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Le plus souvent, on utilise i pour identifier K avec le sous-corps i(K) ⊂ L : alors K devient
un sous-corps de L, et on note 22 l’extension K ⊂ L. Mais il y a certains moments où on veut
considérer plusieurs plongements K ,→ L et il est alors important d’avoir ce point de vue plus
général, et de garder le plongement i explicite. Dans toute la suite (sauf mention contraire), on
identifie K avec un sous-corps de L.
Note : le fait que le morphisme i est injectif est automatique puisque tout morphisme de
corps vers un anneau non nul est injectif.
Exemples à avoir en tête :
— R ⊂ C, √ √
— Q⊂ √ Q[ 2] = {a + b 2|a, b ∈ Q} qui est un corps (exo le verifier).
— Q[ 2] ⊂ C,
— K ⊂ K(X) le corps des fractions rationnelles
— Z/pZ ⊂ F avec F un corps fini de caracteristique p (on les verra plus tard).
Une propriété qu’on utilise souvent est que si f ∈ K[X] est un polynôme à coefficient dans
K, et x ∈ L, alors φ(f (x)) = f (φ(x)). En particulier, si x est une racine de f dans L alors φ(x)
est une racine de f dans L′ .
Parfois on a besoin de regarder plus généralement le cas où L n’est pas un corps mais un
anneau :
Définition IV.3. Une K-algèbre L commutative 23 est un anneau munie d’un morphisme injectif
i : K ,→ L.
Fait IV.4. Si L est une extension de K, ou une K-algèbre, la multiplication par les éléments de
K munit L d’une structure de K-espace vectoriel 24
Remarque IV.5. De manière équivalente, on peut définir une K-algèbre comme un anneau qui a
aussi une structure de K-espace vectoriel, et telle que la multiplication interne de l’anneau est
bilinéaire.
Si K ⊂ L et K ⊂ L′ sont deux extensions de corps, tout morphisme d’extensions φ : L → L′
est K-linéaire grâce au fait que φ|K = id. En effet, pour λ ∈ K et x ∈ L, φ(λx) = φ(λ)φ(x) =
λφ(x).
22. Dans la littérature, on trouve aussi la notation L/K pour une extension L de K... ce n’est pas un quotient !
23. on définit aussi une K-algèbre non commutative, mais on demande en plus que i(K) commute avec tous les
éléments de L.
24. Si on voulait ne pas identifier K avec un sous-corps de L en gardant i : K → L explicite, on definirait la
multiplication externe a.v comme i(a).v.
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IV.1.b Extensions finies
Définition IV.6 (Extension finie). Une extension finie L de K est une extension tq dimK L < ∞
(donc en tant que K-ev).
On note [L : K] = dimK L, et on l’appelle le degré de l’extension.
Preuve. Soit v1 , . . . , vn une base de V comme L-espace vectoriel. Soit l1 , . . . , lp une base de L
comme K-espace vectoriel. Alors {lj vi }i≤n,j≤p est une base P de V comme K-espace vectoriel.
P C’est une famille génératrice : soit
P v ∈ V , il s’écrit i≤n bi vi avec bi ∈ L. Chaque bi s’écrit
j≤p aij lj avecPaij ∈ K. Donc v = i≤n,j≤p aij lj vP i. P
Liberté : si i≤n,j≤p aij lj vi = 0 avec aij ∈ K i ( j aij lj )vP j = 0, et comme (vi )i≤n est une
famille libre du L-espace vectoriel V , on a que pour tout i, on a j aij lj = 0. Pour chaque i ≤ n,
comme (lj )j≤p est une famille libre du K-espace vectoriel L, on a que pour tout j j, aij = 0.
Définition IV.8. Soit K ⊂ E une extension de K. Une extension intermédiaire L est un sous-
corps de E qui contient K :
K ⊂ L ⊂ E.
Définition IV.11. Si L est une extension de K, on note K(x) le plus petit sous corps de L
contenant K et x. Autrement dit,
P (x)
K(x) = |P, Q ∈ K[X], Q(x) ̸= 0
Q(x)
Lemme IV.12. Soit K un corps. Une K-algèbre intègre, de dimension finie sur K, est toujours
un corps.
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Preuve. Soit A une K-algèbre. Soit x ∈ A \ {0} et µx : A → A la multiplication par x. C’est
une application K-linéaire, injective (car A intègre). Comme A est un K-espace vectoriel de
dimension finie, elle est automatiquement surjective, donc 1 ∈ Im(µx ) donc x est inversible.
Preuve. Un sous-anneau d’un corps est toujours intègre. Comme L′ ⊂ L et dimK (L) < ∞,
dimK (L′ ) < ∞. L′ est donc un corps par le lemme précédent.
Remarque IV.15. La notion dépend de K. Par exemple, π est transcendant sur K = Q, mais
sur K = R, il est algébrique : il est racine du polynôme f (X) = X − π (de degré 1).
Tout élément de K est algébrique sur K.
Remarque IV.16. Si x est transcendant, alors K[x] est isomorphe à l’anneau des polynômes K[X],
et K(x) est isomorphe au corps des fractions rationnelles K(X). Autrement dit : K[x] ≃ K[X]
et K(x) ≃ K(X).
Lemme IV.17. Si L est une extension finie de K, tout élement x ∈ L est algébrique sur K.
Preuve. Puisque K[X] est de dimension infinie comme K-espace vectoriel, K[X] ne peut pas
s’injecter dans L si dimK L < ∞.
Définition IV.18 (Polynôme minimal d’un élément algébrique). Si x ∈ L est algébrique sur K,
considérons l’idéal ker Φx = {f ∈ K[X]|f (x) = 0}. L’unique polynôme unitaire Mx ∈ K[X] tel
que ker Φx = ⟨Mx ⟩ s’ appelle polynôme minimal de x sur K.
C’est le polynôme unitaire de plus petit degré qui annule x.
Autrement dit, l’ensemble des polynômes qui s’annulent en x est l’ensemble des multiples du
polynôme Mx . Le fait que le polynôme unitaire de degré minimal qui annule x engendre ker Φx
est une conséquence du fait que K[X] est euclidien.
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Preuve. Irréductibilité : supposons Mx = f g avec deg f, deg g < deg Mx . On a f (x)g(x) = 0,
donc comme L est un corps, f (x) = 0 ou g(x) = 0, et f ou g est dans le noyau, donc Mx |f ou
Mx |g. Ceci montre l’irréductibilité de Mx .
Le deuxième point est juste le théorème d’isomorphisme.
On sait que (1, X̄, . . . , X̄ d−1 ) est une base de K[X]/⟨Mx ⟩ comme K-espace vectoriel 25 donc
1, x, . . . , xd−1 est une K-base de K[x].
Lemme IV.20. Soit L une extension finie de K de degré d = [L : K]. Pour tout élément x ∈ L,
le degré de x divise d.
Preuve. K[x] est un sous-corps de L (corollaire IV.13). Le degré dx de x est le degré de l’extension
dx = [K[x] : K] or d’après le lemme IV.9, d = [L : K] = [L : K[x]] × [K[x] : K] = [L : K[x]]dx ,
donc dx est un diviseur de d.
Preuve. Soient x, y algébriques sur K. Pour montrer que x + y, xy et x/y sont algébriques sur
K, on va construire un sous-corps M ⊂ L qui les contient et qui est de dimension finie sur
K. Le lemme IV.17, concluera que ces 3 éléments sont algébriques sur K, ce qui démontrera le
théorème.
Puisque x est algébrique sur K, K[x] est de dimension finie sur K, et est donc un corps
(lemme IV.12). Notons L′ = K[x]. Puisque y est algébrique sur K, il y a un polynôme unitaire
f (X) ∈ K[X] qui s’annule en y. y est donc algébrique sur L′ puisque le polynôme f est à
coefficients dans L′ (puisque K ⊂ L′ ) et s’annule en y. Donc le sous-anneau M = L′ [y] est de
dimension finie sur L′ , et donc sur K (Lemme IV.9). D’après le Corollaire IV.13, M est un corps.
Puisque M = L′ [y] = K[x, y] est un corps, il contient x, y, xy, x + y, x/y (si y ̸= 0). D’après
le lemme IV.17, ces éléments sont algébriques sur K.
√ √
Exemple 2 + 3 ∈ R est algébrique sur Q.
√ √
Exercice IV.22.
√ On peut trouver un polynôme qui annule α = 2 + 3 assez facilement :
α2 = 5 + 2 6 donc (α2 − 5)2 = 24 donc (X 2 − 5)2 − 24 est un polynôme annulateur.√ √
√ Trouver explicitement un polynôme à coefficients dans Q qui s’annule en α = 1 + 2 + 3+
6. C’est pas si facile ! ! 26
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2. Si deux points distincts M, N sont constructibles, alors la droite M N et le cercle C(M, N )
de centre passant M par N sont constructibles.
3. Si deux droites ou cercles sont constructibles et se coupent en 1 ou 2 points, ces points
d’intersections sont constructibles.
Ainsi, la classe des points droites et cercles constructibles est la plus petite classe contenant
O et I, et stable par les opérations ci-dessus.
Remarque IV.24. La règle est infiniment longue, et n’est pas graduée !
Il est commode de prendre de choisir la distance OI comme unité de longueur et de prendre
un repère orthonormé d’origine O et tq I soit de coordonnées (1, 0)
Constructions fondamentales :
1. Médiatrice : Si on a 2 points AB construits, on peut construire la médiatrice de ces 2
points : tracer le cercle C = C(A, B) de centre A passant par B, et le cercle C ′ = C(B, A)
de centre B passant par A. La droite passant par les deux points d’intersection de C ∩ C ′
est la médiatrice de [A, B].
2. Perpendiculaire : Étant donné un point P et une droite d, on peut construire la perpen-
diculaire à d passant par P . Note : si d a été construite, c’est qu’on a déjà construit deux
points M, M ′ sur d. Soit C le cercle de centre P passant par M . S’il coupe d en deux
points, la médiatrice de ces deux points convient. S’il coupe d en un seul point, alors le
cercle C ′ = C(P, M ′ ) convient.
3. Parallèle : Étant donné un point P et une droite d, on peut construire la parallèle à d
passant par P en utilisant la construction précédente.
Puisque la médiatrice est constructible, on peut construire le milieu de deux points A, B
donnés. Par suite, on peut aussi constuire le cercle de diamètre [A, B].
Ensuite, les deux axes de coordonnées sont constructibles. Et pour tout point P = (x, y), les
deux droites parallèles aux axes de coordonnées passant par P sont contructibles.
Ainsi, si P = (x, y) est constructible, alors (x, 0) et (0, y) le sont aussi. De plus si (0, y) est
constructible, alors (y, 0) aussi (tracer le cercle de centre O passant par (y, 0)).
Réciproquement, si (x, 0) et (y, 0) sont constructibles, alors (x, y) est aussi constructible.
Définition IV.25. On dit qu’un réel x ∈ R est un nombre constructible à la règle et au compas
−→
si le point (x, 0) = O + x.OI est constructible.
On a démontré :
Proposition IV.26. Un point P = (x, y) est constructible ssi ses deux coordonnées x et y sont
des nombres constructibles.
Proposition IV.27. L’ensemble des nombres constructibles est un sous-corps de R. Il est stable
√
par racine carrée : si x ≥ 0 est constructible, alors x aussi.
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Figure 2 – Addition, multiplication/quotient
Preuve. Voir figures. Pour l’addition et la soustraction, considérons d une droite horizontale
constructible, différente de l’axe horizontal, par exemple la droite d’équation y = 1. On reporte
x sur d en traçant deux droites verticales issues de O et (x, 0). Puis on trace deux droites
parallèles pour reporter x sur l’axe horizontal à partir du point (y, 0).
Pour le produit et le quotient, il suffit de traiter le cas des nombres positifs puisque si x
est constructible, −x aussi. Etant donnés x, y, y ′ , on construit les points A(0, y), A′ (0, y ′ ) et
′
B(x, 0). Puis en traçant la parallèle à (AB) passant par A′ , on obtient le point C( yy x, 0) d’après
le théorème de Thalès. En prenant y = 1 (qui est constructible) on obtient le produit xy ′ et en
prenant y ′ = 1 on obtient le quotient x/y.
Pour la racine carrée, on utilise la relation dans le triangle rectangle : si ABC est rectangle
en M , d’hypothénuse AB et si CH est la hauteur issue de C, alors 27 AH.BH = CH 2 . Pour
√
construire x il suffit donc de construire un triangle rectangle tel que AH = 1, et BH = x.
On prend A = (−1, 0), H = O, B = (x, 0). puis on trace le cercle C de diamètre AB, et d la
perpendiculaire en H à l’axe horizontal. Le point C est sur l’intersection d ∩ C.
On va montrer que l’ensemble des nombres réels constructibles est exactement le plus petit
sous-corps de R (contenant donc 0, 1) et stable par racine carrée.
Proposition IV.28. Soit K ⊂ R un sous-corps, et A1 , A2 , A3 , A4 des points à coordonnées dans
K. Alors les points d’intersection A1 A2 ∩ A3 A4 , C(A1 , A2 ) ∩ A3 A4 , et C(A1 , A2 ) ∩ C(A3 , A4 )
(lorsque ces intersections consistent en 1 ou 2 points) ont leurs coordonnées dans K ou dans
√
K( s) pour un certain s ∈ K positif.
Preuve. Trouver les coordonnées du point d’intersection de 2 droites sécantes revient à résoudre
un système linéaire non dégénéré à coefficients dans K, il a une unique solution qui est dans K.
L’équation du cercle C(A1 , A2 ) est de la forme x2 + y 2 + px + qy + r = 0, avec p, q, r ∈ K
28
( ). Lorsqu’on fait l’intersection avec une droite, on peut éliminer une des variables (disons y
quitte à échanger les rôles de x et y) et trouver que l’autre est solution d’une équation de degré
2 à coefficients dans K de la forme ax2 + bx + c (avec a ̸= 0). S’il y a des solutions en x, elles
√
sont dans K[ s] avec s = b2 − 4ac, et il en est de même pour y.
27. Preuve : les triangles AHC et CHB sont semblables puisqu’ils ont les mêmes angles, donc AH/HC =
HC/HB
28. Si Ai = (xi , yi ), l’équation du cercle s’écrit (x − x1 )2 + (y − y1 )2 = (x2 − x1 )2 + (y2 − y1 )2
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Si on cherche l’intersection de 2 cercles, la différence des 2 équations donne une équation de
droite (sauf si les deux cercles sont concentriques auquel cas les deux cercles sont égaux ou ne
s’intersectent pas). On se ramène alors au cas précédent.
Théorème IV.29. L’ensemble des nombres constructibles est le plus petit sous-corps de R conte-
nant Q et stable par racine carrée d’éléments positifs.
Preuve. Soit K l’ensemble des nombres constructible. On a vu que c’est un corps et qu’il est
stable par racine carrée (Prop. IV.27). Soit K ′ le plus petit sous-corps de R contenant Q et
stable par racine carrée. On a donc K ′ ⊂ K.
La proposition IV.28 permet de montrer par récurrence sur le nombre d’étapes que si des
points A1 , . . . , Ap sont constructibles en n-étapes, alors leurs coordonnées sont dans K ′ .
Corollaire IV.31. Si x ∈ R est constructible, alors degQ (x) est une puissance de 2.
Par contre, on peut montrer que ce corollaire n’est pas une équivalence. 29
Preuve. Rappelons que le degQ (x) est le plus petit degré d’un polynôme à coefficients rationnels
qui annule x, qui est égal à [Q[x] : Q], la dimension de Q[x] comme Q-espace vectoriel.
Si x est constructible il existe une chaı̂ne de sous-corps Q = K0 ⊂ · · · ⊂ Kk tq x ∈ Kk
et [Ki+1 : Ki ] = 2 donc [Kk : Q] = 2k . Comme degQ (x) = [Q[x] : Q] divise [Kk : Q], ceci
conclut.
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La question de la trisection de l’angle demande étant donné 3 points construits formant un
angle θ, s’il est possible de constuire 3 autres points formant un angle θ/3. Notons que s’il est
possible de constuire des points ABC formant un angle θ, alors cos(θ) est constructible car on
peut construire le projeté de A sur [B, C], donc AB cos θ est constructible et donc cos θ aussi.
Théorème IV.33. La trisection de l’angle est impossible en général : l’angle 60o n’est pas trisec-
table car cos(20o ) n’est pas constructible.
Preuve. On a la formule cos(3θ) = 4 cos3 θ − 3 cos θ. On l’applique à θ = 20o . En posant x =
cos(θ), on obtient 12 = 4x3 − 3x soit 8x3 − 6x − 1 = 0.
On va montrer que le polynôme P = 8X 3 − 6X − 1 est irréductible dans Q[X]. Si c’est le
cas, puisque le polynôme minimal de x est un diviseur de P , on obtient que Mx est de degré 3
(Mx = X 3 − 43 X − 18 puisque Mx unitaire), et degQ (x) = 3, donc x non constructible.
Mais comme au-dessus, si P = Q1 Q2 avec Qi non constant, l’un des Qi est de degré 1, donc P
a une racine rationnelle z = ab avec a, b premiers entre eux. En réduisant au même dénominateur
on obtient 8a3 − 6ab3 − b3 = 0. On vérifie 30 que la seule solution de cette équation modulo 5
est (0, 0), ce qui contredit que a, b sont premiers entre eux.
Le problème de la quadrature du cercle consiste à constuire un carré dont l’aire est égale à
√
celle d’un cercle construit. Ceci revient à construire un carré de côté πa avec a construit. Donc
√
la quadrature du cercle est possible ssi π est constructible ssi π est constructible.
Théorème IV.34 (Ferdinand von Lindemann, Admis). π est transcendant, donc la quadrature
du cercle est impossible.
On a aussi que e est transcendant. La preuve est un peu plus facile.
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— α est une racine α de f
— et L = K[α].
Lemme IV.37. Soit L = K[α] un corps de rupture d’un polynôme f ∈ K[X] irréductible, avec
α ∈ L racine de f .
1. Etant donné L′ ⊃ K ′ une extension de K, et α′ ∈ L′ racine de f , il existe un unique
morphisme d’extensions φ : L → L′ envoyant α sur α′
2. Si en plus L′ est lui aussi un corps de rupture de f , φ est un isomorphisme.
Définition IV.38. Soit L un corps. On dit qu’un polynôme unitaire f ∈ L[X] \ 0 est scindé dans
L[X] (ou scindé sur L) si c’est un produit de facteurs de degré 1 :
f (X) = (X − α1 ) . . . (X − αd )
avec αi ∈ L.
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Si on a construit une extension L dans laquelle f est scindé, quitte a remplacer L par
K[α1 , .., αd ] ⊂ L, on peut supposer en plus que L = K[α1 , .., αd ]. On obtient un corps de
décomposition de f :
De manière plus informelle, une extension de décomposition est une extension la plus petite
possible dans laquelle f est scindé. On vient de démontrer l’existence d’un corps de décomposi-
tion.
Lemme IV.41. Soit f ∈ K[X] un polynôme. Alors il existe une extension L ⊃ K qui est un corps
de décomposition de f .
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Par contre, il n’est pas vrai que si A, B ont une racine commune dans L ils en ont une dans
K : prendre par exemple A = B = X 2 + 1 : ils ont une racine commune dans C, mais pas dans
R (mais 4 dit avec raison que A et B ont un facteur commun dans R[X]).
Racines multiples
Définition IV.44. Soit P ∈ K[X] et α ∈ K. On dit que α est une racine multiple de P si
(X − α)2 |P dans K[X].
Remarque IV.47. Puisque P est un polynôme non constant, P ′ = 0 n’arrive que si K est de
pi
P
caractéristique p > 0, et si P (X) = i ai X n’a que des monômes de degrés multiples de p.
Autrement dit, P (X) est un polynôme en X p . Exemple typique de polynôme dont la dérivée est
nulle : P (X) = X 15 + aX 10 + bX 5 + c dans Z/5Z[X].
Preuve du corollaire (exo). Si P ′ = 0, toutes les racines de P dans n’importe quelle extension
sont des racines de P ′ , donc des racines multiples. Si P ′ ̸= 0 et si P a une racine multiple dans
une extension L de K, alors P et P ′ ont une racine commune dans L, donc leur pgcd est non
constant dans L[X] et donc dans K[X] d’après la Proposition IV.43. Comme P est irréductible,
P |P ′ ce qui est impossible si P ′ ̸= 0 puisque deg P ′ < deg P .
Exemple : une extension finie est algébrique. La réciproque n’est pas vraie. Par exemple,
l’ensemble Q̄ des nombres complexes qui sont algébriques sur Q n’est pas de dimension finie sur
Q. L’extension Q ⊂ Q̄ est donc une extension algébrique qui n’est pas une extension finie.
Lemme IV.49. Si K ⊂ L ⊂ E est une extension de corps telle que L est algébrique sur K et E
est algébrique sur L, alors E est algébrique sur K.
63
Preuve. Il faut montrer pour tout x ∈ E, x est algébrique sur K. On a que x est racine d’un
polynôme unitaire à coefficients dans L : ld xd + · · · + l1 x + l0 = 0. En notant L0 = K[l0 , . . . , ld ],
on voit que x est algébrique sur L0 , et donc que [L0 [x] : L0 ] < ∞. Les li ∈ L sont algébriques
sur K donc chacune des extensions K ⊂ K[l0 ] ⊂ K[l0 , l1 ] ⊂ · · · ⊂ K[l0 , .., ld ] = L0 est une
extension finie, donc [L0 : K] < ∞. On conclut que [L0 [x] : K] = [L0 [x] : L0 ] × [L0 : K] < ∞
donc [K[x] : K] ≤ [L0 [x] : K] donc x est algébrique sur K.
Définition IV.50. Un corps K est algébriquement clos si tout polynôme P ∈ K[X] de degré ≥ 1
admet une racine dans K.
Preuve. La preuve la plus courte utilise le th de Liouville qui dit qu’une fonction holomorphe
C → C définie sur C en entier et bornée est constante. Si P de degré ≥ 1 n’a pas de racine, alors
1
P (z) est une fonction holomorphe sur C, et bornée (elle tend vers 0 quand |z| → ∞). Elle est
donc constante, contradiction.
Définition IV.53. Une clôture algébrique de K est une extension L ⊃ K telle que L est algébrique
sur K, et L est algébriquement clos.
Preuve que Q̄ est algébriquement clos. . On a vu que l’ensemble des éléments de C algébriques
sur Q est un corps (Thm IV.21), c’est donc une extension algébrique de Q.
Montrons que Q̄ est algébriquement clos : soit P ∈ Q̄[X] un polynôme non constant, et α ∈ C
une racine complexe de P . L’élément α est donc algébrique sur Q̄. Les extensions Q ⊂ Q̄ ⊂ Q̄[α]
sont algébriques, donc l’extension Q ⊂ Q̄[α] est algébrique, donc α est algébrique sur Q, i.e.
α ∈ Q̄.
Lemme IV.56. Tout corps admet une clôture algébrique. Si on a 2 clôtures algébrique, il y a un
isomorphisme (pas unique) entre elles.
33. La propriété précise qu’on montre par récurrence est Pd : pour tous F ⊂ K, F ⊂ L comme dans la
proposition avec [K : F ] ≤ d, K se plonge dans L
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Pas particulièrement difficile mais la preuve utilise le Lemme de Zorn. Le principe informel
de la preuve est le suivant : si K est un corps qui n’est pas algébriquement clos, alors il existe un
polynôme P qui n’est pas scindé, et on peut considérer un corps de décomposition K1 ⊃ K de
P . Si K1 n’est pas algébriquement clos, on recommence : on obtient K2 ⊃ K1 ⊃ K. Et l’idée est
de prendre la réunion des Ki , et s’il n’est pas algébriquement clos de recommencer. Le Lemme
de Zorn permet de formaliser cette idée de prendre l’union et de recommencer (un nombre infini
de fois, sachant qu’il y a choix à chaque fois...)
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