction ; elle ne sait guère encore que l’A B C de son catéchisme. Mais je réponds de ses
dispositions, et sous deux jours elle sera sur le bon ton. Fais-nous boire et manger ; nous avons
besoin pour le présent de cette nécessaire réparation.
Pour faire babiller une femme et pour apprendre tout ce qu’elle a dans l’âme, il ne faut que donner
à son sang la moindre effervescence. Deux ou trois verres d’un champagne mousseux que nous
présenta Minette, et qu’elle but avec nous, ouvrirent nos bouches. Le ton de la gêne fut banni ; l’on
parla le langage du bordel, et je m’en tirai de façon à prouver à madame Jolicon que j’étais
reconnaissante de ses bontés.
— Que s’est-il passé de nouveau pendant mon absence ? demanda cette dame à Minette.
— Ma foi, maman, répond-elle, je n’ai vu qu’un pauvre abbé, que je n’ai jamais pu mettre en
humeur ; en vain l’ai-je pris aux fesses, aux couilles : en vain a-t-il promené ses mains et son nez à
l’entour de l’autel, son pauvre engin n’a pu parvenir jusqu’aux premiers pas du sanctuaire. Dans
ma rage, je l’ai fourbi à deux mains, et n’ai pu réussir, qu’après une demi-heure, à le rendre
passable.
« — Fous vite » lui ai-je dit alors.
Il est bien entré, mais sur-le-champ il est retombé sur son repos. J’en eusse été pour mes frais,
sans la précaution que j’avais prise de lui faire compter d’avance dix écus.
— Autant de gagné, mon enfant, s’écria la maman ; mais, en vérité, je voudrais que l’on coupât le
vit de tous ces bougres qui ont la rage de foutre, et que le plus beau con ne peut éveiller. Chassez-
moi tous ces mâtins-là, nous aurons assez d’autres bonnes pratiques à satisfaire, et je prétends
que vous ayez beaucoup de plaisir en gagnant beaucoup d’argent. N’est-il venu que cela ?
— Pardonnez-moi, ajouta Minette, l’évêque de M***, qui vous a foutue autrefois, s’est montré pour
savoir si vous aviez du nouveau. Je lui ai répondu que je serais son fait s’il payait bien.
— Non pas, mignonne, a-t-il riposté hautement, ton con est trop usé. La maman n’en a-t-elle pas
d’autre ?
— Ma foi, monseigneur, ai-je dit en bonne conscience, mon con vaut votre vit au moins ; mais qu’à
cela ne tienne : maman arrive bientôt et rapportera des minois appétissants ; revenez lundi.
— C’est-à-dire demain, a remarqué maman. Lyndamine, voilà de quoi t’affriander ; aie soin du
morceau. C’est un vit précieux qu’un vit d’évêque : cela paye au quadruple, et tu seras au mieux.
Qu’en dis-tu ?
Je répondis que Sa Grandeur, d’après le rapport de Minette, serait un peu courte ; mais que j’en
essayerais ; qu’ayant plusieurs cas de conscience à lui proposer, je lui ferais débiter dans nos
intermèdes toute sa théologie.
— Cela sera donc amusant, s’écrièrent maman et Minette ; le prélat voudra du secret ; mais du
moins tu nous répéteras la leçon.
— Oh ! comptez-y, leur dis-je ; je veux essayer de la science de son docteur. Vous n’aurez pas de
son suc, mais vous aurez du moins de ses principes, en attendant mieux.
Monseigneur ne manqua pas de se présenter le lendemain en habit à boutons d’or et l’épée au
côté. Maman fut l’introductrice, et je fus appelée. À ma vue, Sa Grandeur se rabaissa, me trouva
jolie, voulut d’abord me caresser, et ne fut retenue que par le prix que je mis à son choix.
— Vingt louis, dit-il ; mais cela est fort, ma charmante.
— Rien de fait, monseigneur. Un con aussi propre et aussi chaud que le mien en vaut cent ; et si
vous n’étiez pas aussi bel homme, je ferais encore plus la renchérie.
— Mais est-il bien vrai que tu es propre ?
— Pardieu ! vous foutez-vous de moi, monseigneur ? L’on va apporter deux cuvettes ; dans l’une
je me laverai le con ; dans l’autre vous embaumerez votre vit : nous serons sûrs alors de notre fait.
En voulez-vous ? Sans cela je vais ailleurs ; les affaires me pressent.
Il fallut souscrire. Les cuvettes furent apportées, l’essence fut prodiguée. Nous lavons ensemble
nos outils, et tout se disposait à nous mettre au mieux.
Pour honorer la croix d’or et enflammer les flasques agrès de Sa Grandeur, je la conduisis dans la
chambre la plus secrète et la plus voluptueuse du parthénon : elle brûlait. À peines fûmes-nous
entrés :
— Je regorge, dit-il, ma chère enfant ; mets-toi donc vite à cul nu.
— À cul nu ! quoi ! c’est au cul que vous en voulez ? Ce n’est pas mon cul pourtant que vous
caresserez pour cette fois.
— Veux-tu finir, me dit-il vivement, et en relevant sa chemise par-devant (car il faut remarquer que
monseigneur s’était déjà débarrassé de ses culottes.)
Lorsque j’aperçus ce pauvre engin, qu’il croyait vigoureux et qui saillait à peine de quatre pouces,
je fus tentée de le renvoyer à son séminaire ; mais je pensai qu’il fallait d’abord faire payer les
vingt louis et débiter des leçons. Je me radoucis.
— Comptons, monseigneur, lui dis-je, votre bourse est la meilleure clef du temple. Quand j’aurai
reçu le prix d’avance, vous ordonnerez de mon service.
Les louis furent comptés et noblement acceptés. Tandis que je les versais dans ma poche,
monseigneur tente de m’enfiler par derrière. Je me refusai à ses désirs.
— Vous avez payé pour foutre, dis-je insolemment ; or, un vit ne fout que des cons : donc c’est par
devant que..... Il m’arrête.
— Voilà de nos femelles, s’écrie-t-il ; l’on n’est pas le maître de leurs faveurs avec son argent ! Eh !
parbleu, je veux foutre le con et le cul ; mais il me plaît de voir d’abord et de graisser ton cul. Que
vas-tu répondre ?

ARTICLE II

Éloge et prérogatives du cul.

— Monseigneur, dis-je, je vous avoue que mon cul mérite vos hommages ; mais non…
Je crus qu’il allait me battre.
— Comment ! sacrebleu ! (Sa Grandeur était en colère), tu ne fais que ce modeste aveu ?
Apprends que rien n’est plus beau qu’un cul, que rien n’est plus noble dans la société et plus
respecté dans le rituel de la religion. Je veux voir ton cul, en deux mots.
J’étais payée pour le satisfaire ; je mis à l’air mon postérieur ; mon homme à l’instant se plonge sur
mes fesses, les parcourt, les sépare, disserte sur leur blancheur, leur satin, leur rondeur. Il me
parut enthousiasmé de mon cul, dont je faisais si peu de cas. Je pris la liberté de le lui dire, et de
lui demander s’il aurait autant de plaisir de caresser le cul d’un mâle ?
— Ah ! petit diable, répond-il, vous voulez me tenter. Tous les culs sont beaux pour moi ; mais pour
le présent, je m’arrête sur le vôtre. Courbez-vous au pied de ce prie-Dieu, l’opération n’en sera que
plus sainte. Bon, comme cela, écartez les jambes ; au mieux.
Je faisais l’exercice, et je riais d’un grand cœur. Enfin le bougre pointe le trou du cul, essaie de
l’enfoncer, et me fait souffrir gratis. J’eus entre mes fesses la libation qu’il voulait verser dans
mon rectum ; et monseigneur, débandé, en devint plus raisonnable : j’en devins aussi plus
exigeante.
— Vous voilà donc content, lui dis-je ! reste maintenant à savoir si vous me prouverez la noblesse
du cul ; c’est à ce pivot que je tiens ; et jusqu’à vos preuves, Sa Grandeur, qui bande fort mal,
n’aura pas la gloire d’avoir essayé l’enfoncement d’un cul. Soyez sûr que ma douille sera close.
Parlez donc et montrez d’abord ce cul pontifical que vous regardez comme une merveille.
Sa Grandeur, pour trancher toute difficulté, jette sa chemise de côté, et me présente un cul à demi
couvert de poil, mais presque sans fesses. Tout ce que j’entrevis de plus honnête, c’est
un entrefesson aussi velu que l’outil antérieur. Cela plaît au femmes et ne me déplut pas.
— Au diable soit ce fameux cul ! dis-je pour l’animer ; que fait donc ce vilain cul à la religion ? que
cela qui porte des crottes a-t-il donc de si noble ?
— De si noble ! s’écrie-t-il ; tu ne connais donc pas les prérogatives de la noblesse ? Avant-hier la
duchesse de Hesse a obtenu un tabouret chez la reine. Qu’est-ce à dire ? sinon que la Reine a
honoré le cul d’une duchesse. Le prince de Prusse, depuis quelque temps, s’est assis sur le trône.
Qu’est-ce à dire ? sinon que le cul du prince de Prusse s’est placé sur un fauteuil destiné pour le
cul royal de la Prusse. Ne dit-on pas dans ton propre pays que les magistrats ont le cul sur les
fleurs de lis pour porter tous les impertinents arrêts qui condamnent au feu quiconque a le bon
sens ? Aussi voit-on bien qu’ils jugent par le cul. Si leur cerveau s’en mêlait, leurs arrêts seraient
plus raisonnés. Si tu me demandes que font les culs à la religion, je répondrai que tu ne sais pas
même ton catéchisme. Un misérable curé à son siège dans son église : id est, la place de son cul.
Ma chaise épiscopale n’est placée si haut que pour exalter l’éminence de mon cul. Enfin, le Saint-
Siège, dont tous les jours on te cite les sacrées décisions, ne sont que des décisions du cul ;
puisqu’un siège en tout pays est la place d’un cul. Tu respectes, cependant ; l’univers entier (urbi
et orbi), adore les bulles, les brefs, tous les canons émanés du Vatican : en bon français, du saint
cul. Et tu oses demander si l’on respecte un cul ? La seule observation que je fais ici, c’est qu’il ne
s’agit que d’un cul mâle, que j’invite tous les soirs à baiser respectueusement. Pour moi, j’aimerais
mieux le cul d’une seconde papesse Jeanne qui me semblerait bien plus beau et plus appétissant :
mais sans porter si loin mes augustes vœux, c’est à ton gros cul que je me borne, et le vieux cul
qui donne des brefs à Rome ne serait pas si fâché de prendre ses bulles entre tes fesses et de
gouverner l’univers à l’ordre du canon que ton charmant cul pourrait faire ronfler.
J’étouffais et je n’osais rire. J’étais cependant charmée d’entendre qu’il rendait aux culs femelles
l’hommage qu’il leur devait. Quant à votre cul, messieurs et messeigneurs, qui n’avez que la gloire
du tabouret, ou d’une place au fond de Saint-Pierre de Rome, le défende qui voudra. Votre insolent
cul est d’ordinaire fort sale, très puant et plus impuissant encore, du moins si j’en juge par celui de
mon pauvre évêque, qui n’en obtient aucun ressort en faveur du voisin.
Reprenons notre narration.

ARTICLE III

Apologie des droits de l’amour.

Monseigneur ne prend plus la défense des culs. Son faible outil n’en veut plus à mon cul. Il
m’ordonne en conséquence de l’asseoir sur mon lit, et il s’empare du devant.
Il examine d’abord la rondeur de mes cuisses, prend rigoureusement la mesure de la porte qu’il
veut franchir.
— Mais, dit-il, tu es aussi velue que moi !
— Par ma foi, répondis-je, l’idée est nouvelle ! Vous avez du poil de la tête aux pieds, et vous ne
voulez pas que j’en aie au con ; en bonne justice, il m’en faut au con autant que vous en avez sur
tout le corps. Si ma décision, par hasard, vous déplaît, régnez, monseigneur, régnez sur mon cul.
Vous le pouvez bien, puisque vous osez régner par le vôtre. Du reste, votre misérable cheville me
fait tant de pitié que, si je n’avais compassion de vous, je vous renverrais à ces culs pourris
qui fatiguent en cour les tabourets, et qui dédaigneraient votre douzil.
Ces derniers mots firent si cruellement rengainer mon pauvre prélat, que je ne pus entrevoir son
vit. Je le crus absolument nul, et la charité m’engagea à le réveiller.
— Parlez donc, monseigneur, dis-je d’un ton familier (j’avais acquis le droit de ne pas me gêner) ;
je ne vous reproche pas les caresses que vous avez faites à mon cul ; il ne les a pas reçues sans
mérite, et d’ailleurs un cul vous paraît une pièce si sublime que l’on dirait même en théologie que
tout est créé pour les culs. Vivent donc les culs ! je n’en parlerait plus ; mais vous prétendez
encore piler le divin mortier ! et cela me donne des scrupules nouveaux. Rappelez-vous donc que
vous avez condamné au célibat des moines vigoureux, des prêtres bouillants, de jolies petites
nonnes, que réclament les droits de la nature. Vous devez l’exemple, enfin, et je ne puis vous
pardonner de vouloir foutre, tandis que vous prescrivez le jeûne le plus cruel à des braves gens
qui foutraient plus vigoureusement que votre molle Grandeur.
— Ne gronde donc pas, charmante, répond-il en me chatouillant les fesses et le con, je vais
m’expliquer. Dans l’espèce humaine, ainsi que dans les autres espèces animales, chacun a ses
besoins. En conviens-tu ?
— Oui, ensuite.
— Ensuite, c’est que mes besoins m’entraînent vers une femme. Puis-je me refuser à l’instinct de
la nature ? J’en suis les saintes lois en tout. L’humeur me suffoque, et je me fais purger. Le sang
abonde dans mes veines ; Dieu veut sans doute que je le garde, puisqu’il ne lui a ménagé aucune
issue. Pourtant je me fais saigner, et personne ne le trouve mauvais. Que ferais-je de cette liqueur
bouillante qui gonfle mes couilles, qui bande mon vit avec une force qui m’étouffe ? Oh ! cette
précieuse liqueur a son issue. Mon vit en est le canal naturel ; c’est donc par là qu’il faut que je me
décharge de ce poids surabondant et douloureux : la nature me l’inspire ; mais elle me fait en
même temps désirer de la verser dans le réservoir qui lui est destiné. J’ai le bonheur de le
rencontrer ; et l’aimable enfant qui le porte veut bien se prêter à mes vœux et tempérer avec mon
suc ses propres besoins. Lui fais-je tort ? Non, sans doute ; elle dispose de son bien en obéissant
à la nature. Suis-je coupable moi-même ? Cela ne peut être. Sans avoir jamais vu ni femelles, ni
cons, mon vit bande et souhaite un canal qui le reçoive. Il devine que ce canal est entre les jambes
d’un être dont le visage a mille grâces. Je m’y porte avec une espèce de fureur, et nous nous
rendons un service réciproque ordonné par la nature, puisque la nature veut que nous expulsions
toutes les humeurs surabondantes qui gênent ses ressorts. Je vais plus loin, et j’ajoute que si le
moyen de se soulager manque aux deux sexes, chacun doit choisir le plus commode et le plus
prompt de tous les remèdes. Une fille chaude et qui n’a point à ses ordres des pistons, peut donc
s’en faire un avec son gros doigt, ou mieux encore avec un de ces instruments mignons que l’on
appelle les singes du vit. Un mâle, par la même raison, peut entre ses mains pressurer un vit trop
raide et lui faire rendre un peu de son huile. Sans cette double ressource, un célibataire qui serait
ardent lèverait publiquement les jupes de la première femme. Ces pauvres filles que l’on infibule si
chrétiennement ouvriraient leurs jambes au premier vit qui lèverait la crête. La société serait donc
troublée : ou les deux sexes seraient condamnés à la douleur et souvent à la rage. Il serait sans
doute un moyen facile de prévenir ce désordre, mais n’espérons pas que cette recette prenne ;
l’on tient trop aux plus sots préjugés. Reste donc la mienne, dont il semble que le beau monde soit
convenu ; par là les deux sexes sont à l’aise. Je ne plains que ces charmantes recluses dont je me
plairais à caresser les secrets appas, mais que notre ordre laisse à la faible vigueur d’un directeur,
lorsque le scandale n’est pas à craindre, ou à la cruelle ressource du godmiché, que les vieilles
nonnes leur ravissent dans leur impuissante fureur.
Ici Sa Grandeur s’arrêta, et je repris ainsi :
— Je me doutais bien, monseigneur, que tous nos prélats à talons rouges pensaient, parlaient tout
bas, comme vous ; mais je n’eusse jamais cru que cet aveu eut été fait sur le con d’une fille que
vous traiterez de putain, ou, pour conserver la décence des termes, de fille publique, qui ne se doit
à aucun secret. Me voici maintenant dispensée de défendre tout haut l’honneur d’un évêque qui
me sonde en secret, et je vais apprendre au public qu’un évêque veut foutre tout comme un autre.
— Que dis-tu ? morbleu ! s’écrie Sa Grandeur. Gardons les dehors, ma bonne amie. Je te donne
encore six louis si tu me promets de fermer la bouche supérieure et de rouvrir la mignonne. Seras-
tu satisfaite ?
Je l’étais beaucoup de ses principes ; six nouveaux louis achevèrent de me convaincre, et je
permis à monseigneur d’exploiter mes pays chauds pour la seconde fois. Le pauvre homme s’en
tira très faiblement, ne me donna pas le moindre plaisir, et ne se releva qu’après avoir honoré de
quelques tapes mes fesses, qu’il trouvait admirables.
— Tout n’est pas au mieux, monseigneur, lui dis-je ; mon petit a jeûné ; mais vous avez versé de
l’or dans ma bourse ; l’un compense l’autre, et tout n’est pas si mal.
Madame Jolicon et la jalouse Minette s’impatientaient sérieusement de la longueur de notre scène.
Elles entrèrent chez moi dès que Sa Grandeur en fut sortie, et me demandèrent de ses nouvelles.
Je leur répétai ses maximes, comme je m’y étais engagée ; elles s’en étaient doutées ; mon
certificat les décida et fut la base de notre nouveau plan de vie.
— Un célibataire aime autant les plaisirs qu’un autre homme, dit en concluant prudemment la
bonne maman, mais il n’ose manger partout de la pomme. Ménageons donc aux célibataires vos
belles pommes. Nous ferons fortune avec eux, et nous nous enivrerons de plaisir. Fiez-vous-en à
mon expérience.

ARTICLE IV

Exploits secrets et réception de deux nouvelles sœurs.

À la fin de la conversation que je venais de terminer, Minette et moi nous priâmes madame Jolicon
d’être toujours notre mère, et nous prîmes ensemble un verre d’extrait de genièvre, dont j’avais
besoin ; notre maman fut ensuite à la découverte des chalands, et nous nous enfermâmes toutes
deux. Or, devinez quel fut notre plaisir ? Je vous en défie, et ma sincérité va vous en faire le récit.
Nous nous dépouillâmes et nous parcourûmes avec autant de feu que si nous eussions été d’un
sexe différent. Les tétons, la gorge, le cul, le con, tout fut examiné.
— Nous sommes bien sottes, dit Minette, attrapons la maman et montrons-lui notre ardeur pour
faire valoir son parthénon.
— De quoi s’agit-il ?
— Tu sais friser et je frise assez passablement. Parbleu ! nous avons assez de poils pour
l’orner ; amusons-nous à cela. Lorsque maman reviendra, nous lui ferons le cadeau de deux cons
frisés, et de joie elle nous embrassera.
Cette idée originale me plut, et j’ajoutai que nous pouvions donner à cette frisure des figures
grotesques, si nous avions le poil assez long. Il fallut le passer au peigne, et la belle Minette n’y
gagna pas ; mais elle fit noblement ce sacrifice de l’amour-propre, me frisa selon mon dessein, et
j’employai tout mon art pour tirer le plus charmant parti de sa toison.
À l’arrivée de maman, je lui montrai une assez jolie fente, traversée diamétralement de trois gros
vits, dont les coudions reposaient sur le bord de mes lèvres. Minette lui fit voir un con couronné de
quatre cons réguliers dont chacun semblait inviter à la jouissance. Jolicon rit comme une folle de
cette scène et me pria d’imaginer aussi le parti que l’on pourrait tirer de son taillis. Dès que je l’eus
vu :
— Maman, lui dis-je, votre bijou est merveilleusement entouré ; ce serait un meurtre d’en
dénaturer le charmant bosquet ; laissons-le tel qu’il est.
— Je t’entends, coquine, répond-elle en riant : mais apprends qu’il est des sots qui aiment un con
sans poil, et que les sots ne sont pas si rares que mon poil. Quoi qu’il en soit, je ne serais fâchée
ni d’être toute velue, ni d’être tout con, je gagnerais de la tête aux pieds. Heureusement pour moi,
vous avez le poil assez beau, assez long, assez touffu, pour le plier sous les lois de la plus fine
volupté ; et vous voulez bien le façonner pour me plaire. Je vous en remercie, et je vous promets
que je n’épargnerai rien pour vous procurer le bien-être et le plaisir.
Je crus d’abord que la maman ne voulait que nous flatter ; nous eûmes de puissantes preuves
qu’elle veillait au solide, puisque dès le lendemain nous comptâmes plus d’agréables que nous ne
pouvions en fournir, et que le soir même il nous arriva deux jolies filles dont j’avais presque envie
d’être jalouse. Vous voudrez, mon cher lecteur, savoir le pourquoi. Je vais vous satisfaire en deux
mots, et je continuerai mon histoire.
Fanny et Julie (ce sont les noms de nos deux nymphes) se présentèrent avec grâce devant leurs
futures compagnes, et nous firent un petit compliment qu’une fille reçoit d’autant mieux qu’il
chatouille davantage son amour-propre. Nous y répondîmes de manière à les satisfaire, et nous
leur proposâmes de mesurer nos charmes, non pas pour mépriser les moins séduisants, mais
pour être sûres de leur valeur relative, afin de nous distribuer selon le goût et le caprice de nos
messieurs.
Fanny donna le premier exemple : tous ses appas furent étalés. Dieux ! que je fus enchantée !
Imaginez-vous que ses fesses saillaient de plus de six pouces. La profondeur de la gouttière était
proportionnelle à la saillie de ces globes ravissants. C’est bien le plus beau cul que l’on puisse
admirer. À quoi pensait mon voluptueux évêque, d’être absent ? Lorsqu’elle se tourna sur le
devant je fus encore plus humiliée. Un noir d’ébène donnait à la plus ample toison une majesté
capable de réveiller le plus vieux mufti ; j’eus de la peine en m’en approchant à distinguer dans le
centre de ce superbe taillis ces lèvres de carmin qui font tourner la tête aux hommes, et qu’elle
savait ouvrir et fermer avec un art qui n’appartient qu’à Fanny.
Julie, moins grande et plus blonde, montra conséquemment une peau satinée ; mais deux fesses
communes, si je les compare au divin cul de Fanny. Elle fut piquée de ne pas entendre
d’exclamations lorsqu’elle les présenta. Pour se venger elle mit les mains sur sa fente en se
retournant, comme pour nous apprendre que son derrière ne méritait pas nos mépris, et que le
sacré portique de l’amour ne serait présenté qu’à nos vœux. Cette ruse, que je devinai, me piqua.
Je sautai sur ses mains, et j’appelai Minette, qui lui rendit autant de justice que moi. Sa délicieuse
bouche est taillée merveilleusement. Le bosquet qui la défend est d’une couleur douce, que bien
des connaisseurs préfèrent à ce sombre noir, que moi-même je n’aimerais pas si j’étais mâle ;
mais il ne faut pas disputer des goûts. Celui-ci aime la brune, celui-là préfère la blonde. Nos
élégants Français donnent insolemment la palme à la négresse, qui pue ; il est vrai qu’elle est
chaude. N’en parlons plus.
Pendant une semaine entière, nous reçûmes les hommages d’une foule de cavaliers, que nous
mîmes au régime, parce que chacun devait passer à son rang, ils firent tous merveille et payèrent
bien. Nous n’eûmes de plaintes à former que contre un polisson, qui paraissait honnête, et qui
donna la vérole à la pauvre Julie ; en moins de deux heures son teint changea, ses jolis petits
tétons perdirent leur ressort ; l’entrée de son carquois fut couverte de pustules : elle nous faisait
horreur. Nous l’aimions trop pour ne pas la soulager, et, à force de soins, nous réussîmes à la
guérir. Elle le fut à peine que nous songeâmes à nous préserver de ce détestable fléau. Nous
plaidâmes la cause commune au tribunal de la maman. Son intérêt personnel et la justice de nos
plaintes l’engagèrent à rendre une ordonnance, qui fut affichée à la porte de nos appartements
secrets. Et ordre fut donné à la tourière de n’introduire aucun cavalier qui ne l’eût lue, méditée et
ne se fût soumis aux peines y portées ? Elle est trop précieuse pour de jolies filles, trop essentielle
à la police de la plupart des parthénons, trop honorable à l’équité de madame Jolicon, pour que je
la passe sous silence.
La voici transcrite sans ratures et dûment contrôlée. Je respecte assez le nom des contrôleurs
pour le taire.

ORDONNANCE

DE MADAME JOLICON

Nous, Magdeleine Jolicon, impératrice du premier bordel de Vénus, directrice de tous les cons,
pourvoyeuse éclairée des plus jolies filles, juge née des vits, couillons et lieux circonvoisins,
gouvernante de tous les pays chauds d’aucuns mâles et femelles de notre obéissance, à tous et
chacun de nos sujets, SALUT !
Vu la requête à nous présentée par la nommée Julie, fille charmante et digne de toute notre
protection, tendante à ce que le premier venu, sous prétexte d’un louis, ne la foute qu’après visite
faite de ses agrès ; vu encore la plainte jointe à la requête et à nous présentée par les nommées
Fanny, Minette et Lyndamine, disant que Julie requérante avait innocemment donné du plaisir et
reçu les beaux feux d’un quidam qui, en revanche, l’avait honorée de certains présents, appelés
chancre, chaude pisse, vérole et autres dons qui eussent pourri l’un des plus aimables cons de
notre dépendance, sans les soins assidus qu’elles se sont donnés pour rendre à cette jolie fille sa
première noblesse : Vu encore le rapport circonstancié de Long-vit qui personnellement
attaque Gâte-con ; conclusions du visiteur de nos culs ; tout considéré et notre conseil consulté,
avons déclaré, statué, ordonné ; déclarons, statuons, ordonnons, voulons et nous plaît ce qui suit :
CODE

DU BORDEL DE CYTHÈRE

ARTICLE PREMIER. — Il est ordonné à la sœur Foutanges, tourière de notre couvent, de refuser la porte
à quiconque ne consignera pas quatre louis pour répondre à ses hauts faits, et de la visite que
nous entendons faire de toute sa personne avant d’être introduit dans notre sanctuaire, sauf à lui
rendre une portion de la consignation selon les conventions fixées ci-après.
II. — Il est ordonné que toutes filles de notre juridiction auront à s’approvisionner sur-le-champ de
peignes pour friser leur poil, de pâte d’amande pour adoucir leurs fesses, de cuvettes d’eau de
senteur pour embaumer leur con, sous peine d’être fouettées publiquement pour la première fois,
privées de vits pour la seconde, et chassées pour la troisième.
III. — Il est ordonné que tout cavalier qui se présentera, outre la consignation ci-dessus, sera tenu
de comparoir par-devant nous et notre conseil, pour exhiber ses pièces, que scrupuleusement
nous examinerons, et de nous déclarer, s’il veut foutre un cul ou un con, afin que, d’après notre
visite et son choix, nous fixions les prix et appelions nos sujets.
IV. — Outre la propreté des couilles et du vit que nous recommandons à nos chalands, ils feront
preuve par-devant notre conseil de leur vigueur, et nous ordonnons que le plus faible vit bandera,
du moins, de quatre pouces trois dixièmes ; sans quoi il sera dédaigné et la consignation perdue.
V. — Quiconque voudra foutre un cul ne pourra foutre le con d’aucune de nos filles, à moins qu’au
prix fixé par nous pour un cul, il ne paye d’avance le double fixé pour le con ; voulons bien, pour ne
point surcharger nos amés et féaux chalands, plus exiger pour un joli cul, pour un con ferme et
étroit, que pour un cul flasque et un con large, vu que l’on n’est pas le maître de ses caprices, et
que, selon les saisons, nous nous contentons nous-mêmes d’un vit sans force, et qu’ensuite nous
désirons le plus fort et le plus dru.
VI. — Les prix sont différents, selon la diversité des figures. Il est d’abord statué que tout cavalier
n’entrera qu’à cul nu dans notre foutoir. S’il veut jouir de l’une de nos filles à cul nu, il payera le
quadruple de celui qui fera simplement lever les cottes sur le derrière ou sur le devant. Notre
humble modestie a dicté cet article équitable.
VII. — L’on ne foutra que de nuit et à tâtons. Les outils n’ont pas besoin de lumière pour se joindre.
Si quelque cavalier en exige pour contempler les appas de sa belle, il payera le double du prix fixé
pour la nuit.
VIII. — Le cul de nos aimables sujettes sera payé six livres ; leur con, un louis. Ordonnons en
outre que leur jeunesse et la couleur du poil augmenteront le prix. Le poil noir vaudra douze livres
de plus que le tarif général ; le brun en vaudra dix et le gris deux. Le poil blond vaudra dix écus en
sus, attendu que nous sommes dûment instruites du goût de nos messieurs pour les cons à poil
blond. Nous ne donnerons aucun prix au poil rouge : nous l’excluons pour jamais de notre
domaine.
IX. — Un con neuf, outre le prix déjà fixé, sera d’abord payé douze louis, quelle que soit l’ampleur
et la couleur de son poil. Ce prix diminuera selon le nombre des vits qui l’auront sondé. Statuons,
en conséquence, qu’il sera dressé un tableau où le nom de nos sujettes sera inscrit sur une
colonne ; et sur une suivante le nombre de fois qu’elles auront été fourbies ; nous nous chargeons
de l’exactitude de cet article.
X. — Seconde visite sera faite des couilles et des vits dans notre anti-foutoir, et quiconque sera
impuissant aura le fouet de la main de toutes nos sujettes, et sera chassé comme un lâche.
Ordonnons en outre que quiconque aura du mal au vit sera rigoureusement écouillonné. L’honneur
de notre empire exige irrévocablement cette cruelle précaution.
XI. — Sur les quatre louis consignés ès-mains de la sœur tourière, trois seront rendus au cavalier
qui lui présentera un certificat scellé de notre sceau, et lui donnera un coup de vit pour la repaître.
Un seul louis sera remis à quiconque lui refusera ce faible trait de l’amour, à moins que, fatiguée
de plaisir, elle n’accorde une dispense, ce dont nous lui octroyons le pouvoir.
XII. — La sœur tourière fera lire la présente ordonnance à tous ceux ou celles qui se présenteront,
et suivra notre présent règlement dans toute sa force, sous peine pour elle d’être dépilée par l’une
de nos filles, exploitée par le premier vérolé qu’elle admettra, en pleine cour, et avec toutes nos
malédictions, dont l’expulsion sera le terme.
Si, donnons en mandement à tous maquereaux, raccrocheurs de femelles, tourières et
introductrices de nos antres sacrés, filles que nous gouvernons et autres à venir, qu’ils aient à
exécuter et faire exécuter notre présente ordonnance, sous les peines arbitraires que nous
jugerons à propos d’infliger ; car tel est notre plaisir.
Donné à Cythère, dans notre premier foutoir, l’an douzième de notre surintendance.
Signé : JOLICON
Et, plus bas :
BEAUVIT.

Cette sage ordonnance nous mit à couvert de tous les maux qu’éprouvent tant de millions de filles,
dont tous les talents, pour vivre, se bornent à bien exprimer le suc vital. Tous les fourbisseurs à
semaine craignirent pour leur vit ; un seul osa s’exposer et fut gravement châtré. Cette nécessaire
rigueur effraya nos élégants à toute sauce, et nous ne vîmes que d’honnêtes gens. Le barreau, les
sciences, le ministère, la finance, le clergé nous donnèrent de délicieuses pratiques. La plus
grande de mes malices sera de rappeler quelques traits de ces états divers ; et ma conséquence
la plus générale sera toujours que tout a été au mieux pour moi et du moins très bien pour nos jolis
messieurs qui n’ont pas eu lieu de se plaindre de nos ébats amoureux. C’est toujours beaucoup de
les avoir garantis du danger qu’on court dans les parthénons.
CHAPITRE III

HISTOIRE SECRÈTE DU COUVENT DE MADAME JOLICON

L’ordonnance était à peine affichée que deux jeunes agréables se présentèrent à deux heures l’un
de l’autre. Le premier était un grave conseiller dépouillé de sa robe rouge et de son ample
perruque. Il voulut d’abord essayer avec Foutanges les forces qu’il prétendait nous apporter.
Foutanges en fut éprise. Un demi-louis eut le secret de lui faire lever ses jupes ; elle eut la bonté
de se laisser fourbir en dépit des règlements ; et sans prévoir que l’on pût s’en douter, elle
introduisit le magistrat assez content de ses épreuves. Il nous parut assez mince dès l’entrée :
l’exploitation de ses pièces en démontra la raison.
— Comment, morbleu, s’écria notre maman, votre vit sent encore le con, et vous osez vous
montrer ! Sachez, monsieur, qu’un conseiller ne nous tente pas ; je ne veux pourtant pas vous
chasser ; avouez la vérité, et je me réserve de prononcer selon les règles de l’équité. Mon code
vous est peut-être inconnu ? C’est la seule excuse que je puisse supposer pour vous pardonner.
Le robin humilié crut gagner beaucoup en découvrant les faiblesses de Foutanges ; il gâta la
besogne. Foutanges fut condamnée, selon la rigueur de l’ordonnance, à perdre son poil. Je l’en
dépouillai moi-même, à regret, parce qu’elle était encore jeune et que le temple était en bon état ;
mais elle n’a pas continué d’être sage, et elle a été congédiée. Je dirai le pourquoi vers le temps
de sa honte.
Si l’on ignorait que l’ânerie du clergé ne tombe que sur la théologie et qu’il est des plus savants
dans l’art de la volupté, l’on ne se persuaderait pas que nous dûmes à ce qu’on appelle un docteur
la plus savante leçon de plaisir sensuel. C’est cependant à la profonde manœuvre de monsieur
l’abbé de Pilecon que nous eûmes l’obligation d’une foule de découvertes que je vais bientôt
rendre publiques.
Foutanges, honteuse et dépilée, proposa-t-elle encore à cet abbé de parcourir ses charmes ? Je
l’ignore et m’en inquiète peu. Ce petit sémillant, que nous n’eussions pas reconnu s’il n’avait parlé
lui-même de ses bénéfices, entra dans la salle de l’assemblée dans l’instant de la visite que nous
faisions régulièrement de nos pays chauds : parce qu’il était arrêté entre nous que jamais nous ne
troublerions l’ordre de nos menstrues, que chacune en compterait les périodes et les prouverait,
afin que chacune eût sa dose de plaisir et de fatigue, et qu’aucune ne fût la dupe ou le supplément
des autres. L’on n’avait excepté que le choix de la fille, selon la rigueur de l’ordonnance de notre
chère reine.
Monsieur l’abbé, malgré notre vigilance, eut le temps au moins d’entrevoir la couleur et l’élégance
des fentes qui étaient à l’air. L’on voit d’abord que Foutanges avait ménagé ce moyen de donner à
monsieur l’abbé une scène appétissante. Elle eut le cul déchiré pour cette faute que l’ordonnance
n’avait pas prévue. En attendant, le grivois alerte eut du plaisir.
Écoutons-le.
Au premier bruit les jupes furent sur les talons, et la maman, d’un air auguste, lui demanda ce qu’il
désirait.
— Madame, dit-il, je désire, pour mon argent, me décharger d’un fardeau brûlant sur le sein de
cette aimable fille que voici. Il montrait Fanny.
— Monsieur a lu l’ordonnance apparemment, répond madame Jolicon.
— Oui, répond-il.
Et sur-le-champ il met bas sa culotte. Madame jugea qu’il était dans les règles, et nos deux
athlètes passèrent dans le foutoir, tandis que nous continuâmes la visite des pays chauds.
Le combat nous parut long, parce que les conjoints furent ensemble plus d’une heure. Hélas ! la
charmante Fanny n’en jugeait pas de même, elle eut des mots, et point de baume, des
mouvements de la bouche et de faibles coups de piston qu’elle souhaitait. Sa douceur ne lui permit
pas d’en faire le moindre reproche à monsieur l’abbé : elle eut même la complaisance de le
reconduire en chemise et de consentir qu’en recevant ses adieux il eût encore la consolation de
porter la main sur ses fesses et sur leur tendre faubourg.
Dès qu’il fut congédié, elle revint à nous en riant.
— Malgré mon espoir, dit-elle, je ne suis pas lestée ; mais j’ai dans la tête une science nouvelle :
cela peut être utile ; voulez-vous en profiter ?
— Es-tu folle, s’écria notre maman, avec ta science ? parbleu ! nous voulons toutes être savantes
dans l’art de foutre ; c’est là le véritable optimisme. Va-t’en au diable si tu parles davantage
science.
— Eh non ! maman, répondit Fanny ; il ne s’agit précisément que de cela. Au dire de ce profond
abbé, il est un art de s’accoler en cadence, d’amalgamer nos liqueurs avec la science, d’enfoncer
une fille et de parler en la sondant, le langage des docteurs. En un mot, il est un art de donner à
tous nos plaisirs des noms savants, qu’il ne sait qu’à peu près. Si vous le voulez, vous aurez
bientôt un seigneur à poil qui se fait fort de nous instruire toutes, en trois leçons. Décidez-vous,
demain il doit revenir et prendre vos ordres.
— Je me fous des noms, dit Jolicon en colère. Eh ! que m’importent-ils, mes chères enfants,
pourvu que l’on soit propre et que vous soyez satisfaites ?
— Peut-être, répond Fanny, les noms seront-ils de votre goût ? Tous les élégants qui nous visitent
n’aiment pas qu’on leur parle sur le ton du bordel. Qui sait si des noms plus savants ne nous
attireraient pas plus d’honnêtes gens ? L’on sait bien que, dans presque toutes les maisons, les
femmes se font savonner par leurs greluchons. Cependant il est convenu qu’elles n’ont que des
amis, et notre couvent a lui-même pris le nom décent de Parthénon. Enfin un mâle vous foutrait-il
plus mal, si, par exemple, en plein exercice, il vous disait que son prisme est au mieux dans
votre cylindre ?
— Quel drôle de langage ! s’écria madame Jolicon ; il faudrait être sorcière pour le comprendre.
Sais-tu. Minette, ce que cela veut dire ? Et toi, Lyndamine, qui es rusée, connais-tu le cylindre de
Fanny ? Cette bougresse radote, je crois.
— Maman, répondis-je, voulez-vous m’entendre ?
— Parle donc.
Et je dis :
— Dès que les choses subsistent, les noms importent peu. Et plusieurs personnes peuvent être
choquées de ceux de notre dictionnaire. Que je dise, par exemple, à un dévot : « Camarade,
bandes-tu ? Voyons ton vit ? est-il assez dru pour foutre un con qui demande une cheville d’un
pied ? » Il y a là de quoi épouvanter un pauvre diable de novice, tandis qu’avec des termes
savants je pourrais l’amener et lui faire faire l’exercice de l’amour.
Écoutons Fanny ; il est souvent à propos de se mettre à la mode, et l’on dit qu’une fille docteur a le
con plus chaud qu’une sotte. Voilà donc ce qu’il faudrait à nos messieurs, et je conclus à prendre
de la science, nos jolis minons en vaudront mieux.
Il fut arrêté que Fanny débiterait toute sa science, qui n’allait pas loin, en attendant la visite et les
leçons du lendemain. Et d’abord madame Jolicon lui demanda l’A B C de sa nouvelle doctrine.
— Maman, répondit-elle, je ne suis pas fière ; mon pauvre abbé était assez mal avitaillé, et de ce
côté-là je n’ai guère à m’en louer ; mais, en vérité, il m’a séduite par sa science et étourdie par je
ne sais combien de mots baroques dont je n’ai retenu qu’une très petite partie.
Écoutez-moi :
J’avais les jambes raides et le con ouvert, lorsque l’abbé, à cul nu, s’est approché.
« — Quel diable de vit avez-vous ! ai-je dit avec humeur.
— Charmante fille, a-t-il répondu, je sais qu’il ne fait pas avec mon ventre un angle fort aigu, et
j’avoue que sans ce cercle mignon dont tu m’offres les grâces, il ferait à peine une ligne
horizontale ; mais cela peut-être vous suffira, il faut en essayer. »
— Et tu as compris ce diabolique jargon ?
— J’y ai compris quelque chose.
— Quoi donc encore ?
— J’ai compris que son pauvre vit était sans ressorts, que le cercle féminin était un con, que…
etc… Oh ! ma foi, vous êtes trop difficiles : il doit revenir demain, vous vous expliquerez.
— Mais doit-il revenir seul ?
— Non, il m’a promis d’amener un académicien qui nous donnera des leçons fort géométriques, si
nous daignons lui prêter nos instruments. Pour moi, je me fais un plaisir d’en être toisée ; et
maman, je crois, ne se trouvera pas si mal entre ses bras.
— Toute réflexion faite, dit madame Jolicon, je pense, mes enfants, que Fanny a raison. Faites
demain, à votre lever, la toilette de vos minons ; appelez Vénus, faites-la présider à vos appas. Il
faut entendre un académicien ; ses gens-là savent tout. Qui sait s’il ne nous donnera pas des
secrets inconnus encore pour gagner de l’argent ? Ne négligeons aucune des routes qui mènent à
la fortune. C’est là, dit-on, la maxime de l’avarice. Je dis, moi, que c’est là le plus précieux
optimisme que je puis vous prêcher. Comment appelles-tu ce docteur, Fanny ?
— Je sais, dit-elle, que l’abbé se nomme Pilecon, mais…
— Mais, reprit la maman, tu nous donnes un nom charmant : Pilecon. Vous savez, mes filles, ce
que signifie ce nom auguste ; c’est à celui-ci que je me tiens, et je veux présider à la première
leçon. Quelle consolation pour moi si ces messieurs honoraient notre palais ! Si vous saisissiez ce
genre nouveau de vous faire foutre savamment, c’est alors qu’il ferait bon d’apprendre à nos
petits-maîtres qu’il est de leur intérêt de vous sonder souvent pour puiser dans nos charmants
cons le savoir que nos docteurs fourrés s’imaginent que l’on n’enseigne que dans leurs écoles,
dont les murs glacent d’effroi.
Ces ordres donnés et acceptés, nous pensâmes qu’il était temps de prendre du repos. Un
financier vint le troubler ; mais il nous parut si misérable à travers ses habits dorés qu’aucune de
nous n’était tentée de le recevoir. Il fallut pourtant feindre, parce qu’il s’était mis en règle et qu’il y
avait des pistoles à gagner. J’eus le malheur d’être nommée ; je dis le malheur parce que je ne
voyais qu’un bougre qui convoitait mon cul.
— Finissons vite, lui dis-je, je n’ai plus de ressort dans les fesses ; vous en tirerez le parti que vous
pourrez.
Le pauvre diable y fut pourtant si serré que je le forçai d’y faire une pénible libation.
Non content de ce sacrifice, il voulut encore tâter du devant, et pour cet effet il se plaça entre mes
cuisses ; mais tous ses efforts devenant inutiles, j’en exigeai deux louis, qu’il me donna, et je me
couchai.
— Cela va bien, dis-je, avec des louis on peut pencher vers l’optimisme.
Le jour suivant, de grand matin, notre maman reçut ordre d’un commis des Bureaux de lui envoyer
à sa petite maison une fille propre au plaisir et assez complaisante pour se prêter à ses caprices
sans nombre. L’on tira au sort à la vue de cent louis à partager, et le sort tomba sur Fanny.
— Cela ne se peut, dit-elle ; en dépit de l’envie que j’aurais de partager vos fatigues, vous savez
que j’attends notre géomètre et que…
— Cela est juste, répondit l’assemblée, et nous n’y pensions pas. Revenons au sort.
— Cela n’est pas nécessaire, repartit Julie ; je suis par vos soins sûrement guérie, disposée plus
que jamais au travail, et je me charge de cette besogne.
Nous nous amusâmes de concert à la parer de tous les attraits capables de faire honneur à notre
Bureau ; et à peine était-elle partie pour sa destination que l’on nous annonça le brave Pilecon
avec le savant que nous attendions.
Nous ne pûmes nous empêcher de rire à la vue des armes qu’ils apportaient.
— C’était, disaient-ils, des règles, des compas, des récipiangles, des équerres, des…
— Quel diable d’attirail ! s’écria madame Jolicon ; faut-il tant d’apprêts pour foutre ?
— Madame, répond l’académicien, tous ces outils sont nécessaires à la démonstration.
— À la démonstration ! dit-elle ; eh ! monsieur, démontrez que vous bandez fort, et l’on vous
démontrera que les cons, sur lesquels vous comptez, savent coiffer leurs glaives. Cela, me
semble, doit suffire. J’enrage quand j’entends tous ces sots termes qui ne font que retarder le
plaisir.
— Maman, dit Fanny d’un air auguste, vous savez que nous sommes convenues de voir ces
messieurs. Retirez-vous si le jeu ne vous plaît plus, après l’avoir approuvé : mes camarades et
moi, nous sommes curieuses. La première leçon qu’elles ont entendue en votre présence leur en
fait désirer une seconde. Trouvez bon qu’elles la reçoivent de ces messieurs.
ARTICLE PREMIER

Première leçon de géométrie.

Madame Jolicon ne put refuser.


— J’avais consenti, dit-elle, et je m’en souviens à présent, à cette grave séance : j’ai promis d’y
présider. De quoi s’agit-il, messieurs ? Quel instrument braquez-vous le premier ?
— Ma noble dame, dit poliment le géomètre, l’instrument d’usage est à vos ordres, si vous daignez
le recevoir.
— Oh ! oh ! s’écria notre maman, un géomètre est donc aussi galant ? Voilà, ma foi, la perle des
mâles. Cela sait vivre et cela est savant. Je ferai, monsieur, et je ferai faire l’exercice que vous
ordonnerez ; parlez.
— Encore une fois, ma charmante, répondit l’élégant géomètre j’ordonnerai que vos appas
acceptent nos hommages ; mais, si vous n’êtes pas trop pressée, nous procéderons aux
préliminaires. Mes leçons veulent des corps, et vos corps sont sous d’inutiles enveloppes…
— Je vous entends, monsieur, il vous faut des corps nus. Le vôtre le sera-t-il ?
— Cela doit être, dit notre savant.
Ordre fut conséquemment donné de se mettre in naturalibus.
Sur-le-champ cottes et culottes d’être entassées : tous les culs de l’assemblée furent sous les
yeux.
Déjà le géomètre avait en main les instruments de son métier. Celui de la nature devint si frétillant
à la vue de nos charmes, que je dis tout bas à Minette :
— Le démonstrateur est vif ; vois-tu comment il bande ? il sera forcé d’éteindre ses beaux feux
avant d’étaler sa science.
— Tant mieux, répond Minette, si je suis la reine du bal ; la majesté de son sceptre m’enchante.
Cette réponse me fit faire un mouvement indiscret.
— Mademoiselle, dit mon savant, ne souscrivez-vous pas à toutes nos conventions ?
— Commencez vite, répondis-je, je ne soupire que pour vous entendre.
Il m’embrasse, me donne deux ou trois caresses et dit :
— Mes chères dames, la nature entière est l’objet de la géométrie. Je n’en choisis, pour vous
instruire, que la délicieuse portion que vous daignez nous exposer. Distinguons à la vue des lignes
et des solides. Je ne parlerai pas des surfaces, parce que la science dont il s’agit entre nous est
toute en profondeur. Je me contente donc de vous en expliquer les éléments, de les combiner
relativement à votre objet. Nous passerons au plus tôt à la combinaison des corps qui…
— Combinons d’abord les nôtres, dit en riant notre maman ; c’est tout ce que je comprends de
votre science, et ce qui m’en paraît le plus utile.
— Qu’à cela ne tienne, mon aimable, répond le galant géomètre, je me charge volontiers de faire
l’hypothénuse de tous vos appas.
Ce mot renversa notre maman. Le savant en profita et la retint le cul à terre joliment enclouée ; elle
ne se repentit pas d’avoir été l’occasion de la voluptueuse repartie de notre docteur.
Cependant le modeste Pilecon n’avait pas assez de vigueur pour se mettre à l’unisson ; et nous
allions nous plaindre ou demander notre tour, lorsque Julie entre d’un air triomphant et nous
apprend qu’elle nous réserve les plus amusantes histoires. Elle était, en effet, si extasiée que
d’abord elle ne s’aperçut pas que nos deux messieurs lui montraient leur derrière. Un signe que
nous lui fîmes les lui fit voir.
— Messieurs, leur dit-elle humblement, j’ai besoin d’être avec la petite société, et j’en demande
pardon à vos deux culs ; remettez-les dans leurs étuis.
— Messieurs, dit la maman, ce n’est qu’un délai qu’on vous demande. Je ne le refuse pas, parce
qu’il peut intéresser mon gouvernement. J’espère que demain vous voudrez bien reprendre vos
leçons.
— J’espère bien y assister, ajouta la folâtre Julie ; et celle que je vous donnerai ne sera pas des
moins savourées.
— Nous y comptons, répondirent galamment nos messieurs, sans cela notre optimisme serait en
défaut. Et ils partirent.
PARAGRAPHE PREMIER

Recrue de Julie.

Dès que nous fûmes en comité :


— Es-tu folle, dis-je, de troubler une intéressante leçon ?
— Il est ma foi bien question de géométrie, répond Julie en sautillant ; allez, allez, il y a bien des
bagatelles en l’air, et j’ai deux scènes mignonnes à vous détailler.
— Deux scènes ! s’écrie la maman ; mais je n’en soupçonne qu’une forte avec monsieur le sous-
ministre.
— Eh ! vous n’y êtes pas, maman, dit Julie, j’ai fait mon service avec ce seigneur. Cela joue le
vigoureux, et ne vient jamais à terme. J’en suis venue, moi, à mon honneur, et tout est au mieux
pour lui ; il s’agit du reste.
Monsieur le commis avait donné son adresse au premier étage de l’hôtel de Bavière. Je m’y
présente doucement ; car il ne faut jamais faire de bruit lorsqu’on va offrir une bonne fortune à un
amant qui paye. Une porte à jour et fermée de la toile la plus fine répond à l’escalier et fixe mes
yeux. J’aperçois au travers de ce faible voile une grande femelle en chemise, que deux fenêtres
éclairaient, et j’ai la patience d’attendre quel personnage elle veut jouer. Elle se tournait à gauche,
à droite, et la tête haute. Que prétend-elle faire ? dis-je tout bas. Enfin je m’aperçus qu’elle se
regardait dans un grand trumeau qui la rendait en entier, et bientôt elle commence le premier acte.
Elle lève d’abord une jambe, qu’elle appuie sur la table en face du miroir, qui me renvoyé qu’elle
détache je ne sais quoi de sa cuisse. Même opération sur l’autre cuisse. J’ouvrais des yeux
comme un chat en pleine nuit, et ne pouvais distinguer l’attache. La belle, enfin, présente le flanc
au miroir, relève pouce à pouce sa chemise par derrière, et me donne la perspective d’un cul qui
m’eût paru magnifique, si je n’eusse été frappée d’un autre objet que je ne distinguais pas encore
et que je brûlais de voir. Je n’ai pas soupiré pendant une minute, qu’elle a présenté l’autre flanc
découvert au miroir, et alors j’ai vu, — vous ne le croirez jamais, — j’ai vu, oh ! cela est unique, l’on
jurerait qu’il y a de l’artifice ; enfin j’ai vu…
Maman s’impatiente :
— Dis donc vite, putain, ce que tu as vu. Tu me mettrais en colère avec tes j’ai vu. J’aimerais
mieux voir et pressurer mon brave géomètre.
— Ne vous fâchez point, maman, reprend Julie, j’ai vu un con, ou plutôt je l’ai deviné ; il est gardé
par des touffes de poil que l’on ne peut imaginer, et, ce qui vous surprendra davantage, c’est que
ce poil est d’une longueur inconcevable, c’est que ce poil était noué autour de ses cuisses, et que
je l’ai vu ensuite pendant jusqu’aux mollets.
— Fais-tu des romans ? s’écria l’assemblée ; ne dirait-on pas que nous n’avons jamais vu de
cons ? Tu veux rire et personne ne te croit.
— À vous permis, mesdames, dit-elle, d’ajouter foi à mon récit ; mais il faut que je le finisse, vous
disserterez ensuite. La belle, qui voulait se donner du plaisir, et qui, sans doute, se trouvait au
mieux alors, prend son poil par paquets, le renvoie de chaque côté sur ses fesses, et n’en laisse
tomber que la portion qui se trouve entre ses cuisses. Alors, de deux doigts délicatement séparés
des autres, elle écarte deux lèvres de feu et porte l’un des doigts sur le trou mignon. Je l’ai vue
tressaillir ; et je crois que sans un petit bruit qu’elle craignait plus qu’elle ne l’a entendu, elle aurait
essayé de l’enfoncer. Elle semblait disposée à cette délicieuse opération, et peut-être l’a-t-elle
consommée. Je n’ai osé porter ma curiosité jusqu’à ce terme, parce que l’heure me pressait ; mais
j’ai mis du monde en avant pour la gagner à notre couvent, et l’on m’a promis de l’amener. Ai-je fait
là une bonne emplette ?
— Tu mériterais que je te baise au cul, ma chère enfant, s’écrie maman Jolicon ; tu fais merveille.
Dis-moi quand doit venir cette fille velue ?
— Ce soir, avec mademoiselle Culrond, que je vous ai encore ménagée, et que la Bascon à long
poil m’a fait assurer être une fille à secrets, et qui ferait bander un vit de cent ans.
— Cela est fort, dit maman Jolicon, mais tant mieux, après tout ; nous y gagnerons, et je t’en
remercierai.
— Oui, maman, répond la polissonne, en me baisant le cul.
— Oh ! parbleu, tout à l’heure.
Maman saute sur elle, lève ses cottes et écarte ses fesses à pleines mains.
— Enfant, dit-elle, approchez ; tenez-moi ces cottes levées et ces chiennes de fesses bien
ouvertes.
Nous obéîmes ; maman se mit à genoux auprès de ce gros cul, en approcha la bouche et cracha
si fort entre les fesses, que Julie, qui étouffait et qui voulait fuir, manqua de lui pincer le nez et de
la payer d’un pet qui se fit bientôt entendre et qui n’embauma point l’appartement. Cela servit
d’intermède à notre importante conversation. Julie cacha son cul, prit un verre d’élixir, et nous nous
préparions à la réception des deux postulantes, lorsque maman, revenue de l’étourdissement
causé par le moelleux pet de Julie, dit :
— À propos, péteuse infâme, tu nous as bien parlé de ton Culrond, dont les fesses sont peut-être
bien plates, et de la Bascon à poil, que je veux mettre en queue ; mais tu ne nous as rien dit de ton
espèce de ministre, sinon que tout était au mieux pour lui et je n’en doute pas ; et toi, chantais-tu
l’optimisme ?

PARAGRAPHE II

Anecdote de Julie avec le commis.

— Pas trop, dit-elle ; je vous ai déjà dit que ces seigneurs-là sont anéantis. Voulez-vous du détail ?
en voici…
Monseigneur, à mon arrivée, était plongé dans un bain aromatique ; il en sortit pour me recevoir ;
toutes les pièces dont j’avais besoin étaient imprégnées d’odeur. Son pauvre vit n’en était pas plus
noble. Pour lui donner de la vigueur, il m’a fait passer sous ses yeux, dans un autre bain, qu’il
m’avait fait préparer, et m’a priée de ne lui cacher aucun de mes charmes. Il s’est lui-même chargé
d’ôter mes jupes et ma chemise, et m’a frottée dans le bain depuis le nombril jusqu’au croupion. Ô
douleur, tous ces préludes ne retendaient pas ses ressorts usés.
« — Essayons, me dit-il, d’un moyen que j’ai imaginé ; si tu réussis à me faire bander, je te donne
pour ta part dix louis. Sois donc assez complaisante pour te prêter à toutes les scènes dont je veux
goûter ; tu vois que ton profit en dépend. »
Monseigneur se met le derrière sur un fauteuil assez haut pour ma taille, me fait approcher la tête
et les mains, place son vilain vit sur ma bouche et m’en remet les flasques agrès. J’ai eu beau les
patiner, frotter l’outil avec mes lèvres, qui le tétaient, l’indocile n’a pas donné le moindre signe de
vigueur.
— Faisons une autre épreuve, a-t-il ajouté d’un air humilié.
Il me prend donc entre les fesses et me plante sur ses épaules, jambe de çà, jambe de là, de sorte
que sa barbe se confondait avec mon poil, et que sa bouche en sautoir me croisait le con.
— Veux-tu bien ouvrir ta petite fente ? dit-il.
La position n’était pas favorable ; mais j’ai tant fait d’efforts que la porte s’est ouverte. Il met alors
sa langue sur ce limbe bouillant, et sa langue, plus puissante que son vit, se replie, s’allonge, entre
de plus d’un pouce, et me fait faire une secousse qui lui a fait mordre plus de la moitié de ma
toison. Cependant il me soutenait sous les fesses et les chatouillait d’une main, tandis que de
l’autre il se branlait. Tant d’efforts ont prouvé son impuissance absolue ; mais que m’importe, j’ai
reçu les dix louis, parce que, de son aveu, j’ai tenté l’impossible pour réveiller son engin, et je suis
au mieux. Mais jamais il ne pourra foutre, à moins que d’abord il ne garde un régime de dix ans et
qu’il ne boive une tonne d’élixir.
Nous n’étions pas assez sottes pour être jalouses de la petite fortune de Julie ; elle venait de la
gagner par ses complaisances, et nous l’en félicitions de bon cœur, lorsque l’on nous annonça sa
recrue.
— Cela en vaut la peine, et je suis grosse de voir un con à poil de deux pieds et une jolie fille qui
commande aux vits. Elle aurait bien dû protéger celui de ton monseigneur : ta cuvette et ta bourse
s’en seraient encore mieux trouvées.
— Je ne l’avais pas sous la main, répond Julie ; allons recevoir et fêter ces deux compagnes de
nos plaisirs et de nos sublimes combats.
Il faut avouer que le port de la Bascon m’étonna ; imaginez-vous une coquine, dont les yeux
grands et noirs étaient armés de sourcils nombreux et bien nourris ; deux tétons, dont la saillie est
si rare, étaient à découvert et montraient une gorge profonde qui m’aurait tentée si j’eusse été
mâle. Une cotte leste et courte laissait voir une jambe fine et proportionnée et se relevait si haut
qu’elle faisait soupçonner un cul d’une rondeur et d’une puissance enchanteresses. Lorsqu’elle
marchait, l’on voyait, comme en cadence, se remuer successivement deux fesses, que l’on
distinguait à l’œil et que l’on souhaitait d’admirer. D’après cette faible idée, qui n’est que celle de la
première vue, l’on peut juger des grâces qu’elle voilait, et qui me ravirent lorsque nous eûmes la
permission de les contrôler.
Le Culrond était une jeune blonde, mise en Beauceronne, avec quatre jupes sur le cul, qui le
renflaient au lieu de le dessiner : d’assez beaux tétons en apparence, des grâces dans la
démarche et une vivacité qui la fit tant sauter en nous embrassant qu’elle laissa entrevoir le joli
portail, qui nous parut bien conditionné ; mais ce qui nous frappa, c’est un coussin qu’elle portait
avec elle, qui nous sembla construit d’une forme singulière et assez inutile au métier qu’elle
embrassait.

PARAGRAPHE III

Forme du coussin magique et son pouvoir.

Dès que notre maman eut vu ce coussin :


— Que faites-vous de ce meuble ? dit-elle à Culrond. Avant que notre visite juridique commence, il
faut vous expliquer.
— Maman, répond-elle, ce coussin est un trésor dont j’ai fait les frais ; il m’a coûté mille intrigues et
bien des courses ; je le possède enfin ; et vous verrez quelque jour que c’est l’un des plus précieux
outils de la maison.
— Il est sottement fait.
— Il est fait d’après nature. Lorsque vous en saurez l’usage, vous l’admirerez.
— Dis-le donc dans l’instant, reprend la maman.
— Soit, madame. Vous voyez que ce coussin, qui est circulaire, porte en avant un bec assez long,
dont la base a un enfoncement profond. Tout cela est imaginé au mieux. Ce coussin si doux et
d’une épaisseur si commode, a la plus puissante élasticité pour faire réagir un cul que l’on place
dessus.
— Eh quoi ! s’écrie Minette, cela est fait pour un cul ?
— Oh ! ce n’est pas pour le vôtre, répond la Culrond.
— Oh ! parbleu ! reprend Minette, je veux néanmoins l’essayer, et à con nu, dussiez-vous en rire.
La voilà donc troussée jusqu’à la ceinture et le derrière sur le coussin.
— Hé ! ce n’est pas ainsi, dit vivement la Culrond ; le bec doit être entre les jambes.
— Expliquez donc le pourquoi, dit vivement Minette ; pour moi je le quitte.
La Culrond place elle-même Minette de manière que l’enfoncement se trouvait sous la petite
bouche de sa tendre cuvette et ajouta :
— Vous voyez bien qu’il faudrait ici du saillant plutôt qu’un enfoncement, et de là concluez que cet
instrument n’est composé qu’en faveur d’un cul mâle ; cette profondeur est la place des couilles, et
le bec est le soutien du pauvre vit auquel il est destiné.
— Mais encore, reprend maman, dis donc, la belle, à quel usage ?
— Le voici : tout le coussin est fait de poil de cons vierges, ce qui, comme vous le savez, est très
difficile à trouver ; celui du fond et du contour de l’enfoncement est du premier duvet qui ombrage
un petit conin. La vertu de ce premier poil est de réchauffer des couillons mourants, et le feu qu’il y
porte rend au vit qui les possède une si forte vigueur, une si prodigieuse raideur, qu’il peut porter
une fille pendant plus d’un quart d’heure, j’en ai fait l’épreuve.
— Que diable dit-elle ! s’écrie Julie, quoi ! si mon sous-ministre se fût placé le cul sur ce coussin, il
m’aurait enlevée avec son vit, malgré mon poids ?
— Oui, belle enfant, dit Culrond ; il n’y a pas quatre jours qu’un vieux maréchal, qui me convoitait
fort et qui était absolument nul, avait à peine le cul sur ce coussin tout-puissant, que ce n’est pas
sans efforts que j’ai rabaissé son vit jusqu’à l’embouchure de mon canal, et alors, l’analogie du feu
que je lui communiquais et de celui qu’il avait puisé sur ce merveilleux coussin relève vivement
son charmant outil et m’enlève tout à coup d’un demi-pied, que le brave avait de plus que moi. Il
m’a portée pendant vingt minutes autour de l’appartement.
— J’ai entendu dire, reprend aussitôt notre maman, que le maréchal de Saxe portait avec son vit
un sceau plein d’eau. Celui-ci a plus de force encore.
— À merveille, répond la Culrond, mais le premier n’avait pas mis son cul sur mon coussin ; et
celui-ci, une heure après la scène, retomba dans son état de vileté. Il fallut recourir au coussin
pour avoir un homme qui voulait l’être encore avec moi et qui ne l’était plus.
La Culrond allait continuer, lorsque Foutanges annonça nos deux géomètres.
— Parbleu ! m’écriai-je, nous essayerons le coussin avec le petit abbé. Jamais un nom ne fut
moins fait pour son homme que le sien. Où diable aller donner à un pauvre impuissant le nom
imposant de Pilecon ? Je ne le lui pardonnerai que quand il m’aura portée.

ARTICLE II

Seconde Leçon de géométrie.

— Silence ! dit la bonne maman, voici nos savants.


Nous allons toutes en cérémonie au-devant d’eux. Nous fûmes tour à tour embrassées et
tâtonnées avec une politesse extrême. Et madame Jolicon, s’adressant au profond académicien,
lui demanda s’il se souvenait de la dernière leçon.
— Oui, ma belle, répondit-il galamment, et je la répéterai tout à l’heure sous votre bon plaisir.
— Je ne suis pas pressée, monsieur, ni mes enfants non plus. Il s’agit de la continuer en peu de
mots. À force de vous répéter dans vos exercices, il faudra bien que la science nous gagne ; mais
ce que je ne veux pas vous laisser passer, c’est ce mot qui m’a tant fait rire, et dont vous avez, à
votre profit, si honnêtement fait le commentaire.
— Eh ! mais, dit le géomètre, si je me rappelle bien, je vous parlais d’hypothénuse.
— Ah ! oui, c’est cela ; que cela veut-il dire ?
— Il faut, ma belle, vous donner plusieurs autres termes de l’art avant d’en venir à celui-ci ; et
puisque vous m’ordonnez de jeûner jusqu’à la fin de la leçon, je me condamne à souffrir pour me
consacrer à votre instruction.
— Et vous ferez bien, ajoute Fanny ; mais souvenez-vous que je vous ai protégé, et que vous me
devez la première expérience de vos principes, sans cela je vous coupe le vit.
Mon géomètre lui saute au cou en éclatant de rire :
— Oh ! dit-il, ce serait grand dommage.
Et en l’embrassant, il relève ses cottes, tire le dard et l’enfile avec tant de vivacité que nous en
fûmes étonnées. Fanny y prit goût, se laissa coucher, et pressa si fort le savant qu’il fut
merveilleusement pressuré.
— Cette commère est diablement chaude, dis-je presque en colère ; es-tu assez pourvue ?
— Ma foi, mes enfants, répond-elle, je suis au mieux, et, après ce tendre exercice, je me sens plus
en état d’écouter une leçon de géométrie ; mais consolez-vous, vous aurez votre tour. Ce savant
est aussi plein de suc que de science : disposons les outils.
Nos messieurs nous supplièrent de ne pas les faire languir ; nous fûmes parées sur-le-champ. À la
vue de tant de grâces exposées au grand jour, un ange eût perdu la tête. Le savant eut de la peine
à conserver la sienne ; il ne la fixa qu’en la frottant, et se retira dans un coin avec le faible Pilecon
pour préparer leurs pièces. Cela ne dura que le temps qu’il y a que je parle. Il revint et dit :
— Je vous ai prévenues, mes charmantes demoiselles, que tous les corps qui sont l’objet de nos
recherches sont composés d’éléments, et que je ne parlerai que de ceux qui entrent dans la
composition de nos charmes réciproques, pour aller plus tôt à leur combinaison. Je commence :
ouvrez les yeux sur vous et sur moi, vous aurez bientôt toute la science nécessaire pour vous
combiner avec tous les états ; vous avez déjà supérieurement celle d’être aimables.
Je vis dans tous les yeux que ce prélude galant échauffait l’imagination : et un petit mouvement de
fesses qui fut général l’annonça mieux encore ; mais l’on craignit d’interrompre le docteur et l’on fit
taire l’appétit. Le docteur continua.
— Distinguons trois espèces de lignes : la verticale, l’horizontale et les parallèles. Ces jolies fentes
bien fermées font une ligne verticale. Le vit, qui me fait tant d’honneur et qui se dresse sur le
nombril, en est une autre.
— Voilà, dit Julie, ce que l’on appelle une ligne. Et comment s’appelle celle de l’abbé, que je vois si
humble ?
— Elle se redresse faiblement, je l’avoue, reprit le géomètre ; je la nommerai une ligne horizontale.
— Il faut la couper, nous écriâmes-nous comme de concert ; que fait cette pitoyable ligne à notre
science ?
L’abbé frémit ; mais la Culrond se chargea de lui faire décrire la ligne nécessaire à nos opérations
par le pouvoir de son miraculeux coussin, et le docteur reprit par les parallèles.
— Nous en avons peu sur nos corps. Les unes sont communes, il est aisé de les discerner. Les
plus essentielles sont celles que forment les deux charmantes lèvres de vos bijoux lorsqu’elles
sont rapprochées. Je parlerai tout à l’heure des lignes qu’elles décrivent lorsqu’elles ont saisi leur
vainqueur par la queue.
Nos corps abondent en lignes courbes. La première est la circulaire ou le cercle, dont chaque
portion est un arc.
— Ma foi, dit vivement la Bascon, mes fesses font un assez bel arc, et je voudrais fort, avec la
permission de cette grave assemblée, que monsieur voulût les mesurer avant d’aller plus loin.
L’assemblée souscrivit, sans se douter des vues de la Bascon. En notre présence elle s’étend sur
un sopha et appelle le docteur. Celui-ci, à l’aspect de son énorme toison, semble frémir.
— Qu’avez-vous ? lui dit-elle ; à long poil petit con, vous allez l’éprouver, bandez ferme et plongez
la dague, vous aurez à rire et à travailler.
Tandis que mon savant entrouvre d’une main la divine porte, de l’autre dirige son glaive, Bascon
divise son poil en trois part : l’une par le bas entre ses jambes et les deux autres dans les côtés.
Le géomètre est à peine en train de fourbir qu’elle plante ses deux mains sur le cul du fouteur, lui
recouvre l’entre-deux des fesses de son long poil, et les noue sur le dos de son cavalier avec ses
propres cheveux. Elle reprend ensuite les deux touffes qu’elle avait séparées sur les côtés et les
réunit encore par un nœud très fort. Le savant néanmoins foutait et ne se lassait pas. Bascon fit
semblant de s’impatienter, et donnant à propos un coup de cul :
— Êtes-vous collé, monsieur ? lui dit-elle ; je suis inondée de votre chaude liqueur ; il est bien
temps de cesser.
Le monsieur, qui se trouvait au mieux, rougit de l’ordre qu’on lui donnait de désarçonner, et voulut
se relever ; mais il était pris.
— Levez-vous donc, reprit Bascon en donnant un coup de cul plus vif, vous m’étouffez ; un
géomètre redoute-t-il un mauvais pas ?
Force fut au savant d’avouer qu’il ignorait la chaîne qui le retenait. Cet humble aveu nous fit
approcher, et nous vîmes l’enclouure. Jugez si l’on dut rire. Plus il voulait abandonner son
fourreau, plus le poil de sa belle fendait son derrière et lui coupait les reins.
— Eût-on jamais soupçonné, dit-il éloquemment, qu’un con poussât un poil si fort et si long ? Il me
fallait cette expérience pour m’assurer qu’une fille puisse faire sur le cul de son fourbisseur deux
lignes perpendiculaires avec le poil de son minon. Dorénavant je parlerai de ces lignes, que mes
calculs ne m’ont pas encore découvertes lorsque je disserterai sur la géométrie des culs.
— Conviendrez-vous, dit alors la Bascon, que je vous instruise à mon tour ? Donnez à ce savant
un fort genièvre ; il a fait l’impossible, et nous souscrivons pour l’optimisme, d’après cette
charmante épreuve. Continuez vos leçons, mon fils ; vous en étiez à l’arc de cercle que font mes
fesses, auxquelles par reconnaissance il vous plaira d’appuyer un baiser.
La coquine, en même temps, lui présente un derrière qu’aurait bijotté le pape, si on le lui eût
permis. Le géomètre, qui mettait tout à profit, caressa d’abord les deux belles fessés et s’approcha
bientôt pour baiser le petit portique qui se montrait plus bas. La belle, qui avait le cul saillant, s’en
aperçut, et se rejeta en arrière si vivement que rien ne s’en fallut que le nez du savant ne fût pris
dans le cercle postérieur de la belle, qui déjà lui avait si singulièrement confié l’antérieur.
Ce badinage fit rire un instant, et la leçon allait continuer… Mais le petit abbé, qui s’imaginait
regorger de jus, voulut avoir son tour.
— Cela est juste, dit la Culrond, et je me le réserve. Le pauvre enfant crève de vigueur ; mais,
après tout, je saurai lui en donner s’il en manque. L’assemblée jugera des coups ; car je prétends
qu’elle préside et qu’elle rende justice à mon protégé. Or, sus, l’abbé, pièces en main ; volez à moi,
percez vite, jusqu’à l’autel !
Le sot Pilecon fait quelques pas en se frottant le vit sans pouvoir s’en faire obéir, et s’approche en
tremblant de la Culrond.
— Vous êtes un viédas, l’abbé, lui dit-elle ; un con comme le mien ferait bander les anges, et l’on
voit à peine si vous avez un vit, tant il est embéguiné. Eh ! allons donc, continua-t-elle en le pinçant
à la fesse et aux couilles.
Mais plus elle l’excitait, plus son vit se concentrait. Advint enfin que l’on ne vit plus ni bitte ni
couillons.
— Vous aurez du coussin, l’abbé, s’écria la commère.
Elle le prend et le place sur le bord d’un tabouret.
— Embrasse-moi, mon fils, mets le cul sur ce coussin et tiens-toi ferme. Vous allez voir ce que
vous allez voir. Par la vertu de ce coussin magique, mon petit abbé va se sentir des couilles et
montrer un vit digne de compagnie. Je ne tarderai pas à célébrer son pouvoir.
À peine eut-elle parlé que le petit monsieur prit de la couleur et sembla frémir.
— Qu’avez-vous ?
— Ah ! charmante fille, un feu secret me pénètre ; mon sang bouillonne, mes couillons s’enflent,
dieux !…
— Voyez-vous, mesdames, dit la Culrond, ce drôle qui commence à frétiller. Courage, l’abbé ;
nous exploiterons tout à l’heure.
Elle était si enchantée du prodige de son talisman qu’elle perdit de vue le vit de son abbé, qui se
collait sur son ventre et remontait jusqu’au nombril.
— En voici un vaillant, dirent les belles, surprises ; il tenterait la nonne la plus ennemie des vits ;
mais comment diable foutre avec cet engin ? il sera aussi impuissant que s’il était nul, à moins que
l’on n’ait recours à l’ancienne fourchette de Saint Carpion, le rabaisseur des vigoureux vits du
Nivernais.
— Cela vous fait-il peur, mes belles ? dit la Culrond. Je les veux ainsi, et pour vous faire plaisir, je
vais attendre qu’il soit collé tout à fait. Je n’en serai que mieux pourvue.
Ce disant, elle visite de près son miraculé, lui jette au derrière quelques gouttes d’essence et s’en
frotte le minon.
— Regardez attentivement les fesses, ajouta-t-elle, je vous apprendrai comment on se fait foutre
quand on veut quadrupler le plaisir.
Elle s’avance d’un pas hardi vers l’abbé, la main sur la toison. L’abbé, qui brûlait, voulait se relever
pour la jeter sur le sopha voisin.
— Ne remuez pas ; ce coussin vous est encore nécessaire. Serrez les cuisses et laissez-moi la
direction de l’outil.
Elle s’assied sur les cuisses de l’abbé, ventre à ventre et de si près, que son con touchait au
nombril du grivois ; elle saisit alors l’engin, place sa tête sur le limbe du canal et s’abandonne
ensuite à son poids.
— Pousse, l’abbé !
Et plus il pousse, plus le poids de la belle la rabaisse. Enfin les pièces sont combinées, les poils
confondus : nous eûmes beau voir et tâtonner, nous jugeâmes que le vit était entièrement
enconné, et nous invitâmes les conjoints à se bien pressurer : ils n’y manquèrent pas. Le précieux
coussin avait sans doute attiré des diverses parties du corps de l’abbé toutes les gouttes de la
liqueur qu’il pouvait fournir, car la Culrond en fut si furieusement savonnée qu’elle coula jusqu’au
pied du divin tabouret ; et la scène fut si longue qu’elle eut le temps de prendre de la consistance
et de les coller fortement. Il fallut couper une portion des deux perruques pour les séparer.
— Qu’en dites-vous, enfants ? s’écria la Culrond en se lavant le con après la cérémonie. Est-ce
ainsi que l’on fout dans cette abbaye ? Vous êtes, ma foi, trop heureuses de me posséder ; mon
optimisme est dans l’expérience. Demandez au petit Pilecon s’il s’est jamais mieux trouvé que le
cul sur mon coussin et le vit dans ma gaine ? Jouissez de mon savoir, je ne veux plus à présent
que de celui de monsieur le géomètre, qui me regarde en extase, tandis que son piston de pourpre
désire un fourreau.
— Cela est vrai, ma foi, dis-je en le voyant. Monsieur, monsieur, vous me donnez de l’appétit. Il
faut aussi que nous célébrions l’optimisme.
Je lui présente ensuite une main bouillante ; il m’entraîne sur le bord du lit, et nous fîmes assez
bien ce qu’on appelle la bête à deux dos, pour mériter les éloges de l’assemblée.
— Si vous en voulez autant, mes princesses, ajouta la Culrond, parlez avant que notre leçon ne
recommence. Vous savez maintenant que mon coussin fait bander un vit, selon mes ordres ; il
peut donc faire bander ces deux messieurs, et bientôt…
Foutanges ne lui donna pas le temps d’achever.
— Remettez, dit-elle en ouvrant brusquement la porte, cette partie à une autre fois.
— Pourquoi cela ? dit maman.
Elle répond que deux jeunes évêques demandent en secret quatre des plus jolies filles pour
passer la nuit à la petite maison de madame la vicomtesse de Vieux-Fond.
— Ils devraient, parbleu, demander les six, répliqua maman. Examinons cette requête.

PARAGRAPHE PREMIER

Droit de l’épiscopat.

— Écoute, Foutanges : Ces hommes à croix d’or ont-ils consigné ?


— Voici, maman, deux cents louis qu’ils vous envoient, et, s’ils sont contents, ils promettent encore
de récompenser les filles avant leur départ.
— Réponds, mon enfant, qu’à huit heures sonnantes les quatre filles seront en fiacre à la porte du
pavillon. Je les recommande à messeigneurs, et je me flatte que tout ira bien.
Je fus mise à la tête des députées, parce que je savais déjà ce que l’on devait à un évêque ;
Fanny, Julie et la Culrond avec son fougueux coussin, que l’on supposait nécessaire, furent
commandées avec moi. Minette et Bascon furent réservées pour les pratiques journalières du
parthénon.
À l’heure donnée, nous frappâmes à la porte. Une grande femelle l’ouvre.
— Est-ce vous, mesdames ? dit-elle en nous regardant à la lueur d’une lanterne sourde, qui nous
déroba son mincis.
— Oui, mademoiselle, répondis-je.
Nous renvoyons le fiacre et l’on ferme la porte.
— Vous êtes impatiemment attendues, nous dit-elle. Il y a ici je ne sais combien de gens protégés
par les deux évêques qui vous ont fait appeler ; ce sont sans doute de leurs grands vicaires, de
leurs moines ou de leurs secrétaires, qui ont les mêmes besoins ; mais, entre filles, l’on peut se
confier bien des secrets. Dites, mes enfants, je suis bonne diablesse, moi, et il est probable que
vous en avez vu d’autres. En quel état sont vos bijoux ?
Comme la plus ancienne, je répondis que les nôtres ne valaient sûrement pas le sien, et que je
serais surprise de nous voir avec elle, si je ne comptais assez d’hommes dans la maison pour le
service de ce grand nombre de filles.
— Grand merci de votre compliment, répond la femme de chambre de la vicomtesse (c’était elle
qui nous parlait). Je n’ai jamais vu vos charmes et vous n’avez jamais voyagé dans mes pays
chauds. Ainsi le tout soit avancé par politesse ; venons au fait. Le plus jeune des évêques que
vous allez voir est dans son diocèse. C’est un vigoureux mâle, et j’ai entendu qu’il disait en
confidence à ma maîtresse que, pour sa part, il voulait foutre cul et con. Je suis curieuse de vous
en prévenir, parce que vous n’êtes pas peut-être au fait, et que je ne sais trop ce que c’est que
foutre un cul.
— Eh ! comment ! m’écriai-je, ma belle nymphe, vous ignorez, cela ? N’a-t-on jamais savonné
votre joli minon ? Osez nous l’avouer, nous sommes capables d’un secret.
— Hélas ! dit-elle, l’on m’a savonnée plus de quatre fois, et je ne m’en suis pas repentie.
— Fort bien ; or, l’on savonne un cul de la même manière. L’honnête homme préfère un petit con
parce que leçon est le fourreau naturel de son glaive. Le bougre aime mieux un cul, quoiqu’il ne
s’ouvre que faiblement ; et on le souffre parce qu’il faut se prêter à tous les goûts.
— Vous souffrirez donc, dit la fille, que l’on visite votre derrière ?
— Oh ! morbleu, tout ce qu’on voudra, ripostai-je. Nous autres filles, nous sommes à plumes et à
poils, et nous connaissons des philotanus.
— Ah ! je suis charmée de cet aveu, s’écria-t-elle, et je ferai en sorte de voir cette belle opération.
— Cette belle opération, dis-je à mon tour, voulez-vous en être ?
— Pourquoi pas ? Mais j’ai une autre question à vous faire : ma maîtresse prétend aussi vous
foutre (ce sont ses termes). Qu’entend-elle par là ?
— Oh ! oh ! dis-je, cela peut être encore, et cela nous amusera. Quant au modus, nous en
jugerons sur un sofa si vous le voulez. En qualité de femme de chambre, vous avez, ma belle
enfant, la surintendance du cul de votre maîtresse. Le lavez-vous souvent ?
— Oh ! tous les jours.
— Et le con ?
— En même temps.
— L’a-t-elle beau ?
— Je ne sais pas en juger.
— L’a-t-elle plus beau que vous ?
— Dites-moi donc ce qu’il faut pour qu’il soit beau.
— Je viens de vous proposer un sofa. Si vous en avez le temps, étendez-y vos pièces, et alors je
me charge de juger entre la vicomtesse et vous.
— Puisque vous le voulez bien, dit-elle, nous avons un quart d’heure à nous ; entrons dans ma
chambre.
Nous nous y enfermons, et elle dévoile ses appas. Je dois avouer qu’entre deux colonnes
d’albâtre rondes et solides est majestueusement placé un portique de corail d’une finesse et d’un
contour enchanteurs. Le poil le plus fin, le plus frisé, le plus abondant, protège l’antre sacré et en
dérobe la vue aux yeux des profanes. Elle me permit d’en parcourir toutes les avenues, et je vis
une grosse touffe de poil de la couleur et de la beauté de l’ébène qui recouvrait ce petit mont, qui
mérite si bien d’être consacré à Vénus.
En écartant délicatement toutes les branches de ce précieux bosquet, je parvins à découvrir le
clitoris. Sa tête était belle d’un beau rouge ; mais il était si petit que je jugeai d’abord la belle moins
puissante au déduit que ses charmes ne le présageaient. Je m’en tins à cette partie si utile à nos
plaisirs, et je lui demandai, en touchant la pièce avec le doigt, quel était l’état de la même pièce au
con de sa maîtresse.
— Cela fait peur, dit-elle naïvement, tant cela est gros et long quelquefois.
— Et voilà ce dont je me doutais, ajoutai-je. Ce délicieux morceau est le singe d’un vit que vous
connaissez, et avec cette canule, quand elle est proportionnée comme celle de la vicomtesse, une
femme a le plaisir sensuel d’en donner à une autre femme. Et si ce n’était le feu dévorant que cet
état de la femme suppose à son con, elle préférerait une autre femme à un mâle, ou telle que
César, elle serait le mari de toutes les femmes ; et, en cas de besoin, la femme de tous les maris.
Elle me remercia de mes instructions. L’heure nous pressait, elle nous présenta dans l’assemblée.
Elle était composée de la vicomtesse, des deux évêques, d’un fermier général, du confesseur de
la dame et de deux moines fringants, qui nous parurent dès le premier abord avoir le meilleur
appétit du monde. Nous fîmes, à la porte, des révérences profondes ; des sièges furent apportés
et des liqueurs présentées pour mettre en train la compagnie. Nous en prîmes une assez forte
dose, parce que nous appréhendions de rudes travaux. L’on fut une bonne demi-heure à se
regarder et à causer indifféremment. La vicomtesse nous adressant ensuite la parole, nous
apprend qu’elle est la reine du bal amoureux que nous donnent ces messieurs, et qu’ils nous ont
fait appeler pour soutenir le poids du plaisir ; qu’en conséquence elle nous invite à ne rien
épargner pour réjouir la société et à faire l’étalage de nos minons.
— Débarrassez-vous de vos jupes, mesdemoiselles, et approchez de moi ; je dois d’abord juger si
vous êtes dignes de vous étendre sur mon trône. Le bal ne tardera pas à commencer.
Il ne fallait pas se faire prier, et je fus admise avec un grand compliment. Fanny, Julie et Culrond
subirent à leur tour le même examen ; mais tandis que la vicomtesse examinait celles-ci, je
m’amusais à étendre et à refermer mon éventail, selon l’usage des femmes qui ne pensent à rien,
et je le laissai tomber. Je me courbe pour le ramasser. Dans le même instant, le jeune évêque qui
était derrière moi relève ma chemise sur mon dos et met au grand jour mon postérieur, en
m’ordonnant de garder la même posture.
— Cela s’appelle-t-il un cul ? dit-il. Ma foi, madame, vous auriez eu grand tort de répudier cette
belle enfant ; je prends ses fesses sous ma protection.
Il y impose ses mains sacrées, les baise amoureusement, et, sans que je le soupçonne, il tire de
sa culotte un gros chien de vit que je sens frétiller entre mes fesses. Je fais une espèce d’effort qui
annonçait ma surprise.
— Tiens-toi ferme, dit-il, ouvre le cul et laisse-moi faire.
Je croyais qu’il n’en voulait qu’à l’orifice supérieur dans la position où il me tenait ; mais prudence
ou besoin, il se rabaissa de deux pouces et m’enfila le con supérieurement. J’avais besoin d’appui
dans cette posture : il y avait pourvu en passant ses mains sur mon ventre ; ainsi, sur le devant, il
peignait mon poil, et par derrière il me bourrait avec une force dont je ne l’aurais pas soupçonné.
Quand il se fut retiré, il renferma modestement son dard, me fit faire à cul nu le tour de
l’assemblée, qui lui rendit ses hommages, parce que je montrais ensemble deux charmants
orifices et autant de poil qu’il en faut pour ragoûter les philotanus. Ce fut là comme le prélude de la
comédie qui se préparait.
— Qu’en dites-vous, vicomtesse ? riposte l’autre évêque, après avoir lui-même remis le rideau sur
mon postérieur.
— Je dis, répond-elle d’un ton fâché, que vous êtes des bougres, et que vous me paraissez être
trop décidés pour les culs. Or, certainement, vous ne foutrez ni le mien ni celui de ma femme de
chambre.
— Les culs de la maison m’appartiennent de droit, reprend le jeune prélat, et je veux les sonder. Je
ne cède mes privilèges à personne. Je suis, par le droit divin, l’évêque du diocèse sur lequel nous
exploitons. Or, dans mon diocèse, par le même droit divin, je suis le maître des corps, comme je le
suis des âmes. J’abandonne bonnement le soin de vos âmes à vos imbéciles confesseurs qui ne
seraient pas fâchés de partager mes privilèges. N’est-il pas juste et raisonnable que, du moins, je
me réserve la direction exclusive de vos corps ? Ce sera toujours le plus rigoureux de mes cas
réservés.
— Réservez-vous exclusivement les cons ? reprit la vicomtesse ; l’on n’en dira rien tant que vous
serez dispos et vigoureux ; il n’y aura que vos subordonnés qui fouteront tout bas et murmureront
tout haut de vos réserves ; mais que vos prétentions aillent jusqu’à la direction de nos culs, oh !
cela est fort ! Un corps femelle n’est femelle que par devant. Prétendez-vous aussi des droits sur
le cul des mâles de votre diocèse ?
— Dieu m’en garde, dit le pontife ; ce n’est là tout au plus qu’un supplément ; mais à dire vrai, si
nos dames s’obstinaient à me refuser la visite de leurs charmantes fesses, il faudrait bien se
rabattre sur les culottes, et alors aucun catholique ne montrerait son cul dans mon territoire
qu’avec ma permission ou, de droit divin, il encourrait un cas réservé qui le mettrait à tous les
diables.
Toute l’assemblée, qui savait l’estime que l’on doit faire de tant de capricieuses et absurdes
réserves, haussa tout bas les épaules, applaudit tout haut, et la vicomtesse, femme faible, fut
prudemment forcée de souscrire à cette importante décision, sauf à faire en silence le métier que
l’évêque se pardonnait et qu’il défendait charitablement à tous ses diocésains.
Je ris hardiment de cette imbécile décision, comme je ris de presque tous les cas réservés de ces
graves seigneurs, qui ont la bêtise de s’imaginer que l’on est leur dupe ; que l’on ne doute pas du
pouvoir qu’ils s’arrogent, d’ouvrir et de fermer, à leur gré, le ciel, l’enfer et le purgatoire. Ce dont je
réponds, c’est qu’il n’est guère d’évêques qui ne désirent d’ouvrir les premiers un conin, et je le
leur pardonne, s’ils le payent largement ; mais je n’ose discuter leurs droits sur l’éternité ; je
craindrais d’avoir trop de preuves contre eux et de me voir forcée d’avouer qu’ils défendent bien
haut des droits qu’ils se donnent de garde de croire. Il en coûterait trop à leurs culottes et à leurs
revenus.
Je vais remonter sur la scène où nos évêques permettent de prêcher l’optimisme, parce qu’ils y
figurent au mieux.
L’on se souviendra qu’il y avait chez la vicomtesse sept acteurs et que nous n’étions que quatre
actrices. Madame eut faim d’y jouer un rôle et daigna souffrir que la plus séduisante cuvette du
canton (c’est celle de la femme de chambre) fût du bal. Elle n’y gagna guère ; mais tout coup
vaille : je ne suis qu’historienne.
Quoique l’on ne parût guère d’accord sur les cas de conscience qui se décident opiniâtrement
d’après le besoin ou le préjugé, on le fut bientôt sur l’ordre du bal, et il fut arrêté de concert que la
femme de chambre y paraîtrait en soubrette, et que chacun choisirait selon son goût sa chacune,
la dépouillerait et en serait dépouillé, sauf aux femelles de faire un autre choix et de ne se rendre
qu’aux mâles qu’elles daigneraient recevoir.
D’après cet arrangement, le grave casuiste du diocèse eut, au premier acte, le cul de la
vicomtesse dont il ne se souciait guère. J’échus au confesseur, qui était et qui s’en tira en bon
carme. Fanny eut l’inutile fermier. Julie tomba au second évêque. Culrond à un de nos petits-
maîtres. C’était bien de l’argent perdu, nous en parlerons. La femme de chambre enfin se vit
partagée entre les deux autres. C’était trop peu pour de tels appas ; et aucun de ces animaux qui
courent les femmes ne lui donna un instant de plaisir. J’aurais presque envie de répéter l’ancienne
ordonnance.
« Coupez donc tous ces pauvres vits. »
Le second acte changea la scène. Monseigneur le diocésain, qui m’avait sondé..... le cul, revint à
moi. Je le renvoyai foutre ailleurs. Il voulut se rabattre sur mes camarades ; elles fuient encore. La
malheureuse femme de chambre en tremblant le mordit aux fesses et au vit. Il fut encore renvoyé
à la principale diocésaine pour décider avec elle le plus pressant des cas de sa conscience. La
femme de chambre eut l’autre évêque et parut s’en contenter. Je me rabattis sur celui des moines
qui me parut le plus nerveux. Fanny et Julie s’adjugèrent les deux autres. Le hasard ou plutôt le
bonheur du fermier général le mit dans les bras et sur le coussin de la Culrond.
Cet acte, qui était le dernier, fut le plus chaud. Les croix d’or, les rabats, les capuchons, les titres,
tout fut confondu. L’on ne vit sur la scène que des culs, que des vits, que des cons multipliés mille
fois par la réflexion des miroirs qui tapissaient l’appartement. C’est là du nouveau ; mais aussi
c’est là ce qui donne du ressort. Tantôt dessus, tantôt dessous, mâles en cul, femelles en con, et
puis encore mâles en con, femelles en cul (car ce détail m’ennuie), il y avait dans ce grotesque
cliquetis de quoi rire et de quoi gémir. Tous nos porte-rabats auraient eu besoin de coussin, tant ils
avaient de service. Les carmes étaient trop attachés à leur corps pour ne pas soutenir la gageure,
et ils furent les seuls fermes en selle. Le fermier général qui, comme ses confrères, ne baise
qu’avec la bourse, ne se distingua que par son or ; mais il avait la ressource du coussin, et c’est
cela seul qu’il m’importe de raconter. Les autres ne sont bons tout au plus qu’à faire des cas de
conscience dont ils se jouent entre nos bras. Enfin, jusqu’ici, ils étaient au mieux ; mais leurs
hautes œuvres étaient assez mauvaises pour nous.
Le fermier général, que j’appellerai milord parce qu’il l’était en bons écus sonnants, s’approche de
la Culrond, qui venait de lui échoir en partage, et s’avise de lui porter la main sur ses jupes pour la
parer.
— Doucement, milord, lui riposte la commère, qui était dessalée. Est-ce en or ? Est-ce en foutre
que vous voulez me régaler ? Je veux composer avant que vous osiez me toucher du bout du
doigt.
Milord, interdit, lui montre deux bourses ; l’une contenait de l’or ; il croyait l’autre pleine du précieux
suc de l’amour.
— Prenez les deux, lui dit-il, elles vous appartiennent.
— Je prends l’or, reprit la rusée, et je vous laisse vos couilles. Ai-je tort ?
— Eh ! mais, princesse, repart-il, il faut épuiser les deux bourses ou renoncer aux deux. Mettez l’or
en poche, j’y consens, mais consentez, à votre tour, que je verse l’or liquide dans son creuset.
— Allons donc, reprend la Culrond, qui s’empare de la bourse principale. Êtes-vous aussi pour les
culs ?
— Non, parbleu, ton cul est charmant, mais vivent les cons !
— Soit fait, le mien est assez vigoureux ; voyez-le à l’aise, mais gardez-vous de me rater.
Milord se place modestement ; d’une main entr’ouvre le con de la belle et de l’autre place son vit
sur le bord. Ce n’était pas tout, il fallait suivre sa route et confondre l’épée avec le fourreau. La tête
de son vit mollasse put à peine se cacher dans la toison de sa commère, qui fit la renchérie.
— Que je suis malheureuse ! s’écria-t-elle, les vits abondent ici, j’en sais qui rafraîchiraient dix
cons ; le hasard me rend votre victime. Je vous ai souffert ; le plus grand sacrifice est fait, puisque
vous jouissez autant de mes appas que si vous étiez le mieux avitaillé de la bande. Qu’y ai-je
gagné ? Une inutile douleur et la honte de vous avoir prodigué des charmes que vous ne méritez
pas.
Cette bourrade eut un merveilleux effet. Milord convint de ses torts et se retirait humblement,
lorsque la Culrond le saisit au poil.
— Parle donc, mon sot, lui dit-elle, as-tu des louis ? comptes-en mille, et je te ferai bander si fort
que tu suppléeras à tous les mâles du bal, qui sont de pauvres hommes. Quelle gloire pour toi de
foutre tous les cons, d’avoir tous les plaisirs, de confondre tous tes rivaux et de remporter une
victoire complète ! Je me repens presque de me contenter de cette faible fortune pour faire la
tienne.
— Que dis-tu ? répète, ajoute milord ; tu demandes mille louis, je vais en chercher quinze cents, et
je les confie à ta probité ; et tu me promets de te foutre et de foutre encore toutes les belles
femelles qui décorent le bal ?
Culrond s’y engage. Les quinze cents louis sont apportés sur-le-champ.
— Je les place entre mes fesses, lui dit-elle, ils seront les témoins de ton premier triomphe.
Et puis elle le fait pirouetter sur le coussin, et du coussin sur un con, et encore du coussin sur un
autre con, si bien qu’il réussit à nous foutre toutes de la plus noble manière.
Nos ribauds d’évêques en furent enragés ; mais ils ignoraient notre secret ; et ils en voulaient trop
aux culs pour mériter notre confiance ; ce milord seul eut nos bonnes grâces et le pouvoir de
visiter toutes nos pièces, que nous abandonnâmes à sa générosité. Nous en reçûmes encore
chacune deux louis. Tous ces flandrins d’évêques qui veulent foutre et faire les capables devraient
payer aussi généreusement ; ils seraient sûrs de choisir dans leurs diocèses, au moins, leurs culs
et leurs cons.
Nos deux prélats n’eurent que la honte d’avoir fait des efforts impuissants, et nous, nous eûmes
encore le plaisir de voir la pauvre vicomtesse se consoler faiblement de l’inutilité de son homme à
tête mitrée en sondant avec son singe en feu les jolies fesses de sa suivante ; toute sa science se
borna à ce prodige.
La nuit suivante nous eûmes un fiacre à ordre pour nous reconduire.
Retraçons à présent ce qui s’est passé chez madame Jolicon, tandis que nous recueillons du
plaisir et des louis. Je ne parlerai plus de la vicomtesse dont je ne me soucie pas ; mais je
regretterai toujours sa belle femme de chambre dont le con charmant eût mérité d’être consacré
aux dieux.

PARAGRAPHE II

Histoire tragique de Foutanges.

Nous rentrâmes vers les quatre heures du matin, très étonnées de ne plus voir Foutanges et
d’entendre notre maman qui jurait encore, tant sa colère était vive et bouillante. Nous ne nous
amusâmes point d’abord à contempler les charmes de la nouvelle tourière qui nous attendait, et
nous perçâmes sur-le-champ jusque chez madame Jolicon pour lui donner des nouvelles de notre
singulière nuitée ; elle ne nous donna pas le temps de commencer.
— Soyez les bienvenues, mes enfants, nous dit-elle en nous sautant au cou ; il s’est passé
d’étranges scènes ici tandis que vous en donniez sûrement de bien plaisantes chez votre
vicomtesse.
— Qu’est-il donc arrivé ? Je m’aperçois bien, dis-je, que Foutanges ne.....
— Arrête ! s’écrie la maman encore furieuse, si jamais tu prononces le nom de cette bougresse, je
te foutrai à la porte ; et puis, s’adoucissant, parce qu’elle sentit bien qu’elle m’outrageait, si tu
savais, ma chère fille, à quoi cette gueuse de Foutanges nous exposait, tu ne lui pardonnerais de
la vie.
— Je le crois, maman ; vous allez sans doute nous dévoiler son crime et le motif de cette violente
colère.
— Écoutez, vous autres, continua-t-elle. La pauvre Minette, Bascon et moi, nous avons couru les
plus grands dangers ; malgré la sagesse et la rigueur de mon ordonnance, vous n’avez pas oublié
les prudentes précautions que le douzième article prend pour guider la tourière, et la terrible
punition qui est attachée à sa négligence. Eh bien ! cette foutue coquine a fait entrer, hier, à neuf
heures, et sans faire consigner un seul liard, une putain et un polisson qui ont manqué
d’empoisonner toute la maison. Cette malheureuse s’est présentée en vierge, et je me promettais
déjà le plus grand prix de son pucelage, lorsque, la visitant, j’ai vu un diable de con fait pour
recevoir un vit d’éléphant, ou, pour mieux dire, le con et le cul ne faisaient plus qu’une ouverture,
qui m’a renvoyé une odeur infecte et fait reculer d’une toise sans oser continuer mon examen. J’ai
pris l’unique parti de lui répondre que nous pourrions nous arranger ; mais qu’au préalable j’avais
un autre devoir à remplir, c’était d’examiner les pièces de l’embaucheur. Je l’ai fait placer sur le
bord du lit, à cul nu, et j’ai vu, j’enrage quand j’y pense, j’ai vu le vit le plus ulcéré, le plus pourri
qu’il soit possible de rencontrer. Dans ma fureur, j’ai pris un couteau, j’ai coupé toutes les
dépendances de son impudente virilité, et je l’ai fait jeter par la fenêtre qui donne sur le derrière de
la maison, qui du dehors paraît murée ; j’en crains encore les suites.
Après cette expédition, je suis revenue à ma putain.
« — Vous êtes une foutue salope, lui ai-je dit ; le cul à terre, sacrebleu, je veux encore voir votre
con. »
Je l’ai tondue jusqu’à la racine, ai tamponné son puant trou avec son poil et l’ai plantée à la porte.
J’ignore ce qu’elle est devenue ; mais pour ma gueuse de Foutanges, je l’ai traitée comme mon
ordonnance l’en menaçait : Minette l’a rasée. Ce gros lourdaud de Pierrot, qui est ici près et qui a
la vérole jusque dans les dents, l’a fourbie trois fois en notre présence, et à l’appât d’un écu de six
francs. J’ai fini par la conduire dans la rue en lui donnant vingt coups de pied au cul et toutes les
malédictions que me dictait ma fureur.
— Vous avez fait sagement, dîmes-nous toutes ensemble ; si l’on n’était rigoureux sur les articles
de notre police, nous ne serions sûres de rien. Tout cela est bien dit, ajoutai-je : mais je ne vois
pas encore l’objet que j’espérais. La sublime géométrie me revient quelquefois à la mémoire, et je
comptais, après avoir dormi, sur une leçon nouvelle. Notre savant serait-il dégoûté d’avoir été deux
fois interrompu ?
— Ma foi, dit la Bascon, j’en serais au désespoir ; j’aime les expériences de ce grand homme ;
allons nous coucher en l’attendant.
Nous prîmes ce parti et nous rentrâmes dans nos appartements.

ARTICLE III

Troisième Leçon de géométrie.

Remarquez, s’il vous plaît, mes chers lecteurs, qu’il faisait un chaud d’enfer, et que, pour se
rafraîchir, chacune de nous s’étendit sur son lit à l’italienne, c’est-à-dire sans chemise ; malgré
cela, nous étouffions. Je dormis à peu près pendant deux heures, et, me réveillant en sursaut, je
vis devant le miroir un corps nu qui faisait l’exercice, et qui, enfin, le corps penché en avant,
promenait doucement ses mains sur ses fesses.
— Qu’est cela ? récriai-je ; cache ton cul, vilaine.
— C’était la Culrond qui répétait sa leçon et qui me fit lever. Nous la répétâmes encore ensemble
sans bruit, et nous étions en très bon train lorsque madame Jolicon, seulement couverte d’une
espèce de corset qui soutenait ses flasques tétons, ouvre la porte, et nous avertit que notre maître
demande à entrer.
— Parbleu, maman, dis-je en riant, nous sommes disposées à le recevoir. Nous examinions si
mon cul fait un arc de cercle bien parfait. Vous voyez que nous nous instruisons et que nous
attendons nos braves.
— Le savant est seul, répond la Jolicon qui l’appelle à l’instant.
Il vole vers nous.
— Vivent vos appas, mes charmantes, s’écrie-t-il, il faut que je les caresse, s’il vous plaît ; cela me
donnera du feu pour compléter vos leçons. Que sont donc devenues nos aimables disciples ?
— Voyez-vous ce petit con qui se montre hors du lit ? lui dis-je en lui montrant Julie, qui avait le
ventre en l’air.
— Ah ! parbleu, s’écria-t-il, gardez le silence ; je réveillerai celle-ci à coups de piston. Lyndamine,
voulez-vous bien la mettre on bon état ?
— Volontiers, monsieur, ajoutai-je ; pour la rareté du fait et pour vous obliger, je serai témoin de
vos œuvres.
Notre maître mit en foire ses pays chauds. J’en fais la toilette ; je passe, je repasse les mains sur
son mince outil, comme on les frotte sur le dos d’un chat.
— Cela, dis-je, aurait quelque besoin du coussin.
— Non pas, mignonne, répond-il en me serrant les fesses ; il reviendra sous vos doigts.
Je réussis, en effet, à lui procurer une érection glorieuse. Je m’en saisis, et l’approchai du lit, sur le
bord duquel la Julie étalait son con. J’eus encore la complaisance d’entr’ouvrir les belles lèvres. La
tête du vit était déjà dans son domaine qu’elle ne s’éveillait pas encore. Enfin, le géomètre devint
fougueux, donna un si furieux coup de cul que son vit entra de deux pouces de plus. La belle Julie
se place alors machinalement dans la posture la plus favorable, et mon savant, sans déconner, la
fout de la meilleure grâce du monde. Elle ne fut sérieusement réveillée que par l’effort que le grave
fourbisseur fit pour sortir de son fourreau.
— Ah ! quel rêve ! dit alors Julie en bâillant.
— Quoi ! dis-je, viens-tu de rêver ?
— Oh ! je viens de faire l’un des plus charmants rêves : non, le mâle le plus vigoureux ne donne
pas tant de plaisir. C’est Cupidon, c’est l’Amour lui-même qui vient de me caresser.
— Vois son sceptre, répondis-je en lui montrant le vit mathématique.
Elle en parut étonnée ; il fallut rire, et nous reprîmes la troisième leçon.
Le géomètre ouvrit la bouche et dit :
— Mes belles dames, j’ai plusieurs fois interrompu les leçons que vous exigez de moi, parce que
des arrangements précipités vous appelaient ailleurs. Il faut cependant finir ; j’ai mes occupations
à part. J’ai donc pris le parti de faire dessiner par un graveur toutes les parties de nos pays chauds
qui sont relatives à la suite de mes leçons. Les figures géométriques sont à côté et désignées par
les mêmes lettres ; il n’y a plus à se tromper. Je vais en deux mots vous les expliquer.
Remarquez ce derrière braqué. Je ne dis plus que c’est une portion de cercle ; j’assure encore que
c’est une parabole bien décrite dont l’axe traverse le rectum. Nos graves outils en sont le foyer ;
vous pourrez prolonger la parabole.
Un peu plus bas, sur la même planche, est une grande fente ouverte, et dont les deux trous que
vous connaissez sont les deux foyers ; c’est la véritable ellipse gravée à côté. Je souhaiterais vous
montrer une cycloïde, mais il me faudrait pour cela un petit ventre renflé par mon pouvoir, et je ne
jouis pas de cet avantage. Il vous sera facile d’y suppléer par la planche.
Passons aux angles, qui sont le résultat de deux lignes, et de là au triangle rectangle, qui est le
plus curieux. Un vit qui bande fort fait avec son homme un angle aigu. Les cuisses femelles
forment, en s’écartant pour recevoir un conquérant, un angle plus ou moins aigu. Cela dépend de
leur vigueur et de leur amour.
Examinez attentivement le triangle rectangle : l’un de ses côtés est d’aplomb, commence à la
dernière vertèbre de votre os sacrum, passe verticalement par la gouttière du cul et se termine au
bas des fesses. Une autre ligne de niveau va du bas des fesses entre les jambes et se termine au
con. Voilà d’abord l’angle droit dont les côtés sont inégaux. Si donc une autre ligne passait par ce
précieux trou et pouvait joindre intérieurement cet os sacrum, elle serait l’hypothénuse, et formerait
le plus beau, le plus fécond de tous les triangles rectangles.
— Le diable emporte un géomètre, dis-je alors, il me fait souvenir d’une dispute que j’ai
quelquefois entendue sur l’hypothénuse, et l’on y calculait des carrés, des… Ma foi, je n’y voyais
goutte. Qu’est-ce donc, mon bon monsieur ?
— C’est, dit-il, ma belle enfant, que le carré de l’hypothénuse est égal au carré des deux autres
côtés. Ne perdez pas de vue la planche ; c’est sur votre joli cul que je veux en faire la
démonstration.
Je m’approche ; il baise voluptueusement mes fesses, plante l’aplomb sur mon dos et me fait
passer entre les cuisses un niveau aussi froid que ses mains étaient bouillantes. Les glaces de l’un
furent oubliées en faveur du feu des autres.
— Nous y voilà, dit-il. L’aplomb me donne huit pouces de hauteur ; c’est la mesure du plus superbe
cul. Le niveau m’en donne six ; ce qui prouve encore quelle est la magnifique saillie de vos
augustes fesses. Calculons maintenant. Le carré de huit, c’est soixante-quatre. Le carré de six,
c’est trente-six : ajoutons-les, leur somme est cent. Quelle est la racine de ce nombre ? Dix.
Remarquez ceci, mes chères disciples. Je conclus que l’hypothénuse racine doit être de dix
pouces.
— Et moi, répliquai-je en lui faisant une révérence, je conclus que j’ai de grosses fesses et le cul
haut ; mais il me faudrait une racine pour planter et une hypothénuse pour terminer le triangle.
— La voici, dit-il insolemment en montrant son vit.
— Vous foutez-vous de mon con, monsieur le docteur, repris-je. Ce vit sera toujours une pauvre
racine ; jamais elle ne prendra. D’ailleurs, votre hypothénuse doit être de dix pouces, et jamais
vous n’avez pu en tirer une ligne de cinq pouces. Nous sommes loin de compte, et cela ne me met
pas au mieux.
— Ma foi, dit la Culrond, monsieur compte sur mon coussin, et, pour faire plaisir à Lyndamine, je
vais l’amener à bien.
Elle place elle-même sur son puissant coussin le cul de mon maître selon l’art ; et, pied de roi en
main, j’eus la consolation de le voir bandant de dix bons pouces.
— Vous êtes en règle, m’écriai-je, foutez vite et jouons de l’optimisme.
Son vit était charmant, semblait prendre de la raideur. Je le sentis au fond de la poire, et il eût
atteint mon os sacrum, si je n’avais craint des accidents. Cependant, je passai la main droite entre
les deux outils, et il s’en fallait encore d’un bon pouce que le vit ne fût enfoncé jusqu’aux couilles.
Je fis cette savante observation, et mon docteur en conclut que mon sacrum, l’épaisseur de mon
viscère et de ma toison, devant entrer dans sa proportion, son calcul était juste. Je le priai de me
rapporter souvent son hypothénuse, qui se renferma dans son béguin pour donner le temps au
bourgeois de poursuivre ses leçons.
— Je suis aux solides, continua-t-il. La belle Lyndamine a reçu dans un des cylindres les plus
parfaits un prisme quadrangulaire, dont la tête est ellipsoïdale. Jamais prisme ne fut plus
géométriquement circonscrit. Les charmants tétons…
Il ne put achever. À mes pieds venait de tomber l’aimable Bascon presque sans connaissance.
L’on enlève la chère malade ; on la porte sur un lit, et l’on appelle du secours et des élixirs. La
charité de mon maître exerça son zèle jusqu’à la fin. Il étendit lui-même la mourante, dont les
jambes se repliaient sur son corps, et ne s’aperçut pas d’abord d’un phénomène qui me fit frémir
en silence.
Il était si pressé de la placer le plus commodément pour son état qu’il ne voyait qu’une infirme,
sans ouvrir les yeux sur les incidents. L’on sait que cette fille avait au con un poil vigoureux et
d’une longueur énorme. Ce curieux poil se détachait sous la main du géomètre sans qu’il y prît
garde. Il n’en fut frappé qu’en se retirant les mains couvertes de la toison de la malade, dont la
pauvre fente était si dépouillée qu’il n’en restait pas une racine. Il voulut s’approcher pour examiner
la cause d’une telle révolution. Il sortit du con une vapeur putride qui le fit reculer de dix pas en
hurlant. Nous eûmes enfin le malheur de voir le con s’ouvrir comme celui d’une accouchée, la
matrice se tourner comme un gant et former une bourse semblable aux couilles d’un mâle. Son
clitoris s’allongea proportionnellement et parut comme un vit sur son repos. L’instant d’après il se
gonfla et s’allongea de trois pouces.
Cette métamorphose, dont j’abandonne la solution aux médecins, nous faisait pleurer et rire ; mais
bientôt les larmes nous gagnèrent. La malade mourut dans des convulsions effrayantes, et mon
maître, confondu, fut si épouvanté qu’il court encore, je crois, car jamais depuis je n’ai eu de ses
nouvelles.
L’on se doute bien que le deuil fut dans la maison. En pleurant la belle Bascon, j’eus pourtant
l’attention de recueillir son poil pour en faire un coussin à l’instar de celui de la Culrond. Il n’est pas
de con vierge, disais-je en faisant mon petit calcul ; il est cependant né autour d’un con, et ce
privilège me présage ses vertus. J’en fis un godmiché, dont j’ai fait présent à une religieuse de
mes amies, qui m’avait confié ses petits besoins ; elle m’en a cent fois remerciée et assurée que
ce nouvel outil semblait être animé, et que, par une force magnétique qu’elle ne pouvait expliquer,
toutes les fois qu’elle l’approchait de son pauvre minon souffrant, elle le sentait frétiller sous sa
main ; en un mot, qu’elle lui devait une source féconde de plaisirs secrets.
J’invite, d’après cette épreuve, toutes les femelles à long poil d’en former un pareil instrument et
d’en gratifier tant de misérables recluses dont leçon brûle et qui n’ont que la triste ressource d’un
gros doigt qui ne fait aucun bien, ou d’une bougie qui n’en fait que dans l’instant pour les rendre
malades ensuite. C’est alors peut-être que tout sera pour le mieux sur la terre.
Notre deuil dura quinze jours, et nous jeûnâmes rigoureusement pendant ces deux semaines ;
tous les chalands furent congédiés.
À la fin du deuil, que madame Jolicon avait elle-même fixé, nous nous attendions à des plaisirs
nouveaux et nous ne fûmes pas trompées. Faut-il qu’ils aient été si peu durables et que je suis
obligée de…
Parlons de nos amoureux travaux ; je ne dois pas regretter le passé ; tout est encore au mieux
pour moi, et je défendrai le délicieux optimisme dont je donne de si charmants traits jusqu’à ce que
je sois privée de la lumière.
Continuons notre histoire.

PARAGRAPHE PREMIER

Anecdote anglaise.

Le premier agréable qui se présenta fut un Anglais, qui ne nous donna la préférence que d’après
notre réputation. Il avait appris de nos bons amis que nous étions extrêmement propres, que nous
donnions des plaisirs sans remords et que nous choisissions scrupuleusement nos chevaucheurs.
Son arrivée fut précédée d’un souper complet, dont la vue nous tira de nos images funèbres. Nous
nous remontâmes sur le bon ton, et nous étions lavées, parées, aromatisées, lorsque le milord
parut. C’était un jeune sémillant, et qui se croyait un hercule parce qu’il se sentait quelquefois gêné
dans ses culottes. Il n’avait pas voulu s’éprouver et voir que cette gêne n’était que momentanée, et
que l’instant d’après le laissait dans son impuissance. Mais que fait cette remarque à nos plaisirs ?
À son ordre nous fûmes toutes embrassées, chiffonnées. Nous nous mîmes ensuite à table. L’on
mangea, l’on but du meilleur et largement.
Le souper dura quatre heures, c’est-à-dire que durant quatre heures notre Anglais nous vit, nous
entendit, et fit ensuite son choix, qui tomba sur Fanny et Julie ; car il était modeste et n’osait s’offrir
à des combats plus nombreux. Le cher mâle y eut échoué.
Tandis qu’il nous lorgnait toutes, il ne se doutait pas que, de mon côté, je faisais aussi mon petit
choix, et que j’eusse été fâchée de goûter de sa pomme. Il avait pour laquais un nègre, grand
grivois bien découplé, et qui nous servait avec des grâces qui me tournèrent la tête.
— Parbleu, dis-je tout bas, un milord est assez souvent plus mal outillé qu’un paysan. Il faut que je
tâte de ce noir ; cela peut être bon. Après tout, j’en essayerai, c’est ma folie, et vaille que vaille.
Tandis encore que je faisais à part ces curieuses réflexions, milord appela ses deux belles, et nous
invita à la première, qui valut un louis à chacune des spectatrices ; nous nous crûmes
honnêtement récompensées. Il est en effet certain que messieurs les Anglais sont généreux, et
qu’ils payent toujours noblement les plus faibles nuits. Dans les termes de l’art, l’on pourrait en
vérité les appeler des nuits blanches.
Le premier tableau que nous présenta milord fut, selon l’usage de la plus fine volupté, celui de la
nudité absolue. Un large sofa attendait les victimes. Il se mit entre elles et les pria de le caresser,
tandis qu’à droite et à gauche il fit la visite de leurs charmes. Lorsque nous y pensions le moins, il
se met en équilibre la tête en bas, et invite Julie à l’embrasser, c’est-à-dire à placer sa tête entre
les cuisses anglaises et à les serrer dans ses bras ; ensuite à se coucher un peu vivement et à
faire un effort du cul pour relever ses jambes !
Nos jeunes polissons font souvent cette petite manœuvre, qu’ils appellent pet-en-gueule.
Nous ne pûmes nous empêcher de rire de l’activité des deux actrices. Tandis que dura cette scène
originale, il est constant que milord eut toujours le nez sur le con de Julie et que celle-ci eut la
bouche sur les couilles de son combattant. Ce conflit, qui dura une demi-heure, n’en donna pas
plus de ressort à la flèche anglaise. Je plaignis Julie, qui suait de fatigue, et me retirai pour
éprouver mon nègre, à qui j’avais fait le mot.
Le compère, qui se doutait que je ne l’avais prévenu que pour lui donner du plaisir, m’attendait
avec impatience dans l’appartement que je lui avais désigné. En y entrant, je le trouvai prêt à
l’ouvrage ; le matelas préparé, les habits dans un coin, les…
Je fus presque surprise de le voir me sauter au cou, m’enlever sous les fesses, m’étendre sur
l’autel, lever mes jupes…
— Es-tu donc pressé, camarade ? lui dis-je.
— Jugez-en, répond-il en me montrant un vit dont la force est très rare.
Mais avant d’y goûter, j’étais curieuse d’en parcourir toutes les dépendances.
— Je vois, repartis-je, que tu es un bon enfant ; il faut donc que je t’assure que je suis une bonne
fille. Contemple tous mes appas, puisque tu me présentes tous tes biens ; sers-moi de valet,
compère.
Et voilà mon drôle qui se tourne autour de moi, met bas mes cotillons, délasse mon corset, enlève
ma chemise, et par intervalles baise mes tétons et les pelotonne, frotte mes fesses, chatouille ma
fente, et me donne partout de vigoureux coups de ce superbe outil, qu’il bouillait d’enfoncer.
Je jugeai à propos de l’éprouver encore.
— Qu’as-tu donc au vit ? lui dis-je, ce n’est point là du poil. Approche, que je te visite.
Il remet dans mes brûlantes mains le sceptre de l’amour. Pour m’amuser, je lui donnais de temps
en temps, en parcourant sa toison de laine, quelques coups de doigt pour le rabattre. C’était
réellement travailler à l’anéantir ou à lui donner un feu nouveau. J’eus la satisfaction de voir une
crête qui me parut d’autant plus magnifique qu’elle terminait un prisme plus vigoureux. Je lui
permis alors de monter à l’assaut.
L’escalade fut bientôt faite. En un instant, je fus enfoncée. Je reçus vingt coups de glaive, qui
m’enchantèrent, et mon nègre sembla se reposer.
— Es-tu las ? m’écriai-je en frappant d’une main sur ses fesses et en le prenant aux couilles de
l’autre.
Cette question ranime le noir ; je sens que le dard impérieux se regonfle et s’allonge. Il redoubla
ses libations avec tant de force que toute ma chère palatine en fut inondée, et je lui en fis un petit
compliment.
— Dis-moi, mon fils, tous les nègres foutent-ils aussi bien que toi ?
— J’ose vous l’attester, répond-il. Dans nos climats, nous avons les couillons chauds, et nous
fabriquons sans cesse de la graine pour vos colonies.
— Et vos femelles, repris-je, ont-elles le con assez ferme pour vous soutenir ?
— Eh ! vous n’y êtes guère, repart mon gars. Nos femelles ne soupirent que pour un vit ; elles
préfèrent, il est vrai, le vit des blancs, comme nous courons après les cons européens ; mais soit
dit, ma belle, sans vous outrager, cette jolie fente que je viens heureusement de sonder ne vaut
pas encore nos petits cons africains.
— Petits ! m’écriai-je surprise, badines-tu ?
— Eh ! non, répond-il, il faut cent coups de vit pour les ouvrir, et c’est là ce qui nous enchante ;
mais aussi c’est là ce qui démonte quelquefois nos pièces ; et je vous en citerais mille exemples.
— Je ne suis pas curieuse de tes exemples, lui dis-je, mais je le suis fort de voir un de ces cons ;
procure-m’en la vue, mon cher, en grâce, et je te payerai sur ce matelas.
— Je m’y engage, riposte le nègre ; milord, mon maître, veut foutre encore pendant la prochaine
nuit, et a commandé un second souper ; faites demain la malade, afin de ne pas être de ses élues.
À l’heure décente, j’amènerai une négresse de mes amies avec laquelle nous nous amuserons
sûrement.
— Viens, que je t’embrasse, m’écriai-je ; en comblant mes vœux, tu mériteras que je me prête à
tous tes désirs ; je compte sur ta parole.
Avant de nous séparer, il me remit lui-même dans le même état dont il m’avait dépouillée et me
laissa la maîtresse de son magasin. Rien n’échappa, tout me passa par les mains ; mais il fut
modeste.
— À demain, dit-il en s’éloignant.
Je me gardai bien de rien dire de mon aventure et du projet de la nuit suivante. Je m’étais retirée
de bonne heure, à raison d’infirmité ; et je ne parus réellement le lendemain qu’avec un air ennuyé,
une toilette chiffonnée, ce qu’on appelle un déshabillé. Le soir de ce charmant jour, je m’égayai
avec la compagnie, qui fut charmée de me voir en meilleure santé. J’affectai pourtant une
langueur, qui me permit de quitter la société après m’être bien lestée. Milord s’aperçut à peine que
je m’absentais, et mes camarades ne doutèrent pas que j’allais puiser dans les bras de Morphée
une vigueur qu’elles me souhaitaient. Ce fut dans les bras d’une ravissante négresse que je la
puisai.
Pour la satisfaction de mes lecteurs, il faut bien que je leur fasse part de cette petite anecdote.

PARAGRAPHE II

Anecdote nègre.

Mon fidèle nègre m’attendait dans l’appartement de la veille ; et selon les premières conventions, il
s’était mis sous la peau du père Adam. La belle négresse qu’il avait amenée part du fond de la
chambre dès que j’en ouvre la porte, et s’avance en me faisant une révérence qui la fit plonger de
trois pieds. Je n’eus pas le temps de réfléchir sur la proportion que cette révérence donnait de son
corps ; elle fut aussitôt sur ses pieds, et ce mouvement vif m’étonna. Elle voulut s’approcher
encore pour m’embrasser ; mais sa haute taille l’obligea de se coucher pour me frotter le minois ;
et, en se relevant, elle plongea ma face sur deux tétons les plus beaux, les plus saillants, les plus
fermes que Pigalle puisse imiter.
Les femmes sont ordinairement trop jalouses pour admirer les tétons de leurs rivales ; mais je fus
étourdie de ceux de ma négresse, et je défie nos plus difficiles petites-maîtresses, celles mêmes
qui se flattent d’avoir les fesses les plus belles, de me montrer une gouttière plus noble, plus
régulière, plus profonde, que celle qui séparait ces deux monts enchanteurs.
Je me plongeai sur cette aimable gorge avec la fureur d’un mâle, et j’y étais si solidement clouée
que je ne m’aperçus pas que, pendant mon extase, elle me déchargeait des voiles qui lui
cachaient ce qu’elle prétendait adorer. En un mot, lorsque je m’en séparai, je n’avais plus sur le
corps que ma chemise. Je lui dis que je l’ôterais moi-même et lui fis signe de se déshabiller à
quatre pas de là.
Dieux ! je ne peindrai jamais les sensations dont je fus saisie lorsqu’elle s’éloigna. Il me sembla
qu’elle avait une bosse sur chacune de ses fesses, qui les renflait extraordinairement et qui me fit
augurer que rien ne devait être plus auguste que ce gros cul… Je ne me trompais pas. La coquine
feignit d’avoir de la pudeur et se retira par derrière pour ôter sa chemise. Je la laissai faire. Dans
presque le même instant, je me sentis une main entre les cuisses. Je voulais me retirer, et la
commère me sauta par-dessus la tête, et me montra ensuite ce cul si mignon dont j’étais engouée.
Il était trop bien tendu, trop près de mes yeux, pour me ravir de ses grâces. Je me disposais à les
parcourir et à mesurer la parabole, lorsque j’aperçus plus bas ce sacré portique que j’avais tant
désiré de voir et dont à peine les premiers bords paraissaient.
— Ne te dérange pas, lui dis-je.
Je voulus me repaître de ce point de vue. J’en mesurai la hauteur, le contour ; en un mot, je fis la
docteur ; mais je fus bientôt en défaut ; il m’aurait fallu une hypothénuse, que je n’avais pas et que
j’enrageais de calculer dans cet instant.
— Relève-toi donc, ajoutai-je en colère. Que fais-tu de cette bouche charmante ?
— Tout ce que vous voudrez, répond-elle, pourvu que vous puissez la bonder.
— Elle est si petite, dit-on. Faut-il une si forte cheville pour…
Je m’en saisis et la toisai. Réellement, je n’ai jamais rien vu de si étroit, quoique je me connaisse
en outils. J’en approchai l’un de mes doigts, qui ne put y pénétrer et me rabattis sur la toison, dont
la laine était fine, d’un beau lustre et plus appétissante sans doute que ces épais buissons de
l’Europe, puisque nos mâles la préfèrent à nos plus charmantes palatines.

PARAGRAPHE III

Anecdote philosophique.

Mon nègre, témoin de ces élégantes scènes, bouillait dans son jus, et me demandait souvent si
nous finirions bientôt notre inventaire. La négresse, enfin, lui répondit que cela ne le regardait pas,
et qu’elle ne finirait de me caresser que lorsque je lui ordonnerais de cesser ma visite.
— Quoi donc, dis-je, est-ce que l’engin de ce grivois ne te tente pas ? Il en vaut pourtant la peine,
ce me semble.
— Cela ! s’écrie-t-elle, je suis lasse d’en voir, et il me faudrait un triple appétit pour être tentée d’en
tâter.
— Lasse d’en voir ! ripostai-je, comment cela ?
— Comment ? en manque-t-on dans mon pays ?
— Non pas, mais on ne les voit pas pour cela, et lorsque l’on a le plaisir de les voir, ils raniment le
bon goût.
— Et voilà précisément, mademoiselle, pourquoi dans votre Europe les femmes courent autant les
mâles que les mâles désirent les femmes.
Il est dans l’expérience que l’on ne souhaite pas de voir ce que l’on voit sans cesse. Tous les sens
s’habituent aux objets qui leur sont soumis lorsque l’imagination ne se met pas en frais pour les
exalter. Dans vos climats, les deux sexes cachés annoncent assez leur différence par la diversité
de leurs vêtements ; mais cela ne sert qu’à porter le feu dans les sexes. L’on désire toujours
d’admirer ce qu’il est défendu de contempler. En Afrique, au contraire, tout est à l’air : l’on se voit
indifféremment. La femelle ne pense pas au mâle qu’elle a sous la main ; le mâle à côté de la plus
charmante femme est souvent nul. Le seul besoin les rapproche et les réunit. Mais ce besoin, qui
revient souvent, a de très bons effets. Nous faisons pour vous des enfants, et vous très inutilement
vous vous accouplez, parce que vous souhaiteriez vous accoupler à chaque quart d’heure, et
qu’une femme reçoit quelquefois dix hommes dans la journée. Oh ! si la plus vigoureuse négresse
en reçoit plusieurs, il faut qu’elle ait grand faim ; et d’avance l’enfant est fait, et le premier mâle a
fermé la porte. Les autres ont du plaisir, en donnent à la femelle, mais ne peuvent troubler l’ordre
de la nature.
— Tu crois donc que ton nègre ne s’unirait pas à toi sans besoin ?
— Il va vous le prouver, répondit-elle.
Elle l’appelle.
— Pour quel con bandes-tu ? Parle et sois sincère. Je t’offre le mien que tu connais. Est-ce dans
ce sanctuaire que tu te plais à célébrer l’amour ?
Le nègre avoua qu’un con noir avait d’autant moins d’attraits pour lui que, depuis son enfance, il
en avait vu des milliers, et qu’il ne soupirait que pour le mien, dont la vue ravissait tous ses sens.
Je suis convaincue que tous leurs principes sont dans la nature ; mais je me garderai bien de les
prêcher. Je suis trop intéressée aux voluptueux désirs d’un Européen pour ne pas soutenir
opiniâtrement qu’il est essentiel que les sexes voilent leurs appas réciproques. Le tailleur qui
inventa les culottes pour soutenir le poids de la virilité et les jupes pour gazer les charmes de notre
sexe mérite des éloges. Je regrette le nom de cet homme si précieux à nos plaisirs. Je le
transmettrais à la postérité.
Finissons cette digression. J’ajoute que ma négresse daigna me prodiguer autant de caresses que
je lui en donnai et partager avec moi le plaisir de Cythère, que le vigoureux noir ne nous épargna
point.
Nous nous séparâmes d’assez bonne heure pour que l’on ne pût me soupçonner de m’être ravie à
la volupté du milord et aux vœux de mes camarades, que j’aimais de tout mon cœur. Elles étaient
si persuadées de ma prétendue maladie, qu’elles rentrèrent dans notre appartement sans bruit,
dans la crainte de me réveiller. Le lendemain matin, elles vinrent à mon lit, me demandèrent des
nouvelles de ma santé, et furent consolées d’apprendre que j’étais mieux.
Je ne leur ai jamais fait la confidence de ce singulier trait de mon histoire, dont je me fais un devoir
de régaler mes lecteurs.

ARTICLE IV

Chapitre pour recevoir une tourière.

Huit jours après cette auguste scène, maman tint chapitre.


— Mes enfants, dit-elle, la foule de mes occupations ne m’a pas encore permis de vous présenter
la Baisecul, ma nouvelle tourière. Il est vrai que je l’ai surveillée, et qu’elle m’a paru réglée ; mais il
est juste que vous en jugiez vous-mêmes. Votre bien-être et la majesté de mes ordonnances
prescrivent cet examen.
L’on vit entrer la Baisecul. C’était une pauvre petite fille que la faim nous avait amenée et qui savait
à peine discerner son sexe : lorsqu’elle fut reçue, à son abord, je présumai de son innocence
— Baisecul, lui dis-je, milord t’a-t-il bien foutue ?
— Que voulez-vous dire, mademoiselle ? me répond l’Agnès.
La maman poursuit qu’il faut qu’elle se déshabille, et que, devant des femmes, elle ne doit pas en
rougir. La petite obéit en tremblant et nous montre des charmes que nous avions autrefois et que
le travail avait un peu ridés.
— Approche, mignonne, lui dis-je encore.
Je la pris aux fesses, la fis asseoir sur mes genoux et présentai son joli portrait à l’assemblée ; j’y
porte ensuite la main :
— Il est bien nu, mon enfant, ne te l’a-t-on pas dit ?
— Eh ! mais, l’on m’a bien dit que je devais avoir des cheveux là.
— Tu l’as donc montré ? reprit Fanny.
— Mademoiselle, répond la Baisecul, l’on m’a dit que c’était l’usage en entrant chez vous ; il fallait
bien le suivre.
— Fort bien, dit Julie, mais ceux à qui tu l’as montré, que t’ont-ils fait voir.
— Oh ! mon Dieu, répondit l’enfant, un morceau de chair aussi gros et presque aussi long que
mon bras ; et ils ont voulu me l’enfoncer dans le ventre, en me disant que ce trou que j’ai au bas
est fait exprès pour cela, et que c’est dommage de ce qu’il est encore sans cheveux.
— Dis donc sans poil, ripostai-je.
— Vous avez raison, mademoiselle, c’est de poil qu’ils ont parlé ; ils ont bien voulu faire ce qu’ils
disaient, mais cela me faisait tant de mal, je criais si fort, qu’ils se sont lassés.
— Tu mens, coquine, milord en est venu à bout.
— Oui, a-t-elle innocemment avoué, je voulais vous le conter.
Il m’a d’abord fait chatouiller tout ce qu’il a entre les fesses, et pendant ce temps-là il ouvrait ma
petite fente ; ensuite il a essayé d’y mettre sa cheville, et ce n’est qu’après bien des secousses
qu’il a réussi.
— Cela t’a-t’il amusée ? dit la maman.
— Non pas d’abord, répondit-elle, car j’étais tout en sang ; mais après, cela m’a tant fait rire que je
n’ai pas eu la force de l’arrêter. Il s’est tant enfoncé que son ventre était collé sur le mien.
— Eh ! dis-moi, ai-je repris, ne te l’a-t-il fait qu’une fois ?
— Pardonnez-moi, répond l’innocente, deux fois ; mais fi ! cela ne valait pas la première.
— C’est assez, dit alors la maman ; approche, Baisecul, de ces demoiselles afin qu’elles te
visitent.
Nous fûmes très contentes de voir d’assez gros tétons, qu’un bouton de rose commençait à
surmonter ; ses fesses se rejetaient déjà assez en arrière pour nous faire prédire que la place
serait vigoureuse. La rondeur et la fermeté de ses cuisses, le faible duvet qui déjà ombrageait de
belles lèvres, le superbe œillet qu’elle n’avait pas encore prodigué, tout cela nous engagea à la
recevoir.
On lui lut l’ordonnance en plein chapitre ; on l’instruisit de ses devoirs et de ses droits, et la
cérémonie fut terminée, selon la rubrique, par un petit hommage au cul des demoiselles, qu’elle
embrassa modestement. Elle fut ainsi renvoyée à son poste.
Plusieurs semaines se passèrent si solitairement que nous demandâmes à la maman si nous
étions au régime. Elle répondit gravement qu’elle ne nous permettait que la petite oie, et tout au
plus les caresses d’un vieux conseiller, dont le glaive avait tant changé de fourreaux qu’il était
rouillé pour l’éternité.
— Sous peu de jours, ajouta-t-elle, je vous communiquerai mes intentions, que je réserve
encore in petto.
Il fallut bien s’en tenir à la sentence et se contenter des pitoyables pièces dont le grave magistrat
nous entretint. Notre homme vint régulièrement pendant quatre jours sans réussir à s’épuiser,
parce qu’il ne pouvait plus s’épuiser. Ses fréquents tâtonnements sur nos pays chauds, nos vifs
chatouillements pour réchauffer son lâche priape, le sacré coussin de la Culrond, tout fut employé.
Hélas ! nous réussîmes à peine à obtenir une minute de bandage, que Minette fit passer entre ses
fesses.

ARTICLE V

Scène célèbre et séparation des filles.

Arrive enfin le jour désiré. Dès les dix heures du matin, madame entre dans l’appartement
commun avec une gaieté nouvelle.
— Vivent les cons, mes enfants, s’écrie-t-elle. Cette nuit on célébrera leur fête, et il vous est
enjoint de les parer de manière à leur faire honneur. Les plus grands seigneurs du canton,
enchantés de votre gloire et de vos grâces, m’ont fait dire qu’ils se disposaient à vous combler de
leurs caresses, qu’ils comptent payer abondamment. Il est à propos de soutenir la haute réputation
dont ils nous honorent. Vous aurez soin, non seulement de vous laver, de vous peigner, de vous
aromatiser largement ; il faut encore, s’il est possible, donner de la surprise à ces hommes qui ont
tant vu et tant foutu de cons.
Elle ordonna, en conséquence, que chacune de nous frisât sa palatine et ornât son bijou de
rubans de diverses couleurs. C’était à notre industrie qu’elle recommandait ce précieux
préliminaire.
Cette idée d’abord nous parut grotesque ; nous la saisîmes cependant si bien, nous ajoutâmes
tant de grâces aux charmes de la nature, que la maman fut elle-même extasiée lorsqu’elle vit
l’effet de notre art.
Nous le portâmes surtout à sa perfection sur ses agrès. Sa pauvre fente avait du service et pouvait
être dédaignée. Je me chargeai d’en faire la toilette. Je n’eus de peine qu’à cause de la rareté de
sa toison, tant de fois foulée ; mais je la tournai de tant de façons que je réussis à lui former un con
de poil élevé de deux pouces au-dessus du con naturel. Je l’entourai de mille boucles en faveurs
et des couleurs les plus variées. J’eus encore le soin d’assujettir sous ces boucles des touffes d’un
crin fort élastique pour repousser en avant le petit dieu qui voudrait trop pénétrer. Sans cela
maman aurait eu trop peu de ressort, et nous n’y aurions pas gagné.
Enfin, nous n’avions jamais joué un si beau rôle, et tous les acteurs s’écrièrent, pendant
l’accouplement, que tout était au mieux pour les mortels qui jouissaient de nos appas.
Ce cri charmant ne fut pas durable. Minette fut si cruellement fourbie qu’elle périt sous les traits de
l’amour. Fanny et Julie se laissèrent gagner par deux seigneurs, qui les ravirent. Maman fut si
outragée, en dépit de sa brillante chapelle, qu’elle se tondit elle-même et jura de faire la dévote. La
Culrond prit son parti de son côté. Je fus forcée de prendre le mien ; mais de quel côté me
tourner ? C’était là le point embarrassant.
J’avais heureusement une centaine de louis devant moi. Je pris le parti de chercher fortune, et, à
tout hasard, de courir le monde jusqu’à ce que le bonheur m’arrêtât.

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE

CHAPITRE IV

Voyage de Lyndamine.

En conséquence de mon plan, je retins une place dans le carrosse qui devait me conduire à
Vitbourg, où l’on m’avait dit qu’avec quelques grâces et des talents, l’on pouvait vivre
tranquillement.
Le même hasard qui me fit choisir ce jour de départ avait conduit dans la même voiture un jeune
capitaine, qui se rendait à sa garnison, et une dame encore fraîche et de bonne humeur. La
première chose que l’on fait en entrant dans une voiture, c’est de prendre sa place ; je n’étais
qu’en troisième, et je m’en contentai. Le capitaine et la dame occupaient le fond. L’on fut quelques
heures à bâiller, à se regarder, à prendre ses aises, et, comme il faisait froid, la dame se fit
apporter un chauffe-pieds, qu’il fallut élever de plus d’un pied pour ne pas mettre le feu à la voiture.
Moi, qui n’avais pas chaud, et qui étais en face de la dame, je jugeai à propos de baisser mon
siège, afin de mieux me renfermer dans mes jupes et conserver de ma chaleur.
Tandis que nous nous toisions réciproquement, et que, pour jouer la pudeur, je baissais et levais
de temps en temps les yeux, j’aperçus que la dame qui, crainte de brûler ses cotillons, les avait
haussés, à la manière de celles qui, devant le feu, veulent chauffer la chapelle, j’aperçus, dis-je,
que la dame avait découvert tous ses pays chauds ; j’avais l’œil vif et fin. Je vis exactement depuis
l’anus jusqu’au nombril, et, dans cet espace, une perruque si forte et d’un brun si foncé que j’eus
d’abord beaucoup de peine à découvrir la tonsure, que j’avais le plus d’envie de bien voir. J’y
réussis enfin ; et à l’odeur qui m’en revenait quelquefois, je conclus que cette jolie pièce avait été
savonnée fort honnêtement ; mais je ne m’avisai pas de faire le semblant de mes découvertes.
Sur ces entrefaites, le militaire, qui se croyait mal placé, ou peut-être qui me jugea plus jolie que sa
voisine, prit place à mes côtés ; et plongeant ses yeux sur ma gorge, qui était assez mal fermée, il
aperçut deux globes qui le charmèrent et dont, sur-le-champ, il s’adjugea l’empire ; mais il feignit,
comme moi, de n’avoir rien vu ; c’était à l’occasion de faire naître celle de la jouissance.
Cependant nous arrivâmes à la dînée, et le galant capitaine nous offrit sa table. Nous
l’acceptâmes, et nous fûmes très bien régalées.
Pendant le repas, une servante jeune et dessalée nous servait ; elle était dans un de ces
déshabillés qui plaisent plus que les habits les plus séduisants. Une simple cotte, fort courte, ne
l’empêchait ni de se tourner, ni de voler au besoin.
Le polisson de capitaine lui fit ramasser je ne sais quoi à côté de lui ; et tandis qu’elle était
courbée, il glisse sa main, et la saisissant au crin :
— Cache-le donc, coquine, lui dit-il.
Faute d’équilibre ou exprès, la tête emporta le cul. Les jupes furent sur le dos, et la belle fit ce
qu’on nomme la courbe selle. Tous ses appas étaient sous nos yeux. Un rire fou fut notre premier
mouvement.
— Combien louez-vous ce bijou-là ? lui dis-je en me levant pour la couvrir.
— Autant que ce bon cavalier loue le vôtre, répond-elle.
— Vous êtes une salope, repris-je ; êtes-vous payée pour m’insulter ?
— Attends, attends, bougresse, ajouta le militaire ; laisse-moi dîner, je te promets un bon loyer ;
mais commence par te laver le cul ; tu m’as infecté. L’on voit que ton con est celui d’une servante
de cabaret.
Ce gros mot la fit un peu rougir ; elle se retira ; nous fîmes notre commentaire. Ce fut le
commencement d’une connaissance intime et de peu de durée. La drôlesse, qui craignait le fouet,
comme le militaire avait dit tout haut qu’il le lui donnerait, ne se montra plus ; nous en fûmes pour
nos propos, et nous remontâmes dans le carrosse.
— Madame va-t-elle loin ? dit en s’asseyant le cavalier.
— Jusqu’à la couchée, répond-elle en riant.
— J’espère, ma belle dame, la partager avec vous.
— Non pas, je ne couche point à l’auberge ; j’ai une maison d’ami.
— J’en suis pénétré ; j’aurais eu tant de plaisir à faire le rapport des charmes de cette servante
avec les vôtres, qui me paraissent devoir éblouir les yeux.
— Il ne faut pas aller si loin, lui dis-je tout bas ; prenez ma place, monsieur, et vous serez satisfait.
Nous en changeâmes comme par délassement, et mon homme jouit de ce qu’il souhaitait.
— Ah ! madame, s’écrie-t-il à l’instant, que n’êtes-vous une servante d’auberge !
— Pourquoi cette exclamation ?
— C’est ! que je rendrais hommage à ce portique charmant dont je n’ai que la vue.
— Vous êtes un badin, dit-elle en feignant de lever la jambe pour lui donner un coup de pied.
Mon homme la lui retient adroitement, s’enhardit à glisser la main jusqu’à la porte du sanctuaire.
Ce mouvement la fit pencher ; elle tombe au bas du siège, le cul sur son chauffe-pieds et ses
jupes, retenues par le galant, sont sur son estomac.
— C’est là, s’écrie-t-il, ce qui est superbe ; me sera-t-il permis d’adorer, madame ?
— Vous êtes trop avancé, ajoutai-je, pour reculer. Prêtez-vous de bonne grâce, ma belle dame,
aux caresses de cet aimable cavalier.
— Ah ! mais, mademoiselle, me répond-elle, auriez-vous cette complaisance ?
— Que cela ne vous inquiète pas, je voyagerai plus d’un jour avec monsieur.
Il m’embrassa pour me remercier et revint bientôt à l’objet présent de ses feux, en l’invitant à tirer
elle-même son adorateur de sa prison.
De tels propos enflamment la femme la plus vertueuse. La dame contrefit la fâchée, eut de
l’humeur, retint ses jupes à deux mains, balbutia et finit par dire que le lieu n’était pas commode
pour ce voluptueux combat.
Ici je rappelai la scène originale du petit abbé avec la Culrond, et je la proposai aux deux amants ;
elle fut acceptée, et mes cuisses servirent de tabouret. Il fallut les mettre à nu pour ne pas
écorcher les belles fesses du cavalier, qui s’assit sur mes genoux. La dame, cottes en l’air et
pièces étalées, l’embrasse avec ses jambes. Je prends d’une main le joli dieu qui bouillait, et de
l’autre j’entr’ouvre la porte touffue de madame.
— Vous y voilà, dis-je alors ; ferme dans les boules, mes enfants.
Pour les exciter encore, je les faisais sauter sur mes genoux, comme une nourrice fait sauter son
petit ; et chaque saut, que je n’épargnais pas, servait à les enfiler plus parfaitement. Bref, les
pièces furent si bien unies que je ne pus réussir à insérer mon seul petit doigt entre les deux
toisons.
L’on conçoit bien que le carrosse roulait, tandis que nos champions s’escrimaient avec tant de
volupté. Nous arrivâmes un peu trop tôt pour leurs plaisirs. Il fallut dégainer et séparer deux pièces
qui se trouvaient si bien ensemble.
L’on arrive. Le galant, satisfait de sa soirée, conduit la dame chez l’ami qui l’attendait, tandis qu’à
l’auberge je fis disposer tout pour un bon souper.
À peine mon cavalier fut-il de retour qu’il vint me sauter au cou et me remercier encore de mon
stratagème.
— Je vous dois cette délicieuse journée, mademoiselle, me dit-il, et j’ose me flatter que vous ne la
finirez pas en me punissant.
Je compris ce qu’il voulait me dire.
— Il faut donc du champagne pour vous refaire ; car, sans façon, vous vous en êtes tiré
vigoureusement, et l’acier doit en être détrempé.
— Point du tout, il a plus de ressort que ce matin.
— C’est ce que je voudrais voir, répondis-je.
— Tout à l’heure, reprend-il, en le cherchant dans son étui.
— Après souper nous traiterons cette affaire ; mais gardez-vous d’être tenté d’un con de servante,
je n’ai pas oublié l’escapade de la dînée.
Il me jura d’être sage, et il le fut. La domestique eut à peine la douceur dont sans doute elle ne fut
pas trop joyeuse ; il faut à ces filles-là du plaisir et de l’argent.
Nous avions eu la précaution de nous faire passer pour époux. L’on ne disposa, conséquemment
qu’un lit, et, dès que nous fûmes retirés, échauffés par un vin fumeux que nous avions bu à plein
verre, nous pensâmes à la partie que j’avais remise après souper, parce que je voulais satisfaire
une curiosité nouvelle et qui me tracassait. Il est vrai que j’avais eu le temps d’exploiter tous les
apanages du vit ; j’en avais pressuré plus d’un dans rues mains. Cependant, je ne m’en occupais
que depuis quelques heures, et je voulais suivre cette idée, examiner Priape de la racine à la tête,
du repos au bandage.
Je vis avec un plaisir ravissant cette bouche imperceptible qui verse si abondamment la liqueur
vitale lorsqu’elle tombe dans ses accès de rage ; et prenant d’une main mon officier aux couilles,
que je frottai violemment, je fis de l’autre un fourreau pour son glaive qui ne tarda pas à me
menacer.
Un vase, dont j’avais mesuré la distance, était disposé pour recevoir le baume de vie, que j’eusse
voulu pomper, et que je sacrifiai pour mon expérience. Il fut lancé à plus d’un pied des bords de la
couche.
Quel ressort dans les reins ! Quel trésor dans ces précieuses olives que je caressais avec tant de
volupté. Dès que l’amour eut rempli son principal devoir, je lui demandai pardon du piège que je lui
avais préparé, et mes yeux se portèrent sur le germe de l’espèce.
Avec quelle confusion vis-je le genre humain, ce genre si sublime renfermé dans une demi-once
d’écume blanchâtre assez puante ! J’en fus presque autant dégoûtée que j’avais de plaisir à lui
ouvrir le sein de la nature.
Une dévote qui craint tous les diables, lorsque sa bouillante imagination lui peint grossièrement la
noble figure d’un vit, qui n’ose s’essuyer le con lorsqu’elle a pissé, ni le cul lorsqu’elle en a graissé
le vilain orifice, cette dévote croit pourtant connaître son Dieu. Aussi est-elle pétrie d’orgueil.
Ô sottes de tous les âges, qui, par vos bêtises, contrariez le vœu de la nature qui se fait entendre
au faubourg de votre cul, représentez-vous ce vit qui lance le foutre, vous serez humiliées de votre
origine ; vous adorerez la puissance et les charmes du Créateur des vits ; vous aurez des plaisirs
qu’il vous a préparés : vous tomberez aux pieds du grand maître qui de rien vous a construit un si
beau corps ; et vous vous écrierez dans votre extase que tout est au mieux lorsque l’on a le vit au
con.
Ces réflexions, que j’étais en train de continuer, n’étaient guère du goût de mon officier.
— Sais-tu, mon enfant, que tu m’ennuies avec ton jargon ? Une fille philosophe ! Cela est, ma foi,
aussi rare qu’un militaire qui raisonne. Jouissons, ma belle, jouissons, nous philosopherons
lorsque nous ne pourrons plus jouir.
Je me rendis à cette apostrophe, et je donnai à mon capitaine une dose de plaisirs qu’il m’avoua
être plus piquants que ceux qu’il avait partagés avec la dame de la voiture. Une partie de la nuit fut
entrecoupée par des dépenses amoureuses et par des restaurants. Nous réservâmes la matinée
au sommeil ; le carrosse y invite et presque tous les voyageurs ne le préfèrent qu’à raison de cette
commodité. Nous en profitâmes jusqu’à midi, qu’il fallut se séparer, parce que mon brave était
attendu à l’auberge par une vingtaine d’officiers de son régiment, qui m’eussent volontiers
hébergée, et que je refusai. Je connais trop le militaire pour m’abandonner au libertinage et aux
maux dont on hérite entre leurs bras.
Me voilà donc seule dans la voiture ; c’est-à-dire que je m’attendais à m’ennuyer et à gémir jusqu’à
la mort. Cette idée, qui commençait à me surmonter, me donnait déjà de l’humeur, lorsqu’on
m’avertit qu’il fallait partir.
Je monte languissamment dans le carrosse. Nous avions déjà fait une bonne lieue ; j’appelais à
mon secours un salutaire sommeil, lorsque la Providence inspira un jeune chanoine de la ville où
nous devions coucher de se faire voiturer jusqu’à sa maison.
ARTICLE PREMIER

Rencontre d’un chanoine avec Lyndamine et leur conversation.

Il me semble inutile de dire que messieurs les abbés disputent au galant uniforme l’art nouveau de
séduire le beau sexe et de s’en faire aimer ; toutes les femmes du siècle leur rendent cette justice.
Monsieur Hapecon était trop bien né, trop poliment élevé pour dégénérer des vertus de ses
confrères. À
peine fut-il tête à tête avec moi qu’il me donna des preuves de galanterie qui me réveillèrent et qu’il
ne cessa de prodiguer.
L’une de ses premières paroles fut un mot de politesse.
— Vous ne coucherez pas à l’auberge, ma charmante demoiselle, me dit-il ; un appartement digne
de vos grâces vous attend chez moi, et je vous prie de l’accepter.
Comblée de cette prévenance, j’y répondis en le remerciant de sa générosité ; et à notre arrivée, il
me donna la main pour me conduire, et n’oublia rien pour captiver ma reconnaissance. La soirée
se passa en propos galants. Je fus introduite, après le souper, dans une chambre élégante, qu’il
m’invita à regarder comme mon bien.
— Elle vous appartiendra tant qu’elle sera de votre goût, ajouta-t-il. Autant vaut que notre ville
jouisse de vos charmes qu’une autre ; et je serai glorieux de lui avoir ménagé ce trésor. Dormez,
ma belle enfant, reposez-vous de vos fatigues ; demain matin vous me donnerez la mort ou vous
me rendrez la vie, que je perdrais en vous perdant.
Que d’actions de grâces je devais rendre à ce généreux bienfaiteur ! Je ne les lui rendis que par
mon silence ; il se retira et me recommanda tout le repos qu’il me souhaitait. Je n’eus pas de peine
à souscrire à ses offres, et, dès l’instant, j’étais décidée à profiter de ses faveurs. Le lendemain
matin il vint recevoir ce bon mot ; et bientôt tout ce qui peut flatter le caprice ou le goût d’une jolie
femme fut étalé sur une toilette ravissante.
— Vous êtes reine ici, dit-il, ma belle demoiselle ; régnez sur mes sens et sur mes biens. Je ne
serai que votre premier sujet.
Je vis bien qu’il ne voulait m’entretenir ainsi que pour ses plaisirs ; mais il ne méritait pas d’être
trompé. Il me croit peut-être pucelle, disais-je scrupuleusement ; s’il savait l’histoire de ma vie, je
serais chassée honteusement. Quoi qu’il en soit, je serai honnête ; je lui ferai d’humiliants aveux
dans le premier tête-à-tête. Je les dois à ma gloire et à ses bienfaits.
Le lendemain fut un jour de fête. Tous les amis des deux sexes furent invités à un dîner splendide.
L’on se divertit cordialement, et un bal paré fit la clôture du premier plaisir public qu’il daigna me
donner. Les chanoines de cette ville sont, depuis longtemps, en possession de se permettre ces
divertissements, dont leur sémillant évêque leur donne un exemple journalier ; et dans ce beau
jour ils se surpassèrent.
Lorsque la compagnie fut congédiée, une fille honnête et entendue, qui lui servait de domestique
et qui s’appelait Julie, m’aida à me mettre en déshabillé. J’en fus encore plus piquante, et la tête
de mon cher Hapecon tourna presque lorsqu’il me vit sous ces vêtements, qui parent d’autant plus
un beau corps qu’ils en laissent entrevoir les contours les plus secrets.
La toilette faite, la fille se retira, et mon chanoine, à mes genoux, me demanda quelles faveurs je
lui réservais ?
— Je suis engagée par vos bienfaits, répondis-je ; ordonnez, cher amant, de mon sort et de nos
plaisirs.
— Puisque vous le permettez, je vous prierai de me donner la séduisante vue de tous vos
charmes.
Et il m’aida lui-même à me défaire des faibles voiles qui les gazaient. Je le laissai faire, baiser
toutes les parties de mon corps et les caresser ; mais lorsqu’il voulut s’étendre sur les éloges qu’il
préparait au centre de ses ébats :
— Vous êtes trop généreux, lui dis-je, pour que je reçoive des louanges que je ne mérite pas. Vous
étiez seul digne sans doute de posséder la divine clef de mes secrets appas ; mais je vous
connais trop tard, et il y a longtemps que l’amour a pénétré dans ce sanctuaire.
Il voulut le voir, et, d’après son examen, il avoua que si la porte avait été ouverte autrefois, elle lui
semblait encore assez close pour le satisfaire. J’avais réellement ce charmant orifice si petit que
l’on trouvait toujours un plaisir nouveau lorsque l’on tentait de le rouvrir.
Il fut donc arrêté que je serais sa maîtresse et que je partagerais ses plaisirs, ou plutôt qu’il ne
goûterait de vrais plaisirs qu’entre mes bras. Cet arrangement fut scellé sur un lit délicieux.
Je me louai du premier tribut que je reçus, et j’adorai la Providence, qui me prouvait constamment
que, sur la terre, tout est au mieux quand on veut se prêter au bien commun.

ARTICLE II

Scrupules de Lyndamine et réponse philosophique du chanoine.

Le scrupule cependant s’emparait de mon âme sans que je m’en aperçusse. Une vieille dévote la
réveilla, et me persuada presque que je devais renoncer à la plus intime société de mon
bienfaiteur.
— Oh ! disait-elle, si vous vous confessiez bien, l’on vous apprendrait le moyen d’éteindre vos
feux, et dans peu vous renonceriez au commerce qui vous donne tant de satisfaction.
Cette sotte bégueule me fit prendre le parti de confier à mon chanoine les idées qu’elle me donnait
de ce qu’on appelle les sacrements.
— Sois tranquille, me dit cet ecclésiastique philosophe et ami de l’humanité ; tout à l’heure je vais
te confesser, et dans un autre instant je te parlerai de la communion.
J’étais béante et j’attendais ses instructions.
— Sais-tu, ma tendre fille, me dit-il, ce qu’il faut faire pour se confesser ?
— N’est-ce pas, répondis-je, ce que l’on entend vulgairement ?
— Pas tout à fait, reprend-il. Je permets à toutes les sottes de tous les pays de confier
secrètement leurs petites fredaines aux plus jeunes prêtres, et nous n’ignorons pas les suites de
cet abus d’une religion qu’il faut respecter tout haut ; mais entre nous deux, te confesser, c’est
fesser ton con, et je m’en ferai un devoir. Il est si charmant qu’il mérite mon fouet, dès que mon
fouet l’enchante : il t’a déjà fessée. Mets-toi en garde, ma mignonne, et prends ta verge ; je te
laisse le soin de la diriger, et ce n’est qu’à tes ordres qu’elle te punira.
J’avoue que je ne m’attendais pas à ce commentaire de la confession ; mais je fus charmée
d’entendre qu’il respectait la religion publique et qu’il ne s’expliquait que dans le tête-à-tête. Je fus
conséquemment bientôt sous le fouet. Je le reçus avec des transports qui m’extasièrent et je ne
manquai pas de baiser la verge qui m’avait si délicieusement fouettée.
— Je suis content de toi, me dit alors l’aimable chanoine, et tu dois convenir avec moi que je t’ai
scrupuleusement confessée. Repose-toi ; je vais t’envoyer une succulente liqueur qui te rendra le
ressort nécessaire à la communion que je te réserve ; je ne te ferai pas languir.
Il tint parole.
Julie m’apporta deux massepains, une bouteille du plus excellent alicante et un verre de la plus
stomachique liqueur.
— Restez au lit, ajouta Julie, monsieur veut que vous ne sortiez pas. Vous êtes malade
apparemment, mademoiselle, et mon maître est plein d’attentions. Je vous souhaite une meilleure
santé.
Julie prenait ou faisait semblant de prendre le change. En tout cas j’entrai dans ses vues.
— Je te suis obligée, lui dis-je, de l’intérêt que tu prends à ma santé ; tu viens de m’apporter des
forces, et déjà je les sens renaître. Dis à monsieur l’abbé que j’espère être bientôt en état de le
remercier.
Mon bon chanoine avait compris ma réponse et revint plus bouillant et plus galant que je ne l’avais
vu encore.
— Je suis heureux, me dit cet homme charmant, de recevoir tes faveurs et d’apprendre que tu ne
dédaignes pas mes hommages.
— J’aurais, répondis-je, grand tort de les dédaigner ; vous me mettez à mon aise et vous me
procurez mille voluptueux plaisirs. Ah ! si la fille du pape Urbain X, privée d’une fesse, était à ma
place, le docteur Pangloss l’aurait confessée avec autant de grâce que vous m’avez fouettée ; et
elle se ferait pendre pour son optimisme. Vous me permettrez bien de ne pas me pendre, du moins
avant la communion que vous m’avez promise.
— Prends garde à tes paroles, me dit alors d’un ton majestueux mon sémillant chanoine. Ce mot
de communion est consacré par la religion, que je t’ai déjà dit qu’il fallait respecter publiquement.
C’est toujours dans le tête-à-tête que je te parle. Dieu est Dieu, disait Mahomet dans son langage
sublime. Cette seule définition m’anéantit. Dieu est celui qui est, dit la religion que l’on professe
dans cette ville. Penses-tu que j’outrage ce grand être jusqu’à nourrir ma cervelle des
épouvantables prodiges que l’on en raconte, et qui le dégraderaient s’ils étaient constatés ? Quoi !
cet être immense, devant lequel l’univers entier est à peine un atome, daigne, à l’ordre du premier
coquin dont on a graissé les mains, descendre du ciel et prendre, en personne, possession d’un
million de milliards de petits morceaux arrondis de farine cuite pour alimenter des âmes que l’on
n’engraisse pas avec des corps ? Nos prêtres, qui font ce miracle quand on les paye pour le
renouveler, se croient-ils donc assez puissants pour commander à l’être de tous les êtres ? Ces
réflexions me font frémir. Qui croira cette absurdité, qui déshonore mon Dieu, doit être un imbécile,
ou, s’il est persuadé, il doit, en célébrant la messe, avoir le plus redoutable frisson dont soit
capable la machine animale.
« — Malheureux ! lui dirais-je, tu penses qu’à tes ordres ton Dieu va se placer dans une feuille de
pâte que tu tiens dans les mains, et tu n’es pas confondu de ce miracle qui devrait t’anéantir et qui
effraye toute la nature ? Va, tu ne le crois pas. Tu joues le public pour dix sols par jour, et je
t’abandonne. »
— Ne vous mettez pas en colère, dis-je en l’interrompant ; vous me convainquez du pharisaïsme
des prêtres, en même temps que vous m’apprenez à les respecter en public. Je suivrai vos
principes ; je les défendrai tout haut et ne communiquerai que secrètement avec eux. Vous m’avez
annoncé une communion bien différente de celle qu’ils prêchent. Donnez-la, je vous prie. J’ai
toujours désiré de m’instruire, et la leçon que j’attends de vous n’est pas la moins essentielle au
plan du bien-être que j’espère goûter entre vos bras.
— Ma communion est simple, me dit-il. Selon les principes de la religion, elle unit un corps divin
avec l’âme humaine, et il est bien outrageant pour un Dieu que l’on ose ainsi l’unir avec le néant.
Je m’en tiens à mes maximes, et, d’après elles, la vraie communion est une commune union. Eh !
quelle union plus commune, plus respectable, plus désirable, que celle qu’indique la nature ?
Celle-ci est facile à comprendre et à expliquer. Il ne faut que contempler les êtres qu’elle veut unir.
Tes jolis tétons, par exemple, s’unissent à moi ; j’en pompe le lait avec mes lèvres, et cette
substance me nourrit. Ce fourreau ravissant que t’a donné le Créateur, et qui te force à me désirer,
me porte aussi vers toi avec une impétuosité dictée par le grand maître et suivie par tous les êtres
animés ; c’est donc pour obéir à mon Dieu que tu présentes à mes vœux le centre de tes appas.
C’est donc pour suivre ses ordres que je plonge dans cette gaîne délicieuse le précieux glaive dont
il m’a fait présent pour m’unir avec toi.
Voilà, ma chère, la véritable union. Elle est proportionnelle, puisqu’elle est de corps à corps ;
puisqu’elle enchaîne les deux sexes créés par la nature ; puisque, malgré les canons et les
préjugés, je brûle de me plonger dans ton sein et que tu brûles de m’y recevoir et de pomper le
baume de la vie que je te transmets, puisque enfin ce n’est qu’à l’approche de la plus solide union
de nos sexes que nous nous écrions : « Tout est au mieux ; il ne manque enfin à notre optimisme
que d’être plus durable. » Hélas ! rien ne l’est sur cette terre, qui s’éteint et se reproduit par nos
plaisirs.
Mes sens ravis avaient déjà souscrit à ces décisions ; l’idée de mon bien-être me soutenait, et
j’avoue que, depuis une année que je recueille les douceurs de la conversation de mon amant et
les caresses qu’il me prodigue, j’aurais oublié mes premiers jours si je n’avais eu la précaution de
les confier d’avance au papier.
Cet honnête homme, si au-dessus des préjugés vulgaires, a lu le premier cette histoire manuscrite
de mon libertinage, il m’a pardonné tous les gros mots dont elle est créée, parce que chacun doit
adopter les termes de son pays et se plier aux variétés de l’opinion. Ce n’est encore qu’après les
plus vives instances de sa part que je me suis déterminée à transmettre à la postérité le scandale
de ma vie.
— Pourquoi, mon ami, lui disais-je, apprendre à de jeunes filles qui me liront la route de la volupté,
que la séduction leur apprend assez ?
— Très bien, ma chère, m’a-t-il répondu, les jeunes filles sauront ton alphabet avant de lire ton
histoire ; elles auront abusé de leurs appas avant d’être instruites du premier usage que tu as fait
des tiens. Ton livre ne sera donc lu que par une jeunesse déjà disposée au moins à se perdre.
Qu’a-t-il donc de dangereux ? Puisse ta fin lui apprendre que l’on gagne à se retirer du vice et
engager quelques saints ecclésiastiques à lui donner un pain abondant.
La Providence alors sera justifiée des blasphèmes de tant de dévotes et de bigots. Il me semble
déjà les entendre s’écrier :
« — Tout est au mieux sur la terre lorsque l’on suit l’économie de la nature. »

FIN
POSTFACE

Je n’ai mis aucune préface à la tête de mon histoire, parce qu’il n’était pas encore temps de parler
de mon auguste con. Maintenant, que j’ai tout dit et que je suis connue, je me plais à répéter à
tous mes lecteurs que, pour leur procurer le plus tendre optimisme, mon charitable chanoine me
permet d’essayer la raideur de leur vit et de leur donner la curieuse vue de ma face postérieure.
S’ils sont inscrits sur le catalogue des philotanus, et m’en exhibent les preuves juridiques, je
pourrai, pour les obliger, ne pas trouver mauvais qu’ils parcourent cette jolie portion de mes pays
chauds ; ils me trouveront à Frouilleaune, rue du Chapitre, à l’hôtel de Hapecon.
Ce salutaire avis est donné au public en 17150.

Sunt bona, sunt quædam mediocra :


Sunt mala plura quæ ligis hic.
Aliter non fit amice liber.

MARTIAL.

CONTES MORAUX

MIS EN VERS

PAR L’AUTEUR DE L’OPTIMISME DES PAYS CHAUDS

POUR SERVIR DE SUITE

L’HISTOIRE DE SA BELLE VIE

PRÉFACE

  Déjà l’histoire de ma vie,


  A scandalisé les dévots.
M’auraient-ils cru ? d’où venait cette envie ?
  Je n’écrivais pas pour des sots.
  Peut-être encor voudront-ils lire
  Ces jolis contes faits pour rire.
J’évite leur réponse en les avertissant
 Que le conteur est parfois ravissant.
  Dans le Moyen de parvenir
  J’ai puisé mon fond et mon style :
  Si l’on ose me parcourir
  L’on reconnaîtra de Verville.
 Mais le prélat, le moinillon, la nonne,
Le fouteur, la Laïs, la belle qu’il enconne ;
 Chacun se dit : « Elle ne devait pas
  Écrire ni parler si gras. »
  Hé ! mon ami, si mon histoire,
  N’eût des cons célébré la gloire
  Jamais mon illustre conteur
  Ne vous aurait eu pour fouteur.
  Entre nous soyons donc sincères
  Et dévoilons tous ces mystères.
 Je n’ai parlé jusqu’ici que de cons,
  De vits, de foutre, de couillons.
Or je vais soutenir ce sublime langage.
 Vous qui criez et voulez être sage,
 Ah ! croyez-moi, jetez mon livre au feu,
  Tant d’autres en feront un jeu.

CONTES MORAUX

PREMIER CONTE

Les Pets musqués.

Je voudrais bien que tous nos petits-maîtres


Fussent punis comme certains marquis,
  Qui se croyent un de ces êtres
  À qui l’usage a tout permis.

  Une courtisane de Rome,


  Invitée à goûter la pomme
  De ce petit impertinent,
En exigea d’abord une bourse d’argent.
Ensuite le paya, comme je vais le dire,
  Dût l’histoire vous faire rire.
  Impéria s’était munie
  De cette espèce de vessie
  Où le grand art des parfumeurs
  A su renfermer des odeurs.
  Elle en met une entre ses fesses,
 Et recevant le Français dans ses bras,
Elle ouvre à son galant ses jolis pays bas ;
 Et celui-ci commence ses caresses.
  Dès le premier coup de pilon
  La belle serre la croupière,
  Et presse si fort le ballon,
  En se remuant le derrière,
  Que le galant, tout étonné,
  Sur-le-champ fut désarçonné.
 Impéria le reprend par la couille ;
  Saisit son vit et le chatouille,
  Pour lui donner de nouveaux feux.
  — Cher et tendre objet de mes vœux,
  Lui dit alors l’adroite fille,
  Le bruit d’un cul te fait-il peur ?
 Ouvre le nez, savoure cette odeur,
  Et désormais sois plus tranquille.
 L’odeur du pet embaumait le galant.
 — D’où vient cela ? dit-il à sa maîtresse,
  Est-il émané de ta fesse ?
  Ton cul, mignonne, est bien charmant.
  Pour le régaler, il rengaine ;
  Et dans la chaleur du combat,
  Il entend un nouvel éclat
  Qui de nouveau le met en peine.
  Mais son nez, de l’odeur épris,
  Le rassure : il se tient en selle,
 Pousse sa pointe, et confie à la belle,
  Qu’il est étrangement surpris
De la suavité des pets d’une Romaine ;
  Les Françaises n’ouvrent le cu
  Que pour lâcher un vent qui pu.
  — Mais je pette à l’italienne.
Répond Impéria : vous allez voir comment.
  Dans ce pays, tout aliment
  Porte avec lui l’odeur de l’ambre ;
  Dans nos corps nous le distillons,
  Et par le cul nous le rendons,
  Pour embaumer toute une chambre.
  Le gars flatté foutait si fort,
  La belle faisait tant d’efforts,
 Pour soutenir ses charmantes caresses,
 Qu’un vent nouveau sortit d’entre ses fesses.
 Pour respirer ce délicieux pet,
 Monsieur déconne, approche de l’œillet.
  Ciel ! une vesse épouvantable
 À l’odorat porte une odeur de diable :
 Mon sensuel se crut empoisonné.
 — Pourquoi, mon fils, avez-vous déconné ?
 D’un grand sang-froid lui dit cette princesse.
— Au diable soit ton cul ! Cette bougre de vesse…
 — Vous remettra, mon fils, sur le bon ton
Du premier cul français dont vous foutrez le con.

CONTE II

Les Cerises.

 Le gros seigneur d’un très petit canton,


  Fort connu pour un rodomont,
  Faisait trembler tous les villages,
 Et renversait tous les anciens usages.
 Ses grands vasseaux lui formaient une cour ;
 Et les petits n’osaient se faire jour,
 Pour jouer à grands frais leur rôle.
  Son meunier dit à Marciole :
 — Ma fille, ce panier est pour notre seigneur.
  Cela nous portera bonheur ;
Va le lui présenter. Cette charmante fille
  Était un morceau pour les dieux.
 Alerte, leste, et, ma foi, si gentille,
  Qu’elle fixa d’abord les yeux.
  Hélas ! elle était trop charmante !
  Mais je me trompe ; l’on verra
  Que cette fille ravissante
 Ne perdit rien à montrer son cela.
 Venons au fait. — Que voulez-vous, ma belle ?
 Dit le seigneur qui ne l’attendait pas ;
  Voici, messieurs, une pucelle,
 Dont vous verrez dans l’instant les appas.
 La pauvre enfant que tout cet étalage
 Étourdissait, répondit : — Monseigneur,
 En vérité,… c’est… un bien faible hommage
  Que mon père offre à Sa Grandeur,
  Car ce ne sont que des cerises ;
  Mais, monseigneur, elles sont prises
  Sur un précoce cerisier,
  Et j’en avons fait un panier.
 — Fort bien, ma fille, et je t’en remercie.
 Laquais ; des draps dans cet appartement ;
  Qu’on les étende dans l’instant ;
  Faudra-t-il que je vous en prie ?
  Déjà les draps sont étendus,
  Et les valets attendent l’ordre.
— Belle, dit le seigneur, j’aime beaucoup les culs.
 Vous voudrez bien pardonner le désordre
  Que je mets dans les Pays-Bas,
 Mais, je l’ordonne, et ne résistez pas.
  Marciole est toute tremblante,
  Fait des façons, parle, gémit.
  — Vous pleurez, dit-il, ma charmante !
  Tant mieux ! tant mieux ! le con vous rit.
 Quoi qu’il en soit, quittez votre chemise ;
 Et sur ces draps placez chaque cerise.
  Il fallut bien, de monseigneur
 Suivre les lois, et montrer son honneur.
  La belle enfant est tout en larmes ;
  Et tandis que chaque témoin
  Se réjouit de ses alarmes,
  Elle dépouille, dans un coin,
  Et le pet-en-l’air, et la cotte.
  Ce fut bien une autre façon
Pour ôter la chemise… Ah ! mon cher petit con !
 Cache-toi donc. Marciole est si sotte
  Qu’elle n’ose faire un seul pas.
  — Dépêchons-nous, de par le diable !
 Dit le seigneur, de semer sur ces draps
 Vos jolis fruits… Ayez donc l’air aimable.
  Les fruits semés, ce n’est pas tout,
  Et la belle n’est pas à bout.
  L’on ordonne qu’elle ramasse
  Ces fruits répandus sur la place.
  Elle jette les plus hauts cris,
  Et l’on n’oppose que des ris.
  Elle commence son service.
 Vous concevez que dans cet exercice
  Elle montrait à tous les yeux
  Les charmes les plus précieux.
 De beaux tétons, un ombrage, une fente ;
 Et, par derrière, une fesse saillante.
  Les spectateurs étaient ravis,
 Et ne bridaient qu’avec peine leurs vits.
  — Pour voir ces élégantes fesses,
 J’eusse donné, disait l’un, cent écus !
  L’autre chantait le Roi des culs,
  Et pour en goûter les caresses,
  Aurait compté deux mille francs.
  Tous étaient enfin si contents,
  Et du devant, et du derrière,
  Qu’ils les prisaient à leur manière :
 Jusqu’aux valets, chacun mettait à prix
 Le cul, le con dont il était épris.
  — C’est assez, belle Marciole,
  Dit en riant le bon seigneur ;
 Tu vas bientôt célébrer ton bonheur,
  Et je t’en donne ma parole :
  Rhabille-toi. La chère enfant,
Une main sur le con, une autre sur la fesse,
  Se retire d’un air décent,
  Et toujours pleurant sa détresse.
  Elle avait gagné son dîner.
  — Il n’est plus temps de badiner,
  Belle, je crois qu’il te démange !
  Approche de la table, et mange.
 Le bon seigneur fait mettre sous ses yeux
  Les mets les plus délicieux.
 À bien manger, il l’invite lui-même ;
 À la servir, goûte un plaisir extrême ;
  Et lorsqu’on y pense le moins :
— J’ai prévenu, dit-il, messieurs, tous vos besoins ;
 Or, maintenant, que chacun se rappelle
Le taux qu’il vient d’offrir au cul de cette belle ;
 Que sur-le-champ l’on m’en compte le prix,
 Ou, sacrebleu ! je vous coupe les vits !
  L’on connaissait trop bien son homme
 Pour résister. Chacun compte la somme.
— Marciole, dit-il, je t’en fais un pur don :
  Porte ces écus à ton père ;
  Et s’il s’en forme du mystère,
 Tu lui diras : « — C’est en montrant mon con
Que je les ai gagnés ; tandis que tant de femmes
Montrent le leur gratis, et pourtant font les dames. »
CONTE III

L’Œuvre inconnue.

  Nature, que vous êtes sage !


 Que vous régnez puissamment sur nos cœurs !
  Justine, de son mariage,
 Conservait un des fruits les plus flatteurs,
  Une fille douce et jolie,
  Quelle aimait jusqu’à la folie,
  Et qu’elle veillait nuit et jour,
  Pour la garantir de l’amour.
 À dix-huit ans, la charmante Isabelle,
  Vivait et ne se doutait pas
  Qu’elle possédait mille appas,
  Et qu’elle était encor pucelle.
  Un jeune voisin sémillant,
  Et dont la mère était bien sûre,
  Fut seul admis comme galant
  De l’élève de la nature.
 Mais la nature, enfin, parla si haut,
  Que nos amants firent le saut.
  Isabelle portait des cottes,
  Et le beau Colas des culottes.
  Cette seule réflexion,
  Fut la première question.
 — D’où vient cela ?… L’on n’ose se répondre,
  Et l’on craindrait de se confondre.
  Quelquefois Colas, en riant,
  Mettait la main sur le devant
 De l’innocente et craintive Isabelle.
 — Aimable fille ! ah ! que vous êtes belle !
Et la belle disait : — Monsieur, laissez cela ;
 Je vous en prie, ôtez la main de là.
 Le beau Colas avait de la décence,
  Et respectait son innocence.
Ce n’était qu’en tremblant qu’il y portait la main ;
 Mais constamment il suivait son dessein.
  Un jour, dans une matinée,
  Colas va voir sa dulcinée ;
  La belle était encore au lit,
  Et d’un mal cruel se plaignit.
  — Quel mal ? confiez-le, charmante.
  Au bas-ventre était sa douleur ;
 Et de Colas l’âme compatissante,
  Feignit pour elle d’avoir peur.
  — Voyons du mal quel est le siège ?
  Et pour lui tendre un nouveau piège,
  Il ose encor glisser sa main
 Sous sa chemise, au bord de son conin.
  — Vous m’impatientez, dit-elle.
  — Ne grondez pas, chère Isabelle.
 — Je le répète encor : laissez cela ;
  Votre main n’a que faire là.
  — Pourquoi donc pas ? — Pourquoi ! pour cause ;
  Je sens qu’il y faut autre chose.
 — Mais parlez donc ? — Je ne puis m’expliquer,
  Et vous défends de répliquer.
  Si vous ne voulez me rien dire
  De ce que j’ose vous prescrire.
  Colas la devine de loin.
 — Parlez, dit-il, je ne réplique point.
 — Écoutez-moi, vous me rendrez service ;
Pourquoi porter la main au petit orifice
  Qu’entre mes cuisses vous savez ?
 Si je portais la mienne où vous l’avez,
 Vous jureriez vivement ; et j’augure
 Que vous diriez : « Ce n’est pas une main
  « Qu’il faut mettre à cette embouchure ; »
  Elle l’entr’ouvrirait en vain.
  Il faudrait là quelque cheville,
D’une bonne grosseur, raide comme une quille,
 Pour apaiser, par divers frottements,
  Les démangeaisons que j’y sens.
 Où la trouver ? — Vos vœux, chère Isabelle,
 Seront remplis, répond-il à la belle.
  Aussitôt il lui met en main
  Ce raide, long, superbe engin.
 — Le voilà donc, le dieu que je désire !
Dit-elle, en s’écriant ; après lui je soupire
  Depuis plus de neuf ou dix mois :
  Je le possède, cette fois.
Essayons, cher Colas, s’il a bien la mesure
 Que doit avoir l’outil de la nature.
 Viens vite, viens, plonge-toi dans mes bras !
Quoi ! je pouvais guérir, et je ne savais pas
 Que je cachais ton fourreau sous ma cotte,
 Et que mon glaive était dans ta culotte !
Perce-moi, cher Colas, frotte, frotte longtemps ;
 Dieux ! je me pâme ! ah ! quels heureux instants !
 Les deux amants, charmés de cette fête,
Savourent à longs traits la commune conquête ;
  Et la nature, en dépit des cagots,
Leur apprit ce moyen de soulager leurs maux.

CONTE IV

Le CELA fêté.

   C’était un jour d’hiver.


Lucrèce rentre : — Dieux ! je suis toute de glace !
 Vite, au foyer je prétends une place.
Ah ! pour me réchauffer, il me faudrait l’enfer !
Lucrèce avait couru toute la matinée ;
 Elle avait droit d’exiger un bon feu.
  Un coin j’avais de cheminée :
Elle prend l’autre coin. La maman au milieu,
Écrivait et rêvait, écoutait, calculait.
  Demandez-vous ce que faisait
  Dans son coin la belle Lucrèce ?
 Ses cotillons, placés sur ses genoux,
Mettaient à découvert le plus beau des bijoux.
 Elle chauffait une cuisse, une fesse,
Puis l’autre ; enfin je vis ses charmants pays bas
Du nombril jusqu’au cul. J’admirais tant d’appas !
 Si je pouvais en faire la conquête !
 Si je pouvais !… Ils me tournaient la tête.
 Je m’écriai : — Cachez votre cela !
 Belle Lucrèce. — Eh ! que dites-vous là ?
Que je cache… quoi donc ? — Belle, c’est votre chose,
 Qui de l’amour me donne une ample dose.
 — Je n’y suis pas. — Votre joli minon.
 — Mais qu’est-ce encor ? — Ma foi, c’est votre con !
— L’entendez-vous, maman ? — Vous êtes une sotte ;
Que ne le cachez-vous ? rabaissez votre cotte.
 — Parbleu ! mon con est aussi vieux que moi,
  De le montrer puis-je avoir honte ?
Il ferait, au besoin, les délices d’un roi.
 Si de monsieur il ne fait pas le compte,
 Il peut ailleurs porter son pauvre vit,
 Je le verrai s’éloigner sans dépit.

CONTE V

Le Bréviaire pastoral.

  Une assez jeune demoiselle,


  Un jour invita son pasteur
  À manger la soupe avec elle :
  — Vous me faites beaucoup d’honneur,
Et je serai chez vous à l’heure convenue.
 La compagnie était déjà rendue,
  Et le curé n’arrivait point.
  La demoiselle, impatiente,
 Vole à la porte : — Eh ! petite servante,
 Promène-toi, regarde de bien loin :
 S’il ne vient pas, nous le passerons maître.
 L’instant d’après, au bas de la fenêtre,
 Elle aperçoit notre curé pissant
Et faisant la toilette au joyeux instrument
  Que toujours admire une fille
  Blanche, noire, laide ou gentille.
 Elle descend : — Lavez vos mains, pasteur.
 — Cela, je crois, n’est pas fort nécessaire,
  Je n’ai touché que mon bréviaire,
  Et j’en sais les trois quarts par cœur.
 — Il mérite, curé, qu’on le chatouille ;
 Car je l’ai vu dispos, en bon état,
 Fait à peu près comme une andouille ;
Ce n’est pas aujourd’hui qu’il pourrait faire un rat.

CONTE VI

L’Arbre de science.

  Une alerte et tendre novice,


  On la nommait la sœur Dorice,
 Crainte du froid, se fit couvrir au lit,
 Par un grivois qui portait un bon vit.
  Ce n’était qu’une bagatelle :
  Peut-on toujours être pucelle ?
  L’abbesse, je ne sais comment,
  S’aperçut que sa pauvre cotte
  Se relevait sur le devant.
— Oh ! dit-elle, l’on a tâté de la culotte ;
 Je le saurai. L’on appelle la sœur.
 — Parlez, ma fille, ouvrez-moi votre cœur :
 Quand vous marchez, vous écartez les fesses,
 Et vous n’allez que difficilement.
Avez-vous engainé le joyeux instrument
 De quelque brave, et reçu ses caresses ?
 Dites le fait. — En vérité, madame,
 Je le dirai du meilleur de mon âme.
 Ce bon monsieur deux fois s’est retiré ;
 Mais j’avais lu dans nos plus saintes feuilles :
  Bonum est omnia scire.
 Si j’ai des fleurs, je veux que tu les cueilles,
  Ai-je dit à mon amoureux :
 Et quatre coups ont amorti nos feux.
 — Ah ! ah ! ma sœur, a riposté l’abbesse,
  Vous donnez quatre coups de fesse ;
 Vous en avez reçu, sans doute, autant ?
  Vous pompiez un bon instrument.
 Mais ce n’est pas ce que je voulais dire,
 Car à nos sœurs j’apprêterais à rire.
  En deux paroles je vous di,
  Que vous eussiez lu : Non uti.
  Si vous aviez tourné la page.
 — Si son amante eût été de votre âge,
 Je le crois bien, et je le dis tout net,
 Il vous eût dit : « Tournez donc le feuillet ! »
  Pour jeune mâle, un cul femelle
  Dont le devant a trop servi,
  Vaut bien mieux pour son allumelle.
  Un vieux con dégoûte un bon vit.

CONTE VII

Les Œufs cassés.

 Un jeune abbé, très bon physicien,


  Écolier et pensionnaire
  D’un très grave grammairien,
 Ne pensait pas toujours à la grammaire.
 Le jeune abbé jette son dévolu
  Sur les appas de la servante
 Bien découplée, alerte, fort fringante ;
 — Cela, dit-il, doit avoir un beau cul,
Et cela me paraît tout à fait innocente.
Quel plaisir d’en donner à sa petite fente !
L’abbé fait son calcul, prépare son filet :
  Il ne veut que sonder Babet.
  Un jour le maître et la maîtresse
  Sortent pour entendre la messe :
 L’abbé, pressé par la tentation,
  Ne manque pas l’occasion.
  Il descend, cause avec la fille.
 — Belle Babet, vous êtes fort gentille,
 Lui dit mon gars, mais parlez, qu’avez-vous ?
  L’on peut s’expliquer entre nous.
N’êtes-vous pas de champs ? — Oui bien, monsieur, dit-elle.
— Je suis bien sûr encor que vous êtes pucelle.
— Monsieur, je le crois bien. — Tant mieux, chère Babet.
N’êtes-vous pas malade ? Allons, venons au fait.
 Je m’y connais, vous avez la colique,
Et plus que ne pensez, votre état est critique.
  — Hé, mais, monsieur, assez souvent,
  Le ventre me fait mal vraiment.
 D’où vient cela ? — D’où cela vient, ma fille ?
C’est qu’élevée aux champs, vous habitez la ville ;
  Et je vois déjà dans vos yeux,
  Que votre ventre est rempli d’œufs.
 Que dira-t-on si vous allez les pondre ?
 J’entends déjà le public vous confondre.
 — En vérité, vous me faites grand peur,
 Et je voudrais éviter ce malheur.
 Que faut-il faire ? — Il faudrait, ma charmante,
  Introduire dans cette fente
Que vous avez en bas, un vigoureux marteau,
 Pour les casser. Ce remède est nouveau ;
Et je vous en fais part, prêt à doubler l’épreuve,
Si vous y consentez. — Monsieur, je suis bien neuve ;
Mais vous me paraissez connaître tous les maux ;
  Et je crains la gueule des sots.
 Procurez-moi ce marteau délectable,
Vous serez, à mes yeux, mille fois plus aimable,
— Je le porte sur moi : couchez-vous là, Babet.
 Babet s’étend : le bon abbé bandait
 Si fortement que Babet fut foutue
 Au même instant qu’elle fut étendue.
Mille œufs furent cassés, et le joli conin
 De Babet fut content du médecin.
 Content ! que dis-je ? Oh ! notre villageoise
 Souhaitait tant de devenir bourgeoise,
 Que tous les jours le mâle vigoureux,
 La visitait et cassait tous ses œufs.
  La maîtresse s’en doutait-elle ?
 Je n’en sais rien ; mais elle a des soupçons.
 — Que diable fait là-haut cette femelle ?
  Aimerait-elle les garçons ?
 Je le saurai. Chez le pensionnaire,
  Vivement, et de grand matin
  Babet monte le lendemain,
 Reste longtemps. — J’aperçois du mystère,
 Dit la maîtresse, et je veux l’éventer.
Le jeune homme n’avait garde de s’en vanter.
 Il casse encor quelques œufs à la belle.
 Babet descend. — D’où venez-vous, pucelle ?
  Lui dit sa maîtresse en courroux ;
 Chez ce monsieur, enfin, que faisiez-vous ?
  — Je prenais, madame, un remède :
  Je souffrais, il vient à mon aide ;
 Est-ce un grand mal ? — Vous souffriez, morbleu !
  Ce beau mot me mettrait en feu.
Qu’avez-vous ? parlez donc ! — Des douleurs dans le ventre :
 Dans sa chambre, monsieur m’appelle, j’entre.
Il devine d’abord le plus grand de mes maux,
  Et me les explique en deux mots.
Moi, je voulais guérir sans faire de tapage ;
  Il a commencé son ouvrage,
 Et, sans façon, je m’en trouve très bien.
Dans le ventre j’avais des œufs ; je n’ai plus rien.
Il les a tous cassés. — Dans ton ventre, coquine !
— Oui, dans mon ventre, oui ; n’en faites pas la mine :
Regardez-moi. Babet lève son cotillon.
  À madame étale son con
Et dit : — Ne croyez pas, madame, que je mente ;
 Mettez la main tout au bas de la fente ;
Mon poil est tout mouillé de la glaire des œufs :
Il les a tous cassés : je suis délivré d’eux,
Et s’il m’en croît encor… — Tu n’es qu’une bagasse !
Et tu seras bientôt une sale conasse !

CONTE VIII

La Bergère tuée.

  La jeune et naïve Glycère,


  En retournant à sa maison
  S’aperçoit qu’il manque un mouton.
 Elle pleurait. — Qu’as-tu ? lui dit sa mère.
  — Chère maman, ne grondez pas :
Un mouton s’est perdu. — Va le chercher, coquine !
  Retourne vite sur tes pas.
  Toujours cette enfant me chagrine !
  Si tu reviens sans le mouton,
 Je te promets mille coups de bâton.
 Glycère cherche, appelle, réappelle ;
Le mouton n’entend plus la voix de cette belle :
  Retournera-t-elle au logis ?
  Elle craint d’être bâtonnée :
  Quittera-t-elle son pays ?
 On la prendra pour une abandonnée.
 Tandis qu’ainsi Glycère raisonnait,
  La mère aussi réfléchissait.
 — Je ne vois point reparaître Glycère :
 Jean, va, mon fils, cours après ta bergère.
  Jean la rencontre sur sa route :
— Où vas-tu, ma cousine ? — Hélas ! je ne sais où !
  Je vais me cacher dans un trou.
  Ma mère m’a mise en déroute.
 — Reviens, reviens, ma belle enfant.
— Non, dût-on me tuer. — Veux-tu que je te tue ?
 — Soit fait ! Et Jean braque son instrument
 Qu’il fait sortir d’une couille velue.
— Vois-tu mon pistolet ? — Tire, tire, cousin.
Qu’importe, pour me tuer, ou tel ou tel engin.
Déjà Chouart était dehors de sa culotte :
Jean embrasse Glycère, et relève sa cotte,
  Lui met le pistolet au con
 Et la fourbit d’une bonne façon.
Quand la belle Babet fut doublement foutue,
 Le cousin crut qu’elle allait revenir.
 — Lève-toi donc. — Il faut que tu me tue
 Encore un coup. Pour remplir son désir,
 Le gars l’étend, fout le con et les fesses,
  Lui fait enfin tant de caresses,
  Qu’elle ne parle que du con ;
  Et Jean l’entraîne à la maison.

CONTE IX

Le Pucelage démontré.

 J’allais puiser dans le sein de Lucelle,


  L’extase, les plus grands plaisirs.
Un caprice à l’instant bride tous mes désirs
  — Dis, mon enfant, es-tu pucelle ?
  — Grand merci de la question,
  Répond Lucelle : oh ! vraiment, non !
  Me croyez-vous donc assez sotte,
 Pour vous montrer le dessous de ma cotte.
Si… — Lucelle, pardon ; excuse mon erreur,
 À tes genoux, embrasse ton vainqueur.
  — Il faut succomber sous vos armes ;
  Parcourez, sondez tous mes charmes ;
  Mais… — Pour éviter les ébats,
  Je m’étends sur les Pays-Bas.
 Le dieu déjà… Qu’en dis-tu, ma princesse ?
  — J’aime qu’on ait de la tendresse,
 Dit la charmante, et l’on peut, au besoin,
 De ses plaisirs vous confier le soin.
  Je suis maintenant à moi-même,
  Rappelez-moi votre problème.
— Il n’est plus temps. — Pourquoi ? parlons sans fard.
  Je sais tous les termes de l’art ;
 Et j’ai compris que la pauvre Lucelle
  À vos yeux n’était plus pucelle…
— Bien dit : Elle n’est plus. — Un vigoureux bourdon
 A trop fourbi les parois de son con.
 Mais si monsieur veut une autre Lucelle,
  C’est-à-dire une autre pucelle,
 Pour la connaître il est un sûr moyen :
Suivez cette recette, il n’y manquera rien.
  Recipe fille assez velue
 Vers les quinze ans, debout et toute nue :
  Son beau cul sera devant vous,
  Et vous serez à deux genoux.
 Passez alors la main entre les fesses,
  Et leur faites quelques caresses.
Puis, doucement, fermez les lèvres de son con.
 De l’autre main, entr’ouvrez son derrière,
  Collez la bouche au trou mignon
 Et soufflez-y de la bonne manière.
  Si, par aventure, le vent
Que vous soufflez au cul passe par le devant,
  Je décide alors que la belle
  S’est fait foutre et n’est plus pucelle.
Si le vent vous revient, foutez-la, mon ami :
 Son joli con mérite votre vit !

CONTE X

L’Époux guéri par une image.

 Le vif amant de la tendre Isabelle,


  Lui dit un jour : — Ma foi, la belle,
Je suis bien curieux de voir ton petit con ;
 Montre-le-moi. — Grand merci, mon mignon :
 Il sera temps après le mariage,
  De le voir et d’en faire usage.
Lucas devient malade. — Ah ! mon pauvre Lucas,
Qu’as-tu ? — Va, j’en mourrai, si je ne vois ton cas.
  Sais-tu bien comment on m’appelle ?
Sais-tu bien que chacun me nomme Coquebin ?
 « Le sot amant, dit-on d’un ton malin,
 Il n’a jamais vu le con d’Isabelle. »
Et je souffrirai, moi, que l’on m’outrage ainsi ?
Il faut que je le voie ou que je meure ici.
La belle oppose encore à cette maladie,
 Le sacrement. Enfin l’on se marie.
 Avint qu’un jour, jour cruel, jour fatal,
  Messer Lucas se trouve mal,
 Se met au lit, se plaint de la poitrine,
 De l’estomac… — Vite une médecine !
 Dit Isabelle, en pleurant son malheur.
  Et sur-le-champ… Lucas l’appelle ;
 Il veut pisser… — Porte chez le docteur,
Cette urine, ma femme. Et la tendre Isabelle
  Court à l’instant… Mais en chemin,
  Notre femme se ressouvint
Des propos de l’époux avant son mariage ;
  Elle retourne sur ses pas.
 Oh ! pour le coup, on peut en faire usage,
  Et guérir le pauvre Lucas.
Elle approche du lit : — Cher Lucas, lui dit-elle,
Ouvre les yeux, mon fils, et regarde Isabelle.
Elle relève alors chemise et cotillon,
Se met le ventre à l’air : — Lucas, vois-tu mon con ?
  Vois-le de près, et guéris vite,
  Pour lui donner du jus de bite.

CONTE XI

La Flûte de Martine.

 Le fait en est assez original :


  Je le narrerai bien ou mal.
 Une servante, — On la nomme Martine, —
 Ouvre le cul, pour lâcher son urine,
 Et croit entendre un certain sifflement.
 — Qu’est-ce cela ? dit-elle, Quoi ? Comment ?
 Qui siffle ainsi ? J’aime l’expérience.
Martine pisse encor : même bruit recommence.
 — Oh ! oh ! dit-elle ; ou le diable est par là,
  Ou ce bruit sourd vient de cela !
 Vous noterez que la belle Martine,
Pour un certain Bourdon était si peu mutine,
  Que souvent, dans son propre lit,
 Elle en avait reçu des coups de vit.
 Mercredi donc, l’histoire en est nouvelle,
Martine à cul ouvert, repisse ; et cette belle
  Remarque que le sifflement
  Du même endroit vient constamment.
Martine, pisse encor, pour se croire plus sûre
 Que le bruit sort du trou de la nature.
— Las ! donc, dit-elle enfin, mon siffleur est mon con ;
Il faut donc lui donner la flûte de Bourdon.
Bourdon est appelé ; Martine est tamponnée ;
Et s’écrie : — Oui, je suis noblement enculée !
Pour imposer silence à ce bruyant conin,
J’aurai toujours recours, Bourdon, à ton engin.

CONTE XII

Testament singulier.

Un docteur toulousain était au lit mourant ;


 Il s’avisa de faire un testament.
  Mais tout exprès, ou sans malice,
 Je ne veux pas l’accuser d’injustice,
 De son épouse il négligea les droits.
 Elle aurait pu revendiquer les lois ;
 Mieux elle aima prévenir la famille
 De son mari. — J’ai cessé d’être fille,
Dit-elle à ses parents, pour partager le lit
 De mon époux. Je regrette son vit.
 Si quelquefois j’ai souffert ses caprices,
Plus souvent, sous ses coups, j’ai goûté des délices ;
Mais je ne rougis pas d’en faire mille aveux.
A-t-il oublié, lui, le centre de ses feux ?
Ne se souvient-il plus que malgré tous mes charmes,
  Il n’était jamais sous les armes ;
 Qu’il ne devait qu’à ma bouillante main
 Tous les plaisirs de son infirme engin ?
Les parents du docteur, pénétrés d’un vrai zèle,
  Volent au lit, lui parlent d’elle :
 — Pour votre femme, il faut faire un effort :
 Comme mari, vous lui devez un sort.
Monsieur répond : — J’avais oublié cette affaire,
 Je la reprends, appelez le notaire.
Le notaire paraît : — Écrivez : « Je donne à… »
  Mais le docteur s’arrêta là.
  — Il se meurt, dit alors sa femme ;
 Que le Seigneur daigne prendre votre âme ;
 Mon cher époux, ne dites plus qu’un mot !
  Le docteur n’était pas un sot :
  Il savait ce qu’il voulait dire ;
  Mais il ne voulait faire rire
  Ni l’amant, ni le greluchon.
— À ma femme, dit-il, je laisse en très beau style,
  La plus grosse motte de con
  Que l’on rencontre dans la ville.

CONTE XIII

Les Pelotons.

 Un bal paré, la danse, un grand repas,


 Se préparaient aux noces de Blandine.
— Y serai-je, maman ? dit la jeune Martine.
— Oui, mais, répond maman, vous n’y danserez pas.
 — Pourquoi cela ? — Pourquoi ! ma chère fille,
  Parce que vous êtes gentille,
  Qu’avec quelque joli danseur,
  Vous pourriez perdre votre honneur.
  — Mon Dieu ! ne craignez rien, ma mère,
  Je vous promets de le garder ;
  Ce sera ma plus grande affaire,
  Seulement, je veux regarder.
  Martine, seule dans un coin,
 Les yeux roulants, et les mains sur sa cotte,
  Ne voyait danser que de loin.
Son cousin l’aperçoit et dit : — Fais-tu la sotte ?
 Viens donc danser… — Non pas pour cet instant ;
Je perdrais mon honneur. — Tu badines, l’enfant :
  Il faut le coudre, et que je meure,
  Si je ne le couds tout à l’heure.
  Suis-moi, cousine, entrons ici ;
Viens, je te guérirai de ton grave souci.
  Avec lui, le cousin l’entraîne ;
  L’aiguille en main, ouvre sa gaine ;
  L’enfile et la fourbit si bien,
 Qu’à son honneur il ne manquait plus rien.
  Pourtant il lui vint un scrupule :
— S’il allait retomber !… Ah ! d’horreur j’en recule !
 Je ne veux pas qu’il m’échappe au besoin.
 Cousin, crois-moi, cousons encore un point.
  L’aiguille était dans sa culotte ;
 Mais la cousine en savait le chemin.
  Elle le prend, lève sa cotte,
  Dans son beau con coffre l’engin.
  Le gars charmé de l’aventure,
  Fout la cousine outre mesure
  Savonne triplement son con,
  Puis, lui rabat le cotillon.
  Après cette cérémonie,
 Martine danse, étonne tous les yeux.
La commère, dit-on, n’en avait pas d’envie !
  Cependant elle danse au mieux.
 Martine entend ces propos de femelle :
  Craignant encor pour son honneur,
 Court à la source : — Ah ! mon cousin, dit-elle,
Mon honneur se découd, évitons ce malheur.
— Ma foi, dit le cousin, je ne sais plus qu’y faire,
— Je vous ai pourtant vu deux si gros pelotons…
  — Je les garde pour d’autres cons.
 Cherchez ailleurs qui fera votre affaire.
Mais, cousine, avouez qu’un cruel appétit
Dévore votre con, et recherche mon vit.
  Toutes les filles sont charmantes ;
  Mais le diable en foute les fentes,
  Parbleu ! s’il faut s’écouillonner
  Pour les approvisionner.

CONTE XIV

Le Dévotisme justifié.

Je foutais, l’autre jour, le con d’une dévote :


  Cette béate était au mieux ;
  Mais, la foutant, je fus curieux
 De la sonder. — Eh ! que vous êtes sotte !
  Lui dis-je, ma très chère sœur ;
  Mon vit ne vous fout qu’en douceur :
  Pourtant, ces abbés sans décence,
  Lesquels sans la moindre façon,
  Foutent le cul comme le con,
 Auront encor sur moi la préférence.
 Pourquoi ? — Vous ne mettez que votre engin ;
 Mais apprenez que ces races maudites,
 Savent qu’un con est toujours plein de feu ;
  Et que leurs couilles sont bénites.
Or, vous conviendrez bien qu’on doit les préférer,
 Pour, de nos cons chasser le feu d’enfer.

CONTE XV

L’Âge des Bijoux.

  Que maître Chabert est heureux !


De trois filles il peut recevoir les caresses :
  Le sot en dédaigne les feux,
  Se plaignant de trop de richesses.
  Chabert les aimait toutes trois :
Il en était aimé, que fallait-il encore
  Pour décider cette pécore
  À les épouser à la fois ?
  Hô ! mais hélas ! le mariage
  Se conclut par trois mots latins.
  Oui, mon lourdaud, tel est l’usage
  De quelques milliers de faquins
Qui font semblant, tout haut, d’être célibataires.
 Mais qui, tout bas, font très bien leurs affaires.
  Que cela fait-il à mon vit ?
  Je n’épouse jamais qu’un lit.
 Chabert, peut-être, était plus scrupuleux ;
 Ou, pour parler français, moins vigoureux.
— Mes filles, leur dit-il, vous êtes bien charmantes,
  Je voudrais bien vous épouser ;
  Mais, ma foi, l’outil à chausser,
  Ne pourrait suffire à trois fentes.
  Je propose une question :
  Celle qui, des trois, la première
  Donnera la solution,
Aura des coups de vits jusque dans le derrière.
  Les trois princesses avaient faim :
  Bien voulaient fêter leur conin.
 — Parlez, parlez, dirent-elles ensemble.
  Chacune, à part, disait : « Je tremble ! »
  Les princesses montraient leur cul :
 De son côté Chabert était tout nu.
  — Mes enfants, vous avez deux bouches,
 Dit-il alors, je les vois, je les touche :
  Je m’écrie : Ah ! du haut en bas
Une fille, partout, étale des appas ;
 Du haut en bas, elle est charmante ;
J’en adore surtout cette petite fente,
 Où de mon vit j’aperçois le fourreau ;
 Mais excusez un caprice nouveau :
De la bouche et du con, je veux savoir la date ?
  Mais ne craignez pas que je rate
  La fille dont le jugement
  Décidera : j’en fais serment.
  Parlez, et répondez, mes belles.
  La plus ancienne des femelles
   Dit : — Je crois que mon con
  Est le plus vieux ; sa palatine
  Vaut le poil de votre menton,
  Et la peau de ma bouche est fine.
  — Très bien, dit l’autre ; et toi, Babet,
  Voudras-tu convenir du fait ?
  Mais Babet prétend que sa bouche
  Est la plus vieille ; elle a des dents.
 — Remarquez-en, dit-elle, mes enfants,
  Dans celle d’en bas que je bouche.
 — Bien répondu ; qu’en dira Louison ?
 Louison dit qu’il faut être bien bête,
  Pour préférer la bouche au con ;
  Que tous les jours son mignon tette ;
  Que depuis plus de dix-huit ans,
Par la bouche elle prend de plus forts aliments.
 Maître Chabert, à cette repartie,
 Pouffe de rire et répond gravement :
 — De Louison je goûte la saillie
  Je m’en tiens à son jugement.
  D’un saut la petite coquine,
  Vole à Chabert, le prend au vit.
 — Parbleu, dit-elle, il faut nous mettre au lit ;
 Je veux goûter du jus de votre pine.
 Il fout, et puise un tel feu dans sa fente,
 Que pour l’éteindre, il voulait l’enculer.
 Elle répond : — Mon fils, porte la rente
  Dans le cul de certains dévots
 Qui font semblant de gémir de nos maux ;
  Tandis que sous cinquante cottes,
  Leur vit fout cinquante dévotes.

CONTE XVI

Le Bijou silencieux.

  Trois braves coureurs de bouchons,


  Lampant du meilleur de Bourgogne,
  Tenaient sans aucune vergogne,
  Les propos les plus polissons.
  Ils avaient pour les bien servir,
  À leurs ordres une servante,
  Qui les contentait à ravir.
 — Fille, dit l’un, que fais-tu de ta fente ?
  La fillette baisse les yeux.
 L’autre lui dit : — Charmante, si tu veux
  Ressentir un bonheur extrême,
 Dans quatre coups… — Bon, bon, dit le troisième,
  Cette prude aurait fait le saut,
  Si j’eus cru son four assez chaud.
  — Vraiment, messieurs, s’écria-t-elle,
  Vous êtes de vilains parleurs,
  Ou d’inutiles ferrailleurs ;
  Car je crois bien que sans femelle,
  Quand même elle serait pucelle,
  Vous seriez bien moins jaseurs.
  Qu’auriez-vous ensemble à dire,
  Pour tant vous moquer et vous rire,
  Si vous ne parliez de nos cons ?
Faudrait-il pas, messieurs, lever ses cotillons,
  Pour vous plaire et vous instruire ?
 Je le pourrais, mais vous êtes trop fous,
 Trop étourdis, trop impuissants, peut-être ;
  Je prétends d’abord vous connaître.
Répondez-moi, messieurs, si je faisais paraître
 Un con sans cul, que lui diriez-vous ?
  Allons, consultez-vous ensemble.
 L’un d’eux répond : — Je lui dirais, me semble :
 « Hé ! con sans cul, parle ; que fais-tu là ? »
  — Belle réponse que voilà !
 S’écrie un autre ; elle est, ma foi, bien drôle :
 Le con dit-il une seule parole ?
  — Pourquoi pas ? ajoute un docteur ;
N’a-t-il pas une langue et des lèvres charmantes ?
Les filles peuvent donc parler avec leurs fentes.
 Ton con, la belle, est-il un grand parleur ?
 Tu ne dis rien ? Un mot, par complaisance.
Ton con voudrait parler et garde le silence.
Pourquoi cela ? — C’est que mon cul est tout auprès,
Qui lui ferme la bouche et souvent lui dit : « Paix ! »
CONTE XVII

Le Bijou tondu.

  Jamais je ne fus un fouteur :


  Je puis donc être dans l’erreur,
  Et mal juger une coquine,
  Qui du plus profond de son cœur,
  M’offre son con sans palatine.
  En attendant les jugements
  De ceux qui portent une pine ;
Ou, pour mieux m’expliquer, des fouteurs du bon sens,
  J’ose dire qu’une femelle
Peut faire, sur-le-champ, bander mon allumelle ;
 Mais que bientôt j’éviterais son con,
Si je voyais qu’il fût sans la moindre toison.
  J’appuie encore ma sentence
  Sur le procédé d’un marin
Qui soupçonna, mais fort, son épouse en démence,
  Quand il lui vit un ras conin.
— Qu’est-ce donc que cela, dit-il, ma tendre fille ?
  Tu n’as plus un seul poil au con ?
L’as-tu tondu, morbleu ? parle-moi, Louison ?
  Tu me paraissais si gentille !…
  Sacrebleu, dans un autre lit,
  L’on t’a donné des coups de vit !
  Réponds, réponds, l’on t’a tondue
  Aussitôt que l’on t’a foutue !
 Confiez-vous, maris, à vos pasteurs ;
  Ce sont là les premiers fouteurs.
— Non, mon ami, j’avais une terrible envie
  De te donner une nouvelle vie ;
  Oui, je te dirai sans façon,
  Que je croyais, en imbécile
  Te présenter un con de fille,
  En te montrant mon nouveau con.
  — Je me fous de ce beau langage :
  Ton con était de moyen âge ;
 J’aimais son poil, et je le veux ; sans quoi
 Je fous ailleurs, et je me fous de toi.
  Fais-toi foutre par tes chanoines,
  Ou, si tu le veux, par des moines.
Laisse croître ton poil : sans cela ton conin
Ne pourra m’appâter ; j’aimerais mieux ma main,
  Pour extraire de ma semence
  Une dangereuse abondance.

CONTE XVIII

L’Origine des sexes.

 Désir de fille est un feu qui dévore ;


 Désir de nonne est cent fois pis encore,
 Disait naguère un poète français.
  Or, une nonne que j’aimais,
 Qui, très souvent, se couchait sous mes armes,
  Pour me faire goûter ses charmes,
  Pour tâter un peu de plaisir,
  Un jour, dans un beau tête-à-tête,
  De mon outil saisit la crête,
  Et dit : — Contente mon désir.
  D’où vient que la même personne,
  N’est pas celle qui tour à tour,
  Tantôt reçoit, et tantôt donne
  Le divin baume de l’amour ?
  Vois ce beau jeu dans la limace :
Comme mâle, il enfile une espèce de con,
 Comme femelle, prend l’inférieure place,
  Pour recevoir son limaçon.
  — Comprends-moi donc. Dans l’origine,
  Chaque être se reproduisit ;
 Mais Jupiter, en colère, fendit
  En deux le beau corps d’Androgyne.
 Anéanti par un trait de colère,
Il s’en repent ; appelle Mercure : « — Compère,
  Pour rétablir le genre humain
  Je te demande un coup de main.
  Je me suis emporté trop vite,
  Et ma gloire me le défend.
Avec le demi-corps d’un être hermaphrodite,
Fais-moi deux corps nouveaux, et recouds leur devant. »
  Mercure se met à l’ouvrage,
  Pour recoudre, selon l’usage :
  Mais, par hasard, le fil manqua,
  Et le mauvais couseur laissa
  Au bas du ventre une ouverture.
  « — Parbleu, dit-il, cette aventure
  Doit bien me servir de leçon.
 Pour l’autre ventre ayons un fil plus long. »
  Autre malheur aussi funeste,
 Il eut de fil huit bons pouces de reste.
« — Cela sent son Mercure, et ne part que d’un fou.
 Quoiqu’il en soit, je lui laisse l’aiguille :
  S’il en est requis par la fille,
  Il a de quoi coudre son trou. »
  Telle est, ajoutai-je, charmante,
  L’origine de votre fente ;
  Mais, puisque j’ai l’aiguille au cul,
 Quand vous voudrez, le trou sera cousu.
 — Fort bien, ma foi, me riposte la nonne :
  Vite, mon fils, l’aiguille en main.
  Elle s’enfile, et je l’enconne.
— Tout chacun dit : « — Mercure aimait le genre humain.
 Moi, je lui dois une belle foutaise.
  — Et moi, de te foutre à mon aise.

CONTE XIX

Le Sac matelas.

  Un jeune et bouillant militaire,


  Convoitait la jeune rosière.
 — Quoi ! disait-il, oh ! ne pourrai-je pas,
 Charmante fille, adorer vos appas ?
 Rosière avait toujours quelques excuses
  Pour éviter toutes ses ruses.
  Est-ce qu’elle le dédaignait ?
  Vous en jugerez par ce fait.
  Notre brave était à la chasse ;
  Il poursuivait une bécasse.
  Rosière se montre à ses yeux ;
  Il est au comble de ses vœux.
  — Le hasard, dit-il, me l’amène,
  Volons ! Eh bien, ma belle reine,
  Que dit à présent votre cœur ?
 Voulez-vous bien que j’en sois le vainqueur ?
  Cette tendre et douce verdure,
  Invite aux jeux de la nature.
  Puisse-t-elle être le séjour,
  Le trône de mon tendre amour.
  Rosière en avait bonne envie ;
  Mais elle fit la renchérie.
  — Ce lit est sale et bien peu mou,
  Monsieur ; il gâterait ma jupe.
  Le grivois, qui n’était pas dupe,
  Ne se comporta point en fou.
 Sur le chemin passait un vieux bonhomme,
  Monté sur un cheval de somme ;
  Un sac lui servait de coussin.
— Attendez-moi, dit-il, avec votre roussin ;
  Ce petit sac m’est nécessaire
  Pour un instant ; laissez-moi faire ;
 Vous en serez payé très largement.
 Avec son sac, il revient sur-le-champ.
  — Mettez ce sac, belle Rosière,
  À cul nu, sous votre derrière ;
  Il est propre, et votre jupon…
La belle alors se couche, expose un joli con.
  — Donnez-moi donc un fort clystère,
Dit-elle en enfonçant le vit du militaire ;
 Mais foutez vite, en quatre coups, zac ! zac !
  Afin que ce vieux ait son sac.

CONTE XX

Le Poupon noir.

  La femme de monsieur Liret,


  Procureur au Grand Châtelet,
 De son mari, sans doute peu contente,
  Désirait une nuit charmante.
  Elle aperçoit un jeune Noir ;
  Mais curieuse de le voir :
  — Cela peut être de service,
 Dit-elle, et faire, avec moi, son office.
  Je crois avoir le con petit,
  César paraît avoir un très gros vit.
  Le frottement de son auguste pine,
  Réchauffera ma trop froide machine ;
  Car, raisonnons : Cela doit être chaud ;
Un Noir né dans le feu ! c’est là ce qu’il me faut.
Le Noir est appelé. — Aimes-tu, camarade ?
Dit la Liret ; veux-tu guérir une malade ?
— C’est selon, répond-il ; que me demande-t-on ?
 — De me prêter, dit-elle, ton bourdon,
 Pour réchauffer, en transmettant ton âme,
 Le cul glacé d’une mourante femme.
— Volontiers, dit le gars. Oh ! parbleu, nous pouvons
 Dans moins d’une heure enfoncer mille cons :
Madame, est-ce cela ? — C’est bien cela, dit-elle,
  Car c’est moi qui suis la femelle.
  Dépêche-toi : monsieur mon époux,
  Étant furieusement jaloux,
S’aviserait… Le Noir abaisse sa culotte ;
Montre son dard bouillant, et relève la cotte
De madame Liret ; elle le prend au vit
 Pour l’entraîner forcément sur le lit ;
 Ouvre le cul, et dirige elle-même
La pointe de l’outil. Une douleur extrême
 La fait crier. Le pauvre diable eut peur :
 Il se retire. — Oh ! comble de malheur !
Dit-elle ; encor, tu peux, ô mon fils, passer outre ;
 Pousse bien fort ; je veux me faire foutre,
De manière à savoir comment un Africain,
Avec un vit tout noir, peut foutre un blanc conin.
César était en feu ; César bientôt en selle,
  Dans l’instant renconne la belle,
  Lui donne vingt coups de piston,
  Tenant toujours le vit au con.
Le foutre, cependant, coulait entre les fesses
De madame Liret qui ne se lassait pas.
Pourtant elle exigeait de nouvelles caresses ;
Mais de nouveau, César savonne ses appas.
Séparons ces amants. La belle était contente
  Des plaisirs versés dans sa fente.
Advint le temps fâcheux. Pour la première fois,
  L’on s’avise, au bout de neuf mois,
De craindre un enfant noir. Une fine commère
  Instruite à propos du mystère,
  Répond à la dame Liret :
  — Ne trahissez jamais votre secret.
Le petit sera noir, selon toute apparence :
  Accouchez, puis, avec prudence,
Nous conduirons à bien ce grotesque accident :
  J’en répondrais avec serment.
  Notre commère tint parole,
  Madame Liret fait un drôle
  Aussi nerveux que son auteur.
 Presque à peu près de la même couleur.
  Vite elle court à l’audience,
 Cherche Liret avec impatience.
 — Commère, eh bien ! lui dit le grave époux,
  Suis-je père ? enfin qu’avez-vous ?
— Compère vous aviez, le fait en est notoire,
  Dans votre poche une écritoire,
 Quand vous avez façonné votre enfant.
— Oui, dit-il, je l’avais ; pourquoi ? qu’est-ce ? comment ?
  — J’en gémis de toute mon âme !
Courez, et consolez votre innocente femme :
  Il est entré de l’encre dans le con,
Car votre femme a fait un petit négrillon.

CONTE XXI

Le Bijou mordu.

 Le gouverneur du château d’Oleron,


 Reçut, un jour, dans une matinée,
 De cancres vifs un ample cotillon
 Et les plaça près de sa cheminée.
 L’un des plus gros s’échappe du panier ;
 Il se tapit sous la tapisserie,
  Non loin du pot à pisserie,
  Dont il s’empare le premier.
  Or, advint que la gouvernante
  Voulut uriner dans la nuit ;
Mais, en coulant le pot sous sa mignonne fente,
  Pisse si raide… À ce grand bruit,
  Le maître cancre se réveille,
  Fait quelques tours, étend ses bras,
  Et saisit la lèvre vermeille,
 Qui de madame orne tous les appas.
  — Eh ! mon Dieu ! qu’est cela, dit-elle,
  Que l’on allume une chandelle !
 À mon secours ! — Madame, qu’avez-vous ?
  Répond en sursaut, son époux.
  — Je ne sais, mais quelque pincette
  Serre les bords de ma cuvette.
  J’y sens, mon fils, une douleur…
  Alors le tendre gouverneur
Porte des yeux brûlants sur le con de madame,
 Y voit un cancre, en frémit dans son âme ;
  Mais pour ne pas trop l’étonner :
  — Ce n’est rien, dit-il, mon amie ;
  C’est un de nos cancres en vie,
  Qui va bientôt abandonner
  Les contours de votre écuelle ;
  Il ne faut que souffler sur elle.
  Ce disant, notre médecin
  Souffle sur le cancre mutin
 Dont l’autre bras saisit le militaire,
  Ferme sa bouche et le fait taire.
  Voilà monsieur la bouche au con ;
  Cela ne sentait pas trop bon.
  La gouvernante alors s’écrie :
  — Jasmin, Lafleur, Goton, Marie !
 Chacun accourt : le fidèle Jasmin,
 Arrive, et voit cette scène critique.
Pour décoller monsieur, ce brave domestique
Coupe les bras du cancre et les poils du conin.
C’est ainsi qu’il sauva cette femme charmante ;
C’est de là qu’on fêta le con de sa suivante.

CONTE XXII

La Fille vengée.

  Or écoutez le tour plaisant


  D’une méchante chambrière ;
  L’aventure en est singulière,
 Et ne fait pas trop d’honneur au galant.
 Un jeune abbé s’était, pour cette fille,
 Épris d’amour : elle était si gentille !
 Lui proposer de coucher tous les deux
 Au même lit, cela serait affreux !
 Il vaudra mieux coucher chez sa maîtresse,
 Et pour la nuit y prendre appartement.
  Alors de tenter sa faiblesse,
 L’on saisira le favorable instant.
 Tout ce beau plan réussit à merveille.
 Chacun se couche. Au milieu de la nuit,
 L’abbé se lève et fait assez de bruit,
  Pour que la fille se réveille.
 Elle en a peur !… — Mon Dieu ! que voulez-vous ?
 L’abbé répond : — Ne sois pas en courroux,
  C’est moi, c’est l’abbé qui s’égare ;
 Viens me montrer ma porte et me l’ouvrir ;
  Viens, en deux mots, me secourir.
 La fille accourt, et mon abbé se pare ;
  Id est, approche en tâtonnant,
 Chemise en l’air, bras levé, vit bandant.
  Pour l’accrocher, la fille avance,
  Doucement et sans indécence.
  Elle craignait de heurter le lourdaud.
 Le rencontrant… — Ah ! je vous tiens, dit-elle,
 Par votre doigt… il est pourtant bien gros !
 C’est votre bras !… C’était son allumelle.
 Monsieur l’abbé fit très imprudemment,
 D’un coup de cul un hardi mouvement
  Qui fit rêver la chambrière.
Elle lui dit : — Ce bras sort de votre derrière :
 Allez, l’abbé, vous me tentez en vain,
  Je ne veux point d’un bras sans main.
  Ce nouveau tour criait vengeance :
  La fille la méditait.
  Au bout d’un mois, il eut son fait :
  Ce fut une cruelle danse.
  Il coucha dans le même lit
Où la fille voulait se venger de son vit.
  Elle met sur la même chaise
  Une ratière, un urinal ;
  Puis elle dit, riant à l’aise :
 — Je voudrais bien que cet original,
Qui prétendait fourbir le trou qui me chatouille,
 Par ce ressort fût pincé par la couille.
 Le pauvre diable, en effet, y fut pris.
Pour pisser, il poussa son trop malheureux vit
  Sous le ressort de la ratière :
 Il fit un cri. La bonne chambrière
 Disait : — Tant mieux ; un si vilain bourdon
Ne bandait pas assez pour me foutre le con !

CONTE XXIII

La Chape à l’évêque.

  Un certain curé de Bretagne,


  Un jour étant à la campagne,
  Se laissa ravir son chapeau
  Sur un antique pont sans eau :
  Il faisait lors un vent de bise.
  Le curé court après sa prise ;
  Mais, malgré lui, ce maudit vent
  L’emporte je ne sais comment.
 Du parapet, pour la suivre, il s’approche.
 Dieux ! que voit-il ! deux filles qu’on embroche ;
  De larges culs, de gros jambons ;
  Et les quatre plus beaux tétons.
  Il se doute de l’aventure.
— Ne troublons pas, dit-il, l’œuvre de la nature :
  Je vois, je crois, des vits au con ;
 Et pour qui l’a, du chapeau je fais don.
  Un de nos deux religieux déconne.
  Il veut s’emparer du présent.
  — Oh ! oh ! dit l’amante au galant,
  Me prends-tu donc pour une folle ?
  N’avais-tu pas ton chien de vit
  Dans ma fente, quand il l’a dit ?
  — Mais, répond l’autre, ma charmante,
  Ne l’avais-tu pas dans ta fente ?
  Tous deux avaient ma foi raison :
 Le gars foutait, la belle était foutue ;
  Tous deux avaient le vit au con.
Cette cause fut-elle, ou gagnée, ou perdue ?
 Je n’en sais rien. Qu’un plus savant que moi
Décide qui, des deux, avait pour lui la loi.

CONTE XXIV

Le Chapitre des carmes.

  Le grave chapitre des carmes


  Avait commis un révérend,
  Et le jeune frère Venant,
  Pour décocher leurs saintes armes,
  Dans le fourreau de deux tendrons :
  Osons le dire, dans leurs cons.
 Le lendemain on voulut les entendre.
 À l’assemblée, il fallut bien se rendre
  — Frères, selon nos sages lois,
 Vous nous devez compte de vos exploits !
  — Ma foi, dit le révérend père,
 Je suis, pour moi, content de ma commère ;
  Cela chauffe un vit comme il faut ;
 Plus on la fout et plus le four est chaud.
 Pendant la nuit plus de cent coups de fesses
  Ne l’ont pas encor rafraîchi :
Elle m’a demandé vingt autres coups de vit,
Qu’elle a bien mérités, parbleu, par ses caresses.
— Et vous avez fourni ?… — Mais, me connaissez-vous ?
  Je réponds à votre demande
  Que plus je fous, et plus je bande.
— À merveille, papa. Toi, frère, quand tu fous,
  Ton vit… L’un des révérends pères
  Arrêta cette question
 Et dit : — Avant cette solution,
Sachons d’abord s’il fout comme nos frères.
  Allons, parle, frère Venant,
  Qu’as-tu fait avec cette enfant ?
 — Je n’ai rien fait, dit-il, elle est si sotte !
  D’une main je relevais sa cotte,
 Et je levais, de l’autre, mon habit ;
  Mais, si j’abandonnais sa jupe,
  Pour diriger plus droit mon vit,
  J’en étais constamment la dupe.
  Enfin, quand sa jupe tombait,
  Ma soutane se relevait.
 Si, des deux mains, je relevais sa cotte,
Ma soutane, bientôt, était sur mes talons.
Le président, alors, dit : — Ferme ta culotte,
 Frère animal, je t’interdis les cons :
 Par charité, je veux bien passer outre,
Et t’ajouter que, si je te permets de foutre,
Tu dois suivre, d’abord, ces avis importants :
  Prends ta soutane entre les dents,
Et trousse, d’une main, les cottes de la fille :
Au bord du con, de l’autre, il faut placer ta quille.
 Pour l’enfoncer, pousse en avant, l’ami ;
Sans quoi, tu n’es qu’un sot, et je coupe ton vit.

CONTE XXV

La Présidente naïve.

  L’on sait que nos dames entre elles,


 Parlent souvent et ne rougissent pas
  Des coups portés dans leurs écuelles,
  Et de leurs ravissants ébats.
  Une grivoise entretenue
  Par un honnête chapelain,
  En fut si fortement foutue,
  Qu’elle criait comme un lutin.
  Dans une aimable compagnie,
  L’on plaignait cette belle enfant.
  — J’eusse, à sa place été ravie,
  Dit la femme d’un président ;
  Le bien abonde à ces drôlesses !
  Vingt coups de vit pour une fois !
  J’en ai beaucoup moins en un mois,
 Quoique l’on foute et mon con et mes fesses.

CONTE XXVI

Le Mari subjugué.

  Quel parti doit prendre une femme


  Dont le voluptueux mari,
  S’avise de porter sa flamme,
  Son goût, ses forces et son vit
  Dans tous les cons du voisinage ?
  Tel est, j’en fais l’aveu, l’usage
  Des neuf dixièmes des époux
 Qui pour tromper daignent être jaloux.
  Mais revenons à la charmante
  Qui ne voulait ouvrir sa fente
  Que pour recevoir Mathurin,
  Et le coller sur son conin.
 Un connaisseur, à la pauvre Lisette,
  A confié cette recette :
  — Madame, quand votre mari
 Voudra sonder le bas de votre ventre,
  Laissez-le parvenir au centre,
  Et lestement nouez son vit.
  Lisette, dès la nuit suivante,
  Aurait voulu brider l’engin
 De son époux. — Vois-tu ma pauvre fente ?
  Vraiment, mon fils, elle a grand faim.
  Mathurin, homme de service,
  Est un peu faible à l’exercice.
 Pour l’appâter, Lisette le saisit
 D’abord au poil, et tout de suite au vit.
 Mais que ne peut une chaude femelle !
 Lisette sent une raide allumelle
  Dont sa main tend tous les ressorts,
  Et qui fait, enfin, tant d’efforts
  Pour remplir sa vaste cuvette,
  Qu’elle s’en tint à sa recette.
En effet son époux, enchanté de son con,
Ne porta plus ailleurs son amour et son fond.
 Mais si, parfois, son vit était mollasse,
Lisette, de la main, lui rendait sa vigueur,
 Le ventre en l’air, lui désignait sa place,
 Et convenait des feux de son fouteur.
 J’ose ajouter, en faveur de nos belles,
 Qu’un mâle au lit, avec un petit con,
  Eût-il le plus faible bourdon,
  La plus flasque des allumelles,
  Bandera toujours sous leurs mains,
  Et remplira tous leurs conins.
CONTE XXVII

L’Outil vital jugé par des nonnes.

  Trois jeunes et franches nonnettes


  Lasses d’un jeûne rigoureux
  Firent repaître leurs cuvettes,
  Du suc d’un abbé vigoureux.
  La révérende mère abbesse,
 Qui pour ses sœurs avait de la tendresse,
  N’ignorait pas ce petit tour
 Que pour leur plaire avait joué l’amour.
  Elle en rit de toute son âme ;
  C’était une si bonne femme !
 Son confesseur ne fourbissait son con
  Que trois fois par chaque saison.
  — Je veux savoir, dit la pucelle,
  En quel état est leur écuelle
  Et quelle espèce de ragoût,
  Elles trouvent quand on les fout.
  Elle les appelle. — Mes filles,
  Vous êtes toutes trois gentilles,
  Et vous avez un beau galant :
 À toute nonne, il faut un élégant.
  Votre abbé, ravi de vos charmes,
  Les a sans doute caressé :
  Vous a-t-il fait verser des larmes ?
  Vous a-t-il souvent embrassé ?
  Entre nous quatre il faut le dire ;
  Je ne ferai, parbleu, qu’en rire.
 Au premier mot, chaque nonne trembla,
  Mais le dernier les rassura.
  Chacune répond à la mère :
 — Je n’ai tenté qu’une fois le compère,
  Parce que je mourais de faim.
— Soit fait ; mais êtes-vous contente de l’engin ?
 L’une répond : — La sauce était bien douce,
Et sans sucre pourtant. L’autre dit : — Ce mignon,
  Qui cependant jamais ne tousse,
 Plus d’un quart d’heure a craché dans mon con.
 La troisième ajoute qu’elle assure,
 Que l’on ne peut voir une chair si dure,
  Et qui n’a pourtant aucun os ;
  Qu’elle l’a tété comme il faut.

CONTE XXVIII

La Fille qui se croit bête.

  Une pauvre petite nonne


  Avait lu dans un des billets
 Que l’on a mis à l’usage des sots,
 Que si le ciel accorde une couronne
  À quiconque observe la loi,
  Il transforme au contraire en bête,
 Couvre de poil des pieds jusqu’à la tête,
  Ceux qui pèchent contre la loi.
La nonne, un beau matin, pour changer de chemise,
  Près de son miroir s’était mise.
 Qu’aperçoit-elle ! un spectacle nouveau :
 C’est que déjà le poil perçait sa peau !
  La pauvre enfant est étourdie ;
  Qu’ai-je donc fait pendant ma vie ?
 Filles à poil à l’entour de leur con
 Sont, à coup sur, les filles du démon.
  Il faut consulter notre mère :
Peut-être son conseil me sera salutaire.
  Elle vole à l’appartement :
 — Que voulez-vous ? — Oh ! ma chère maman,
  Je suis une fille perdue !
  En me changeant, je me suis vue :
  J’ai, j’en suis sûre ; hélas ! pardon,
  Entre les cuisses un minon.
  — Qu’est cela ? vous êtes une sotte.
  — Regardez-y, levez la cotte.
 La mère voit le plus mince duvet.
 — Est-ce tout ? — Oui. — Petite, c’est l’effet
  Des tendres efforts du bel âge ;
  Il faut bien en suivre l’usage.
  — Hélas ! j’ai perdu mon trésor !
  Comme Nabuchodonosor ;
  Bientôt, si cela continue,
  Bientôt je serai plus velue.
— Vous serez comme moi. La sincère maman
 Lève sa jupe et montre son devant.
— En vois-tu, ma petite ? — Hélas ! hélas ! ma mère,
  Comment cela peut-il se faire ?
  Je n’en puis plus ! mon Dieu ! mon Dieu !
 Chère maman, que de poil en ce lieu !
  Vous êtes donc bien criminelle ?
  — Attends, attends. Sœur Isabelle,
  Faites venir tout le couvent.
 Venez, vous-même, à mon appartement.
  Au son de la cloche, les mères
  Se rendent. — Qu’est-ce ? quels mystères ?
— Aucun, mes chères sœurs, mais levez vos jupons ;
Montrez à cette enfant les taillis de vos cons.
  Les vois-tu ? dit alors l’abbesse,
  Les vois-tu ? chacune s’empresse
  A te montrer, près de son cul,
  Un charmant conin tout velu.
  La petite, après cette épreuve,
  En moins de huit jours fut moins neuve ;
  Car son directeur l’étendit,
  Et lui donna dix coups de vit.
  La voilà donc enfin savante,
  Et juge du prix de sa fente.
Il faut pourtant la suivre. Un jour elle rêvait.
 — Pourquoi cela ? — Mais c’est qu’elle voyait
  Une chèvre toute velue.
  Sur le gazon elle était étendue.
  — Hélas ! dit-elle en s’écriant,
  J’ai peu de poil à l’écuelle ;
 Et je jouis !… Si j’en avais autant
  Que le corps de cette femelle,
  Quel plaisir un jeune bourdon
  Ferait-il goûter à mon con !

CONTE XXIX

Confession d’une dévote.

  Une dévote à gros soupirs,


  S’accusait aux pieds d’un chanoine,
 De s’être fait houspiller par un moine,
  Pour satisfaire à ses désirs.
 — Comment cela ? demande ce saint prêtre.
  — Monsieur, c’est qu’il avait besoin
  De regarder par la fenêtre
  Un objet qui n’était pas loin.
  Pour être plus à sa portée,
  Il fallait bien monter sur moi :
 J’ai consenti, et je m’y suis prêtée
 Par charité : c’est, me semble, la loi.
  — Vous êtes-vous abandonnée
  À ses… — Il m’a tant bâillonnée
 Que je croyais expirer dans ses bras.
 — Vous avez donc confié vos appas.
  À cet homme ? Ma sœur, je tremble !
 — Oui, nous avons uni nos corps ensemble.
 — Triste accolade ! Avec un mort, ma sœur !
 — Avec un mort ! Je vous jure, monsieur,
Qu’il vivait, frétillait, et me poussait au diable.
— Cependant du plaisir il était incapable.
 — Je le veux bien ; mais dans un mauvais lit,
  J’aimerais mieux jouer au vit
 Avec ce mort, qu’avec ces haridelles
Qui ne peuvent emplir le con de leurs femelles,
 Tant ils sont froids ! Mon petit moinillon
M’a charitablement donné force savon.
 S’il meurt ainsi, soit ! je l’en remercie,
Et garde pour son vit mes charmes et ma vie.

CONTE XXX

La Joie de par le roi.

  Dans les derniers jours de la Ligue,


  Lorsque son pouvoir expirait,
  Et que la France respirait,
  Un certain monsieur de Lartigue,
  L’un de ces grands coupe-jarrets
  Qui fouillent partout par arrêts,
 Cherchait à Tours un suppôt punissable
  De ce démon épouvantable.
  Dans le cloître de Saint-Martin
  Gisait un jeune et gras chanoine,
  Abbé pimpant et jadis moine,
Qui faisait chaque nuit l’office de son saint
 Entre deux draps, près de deux belles fesses,
  Qu’il inondait de ses caresses.
  C’est chez lui que le grand prévôt
  Va chercher son maudit suppôt.
 La belle alors, lasse de la ballade,
 Était au lit et faisait la malade.
Une petite fille, on la nomme Sévin,
 Près d’elle était de garde ce matin.
 Le prévôt entre en jurant comme un diable,
 Contre la ligue et contre le coupable.
— Qu’on ouvre ici, dit-il, tous les appartements ;
 De par le roi, je foutrai tout céans.
 — Au nom de Dieu, lui répond la petite,
 Ne faites rien à madame, elle dort :
 Choisissez-moi, je subirai son sort.
 Voici mon con ; foutez-le donc bien vite.
  — Mais pourquoi vous, et non pas moi ?
  Dit madame qui se réveille,
  Et qui l’entendait à merveille,
  S’il ne fout que de par le roi.

CONTE XXXI

Le Bijou épousseté.

Qu’est devenu ce temps, qu’une fille jolie,


Ignorait le pourquoi son père la marie !
Oh ! vraiment, de nos jours, on en sait bien plus long.
De vos filles, parents, examinez le con,
 Et vous saurez que ces belles coquines
Ont tâté de la couille et ne sont plus mutines.
 La belle enfant dont je vous entretiens,
  N’était pas encor de notre âge.
  Qu’était-ce que le mariage ?
  Hélas ! elle n’en savait rien !
 En voulez-vous, en deux mots, une preuve ?
De sa première nuit réfléchissez l’épreuve.
  Dieux ! que n’étais-je sous les draps !
 Comment eussai-je exploité ses appas !
 Son sot mari, le nez sur la cuvette,
Se borne à promener une raide époussette
  À l’entour de son joli con :
  Il n’avait donc pas de couillon !
 Il n’était point digne de cette belle ;
  Aussi la laissa-t-il pucelle.
  Mais avant de parler de mort,
  Sachons d’elle quel est son sort.
  Les femmes lui portent envie.
— Ah ! que n’ai-je un tel mâle, il me rendrait la vie,
  Disaient-elles à l’unisson.
Elle ignorait pourtant ce que vaut un bourdon !
 — Que dites-vous de votre homme, voisine ?
  N’est-il pas vrai qu’il vous lutine ?
 — En vérité, mais je ne m’en plains pas :
 Il m’a trois fois épousseté le cas.
 — Voisine, ah ! vous êtes très bien pourvue !
 Dans une nuit, morbleu ! trois fois foutue !
  Cela s’appelle… Au bout d’un an,
L’époux voulut mourir, et par son testament,
  Donna tout à la pauvre veuve
  Dont la porte était toute neuve.
  Jeune veuve est au désespoir,
 Et jeune amant s’empresse de la voir.
  Amélie était du bel âge ;
 On lui propose un second mariage.
 — La belle emplette ! Eh ! peut-on désirer,
Disait-elle, un mari qui semble soupirer ?
Que cela sert-il donc ? À passer l’époussette
 Autour du cas ? Manque-t-on de vergette ?
 Seule, je puis en faire le métier.
  Pourquoi donc me remarier ?
  En attendant, la belle éprise
  D’un nouvel amant, est surprise
 D’entendre encor que la voix de son cœur,
 Lui parle et lui donne un nouveau vainqueur.
  Voilà donc Lindor à la place
  D’un Philinte froid comme glace.
  On se couche ; et Lindor en feu,
  S’apprête à commencer son jeu.
 Sa main parcourt les appas de la belle.
 — Jusques ici, cela va bien, dit-elle ;
  Mais quand Lindor, le vit bandant,
  Voulut entr’ouvrir le devant :
 — Que faites-vous, monsieur ? dit Amélie ;
 Feu mon époux jamais n’eut telle envie.
Avec une époussette, il me frottait le cas,
 Et ne… — Madame, il chauffait vos appas ;
 Précisément, c’est ce que je veux faire ;
  Le reste sera votre affaire.
Lindor, en tâtonnant, à peine réussit
 À rencontrer le fourreau de son vit :
Hé ! parbleu, l’y voilà. Force fut à madame
  De dilater ses cuisses et son âme.
 — Qu’avez-vous fait ? le manche de l’outil
Est entré… — Ma charmante, excusez mon douzil.
Et le douzil de foutre, et de bien faire rire
  La belle dont le con soupire.
 Lindor dégaine : — Eh bien ! la belle enfant,
  Le manche de mon instrument
  À votre avis, fait-il merveille ?
  — Ah ! monsieur, que cela réveille !
Comment l’appelez-vous ? — Cela s’appelle un vit.
— Ô dieux ! conservez-moi ce précieux outil !
 Et mon cas, dont la petite embouchure
  Écume encore de luxure.
  Daignez m’en désigner le nom ?
 — Cela s’appelle un joli petit con.
— Amen ; puisse ton vit combler de ses caresses.
 Charmant époux, et mon con et mes fesses.
CONTE XXXII

Le Curé fustigé.

 Le bon curé d’une chaste pucelle,


  S’avisa de la convoiter ;
 Et même osa proposer à la belle,
  Un seul instant pour l’exploiter.
 Le malheur fut qu’un galant du jeune âge,
  La poursuivit en mariage,
  Et que ce misérable époux
  Se donna l’air d’être jaloux.
  Le curé s’arme de hardiesse
  Et se présente à la maison :
  — Rappelle-toi de ta promesse.
  Dit-il à la belle Lison :
  Ton sot époux est à la ville,
  Et je te crois très bonne fille ;
  Entre nous deux, tu m’as promis
  Que nos membres seraient unis.
  — À propos, je me le rappelle :
  Comment l’avez-vous entendu ?
  De soi-même cela s’entend, ma belle.
  — Curé, mettez votre nez dans mon cul,
  Vous boucherez trois orifices
  Qui vous solderont vos services.
 Ce n’était là le compte du pasteur :
 Un tel propos lui donna de l’humeur ;
 Mais il daigna remettre la partie,
 Et la reprendre au risque de sa vie.
  Pourtant la prudente Lison,
Craignit du bon pasteur une séduction :
 À son époux elle en fit confidence.
 — Parbleu ! dit-il, je vas feindre une absence.
 Si de te voir il est encor tenté,
 Je te promets qu’il sera fouetté.
  Le cher curé brûlait de rage
 De ne pouvoir rendre un petit hommage
  À tant de charmes enchanteurs :
  Ainsi soupirent les grandeurs.
 Dans le canton, sans y prendre malice,
 Quelqu’un lui dit que Jacques est absent.
 — Tant mieux, morbleu ! je me ferai justice.
 Hé bien ! Lison, serai-je enfin content ?
 — Hélas ! monsieur, je suis votre servante :
 En vérité, je suis toute tremblante !
 Si, par hasard, quelqu’un vous avait vu,
 Hélas ! monsieur, vous seriez perdu ;
  Et moi, je serais bâtonnée !
 — Belle, non : mais tu seras enculée.
  — Curé, d’abord, tâtons au vin ;
  Le reste ira jusqu’à demain.
 — Tâtons d’abord ta charmante cuvette,
 Mon vit est plus brûlant qu’une allumette.
 — Attendez donc que nous soyons au lit,
 Il faut des draps pour célébrer un vit.
À ce mot, le curé ne se sentit pas d’aise.
— Tu me charmes, dit-il, viens donc que je te baise.
— Oh ! j’aime mieux souper. Monsieur, asseyons-nous.
 — Eh ! dis plutôt : « Cher curé, couchons-nous ; »
 — Couchez-vous donc, j’éteindrai la chandelle.
 Du fond du lit, il ne contemplait qu’elle.
 — Il faut ôter la chemise, mon bon,
 Je ne pourrais la souffrir près du con.
— Tu seras donc aussi, ma belle, toute nue ?
 — Comme la main, je m’y suis attendue.
Le curé se dépouille, et lui montre un gros cul.
Elle fait quelque effort… — Vous êtes bien velu.
  — Oh ! ma foi, tu m’impatiente ;
 Approche donc ; voyons ta belle fente.
— Je vais éteindre… Dieux ! au milieu de la nuit,
 Qui frappe donc avec un si grand bruit ?
  C’était l’époux. — Lison ! Lisette !
  Ouvre donc vite : ah ! je suis mort !
 Il ne fut plus question de cuvette :
 Le bon curé craignit un autre sort.
  D’où vient que ce sot nous dérange ?
 J’allais avoir du plaisir comme un ange.
 Vite, curé, cachez-vous sous le lit,
 Je vais ouvrir la porte à mon mari.
D’où venez-vous, mon fils ? — Ah ! je me meurs, ma fille !
  Je ne puis plus en revenir.
Va trouver le pasteur : il faut le prévenir.
 — Mon cher mari ! — Soupir très inutile !
 — Qu’avez-vous donc ? Ah ! je crois qu’il se meurt !
Au secours, mes voisins ! au secours ! à mon aide !
 À mon mari donnons quelque remède.
Et voisins d’accourir : et le pauvre pasteur,
  De se bien cacher dans son gîte.
 — Voisin, prenez courage. — Allez donc vite
 Chez le curé, je veux les sacrements.
 Tout à l’heure, je veux qu’il me confesse.
  — Mais, nous ne voyons rien qui presse,
  À demain il en sera temps.
  De voisins la chambre était pleine,
  Et le bon curé fort en peine.
  Jacques enfin lève les yeux,
  Aperçoit, montre aux curieux :
 — Le voyez-vous ? ce pasteur, il croasse,
  Et voudrait faire une bécasse
 De mon épouse. Ah ! serais-je cocu ?
Les femmes, à l’envi, s’écrièrent ensemble :
 — Il faut, parbleu, qu’il nous montre son cul ;
  Qu’en dites-vous ? que vous en semble ?
 C’est bien pour lui que l’on ouvre le con ?
 Fessez, fessez cet impudent foulon !
Force fut au curé de tendre le derrière.
Et d’être fustigé de la bonne manière.
L’on ferait mieux encor, pour l’honneur des maris,
De châtrer ces messieurs, du moins couper leurs vits.
CONTE XXXIII

La Servante modeste.

  Plaignons quiconque a des procès.


  En dépit de la bonne cause
  Juge, avocat, ont bouche clause,
  S’ils ne trouvent leurs intérêts.
  Il faut donc, pour les satisfaire,
 Pour les forcer de suivre votre affaire,
  Les appâter de temps en temps,
  Par quelques honnêtes présents.
  Un paysan de la Touraine,
  Pauvre, mais très adroit plaideur,
  Attrape un lièvre dans la plaine,
  Et le destine au rapporteur.
 Le lendemain, le gars vient à la ville ;
Veut parler à monsieur. Monsieur était au lit.
  — Donnez-le-moi, lui dit la fille.
— Le voilà, de la part de son client. — Qui ? — Vit.
  À déjeuner, la fidèle servante,
  Cherche le lièvre et le présente
  Aux deux maîtres de la maison.
— Ce paysan, Lisette, a-t-il dit son vrai nom ?
— Oui bien, mon bon monsieur. — Hé bien donc, il s’appelle ?…
— Dame, monsieur, je n’o… je n’oserais, dit-elle,
 Vous le nommer : il est pourtant bien beau ;
 Mais… — Oh ! parbleu, ce cas est tout nouveau :
  Faites venir votre maîtresse.
 — Interrogez, madame, une drôlesse
  Qui ne veut pas me dire un nom
Dont j’ai besoin. — Pourquoi ? pourquoi cette façon,
  Ma fille ? dit la conseillère :
  Est-ce donc de cette manière
  Que l’on rend compte des clients
  Qui, tous les jours, viennent céans ?
 — Eh !… mais, madame… en vérité… je n’ose…
 — Pourquoi cela ?… — Dame, il s’appelle chose…
  — Voilà bien de l’entêtement.
Craignez que d’un soufflet ma main ne vous régale.
 — Ce nom pourtant, madame, est si sale.
  — Il faut le dire en mot décent.
  — Hé bien ! il faut donc vous le dire,
  Mais, madame, vous allez rire :
  C’est le nom de ce vilain bout
  Avec lequel mon maître fout.

CONTE XXXIV

L’Arête rendue par le cul.

  Quand vous mangerez du poisson,


  Prenez, surtout, garde aux arêtes ;
  La fille du seigneur des Crêtes
 Sera pour vous une bonne leçon.
 De tous poissons elle était amoureuse :
  Elle avale, sans y penser,
  Une arête très dangereuse
 Qui menaçait de percer son gosier.
  L’on appela l’art à son aide.
 Le médecin prescrivit son remède.
 La belle enfant, hélas ! allait périr
Si l’on ne prévenait les progrès de l’ulcère.
  — Mes amis, s’écria son père.
  Verrai-je ma fille mourir ?
  Secourez-moi, sauvez ma fille ;
  La pauvre enfant et si gentille !
  Ah ! j’en serais au désespoir !
  Épuisez tous votre savoir.
 L’on se souvient que dans le voisinage
  Il existait un jeune sage,
  Aussi modeste que savant.
  Le père fut assez prudent
 Pour l’appeler. Il vint à la même heure ;
 Vit la malade et dit : — Cela n’est rien,
 Consolez-vous, je serai son soutien.
 Que l’on me donne une livre de beurre,
  Et que l’on allume un grand feu.
 Le père crut que ce n’était qu’un jeu.
L’on obéit pourtant. — Que tout le monde sorte,
 Dit-il encor, je vais fermer la porte.
  On le prit pour un charlatan :
  C’était un sage bien savant.
  Il étend avec modestie,
  La malade sur ses genoux,
  Et graisse la belle partie
  Dont l’aspect rend les hommes fous.
Il la fait retourner et relève sa cotte,
  Présente au feu son joli cul,
  Qu’il se plaisait de voir à nu.
 Patiemment il en ôte la crotte,
  Et puis de ce baume puissant,
  Il enduit ses deux grosses fesses
 Qu’il avouait mériter des caresses.
  Elle fut guérie à l’instant :
  En ouvrant le cul de la belle,
  Il saisit l’arête cruelle
  Que le beurre avait attiré
 Près de l’anus. Il fut très admiré.
 Je tiens de lui ce secret secourable :
  Si je mens, je me donne au diable.

CONTE XXXV

Le Cocu reconnaissant.

  Ah ! que l’amour a de ressources


 Pour attraper un inquiet époux !
  Les propos, l’intrigue, la bourse,
 Tout parle pour cocufier un jaloux.
  Je ne sais quelle Mathurine,
  Femme d’un lourdaud de mercier,
 Depuis longtemps convoitait un barbier,
 Dont elle était sans doute trop voisine.
  L’on avait si souvent goûté
  Des plaisirs de la petite oie
 Qu’on dédaignait cette faible monnoie.
 Mais l’on était sans cesse dérouté,
 Le plus beau plan était inefficace,
 Et l’on voulait toujours prendre la place.
  — Comment faire ? dit le barbier ;
  Chacun se plaît à nous épier.
  — J’y rêve, dit la mercière :
  Veux-tu m’en croire, maître Pierre ?
  Je serai malade demain,
  Et je voudrai le médecin.
  Au parfait je ferai mon rôle.
  Alors il faudra que tu vole,
  Sans retarder, à mon secour ;
  Confions le reste à l’amour.
  Dès le lendemain, Mathurine
 Fait la malade, et reste dans son lit.
  Son mari la voit et frémit.
— Qu’as-tu, ma fille, la colique ?
 — Hélas ! dit-elle, un cruel mal de cœur :
 Le pauvre époux, qui cherche son malheur,
  Est, sur-le-champ, chez maître Pierre :
 — Vite, voisin ! Ah ! ma chère mercière !
  Dépêchez-vous : en vérité
  Je la crois à l’extrémité.
  Pierre se lève de son siège :
  — Il donne, dit-il, dans le piège ;
 Profitons-en. Ah ! vous n’aviez pas tort :
 Du vinaigre, voisin, et du plus fort.
  Si j’eusse tardé de me rendre,
 Dans le tombeau, madame allait descendre.
 Donnez du linge, une assiette, du feu,
De l’eau ; parlez plus bas ; fermez ces huis un peu :
  Je crains qu’elle ne vous échappe !
 Le bon mari croirait-il qu’on l’attrape ?
 Hé ! non, vraiment. Le vigilant docteur
  Se transforme en apothicaire.
 Donne d’abord à madame un clystère,
 Et dit : — Nous la sauverons, par bonheur.
  De ce cas extraordinaire.
  Il fait un emplâtre à la diable.
— Voisin, dit-il alors, vous sentez-vous capable
 Toute la nuit, de caresser Manon,
  Et de la savonner à fond ?
— Pourquoi cela, barbier ? demande le compère.
— Voisin, mon cher voisin, ce n’est pas un mystère :
  Quand vous voudrez vous mettre au lit,
 De ce morceau calottez votre vit,
  Et sans rien dire à la malade,
 Régalez-la d’une forte salade.
  Mon onguent graissera son con ;
  Je n’y vois que cette façon.
 — Voisin, vous-même, appliquez le remède.
  — Me prenez-vous donc en sous-aide ?
  Moi, je croyais que cet endroit
  Vous eût appartenu de droit.
 — Que m’importe par où qu’elle guérisse ?
 L’occasion était-elle propice ?
 Le docteur met l’emplâtre sur son vit
  Et dans l’instant se place au lit.
  La belle le prend à la couille,
 Ôte l’emplâtre, et dirige l’andouille.
  Il fallut vingt coups de piston,
  Pour lui rassasier le con ;
Et l’époux, fort content de délivrer sa femme,
Embrassa son voisin du meilleur de son âme.

CONTE XXXVI

L’Esprit inoculé.

  La jeune et tendre Mauricette


  Était, ma foi, par trop nicette.
  Je veux vous en conter un trait ;
  Vous jugerez de son portrait.
  — Que ma maîtresse veut donc faire,
  Dit-elle un jour, de ce jambon
Que depuis si longtemps je vois dans la maison ?
  Je pénétrerai ce mystère,
  Et veux en avoir le cœur net.
 — Votre jambon, madame, est assez fait :
  Il faudra de vernis l’enduire,
 Si vous ne voulez pas le faire cuire.
 — Je le réserve à Pâques, mon enfant ;
 De le manger alors il sera temps.
  Certain grivois du voisinage,
  Venait d’entendre ce propos :
  — Parbleu ! dit-il, belle, à propos
  Je troublerai votre ménage :
  Vous m’en donnez l’occasion ;
Oui, je veux succomber à la tentation.
  Le gars profite de l’absence
 De madame ; et, sous l’air de l’innocence,
  Fait pour imposer au plus fin,
Il vole à Mauricette : — Eh ! bonjour donc, la belle ;
  Sachez que Pâques je m’appelle,
  Et que l’on ma dit, ce matin,
  De m’adresser à la servante
  Qui doit me donner un jambon.
 — Ah ! ah ! c’est vous, monsieur ; cela m’enchante.
 — Oui, mais je veux m’assurer qu’il est bon.
  Il suffira que je le touche,
  Approchons la pierre de touche.
 De sa culotte, il tire dans l’instant,
  Un vit majestueux, charmant.
  — Qu’est donc cela ? dit Mauricette,
  Qui jamais n’avait vu de vit.
  — Eh ! mais, dit-il, c’est mon esprit.
 — Donnez-m’en donc, ajoute la fillette ;
  Vous me ferez bien du plaisir :
  Tous les jours, madame querelle,
Et dit que je n’ai pas plus d’esprit qu’une écuelle.
D’en avoir, cependant, j’aurais un grand désir.
 Vous pouvez bien, monsieur, me secourir,
  — Oui-da, je le veux, ma charmante,
Mais il ne peut, pourtant, entrer que par la fente,
Belle, que vous cachez sous votre cotillon :
 Voudrez-vous bien m’en faire l’abandon ?
  Sans se faire prier, la sotte,
  S’applaudissant, lève sa cotte,
  Reçoit gravement le bourdon
  Qui frétillait dans la culotte,
  Et le pressure dans son con.
  Le gars la foutit d’importance,
  Eut encore un remercîment.
  Et Mauricette, après la danse,
  En souhaitait encore autant.
  Quand sa maîtresse fut rendue,
 Elle conta l’histoire du jambon.
 — Ce n’est pas tout ; ce monsieur m’a fait don
 De son esprit. Elle était si connue,
Que sa maîtresse rit de sa simplicité.
 — Mais, dis-moi donc ici la vérité.
 — Madame, il a tiré de sa culotte
 Un grand esprit, l’a fourré sous ma cotte,
  Et puis… — C’est donc là ton esprit ?
 Allons ! dehors : ah ! vous aimez le vit,
 Ma belle enfant, soyez-en la conquête :
 Je ne veux plus de servante si bête.

CONTE XXXVII

Le Bijou dentelé.

  Un sot voulait absolument


 Faire sauter une gente pucelle :
  Mais le gars n’était pas, vraiment,
  Taillé pour exploiter la belle.
 Elle essaya de lui jouer un tour,
  Pour récompenser son amour.
  Un jour elle donna parole
 De partager son lit avec le drôle ;
  Mais elle eut la précaution
  D’entourer son dédaigneux con,
  D’une foule de dents aiguës
  Que le grivois n’avait point vues.
 Le pauvre diable avance vers le lit,
  Monte et plante son allumelle
  Sur les bords du trou de la belle.
  Je ne sais quoi lui mord le vit.
  La belle en étouffe de rire,
  Et notre amoureux se retire
  Jurant fort que, sans examen,
  Il ne foutrait plus de conin.
  L’an d’après, par une autre fille,
 Il fut choisi pour être son époux.
  — Ho ! je ne suis point imbécile,
  Lui dit-il, mais je suis jaloux,
  Auparavant le mariage.
  De savoir si vous êtes sage.
  Je me souviens de ma leçon
  Et veux d’abord voir votre con,
  — Bien volontiers, dit la pucelle ;
  Mais je verrai votre allumelle.
  — Oui : mais c’est quand j’aurai tout vu ;
 Sans quoi, jamais vous ne verrez mon cul.
  Croirait-elle en être la dupe ?
 Non ; à l’instant elle lève sa jupe ;
 Et le grivois, les yeux sur son fourreau.
  Regarde, tâtonne, examine.
 Et sous le poil, aperçoit un morceau
  Que je prendrais pour une pine.
 — Là donc ! je vois la langue de bien près,
  Les dents, sans doute, sont auprès.
  Vous êtes, ma fille, charmante ;
  Mais je renonce à votre fente.
 Vous la montrez au mieux : bien grand merci,
  Je vais ailleurs porter mon vit.

CONTE XXXVIII

La Bonne Mère.

  Cruelles mères de notre âge,


  Écoutez ce conte enchanteur :
  Des tendres fruits du mariage,
  Il assurera le bonheur.
  Une mère avait fait trois filles ;
  Elles étaient toutes gentilles :
 En même jour, chacune eut un époux,
 Et le plus sot ne fut jamais jaloux.
  Après la première semaine,
 La bonne mère appelle ses enfants :
 — Vos chers maris de vous sont-ils contents ?
Je veux encor savoir comment chacun vous mène,
  Chacune répond qu’elle est bien ;
 Qu’à son honneur il ne manque encor rien.
— Voilà du général, et je veux davantage.
Comment va, mes enfants, l’outil du mariage ?
 L’aînée alors dit : — Pour remplir mon con
Le vit de mon mari est menu et bien long.
 — Au fond du pot, si tu sens la cuillère,
 Je t’en fais un compliment, ma commère.
 Et toi, seconde ? — Oh ! ma chère maman,
  Mon mari me semble un amant.
  Il a, je le sais, courte bite ;
  Mais elle grossit dans mes mains ;
 Et puis, il fout et si fort et si vite,
 Qu’il flatterait le plus beau des conins.
 — Ah : je le crois ; tout est au mieux, ma fille,
 Quand le con est rempli par la cheville.
 Et toi, petite, allons, explique-toi.
 — J’aime, maman, mon mari plus qu’un roi.
— Oh ! oh ! mais il a donc une couille puissante ?
 — Jamais son vit ne m’a rempli la fente,
 Il est, ma foi, trop menu, trop petit,
 Avec cela, je préfère son vit.
— Dites-moi le pourquoi ? — Pourquoi ! c’est que sans cesse
Il fout bien mon conin et chatouille ma fesse.
 — Très bien encore ; un con souvent foutu,
  Et qui reçoit mainte caresse,
 Est, à mes yeux, d’un très bon revenu.
 Dieu soit béni ! chères filles, vos fentes
Régulièrement ont leurs petites rentes.
Je vais mourir en paix. Puissent vos trois maris,
Ne point changer de cons, et vous garder leurs vits !

CONTE XXXIX

La Vigueur domptée.

  Depuis six jours deux jeunes gens,


  Frais encore et dans le bel âge,
  S’étaient conjoints en mariage,
  Munis de tous leurs sacrements.
 Une mère est sans doute curieuse
 De s’assurer si sa fille est heureuse.
  De celle-ci, la mère, un jour,
 Lui dit : — As-tu bien festoyé l’amour ?
  De ton époux es-tu contente ?
 En quel état est ta petite fente ?
 Elle répond : — Je ne sais ce que c’est :
 Toutes les nuits nous faisons des apprêts :
  Mon mari se met sur mon ventre.
— Fort bien, dit la maman : ensuite, quand il entre…
 — Hé quoi, maman ? — Hé, parbleu, le bijou
 Que ton époux enfonce dans ton trou.
— Jamais il ne l’a mis. — Pourquoi cela, ma fille ?
 — Il se dresse d’abord comme une quille,
 Malgré nos vœux et notre intention.
 — Ma fille, il faut consulter Carpion :
 C’est un grand saint ; s’il a quelque remède
 Il viendra très sûrement à ton aide.
 Allons le voir. — Ayez pitié de nous,
De ma fille, grand saint, et de son pauvre époux.
Ma chère fille, hélas ! est encore pucelle,
 De son mari la trop raide escarcelle.
  Se lève tant sur son nombril,
  Qu’ils ne peuvent jouer au vit.
— Oh ! oh ! dit le bon saint que ce discours chatouille,
Ma fille, l’avez-vous souvent pris à la couille,
  Pour rabaisser son instrument ?
 — Oui bien, monsieur, et même très souvent.
  — Armez-vous de cette fourchette,
 Ma belle enfant, quand de votre mari
  Vous voudrez abaisser le vit
  Jusqu’au bord de votre cuvette.
  Mais souvenez-vous qu’aussitôt
 Que votre con sentira ses caresses,
Vous devez, tous les deux, donner des coups de fesses
  Ou vous manquerez l’à-propos.
L’on rend grâces au saint, et dès la nuit suivante.
  On fait l’essai du saint outil.
 Par sa vertu, le trop vigoureux vit,
 Sans peine fut rapproché de la fente.
 Dix coups de cul consommèrent les feux
 De nos amants et comblèrent leurs vœux.
Au bout de quelques mois, la femme satisfaite,
Retourne vers le saint : — Voici votre fourchette ;
Bien grand merci, monsieur, le petit instrument
 De mon époux entre bien maintenant.
 — Gardez-le donc, lui répond-il, ma fille ;
 Vous ne pouvez toujours être gentille,
 Et votre époux, à la fin, s’ennuiera,
  De caresser votre cela.
 Son vit alors deviendra trop mollasse,
Et tombera trop bas pour monter à sa place.
Ayez encor recours à ce très saint outil :
De votre époux, pour foutre, il dressera le vit.

CONTE XL

Les bijoux miraculeux.

 Un médecin, plaisant original


 Et directeur de la santé de Lise
  Se couchait toujours sans chemise.
 Madame Lise, un soir se trouve mal ;
 Elle pâlit, tombe sans connaissance.
 Un des valets court chez le médecin.
  — Vite, monsieur, une ordonnance :
  Lise sera morte demain.
  Le docteur, à cette nouvelle,
  Oublie et culotte et chapeau,
  Endosse le premier manteau,
  Et vole au secours de la belle.
 Le docteur entre, et ne se doute point
 Qu’à l’assemblée il montre son derrière :
  Chacun le regarde de loin :
  Chacun en cause à sa manière.
  Les femmes ouvrent de grands yeux,
  Et trouvent ce cul merveilleux.
  On le montre au doigt, on chuchote :
  — S’il eût, du moins, pris une cotte !
  Le docteur à cul nu, surpris
  De ces signes et de ces ris,
  Se détourne et se formalise :
  — Mesdames, quoi ! tandis que Lise
  Est mourante sur son grabat,
  Vous riez de ce triste état !
  Plus le docteur s’impatiente,
  Et plus on rit à l’unisson,
  De son sang-froid, de sa leçon.
  On éclate enfin. La mourante,
  À ce bruit, rappelle ses sens,
  Voit autour d’elle mille gens,
  Et sous ses yeux un vit mollasse :
  C’était le vit du médecin.
 De la douleur les ris prennent la place,
  À l’aspect de ce bel engin ;
  Il se fait une heureuse crise.
 L’air concentré dans l’estomac de Lise,
  Se dilate et se porte au cul :
  La belle fait un pet dodu.
  L’assemblée à ce bruit de rire ;
  Lise de sauter dans son lit,
  Et toujours riante de dire :
  — Docteur, cachez donc votre vit !
  — Le cacher ! répond-il, madame ;
  Soit fait : il vous a rendu l’âme :
 Mais apprenez que ce grand médecin
Ne pourra la sceller que dans votre conin.
 Ce mot galant chatouilla la cuvette
 De la malade et la mit en goguette.
  — Oh ! parbleu, monsieur le docteur,
  Dit-elle, vous êtes fouteur,
 Je le crois bien ; mais je n’ai pas d’envie
De festoyer un vit en bonne compagnie.
 Je dois au vôtre une ample guérison,
Par contraste, écoutez l’effet d’un joli con :
  L’an dernier, je fus en campagne :
C’est là que le plaisir toujours nous accompagne.
 Un beau matin, je pris un déjeuner,
 Gras, succulent, chez Lucas, mon fermier.
  Tantôt debout, tantôt assise,
  J’étais rarement en repos.
Mon fermier s’avisa de tenir un propos
 Qui m’affecta. Assise, ma chemise,
  Je ne sais comment, s’accrocha
 Le long d’un banc. Mon fermier s’approcha
  Pour me conter son aventure ;
 Mais il sut prendre une position
 Qui l’exposait à la tentation.
Sous les yeux, il avait le trou de la nature.
 Il ne dit rien, et moi, je ne vis pas
 Que j’étalais mes plus charmants appas.
 Lucas raconte, et Lucas déraisonne :
 Lucas va boire, et puis il m’abandonne.
Je le rappelle, il vient : — Lucas, badinez-vous ?
 Restez ici, je n’aime pas les fous.
 Buvez, mangez. — Oh ! ma chère maîtresse,
 Dit-il alors , je suis d’une tristesse…
Et je perds l’appétit, je ne peux plus manger.
 — Pourquoi cela ? — Pourrais-je vous le dire ?
 — Parlez, Lucas. — Hé bien ! dussiez-vous rire,
 C’est que partout je me sens démanger :
  Je ne tiens plus dans ma culotte.
Il en tire un gros vit, raide comme un bâton,
 Et dit : — Madame, abaissez votre cotte,
 Ou permettez qu’il frotte votre con.

CONTE XLI

Le Savant Official.

  Par-devant maître original,


  Le plus savant official
  Des officiaux de la France,
  Sont appelés Pierre et Laurence,
  Pour répondre de leurs hauts faits.
  Ils savent trop leurs intérêts,
 Pour confier à ce juge d’église,
  Ce que l’on fait sous la chemise.
  L’on avait assigné Menaut,
  Comme témoin de l’aventure.
  Il faut d’abord que Menaut jure
  De ne point révéler à faux.
  — Soit fait ; mais je n’ai rien à dire.
  — Comment, Menaut, tu n’as point vu
  Pierre, ici présent, à cul nu,
  Enfoncer… — C’est qu’il voulait rire.
 — Dis, mon ami, dis-nous la vérité,
Et tu seras payé de ta sincérité.
 Ces jeunes gens se sont fait des caresses :
 Pierre a couché Laurence sur un lit…
 — Que fait cela ? je n’ai point vu son vit :
  Mais deux beaux culs et quatre fesses.
 — Tu n’as pas… — Non ; je dirai toujours non.
Laurence était dessous : Pierre dessus la foule.
  Apparemment que le diable de con
  Avait le vit tout entier dans la goule.

CONTE XLII

Le plaisir de la solitude.

  Pour adoucir sa solitude,


  Je ne sais quel frère chartreux,
  Préférait les jeux amoureux,
  Et mettait sa béatitude
  Dans l’attouchement de son vit.
  Frère Alexandre qui le vit,
  Et qui, depuis quelques semaines,
  Se doutait bien de ses fredaines,
  Guetta le délicieux moment
  Où son luxurieux camarade
  Jouerait le rôle d’amant.
  — Frère, lui dit-il à l’instant
  (Car il était en embuscade),
  Pourquoi vous fatiguer ainsi ?
  Tour à tour branlons-nous le vit.
CONTE XLIII

L’Outil vital noir.

  Trois femmes bavardaient ensemble,


  Et censuraient leurs trois maris.
 — Que dites-vous, mesdames, de vos vits,
  Cela fout-il, que vous en semble ?
 L’une répond : — Quand mon mari me fout,
 C’est pour l’instant, et puis adieu son bout.
 — Le mien fout mieux, dit l’autre, mais sa couille
  A besoin que je la chatouille ;
 La troisième, enfin, ne se plaint pas :
  — L’on fout, mesdames, vos appas,
  Et vous devez être contentes
  De voir ainsi chauffer vos fentes.
  Je ne dis pas que mon époux
  Avec moi fasse le jaloux :
  Je vas souvent seule à la foire ;
 Mais, par malheur, il a la couille noire.
 Mais, par malheur, son époux entendait
  Tous les propos qu’elle exposait.
  Elle rentre à l’heure ordinaire ;
  Trouve son époux en colère.
 — Qu’avez-vous donc, monsieur mon cher amant ?
 — J’ai, que toujours vous ferez mon tourment.
 Demain je dois paraître à l’audience,
 Pour réparer la blessure et l’offense
  Qu’à l’enfant de votre voisin
  Vous avez fait, et qui s’en plaint.
 — Qu’ai-je donc fait ? je suis très innocente,
 Et j’en réponds. — Soyez moins insolente ;
  Avec une maudite pierre,
  Vous avez torché votre cul :
 Le torche-cul jeté sur le derrière
  A blessé cet enfant tout nu.
— N’en croyez rien, mon fils, c’est une calomnie ;
  Et je proteste sur ma vie,
 Que depuis plus de six mois ou d’un an,
 Je n’ai torché le cul ni le devant.
  — Je veux bien, dit-il, vous en croire :
  Croyez aussi que le savon
 Ne vous lavant ni le cul ni le con
  Je dois avoir la couille noire.

CONTE XLIV

La Femme fidèle.

  Ô ! combien Blaise était heureux


 De rencontrer une femme fidèle.
  Hélas ! je borne tous mes vœux,
 À voir ainsi récompenser mon zèle.
  Depuis longtemps le gars lorgnait
  Manon. — Il faut que je te baise.
  — Oui-da ! si mon mari venait !
— C’est sur la bouche. — Oh ! bien grand merci, Blaise,
 Si tu l’entends de la bouche d’en haut :
  Explique-toi comme il le faut.
— Si tu le veux, Manon, j’établirai mon centre
  Et mon camp, au bas de ton ventre ;
 Mais je n’osais te proposer cela.
  — Voyez donc le sot que voilà !
  Tu ne sais donc pas, imbécile,
Que ma bouche a promis de la fidélité ?
  J’ai promis d’être honnête fille,
  Et je la suis, en vérité.
  Si jamais, avec tes caresses,
  Tu portes la bouche à mon front,
 De vingt soufflets je régale tes fesses,
 Et, pour toujours, je te ferme le con.
 Mais si tu veux, avec ton allumelle,
  Sonder le faubourg de mon cul,
  J’y consens sans être infidèle,
  Et je mettrai mon ventre à nu.

CONTE XLV

L’Outil vital noir jugé par des commères.

 Dans un trio de sincères femelles


 Où l’on vantait ses vigoureux exploits.
 L’on s’avisa de nommer les endroits
 Où l’on avait cessé d’être pucelles ;
  Et puis, de propos en propos,
  L’on articula de gros mots.
 — Ne parlons plus, s’il vous plaît, mes princesses,
  Je tais les secrets de mon lit ;
  Mais je ne sais par quelle envie,
 Je veux savoir la nature du vit.
 Vous me direz que c’est une folie :
  Soit ; mais à cette question,
 Je vous demande une solution.
  (L’idée était extravagante.)
  Contentons-nous d’ouvrir la fente
  Aux vits qui bandent en rigueur.
  Mais la belle questionneuse
  Voulait s’instruire ; elle jura.
  Chacune bientôt fut rêveuse ;
  Chacune, à son tour, décida.
  La plus jeune se lève et dit :
  — Mesdames, pour juger un vit,
 Il faut, je crois, remonter au bel âge,
  Au bon temps de mon pucelage.
 J’aimais alors un fort joli garçon :
  J’aimais encor plus ses caresses.
 Un jour, la main glissée entre mes fesses,
Il me dit en riant : « — Que fais-tu de ton con ? »
 La question ne me parut pas fine :
  L’ignorance était mon défaut.
 Je répondis : « — Toi-même, mon lourdaud,
 Dis-moi ce que tu fais de ta machine ? »
 Il me riposte : « — Hélas ! je n’en fais rien !
 Si tu le veux, nous nous ferons du bien,
  Ou dans deux jours je me mutile :
  Je suis las d’un meuble inutile. »
  Ce parti parut rigoureux,
  Et nous prononçâmes tous deux
  Une plus utile sentence.
 Arrêté fut qu’il bonderait mon con,
 Et que son vit servirait de tampon.
  Or, d’après cette expérience,
  J’atteste et jure, en vérité,
  Que le vit est un nerf qui fesse
 Pour faire peur à la belle jeunesse :
Le nom en a passé dans la société.
  — Je n’en crois rien, dit la seconde ;
  Et voici sur quoi je me fonde.
  Lorsque j’étais encore enfant,
  J’avais un bien jeune galant :
 Mais, plus que moi, connaisseur en femelle,
 Il savait bien le prix d’une pucelle.
  Si nous n’étions que tous les deux,
  Nous faisions de tout petits jeux ;
  Et j’étais alors assez sotte,
  Pour souffrir sa main sous ma cotte,
 Me tâtonner et le ventre et le cul.
 J’étais bien loin de deviner son but.
  Il me rendit un grand service,
  Lorsque couchés sur le gazon,
  En finissant son exercice,
 Il mit un doigt sur le bord de mon con.
  Je sentis que j’étais bien aise.
  « — Fous donc encor, dis-je, mon fils. »
  « — Non pas, répond-il, quand je baise
 Au lieu du doigt, je me sers de mon vit. »
  Sitôt dit, il lève ma cotte,
  Puis déboutonne sa culotte,
  Et m’étale son instrument.
  Qu’il est mollasse quand il pend !
  À son ordre, je m’en empare,
  Tandis qu’à rire il se prépare.
 Son mol engin n’avait pas l’air vainqueur :
 Mais du velours il avait la douceur.
 Dans un instant le voilà qui frétille,
  Qui se dresse comme une quille ;
 Il devient raide, et si gros, et si long,
 Que je conclus que c’est un vrai tendon.
  Il fallut en faire l’épreuve :
  Ce sera ma seconde preuve.
 Je le présente au bord de son fourreau.
 Dès qu’il sentit la chaleur de ma gaîne,
 Le gars tenta de saisir son domaine :
 Onc je ne vis un plus friand morceau.
 Dieu ! que de coups ! quels plaisirs ! quelle extase !
Un nouveau gonflement me remplit et m’embrase.
 Jamais, jamais tendon ne fut tendu
Si fort que ce tendon qui m’a si bien foutu :
  — Oh ! vous faites la raisonneuse,
  Dit la belle questionneuse
 Je ne sais pas, pour moi, tant raisonner,
  Mais je sais me faire enconner,
  Et bien juger de la nature
  Du vit et de son encolure.
  Si je le vois sur son repos,
  Ma foi, je ne sais trop qu’en dire ;
  Mais quand le compère veut rire,
  Je dis alors que c’est un os.
  Vous pouvez m’en croire, ma belle ;
  Car, pas plus tard que ce matin,
  Ma main à pressuré la moelle
  D’un vit bouillant dans mon conin.
  Je respecte trop ces charmantes,
  Four contester leurs sentiments.
Qu’importe au vit ces divers jugements,
  S’il se plaît à foutre leurs fentes ?

CONTE XLVI

Le Conseil salutaire.

  Dans un couvent de Bernardin,


  Sis tout au fond de la Bretagne,
  Un jeune seigneur suzerain
 Qui, las, dit-on, de battre la campagne,
Et d’avoir accolé les femmes du canton,
Voulut, pour ses péchés, entrer en pénitence.
  Aux pieds du père Simeon,
  Il veut s’accuser d’indécence,
  En disant que de plus d’un con
  Il avait toisé la mesure ;
  Que de sa trop grande luxure,
  Il demandait à Dieu pardon.
  — Allez, allez, dit le bon père ;
  Vite d’ici retirez-vous :
  Ou si vous n’en voulez rien faire,
  Culotte bas, moi je vous fous !

AVIS AUX FOUTEURS

  Le plaisir de foutre est divin ;


  C’est le grand jeu de la nature.
  Foutons, ou branlons-nous l’engin,
  Et jouons-nous de la censure.
  C’est ainsi que nos jeunes gens,
  Emportés par de fougueux sens,
  Agissent et parlent sans cesse.
  Je ne blâme point leur tendresse ;
  Mais je veux brider leurs désirs,
  Pour multiplier leurs plaisirs ;
  Interdire la jouissance
  Qu’ils recueillent sans défiance,
  Et dont les horribles effets
  Leur laissent d’éternels regrets.
  Écoutez-moi, mâle, fillette,
  Et profitez de ma recette.
  Je parle d’abord aux garçons,
  Et je leur dis : — Fuyez trois cons.
  Celui-ci gardé par deux armes,
  Jusqu’au vit porte les alarmes.
  Bandez, et foutez ce conin :
  Le ressort part, adieu l’engin.
  Il y va donc de votre vie.
  De le foutre aurez-vous l’envie ?
  Avez-vous un peu de vertu ?
 Craignez encore un con souvent foutu ;
  Car je vous en donne parole,
  Chancre, chaudepisse, vérole,
  S’empareront de votre vit
  Et vous aurez le cul pourri.
  Fuyez encor ces chaudes fentes,
  Qui, d’abord, semblent ravissantes,
  Mais dont les plus raides bourdons
  Contentent à peine les cons.
  Il faudrait les foutre sans cesse,
  Même jusqu’à l’épuisement,
  Et pour prix de votre tendresse,
  Périr d’amour en les foutant.
  Mes chers enfants, soyez en garde ;
 Avant de foutre un con, je le regarde.
  Tous devez être satisfaits,
  De mes leçons, de mes secrets.
  Ajoutons deux mots pour nos filles ;
  Elles sont toutes si gentilles,
  Qu’il faut être un monstre inhumain,
  Pour en empoisonner le sein.
  Filles, détestez ces caresses
  Que vous font, jusque dans les fesses,
  Tant de coupables amoureux,
  Et corrupteurs des plus beaux feux.
  Loin de vos cons la faible andouille
  Dont à peine l’on voit la couille :
  Elle exciterait vos désirs,
  Sans vous donner aucuns plaisirs.
  Lèverez-vous vos lestes cottes,
  Pour coffrer cet affreux engin
  Qui n’injecte que du venin ?
  Je ne vous crois pas assez sottes.
 Et puis, d’ailleurs, le pus, la pourriture,
  Gâteraient la belle nature.
 Loin de laisser caresser votre con,
  Faites rengainer ce bourdon.
  D’un vit voulez-vous les caresses ?
  Recipe toujours les plus gros,
  Dont les couillons tiennent aux fesses :
  C’est le remède à tous vos maux.
  Pour éviter l’erreur encore,
  Ravissant sexe que j’adore,
  Voici ma dernière leçon :
  Ou faites-en l’expérience,
  Ou fiez-vous à ma prudence.
  Avant de fêter votre con,
  Assurez-vous de sa mesure.
 L’un est trop large, et l’autre trop petit.
 Il ne faut pas à tous deux même vit.
  Suivons l’ordre de la nature.
 Au large con, il faut vit de mulet.
  De le trouver j’ignore le secret.
 Et puis, tel con n’a rien qui me ragoûte.
  Voulez-vous, belles, que je foute ?
 Présentez-moi ce joli petit con
  Dont je ne puis voir l’orifice
  Sans le secours d’un art propice,
  Et qu’entoure une ample toison.
  Je vous ferai voir, à mon tour,
  Un vit gros, raide, et dont la crête
  Ne menacera sa conquête
  Que pour vous enivrer d’amour.

AVIS AUX LECTEURS

  D’après le conseil de Verville,


  J’avertis un nez délicat
  Qu’il doit être un peu difficile
  Sur les objets de l’odorat.
  Voulez-vous d’une odeur puante
  Affecter ce sens précieux ?
 Sentez un œuf, une huître bien béante,
 Vous n’avez rien de plus délicieux.
J’en excepte, pourtant, l’odeur aromatique
  Qu’exhalent tant de chastes cons
  Échauffés sous des cotillons :
  Leur vapeur est diabolique.
  Que ceci soit dit en deux mots,
  Pour faire jaser tous les sots,
  Je n’ajoute qu’une parole :
 « Sur mes écrits l’on a mis le contrôle. »
 — Ah ! quel auteur, quel maudit libertin !
Il est trop ordurier, pour un esprit lutin.
Lecteurs, vous vous trompez, lisez mon épigraphe
Et si vous renoncez aux plaisirs du conin,
 Prévenez-m’en, j’en ferai l’épitaphe.
  Versus scribere me parum severos
  ……quœreris ? Sed hi libelli,
  Tanquam conjugibus suis mariti,
  Non possunt, sine mentula, placere.

MARTIAL.

FIN
1.↑ Leibnitz, homme célèbre.
2.↑ Candide, de Voltaire.

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