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THE UNIVERSITY
OF ILLINOIS
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University of Illinois Library
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COLLECTION DE ROMANS ILLUSTRES
MARCEL PREVOST
Le
Jardin secret
Illustrations de Paul Leroy
PARIS
ALPHONSE LEMERRE, ÉDITEUR
2} -31, passage Choiseuî, 23-31
Le Jardin secret
MARCEL PRÉVOST
Le
Jardin secret
Illustrations de Paul Leroy
PARIS
ALPHONSE LEMERRE, ÉDITEUR
2S ~ i 7 >
passage Choiseu l, 2} - 31
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*A CAMILLE VEXG^IOL
en témoignage d'une longue et fidèle amitit
é-
CD
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2
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g
Le titre de ce livre avait déjà été emprunté au Can-
tique des Cantiques par M. Henri Rouger, pour un volume
de poésies paru à la librairie Lemerre.
A. L.
foA%pttNi SECRET
D\Cars 1896.
i.
LE JARDIN SECRET
par le rêve!
dompterai l'avenir... »
l'école :
toss...
faire ;
je crois que nous pensons à peu près les
nelle.
2.
l8 LE JARDIN SECRET
si souverain,
que pendant
cette pre-
mière fièvre
de recher-
ches, toute
passion fut
retenue, maî-
trisée provi-
du serment.
Cette invasion brusque de faits et d'idées
imprévus, qui n'avaient pas à l'avance de place
dans mon cerveau, et qui venaient d'y entrer
néanmoins de force et si vite, fut cause, je
Le mouchoir;
LE JARDIN SECRET 27
Un billet de chemin de
fer, le ticket de retour d'un
voyage à Orléans... Pas d'allusion à cette ville
dans tout le reste. D'ailleurs, .mon mari ne
m'a pas avoué de voyage à Orléans, où nous
ne connaissons personne... Néanmoins, je
Voici la première :
« Gabriel le de P... »
santé de « Monsieur ».
« Votre servante,
« Geneviève. »
Ailleurs :
dent ».
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le. * . " . t
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48 LE JARDIN SECRET
— qu'elle me réponde :
nétrant... Un violent
désir me saisit de la
Le lendemain.
MAISON RECOMMANDÉE
MITON-MULLER
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6
62 LE JARDIN SECRET
donrond.Lesmurs
se décoraient d'é-
ventails japonais à
n'avait pas
l'air louche
et policier
à l'avance. Un no-
taire de province, conve-
nablement habillé avec
des « confections » très propres; la
même.
— Je sais, monsieur...
Maintenant je distinguais, avec une acuité
nette et durable, — comme tout à l'heure,
dans le cabinet d'attente, — l'immense pièce
aux coins obscurs, presque pas meublée, les
bibliothèques en bois noir pleines de dossiers,
les chaises faisant tapisserie le long des murs,
le poêle à tuyau en hélice...
Miton-Mùller reprit :
exclure le doute.
— Vous dois-je quelque chose, monsieur?
— Non, madame. Nous ne faisons pas payer
les consultations. Différence avec d'autres
maisons!... Ce soir, par exemple, quand vous
nous aurez remis le dossier et que nous serons
sur le point de commencer nos recherches,
vous déposerez une avance, — oh ! très légère,
— pour payer nos premiers frais. Puis lorsque
j'aurai acquis par l'examen du dossier une idée
plus nette de l'affaire, je vous dresserai un pe-
tit devis et je vous prierai de venir en prendre
connaissance ici... Toujours notre principe:
laisser les documents sortir le moins possible
de chez nous. Vous jugerez alors si nos prix
vous conviennent. Je dois vous avertir que
c'est assez cher.
— Oh monsieur...
!
Ét.fciu;i2j
-
_ ne . - 1 et ne d
iu Lou fie des taffetas
pour m ?
e . . : le boucles d'ore
pour V Mme. * Cette allusion aux bc -
r autour de lu [
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— Tu E f f lis r : : :
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S es veu x s ïe c: s !te et : r -
-
— Sa dépêche ne me pas. ne
le dit Il le sait
à l'avenir.
— Yvonne !
— Mère?
— Juliette Langlé n'a pas de cours aujour-
d'hui ?
— Oh mère. !
« Ah ! le gredin ! »
ce moment?
Ainsi s'écoule une demi-heure, en flux et
« Chère Madame,
Six heures.
Et puis?
LE JARDIN SECRET 93
Et puis... rien...
pondérable.
Le soir.
notaires.
notaires.
rencontre.
Mais le tramway s'ébranla dans le bruit de
crécelle de ses freins desserrés; il s'éloigna
peu, s'éclipsait.
Alors je sortis à mon tour, et, le pas appe-
santi par de lourdes pensées, je repris le che-
LE JARDIN SECRET 101
« Ji change*£f:... »
Ce fut la première réplique instinctive de
ma pensée, quand je /'ai revu, tantôt dans ce
bureau de tramways, où la banalité et la pau-
vreté même du décor et des gens rapetis-
saient, appauvrissaient l'esprit, en sorte que,
même d'élite, il devait s'attarder d'abord à une
réflexion médiocre. « Si changé! » pensai-je...
10
110 LE JARDIN SECRET
taient aimés.
cour extérieure de
la gare, en bor-
— Tu peux rester!
De cette phrase, qui m'associait, pour la pre-
mière fois, à un grave souci de famille, date le
OnfermelescontreventSjOnallumelalampe.
LE JARDIN SECRET II7
M me
Garnier m'obtint, par des amis influents,
une bourse à l'école spéciale de la rue Jacob,
qui prépare les candidates à l'École normale
de Sèvres. J'avais seize ans environ quand j'y
vés, logiques.
ii.
126 LE JARDIN SECRET
conte.
« Dire que cette Schrœder a peut-être reçu
ture... »
alors.
tout se transforma.
Ce fut la fin de ma carrière misérable de
coureuse de cachet; ce fut presque du repos.
Un voyage, le matin, de chez moi à la rue
à merveille. D'ailleurs
berufen!) »
12
134 LE JARDIN SECRET
femmes fontvolontiers
cette hypothèse pour
justifier leurs fantaisies
irréfléchies. — Il est
rencontre coïncida
avec mon évasion de
sentis.
ci mon
sera roman!... » Le regard que le
12.
I38 LE JARDIN SECRET
r
3
146 LE JARDIN SECRET
quelle autorité me
restait sur Jeannine?
Ma propre situation
Jeannine et moi, le
lien de la complicité
réciproque qui lie
Aujourd'hui, de cœur et
de sang froids, je juge très sévère-
aux ...*»#\j
ardeurs de la ma-
turité. Malheur à
iî-
150 LE JARDIN SECRET
nier. »
156 LE JARDIN SECRET
le printemps!...
Je l'embrassai; mais, dès les premiers mots
touchant ce qui avait
occupé ma vie de-
puis que nous
ne nous étions
plus rencon-
trées, je per-
dis courage, je
fondisen pleurs.
Elle n'eut guère
de peine à me
confesser. J'avouai tout avec une si abondante
effusion de larmes, que la bonne dame me crut
la maîtresse de Delsarte, et peut-être mère.
La sincérité de mon : « Oh! non, madame! »
i 4.
\6l LE JARDIN SECRET
supposer!...
Sur cette doubletromperie réciproque, cette
sainte femme allait hardiment fonder un ma-
riage, — comme elle en avait déjà tant fait,
d'ailleurs heureux!...
cheveux ne grison-
naient pas, il n'aurait
pas vieilli d'un jour. Il
exagérée. Depuis, il a
M me Garnier, m'ayant
emmené a part, sous prétexte de m'aider à
15
I70 LE JARDIN SECRET
toute la vie !
me dégoûte...
LE JARDIN SECRET 1
79
16
182 LE JARDIN SECRET
seul.
184 LE JARDIN SECRET
16.
LE JARDIN SECRET
Pli tra te
i fût rude : une
nuit de chemin de fer,
nuit.
m'émeut infiniment.
Cette phrase m'étonna par un ton de sincé-
rité. Elle m'irrita un peu aussi, parce qu'elle
semblait signifier qu'il ne m'accordait pas à
l'avance toute la supériorité que, moi, je me sa-
fatiguée.
— Si vous m'en croyez, vous vous couche-
rez, absolument comme pour la nuit... La
chambre sombre; vous y dormirez fort
est
en jupon; et il me semblait
la chambre... Couchez-
vous...
Cette fois encore, mes ges-
tes obéirent d'eux-mêmes. Je sorti:
procha :
17
194 LE JARDIN SECRET
suis là...
196 LE JARDIN SECRET
encore...
Soudain, dans une suprême révolte, je per-
dis même la force d'imaginer. Étonnée et con-
quise, je ne luttai plus. Il me souvient d'un
coup de vent qui secouait les profondeurs de
la maison... La sirène d'un bateau, au large du
lac, lançait un appel mélancolique. Tout près
du lit, le store de la fenêtre, légèrement sou-
levé, battit la vitre.
W
III
Le matin.
« Ingrandes, 10 mars.
Yvonne.
« Jusqu'à ce que je puisse me former mie idée
exacte de la fortune de l'oncle, il me semble raison-
vous séparer.
« Ceci est pour te dire que tu me manques beau-
coup. Je ne veux voir personne ici; tu sais que je
« Jean.
faite ?
18
206 LE JARDIN SECRET
caché!
J'aurais pu dire à ce moment où Jean ne
pouvait se passer de ma présence : « Écoute,
210 LE JARDIN SECRET
seule cohabitation.
Ainsi le pacte immoral de deux êtres indif-
ners.
Du temps des réceptions hebdomadaires,
on m'y a beaucoup fait la cour; cela débutait
toujours de la même manière : des admira-
tions, certaines politesses peu coûteuses,
loges, cartes d'entrée pour les expositions
des cercles, etc. Comme je ne me prenais pas
LE JARDIN SECRET 217
19
2l8 LE JARDIN SECRET
19.
222 LE JARDIN SECRET
le mari. Lorsqu'elle le
respire en abondance,
elle est heureuse, et ex-
hale sa joie de vivre en
tendresse pour son mari.
A ce prix, quelques-
unes se donnent un bre-
vet d'honnêteté. Ce fut mon
cas. Et certes jusqu'au jour
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228 LE JARDIN SECRET
rellement, exaspérait
les hommes. Les hom-
mes pardonnent en-
core aux succès fémi-
nins des bellâtres : la
20
23O LE JARDIN SECRET
20.
234 LE JARDIN SECRET
ture!
Et puis, à quoi bon? Ai-je besoin d'aller plus
Après-midi.
cevoir. »
une volonté.
LE JARDIN SECRET 237
Dans ma chambre.
Yvonne n'est pas encore revenue du cours,
où Germaine l'a conduite. J'ai renvoyé à l'of-
— Je le sais. Où cela?...
— Nous possédons là-dessus des détails
pressai du geste.
— Monsieur votre mari se rencontre actuel-
lement à peu près deux fois la semaine, dans
le rez-de-chaussée de la cité d'Antin, avec une
dame blonde... Vous avez mal?
Un étourdissement subit déplaçait sous mes
yeux, comme dans un lent roulis, les murs, le
Je demandai :
— Est-elle jolie?
— C'est la question que nous posent toutes
ces dames, répliqua Miton en souriant. Je n'ai
21
244 LE JARDIN SECRET
— un enfant?
Il a
— Précisément.
— Oh mon Dieu ! !...
21.
246 LE JARDIN SECRET
grosse somme?Malgréses...petitesfredaines...
il ne dépense pas beaucoup, surtout en ce
moment.
— Vous n'avez pas découvert l'origine de
ces trente mille francs?
— Si, à peu près. Votre mari a spéculé plu-
grosse somme?Malgréses...petitesfredaines...
il ne dépense pas beaucoup, surtout en ce
moment.
— Vous n'avez pas découvert l'origine de
ces trente mille francs?
— Si, à peu près. Votre mari a spéculé plu-
sique.
— Mais, objectai-je, le divorce ne rendra
je vous préviendrai.
Miton-Muller, sans répondre, atteignit la
ce que je faisais.
— Alors, monsieur...
Je me levai. Miton-Muller me conduisit jus-
qu'à la porte. Il devinait, évidemment, que je
— Cité d'Antin.
— Quelle entrée?
— Celle que vous voudrez.
Pendant la course, je fis mon plan. Aller au
— Voilà!
Puis la femme parut. C'était une grande
maigre. Ses cheveux bruns, mal peignés, en-
cadraient un visage délicat et flétri. Elle était
— Monsieur Maxime?
La femme s'embarrassa :
22
2 54 LE JARDIN SECRET
ment.
Elle hésita encore, puis alla prendre une clef
dans un casier. Timidement, par brefs coups
d'œil, elle me dévisageait. Avant de se décider
inquiet, disant :
souvent.
— Mon Dieu, madame, fit-elle, toujours as-
sise, la voix traînant sur les syllabes... C'est
que je ne sais pas bien, moi... D'abord, je ne
suis ici que depuis huit mois... M. Maxime avait
affaire.
— maintenant?
Et
— Ah! maintenant, il ne vient plus qu'une
seule dame ici; une jeune dame blonde... Et
en voyage... »
en disant :
gf
que jamais. »
Si l'on m'avait
au nez du pro-
phète.
Et cependant
les choses se
sont ainsi pas-
sées. Quand,
après un temps
dont je n'eus
s alors aucune
conscience,
mais qui — je
le constatai ensuite — dura
plus de trois quarts d'heure, la
Elle balbutia :
Elle répéta :
propriétaire, si on savait.
de cette maison
sans regarder derrière
moi. Dans la rue, je res-
pas, et le sentiment de
ma libération était lui-
23
266 LE JARDIN SECRET
faire?...
et la fillette.
23.
27O LE JARDIN SECRET
déjà.
— Monsieur Landouzie ?
est parti.
tection :
Et après?
Après c'est le souvenir de longs jours hor-
riblement tristes, où tout m'est à charge, où
tout me froisse, où tout me donne l'envie de
pleurer, et le médecin mandé malgré moi par
mon mari ne sait rien expliquer de cette
étrange consomption nerveuse; il conseille
les distractions, la campagne... Seule je sais,
24
LE JARDIN SECRET
côté, j'attendais...
Sept heures.
presque joyeuse?
Yvonne était rentrée gaie et bavarde. Elle
ne pouvait pas tenir sa langue; elle parlait en
étant son chapeau et son manteau, elle par-
lait tandis que Germaine lui faisait le bout de
toilette habituel avantledîner: même en m'em-
brassant, ses mignonnes lèvres remuaient en-
core de bavardage, et il y avait des mots en
retard dans ses baisers.
— Tu sais qu'il est sept heures, chérie ! lui
deviner que je ne
tirerais aucun
éclaircissement
de la précieuse
confidente.
N'importe. Je
découvrirai bien
tout à l'heure la
24.
282 LE JARDIN SECRET
Négligemment, je demande :
te plairaient?
Un délicat
flot de sang !&
teint peau jggfe,
la
fine d'Yvonne. *
J'interdis for-
mellement — elleNJH
lésait — qu'on traîne
dans les rues de Pa-
ris, le soir, avec
Germaine.
— Oh ! non, maman, dit-elle...
celui de Passy.
Elle ment bien, décidément... Quand la mo-
284 LE JARDIN SECRET
table de bésigue.
— Comment, tu sais jouer?
LE JARDIN SECRET 285
— Oui.
— Qui appris?
t'a
— Germaine.
En effet, elle joue, et mieux que moi. Elle
gagne.
— Pourquoi ne m'avais-tu jamais dit qu'on
t'avait appris le bésigue?
Elle fait une petite moue.
— Je ne sais pas... J'avais peur « que tu
grondes »...
telage d(
martèle
labes...
perser et de le détruire.
droit... »
foyer ?
LE JARDIN SECRET 29 I
Après minuit.
durerait point.
A la longue, seulement, j'ai compris ce qui
me tourmentait encore, et pourquoi je n'étais
pas satisfaite.
M'abstenirde toute revanche, ignorer ce que
j'ai découvert, garder le foyer, cela, je suis sûre
goïsme?...
292 LE JARDIN SECRET
m'en abstenir.
LE JARDIN SECRET 293
Allons!
294 LE JARDIN SECRET
C'est fini.
pleure.
LE JARDIN SECRET 295
laisse cou-
ler mes larmes
abondamment, sans
me retenir. Oh ! pleurer seule, pleurer on ne
sait plus bien sur quoi, pleurer comme il pleut
sement.
C'est d'aujourd'hui, seulement d'aujour-
d'hui, que je suis vraiment mariée.
cune épouvante.
Pourquoi ? L'inconnu de l'autre pensée n'habi-
PAR
ALPHONSE LE M ERRE
6, RUE DES BERGERS, 6
5. — 4192,
1>1
WJ rw^^r\'^ ^M^mPO^mâ
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