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Comme par enchantement, Maman trouvait les bons vêtements quelques minutes
avant l’arrivée des invités. Le temps de repeindre ses lèvres, de peigner ses longs cils
et elle accueillait les gens avec la grâce naturelle de celle qui s’est réveillée comme ça.
Son allure parfaite aussi était un mensonge, mais quel splendide mensonge. En
attendant que la nuit tombe, sur la terrasse drapée de blanc, les gens buvaient en se
complimentant sur leur bronzage, leur tenue, leur épouse, et se félicitaient de ce temps
incroyable dont pourtant ils n’étaient pas responsables. Mademoiselle Superfétatoire1
déambulait entre les convives avec snobisme, et n’hésitait pas à picorer des bouts de
seiche grillée en éclaboussant d’huile d’olive les pantalons trop proches d’elle. Puis,
lorsque le dernier quartier ensoleillé disparaissait derrière le sommet de la montagne,
Bojangles2 retentissait, portée par la voix douce et chaude de Nina Simone et l’écho
de son piano. C’était tellement beau que tout le monde se taisait pour regarder Maman
pleurer en silence. D’une main j’essuyais ses larmes, et de l’autre je tenais les siennes.
C’est souvent dans ses yeux que je voyais les premiers feux exploser après le
sifflement du décollage. Les premiers bouquets dispersant leurs couleurs dans le ciel
prenaient la direction opposée en se reflétant dans le lac. Les feux d’artifice laissaient
tout le monde bouche bée, puis, petit à petit, les applaudissements se faisaient
entendre ; timide au départ pour ne rien troubler, ils ne cessaient de s’amplifier pour se
mêler avec les pétarades colorées. Ça grondait, ça claquait, ça crépitait, ça s’effilochait
doucement avant de repartir de plus belle. Au dernier coup de canon, celui qui filait le
plus haut, le plus loin, le plus fort, lorsque les paillettes de feu se dispersaient en
tombant lentement vers la couverture étoilée du lac, Maman me susurrait :
— quel spectacle ! Alors nous allions danser.

As if by magic, Maman would find the right outfit some minutes before the guests

arrived.

Leaving enough time to repaint her lips, apply mascara on her long eyelashes then

she welcomed everyone with the natural grace of someone who had rolled out of bed

like that. Her perfect appearance was a lie, too, but what a splendid lie it was. While

waiting for night to fall, on the white-draped terrace, everyone was drinking,

complimenting each other on their tans, their outfits, their wives, and congratulated one

another on the incredible weather they were having despite not having anything to do

with it. Mademoiselle Superfétatoire ambled among the guests, looking down her beak

at them, not: thinking twice about pecking at morcels of grilled cuttlefish, causing olive

oil to splatter onto the trousers of those too close to her. Then, when the sliver of sun)

disappeared behind the mountain summit, the opening chords of Bojangles rung out,
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carried by the dulcet, warm voice of Nina Simone and the echo of her piano. It was so

beautiful a scene that everyone fell silent to watch Maman cry soundlessly. With one

hand, I wiped away her tears and with the other, I held hers. I often saw the explosion of

the first fireworks reflected in her eyes after the whistling of a rocket making its ascent.

The first bouquets of fireworks scattered their colours into the sky like confetti, their

lights reflecting in the lake, heading in opposing directions. The fireworks left everyone

dumbstruck and mouths slack-jawed with wonder, then – little by little – applause

resounded, faint at first so as to not disturb anything, then growing louder and louder,

joining the chorus of the coloured bursts of gunpowder. It rumbled, banged, crackled,

and slowly faded away before firing up again more loudly. At the last boom of the canon,

the fiery spangles from the blast which streamed the highest, the furthest, the strongest

dispersed, falling ever slowly towards the star-speckled blanket of the lake, Maman

would whisper in my ear:

- What a show!

Then off we went to dance.

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