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Littérature algérienne

La littérature maghrébine d’expression française est née dans un contexte coloniale depuis les
années 20, les écrits des écrivains algériens sont indissociables du contexte socio-culturel, ils
tournent autour des thèmes sur l’engagement politique, la quête identitaire, la cristallisation de
la mémoire séculaires, la misère du peuple , la révolte contre les régimes totalitaires, l’
déchirement de l’exile , la représentation de la femme… Ils sont les porte-parole du peuple, ils
traduisent son mal etre , son malaise et revendique ses droits
Parmi ces écrivains on cite Kateb Yacine et Rachid MIMOUNI
ON VA VOIR COMMENT CES DEUX écrivains ont joué ce rôle à travers leurs ouvrages
Nedjma et le fleuve détourné
Dans Nedjma, Kateb Yacine (1956), en adoptant un style en rupture avec le modèle
romanesque, avec une chronologie éclatée, un récit polyphonique, social, politique et
mythique, enracine son œuvre dans une période précise, celle du colonialisme en mettant en
scène les caractéristiques de la société coloniale et celles de son peuple et dénonce ainsi le
mensonge de la mission civilisatrice
Dans la première partie du roman, K.Y dépeint le monde colonial qui est caractérisé par son
mépris et sa haine de l’algérien ainsi que sa supériorité économique, sociale et culturelle
Dès le début, il pose les repères chronologiques de l’histoire qu’il raconte dans un cadre bien
colonial fonctionnant à la violence et à la marginalisation des algériens qui vivent dans leur
pays sous la menace de la prison ou de la mort
Le roman s’ouvre sur 4 jeunes hommes algériens, Lakhdar, Mustapha, Mourad et Rachid. Ils
sont issus de couches sociales différentes, les premiers sont des citadins, les seconds sont des
paysans. Cependant, Cette hiérarchisation sociale est insignifiante aux yeux des français, c’est
un monde qui leur est toujours hostile. Cependant, bien que chacun jouit d’une identité
propre, les barrières entre les individus semblent poreuses et les font se rassembler à plusieurs
reprises vit au sein de la révolte et le 8 mai 1945 montre qu’il est travaillé dans ses
profondeurs par les mots d’ordre nationaliste.
Lakhdar et Mustapha ont déserté l’école et ont été incarcérés suite à la manifestation de 8mai
45 ; Les quatre protagonistes partent pour un village de l'est ou ils sont Engagés comme
ouvriers dans un chantier sous le contrôle de M. Ernest dont le comportement reflète le statut
du dominant méfiant, autoritaire et méprisant. Dès son arrivée, Lakdar , malmené et
l’humilié, s'attire des ennuis en portant un coup au directeur de chantier; ce qu’il lui vaut la
prison toutefois il parvient à s'évader Mourad ne fait pas mieux ; il se retrouve lui aussi
emprisonné pour meurtre de M. Ricard, un homme riche, âgé qui venait de se marier avec la
jolie Suzy, fille de monsieur Ernest. Mourad, assiste à l’acharnement des invités et de M.
Ricard contre la femme de ménage, une algérienne musulmane, qui tentait d’empêcher le
pillage de son maitre. Ils l’assaillent de coups de cravache le visage et l’oblige à boire de
l’alcool ; Mourad intervient pour défendre la bonne, il s’acharne contre le nouveau marié, M.
Ricard qui succombe sous les coups.
Après cet incident, ils prennent différentes directions et finissent par se réfugier chez Nedjma
à Bonne

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Cette image stigmatise le portrait générique du colon et les crimes traditionnels de monde
colonial
L’acharnement de Mourad et de Lakhdar est une bonne illustration de la révolte du dominé
contre le despotisme et l’indignation
La deuxième partie du roman laisse la place aux protagonistes algériens pour enraciner
l’œuvre dans une réalité culturelle maghrébine
Les 4 jeunes tombent éperdument de Nedjma, un personnage qui n’occupe pas tout l’espace
romanesque. C’est une métisse, fille d’une française juive et d’un keblout, elle le fruit de
l’adultère et le crime ; Nedjma est mariée. Mais Si Mokhtar, qui pense être son vrai père,
la kidnappe. Il part sur les routes avec elle et Rachid. Nedjma est alors kidnappée par la
tribu de Keblout, la tribu de ses ancêtres.  Elle est l’objet du désir et la quête amoureuse.
Elle ne parle pas, elle reflète ainsi la situation de la femme algérienne qui doit se taire pour
respecter la doxa celui du statut de la femme vertueuse ; mais elle use de sa féminité et de son
charme pour exercer son pouvoir que la société lui laisse. Elle est prisonnière mais les vrais
prisonniers sont ceux qui sont sous l’emprise de son amour.
Son retour à sa tribu est Une forme de retour aux sources en même temps qu'une
émancipation. Un retour aux fondamentaux de la culture algérienne, la réappropriation d'un
passé mythique.
ce retour signifie la victoire contre le colon , c’est pourquoi on peut dire que Nedjma
symbolise aussi l’Algérie convoité par différentes races, qui malgré les guerres que sol a
connu, elle retrouvera son indépendance et reviendra uniquement aux algériens .
LE FLEUVE DETOURNE DE RACHID MIMOUNI à son tour est sur la piste de son
prédécesseur
Dans ce roman, A travers un récit qui rompt avec l’écriture linéaire ,Rachid Mimouni est sur
les pas de son prédécesseur, il cherche à dénoncer le mal être et le malaise de la société
algérienne dans un contexte postcolonial, il éveille les consciences et nous informe du devenir
de ce peuple après l’indépendance, s’est-il libérée réellement, vit-il enfin dignement dans son
pays ; la réponse à cette question nous allons la découvrir dans le fleuve détourné avec son
protagoniste anonyme
Un personnage dont on ignore le nom, qui erre dans tous les sens pour retrouver sa femme et
son enfant, un personnage revenu directement d’entre les morts puisqu’il fut le seul rescapé
d’un bombardement du camp militaire où il se trouvait pendant la guerre de libération
nationale. Un retour des enfers, du monde d’en bas vers celui d’en haut ou l’inverse… Quoi
de pire ? Un personnage dont l’existence est fortement contestée : il est là, debout, en chair et
en os, il respire alors qu’il est considéré comme mort. Son nom est même inscrit sur le
monument des martyrs. Comment peut-il prouver son existence alors que le fait d’exister
physiquement ne peut faire foi ;
ce paysan travaillait comme cordonnier sous l’exigence de son père alors qu’il voulait faire
laboureur, il se marie avec une femme, répudié de son clan car elle a été violé ; le métier de
cordonnier s’est avéré utile après quelques temps il rejoint maquis après être sollicité par un
groupe d’hommes. AU cours d’un bombardement, il perd trois doigts et perd la mémoire. IL
est accueilli dans un hôpital, sans nom et sans mémoire, dans cet endroit, le personnage est

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aimé de tous, y vit sereinement et dans le calme comme jardinier jusqu’au jour ou des oiseux
viennent dévaster le jardin et notre personnage lui revient sa mémoire, il décide alors de
revenir dans son pays pour retrouver ses siens, notamment sa femme et son enfant.
Dans ce passage Mimouni ne parle ni de la guerre et n’utilise pas le mot de moudjahidines
pour insinuer que la liberté pour laquelle des hommes ont sacrifié leur vie, a été confisquée et
aussi, comme si cette réalité fait mal au point de ne pas pouvoir en parler. L’étape après-
guerre, n’est pas explicitée dans le roman, pour sous-entendre que le changement auquel
aspire le peuple n’est pas dans l’horizon, la perte de mémoire venu après le bombardement est
dû aussi au choc qu’endure l’auteur et le peuple.
Au cours de son chemin, il rencontre des êtres qui reflètent chacun une catégorie du peuple
qui témoigne de la situation du pays après l’indépendance
Ali le fou dont le monologue pessimiste nous prédit que notre héros va se retrouver dans un
labyrinthe sans issue ou tout est opaque et fonctionne à l’envers à l’image du pays et donc il
lui conseille de couper espoir.
Dès qu’il arrive au village, il s’affronte à des gens qui lui interdisent de rentrer, il apprend
qu’il a été porté mort et que cependant, il n’est pas possible d’y remédier car sa femme
bénéficie d’une pension et aussi d’autres personnes peuvent être accusés et apporter préjudice
à d’autres, son cousin va se présenter aux élections ; première image d’une administration
absurde et incompétente qui tient les rênes
IL est ainsi renié par les siens, il dérange et il doit rester parmi les oubliés, il part alors à la
recherche de sa femme. Comment retrouver femme et enfant? Comment retrouver son identité
et une place dans cette société de dictature socialiste?
le narrateur donne la parole à d’autres personnages pour témoigner de ce que le pays est
devenu après l’indépendance. Ils sont pratiquement tous marginaux et défavorisés socialement
L’étudiant Omar, le Vieux vingt-Cinque et Rachid le Sahraoui, le vieux cordonnier, l’agent de
la voirie, etc.) Et (des personnages habitant « la ville nouvelle » où la boue et les rats
constituent un décor permanent Fly tox L’écrivain
A travers le personnage l’administrateur, qui n’arrête pas de promettre mont et merveille à
tous ceux qui viennent se plaindre auprès de lui, s’occupe beaucoup plus à construire sa villa
que de résoudre les problèmes vécus par la société, il reflète l’image de la bureaucratie des
responsables algériens pendant les années postcoloniales dont le personnage principal est
victime.
Le gouverneur anti-intellectuel représente ce qui est encore plus grave, que ceux qui
gouvernent ont la ferme volonté de détruire la conscience du peuple en le bernant par la
médiocrité et par l’extermination des intellectuels qui ont le rôle de réveiller les consciences
Fly tox Enfin, ce personnage dévoile les causes et les conséquences du trafic et du marché
noir qu’a connu L’Algérie un certain temps.
Rachid le sahraoui Rachid est une victime menace, il parle dans beaucoup de passage de piller
le ciel, de saccager les étoiles. La création de ce personnage par l’auteur est pour montrer que
tout le pays a souffert à cette période du sud au nord.

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Vingt-cinq est un ivrogne complétement oisif qui ne peut vivre qu’en racontant son passé à
ses amis
Le cordonnier qui a légué sa baraque après sa mort au personnage principal, l’employé de la
voirie qui lui trouve un travail, le cordonnier qui l’accueille dans son chalet, etc.
L’écrivain présente l’image des hommes intellectuels de cette période. L’administration a
donné à l’écrivain une fonction administrative l’écrivain critique toujours la réalité vécue. Il
participe au vol de la conscience de ses compagnons en posant des interrogations terribles il
choisira le silence d’où il perdra beaucoup de sa liberté et même devant les circonstances de la
mort de son ami Omar :
On trouve aussi le personnage Omar, jouant à la guitare, très souriant, mais ne parlant pas
beaucoup allusion faite au petit Omar de Mohamed Dib dans La grande maison. Dans le
roman de Mimouni, Omar est déjà grand, adolescent, devenu étudiant,
On se rend compte que pour la plupart, l’amour de soi prédomine sur l’intérêt commun, alors
que les postes qu’ils occupent exigent le contraire Nul n’est à sa place : certains sont
consumés par une méchanceté gratuite, la haine ou le laisser-aller En revanche, de la bonté se
cache chez ceux en qui on la soupçonne le moins Ce sont, en majorité, des personnages issus
du bas peuple Il semblerait que tous ceux qui étaient bons, capables et qui tentaient de faire
tourner la roue du développement sont soit morts pendant la guerre (le commandant du camp
militaire), soit mis en quarantaine.
Ces derniers éprouvent un grand mécontentement et un immense désespoir. Ils veulent trouver
des solutions à leur misérable situation comme ils veulent comprendre la situation de
dégradation qu’a connue le pays au lendemain de son Indépendance, surtout sur le plan
politique. Ils s’interrogent tout le temps sur l’avenir de l’Algérie. Chacun représente une
catégorie de la société, le narrateur anonyme renvoie à cette génération qui a fait réellement la
guerre et qui a été marginalisé et éradiqué, elle renvoie aussi à la perte de l’identité, or un
peuple sans identité ne connait pas son passé, il est perdu et ne pourra construire son avenir
Notre personnage principal constate que dans son pays socialiste, le marché noir et la
corruption font monnaie courante, que la religion n’est qu’un déguisement ; que le peuple est
livré à lui-même. Les pénuries, le manque de civisme la saleté, la faim et l’oppression
constitue le lot du peuple algérien ; en effet il apparait de longues files d’attente pour
s’approvisionner avec la présence des agents de police pour assurer le service d’ordre afin
d’éviter les colères et les frustrations, les effets pervers de la pénurie se sont traduits par une
dégradation des rapports humains alors qu’hier les algériens pendant la guerre régnait entre
eux la fraternité ; des gens qui font la pluie et le beau temps qui font semblant d’être pieux
alors qu’ils sont des corrompus .
Au terme de ce périple, le narrateur Omar, retrouve sa femme qui a échangé sa tenue
traditionnelle contre une moderne, qui se prostitue aux notables du régime, son fils erre dans
les rues et se désintéresse de son géniteur. Une image très allégorique de l’Algérie
indépendante, un régime qui abuse même des plus vulnérables, la mémoire du martyre à qui
ils rendent hommage n’est qu’un mensonge ou la pire des trahisons.
Il s’achève par la mort du personnage de Omar et la prise de conscience du personnage
principal illustrée par le renoncement à toutes ses quêtes. Omar l’adolescent, Omar le

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souriant, Omar l’amoureux, Omar qui incarne l’espoir et l’avenir de cette Algérie
postcoloniale, est trouvé immobile, sans âme, rendant son dernier souffle seul dans son coin.

Une mort subite et inexpliquée, l y a lieu de croire que la mort du jeune Omar symbolise la
mort de tout espoir, la perte du sens dans un monde insensé. C’est ici que le personnage
principal renonce explicitement à ses quêtes
Le fleuve détourné annonce que la révolution a été détourné par ceux qui n’ont pas seulement
trahi les espérances d’un peuple mais ils se sont bâti des fortunes colossales sans pour autant
se rassasier à l’ombre des lois socialistes laissant le peuple s’enliser dans la boue, la poussière
et la pauvreté

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